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4 pages en version PDF - Strasbourg, ville libre

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<strong>Strasbourg</strong> <strong>ville</strong> <strong>libre</strong> !<br />

Qu’évoque la bataille de Hausberg<strong>en</strong><br />

pour vous ?<br />

La bataille de Hausberg<strong>en</strong> est un épisode très important<br />

de l’histoire de la <strong>ville</strong> et de ses habitants. Elle constitue le<br />

premier acte du process de création d’une commune <strong>libre</strong>,<br />

portée par des valeurs qui ne sont plus celles de la soumission<br />

à un suzerain lointain, mais celles qui repos<strong>en</strong>t sur une<br />

certaine liberté et une certaine équité <strong>en</strong>tre les citoy<strong>en</strong>s.<br />

Et <strong>Strasbourg</strong> ne serait pas dev<strong>en</strong>ue la grande <strong>ville</strong> <strong>libre</strong><br />

qui a tant inspiré l’humanisme rhénan si elle n’avait pas<br />

connu cette épreuve guerrière. Le refus d’une autorité arbitraire, la recherche d’une<br />

certaine indép<strong>en</strong>dance au bénéfice de la justice, tels sont les moteurs qui ont permis<br />

à des troupes pourtant moins nombreuses de l’emporter sur une armée bi<strong>en</strong> équipée.<br />

Une période de paix et de prospérité s’<strong>en</strong> est suivie, qui a permis notamm<strong>en</strong>t la<br />

construction de la cathédrale, puis de sa superbe flèche. <strong>Strasbourg</strong> pr<strong>en</strong>ait alors le<br />

visage qu’elle a <strong>en</strong>core aujourd’hui.<br />

Pourquoi la Ville de <strong>Strasbourg</strong> a-t-elle choisi<br />

de s’associer à ce projet ?<br />

Charlie Damm est un metteur <strong>en</strong> scène expérim<strong>en</strong>té, notamm<strong>en</strong>t pour les grandes<br />

fresques historiques. J’avais été touché par son spectacle consacré aux « Malgré nous »<br />

<strong>en</strong> 2011. Il a l’art de mobiliser de nombreux acteurs, le plus souv<strong>en</strong>t amateurs,<br />

auxquels il communique son <strong>en</strong>thousiasme et ses exig<strong>en</strong>ces artistiques. J’att<strong>en</strong>ds aussi<br />

beaucoup du travail musical de Michel Wack<strong>en</strong>heim et des Colibris. Enfin, si le projet<br />

est d’abord artistique, il est aussi l’écriture d’une page d’histoire bi<strong>en</strong> réelle grâce à la<br />

contribution et à l’<strong>en</strong>cadrem<strong>en</strong>t de Georges Bischoff, l’universitaire bi<strong>en</strong> connu pour<br />

ses travaux et recherches sur l’époque médiévale, et de Jean-Louis de Valmigère, un<br />

autre passionné d’histoire particulièrem<strong>en</strong>t investi dans le rayonnem<strong>en</strong>t de la <strong>ville</strong>.<br />

Je souligne <strong>en</strong>fin que le projet a un certain caractère social : il permet de faire<br />

découvrir le théâtre et la scène aux nombreux jeunes qui ont choisi de participer à<br />

cet événem<strong>en</strong>t. Tous les élém<strong>en</strong>ts étai<strong>en</strong>t donc réunis pour que la Ville s’associe à un<br />

tel projet, qui vi<strong>en</strong>t r<strong>en</strong>forcer et diversifier l’offre culturelle et d’animations <strong>en</strong> été.<br />

