Introduction `a la MECANIQUE QUANTIQUE Table des mati`eres
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<strong>Introduction</strong> à <strong>la</strong><br />
<strong>MECANIQUE</strong> <strong>QUANTIQUE</strong><br />
TRAN Minh Tâm<br />
<strong>Table</strong> <strong>des</strong> matières<br />
Le rayonnement du corps noir 82<br />
Le corps noir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82<br />
Nombre d’on<strong>des</strong> stationnaires . . . . . . . . . . . . . . . 83<br />
La loi de Rayleigh-Jeans . . . . . . . . . . . . . . . . . 85<br />
P<strong>la</strong>nck et le rayonnement du corps noir . . . . . . . . . 86<br />
Résumé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88<br />
Applications intéressantes 89<br />
Emissions spontanée, induite et absorption . . . . . . . . 89<br />
Coefficients d’émissions et d’absorption . . . . . . . . . . 90<br />
Le LASER . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92<br />
Le LASER à semiconducteur . . . . . . . . . . . . . . . 95
✬<br />
Une deuxième application : le bruit de fond cosmique . . 100<br />
La dualité onde - corpuscule 102<br />
Les on<strong>des</strong> de matière (de Broglie) . . . . . . . . . . . . . 102<br />
Mise en évidence <strong>des</strong> on<strong>des</strong> de matière . . . . . . . . . . 104<br />
Interprétation probabiliste . . . . . . . . . . . . . . . . 106<br />
Le principe d’incertitude . . . . . . . . . . . . . . . . . 107<br />
Exemples à propos du principe d’incertitude . . . . . . . 108<br />
Conclusions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111<br />
Quelques grands noms de <strong>la</strong> Physique 113<br />
✫<br />
-2-<br />
✩<br />
✪
✬<br />
✫<br />
Le rayonnement du corps noir<br />
Le rayonnement qu’émet un corps dépend de sa température : c’est ce que l’on<br />
appelle le “rayonnement thermique”. Prenez un morceau de fonte ; à <strong>la</strong> température<br />
ambiante, il est noir, si on le chauffe, il passe du rouge foncé au rouge vif, au jaune et<br />
au b<strong>la</strong>nc. A <strong>la</strong> température ambiante, <strong>la</strong> radiation qu’il émet a <strong>des</strong> longueurs d’on<strong>des</strong><br />
qui ne sont pas dans le visible et c’est pour cette raison que nous le voyons noir. On<br />
utilise du reste <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion qui existe entre <strong>la</strong> température d’un corps et le spectre<br />
en fréquence de <strong>la</strong> lumière émise dans les pyromètres pour estimer <strong>la</strong> température<br />
d’un corps.<br />
En général, le spectre <strong>des</strong> longueurs d’onde émises par un corps dépend de sa composition.<br />
On trouve cependant en Physique un type de corps chaud dont le spectre<br />
d’émission a un caractère universel ; on l’appelle le corps noir.<br />
Le corps noir<br />
Ce corps est appelé ainsi car il ne réfléchit pas <strong>la</strong> lumière (c’est pour ce<strong>la</strong> que nous<br />
le voyons noir). S’il ne réfléchit pas <strong>la</strong> lumière, il doit absorber toutes les radiations<br />
incidentes sur sa surface (absorbeur parfait) ; par conséquent, pour réaliser l’équilibre<br />
énergétique, doit entièrement restituer l’énergie sous forme de rayonnement. C’est<br />
donc également un émetteur parfait.<br />
Réalisation. Tout corps revêtu d’une couche de pigment noir mat constitue un<br />
corps noir pratiquement parfait. On remarque aussi que tous les corps noirs à <strong>la</strong><br />
même température émettent un spectre identique.<br />
Une autre réalisation possible d’un corps noir consiste en une cavité reliée à<br />
l’extérieur par un petit trou :<br />
La lumière qui entre dans <strong>la</strong> cavité n’a qu’une très faible probabilité d’en ressortir<br />
: elle est absorbée, le trou dans <strong>la</strong> cavité est ainsi un parfait absorbeur et a les<br />
propriétés de <strong>la</strong> surface d’un corps noir.<br />
Pour modéliser ce “corps noir”, nous prenons une cavité métallique cubique de côtés<br />
a. Le rayonnement qui y est contenu et qui se réfléchit sur les faces du cube peut<br />
être décomposé selon les 3 axes.<br />
Comme les 3 axes sont perpendicu<strong>la</strong>ires, que les faces opposées sont parallèles, les<br />
3 composantes du rayonnement ne se mé<strong>la</strong>ngent pas et nous pouvons les traiter<br />
séparément.<br />
-82-<br />
✩<br />
✪
✬<br />
✫<br />
Le rayonnement du corps noir<br />
(a)<br />
z = a<br />
Considérons <strong>la</strong> composante selon x. Sur les faces x = 0 et x = a, le champ électrique<br />
E associé au rayonnement devra être nul parce que l’onde électromagnétique est une<br />
onde transversale, que <strong>la</strong> direction de propagation est normale à ces faces et que sur<br />
une surface métallique, le champ ne peut pas être tangentiel : le champ E devra<br />
être nul sur les faces x = 0 et x = a. Les mêmes conditions se retrouvent pour les<br />
directions y et z. L’onde stationnaire qui s’établit dans <strong>la</strong> boîte aura <strong>des</strong> noeuds sur<br />
les faces x = 0 et x = a et cette condition impose <strong>des</strong> restrictions sur les longueurs<br />
d’onde, donc sur les fréquences du rayonnement électromagnétique dans <strong>la</strong> boîte.<br />
Démarche<br />
Pour déterminer le spectre d’émission du corps noir, nous allons suivre les étapes<br />
suivantes :<br />
– Recherche du nombre d’on<strong>des</strong> stationnaires présentes dans l’enceinte et dont <strong>la</strong><br />
fréquence est comprise entre f et f + df,<br />
– Par <strong>des</strong> arguments d’équilibre, nous pouvons connaître <strong>la</strong> valeur moyenne de<br />
l’énergie portée par le rayonnement et en déduire le spectre du rayonnement.<br />
z<br />
x = a<br />
(b)<br />
Nombre d’on<strong>des</strong> stationnaires<br />
Le champ électrique pour le cas d’une onde électromagnétique stationnaire à une<br />
dimension peut s’écrire :<br />
E(x, t) = Eo sin(2 π x / λ) · sin(2 π f t)<br />
avec : λ : longueur d’onde , f : fréquence = c/λ<br />
-83-<br />
x<br />
y<br />
✩<br />
✪
✬<br />
✫<br />
Le rayonnement du corps noir<br />
La condition pour avoir <strong>des</strong> noeuds à x = 0 et x = a s’obtient facilement :<br />
2 π<br />
λ<br />
· a = n π ⇒ λ = 2 a<br />
n<br />
⇒ λ =<br />
2 a<br />
n<br />
⇒ f = cn<br />
2 a<br />
n = 1<br />
x = 0 x = a<br />
n = 3 n = 2<br />
n = 1, 2, 3, ... entiers<br />
n = 1, 2, 3, ... entiers<br />
0 1 2 n<br />
2a c f<br />
2a c (f + df)<br />
Nous pouvons représenter les valeurs permises de <strong>la</strong> fréquence sur un axe où nous<br />
reportons un point pour chaque valeur entière de n : <strong>la</strong> valeur permise de <strong>la</strong> fréquence<br />
est donnée par <strong>la</strong> distance d du point considéré, multipliée par c/2a. Inversément,<br />
<strong>la</strong> distance d est égale à d = 2a<br />
· f.<br />
c<br />
Pour trouver le nombre <strong>des</strong> fréquences comprises entre f et f + df, que nous notons<br />
par N(f) df , il suffit de compter le nombre de points sur l’axe n. On trouve alors :<br />
2 a<br />
N(f) df = df . En fait, il faut encore multiplier le résultat précédent par 2<br />
c<br />
car pour chaque fréquence, il y a deux on<strong>des</strong> électromagnétiques correspondant aux<br />
deux états de po<strong>la</strong>risation de l’onde. Par conséquent :<br />
N(f) df =<br />
4 a<br />
c df<br />
Pour passer à trois dimensions, nous devons compter les “points” distribués uniformément<br />
dans l’espace <strong>des</strong> (nx , ny , nz), chaque “point” correspondant à une<br />
fréquence permise.<br />
Le nombre d’on<strong>des</strong> stationnaires de fréquences comprises entre f et f + df correspond<br />
au nombre de “points” dans <strong>la</strong> coquille de rayon r = (2 a/c) f et d’épaisseur<br />
-84-<br />
✩<br />
✪
✬<br />
✫<br />
n<br />
z<br />
Le rayonnement du corps noir<br />
r = (2a/c).f<br />
nx , ny , nz ≥ 0<br />
n<br />
dr = (2a/c)df<br />
df = (2 a/c) df sous <strong>la</strong> condition nx , ny , nz ≥ 0 . Nous voyons tout de suite que<br />
ce nombre, proportionnel au volume de <strong>la</strong> coquille, est de :<br />
N(f) df = 2 × π 4a2<br />
c2 f2 × a 8 π a3<br />
df =<br />
c c3 f 2 df =<br />
V = a 3 étant le volume de <strong>la</strong> cavité.<br />
La loi de Rayleigh-Jeans<br />
x<br />
n<br />
y<br />
8 π V<br />
c 3<br />
f 2 df<br />
Maintenant que nous avons compté le nombre d’on<strong>des</strong> stationnaires dans <strong>la</strong> cavité,<br />
nous pouvons déterminer le spectre du rayonnement en recherchant l’énergie totale<br />
moyenne portée par chaque onde stationnaire de fréquence f.<br />
La Physique c<strong>la</strong>ssique nous prédit que, pour un gaz de particules en équilibre<br />
thermique à <strong>la</strong> température T, l’énergie cinétique moyenne d’une particule est de<br />
