CENT CULOTTES ET SANS PAPIERS - Espace Malraux
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<strong>CENT</strong> <strong>CULOTTES</strong><br />
<strong>ET</strong> <strong>SANS</strong> <strong>PAPIERS</strong><br />
Compagnie ARIADNE<br />
Du mardi 8 au jeudi 10 novembre 2011<br />
Théâtre Charles Dullin<br />
Chambéry<br />
Contact<br />
Service des relations avec le public<br />
rp@espacemalraux-chambery.fr<br />
04 79 85 83 30
<strong>CENT</strong> <strong>CULOTTES</strong><br />
<strong>ET</strong> <strong>SANS</strong> <strong>PAPIERS</strong><br />
Compagnie ARIADNE<br />
Une veste militaire taille trente-quatre tâchée de chocolat, une cagoule bleu marine, un<br />
mouchoir blanc, trente blouses grises année scolaire 1941 et une étoile jaune… Ils<br />
gisent là, objets quotidiens oubliés dans les coins et recoins d’une cour d’école. Ils sont<br />
les clés qui nous mèneront aux véritables personnages de cette pièce : Samir l’enfant<br />
reconduit à la frontière, Courpartout l’élève souffre-douleur, Bérénice la fille dont tout le<br />
monde est amoureux… Ils portent en eux une époque ou un moment de vie singulier et<br />
témoignent d’une histoire plurielle : celle, minuscule, d’une bagarre de récré et celle,<br />
bien plus grande, de l’école communale au fronton de laquelle est écrit : Liberté,<br />
Égalité, Fraternité.<br />
Cent Culottes et sans papiers est une chronique poétique du monde scolaire, construite<br />
comme une suite de micro-nouvelles. Récit dialogué, monologue, listes, comptine…<br />
chaque fragment offre un nouveau regard, tendre ou cruel, sur l'enfance. Au fil des<br />
mots, une image se dessine, un constat sur le monde moderne, drôle mais inquiétant,<br />
bien loin du rêve des Lumières.<br />
Après Alice pour le moment, présenté à Chambéry en 2010, Anne Courel retrouve<br />
Sylvain Levey. Elle relève le défi proposé par l'auteur : donner vie aux objets inanimés<br />
et les faire parler pour qu'ils livrent aux enfants d'aujourd'hui leurs précieux messages<br />
de liberté, de citoyenneté et de révolte poétique.<br />
Texte : Sylvain LEVEY<br />
Ce texte est publié aux éditions Théâtrales (collection « Théâtrales jeunesse »)<br />
Mise en scène : Anne COUREL<br />
Assistant à la mise en scène : Marijke BEDLEEM<br />
Avec : Hélène PIERRE<br />
Florent GOUËLOU<br />
Gérald ROBERT-TISSOT<br />
Musicien et régisseur en tournée : Raphaël VUILLARD<br />
Direction technique : Jean-Pierre NAUD<strong>ET</strong><br />
Scénographie : Yves PEREY<br />
Création Lumières : Hubert ARNAUD<br />
Costumes : Marie-Frédérique FILLION<br />
Photographies : Christian GAN<strong>ET</strong><br />
Visuel : Jérôme GRANJON - Pupik<br />
Spectacle co-produit par le Centre Culturel Théo Argence. Cette création bénéficie de l’aide de la Région Rhône-<br />
Alpes dans le cadre de l’APSV : Réseau des villes. Avec l’Aide de la SPEDIDAM et le soutien de l’ABC à Dijon. La<br />
Compagnie Ariadne est en convention triennale avec le Ministère de la Culture et de la Communication / DRAC<br />
Rhône-Alpes et La Région Rhône-Alpes. Elle est subventionnée par le Conseil Général de l’Isère.<br />
1
L’HISTOIRE<br />
LIBERTE<br />
ÉGALITE<br />
FRATERNITE<br />
Pour une longue<br />
Très longue<br />
Longue et douloureuse<br />
Histoire<br />
Histoire de France<br />
Des sans culottes<br />
Aux enfants de sans papiers.<br />
Ce n’est pas une pièce avec un début,<br />
un milieu, une fin. L’histoire est<br />
plurielle, parce que construite comme<br />
un enchaînement de petites histoires<br />
qui se succèdent l’air de rien pour<br />
écrire l’histoire de tout un chacun que<br />
nous sommes. Cette construction nous<br />
enjoint à regarder notre histoire comme<br />
une partie – petite, voire toute petite<br />
mais bien réelle – de la grande<br />
