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mediterranee histoir.. - geologie randonneurs

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LA MEDITERRANEE<br />

Téthys, déesse de la mer


1ère partie<br />

Histoire géologique de la Méditerranée<br />

Au cours de cette 1ère partie, nous serons<br />

amenés à parler de tectonique des plaques et<br />

de certaines notions de géologie.<br />

Nous verrons également quels sont les<br />

risques liés à la géologie en Méditerranée.<br />

La seconde partie sera consacrée à l’ère<br />

quaternaire, c’est-à-dire à l’occupation<br />

humaine de la Méditerranée.


Mer presque fermée, située dans des chaînes de montagnes encore actives, mises en<br />

place à l’ère tertiaire.<br />

Deux singularités :<br />

Les Apennins, les monts Péloritains de Sicile et les montagnes de Kabylie sont parmi les<br />

chaînes les plus jeunes de la planète, moins de 6 millions d’années.<br />

Contrairement aux apparences, le Rif marocain et la chaîne Bétique en Espagne constituent<br />

une seule et même chaîne.<br />

Nous verrons pourquoi.


Caractérisée par une diversité de structures : - des bassins multiples<br />

- des fonds hétérogènes<br />

- des âges variés<br />

Mer<br />

d’Alboran<br />

1500 m<br />

Gibraltar<br />

Mer Adriatique<br />

(plateau continental<br />

submergé)<br />

Bassin<br />

algéro-provençal Mer<br />

3300 m Tyrrhénienne<br />

7 à 8 Ma<br />

3700 m<br />

Bassin occidental<br />

3700 m<br />

30 Ma<br />

Seuil<br />

sicilien<br />

Bassin<br />

ligure<br />

Levant<br />

On voit déjà que les genèses des deux<br />

bassins, occidental et oriental, relèvent de<br />

deux <strong>histoir</strong>es complètement différentes.<br />

Mer Ionienne<br />

4300 m<br />

Mer Egée<br />

23 Ma<br />

300 m<br />

Bassin oriental<br />

5100m<br />

150 Ma<br />

Mer Noire<br />

2000 m<br />

Bassin Levantin<br />

5100 m<br />

Seuls le bassin levantin, la mer ionienne, le bassin<br />

algéro-provençal, la mer Tyrrhénienne et la mer<br />

Noire ont une croûte océanique.<br />

Mais pourquoi une telle complexité ?


4 plaques tectoniques (1) majeures en présence, de directions et de vitesses<br />

différentes, des plaques secondaires (ibérique, alboran, égéenne, adriatique), et<br />

des micro-plaques (corso-sarde, sinaï)<br />

Les vitesses indiquées sont celles par rapport à la plaque eurasienne considérée fixe. En fait<br />

celle-ci, dans sa partie occidentale, se déplace légèrement vers le sud-est.<br />

Plaque Eurasienne<br />

Plaque Eurasienne<br />

Plaque Africaine<br />

0,6 cm / an<br />

Plaque Africaine<br />

1 cm / an<br />

Plaque<br />

Anatolienne<br />

3 cm / an<br />

Noter en particulier que le contact entre les plaques eurasienne et africaine se fait en Afrique du<br />

Nord (Kabylie) en Sicile et en Italie. Ainsi, le nord de l’Afrique est en Europe, a contrario, une<br />

partie de la Sicile et de l’Italie, Malte, sont en Afrique. De même, le contact entre les plaques<br />

eurasienne et anatolienne se fait en Turquie : le nord de la Turquie est sur la plaque eurasienne.<br />

Plaque<br />

Anatolienne<br />

2 à 3 cm / an<br />

(1) Pour plus de renseignements sur les plaques tectoniques et leur formation, voir le chapitre « tectonique ».<br />

Plaque<br />

Arabique Plaque<br />

Arabique<br />

2 cm / an<br />

1 à 2 cm /<br />

an


L’<strong>histoir</strong>e de la Méditerranée, c’est l’<strong>histoir</strong>e<br />

de la Pangée et de Téthys<br />

Pour comprendre sa genèse, il faut donc faire un<br />

« bref » retour sur le passé


Début<br />

formation de<br />

la Pangée :<br />

Super<br />

continent<br />

Pangée<br />

Téthys<br />

Dislocation de la Pangée<br />

Début de l’<strong>histoir</strong>e de la Terre :<br />

4,55 milliards d’années<br />

Pour plus d’informations sur les temps géologiques, voir le chapitre « géologie générale ».<br />

Les<br />

Alpes<br />

Les<br />

Humains


Entre – 1000<br />

et - 800 MA<br />

Entre - 600<br />

et - 400<br />

Entre – 400<br />

et - 250 MA<br />

Tectonique des plaques : les super continents<br />

(historique)<br />

rassemblement<br />

Super Continent Rodinia<br />

démembrement<br />

Sibéria, Baltica, Laurentia, Gondwana, etc<br />

rassemblement<br />

Super Continent Pangée<br />

protérozoïque<br />

de 100 à<br />

300 MA<br />

permien<br />

300 à<br />

500 MA


Tectonique des plaques : les supercontinents<br />

(pourquoi, comment?)<br />

A B<br />

Le supercontinent AB fait écran thermique<br />

1 er processus : formation d’un super continent<br />

A et B se percutent. Etant de densité égale,<br />

aucun ne va subducter sous l’autre, ou du moins<br />

très peu. Ils vont donc s’agglomérer, avec création<br />

de chaînes de montagnes.<br />

- Les continents sont mauvais conducteurs thermiques : il va y avoir accumulation de chaleur à<br />

la partie inférieure, d’autant qu’étant entouré de zones de subduction, le mégacontinent est<br />

assez immobile.<br />

- La masse continentale s’échauffe, sa densité diminue, elle se soulève, se fragilise et se<br />

brise en morceaux : c’est le démantèlement.<br />

- Formation de rifts continentaux avec activité volcanique. Dissipation de la chaleur interne.<br />

- Océanisation (dorsale (1)).<br />

2ème processus : démantèlement du supercontinent<br />

bombement<br />

AB<br />

Attention, tous les rifts n’évoluent pas forcément en dorsales.<br />

(1) Pour plus de renseignements sur les dorsales, voir le chapitre « tectonique ».<br />

Formation de rifts<br />

Dissipation de la chaleur


de 400 à 250 Ma : le supercontinent Pangée s’est constitué<br />

De 250 à 80, c’est-à-dire pendant presque toute l’ère secondaire, suite à<br />

l’installation de rifts, il va se disloquer<br />

Laurasie<br />

Océan<br />

Panthalassa<br />

Gondwana<br />

La chaîne hercynienne<br />

Téthys progresse<br />

vers l’ouest<br />

une zone de<br />

rifts va<br />

s’installer<br />

La Pangée résulte de la collision entre Gondwana et Laurasie, dont la soudure a constitué la chaîne<br />

hercynienne (de Harz en Allemagne). Cette chaîne a traversé toute l’Europe où elle a laissé des<br />

traces (en France, ce sont Massif Central, Armorique, Maures. Ella a aussi laissé des traces<br />

notamment en Amérique du Nord (Appalaches).


de 190 à 120 Ma (Jurassique<br />

début Crétacé)<br />

Ouverture de<br />

l’Atlantique central<br />

3. 165 Ma : dislocation de<br />

Gondwana : les deux blocs,<br />

[Afrique-Amérique du sud] et<br />

[Antarctique-Inde-Australie],<br />

se séparent.<br />

1. 190 Ma : Un des rifts va évoluer en dorsale<br />

et générer l’ouverture de l’Atlantique central :<br />

le Gondwana se déplace SSE de 1200 km<br />

2. 180 Ma : Téthys et l’embryon d’Atlantique<br />

se rejoignent : la Pangée est coupée en 2<br />

Changement de direction de l’Afrique :<br />

elle ne peut plus aller SSE et va<br />

désormais remonter vers le nord.<br />

Téthys arrête sa<br />

progression vers l’ouest


de 120 à 60 Ma<br />

(Crétacé)<br />

114 Ma : Ouverture de<br />

l’Atlantique Nord<br />

85 Ma : Ouverture<br />

de l’Atlantique Sud<br />

120 Ma :<br />

Ouverture de<br />

l’océan Indien<br />

Ces 3<br />

évènements<br />

font que :<br />

Ouverture du Golfe<br />

de Gascogne :<br />

l’Ibérie se détache<br />

de l’Europe<br />

Briançonnais<br />

L’Afrique se dirige de plus belle vers le nord :<br />

elle va faire 500 km dans cette direction<br />

L’Eurasie est poussée vers le sud-est<br />

L’Apulie<br />

commence à<br />

poinçonner<br />

A l’est comme à l’ouest,Téthys commence sa<br />

fermeture (subduction sous l’Eurasie)


de 60 à 20 Ma<br />

(Ere tertiaire)<br />

Orogenèses des<br />

Pyrénées (retour de<br />

l’Ibérie), Alpes,<br />

Carpates, Atlas<br />

Collisions Afrique – Eurasie<br />

et Apulie – Europe<br />

Une zone de distension s’installe et va donner :<br />

Naissance de la Méditerranée<br />

occidentale


Grèce<br />

A l’est, quoi de nouveau ?<br />

Afrique<br />

Collision Arabie - Asie<br />

Téthys se ferme définitivement<br />

Bassin en extension = future Mer Egée<br />

65 Ma 35 Ma<br />

0<br />

Iran<br />

Turquie<br />

Arabie<br />

Point chaud (1) des Afars et rifts =<br />

ouverture de la Mer Rouge<br />

L’Arabie est repoussée vers le nord<br />

(1) Pour plus de détails sur les « points chauds », voir le chapitre « tectonique ».<br />

