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Le plan Loire grandeur nature - RiverNet

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8 Plan <strong>Loire</strong> 25/04/06 18:15 Page 1<br />

Rétrospective<br />

1994 - 2006<br />

PLAN<br />

LOIRE<br />

GRANDEUR NATURE<br />

2007- 2013<br />

Ph. Auclerc<br />

La Réserve du Val de <strong>Loire</strong> a vu le jour avec le <strong>plan</strong> <strong>Loire</strong>. Ci-dessus le fleuve et son cortège d’îles face à Pouilly-sur-<strong>Loire</strong> (Nièvre)<br />

<strong>Le</strong> <strong>plan</strong> <strong>Loire</strong> <strong>grandeur</strong> <strong>nature</strong><br />

Une ambition commune, un faisceau d’actions convergentes<br />

<strong>Le</strong> <strong>plan</strong> <strong>Loire</strong> <strong>grandeur</strong> <strong>nature</strong> a pour vocation de faciliter la mise en œuvre d’actions concertées<br />

propres à la gestion de la <strong>Loire</strong> et du plus grand bassin fluvial français. Pour cela,<br />

deux fondements: une cohérence aval/amont et sources/estuaire, et le développement<br />

d’opérations visant à concilier activités humaines et environnement préservé.<br />

Une base consensuelle<br />

<strong>Le</strong> <strong>plan</strong> <strong>Loire</strong> <strong>grandeur</strong> <strong>nature</strong> fait suite<br />

au rapport de la commission d’enquête parlementaire<br />

publié le 12 décembre 1992, et<br />

à la communication en Conseil des ministres<br />

du 13 juillet 1993 sur la politique de<br />

l’eau présentée par Michel Barnier, alors<br />

ministre de l’Environnement. Il marque la<br />

sortie du conflit de la fin des années quatrevingts<br />

et du début des années quatre-vingtdix,<br />

durant lequel plusieurs conceptions de<br />

l’aménagement de la <strong>Loire</strong> se sont opposées.<br />

Il a été arrêté le 4 janvier 1994 au<br />

cours d’un comité interministériel, pour<br />

mettre en œuvre un <strong>plan</strong> global d’aménagement<br />

et réaliser une gestion cohérente et<br />

équilibrée du bassin de la <strong>Loire</strong>, conciliant<br />

la sécurité des personnes, la protection de<br />

l’environnement et le développement économique.<br />

<strong>Le</strong> <strong>plan</strong> est avant tout conçu comme<br />

le moyen de nouer un dialogue constructif<br />

entre les différents acteurs, autour<br />

d’une base de travail commune. La stratégie<br />

est payante. Rapidement, une charte<br />

d’exécution est signée entre l’État, l’Agence<br />

de l’eau <strong>Loire</strong>-Bretagne et l’Établissement<br />

Public d’Aménagement de la <strong>Loire</strong> et de<br />

ses Affluents (6 juillet 1994).<br />

Un <strong>plan</strong> dans la durée<br />

<strong>Le</strong> <strong>plan</strong>, qui est dévoilé à la presse par<br />

Michel Barnier qui fait le déplacement à<br />

Orléans pour rencontrer les acteurs, est fixé<br />

pour une durée de dix ans. Toutes les parties<br />

sont cependant conscientes, compte<br />

tenu de l’importance des actions à conduire<br />

et des engagements financiers à tenir, que


8 Plan <strong>Loire</strong> 25/04/06 18:15 Page 2<br />

<strong>Le</strong> rôle de l’État et de ses<br />

établissements publics<br />

De par ses responsabilités et ses compétences,<br />

l’État est un acteur majeur du<br />

<strong>plan</strong> <strong>Loire</strong> qu’il a initié. Ses services,<br />

tant au niveau des ministères qu’au<br />

niveau déconcentré, assument selon<br />

les cas un rôle de décideur, de gestionnaire<br />

ou de maître d’ouvrage. Dans le<br />

cas de la <strong>Loire</strong>, les responsabilités de<br />

l’État sont en effet prépondérantes: non<br />

seulement le fleuve est domanial, mais<br />

une partie de son cours et de ses affluents<br />

est en outre soumise depuis 1783 à un<br />

régime spécial pour la défense contre<br />

les inondations (articles 55 à 61 du code<br />

du domaine public fluvial et de la navigation<br />

intérieure). L’essentiel des levées<br />

appartient à l’État. <strong>Le</strong> rôle de l’État est<br />

donc essentiel, notamment pour ce qui<br />

touche à l’entretien du lit de la <strong>Loire</strong> et<br />

la restauration des levées domaniales,<br />

très nombreuses sur la <strong>Loire</strong>. Chargé de<br />

la police des eaux en vertu de l’article<br />

103 du Code rural et de la sécurité<br />

civile au titre de la loi du 22 juillet 1987,<br />

il doit aussi, depuis la loi du 13 juillet<br />

1982, identifier et faire connaître les<br />

risques et veiller à ce qu’ils soient pris<br />

en compte dans l’urbanisme. Il lui<br />

revient encore, depuis les lois de décentralisation,<br />

de contrôler les autorités<br />

communales en ce domaine. Aux<br />

niveaux régional et départemental,<br />

l’exercice des attributions en matière<br />

d’inondations met par exemple en jeu<br />

les compétences du préfet coordonnateur<br />

de bassin, des préfets de régions et<br />

des préfets de départements. Ceux-ci<br />

s’appuient sur les Directions régionales<br />

de l’Environnement (DIREN), et surtout<br />

sur les services techniques de l’Équipement<br />

qui interviennent à des titres<br />

divers ou, dans certains départements,<br />

sur les Directions Départementales de<br />

l’Agriculture et de la Forêt (DDAF) ou<br />

sur les services de navigation. <strong>Le</strong><br />

Conseil Supérieur de la Pêche (CSP),<br />

pour tout ce qui touche aux milieux<br />

aquatiques, est aussi un acteur important<br />

du <strong>plan</strong> <strong>Loire</strong>, tout comme les services<br />

de Voies Navigables de France<br />

(gestion des canaux et de la <strong>Loire</strong> de<br />

Roanne à Briare ainsi que de la partie<br />

navigable entre Nantes et la Maine),<br />

EDF (contribution aux études, à la salmoniculture,<br />

à la gestion de la ressource,<br />

au volet culturel), ou encore le<br />

Muséeum d’Histoire Naturelle (études<br />

et inventaire faunistique et floristique).<br />

celui-ci devra manifestement être prolongé<br />

dans le temps. <strong>Le</strong> <strong>plan</strong> <strong>Loire</strong>, au-delà du<br />