Histoire.<br />
Nous voyageons au gré des objets<br />
oubliés dans les coins et recoins de la<br />
« communale » juste après la première guerre mondiale, dans les années<br />
50 ou au XXI ème siècle.<br />
Chaque objet porte en lui une histoire, sert de support à l’évocation d’une<br />
époque, de moments de vie singuliers.<br />
Sous la plume de Sylvain LEVEY, l’école devient le miroir de notre société<br />
et de sa consommation effrénée. Il recense ces affaires futiles ou utiles<br />
que la pub et les goûts tentent d’imposer aux enfants.<br />
Il montre ces choses qui révèlent ce qu’on est, il dévide la complainte du<br />
progrès, dresse un inventaire sensible de ces objets inanimés racontant<br />
toute une histoire de France.<br />
À coups de petites chroniques poétiques ou d’aphorismes politiques,<br />
l’auteur observe la relation entre les habits et les enfants et lance ici un<br />
pavé, comme un petit manuel d’instruction civique.<br />
L’auteur nous invite à une réflexion citoyenne sur le monde qui nous<br />
entoure. Il présente l’univers scolaire comme la caisse de résonance de la<br />
société contemporaine. Il nous interpelle ainsi sur l’actualité grâce à son<br />
écriture poétique, forte et engagée. Le texte avance de séquence en<br />
séquence et peu à peu la magie opère pour écrire avec les spectateurs<br />
une histoire particulière.<br />
2
NOTE D’INTENTION<br />
Avec cette pièce, Sylvain dresse<br />
l’inventaire sensible des objets qu’il trouve<br />
dans une des écoles de la république, une<br />
de celles dont le fronton arbore fièrement<br />
LIBERTE – EGALITE – FRATERNITE.<br />
L’air de rien, de la cave au grenier, dans<br />
les classes et la cour de récré, il glane,<br />
ramasse, observe et fait parler les objets,<br />
nous racontant toute une histoire de<br />
France, des sans-culottes… aux sans<br />
papiers.<br />
Il nous entraîne apparemment dans les<br />
petites histoires du quotidien… De la<br />
cagoule oubliée de Samir – disparu.<br />
Expulsé ? Peut-être… au pantalon<br />
« militaire » de Clémence, mal nommée,<br />
du pull immense dans lequel disparaît<br />
presque Courpartout, souffre-douleur de la<br />
communauté scolaire, aux vêtements de<br />
marque sans lesquels évidemment on ne<br />
peut affronter la rentrée !<br />
Il nous propose un voyage dans le temps<br />
de nos histoires : celles qui s’écrivent au<br />
présent et celles passées qui fondent –<br />
aussi- notre rapport au présent.<br />
Pour Cent culottes et sans papiers, Sylvain Levey ose une écriture culottée, ambitieuse,<br />
moins narrative avec un recueil de très courts textes proches de la poésie. Ses récits<br />
aux allures d’inventaire un peu futile, intriguent, déstabilisent, jusqu’à ce qu’ils prennent<br />
sens et s’avèrent finalement éminemment politiques et sensibles.<br />
Peu à peu, on entre dans la danse et l’on s’aperçoit qu’il traite de nombreux sujets<br />
d’actualité. À coups de petites chroniques poétiques où il serait question d’habits, il<br />
développe une proposition dramaturgique très profondément ancrée dans notre histoire<br />
contemporaine, rejoignant nombre de nos questions d’actualité. D’énigmatique,<br />
l’inventaire devient fable, il se structure. Ce qui semblait tenir de la comptine « facile »<br />
révèle une architecture complexe… tout s’enchaîne naturellement comme :<br />
marabout’d’ficelle.<br />
Parce que Sylvain sait proposer de vrais matériaux pour la scène, peu à peu, derrière<br />
les vêtements oubliés, on voit les enfants ! En ajustant la focale, on devine les adultes<br />
et leurs jeux sociaux, on retrouve soudain la mémoire sociale. D’associations d’idées en<br />
glissements sémantiques, l’étoile jaune de la blouse grise devient médaille, l’expulsion<br />
