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Luc Dietrich Bon comme le pain, amer comme la ... - Esprits nomades

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Devant lui c'est <strong>la</strong> mer des naissances et des descentes, et derrière lui et en lui court<br />

et stagne l'eau des oublis et des abandons, et <strong>le</strong> voyage liquide des p<strong>la</strong>isirs subis.<br />

Le feu est en lui <strong>comme</strong> il est sous <strong>la</strong> terre : feu de colère, feu de désir, feu de haine,<br />

feu caché, brûlure sans offense, feu dont il a brûlé de trous <strong>la</strong> grande trame des<br />

verdures ardentes, des troncs, des monts, des f<strong>le</strong>urs de braise, des étincel<strong>le</strong>s<br />

d'insectes, <strong>la</strong> coulée des mers, <strong>le</strong> lingot des g<strong>la</strong>ciers et tout ce qu'a forgé ce feu<br />

cé<strong>le</strong>ste dont son ? il était pourtant fait, et sali de fumée <strong>le</strong> passage de ses grands<br />

jours torrentiels, cou<strong>le</strong>ur de so<strong>le</strong>il.<br />

Il est couché sur cette p<strong>la</strong>ge et son cœur de terre bat contre terre. Il est <strong>comme</strong><br />

chaque chose car chaque chose est attachée à <strong>la</strong> terre, retombant sur soi-même,<br />

couchée dans ses limites. Et c'est pourquoi l'animal prisonnier dans sa fuite, l'oiseau<br />

qui pèse sur son vol, <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nte empêchée dans sa souche, l'insecte tueur et l'homme,<br />

restent sourds à son appel et sourde cette caverne qu'est son propre corps où tant<br />

de grappes de vie s'enfièvrent.<br />

Il respire, un souff<strong>le</strong> ardent <strong>le</strong> soulève, sa vie est une vague à <strong>la</strong> surface de l'air ; de<br />

l'air invisib<strong>le</strong> et dénué de mystère, peuplé de fantômes, de bou<strong>le</strong>s de vent qui fondent<br />

et deviennent tempête. Et lui-même bourdonne de mots jusque dans son sommeil....<br />

Mais ce monde a pour toit l'éther massif, dur <strong>comme</strong> l'acier noir, froid <strong>comme</strong> <strong>le</strong><br />

basalte sans veine, tombeau de toutes <strong>le</strong>s gloires et de tous <strong>le</strong>s désastres, bronze où<br />

sonne <strong>le</strong> moindre bruit, cire vierge où <strong>le</strong>s gestes secrets s'impriment pour toujours.<br />

Lieu solide gardant nos mondes mous. Vide que toute voix émeut, qu'un mouvement<br />

d'algue anime, qu'un doute raye ; champ de nébu<strong>le</strong>uses et sillons de so<strong>le</strong>ils épaissis<br />

de nos morts innombrab<strong>le</strong>s. Océan froid où brû<strong>le</strong>nt <strong>le</strong>s comètes, où <strong>le</strong>s trajectoires<br />

s'enchevêtrent, où <strong>le</strong>s astres se cassent sans souci de durée.<br />

Alors l'homme cherche Dieu entre <strong>le</strong>s branches de <strong>la</strong> nuit.<br />

Bibliographie<br />

Grâce soit rendue à Georges Monti, directeur des Editions Le Temps et à Frédéric<br />

Richaud, in<strong>la</strong>ssab<strong>le</strong> évangéliste de l’œuvre de <strong>Luc</strong> <strong>Dietrich</strong> aux éditions du Temps<br />

qu’il fait :<br />

Le bonheur des tristes, Éditeur : Le temps qu’il fait, édition intégra<strong>le</strong> de 1935 avec<br />

une présentation de Frédéric Richaud<br />

L’apprentissage de <strong>la</strong> vil<strong>le</strong>, Éditeur : Le temps qu’il fait 1998 avec une présentation<br />

de Frédéric Richaud<br />

L'éco<strong>le</strong> des conquérants, (Eolienne, 1997)

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