Chroniques d'une prophétie auto-réalisatrice - Touff-e-Book
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« Vous vous êtes connectée d’ici, sur votre ordinateur portable régulier ?<br />
- Oui.<br />
- Les Millénaristes n’ont aucun moyen de vous tracer numériquement, sachant que vous êtes<br />
pour eux une fugitive ?<br />
- … Je ne pense pas. »<br />
Je soupire.<br />
« Il faut vraiment cesser de supposer et que vous soyez sûre de temps en temps. »<br />
Marc<br />
Mon père a passé la journée avec moi. Il a téléphoné à Christine pour lui donner de mes<br />
nouvelles. Il a voulu me la passer mais j’ai refusé. Pas tout de suite. Après la nuit, Marc est<br />
revenu en moi et Tamec s’est éloigné. Je sais que cela ne durera pas, mais je voulais profiter<br />
de ces derniers instants avec mon père en étant celui que j’étais avant. Avec un soupçon de<br />
nostalgie, celui que l’on a pour les choses qui n’existent plus. Nous avons petit-déjeuner,<br />
déjeuné, papoté ensemble. Ma diction est facilement revenue. Je ne l’aurai pas cru.<br />
Il est parti vers la fin de l’après-midi. En me quittant, il a jeté un dernier regard inquiet vers le<br />
pistolet toujours posé sur la table.<br />
« Ne t’inquiète pas. C’est toi qui l’as dit. Si j’avais voulu faire une connerie, je l’aurais déjà<br />
fait avant. »<br />
Il hésite. Il veut me dire autre chose.<br />
« Tu ne m’as toujours pas dit si tu avais déjà utilisé ce pistolet…<br />
- Tu ne souhaites pas me poser cette question. »<br />
Cette simple phrase lui sert de réponse. Il n’a pas le courage d’aller plus loin et se contente<br />
de cette hypothèse. Il n’est pas encore prêt pour la vérité brute.<br />
La porte se referme sur mon père et sur Marc. Marc ne supporterait pas le poids de la<br />
solitude dans cette maison. Tamec si. Tamec est hermétique aux sentiments. Il ne souffre<br />
aucune faiblesse, et d’ailleurs ne souffre pas.<br />
J’ai une mission à accomplir. Hôpital Saint-Martin, chambre 321. Une fois à l’intérieur, je<br />
saurai quoi faire. Connaissant Tamec, cela me semble évident. Je prends mon pistolet. Je<br />
vérifie le chargeur, il reste trois balles. C’est peu. Pour un professionnel comme Tamec, ce<br />
n’est pas un problème.<br />
Les horaires de visite sont entre 18 heures et 20 heures. Il faut que je sois à l’hôpital à ce<br />
moment-là. Je me cacherai à un endroit, puis j’attendrai le bon moment pour agir.<br />
Je suis entré à l’intérieur en m’efforçant d’avoir l’air indifférent. Durant un instant, j’ai eu<br />
peur qu’ils découvrent mon arme puis j’ai réalisé qu’on ne fouillait personne à l’entrée des<br />
hôpitaux.<br />
Troisième étage. Les policiers sont visibles de l’ascenseur. Ils ont un bref regard dans ma<br />
direction, mais j’indiffère. Je ne suis pas effrayant comme Tamec, ils ne voient que la<br />
carapace extérieure. C’est ma chance. Je traverse le couloir et ne jette aucun regard de côté<br />
en passant devant la chambre 321. Je ne peux pas repasser souvent, cela éveillerait<br />
l’attention. Par contre je vois dans l’entrebâillement de la porte que la chambre suivante est