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Rock & Folk - Follow - Amanda - Lear

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"Bowie m'tgug tu hatatin"<br />

AIIDAl[AN<br />

A part e||e, peu de sens ont à la fois inspiré Salvador Dali,<br />

les RoÏling Stories et Rôxy Music... Reconvertie actrice comique,<br />

la muse sfnéaliste narre iéi quelques-unes de ses nombreuses vies.<br />

Q,r" les Lady - Gaga et Madonna - enfilent un col<br />

rôulé : <strong>Amanda</strong> Leâr enlève le bas pour la promo de<br />

son single, "LaBête Et La Belle", dévoile une plastigue<br />

irréproèhable dans les plumes et la dentelle, tripote le<br />

torse d'un bellâtre sulfureux et jubile de susciter un<br />

beau buzz au passage. Rien de nouveau au fond, puisque<br />

son image est pour toujours associée à la carnassière<br />

gainée dé cuir qui promenait sa panthère noiqe perchée<br />

Jur des talons vertigineux sur la pochette de I'album<br />

"For Your Pleasure". On la croyait reconvertie dans le<br />

théâtre, mais l'égérie de Dali, €X.ilIânnequin et femme<br />

de goût avoir, parmi ses ex, Brian Jones et David<br />

Bowie, excuser - du peu peintre et reine du disco a<br />

fini par imiter ses matous - en s'offrant plusieurs vies.<br />

Rolls'Royce bleu ciel<br />

ROCK&FOLK : Nos lecteurs vous ont découverte sur la pochette<br />

mythique de "For Your Pleasure" de Roxy Music...<br />

<strong>Amanda</strong> <strong>Lear</strong> : Elle a été réalisée par Karl<br />

Stoecker et venait d'un dessin d'Anthony<br />

Price qui avait imaginé cette femme avec la<br />

panthère. J'ai touché ?.5 f' pour la photo et<br />

Roxy Music l'a amortie en la mettant sur des<br />

posters, T-shirts, tasses, cendriers... mais ça<br />

m'a aidée quand même.<br />

R&F : A la base, vous vouliez faire du rock ?<br />

<strong>Amanda</strong> <strong>Lear</strong> : Absolument pas. Je ne voulais<br />

rien faire, uniquement être mannequin et peindre. Comme je n'avais<br />

pas un sou pour payer mon loyer, j'ai intégré I'agence de Catherine<br />

Harlé avec Anita Pallenberg, Marianne Faithfull et les autres. Et je défilais<br />

à Londres, etc. A l'époeu€, on ne se tapait pas des footballeurs, mais des<br />

chanteurs de rock. On était toutes accrochées à Jimmy Page, Jimi Hendrix,<br />

nos idoles. Pattie Boyd, une de mes copines, sortait avec George Harrison.<br />

R&F : Et vous avez rencontré Brian Jones...<br />

<strong>Amanda</strong> <strong>Lear</strong> : Oui, il venait de rompre avec sa copine et un jour il s'est<br />

écroulé chez moi, comme Jimi Hendrix d'ailleurs.<br />

fl8 ffrffip MARS 2012<br />

R&F : C'est vous qui avez inspiré la chanson<br />

"Miss <strong>Amanda</strong> Jones" ?<br />

<strong>Amanda</strong> <strong>Lear</strong> : C'est ce qu'on dit... Mais ce<br />

n'est pas une chanson très sympathiqu e (eIIn<br />

fredonne). La fille est accusée de lui faire<br />

dépenser tout son pognon.<br />

RerF : Comment Brian Jones vivait.il le fait<br />

d'être un Stones ?<br />

<strong>Amanda</strong> <strong>Lear</strong> : Il vivait très mal cet isolement,<br />

il voulait faire des choses diftrentes, aller dans les montagnes au Maroc,<br />

enregistrer des mecs là-bas et ça ne plaisait pas aux autres. I1était toujours<br />

plein de Mandrax, de saloperies, ça n'aidait pas. Un jour, je me suis fait<br />

arrêter avec ses amphés dans mon sac. Je suis allée au tribunal et il m'a<br />

discrètement accompagnée dans sa Rolls-Royce bleu ciel, ça faisait chic.<br />

J'ai expliqué que mon docteur m'avait prescrit les amphés pour maigrir,<br />

j'ai tout pris sur moi parce qu'il avait assez de casseroles comme ça. Mais<br />