〈E cin 〉 = kT / 2 par degré de liberté de <strong>la</strong> molécule (loi de l’équipartition de<br />
l’énergie). Pour nos on<strong>des</strong> stationnaires, il n’y a qu’un seul degré de liberté : l’amplitude<br />
du champ électrique. Cependant, l’énergie totale d’une onde stationnaire est<br />
le double de l’énergie cinétique (comme pour un oscil<strong>la</strong>teur à ressort). Nous avons<br />
donc : 〈E 〉 = kT<br />
-85-<br />
✩<br />
✪
✬<br />
✫<br />
Le rayonnement du corps noir<br />
L’énergie par unité de volume pour <strong>des</strong> fréquences comprises entre f et f + df est le<br />
spectre du rayonnement de <strong>la</strong> cavité. Le spectre s’obtient en multipliant le nombre<br />
d’on<strong>des</strong> stationnaires par l’énergie totale moyenne d’une de ces on<strong>des</strong>. En utilisant<br />
les arguments développés ci-<strong>des</strong>sus, Rayleigh et Jeans obtinrent le spectre suivant :<br />
ψ(f) df = 8 πf2 kT<br />
c 3<br />
df<br />
Loi de Rayleigh - Jeans<br />
La figure suivante montre l’évolution de <strong>la</strong> loi de Rayleigh-Jeans en fonction de <strong>la</strong><br />
fréquence ; deux observations peuvent être faites :<br />
-17 3<br />
ψ(f) [ 10 Joule/m . Hz]<br />
7<br />
6<br />
5<br />
4<br />
3<br />
2<br />
1<br />
Loi de Rayleigh-Jeans<br />
Expérience<br />
T = 1500 K<br />
0.0 1.0 2.0 3.0 4.0<br />
14<br />
f [10 Hz]<br />
1. <strong>la</strong> loi de Rayleigh-Jeans diverge pour les gran<strong>des</strong> fréquences (catastrophe ultraviolette),<br />
2. aux basses fréquences, elle reproduit bien l’expérience.<br />
P<strong>la</strong>nck et le rayonnement du corps noir<br />
Examinons <strong>la</strong> forme de <strong>la</strong> loi de Rayleigh - Jeans :<br />
ψ(f) df = 8 πf2 kT<br />
c3 df<br />
La divergence aux hautes fréquences vient de <strong>la</strong> dépendance quadratique en fonction<br />
de f : cette dépendance ne renferme aucune hypothèse de Physique, mais est<br />
simplement le résultat du dénombrement <strong>des</strong> on<strong>des</strong> stationnaires dans une cavité.<br />
-86-<br />
✩<br />
✪
✬<br />
✫<br />
Le rayonnement du corps noir<br />
En observant que <strong>la</strong> loi de Rayleigh-Jeans reproduit bien les données à faible<br />
fréquence, Max P<strong>la</strong>nck pensa que pour ces faibles fréquences, l’énergie totale<br />
moyenne <strong>des</strong> on<strong>des</strong> stationnaires devrait bien être celle donnée par <strong>la</strong> loi<br />
d’équipartition de l’énergie :<br />
〈E 〉 f→0<br />
−→ kT<br />
Par contre, à de gran<strong>des</strong> fréquences, il devrait y avoir une “coupure” telle que<br />
pour que le spectre ne soit pas divergent.<br />
〈E 〉 f→∞<br />
−→ 0<br />
P<strong>la</strong>nck réalisa qu’il pouvait obtenir les résultats précédents si<br />
– les on<strong>des</strong> stationnaires dans <strong>la</strong> cavité ne prenaient que <strong>des</strong> énergies discrètes<br />
En = n · hf n = 0 , 1 , 2 ...<br />
– ces on<strong>des</strong> suivaient <strong>la</strong> distribution de Boltzmann : le nombre <strong>des</strong> on<strong>des</strong> à l’énergie<br />
Ei est de Ni = N0 exp (− Ei / kT) .<br />
Le nombre total d’on<strong>des</strong> stationnaires est alors de :<br />
<br />
N = N0 + N0 e − hf/kT + N0 e − 2 hf/kT + N0 e − 3 hf/kT + ... = N0<br />
L’énergie de ces N on<strong>des</strong> stationnaires est alors de :<br />
E = 0 ·N0 + hf ·N0 e − hf/kT + 2 hf ·N0 e − 2 hf/kT + ... = N0<br />
L’énergie moyenne d’une de ces on<strong>des</strong> stationnaires est de :<br />
<br />
〈E 〉 = E<br />
N<br />
Un calcul simple donne directement :<br />
Nous retrouvons bien :<br />
= hf ·<br />
〈E 〉 =<br />
<br />
ni = 0<br />
ni = 0<br />
hf<br />
e hf/kT − 1<br />
hf
✬<br />
✫<br />
Le rayonnement du corps noir<br />
hf >> kT c.à.d. pour de très hautes fréquences : 〈E 〉 0.<br />
Le spectre s’obtient immédiatement :<br />
ψ(f) df =<br />
8 π h<br />
c 3<br />
f3 e hf/kT df Loi de P<strong>la</strong>nck (1900)<br />
− 1<br />
Résumé<br />
Nous avons considéré un système constitué d’éléments oscil<strong>la</strong>nt sinusoïdalement<br />
en fonction du temps : les on<strong>des</strong> stationnaires dans <strong>la</strong> cavité dont<br />
le champ électrique varie sinusoïdalement avec le temps. Ces éléments<br />
ne peuvent avoir comme énergie totale que <strong>des</strong> multiples entiers de leur<br />
fréquence multipliés par <strong>la</strong> constante de P<strong>la</strong>nck h = 6, 626068×10 − 34 J.s<br />
Nous retrouvons les prédictions c<strong>la</strong>ssiques à <strong>la</strong> limite <strong>des</strong> faibles fréquences : en<br />
effet, si f → 0, les “niveaux d’énergie” sont si rapprochés que l’on peut considérer<br />
que toutes les énergie sont permises : on revient ainsi à <strong>la</strong> prévision c<strong>la</strong>ssique de<br />
l’équipartition d’énergie d’un ensemble de particules en équilibre thermique.<br />
A de gran<strong>des</strong> fréquences, les sauts d’énergie deviennent importants et <strong>la</strong> distribution<br />
de Boltzmann permet d’obtenir <strong>la</strong> “coupure” mentionnée plus haut.<br />
C<strong>la</strong>ssique E = 0<br />
E = 4 . h f<br />
E = 3 . h f<br />
E = 2 . h f<br />
E = 1 . h f<br />
P<strong>la</strong>nck<br />
Pourquoi le rayonnement émis ne dépend-il pas du matériau utilisé ?<br />
Il y a deux sortes de caractères discrets ici : le caractère discret <strong>des</strong> niveaux d’énergie <strong>des</strong> atomes,<br />
qui est à l’origine du caractère discret <strong>des</strong> spectres d’émission atomiques, et qui dépend du matériau<br />
considéré, et celui du rayonnement, qui consiste interpréter le rayonnement comme constitué de<br />
photons chacun d’énergie hf, et qui, lui, ne dépend pas de <strong>la</strong> nature du matériau considéré.<br />
Pour un coup<strong>la</strong>ge faible avec <strong>la</strong> matière, le rayonnement est décrit par <strong>la</strong> quantification <strong>des</strong> équations<br />
de Maxwell. Il est modélisé par un ensemble d’oscil<strong>la</strong>teurs harmoniques à niveaux discrets et<br />
équidistants pour chaque mode. La loi de P<strong>la</strong>nck décrit alors le rayonnement à l’équilibre thermique,<br />
indépendamment <strong>des</strong> matériaux présents. C’est donc le rayonnement que l’on quantifie ici, et<br />
<strong>la</strong> quantification <strong>des</strong> niveaux d’énergie du matériau constituant le corps noir n’intervient pas.<br />
-88-<br />
✩<br />
✪
✬<br />
✫<br />
Applications intéressantes<br />
Emissions spontanée, induite et absorption<br />
Nous avons vu que pour un ensemble d’atomes ou de molécules ayant <strong>des</strong> états<br />
quantiques d’énergie E1 et E2, le nombre de particules dans l’état d’énergie E1 et<br />
dans l’état d’énergie E2 sont de le rapport<br />
n(E2)<br />
n(E1)<br />
= e−(E2−E1)/kT<br />
à l ′ équilibre thermique<br />
Voyons les transitions possibles entre deux niveaux d’énergie :<br />
• l’émission spontanée : l’atome (<strong>la</strong> molécule) est dans un état d’énergie<br />
supérieure E2 et revient à l’état d’énergie basse E1 en émettant un photon de<br />
fréquence f = (E2 − E1)/h. La période <strong>des</strong> niveaux excités ne sont, en général<br />
pas très longues (de l’ordre de 10 −8 secon<strong>des</strong>), certaines déexcitations peuvent cependant<br />
passer par <strong>des</strong> états métastables ayant <strong>des</strong> pério<strong>des</strong> de ∼ 10 −3 secon<strong>des</strong>.<br />
• l’absorption : c’est un processus dans lequel le photon incident fait passer un<br />
électron du niveau d’énergie basse au niveau d’énergie haute ; le photon disparaît :<br />
il est absorbé.<br />
• l’émission induite : c’est le phénomène dans lequel l’émission de <strong>la</strong> lumière est<br />
“favorisée” par <strong>la</strong> présence de lumière.<br />
E 2<br />
E 1<br />
E 2<br />
E 1<br />
E 2<br />
E 1<br />
Emission<br />
spontanée<br />
Absorption<br />
Emission<br />
induite<br />
Image c<strong>la</strong>ssique. Dans une image c<strong>la</strong>ssique, l’émetteur est, par exemple,<br />
un électron soumis à un mouvement oscil<strong>la</strong>toire imprimé par un champ<br />
-89-<br />
✩<br />
✪
✬<br />
✫<br />
Applications intéressantes<br />
électromagnétique extérieur de même fréquence que <strong>la</strong> fréquence propre d’oscil<strong>la</strong>tion<br />
de l’électron. Ce dernier peut ainsi augmenter son énergie au dépends de l’onde<br />
électromagnétique (phénomène d’abosrption) ou perdre de l’énergie (émission induite),<br />
les deux phénomènes différant d’un déphasage de π de l’onde excitatrice.<br />
L’émission induite est en réalité un phénomène strictement quantique.<br />
Coefficients d’émissions et d’absorption<br />
Considérons toujours un atome ou une molécule à deux niveaux d’énergie E1 et E2.<br />
• Le taux d’aborption est proportionnel au nombre d’atomes dans l’état E1, n(E1),<br />