fait qu’il permet de structurer l’action et de<br />

l’impulser, innove. <strong>Le</strong>s études, les options<br />

prises, le positionnent comme un laboratoire<br />

de l’espace fluvial et comme un espace<br />

d’expertise, tant et si bien que le résultat<br />

des travaux déborde largement le cadre du<br />

bassin ligérien. Ainsi, par ses enjeux mais<br />

aussi par son caractère exemplaire et novateur,<br />

le <strong>plan</strong> acquiert peu à peu une véritable<br />

dimension au niveau national mais<br />

aussi à l’échelon européen. Mais qu’en estil<br />

au juste? Quelle peut en être aujourd’hui<br />

la lisibilité au moment où la deuxième phase,<br />

dont la programmation suit les contrats<br />

de <strong>plan</strong> État - Régions, arrive à échéance à<br />

fin 2006? Quel bilan d’étape peut-il en être<br />

fait?<br />

Des priorités<br />

<strong>Le</strong> <strong>plan</strong> <strong>Loire</strong> se décline depuis son origine<br />

autour de grandes thématiques regroupant<br />

des études et des actions à conduire<br />

dans la continuité. <strong>Le</strong>s principales sont la<br />

sécurité des biens et des personnes face au<br />

risque d’inondation, la satisfaction des<br />

besoins quantitatifs et qualitatifs en eau, la<br />

restauration et la valorisation de la diversité<br />

écologique des milieux. Dans la logique de<br />

la crue de la <strong>Loire</strong> de septembre 1980 sur<br />

son haut bassin, notamment à Coubon et<br />

Brives-Charensac, et des crues historiques<br />

du milieu du XIX e siècle en <strong>Loire</strong> moyenne<br />

(1846, 1856, 1866), il vise à rechercher des<br />

solutions permettant d’éviter la perte de<br />

vies humaines et de minorer l’importance<br />

des dégâts que ces grandes inondations peuvent<br />

engendrer. L’ambition est de faire “la<br />

part de l’eau” et de promouvoir des solutions<br />

alternatives aux barrages compte tenu<br />

Paysage du bec d’Allier, à la confluence de la <strong>Loire</strong> et de l’Allier<br />

de leur impact sur les milieux, de leurs<br />

limites en termes d’efficacité, et de leurs<br />

coûts. Il s’agit ainsi de poursuivre les<br />

actions initiées par l’Agence de l’eau, et en<br />

particulier de terminer l’aménagement du<br />

barrage-réservoir de Naussac en Lozère dont<br />

la seule vocation est le soutien d’étiage* par<br />

la mise en place d’une station de pompage<br />

de l’eau de l’Allier de façon à garantir le<br />

remplissage de la retenue (190 millions de<br />

mètres cubes). On s’inquiète tout pareillement<br />

du débit d’étiage du Cher, de la<br />

remontée de la salinité des eaux à l’amont<br />

de Nantes et de l’abaissement de la nappe<br />

alluviale, et des conséquences que cela<br />

entraîne sur les équipements (puits de captage<br />

en eau potable des collectivités riveraines<br />

par exemple) ou encore sur les aménagements<br />

(quais, piles de ponts…).<br />

S’agissant des poissons migrateurs, le <strong>plan</strong><br />

prend en compte, d’une part la suppression<br />

des obstacles formés par les barrages de<br />

Maisons-Rouges sur la Vienne et de Saint-<br />

Étienne-du-Vigan sur le haut Allier, et<br />

d’autre part l’amélioration de certains dispositifs<br />

de franchissement de seuils artificiels,<br />

comme celui du pont-barrage de<br />

Vichy dans l’Allier. Enfin, il est fait état de<br />

la protection des milieux <strong>nature</strong>ls, avec<br />

notamment la création des réserves <strong>nature</strong>lles<br />

de La Charité-sur-<strong>Loire</strong> et du Val<br />

d’Allier, et des études sur les paysages les<br />

plus typés et les plus menacés.<br />

Des acteurs sur tout le bassin<br />

Sur le <strong>plan</strong> de la gestion, le <strong>plan</strong> <strong>Loire</strong> de<br />

1994 est un <strong>plan</strong> directeur. Il met cependant<br />

en jeu, autour des trois partenaires principaux<br />

signataires de sa Charte d’exécution,<br />

une multitude d’acteurs (collectivités<br />

locales, Conseil Supérieur de la Pêche,<br />

Ph. Auclerc


8 Plan <strong>Loire</strong> 25/04/06 18:15 Page 3<br />

Conservatoire du littoral, EDF, associations<br />

de défense de l’environnement…) sur neuf<br />

régions administratives et vingt-neuf départements<br />

(en tout ou partie). Ces deux facteurs<br />

peuvent permettre d’en saisir la complexité<br />

et de mieux appréhender quelles<br />

peuvent être parfois les difficultés de sa<br />

mise en œuvre. <strong>Le</strong> <strong>plan</strong> est piloté par le préfet<br />

coordonnateur de bassin. Il a été aidé en<br />

cela durant dix ans par un délégué interministériel<br />

(1994-2004), par les services du<br />

Secrétariat Général des Affaires Régionales<br />

(SGAR) du Centre et par ceux de la<br />

Direction Régionale de l’Environnement<br />

(DIREN) du Centre qui a aussi vocation de<br />

bassin. D’autres services ou établissements<br />

publics de l’État répartis sur tout le bassin<br />

interviennent de façon plus ou moins<br />

importante: Voies Navigables de France,<br />

Préfectures de Région et de Département,<br />

Directions Régionales et Départementales<br />

de l’Équipement, Directions Départementales<br />

de l’Agriculture et de la Forêt. Il a aussi<br />

été créé en 1995 une Équipe pluridisciplinaire<br />

d’appui aux décisions des maîtres<br />

d'ouvrage du <strong>plan</strong> <strong>Loire</strong> (huit personnes)<br />

pour la prévention des inondations et la gestion<br />

écologique du fleuve.<br />

<strong>Le</strong> <strong>plan</strong> se décentralise<br />

En 1994, le <strong>plan</strong> <strong>Loire</strong> est avant tout un<br />

<strong>plan</strong> décidé par l’État. Il reste quelques<br />

points d’achoppements entre les signataires<br />

de la charte d’exécution, malgré les convergences<br />

de points de vues et le lancement<br />

des actions. “L’État, est-il écrit au moment<br />

de sa publication, est garant des grands<br />

équilibres, il exercera la plénitude de ses<br />

fonctions régaliennes”. <strong>Le</strong> <strong>plan</strong> qui se veut<br />