Mise en place du Zagros, de la<br />

chaîne des Dinarides et de la<br />

chaîne Helléno-Turque<br />

On voit également que la mer Noire, la mer Caspienne et la mer d’Aral<br />

sont des vestiges de bras septentrionaux de Téthys.<br />

L’homme<br />

pourra sortir<br />

d’Afrique


Dans 50 Ma<br />

Voir commentaires page suivante


Téthys condamnée à mort<br />

Si la convergence continue au même rythme (environ 1cm/an), 500 km<br />

seront parcourus en 50 millions d’années.<br />

Les montagnes vont continuer à croître. Apennins et Dinarides vont se<br />

percuter et la mer adriatique disparaîtra.<br />

Rif et Bétiques vont également s’agglomérer. Le détroit de Gibraltar se<br />

fermera avec les conséquences que l’on verra tout à l'heure. L’Espagne<br />

sera sans doute éjectée dans l’Atlantique. Ce phénomène serait déjà<br />

commencé selon certains géologues. Puis le bassin algéro-provençal<br />

périra dans l’affrontement Europe – Afrique.<br />

A l’est, Téthys va continuer sa subduction sous l’Eurasie et<br />

complètement disparaître.<br />

Libye et Crète vont s’affronter et il y aura naissance d’une nouvelle<br />

chaîne de montagnes, formée par l’actuelle « ride méditerranéenne »<br />

(voir pages 63 et suivantes).<br />

La croûte continentale actuelle de la Mer Egée va continuer à être<br />

étirée et finira par donner place à une croûte océanique. Ce nouvel<br />

océan devra lui aussi ultérieurement se fermer.<br />

Il faudra attendre un prochain démantèlement pour voir à nouveau<br />

apparaître des rifts, des dorsales et des océans.


En résumé : la Méditerranée provient de :<br />

- l’ouverture puis de la fermeture de Téthys<br />

- les collisions Apulie – Europe, Afrique – Eurasie et Arabie – Asie<br />

- l’ouverture de bassins au tertiaire<br />

Mer<br />

d’Alboran<br />

1500 m<br />

Bassin<br />

algéro-provençal<br />

30 Ma<br />

3300 m<br />

Bassin occidental<br />

3700 m<br />

30 Ma<br />

Mer<br />

Tyrrhénienne<br />

7 à 8 Ma<br />

3700 m<br />

bassins en extension<br />

Il ne reste de la Téthys que quelques bassins<br />

Mer<br />

Adriatique<br />

Mer<br />

Ionienne<br />

4300 m<br />

Mer Egée<br />

23 Ma<br />

Bassin Levantin<br />

5100 m<br />

Bassin oriental<br />

5100m<br />

150 Ma<br />

alors que le système est en convergence?<br />

Il est temps de voir comment fonctionne une subduction<br />

Mer Noire


Si les plaques tectoniques se créent et s’écartent dans certaines zones,<br />

forcément, elles doivent se rencontrer et disparaître dans d’autres :<br />

Océanisation<br />

Dorsale<br />

les zones de subduction<br />

ou : le naufrage des plaques océaniques<br />

Apulie<br />

Fermeture<br />

d’un océan<br />

Zone de<br />

subduction<br />

Eurasie


Pour plus d’informations, voir le chapitre « tectonique »<br />

- Volcanisme<br />

- Séismes<br />

Caractéristiques des zones de subduction<br />

- Creusement d’une fosse océanique<br />

- Reliefs sur le continent :<br />

arc continental ou Cordillère si subduction océan/continent<br />

arc insulaire si subduction entre deux plaques océaniques<br />

- Formation d’un prisme d’accrétion (empilement d’écailles des sédiments<br />

transportés par la plaque plongeante et rabotés par la plaque chevauchante)<br />

- Formation, dans certains cas, d’un bassin arrière-arc


Bassin<br />

d’arrière-arc<br />

Volcanisme<br />

Deux sortes de zones de subduction<br />

Prisme d’accrétion<br />

moins important<br />

Fosse profonde<br />

Plaque âgée, refroidie, hydratée, donc<br />

épaisse et lourde = pendage fort =<br />

couplage mécanique faible<br />

Subduction extensive<br />

Type Mariannes…. et<br />

Méditerranée<br />

Fosse peu profonde<br />

Dorsale<br />

Séismes de<br />

faible magnitude<br />

Séismes de<br />

forte magnitude<br />

Prisme d’accrétion<br />

important<br />

Volcanisme<br />

Plaque jeune, donc mince et légère = pendage<br />

faible = couplage mécanique important<br />

Subduction compressive<br />

Type Chili<br />

Donc, convergence (mouvement) ne veut<br />

pas toujours dire compression (force)<br />

La distance entre l’arc volcanique et la fosse est une bonne<br />

indication du pendage de la plaque plongeante : plus cette<br />

distance est grande, plus le pendage est faible.


Profondeur en Km<br />

Pourquoi des bassins en extension dans un système convergent ?<br />

Croûte<br />

océanique<br />

Manteau<br />

Bassin<br />

d’arrière-arc<br />

Convection<br />

Croûte<br />

océanique<br />

Manteau<br />

Distance à la fosse en Km<br />

Voir explications page suivante


Deux explications possibles :<br />

1. A cause de la subduction, les courants de convection (1) sous la croûte<br />

continentale sont bloqués par la croûte océanique plongeante. La chaleur<br />

s'accumule alors sous la première plaque, jusqu'à ce que s'initie un<br />

nouveau courant de convection qui étire la croûte et provoque la formation<br />

d'un rift puis d’une croûte océanique.<br />

2. D'autre part, si la pente de la plaque plongeante augmente, cela génère<br />

un effet de succion sur la plaque continentale, qui va donc être étirée.<br />

Les volcans sur le 1er arc vont s’éteindre.<br />

Il s’agit donc de deux explications complètement différentes, aux effets<br />

contradictoires : dans le 1er cas, l’accumulation de chaleur sous la croûte<br />

continentale va, dans un premier temps, provoquer son bombement, alors<br />

que, dans le second cas, il va y avoir subsidence de la croûte continentale,<br />

c’est-à-dire son affaissement.<br />

(1) Voir chapitre tectonique


Augmentation<br />

température et surtout<br />

pression de la croûte<br />

océanique qui subducte<br />

Déshydratation<br />

de cette plaque<br />

Hydratation<br />

du manteau<br />

Fusion<br />

partielle<br />

du manteau<br />

Les zones de subduction : Origine du volcanisme<br />

Remontée des magmas = Volcans<br />

Les péridotites (roches du manteau) fondent en produisant un magma basaltique qui va migrer vers la surface. En<br />

traversant la croûte continentale, il va être contaminé par les éléments chimiques de cette croûte et par les<br />

sédiments et se charger + ou – en silice (magmas intermédiaires calco-alcalins ou andésitiques). Si la chaleur est<br />

suffisante, il peut y avoir fusion partielle de la croûte continentale et magmatisme alumineux. Parfois, le basalte de<br />

la plaque plongeante peut également fondre partiellement, d’où des magmas calco-alcalins particuliers dénommés<br />

adakites.


Le prisme d’accrétion<br />

Horsts<br />

Grabens<br />

Dans une subduction de type extensif, la plaque subductante plonge<br />

fortement, ce qui engendre des cassures et crée un système de horsts et<br />

grabens.<br />

Les sédiments transportés par la plaque plongeante sont en partie<br />

enfouis dans ces grabens, d’où un prisme moins important en surface que<br />

dans le cas d’une subduction compressive.


Application à la<br />

Méditerranée<br />

occidentale<br />

Le bassin algéro-provençal<br />

La mer Tyrrhénienne<br />

Le bloc corso-sarde<br />

Les îles éoliennes<br />

La mer d’Alboran<br />

La méditerranée occidentale :<br />

des morceaux d’Europe<br />

échoués sur la côte africaine


(1) Voir explications pages suivantes


Le recul de la zone de subduction (type extensif)<br />

Verticalisation et retrait<br />

du panneau plongeant<br />

Démonstration


Expérience réalisée avec un mélange silicone et sable pour la plaque<br />

plongeante, du sirop de glucose pour le manteau supérieur et du sirop enrichi<br />

pour le manteau inférieur.