et à <strong>la</strong> densité de rayonnement ayant <strong>la</strong> fréquence f telle que hf = (E2 − E2) :<br />
R absorp.<br />
1→2 = B1→2 · ψ(f) · n(E1)<br />
le terme B1→2 est un terme qui englobe <strong>la</strong> dépendance de <strong>la</strong> transition 1 → 2 en<br />
fonction <strong>des</strong> propriétés <strong>des</strong> états 1 et 2.<br />
• On peut de <strong>la</strong> même manière définir le taux démission induite :<br />
R induit.<br />
2→1 = B2→1 · ψ(f) · n(E2)<br />
(de <strong>la</strong> même façon, B2→1 permet de tenir compte <strong>des</strong> propriétés <strong>des</strong> états de 1 et<br />
2 et de <strong>la</strong> transition.)<br />
• Pour l’émission spontanée, nous avons :<br />
R spontan.<br />
2→1<br />
= A2→1 · n(E2)<br />
Remarquez que le taux d’émissions spontanée est indépendant de <strong>la</strong> densité de<br />
rayonnement ψ(f).<br />
Si nous sommes à l’équilibre, le taux d’absorption est égal à <strong>la</strong> somme <strong>des</strong> taux<br />
d’émissions spontanée et induite :<br />
B1→2 · ψ(f) · n(E1) = n(E2) · [A2→1 + B2→1 · ψ(f)]<br />
⇒ ψ(f) =<br />
A2→1/B2→1<br />
n(E1) B1→2<br />
·<br />
n(E2) B2→1<br />
Le rapport entre les popu<strong>la</strong>tions aux niveaux E1 et E2 est donné par <strong>la</strong> distribution<br />
de Boltzmann :<br />
n(E2)<br />
n(E1)<br />
= exp<br />
<br />
− (E2<br />
<br />
− E1)<br />
kT<br />
-90-<br />
− 1<br />
− hf/kT<br />
= e<br />
✩<br />
✪
✬<br />
d’où<br />
✫<br />
Applications intéressantes<br />
ψ(f) =<br />
B1→2<br />
B2→1<br />
A2→1/B2→1<br />
· e hf/kT − 1<br />
Dans un équilibre entre matière et rayonnement, <strong>la</strong> densité spectrale ψ(f) est donnée<br />
par celle de P<strong>la</strong>nck :<br />
ψ(f) = 8πhf3<br />
c3 <br />
1<br />
ehf/kT <br />
− 1<br />
En identifiant : B1→2 = B2→1 = B et A2→1<br />
Remarques :<br />
B2→1<br />
= 8πhf3<br />
c 3<br />
(Einstein 1917)<br />
• Le développement ci-<strong>des</strong>sus ne nous permet pas de connaître les valeurs <strong>des</strong> coefficients,<br />
mais nous donne leurs rapports.<br />
• Il suffit de connaître un <strong>des</strong> coefficients pour les connaître tous.<br />
• Pour les gran<strong>des</strong> longueurs d’on<strong>des</strong> (petites fréquences), l’émission induite prend<br />
de l’importance par rapport à l’émission spontanée :<br />
A2→1<br />
=<br />
B2→1 · ψ(f) =<br />
<br />
e hf/kT <br />
− 1<br />
en effet, Rspontan. 2→1<br />
Rinduit. 2→1<br />
→ 0 si hf/kT → 0.<br />
Absorption de <strong>la</strong> lumière. Etudions maintenant l’absorption de l’énergie lumineuse<br />
en re<strong>la</strong>tion avec les popu<strong>la</strong>tions n(E1) et n(E2). Rappelons que le coefficient<br />
− α x<br />
d’absorption α peut être relié au flux lumineux par Φ(x) = Φ0 e (α > 0).<br />
Φ 0<br />
x<br />
Φ(x)<br />
Nous illuminons un échantillon d’épaisseur x avec une lumière à <strong>la</strong> fréquence f :<br />
deux processus sont alors en concurrence : l’absorption et l’émission induite.<br />
-91-<br />
✩<br />
✪
✬<br />
✫<br />
Applications intéressantes<br />
⋆ Taux d’absorption d’énergie à <strong>la</strong> fréquence f : hf · n(E1) · B · ψ(f)<br />
⋆ Taux d’émission d’énergie par émission induite : hf · n(E2) · B · ψ(f)<br />
Par unité de temps, le taux de changement dans le spectre d’énergie lumineuse sera<br />
donc :<br />
d ψ(f)<br />
dt = hf (n(E2) − n(E1)) B ψ(f)<br />
Pour calculer le coefficient d’absorption, passons à <strong>la</strong> dérivée par rapport à x :<br />
d<br />
dt<br />
1 d ψ(f)<br />
·<br />
ψ(f) dx<br />
d dx<br />
= ·<br />
dx dt<br />
= c · d<br />
dx ⇒<br />
= 1<br />
c hf (n(E2) − n(E1)) B<br />
On peut réécrire cette équation en termes de flux : en effet, les mêmes termes de<br />
surface dans le flux se simplifient.<br />
1 d Φ(f)<br />
·<br />
Φ(f) dx<br />
= hf<br />
c (n(E2) − n(E1)) B<br />
C’est à dire : Φ(f, x) = Φ0(f) e −αx avec α = hf<br />
c (n(E1) − n(E2)) B<br />
Discussion.<br />
• A l’équilibre, les distributions n(E) suivent <strong>la</strong> loi de Boltzmann et n(E1) > n(E2) :<br />
le coefficient α est positif, on a bien une atténuation de <strong>la</strong> lumière. Si nous avons<br />
un échantillon avec un petit nombre d’atomes (molécules) et que nous l’illuminons,<br />
l’absorption au bout d’un moment tend à réduire n(E1) et augmenter n(E2). Mais<br />
cette réduction de n(E1) diminue α et également le taux d’absorption : à <strong>la</strong> limite,<br />
on ne peut avoir que l’égalité n(E1) = n(E2) pour un petit échantillon ; dans ce<br />
cas, absorption et émission sont égales et l’échantillon est transparent.<br />
• Si n(E2) > n(E1), le coefficient α est négatif et le flux Φ(f, x) augmente avec <strong>la</strong><br />
distance : on aura plus de lumière à <strong>la</strong> distance x qu’au départ et on aura réalisé<br />
une amplification lumineuse par inversion de popu<strong>la</strong>tion.<br />
Le LASER<br />
Pour réaliser une inversion de popu<strong>la</strong>tion, on procède avec <strong>des</strong> éléments ayant<br />
en général trois (ou plus) niveaux E1, E2, E3. Un “pompage optique” amène les<br />
atome (molécules) au niveau E3 qui se déexcite rapidement en un niveau métasatble<br />
E2. Le pompage arrive à égaliser les popu<strong>la</strong>tions entre E3 et E1 et permet d’avoir<br />
n(E2) > n(E1).<br />
-92-<br />
✩<br />
✪
✬<br />
✫<br />
E 3<br />
E 2<br />
E 1<br />
à l’équilibre<br />
Applications intéressantes<br />
Etat métastable<br />
pompage<br />
déexcitation<br />
émission<br />
Pour réaliser un LASER (Light Amplification by Stimu<strong>la</strong>ted Emission of Radiation),<br />
il faut remplir deux conditions :<br />
1. Inverser les popu<strong>la</strong>tions. L’émission sera ainsi plus importante que l’absorption.<br />
Cette inversion n’existe pas à l’équilibre : de l’énergie doît être injectée sous<br />
forme de lumière ou sous une autre forme.<br />
2. L’élément constituant le <strong>la</strong>ser (gaz, solide,...) doît être dans une cavité dans<br />
<strong>la</strong>quelle <strong>des</strong> on<strong>des</strong> stationnaires peuvent s’établir. L’émission induite augmente<br />
peu à peu et <strong>la</strong> cavité sera remplie de rayonnement. C’est bien ce que l’on<br />
recherche : augmenter le taux d’émission induite B · ψ(f) · n(E2) par rapport à<br />
l’émission spontannée A · n(E2)<br />
Propriétés de <strong>la</strong> lumière <strong>la</strong>ser.<br />
Dans une source de lumière ordinaire, il n’y a aucune “cohérence” entre les photons<br />
émis par les différents atomes, chacun émettant de manière aléatoire : les on<strong>des</strong><br />
électromagnétiques associées aux photons n’ont aucune cohérence de phase entre<br />
elles.<br />
Dans un <strong>la</strong>ser, au contraire, les atomes rayonnent en phase avec <strong>la</strong> lumière induisant<br />
l’émission. Dans l’image c<strong>la</strong>ssique, l’électron oscille en phase avec le champ E de<br />
<strong>la</strong> lumière incidente et émettent en phase. Le faisceau LASER est ainsi un faisceau<br />
cohérent. L’intensité de <strong>la</strong> lumière (somme au carré <strong>des</strong> diverses amplitu<strong>des</strong>) sera<br />
d’autant plus grande puisque <strong>la</strong> somme est constructive.<br />
Le LASER à rubis comme exemple<br />
Le rubis est un cristal de Al2O3 dans lequel un faible pourcentage (de 0,1 à 1%) de<br />
Al +++ ont été remp<strong>la</strong>cés par <strong>des</strong> Cr +++ . Toutes les propriétés du rubis sont dues<br />
au Chrome, en particulier les ions Cr +++ ont une <strong>la</strong>rge bande d’absorption dans le<br />
vert : le cristal étant absorbant dans le vert, il ne reste que le rose-rouge. La figure<br />
-93-<br />
✩<br />
✪
✬<br />
✫<br />
Applications intéressantes<br />
suivante montre les niveaux du Cr +++ .<br />
L’inversion de popu<strong>la</strong>tion est réalisée par absorption de <strong>la</strong> lumière verte : les atomes<br />
de Cr +++ sont “pompés optiquement” du niveau fondamental E1 au niveau E3. En<br />
fait, ce n’est pas un seul niveau, mais toute une bande de <strong>la</strong>rgeur ∆E qui existe à<br />
E3. Ce niveau a une durée de vie brève, de l’ordre de 10 − 8 sec. Des transitions non<br />
radiatives spontanées amènent les atomes de Chrome au niveau métastable E2 qui<br />
a une durée de vie de l’ordre de <strong>la</strong> milliseconde. Le résultat net du pompage optique<br />
est l’inversion de popu<strong>la</strong>tion n(E2) > n(E1).<br />
Ainsi, quand l’atome de Chrome fait une transition de E2 à E1, le photon de longueur<br />
d’onde 694,3 nm (ou de 692,9 nm) induira (stimulera) d’autres transitions.<br />
L’émission induite dépassera l’absorption, puisque n(E2) > n(E1). On obtient un<br />
faisceau “monochromatique” et cohérent.<br />
pompage à<br />
λ = 550 nm<br />
Miroir<br />
Déexcitation<br />
spontanée<br />
E2 E1<br />
E 3<br />
