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Mona Lisa – sourire divin et histoires turbulentes - Centre PasquArt

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<strong>Centre</strong><strong>PasquArt</strong> <strong>Centre</strong> d’art 71-73 Faubourg du Lac CH 2502 Bienne<br />

Médiation culturelle: T + 41 32 322 24 64 mediation-culturelle-bienne@bluewin.ch www.pasquart.ch<br />

Information <strong>et</strong> documentation destinées aux écoles pour<br />

l’ atelier<br />

<strong>Mona</strong> <strong>Lisa</strong> – <strong>sourire</strong> <strong>divin</strong> <strong>et</strong><br />

<strong>histoires</strong> <strong>turbulentes</strong><br />

Une offre permanente de la Médiation culturelle du <strong>Centre</strong><strong>PasquArt</strong><br />

C<strong>et</strong> atelier s’adresse à tous les niveaux scolaires. Le déroulement <strong>et</strong> le contenu sont<br />

adaptés au niveau scolaire respectif. L’atelier <strong>Mona</strong> <strong>Lisa</strong> – <strong>sourire</strong> <strong>divin</strong> <strong>et</strong> <strong>histoires</strong><br />

<strong>turbulentes</strong> fait partie de l’offre permanente du <strong>Centre</strong><strong>PasquArt</strong>; possibilité de s’inscrire<br />

en tout temps. L’atelier n’exige aucun travail préalable ou postérieur. La présente<br />

documentation est conçue à titre d’information complémentaire sur le thème <strong>et</strong> présente<br />

des suggestions à l’attention des enseignants.<br />

Vous pouvez joindre la Médiation culturelle du <strong>Centre</strong><strong>PasquArt</strong> à l’adresse suivante: tél.:<br />

032 322 24 64 Email: mediation-culturelle-bienne@bluewin.ch<br />

Avril 2007<br />

Diese Dokumenation gibt es auch auf Deutsch. Exemplare können Sie bestellen bei der<br />

Kunstvermittlungsstelle des <strong>Centre</strong><strong>PasquArt</strong>: Tel: 032 322 24 64, Email: kunstvermittlung-biel@bluewin.ch<br />

L’offre d’envergure proposée aux écoles, aux enfants <strong>et</strong> aux jeunes a pu être réalisée grâce à l’aimable<br />

soutien de la fondation Stiftung VINETUM.


<strong>Centre</strong><strong>PasquArt</strong> Médiation culturelle<br />

SOMMAIRE<br />

1. Informations générales p. 3<br />

1.1 Bref descriptif de l’atelier p. 3<br />

1.2 Objectifs pédagogiques de l’atelier p. 3<br />

1.3 Déroulement de l’atelier p. 4<br />

2. Documentation destinée à la préparation p. 4<br />

de l’atelier <strong>et</strong> au travail ultérieur<br />

2.1 Le tableau « <strong>Mona</strong> <strong>Lisa</strong> » p. 5<br />

2.2 L’artiste Léonard de Vinci p. 8<br />

2.4 <strong>Mona</strong> <strong>Lisa</strong> – un aimant pour le public du Louvre p. 12<br />

3. <strong>Mona</strong> <strong>Lisa</strong> <strong>et</strong> l’histoire de l’art p. 16<br />

3.1 <strong>Mona</strong> <strong>Lisa</strong> en tant que thème de l’art moderne p. 16<br />

<strong>et</strong> contemporain<br />

4. Sources p. 27<br />

<strong>Mona</strong> <strong>Lisa</strong> – Sourire <strong>divin</strong> <strong>et</strong> <strong>histoires</strong> <strong>turbulentes</strong> - Documentation destinée aux écoles 2


<strong>Centre</strong><strong>PasquArt</strong> Médiation culturelle<br />

1. Informations générales<br />

L’atelier ‘<strong>Mona</strong> <strong>Lisa</strong> – Sourire <strong>divin</strong> <strong>et</strong> <strong>histoires</strong> <strong>turbulentes</strong> fait partie de l’offre<br />

permanente du <strong>Centre</strong><strong>PasquArt</strong>; possibilité de s’inscrire en tout temps. L’atelier est<br />

adapté aux différents niveaux scolaires. Le présent dossier a été sciemment rédigé sous<br />

forme concise afin de ne pas intensifier inutilement le flux de papiers <strong>et</strong> d’informations.<br />

Ces informations ont valeur d’orientation. L’atelier est constamment perfectionné <strong>et</strong><br />

adapté aux besoins. Chaque atelier représente un vécu individuel pour la classe scolaire<br />

respective!<br />

1.1 Bref descriptif de l’atelier<br />

Des affiches <strong>et</strong> cartes postales de <strong>Mona</strong> <strong>Lisa</strong>, issues de la collection Jörg Leist ainsi<br />

qu’une série d’obj<strong>et</strong>s du quotidien <strong>et</strong> des souvenirs sur lesquels est imprimé le motif de<br />

<strong>Mona</strong> <strong>Lisa</strong> servent de point de départ dans c<strong>et</strong> atelier. Selon le niveau scolaire, les<br />

possibilités de s’approprier le motif <strong>Mona</strong> <strong>Lisa</strong> de manière créative <strong>et</strong> de le transposer<br />

dans l’art contemporain sont traitées sous forme ludique ou plutôt théorique.<br />

L’observation de <strong>Mona</strong> <strong>Lisa</strong>, la compréhension des différentes dimensions de la peinture<br />

(contenu, histoire, auteur <strong>et</strong> importance pour la postérité) ainsi que la déclinaison du<br />

motif dans différents buts artistiques sont au centre du travail avec les élèves. Les<br />

mécanismes perm<strong>et</strong>tant une appropriation du motif sont par ailleurs expérimentés.<br />

