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Le rôle de Voltaire dans l'affaire Calas (Ac.

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La critique <strong>de</strong> la société au XVIIIème siècle<br />

<strong>Le</strong> <strong>rôle</strong> <strong>de</strong> <strong>Voltaire</strong> <strong>dans</strong> <strong>l'affaire</strong> <strong>Calas</strong><br />

L'affaire<br />

Ferney-<strong>Voltaire</strong>, mars 1762<br />

Quand <strong>Voltaire</strong> entend pour la première fois parler <strong>de</strong> <strong>l'affaire</strong>,<br />

<strong>Calas</strong> a déjà été exécuté. <strong>Voltaire</strong> entreprend alors une<br />

nouvelle guerre contre "l'Infâme".<br />

<strong>Voltaire</strong> avait pris l'habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> signer ses lettres Ecr. L'inf.<br />

(Ecrasons l'infâme, en premier lieu le fanatisme).<br />

Ces trois années <strong>de</strong> lutte pour une réhabilitation feront <strong>de</strong><br />

<strong>Voltaire</strong> le "sauveur" <strong>de</strong>s <strong>Calas</strong>.<br />

"J'ai fait un peu <strong>de</strong> bien" <strong>Voltaire</strong><br />

"Il s’agissait, <strong>dans</strong> cette étrange affaire, <strong>de</strong> religion, <strong>de</strong> suici<strong>de</strong>, <strong>de</strong> parrici<strong>de</strong>; il s’agissait <strong>de</strong> savoir si un père et une<br />

mère avaient étranglé leur fils pour plaire à Dieu, si un frère avait étranglé son frère, si un ami avait étranglé son<br />

ami, et si les juges avaient à se reprocher d’avoir fait mourir sur la roue un père innocent, ou d’avoir épargné une<br />

mère, un frère, un ami coupables." V.<br />

<strong>Le</strong>ttre à M. Damilaville<br />

26 Juillet 1762<br />

(…) Je vous <strong>de</strong>man<strong>de</strong> en grâce <strong>de</strong> faire imprimer les Pièces originales. M. Di<strong>de</strong>rot peut aisément engager quelque<br />

libraire à faire cette bonne œuvre. Il nous paraît que ces pièces nous ont déjà attiré quelques partisans. Que votre bon<br />

cœur, mon cher frère, ren<strong>de</strong> ce service à la famille la plus infortunée ! Voilà la véritable philosophie, et non pas celle<br />

<strong>de</strong> Jean-Jacques. Ce pauvre chien <strong>de</strong> Diogène n’a pu trouver <strong>de</strong> loge <strong>dans</strong> le pays <strong>de</strong> Berne ; il s’est retiré <strong>dans</strong> celui<br />

<strong>de</strong> Neuchâtel : c’était bien la peine d’aboyer contre les philosophes et contre les spectacles.<br />

(…) Je finis toutes mes lettres par dire : Ecr. L’inf…(2), comme Caton disait toujours : Tel est mon avis, et qu’on<br />

ruine Carthage.<br />

Chronologie:<br />

13-14 octobre 1761: Mort <strong>de</strong> Marc Antoine <strong>Calas</strong>.<br />

15 octobre 1761: Interrogatoire <strong>de</strong> Jean <strong>Calas</strong>, Pierre <strong>Calas</strong> et Lavaysse.<br />

13 novembre 1761: Sentence <strong>de</strong>s capitouls affirmant la culpabilité <strong>de</strong> Jean <strong>Calas</strong>, son épouse, Pierre <strong>Calas</strong>, la<br />

servante et Lavaysse ; appel <strong>de</strong>vant le parlement <strong>de</strong> Toulouse.<br />

5 décembre1761:le parlement casse le jugement.<br />

23 février 1762: réquisitoire du procureur Riquet <strong>de</strong> Bonrepos.<br />

9 mars 1762: <strong>Le</strong> Parlement disjoint le sort <strong>de</strong> Jean <strong>Calas</strong>, condamné à mort et celui <strong>de</strong> ses co-accusés.<br />

10 mars 1762: Supplice <strong>de</strong> Jean <strong>Calas</strong>.<br />

18 mars 1762: Jugement <strong>de</strong>s co-accusés. Pierre est banni à perpétuité, sa mère, leur servante et Lavaysse sont<br />

acquittés.<br />

mars 1762: Après en avoir inci<strong>de</strong>mment entendu parler, <strong>Voltaire</strong> est informé <strong>de</strong> <strong>l'affaire</strong> par le commerçant Audibert,<br />

en voyage à Genève.<br />

1er mars 1763: La requête est déclarée admissible.<br />

7 mars 1763: <strong>Le</strong> conseil du roi examine <strong>l'affaire</strong>.<br />

1763: Traité sur la tolérance à l'occasion <strong>de</strong> la mort <strong>de</strong> Jean <strong>Calas</strong>.<br />

4 juin 1764: <strong>Le</strong> Conseil du Roi casse les sentences du parlement et <strong>de</strong>s capitouls sur les co-accusés, déci<strong>de</strong> la<br />

révision du procès.<br />

9 mars 1765: <strong>Le</strong>s "Requêtes <strong>de</strong> l'hôtel" réhabilitent Jean <strong>Calas</strong>, sa famille, jeanne Viguière et Alexandre Gaubert<br />

Lavaysse.


