Basques et Arméniens, des racines communes ? - GAB
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<strong>Basques</strong> <strong>et</strong> <strong>Arméniens</strong>, <strong>des</strong> <strong>racines</strong> <strong>communes</strong> ?<br />
Par Vahan Sarkissian<br />
www.armspain.com- 31/1/2011<br />
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Le Collectif VAN vous invite a<br />
lire c<strong>et</strong>te information traduite par Georges Festa <strong>et</strong> publiee sur le site<br />
'Armenian Trends - Mes Armenies' le 18 janvier 2011.<br />
<strong>Basques</strong> <strong>et</strong> Armeniens - Vascos y Armenios<br />
D'après les recherches menees au debut du 20ème siècle par le jeune<br />
<strong>et</strong>udiant basque Bernardo Estornes Lasa en Espagne, le village d'Izaba<br />
aurait <strong>et</strong>e fonde par les premiers habitants de la peninsule iberique, les<br />
Armeniens, au rameau occidental <strong>des</strong>quels appartiendraient les <strong>Basques</strong>. Les<br />
paysans d'Izaba conservent le souvenir de leur patrie, l'Armenie, <strong>et</strong> le nom<br />
du patriarche legendaire <strong>des</strong> <strong>Basques</strong>, Aitor, emigre d'Armenie avec ses six<br />
fils. Fait qui semble <strong>et</strong>re confirme du fait qu'un <strong>des</strong> ruisseaux voisins du<br />
village d'Erminia s'appelle Araxes <strong>et</strong> la montagne avoisinante l'Aralar.<br />
Le problème de la parente <strong>et</strong>hnolinguistique entre les <strong>Basques</strong> <strong>et</strong><br />
les Armeniens fut pose pour la première fois au 16ème siècle par<br />
les trois fondateurs de l'historiographie nationale <strong>des</strong> <strong>Basques</strong><br />
- Andres de Poza, Esteban Garbay <strong>et</strong> Baltazar de Echave - sur la<br />
seule base de quelques coïncidences toponymiques : Ararat-Aralar,<br />
Arax-Araxes. Au debut du 17ème siècle, l'historien espagnol Gaspar<br />
Escolano, ignorant l'existence <strong>des</strong> <strong>et</strong>u<strong>des</strong> anterieures, ecrivait que<br />
les premiers habitants de la peninsule iberique furent les Armeniens,<br />
une race de geants, dont une branche serait le peuple basque. En 1607,<br />
l'historien basque Baltasar de Echave redigea ses celèbres Discours<br />
publies au Mexique en langue espagnole, où il presente l'histoire<br />
de son pays depuis l'emigration <strong>des</strong> <strong>Basques</strong> d'Armenie jusqu'a la<br />
decouverte <strong>des</strong> Ameriques. Ce fait est très interessant, car au debut<br />
du 17ème siècle les aborigènes <strong>des</strong> Ameriques <strong>et</strong>aient au courant de<br />
c<strong>et</strong>te parente, alors qu'en Armenie l'on ignorait tout du suj<strong>et</strong>.<br />
Les linguistes commencèrent alors a evoquer le fait. Jusqu'a<br />
la fin du 19ème siècle, c<strong>et</strong>te theorie n'utilise pas les donnees<br />
<strong>des</strong> autres sciences : linguistique, anthropologie, <strong>et</strong>hnologie,<br />
<strong>et</strong>c. Les <strong>et</strong>u<strong>des</strong> <strong>et</strong>aient beaucoup plus episodiques. Les exigences<br />
scientifiques de l'epoque se firent plus rigoureuses <strong>et</strong> ne se fièrent<br />
pas aux parallelismes toponymiques. En resume, grâce aux travaux<br />
du linguiste allemand Hubschmann, l'idiome armenien fut classe<br />
comme une langue indo-europeenne <strong>et</strong> c<strong>et</strong>te opinion prevalut dans les<br />
<strong>et</strong>u<strong>des</strong> posterieures. En meme temps, les bascologues conclurent que<br />
le basque <strong>et</strong>ait une langue independante, qui n'appartenait a aucune<br />
famille linguistique. Un celèbre bascologue, l'Anglais Edward Spencer<br />
Dodgson, premier linguiste verse autant dans la langue basque que dans<br />
l'armenien, joua un rôle très important. Il mit au jour la coïncidence<br />
de plus de cinquante mots entre les deux langues, qu'il publia dans<br />