1.2 Objectifs pédagogiques de l’atelier<br />

Objectif pédagogique niveau 1 (de 5 à 12 ans)<br />

• Les élèves observent le tableau de ‚<strong>Mona</strong> <strong>Lisa</strong>’ peint par Léonard de Vinci.<br />

• Les élèves apprennent que l’eff<strong>et</strong> d’une œuvre d’art peut être modifié en quelques<br />

gestes, la transformant ainsi en une ‘nouvelle’ œuvre d’art contemporaine<br />

autonome.<br />

• Ils apprennent de manière ludique comme un tableau est composé <strong>et</strong> d’où<br />

proviennent les eff<strong>et</strong>s qu’il suscite.<br />

Objectif pédagogique niveau 2 (de 12 à 15 ans)<br />

• Les élèves observent le tableau de ‚<strong>Mona</strong> <strong>Lisa</strong>’ peint par Léonard de Vinci.<br />

• Les élèves découvrent l’appropriation artistique du motif <strong>Mona</strong> <strong>Lisa</strong> dans les<br />

courants de l’art moderne (Pop Art, dadaïsme) <strong>et</strong> ont la possibilité de réaliser des<br />

variations sur le thème de <strong>Mona</strong> <strong>Lisa</strong>.<br />

• Leur attention est attirée sur la commercialisation douteuse du motif de ‘<strong>Mona</strong><br />

<strong>Lisa</strong>’.<br />

<strong>Mona</strong> <strong>Lisa</strong> – Sourire <strong>divin</strong> <strong>et</strong> <strong>histoires</strong> <strong>turbulentes</strong> - Documentation destinée aux écoles 3


<strong>Centre</strong><strong>PasquArt</strong> Médiation culturelle<br />

Objectif pédagogique niveau 3 (de 16 à 20 ans)<br />

• Les jeunes étudient le tableau de ‘<strong>Mona</strong> <strong>Lisa</strong>’ peint par Léonard de Vinci <strong>et</strong><br />

découvrent que les œuvres d’art contemporain font très souvent référence à<br />

l’histoire de l’art.<br />

• Ils s’aperçoivent que l’appropriation créative de tableaux existant est un processus<br />

aux multiples fac<strong>et</strong>tes qui peut aller de la simple copie de l’original à la réalisation<br />

d’obj<strong>et</strong>s de tous les jours <strong>et</strong> à des ‘œuvres d’art globales’ ironiques.<br />

• Les élèves sont confrontés à l’art contemporain <strong>et</strong> se rendent compte de son<br />

ancrage dans l’histoire de l’art.<br />

1.3 Déroulement de l’atelier<br />

L’atelier suit un déroulement différent en fonction des niveaux scolaires respectifs. Nous<br />

intégrons constamment les expériences acquises. De même, la forme <strong>et</strong> le contenu des<br />

exercices pratiques qui accompagnent c<strong>et</strong> atelier sont adaptés au niveau de la classe.<br />

Nos médiatrices modifient par ailleurs spontanément le déroulement de l’atelier en<br />

réagissant aux différentes situations. Si vous souhaitez connaître le déroulement précis<br />

qui est prévu pour l’atelier destiné à votre classe, veuillez contacter le service de<br />

Médiation culturelle (tél .: 032 322 24 64 – e-mail: mediation-culturellebienne@bluewin.ch).<br />

2. Documentation destinée à la préparation de l’atelier <strong>et</strong> au travail<br />

ultérieur<br />

Il n’est pas nécessaire de préparer l’atelier. C<strong>et</strong>te documentation donne cependant aux<br />

enseignants des informations <strong>et</strong> instruments qui leur perm<strong>et</strong>tent de préparer les élèves<br />

durant les cours ou d’approcher le thème après la visite. La documentation se conçoit en<br />

tant que possibilité supplémentaire d’étudier le thème. Les exercices <strong>et</strong> les questions<br />

destinés aux cours ont valeur d’orientation. Les illustrations ont été placées, dans la<br />

mesure du possible, sur des pages complètes, de sorte que des feuilles détachées<br />

peuvent être imprimées <strong>et</strong> données aux élèves.<br />

<strong>Mona</strong> <strong>Lisa</strong> – Sourire <strong>divin</strong> <strong>et</strong> <strong>histoires</strong> <strong>turbulentes</strong> - Documentation destinée aux écoles 4


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2.1 Le tableau de ‚<strong>Mona</strong> <strong>Lisa</strong>’<br />

Leonardo da Vinci : Portrait de <strong>Mona</strong> <strong>Lisa</strong> (La Joconde), 1503 – 1505,<br />

Huile sur panneau de bois, 77 x 53 cm, Musée du Louvre, Paris<br />

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<strong>Mona</strong> <strong>Lisa</strong> (La Joconde) est le portrait d'une jeune femme, sur fond d'un paysage<br />

montagneux aux horizons lointains <strong>et</strong> brumeux. Le flou du tableau est caractéristique de<br />

la technique du sfumato. Le sfumato, de l'italien «enfumé», est un eff<strong>et</strong> vaporeux, obtenu<br />

par la superposition de plusieurs couches de peinture extrêmement délicates qui donne<br />

au tableau des contours imprécis. C<strong>et</strong>te technique a été employée en particulier au niveau<br />

des yeux dans la mise en ombrage.<br />

La femme porte sur la tête un voile noir transparent <strong>et</strong> une robe. On remarque qu'elle est<br />

totalement épilée, conformément à la mode de l'époque, <strong>et</strong> ne présente ni cils ni sourcils.<br />