un soir, à Paris, je suis arrivée chez Castel et on m'a refusé I'entrée parce<br />

que j'étais associée à la drogue et à Brian. L'humiliatitrn l<br />

RelF : Vous étiez plutôt Stones ou Beatles ?<br />

<strong>Amanda</strong> <strong>Lear</strong> : Je penchais plutôt du côté Beatles. J'armais b'ien cette<br />

musique planante. "Luct' ln The Skv With<br />

Diamon,-ls", les gt-rurt)uS. l'lnde, je préférais<br />

de même Dr-rn..r-an à D'lan. Cette esthétique<br />

me plaisait, alors que les Stones se la jouaient<br />

rebelles. C'était une époque formidable où<br />

tout le mt-,nde se rencontrait, contrairement<br />

à maintenant où tout le monde se cache, de<br />

peur d'être copié. Là, on dînait ensemble, on<br />

allait au Speakeasl où Jimi Hendrix draguait<br />

les seneuses. C'était son truc, les blondasses décolorées. Un matin, j'ai<br />

croisé che: moi une des serveuses qui se promenait dans mon peignoir. Elle<br />

avait rencontré Hendrix la veille et il I'avait ramenée. J'ai dit : "Ça ne<br />

peutplus durer , je rrc Vête pas mnrobe de chnrnhe aux serueuses duSpeaJæas)."<br />

On a foutu Hendrix dehors. Il était gentil, cela dit.<br />

R&F zLa rencontre avec Roxy Music a lieu en 1973 ?<br />

<strong>Amanda</strong> <strong>Lear</strong>: Oui, c'était l'époque de "...Zrggy Stardust", de Gary<br />

Glitter, du glam rock. Je n'avais pas la moindre idée de qui était ce groupe,<br />

mais Bryan F"ry était mignon, syrnpathique, il faisait les Beaux Arts et


n*ëffi ilIs r$#ilfræt* rgsËËE fmir8"<br />

s'intéressait à la peinture comme mt-ri. Che: lui. il ar-ait un grand piano blanc<br />

avec une photo de Kim Novak, rnr)n id.-rle. Et cette çtxhette pour h-ri, c'était<br />

I'univers d'Hitchcock, la femrne fatale, dangereuse, lt-rintaine, "\/ertigo", etc.<br />

C'était novateur parce qu'on était à l'ép',-rque des filles L'ien migpronnes qui<br />

chantaient des conneries. I1 n'y avait pas encore de cuir nc-lir. c'est arrivé<br />

après avec Suzi Quatro, Chrissie Hynde. Cette image a beaucoup frappé.<br />

R&F : David Bowie, en particulier...<br />

<strong>Amanda</strong> <strong>Lear</strong> : Un soir, Marianne Faithfull m'a appelée à pas d'heure et<br />

rne dit t "J e suis auec DauiàBowie , iI aimerat tÊ rencontrer ." Il m'a envoyée sa<br />

lirnousine. I-e chauffeur m'a amenée chez David Bowie qui avait I'air rraiment...<br />

d'une poubelle. I1 avait la grippe, le teint blanc, les cheveux teints en rouge<br />

aurait dit Regine. Quelle déception I Mais il avait un certain charme<br />

et il m'a eue au baratin. Je l'ai trc-ruvé drôle, intelligent. Bowie rn'a dit qu'il<br />

était tombé arnoureLx cfe la pochette, pas d'Arnanda <strong>Lear</strong>. C'est pour ça que<br />

j'ai écrit nron premier titre "l Arn A Photograph". Sur ce, on est allés dîner<br />

avec Mick Jagger et Bianca au Ad-Lib. Bianca ne m'adressait pas la parole,<br />

elle se prenait pour la reine du monde. David et Mick papotaient ensemble,<br />

genre tu as wule dernier disrye deMarcBolan, c'est nrzl, ils cassaient tout le<br />

monde. Et moi, je rne faisais chier. Enfin, il est venu donnir à la rnaison et<br />

le lendemain rnatin, il avait salopé mon oreiller parce qr,r'il ne s'était pas<br />

démaquillé. Là-clessus, coLrp de fil : "Bonjow, je srzis Angze Bowie, ln femme<br />

deDavid." ll avait oublié de me dire qu'il était marié, mais il m'a assuré<br />

qu'Angie était cool et je rne suis retrouvée dans une espèce de ménage à trois<br />

pendant plusieurs mois. Un jour, il rn'a proposé d'enregistrer un disque, il<br />

