Le plan Loire grandeur nature - RiverNet
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8 Plan <strong>Loire</strong> 25/04/06 18:15 Page 1<br />
Rétrospective<br />
1994 - 2006<br />
PLAN<br />
LOIRE<br />
GRANDEUR NATURE<br />
2007- 2013<br />
Ph. Auclerc<br />
La Réserve du Val de <strong>Loire</strong> a vu le jour avec le <strong>plan</strong> <strong>Loire</strong>. Ci-dessus le fleuve et son cortège d’îles face à Pouilly-sur-<strong>Loire</strong> (Nièvre)<br />
<strong>Le</strong> <strong>plan</strong> <strong>Loire</strong> <strong>grandeur</strong> <strong>nature</strong><br />
Une ambition commune, un faisceau d’actions convergentes<br />
<strong>Le</strong> <strong>plan</strong> <strong>Loire</strong> <strong>grandeur</strong> <strong>nature</strong> a pour vocation de faciliter la mise en œuvre d’actions concertées<br />
propres à la gestion de la <strong>Loire</strong> et du plus grand bassin fluvial français. Pour cela,<br />
deux fondements: une cohérence aval/amont et sources/estuaire, et le développement<br />
d’opérations visant à concilier activités humaines et environnement préservé.<br />
Une base consensuelle<br />
<strong>Le</strong> <strong>plan</strong> <strong>Loire</strong> <strong>grandeur</strong> <strong>nature</strong> fait suite<br />
au rapport de la commission d’enquête parlementaire<br />
publié le 12 décembre 1992, et<br />
à la communication en Conseil des ministres<br />
du 13 juillet 1993 sur la politique de<br />
l’eau présentée par Michel Barnier, alors<br />
ministre de l’Environnement. Il marque la<br />
sortie du conflit de la fin des années quatrevingts<br />
et du début des années quatre-vingtdix,<br />
durant lequel plusieurs conceptions de<br />
l’aménagement de la <strong>Loire</strong> se sont opposées.<br />
Il a été arrêté le 4 janvier 1994 au<br />
cours d’un comité interministériel, pour<br />
mettre en œuvre un <strong>plan</strong> global d’aménagement<br />
et réaliser une gestion cohérente et<br />
équilibrée du bassin de la <strong>Loire</strong>, conciliant<br />
la sécurité des personnes, la protection de<br />
l’environnement et le développement économique.<br />
<strong>Le</strong> <strong>plan</strong> est avant tout conçu comme<br />
le moyen de nouer un dialogue constructif<br />
entre les différents acteurs, autour<br />
d’une base de travail commune. La stratégie<br />
est payante. Rapidement, une charte<br />
d’exécution est signée entre l’État, l’Agence<br />
de l’eau <strong>Loire</strong>-Bretagne et l’Établissement<br />
Public d’Aménagement de la <strong>Loire</strong> et de<br />
ses Affluents (6 juillet 1994).<br />
Un <strong>plan</strong> dans la durée<br />
<strong>Le</strong> <strong>plan</strong>, qui est dévoilé à la presse par<br />
Michel Barnier qui fait le déplacement à<br />
Orléans pour rencontrer les acteurs, est fixé<br />
pour une durée de dix ans. Toutes les parties<br />
sont cependant conscientes, compte<br />
tenu de l’importance des actions à conduire<br />
et des engagements financiers à tenir, que
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<strong>Le</strong> rôle de l’État et de ses<br />
établissements publics<br />
De par ses responsabilités et ses compétences,<br />
l’État est un acteur majeur du<br />
<strong>plan</strong> <strong>Loire</strong> qu’il a initié. Ses services,<br />
tant au niveau des ministères qu’au<br />
niveau déconcentré, assument selon<br />
les cas un rôle de décideur, de gestionnaire<br />
ou de maître d’ouvrage. Dans le<br />
cas de la <strong>Loire</strong>, les responsabilités de<br />
l’État sont en effet prépondérantes: non<br />
seulement le fleuve est domanial, mais<br />
une partie de son cours et de ses affluents<br />
est en outre soumise depuis 1783 à un<br />
régime spécial pour la défense contre<br />
les inondations (articles 55 à 61 du code<br />
du domaine public fluvial et de la navigation<br />
intérieure). L’essentiel des levées<br />
appartient à l’État. <strong>Le</strong> rôle de l’État est<br />
donc essentiel, notamment pour ce qui<br />
touche à l’entretien du lit de la <strong>Loire</strong> et<br />
la restauration des levées domaniales,<br />
très nombreuses sur la <strong>Loire</strong>. Chargé de<br />
la police des eaux en vertu de l’article<br />
103 du Code rural et de la sécurité<br />
civile au titre de la loi du 22 juillet 1987,<br />
il doit aussi, depuis la loi du 13 juillet<br />
1982, identifier et faire connaître les<br />
risques et veiller à ce qu’ils soient pris<br />
en compte dans l’urbanisme. Il lui<br />
revient encore, depuis les lois de décentralisation,<br />
de contrôler les autorités<br />
communales en ce domaine. Aux<br />
niveaux régional et départemental,<br />
l’exercice des attributions en matière<br />
d’inondations met par exemple en jeu<br />