Elle est assise sur un fauteuil dont on aperçoit le dossier à droite du tableau. Ses mains<br />

sont croisées, posées sur un bras du fauteuil. Elle se trouve probablement dans une<br />

loggia : on peut voir un parap<strong>et</strong> juste derrière elle au premier tiers du tableau, ainsi que<br />

l'amorce de la base renflée d'une colonne sur la gauche. A l'arrière plan se trouve un<br />

paysage montagneux dans lequel se détache un chemin sinueux <strong>et</strong> une rivière<br />

qu'enjambe un pont de pierre. La source de lumière provient essentiellement de la<br />

gauche du tableau.<br />

Plusieurs hypothèses ont été formulées à propos de l'identité du modèle.<br />

En ce qui concerne l'identité du modèle, toutes les hypothèses, y compris les plus<br />

farfelues, ont été envisagées : Isabelle d'Este, qui régnait à Mantoue lorsque Léonard de<br />

Vinci y séjourna -nous connaissons d'ailleurs un dessin de sa main la représentant- ; une<br />

maîtresse de Julien de Médicis ou de Léonard ; peut-être même une femme idéale ; <strong>et</strong><br />

même un adolescent habillé en femme, voire un autoportrait.<br />

Selon l'hypothèse admise depuis Giorgio Vasari, le modèle s'appellerait à l'origine <strong>Lisa</strong><br />

Gherardini, née en mai 1479 à Florence. Issue d'une famille modeste, elle épousa à 16<br />

ans le fils d'un marchand de soie, Francesco di Bartolomeo del Giocondo. Déjà veuf à<br />

deux reprises, Giocondo a 19 ans de plus que <strong>Lisa</strong>. Elle lui donna trois enfants, Piero<br />

Francesco - né en 1496 - une fille au prénom inconnu morte en 1499 <strong>et</strong> Andrea - né en<br />

1502. Francesco del Giocondo possédait une chapelle familiale dans l'église de la<br />

Santissima Annunziata, où il fut plus tard inhumé. C<strong>et</strong>te église était tenue par les Servites<br />

de Marie, qui ont hébergé en 1501 Léonard, fils de Piero da Vinci, le notaire de leur ordre.<br />

Il est probable que Léonard <strong>et</strong> Francesco ont fait connaissance à c<strong>et</strong>te époque. En 1503,<br />

Francesco del Giocondo emménage dans une demeure plus grande, via della Stufa, <strong>et</strong><br />

cherche un peintre pour réaliser le portrait de son épouse. Il se tourne vers Léonard de<br />

Vinci. <strong>Lisa</strong> Gherardini était âgée de 24 ans, <strong>et</strong> Léonard de 51 au moment où il commença<br />

son tableau. Francesco del Giocondo ne reçut jamais son tableau. Il était inachevé quand<br />

l'artiste quitta Florence pour Milan.<br />

<strong>Mona</strong> <strong>Lisa</strong> – Sourire <strong>divin</strong> <strong>et</strong> <strong>histoires</strong> <strong>turbulentes</strong> - Documentation destinée aux écoles 6


<strong>Centre</strong><strong>PasquArt</strong> Médiation culturelle<br />

C<strong>et</strong>te thèse reste discutée, au prétexte qu'aucune trace d'un paiement n'a été r<strong>et</strong>rouvée.<br />

Les liens étroits entre Léonard de Vinci <strong>et</strong> la famille del Giocondo ont été établis en 2004<br />

par Giuseppe Pallanti. D'après Giuseppe Pallanti (2007), les archives d'une église du<br />

centre historique de Florence (Toscane), font référence à un acte de décès de « l'épouse<br />

de Francesco Del Giocondo », morte le 15 juill<strong>et</strong> 1542 <strong>et</strong> enterrée au couvent Sant'Orsola.<br />

Selon Daniel Arasse, s'il était vivant quand le tableau fut fini, Francesco del Giocondo se<br />

serait senti outragé <strong>et</strong> l'aurait probablement refusé. D'après lui, à c<strong>et</strong>te époque une<br />

femme au front dégarni <strong>et</strong> aux sourcils épilés ne pouvait être qu'une prostituée. Des<br />

analyses du tableau postérieures à 2000 ont montré que la Joconde a la tête couverte<br />

d'un voile transparent ou peu visible.<br />

Autres suggestions<br />

Certains font l'hypothèse que le tableau de la Joconde est un autoportrait travesti, comme<br />

l'attesterait la superposition des calques des autoportraits présents dans ses carn<strong>et</strong>s de<br />

croquis <strong>et</strong> celle de « <strong>Mona</strong> <strong>Lisa</strong> ». La dernière conjecture est basée sur une analogie : le<br />

visage de <strong>Mona</strong> <strong>Lisa</strong> serait superposable à celui de Catherine Sforza, princesse de Forlì<br />

(XVe siècle), dans un portrait peint par Lorenzo di Credi. Ce portrait est conservé dans le<br />

Musée de Forlì, en Italie. La Joconde ne quitta jamais Léonard de son vivant. Il l'emporta<br />

probablement à Amboise où François Ier le fit venir. Ce dernier en fit l'acquisition - à<br />

Léonard lui-même ou à ses héritiers après sa mort - <strong>et</strong> l'installa à Fontainebleau. Plus<br />

tard, Louis XIV en fit l'un des tableaux les plus en vue à Versailles, <strong>et</strong> l'exposait dans le<br />

Cabin<strong>et</strong> du Roi. Bonaparte l'installa aux Tuileries en 1800 dans les appartements de<br />

