Médicaments et allaitement 1. Introduction : La ... - Petit Fichier
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Médicaments <strong>et</strong> <strong>allaitement</strong><br />
<strong>1.</strong> <strong>Introduction</strong> :<br />
<strong>La</strong> prescription d’un médicament pendant l’<strong>allaitement</strong> est conditionnée à la fois<br />
par des données relatives au médicament <strong>et</strong> par des données relatives à l’enfant<br />
<strong>et</strong> à la mère. Les études sur c<strong>et</strong>te population n’étant pas effectuées, les<br />
ouvrages habituellement utilisés par le prescripteur vont présenter des<br />
insuffisances. <strong>La</strong> recommandation fréquemment effectuée par les fabricants est<br />
soit d’éviter l’<strong>allaitement</strong> pendant la prise du médicament soit d’éviter de<br />
prescrire ce médicament.<br />
Il existe différents systèmes de classement pour les médicaments concernant<br />
leur utilisation durant l’<strong>allaitement</strong> (l’OMS, l’UNICEF, l’Académie Américaine de<br />
Pédiatrie).<br />
Il existe aussi une autre classification très utilisée par les professionnels : celle<br />
de Thomas HALE :<br />
L1 : sûr : molécule utilisée largement chez les femmes allaitantes sans<br />
avoir noté d’eff<strong>et</strong>s indésirables chez l’enfant.<br />
L2 : rassurant : les données chez la femme qui allaite sont limitées mais<br />
une augmentation des eff<strong>et</strong>s indésirables chez l’enfant n’a pas été mise en<br />
évidence.<br />
L3 : sécurité faible : aucune donnée contrôlée n’est disponible chez la<br />
mère qui allaite. Eff<strong>et</strong>s indésirables chez l’enfant possible ; évaluer le<br />
rapport bénéfice/risque.<br />
L4 : risqué : données positives chez l’enfant ou dose significative dans le<br />
lait maternel. <strong>La</strong> molécule ne doit être administrée à la femme allaitante<br />
que si le bénéfice justifie le risque potentiel chez l’enfant.<br />
L5 : contre-indiqué : risque significatif d’eff<strong>et</strong>s indésirables pouvant être<br />
graves chez l’enfant. Le rapport bénéfice /risque n’est pas en faveur de<br />
l’<strong>allaitement</strong>.<br />
Globalement, ils peuvent être classés comme étant compatible, à éviter ou<br />
incompatible.<br />
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En tant que professionnel, il est important de savoir rechercher l’information au<br />
bon endroit <strong>et</strong> aussi d’aider les professionnels prescripteurs dans leur<br />
recherche. Pour cela, il faut utiliser des documents qui ont une référence<br />
scientifique légale (pas le recueil LLL <strong>et</strong> médicaments) comme certaines livres ou<br />
sites intern<strong>et</strong> comme « www.lecrat.org » qui est le site du Centre de Référence<br />
des Agents Tératogènes. Nous pouvons aussi utiliser les compétences des<br />
centres de pharmacovigilance en place dans les différents départements.<br />
<strong>La</strong> prescription est fortement conditionnée par la représentation de l’<strong>allaitement</strong><br />
maternel <strong>et</strong> sa valeur (idée que se fait le prescripteur sur l’innocuité du sevrage<br />
<strong>et</strong> l’utilisation de PPNRS). Pour certains médecins aucun médicament ne devrait<br />
être donné même si la littérature indique que celui-ci est probablement sans<br />
danger pour l’enfant ou s’il est prescrit aux enfants de même âge.<br />
<strong>La</strong> prise de médicament par la mère est fortement conditionnée par ses<br />
représentations. Celle-ci peut majorer l’existence <strong>et</strong> la gravité d’eff<strong>et</strong>s<br />
secondaires possibles <strong>et</strong> minimiser l’intérêt de son lait <strong>et</strong> de l’<strong>allaitement</strong> pour<br />
l’enfant.<br />
A contrario, certaines femmes pensent que le médecin va leur demander l’arrêt<br />
de l’<strong>allaitement</strong>, donc elles vont éviter de consulter, ou consulter leur médecin<br />
pour avoir un diagnostic <strong>et</strong> ne pas prendre ou prendre partiellement le<br />
traitement, ou consulter leur médecin <strong>et</strong> vérifier dans des livres ou auprès<br />
d’autres personnes la compatibilité du traitement.<br />
De manière générale, le nombre de médicaments contre-indiqués chez la femme<br />
qui allaite est très limité <strong>et</strong> pourtant nous entendons encore trop souvent les<br />
mamans nous dirent qu’elles ont sevré brutalement leur bébé à cause d’un<br />
traitement médicamenteux.<br />
Il est préférable d’éviter de suspendre l’<strong>allaitement</strong> quand cela est possible, car<br />