probable de Samir prend le devant de la scène, les liens se font naturellement…<br />
Cette petite école devient le miroir de notre société et de son système de<br />
consommation effréné… Dans l’ombre, Jules Ferry en prend un coup ! Et nous aussi !<br />
De façon absolument non didactique, la pièce nous invite à revisiter nos manuels<br />
d’histoire et d’instruction civique, nous met face aux questions éminemment et<br />
urgemment contemporaines de la nation et de sa devise républicaine.<br />
3
PISTE DE CREATION<br />
L’objectif consiste à inventer un dispositif<br />
simple et ludique afin que ce spectacle<br />
puisse vivre à la fois dans un théâtre et<br />
hors les murs. Ce sera donc une<br />
proposition théâtrale autonome, facile à<br />
transporter afin qu’elle puisse aller à la<br />
rencontre des spectateurs dans les<br />
maisons publiques, les foyers ruraux, les<br />
écoles ou tout autre lieu de partage. On<br />
s’offrirait un rêve, on partirait du postulat<br />
que l’école serait pour tout le monde, qu’on<br />
pourrait y grandir à l’abri de la haine et de<br />
la bêtise : l’ombre de Jules Ferry planerait, tous les espoirs seraient permis ! La<br />
scénographie doit évoquer – dans un premier temps – un univers calme et sûr de lui.<br />
Parallèlement, il s’agira de développer une dynamique de jeu privilégiant de courtes<br />
scènes, très rapides, traversant le temps sans respect de l’histoire.<br />
Concrètement, la scène est le tableau noir, on est dans une boîte noire. Nous sommes<br />
ensemble dans une école que tout le monde (re)connaît et qui nous appartient à tous.<br />
Une école esquissée par ce qui émerge de nos souvenirs communs de citoyen en<br />
herbe ou de citoyen plus expérimenté : l’odeur de la craie, le tableau à effacer, les<br />
récitations de poésies, les globes et les cartes, les fautes d’orthographe et l’encre qui<br />
tache, les pupitres, les tables de multiplication, les chaussons de gymnastique, le portemanteau<br />
à sa taille et à son nom, les billes et l’élastique, les genoux dans la terre, les<br />
odeurs de la cantine, les frises qui écrivent le temps qui passe, la « souris verte », les<br />
poèmes de Desnos, Maurice Carême et Prévert, l’arrivée des chansons de Mickey 3D<br />
au répertoire mais aussi La Marseillaise et derrière, au loin, des notes de « Maréchal<br />
nous voilà », l’équerre et le compas, le survêtement trop court, la cagoule qui gratte,<br />
l’odeur de la colle en bâton, les dessins affichés, la voix de la maîtresse, les ballons<br />
coincés sur le toit, le bitume de la cour, les grilles qui délimitent l’univers autorisé, les<br />
bonbons interdits… tout ce qui fait que l’on apprend à vivre ensemble et que l’on se<br />
construit un monde à conquérir.<br />
Il nous faudra inviter les spectateurs à circuler avec nous dans le passé et le présent.<br />
Au fil de la représentation, les mots de Sylvain Levey, les chansons et les objets<br />
servants de support au récit construisent une drôle de fresque bancale en complicité<br />
avec le public. Tous ne seront pas présents ni représentés ; nous sommes dans un<br />
monde de souvenirs évoqués, invoqués parfois, un univers poétique où les supports,<br />
comme dans les rêves, ont une logique interne. Tel objet existera sous forme d’une<br />
ombre, pour d’autres nous aurons envie de la matérialité de l’étoffe, de la trivialité du<br />
vêtement, tel autre n’existera que dans les mots… souvent nous vous les chanterons !<br />
Peu à peu on devine un fronton, pas très droit – on dirait qu’il tangue et prend de la gîte,<br />
mais il résiste ! C’est fragile mais incontestablement, on devine les mots LIBERTE<br />
EGALITE FRATERNITE écrits en lettres-objets (ce pull abandonné ne dessinerait-il pas<br />