Joséphine, puis l'offrit au Louvre en 1804.<br />

A ce jour, nous ne possédons aucune preuve définitive sur l'identité de la femme<br />

représentée par Léonard. En fait, il est étonnant de noter que l'on r<strong>et</strong>ient davantage<br />

aujourd'hui les aspects universels du tableau -l'idéalisation évidente du portrait,<br />

l'imagination qui a inspiré le peintre pour le paysage, l'équilibre de la posture du modèle-,<br />

plutôt que la référence à une personnalité ayant réellement existé. Même s'il a peint avec<br />

réalisme un visage de femme, il est clair que Léonard s'est définitivement dégagé des<br />

obligations de fidélité pour rechercher une description abstraite de la figure humaine.<br />

Le vol<br />

Le tableau fut volé le 21 août 1911. On soupçonna le poète Guillaume Apollinaire <strong>et</strong> le<br />

peintre Pablo Picasso d'être les auteurs de ce vol, revendiqué par ailleurs par l'écrivain<br />

italien Gabriele d'Annunzio. La Société des Amis du Louvre offrit une récompense de<br />

vingt-cinq mille francs, un anonyme proposa de doubler c<strong>et</strong>te somme. La revue<br />

L'Illustration promit cinquante mille francs pour qui rapporterait le tableau dans les<br />

<strong>Mona</strong> <strong>Lisa</strong> – Sourire <strong>divin</strong> <strong>et</strong> <strong>histoires</strong> <strong>turbulentes</strong> - Documentation destinée aux écoles 7


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locaux du journal. Le voleur était l'italien Vincenzo Perugia, un vitrier qui avait participé<br />

aux travaux de mise sous verre des tableaux les plus importants du musée. Il conserva le<br />

tableau pendant deux ans dans sa chambre à Paris, puis de r<strong>et</strong>our en Italie il proposa de<br />

le revendre le 10 décembre 1913 à un antiquaire florentin qui donna l'alerte.<br />

Le mythe<br />

La Joconde est devenue un tableau mythique car à toutes les époques les artistes l'ont<br />

prise comme référence. Elle constitue en eff<strong>et</strong> l'aboutissement des recherches du XVe<br />

siècle sur la représentation du portrait. À l'époque romantique, les artistes ont été<br />

fascinés par l'énigme de la Joconde <strong>et</strong> ont contribué à développer le mythe qui l'entoure,<br />

en faisant de nos jours l'une des œuvres d'art les plus célèbres du monde.<br />

2.2 L’artiste Léonard de Vinci<br />

Léonard de Vinci (Leonardo di ser Piero da Vinci, 15 avril 1452 - Amboise, 2 mai 1519) est<br />

peintre, sculpteur, orfèvre, musicien, architecte, physicien, astronome, savant, géologue,<br />

géomètre, anatomiste, botaniste, alchimiste, inventeur visionnaire, ingénieur mécanicien,<br />

<strong>et</strong> militaire, horloger, urbaniste, <strong>et</strong> homme de science de génie italien multidisciplinaire<br />

<strong>et</strong> ultra prolifique. Homme d'esprit universel, à la fois artiste, scientifique, inventeur <strong>et</strong><br />

philosophe humaniste, Léonard de Vinci incarne l'esprit universaliste de la Renaissance<br />

dont il fut un des symboles majeurs <strong>et</strong> demeure l'un des plus grands hommes de c<strong>et</strong>te<br />

époque.<br />

Biographie<br />

Le 15 avril 1452 :Léonard nait d'une relation amoureuse illégitime entre son père, Ser<br />

Piero da Vinci, notaire de la république d'une riche famille de notables italiens, <strong>et</strong> sa<br />

mère, Catarina, une humble fille de paysans, dans le p<strong>et</strong>it village Toscan d'Anchiano (à 2<br />

km du village de Vinci, 80 km de Florence, 50 km de Pise en Italie) (Il nait le 15 avril du<br />

calendrier Julien, l'année ou l'Italie adopte le calendrier Grégorien). À c<strong>et</strong>te époque les<br />

conventions d'appellation modernes ne se sont pas encore développées en Europe.<br />

Seules les grandes familles font usage du nom de leur "tribu" (ex: Lorenzo de'Medici,<br />

dont le clan a dû, à l'origine, compter quelques médecins). L'homme du peuple est<br />

désigné par son prénom auquel on adjoint toute précision utile : le nom du père, le lieu<br />

d'origine, un surnom (Botticelli), le nom du maître pour un artisan (Andrea del<br />

Verrocchio), <strong>et</strong>c. Par conséquent, le nom de l'artiste est Leonardo di ser Piero da Vinci, ce<br />

qui signifie Leonardo, fils de maître Piero, de Vinci. Léonard lui-même signe simplement<br />

ses travaux Leonardo ou Io, Leonardo (Moi, Leonardo). La plupart des autorités<br />

rapportent donc ses travaux en tant que Leonardo sans le da Vinci. Vraisemblablement il<br />

n'emploie pas le nom de son père parce qu'il est un enfant illégitime. Leonard vit<br />

<strong>Mona</strong> <strong>Lisa</strong> – Sourire <strong>divin</strong> <strong>et</strong> <strong>histoires</strong> <strong>turbulentes</strong> - Documentation destinée aux écoles 8


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misérablement avec sa mère Catherina.<br />

1457 : il a 5 ans quand sa mère se marie avec un paysan d'Anchiano. Il est alors admis<br />

dans la maison de la famille de son père, du village de Vinci, qui, entre temps, a épousé<br />

une jeune fille de bonne famille, âgée de seize ans, Donna Albiera Amadori. Celle-ci sans<br />

enfant reporte toute son affection sur Léonard, mais elle meurt très jeune à l'age de 24<br />

ans en 1465 alors que Léonard à 13 ans. Il fut considéré comme faisant partie de la<br />

famille de riches notables de son père mais ne fut jamais légitimé par ce père qui se<br />

maria quatre fois <strong>et</strong> lui donna dix frères <strong>et</strong> deux sœurs légitimes venus après lui.<br />