Quelle importance accordez-vous à l’histoire<br />

et au patrimoine de <strong>Strasbourg</strong> ?<br />

<strong>Strasbourg</strong> est une <strong>ville</strong> toute particulière dans le concert des grandes <strong>ville</strong>s françaises<br />

et europé<strong>en</strong>nes. Et cette spécificité strasbourgeoise est d’abord liée à son<br />

histoire. Une indép<strong>en</strong>dance précoce comme l’évoque Hausberg<strong>en</strong>, un souci d’équité<br />

et de liberté dès l’époque médiévale, une grande tolérance et une grande compréh<strong>en</strong>sion…<br />

telles sont les grandes valeurs qui marqu<strong>en</strong>t l’histoire de la Ville. Vous<br />

convi<strong>en</strong>drez qu’il s’agit là de valeurs très actuelles. Et si <strong>Strasbourg</strong> est aujourd’hui<br />

la capitale europé<strong>en</strong>ne rayonnante que chacun connait, il faut y voir le fruit de cette<br />

histoire certes mouvem<strong>en</strong>tée, mais qui plonge depuis longtemps dans les valeurs<br />

fondam<strong>en</strong>tales de la démocratie et des droits de l’homme. Et cette histoire est aussi<br />

révélée dans le patrimoine de la <strong>ville</strong>. C’est pourquoi j’inscris la connaissance de<br />

l’histoire et la valorisation du patrimoine de <strong>Strasbourg</strong> parmi mes toutes premières<br />

priorités de Maire.<br />

Jean-Louis de Valmigère : le « militant de <strong>Strasbourg</strong> »<br />

«Militant de <strong>Strasbourg</strong>» : c’est bi<strong>en</strong> ainsi qu’aime à se définir ce strasbourgeois amoureux<br />

de sa <strong>ville</strong> ! Connu de tous pour son <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t de longue date, notamm<strong>en</strong>t<br />

dans le monde associatif, Jean-Louis de Valmigère se passionne pour l’histoire locale.<br />

Et sa curiosité naturelle <strong>en</strong> la matière n’a d’égal que sa détermination à agir…<br />

«Je suis depuis longtemps convaincu que <strong>Strasbourg</strong> a toujours été une <strong>ville</strong> <strong>libre</strong> ;<br />

seulem<strong>en</strong>t, je ne pouvais pas vraim<strong>en</strong>t l’expliquer…» Alors, quand Charly Damm lui<br />

conte par le m<strong>en</strong>u la bataille de 1262, Jean-Louis de Valmigère pr<strong>en</strong>d fait et cause<br />

pour cette date, fort méconnue et si importante. Il la considère même comme un «symbole aussi fort que la<br />

prise de la Bastille» ! «Cette bataille est bi<strong>en</strong> l’improbable victoire du peuple révolté, sout<strong>en</strong>u par ses élites.<br />

Il fallait oser, <strong>en</strong> plein Moy<strong>en</strong> Age, défier l’armée du tout-puissant évêque, avec une troupe hétéroclite de<br />

volontaires, <strong>en</strong>cadrés par 200 «chevaliers de métier», si l’on peut dire. Et le plus remarquable est la réconciliation<br />

avec le nouvel évêque pour parachever la Cathédrale !». Une histoire trop belle pour être laissée aux<br />

oubliettes de la mémoire, une tranche de vie des stra bourgeois qui méritait bi<strong>en</strong> un grand spectacle ! Fort<br />

de l’adhésion immédiate du maire Roland Ries au projet, Jean-Louis de Valmigère s’est ainsi <strong>en</strong>gagé dans<br />

l’av<strong>en</strong>ture à travers l’Association «Histoire de <strong>Strasbourg</strong>», créée pour l’occasion. Et par delà le spectacle<br />

populaire, c’est bi<strong>en</strong> un tournant majeur de l’histoire de <strong>Strasbourg</strong> qui est mis <strong>en</strong> lumière.<br />

1262 : petite histoire d’une grande date !<br />

La bataille de Hausberg<strong>en</strong>, qui n’a duré <strong>en</strong> tout et<br />

pour tout qu’une petite journée, est presque tombée<br />

dans l’oubli : de nos jours, à peine un pour c<strong>en</strong>t des<br />

Alsaci<strong>en</strong>s connaiss<strong>en</strong>t cet épisode pourtant capital...<br />

