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La poussière du temps - dossier de presse - Groupement National ...

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est politique mais le récit est une histoire d’amour. S’il y a une amertume, elle se trouve surtout dans le personnage<br />

<strong>de</strong> Jacob qui a été un vrai communiste et qui a cru en la cause. S’il se suici<strong>de</strong>, ce n’est pas seulement<br />

à cause d’une femme qu’il a aimée et qui est partie mais, aussi, parce qu’il ne reste rien d’un mon<strong>de</strong><br />

qu’il ne reconnaît plus. C’est un personnage que j’ai connu. On le voyait dans les rues d’Athènes, complètement<br />

ivre. C’était un <strong>de</strong>s plus grands intellectuels grecs qui avait été déporté et, quand il a vu que tout<br />

cela s’évanouissait <strong>de</strong> la façon la plus cruelle, il n’a pas pu le supporter. Il a été aussi l’un <strong>de</strong>s plus grands<br />

éditeurs <strong>de</strong> mon pays et estimé <strong>de</strong> tous.<br />

Pourquoi avez-vous décidé <strong>de</strong> faire <strong>de</strong> ce personnage un Juif, comme l’était le personnage <strong>de</strong> Erland<br />

Josephson dans LE REGARD D’ULYSSE ?<br />

Je voulais incorporer, même fugitivement, l’histoire <strong>de</strong> l’Holocauste. Lui aussi a cru à l’URSS. Il est parti<br />

d’Allemagne pour ne pas être arrêté et envoyé dans les camps. Pour le personnage d’Eleni, j’ai trouvé en<br />

Irène Jacob la personne idéale. Elle a une spiritualité, une beauté intérieure, une douceur. C’est quelqu’un<br />

avec qui j’ai eu beaucoup <strong>de</strong> plaisir à travailler. Avec Willem Dafoe, c’est la <strong>de</strong>uxième fois après Harvey<br />

Keitel que j’ai dirigé un acteur américain. C’est un homme très correct, très proche <strong>du</strong> film, très enthousiaste<br />

et prêt à faire n’importe quoi pour la réussite <strong>de</strong> l’ensemble. Comme Keitel, il a une formation théâtrale.<br />

Avec son ex-femme, ils avaient un théâtre d’avant-gar<strong>de</strong> très connu aux Etats-Unis. Bruno Ganz, comme<br />

Piccoli et Irène Jacob, a beaucoup joué sur scène. Il a interprété Faust pendant neuf heures, il y a quatre<br />

ans. Je le connaissais déjà, bien sûr, puisqu’il était le protagoniste <strong>de</strong> L’Éternité et un jour. C’est un acteur<br />

très strict, en particulier par rapport au cadre. C’est un comédien très <strong>de</strong>mandé.<br />

J’ai le sentiment que, dans ce film, vous avez rompu avec certaines <strong>de</strong> vos figures <strong>de</strong> style.<br />

Il est beaucoup plus découpé et, bien qu’il ne <strong>du</strong>re que <strong>de</strong>ux heures, le récit est riche en événements.<br />

J’ai été amené à écrire mon scénario <strong>de</strong> façon un peu différente. Il y a aussi plusieurs approches. Dans la<br />

première partie, comme c’est le passé et qu’il y a beaucoup <strong>de</strong> figurants dans le champ, ce sont <strong>de</strong>s plans<br />

plus larges et, quand on s’approche <strong>de</strong>s personnages, que l’histoire <strong>de</strong>vient plus indivi<strong>du</strong>elle, j’utilise <strong>de</strong>s<br />

gros plans.<br />

Deux phrases m’ont marqué. Celle où A. dit : “De manière inatten<strong>du</strong>e, cela revient comme un rêve.<br />

Rien ne se termine jamais” et l’autre, d’Eleni : “C’est comme si le <strong>temps</strong> s’était arrêté <strong>de</strong>puis que nous<br />

avons dansé ensemble”. Il y a la même idée <strong>de</strong> circularité.<br />

<strong>La</strong> première, prononcée par Willem Dafoe, se trouve dans un monologue et il parle très précisément <strong>de</strong><br />

quelque chose qui tourne dans sa tête et qu’il ne faut pas toucher. Il se sent bien. Avec le <strong>temps</strong>, cela <strong>de</strong>vient<br />

un rêve et il est revenu à cette histoire qui était peut-être sa propre histoire mais il n’osait pas la mettre en<br />

mouvement. <strong>La</strong> phrase d’Irène Jacob tra<strong>du</strong>it simplement son sentiment quand elle revoit cet homme.<br />