Etats excités à<br />
-8<br />
courte durée de vie (10 s)<br />
Deux états métastables de<br />
durée de vie de ~ 1 ms<br />
Doublet rouge<br />
692.9 nm et<br />
694.3 nm<br />
émission induite<br />
Miroir<br />
semi-transparent<br />
Dans <strong>la</strong> pratique, le <strong>la</strong>ser à rubis est constitué d’un barreau cylindrique avec <strong>des</strong> faces<br />
parallèles et réfléchissantes ; l’une <strong>des</strong> faces n’est que partiellement réfléchissante. Les<br />
photons émis qui ne sont pas parallèles à l’axe du cylindre sont rapidement perdus<br />
car ils s’échappent du cylindre. Ceux qui sont parallèles à l’axe sont réfléchis de<br />
multiples fois et induisent d’autres transitions. Le nombre de photons augmente<br />
rapidement et une partie s’échappe par le miroir semi-transparent.<br />
-94-<br />
✩<br />
✪
✬<br />
✫<br />
Applications intéressantes<br />
La lumière employée pour le “pompage optique” est produite par un tube à décharges<br />
pulsées entourant le cristal ; on ne peut donc pas employer ce LASER de manière<br />
continue. Du reste, <strong>la</strong> transition non radiative E3 → E2 échauffe le cristal !<br />
Le LASER à semiconducteur<br />
Evidemment, les <strong>la</strong>sers modernes que nous rencontrons tous les jours (“pointeur<br />
<strong>la</strong>ser”, lecteurs de CD et DVD, etc. ) utilisent une autre technique que l’ancien<br />
Laser à rubis. Pour aborder ce sujet, nous devons faire une digression en Physique<br />
du Solide.<br />
Structure en “ban<strong>des</strong>” dans les métaux, iso<strong>la</strong>nts et semiconducteurs<br />
Considérons les niveaux <strong>des</strong> l’atome de Cuivre dont <strong>la</strong> structure électronique est<br />
1s 2 2s 2 2p 6 3s 2 3p 6 3d 10 4s 1 ou [Ar] 3d 10 4s 1 (figure de gauche ci-après).<br />
Energie<br />
4p<br />
4s<br />
3d<br />
3p<br />
3s<br />
2p<br />
2s<br />
1s<br />
Nbr. total<br />
d’électrons<br />
(29)<br />
(28)<br />
(18)<br />
(12)<br />
(10)<br />
Les intervalles entre les niveaux ne sont pas respectées<br />
(4)<br />
(2)<br />
Ar<br />
Ne<br />
Energie<br />
Bande permise<br />
Bande interdite<br />
Bande permise<br />
Bande interdite<br />
Bande permise<br />
Bande interdite<br />
Bande permise<br />
Quand nous approchons les atomes de Cuivre afin de former un cristal, les “fonctions<br />
d’on<strong>des</strong>” (nous allons revenir sur cette notion très prochainement) commencent<br />
à se superposer. Quand nous avons un réseau de N atomes, chaque électron<br />
ressent <strong>la</strong> présence <strong>des</strong> N noyaux du réseau (c.à.d. un potentiel périodique) et les<br />
niveaux d’énergie individuels dans le réseau forment <strong>des</strong> “ban<strong>des</strong> d’énergie” ; les<br />
ban<strong>des</strong> d’énergies adjacentes sont séparées par <strong>des</strong> sauts d’énergie (figure de droite<br />
ci-<strong>des</strong>sus). Comme le nombre N est très grand (∼ 10 24 ), les niveaux individuels<br />
dans une bande permise sont très proches les unes <strong>des</strong> autres. On utilisera le site<br />
http ://subaru2.univ-lemans.fr/enseignements/physique/02/divers/qpotper.html<br />
pour <strong>la</strong> simu<strong>la</strong>tion d’un électron dans un potentiel périodique à une dimension.<br />
Remarquez que les ban<strong>des</strong> inférieures sont plus étroites que les supérieures; ceci est du au fait que<br />
les électrons “internes” restent autour de leurs noyaux et ne ressentent que peu <strong>la</strong> présence <strong>des</strong><br />
autres noyaux.<br />
-95-<br />
✩<br />
✪
✬<br />
Iso<strong>la</strong>nts, métaux et semiconducteurs<br />
✫<br />
Applications intéressantes<br />
Un corps est appelé iso<strong>la</strong>nt électrique quand aucun courant n’est déce<strong>la</strong>ble quand<br />
on applique une différence de potentiel à ses bornes ; mais pour qu’il y ait courant, il<br />
faut que l’énergie cinétique moyenne <strong>des</strong> électrons augmente. Cependant, comme le<br />
montre <strong>la</strong> figure ci-après, <strong>la</strong> bande d’énergie <strong>la</strong> plus élevée occupée est entièrement<br />
remplie, ce qui fait qu’aucun électron ne peut se mouvoir à moins de “sauter” à <strong>la</strong><br />
prochaine bande permise ; dans le diamant, par exemple, <strong>la</strong> bande interdite supéieure<br />
est de 5,5 eV, ce qui est très élevé pour <strong>des</strong> températures ordinaires.<br />
Iso<strong>la</strong>nt Métal Semiconducteur<br />
Bande de<br />
conduction<br />
E g<br />
Bande de<br />
valence<br />
Bande de<br />
conduction<br />
E g<br />
Bande de<br />
valence<br />
Dans un métal, le niveau d’énergie occupé le plus élevé tombe à peu près au milieu<br />
d’une bande permise : quand nous appliquons une différence de potentiel à un métal,<br />
il y aura plein de niveaux d’énergie plus élevés sur lesquels les électrons peuvent aller.<br />
Sur <strong>la</strong> figure ci-<strong>des</strong>sus, nous avons fixé le niveau d’énergie E = 0 à <strong>la</strong> valeur <strong>la</strong> plus<br />
basse de <strong>la</strong> bande d’énergie perrmise à moitié occupée. L’énergie de Fermi EF est<br />
l’énergie du plus haut niveau occupé au zéro absolu.<br />
La structure <strong>des</strong> ban<strong>des</strong> d’énergie d’un semiconducteurs est analogue à celle <strong>des</strong><br />
iso<strong>la</strong>nts, à <strong>la</strong> différence près que <strong>la</strong> <strong>la</strong>rgeur de <strong>la</strong> bande interdite y est beaucoup moins<br />
<strong>la</strong>rge : pour le Si, Eg = 1, 1 eV à comparer aux 5, 5 eV du diamant. La bande <strong>la</strong><br />
plus élevée entièrement remplie est appelée “bande de valence” pour <strong>des</strong> raisons qui<br />
seront tout de suite évidentes et <strong>la</strong> bande au <strong>des</strong>sus d’elle “bande de conduction”.<br />
La maille cristalline du Si ([Ne] 3s 2 3p 2 ) est du type de celle du diamant : chaque<br />
atome de Si est lié aux 4 atomes les plus proches par <strong>des</strong> liaisons covalentes impliquant<br />
2 ´lectrons (figure de gauche ci-après). La figure de droite montre une vue<br />
“app<strong>la</strong>tie” à deux dimensions de <strong>la</strong> structure cristalline du Si.<br />
A chaque liaison covalence, chaque atome de Si contribue ainsi pour 1 électron pris<br />
-96-<br />
E F<br />
E = 0<br />
✩<br />
✪
✬<br />
✫<br />
Applications intéressantes<br />
+4 +4<br />
+4<br />
+4 +4 +4<br />
+4 +4 +4<br />
<strong>des</strong> niveaux 3p et 3s et ces électrons ont <strong>des</strong> énergies dans <strong>la</strong> bande de valence.<br />
Pour que les électrons du Si participent à <strong>la</strong> conduction, il leur faut franchir le saut<br />
d’énergie séparant <strong>la</strong> bande de valence de <strong>la</strong> bande de conduction Eg = 1, 1 eV.<br />
Si nous remp<strong>la</strong>çons un atome de Si (valence = 4) par un atome de Phosphore<br />
(valence = 5), le “cinquième” électron n’est que peu lié au noyau de P et a une<br />
énergie situé dans <strong>la</strong> bande interdite du réseau de Si et proche du bas de <strong>la</strong> bande<br />
de conduction, ce qui fait qu’il suffit d’une faible énergie (0, 045 eV
✬<br />
✫<br />
Applications intéressantes<br />
peut combler cette vacance par un électron venant d’une liaison Si-Si proche et de<br />
ce fait créer une vacance, un trou dans cette dernière liaison. De proche en proche,<br />
le trou peut migrer dans le cristal. L’atome d’Al est un accepteur car il accepte un<br />
électron d’une liaison proche. Ces électron ont une énergie tombant dans <strong>la</strong> bande<br />
interdite, mais très proche du sommet de <strong>la</strong> bande de valence (0,067 eV) ce qui<br />
fait que <strong>des</strong> électrons y sont facilement amenés <strong>la</strong>issant <strong>des</strong> trous dans <strong>la</strong> bande de<br />
valence. Les semiconducteurs dopés avec <strong>des</strong> atomes accepteurs sont dits de type p<br />
(“p” pour positif).<br />
La jonction p-n<br />
E F<br />
V 0<br />
Type n Type p<br />
Diffusion de trous<br />
Type n<br />
E F<br />
E<br />
E F<br />
zone de<br />
charges d’espace<br />
d 0<br />
-98-<br />
V(x)<br />
Diffuson d’électrons<br />
Type p<br />
x<br />
E F<br />
Avant le<br />
contact<br />
Au contact<br />
A l’équilibre<br />
E F<br />
✩<br />
✪
✬<br />
✫<br />
Applications intéressantes<br />
Mettons en contact un semiconducteur dopé n et un semiconducteur dopé p. Les<br />
électrons du côté n vont diffuser vers le côté p (au sens ordinaire de <strong>la</strong> diffusion sous l’effet<br />
d’un gradient de concentration) où ils vont se combiner avec <strong>des</strong> atomes accepteurs et<br />
compléter leur liaison tétravalent. Comme l’atome accepteur (Al) a un nombre de<br />
protons de 13, cet apport d’un électron supplémentaire va donner un ion chargé<br />
