déclaration des organisations non-gouvernementales ...
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DÉCLARATION<br />
DES ORGANISATIONS NON-GOUVERNEMENTALES INTERNATIONALES<br />
OEUVRANT POUR<br />
LA GESTION DURABLE DES ÉCOSYSTÈMES FORESTIERS DE LA RDC<br />
DANS LE RESPECT DES DROITS ET INTÉRÊTS<br />
DES COMMUNAUTÉS LOCALES<br />
(Forum sur les Forêts de la République Démocratique du Congo, Kinshasa, le 15 février 2006)<br />
Les ONG internationales oeuvrant pour une gestion durable <strong>des</strong> forêts de la RDC souhaitent<br />
remercier le Gouvernement de la RDC ainsi que la Coopération française pour avoir permis<br />
l’organisation de ce forum. Cette <strong>déclaration</strong> vise à identifier les défis auxquels la RDC et ses<br />
partenaires font face et les priorités appelant, selon nous, <strong>des</strong> actions immédiates.<br />
Le Gouvernement de la RDC se voit offrir une formidable opportunité de développer un modèle de<br />
gestion forestière qui soit à la fois durable et qui permette aux communautés les plus pauvres et les<br />
plus marginalisées du pays d’en tirer <strong>des</strong> bénéfices réels. En tant que gardienne de la plus vaste<br />
étendue de forêts tropicales subsistant en Afrique, la RDC est en mesure d’être un précurseur, au<br />
niveau mondial, dans la mise en oeuvre d’un modèle de gestion durable <strong>des</strong> forêts basée sur une<br />
participation réelle de ses communautés locales.<br />
Pour atteindre cet idéal, qui relève selon nous d’une question de volonté politique, les actions<br />
prioritaires à mettre en œuvre sont les suivantes :<br />
1. Evaluation institutionnelle du suivi de l’Agenda prioritaire<br />
a. Respect strict du moratoire et révision rigoureuse de la légalité<br />
Nous saluons l’adoption du décret présidentiel d’octobre 2005 qui réaffirme la validité du moratoire sur<br />
toute nouvelle allocation de concession forestière. Cependant, les violations répétées de ce moratoire<br />
constituent un échec pour toute ambition d’assurer une gestion durable <strong>des</strong> forêts en RDC.<br />
L’application stricte du moratoire est la condition sine qua <strong>non</strong> de la mise en place <strong>des</strong> conditions<br />
nécessaires à une gestion durable <strong>des</strong> forêts en RDC. Nous te<strong>non</strong>s à réitérer notre position commune<br />
exposée dans notre <strong>déclaration</strong> au Forum sur les Forêts organisé à Kinshasa en novembre 2004 et à<br />
réaffirmer ainsi l’actualité <strong>des</strong> mesures prioritaires que nous avions identifiées alors.<br />
Aujourd’hui encore, sur le terrain, <strong>des</strong> concessions attribuées en violation du moratoire sont en pleine<br />
activité. Nous redoutons que ces exploitations, qui violent impunément le droit congolais et les droits<br />
<strong>des</strong> communautés locales, ne s’imposent finalement comme un fait accompli. Une telle hypothèse doit<br />
impérativement être exclue.<br />
Nous te<strong>non</strong>s à ce que la révision de la légalité se réfère strictement à la date du 14 mai 2002, date de<br />
signature de l’arrêté ministériel portant suspension de l’octroi <strong>des</strong> allocations forestieres, ainsi qu’aux<br />
autres critères mentionnés dans le Décret présidentiel du 24 octobre 2005.<br />
Nous recommandons la sanction immédiate et sévère <strong>des</strong> sociétés d’exploitation forestière<br />
ayant violé le moratoire, en commençant par l’arrêt immédiat de leur exploitation illégale..<br />
b. Réalisation d’un zonage participatif<br />
Selon les termes du décret présidentiel, la levée du moratoire est conditionnée à la réalisation de deux<br />
opérations : « la publication <strong>des</strong> résultats définitifs du processus de conversion [...] et l’adoption, sur<br />
base d’un processus consultatif, d’une programmation géographique <strong>des</strong> futures allocations à<br />
l’horizon de trois ans ».<br />
Nous recommandons que soit prévue, comme condition sine qua <strong>non</strong> de la levée du moratoire,<br />
la réalisation d’un plan de zonage participatif visant à reconnaître les droits traditionnels <strong>des</strong><br />
communautés locales, y compris <strong>des</strong> peuples autochtones, basé sur le principe de<br />
consentement préalable, libre et informé.
