Qnemagazine - Ciné-ressources

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et théâtrale. Et toute la famille partait
continuellement en tournées, parfois très
loin. On jouait du Molière aux cinq cents
paysans d'un petit village ; deux jours
après, autre chose, ailleurs.
Les trois premières années de la vie de
Catelain ne sont marquées par rien d'extraordinaire
: il était déjà sensible, timide,
gourmand.
**
A quatre ans, ce furent ses premières
amours. L'objet de ses rêves était une petite
fille de son âge, ravissamment blonde,
qu'il appelait sa fiancée. Joignant le pratique
à l'agréable, il ne parlait d'elle à ses
parents qu'en affirmant : « — Oui, elle
est très jolie ; et puis, tu sais, elle a deux
millions de dot. » Il l'aimait à un tel point
que, lors de leur première ' séparation, il
faillit en tomber malade. Et, voici dans
quelles circonstances dramatiques le départ
de sa fiancée, qu'on lui avait caché, s'effectua
: Ayant pressenti, en voyant les bagages,
qu'il se passait quelque chose d'anormal,
Jaque commençait à pleurer, à
s'acrocher à elle, à lui proposer de venir
avec lui dans le coin le plus profond du
parc. Mais la fraùlein de la fiancée les découvrit,
et l'on projeta une conspiration où
l'on inventa de les faire jouer à cache-cache.
Ravi de voir que les jeux reprenaient,
Jaque, avec confiance, se dissimula sous un
vaste canapé. Il attendit, charmé d'abord
de ne pas être découvert ; puis l'inquiétude
le prit, et au bout de quelque temps, surpris
de ne plus entendre de bruit, il sortit
de sa cachette. Hélas ! la belle s'était
enfuie. Jaque se roula par terre, secoué par
une crise de rage et de désespoir, et ne
trouva une consolation à cette première douleur
que bien plus tard, en apprenant que
sa fiancée, de son côté, dans le désarroi de
son cœur, avait arraché pendant le retour,
tous les coussins de l'automobile.
*
** -. , _
Deux ans passèrent. Un jour, il y avait
un grand déjeuner chez les parents de Jaque,
à un moment de l'année où les framboises
sont des primeurs. La veille au soir,
Jaque avait vu arriver une caisse de ces
fruits délicieux. Pendant tout le repas, il
refusa les plats qui lui étaient servis en
déclarant d'un ton autoritaire : « Je veux
des framboises. » A toutes les remarques
de sa gouvernante et les menaces de ses
parents, il ne faisait que répéter :