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Actes 3 - Euromed Heritage

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acteS du coLLoque<br />

–<br />

La Cité internationale universitaire de Paris<br />

est un grand campus dédié aux échanges<br />

universitaires internationaux, composé<br />

de 40 maisons dont deux hors site. Ses 6000<br />

logements pour étudiants et chercheurs<br />

représentent environ 250 000 mètres carrés<br />

et accueillent 10 000 résidents de plus de 100<br />

nationalités chaque année. Il s’agit d’une fondation<br />

privée reconnue d’utilité publique, propriété des<br />

universités parisiennes. La Cité est bordée d’un<br />

côté par le boulevard périphérique et de l’autre<br />

par le boulevard Jourdan. Elle forme, avec le parc<br />

Montsouris, un poumon vert au sud de Paris.<br />

Il s’agit d’un patrimoine à la qualité reconnue.<br />

L’ensemble des constructions a été réalisé entre<br />

1923 et 1969. La première résidence a été inaugurée<br />

en 1925, la dernière étant la fondation Avicenne<br />

conçue par Claude Parent. Elles présentent<br />

une grande diversité de style et d’architecture<br />

contemporaine, régionaliste et historiciste.<br />

Cinq bâtiments sont classés ou inscrits et le site<br />

est lui-même inscrit.<br />

Avec l’aide de la Caisse des Dépôts et Consignations,<br />

un schéma directeur architectural et paysager,<br />

conçu par la SCET, qui vise à engager une troisième<br />

phase de construction sur le site a été établi.<br />

Il existe en outre un programme pluriannuel de<br />

rénovation, qui court jusqu’en 2018. Nous essayons<br />

de lancer des rénovations exemplaires depuis 2007<br />

sur des bâtiments en réhabilitation lourde.<br />

Un futur bâtiment énergie positive, la Maison<br />

de la région Ile-de-France, sera construit pour 2014.<br />

Une Charte de développement durable,<br />

élaborée en 2009, associe tous les acteurs<br />

de la Cité autour des enjeux de préservation<br />

de l’environnement. Nous nous sommes<br />

appuyés sur les 3 fois 20 européens<br />

(20 % d’économie de gaz à effet de serre ;<br />

20 % d’économie d’énergie ; recours à 20 %<br />

aux énergies renouvelables), à atteindre d’ici<br />

2020. Le ratio moyen en consommation d’énergie<br />

se situe autour de 300 kWh par mètre carré<br />

par an. Cela correspondrait donc à une étiquette<br />

DPE de classe E. Les performances du patrimoine<br />

à l’heure actuelle sont cependant contrastées.<br />

Certains bâtiments sont très énergivores,<br />

au-delà de 400 kWh par mètre carré (la<br />

fondation Deutsch de la Meurthe, la Maison<br />

internationale, la Fondation suisse et certaines<br />

rénovations des années 90). Des bâtiments sont<br />

en position intermédiaire autour de 300 kWh<br />

par mètre carré, notamment les rénovations<br />

du début des années 2000. Enfin, les bâtiments<br />

les moins énergivores sont les réhabilitations<br />

récentes (le Collège britannique, la Maison<br />

86<br />

des provinces de France, la Résidence Quai<br />

de la Loire). Nous mettons en outre en place<br />

un système de management énergétique<br />

sur la base Afnor EN 16 001. A l’échelle du site,<br />

nous menons une campagne de sensibilisation<br />

relative aux économies d’eau, au tri des déchets,<br />

aux écogestes et aux bonnes pratiques,<br />

en collaboration avec les associations de<br />

résidents. Il n’existe pas de comptage individuel<br />

par logement. Nous effectuons des comptages<br />

par bâtiment, que nous souhaitons préciser<br />

davantage en fonction des usages.<br />

Parmi les grandes actions lancées en 2010,<br />

des audits énergétiques ont été lancés avec<br />

l’aide du Plan de relance de l’Etat sur la quasitotalité<br />

des bâtiments, à l’exception de ceux<br />

rénovés récemment. Plus de quarante bâtiments<br />

sont concernés. Dès à présent, de grandes<br />

orientations se dégagent, permettant<br />

de rendre compte de la variété des types<br />

de bâti. Elles mettent notamment en avant<br />

la possibilité de définir différents niveaux<br />

d’améliorations.<br />

Le premier niveau a trait au déploiement<br />

de systèmes de régulation et de gestion,<br />

afin d’ajuster la production de chauffage<br />

et de ventilation aux besoins réels des usagers.<br />

Des équipements permettent en outre de<br />

disposer d’un éclairage fonctionnant selon<br />

les besoins. Il s’agit de postes d’économie<br />

d’énergie très importants. Le deuxième niveau<br />

consiste à s’intéresser à la performance<br />

des équipements : l’éclairage avec la disparition<br />

des lampes à incandescence, l’amélioration<br />

des tubes fluorescents et l’installation des<br />

lampes fluocompactes ; la ventilation avec<br />

l’installation de bouches hygroréglables<br />

et de la ventilation double-flux. Les circuits<br />

et générateurs de chauffage avec le<br />

remplacement des équipements en fin de vie<br />

par des équipements au rendement supérieur.<br />

Le troisième niveau est relatif à l’introduction<br />

d’installations d’énergies renouvelables.<br />

Le solaire thermique, qui permet un appoint<br />

en termes d’eau chaude sanitaire, est grandement<br />

bénéficiaire pour les économies d’énergie.<br />

Il doit toutefois respecter l’esthétique du bâtiment.<br />

Ces différentes étapes permettent de réaliser<br />

des réductions d’énergie de l’ordre de 15 à 25 %.<br />

Enfin, le dernier niveau a trait au<br />

remplacement des vitrages et à l’isolation<br />

