Qu'est-ce qu'une société démocratique - Collège de France
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HISTOIRE MODERNE ET CONTEMPORAINE DU POLITIQUE 843<br />
nombre <strong>de</strong> locuteurs au sein d’une population d’amateurs et en aspirant dans<br />
l’espa<strong>ce</strong> public les conversations <strong>de</strong>s internautes. Le web a libéré la parole en<br />
contestant l’autorité <strong>de</strong> <strong>ce</strong>ux qui bénéficiaient jusqu’alors du monopole d’accès à<br />
l’espa<strong>ce</strong> public : journalistes, hommes politiques et experts. Pour Dominique<br />
Cardon, on peut tirer trois enseignements <strong>de</strong> <strong>ce</strong>tte nouvelle dynamique, con<strong>ce</strong>rnant<br />
respectivement la définition <strong>de</strong>s publics (la présupposition d’égalité), la diversité<br />
<strong>de</strong>s expressions (la libération <strong>de</strong>s subjectivités) et la porosité entre la conversation<br />
ordinaire et la discussion publique (le public par le bas).<br />
Dominique Cardon est sociologue au Laboratoire <strong>de</strong>s usages d’Orange Labs et<br />
chercheur associé au Centre d’étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s mouvements sociaux (EHESS).<br />
La confian<strong>ce</strong> : l’état <strong>de</strong>s recherches (Louis Quéré, 17 mars 2010)<br />
Dans son exposé, Louis Quéré a proposé un survol <strong>de</strong>s recherches actuelles en<br />
scien<strong>ce</strong>s sociales consacrées à la confian<strong>ce</strong>. Partant du constat que le mot confian<strong>ce</strong><br />
s’applique à plusieurs phénomènes différents, qui s’interpénètrent mais ne se<br />
recouvrent pas complètement, il a tenté <strong>de</strong> démêler <strong>ce</strong>t enchevêtrement en prenant<br />
comme axe <strong>de</strong> réflexion le lien entre confian<strong>ce</strong> et reconnaissan<strong>ce</strong>. Ce lien apparaît<br />
d’abord dans les sondages sur la confian<strong>ce</strong>, qui mesurent moins la confian<strong>ce</strong> que <strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong>grés <strong>de</strong> reconnaissan<strong>ce</strong> sociale <strong>de</strong> catégories <strong>de</strong> personnes – la reconnaissan<strong>ce</strong><br />
consiste alors à attribuer à <strong>ce</strong>s catégories <strong>de</strong>s valeurs approuvées par le public. Ce lien<br />
disparaît par contre dans les analyses inspirées <strong>de</strong> la théorie du choix rationnel ou <strong>de</strong><br />
la théorie <strong>de</strong>s jeux, qui font <strong>de</strong> la confian<strong>ce</strong> un phénomène purement cognitif. D’une<br />
façon générale, les représentations standard <strong>de</strong> la rationalité échouent à saisir la<br />
forme <strong>de</strong> rationalité propre à la confian<strong>ce</strong>, qui repose sur l’attribution inconditionnée<br />
d’une valeur à la personne bénéficiaire <strong>de</strong> la confian<strong>ce</strong> – <strong>ce</strong> qui est aussi un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
reconnaissan<strong>ce</strong>. Cette forme <strong>de</strong> rationalité a été beaucoup mieux appréhendée par<br />
trois sociologues « classiques », G. Simmel, N. Luhmann et H. Garfinkel, dont<br />
Louis Quéré a résumé les analyses. En conclusion, il a examiné <strong>ce</strong> que l’on pouvait<br />
mettre <strong>de</strong>rrière l’idée <strong>de</strong> « confian<strong>ce</strong> dans les institutions ».<br />
Louis Quéré est directeur <strong>de</strong> recherches au CNRS. Il a fait sa carrière au Centre<br />
d’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s mouvements sociaux (EHESS) et a dirigé <strong>ce</strong> <strong>ce</strong>ntre ainsi que l’Institut<br />
Mar<strong>ce</strong>l Mauss (UMR 8178) <strong>de</strong> 2005 à 2009.<br />
Ouvrage<br />
Publications scientifiques<br />
Rosanvallon P., La Légitimité <strong>démocratique</strong>. Impartialité, réflexivité, proximité, Le Seuil,<br />
2008, 380 p. Réédition dans la collection Points-Essais en 2010.<br />
Trad.ukrainienne, Kiev, 2009 ; trad. espagnole, La Legitimidad <strong>de</strong>mocrática, Buenos Aires,<br />
Manantial, 2009 ; une <strong>de</strong>uxième traduction en langue castillane est également parue en<br />
2010 chez Paidos Iberica, à Madrid ; trad. alleman<strong>de</strong>, Demokratische legitimität, Hambourg,<br />
Hamburger Edition, 2010 ; trad. chinoise <strong>de</strong> l’introduction « Le dé<strong>ce</strong>ntrement <strong>de</strong>s<br />
démocraties » in Politics Review of Sun Yat-Sen University, 2010, n° 4, p. 79-94.