La <strong>Loire</strong> devant Cour-sur-<strong>Loire</strong>, un site remarquable du Loir-et-Cher<br />

Une “préfecture de bassin”<br />

partenarial est à l’initiative de l’État, et il<br />

ne se découpe pas. Comme il est souligné<br />

à l’époque, il s’inscrit dans une perspective<br />

volontariste de grands travaux écologiques<br />

<strong>Le</strong> préfet de la région Centre est préfet coordonnateur du bassin <strong>Loire</strong>-<br />

Bretagne. À ce titre il anime et coordonne au nom de l’État la politique de l’eau<br />

sur les départements et dans les régions composant le bassin. Cette mission,<br />

exercée depuis 1987, a été confirmée par la loi sur l’eau du 3 janvier 1992.<br />

La fonction de préfet coordonnateur, dévolue au préfet de la région Centre, a<br />

été confirmée par décret du 4 juillet 2002 relatif aux compétences interdépartementales<br />

et interrégionales des préfets et aux compétences des préfets coordonnateurs<br />

de massif, puis par l’arrêté du premier ministre du 23 décembre 2002.<br />

<strong>Le</strong> préfet coordonnateur du <strong>plan</strong> <strong>Loire</strong> <strong>grandeur</strong> <strong>nature</strong> en assure à ce titre, la<br />

programmation de l’ensemble des crédits, l’animation et la gestion.<br />

participant au développement local et son<br />

projet doit permettre aux hommes de retrouver<br />

la <strong>Loire</strong> dans toutes ses dimensions, et<br />

aux villes de mettre en valeur le fleuve par<br />

une valorisation historique et patrimoniale.<br />

De fait, les possibilités d’avancer existent<br />

et globalement tous les acteurs vont peu ou<br />

prou s’en saisir pour le faire fonctionner.<br />

Ph. Auclerc<br />

<strong>Le</strong> Comité de bassin<br />

et sa Commission <strong>Loire</strong><br />

<strong>Le</strong> Comité de bassin <strong>Loire</strong>-Bretagne:<br />

- est consulté sur les grandes options<br />

de la politique de l'eau dans le bassin;<br />

- approuve les programmes d'intervention<br />

de l'Agence de l'eau;<br />

- donne son avis conforme pour que<br />

les décisions du conseil d'administration,<br />

relatives aux redevances, soient<br />

applicables;<br />

- suit l'exécution du <strong>plan</strong> <strong>Loire</strong>;<br />

- met en œuvre l’information, la participation<br />

et les consultations prévues<br />

par la directive-cadre européenne sur<br />

l’eau;<br />

- élabore le Schéma Directeur d'Aménagement<br />

et de Gestion des Eaux<br />

(SDAGE) et suit son exécution;<br />

- donne son avis sur les projets de<br />

Schémas d'Aménagement et de Gestion<br />

des Eaux (SAGE) et les contrats<br />

de rivière.<br />

Au sein du Comité de bassin, c’est<br />

une commission thématique spécialisée,<br />

la Commission <strong>Loire</strong>, qui est chargée<br />

du suivi de l’exécution du <strong>plan</strong><br />

<strong>Loire</strong>.<br />

Fin 1998, le <strong>plan</strong> <strong>Loire</strong>, qui arrive<br />

presque à mi-parcours, est examiné. <strong>Le</strong><br />

bilan qui en est fait pour le Comité interministériel<br />

d’Aménagement et de Développement<br />

du Territoire (CIADT) du 23 juillet<br />

1999, sur proposition de Dominique Voynet,<br />

ministre de l’Environnement, montre son<br />

utilité dans les domaines de la sécurité des<br />

populations face aux risques liés aux inondations<br />

et de la restauration des milieux<br />

<strong>nature</strong>ls (mais les résultats sont encore partiels,<br />

trop d’études et d’actions sont encore<br />

en cours ou ne font que débuter). Il est clair<br />

qu’il faut poursuivre le <strong>plan</strong> sur sa lancée,<br />

mais en l’infléchissant pour tenir compte<br />

des évolutions intervenues depuis le début<br />

de sa mise en œuvre, notamment en matière<br />

de gestion de l’eau [approbation du<br />

Schéma Directeur d’Aménagement et de<br />

Gestion des Eaux (SDAGE) en 1996, politique<br />

agricole (loi d’orientation agricole) et<br />

d’aménagement du territoire (loi d’orientation<br />

pour l’aménagement et le développement<br />

durable du territoire)]. <strong>Le</strong> contexte<br />

lui aussi évolue. À la différence du premier<br />

<strong>plan</strong> <strong>Loire</strong> qui s’était appuyé sur une<br />

convention tripartite entre l’État, l’Agence<br />

* La retenue permet de restituer un volume complémentaire<br />

en eau dans l’Allier dans les périodes où<br />

celui-ci n’a plus qu’un faible écoulement <strong>nature</strong>l et<br />

ainsi de satisfaire les besoins.


8 Plan <strong>Loire</strong> 25/04/06 18:15 Page 4<br />

de l’eau et l’EPALA, l’État, après concertation<br />

avec les Régions, décide d’adosser<br />

la programmation du <strong>plan</strong> aux Contrats de<br />

<strong>plan</strong> État-Régions dans lesquels un volet<br />

“<strong>Loire</strong>” est identifié et la convention tripartite<br />

n’est reconduite que pour les actions<br />

interrégionales. Ce choix est dicté par:<br />

- une logique de décentralisation nouvelle<br />

(c’est aussi l’époque des transferts de<br />

compétences aux Régions: les transports<br />

collectifs régionaux par exemple);<br />

- une logique financière qui recherche un<br />

co-financement maximisé des actions, mais<br />

aussi pour faciliter l’ancrage avec les financements<br />

européens potentiels.<br />

Deux principes forts régissent alors la<br />

négociation des contrats:<br />

- le principe de subsidiarité pour que les<br />

Ligériens s’approprient leur développement;<br />

- la mise en réseau des différents acteurs,<br />

pour coordonner les initiatives et favoriser<br />

les échanges.<br />

Sept Régions sont concernées: Auvergne,<br />

Bourgogne, Centre, Limousin, Pays-de-la-<br />

<strong>Loire</strong>, Poitou-Charentes et Rhône-Alpes.<br />

Bien sûr les conventions et les financements<br />

prévisionnels afférents sont bien différents<br />

selon la situation géographique et le poids<br />

de la <strong>Loire</strong> dans chaque région. <strong>Le</strong> <strong>plan</strong><br />

