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Fiches "Autonomie fourragère" - CIVAM

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Nelly et Christophe<br />

BRODU<br />

Fromage de chèvre<br />

Vers l’autonomie<br />

fourragère<br />

Paul REDER<br />

Vigne, moutons<br />

Un enjeu pour la cohérence et la pérennité<br />

Les aléas climatiques entrainent une forte variabilité des productions. Ainsi, les prix des aliments fluctuent d’une<br />

année à l’autre, atteignant parfois des sommets comme en 2011. La sécurisation de l’alimentation du cheptel est<br />

un enjeu pour la maitrise des coûts des intrants et même la survie des exploitations.<br />

La recherche de l’autonomie fourragère à l'échelle de l’exploitation ou du territoire est une solution explorée<br />

par de nombreux éleveurs, qui prend des formes multiples. Elle permet de réduire les achats directs d’aliments,<br />

de maîtriser complètement la composition des aliments, et de renforcer la cohérence globale de l’exploitation.<br />

Des pratiques à réinventer<br />

L’élevage en Méditerranée<br />

Les campagnes d’arrachage de la vigne, culture dominante<br />

en Méditerranée, conduisent à la perte de 21%<br />

du vignoble en LR en 10 ans, et à une perte moindre<br />

en PACA. La fermeture du milieu continue, en parallèle<br />

d’une pression foncière importante. La productivité<br />

des céréales et des oléoprotéagineux est bien moins<br />

importante que dans le reste de la France (AGRESTE).<br />

Face à ces considérations, l’élevage en méditerranée<br />

valorise des terres souvent non utilisées, ce qui a aussi<br />

de nombreux bénéfices : maintien de zones ouvertes<br />

permettant la lutte contre les incendies et favorables à<br />

la biodiversité, ancrage dans le tissu local…<br />

L’élevage en Méditerranée peut être ainsi un<br />

véritable outil de gestion du territoire.<br />

Elevage,<br />

<strong>Autonomie</strong> et économie,<br />

Complémentarité territoriale,<br />

Complémentarité sur l’exploitation<br />

Nos plaines méditerranéennes étant moins productives que les grasses<br />

prairies du nord, l’éleveur doit s’adapter à la ressource locale pour<br />

améliorer son autonomie fourragère. Outre la valorisation des prairies<br />

disponibles, il va exploiter également les garrigues, les landes, ou<br />

rechercher des complémentarités entre productions, comme la pâture<br />

dans les vignes en hiver.<br />

Ces solutions étaient mises en œuvre par le passé : transhumance des<br />

moutons qui passaient l’hiver dans les vignes, tradition pastorale… Elles<br />

ont été peu à peu abandonnées au profit d’achats éloignés de fourrages.<br />

Actuellement, l’augmentation des coûts de transport et la variabilité de<br />

plus en plus forte des cours des aliments en raison des aléas climatiques, entrainent à nouveau une recherche de<br />

l’autonomie fourragère.<br />

Des solutions innovantes, individuelles ou collectives, apparaissent, qui nécessitent un savoir faire<br />

particulier, et la mise en place de nouvelles pratiques et organisations.<br />

Le changement climatique<br />

En Méditerranée, l’augmentation des<br />

températures durant la saison sèche (+ 0,8 °/<br />

décennie) entraine une hausse de<br />

l’évapotranspiration et donc un déficit hydrique<br />

important : déficit > 400 mm sur 4 mois d’été.<br />

Les plaines méditerranéennes, classées<br />

auparavant en climat subhumide, sont maintenant<br />

classées en climat méditerranéen semi-aride.<br />

La productivité des cultures s’en ressent,<br />

c’est un impact à anticiper !


