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Arts, sociétés, cultures Art, espace, temps Arts, États et pouvoir<br />
Arts, mythes et religions Arts techniques,<br />
expressions<br />
Nom de l’œuvre - Nom de l’auteur ou de l’artiste<br />
Les demoisel<strong>les</strong> d’<strong>Avignon</strong> – P. PICASSO<br />
Arts, ruptures,<br />
continuités<br />
Reproduction de l’œuvre : Les Demoisel<strong>les</strong> d'<strong>Avignon</strong> est le dernier titre d'une peinture à l'huile sur toile, de<br />
très grand format (243,9 x 233,7 cm)<br />
Les Demoisel<strong>les</strong> d’<strong>Avignon</strong>, l’une des œuvres <strong>les</strong> plus célèbres de Picasso, constitue à la fois une synthèse du XIXe<br />
(l’Olympia de Manet, <strong>les</strong> scènes de harem composées par Ingres et Delacroix) et une ouverture vigoureuse vers l’art du<br />
XXe siècle. Picasso s’approprie pour <strong>les</strong> dépasser <strong>les</strong> innovations de Cézanne et des Fauves. Cette œuvre, qui suscita des<br />
réactions passionnées, est le point de départ du cubisme, caractérisé par un langage géométrique et une multiplicité des<br />
points de vue. Observés de profil, de trois quarts, de face, de dos, <strong>les</strong> corps des femmes sont déformés ; <strong>les</strong> draperies qui<br />
entourent <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> sont également représentées par des formes géométriques.<br />
Influencé par l’art africain, Picasso abandonne au fur et à mesure le naturalisme au profit d’une peinture qui s’attache<br />
surtout au volume et à la structure formelle : c’est le début du mouvement cubiste dont il est le principal créateur avec<br />
Georges Braque Picasso s’inspire de Pâris de Rubens mais aussi sans doute aussi des Cinq baigneuses de Cézanne pour<br />
la composition des Demoisel<strong>les</strong> qui connaissent au cours de leur création, plusieurs étapes intermédiaires. Pour traiter<br />
<strong>les</strong> 5 figures, Picasso passe d’une figuration arrondie à une figuration anguleuse renforçant ainsi <strong>les</strong> effets de mouvement<br />
et de tension entre <strong>les</strong> personnages. Il accentue le primitivisme des visages.<br />
A l’instar des arts primitifs, le tableau ne cherche pas à imiter la nature. Les Demoisel<strong>les</strong> d’<strong>Avignon</strong> rompent<br />
définitivement avec <strong>les</strong> conventions du visage humain. Picasso représente l’intérieur d’une maison close barcelonaise,<br />
située dans la carrer Avinyò, qui donne son nom à la toile. Des centaines de travaux préliminaires ont préparé la<br />
réalisation presque secrète de cette œuvre. Picasso fait fi des canons esthétiques qui président traditionnellement à la<br />
représentation du nu féminin. Les corps sont déformés. La femme assise présente à la fois son dos et son visage.<br />
L’influence de l’art africain, qui se substitue à celle de l’orientalisme du XIXe siècle, est très nette dans <strong>les</strong> visages des<br />
deux femmes de droite.<br />
La palette de couleur est assez restreinte. Les couleurs chaudes, du rose pâle à l’ocre rouge, dominent, notamment dans<br />
<strong>les</strong> corps des femmes. Cependant, des couleurs froides, blancs, gris, bleus, qui composent l’essentiel des draperies,<br />
offrent un violent contraste.<br />
Les formes sont fréquemment soulignées par des contours blancs ou noirs qui accentuent leur déstructuration.<br />
Les formes schématisées de la figure de gauche poursuivent <strong>les</strong> recherches engagées autour de l'art ibérique à cette<br />
époque. El<strong>les</strong> témoignent déjà du désir du peintre de saisir l'essence des figures. Mais c'est avec <strong>les</strong> figures de droite,<br />
dans <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> Kahnweiler a vu « le début du cubisme », que Picasso accède à une représentation objective. Remaniées<br />
en juin 1907 suite à sa visite au Musée du Trocadéro, où sont présentés des objets tribaux, el<strong>les</strong> reprennent un principe<br />
de l'art africain qui consiste à montrer ce que l'on connaît et non ce que l'on voit.<br />