le journal Euskara (Le Basque) en 1895. L'inter<strong>et</strong> scientifique de ce<br />
travail est très grand, car le philologue decouvrit <strong>des</strong> termes qui<br />
appartiennent au vocabulaire de base <strong>des</strong> deux langues, par exemple,<br />
tchar (mauvais) en basque <strong>et</strong> tchar (mauvais) en armenien.<br />
La victoire complète fut remportee par le fameux linguiste allemand<br />
Joseph Karst, bien connu pour ses thèses audacieuses, qui, en 1928,<br />
après trente annees d'<strong>et</strong>u<strong>des</strong> linguistiques, publia un ouvrage important<br />
intitule Alarodiens <strong>et</strong> proto-<strong>Basques</strong>, où il realise la synthèse de<br />
tous les aspects du basque : anthropologie, <strong>et</strong>hnologie, toponymie,<br />
<strong>et</strong>hnonymie, <strong>et</strong>c. Il ecrit : " Eskuara <strong>et</strong> pre-armenien ont dû <strong>et</strong>re
deux aspects legèrement modifies d'un meme arch<strong>et</strong>ype linguistique. "<br />
Le celèbre linguiste russe Nicolas Marr publia en 1928 en francais son<br />
ouvrage L'origine japh<strong>et</strong>ique de la langue basque, dans lequel figurent<br />
un grand nombre de comparaisons entre le basque <strong>et</strong> l'armenien. Dans<br />
la Grammaire complète de la langue armenienne de Hratchia Adjarian<br />
l'on relève de meme de multiples comparaisons, quelques coïncidences<br />
grammaticales, mais aussi <strong>des</strong> <strong>racines</strong> <strong>communes</strong> dans les tendances<br />
du developpement historique du basque <strong>et</strong> de l'armenien, qui sont<br />
soulignees.<br />
Avec la chute de l'URSS, la democratie intègre les sciences <strong>et</strong> les<br />
theories linguistiques de J. Karst, niees auparavant <strong>et</strong> quasiment<br />
interdites, qui dès lors purent circuler aisement. Neanmoins, en<br />
1993, lorsque nous avons fonde le Centre d'Etu<strong>des</strong> Basquo-Armeniennes<br />
a l'Universite d'Etat d'Erevan, nous avons recu un heritage plutôt<br />
confus.<br />
Pour apprecier l'importance scientifique d'une theorie, il convient<br />
de classer en premier lieu ses composantes, en l'occurrence les<br />
elements mythologiques, anthropologiques <strong>et</strong> toponymiques. Le patriarche<br />
legendaire <strong>des</strong> <strong>Basques</strong> s'appelait Aitor. Mot qui signifie en armenien<br />
" neveu de Hay ", autrement dit " neveu d'Armenien " (de hay, Armenien,<br />
<strong>et</strong> tor, neveu). L'on sait que l'anc<strong>et</strong>re <strong>des</strong> Armeniens s'appelait Hayk,<br />
lequel a donne son nom au peuple armenien. Un <strong>des</strong> neveux de Hayk <strong>et</strong>ait<br />
Paskam, un nom qui peut <strong>et</strong>re rapproche du terme <strong>et</strong>hnique Bascon. De<br />
Paskam, neveu de Hayk, est issu un autre personnage mythologique,<br />
Tork Anguegh, qui se caracterisait par sa grande force physique. Chez<br />
les <strong>Basques</strong> nous possedons un personnage identique, nomme Torto Ancho.<br />
En outre, dans la mythologie basque existe un autre geant, Turku,<br />
qui lance d'enormes rochers d'une montagne a l'autre, comme Dork<br />
l'Armenien. De ce point de vue, les <strong>Basques</strong> sont armenoï<strong>des</strong>. Il<br />
s'agit surtout <strong>des</strong> <strong>Basques</strong> francais, les Gascons. Les recherches<br />
archeologiques demontrent que c<strong>et</strong>te categorie anthropologique<br />
apparaît dans la peninsule iberique vers le troisième millenaire avant<br />
Jesus-Christ. Avec les tribus armenoï<strong>des</strong> apparaissent l'architecture<br />
megalithique <strong>et</strong> la fabrication <strong>des</strong> m<strong>et</strong>aux, inconnues dans la peninsule<br />
iberique avant c<strong>et</strong>te epoque. Selon les croyances populaires <strong>des</strong><br />
<strong>Basques</strong>, la construction <strong>des</strong> dolmens <strong>et</strong> autres monuments megalithiques<br />