Paul REDER - Courtnonterral (34)<br />

DES MOUTONS DANS LES VIGNES<br />

« J’ai deux ateliers complémentaires pour valoriser le milieu. »<br />

Paul Reder, viticulteur et éleveur<br />

Contexte<br />

1 UTH pour 12 ha de vignes enherbées (300 hl environ), 200 ha de<br />

garrigue, 100 brebis mères, le tout mené en agriculture biologique.<br />

Pas d’achat de foin, achat d’1 t d’aliment par an.<br />

Vente en direct, en caissettes et en vif pour les moutons.<br />

Vente de 70% bouteilles (dont 40% export) et 30% vrac pour le vin.<br />

Les vignes, un complément herbager en hiver<br />

L’exploitation est constituée d’un parcellaire groupé avec les vignes au centre. Les vignes sont enherbées<br />

naturellement et ne sont jamais labourées. Reconstitué en 2007, le troupeau de moutons pâture les<br />

vignes 3 à 4 mois en hiver, ce qui représente un quart de la ration annuelle fourragère. Le reste de<br />

l’année, 110 ha de garrigues organisés en parcs sont pâturés, les 90 ha restants seront clôturés progressivement<br />

pour être utilisés. Dans les vignes, l’herbe est disponible sur toute la surface et plus facile d’accès que dans la<br />

garrigue (fourrés...).<br />

Les moutons, des « auxiliaires » des vignes<br />

« Au niveau du sol, on accélère le cycle naturel en mettant à disposition cette petite quantité de matière organique ».<br />

Paul constate que l’herbe semble pousser plus vite au printemps. Les brebis limitent aussi l’implantation de<br />

ligneux. Depuis que la pression de pâturage a augmenté en garrigue, il constate également moins de dégâts par<br />

les sangliers.<br />

Et demain ?<br />

Les vignes vieillissantes qui seront arrachées fin 2012 libéreront de la surface pour la production de fourrages<br />

ou de pâtures améliorées. Des projets de reconquêtes de la garrigue pour planter de nouvelles vignes sont aussi<br />

à l’étude.<br />

Atouts Contraintes<br />

∗ Ressource fourragère<br />

accessible en hiver<br />

∗ Travail plus varié entre les<br />

2 ateliers<br />

∗ Limitation des ligneux dans<br />

les vignes, des dégâts de<br />

sangliers, lutte contre les<br />

incendies<br />

∗ Participation à la vie du sol<br />

enherbé des vignes<br />

∗ Valorisation d’espaces secs<br />

∗ Gestion pastorale du<br />

troupeau:<br />

- temps important de<br />

gestion des clôtures à<br />

cause des dégâts par les<br />

sangliers<br />

- temps passé à<br />

récupérer les bêtes<br />

échappées<br />

« C’est une pratique qui existait avant, les moutons pâturaient dans les plaines car il<br />

y a toujours un creux d’herbe en janvier-février. Je le fais plutôt pour du long terme,<br />

pour gérer l’équilibre de mes sols. »<br />

Ses conseils au démarrage<br />

Les vignes n’étant pâturées qu’en hiver, il est<br />

nécessaire d’avoir suffisamment de foncier sous<br />

forme groupée, pour nourrir le troupeau toute<br />

l’année.<br />

C’est bien de commencer avec un petit<br />

troupeau et des parcs bien clôturés, mais pas<br />

moins de 20 bêtes pour conserver un<br />

comportement de troupeau.<br />

Un sol caillouteux et perméable dans les vignes<br />

évite le tassement lié au piétinement. Sinon, il<br />

ne faut faire pâturer que sur des sols secs.<br />

Fiche Fiche I<br />

I


Nelly et Christophe BRODU - Villeveyrac (34)<br />

GÉRER LA FERTILITÉ DE LA GARRIGUE<br />

« Le maître mot, c’est la diversité. C’est ce qui permet<br />

d’atteindre l’autonomie sur notre exploitation »<br />

Christophe Brodu, éleveur<br />

Contexte<br />

3 UTH, élevage en biodynamie de 80 chèvres pour transformation fromagère.<br />

<strong>Autonomie</strong> alimentaire grâce à 15Ha de céréales, 15Ha de luzerne, 400T<br />

de compost autoproduit pour les cultures, et environ 300Ha de garrigues.<br />

Vente en circuits courts (à la ferme, marchés) et accueil pédagogique.<br />

Diversification des ateliers: 60 poules, jeune verger, 30 brebis mères, 12<br />

ruches, 20 cochons.<br />

La garrigue, ressource alimentaire naturelle...<br />

« Dans la garrigue, tu vas toujours trouver quelque chose à manger ». Bon complément à une ration de fourrages et<br />

céréales, la garrigue propose une ressource variée dans le temps : herbes au printemps, ligneux l’été, glands à<br />

l’automne… qui peut représenter chez Christophe jusqu’à la totalité de la ration journalière. Sur une année,<br />

environ 80 tonnes d’aliments sont prélevées directement en garrigue par les chèvres. La diversité<br />

d’espèces présentes leur permet de se composer un bol alimentaire en fonction de leur besoins.<br />