0 million d’années<br />

4 millions d’années<br />

10 millions d’années<br />

15 millions d’années<br />

30 millions d’années<br />

Ce retrait est<br />

d’autant plus<br />

rapide que la<br />

vitesse de<br />

subduction est<br />

lente<br />

En effet, la force<br />

liée au poids de<br />

la plaque, âgée<br />

et donc lourde,<br />

est supérieure à<br />

la force liée à sa<br />

vitesse.<br />

Le panneau<br />

plongeant va<br />

donc s’affaisser<br />

de proche en<br />

proche et donc<br />

reculer.


Voir commentaires page suivante<br />

Ibérie<br />

Chaîne pyrénéoprovençale<br />

(issue de<br />

l’orogenèse pyrénéenne)<br />

Al<br />

Afrique<br />

Téthys<br />

45 Ma<br />

(Eocène)<br />

Subduction<br />

Europe<br />

Téthys


Il y a 45 millions d’années, la situation était la suivante : Téthys, coincée entre<br />

l’Eurasie qui va sud-est et l’Afrique qui remonte au nord, subducte sous le<br />

continent eurasiatique, du moins jusqu’au sud-est de la France.<br />

A cet endroit que signifie le point d’interrogation sur le schéma? Si l’on<br />

regarde bien, on voit que les triangles mauves, qui indiquent le sens de la<br />

subduction, s’inversent. Cela signifie qu’à partir de ce point c’est l’Europe qui<br />

subducte sous la plaque apulienne, contrairement à ce qui se passe plus à<br />

l’ouest. Ce qui explique par exemple que le mont Cervin est en réalité un<br />

morceau d’Afrique.<br />

Toutefois, cette subduction va s’arrêter rapidement (les deux plaques<br />

continentales – Eurasie et Apulie – étant de densité égale) et c’est la<br />

collision et la surrection des Alpes.<br />

La zone de distension liée à la subduction extensive fait que plusieurs blocs<br />

vont se détacher du continent européen et dériver vers le sud, « aspirés » par<br />

le retrait de la zone de subduction. Ces sont les blocs Co (Corse), S<br />

(Sardaigne), B (Baléares), AL (Alboran), K Pe (Kabylie, Monts Péloritains), CA<br />

(Calabre).


Voir commentaires page suivante<br />

Ouverture<br />

du bassin<br />

liguroprovençal<br />

Ibérie<br />

Al<br />

B<br />

S<br />

Ca<br />

Afrique<br />

Co<br />

30 Ma<br />

(Oligocène)<br />

Volcanisme<br />

Prisme d’accrétion<br />

Bassin liguroprovençal<br />

Subduction<br />

Bloc<br />

corsosarde


A 30 millions d’années, maximum de l’orogenèse alpine.<br />

Evènement important : l’ouverture du bassin algéro-provençal (qui<br />

porte au nord le nom de bassin ligure), c’est-à-dire du bassin arrière-arc de<br />

la subduction (voir pages 21-22).<br />

Autre fait important : le prisme d’accrétion s’est constitué et va continuer à<br />

croître. On verra ce qu’il va devenir.<br />

Les blocs Co (Corse) et S (Sardaigne) d’une part, et KPe (Kabylie-<br />

Péloritains), Ca (Calabre) d’autre part, dérivent vers le sud-est, tandis que<br />

Al (Alboran) dérive vers le sud-ouest. B ne bougera plus beaucoup, bloqué<br />

par une faille.<br />

Tous ces mouvements extensifs font que le volcanisme va se « réveiller »<br />

dans le massif central et dans l’Estérel (esterellite) et que des bassins<br />

continentaux vont se mettre en place tels que Alsace, Limagne, couloir<br />

rhodanien (en vert sur le schéma).<br />

Par ailleurs, ces mêmes mouvements extensifs ont déséquilibré la chaîne<br />

pyrénéo-provençale dont une partie s’est effondrée en mer.


Voir commentaires page suivante<br />

Ibérie<br />

Al<br />

B<br />

K<br />

Pe<br />

Afrique<br />

Co<br />

S<br />

Ca<br />

30-5 Ma<br />

(Miocène)<br />

Ouverture de<br />

la Mer<br />

Tyrrhénienne<br />

Arc<br />

volcanique<br />

Bassin liguroprovençal<br />

Mer<br />

Tyrrhénienne<br />

Subduction


Durant les 30 Ma à venir, la zone de subduction va parcourir les 775 km<br />

restants, soit la vitesse respectable de 2,5 cm/an.<br />

Les « blocs » ont nettement progressé vers le sud-est, en particulier Ca.<br />

Excepté Al qui est parti vers l’ouest.<br />

Co et S ont presque atteint leur position définitive.<br />

Quant à KPe, on observe que la subduction s’est arrêtée à son niveau, générant<br />

une faille (trait noir) qui va le séparer en 2. Pe va continuer, « aspirée » par le<br />

retrait de la subduction qui continue de son côté tandis que K va bientôt échouer<br />

sur la côte africaine (voir le cercle orange).<br />

Le prisme d’accrétion, qui a pris de l’importance, va constituer les<br />

Kabylies, les Apennins, la Calabre et les monts Péloritains de Sicile (voir<br />

page suivante). On comprend maintenant pourquoi la Kabylie et une partie<br />

seulement de l’Italie et de la Sicile sont européennes.<br />

Durant cette période, ne pas oublier plusieurs évènements :<br />

1. Mise en place de l’arc volcanique, qui donnera les îles éoliennes.<br />

2. Ouverture d’un second bassin océanique : la mer Tyrrhénienne (rappelezvous<br />

son âge : 7 à 8 Ma).


Al<br />

B<br />

K<br />

Co<br />

S<br />

Pe<br />

Ca<br />

0<br />

Subduction


Pas de commentaire particulier sur la situation actuelle, connue de tous, si<br />

ce n’est de noter que, selon ce schéma, une petite zone de subduction est<br />

toujours active au sud-est de la Sicile, qu’il faudrait prolonger au nord vers<br />

l’Italie (Vésuve toujours actif). Toutefois, selon certains géologues, une<br />

subduction du bassin algéro-provençal sous l’Afrique aurait peut-être<br />

débuté. Donc, ne pas s’étonner des séismes dans ces zones (Boumerdès,<br />

Aquila…).<br />

Noter aussi que l’Etna, en Sicile, pose problème. En effet, il n’est pas<br />

dans l’arc volcanique et, en outre, son magma basaltique n’est pas<br />

caractéristique des zones de subduction (qui présentent un volcanisme<br />

calco-alcalin, c’est-à-dire intermédiaire entre laves basiques et acides).<br />

Par ailleurs, sa chambre magmatique est très profonde et ne correspond<br />

pas non plus à une zone de subduction. Selon certains, il s‘agirait plutôt<br />

d’un volcan de point chaud.<br />

Noter enfin que le panneau plongeant a atteint le manteau inférieur et a<br />

donc « parcouru » 600 à 700 km.


Le Stromboli : 3000 m dont 900 seulement émergés


Le Stromboli


Le Stromboli


Lipari


Vulcano


Vulcano<br />

Noter les vapeurs de soufre


l’Etna


l’Etna


l’Etna : une de ses dizaines de bouches


Images d’un volcan en activité : l’Etna<br />

Parmi les plus actifs du monde. 45 km de diamètre. Altitude 3345 m. Grande éruption en -121 BC<br />

Panache Explosion<br />

Fumerolles et dépôt de soufre Coulée de lave


Le Vésuve<br />

« bouché »<br />

depuis 1944 :<br />

attention au<br />

«débouchage»


Détroit de<br />

Gibraltar = 14 km<br />

La Mer d’Alboran


Arc de<br />

Gibraltar<br />

Rappelez-vous page 3 « Contrairement aux apparences, le Rif marocain et la chaîne<br />

Bétique en Espagne constituent une seule et même chaîne ». Or, on voit bien sur ce<br />

schéma que c’est le prisme d’accrétion de la zone de subduction, aspiré par celle-ci et<br />

poussé par le bloc Al (Al pour Alboran) qui a échoué à cet endroit. Sa progression s’est<br />

arrêtée parce que la subduction s’est arrêtée. Le détroit de Gibraltar n’existait donc<br />

pas, la Méditerranée s’est trouvé fermée. Nous verrons plus loin les conséquences de<br />

cette fermeture et pourquoi et comment le détroit s’est rouvert.


Le séisme de Lisbonne en 1755 : Pourquoi ?