négativement et fixe dans le réseau. Les “trous” qui diffusent de <strong>la</strong> zone p vers <strong>la</strong><br />
zone n donneront un effet contraire : ils vont absorber un électron de conduction<br />
<strong>des</strong> atomes donneurs (P) et ces derniers vont former un ion positif. La création <strong>des</strong><br />
charges fixes (charges d’espace) entraîne celle d’un champ électrique qui s’oppose à<br />
<strong>la</strong> diffusion <strong>des</strong> électrons et <strong>des</strong> trous. La zone de charges d’espace d’où est exclue<br />
tute charge libre, a une certaine <strong>la</strong>rgeur d0.<br />
On peut augmenter ou diminuer le champ électrique E existant au travers de <strong>la</strong> zone<br />
de charges d’espace en appliquant une tension extérieure “directe” ou “inverse”.<br />
E Po<strong>la</strong>risation directe E Po<strong>la</strong>risation inverse<br />
Inversion de popu<strong>la</strong>tion dans une jonction<br />
Nous avons vu que pour obtenir un <strong>la</strong>ser, il nous faut réaliser une inversion de<br />
popu<strong>la</strong>tion (condition nécessaire). Avec une po<strong>la</strong>risation directe, on abaisse <strong>la</strong> limite<br />
inférieure de <strong>la</strong> bande de conduction et élève <strong>la</strong> limite supérieure de <strong>la</strong> bande de<br />
valence. Quand une telle différence de potentiel est appliquée, les électrons et les<br />
trous peuvent diffuser vers le côté p et vers le côté n respectivement.<br />
Type n<br />
Sans po<strong>la</strong>risation<br />
Type p<br />
E F<br />
Type n<br />
Type p<br />
Avec une po<strong>la</strong>risation directe<br />
On obtient ainsi plus d’électron dans <strong>la</strong> bande de conduction aux énergies proches<br />
-99-<br />
d<br />
E C<br />
E V<br />
✩<br />
✪
✬<br />
✫<br />
Applications intéressantes<br />
du bas de <strong>la</strong> bande de conduction EC que dans <strong>la</strong> bande de valence près de EV. Cette<br />
région où l’inversion de popu<strong>la</strong>tion est réalisée le long de <strong>la</strong> jonction est appelée <strong>la</strong><br />
“région active”.<br />
Quand un électron <strong>des</strong>cend de <strong>la</strong> bande de conduction à <strong>la</strong> bande de valence, il<br />
émet un photon qui, à son tour, peut stimuler un autre électron à <strong>des</strong>cendre de<br />
<strong>la</strong> bande de conduction à celle de valence, produisant l’émission d’un photon par<br />
émission induite. Nous avons rappelé que l’inversion de popu<strong>la</strong>tion était une condition<br />
nécessaire (mais non suffisante) pour <strong>la</strong> fabrication d’un <strong>la</strong>ser. Pour le <strong>la</strong>ser à<br />
rubis, nous avions de miroirs à chaque extrémité. Dans le <strong>la</strong>ser à semiconducteur, les<br />
faces du semiconducteur sont clivées (coupées selon un p<strong>la</strong>n cristallin) ce qui assure<br />
une p<strong>la</strong>néité parfaite <strong>des</strong> deux miroirs. La <strong>la</strong>rgeur de <strong>la</strong> région active est choisie pour<br />
y permettre le développement d’une onde stationnaire.<br />
Remarque importante. Les <strong>la</strong>sers à semiconducteur utilisent le semiconducteur GaAs<br />
et non le Si ou le Ge, pour <strong>des</strong> raisons dont l’explication dépasserait le cadre de ce<br />
cours. Les longueurs d’onde de ces <strong>la</strong>sers sont de l’ordre de 635 nm (rouge) pour<br />
ceux que l’on utilise dans les lecteurs de DVD et les pointeurs <strong>la</strong>sers.<br />
On applique une po<strong>la</strong>risation directe<br />
à <strong>la</strong> jonction et on injecte <strong>des</strong><br />
porteurs de charge (électrons)<br />
au travers de <strong>la</strong> jonction pour initier<br />
l’inversion de popu<strong>la</strong>tion.<br />
Surface<br />
“clivée” =<br />
mirroir<br />
Courant<br />
Une deuxième application : le bruit de fond cosmique<br />
p<br />
n<br />
Electrode<br />
Electrode<br />
Une <strong>des</strong> découvertes à <strong>la</strong> base de <strong>la</strong> théorie cosmologique du Big Bang est celle<br />
du rayonnement isotrope à 2,7 K par A. Penzias et R. Wilson en 1965. Ces deux<br />
chercheurs <strong>des</strong> <strong>la</strong>boratoires Bell étudiaient les problèmes de bruit dans les systèmes<br />
de communication par satellites lorsqu’ils découvrirent un “bruit” dans les longueurs<br />
d’onde millimétriques. Une courte digression vers <strong>la</strong> cosmologie est nécessaire.<br />
-100-<br />
GaAs<br />
GaAs<br />
✩<br />
✪
✬<br />
✫<br />
Applications intéressantes<br />
L’expansion de l’Univers et le découp<strong>la</strong>ge entre rayonnement et matière<br />
Environ 10 6 années après le Big Bang, <strong>la</strong> température de l’Univers était <strong>des</strong>cendue à<br />
quelques 10 3 K ; au <strong>des</strong>sus de cette température, <strong>la</strong> matière (protons, noyaux légers<br />
et électrons) était en équilibre avec le rayonnement ; par équilibre, nous voulons dire<br />
que le rayonnement dissociait les atomes et que <strong>la</strong> recombinaison s’accompagnait de<br />
l’émission de rayonnement : H + photon ↔ proton + électron .<br />
Dans son expansion, l’Univers se refroidit, ce qui implique que les collisions deviennent<br />
moins nombreuses et que l’énergie n’est plus suffisante pour que <strong>la</strong> réaction<br />
se produise : matière et rayonnement évolueront dès lors de manière séparée ; on dit<br />
que matière et rayonnement se sont découplés.<br />
Les photons ont continué à se “refroidir” pour donner le bruit de fond cosmique ob-<br />
servé pour <strong>la</strong> première fois en 1965 par Penzias et Wilson. Depuis, diverses mesures,<br />
en particulier par le satellite COBE (Cosmic Background Explorer) équipé du spec-<br />
trophotomètre FIRAS (Far Infrared Absolute Spectrophotometer), ont perfectionné<br />
les mesures et étudié l’isotropie de ce rayonnement à 2,7 K. Le spectre ci-<strong>des</strong>sous<br />
est le résultat de FIRAS. Les erreurs sur les données ont été multipliées par 500 :<br />
elles n’auraient pas été visibles autrement ! La courbe est celle de P<strong>la</strong>nck.<br />
Intensité [MJ.a/sr]<br />
400<br />
300<br />
200<br />
100<br />
0<br />
Données de FIRAS<br />
les erreurs ont été multipliées par 500<br />
f [ /cm] (c = 1)<br />
Corps noir à 2,728 K<br />
0 5 10 15 20<br />
-101-<br />
✩<br />
✪
✬<br />
✫<br />
La dualité onde - corpuscule<br />
Nous avons vu au cours ddu semestre précédent les aspects ondu<strong>la</strong>toires (interférences,<br />
diffraction) de <strong>la</strong> lumière et, également, ses aspects corpuscu<strong>la</strong>ires (effet<br />
photoélectrique, effet Compton). Nous allons revenir dans ce chapitre sur cette dualité,<br />
mais nous allons tout d’abord nous intéresser à cette même dualité dans le cas<br />
<strong>des</strong> particules.<br />
Les on<strong>des</strong> de matière (de Broglie)<br />
En 1913, Niels Bohr proposa son modèle pour expliquer le spectre atomique de<br />
l’hydrogène. Ce modèle repose sur les postu<strong>la</strong>ts suivants :<br />
1. Un électron dans un atome se meut sur une orbite circu<strong>la</strong>ire autour du noyau<br />
sous l’influence de l’attraction coulombienne et obéit aux lois de <strong>la</strong> Mécanique<br />
c<strong>la</strong>ssique.<br />
2. Sur l’infinité d’orbites permises en Mécanique c<strong>la</strong>ssique, l’électron ne peut être<br />
que sur les orbites dont le moment cinétique L est un multiple entier de , <strong>la</strong><br />
constante de P<strong>la</strong>nck divisée par 2π.<br />
3. Sur cette orbite, l’électron ne rayonne pas, bien qu’il soit en constante<br />
accélération radiale : son énergie totale E demeure constante.<br />
4. Un rayonnement électromagnétique est émis ou absorbé si l’électron passe d’une<br />
orbite d’énergie totale Ei à une autre d’énergie totale Ef. La fréquence du<br />
rayonnement émis (ou absorbé) est de f = |Ei − Ef|<br />
.<br />
Les considérations ci-<strong>des</strong>sus amenèrent Louis de Broglie (1892 - 1987) à avancer que<br />
<strong>la</strong> dualité onde-corpuscule s’applique aussi à <strong>la</strong> matière (1923). Voici ce qu’il dit en<br />
1929, lors de <strong>la</strong> réception de son prix Nobel de Physique (traduction de l’ang<strong>la</strong>is) :<br />
“... Quand je commençais à considérer les difficultés [de <strong>la</strong> Physique<br />
contemporaine], j’étais marqué principalement par deux faits. D’un côté, <strong>la</strong><br />
Théorie quantique de <strong>la</strong> lumière ne peut pas être considérée comme satisfaisante,<br />
puisqu’elle définit l’énergie d’un quantum de lumière par l’équation<br />
E = hf contenant <strong>la</strong> fréquence f. Une théorie purement corpuscu<strong>la</strong>ire ne<br />
contient rien qui nous permette de définir une fréquence; pour cette raison<br />