<strong>Loire</strong> devient ainsi le Programme interrégional<br />

<strong>Loire</strong> <strong>grandeur</strong> <strong>nature</strong> pour les<br />

années 2000-2006.<br />

Aux côtés des Régions, des Départements<br />

et de l’État, sont associés par une convention<br />

cadre les partenaires de bassin que sont<br />

l’Agence de l’eau <strong>Loire</strong>-Bretagne et l’Établissement<br />

Public <strong>Loire</strong>.<br />

L’enveloppe budgétaire fixée dans les sept<br />

contrats de <strong>plan</strong> État-Régions concernés est<br />

de plus de 310 millions d’euros, dont environ<br />

un tiers pour la participation de l’État.<br />

<strong>Le</strong>s priorités retenues pour cette nouvelle<br />

étape s’inscrivent avant tout dans la continuité.<br />

On retrouve ainsi ce qui a trait à la<br />

Un bras de la <strong>Loire</strong> après une opération d’entretien du lit<br />

Ph. Auclerc<br />

sécurité des populations face au risque<br />

d’inondation, la satisfaction des besoins<br />

quantitatifs et qualitatifs en eau - même si<br />

l’énoncé évolue puisqu’il ne s’agit plus de<br />

satisfaction des besoins, mais de l’amélioration<br />

de la gestion de la ressource en eau -<br />

2000-2006 la part<br />

financière de chacun<br />

<strong>Le</strong>s volets identifiés “<strong>plan</strong> <strong>Loire</strong>”<br />

dans les Contrats de <strong>plan</strong> État-Régions<br />

représentaient un budget prévisionnel<br />

au moment de leur mise en œuvre de<br />

38,23 millions d’euros pour l’Auvergne,<br />

40,68 millions d’euros pour la<br />

Bourgogne, 87,20 millions d’euros<br />

pour le Centre, 3,08 millions d’euros<br />

pour le Limousin, 120,76 millions<br />

d’euros pour les Pays-de-la-<strong>Loire</strong>,<br />

7,44 millions d’euros pour Poitou-<br />

Charentes et 20,4 millions d’euros<br />

pour Rhône-Alpes.<br />

Sur les 310 millions d’euros provisionnés<br />

en totalité pour le <strong>plan</strong> durant la<br />

phase 2000-2006, la part de l’État est de<br />

111 millions d’euros, celle des Régions<br />

de 80 millions d’euros dont 66,25 millions<br />

d’euros pour les Régions Centre et<br />

Pays-de-la-<strong>Loire</strong>. La part des autres<br />

financeurs (Agence de l’eau, Établissement<br />

Public <strong>Loire</strong>, Conseils généraux,<br />

autres collectivités) de 120 millions<br />

d’euros, soit 40 % du total.<br />

<strong>Le</strong> poste de dépense le plus important<br />

(146 millions d’euros) est celui<br />

consacré au volet relatif à la sécurité<br />

des populations, compte tenu de ce<br />

qu’il représente sur les Régions Centre<br />

et Pays-de-la-<strong>Loire</strong>. Sur les autres<br />

régions, c’est le volet de mise en valeur<br />

du patrimoine qui passe juste devant.<br />

L’Établissement Public <strong>Loire</strong><br />

Suivant en cela la proposition de Jean Chapon, Ingénieur général des Ponts et<br />

Chaussées (rapport de 1979 sur “La protection et l’aménagement intégré de la vallée<br />

de la <strong>Loire</strong>”), l’Établissement Public <strong>Loire</strong> (EP <strong>Loire</strong>) a été créé par arrêté du<br />

ministre de l’Intérieur le 22 novembre 1983. L’établissement qui fonctionne comme<br />

un Syndicat mixte a pour objet de réaliser ou de faire réaliser les études, la construction<br />

et l’exploitation des ouvrages publics, ainsi que les aménagements sur les cours<br />

de la <strong>Loire</strong> et de ses affluents destinés à:<br />

- assurer la protection contre les inondations;<br />

- améliorer le régime et la qualité des eaux;<br />

- favoriser le développement des activités économiques et la protection de l’environnement,<br />

dans le respect des compétences des collectivités territoriales intéressées<br />

et dans le respect des options régionales.<br />

L’établissement est composé de 6 régions, 16 départements, 19 villes de plus de 30000<br />

habitants et de 10 syndicats intercommunaux regroupant des communes de moins de<br />

30000 habitants. C’est le plus grand syndicat mixte de France en aire d’intervention.<br />

ainsi que des objectifs ayant trait aux<br />

espaces <strong>nature</strong>ls et ruraux des vallées. <strong>Le</strong>s<br />

actions qui les composent prennent en<br />

compte l’apport de connaissances produites<br />

au cours de la première phase du <strong>plan</strong>. À<br />

titre d’exemple, si la sécurité des populations<br />

reposait principalement sur une amélioration<br />

de la prévision et un renforcement<br />

des protections, les études menées pour<br />

définir une stratégie de réduction du risque<br />

d’inondation, notamment sur la <strong>Loire</strong><br />

moyenne, ont mis en évidence le rôle potentiel<br />

de la prévention pour réduire la vulnérabilité<br />

des populations et des biens.<br />

Un quatrième objectif a été ajouté, la<br />

mise en valeur du patrimoine <strong>nature</strong>l paysager<br />

et culturel des vallées de la <strong>Loire</strong>.