un N ?), en lettres projetées, en ombres portées comme un engagement plein d’espoir.<br />
4
ATELIERS<br />
1 – LIBERTE / EGALITE / FRATERNITE<br />
A chaque objet découvert dans le texte, une question sur le vivre ensemble est<br />
associée. Par exemple, Jimmy était beau, avec son blouson de cuir un aigle dans le<br />
dos, une mèche blonde lui tombait sur l’œil gauche. Mais « La faute au foulard autour<br />
du cou, il aimait les jeux idiots ». S’il faut maintenant parler de Jimmy au passé, c’est à<br />
cause du jeu du foulard : aborder les risques de ces pratiques border-line, dont les<br />
enfants valorisent le frisson sans toutefois réaliser le danger mortel qu’elles<br />
représentent.<br />
« Haut comme trois pommes, voilà ce qu’ils disent de moi. (…) Courpartout c’est mon<br />
surnom, tout le monde m’appelle Courpartout ». Un garçon montré du doigt, moqué, qui<br />
amuse la galerie à ses dépends : le débat est ouvert sur les souffre-douleurs dans un<br />
groupe, les boucs-émissaires, les enfants humiliés ou tout simplement marginalisés au<br />
sein d’une classe.<br />
Lorsque l’on trouve la cagoule bleu marine, l’imagination peine à mettre un nom sur les<br />
initiales effacées : « S » comme Stéphane, comme Sophie, comme Steven, comme<br />
Sidonie ? Difficile de nommer Samir et de réaliser qu’il est bel et bien parti, « reparti au<br />
pays sans la cagoule ». Cette cagoule de Samir permet d’aborder le racisme, la<br />
difficulté à vivre entre deux pays, sans papiers.<br />
Ces trois exemples ouvrent sur la possibilité de construire des ateliers orientés sur le<br />
vivre ensemble, la citoyenneté, l’instruction civique.<br />
2 – PARCOURS DRAMATURGIQUE<br />
Comment peut-on faire du théâtre à partir de textes qui semblent non théâtraux ?<br />
Lorsque Sylvain LEVEY évoque sa manière de travailler, il désacralise le texte de<br />
théâtre. C’est une autre façon d’écrire, pas nécessairement articulée par des dialogues<br />
ou régie par les codes théâtraux traditionnels. Voici ce qu’il dit sur <strong>CENT</strong> <strong>CULOTTES</strong><br />
<strong>ET</strong> <strong>SANS</strong> <strong>PAPIERS</strong> :<br />
Il faut lire ce texte une première fois car l’ordre a une logique, la mienne. La mienne<br />
de logique associe la rythmique et le paysage. Pour définir mon paysage et mon<br />
rythme j’ai suspendu mon texte à la verticale, feuille à feuille, un texte (un vêtement)<br />
sur chaque feuille et j’ai regardé le vide et le plein de ces feuilles et j’ai déplacé puis<br />
déplacé de nouveau puis encore jusqu’à trouver le paysage qui me convenait. C’est<br />
un jeu qui associe donc ce paysage (l’œil) et le rythme (l’oreille). Un texte court après<br />
deux longs, pourquoi pas, un texte dialogué long après un monologue court suivi<br />
d’une liste ou d’une phrase seule, deux dialogues de suite mais un à deux voix et<br />
l’autre à trois intercalés par un monologue ou un texte narratif… Cela paraît<br />
technique, cela ne l’est pas. C’est instinctif. C’est animal.<br />
Ensuite il faut faire du trampoline et sauter de texte à texte, passer par-dessus<br />
certains pour associer deux textes qui se répondent. Toutes les combinaisons sont<br />
possibles et s’expliquent et ont leur propre personnalité. Chaque combinaison<br />
provoque des chocs et des paysages et rythmes qui lui sont propres.<br />
En s’emparant théâtralement de <strong>CENT</strong> <strong>CULOTTES</strong> <strong>ET</strong> <strong>SANS</strong> <strong>PAPIERS</strong>, on peut se<br />
poser par exemple les questions suivantes :<br />
5
• Comment donner corps et vie à un texte narratif ou descriptif ?<br />
• Comment amener les élèves au jeu dramatique bien qu’il n’y ait pas toujours de<br />
dialogues ?<br />
• Comment rendre concret un texte elliptique et poétique ?<br />