Le séisme de Lisbonne en 1755<br />

Le1 er novembre 1755, Lisbonne est détruite quasi entièrement par un séisme dont la<br />

magnitude a été estimée au minimum à 8,5, suivi d’un tsunami avec des vagues de 5 à<br />

15 m de hauteur. Ce séisme aurait été ressenti jusqu’à Moscou et aux Açores. Le<br />

nombre de morts et disparus a été estimé entre 50 000 et 100 000.<br />

Les études effectuées dans la région, en particulier la datation des dépôts<br />

sédimentaires, indiquent que des séismes importants se sont produits tous les 1500 à<br />

2000 ans.<br />

La plaque africaine, à cet endroit, se déplace faiblement avec un léger mouvement<br />

anti-horaire. D’autre part, selon l’institut européen de la mer, il y aurait encore une<br />

subduction de la plaque océanique africaine à l’ouest de Gibraltar, et donc des<br />

énergies accumulées.<br />

Depuis 1755, il n’y a plus eu de séisme dans cette région.


3 raisons à ce<br />

séisme<br />

ligne Açores-<br />

Gibraltar :<br />

grande faille<br />

transformante<br />

(coulissage)<br />

1. Collision entre la plaque africaine et l’Eurasie<br />

2. Subduction extensive N – S puis E – W<br />

3. Faille<br />

Collision<br />

Mer d’Alboran<br />

Plaque africaine<br />

Plaque<br />

eurasienne<br />

Subduction


La Crise Messinienne : une <strong>histoir</strong>e plutôt salée<br />

Messinienne ? Il ne s’agit pas du<br />

détroit de Messine puisqu’on est<br />

à l’opposé, dans la région du<br />

détroit de Gibraltar. Il s’agit<br />

d’un étage géologique de l’ère<br />

tertiaireallantde–6,5à–5,3<br />

millions d’années et donc d’un<br />

phénomène que Toumaï aurait pu<br />

voir.


La Crise Messinienne : une <strong>histoir</strong>e plutôt salée<br />

Il s‘agit d’un évènement unique dans l’<strong>histoir</strong>e de la planète, tant par son amplitude<br />

que par sa rapidité.<br />

La Méditerranée a des particularités, notamment en matière hydrique : elle subit une<br />

évaporation qui n’est qu’en partie compensée par les apports des fleuves. En effet,<br />

seuls le Rhône à l’ouest et le Nil à l’est ont des apports importants, ceux des autres<br />

fleuves étant + ou – négligeables. L’équilibre en eau n’est réalisé que grâce à l’arrivée<br />

des eaux de l’Atlantique par le détroit de Gibraltar (voir photo page 49 où l’on voit bien<br />

les courants atlantiques entrant en Méditerranée).<br />

Or, on vient de le voir, il y a environ 6 Ma, le détroit de Gibraltar s’est trouvé fermé<br />

par le prisme d’accrétion. Et donc, la Méditerranée, s’évaporant plus qu’elle ne<br />

s’hydratait, s’est progressivement asséchée.<br />

Il y a donc eu : dépôts de sels<br />

abaissement du niveau marin et formation de canyons


Le « géant salifère » Dépôts de sels sur des hauteurs pouvant atteindre 3000 m !!!<br />

On a calculé que si la Méditerranée s’asséchait à nouveau, il y aurait des dépôts de sels sur 60 à 80 m<br />

maximum. Pour qu’il y en ait 3000 m, il a donc fallu qu’il y ait de temps en temps de nouveaux apports<br />

d’eau, sans doute par infiltrations ou par débordements du détroit de Gibraltar (300 m de hauteur).


La Méditerranée devait ressembler à ceci


ou à cela


De fait de l’abaissement du niveau marin, les fleuves, pour rejoindre la mer<br />

ou ce qu’il en restait, ont dû creuser le socle de leurs lits au fur et à mesure<br />

que le niveau baissait. Il s’est ainsi formé des canyons impressionnants, aux<br />

parois abruptes : le canyon du Rhône (constaté lors de la construction de<br />

centrales) remontait jusqu’à Beaune en Bourgogne, soit 400 km, et sa<br />

profondeur aux Saintes-Maries-de-la-Mer était de 1 150 m ; de même, le<br />

canyon du Nil (découvert lors des travaux du barrage d’Assouan) a une<br />

profondeur de 2 km au Caire et encore de 277 m à Assouan.<br />

Ces canyons sont évidemment maintenant en mer.


Les sels (sulfates et<br />

chlorures de sodium et<br />

de potassium) sont des<br />

pièges à hydrocarbures<br />

Donc, si la Méditerranée s’asséchait à nouveau, elle pourrait ressembler à ceci.


La remise en eau<br />

Sous la pression continuelle des eaux de l’Atlantique dont les courants ne<br />

demandent qu’à entrer en Méditerranée, l’arc de Gibraltar a fini par se<br />

rompre et ouvrir le détroit.<br />

Il a dû alors se produire une gigantesque cascade, le seuil de Gibraltar<br />

mesurant en effet 300 m, soit, par exemple, 6 fois plus que les chutes du<br />

Niagara.<br />

La durée de la remise en eau de la Méditerranée varie, selon les diverses<br />

estimations, entre 100 000 et …….14 ans !!!<br />

L’épisode messinien n’aura duré qu’environ 700 000 ans, ce qui n’est rien<br />

par rapport aux durées géologiques habituelles, mais a laissé des traces<br />

considérables.<br />

L’image suivante (les chutes du Niagara) donne une<br />

idée (faible) de ce qu’a dû être la remise en eau.


La Méditerranée orientale : Téthys est<br />

toujours en subduction sous l’Eurasie (courbe noire)<br />

depuis la Sicile jusqu’au Levant, en passant au sud<br />

de la Crète et de Chypre, soit 1 500 km<br />

Crète<br />

Chypre


Les mouvements<br />

Mer Egée<br />

en extension<br />

Voir commentaires page 68<br />

Faille nord-anatolienne (limite entre les<br />

plaques anatolienne et eurasienne)


Un bassin<br />

d’arrière-arc<br />

=<br />

La mer Egée<br />

en extension<br />

Un arc<br />

volcanique<br />

=<br />

Les Cyclades<br />

Un prisme<br />

d’accrétion<br />

=<br />

La Crète Santorin<br />

Voir commentaires page<br />

68


L’Italie (plaque apulienne) se dirige vers le nord mais avec un léger mouvement de<br />

rotation anti-horaire, poussant ainsi les Balkans vers l’est.<br />

La mer Egée, elle, est en extension depuis 23 millions d’années (voir ci-après).<br />

De l’autre côté, on sait que la plaque arabique remonte rapidement vers le nord, en raison<br />

de l’ouverture de la mer Rouge, et poinçonne fortement la plaque anatolienne.<br />

Celle-ci, coincée entre les Balkans, la mer Egée, l’Arabie et la grande faille nordanatolienne,<br />

est éjectée vers l’ouest (légèrement sud) à la vitesse de 3 cm/an. Ne pas<br />

s’étonner des séismes à répétition en Turquie.<br />

D’autre part, la subduction de Téthys sous l’Eurasie a engendré :<br />

- Un arc volcanique :lesCycladesdontlepluscélèbredesvolcansestsansconteste<br />

Santorin,<br />

- Un bassin d’arrière-arc : la mer Egée dont la croûte n’est pas encore océanique mais<br />

continentale fortement étirée,<br />

- Un prisme d’accrétion ou « ride méditerranéenne » qui présente ici la particularité<br />

d’être très important et en partie émergé. En effet, du fait de l’extension de la mer<br />

Egée, la chaîne helléno-turque s’est trouvée déséquilibrée et une partie a basculé en mer,<br />

de la même façon que la chaîne pyrénéo-provençale en Méditerranée occidentale. C’est<br />

cette partie, émergée, qui constitue aujourd’hui la Crète et quelques autres îles. Par<br />

ailleurs, le prisme est particulièrement important du fait également des apports des<br />

alluvions du Nil. C’est ainsi que sa largeur atteint par endroits 200 km – il est rappelé que<br />

sa longueur est de 1 500 km -, et, la plupart du temps, il cache la fosse de subduction.<br />

Celle-ci n’est visible qu’en quelques endroits au sud de la Crète où sa profondeur atteint<br />

5000 m.


Santorin


Santorin


Entrée dans la caldeira de Santorin


Calme avant…… ……..l’éruption (1450 av. JC)<br />

Effondrement de la caldeira<br />

Apparition des deux îles


Le prisme d’accrétion (ou ride méditerranéenne)<br />

1500 km de long sur 200 de large : future chaîne de montagnes


Le prisme d’accrétion (ou ride méditerranéenne)<br />

Photo au sonar multifaisceaux


Image montrant un<br />

volcan en train de<br />

disparaître dans la<br />

subduction. Ce volcan<br />

faisait 3000 m de<br />

hauteur.


