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Célébration du 30e anniversaire du CODESRIA Conférence sous ...

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<strong>Célébration</strong> <strong>du</strong> 30 e <strong>anniversaire</strong> <strong>du</strong> <strong>CODESRIA</strong><br />

<strong>Conférence</strong> <strong>sous</strong>-régionale pour l’Afrique <strong>du</strong> Nord<br />

Le Caire, <strong>du</strong> 27 au 28 septembre 2003<br />

Entre panafricanisme et panarabisme<br />

Déchirure identitaire et ambiguïtés culturelles en Mauritanie<br />

Dr. Abderrahmane N’GAIDE<br />

Chercheur indépendant<br />

181, Résidence de la Bourgogne<br />

77190 Dammarie-Les-Lys (France).<br />

E-mail : thide62@yahoo.fr.<br />

Tél : 06.17.68.59.51<br />

Fax : (331) 64.83.60.71<br />

Le projet onirique colonial qui souhaitait créer un territoire tampon entre l’Afrique<br />

Noire et l’Afrique blanche sonnait comme une véritable aberration. Pour être une aberration,<br />

c’en est une sans aucune contestation possible. La double identité de la Mauritanie a été un<br />

des premiers obstacles sur lequel ont buté ceux qui ont participé à la constitution <strong>du</strong> discours<br />

idéologique d’une Mauritanie indépendante, souveraine et unie au-delà des différences<br />

communautaires qui instituent sa démographie. L’élite mauritanienne s’est enlisée dans les<br />

ordres institués par les discours et exigés de manière traumatique par leurs auteurs.<br />

Le territoire de Mauritanie créé en 1905 était un appendice de l’Afrique de l’ouest,<br />

l’Afrique au sud <strong>du</strong> Sahara : l’Afrique Noire, celle de Senghor et de ceux qui se réclament de<br />

la négritude. Mais la Mauritanie est une pluralité ethnique et raciale, culturelle et historique.<br />

La conflictualité qui caractérise son histoire tire la validité de son essence dans cette réalité<br />

mal assumée depuis les temps de l’Etat tampon en gestation, de l’Etat colonial en mise en<br />

valeur et de l’Etat postcolonial oppresseur et inspirateur de la différence instituée comme<br />

mode de régularité de la citoyenneté, instance d’ordre et de discipline. Que peut-on en tirer<br />

comme enseignement, sans risque d’être traité comme acteur d’une revendication<br />

socioculturelle marquée par le sceau de l’identification au panafricanisme ou au<br />

panarabisme ? Références identitaires qui s’affrontent dans un espace en construction dont les<br />

acteurs souffrent par leur recherche de reconnaissance et surtout de validation de leur<br />

discours. Leurs échos con<strong>du</strong>isent, momentanément, dans le chaos social considéré comme le<br />

seul horizon possible. Le nassérisme 1 , puis le baathhisme 2 concurrencent une négritude qui<br />

doit être tue et dissimulée alors qu’elle est voyante voire envahissante. Elle est insolente,<br />

dissidente taxée d’être à la source de l’isolation et de la sauvagerie (car noire) devant un<br />

monde maghrébin plus homogène que celui négro-africain, de l’Afrique proprement dite : la<br />

Noire dans son acception primaire, son ethnicité et son enfance.<br />

1<br />

Nationalisme arabe inspiré des idées panarabes de Nasser. Les tenants de cette idéologie pensent une<br />

Mauritanie uniquement arabe et musulmane.<br />

2<br />

Nationalisme arabe inspiré des idées <strong>du</strong> parti baath irakien qui prône lui aussi une Mauritanie uniquement<br />

arabe. Nassérisme et baathisme encouragent tous les deux le gouvernement à rompre avec l’Afrique de l’Ouest.


Et pourtant la Mauritanie devait jouer le rôle de conciliateur entre ces deux mondes<br />

qui se repoussent et qui se rencontrent par leur appartenance géographique et historique au<br />

même continent. L’Afrique <strong>du</strong> Nord et l’Afrique au Sud <strong>du</strong> Sahara se résument, dans leur<br />

rencontre géographique et ethnique en Mauritanie. Elles s’y métissent. Elles s’y annulent tout<br />

en s’interpénétrant. Paradoxe d’une existence commune et/ou d’une rencontre historique non<br />

voulue ? Elles s’immobilisent là où le colon a voulu instituer le tampon géographique comme<br />

lieu de rencontre et surtout d’osmose ; en oubliant et les sociétés et leurs cultures. Et les<br />

‘’pères’’ de la nation ont pensé que ceci était un fait acquis et entériné par le fantasme <strong>du</strong><br />

sentimentalisme alors que les réalités socio-économiques et politiques émergent comme des<br />

horizons indépassables. Les cultures comme lieu de confrontations et l’espace géographique<br />

comme domaine de convoitises possibles et renouvelés se trouvent validés au point que les<br />

luttes épousent des violences irré<strong>du</strong>ctibles. Les idéologies panarabe et panafricaine<br />

s’expriment ici, dans ce pays, par la désolation et le chaos. Elles s’affrontent sans se<br />

rencontrer réellement.<br />

Dans cette contribution je souhaite démontrer, à partir de l’exemple de la Mauritanie,<br />

que le panarabisme et le panafricanisme se sont affrontés, en repro<strong>du</strong>isant chacun d’entre eux<br />

des mécanismes hérités des logiques coloniales de discrimination, de classification ethnique et<br />

géographique au point que dans la modernité africaine ils continuent encore à mettre en mal<br />

les aspirations des générations émergentes pour la construction de L’Union Africaine et la<br />

consolidation des principes <strong>du</strong> NEPAD (Nouveau partenariat pour le développement de<br />

l’Afrique). La Mauritanie constitue un des laboratoires d’analyses mais n’en limite point les<br />

réalisations futures et la rencontre des idéologies dans une symbiose fondatrice de l’unité<br />

africaine, au delà des considérations culturelles et raciales.<br />

2

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