8 Plan <strong>Loire</strong> 25/04/06 18:15 Page 5<br />

L’implication des collectivités<br />

dans le <strong>plan</strong> <strong>Loire</strong><br />

Confortement du soubassement de la rampe d’accès au pont à cause de l’abaissement de la ligne d’eau<br />

Des évolutions<br />

dont on tient compte<br />

Au titre de la sécurité des populations, le<br />

gouvernement propose alors aux collectivités<br />

locales de mettre au point des programmes<br />

d’actions de prévention dans les<br />

différentes régions. Il budgétise pour cela<br />

350 millions de francs (53,36 millions d’euros).<br />

De son côté, il donne la priorité aux<br />

actions de réduction de la vulnérabilité des<br />

zones inondables - notamment par le<br />

contrôle de leur urbanisation avec la mise<br />

en place des Plans de Prévention des<br />

Risques Inondation (PPRI) -, au renforcement<br />

des moyens d’alerte et de secours, et<br />

à la poursuite de la restauration du lit et des<br />

levées de la <strong>Loire</strong>.<br />

Au <strong>plan</strong> de la ressource en eau, la stabilisation<br />

des prélèvements constatée depuis<br />

dix ans ne rend plus nécessaire le développement<br />

de nouvelles capacités de stockage,<br />

mais dans le temps il s’est avéré qu’il est<br />

indispensable de renforcer les actions destinées<br />

à améliorer la gestion de la ressource<br />

et la lutte contre la pollution. Suivant cette<br />

logique, l’État décide de ne plus apporter<br />

une quote-part financière à la réalisation du<br />

barrage de Chambonchard sur le Cher, bien<br />

qu’elle ait été programmée en 1994.<br />

L’Agence de l’eau suit cette position, ce<br />

qui a pour effet d’entraîner l’abandon du<br />

projet au profit d’un programme alternatif<br />

dans lequel figurent: le rehaussement du<br />

barrage de Rochebut, l’interconnexion des<br />

réseaux existants dans le Cher et la création<br />

éventuelle d’une petite retenue à La<br />

Chaux dans l’Allier.<br />

Au chapitre de la restauration des milieux<br />

<strong>nature</strong>ls aquatiques et des espaces ruraux<br />

des vallées, le <strong>plan</strong> fait état de la restauration<br />

des espaces <strong>nature</strong>ls sensibles et remarquables,<br />

des annexes hydrauliques (bras et<br />

chenaux secondaires du fleuve), des espaces<br />

de mobilité (possibilité pour les cours d’eau<br />

de divaguer et d’attaquer les berges). Il est<br />

aussi retenu le principe d’une réduction du<br />

projet d’extension du Port Autonome de<br />

Nantes – Saint-Nazaire à Donges Est, de<br />

700 à 400 hectares pour limiter ses emprises<br />

sur les milieux <strong>nature</strong>ls, et enfin un programme<br />

de restauration de la ligne d’eau à<br />

l’étiage entre <strong>Le</strong>s Ponts-de-Cé et Nantes.<br />

Au <strong>plan</strong> de la mise en valeur du patrimoine<br />

<strong>nature</strong>l, paysager et culturel des vallées,<br />

il est fait état en premier lieu de la mise<br />

en valeur des paysages, en particulier en<br />

accompagnement de la procédure d’ins-<br />

Ph. Auclerc<br />

De nombreuses collectivités, seules ou<br />

regroupées, prennent des initiatives que<br />

l’État encourage et facilite au moyen de<br />

dispositions législatives, réglementaires<br />

et contractuelles, en même temps qu’il<br />

explicite juridiquement les obligations.<br />

Ce mouvement génère un fort besoin<br />

de technicité (ce qui conduit les collectivités<br />

à se doter de personnels spécialisés),<br />

un besoin de structuration pour<br />

conduire des actions d’intérêt commun<br />

et enfin un besoin de références pour<br />

agir en cohérence avec les autres acteurs.<br />

<strong>Le</strong>s collectivités ont les obligations qui<br />

s’imposent à tout propriétaire et tout gestionnaire<br />

de réseaux, d’ouvrages, d’établissements<br />

vulnérables, de cours<br />

d’eau…, obligations explicitées par la loi<br />

de modernisation de la sécurité civile du<br />

13 août 2004 pour ce qui concerne les<br />

réseaux et les établissements de santé.<br />

<strong>Le</strong>s maires, chargés de la prévention<br />

des inondations et de l’organisation des<br />

secours au titre de la police municipale<br />

doivent informer régulièrement les habitants<br />

de la commune, les alerter en cas<br />

d’événement dangereux, préparer et<br />

organiser leur sauvegarde. Ces obligations<br />

ont été explicitées et renforcées<br />

notamment par la loi risques du 30 juillet<br />

2003 et la loi de modernisation de la<br />

sécurité civile du 13 août 2004. <strong>Le</strong>s<br />

maires ont également la responsabilité<br />

de l’organisation de l’occupation du sol.<br />

Au-delà des obligations du maire rappelées<br />

ci-dessus, et de leurs obligations de<br />

propriétaires ou de gestionnaires, il est<br />

ainsi de fait proposé aux collectivités,<br />

qu’il s’agisse des communes, des communautés<br />

d’agglomération, des départements<br />

ou des régions, d’assurer le rôle<br />

de la maîtrise d’ouvrage des actions qui<br />

permettent de réduire le risque.<br />

<strong>Le</strong>s collectivités agissent donc de différentes<br />

manières, selon leur volonté, leurs<br />

moyens financiers et les moyens en personnel<br />

technique dont elles se dotent.<br />

Elles peuvent, soit apporter un appui<br />

technique ou financier aux maîtres d’ouvrage,<br />

soit conduire directement des<br />

études ou des actions, pour leur propre<br />

compte ou pour celui d’autres collectivités,<br />

soit enfin se regrouper dans des<br />

structures adaptées: syndicats de communes,<br />

syndicats mixtes, institutions<br />

interdépartementales, pour mener des<br />

actions d’intérêt commun ou pour créer<br />

une force d’appui technique.