+ une curiosité : les volcans de boue<br />

Lorsque les sédiments s’accumulent, ils se<br />

compactent et l’eau est expulsée. Mais si la<br />

sédimentation devient trop importante, leur<br />

accumulation devient très rapide et l’eau se<br />

trouve piégée, elle n’est plus expulsée et de la<br />

boue est créée. Lorsque la pression devient<br />

trop importante, il y a éruption.<br />

Ce genre de volcans existe là où il y a<br />

beaucoup d’alluvions, c’est-à-dire dans les<br />

deltas des grands fleuves. Ici le Nil.


Les risques en Méditerranée


Les séismes :<br />

Outre le déplacement<br />

des plaques tectoniques<br />

générateur de séismes,<br />

il ne faut pas oublier<br />

les multiples failles qui<br />

parcourent en tous<br />

sens la Méditerranée<br />

et les pays riverains.<br />

Carte des failles de<br />

la région sud-est<br />

de la France : sans<br />

commentaires


Le volcanisme : risque d’autant plus important qu’il s’agit de zones fortement<br />

urbanisées. Ici Naples et le Vésuve


Les tsunamis : peut-on voir un jour une vague de 10 m déferler sur la<br />

Promenade des Anglais ?


Un tsunami est<br />

provoqué par un<br />

mouvement du fond<br />

marin. Ce peut être :<br />

Un mouvement dans<br />

une zone de subduction<br />

Exemple : l’Indonésie en décembre<br />

2004 (subduction de la plaque<br />

australienne sous la plaque<br />

eurasienne).<br />

Un glissement de terrain<br />

Exemple : le tsunami de 1979 à<br />

Nice et Antibes provoqué par<br />

l’effondrement du chantier de<br />

l’aéroport. Le matériel effondré, qui<br />

était d’environ 10 millions de m 3 ,a<br />

« ramoné » tout le lit du Var et s’est<br />

ainsi trouvé porté à 150 millions de<br />

m 3 à l’arrivée.<br />

Et aussi


La chute d’un corps


Qu’est-ce qu’un tsunami ?<br />

Un tsunami résulte de la mise en mouvement vertical, brusque, d’une colonne d’eau mais il faut<br />

que le déplacement de matières à l’origine de ce mouvement se fasse sur une grande surface. En<br />

arrivant en surface, l’onde ainsi crée va rayonner dans toutes les directions et le déplacement va<br />

devenir horizontal.<br />

En approchant d’une côte, la vague de tête est freinée par les reliefs et est rattrapée par les<br />

vagues suivantes. L’énergie d’un tsunami dépend de sa vitesse et du volume d’eau mis en<br />

mouvement. L’énergie étant conservée (il y a très peu de déperdition), la moindre vitesse de la<br />

vague est compensée par le volume d’eau qui va donc croître, c’est-à-dire que la vague va croître<br />

en hauteur.<br />

Le volume de la Méditerranée, du moins occidentale, la faible vitesse de déplacement des plaques<br />

tectoniques, la subduction finissante et la magnitude moyenne des séismes (6,5) font que les<br />

mouvements verticaux de la mer ne devraient pas atteindre l’ampleur nécessaire. Toutefois, des<br />

raz-de-marée meurtriers se sont déjà produits en Méditerranée : le CNRS en a recensé une<br />

vingtaine depuis 2000 ans. Le risque existe mais il est faible (?).


Autre risque, bien présent celui-là


Ainsi que celui-ci, les<br />

méduses n’empêchant<br />

pas la surpopulation<br />

des plages


Ni celle des côtes


Mais la mer Méditerranée,<br />

c’est aussi ça, magnifique


Ou ça, tout aussi magnifique


2ème partie :<br />

l’occupation humaine de la Méditerranée<br />

La géologie et la géographie sont les fils directeurs de l’<strong>histoir</strong>e de la<br />

Méditerranée.<br />

Carrefour de trois continents, des civilisations antiques remarquables<br />

s’y sont développées et, grâce à elle et au rôle considérable de la<br />

navigation, ont pu non seulement commercé mais échangé aussi idées,<br />

modèles économiques, sociaux et politiques.<br />

Toute l’<strong>histoir</strong>e des civilisations de la Méditerranée, ainsi que<br />

l’<strong>histoir</strong>e économique, est liée à la navigation.<br />

Nous ferons donc un bref rappel historique, puis nous verrons les<br />

conditions de navigation dans l’antiquité. Quelques mythes<br />

méditerranéens, souvent liés à des catastrophes, suivront. Enfin, nous<br />

parlerons de la situation actuelle.


L’ère quaternaire a été marquée par 4<br />

grandes glaciations :Günz,Mindel,Riss<br />

et la dernière, Würm, avec un maximum<br />

vers–18000ans<br />

18 000 ans : l’âge de glace


Baisse du niveau marin de 110/120 m : l’homme investit des milieux aujourd’hui submergés. Ici, la<br />

grotte Cosquer, aujourd’hui à 37 m sous le niveau de la mer.


Glaciations : la modification des rivages<br />

A la fin de la dernière glaciation, le niveau de la mer s’élève<br />

à nouveau. Cette remontée va progressivement ralentir puis<br />

se stabiliser aux alentours de – 6 000 ans, date à laquelle<br />

Puget-sur-Argens était au bord d’une ria (aujourd’hui, cette<br />

ville est à 11 km de la mer).<br />

Mais les sédiments apportés par l’Argens et le Reyran vont<br />

colmater cette ria et le rivage va donc gagner sur la mer. Ce<br />

phénomène de colmatage s’accentue en cas d’apports<br />

importants (érosion plus intense par exemple en cas de<br />

variations des conditions climatiques, ou défrichements<br />

consécutifs à l’activité agricole, en plein essor depuis le<br />

néolithique). Même chose avec le Nil, le Rhône, le Pô.


La Méditerranée : berceau de notre civilisation<br />

Andalousie<br />

Carthage<br />

Étrusques<br />

Rome<br />

Grèce<br />

Voir commentaires page suivante<br />

Mycènes<br />

Crète<br />

Égypte<br />

Hittites<br />

Phénicie<br />

La Méditerranée : un espace fermé<br />

Pour toutes ces civilisations, la mer et la navigation ont joué un rôle considérable.<br />

Civilisations reposant sur le blé, la vigne et l’olivier.


L’occupation de la Méditerranée débute dans sa partie orientale il y a environ 10 000 ans (peuplement de la mer Egée, recherche de l’obsidienne)<br />

et s’intensifiera au cours des siècles suivants. La 1ère dynastie égyptienne remonte à la fin du IV e millénaire BC (1). Toutefois, ce n’est pas<br />

avant le III e millénaire BC qu’un commerce régulier s’établira entre l’Egypte et la Phénicie (Byblos, Sidon, Tyr). C’est également au cours du III e<br />

millénaire que les Hittites quitteront la Mer Noire et s’établiront en Anatolie.<br />

AucoursduII e millénaire BC, la civilisation minoenne, 1ère vraie civilisation européenne, s’épanouit en Crète. C’est une véritable puissance<br />

maritime qui dominera la Méditerranée jusqu’au 15ème siècle BC, date à laquelle la suprématie maritime leur sera ravie par les Mycéniens. La<br />

civilisation mycénienne, qui avait débuté au 16ème siècle, va alors connaître une expansion qui préfigure celle de la Grèce classique. Ils vont<br />

fonder des comptoirs un peu partout (Thapsos, Ischia..). Ce second millénaire, surtout les 14ème et 13ème siècles BC, est caractérisé par<br />

l’intensification du commerce maritime (vases de pierre, ivoire, blé et sceaux égyptiens, poterie crétoise, cuivre de Chypre, étain du Levant,<br />

pourpre de Phénicie, lin, laine, bois, or, etc, sans oublier les esclaves). Mais la fin du 13ème siècle est marquée par l’insécurité, c’est l’époque des<br />

grandes expéditions maritimes (guerre de Troie, Doriens qui auraient anéanti Mycènes (?), invasions des « peuples de la mer » (2) qui, repoussés<br />

par les Egyptiens, détruiront la civilisation Hittite). Fin du second millénaire, la conquête de l’espace méditerranéen oriental est achevée et les<br />

navigateurs vont alors mener leurs navires vers l’est (Jason et les argonautes en mer Noire) mais surtout à l’ouest.<br />

I er millénaire BC : le vide laissé par les Minoens et les Mycéniens est comblé par les Phéniciens qui vont fonder des villes un peu partout, mais<br />

notamment Carthage en Tunisie, Cadix en Espagne. Commerçants, orfèvres (argent, cuivre, ivoire), ils vont nous léguer l’alphabet. Au 8ème siècle<br />