m'a mise sous contrat pour produire mon premier disque. Je suis devenue<br />

artiste MainMan avec Chery Vanilla, etc. Et il ne se passait rien. Au bout<br />

d'un lnornent j'en ai eu ffrarre, j'ai demandé à David quand on sortirait<br />

rnon disqr"re. Il était occupé sur d'autres projets. Sur le plan intellectuel, c'était<br />

très stirnulant, il émit autoclidacte. Cornrne il<br />

lui manquait un certain parcours, il était toujours<br />

prêt à apprendre. Je I'ai emûrené pour son<br />

anniversaire voir "Metropolis" dans un petit<br />

cinérna du nord de Londres où il y avait une<br />

rétrospective Fritz Lurtg. Ça I'a bouleversé, ça<br />

a donné "Diarnond Dogs". I1 assimilait un trLlc,<br />

ensuite il le mâchouillait dans sa tête et ça<br />

devenait très créatif.<br />

RGLF : Vous aviez enregistré une démo avec Bowie ?<br />

<strong>Amanda</strong> <strong>Lear</strong> : Oui, un titre, "Star". Les Allemands chez Ariola<br />

ont entendu cela et aimé, ils m'ont fait venir à Munich. Le problème,<br />

c'est que je lne vo)'ais chanter du rock, mais c'était "Saturday Night<br />

Fever" à l'époclLre et ils vc-rulaient que je chante du disco.J'"i accepté<br />

d'en faire pour un album. Manque de bc-rl, ça a si bien marché<br />

que je suis clevenue la reine du disco. Ça ne m'arrangeait pas.<br />

R&F : ttSweet Revengett est reconnu pourtant. Comment est<br />

né le titre emblématique "<strong>Follow</strong> Me" ?<br />

<strong>Amanda</strong> <strong>Lear</strong> : J'avais toumé une télé<br />

à Brême, en Allernagne, et à I'aéropoft,<br />

une carnir-lnnette jaune s'est garée devant<br />

I'avion pour I'aider à se parquer. Il avait ces<br />

mots, follow me, peints dessus. J'ai écrit la<br />

chanson en partant cle Çâ, eri pensant à une<br />

femme qui vendait son âme au diable. Dans<br />

mon cas, le diable c'était Ariola qui m'a versé<br />

une grosse avance, j'ai signé de mon sang, je<br />

suis devenLre riche et célèbre mais, le prix à payer, c'était: plus de vie<br />

privée, des paparazzî.Je n'attendais pas ça.Ce qui me plaisait, c'étaient<br />

les tor-rmées, la scène. J'avais quatre danseurs, des tenLles époustouflantes.<br />

J'ai eu I'iclée.l'une pochette inspirée par un nurnéro clu Paradis Latin, et<br />

cette phott-r avec la cage et le fc-ruet a beaucoup fait jaser. C'était à nouveatr<br />

I'image cle la .lominatrice. Tout le rnonde m'a collé ses fantasrnes sur le<br />

dos. Personne ne se doutait que j'étais la personne la plus disciplinée au<br />

moncle : je ne bois pas, je ne fume pas, je rne coLlche tôt. Mon univers,<br />

c'était plutôt la peinture. J'ai cultivé I'irnage sulftrreuse pour faire plaisir<br />

à ma maisc-rn ,-le clisques.<br />

R&F : A l'époque, quels artistes vous intéressaient ?<br />

<strong>Amanda</strong> <strong>Lear</strong> : J'aimais Kraftwerk, la musique électronique. Un soir, je<br />

suis tombée sr-rr Alan Parsons et il m'a dit qu'il aimerait travailler avec moi.<br />

Chez Ariola, r-ln rn'a répondu : "Pas question, ce n'est pas votre genre Ce<br />

musique. " Même chose avec Trevor Horn. On a enregistré un disque à<br />

Londres. Qr-ran.l les gens d'Ariola I'ont entendu, ils n'en ont pas voulu. J'ai<br />

appelé mon avocat, rupture de contrat. Je voyais la musique changer. Le<br />

disco, ça ne s'écoutait pas, les paroles étaient constemantes. Moi, j'écrivais<br />

des textes, j'essayais que ça rime, je parlais de trahison, d'ilh"rsions, d'ambiguité,<br />

de mecs qui mentent, j'avais un univers. Mais on n'écoutait pas.


