Télécharger au format PDF (1.5 Mo) - Fondation de la Résistance

Introduction
Définition
de la notion de Résistance
Mai-juin 1940, la France est envahie
par les armées allemandes puis italiennes.
Elle subit, sur son territoire
métropolitain, un désastre militaire sans précédent
qui ouvre la voie à l’armistice, à la
perte d’indépendance nationale et à la chute
de la III e république: l’État français qui sera
dirigé par Philippe Pétain est un État autoritaire
qui choisit la voie de la collaboration.
• La Résistance est dès les premiers jours
un refus, celui d’accepter comme définitive
cette situation. À chaque individu se pose
la question de son engagement dans l’action;
«résister» ou se soumettre à l’occupation
étrangère?, « résister» ou accepter
la fin des libertés fondamentales, de l’indépendance
nationale?
Car le drapeau à croix gammée qui
flotte sur la France occupée, n’est pas
un quelconque étendard national,
Hitler n’est pas un chef d’État ordinaire,
l’ordre nazi qu’il veut imposer
aux territoires conquis est celui d’un
totalitarisme pangermanique fondé
sur une idéologie raciste niant les libertés
fondamentales et adoptant comme
postulat celui de l’inégalité fondamentale
entre les hommes.
Pour poursuivre le combat, chacun
s’engagera volontairement avec sa personnalité,
sa sensibilité, ses conceptions
philosophiques, politiques, religieuses,
son expérience. Pour beaucoup, cette
attitude de l’esprit transcende les engagements
politiques antérieurs.
• La Résistance secrète ses propres
valeurs :
- la croyance en l’homme et en sa
capacité de modifier son destin, car il
doit prendre des risques pour lui-même
et pour les autres.
- la croyance en l’homme citoyen, car faire
de la résistance c’est se mêler des affaires de
la Nation ; l’usage des pseudonymes ne
répond pas seulement à des règles de sécurité,
il symbolise le changement d’identité de
chacun et sa nouvelle place dans la société.
L’engagement dans le combat s’explique
par une double motivation fondamentale:
réflexe patriotique et défense de l’homme.
4 Concours National de la Résistance et de la Déportation
• Les récentes études historiques ont porté
un regard nouveau sur la Résistance, délaissant
la légende Héroïsme, figures mythiques,
chef hautement charismatique, pour
l’approche de sa réalité sociologique. Dépassons
l’opposition simpliste entre une
résistance ultra-minoritaire et une masse
des Français «attentistes»; si la Résistance
organisée n’a guère concerné plus de un
ou deux pour cent de la population
(446000 cartes de Combattant Volontaire
de la Résistance - C.V.R. - ont été décernées
à ce jour, le nombre de combattants des
Forces Françaises de l’Intérieur - F.F.I.- était
de 500000 à la Libération), elle n’a pu survivre
et se développer qu’avec le concours
d’une partie grandissante de la population.
N° 1 du journal Résistance édité par le réseau
du Musée de l’Homme le 15 décembre 1940
« Résister ! C’est le cri qui sort de votre cœur à tous,
dans la détresse où vous a laissé le désastre de la
Patrie. C’est le cri de vous tous qui ne vous résignez
pas, de vous tous qui voulez faire votre devoir.
Mais, vous vous sentez isolés et désarmés, et dans le
chaos des idées, des opinions et des systèmes, vous
cherchez où est votre devoir. Résister, c’est déjà garder
son cœur et son cerveau. Mais c’est surtout agir,
faire quelque chose qui se traduise en faits positifs,
en actes raisonnés et utiles. Beaucoup ont essayé, et
souvent se sont découragés en se voyant impuissants.
D’autres se sont groupés. Mais souvent leurs groupes
se sont trouvés à leur tour isolés et impuissants. »
Qui sont ces hommes et ces femmes qui,
à différents titres et dans des circonstances
très diverses, ont décidé de résister
? Comment, « partis de rien », les
clandestins recrutent-ils et parviennentils
à former des organisations couvrant
tout le territoire ? Comment ceux qui
continuent le combat hors du territoire
métropolitain organisent-ils la France
Libre ? Quelles relations ces organisations
entretiennent-elles avec la population,
comment parviennent-elles à
s’unir pour triompher ?
La Résistance n’est pas
qu’un combat, elle est aussi
une attitude de l’esprit
« L a Résistance fut, d’abord, une
lutte patriotique pour la
Libération de la Patrie, et, pour beaucoup,
cet objectif fut le seul. Mais l’occupant
n’est pas seulement le militaire
ennemi, il amène dans ses fourgons
une doctrine et un régime politique
qui se révèlent la négation de la civilisation
occidentale. Aussi bien, la
Résistance est aussi une lutte pour la
liberté et la dignité de l’homme, contre
le totalitarisme (…) La Résistance n’est
pas une organisation dont on est
membre.(…) C’est une attitude d’esprit
qui fait désirer accomplir un acte,
courir un risque. (…)»
Henri Michel, Les mouvements clandestins en
Europe, Paris, P.U.F., Que sais-je ?, 1961,
p. 10-11.
Les valeurs universelles
de la Résistance
Petits-enfants de cette génération, nous
croyons qu’il y a dans la Résistance un
message : les valeurs universelles de la
Résistance, que nous avons définies comme
celles des motivations, conscientes ou inconscientes,
de l’engagement dans la Résistance
qui peuvent prétendre à l’universalité.
Les résistants frappent en effet par leur
diversité: diversité de leurs origines sociales,