En 1262, le nouvel évêque de <strong>Strasbourg</strong>, Walther von Geroldseck,<br />

pr<strong>en</strong>d ombrage du pouvoir des bourgeois qui dirig<strong>en</strong>t<br />

la <strong>ville</strong> et décide de limiter leurs privilèges. Outrés, les<br />

habitants réagiss<strong>en</strong>t et l’évêque les sanctionne <strong>en</strong> les privant<br />

de messes et de tout sacrem<strong>en</strong>t.<br />

Une fois les moines et prêtres partis, les citoy<strong>en</strong>s mett<strong>en</strong>t<br />

à sac les couv<strong>en</strong>ts, puis s’attaqu<strong>en</strong>t à un château,<br />

propriété de l’évêché. L’évêque riposte <strong>en</strong> détruisant<br />

un château strasbourgeois. <strong>Strasbourg</strong> pr<strong>en</strong>d alors son<br />

destin <strong>en</strong> main : 3000 volontaires de la cité se batt<strong>en</strong>t contre<br />

les soldats de l’évêque et, grâce à la stratégie du chevalier<br />

Lieb<strong>en</strong>zeller, remport<strong>en</strong>t la bataille !<br />

Le conseil municipal instaure <strong>en</strong>suite un nouveau mode<br />

d’administration de la <strong>ville</strong>, préparant ainsi son auto-<br />

Le saltimbanque<br />

et l’histori<strong>en</strong><br />

Le hasard n’existe pas : ces deux-là devai<strong>en</strong>t tôt<br />

ou tard se r<strong>en</strong>contrer pour créer <strong>en</strong>semble. Charly<br />

Damm, l’ex-flic dev<strong>en</strong>u saltimbanque et Georges<br />

Bischoff, le prof d’histoire de la Fac de <strong>Strasbourg</strong>,<br />

adulé par ses étudiants ont abattu un travail titanesque<br />

pour « 1262 - <strong>Strasbourg</strong> <strong>ville</strong> <strong>libre</strong> ! », le<br />

spectacle qui sera l’événem<strong>en</strong>t du futur été strasbourgeois…<br />

Tout est parti d’un livre qui a failli tourner au cauchemar pour son auteur,<br />

Charly Damm. « Le XIII ème siècle m’a toujours passionné » raconte ce spécialiste<br />

des spectacles populaires qui vit à Baer<strong>en</strong>thal, dans les Vosges du nord,<br />

au milieu d’une nature exubérante et ressourçante. « J’ai toujours trouvé<br />

que c’était le siècle le plus passionnant de la longue histoire de <strong>Strasbourg</strong>.<br />

Je l’ai peu à peu découvert <strong>en</strong> lisant « L’histoire de <strong>Strasbourg</strong> » écrit par<br />

Rodolphe Reuss, le grand histori<strong>en</strong> alsaci<strong>en</strong> du XIX ème siècle. Une période m’a<br />

plus particulièrem<strong>en</strong>t attiré : celle qui comm<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> 1262 avec la bataille de<br />

Hausberg<strong>en</strong> et qui se termine <strong>en</strong> 1349 avec le massacre des Juifs. »<br />

Ce « petit salaud » de Niclaus<br />

Niclaus Findel, c’est le titre du livre, est paru <strong>en</strong> novembre 2005. « Auparavant,<br />

j’avais écrit sept spectacles » se souvi<strong>en</strong>t Charly Damm. « Mais un spectacle,<br />

on le voit et après, il n’y a plus ri<strong>en</strong>. Quelquefois un DVD, pas toujours. Et puis,<br />

c’est une année de bonheur pour l’écriture du scénario, une année p<strong>en</strong>dant<br />

laquelle on se docum<strong>en</strong>te et on gratte le papier suivie d’une autre année pour<br />

le réaliser. Et cette année-là, c’est la galère. Alors, je me suis dit que j’allais<br />

t<strong>en</strong>ter d’écrire un livre pour rompre avec ce rythme-là. Je ne savais pas dans<br />

quoi je m’<strong>en</strong>gageais… »<br />

Trois ans de recherche pour imaginer le personnage, Niclaus Findel, secrétaire<br />

de la Ville de <strong>Strasbourg</strong>, ses amis Samuel, Erwin von Steinbach, le Chevalier<br />