<strong>La</strong> musique <strong>de</strong> Eleni Karaindrou, est, cette fois, plus symphonique. C’est le film qui <strong>de</strong>mandait cette<br />

ampleur comme Le Regard d’Ulysse. Pour L’ÉTERNITÉ ET UN JOUR, qui est un film plus intime, une<br />

histoire personnelle, la musique était plus lyrique.<br />

Ici, il y a <strong>de</strong>ux thèmes. Le premier qui <strong>de</strong>scend et qui monte, nous l’appelons le thème <strong>de</strong> la recherche et<br />

<strong>de</strong> l’attente anxieuse. Le second a pour titre «<strong>La</strong> Danse près <strong>de</strong> la rivière». Il y a aussi <strong>La</strong> Symphonie pathétique<br />

<strong>de</strong> Tchaikovski qui sort <strong>de</strong>s haut-parleurs <strong>de</strong> la ville. C’est une musique comme <strong>La</strong> Marche funèbre <strong>de</strong><br />

Chopin qui passait dans toutes les radios <strong>de</strong> l’Union Soviétique au moment <strong>de</strong> la mort <strong>de</strong> Staline. <strong>La</strong> femme<br />

russe <strong>de</strong> Tonino Guerra, qui était élève à l’époque, me disait qu’il y a eu une annonce suivie d’un long silence<br />

dans les écoles et les usines au même moment dans tout le pays malgré les différents fuseaux horaires. J’ai<br />

ajouté la neuvième symphonie <strong>de</strong> Beethoven car pour le nouvel an, chaque année on la joue <strong>de</strong>vant la porte<br />

<strong>de</strong> Bran<strong>de</strong>bourg. Au moment <strong>de</strong> la chute <strong>du</strong> mur, Leonard Bernstein a été appelé pour diriger l’orchestre.<br />

Pour la scène <strong>de</strong> l’orgue, j’ai aussi choisi l’adagio <strong>de</strong> Bach, le cantor <strong>de</strong> Leipzig. J’ai imaginé qu’il ne pouvait<br />

pas y avoir un plus fort contraste entre la statue <strong>de</strong> Staline et cet instrument musical. Bien sûr, toute l’histoire<br />

<strong>du</strong> Prince Orloff qui l’aurait donné avant la révolution est une pure invention. Pour le morceau d’opéra,<br />

j’avais <strong>de</strong>mandé à Eleni Karaindrou une aria chantée par Maria Callas. Elle m’a apporté <strong>de</strong>s morceaux <strong>de</strong><br />

Bellini, <strong>de</strong> Verdi mais j’ai choisi ce morceau d’un musicien italien que je ne connaissais pas et que je trouve<br />

extraordinaire.<br />

Avec qui avez-vous écrit le scénario, cette fois ?<br />

Tout seul. Néanmoins, j’ai indiqué au générique, conseillers au scénario Petros Markaris et Tonino Guerra<br />

parce que je leur ai raconté l’histoire et, <strong>de</strong> <strong>temps</strong> en <strong>temps</strong>, ils m’ont fait <strong>de</strong>s remarques.<br />

<strong>La</strong> scène <strong>du</strong> combat entre les <strong>de</strong>ux hommes en noir qui se battent à mains nues comme <strong>de</strong>s gladiateurs,<br />

a une dimension presque surréaliste.<br />

Ils représentent <strong>de</strong>s groupes <strong>de</strong> motards ennemis qui sont en même <strong>temps</strong>, comme dans tous les pays, <strong>de</strong>s<br />

supporters fanatiques d’une équipe <strong>de</strong> football. <strong>La</strong> première fois que je suis allé, pour un repérage, à Berlin,<br />

nous nous sommes arrêtés sur une autoroute à la périphérie <strong>de</strong> la ville pour manger un sandwich. Quelques<br />

minutes après, est arrivée une quarantaine d’hommes, comme une armée, chevauchant <strong>de</strong> grosses motos<br />

et vêtus <strong>de</strong> daim noir. On m’a dit que c’était <strong>de</strong>s membres d’un club sportif et, lorsqu’il y avait conflit avec<br />

un autre club, ils se battaient. Chez nous, en Grèce, il y avait aussi <strong>de</strong>ux associations <strong>de</strong> supporters <strong>de</strong> foot-<br />

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