La critique <strong>de</strong> la société au XVIIIème siècle<br />

<strong>Le</strong> <strong>rôle</strong> <strong>de</strong> <strong>Voltaire</strong> <strong>dans</strong> <strong>l'affaire</strong> <strong>Calas</strong><br />

<strong>Le</strong> procès<br />

Arrêt <strong>de</strong> condamnation à mort <strong>de</strong> Jean <strong>Calas</strong><br />

Du neuvième mars mil sept cent soixante <strong>de</strong>ux, en la Chambre <strong>de</strong> la Tournelle<br />

La cour vuidant l'interlocutoire <strong>de</strong> son précé<strong>de</strong>nt arrêt du cinquième décembre <strong>de</strong>rnier déclare le dit<br />

Jean <strong>Calas</strong> père atteint et convaincu <strong>de</strong> crime d'homici<strong>de</strong> par lui commis sur la personne <strong>de</strong> Marc<br />

Antoine <strong>Calas</strong> son fils aîné, pour réparation <strong>de</strong> quoi le condamne à être livré es-mains <strong>de</strong> l'exécuteur<br />

<strong>de</strong> la haute justice, qui tête, pieds nus, en chemise la hart au col le montera sur le charriot à ce<br />

<strong>de</strong>stiné et le conduira <strong>de</strong>vant la porte principale <strong>de</strong> l'église <strong>de</strong> Toulouse ou étant à genoux tenant en<br />

ses mains une torche <strong>de</strong> cire jaune allumée du poids <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux livres et lui fera faire amen<strong>de</strong> honorable,<br />

et <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r pardon à Dieu, au Roy, et à la justice <strong>de</strong> ses crimes et méfaits, ce fait le remontera sur le<br />

dit charriot et le conduira à la place Saint George <strong>de</strong> cette ville, ou sur l'échafaud qui y sera à cet effet<br />

dressé, il lui rompra et brisera bras, jambes, cuisses et reins, ensuite l'exposera sur une roue qui sera<br />

dressée tout auprès du dit échafaud, la face tournée vers le ciel pour y vivre en peine et repentance<br />

<strong>de</strong>s dits crimes et méfaits, (et servir d'exemple et donner <strong>de</strong> la terreur aux méchants) tout autant qu'il<br />

plaira à Dieu lui donner <strong>de</strong> la vie et son corps mort sera jeté <strong>dans</strong> bucher ar<strong>de</strong>nt préparé à cet effet sur<br />

la dite place pour y être consommé par les flammes, et ensuite les cendres jetées au vent,<br />

préalablement le dit <strong>Calas</strong> père avoir été appliqué à la question ordinaire et extraordinaire; pour tirer<br />

<strong>de</strong> lui l'aveu <strong>de</strong> son crime, complices et circonstances.<br />

(…) sera le dit <strong>Calas</strong> étranglé après avoir resté <strong>de</strong>ux heures sur la roue<br />

La réhabilitation<br />

C'est un autre procès que <strong>Voltaire</strong> va ouvrir, contre le fanatisme et l'arrêt <strong>de</strong> la cour <strong>de</strong> Toulouse<br />

et en faveur <strong>de</strong> la réhabilitation <strong>de</strong>s <strong>Calas</strong>.<br />

"Vous me <strong>de</strong>man<strong>de</strong>rez pourquoi je me suis chargé <strong>de</strong> ce procès ; c’est parce que personne ne s’en chargeait, et qu’il<br />

m’a paru que les hommes étaient trop indifférents sur les malheurs d’autrui." V.<br />

Comment <strong>Voltaire</strong> s'y prend-il ?<br />

- Il crée <strong>de</strong>s Comités d'enquêtes et <strong>de</strong>s fonds <strong>de</strong> soutien .<br />

- Il s'applique à faire toucher et soulever l'opinion publique. Il joue sur le<br />

retentissement international et se fait ai<strong>de</strong>r <strong>dans</strong> toute l'Europe <strong>de</strong> Lumières.<br />

- Il utilise au mieux les médias <strong>de</strong> l'époque. Pour cela il rédige <strong>de</strong> nombreux<br />

textes qu'il préfère anonymes (jugeant que sa notoriété compromettrait les<br />

chances <strong>de</strong>s <strong>Calas</strong>).<br />

On peut consulter les textes à cette adresse.<br />

http://pagesperso-orange.fr/dboudin/VOLTAIRE/pieces.htm<br />

- De Ferney, il coordonne toutes les actions et transforme son château en quartier<br />

général. Il écrit et reçoit. Ilo organise la lutte contre l'arrêt et la réhabilitation <strong>de</strong>s<br />

<strong>Calas</strong>.<br />

- Il joue aussi sur le pouvoir <strong>de</strong> l'image en favorisant la publication d'estampes et<br />

<strong>de</strong> médailles à l'effigie <strong>de</strong>s <strong>Calas</strong>. Il multiplie les lettres, donne à <strong>l'affaire</strong> un tour personnel et humain en envoyant<br />

Mme <strong>Calas</strong> plai<strong>de</strong>r elle-même sa cause à Paris.<br />

<strong>Le</strong> 7 mars 1763, les <strong>Calas</strong> sont enfin réhabilités.<br />

"<strong>Le</strong> règne <strong>de</strong> l'humanité s'annonce. Ce qui augmente ma joie et mes espérances, c'est l'attendrissement<br />

universel, <strong>dans</strong> la galerie <strong>de</strong> Versailles. Voilà bien une occasion où la voix du peuple est la voix <strong>de</strong> Dieu." V.

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