• Comment aborder un travail choral à partir d’un texte écrit en monologue ?<br />
• Comment imaginer ensemble qui parle, par quoi celui qui parle est-il mû, quels<br />
sont les enjeux d’une scène quand il n’y a pas d’indications sur les<br />
personnages ?<br />
• Comment s’appuyer sur le rythme du texte, la précision de la ponctuation, la<br />
vivacité du langage et les sons des mots ?<br />
• Comment créer un espace, des rapports humains ou des rapports de force en<br />
imaginant tout ce qui n’est décrit par aucune didascalie ? (déplacements,<br />
utilisation éventuelle d’objet, la position des comédiens les uns par rapport aux<br />
autres, par rapport au public…) ?<br />
3 – QUOTIDIEN SCOLAIRE / VIE / MONDE<br />
Voici un corpus de textes mettant au centre de l’histoire des enfants ou des adolescents<br />
et permettant de parler de leur quotidien.<br />
Dans <strong>CENT</strong> <strong>CULOTTES</strong> <strong>ET</strong> <strong>SANS</strong> <strong>PAPIERS</strong>, j’ai écrit un théâtre de micro-nouvelles.<br />
La micro-nouvelle comme son nom l’indique est une nouvelle réduite au strict minimum.<br />
Ce sont des micro-histoires qui mises ensemble racontent une grande. Sylvain LEVEY.<br />
Comment à partir de leur propre vie et de leurs propres histoires, les élèves peuvent-ils<br />
raconter une histoire partagée par tous ? Comment à partir de petites histoires, de<br />
l’histoire d’objets abandonnés peut-on dire la grande histoire avec décalage et poésie ?<br />
On peut s’appuyer notamment sur Cent culottes et sans papiers, ou Alice pour le<br />
moment de Sylvain LEVEY mais aussi sur des textes d’autres auteurs : Le Journal de<br />
Grosse Patate et Les Saisons de Rosemarie de Dominique RICHARD, Mangemoi de<br />
Nathalie PAPIN, L’enfant caché dans l’encrier de Joël JOUANNEAU, Jojo le Récidiviste<br />
de Joseph DANAN, Jojo au bord du monde de Stéphane JAUBERTIE…<br />
La proximité puis le décalage que permet le théâtre peuvent être la base de la<br />
construction d’un travail qui, s’il part de la vie quotidienne des jeunes, les amènent à<br />
prendre du recul par la poésie et le jeu dramatique.<br />
4 – L’ECRITURE DE SYLVAIN LEVEY<br />
L’univers de Sylvain LEVEY puise dans l’humour et la poésie, mais s’appuie aussi sur<br />
la politique au sens premier du terme : les questions que pose la vie ensemble dans la<br />
cité.<br />
À travers des textes comme Alice pour le moment, <strong>CENT</strong> <strong>CULOTTES</strong> <strong>ET</strong> <strong>SANS</strong><br />
<strong>PAPIERS</strong>, Lys Martagon, O ciel la procréation est plus aisée que l’éducation ou<br />
Ouasmok ?, Sylvain LEVEY explore les rapports entre jeunes, les mondes imaginaires<br />
qu’ils se construisent pour mieux appréhender celui dans lequel ils vivent, les errances<br />
de l’adolescence, les tourments d’une société de classe moyenne ou la vie dans la cité.<br />
Il décrit une réalité contemporaine sans concession, mais le fait avec grâce et poésie,<br />
sans apitoiement, et avec humour. Il est possible de travailler sur un corpus de ses<br />
textes mettant en lien différents extraits, différents styles de son écriture, dialogues<br />
mordants, drôles ou percutants, monologues à travailler seul ou en choeur, extraits plus<br />
lyriques et poétiques.<br />
6
SYLVAIN LEVEY<br />
Dans <strong>CENT</strong> <strong>CULOTTES</strong> <strong>ET</strong> <strong>SANS</strong><br />
<strong>PAPIERS</strong>, j’ai écrit un théâtre de micronouvelles.<br />
La micro-nouvelle comme son<br />
nom l’indique est une nouvelle réduite au<br />
strict minimum. Ce sont des micro-histoires<br />
qui mises ensemble racontent une grande.<br />
Il faut lire ce texte une première fois car<br />
l’ordre a une logique, la mienne. La mienne<br />
