Mahler Chant de la terre - Esprits nomades
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un peu d’eau pour <strong>la</strong> soif du mon<strong>de</strong>, c’est cette œuvre. » »_« C’est une<br />
chose pour <strong>la</strong>quelle il n’existe probablement pas <strong>de</strong> mots » dira <strong>Mahler</strong><br />
du <strong>Chant</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Terre. Pourtant, même aux portes <strong>de</strong> l’indicible, quelques<br />
indications pourraient être non vaines__L‘exotisme et le retour<br />
intérieur__Pourquoi <strong>la</strong> Chine ? Une mo<strong>de</strong> est en cours (exposition<br />
universelle <strong>de</strong> 1900, orientalisme, parution <strong>de</strong> <strong>la</strong> Flûte chinoise <strong>de</strong><br />
Bethge, Madame Butterfly <strong>de</strong> Puccini en 1904, puis Turandot)._Quel<br />
exotisme ? La fuite au bout du mon<strong>de</strong> dans une sagesse loin <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
conso<strong>la</strong>tion chrétienne et <strong>de</strong> <strong>la</strong> dureté du judaïsme s’impose comme une<br />
conso<strong>la</strong>tion. _Loin du mon<strong>de</strong> du Wun<strong>de</strong>rhorn et <strong>de</strong> Rückert_Le support<br />
qui l’inspire est <strong>de</strong> <strong>la</strong> poésie chinoise « digérée » par un esthète<br />
allemand_Dépaysement géographique et mental. <strong>Mahler</strong> après les coups<br />
terribles <strong>de</strong> 1907 veut changer, s’éva<strong>de</strong>r au loin. Il quitte Maiernigg pour<br />
Tob<strong>la</strong>ch, il cherche un nouvel horizon._Ce nouvel horizon est en fait un<br />
ailleurs._L’arrière-p<strong>la</strong>n <strong>de</strong> <strong>la</strong> Chine vue <strong>de</strong> l’Europe est le papier peint <strong>de</strong><br />
sa douleur_La sagesse chinoise telle qu’il l’entrevoit est pour lui<br />
adéquate : sagesse <strong>la</strong>sse, souriante résignation, temps différent du temps<br />
occi<strong>de</strong>ntal_Fragilité et masque <strong>de</strong>s douleurs, sensualité et paix qui<br />
s’installe comme un bouquet fané, comme le chant <strong>de</strong>s hommes dont il<br />
se sent séparé. Il ressent au fin fond le sens du transitoire. Mais en fait il<br />
s’agit bien d’un désespoir « occi<strong>de</strong>ntal » tissé aux berges <strong>de</strong> ce<br />
romantisme finissant_C’est en utilisant le recueil <strong>la</strong> Flûte chinoise,<br />
anthologie récente <strong>de</strong> Hans Bethge, que <strong>Mahler</strong> pourra parler en disant<br />
« Je » mais aussi <strong>de</strong> l’univers. Et en donnant une réponse à ces<br />
questionnements. Et aussi <strong>de</strong> déposer en une musique enclose, sa<br />
douleur, son urgence, sa conso<strong>la</strong>tion.<br />
La flûte chinoise et Hans Bethge<br />
Il s’agit <strong>de</strong> <strong>la</strong> traduction <strong>de</strong> 80 poèmes formant une anthologie du XII<br />
avant JC, à l’usage <strong>de</strong>s contemporains. Lui le poète précieux résonne<br />
avec cet univers. Ce n’est pas une traduction, mais une adaptation.<br />
Comme toujours <strong>Mahler</strong> lit tout et choisit avec grand soin les 7 poèmes<br />
qui semb<strong>la</strong>ient le guetter dans le gel <strong>de</strong>s jours. Son mal-être profond, sa<br />
douleur existentielle trouve soudain un écho profond dans ces textes,