BC, la Grèce commence son expansion en Italie du sud, en Sicile, plus tard en Gaule (Marseille en 600). Aux 7ème et 6ème siècles, la Phénicie<br />

sera remplacée en Méditerranée par Carthage. Celle-ci s’installe en Afrique du nord, en Espagne, en Sardaigne, en Sicile où elle se heurtera aux<br />

grecs. L’hégémonie d’Athènes ne sera effective qu’après les guerres médiques (élimination des Perses en 480 – bataille de Salamine où les<br />

Perses ont perdu 40 000 hommes et 200 trières). L’hellénisme, grâce aux conquêtes de Philippe de Macédoine puis d’Alexandre au 4ème siècle,<br />

se répand dans tout le monde antique L’héritage grec est connu de tous (philosophie, systèmes politiques, architecture, urbanisme, sculpture,<br />

etc). Toutefois, l’hégémonie grecque ne doit pas occulter le développement d’un autre peuple. En effet, du 9ème au 5ème siècle BC, les<br />

Etrusques atteignirent un niveau élevé de puissance et de maîtrise maritimes et développèrent le commerce des métaux, avant de décliner.<br />

Mais, depuis le 3ème siècle, une nouvelle puissance pointait en Méditerranée : Rome, qui soumettra Carthage (guerres puniques qui ont vu les<br />

opérations navales prendre de l’importance) et les cités grecques en 146. Avec Rome, la Méditerranée, devenue le mare nostrum, va connaître<br />

une longue période de paix et voir désormais ses eaux sillonnées de toutes parts. L’approvisionnement de Rome (1 million d’habitants au 3ème<br />

siècle) va générer un commerce intense et diversifié, la construction de ports (Ostie sera agrandi deux fois), une législation particulière.<br />

L’héritage de Rome est présent partout : édifices de toutes sortes, civils et religieux, routes, ponts, mais aussi des textes innombrables<br />

(législation, littérature, théâtre…qui en ont inspiré plus d’un) sans oublier la langue (la moitié de l’Europe parle des langues latines) et les<br />

coutumes qui vont des « jeux » du cirque aux courses de chars abondamment représentés au cinéma.<br />

Le monde antique occidental prend traditionnellement fin en 476 après JC avec les invasions barbares et la déposition de Romulus Augustule,<br />

dernier empereur.<br />

L’expansion arabe, à partir du 7ème siècle de notre ère, a conquis l’Afrique du nord et une grande partie de l’Espagne. L’Andalousie en<br />

particulier a vu se développer une culture brillante où chrétiens, juifs et musulmans vivaient en parfaite intelligence. Ce fut l’essor des sciences<br />

et des techniques : mathématiques, algèbre, médecine, physique, chimie, sans oublier que c’est par l’intermédiaire des arabes que nous sont<br />

parvenus la plupart des textes grecs, traduits par leurs soins, ainsi que les chiffres dits arabes mais en réalité indiens.<br />

(1) BC = Before Christ, soit avant JC<br />

(2) « Peuples de la mer » : peuples mystérieux aux origines incertaines , Philistins?, Mycéniens?


Bataille navale opposant Ramsès III aux « Peuples de la mer ». Les navires des peuples de la<br />

mer ont une quille droite, ceux des égyptiens une quille incurvée. Bas-relief de Medinet-Habou


La Méditerranée : un espace ouvert<br />

Europe du Nord :<br />

ambre, bois, fourrures<br />

Afrique :<br />

animaux sauvages, or, peaux, ivoire, esclaves<br />

La Méditerranée antique : ouverte sur les échanges avec l’extérieur<br />

Asie centrale :<br />

route de la soie<br />

Moyen Orient :<br />

Bois, pourpre,<br />

cuivre, étain<br />

Orient :<br />

soie, épices, or, parfums


La géographie favorise le commerce<br />

Exemple : Massilia (Marseille) 600 BC, Antipolis (Antibes) ?, Nikaia (Nice) (mentionné pour la<br />

1ère fois en 154 BC)<br />

De ces comptoirs venaient céréales, vin, bois, fourrures, esclaves, etc.<br />

Commerce rendu possible par la navigation.<br />

Les comptoirs grecs


A titre d’exemple : le commerce de la céramique à l’époque romaine (amphores,<br />

vaisselle, tuiles, etc)<br />

Gadès<br />

(Cadix)<br />

Tarraco<br />

Carthagène<br />

Massilia<br />

Thapsus<br />

Carthage<br />

Rome (Ostie)<br />

Leptis Magna<br />

En vert, l’empire romain à son apogée<br />

Pouzzoles<br />

Corinthe<br />

Séleucie<br />

Ascalon


Espace maritime de commerce de la<br />

Méditerranée<br />

La Méditerranée : espace<br />

économique ouvert<br />

Routes terrestres de la soie vers la Chine et<br />

l’Inde<br />

Ouverte au 2ème siècle avant JC, la route de la soie doit son nom à cette marchandise que seuls les<br />

Chinois savaient fabriquer. Mais de nombreux autres produits l’empruntaient : pierres et métaux<br />

précieux, tissus de laine, de lin, ambre, ivoire, épices, etc.<br />

La longueur du parcours, le brigandage et la rudesse du climat (torride en été et glacial en hiver),<br />

rendaient très chers les produits qui transitaient ainsi entre le bassin méditerranéen et l’Extrême-<br />

Orient. C’est pourquoi l’occident va rechercher une route maritime vers ces pays. En outre, on avait<br />

appris à faire de la soie et cette fabrication se développait. La route de la soie va donc péricliter et<br />

sera définitivement abandonnée au 15ème siècle.<br />

Il en reste des villes et montagnes mythiques : au nord, route des steppes avec Pékin, Xi’ An,<br />

Plus au sud, route des déserts : le Pamir, Tachkent, Samarkand, Cachemire, Bagdad, etc


Espace économique évolutif<br />

florissant depuis l’Antiquité<br />

Gênes Venise<br />

Gênes : Dotée d’une flotte puissante depuis le 11ème siècle, Gênes va édifier un empire maritime mais<br />

sera supplantée par Venise.<br />

Venise : Au 9ème siècle, Venise se rend indépendante de l’empire byzantin. Elle connaîtra son apogée<br />

du 13ème au 15ème siècle et s’enrichira en contrôlant le commerce en Méditerranée et surtout en<br />

Adriatique.<br />

1492 : Christophe Colomb (un génois !) découvre l’Amérique. C’est l’ouverture de l’espace économique<br />

européen vers le monde, la fin de l’espace économique méditerranéen et l’émergence de l’Europe du<br />

Nord.<br />

Le percement du canal de Suez au 19ème siècle transforme la Méditerranée en un simple lieu de<br />

passage.


La navigation en Méditerranée


Les navires<br />

On ne sait pas à quoi ressemblaient les premières embarcations. Une légende phénicienne dit que le<br />

premier homme à oser s’aventurer en mer s’est servi d’un tronc d’arbre. Moyen qui a dû être rapidement<br />

remplacé par le radeau, puis par la pirogue ou par des radeaux à flotteurs, des embarcations en roseaux<br />

ou en peaux, comme le suggèrent les documents ci-après.<br />

Le décor suggère une coque faite de peaux tendues sur<br />

une armature de bois. Terre cuite Chypre 2000 BC.<br />

Papyrella<br />

Navire muni d’une<br />

voile carrée<br />

Représentation la<br />

plus ancienne d’une<br />

voile : 3200 BC<br />

Vase provenant<br />

d’Egypte<br />

Hercule sur<br />

un radeau à<br />

flotteurs<br />

d’amphores<br />

et voile<br />

légère.<br />

Intaille<br />

étrusque<br />

# 480 BC


Les navires vont rapidement évoluer<br />

Navire minoen à voile carrée entre 2 vergues de type égyptien.<br />

2 timoniers le dirigent. Fresque D’Akrotiri (détail) 1600 BC<br />

Reconstitution d’un navire égyptien de la bataille des Peuples de<br />

la mer # 1200 BC<br />

Reconstitution d’une trière grecque du 5ème siècle BC Réplique du Kyrénia, caboteur grec de la fin du 4ème siècle BC


Fin du 2ème millénaire BC, les navires de commerce et de guerre vont se différencier.<br />

Bas relief phénicien 700 BC (détail) : navires de guerre à éperon et navires de commerce, à rames.


Reconstitution d'un navire égyptien de la bataille des peuples de la mer # 1200 BC<br />

Catalogue des navires de la mosaïque d‘Althiburus, Tunisie : voiliers, galères marchandes,<br />

navires de guerres et de pêche. IIIe ap... JC


Techniques de navigation<br />

Le bateau :<br />

Grand voile, tape cul ( artimon ) et voile avant. Suivant le réglage le bateau lofe ou abat.<br />

Un bon réglage bateau équilibré<br />

La direction :<br />

Gouvernail latéral, quelquefois double (voir annexes). Si le bateau est équilibré par le<br />

réglage de voilure, la gouverne est facile.<br />

image droite : on règle les voiles, le barreur est assis, ne fournit aucun effort.<br />

La route : le plus simple est d’aller là où va le vent…! Donc choix de la période et de la<br />

route en fonction des vents.