les compétences du préfet coordonnateur<br />
de bassin, des préfets de régions et<br />
des préfets de départements. Ceux-ci<br />
s’appuient sur les Directions régionales<br />
de l’Environnement (DIREN), et surtout<br />
sur les services techniques de l’Équipement<br />
qui interviennent à des titres<br />
divers ou, dans certains départements,<br />
sur les Directions Départementales de<br />
l’Agriculture et de la Forêt (DDAF) ou<br />
sur les services de navigation. <strong>Le</strong><br />
Conseil Supérieur de la Pêche (CSP),<br />
pour tout ce qui touche aux milieux<br />
aquatiques, est aussi un acteur important<br />
du <strong>plan</strong> <strong>Loire</strong>, tout comme les services<br />
de Voies Navigables de France<br />
(gestion des canaux et de la <strong>Loire</strong> de<br />
Roanne à Briare ainsi que de la partie<br />
navigable entre Nantes et la Maine),<br />
EDF (contribution aux études, à la salmoniculture,<br />
à la gestion de la ressource,<br />
au volet culturel), ou encore le<br />
Muséeum d’Histoire Naturelle (études<br />
et inventaire faunistique et floristique).<br />
celui-ci devra manifestement être prolongé<br />
dans le temps. <strong>Le</strong> <strong>plan</strong> <strong>Loire</strong>, au-delà du<br />
fait qu’il permet de structurer l’action et de<br />
l’impulser, innove. <strong>Le</strong>s études, les options<br />
prises, le positionnent comme un laboratoire<br />
de l’espace fluvial et comme un espace<br />
d’expertise, tant et si bien que le résultat<br />
des travaux déborde largement le cadre du<br />
bassin ligérien. Ainsi, par ses enjeux mais<br />
aussi par son caractère exemplaire et novateur,<br />
le <strong>plan</strong> acquiert peu à peu une véritable<br />
dimension au niveau national mais<br />
aussi à l’échelon européen. Mais qu’en estil<br />
au juste? Quelle peut en être aujourd’hui<br />
la lisibilité au moment où la deuxième phase,<br />
dont la programmation suit les contrats<br />
de <strong>plan</strong> État - Régions, arrive à échéance à<br />
fin 2006? Quel bilan d’étape peut-il en être<br />
fait?<br />
Des priorités<br />
<strong>Le</strong> <strong>plan</strong> <strong>Loire</strong> se décline depuis son origine<br />
autour de grandes thématiques regroupant<br />
des études et des actions à conduire<br />
dans la continuité. <strong>Le</strong>s principales sont la<br />
sécurité des biens et des personnes face au<br />
risque d’inondation, la satisfaction des<br />
besoins quantitatifs et qualitatifs en eau, la<br />
restauration et la valorisation de la diversité<br />
écologique des milieux. Dans la logique de<br />
la crue de la <strong>Loire</strong> de septembre 1980 sur<br />
son haut bassin, notamment à Coubon et<br />
Brives-Charensac, et des crues historiques<br />
du milieu du XIX e siècle en <strong>Loire</strong> moyenne<br />
(1846, 1856, 1866), il vise à rechercher des<br />
solutions permettant d’éviter la perte de<br />
vies humaines et de minorer l’importance<br />
des dégâts que ces grandes inondations peuvent<br />
engendrer. L’ambition est de faire “la<br />
part de l’eau” et de promouvoir des solutions<br />
alternatives aux barrages compte tenu<br />
Paysage du bec d’Allier, à la confluence de la <strong>Loire</strong> et de l’Allier<br />
de leur impact sur les milieux, de leurs<br />
limites en termes d’efficacité, et de leurs<br />
coûts. Il s’agit ainsi de poursuivre les<br />
actions initiées par l’Agence de l’eau, et en<br />
particulier de terminer l’aménagement du<br />
barrage-réservoir de Naussac en Lozère dont<br />
la seule vocation est le soutien d’étiage* par<br />
la mise en place d’une station de pompage<br />
de l’eau de l’Allier de façon à garantir le<br />
remplissage de la retenue (190 millions de<br />
mètres cubes). On s’inquiète tout pareillement<br />
du débit d’étiage du Cher, de la<br />
remontée de la salinité des eaux à l’amont<br />
de Nantes et de l’abaissement de la nappe<br />
alluviale, et des conséquences que cela<br />
entraîne sur les équipements (puits de captage<br />
en eau potable des collectivités riveraines<br />
par exemple) ou encore sur les aménagements<br />
(quais, piles de ponts…).<br />
S’agissant des poissons migrateurs, le <strong>plan</strong><br />
prend en compte, d’une part la suppression<br />
des obstacles formés par les barrages de<br />
Maisons-Rouges sur la Vienne et de Saint-<br />
Étienne-du-Vigan sur le haut Allier, et<br />
d’autre part l’amélioration de certains dispositifs<br />
de franchissement de seuils artificiels,<br />
comme celui du pont-barrage de<br />
Vichy dans l’Allier. Enfin, il est fait état de<br />
la protection des milieux <strong>nature</strong>ls, avec<br />
notamment la création des réserves <strong>nature</strong>lles<br />
de La Charité-sur-<strong>Loire</strong> et du Val<br />