seule, par conséquent, nous sommes obligés, dans le cas de <strong>la</strong> lumière,<br />
d’introduire l’idée de corpuscule et celle d’une onde simultanément. D’un<br />
autre côté, <strong>la</strong> détermination d’un mouvement stable <strong>des</strong> électrons dans les<br />
atomes implique l’introduction de nombres entiers et, jusqu’ici, les seuls<br />
phénomènes dans lesquels <strong>des</strong> nombres entiers apparaissent en Physique<br />
sont ceux de l’interférence et ceux <strong>des</strong> mo<strong>des</strong> de vibration. Ce fait me<br />
-102-<br />
h<br />
✩<br />
✪
✬<br />
✫<br />
La dualité onde - corpuscule<br />
suggéra que les électrons, aussi, ne pouvaient être considérés comme simplement<br />
<strong>des</strong> corpuscules, mais qu’un aspect ondu<strong>la</strong>toire doit aussi leur être<br />
attribué.”<br />
De même qu’au photon est associée une onde qui régit sa propagation, de même, à<br />
une particule de matière est associée une onde de matière dont l’intensité (son amplitude<br />
au carré) donne une estimation de <strong>la</strong> présence de <strong>la</strong> particule. La proposition<br />
de L. de Broglie restaure <strong>la</strong> grande symétrie entre matière et rayonnement.<br />
De manière exactement simi<strong>la</strong>ire au cas du rayonnement, <strong>la</strong> fréquence de l’onde et<br />
sa longueur d’onde sont reliées à son énergie totale et à sa quantité de mouvement :<br />
Ordre de grandeur<br />
E = hf et p = h/λ<br />
Exemple 1 : Un électron est accéléré à 10 keV (10’000 Volts est <strong>la</strong> différence de<br />
potentiel que l’électron traverse). A <strong>la</strong> fin de l’accélération, son énergie cinétique est<br />
E cin = 1<br />
2 mv2 = 10 keV ⇒ v = 5, 92 × 10 7 m/s<br />
C’est déjà une vitesse d’environ 20 % de celle de <strong>la</strong> lumière. On peut, à <strong>la</strong> rigueur,<br />
considérer que cet électron n’est pas re<strong>la</strong>tiviste.<br />
La longueur d’onde de de Broglie correspondante est :<br />
λ = h<br />
mv =<br />
6, 626 × 10 − 34 J · s<br />
9, 109 × 10 − 34 kg · 5, 92 × 10 7 m/s = 1, 23 × 10− 11 m = 0, 0123 nm<br />
Pour comparaison, l’énergie <strong>des</strong> RX ayant <strong>la</strong> même longueur d’onde serait de :<br />
E = hf = hc<br />
λ = 6, 626 × 10− 34 J · s · 3 × 10 8 m / s<br />
1, 23 × 10 − 11 m · 1, 6 × − 19 J/eV<br />
Ce sont donc <strong>des</strong> RX “durs” !<br />
= 100 keV<br />
Exemple 2 : Une balle de golf de 45 grammes est envoyée à <strong>la</strong> vitesse v = 30 m / s;<br />
sa longueur d’onde de de Broglie est de λ = 4, 90 × 10 − 25 nm . Les longueurs<br />
d’onde <strong>des</strong> objets macroscopiques sont si petites que les propriétés ondu<strong>la</strong>toires qui<br />
leur sont associées nous échappent !<br />
-103-<br />
✩<br />
✪
✬<br />
✫<br />
La dualité onde - corpuscule<br />
Mise en évidence <strong>des</strong> on<strong>des</strong> de matière<br />
En 1926, Elsasser fait remarquer que <strong>la</strong> nature ondu<strong>la</strong>toire de <strong>la</strong> matière peut être<br />
testée de <strong>la</strong> même manière que l’a été celle <strong>des</strong> RX. Cette idée a été confirmée <strong>la</strong><br />
même année par Davisson et Germer aux Etats Unis et par Thomson en Angleterre.<br />
La figure suivante donne le montage expérimental utilisé par Davisson et Germer.<br />
Appareil<strong>la</strong>ge de<br />
Davisson et Germer<br />
(1926)<br />
Cristal cible<br />
Fi<strong>la</strong>ment<br />
} Canon à électrons<br />
Faisceau<br />
incident<br />
Détecteur<br />
Faisceau<br />
diffusé<br />
Les électrons d’un fi<strong>la</strong>ment chauffé sont accélérés dans un champ électrique et sortent<br />
du “canon à électron” avec une énergie cinétique égale à <strong>la</strong> charge e multiplié par <strong>la</strong><br />
différence de potentiel V ; le faisceau est incident perpendicu<strong>la</strong>irement sur un cristal<br />
de Nickel. Le détecteur est p<strong>la</strong>cé à un angle θ et enregistre le courant d’électrons<br />
diffusés pour diverses valeurs de <strong>la</strong> tension d’accélération V .<br />
Il apparaît un pic à θ = 50 ◦ et V = 54 V.<br />
L’existence d’un pic ne peut être expliquée que par l’interférence constructive<br />
d’on<strong>des</strong> diffusées sur un réseau cristallin ; d’autre part, l’interférence ne peut pas<br />
être expliquée sur <strong>la</strong> base du mouvement <strong>des</strong> particules, mais par l’addition <strong>des</strong><br />
on<strong>des</strong> ! C’est un phénomène que l’on connaît bien dans <strong>la</strong> diffraction <strong>des</strong> RX et que<br />
l’on nomme “réflexion de Bragg”.<br />
Conditions pour une interférence constructive<br />
Sur <strong>la</strong> figure suivante, nous avons <strong>des</strong>siné ce qui se passe sur les p<strong>la</strong>ns atomiques du<br />
cristal cible de Nickel, ainsi qu’un agrandissement avec deux “rayons incidents” puis<br />
réfléchis sur deux p<strong>la</strong>ns atomiques consécutifs. La différence de parcours <strong>des</strong> deux<br />
rayons est de 2 ℓ = 2 d · cos(90 ◦ − ϕ) = 2 d sin ϕ .<br />
θ<br />
-104-<br />
✩<br />
✪
✬<br />
✫<br />
Faisceau<br />
diffusé<br />
d = 0,091 nm<br />
P<strong>la</strong>ns atomiques<br />
θ = 50 o<br />
La dualité onde - corpuscule<br />
Faisceau<br />
incident<br />
ϕ = 65 o<br />
Front d'onde<br />
diffusé<br />
d<br />
l<br />
o<br />
90 - ϕ<br />
l<br />
Front d'onde<br />
incident<br />
Pour avoir une interférence constructive, il faut et suffit que cette différence de<br />
chemin soit égal à un multiple entier de longueurs d’onde λ :<br />
n λ = 2 d sin ϕ (Condition de Bragg)<br />
Dans l’expérience de Davisson et Germer, <strong>la</strong> distance entre les p<strong>la</strong>ns atomiques a<br />
été mesuré par diffraction <strong>des</strong> RX. On a trouvé d = 0, 091 nm . Comme θ = 50 ◦ ,<br />
nous avons : ϕ = (180 ◦ − θ) / 2 = 65 ◦ . Pour n = 1, nous avons :<br />
λ = 2 · 0, 091 × 10 − 9 · sin 65 ◦ m = 1, 65 × 10 − 10 m<br />
La longueur d’onde de de Broglie pour <strong>des</strong> électrons dont l’énergie cinétique est de<br />
54 eV est de :<br />
p = √ 2 mE cin = 2 · 9, 1 × 10−31 · 54 · 1, 6 × 10− 19 = 3, 965 × 10 − 24 − 1<br />
kg m s<br />
d ′ où : λ = h<br />
p =<br />
6, 62 × 10− 34 J s<br />
3, 965 × 10− 24 kg m s− 1 = 1, 65 × 10− 10 m<br />
L’accord est impressionant et confirme l’hypothèse de de Broglie !<br />
Remarque : nous avons supposé n = 1 et fait intervenir seulement les 2 premiers<br />
p<strong>la</strong>ns atomiques, vu <strong>la</strong> faible énergie <strong>des</strong> électrons.<br />
Remarque : nous n’avons pas encore défini ce que sont ces on<strong>des</strong> de matière.<br />
-105-<br />
θ<br />
ϕ<br />
✩<br />
✪
✬<br />
✫<br />
La dualité onde - corpuscule<br />
Interprétation probabiliste<br />
Avant d’arriver à l’équation de Schrödinger, discutons de <strong>la</strong> dualité on<strong>des</strong>corpuscules<br />
et du principe d’incertitude.<br />
La dualité onde-corpscule<br />
Nous avons vu au cours de Physique Générale I et II l’effet photoélectrique (1905) et<br />
l’effet Compton. Ce dernier est caractérisé par <strong>la</strong> diffusion d’un RX sur un électron<br />
libre de <strong>la</strong> matière. Les RX résultants de <strong>la</strong> diffusion sont analysés en fonction de<br />
l’angle de diffusion et on pouvait connaître leur énergie par un simple calcul de<br />
cinématique (re<strong>la</strong>tiviste) d’un choc entre deux particules.<br />
Dans ce calcul, le RX (une onde électromagnétique!) était considéré comme une<br />
particule dotée d’une quantité de mouvement p = hf<br />
E = hf .<br />
c<br />
h<br />
= et d’une énergie<br />
λ<br />
Nous avons aussi discuté de l’expérience de Young avec de <strong>la</strong> lumière, nous avons<br />
conclu que <strong>la</strong> lumière a deux aspects : l’une corpuscu<strong>la</strong>ire, l’autre ondu<strong>la</strong>toire. L’aspect<br />
ondu<strong>la</strong>toire prévaut dans <strong>la</strong> propagation, alors que lors d’une interaction avec<br />
<strong>la</strong> matière donnant lieu à <strong>la</strong> détection (ou à l’émission) de l’onde, de l’énergie et de<br />
<strong>la</strong> quantité de mouvement sont transférées via <strong>des</strong> photons. Nous ne pouvons pas<br />
prédire l’endroit où un photon particulier issu de <strong>la</strong> source va être absorbé (c.à.d.<br />
détecté), mais nous pouvons prédire <strong>la</strong> probabilité de détection en un point donné<br />
de l’écran. Sur les franges bril<strong>la</strong>ntes de <strong>la</strong> figure d’interférence, <strong>la</strong> probabilité de<br />
détection du photon sera grande, sur les franges obscures, elle sera nulle. Entre <strong>la</strong><br />
source et l’écran, <strong>des</strong> on<strong>des</strong> de probabilité se propagent qui, par interférence, donnent<br />