Comment se diriger<br />

Carte de navigation d’Al Idris, 1153.<br />

Nice<br />

Rome<br />

Les routes<br />

Aucune aide à la navigation : pas de carte, pas de boussole, pas de<br />

mesure de vitesse, etc<br />

Mais une excellente connaissance de la mer, des vents, des périodes<br />

favorables et des routes possibles.<br />

Un espace temps ouvert<br />

le bon vent est celui qui va au même endroit que<br />

le navigateur :<br />

on choisit son moment,<br />

on choisit sa route.<br />

Route hauturière<br />

exemple Rome Alexandrie<br />

en 6 jours par vents<br />

favorables en été.<br />

Cabotage<br />

Routes saisonnières<br />

routes d’été,<br />

routes praticables ou non<br />

en hiver<br />

Les vents<br />

Libeccio: bouches de Bonifacio<br />

Meltem: Mer Egée<br />

Les courants


Les courants marins<br />

Bien que les courants de Méditerranée soient<br />

moins importants que ceux de l’Atlantique, ils sont<br />

néanmoins loin d’être négligeables et peuvent,<br />

sinon dérouter les navires, du moins les ralentir.


Les vents dominants en Méditerranée<br />

Autan blanc<br />

Autan noir<br />

Leste<br />

Cerzo<br />

Levanter<br />

Solano<br />

Chili<br />

Mistral<br />

Chichili<br />

Tramontane<br />

Simoun<br />

Maestro<br />

Gubli<br />

Siffanto<br />

Lips<br />

Sirocco<br />

Poriaz<br />

Meltem<br />

Et ce ne sont que les vents dominants !!!


LES CATASTROPHES<br />

LES MYTHES<br />

L’<strong>histoir</strong>e méditerranéenne est pleine de mythologies plus ou moins reliées à des<br />

faits historiques souvent difficiles à identifier.


Mythe ou réalité<br />

Le voyage d’Ulysse illustre bien la notion d’espace fermé.


Les grandes catastrophes volcaniques : Santorin et le mythe de l’Atlantide.<br />

L’Atlantide<br />

Le mythe de l’Atlantide,<br />

dû à Platon, perdure<br />

jusqu’à nos jours.<br />

Il a généré une<br />

littérature abondante et<br />

des hypothèses<br />

extravagantes.<br />

Denombreuxdétailsde<br />

la culture atlante<br />

décrite par Platon font<br />

penser à la civilisation<br />

minoenne.<br />

Parmi les hypothèses, la plus plausible concerne la civilisation crétoise, détruite à la suite de<br />

l'éruption explosive du volcan Santorin vers – 1450, donc à la fin de l’âge du Bronze. Ceci<br />

bien que Platon situe la disparition de l’Atlantide vers – 9000 et vers les colonnes d’Hercule.<br />

Éruption se manifestant par l'explosion du volcan Santorin générant un énorme tsunami qui a<br />

ravagé la Crète et les îles environnantes.<br />

Mais la destruction de cette civilisation est-elle vraiment due à Santorin? Peut-être plutôt<br />

aux Mycéniens qui ont probablement profité de la destruction de la flotte minoenne par le<br />

tsunami.<br />

Il reste actuellement une gigantesque caldeira de 18 km de long.<br />

Le volcan est toujours actif.


Mythe ou réalité : le déluge et l’Arche de Noé<br />

La mythologie est tenace : le déluge est présent dans la mémoire collective des peuples<br />

de la Méditerranée.<br />

Mythe ? Réalité ? Le mythe dit que Noé aurait sauvé tous les animaux dans un bateau<br />

qui, à la fin du déluge, se serait échoué sur le Mont Ararat en Turquie (qui fait quand<br />

même 5165 m de hauteur !!!).


Selon les données sédimentaires, la Mer Noire<br />

aurait connu une inondation marine extrêmement<br />

rapide il y a 7500 ans.<br />

Hypothèse : on sait que la zone est soumise à une<br />

forte sismicité du fait de la tectonique des plaques.<br />

Un mouvement tectonique aurait ouvert le Bosphore,<br />

provoquant un remplissage rapide de la Mer Noire<br />

par la Méditerranée et le remplacement de l’eau<br />

douce par de l’eau salée. La disparition des terres<br />

aurait alors provoqué un exode massif des<br />

populations. Cet épisode aurait traumatisé les<br />

peuples et la tradition orale aurait fait le reste.<br />

Le récit de la Bible est la copie quasi exacte d’un récit babylonien, l’épopée de Gilgamesh.<br />

Mais ce mythe existe aussi dans les traditions africaines, indiennes, chinoises. Ces récits<br />

ont tous en commun de situer l’évènement vers 3500 BC.<br />

Autres hypothèses, + ou - farfelues<br />

- Crue gigantesque du Tigre et/ou de l’Euphrate : à Our, en basse Mésopotamie, une couche<br />

de limon, révélatrice d’une inondation importante, couvre les vestiges d’un peuplement du 5ème<br />

BC (1)<br />

- Raz-de-marée : du fait du colmatage des embouchures des fleuves, la mer est actuellement<br />

plus éloignée<br />

- Fonte des glaciers<br />

- Ouragan style « El Nino »<br />

- Basculement brusque de l’axe de rotation de la Terre<br />

- etc<br />

(1) BC = Before Christ, c’est-à-dire avant JC


Mythologie et navigation : la terreur des navigateurs<br />

Le détroit de Messine<br />

Tomber de Charybde en Scylla : soit le tourbillon et<br />

être englouti, soit être dévoré par le monstre à 6<br />

têtes. Charybde symbolise le « tout ou rien », la mort<br />

pour tous ou la vie pour tous, selon un jeu de<br />

probabilité. Scylla incarne la mort certaine pour une<br />

partie de l'équipage, mais la vie pour les autres. Il<br />

s'agit d'un choix entre le sacrifice calculé ou l'avenir<br />

aléatoire de la vie de tous.<br />

La légende<br />

Charybde était la fille de Poséidon et de Gaïa, perpétuellement<br />

affamée. Lorsqu'elle dévora le bétail d'Héraclès, Zeus la punit<br />

en l'envoyant au fond d'un détroit. Elle se mit à avaler la mer et<br />

les bateaux.<br />

Or, non loin de là vivait Scylla, nymphe dont Glaucos était<br />

amoureux. Il alla demander à la magicienne Circé un philtre<br />

d'amour, mais celle-ci était folle amoureuse de Glaucos et donc<br />

jalouse de Scylla, et profita de l'occasion pour la changer en un<br />

monstre terrifiant, ayant six têtes emmanchées de longs cous.<br />

Les Colonnes d'Hercule symbolisaient la<br />

frontière entre le monde civilisé et un<br />

monde inconnu et dangereux.<br />

Le Détroit de Gibraltar


Les grandes catastrophes volcaniques : le Vésuve et Pompéi<br />

Détruite par une explosion du Vésuve le 24 août 79. Cette explosion ensevelit la ville sous une épaisse couche de cendres de plus de 30<br />

mètres qui la protégea jusqu’à nos jours.<br />

Les habitants furent suffoqués par les émanations de gaz, tandis que d'autres trouvèrent la mort à l'intérieur même de leurs maisons.<br />

Pline le Jeune décrivit précisément le phénomène dans une chronique remarquable écrite pour son ami Tacite.


Complexité et fragilité des équilibres biologiques de la mer<br />

Salinité<br />

Température<br />

Équilibres extrêmement fragiles<br />

Interaction de l’homme : 3 exemples<br />

Canal de Suez : la mer Rouge est devenue plus chaude et plus salée<br />

Barrage Assouan : eau du Nil plus claire et plus salée (évaporation)<br />

Variation de la salinité et de la température dans le sud-est de la<br />

Méditerranée orientale<br />

invasion des espèces spécifiques de la mer Rouge<br />

tropicalisation des espèces : barracuda, poissons<br />

perroquets, étoiles de mer, etc<br />

Caulerpa taxifolia : «échappée» d’un aquarium<br />

Comment ça fonctionne :<br />

L’évolution des populations (faune et flore) est fonction de la relation<br />

« proie – prédateur »<br />

Etudes de la modification des populations en cours.