1466 : Léonard a 14 ans <strong>et</strong> sa famille recomposée s'installe à Florence. Le jeune Léonard,<br />

est proche de la nature qu'il observe avec une vive curiosité <strong>et</strong> s'intéresse à tout, il<br />

dessine déjà des caricatures <strong>et</strong> écrit à l'envers (écriture en miroir) en dialecte Toscan.<br />

Giorgio Vasari, dans sa biographie de Léonard, raconte une anecdote sur les premiers pas<br />

dans la carrière artistique de celui qui allait devenir un des plus grands peintres de la<br />

Renaissance. Un jour, le père de Léonard, Ser Piero, « prit plusieurs de ses dessins <strong>et</strong> les<br />

soumit à son ami Andrea del Verrocchio qu'il pria instamment de lui dire si Léonard, s'il<br />

devait se consacrer à l'art du dessin, pourrait parvenir à quelque chose en c<strong>et</strong>te matière.<br />

Andrea s'étonna forts des débuts extraordinaires de Léonard <strong>et</strong> exhorta Ser Piero à lui<br />

perm<strong>et</strong>tre de choisir ce métier, sur quoi Ser Piero résolut que Léonard entrerait à<br />

l'atelier d'Andrea. Léonard ne se fit pas prier deux fois ; non content d'exercer ce métier,<br />

il exerça ensuite tous ceux qui se rattachent à l'art du dessin. » C'est ainsi que Léonard<br />

fut placé comme élève apprenti dans un des plus prestigieux ateliers d'art de la<br />

Renaissance de Florence sous le patronage d'Andrea del Verrocchio à qui il doit sa<br />

formation polytechnique d'excellence, où il côtoya d'autres artistes comme Sandro<br />

Botticelli, Pérugin <strong>et</strong> Domenico Ghirlandaio. Verrocchio était un artiste renommé<br />

polytechnique <strong>et</strong> très éclectique : orfèvre de formation, peintre <strong>et</strong> sculpteur qui a travaillé<br />

pour le riche mécène Laurent de Médicis. Après un an passé au n<strong>et</strong>toyage des pinceaux <strong>et</strong><br />

autres p<strong>et</strong>its travaux, Verrocchio initie Léonard à la préparation des couleurs, la<br />

décoration, la gravure, la peinture des fresques ainsi qu'à la sculpture sur marbre <strong>et</strong> sur<br />

bronze, puis il confie à son élève qu'il trouve exceptionnel le soin privilégié de terminer<br />

ses tableaux. Il n'y a pas d'œuvres de Léonard connues pendant c<strong>et</strong>te période.<br />

L’oeuvre majeure de Léonard : La Joconde<br />

Analyse du tableau<br />

Le titre du tableau vient probablement du patronyme du suj<strong>et</strong> - « del Giocondo » - mais<br />

peut également être attribué à l'attitude de la femme représentée. Il est aussi appelé «<br />

Monna <strong>Lisa</strong> » ou sa déformation plus courante « <strong>Mona</strong> <strong>Lisa</strong> », une contraction de « ma<br />

donna <strong>Lisa</strong> » qu'on peut traduire par « Madame <strong>Lisa</strong> ».<br />

<strong>Mona</strong> <strong>Lisa</strong> – Sourire <strong>divin</strong> <strong>et</strong> <strong>histoires</strong> <strong>turbulentes</strong> - Documentation destinée aux écoles 9


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Symbolisme<br />

En italien, giocondo signifie "heureux, serein". Léonard était sûrement conscient qu'il<br />

peignait non seulement le portrait d'une femme, mais aussi le portrait d'une expression.<br />

La Joconde constitue réellement le portrait de l'idée de sérénité. Selon certains, La<br />

Joconde est aussi l'expression de la féminité, voire de la maternité, car elle semble<br />

apparaître comme tenant un enfant dans ses bras.<br />

Le <strong>sourire</strong> <strong>et</strong> le regard<br />

Le <strong>sourire</strong> de La Joconde constitue un des éléments énigmatiques du tableau, qui a<br />

contribué au développement du mythe. Son <strong>sourire</strong> apparaît comme suspendu, prêt à<br />

s'éteindre. Tout en donnant l'impression de suivre le spectateur des yeux, le regard de<br />

<strong>Mona</strong> <strong>Lisa</strong> fixe un point situé au-delà du spectateur, légèrement à sa droite, provoquant<br />

ainsi une mise en profondeur du dialogue entre l'œuvre <strong>et</strong> le spectateur. Bruno Mathon,<br />

critique d'art, dit ainsi que la Joconde « regarde quelque chose en vous, mais qui est<br />

derrière vous, dans votre passé. Elle regarde l'enfant que vous avez été, comme une mère<br />

regarde son enfant ».<br />

Analyses techniques<br />

En décembre 2005, le magazine britannique The New Scientist relate une étude [5] basée<br />

sur un logiciel de reconnaissance des émotions sur le visage. D'après c<strong>et</strong>te étude <strong>Mona</strong><br />

<strong>Lisa</strong> était 83% heureuse, 9% écœurée, 6% craintive <strong>et</strong> 2% en colère.<br />