<strong>des</strong> “franges de probabilité” sur l’écran. Rappelons que les maxima d’intensité correspondent<br />
au maxima du carré du module du vecteur champ électrique.<br />
Pour les particules matérielles, plusieurs années après de Broglie, Max Born proposa<br />
en 1936 d’unifier les deux aspects corpuscu<strong>la</strong>ire et ondu<strong>la</strong>toire en introduisant, en<br />
plus de <strong>la</strong> longueur d’onde et <strong>la</strong> fréquence, une fonction, représentant l’onde de de<br />
Broglie et que nous appelons fonction d’onde ψ. Pour une particule se dép<strong>la</strong>çant<br />
sur l’axe x et dotée d’une certaine quantité de mouvement et d’une certaine énergie,<br />
cette fonction d’onde peut s’écrire :<br />
ψ(x, t) = ψ0 · sin 2π<br />
x<br />
λ<br />
<br />
− f t<br />
L’expression est en tous points analogue à celle du champ électrique dans le cas<br />
-106-<br />
✩<br />
✪
✬<br />
d’une onde lumineuse p<strong>la</strong>ne<br />
✫<br />
La dualité onde - corpuscule<br />
E(x, t) = E0 · sin 2π<br />
x<br />
λ<br />
<br />
− f t<br />
Le module au carré de ψ(x, t) joue le même rôle que le module au carré de l’amplitude<br />
du champ électrique : il donne <strong>la</strong> probabilité de trouver <strong>la</strong> particule entre x et x + dx<br />
et à l’instant t. Si nous appelons cette probabilité P(x) dx, alors :<br />
P(x) dx = |ψ | 2 dx<br />
L’addition de deux on<strong>des</strong>, E = E1 + E2 , a son analogue : ψ = ψ1 + ψ2 . C’est le<br />
principe de superosition, à <strong>la</strong> base <strong>des</strong> phénomènes d’interférence et de diffraction<br />
<strong>des</strong> on<strong>des</strong> de matière.<br />
Le principe d’incertitude<br />
Nous venons de voir que |ψ | 2 dx donne le probabilité de trouver une particule<br />
entre x et x + dx. Si nous parlons de probabilité, nous devons nous demander si<br />
le déterminisme tel que nous l’avons vu en Mécanique c<strong>la</strong>ssique reste va<strong>la</strong>ble. Par<br />
déterminisme, nous entendons le fait que les équations du mouvement, une fois<br />
connues les forces qui s’exercent sur le système ainsi que sa position et sa quantité<br />
de mouvement initiales, nous permettent de calculer et de prédire <strong>la</strong> position et <strong>la</strong><br />
quantité de mouvement du système à tout instant. Nous reviendrons sur ce point<br />
un peu plus tard.<br />
En mécanique c<strong>la</strong>ssique, nous pouvons prédire et mesurer exactement et simultanément<br />
<strong>la</strong> position et <strong>la</strong> quantité de mouvement d’un objet.<br />
On sait, par exemple, mesurer <strong>la</strong> distance Terre-Lune. On le fait en envoyant un<br />
faisceau <strong>la</strong>ser vers <strong>la</strong> Lune, faisceau qui s’y réfléchit. En mesurant le temps mis par<br />
<strong>la</strong> lumière pour faire l’aller et le retour, on peut connaître <strong>la</strong> distance. Seulement, sous<br />
l’impact <strong>des</strong> photons, <strong>la</strong> Lune doit reculer et, lorsque les photons partent de <strong>la</strong> Terre,<br />
cette dernière recule également (conservation de <strong>la</strong> quantité de mouvement dans un<br />
système isolé). Cependant, vu les énormes masse de <strong>la</strong> Terre et de <strong>la</strong> Lune, nous<br />
pouvons négliger les reculs de ces dernières. Il en est ainsi <strong>des</strong> grandeurs “position”<br />
et “quantité de mouvement” pour <strong>des</strong> objets “macroscopiques” (voir ci-après).<br />
Qu’en est-il <strong>des</strong> objets “microscopiques”, <strong>des</strong> particules et <strong>des</strong> photons ? A cette question,<br />
<strong>la</strong> Mécanique Quantique répond : NON, on ne peut pas mesurer simultanément<br />
<strong>la</strong> position et <strong>la</strong> quantité de mouvement d’une particule avec une précision arbitrairement<br />
élevée sur chacune <strong>des</strong> grandeurs ; on ne peut pas atteindre une précision<br />
supérieure à celle donnée par <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion d’incertitude énoncée par Heisenberg :<br />
-107-<br />
✩<br />
✪
✬<br />
✫<br />
La dualité onde - corpuscule<br />
∆ px · ∆ x ≥ <br />
2<br />
Dans cette re<strong>la</strong>tion, ∆ px et ∆ x sont les incertitu<strong>des</strong> sur les mesures de px et de x .<br />
Exemples à propos du principe d’incertitude<br />
Il est toujours difficile de comprendre tout de suite le prncipe d’incertitude. Nous<br />
allons l’illustrer par quelques exemples.<br />
Exemple 1 . Expérience de pensée (Gedankenexperiment) de Bohr.<br />
Supposons quel’on projette de mesurer avec le maximum de précision <strong>la</strong> position d’un<br />
électron et que l’on utilise pour cette mesure un microscope. Pour “voir” l’électron,<br />
nous devons l’illuminer avec un faisceau lumineux et le repérer avec les photons<br />
diffusés.<br />
Là, immédiatement, nous voyons que nous ne pouvons pas tout maîtriser : en faisant<br />
diffuser un photon, l’électron va subir un recul dans une direction qui nous est a<br />
priori inconnue.<br />
Supposons que l’électron soit “vu” si le photon est diffusé dans l’objectif du microscope.<br />
Ce dernier a une ouverture angu<strong>la</strong>ire de θmax .<br />
Domaine angu<strong>la</strong>ire<br />
du photon diffusé<br />
Electron<br />
Source de<br />
lumière<br />
θ max<br />
∆x<br />
y<br />
p selon x de<br />
l'électron de recul<br />
-(h / λ) sin θ<br />
-108-<br />
θ<br />
x<br />
p selon x du<br />
photon diffusé<br />
(h / λ) sin θ<br />
Photon<br />
diffusé<br />
Photon incident<br />
p = h / λ<br />
✩<br />
✪
✬<br />
✫<br />
La dualité onde - corpuscule<br />
A cause de l’ouverture du microscope, l’incertitude sur <strong>la</strong> détermination de <strong>la</strong> quantité<br />
de mouvement du photon diffusé est de<br />
∆ px = 2 · h<br />
λ<br />
sin θmax<br />
∆ px est également l’incertitude sur <strong>la</strong> détermination de <strong>la</strong> quantité de mouvement<br />
selon x de l’électron.<br />
Qu’en est-il de <strong>la</strong> localisation selon x de l’électron ? Rappelons que pour les instruments<br />
d’optique, l’image d’un point est une figure de diffraction causée par l’ouverture<br />
(circu<strong>la</strong>ire) de l’objectif. Nous pouvons définir l’incertitude sur <strong>la</strong> mesure de <strong>la</strong><br />
position comme étant égale à <strong>la</strong> <strong>la</strong>rgeur à <strong>la</strong> base du pic principal de diffraction<br />
∆ x <br />
λ<br />
sin θmax<br />
L’image de diffraction résulte de l’accumu<strong>la</strong>tion d’un grand nombre de photons :<br />
nous ne pouvons pas dire d’où est parti chacun <strong>des</strong> photons, mais considérer que <strong>la</strong><br />
majorité d’entre eux sont dans ∆ x. Nous avons donc :<br />
∆ px · ∆ x = 2 · h<br />
λ sin θmax ·<br />
λ<br />
sin θmax<br />
= 2h ≥ <br />
2<br />
On ne peut pas réduire simultanément l’incertitude sur les mesures de px<br />
et de x comme on le souhaite.<br />
On peut envisager de réduire <strong>la</strong> longueur d’onde de <strong>la</strong> lumière afin de diminuer<br />
l’incertitude ∆ x, mais on augmente ainsi <strong>la</strong> quantié de mouvement du photon, donc<br />
l’incertitude sur ∆ px, et vive versa. On peut aussi réduire l’ouverture angu<strong>la</strong>ire θmax,<br />
ce qui augmente <strong>la</strong> précision sur <strong>la</strong> mesure de px, mais dégrade <strong>la</strong> mesure de x.<br />
Remarque. Nous avons écrit pour <strong>la</strong> composante selon x de <strong>la</strong> quantité de mouvement<br />
du photon diffusé : px = h<br />
sin θ . En fait, il fal<strong>la</strong>it remp<strong>la</strong>cer λ par <strong>la</strong> longueur<br />
λ<br />
d’onde du photon diffusé λ ′ = λ + h<br />
(1 − cos θ) . Mais le raisonnement est<br />
mo c<br />
entièrement va<strong>la</strong>ble et les longueurs d’onde se simplifient de toute façon.<br />
Remarque . Le fait même de faire <strong>la</strong> mesure perturbe l’état de l’électron ! Si nous<br />
ne lui envoyons pas de <strong>la</strong> lumière, nous ne le voyons pas et nous ne savons pas où il<br />
est. Si nous l’éc<strong>la</strong>irons, le photon entre en collision avec lui et le met dans un état<br />
final que nous ne maîtrisons pas.<br />
-109-<br />
✩<br />
✪
✬<br />
Exemple 2 .<br />
✫<br />
La dualité onde - corpuscule<br />
La vitesse d’une balle de fusil et celle d’un neutron ultra-froid sont de 300 m · s −1 .<br />
On les a mesurées à une précision de 10 −4 . Cherchons <strong>la</strong> limite intrinsèque d’une<br />
détermination de leur position.<br />
– Pour un neutron dont <strong>la</strong> masse est 1, 6748 10 −27 kg,<br />
<strong>la</strong> quantité de mouvement est de p = m · v = 502, 44 10 −27 kg · m · s −1 ,<br />
et l’incertitude sur p est de ∆ p = m ∆ v = 5, 0244 10 −29 kg · m · s −1 .<br />
