ILEC N°361 Mars 2005.qxd - Prodimarques
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semaine et non plus tous les jours. Evoquer un cycle de<br />
vie induit l’idée d’une possible disparition, alors que le<br />
commerce évolue. Les Lidl, Aldi, Leader Price et autres<br />
Attac ou Champion ne sont que l’adaptation modernisée<br />
du succursalisme fondé sur la livraison par entrepôts.<br />
Les forces de vente s’adaptent aux époques, comme le<br />
prouvent la nouvelle enseigne des Galeries Lafayette<br />
centrée sur la maison et le nouveau territoire de<br />
Monoprix, enseigne qu’on disait moribonde il y a peu<br />
de temps. Le renouvellement des formules est cyclique.<br />
L’hypermarché a-t-il encore un avenir ?<br />
J.-P. P. : De même que les grands magasins existent<br />
toujours, l’hypermarché évolue en fonction de la<br />
demande des consommateurs. L’horizontalité, spécificité<br />
du commerce français et plus largement latin, assure<br />
à ce concept une certaine pérennité. L’heure est à la<br />
segmentation, aussi bien du côté de l’offre des industriels<br />
que du côté de celle des magasins. La crise de<br />
l’hypermarché concerne surtout Carrefour, qui a trop<br />
rationalisé et a porté ses efforts à l’international en<br />
oubliant le berceau. Auchan ne connaît pas les mêmes<br />
mésaventures. A en juger par le nombre de sites à transformer<br />
et à rénover, l’hypermarché a encore de beaux<br />
jours devant lui. A condition de ne pas dépasser<br />
10 000 à 12 000 m 2 et de proposer des gammes moins<br />
nombreuses mais plus profondes, et présentées par<br />
univers pour être mieux mises en valeur.<br />
L’hypermarché est-il surtout adapté aux pays émergents ?<br />
J-P.P : La France est-elle encore un pays émergent ?<br />
L’hypermarché est destiné aux pays qui traversent des<br />
ruptures, des chocs brutaux, comme la Pologne ou la<br />
Chine aujourd’hui, l’Espagne ou le Portugal hier : une<br />
nouvelle demande liée au passage rapide d’une société<br />
rurale à une société urbaine appelle une offre adaptée.<br />
A l’inverse, l’Allemagne et la Grande-Bretagne, pays<br />
urbains depuis plus longtemps que la France, ont connu<br />
une transition commerciale moins brutale, qui n’appelait<br />
pas obligatoirement le concept d’hypermarché.<br />
Preuve que le commerce est le reflet de la société, le hard<br />
discount est né en 1945 dans une Allemagne dévastée par<br />
la guerre. Aux États-Unis, berceau du centre commercial,<br />
l’hypermarché n’a pas sa raison d’être.<br />
Comment conjuguer compétence managériale et expertise<br />
produit ?<br />
J.-P. P. : Le commerce est par essence affaire de<br />
contacts avec les consommateurs. A trop s’éloigner<br />
d’eux, pour privilégier les actionnaires, le commerçant<br />
risque de perdre sa raison d’être et de ne plus sentir le<br />
terrain. Casino et Auchan l’ont bien compris : leur<br />
direction opérationnelle est aux mains de commerçants.<br />
Quel avenir pour le commerce en centre-ville ?<br />
J.-P. P. : Trois problèmes n’ont toujours pas été réglés :<br />
les livraisons, le stationnement et l’accès au centre-ville.<br />
On n’attire pas les enseignes avec des pots de fleurs.<br />
L’erreur est de confondre le commerce de quartier et<br />
le commerce de centre-ville. Le premier a disparu. La<br />
survie du second passe par la création d’axes ou de<br />
pénétrantes avec accès aux parkings, afin de dégager des<br />
espaces ou des rues piétonnes pour un commerce<br />
tourné vars l’achat de plaisir.<br />
Propos recueillis par Jean Watin-Augouard<br />
Les voies d’un nouvel hypermarché<br />
R<br />
T<br />
ous les trente ans, une révolution commerciale<br />
bouleverse le tissu commercial français.<br />
Celle qui se dessine va-t-elle proposer<br />
des « minitemps » pour les achats fonctionnels<br />
et des « capteurs de temps » pour les<br />
achats de plaisir ?<br />
Entretien avec Philippe Cahen, consultant en prospective<br />
L’hypermarché traverse-t-il une crise conjoncturelle ou durable ?<br />
Philippe Cahen : Les causes de l’essoufflement du<br />
modèle hypermarché sont de nature démographique,<br />
géographique et économique. Sur le plan démographique,<br />
deux grandes catégories de population se distinguent:<br />
les moins de 35 ans et les plus de 50 ans.<br />
Ces derniers, qui ont vu naître l’hypermarché, le considèrent<br />
comme un signe de modernité, ils sont fidèles<br />
à ce concept qui leur a permis de bénéficier des Trente<br />
Glorieuses, grâce à l’augmentation du pouvoir d’achat<br />
mais le nombre de personnes dans leur foyer ne justifie<br />
plus de s’y rendre aussi souvent. Pour les moins de<br />
35 ans, l’hypermarché est une contrainte, une obligation,<br />
une image du passé liée aux courses du samedi aprèsmidi<br />
avec papa et maman. Sur le plan budgétaire, il<br />
occasionne des dépenses supplémentaires que les moins<br />
de 35 ans jugent superflues. La crise de l’hypermarché<br />
tient une de ses causes dans une rupture générationnelle.<br />
Sur le plan géographique, les hypermarchés, pour la<br />
plupart implantés durant les années 1960 à 1980 à la périphérie<br />
des villes, se situent aujourd’hui dans des zones<br />
résidentielles, habitées par une population au pouvoir<br />
d’achat supérieur à la moyenne. De périphériques, ils sont<br />
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