est attribuee aux geants prehistoriques Turku ou Triku, les frères<br />
de Tork l'Armenien.<br />
Citons le roman de l'ecrivain francais Pierre Gamarra, Le Tresor<br />
de Tricoire - en basque Trikuarri, la pierre de Triku ou Turku -,<br />
au-<strong>des</strong>sous de laquelle, selon la tradition basque, se trouvent <strong>des</strong><br />
tresors. En 2000, l'academicien basque Jose Maria Satrustegui publia<br />
une note dans la revue armeno-basque Araxes, sur une grotte peuplee<br />
d'<strong>et</strong>res verts, connue en Navarre, où auraient <strong>et</strong>e decouverts <strong>des</strong><br />
vestiges archeologiques, une p<strong>et</strong>ite mine de cuivre, <strong>des</strong> squel<strong>et</strong>tes<br />
de type armenoïde de l'epoque prehistorique, devenus verts a cause<br />
du cuivre.<br />
Le nombre de coïncidences toponymiques est très eleve. Dans le pays<br />
basque, se trouve une rivière appelee Urumea ; du côte armenien,<br />
nous possedons le lac Urmia entre autres. Si l'on veut augmenter la<br />
precision <strong>des</strong> comparaisons toponymiques basco-armeniennes, il suffit de<br />
trouver <strong>des</strong> exemples dont le sens est identique dans les deux langues.<br />
Les preuves linguistiques<br />
Soulignons en premier lieu les parallelismes dans la lexicographie. A
l'heure actuelle, il existe une liste de mille mots qui sont conserves<br />
dans les deux langues, representant tous les champs semantiques.<br />
Notons aussi <strong>des</strong> parallelismes dans le champ grammatical en basque<br />
<strong>et</strong> en armenien, l'absence de genre grammatical (masculin, feminin<br />
<strong>et</strong> neutre). En basque <strong>et</strong> en armenien occidental on utilise le meme<br />
suffixe -k pour former le pluriel <strong>des</strong> substantifs communs. Tandis<br />
que pour former le degre comparatif <strong>des</strong> adjectifs l'on possède un<br />
suffixe commun -kuin.<br />
Nous devons nous poser de nombreuses questions - quand, comment,<br />
pourquoi, <strong>et</strong>c - <strong>et</strong> cela exige une precision qui n'auraient jamais <strong>et</strong>e<br />
exigees auparavant <strong>des</strong> tenants de la philologie traditionnelle. Nous<br />
pouvons seulement parler le langage <strong>des</strong> faits scientifiques <strong>et</strong> ceux<br />
qui <strong>des</strong>irent en savoir davantage doivent faire une seule chose :<br />
apprendre l'armenien <strong>et</strong> le basque. A notre avis, la theorie de la<br />
parente basco-armenienne est un facteur decisif pour <strong>et</strong>udier la<br />
civilisation prehistorique en Europe Occidentale, ce qui signifie<br />
que l'existence de l'element <strong>et</strong>hnoculturel armenien en Europe est<br />
verifiee grâce a nos frères basques.<br />
[Ne en 1957 en Armenie, Vahan Sarkissian vit a Erevan, où il<br />
enseigne a l'Universite d'Etat <strong>et</strong> preside l'Academie de Linguistique<br />
Internationale, tout en <strong>et</strong>ant membre de l'Association internationale<br />
<strong>des</strong> Hispanistes. Professeur de linguistique <strong>et</strong> de phon<strong>et</strong>ique comparee<br />
a l'Universite d'Etat d'Erevan <strong>et</strong> directeur de la revue internationale<br />
armeno-basque Araxes, il est l'auteur d'un Dictionnaire basque-armenien<br />
de quelque vingt mille mots, d'une Grammaire de la langue basque <strong>et</strong> de<br />
divers articles <strong>et</strong> ouvrages en espagnol. Outre l'armenien <strong>et</strong> le russe,<br />
il parle l'espagnol, le francais <strong>et</strong> aussi l'anglais <strong>et</strong> l'italien.]<br />
______________<br />
Source :<br />
http://www.armspain.com/2011/01/08/vascos-y-armenios-%C2%BFraices-comunes/<br />
Article publie le 08.01.2011.<br />
Traduction de l'espagnol : © Georges Festa - 01.2011.<br />
R<strong>et</strong>our a la rubrique<br />
Source/Lien : Armenian Trends - Mes Armenies