… mais ressource fragile gérée par l’homme<br />

« La garrigue, si tu veux y manger correctement il faut la bichonner. » Christophe garde les chèvres toute l’année<br />

dans la garrigue, sauf l’hiver. L’observation guide ses pratiques, il s’ajuste en permanence au milieu. Il fonctionne<br />

par quartier, décidant où et quand pâturer selon les espèces présentes, les stades de végétation, et les besoins<br />

des bêtes : « il faut trouver l’équilibre entre la langouste et la patate ». Lorsqu’un secteur a été bien exploité, il n’y<br />

revient pas pendant 3 ans afin de permettre sa régénération.<br />

Atouts Contraintes<br />

∗ Valorisation d’espaces<br />

secs<br />

∗ Economie sur les<br />

aliments achetés<br />

∗ Ressource disponible<br />

toute l’année<br />

∗ Diversité d’espèces:<br />

pas de compléments<br />

minéraux nécessaires<br />

∗ Santé et bien-être<br />

animal: les chèvres<br />

« crapahutent »<br />

∗ Temps nécessaire<br />

pour la garde<br />

∗ Observation fine<br />

indispensable<br />

∗ Nécessite une surface<br />

importante de<br />

parcours<br />

« Pour une exploitation autonome comme la notre, la seule règle, c’est la diversité.<br />

Il faut donc respecter les cycles naturels pour conserver le milieu en bon état »<br />

Ses conseils au démarrage<br />

Pour commencer dans une garrigue fermée,<br />

Christophe effectue quelques ouvertures pour<br />

inciter les chèvres à entrer. Il veille toujours à<br />

conserver un équilibre entre milieux ouverts et<br />

bosquets, favorisant ainsi la diversité de la<br />

ressource. Il fait attention aussi à la période de<br />

reproduction des espèces : n’y pâture pas si<br />

l’espèce est intéressante, pâture s’il veut limiter<br />

le développement de cette espèce.<br />

« Il n’y a pas de recette, seulement une<br />

adaptation permanente au milieu et à sa<br />

dynamique. »<br />

Fiche Fiche II<br />

II


Nelly et Christophe BRODU - Villeveyrac (34)<br />

GÉRER LA FERTILITÉ DE LA GARRIGUE<br />

PLUS d’INFO SUR :<br />

Le projet : vers l’autonomie<br />

Christophe et Nelly s’installent en 1998 et se convertissent à l’AB en 2007.<br />

Leur installation a été possible grâce à 67 ha de baux communaux, auxquels<br />

sont venus s’adjoindre des accords oraux, permettant l’utilisation de presque<br />

300 ha de garrigue. Une convention d’utilisation portant sur 42 ha est en<br />

cours de réalisation pour consolider le foncier.<br />

Ils sont autonomes en alimentation grâce à des mélanges vesces-avoineorge,<br />

sorgho grain, orge, la production de luzerne et le pâturage en<br />

garrigues. Pour cela, ils ont choisi de s’équiper intégralement en machines.<br />

La diversification des ateliers contribue aussi à l’autonomie. Le lisier des<br />

poules est utilisé pour le compost, le miel des ruches pour soigner les<br />

chèvres, les cochons recyclent le lactosérum...<br />

Le foncier, le matériel et les ateliers sont pensés pour rendre la ferme la plus autonome possible.<br />