d’Allier, et des études sur les paysages les<br />
plus typés et les plus menacés.<br />
Des acteurs sur tout le bassin<br />
Sur le <strong>plan</strong> de la gestion, le <strong>plan</strong> <strong>Loire</strong> de<br />
1994 est un <strong>plan</strong> directeur. Il met cependant<br />
en jeu, autour des trois partenaires principaux<br />
signataires de sa Charte d’exécution,<br />
une multitude d’acteurs (collectivités<br />
locales, Conseil Supérieur de la Pêche,<br />
Ph. Auclerc
8 Plan <strong>Loire</strong> 25/04/06 18:15 Page 3<br />
Conservatoire du littoral, EDF, associations<br />
de défense de l’environnement…) sur neuf<br />
régions administratives et vingt-neuf départements<br />
(en tout ou partie). Ces deux facteurs<br />
peuvent permettre d’en saisir la complexité<br />
et de mieux appréhender quelles<br />
peuvent être parfois les difficultés de sa<br />
mise en œuvre. <strong>Le</strong> <strong>plan</strong> est piloté par le préfet<br />
coordonnateur de bassin. Il a été aidé en<br />
cela durant dix ans par un délégué interministériel<br />
(1994-2004), par les services du<br />
Secrétariat Général des Affaires Régionales<br />
(SGAR) du Centre et par ceux de la<br />
Direction Régionale de l’Environnement<br />
(DIREN) du Centre qui a aussi vocation de<br />
bassin. D’autres services ou établissements<br />
publics de l’État répartis sur tout le bassin<br />
interviennent de façon plus ou moins<br />
importante: Voies Navigables de France,<br />
Préfectures de Région et de Département,<br />
Directions Régionales et Départementales<br />
de l’Équipement, Directions Départementales<br />
de l’Agriculture et de la Forêt. Il a aussi<br />
été créé en 1995 une Équipe pluridisciplinaire<br />
d’appui aux décisions des maîtres<br />
d'ouvrage du <strong>plan</strong> <strong>Loire</strong> (huit personnes)<br />
pour la prévention des inondations et la gestion<br />
écologique du fleuve.<br />
<strong>Le</strong> <strong>plan</strong> se décentralise<br />
En 1994, le <strong>plan</strong> <strong>Loire</strong> est avant tout un<br />
<strong>plan</strong> décidé par l’État. Il reste quelques<br />
points d’achoppements entre les signataires<br />
de la charte d’exécution, malgré les convergences<br />
de points de vues et le lancement<br />
des actions. “L’État, est-il écrit au moment<br />
de sa publication, est garant des grands<br />
équilibres, il exercera la plénitude de ses<br />
fonctions régaliennes”. <strong>Le</strong> <strong>plan</strong> qui se veut<br />
La <strong>Loire</strong> devant Cour-sur-<strong>Loire</strong>, un site remarquable du Loir-et-Cher<br />
Une “préfecture de bassin”<br />
partenarial est à l’initiative de l’État, et il<br />
ne se découpe pas. Comme il est souligné<br />
à l’époque, il s’inscrit dans une perspective<br />
volontariste de grands travaux écologiques<br />
<strong>Le</strong> préfet de la région Centre est préfet coordonnateur du bassin <strong>Loire</strong>-<br />
Bretagne. À ce titre il anime et coordonne au nom de l’État la politique de l’eau<br />
sur les départements et dans les régions composant le bassin. Cette mission,<br />
exercée depuis 1987, a été confirmée par la loi sur l’eau du 3 janvier 1992.<br />
La fonction de préfet coordonnateur, dévolue au préfet de la région Centre, a<br />
été confirmée par décret du 4 juillet 2002 relatif aux compétences interdépartementales<br />
et interrégionales des préfets et aux compétences des préfets coordonnateurs<br />
de massif, puis par l’arrêté du premier ministre du 23 décembre 2002.<br />
<strong>Le</strong> préfet coordonnateur du <strong>plan</strong> <strong>Loire</strong> <strong>grandeur</strong> <strong>nature</strong> en assure à ce titre, la<br />
programmation de l’ensemble des crédits, l’animation et la gestion.<br />
participant au développement local et son<br />
projet doit permettre aux hommes de retrouver<br />
la <strong>Loire</strong> dans toutes ses dimensions, et<br />
aux villes de mettre en valeur le fleuve par<br />
une valorisation historique et patrimoniale.<br />
De fait, les possibilités d’avancer existent<br />
et globalement tous les acteurs vont peu ou<br />
prou s’en saisir pour le faire fonctionner.<br />
Ph. Auclerc<br />
<strong>Le</strong> Comité de bassin<br />
et sa Commission <strong>Loire</strong><br />
<strong>Le</strong> Comité de bassin <strong>Loire</strong>-Bretagne:<br />
- est consulté sur les grandes options<br />
de la politique de l'eau dans le bassin;<br />
- approuve les programmes d'intervention<br />
de l'Agence de l'eau;<br />
- donne son avis conforme pour que<br />
les décisions du conseil d'administration,<br />
relatives aux redevances, soient<br />
applicables;<br />
- suit l'exécution du <strong>plan</strong> <strong>Loire</strong>;<br />
- met en œuvre l’information, la participation<br />