la plus ancienne représentation d'une voile latine<br />

peinture du monastère de Kellia, Egypte, 7ème siècle ap. JC<br />

Annexes<br />

Les navires grecs<br />

Les navires romains<br />

Le matériel<br />

La vie à bord<br />

Les cargaisons<br />

Les ports de Rome<br />

Alexandrie<br />

Carthage<br />

La mappemonde d’Hérodote<br />

Les dangers en mer


Les navires grecs<br />

Ulysse et les sirènes. Vase attique 5ème siècle BC<br />

Dionysos et les pirates. Après avoir fait pousser<br />

une vigne autour du mât, Dionysos se repose sur<br />

le fin navire des pirates. Coupe attique # 550 BC<br />

Course à la voile de galères légères.<br />

Coupe attique # 530 BC


Les navires romains<br />

Voilier de commerce du 2ème siècle. Syllectum, Tunisie<br />

Navire de charge romain à étrave convexe et poupe<br />

puissante. Sarcophage d'Ostie, détail<br />

Navis caudicaria (navette qui allait d’Ostie à<br />

Rome sur le Tibre) en cours de chargement de<br />

blé. Sur la dunette le magister surveille, au<br />

centre un personnage nommé Abascantus<br />

contrôle le remplissage des sacs, tandis qu’un<br />

autre comptabilise au moyen d’un abaque.<br />

Peinture funéraire d’Ostie, fin 2ème début<br />

3ème


Le matériel de navigation<br />

Pas de carte, pas de boussole ni d’astrolabe, seulement gouvernail, ancre, sonde à main, et<br />

l’expérience de générations de marins.<br />

Gouvernail latéral avec la barre<br />

Mosaïque de Pompéi, 1er siècle ap. JC<br />

Ancre primitive en pierre à 3 trous, le trou<br />

supérieur sert à passer le cordage, les 2 autres<br />

reçoivent des pieux de bois pour accrocher le<br />

fond.


La vie à bord<br />

Reconstitution de la cuisine de l’épave byzantine Yassi Ada, Turquie.<br />

7ème siècle ap. JC<br />

Vaisselle de l’épave du Grand Congloué échouée à Marseille.<br />

2ème siècle av. JC<br />

Navire marchand chypriote. A<br />

droite, un marin tient une<br />

ancre en pierre. A gauche, un<br />

marin en équilibre sur le<br />

gouvernail « nourrit » les<br />

poissons.<br />

Vase chypriote # 700 BC


Que transportait-on ? De tout y compris des animaux sauvages et des œuvres d’art<br />

L’éphèbe de l’Anticythère qui transportait<br />

également statues en bronze, vaisselle de luxe et<br />

verres précieux, outre la célèbre mécanique (4ème<br />

siècle BC)<br />

Cages à lions pour<br />

les jeux du cirque<br />

Tête de Silène<br />

(décor d’un seau en<br />

bronze). Epave C de<br />

la Fourmigue à Juanles-Pins.<br />

70 BC


Les ports de Rome : Ostie et Pouzzoles<br />

Rome, 1 million d’habitants à son apogée, recevait plus de 400 000 tonnes de blé de l’Egypte, sans compter vin, huile<br />

(alimentation, éclairage, hygiène), métaux et matériaux, animaux, et objets divers en provenance de tout l’empire et même<br />

d’ailleurs (Arabie, Inde). Ces chiffres représentent 5 gros navires par jour navigable, dans la mesure où le transport par<br />

voie terrestre était quasi-inexistant.<br />

Ostie a été fondé au 7ème siècle BC mais jusqu’au 1er siècle, Ostie n’avait pas de port et les navires de plus de 150 tonnes<br />

ne pouvaient franchir la barre du Tibre. C’était en fait le port de Pouzzoles, à côté de Naples qui fonctionnait, les<br />

marchandises y étaient transférées sur de plus petits bâtiments. Une flotte considérable faisait continuellement l’allerretour<br />

Rome – Pouzzoles. Cette situation est rapidement devenue intenable et Claude fait construire le premier port<br />

d’Ostie, terminé par Néron en 64. Ce port faisait 150 ha (6 fois le vieux port de Marseille). Mais il était mal abrité et ce<br />

manque de sécurité est sans doute à l’origine de la construction d’un second port sous Trajan.<br />

Le ravitaillement de Rome, 20 km à l’intérieur des terres, n’a été possible que grâce au Tibre.<br />

Monnaie émise en<br />

64 sous Néron<br />

pour commémorer<br />

la construction du<br />

port par Claude<br />

(Lyon, nécropole)<br />

Navire remorqué passant devant le phare d'Ostie<br />

Nécropole d’Ostie, 3ème siècle ap. JC<br />

Transbordement entre un navire de haute mer<br />

et une navis caudicaria (bateau faisant la<br />

navette entre Ostie et Rome)<br />

Mosaïque d'Ostie, fin 2ème siècle ap. JC


Alexandrie<br />

Après Rome, le plus grand port de Méditerranée est<br />

Alexandrie, fondée en 331 BC par Alexandre. Situé à<br />

l’ouest de l’embouchure du Nil, il lui était relié par un<br />

canal.<br />

Il y avait en réalité 2 ports : l’Eunostos à l’ouest<br />

(emplacement du port actuel) et le Portus Magnus, le «<br />

grand port » à l’est.<br />

Création artificielle, Alexandrie connaîtra un avenir<br />

exceptionnel et pourra seule rivaliser avec Rome.<br />

Lien entre la Méditerranée et l’Orient, elle recevait,<br />

outre les produits de l’Egypte et de l’Afrique, les<br />

produits de la mer Rouge, du golfe Persique, de l’océan<br />

Indien.<br />

Son célèbre phare, l’une des 7 merveilles du monde,<br />

devait mesurer environ 100 m de hauteur et sa lumière<br />

était visible de 50 km.<br />

Il a sans doute été détruit au XIIIe siècle par un<br />

séisme ou par les Mamelouks.


Carthage (et les autres ports)<br />

Le port de Carthage comprenait deux bassins. Le<br />

premier, rectangulaire, constituait le port de<br />

commerce, le second, circulaire, le port militaire. Ce qu’il en reste<br />

Il ne faut pas oublier les autres ports : les<br />

plus grands : Césarée en Palestine, Marseille,<br />

Aquilée, mais aussi de plus petits, non moins<br />

connus : Fréjus, Leptis Magna, Carthagène,<br />

Utique, Syracuse, Aléria, Narbonne, etc<br />

Les romains n’étaient pas vraiment des<br />

marins : ils n’ont eu que trois bases<br />

navales, dont Fréjus, qui accueillit les<br />

restes des flottes de Marc Antoine et<br />

Octave après la bataille d’Actium.


La mappemonde d’Hérodote<br />

(5ème siècle av. JC)


Les dangers en mer<br />

Tempêtes et naufrages : ce<br />

qui nous a valu les nombreuses<br />

épaves qui parsèment la<br />

Méditerranée.<br />

Ici, la Madrague de Giens<br />

avec sa cargaison (#75-60<br />

BC).<br />

Dionysos et les pirates<br />

La piraterie : n’avait pas la connotation négative<br />

qu’elle a aujourd’hui. A l’origine, c’était une<br />

activité parallèle au commerce, exercée par des<br />

aristocrates, presque glorieuse.<br />

Les Tyrrhéniens (Etrusques) s’y livraient<br />

régulièrement.<br />

Mais, devant la multiplicité et la violence des<br />

attaques (flotte romaine détruite dans le port<br />

même d’Ostie) et les plaintes diplomatiques, les<br />

romains réagirent et déployèrent les moyens<br />

nécessaires pour ramener la tranquillité en mer.


FIN


Sur le plan géographique, la région méditerranéenne s'étend des Alpes au Sahara, et de<br />

l'océan Atlantique à la mer Caspienne; elle englobe 25 pays qui peuvent être divisés en quatre<br />

groupes:<br />

Europe du Sud-Ouest : Espagne, France, Italie, Portugal;<br />

Europe du Sud-Est : Albanie, Bulgarie, Chypre, Grèce, Malte, Roumanie, Slovénie,<br />

Turquie, ex-Yougoslavie;<br />

Afrique du Nord : Algérie, Égypte, Jamahiriya arabe libyenne, Maroc,<br />

Soudan,Tunisie;<br />

Partie orientale de la Méditerranée : Israël, Jordanie, Liban, Arabie Saoudite,<br />

République Arabe Syrienne,Yémen.<br />

Bibliographie 1ère partie : CNRS, IFREMER, Institut de la Mer, Laboratoire de<br />

Villefranche/mer, Université de Nice Sophia Antipolis, Académies d’Orléans-Tours, de<br />

Montpellier, de Lyon, Ulaval, Alpesgéo, Géosciences, MM Frizon de Lamotte, Clauzon,<br />

Sosson, Debelmas.<br />

Bibliographie 2ème partie :<br />

Les routes de la navigation antique, Pascal Arnaud, Errance.<br />

Méditerranée 250 Ma d’évolution, JM Gassend et C. Morhange,La Nerthe<br />

Tentation de la haute mer, François Bellec, Seghers<br />

Cours de navigation des Glénans, Seuil<br />

La navigation dans l’antiquité, Patrice Pomey, Edisud<br />

Wikipédia

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