Le Conseil national de recherches du Canada a dévoilé le 26 septembre 2006 à Ottawa les<br />

résultats d'une étude réalisée grâce à un système de balayage laser sophistiqué, en<br />

couleurs <strong>et</strong> en trois dimensions. Celle-ci a permis de découvrir que <strong>Mona</strong> <strong>Lisa</strong> était<br />

enveloppée d'un "voile de gaze" fine <strong>et</strong> transparente normalement porté à l'époque par<br />

les femmes enceintes ou venant d'accoucher. Masqué par le vernis, ce détail n'avait<br />

jamais été observé jusqu'à présent. Le <strong>sourire</strong> mystérieux de La Joconde serait donc celui<br />

d'une femme enceinte ou qui vient d'avoir un enfant.<br />

La technique parfaite de La Joconde<br />

La recherche de la perfection est une véritable obsession pour Léonard de Vinci : "Ditesmoi,<br />

dites-moi, a-t-on jamais terminé quoi que ce soit ?", gémit-il dans ses carn<strong>et</strong>s, dans<br />

lesquels il insiste fréquemment sur son désir d'égaler la perfection de la création <strong>divin</strong>e<br />

dans ses propres créations artistiques.<br />

Peinte sur un mince support en bois de peuplier, demeuré très fragile -ce qui explique<br />

qu'elle soit aujourd'hui conservée dans une vitrine-, La Joconde est une réalisation<br />

<strong>Mona</strong> <strong>Lisa</strong> – Sourire <strong>divin</strong> <strong>et</strong> <strong>histoires</strong> <strong>turbulentes</strong> - Documentation destinée aux écoles 10


<strong>Centre</strong><strong>PasquArt</strong> Médiation culturelle<br />

exemplaire, grâce aux eff<strong>et</strong>s subtils de la lumière sur les chairs <strong>et</strong> au brio du paysage<br />

situé à l'arrière-plan du tableau. Le modelé du visage est étonnamment réaliste. Léonard<br />

a exécuté ce tableau avec patience <strong>et</strong> virtuosité : après avoir préparé son panneau de bois<br />

avec plusieurs couches d'enduits, il a d'abord dessiné son motif directement sur le<br />

tableau lui-même, avant de le peindre à l'huile, additionnée d'essence très diluée, ce qui<br />

lui perm<strong>et</strong> de poser d'innombrables couches de couleurs transparentes -que l'on appelle<br />

des glacis- <strong>et</strong> de revenir indéfiniment sur le modelé du visage. Ces glacis, savamment<br />

travaillés, m<strong>et</strong>tant en valeur les eff<strong>et</strong>s d'ombre <strong>et</strong> de lumière sur le visage, constituent ce<br />

que Léonard lui-même appelle le "sfumato". C<strong>et</strong>te technique perm<strong>et</strong> une imitation<br />

parfaite des chairs, grâce à un traitement raffiné de la figure humaine plongée dans une<br />

demi-obscurité -le clair-obscur-, ce qui perm<strong>et</strong> à Léonard de satisfaire ses<br />

préoccupations de réalisme.<br />

De son vivant, Léonard fut en eff<strong>et</strong> surtout célèbre pour ses capacités évidentes à imiter<br />

la nature à la perfection <strong>et</strong> lorsque son premier biographe, le peintre Vasari a décrit la<br />

Joconde, il insistait surtout sur le réalisme de c<strong>et</strong>te oeuvre : "Ses yeux limpides avaient<br />

l'éclat de la vie : cernés de nuances rougeâtres <strong>et</strong> plombées, ils étaient bordés de cils<br />

dont le rendu suppose la plus grande délicatesse. Les sourcils avec leur implantation par<br />

endroits plus épaisse ou plus rare suivant la disposition des pores, ne pouvaient être plus<br />

vrais. Le nez, aux ravissantes narines roses <strong>et</strong> délicates, étaient la vie même. [...] Au<br />

creux de la gorge, le spectateur attentif saisissait le battement des veines." D'autre part,<br />

grâce au "sfumato", Léonard peut atteindre un de ses objectifs artistiques prioritaires, en<br />

s'intéressant en priorité à la personnalité de son modèle : "Le bon peintre a<br />

essentiellement deux choses à représenter : le personnage <strong>et</strong> l'état de son esprit", disait<br />

Léonard. Peindre l'âme plutôt que le physique est en eff<strong>et</strong> la finalité ultime de son œuvre<br />

<strong>et</strong> le "sfumato", éclairage du portrait par le clair-obscur, accentue de fait les mystères<br />

d'une œuvre : "plonger les choses dans la lumière, c'est les plonger dans l'infini".<br />

À ce suj<strong>et</strong>, il est important de rappeler à quel point la question du réalisme de la<br />

représentation du modèle est liée à l'identité de ce modèle. Et, à ce jour, nous ne savons<br />

toujours pas si Léonard de Vinci a représenté avec fidélité un modèle existant, s'il a<br />

idéalisé un portrait de femme de son entourage ou s'il a entièrement imaginé un type de<br />

femme universelle.<br />

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2.3 <strong>Mona</strong> <strong>Lisa</strong> – un aimant pour le public du Louvre<br />

Jour après jour, <strong>Mona</strong> <strong>Lisa</strong> est admirée par d’innombrables visiteurs intéressés par l’art<br />

au Louvre.<br />

Salle des États du Musée du Louvre<br />

Depuis mars 2005, la Joconde bénéficie au Musée du Louvre d'une salle rénovée <strong>et</strong><br />

spécialement aménagée pour la recevoir, la salle des États, dans laquelle elle fait face au<br />

non moins célèbre tableau de Véronèse, Les Noces de Cana.<br />

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Exercices/questions didactiques:<br />

a) Que signifie, pour un musée, le fait que de nombreuses personnes souhaitent<br />