et les consultations prévues<br />
par la directive-cadre européenne sur<br />
l’eau;<br />
- élabore le Schéma Directeur d'Aménagement<br />
et de Gestion des Eaux<br />
(SDAGE) et suit son exécution;<br />
- donne son avis sur les projets de<br />
Schémas d'Aménagement et de Gestion<br />
des Eaux (SAGE) et les contrats<br />
de rivière.<br />
Au sein du Comité de bassin, c’est<br />
une commission thématique spécialisée,<br />
la Commission <strong>Loire</strong>, qui est chargée<br />
du suivi de l’exécution du <strong>plan</strong><br />
<strong>Loire</strong>.<br />
Fin 1998, le <strong>plan</strong> <strong>Loire</strong>, qui arrive<br />
presque à mi-parcours, est examiné. <strong>Le</strong><br />
bilan qui en est fait pour le Comité interministériel<br />
d’Aménagement et de Développement<br />
du Territoire (CIADT) du 23 juillet<br />
1999, sur proposition de Dominique Voynet,<br />
ministre de l’Environnement, montre son<br />
utilité dans les domaines de la sécurité des<br />
populations face aux risques liés aux inondations<br />
et de la restauration des milieux<br />
<strong>nature</strong>ls (mais les résultats sont encore partiels,<br />
trop d’études et d’actions sont encore<br />
en cours ou ne font que débuter). Il est clair<br />
qu’il faut poursuivre le <strong>plan</strong> sur sa lancée,<br />
mais en l’infléchissant pour tenir compte<br />
des évolutions intervenues depuis le début<br />
de sa mise en œuvre, notamment en matière<br />
de gestion de l’eau [approbation du<br />
Schéma Directeur d’Aménagement et de<br />
Gestion des Eaux (SDAGE) en 1996, politique<br />
agricole (loi d’orientation agricole) et<br />
d’aménagement du territoire (loi d’orientation<br />
pour l’aménagement et le développement<br />
durable du territoire)]. <strong>Le</strong> contexte<br />
lui aussi évolue. À la différence du premier<br />
<strong>plan</strong> <strong>Loire</strong> qui s’était appuyé sur une<br />
convention tripartite entre l’État, l’Agence<br />
* La retenue permet de restituer un volume complémentaire<br />
en eau dans l’Allier dans les périodes où<br />
celui-ci n’a plus qu’un faible écoulement <strong>nature</strong>l et<br />
ainsi de satisfaire les besoins.
8 Plan <strong>Loire</strong> 25/04/06 18:15 Page 4<br />
de l’eau et l’EPALA, l’État, après concertation<br />
avec les Régions, décide d’adosser<br />
la programmation du <strong>plan</strong> aux Contrats de<br />
<strong>plan</strong> État-Régions dans lesquels un volet<br />
“<strong>Loire</strong>” est identifié et la convention tripartite<br />
n’est reconduite que pour les actions<br />
interrégionales. Ce choix est dicté par:<br />
- une logique de décentralisation nouvelle<br />
(c’est aussi l’époque des transferts de<br />
compétences aux Régions: les transports<br />
collectifs régionaux par exemple);<br />
- une logique financière qui recherche un<br />
co-financement maximisé des actions, mais<br />
aussi pour faciliter l’ancrage avec les financements<br />
européens potentiels.<br />
Deux principes forts régissent alors la<br />
négociation des contrats:<br />
- le principe de subsidiarité pour que les<br />
Ligériens s’approprient leur développement;<br />
- la mise en réseau des différents acteurs,<br />
pour coordonner les initiatives et favoriser<br />
les échanges.<br />
Sept Régions sont concernées: Auvergne,<br />
Bourgogne, Centre, Limousin, Pays-de-la-<br />
<strong>Loire</strong>, Poitou-Charentes et Rhône-Alpes.<br />
Bien sûr les conventions et les financements<br />
prévisionnels afférents sont bien différents<br />
selon la situation géographique et le poids<br />
de la <strong>Loire</strong> dans chaque région. <strong>Le</strong> <strong>plan</strong><br />
<strong>Loire</strong> devient ainsi le Programme interrégional<br />
<strong>Loire</strong> <strong>grandeur</strong> <strong>nature</strong> pour les<br />
années 2000-2006.<br />
Aux côtés des Régions, des Départements<br />
et de l’État, sont associés par une convention<br />
cadre les partenaires de bassin que sont<br />
l’Agence de l’eau <strong>Loire</strong>-Bretagne et l’Établissement<br />
Public <strong>Loire</strong>.<br />
L’enveloppe budgétaire fixée dans les sept<br />
contrats de <strong>plan</strong> État-Régions concernés est<br />
de plus de 310 millions d’euros, dont environ<br />
un tiers pour la participation de l’État.<br />
<strong>Le</strong>s priorités retenues pour cette nouvelle<br />
étape s’inscrivent avant tout dans la continuité.<br />
On retrouve ainsi ce qui a trait à la<br />
Un bras de la <strong>Loire</strong> après une opération d’entretien du lit<br />
Ph. Auclerc<br />
sécurité des populations face au risque<br />
d’inondation, la satisfaction des besoins<br />
quantitatifs et qualitatifs en eau - même si<br />