Lieb<strong>en</strong>zeller et tous les événem<strong>en</strong>ts que <strong>Strasbourg</strong> va vivre. L’un d’<strong>en</strong>tre eux<br />

sera majeur : la bataille de Hausberg<strong>en</strong>. D’autres seront moins glorieux, voire<br />

indignes comme le massacre des Juifs.<br />

« Au bout de ces trois ans de recherches, j’avais réuni une incroyable<br />

masse d’histoires et de docum<strong>en</strong>ts mais je n’avais pas écrit une seule ligne. Je me<br />

suis dit : t’es malade, t’iras jamais au bout. Au bout de six mois d’écriture, je me<br />

suis r<strong>en</strong>du compte que c’était titanesque : il me fallait tout décrire : comm<strong>en</strong>t<br />

ils vivai<strong>en</strong>t, mangeai<strong>en</strong>t, s’habillai<strong>en</strong>t… Je me suis accroché mais peu à peu,<br />

le personnage c<strong>en</strong>tral a fini par m’habiter complètem<strong>en</strong>t. Ce petit salaud de<br />

Niclaus me réveillait tôt chaque matin… Le 22 juillet 2005, j’ai mis le point final<br />

et il m’a <strong>en</strong>fin laissé tranquille. J’ai bu une bouteille de pinard à sa santé.<br />

Et le livre a été édité… C’est à cette occasion que j’ai fait la connaissance de<br />

Georges Bischoff… »<br />

« C’est révolutionnaire ! »<br />

nomie, qui intervi<strong>en</strong>dra un an plus tard et lui permettra<br />

notamm<strong>en</strong>t de battre monnaie.<br />

Pour Georges Bischoff, Directeur de l’Institut d’Histoire<br />

du Moy<strong>en</strong> Age à l’Université de <strong>Strasbourg</strong>, la commémoration<br />

de cette bataille se justifie pleinem<strong>en</strong>t : « Cet<br />

événem<strong>en</strong>t a créé les conditions politiques, économiques<br />

Georges Bischoff : une figure du milieu universitaire strasbourgeois. Ne vous<br />

fiez pas à sa mine qui paraît r<strong>en</strong>frognée au premier abord : sa discrétion et sa<br />

modestie lég<strong>en</strong>daires se traduis<strong>en</strong>t ainsi. Mais une fois que la glace est rompue,<br />

c’est un festival de bons mots et une tonne de connaissances qui vous déboul<strong>en</strong>t<br />

dessus et vous raviss<strong>en</strong>t. Quel personnage ! « Le livre de Charly, je ne l’ai pas lu,<br />

je l’ai dévoré » se souvi<strong>en</strong>t-il. « J’adore les romans historiques, il y a du souffle,<br />

de l’av<strong>en</strong>ture. Un histori<strong>en</strong> de métier comme moi, veut <strong>en</strong> faire beaucoup trop<br />

quand il se met à écrire un tel roman. Le bouquin de Charly, c’est un équi<strong>libre</strong><br />

réussi. Il est passionnant de bout <strong>en</strong> bout. Charly écrit pour les g<strong>en</strong>s avec qui il<br />

vit, il s’adresse à un public qu’il connaît… »<br />

Jean-Luc Fournier - Or Norme <strong>Strasbourg</strong><br />

et sociales permettant à <strong>Strasbourg</strong> de dev<strong>en</strong>ir une <strong>ville</strong><br />

<strong>libre</strong>. Ce qui ne signifie pas que les citoy<strong>en</strong>s étai<strong>en</strong>t anti-<br />

cléricaux, au contraire, l’autonomie des citoy<strong>en</strong>s a été<br />

créatrice de richesses, ce qui a permis de poursuivre et<br />

d’achever la construction de la cathédrale », explique-t-il.

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