La vie de M, l'Abbé Bozon - Les Chemins de Porquerolles

— Es-tu heureux au Ciel ? Désires-tu quelque chose ?
—Oh! non, Seigneur, votre Divine Présence me donne complète béatitude.
—Et pour les enfants que tu as bénis sur la terre, que demandes-tu ?
Eh bien, Seigneur, faites-leur don d’un peu d’humilité !
Avec Saint François d’Assise, même dialogue, mais le saint demande pour ses
franciscains:
—Un peu de propreté !
A Saint Ignace de Loyola :
— Es-tu heureux au Ciel ?
—Oui.
— Désires-tu quelque chose ?
—Non.
—Et pour les enfants, laissés sur la terre ?
—Laissez-les tranquilles. Ils se débrouilleront bien tout seuls: ils sont plus
malins que vous !
*
* *
Il avait recueilli des mots qui l’enchantaient et qu’il répétait avec bonheur.
Par exemple ces paroles d’un candidat député aux environs de Nevers:
« Si je suis élu, je demanderai la reconstruction de l’Observatoire
Météorologique de Paris sur les nouvelles bases de la science moderne, afin de
combattre l’influence de la lune rousse, si néfaste à vos récoltes. »
Ce programme admirable enthousiasma les citoyens. Le candidat fut élu :
l’abbé l’assurait.
Un curé de Lyon lui avait communiqué ces conseils, donnés à quelque
Comice agricole.
« Laissons la pomme de terre dans son sillon profond et le haricot dans sa
gousse élégante, poursuivre côte à côte leur destinée farineuse. »
*
* *
On le taquinait un jour sur l’indifférence des pêcheurs pour les pratiques
journalières du culte:
— Oui, mes paroissiens vivent assez mal. Mais ils meurent assez bien.
Le chapitre des enfants.
La vie de M. l'Abbé Bozon par Jacques May (1931) 22