l’énoncé évolue puisqu’il ne s’agit plus de<br />
satisfaction des besoins, mais de l’amélioration<br />
de la gestion de la ressource en eau -<br />
2000-2006 la part<br />
financière de chacun<br />
<strong>Le</strong>s volets identifiés “<strong>plan</strong> <strong>Loire</strong>”<br />
dans les Contrats de <strong>plan</strong> État-Régions<br />
représentaient un budget prévisionnel<br />
au moment de leur mise en œuvre de<br />
38,23 millions d’euros pour l’Auvergne,<br />
40,68 millions d’euros pour la<br />
Bourgogne, 87,20 millions d’euros<br />
pour le Centre, 3,08 millions d’euros<br />
pour le Limousin, 120,76 millions<br />
d’euros pour les Pays-de-la-<strong>Loire</strong>,<br />
7,44 millions d’euros pour Poitou-<br />
Charentes et 20,4 millions d’euros<br />
pour Rhône-Alpes.<br />
Sur les 310 millions d’euros provisionnés<br />
en totalité pour le <strong>plan</strong> durant la<br />
phase 2000-2006, la part de l’État est de<br />
111 millions d’euros, celle des Régions<br />
de 80 millions d’euros dont 66,25 millions<br />
d’euros pour les Régions Centre et<br />
Pays-de-la-<strong>Loire</strong>. La part des autres<br />
financeurs (Agence de l’eau, Établissement<br />
Public <strong>Loire</strong>, Conseils généraux,<br />
autres collectivités) de 120 millions<br />
d’euros, soit 40 % du total.<br />
<strong>Le</strong> poste de dépense le plus important<br />
(146 millions d’euros) est celui<br />
consacré au volet relatif à la sécurité<br />
des populations, compte tenu de ce<br />
qu’il représente sur les Régions Centre<br />
et Pays-de-la-<strong>Loire</strong>. Sur les autres<br />
régions, c’est le volet de mise en valeur<br />
du patrimoine qui passe juste devant.<br />
L’Établissement Public <strong>Loire</strong><br />
Suivant en cela la proposition de Jean Chapon, Ingénieur général des Ponts et<br />
Chaussées (rapport de 1979 sur “La protection et l’aménagement intégré de la vallée<br />
de la <strong>Loire</strong>”), l’Établissement Public <strong>Loire</strong> (EP <strong>Loire</strong>) a été créé par arrêté du<br />
ministre de l’Intérieur le 22 novembre 1983. L’établissement qui fonctionne comme<br />
un Syndicat mixte a pour objet de réaliser ou de faire réaliser les études, la construction<br />
et l’exploitation des ouvrages publics, ainsi que les aménagements sur les cours<br />
de la <strong>Loire</strong> et de ses affluents destinés à:<br />
- assurer la protection contre les inondations;<br />
- améliorer le régime et la qualité des eaux;<br />
- favoriser le développement des activités économiques et la protection de l’environnement,<br />
dans le respect des compétences des collectivités territoriales intéressées<br />
et dans le respect des options régionales.<br />
L’établissement est composé de 6 régions, 16 départements, 19 villes de plus de 30000<br />
habitants et de 10 syndicats intercommunaux regroupant des communes de moins de<br />
30000 habitants. C’est le plus grand syndicat mixte de France en aire d’intervention.<br />
ainsi que des objectifs ayant trait aux<br />
espaces <strong>nature</strong>ls et ruraux des vallées. <strong>Le</strong>s<br />
actions qui les composent prennent en<br />
compte l’apport de connaissances produites<br />
au cours de la première phase du <strong>plan</strong>. À<br />
titre d’exemple, si la sécurité des populations<br />
reposait principalement sur une amélioration<br />
de la prévision et un renforcement<br />
des protections, les études menées pour<br />
définir une stratégie de réduction du risque<br />
d’inondation, notamment sur la <strong>Loire</strong><br />
moyenne, ont mis en évidence le rôle potentiel<br />
de la prévention pour réduire la vulnérabilité<br />
des populations et des biens.<br />
Un quatrième objectif a été ajouté, la<br />
mise en valeur du patrimoine <strong>nature</strong>l paysager<br />
et culturel des vallées de la <strong>Loire</strong>.
8 Plan <strong>Loire</strong> 25/04/06 18:15 Page 5<br />
L’implication des collectivités<br />
dans le <strong>plan</strong> <strong>Loire</strong><br />
Confortement du soubassement de la rampe d’accès au pont à cause de l’abaissement de la ligne d’eau<br />
Des évolutions<br />
dont on tient compte<br />
Au titre de la sécurité des populations, le<br />
gouvernement propose alors aux collectivités<br />
locales de mettre au point des programmes<br />
d’actions de prévention dans les<br />
différentes régions. Il budgétise pour cela<br />
350 millions de francs (53,36 millions d’euros).<br />
De son côté, il donne la priorité aux<br />
actions de réduction de la vulnérabilité des<br />
zones inondables - notamment par le<br />
contrôle de leur urbanisation avec la mise<br />
en place des Plans de Prévention des<br />
Risques Inondation (PPRI) -, au renforcement<br />
des moyens d’alerte et de secours, et<br />
