RVH RABAT 2007 Papa Demba FALL.pdf - Matrix
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etranchés à Gourougou et Ben Younech, des « grillages de Ceuta » dans la nuit du<br />
28 au 29 septembre 2005 (MIGR’EUROPE 2006).<br />
Largement médiatisé l’évènement eut le mérite d’attirer l’attention de l’opinion<br />
mondiale sur la situation dramatique des migrants en transit au Maroc et qui<br />
attendaient depuis plusieurs mois voire des années, dans leurs « ghettos »,<br />
l’occasion passer de l’autre coté grâce à des échelles de fortune. Il ne s’agit pas<br />
d’une mince affaire : il faut échapper à la vigilance des forces de sécurité<br />
marocaines d’abord puis de la guardia civil espagnole afin d’espérer être recueillis<br />
par la Croix Rouge.<br />
2. des facteurs d’ordre sociologiques<br />
Il n’est pas superflu de noter que le Maroc a pendant longtemps été une terre<br />
d’émigration. En effet, la migration a conduit les sujets de sa Majesté en particulier<br />
vers la France, la Belgique, les Pays-Bas, mais aussi vers les pays pétroliers, les<br />
nouveaux pays d’immigration de la façade méditerranéenne (Italie et Espagne), les<br />
pays scandinaves, en Grande-Bretagne, au Canada et aux Etats-Unis 2 .<br />
Cette tradition d’émigration et le souvenir des obstacles surmontés ont forgé un<br />
sentiment de proximité avec les candidats à l’exode en particulier chez les migrants<br />
de retour et les familles qui comptent des parents résidant à l’étranger 3 . Offrant le<br />
gîte et parfois le couvert aux figures de passages qui s’adonnent à des activités de<br />
survie, les populations locales des campagnes sont plus sensibles au sort des<br />
groupes qui sont forment et reforment au gré des arrivées et des départs que les<br />
citadins des zones périurbaines qui ne sont guère mieux lotis que les « esclaves<br />
noirs » ou « mendiants » qui envahissent leurs quartiers.<br />
L’appartenance à la Umma islamique et la proximité avec certains groupes 4<br />
constitue pour les Gambiens, Guinéens, Maliens, Sénégalais, etc. un précieux<br />
facteur d’acceptation et d’assistance. Ces derniers constituent d’ailleurs les leaders<br />
ou porte-voix des groupes d’Africains qui se constituent au hasard des rencontres<br />
inopinées durant la traversée du désert ou les arrestations par la police.<br />
En raison des relations séculaires qui lient les musulmans sénégalais d’obédience<br />
tidjane à la branche marocaine établie à Fès, ceux qui se réclament de cette<br />
confrérie soufie ont un avantage certain sur les candidats à l’émigration. Ils ne se<br />
privent d’ailleurs pas de jouer pleinement un tel registre à travers le port du<br />
chapelet, du bonnet fass, de la djellaba, etc.<br />
3. les fondements géopolitiques de l’attrait exercé par le Maroc<br />
L’afflux vers le Maroc est fondamentalement dicté par deux facteurs :<br />
- le protectionnisme des pays principaux pays d’accueil du continent aux<br />
2 Driss El Yazami, «Les Marocains dans le monde», Ceras, Migrations et frontières, n° 272, hiver<br />
2002.<br />
3 Voir notamment : Fondation Hassan II pour les Marocains Résidant à l’Etranger et Organisation<br />
Internationale pour les Migrations Marocains de l’Extérieur, 2003, 397 p. On estime la population<br />
marocaine vivant à l’extérieur à 3 200 000 d’individus. On les appelle les MRE (Marocains<br />
résidents à l’étranger ou harragas . Ils ont effectué vers leur pays des transferts de fonds de l’ordre<br />
de 18,474 milliards de dirhams (environ 1, 624 milliard d’euros) au cours des cinq premiers mois de<br />
l’année en cours, soit 22,8% de plus que pour la même période de 2005 (Jeune Afrique<br />
L’Intelligent)."<br />
4 Benachir Bouazza, « L’Afrique noire au Maroc », Revue africaine de livres n° 0851-7592, Vol.<br />
1(1): 27-29.<br />
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