(constamment) voir la même œuvre d’art?<br />

b) Pourquoi <strong>Mona</strong> <strong>Lisa</strong> est-elle aussi célèbre <strong>et</strong> attire-t-elle autant de gens? Cela a-til<br />

un rapport avec l’œuvre d’art?<br />

c) Comment <strong>Mona</strong> <strong>Lisa</strong> est-elle exposée? Décris la situation au Louvre (voir<br />

photographies ci-dessus).<br />

Le roman policier de l'histoire de La Joconde<br />

Ces qualités intrinsèques à l'oeuvre de Léonard, qui avaient déjà impressionné les<br />

amateurs <strong>et</strong> les professionnels de l'art, n'auraient pas suffi au succès mondial de La<br />

Joconde si son histoire n'avait pas été également exceptionnelle.<br />

Acquise par François I, soit directement à Léonard de Vinci, durant son séjour en France,<br />

soit à sa mort, auprès de ses héritiers, ce tableau est demeuré dans les collections<br />

royales depuis le début du XVI siècle jusqu'à la création du Museum Central des Arts au<br />

Louvre en 1793. Nous savons qu'il fut conservé à Versailles sous Louis XIV <strong>et</strong> qu'il était<br />

aux Tuileries durant le Premier Empire. Depuis la Restauration, <strong>Mona</strong> <strong>Lisa</strong> est toujours<br />

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restée au musée du Louvre, pièce maîtresse des collections nationales. Etudiée par les<br />

historiens <strong>et</strong> les peintres, qui la copièrent fréquemment, la Joconde devait devenir<br />

mondialement célèbre après son vol en 1911. Le 21 août 1911, un peintre italien un peu<br />

fou, Vincenzo Peruggia l'avait en eff<strong>et</strong> dérobée afin de la rendre à son pays d'origine.<br />

Après une longue enquête policière, durant laquelle on suspecta tout le monde, y compris<br />

les peintres cubistes <strong>et</strong> le poète Guillaume Apollinaire, qui avait un jour crié qu'il fallait<br />

"brûler le Louvre". <strong>Mona</strong> <strong>Lisa</strong> fut r<strong>et</strong>rouvée en Italie presque deux années plus tard <strong>et</strong><br />

réaccrochée au Louvre, traitée avec les honneurs d'un chef d'état, après avoir occupé,<br />

durant toute c<strong>et</strong>te période, les premières pages de tous les journaux du monde.<br />

Depuis lors, ce tableau est véritablement devenu un obj<strong>et</strong> de culte, sacralisé jusqu'à<br />

l'excès.<br />

Les deux voyages qu'elle effectua au XX siècle, en 1963 aux Etats-Unis <strong>et</strong> en 1974 au<br />

Japon, furent des succès sans précédent, l'œuvre étant mieux accueillie par les foules<br />

qu'une star du cinéma. Ces deux voyages participèrent d'ailleurs beaucoup à sa notoriété,<br />

comme le vol de 1911, <strong>et</strong> les publics japonais <strong>et</strong> américains vouent depuis lors un<br />

véritable culte à c<strong>et</strong>te œuvre qui séjourna quelques semaines sur leur territoire <strong>et</strong> devant<br />

laquelle des centaines de milliers de visiteurs défilèrent.<br />

Un créateur hors du commun <strong>et</strong> une technique sans faille, liés aux mystères de son<br />

modèle <strong>et</strong> de son histoire, furent donc à l'origine d'un engouement étonnant pour <strong>Mona</strong><br />

<strong>Lisa</strong> qu'aucune autre oeuvre d'art n'a connu jusqu'alors. Peut-être d'ailleurs le fait que ce<br />

tableau représente une figure humaine, c'est-à-dire ni une scène religieuse ou profane,<br />

thèmes toujours datés <strong>et</strong> oubliés dès que les modes s'estompent, ni un paysage ou une<br />

nature morte, des suj<strong>et</strong>s parfois trop intellectuels, expliquent sûrement c<strong>et</strong>te passion des<br />

foules. En eff<strong>et</strong>, le genre du portrait, genre directement accessible pour le public, a<br />

toujours été populaire <strong>et</strong> Léonard lui-même, semblant prédire déjà le succès de ce<br />

portrait, n'avait-il pas écrit : "Ne vois-tu pas que parmi les beautés humaines, c'est le<br />

beau visage qui arrête les passants, <strong>et</strong> non les ornements riches...", insistant ainsi sur les<br />

mystères des échanges du regard d'un visiteur avec ce visage étrange <strong>et</strong> souriant.<br />

(Source : Vincent Pomarède, Conservateur au département des Peintures du musée du<br />

Louvre)<br />

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3. <strong>Mona</strong> <strong>Lisa</strong> <strong>et</strong> l’histoire de l’art<br />

Une source d'inspiration<br />

Dès le XVIe siècle, La Joconde inspira de nombreux peintres, qui en firent des copies <strong>et</strong><br />

imitations plus ou moins fidèles. Parallèlement à la réalisation de nombreuses copies,<br />

soit le tableau réputé de Léonard de Vinci était remanié, soit certains de ses éléments<br />

créatifs étaient dégagés de l’original <strong>et</strong> intégrés dans de nouvelles compositions<br />

picturales. Des exemples sont présentés ci-après.<br />

Jean-Baptiste Corot, Robert Delaunay <strong>et</strong> Fernand Léger en ont tiré des variations. Au XXe<br />

siècle les surréalistes, pour protester contre « l'art établi » détournèrent le tableau.<br />

<strong>Mona</strong> <strong>Lisa</strong> se vit affublée d'une moustache par Salvador Dali, <strong>et</strong> par Marcel Duchamp<br />

sous le titre « L.H.O.O.Q. », reçut une pipe dans la bouche, chevaucha une moto, fut<br />

déguisée en ange de la mort, en chien ou en sirène... D'autres arts s'en sont emparés :<br />

des chanteurs, comme Barbara (paroles <strong>et</strong> musique de Paul Braffort) ou Serge<br />