à la poursuite de la restauration du lit et des<br />
levées de la <strong>Loire</strong>.<br />
Au <strong>plan</strong> de la ressource en eau, la stabilisation<br />
des prélèvements constatée depuis<br />
dix ans ne rend plus nécessaire le développement<br />
de nouvelles capacités de stockage,<br />
mais dans le temps il s’est avéré qu’il est<br />
indispensable de renforcer les actions destinées<br />
à améliorer la gestion de la ressource<br />
et la lutte contre la pollution. Suivant cette<br />
logique, l’État décide de ne plus apporter<br />
une quote-part financière à la réalisation du<br />
barrage de Chambonchard sur le Cher, bien<br />
qu’elle ait été programmée en 1994.<br />
L’Agence de l’eau suit cette position, ce<br />
qui a pour effet d’entraîner l’abandon du<br />
projet au profit d’un programme alternatif<br />
dans lequel figurent: le rehaussement du<br />
barrage de Rochebut, l’interconnexion des<br />
réseaux existants dans le Cher et la création<br />
éventuelle d’une petite retenue à La<br />
Chaux dans l’Allier.<br />
Au chapitre de la restauration des milieux<br />
<strong>nature</strong>ls aquatiques et des espaces ruraux<br />
des vallées, le <strong>plan</strong> fait état de la restauration<br />
des espaces <strong>nature</strong>ls sensibles et remarquables,<br />
des annexes hydrauliques (bras et<br />
chenaux secondaires du fleuve), des espaces<br />
de mobilité (possibilité pour les cours d’eau<br />
de divaguer et d’attaquer les berges). Il est<br />
aussi retenu le principe d’une réduction du<br />
projet d’extension du Port Autonome de<br />
Nantes – Saint-Nazaire à Donges Est, de<br />
700 à 400 hectares pour limiter ses emprises<br />
sur les milieux <strong>nature</strong>ls, et enfin un programme<br />
de restauration de la ligne d’eau à<br />
l’étiage entre <strong>Le</strong>s Ponts-de-Cé et Nantes.<br />
Au <strong>plan</strong> de la mise en valeur du patrimoine<br />
<strong>nature</strong>l, paysager et culturel des vallées,<br />
il est fait état en premier lieu de la mise<br />
en valeur des paysages, en particulier en<br />
accompagnement de la procédure d’ins-<br />
Ph. Auclerc<br />
De nombreuses collectivités, seules ou<br />
regroupées, prennent des initiatives que<br />
l’État encourage et facilite au moyen de<br />
dispositions législatives, réglementaires<br />
et contractuelles, en même temps qu’il<br />
explicite juridiquement les obligations.<br />
Ce mouvement génère un fort besoin<br />
de technicité (ce qui conduit les collectivités<br />
à se doter de personnels spécialisés),<br />
un besoin de structuration pour<br />
conduire des actions d’intérêt commun<br />
et enfin un besoin de références pour<br />
agir en cohérence avec les autres acteurs.<br />
<strong>Le</strong>s collectivités ont les obligations qui<br />
s’imposent à tout propriétaire et tout gestionnaire<br />
de réseaux, d’ouvrages, d’établissements<br />
vulnérables, de cours<br />
d’eau…, obligations explicitées par la loi<br />
de modernisation de la sécurité civile du<br />
13 août 2004 pour ce qui concerne les<br />
réseaux et les établissements de santé.<br />
<strong>Le</strong>s maires, chargés de la prévention<br />
des inondations et de l’organisation des<br />
secours au titre de la police municipale<br />
doivent informer régulièrement les habitants<br />
de la commune, les alerter en cas<br />
d’événement dangereux, préparer et<br />
organiser leur sauvegarde. Ces obligations<br />
ont été explicitées et renforcées<br />
notamment par la loi risques du 30 juillet<br />
2003 et la loi de modernisation de la<br />
sécurité civile du 13 août 2004. <strong>Le</strong>s<br />
maires ont également la responsabilité<br />
de l’organisation de l’occupation du sol.<br />
Au-delà des obligations du maire rappelées<br />
ci-dessus, et de leurs obligations de<br />
propriétaires ou de gestionnaires, il est<br />
ainsi de fait proposé aux collectivités,<br />
qu’il s’agisse des communes, des communautés<br />
d’agglomération, des départements<br />
ou des régions, d’assurer le rôle<br />
de la maîtrise d’ouvrage des actions qui<br />
permettent de réduire le risque.<br />
<strong>Le</strong>s collectivités agissent donc de différentes<br />
manières, selon leur volonté, leurs<br />
moyens financiers et les moyens en personnel<br />
technique dont elles se dotent.<br />
Elles peuvent, soit apporter un appui<br />
technique ou financier aux maîtres d’ouvrage,<br />
soit conduire directement des<br />
études ou des actions, pour leur propre<br />
compte ou pour celui d’autres collectivités,<br />
soit enfin se regrouper dans des<br />
structures adaptées: syndicats de communes,<br />
syndicats mixtes, institutions<br />
interdépartementales, pour mener des<br />
actions d’intérêt commun ou pour créer<br />
une force d’appui technique.