c. Implication active <strong>des</strong> communautés locales<br />
Les choix cruciaux qui se font aujourd’hui pour l’avenir <strong>des</strong> forêts congolaises, et du même coup pour<br />
leurs habitants, appellent une implication active de ces derniers, principaux intéressés et détenteurs<br />
de droits.<br />
Tous les partenaires engagés dans le développement <strong>des</strong> mesures visant à la mise en oeuvre du<br />
Code forestier de la RDC doivent s’engager à placer les communautés locales au centre <strong>des</strong><br />
processus décidant de la gestion de leurs forêts, dont dépend leur développement, ainsi que celui <strong>des</strong><br />
générations futures.<br />
Nous recommandons que les divers processus d’élaboration <strong>des</strong> mesures d’application du Code<br />
forestier soient menés de manière à permettre la prise en compte <strong>des</strong> droits <strong>des</strong> communautés<br />
locales, y compris <strong>des</strong> peuples autochtones.<br />
d. Renforcement <strong>des</strong> capacités<br />
Nous encourageons le renforcement <strong>des</strong> capacités <strong>des</strong> institutions étatiques, académiques et <strong>non</strong><br />
<strong>gouvernementales</strong> travaillant à une meilleure gestion <strong>des</strong> forêts congolaises.<br />
Nous recommandons à cette fin qu’une attention toute particulière sur les communautés locales,<br />
leur participation active dans la gestion de leurs forêts, et la diversité <strong>des</strong> modèles d’utilisation<br />
<strong>des</strong> forêts - qui ne se limitent pas ou ne soient pas dominés par l’exploitation industrielle du<br />
bois - sous-tendent ce renforcement <strong>des</strong> capacités et au final le travail même de ces<br />
institutions.<br />
Nous recommandons également que les capacités opérationnelles <strong>des</strong> ces institutions soient<br />
renforcées afin d’assurer leur intégrité, l’effectivité et l’efficacité de leur travail sur le terrain.<br />
e. Monitoring indépendant<br />
Un monitoring indépendant est indispensable pour permettre l’application correcte de la législation<br />
forestière, comme déjà mentionné dans notre position commune du 13 novembre 2004.<br />
2. Forêts et développement<br />
Sur base de notre expérience et <strong>des</strong> schémas suivis dans d’autres pays, nous estimons que ce n’est<br />
pas dans l’exploitation industrielle du bois mais bien dans les alternatives à cette exploitation<br />
industrielle que résident les germes d’un développement durable et la possibilité d’atteindre les<br />
objectifs du Millénaire pour le développement.<br />
Ces alternatives doivent à la fois profiter aux communautés locales et préserver l’intégrité <strong>des</strong><br />
écosystèmes forestiers. Ces alternatives doivent avoir pour moteur et pour bénéficiaires principales<br />
les communautés locales. Des mécanismes et <strong>des</strong> institutions doivent être mis en place pour<br />
développer, financer et soutenir la mise en oeuvre de ces alternatives.<br />
Nous recommandons ainsi que l’Etat congolais et ses partenaires investissent dans la recherche<br />
et l’exécution <strong>des</strong> alternatives à l’exploitation industrielle du bois.<br />
3. Réhabilitation <strong>des</strong> aires protégées<br />
Nous souhaitons encourager le Gouvernement à développer la nouvelle Loi sur la Conservation de la<br />
Nature sur base du principe de consentement préalable, libre et informé <strong>des</strong> communautés locales, y<br />
compris <strong>des</strong> peuples autochtones. L’identification de nouvelles aires protégées, comme tout autre<br />
type d’utilisation <strong>des</strong> forêts, devrait résulter d’un plan de zonage participatif tel que décrit plus haut.<br />
Selon nous, tout modèle de gestion <strong>des</strong> écosystèmes forestiers devrait inclure la<br />
reconnaissance <strong>des</strong> droits coutumiers et traditionnels, la participation active <strong>des</strong><br />
communautés locales et éviter toute expulsion de ces populations.
Le processus d’identification de nouvelles forêts classées (article 14 du Code forestier) nécessitera un<br />
soutien actif de la communauté internationale.<br />
Nous te<strong>non</strong>s enfin à réaffirmer notre engagement à travailler de concert, au côté <strong>des</strong> communautés<br />
locales, avec les partenaires motivés par la mise en place d’une gestion durable <strong>des</strong> forêts de la RDC,<br />
respectueuse <strong>des</strong> droits et intérêts <strong>des</strong> communautés locales, y compris <strong>des</strong> peuples autochtones.<br />
ONGs internationales signataires :<br />
Rebecca Adamson, First Peoples Worldwide - Etats Unis<br />
Dr. Sandra Altherr, Pro-Wildlife - Allemagne<br />
Sylvain Angerand, Les Amis de la Terre - France<br />
Lucy Baker, Bretton Woods Project - Royaume Uni<br />
Dr. Glen Barry, Ecological Internet - Etats Unis<br />
Reinhard Behrend, Rettet den Regenwald e. V. - Allemagne<br />
Javier Baltodano, Coecoceiba-Amigos de la Tierra - Costa Rica<br />
Ricardo Carrere, World Rainforest Movement<br />
Simon Counsell, The Rainforest Foundation - Royaume Uni<br />
Jef Dupain, African Wildlife Foundation - RDC<br />
Peter Gerhardt, Robin Wood - Allemagne<br />
Hermann Edelman, Pro-Regenwald - Allemagne<br />
Bernhard Henselmann, EarthLink e.V. - Allemagne<br />
Joël Kiyulu, CARE International - RDC<br />
Wolfgang Kuhklman, Arbeitsgemeinschaft Regenwald und Artenschutz - Allemagne<br />
Shan<strong>non</strong> Lawrence, Environmental Defence - Etats Unis<br />
Josie Lee, Friends of the Earth - Australie<br />
Raymond Lumbuenamo, WWF - RDC<br />
Lars Løvold, The Rainforest Foundation - Norvège<br />
Michelle Medeiros, Friends of the Earth - Etats Unis<br />
Otto Miettine, Friends of the Earth - Finlande<br />
Brant Olson, Rainforest Action Network - Etats Unis<br />
Paula Palmer, Global Response - Etats Unis<br />
Evelyn Schönheit & Jupp Trauth, Forum Ökologie & Papier - Allemagne<br />
Carina Tertaskian, Global Witness - Royaume Uni<br />
Richard K. Tshombe, Wildlife Conservation Society - RDC<br />
Stephan van Praet, Greenpeace International<br />
Knud Vöcking, Urgewald - Allemagne<br />
Hans Wasmoeth, The Wasmoeth Wildlife Foundation - Pays Bas<br />
Stuart Wilson, Forests Monitor - Royaume Uni<br />
Sylvia Hamberger, Gesellschaft für ökologische Forschung - Allemagne<br />
Dr. Helmut Klein, BUND/Friends of the Earth - Allemagne