A cette incertitude sur p correspond une incertitude sur <strong>la</strong> position supérieure ou<br />
égale à :<br />
∆ x ≥ <br />
2 ·<br />
1<br />
=<br />
5, 0244 10−29 6, 6 10 −34 J · s<br />
2 · 2 π · 5, 0244 10 −29 kg · m · s −1<br />
∆ x ≥ 1, 05 10 −6 m<br />
– Pour une balle de fusil d’une masse m = 50 g , ∆ x ≥ 3 10 −32 m<br />
Pour <strong>des</strong> objets macroscopiques, le principe d’incertitude ne met pratiquement aucune<br />
limite à <strong>la</strong> précision de <strong>la</strong> mesure : dans l’exemple de <strong>la</strong> balle, <strong>la</strong> limite ultime<br />
sur <strong>la</strong> détermination de <strong>la</strong> position est 10 −17 plus petite que les dimensions d’un<br />
noyau atomique !<br />
Exemple 3 .<br />
Dans cet exemple, nous voulons mesurer <strong>la</strong> position selon y d’un faisceau parallèle<br />
et <strong>la</strong>rge d’électrons en le faisant passer par une fente de <strong>la</strong>rgeur ∆ y. Initialement,<br />
on sait avec une certitude absolue que <strong>la</strong> composante de <strong>la</strong> quantité de mouvement<br />
selon y est nulle ; on peut le savoir précisément car on ne connaît rien de <strong>la</strong> position<br />
y <strong>des</strong> électrons.<br />
Faisceau d'électrons<br />
∆y<br />
p y<br />
θ<br />
y<br />
p<br />
-110-<br />
x<br />
p x<br />
✩<br />
✪
✬<br />
✫<br />
La dualité onde - corpuscule<br />
En passant par <strong>la</strong> fente, l’onde associée à un électron est diffractée et l’angle θ<br />
jusqu’au premier minimum de diffraction est<br />
sin θ = λ<br />
∆ y<br />
avec ∆ y = <strong>la</strong>rgeur de <strong>la</strong> fente<br />
La figure de diffraction donne ici <strong>la</strong> distribution <strong>des</strong> probabilités de trouver cet<br />
électron sur l’écran. Evidemment, comme on l’a vu avec le photon, un électron<br />
arrive n’importe où sur l’écran, à l’exception <strong>des</strong> endroits <strong>des</strong> minima. En effectuant<br />
<strong>la</strong> même mesure sur un grand nombre d’électrons, on obtient <strong>la</strong> figure de diffraction.<br />
Après le passage à travers <strong>la</strong> fente, on ne peut plus dire que <strong>la</strong> composante selon y<br />
de <strong>la</strong> quantité de mouvement de l’électron est nulle : l’électron peut être n’importe<br />
où entre − θ et +θ (avec une grande probabilité pour θ = 0 ). Donc :<br />
∆ py p sin θ = p · λ<br />
∆ y<br />
(voir figure)<br />
Avec <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion de de Broglie p = h<br />
, nous avons :<br />
λ<br />
∆ py = h<br />
∆ y<br />
⇒ ∆ py · ∆ y = h<br />
en accord avec <strong>la</strong> limite imposée par <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion d’incertitude de Heisenberg.<br />
Conclusions<br />
Trois importants concepts ont été décrits dans ce chapitre :<br />
1. La quantification de l’énergie introduite en 1900 par Max P<strong>la</strong>nck. La<br />
portée de cette idée ne fut pas reconnue immédiatement par son auteur, ni<br />
par ses contemporains. Ce n’est qu’en 1905 qu’Einstein l’appliqua à l’effet<br />
photoélectrique et suggéra que cette quantification est une propriété fondamentale<br />
de <strong>la</strong> lumière et non pas une propriété mystérieuse <strong>des</strong> “oscil<strong>la</strong>teurs”<br />
de <strong>la</strong> cavité et du rayonnement qui s’y trouve.<br />
2. Les aspects ondu<strong>la</strong>toire et corpuscu<strong>la</strong>ire de <strong>la</strong> matière et du rayonnement. L’aspect<br />
corpuscu<strong>la</strong>ire apparaît dans l’émission ou l’absorption, alors que l’aspect<br />
ondu<strong>la</strong>toire domine dans <strong>la</strong> propagation.<br />
La prédiction, c.à.d. <strong>la</strong> proposition sur ce qui peut être observé, est faite sur <strong>la</strong><br />
base de l’aspect ondu<strong>la</strong>toire. Les phénomènes sont ainsi décrits par <strong>des</strong> fonctions<br />
d’on<strong>des</strong>, solutions d’équations d’on<strong>des</strong>.<br />
– Pour le rayonnement, <strong>la</strong> fonction d’onde est le champ électrique E(x, t) ,<br />
solution de l’équation d’onde ∂2E = µ0ɛ0<br />
∂x2 -111-<br />
∂ 2 E<br />
∂t 2 avec c =<br />
1<br />
√ .<br />
µ0ɛ0<br />
✩<br />
✪
✬<br />
✫<br />
La dualité onde - corpuscule<br />
– Nous étudierons au prochain paragraphe <strong>la</strong> fonction d’onde ψ(x, t) <strong>des</strong><br />
particules.<br />
– Le carré de l’amplitude de <strong>la</strong> fonction d’onde donne <strong>la</strong> probabilité (par unité<br />
de volume ou par unité de longueur, de surface) de trouver <strong>la</strong> particule si on<br />
<strong>la</strong> recherche.<br />
3. Le principe d’incertitude. Ce principe nous montre que <strong>la</strong> “mesure” perturbe<br />
gravement l’état du système.<br />
Ainsi, dans l’expérience d’interférence <strong>des</strong> fentes de Young avec <strong>la</strong> lumière, si<br />
nous voulons savoir par quelle fente le photon est passé, cette mesure de <strong>la</strong> “position”<br />
perturbe tellement <strong>la</strong> quantité de mouvement que <strong>la</strong> figure d’interférence<br />
disparaît ! Nous pouvons observer l’aspect ondu<strong>la</strong>toire ou l’aspect corpuscu<strong>la</strong>ire,<br />
mais le principe d’incertitude nous empêche de les observer simultanément.<br />
-112-<br />
✩<br />
✪
✬<br />
✫<br />
Quelques grands noms de <strong>la</strong> Physique<br />
La période al<strong>la</strong>nt de 1900 à <strong>la</strong> seconde guerre mondiale fut extrêmement féconde pour<br />
<strong>la</strong> Physique et a permis de jeter les bases de <strong>la</strong> Physique et de <strong>la</strong> Science actuelles.<br />
Parmi les géants de cette période, nous citons ici quelques uns de ces personnages<br />
qui ont une re<strong>la</strong>tion avec ce cours.<br />
Max P<strong>la</strong>nck 1858 - 1947<br />
Physicien allemand, une grande partie de sa carrière s’est déroulée à Berlin. La<br />
constante qui porte son nom révolutionna <strong>la</strong> Physique et amena à <strong>la</strong> Physique Quantique.<br />
Arthur Compton 1892 - 1962<br />
Physicien américain, il suggéra le premier le nom de photon au quantum de lumière.<br />
Sa découverte et son explication de l’effet Compton lui a valu le prix Nobel en 1927.<br />
Niels Bohr 1885 - 1962<br />
Physicien danois, il reçut le prix Nobel de Physique en 1922 pour son explication du<br />
spectre de l’Hydrogène. Pendant une visite aux USA en 1939, il apporta <strong>la</strong> nouvelle<br />
que <strong>la</strong> fission de l’Uranium a été observée par Otto Hahn (1879 - 1968, prix Nobel de<br />
Chimie en 1944) et Fritz Strassmann (1902 - 1980). Il fonda “l’Ecole de Copenhague”<br />
qui <strong>la</strong>issera son nom à une interprétation de <strong>la</strong> Mécanique Quantique.<br />
Louis de Broglie 1892 - 1987<br />
Physicien français, il était initialement un littéraire ; fasciné par les travaux de son<br />
frère Maurice, physicien, il s’intéressa aux sciences. Son travail de thèse reçut les<br />
louanges de Langevin et lui valut, ce qui était une première, le prix Nobel, décerné<br />
en 1929.<br />
Clinton Davisson 1881 - 1958<br />
Physicien américain, il partagea le prix Nobel en 1937 avec G. P. Thomson pour<br />
leur travaux sur <strong>la</strong> diffraction <strong>des</strong> particules. Germer était l’assistant de Davisson<br />
au Bell Telephone Laboratory.<br />
Werner Heisenberg 1901 - 1976<br />
Physicien allemand, il a effectué sa thèse sous <strong>la</strong> direction de Sommerfeld. Il fut<br />
directeur <strong>des</strong> recherches sur <strong>la</strong> bombe atomique allemande durant <strong>la</strong> deuxième guerre<br />
mondiale. Ses travaux sur <strong>la</strong> Physique quantique lui valut le prix Nobel de Physique<br />
en 1932.<br />
-113-<br />
✩<br />
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✫<br />
Quelques grands noms de <strong>la</strong> Physique<br />
Erwin Schödinger 1887 - 1961<br />
Physicien autrichien, il succéda à P<strong>la</strong>nck à <strong>la</strong> chaire de Physique théorique de l’Université<br />
de Berlin en 1928, quelques années après avoir publié une série d’articles<br />
qui jetèrent les fondements de <strong>la</strong> Mécanique ondu<strong>la</strong>toire. Il reçut le prix Nobel de<br />
Physique en 1933 avec P. M. A. Dirac. En 1940, il quitta l’Europe occupée par les<br />
Nazi pour s’installer en Ir<strong>la</strong>nde.<br />
Max Born 1882 - 1970<br />
Physicien allemand, il commença sa carrière à l’Université de Berlin où il a remp<strong>la</strong>cé<br />
P<strong>la</strong>nck dans ses charges d’enseignement. Il reçut le prix Nobel de Physique en 1954<br />
pour son interprétation du carré de l’amplitude de <strong>la</strong> fonction d’onde | ψ | 2 .<br />
-114-<br />
✩<br />
✪