8 Plan <strong>Loire</strong> 25/04/06 18:15 Page 6<br />
cription d’une partie du val de <strong>Loire</strong> sur la<br />
liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.<br />
Ensuite, d’actions en lien avec le développement<br />
de nouvelles formes de tourisme<br />
(vélo-routes, <strong>Loire</strong> à vélo) et du tourisme<br />
fluvial au travers d’actions de restauration<br />
des voies navigables sur la section navigable<br />
de la <strong>Loire</strong> et sur les canaux longeant<br />
le fleuve (Briare à Roanne) ou encore y<br />
donnant accès.<br />
<strong>Le</strong>s partenaires associatifs<br />
Diverses actions du <strong>plan</strong> <strong>Loire</strong>, et<br />
c’est l’une de ses particularités, sont<br />
sous la maîtrise d’ouvrage des milieux<br />
associatifs. C’est le cas des associations<br />
de protection de la <strong>nature</strong>, avec<br />
lesquelles des partenariats sont établis<br />
pour la gestion du programme <strong>Loire</strong><br />
<strong>nature</strong>, mais aussi de celles de la<br />
pêche, pour la sauvegarde des poissons<br />
migrateurs.<br />
Dans le cadre des deux phases du<br />
programme <strong>Loire</strong> <strong>nature</strong>, plusieurs<br />
opérateurs associatifs sont ainsi impliqués<br />
: ENF (Espaces Naturels de<br />
France) qui assure la coordination<br />
générale du programme, WWF et la<br />
Ligue pour la Protection des Oiseaux<br />
(LPO). Par ailleurs interviennent des<br />
Conservatoires Régionaux d’Espaces<br />
Naturels (CREN) et des délégations<br />
régionales des associations coordinatrices<br />
ou d’autres associations comme<br />
la Fédération Régionale des Associations<br />
de Protection de la Nature en<br />
Rhône-Alpes. LOire GRAnds MIgrateurs<br />
(LOGRAMI) créée en 1989, qui<br />
regroupe sur l'ensemble du bassin de<br />
la <strong>Loire</strong> vingt-six structures associatives<br />
départementales ou interdépartementales<br />
de pêcheurs professionnels<br />
ou amateurs, dont vingt et une fédérations<br />
départementales de pêche et de<br />
protection du milieu aquatique, intervient,<br />
comme son nom le laisse supposer,<br />
en direction des poissons<br />
migrateurs, en particulier dans la sauvegarde<br />
du saumon et de l’anguille,<br />
deux espèces aujourd’hui fragilisées<br />
voire en danger. LOGRAMI intervient<br />
en maîtrise d’ouvrage ou en maîtrise<br />
d’œuvre dans le cadre du programme<br />
de restauration du saumon sur le bassin<br />
de la <strong>Loire</strong>, ainsi que dans le suivi du<br />
rétablissement de la libre circulation<br />
(mise en place de dispositifs de franchissement<br />
sur les obstacles), pour une<br />
meilleure connaissance des stocks et<br />
pour l'évaluation des programmes de<br />
restauration.<br />
À la suite de quoi, de nombreuses actions<br />
sont engagées suivant les déclinaisons du<br />
<strong>plan</strong> dans chaque région. Compte tenu<br />
cependant des évolutions, de la multiplicité<br />
des actions, des acteurs et de l’importance<br />
du territoire en question, il est convenu entre<br />
les partenaires du <strong>plan</strong> interrégional <strong>Loire</strong>,<br />
dans la continuité de ce qui s’est fait en<br />
1998, de procéder à mi-parcours à un nouveau<br />
rapport d’étape, ce qui se traduira en<br />
2002, à la demande de Roselyne Bachelot-<br />
Narquin, alors ministre de l’Écologie et du<br />
Développement Durable, par une mission<br />
d’expertise et d’évaluation.<br />
<strong>Le</strong> <strong>plan</strong> <strong>Loire</strong> passé à la loupe<br />
L’évaluation, pilotée par le Comité de<br />
bassin, a été réalisée par l’Agence de l’eau<br />
<strong>Loire</strong>-Bretagne entre la fin octobre 2003 et<br />
mars 2005. L’objectif était de consolider le<br />
bilan qui pouvait être fait du <strong>plan</strong> depuis<br />
son lancement en 1994 et de permettre, à<br />
la suite, la prise de décision sur les évolutions<br />
possibles du programme. Comme le<br />
mentionne la synthèse qui en a été faite, il<br />
s’agit aussi de réfléchir aux solutions permettant<br />
de “réarticuler les actions, de réviser<br />
les moyens mobilisés, de reconsidérer<br />
les méthodes et le dispositif opérationnel<br />
retenu”. L’évaluation fait avant tout ressortir<br />
le manque d’une stratégie globale,<br />
explicite, ce qui nuit à lisibilité du <strong>plan</strong>. Si<br />
les objectifs sont partagés (oublier les différences<br />
de conception, les divergences),<br />
ces derniers restent insuffisamment détaillés<br />
dans l’espace et dans le temps. Cette<br />
absence fait que le <strong>plan</strong> <strong>Loire</strong> reste fortement<br />
dépendant d’éléments contextuels<br />
Transhumance de moutons sur la levée de la <strong>Loire</strong>, des francs bords de Germigny-des-Prés aux pelouses du<br />
méandre de Guilly où les bêtes entretiennent et empêchent la fermeture des milieux en les pâturant<br />
(décisions gouvernementales, compétition<br />
entre organismes, absence de maîtrises<br />
d’ouvrages, contraintes budgétaires…) et<br />
de l’implication personnelle de certains<br />
acteurs. <strong>Le</strong> rapport d’évaluation fait encore<br />
état de la réalité de nombreuses réalisations<br />
(même si elles sont inégales selon les<br />