de logique associe la rythmique et le<br />
paysage. Pour définir mon paysage et mon<br />
rythme, j’ai suspendu mon texte à la<br />
verticale, feuille à feuille, un texte (un<br />
vêtement) sur chaque feuille et j’ai regardé<br />
le vide et le plein de ces feuilles et j’ai<br />
déplacé puis déplacé de nouveau puis<br />
encore jusqu’à trouver le paysage qui me<br />
convenait. C’est un jeu qui associe donc ce<br />
paysage (l’œil) et le rythme (l’oreille). Un<br />
texte court après deux longs, pourquoi pas,<br />
un texte dialogué long après un monologue<br />
court suivi d’une liste ou d’une phrase<br />
seule, deux dialogues de suite mais un à<br />
deux voix et l’autre à trois intercalés par un<br />
monologue ou un texte narratif… Cela paraît technique, cela ne l’est pas. C’est<br />
instinctif. C’est animal.<br />
Ensuite il faut faire du trampoline et sauter de texte à texte, passer par-dessus certains<br />
pour associer deux textes qui se répondent. Toutes les combinaisons sont possibles et<br />
s’expliquent et ont leur propre personnalité. Chaque combinaison provoque des chocs<br />
et des paysages et rythmes qui lui sont propres.<br />
Sylvain Levey<br />
Sylvain Levey est né en 1973 dans les Yvelines. Auteur et comédien, il travaille<br />
principalement avec les Compagnies Felmur – Gweltaz Chauviré et Zusvex – Marie<br />
Bout -. Il a un temps dirigé le Théâtre du Cercle à Rennes où il a créé le p’tit Festival<br />
(théâtre par les enfants pour tout public).<br />
Il a été lauréat de la Journée des auteurs de théâtre de Lyon en 2003 et de Nîmes<br />
Culture en 2004 ; a reçu l’aide de la DMDTS en 2004 pour Ô Ciel la procréation est plus<br />
aisée que l’éducation ; il a été nominé en 2006 au Grand prix de littérature dramatique<br />
avec Ouasmok ?, en 2008 avec Pour rire pour passer le temps et au prix collidram en<br />
2009 avec Alice pour le moment et 2010 avec Cent culottes et sans papiers ; a reçu la<br />
Bourse découverte du CNL en 2006 et la bourse du CNT en 2008.<br />
7
Il a été associé au Théâtre Gérard Philipe de St Denis en compagnie de Michel<br />
Simonot, Lancelot Hamelin et Philippe Malone durant la saison 2006/2007 ; il ont écrit<br />
ensemble L’extraordinaire tranquillité des choses édité à l’<strong>Espace</strong> 34 et fondé le<br />
collectif P<strong>ET</strong>ROL.<br />
Fait de nombreuses résidences (<strong>Espace</strong> 600 à Grenoble, la Ferme Godier à Villepinte,<br />
Théâtre des Gros becs à Quebec, Salla Beckett à Barcelone, à Stockholm dans le<br />
cadre du projet européen Labo. Il répond à des commandes d’écriture : comme par<br />
exemple celle de la Cie Ariadne pour qui il a écrit ALICE pour le moment.<br />
Bibliographie<br />
Ouasmok ? – Editions Théâtrales jeunesse (2004)<br />
Ô Ciel la procréation est plus aisée que l’éducation – Editions Théâtrales in Enfants<br />
de la Middle Class Collection Répertoire contemporain (2005)<br />
Par les temps qui courent – Editions Lansman in la Scène aux ados vol. 1 (2004)<br />
Juliette (suite et fin trop précoce) – Editions Théâtrales in Enfants de la middle class<br />
collection répertoire contemporain (2005)<br />
Instantanés - Editions Théâtrales in Court au Théâtre 1 collection jeunesse (2005)<br />
L’extraordinaire tranquillité des choses Avec Lancelot Hamelin, Philippe Malone et<br />
Michel Simonot, Editions <strong>Espace</strong> 34 (2006)<br />
Pour rire pour passer le temps - Editions Théâtrales collection répertoire<br />
contemporain (2007)<br />
Petites pauses poétiques - Editions Théâtrales collection répertoire contemporain<br />
(2007)<br />
Alice pour le moment - Editions Théâtrales collection jeunesse (2008)<br />
Cent culottes et sans papiers - Editions Théâtrales collection jeunesse (2010)<br />
8