Mgr Norbert Brunner, évêque de Sion Messe de Pâques – Homélie ...

Chers frères et soeurs,
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Mgr Norbert Brunner, évêque de Sion
Messe de Pâques – Homélie
Le Ressuscité est le dernier mot de Dieu, sa Parole définitive.
Une Parole qui délivre, libératrice et aimante. Une Parole que Dieu
lui-même a prononcée et prononce sans cesse pour nous.
Ac 10, 34…43
Col 3, 1-4
Mt 28, 1-10
Elles sont passées les souffrances et la mort du Christ. L'amère souffrance du
vendredi saint, le long silence du tombeau au matin du samedi sont achevés. Réjouissonsnous
en ce matin de la joie de Pâques ! Le Christ, notre Seigneur, est ressuscité. Il a vaincu
la passion, la mort et le péché. Il nous a réconciliés avec son Père et notre Père.
Avec cette déclaration, nous sommes au cœur de notre foi. Dans la seconde partie
de son livre sur « Jésus de Nazareth», le pape exprime cette vérité en rappelant que la foi en
la Résurrection de Jésus-Christ est le fondement du message chrétien. « La foi chrétienne,
dit-il, tient par la vérité du témoignage selon lequel le Christ est ressuscité des morts, ou bien
elle s’effondre. » Et d’ajouter : « Seulement si Jésus est ressuscité, quelque chose de
véritablement nouveau s’est produit qui change le monde et la situation de l’homme. Lui,
Jésus, devient alors le critère, sur lequel nous pouvons nous appuyer. Car Dieu s’est alors
vraiment manifesté. » (Chap, 9, 1)
« Le Christ est ressuscité », voilà un nouveau critère dont les femmes au tombeau
comme les disciples devront prendre toute la mesure pour leur vie. Mais, au fond, que s’est-il
passé lors de la résurrection de Jésus ?
Il arriva aux deux femmes quelque chose de complètement inattendu et qui dépassa
toutes leurs prévisions. Elles vécurent l’irruption de la puissance et de la gloire de Dieu dans
leur monde : un tremblement de terre les secoua, un ange leur apparut et une lumière
éclatante illumina toute la contrée. Le matin de Pâques, Dieu lui-même est à l’œuvre. Dans la
résurrection de Jésus, c’est sa toute puissance de créateur qui se manifeste. Ce matin-là
s’amorce un tournant. Le temps d’un nouveau ciel et d’une nouvelle terre commence.
Larmes, souffrance et mort ont une fin.
Au sein du monde de la souffrance et de la mort, Dieu inaugure un nouveau monde.
Jésus a franchi la porte de la mort. Il est « descendu dans le Royaume de la mort ». La mort
ne pouvait pas le retenir. Il a vaincu la mort et il est ressuscité à la vie nouvelle et éternelle.
Au cours des jours qui suivirent ces événements, jours pendant lesquels Jésus apparut
plusieurs fois à ses disciples, ils prennent conscience, petit à petit, de la portée réelle de
l'acte de Jésus et des conséquences sur leur propre vie. Rétablis dans la confiance et forts
de leur foi, ils deviennent capables de remplir la mission que Jésus attend d'eux : devenir
ses témoins devant tous les peuples et dans tous les pays jusqu'aux extrémités du monde.
Les femmes, puis les disciples eux-mêmes, seront envoyés dans le monde avec ces paroles
de Jésus : « Ne craignez pas ! » Ils n’ont plus besoin de se rendre auprès d’un tombeau pour
pleurer un mort. Il n’y a d’ailleurs pas de mausolée où serait exposé le corps de Jésus. Ils ne
doivent plus regarder avec nostalgie ce qu’ils ont vécu une fois avec lui, mais ils doivent
regarder vers l’avenir, car celui qu’ils cherchent n’est pas « ici », il n’est plus au tombeau. Il
est ressuscité.