des combles et des parois par l’intérieur.<br />

Associé aux interventions précédentes,<br />

Il permet d’atteindre des réductions de<br />

consommation d’énergie supérieures à 50%.<br />

Trois opérations se sont terminées récemment,<br />

dans lesquelles des efforts ont été réalisés en<br />

matière d’économie d’énergie:<br />

La Maison internationale AgroParisTech<br />

a été construite par René Patouillard en 1948.<br />

La fin de l’opération datant de l’hiver dernier,<br />

nous ne disposons pas encore d’un retour<br />

complet sur le comportement du bâtiment.<br />

Nous avons créé une isolation intérieure, repris<br />

les réseaux de chauffage, remplacé une partie<br />

des vitrages et créé une ventilation double-flux.<br />

Celle-ci permet de placer un récupérateur<br />

de calories entre l’air entrant et l’air sortant mais<br />

également de mieux traiter le bruit avoisinant.<br />

Des panneaux solaires ont en outre été intégrés<br />

sur la toiture, représentant un mois d’eau<br />

chaude sanitaire par an. Selon la modélisation,<br />

ces différentes opérations permettent une<br />

réduction de 190 à 102 kWh par mètre carré,<br />

soit 46 % d’économie. Elles représentent<br />

500 000 euros d’investissement, soit un surcoût<br />

de 7,5 % par rapport à une réhabilitation simple.<br />

Nous souhaitons réaliser pour cette maison<br />

un audit de suivi des performances après<br />

travaux, afin de vérifier que les objectifs<br />

ont été atteints et voir si certains points doivent<br />

être corrigés. Nous désirons également<br />

y associer les utilisateurs et le gestionnaire.<br />

En effet, les comportements des usagers,<br />

et le suivi précis de l’entretien et de la<br />

maintenance sont des facteurs déterminants<br />

en termes de consommation.<br />

La Maison de la Norvège, conçu par Reidar<br />

Lund en 1954, est un bâtiment en voie de<br />

réception. Nous avons intégré une isolation<br />

intérieure, calorifugé les réseaux, installé des<br />

robinets thermostatiques, mis en place des<br />

panneaux solaires sur une toiture invisible et<br />

intégré des écomatériaux. Le bilan du bâtiment,<br />

de 143 kWh, passe à 93 kWh avec un surcoût lié<br />

aux économies d’énergie de l’ordre de 13 %.<br />

Enfin, la Fondation Abreu de Grancher,<br />

construite par Albert Laprade en 1932, est<br />

en cours de réception. Nous avons intégré une<br />

isolation intérieure de la toiture-terrasse,<br />

remplacé les menuiseries, repris les réseaux<br />

de chauffage et intégré des panneaux solaires<br />

invisibles. Ces opérations permettent une<br />

réduction de 36 % d’énergie, avec un surcoût<br />

de 10 % lié aux travaux d’économies d’énergie.<br />

Par ailleurs, nous avons essayé de réaliser une<br />

projection de l’application de notre Charte, afin<br />

d’examiner si nous pouvions atteindre l’objectif<br />

SeSSion 3<br />

des 3 fois 20 %. Le potentiel de réduction<br />

de 20 % en matière de consommation d’énergie<br />

est tout à fait atteignable. La réduction des gaz<br />

à effet de serre suit globalement les économies<br />

d’énergie. En revanche, nous nous situons<br />

en-deçà de ce qui devrait être atteint concernant<br />

les énergies renouvelables. C’est pourquoi dans<br />

le cadre du schéma directeur de développement,<br />

qui prévoit de créer de nouvelles résidences<br />

en bordure du boulevard périphérique,<br />

nous avons imaginé une sorte de voile semi<br />

transparent d’un kilomètre de long et d’une<br />

dizaine de mètres de haut, qui pourrait intégrer<br />

sur la moitié de sa surface des cellules<br />

photovoltaïques en couche mince. Cette paroi<br />

de verre fonctionnerait à la fois comme une<br />

protection phonique pour le parc et une centrale<br />

solaire, qui permettrait d’alimenter environ<br />

1 000 chambres en électricité.<br />

Parmi les points particulièrement délicats<br />

d’interface «énergie/patrimoine», nous avons<br />

noté les questions d’isolation et de point de rosée,<br />

de traitement des menuiseries et de ventilation.<br />

Il serait intéressant de comparer les expériences<br />

réalisées sur différents sites afin de constituer un<br />

corpus de connaissances et de bonnes pratiques<br />

qui servent de références. S’agissant de l’impact<br />

esthétique, nous collaborons en permanence<br />

avec les architectes des bâtiments de France.<br />

Pour l’intégration du solaire, nous travaillons<br />

sur la cinquième façade, c’est-à-dire la toiture,<br />

en s’assurant que les installations n’ont pas<br />

d’impact visuel depuis le sol.<br />

Par ailleurs, une des grandes questions<br />

qui se pose a trait à la manière de faire face<br />

aux investissements, qui représentent des coûts<br />

très importants. La solution du partenariat<br />

public/privé dans le cadre d’un contrat unique<br />

de performance énergétique apparaît<br />

difficilement applicable sur un patrimoine de<br />

ce type. Nous travaillons au contraire au cas par<br />

cas, en fonction d’études historiques réalisées<br />

sur chaque maison, ce qui nécessite un travail<br />

très fin avec des architectes, ingénieurs, des<br />

groupes de travail et des comités scientifiques.<br />

p85 : (de haut en bas) Maison de la Norvège - Reidar<br />

Lund 1954/ Fondation Abreu de Grancher - Albert<br />

Laprade 1932/ Maison internationale Agroparitech -<br />

René Patouillard 1928 (photos Mario PIGNATA MONTI)<br />

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