Le premier principe du cubisme naît ainsi avec la femme du bas à droite, en qui Picasso réalise une synthèse de<br />
différents points de vue. On passe d'un mode pictural perceptif à un mode conceptuel.<br />
Quant à l'espace, engendré à partir des contours de deux types de figures, il est nettement sectionné en deux. Ces espaces<br />
abstraits, dénués de profondeur, rompent radicalement avec <strong>les</strong> règ<strong>les</strong> de perspectives et le principe d'unité du style<br />
classique. L’espace, meublé par des draperies, est déconstruit, la perspective brisée, voire inexistante. L’accent est mis<br />
sur la verticalité. Même la nature morte, au premier plan, semble chuter vers le spectateur.<br />
Par leur force et leur nouveauté, <strong>les</strong> Demoisel<strong>les</strong> d’<strong>Avignon</strong> constituent donc une œuvre clé de l’art du XXe siècle.<br />
Arts de l’espace<br />
Arts du son<br />
En 1907, Picasso, jeune peintre espagnol installé à Paris,<br />
termine une grande toile Les Demoisel<strong>les</strong> d'<strong>Avignon</strong>2. Cette<br />
toile met en scène cinq femmes nues (des prostituées de la rue<br />
d'<strong>Avignon</strong> à Barcelone) aux corps et aux visages anguleux,<br />
disloquées, devant un fond composé d’étoffes de plusieurs<br />
couleurs et qui sollicite le spectateur de leurs regards insistants.<br />
La composition et le traitement des modè<strong>les</strong> semblent évoluer<br />
de la gauche vers la droite, allant vers une représentation de<br />
plus en plus abstraite et décomposée des personnages.<br />
D'ailleurs, le nez de la femme de gauche est rabattu sur le côté<br />
pour que l'on voie comme le dit Picasso "que c'était un nez"<br />
Arts du langage<br />
De l’Antiquité au<br />
IXème siècle<br />
Du IXème siècle<br />
À la fin du XVIIème s.<br />
XVIIIème et XIXème sièc<strong>les</strong><br />
Le XXème siècle et<br />
notre époque<br />
Arts du quotidien<br />
Arts du spectacle vivant Arts du visuel
Brève biographie de l’auteur ou de l’artiste<br />
« J'ai mis toute ma vie à savoir dessiner comme un enfant ».<br />
Pablo Picasso (1881-1973) est un peintre, dessinateur et sculpteur espagnol ayant passé l'essentiel de sa vie en France. Originaire<br />
d’Andalousie où il passe <strong>les</strong> premières années de sa vie, Pablo Ruiz Picasso grandit à Barcelone, son père ayant été nommé professeur à<br />
l’Ecole des beaux-arts. Picasso y est lui-même admis en tant qu’élève à l’âge de 14 ans, comme il le sera deux ans plus tard, à l’Académie<br />
royale de Madrid. Après cette période d’études classiques, il découvre la vie de bohème, notamment en fréquentant un cabaret artistique<br />
et littéraire de la vieille ville de Barcelone, Els Quatre Gats, où ses travaux sont exposés pour la première fois. À cette époque, il<br />
fréquente un Bordel du « Carrer D’Avinyo » qui lui inspirera l’un de ses plus célèbres tableaux, Les Demoisel<strong>les</strong> d’<strong>Avignon</strong>. Il noue aussi<br />
de solides amitiés, comme avec Casagemas, dont le suicide en 1901 le marquera profondément : c’est en représentant son ami mort<br />
qu’il découvre le potentiel émotionnel des peintures en camaïeu bleu. À partir de 1904, il s’installe définitivement en France et<br />
emménage tout d’abord dans un misérable atelier de Montmartre, au « Bateau-Lavoir », nom donné par Max Jacob parce qu’on accède<br />
à la bâtisse par un pont. C’est devant cet atelier que Picasso rencontre en 1905 Fernande Olivier. Avec elle, il fréquente des artistes,<br />
des écrivains comme Gertrude Stein, des poètes, notamment Guillaume Apollinaire. Cette époque heureuse marque le début de sa<br />
période rose avec ses peintures de saltimbanques, aux couleurs adoucies. En 1907, Picasso travaille à la composition des Demoisel<strong>les</strong><br />
d’<strong>Avignon</strong>, quand est présentée à Paris la grande rétrospective Cézanne. C’est à partir de l’œuvre du peintre d’Aix-en-Provence qu’il se<br />
rapproche de Georges Braque. Ensemble, ils se consacrent à la formulation du cubisme. Mais la déclaration de guerre met un terme à<br />