Notre chemin ne diffère pas beaucoup du leur et c'est toute notre vie que nous
sommes appelés à le suivre. Nous aussi, nous entendons l'enseignement de Jésus, ses
promesses et ses prophéties, et nous croyons en lui. Dans notre vie aussi, il y a des
vendredis saints où il nous semble que tout est brisé. Nous ne savons plus où aller, nous
nous laissons envahir par le doute et le désespoir. Nous avons peur face à décisions difficiles
à prendre. Nous perdons courage et personne n'est là, à nos côtés. Personne ? Mais si c’est

comme ça, alors, nous pouvons vraiment nous poser la question suivante :
Dans ces situations, y a-t-il encore une place pour la joie du matin de Pâques ? Y at-il
un espace pour des rencontres personnelles avec le Seigneur ressuscité ? Celles-ci nous
aident-t-elles à surmonter nos souffrances et nos deuils, à redynamiser notre foi ? J’en suis
sûr, parce qu’il y a quelqu’un à nos côtés. Et c’est à nous aussi que Jésus ressuscité dit ce
qu’il a dit à ses disciples: «Ne craignez pas !» Et nous aussi, comme les femmes et les
disciples, nous serons envoyés en Galilée.
Qu’est-ce que cela signifie ? La Galilée, pour les disciples, c’est plus qu’une
quelconque région en Israël. La Galilée, c’est le lieu du commencement. C’est là qu’ils se
sont rencontrés pour la première fois. C’est là qu’il les a appelés à sa suite. La Galilée, c’est
le point de départ de leur espérance et de leur confiance. C’est là que Jésus les appelle à
retourner, là au point de départ de leur amour commun. À Pâques, Jésus nous appelle nous
aussi à revenir au point de départ de son amour dans notre vie.
La Galilée est donc le lieu du quotidien des disciples. C’est là qu’ils ont vécu,
travaillé, prié. C’est là qu’ils ont traversé joies et peines. « Allez en Galilée » signifie aussi
pour nous être présents à notre quotidien. C’est là que le ressuscité veut nous rencontrer.
Dans les hauts et les bas de la vie de tous les jours, dans les exigences croissantes de notre
vocation, dans l’obligation d’obtenir de bons résultats à l’école ou à notre travail, là où nous
vivons des tensions – bref, là, au milieu de nos occupations journalières, Il est là, Lui, le
Vivant ! Sa présence nous donne la force d’accomplir les pas nécessaires à chaque jour. Sa
présence nous aide à fortifier notre marche dans la foi.
Enfin, la Galilée n’est pas seulement le lieu du commencement et du quotidien, elle
est le lieu où, selon le prophète Isaïe « le peuple vit dans les ténèbres et l’ombre de la mort ».
Cette Galilée n’existe-t-elle pas aussi chez nous ? Pas seulement en Israël, pas seulement là
où la terreur, l’injustice et la violence menacent les hommes, menaces que personne ne peut
écarter ? Il arrive aussi qu’au fond de nous-mêmes règnent également ténèbres et obscurité :
la sombre traversée d’une maladie, les ténèbres du deuil d’un être cher, les flèches acérées
que quelqu’un nous envoie, la souffrance de nos insuffisances, de notre indifférence, de nos
fautes, les problèmes que nous ne pouvons résoudre et la peur de notre avenir…
C’est là aussi, et là précisément, que le ressuscité veut nous rencontrer. Dans ces
moments sombres, il nous dit aussi : « Je ne suis pas un des ressuscités, je suis la
Résurrection. Tout ce qui meurt échoit dans ma vie. Qui approche l’automne de sa vie revit à
mon printemps. » (HU v. Balthasar) Ne craignez donc pas ! Voyez, je suis avec vous. Je vous
accompagne et ne vous lâche pas la main. Je vis et vous devez vivre aussi.
Au cœur de notre vie, Jésus-Christ veut nous rencontrer. Alors, c’est Pâques dans
notre vie, c’est Pâques dans nos cœurs ! C’est la paix que le ressuscité nous donne. Alors
nous pouvons aussi dire : nous en avons fait l’expérience et nous croyons. Cette foi au
Seigneur ressuscité amènera finalement à ce que ni la violence ou la guerre, ni la
persécution ou la déportation, ni la pauvreté ou la misère, ni les querelles ou la jalousie
n’auront le dernier mot !
Celui qui s’est fait homme, qui a vécu parmi nous en tant qu’homme, celui qui
aujourd’hui vit parmi nous en tant que ressuscité, est le dernier mot de Dieu, sa Parole
définitive. Une Parole qui délivre, libératrice et aimante. Une Parole que Dieu lui-même a
prononcée et prononce sans cesse pour nous.
Joyeuses et saintes Pâques !
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