8 Plan <strong>Loire</strong> 25/04/06 18:15 Page 6<br />

cription d’une partie du val de <strong>Loire</strong> sur la<br />

liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.<br />

Ensuite, d’actions en lien avec le développement<br />

de nouvelles formes de tourisme<br />

(vélo-routes, <strong>Loire</strong> à vélo) et du tourisme<br />

fluvial au travers d’actions de restauration<br />

des voies navigables sur la section navigable<br />

de la <strong>Loire</strong> et sur les canaux longeant<br />

le fleuve (Briare à Roanne) ou encore y<br />

donnant accès.<br />

<strong>Le</strong>s partenaires associatifs<br />

Diverses actions du <strong>plan</strong> <strong>Loire</strong>, et<br />

c’est l’une de ses particularités, sont<br />

sous la maîtrise d’ouvrage des milieux<br />

associatifs. C’est le cas des associations<br />

de protection de la <strong>nature</strong>, avec<br />

lesquelles des partenariats sont établis<br />

pour la gestion du programme <strong>Loire</strong><br />

<strong>nature</strong>, mais aussi de celles de la<br />

pêche, pour la sauvegarde des poissons<br />

migrateurs.<br />

Dans le cadre des deux phases du<br />

programme <strong>Loire</strong> <strong>nature</strong>, plusieurs<br />

opérateurs associatifs sont ainsi impliqués<br />

: ENF (Espaces Naturels de<br />

France) qui assure la coordination<br />

générale du programme, WWF et la<br />

Ligue pour la Protection des Oiseaux<br />

(LPO). Par ailleurs interviennent des<br />

Conservatoires Régionaux d’Espaces<br />

Naturels (CREN) et des délégations<br />

régionales des associations coordinatrices<br />

ou d’autres associations comme<br />

la Fédération Régionale des Associations<br />

de Protection de la Nature en<br />

Rhône-Alpes. LOire GRAnds MIgrateurs<br />

(LOGRAMI) créée en 1989, qui<br />

regroupe sur l'ensemble du bassin de<br />

la <strong>Loire</strong> vingt-six structures associatives<br />

départementales ou interdépartementales<br />

de pêcheurs professionnels<br />

ou amateurs, dont vingt et une fédérations<br />

départementales de pêche et de<br />

protection du milieu aquatique, intervient,<br />

comme son nom le laisse supposer,<br />

en direction des poissons<br />

migrateurs, en particulier dans la sauvegarde<br />

du saumon et de l’anguille,<br />

deux espèces aujourd’hui fragilisées<br />

voire en danger. LOGRAMI intervient<br />

en maîtrise d’ouvrage ou en maîtrise<br />

d’œuvre dans le cadre du programme<br />

de restauration du saumon sur le bassin<br />

de la <strong>Loire</strong>, ainsi que dans le suivi du<br />

rétablissement de la libre circulation<br />

(mise en place de dispositifs de franchissement<br />

sur les obstacles), pour une<br />

meilleure connaissance des stocks et<br />

pour l'évaluation des programmes de<br />

restauration.<br />

À la suite de quoi, de nombreuses actions<br />

sont engagées suivant les déclinaisons du<br />

<strong>plan</strong> dans chaque région. Compte tenu<br />

cependant des évolutions, de la multiplicité<br />

des actions, des acteurs et de l’importance<br />

du territoire en question, il est convenu entre<br />

les partenaires du <strong>plan</strong> interrégional <strong>Loire</strong>,<br />

dans la continuité de ce qui s’est fait en<br />

1998, de procéder à mi-parcours à un nouveau<br />

rapport d’étape, ce qui se traduira en<br />

2002, à la demande de Roselyne Bachelot-<br />

Narquin, alors ministre de l’Écologie et du<br />

Développement Durable, par une mission<br />

d’expertise et d’évaluation.<br />

<strong>Le</strong> <strong>plan</strong> <strong>Loire</strong> passé à la loupe<br />

L’évaluation, pilotée par le Comité de<br />

bassin, a été réalisée par l’Agence de l’eau<br />

<strong>Loire</strong>-Bretagne entre la fin octobre 2003 et<br />

mars 2005. L’objectif était de consolider le<br />

bilan qui pouvait être fait du <strong>plan</strong> depuis<br />

son lancement en 1994 et de permettre, à<br />

la suite, la prise de décision sur les évolutions<br />

possibles du programme. Comme le<br />

mentionne la synthèse qui en a été faite, il<br />

s’agit aussi de réfléchir aux solutions permettant<br />

de “réarticuler les actions, de réviser<br />

les moyens mobilisés, de reconsidérer<br />

les méthodes et le dispositif opérationnel<br />

retenu”. L’évaluation fait avant tout ressortir<br />

le manque d’une stratégie globale,<br />

explicite, ce qui nuit à lisibilité du <strong>plan</strong>. Si<br />

les objectifs sont partagés (oublier les différences<br />

de conception, les divergences),<br />

ces derniers restent insuffisamment détaillés<br />

dans l’espace et dans le temps. Cette<br />

absence fait que le <strong>plan</strong> <strong>Loire</strong> reste fortement<br />

dépendant d’éléments contextuels<br />

Transhumance de moutons sur la levée de la <strong>Loire</strong>, des francs bords de Germigny-des-Prés aux pelouses du<br />

méandre de Guilly où les bêtes entretiennent et empêchent la fermeture des milieux en les pâturant<br />