Gainsbourg l'ont chantée. Des auteurs « jocondoclastes », de Jean Margat à l'oulipien<br />

Hervé Le Tellier, ont fait d'elle un personnage littéraire.<br />

3.1 <strong>Mona</strong> <strong>Lisa</strong> en tant que thème de l’art moderne <strong>et</strong> contemporain<br />

Exercices/questions didactiques:<br />

Questions pouvant être éventuellement discutées avec les élèves:<br />

a) Qu’est-ce que les artistes ont modifié dans leur représentation de <strong>Mona</strong> <strong>Lisa</strong>?<br />

b) Pourquoi <strong>Mona</strong> <strong>Lisa</strong> est-elle si intéressante pour les artistes d’époques ultérieures?<br />

c) S’agit-il toujours de portraits?<br />

d) Les œuvres d’art qui ont pour thème La <strong>Mona</strong> <strong>Lisa</strong> de Léonard de Vinci plaisentelles<br />

aux élèves?<br />

e) A quoi ressemblerait votre <strong>Mona</strong> <strong>Lisa</strong>?<br />

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La Joconde par Marcel Duchamp :<br />

L.H.O.O.Q., 1919, carte postale, crayon,<br />

19,7 x 12,4 cm<br />

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Marcel Duchamp: L.H.O.O.Q., 1919, carte postale, crayon,<br />

19,7 x 12,4 cm<br />

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<strong>Centre</strong><strong>PasquArt</strong> Médiation culturelle<br />

P<strong>et</strong>er Marx: <strong>Mona</strong> <strong>Lisa</strong> Portraits, 1993, Limited Edition Serigraph, 200 S/N<br />

Size - 30 x 40 inches<br />

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<strong>Centre</strong><strong>PasquArt</strong> Médiation culturelle<br />

Mary Ann Sampson, <strong>Mona</strong> <strong>Lisa</strong> in the Heart of Dixie Lounge, 1999, 21 x 16 x 8" mixed<br />

media book sculpture. Small hand-made book with pages of <strong>Mona</strong> <strong>Lisa</strong> s<strong>et</strong> on "lounge"<br />

table. Housed in cardboard house with roof lifted up. Interior of box contains table with<br />

book,.<br />

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<strong>Centre</strong><strong>PasquArt</strong> Médiation culturelle<br />

Robert Silver, <strong>Mona</strong> <strong>Lisa</strong> "Photomosaic"<br />

Robert Silver, <strong>Mona</strong> <strong>Lisa</strong>, Détail<br />

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<strong>Centre</strong><strong>PasquArt</strong> Médiation culturelle<br />

Robert Rauschenberg, <strong>Mona</strong> <strong>Lisa</strong>, couverture de livre<br />

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<strong>Centre</strong><strong>PasquArt</strong> Médiation culturelle<br />

Andy Warhol: <strong>Mona</strong> <strong>Lisa</strong>, 1963, Serigraph, 44 1/8 x 29 1/8 inches, New York,<br />

Eleanor Ward Coll<br />

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<strong>Centre</strong><strong>PasquArt</strong> Médiation culturelle<br />

Jean-Michel Basquiat, <strong>Mona</strong> <strong>Lisa</strong> , 1983<br />

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<strong>Centre</strong><strong>PasquArt</strong> Médiation culturelle<br />

Fernando Botero, <strong>Mona</strong> <strong>Lisa</strong><br />

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Fernand Leger, <strong>Mona</strong> <strong>Lisa</strong> with Keys 1930<br />

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4. Sources<br />

• Frank Zöllner: Leonardo da Vinci, <strong>Mona</strong> <strong>Lisa</strong>: das Porträt der <strong>Lisa</strong> del Giocondo,<br />

Legende und Geschichte. Fischer, Frankfurt am Main 1994. ISBN 3-596-11344-X<br />

• Maike Vogt-Lüerssen: Wer ist <strong>Mona</strong> <strong>Lisa</strong>?; Norderstedt 2003.<br />

• Jean-Pierre Mohan/Michel Menu/Bruno Mottin (Hrsg.): Im Herzen der <strong>Mona</strong> <strong>Lisa</strong> -<br />

Dekodierung eines Meisterwerks, (Eine wissenschaftliche Expedition in die<br />

Werkstatt des Leonardo da Vinci in Zusammenarbeit mit dem <strong>Centre</strong> de Recherche<br />

<strong>et</strong> de Restauration des Musées de France), Verlag Schirmer/Mosel, München 2006.<br />

• Donald Sassoon: <strong>Mona</strong> <strong>Lisa</strong>: the history of the world's most famous painting.<br />

Harper Collins, London 2001.<br />

• Horst W. Janson: DuMonts Kunstgeschichte unserer Welt, Köln 1968<br />

• Kenn<strong>et</strong>h Clark, Leonardo da Vinci in Selbstzeugnissen und Bilddokumenten,<br />

Rowohlt Verlag, Reinbek bei Hamburg 1976<br />

• Bruno Santi, Leonardo da Vinci, Florenz 1986<br />

• Elke Linda Buchholz. Leonardo da Vinci, Leben und Werk, Könemann<br />

Verlagsgesellschaft mbH, Köln 1999.<br />

• Ingo F. Walther (Hg.): Malerei Der Welt. Eine Kunstgeschichte in 900 Bildanalysen.<br />

Von der Gotik bis zur Gegenwart, Köln 1999.<br />

• Daniel Arasse, Leonardo da Vinci, Köln 2002.<br />

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