Gérer la fertilité de la garrigue<br />

Orienter la diversité des espèces présentes grâce aux pratiques<br />

Christophe choisit de favoriser par exemple la croissance du Dorynum, espèce intéressante pour ses chèvres. Il n’y<br />

pâture pas avant que ses graines soient disséminées, et contrôle le temps de pâturage (vitesse et fréquence de<br />

passage) pour éviter que les plantes ne soient rasées. Il laisse ensuite 3 ans de<br />

régénération, après lesquels il observe la croissance des touffes de Dorynum qui<br />

ont été stimulées par une coupe courte, et malgré la repousse dynamique de<br />

chênes kermess.<br />

Grâce à ces pratiques, il a aussi observé le développement de l’aphyllante de<br />

Montpellier, du genévrier et d’autres espèces intéressantes pour le pâturage.<br />

Grâce à ses pratiques, Christophe oriente la croissance de certaines<br />

espèces. Pour lui, « plus de flore, c’est plus d’insectes, donc plus de<br />

plantes en bonne santé, donc plus de ressources toute l’année. »<br />

Bibliographie et ressources<br />

Des structures d’accompagnement sont à votre disposition pour répondre à vos questions, contactez-les !<br />

<strong>CIVAM</strong> Empreinte, agropastoralisme et élevage extensif : coordination@civam34.fr - 04 67 92 42 23 -<br />

www.civam34.fr<br />

SCOPELA (consultant systèmes d’élevages herbagers) : Agreil Cyril - 09 62 24 76 84 - www.scopela.fr<br />

SUAMME (conseil pastoral) : Emmanuelle GENEVET - 04 66 54 29 68<br />

ZOOM ZOOM SUR SUR SUR :<br />

:<br />

Le compost à partir du fumier<br />

de la ferme, de matériel végétal<br />

issu à la fois de la commune et<br />

de la ferme est un véritable<br />

support de fertilité des cultures.<br />

Les 400 t de compost sont<br />

obtenus par ensemencement en<br />

lactoferments, à partir d’un<br />

levain de bactéries préparé en<br />

amont et incorporé au tas de<br />

compost.<br />

ZOOM ZOOM SUR SUR :<br />

:<br />

1 cheval et 1 vache<br />

complètent le cheptel et<br />

pâturent en garrigue. Ils<br />

apportent ainsi un complément<br />

de fertilisation et leur pression<br />

de pâturage sélectionne une<br />

autre diversité floristique


Agriculture(s) durable(s) en Méditerranée,<br />

un réseau d’échanges de pratiques<br />

« Dans leurs pratiques au quotidien, les agriculteurs sont confrontés à des questionnements.<br />

Comment faire pour préserver la vie de mes sols, pour mieux valoriser mes produits, pour<br />

diminuer les traitements sur mes vignes ? Quand on expérimente dans son coin, très vite, le<br />

risque est de se sentir seul, bloqué. Le réseau agriculture durable en Méditerranée, c’est un<br />

cadre pour échanger et travailler ensemble sur les pratiques. »<br />

Michel Moreau, viticulteur<br />

Une dynamique de réseau ouverte à tous<br />

Fondé sur les échanges d’expériences, ce réseau est ouvert à tous, quel que soit votre système de production,<br />

sa taille, les labels ou démarches engagées. Il rassemble déjà de nombreux agriculteurs d’horizons<br />

différents (agriculture conventionnelle, paysanne, biologique, etc..).<br />

Des réponses concrètes à vos préoccupations<br />

"Bien souvent, l’innovation vient des agriculteurs eux-mêmes, sans qu’ils soient forcément conscients que leurs<br />

expériences gagneraient à être connues." C’est pourquoi les <strong>CIVAM</strong> favorisent l’émergence de solutions<br />

locales à partir de préoccupations concrètes, grâce à l’échange de savoirs et de pratiques entre les agriculteurs<br />

et les autres acteurs du territoire.<br />

C’est une démarche collective d’échange et de progrès.<br />

Réalisé par :<br />

Groupement Régional <strong>CIVAM</strong> PACA<br />

Mathieu ESPERT : 04 90 78 35 39 / m.espert.civampaca@gmail.com<br />

Fédération Régionale <strong>CIVAM</strong> Languedoc-Roussillon<br />

Anne-Sophie ROBAST : 04 67 06 23 40 / ad.frcivamlr@gmail.com<br />

Avec :<br />

Fédération Nationale des <strong>CIVAM</strong> : 01 44 88 98 58<br />

Avec le soutien financier de :

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