(décisions gouvernementales, compétition<br />

entre organismes, absence de maîtrises<br />

d’ouvrages, contraintes budgétaires…) et<br />

de l’implication personnelle de certains<br />

acteurs. <strong>Le</strong> rapport d’évaluation fait encore<br />

état de la réalité de nombreuses réalisations<br />

(même si elles sont inégales selon les<br />

volets). Elles constituent aujourd’hui une<br />

avancée indéniable en faveur d’un aménagement<br />

de la <strong>Loire</strong>, intégrant à la fois la<br />

gestion du risque inondation, la gestion de<br />

la ressource en eau, la protection des<br />

milieux <strong>nature</strong>ls et la mise en valeur du<br />

patrimoine. Enfin, il est souligné par ailleurs<br />

que certaines actions nécessitent, pour pouvoir<br />

les mener, de s’appuyer sur plusieurs<br />

Contrats de <strong>plan</strong>. C’est le cas en <strong>Loire</strong><br />

Ph. Auclerc


8 Plan <strong>Loire</strong> 25/04/06 18:15 Page 7<br />

moyenne des actions destinées à améliorer<br />

le système de protection des levées, digues<br />

et déversoirs de crues dans les vals.<br />

Un espace de débat<br />

pour un nouvel élan<br />

Pour préparer la poursuite du <strong>plan</strong> <strong>Loire</strong><br />

<strong>grandeur</strong> <strong>nature</strong> au-delà de 2006, Alain<br />

Viau, le préfet coordonnateur du bassin<br />

<strong>Loire</strong>-Bretagne, Jean Germain, président<br />

de l’Établissement Public <strong>Loire</strong>, Jean-Pierre<br />

<strong>Le</strong>scornet, président de la Commission<br />

<strong>Loire</strong> et Noël Mathieu, directeur général du<br />

Comité de bassin de l’Agence de l’eau<br />

<strong>Loire</strong>-Bretagne, ont invité un premier cercle<br />

d’acteurs qu’ils avaient réunis à Orléans le<br />

14 décembre 2005, à réfléchir ensemble.<br />

Des premiers échanges, il est ressorti<br />

l’ambition d’initier au premier semestre<br />

2006 une large consultation des partenaires<br />

intéressés (État, usagers et acteurs associatifs)<br />

et au-delà du grand public. C’est une<br />

première pour l’aménagement et la gestion<br />

d’un fleuve et c’est là l’intérêt de la démarche<br />

qui est initiée. Il est proposé en effet, sur<br />

la base d’un document d’orientation stratégique,<br />

socle de la prochaine phase du <strong>plan</strong><br />

<strong>Loire</strong>, élaboré conjointement par les services<br />

de l’État, de l’Agence de l’eau <strong>Loire</strong>-<br />

Bretagne et de l’Établissement Public <strong>Loire</strong>,<br />

de renforcer l’implication du public. Cela<br />

se traduit dans les faits par:<br />

- l’organisation de réunions interrégionales<br />

“<strong>Le</strong>s ateliers du <strong>plan</strong> <strong>Loire</strong>”;<br />

- la mise en ligne d’un site internet dédié<br />

(www.<strong>plan</strong>-loire.fr) où tout un chacun peut<br />

s'inscrire pour engager les débats sur les<br />

différents thèmes liés au <strong>plan</strong> (prévention<br />

des inondations, gestion de la ressource en<br />

eau, poissons migrateurs, zones humides,<br />

patrimoine <strong>nature</strong>l, patrimoine culturel,<br />

recherche, programmes européens…).<br />

<strong>Le</strong>s outils sont en place. Il appartient aux<br />

élus locaux, aux techniciens, aux responsables<br />

associatifs, aux riverains, de se saisir<br />

du débat, en application de la directivecadre<br />

européenne sur l’eau et de la convention<br />

d’Aarhus*. <strong>Le</strong> document stratégique,<br />

une fois finalisé, sera ensuite présenté au<br />

gouvernement au cours de l’été. Il servira<br />

de base à l’élaboration de <strong>plan</strong>s d’actions<br />

opérationnels avant la fin 2006.<br />

Document élaboré pour les<br />

Ateliers du Plan <strong>Loire</strong> - mai 2006<br />

* Adoptée en application de l’article 10 de la<br />

déclaration de Rio pour la région Europe, de la<br />

Commission économique des Nations Unies, la<br />

convention d’Aahrus renforce l’accès du public à<br />

l’information, à la participation au processus décisionnel<br />

et à la justice en matière d’environnement.<br />

De l’eau dans<br />

les annexes hydrauliques<br />

L’abaissement des lignes d’eau de la<br />

<strong>Loire</strong> et de ses affluents provoque un<br />

déséquilibre qui conduit à l’assèchement,<br />

l’isolement et la fermeture des annexes<br />

fluviales indispensables et à un appauvrissement<br />

de la richesse biologique. <strong>Le</strong>s<br />

actions programmées ont consisté à restaurer<br />

la fonctionnalité des boires et autres<br />

bras morts proches du chenal en eau et<br />

de certains marais mouillés, encore insuffisamment<br />

inondés pour permettre la<br />

reproduction des espèces aquatiques. De<br />

nombreuses opérations conduites par les<br />

associations de pêche et les associations<br />

intervenant dans le cadre du programme<br />

<strong>Loire</strong> <strong>nature</strong> ont eu lieu, en particulier au<br />

cours de la première phase du <strong>plan</strong>.<br />

Premiers pas en faveur<br />

de l’espace de mobilité<br />

Différentes réserves foncières et<br />

études ont été menées au cours des deux<br />

phases du <strong>plan</strong>. Elles se sont traduites<br />

par des résultats en matière de connaissance<br />

de ces espaces (évolution au cours<br />

du temps) et en terme d’identification<br />

de secteurs remarquables. Ces travaux<br />

permettent de sensibiliser les riverains<br />

à l’intérêt des érosions et contribuent à<br />

renforcer les concertations sur des arbitrages<br />

en matière d’intervention dans le<br />

lit (limitation des enrochements par<br />

exemple).<br />

Du mieux pour les<br />

poissons migrateurs<br />

<strong>Le</strong> rétablissement de la libre circulation<br />

des poissons migrateurs a bien avancé au<br />

cours des deux premières phases du <strong>plan</strong><br />

avec la concrétisation de plusieurs<br />

actions portant sur l’amélioration du<br />

franchissement de divers seuils ou barrages,<br />

notamment en <strong>Loire</strong> moyenne, ou<br />

encore avec l’arasement des barrages de<br />

Maisons-Rouges sur la Vienne, de Saint-<br />

Étienne-du-Vigan sur le Haut-Allier et<br />

l’effacement du barrage de loisirs de<br />

Blois. De nombreux obstacles restent<br />

cependant présents, en particulier pour<br />

ouvrir l’accès à des cours d’eau à l’anguille<br />

dont les populations sont aujourd’hui<br />

fragilisées. De nombreux dispositifs<br />

de comptage ont aussi été installés<br />

À retenir<br />

depuis 1994 (Vichy, Poutès, Langeac,<br />

Châteauponsac, Châtellerault, Gueugnon)<br />

ce qui permet de mieux suivre les populations.<br />

Malgré les opérations conduites<br />

en faveur du saumon, le niveau des<br />

effectifs, tel qu’il est comptabilisé<br />

aujourd’hui sur le bassin, reste en dessous<br />

des objectifs malgré l’apport de la<br />

Boire remise en connection avec le fleuve<br />

salmoniculture de Chanteuges, ce qui<br />

rend nécessaire le maintien en production<br />

de cet équipement.<br />

Ressource en eau :<br />

priorité à la gestion<br />

<strong>Le</strong>s actions engagées dans le cadre du<br />

<strong>plan</strong> <strong>Loire</strong> pour l’amélioration de la situation<br />

de la ressource en eau le long des<br />

vallées ligériennes ont porté sur les retenues<br />

de Villerest et Naussac. <strong>Le</strong>ur gestion<br />

en 2003 a démontré qu’elles pouvaient<br />

faire face à une sécheresse sévère.<br />

Il convient également de mettre en œuvre<br />

un programme de reconquête de la qualité<br />

des eaux au titre de la directive-cadre<br />

européenne sur l’eau et des actions financées<br />

par l’Agence de l’eau. <strong>Le</strong> problème<br />

demeure cependant sur la vallée du Cher,<br />

en amont de Montluçon, l’avancement<br />

des solutions alternatives au barrage de<br />

Chambonchard étant encore pour beaucoup<br />

au stade de la réflexion. <strong>Le</strong> soutien<br />

à l’émergence des Schémas de Gestion<br />

des Eaux (SAGE), l’un des objectifs fixés<br />

dans le cadre de la deuxième phase du<br />

<strong>plan</strong>, se met également progressivement<br />

en place (Cher amont et Cher aval,<br />

Allier, etc.).