cela entraîne une interruption définitive très souvent. Si cela est nécessaire, il<br />
est important d’accompagner ce sevrage temporaire.<br />
2. Comment s’excrètent les médicaments dans le lait maternel <strong>et</strong> quelle sera la<br />
dose ingérée par l’enfant ?<br />
Plusieurs paramètres entrent en jeu :<br />
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la pharmacocinétique maternelle du médicament est modifiée pendant la<br />
grossesse <strong>et</strong> en post-partum immédiat (augmentation du volume<br />
plasmatique ; diminution des concentrations protéiques ; augmentation du<br />
volume de distribution ; augmentation de la clairance rénale des<br />
médicaments).<br />
la quantité de lait produite : la quantité de médicament excrétée dans le<br />
lait dépend de la quantité bue <strong>et</strong> de la concentration du médicament dans<br />
le lait conditionné par le passage lacté de la molécule, en moyenne<br />
150mg/kg/jour.<br />
L’excrétion des médicaments se produit par diffusion passive influencée<br />
par : le débit sanguin de la glande mammaire ; la liaison aux protéines du<br />
médicament car seule la fraction libre du médicament passe dans le lait<br />
maternel ; l’ionisation de la molécule (rapport lait/plasma) ; la liposolubilité<br />
du médicament avec concentration plus ou moins importante dans les<br />
lipides du lait.<br />
la pharmacocinétique du médicament chez l’enfant n’est pas disponible car<br />
il n’existe pas d’études. On raisonne avec des évaluations :<br />
- la « Relativ Infant Dose » (RID) des anglo-saxons correspond à la dose<br />
maximale théorique ingérée par un nouveau-né exprimé en kg/j. Son calcul<br />
est fait à partir de la concentration lactée maximale entre deux<br />
administrations.<br />
- la dose théorique « DT » reçue par l’enfant par kilo/jour est exprimée en<br />
pourcentage de la dose maternelle rapportée au poids. Lorsqu’elle dépasse<br />
10%, il est admis que l’autorisation ou le maintien de l’<strong>allaitement</strong> doit être<br />
discuté. Rares sont les médicaments pour lesquels ce pourcentage dépasse<br />
1%.<br />
Il faudra être prudent en cas de prématurité puisque l’enfant présente une<br />
immaturité métabolique avec un risque plus élevé d’accumulation du produit.<br />
3. R<strong>et</strong>enir l’essentiel :<br />
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Les premiers jours post-partum, il y a peu de conséquences car les quantités de<br />
colostrum sont trop faibles.<br />
Dans l’ensemble, l’enfant absorbe 1% de la dose maternelle totale.<br />
Pour prescrire un médicament, choisir celui qui est le plus fortement lié aux<br />
protéines plasmatiques, qui a le taux sérique thérapeutique le plus bas, la<br />
biodisponibilité orale la plus basse, la ½ vie la plus courte <strong>et</strong> le rapport<br />
lait/plasma le plus faible.<br />
Le choix se portera sur des molécules qui s’éliminent peu par le lait maternel <strong>et</strong><br />
peu susceptible d’entraîner des eff<strong>et</strong>s indésirables chez l’enfant.<br />
Ne traiter que si strictement nécessaire <strong>et</strong> s’aider avec un ouvrage spécialisé car<br />
beaucoup de médicaments sont déconseillés par manque d’information <strong>et</strong> non à<br />
cause d’une toxicité prouvée.<br />
Aménager les heures de prise du médicament :<br />
- Pour un traitement de courte durée ou en dose unique, n’interrompre<br />
l’<strong>allaitement</strong> que si le médicament est dangereux (attendre 2 ½ vies pour<br />
les substances à risque modéré <strong>et</strong> 5 ½ vies pour les substances à risque<br />
notable).<br />
- Pour les médicaments à prise unique quotidienne, le faire après la tétée du<br />
soir (si le bébé tété la nuit proposer au besoin de tirer du lait dans la<br />
journée).<br />
- Pour les médicaments à ½ vie courte, les prendre juste après la tétée.<br />
4. Quelques exemples de médicaments :<br />
Tous les vaccins sont possibles même les vivants ce sont les adjuvants qui posent<br />
problèmes.<br />
Paracétamol, Ibuproféne : L1<br />
AINS, corticoïde en prise courte : L2<br />
Antidépresseurs courants : L3<br />
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Les médicaments suivants peuvent stimuler la sécrétion lactée : chlorpromazine<br />
LARGACTIL ; métodopramide PRIMPERAN, dompéridone MOTILIUM.<br />
5. BIBLIOGRAPHIE :<br />
Traité sur l’Allaitement Maternel<br />
Biologie de l’<strong>allaitement</strong>, Éd. Presses de l’Université de Québec, chapitre XV<br />
Dr SCHELTRAETE consultante en lactation, cours pour la formation ACLP 2008-<br />
2009<br />
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