leur collaboration car Braque doit rejoindre son régiment. À 34 ans, Picasso reste seul à Paris et encore quasiment inconnu. C’est alors<br />
qu’en 1917 <strong>les</strong> Ballets russes lui proposent de travailler aux costumes et aux décors de leur prochain spectacle. Parti rejoindre la troupe<br />
en Italie, il rencontre Olga, une des danseuses des Ballets, qu’il épouse l’année suivante. Leur fils Paul naît en 1921. Durant cette période<br />
d’accalmie sentimentale et de prospérité, Picasso pratique un « retour à l’ordre », c’est-à-dire un retour à une forme d’art classique après<br />
<strong>les</strong> tentatives extrêmes des avant-gardes. Mais, dès 1925, son travail se déchaîne à nouveau en se rapprochant de l’art surréaliste. Il<br />
renoue avec la recherche de formes inédites et se consacre de plus en plus à la sculpture. Le 27 avril 1937 un événement tragique vient<br />
bouleverser sa carrière : en Espagne, l'aviation allemande, au service des nationalistes franquistes, bombarde la petite ville basque de<br />
Guernica. En réaction, Picasso peint l’immense toile qui sera exposée un mois après au pavillon républicain de l’Exposition<br />
Internationale de Paris. Cette œuvre, conçue comme « un instrument de guerre », le rapproche du Parti communiste dont il devient<br />
membre. À la fin des années 40, il s’installe à Vallauris en Provence où il entame une nouvelle carrière de céramiste. C’est dans cette<br />
région qu’il réalise ses dernières œuvres, aussi bien des peintures, des sculptures, que des terres cuites et autres objets hétérogènes. Il<br />
emménage alors successivement à la Villa Californie dans la baie de Cannes, au Château de Vauvenargues au pied de la Montagne<br />
Sainte-Victoire, et au mas de Notre-Dame de vie à Mougins, lieux que ses œuvres ont désormais rendus célèbres.<br />
Contexte (historique, social, artistique …)<br />
"C'est comme si tu voulais nous donner à boire du pétrole pour cracher du feu" aurait dit Georges Braque à<br />
Picasso qui lui montrait <strong>les</strong> Demoisel<strong>les</strong> d'<strong>Avignon</strong> pour la première fois en 1907. Cette toile ouvre la voie à un<br />
nouveau courant artistique, le cubisme (1908-1914), dont l'apparition et le développement, vont déterminer une<br />
révolution esthétique en France et qui "change complètement la face de l'art européen". Le terme cubisme est<br />
d'ailleurs employé par dérision par le critique Louis Vauxcel<strong>les</strong>, lors d'une exposition consacrée à<br />
Georges Braque en 1908, pour dénoncer la "simplification terrible" des paysages et la réduction de tous "<strong>les</strong><br />
sites, figures et maisons à des schémas géométriques, à des cubes." Les réactions passionnées et indignées<br />
proviennent des amis du peintre et des collectionneurs.<br />
L'œuvre n'est exposée en public qu'en 1939. Ce tableau est considéré par <strong>les</strong> contemporains comme une<br />
véritable rupture dans la représentation. Après avoir détesté Les Demoisel<strong>les</strong> d'<strong>Avignon</strong>, Apollinaire, ami de<br />
Pablo Picasso, est acquis. Il écrit en 1908 dans la revue berlinoise Der Sturm " : le cubisme si l'on veut<br />
s'exprimer avec précision est un art qui consiste dans la recherche de la composition nouvelle avec des éléments<br />
formels empruntés ou non à la réalité mais à la réalité de la conception." Il ajoute plus loin " la légitimité d'une<br />
telle peinture ne peut être discutée. Chacun comprendra facilement que la chaise de quelque côté qu'on la<br />
regarde, ne cessera jamais d'avoir ses quatre pieds, son dos et son siège et que si on lui enlève un de ces<br />
éléments, on enlève l'essentiel de sa réalité."<br />
Œuvres liées, références, etc.<br />
Site officiel : http://www.picasso.fr/fr/picasso_page_index.php<br />
http://www.le-cubisme.com/pablo-picasso.html<br />
http://www.clioetcalliope.com/oeuvres/peinture/picasso/avignon.htm<br />
Jean Louis Ferrier, Picasso, Edition Pierre Terrail, Paris, 2001.<br />
S. Loria, S. Boni, L. R. Galante, Picasso, La révolution des formes, Terre de Sienne (coll°), Hatier, Paris, 1995,<br />
64 p.