8 Plan <strong>Loire</strong> 25/04/06 18:15 Page 8<br />

Qu’en est-il de la gestion du risque inondation ?<br />

<strong>Le</strong>s études et les travaux conduits depuis 1994 s’articulent autour de trois axes complémentaires:<br />

la prévision, la prévention et la protection.<br />

Une amélioration notable<br />

des outils de surveillance<br />

Différentes actions ont été conduites de<br />

façon à permettre de mieux anticiper et<br />

gérer les événements. Elles portent sur:<br />

- l’amélioration des dispositifs de surveillance<br />

hydrométéorologique du bassin<br />

de la <strong>Loire</strong>. Cela s’est traduit par:<br />

● une meilleure couverture du réseau<br />

CRISTAL sur la <strong>Loire</strong> et l’Allier, son<br />

extension au Cher, à l’Indre et à la Vienne;<br />

● la mise en service de deux nouveaux<br />

radars météo, l’un sur la Haute-<strong>Loire</strong>,<br />

l’autre sur le Morvan;<br />

● la modernisation et la création d’outils<br />

de prévision des crues sur l’ensemble du<br />

bassin, de prévisions d’inondations et de<br />

leurs conséquences. <strong>Le</strong> système CRISTAL<br />

permet de surveiller en permanence les données<br />

hydrométriques relevées aux stations<br />

de mesures. Celles-ci sont reçues et utilisées<br />

en temps réel pour la gestion de l’ouvrage<br />

écrêteur de crues de Villerest et par<br />

les services de prévision des crues pour la<br />

<strong>Loire</strong>, l’Allier, le Cher et la Maine;<br />

- l’amélioration de la gestion des inondations<br />

par un ciblage des informations pertinentes<br />

et utilisables à diffuser en périodes<br />

de crues, le renforcement des services d’annonces<br />

de crues et la préparation de la gestion<br />

des événements (notamment une mise<br />

à disposition des gestionnaires de logiciels<br />

informatiques spécifiques).<br />

<strong>Le</strong>s actions de prévention<br />

Elles ont été fortement développées suite<br />

à la publication des travaux de l’Équipe pluridisciplinaire<br />

et consécutivement à la montée<br />

en puissance de la politique nationale de<br />

réduction des risques. Elles ont porté sur:<br />

- la connaissance (Atlas des zones inondables);<br />

- la limitation de l’urbanisation des zones<br />

inondables au travers de la mise en place<br />

des Plans de Prévention des Risques<br />

d’Inondation (PPRI);<br />

À ce titre ont été engagés:<br />

- un processus dans la durée visant le<br />

rachat des maisons du quartier situé dans<br />

le prolongement du déversoir de crue de la<br />

Bouillie à Blois;<br />

- des diagnostics de vulnérabilité pour<br />

les entreprises, les agriculteurs;<br />

- une étude de réduction de la vulnérabilité<br />

du patrimoine historique;<br />

- une étude de réduction de la vulnérabilité<br />

des réseaux (eau, EDF, télécommunication…);<br />

- un inventaire et une mise en valeur des<br />

repères de crues (conscience du risque<br />

d’inondation).<br />

Autant d’opérations auxquelles on peut<br />

ajouter de multiples actions de communication<br />

et de sensibilisation auprès des riverains,<br />

afin de les inciter à participer directement<br />

à cette démarche de réduction de la<br />

vulnérabilité.<br />

<strong>Le</strong>s actions de protection<br />

Des rues basses de la ville de Decize ont été en partie inondées<br />

lors de la crue de décembre 2003<br />

- la préservation, voire la reconquête des<br />

zones d’expansion de crues;<br />

- la réduction de la vulnérabilité des biens<br />

situés en zones les plus exposées;<br />

- la restauration et l’entretien régulier des<br />

lits des cours d’eau;<br />

- le développement de la culture du<br />

risque.<br />

La réduction de la vulnérabilité des<br />

biens et des personnes situés dans les<br />

zones les plus exposées est une démarche<br />

innovante qui ne fait que démarrer.<br />

Ph. Auclerc<br />

Au cours des deux premières phases du<br />

<strong>plan</strong> <strong>Loire</strong>, ces actions sont destinées à préserver<br />

le système de protection existant et à<br />

mettre en œuvre, quand cela est jugé nécessaire,<br />

des protections très localisées. Ceci<br />

se traduit par des opérations permettant le<br />

renforcement des digues ou levées (réduction<br />

des risques de déstabilisation par érosion<br />

ou par passage des eaux au-dessus) et<br />

l’adaptation des dispositifs de gestion des<br />

écrêtements aux configurations actuelles<br />

du lit et de l’occupation des sols. S’ajoute à<br />

cela une amélioration des dispositifs de surveillance<br />

et d’intervention d’urgence.<br />

Il faut savoir qu’il existe près de 730 kilomètres<br />

de digues et que, sur ce total, 610<br />

kilomètres protègent des secteurs habités.<br />

Des programmes de renforcement des<br />

digues ont été mis en œuvre dès les années<br />

soixante-dix. Depuis 1994, dans les trois<br />

régions principalement concernées (Bourgogne,<br />

Centre et Pays-de-la-<strong>Loire</strong>), ceuxci<br />

ont été amplifiés. Ce volet est parmi les<br />

plus lourds du <strong>plan</strong> <strong>Loire</strong>.<br />

Il reste encore beaucoup à faire depuis<br />

que de nouveaux travaux ont été jugés<br />

nécessaires : restauration des pieds de<br />

levées, harmonisation des hauteurs des<br />

murets placés au sommet des digues, gestion<br />

du possible passage des eaux par-dessus<br />

l’édifice, etc.<br />

Textes: Philippe Auclerc - Réalisation <strong>Loire</strong> et terroirs - Impression: Imprimerie Nouvelle

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