R\.F : \-ous avez également côtoyé Salvador Dali...<br />

<strong>Amanda</strong> <strong>Lear</strong> : Sa peinture m'angoissait, mais le prrs.rnnage était follernent<br />

intéressant. I1 rn'a appris à manipuler les rnédias et à ne faire qLle ce que je<br />

voulais. Il était deguise conrne une rock star. Dès qr-r'il v avait trois journalistes,<br />

il faisait son numéro, il détoumait toutes les qr-resriorls. J'étais folle d'admiration<br />

rlevant lui. En privé c'était un type adorable mais, en public il était<br />

odieux, je le détestais quand il faisait le con avec ses rnoustaches.<br />

RCLF : Avec I'album t'I Dontt Like Disco", \'ous revenez à la musique.<br />

Qn" s'est'il passé ?<br />

<strong>Amanda</strong> <strong>Lear</strong>: Avant tout, je suis Lrne actrice, j'ai joué le rôle d'une<br />

chanteuse, celui d'une animatrice télé et là, c'est ma quatrième année<br />

de théâtre. Je me ren.-ls cotnpte que tous les<br />

soirs, devant 800 persr)nnes, je rn'éclate. Ça<br />

m'a manqué pendant ces années où je chantais<br />

en play-back à la télé. Tous les gens de la<br />

période disco sont grancls-pères et le passé<br />

ne m'intéresse pas. C'est "Jurassic Park". Je<br />

ne veux pas m'afficher avec eux, je préfère<br />

les jeunes. Ils m'écrivent des titres et ils rne<br />

donnent de I'enthousiasme. Ils n'ont pas Lln<br />

rond, on a toumé le clip avec trois francs, six sous et il fait jaser parce<br />

que j'y suis à poil. On a faft.35 000 vues en trois jours, record battu.<br />

R&F : Comment jug€z-vous les nouvelles venues, Lady Gaga, Lana<br />

Del Rey ?<br />

<strong>Amanda</strong> <strong>Lear</strong> : Lana Del Rey, on a fait un peu trop de buzz. C'est vrai qu'elle<br />

a Llne jolie voix, mais il y a eu un tel effet d'annonce que j'étais dégre.<br />

Pas assez de mystère.<br />

"laisson$<br />

les ieune$<br />

snsnprima{'<br />

R&F : Il y en a chez Lady Gaga...<br />

<strong>Amanda</strong> <strong>Lear</strong> : Oui, on voudrait effectivement savoir cornment sont ses<br />

cheveux soLrs les perruques. On m'a récemment proposé de I'interviewer,<br />

parce que c'est une fan de Dali qui va faire l'objet d'une énorme rétrospective<br />

à Beaubourg. Madonna ? Elle a tout copié chez moi, y compris les pornffIettes<br />

qu'elle s'est achetées il y a trois ans. Elle est formidable sur scène, mais on<br />

en a fait le tour. Il y a d'autres filles plus intéres-<br />

santes. J'aime bien Zaz,et Camille qui est folle.<br />

Laissons les jeunes s'expritner, mais on ressort<br />

les vieux, c'est un constat d'échec. Le fait c1u'on<br />

me redécouvre, ça me rend presque triste. Je<br />

suis toujours 1à, rnais j'aimerais bien prendre<br />

des risques, faire un duo inattendu. Je lis sur<br />

Twitter que Courtney Love tn'adore. Comment<br />

elle me connaît ? Je ne regrette pas de ne pas<br />

avoir été une star planétaire. Je n'ai pas envié le style cle vie de Bowie et de<br />

Brian Jones. Ils vivaient dans un bocal, un tnonde clos. Je vois le monde<br />

réel, je n'ai pas des milliers de fans qui rn'assaillent .lans la rue et c'est très<br />

bien, je peux me taper tous les beaux mecs sans être cians les joumaux. J'ai<br />

une sorre de double personnalité : je fais <strong>Amanda</strong> <strong>Lear</strong> dans un clip sexy<br />

rnais, quand je rentre chez rnoi, je me démaquille, je suis une autre personne<br />

qui adore les chats et la peinture. La solitude ne m'angoisse pas du tout.<br />

Sur scène, je me lâche, tnais après, ce n'est plus la peine de me parler<br />

quand j'achète les boîtes pour mes chats au supennarché. *<br />

RECUBILLI PAR ISABELLE CTIELLEY & PHILIPPE MAN(EI]VRE<br />

CD "I Durl'tL.;l

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