BULLETIN DE LA CRYPTE - Paroisse de la Sainte Trinité

HOMELIES
INSTITUTION DE L’EUCHARISTIE
GRAND JEUDI
1Co XI,23-32 Mt XXVI,1-20 ; Jn XIII,3-17 ; Mt XXVI,21-39 ; Lc XXII,43-45 ; Mt XXVI,40-XXVII,2.
Homélie prononcée par Père Jean Breck le jeudi 20 avril 2006 à la
crypte,
Au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, Amen.
Dans la synagogue à Capharnaüm Jésus a prononcé des paroles qui ont suscité une réaction très forte
et même hostile : « Si vous ne mangez pas ma chair, disait-il, si vous ne buvez pas mon sang, vous n’aurez
pas la vie en vous. » 1 Pour ses contemporains Juifs un tel propos était scandaleux. Pour tous ceux qui
aiment le Christ et cherchent en Lui le sens ultime de leur vie, ces paroles se situent au cœur même du
mystère eucharistique. Au lieu de provoquer, elles invitent les fidèles à entrer en la communion la plus intime
avec Lui et en Lui.
Le grand Jeudi Saint nous commémorons dans l’Église ce que l’on appelle l’Institution de la Sainte
Cène ou l’Eucharistie. Suivant le mouvement de notre célébration liturgique, nous nous trouvons dans la
Chambre haute, là où Jésus partage avec Ses disciples le repas pascal. Repas qui commémore la libération
du peuple d’Israël de l’esclavage en Égypte par la main puissante de Dieu. Comme il l’avait fait depuis son
enfance, Jésus suit le rituel juif qui donne à ce repas son caractère unique. Pourtant, à deux reprises il
modifie le rituel traditionnel. Prenant du pain, Il bénit Dieu par des paroles d’action de grâce, paroles
eucharistiques ; puis Il le rompt et le donne à Ses disciples en l’identifiant avec Son propre être : « Ceci est
Mon corps, donné pour vous ! » Par la suite Il prend le calice, la « Coupe de Bénédiction ». Rendant grâce
de nouveau, Il donne la coupe à Ses disciples en ajoutant : « Buvez-en tous ; ceci est Mon sang répandu
pour vous et pour la multitude... ».
Quatre gestes accompagnés de quatre paroles explicatives : Il prend, Il bénit (Dieu le Père), Il rompt, Il
distribue. Ses disciples reconnaissaient en ces actions l’accomplissement des gestes et des paroles
prophétiques exprimés dans le lieu désertique où Jésus avait multiplié les cinq pains, afin de nourrir plus de
cinq mille personnes. Là aussi Il a pris du pain en rendant grâce au Père, puis Il l’a rompu et l’a donné à
ceux qui avaient faim.
Selon le témoignage de saint Luc, le Christ ressuscité répétera ces mêmes gestes dans la maison
d’Emmaüs 2 . L’histoire d’Emmaüs nous fournit en fait une image remarquable du déroulement de la Divine
Liturgie. La première partie, la "liturgie de la parole", a lieu sur la route qui mène de Jérusalem à Emmaüs.
Plongés dans la détresse et l’incompréhension, les deux disciples sont en train de discuter entre eux de tout
ce qui s’est passé concernant la condamnation et la mort de leur Maître. Jésus s’approche d’eux, tout en
restant incognito, puisque leurs yeux sont empêchés de Le reconnaître. Les interrogeant sur la cause de
leur tristesse, Jésus « parcourt tous les prophètes », démontrant que l’Ancien Testament dans son
ensemble Lui porte témoignage à Lui et à Sa mission de salut. Mais les yeux des disciples restent voilés,
incapables de percevoir l’identité de leur interlocuteur.
1 Cf. évangile selon saint Jean VI, 54.
2 Cf. évangile selon saint Luc XIV, 30.
16 Bulletin de la crypte n°352 - Avril 2007