volets). Elles constituent aujourd’hui une<br />
avancée indéniable en faveur d’un aménagement<br />
de la <strong>Loire</strong>, intégrant à la fois la<br />
gestion du risque inondation, la gestion de<br />
la ressource en eau, la protection des<br />
milieux <strong>nature</strong>ls et la mise en valeur du<br />
patrimoine. Enfin, il est souligné par ailleurs<br />
que certaines actions nécessitent, pour pouvoir<br />
les mener, de s’appuyer sur plusieurs<br />
Contrats de <strong>plan</strong>. C’est le cas en <strong>Loire</strong><br />
Ph. Auclerc
8 Plan <strong>Loire</strong> 25/04/06 18:15 Page 7<br />
moyenne des actions destinées à améliorer<br />
le système de protection des levées, digues<br />
et déversoirs de crues dans les vals.<br />
Un espace de débat<br />
pour un nouvel élan<br />
Pour préparer la poursuite du <strong>plan</strong> <strong>Loire</strong><br />
<strong>grandeur</strong> <strong>nature</strong> au-delà de 2006, Alain<br />
Viau, le préfet coordonnateur du bassin<br />
<strong>Loire</strong>-Bretagne, Jean Germain, président<br />
de l’Établissement Public <strong>Loire</strong>, Jean-Pierre<br />
<strong>Le</strong>scornet, président de la Commission<br />
<strong>Loire</strong> et Noël Mathieu, directeur général du<br />
Comité de bassin de l’Agence de l’eau<br />
<strong>Loire</strong>-Bretagne, ont invité un premier cercle<br />
d’acteurs qu’ils avaient réunis à Orléans le<br />
14 décembre 2005, à réfléchir ensemble.<br />
Des premiers échanges, il est ressorti<br />
l’ambition d’initier au premier semestre<br />
2006 une large consultation des partenaires<br />
intéressés (État, usagers et acteurs associatifs)<br />
et au-delà du grand public. C’est une<br />
première pour l’aménagement et la gestion<br />
d’un fleuve et c’est là l’intérêt de la démarche<br />
qui est initiée. Il est proposé en effet, sur<br />
la base d’un document d’orientation stratégique,<br />
socle de la prochaine phase du <strong>plan</strong><br />
<strong>Loire</strong>, élaboré conjointement par les services<br />
de l’État, de l’Agence de l’eau <strong>Loire</strong>-<br />
Bretagne et de l’Établissement Public <strong>Loire</strong>,<br />
de renforcer l’implication du public. Cela<br />
se traduit dans les faits par:<br />
- l’organisation de réunions interrégionales<br />
“<strong>Le</strong>s ateliers du <strong>plan</strong> <strong>Loire</strong>”;<br />
- la mise en ligne d’un site internet dédié<br />
(www.<strong>plan</strong>-loire.fr) où tout un chacun peut<br />
s'inscrire pour engager les débats sur les<br />
différents thèmes liés au <strong>plan</strong> (prévention<br />
des inondations, gestion de la ressource en<br />
eau, poissons migrateurs, zones humides,<br />
patrimoine <strong>nature</strong>l, patrimoine culturel,<br />
recherche, programmes européens…).<br />
<strong>Le</strong>s outils sont en place. Il appartient aux<br />
élus locaux, aux techniciens, aux responsables<br />
associatifs, aux riverains, de se saisir<br />
du débat, en application de la directivecadre<br />
européenne sur l’eau et de la convention<br />
d’Aarhus*. <strong>Le</strong> document stratégique,<br />
une fois finalisé, sera ensuite présenté au<br />
gouvernement au cours de l’été. Il servira<br />
de base à l’élaboration de <strong>plan</strong>s d’actions<br />
opérationnels avant la fin 2006.<br />
Document élaboré pour les<br />
Ateliers du Plan <strong>Loire</strong> - mai 2006<br />
* Adoptée en application de l’article 10 de la<br />
déclaration de Rio pour la région Europe, de la<br />
Commission économique des Nations Unies, la<br />
convention d’Aahrus renforce l’accès du public à<br />
l’information, à la participation au processus décisionnel<br />
et à la justice en matière d’environnement.<br />
De l’eau dans<br />
les annexes hydrauliques<br />
L’abaissement des lignes d’eau de la<br />
<strong>Loire</strong> et de ses affluents provoque un<br />
déséquilibre qui conduit à l’assèchement,<br />
l’isolement et la fermeture des annexes<br />
fluviales indispensables et à un appauvrissement<br />
de la richesse biologique. <strong>Le</strong>s<br />
actions programmées ont consisté à restaurer<br />
la fonctionnalité des boires et autres<br />
bras morts proches du chenal en eau et<br />
de certains marais mouillés, encore insuffisamment<br />
inondés pour permettre la<br />
reproduction des espèces aquatiques. De<br />
nombreuses opérations conduites par les<br />
associations de pêche et les associations<br />
intervenant dans le cadre du programme<br />
<strong>Loire</strong> <strong>nature</strong> ont eu lieu, en particulier au<br />
cours de la première phase du <strong>plan</strong>.<br />
Premiers pas en faveur<br />
de l’espace de mobilité<br />
Différentes réserves foncières et<br />
études ont été menées au cours des deux<br />
phases du <strong>plan</strong>. Elles se sont traduites<br />
par des résultats en matière de connaissance<br />
de ces espaces (évolution au cours<br />
du temps) et en terme d’identification<br />
de secteurs remarquables. Ces travaux<br />
permettent de sensibiliser les riverains<br />
à l’intérêt des érosions et contribuent à<br />
renforcer les concertations sur des arbitrages<br />
en matière d’intervention dans le<br />
lit (limitation des enrochements par<br />
exemple).<br />
Du mieux pour les<br />
poissons migrateurs<br />
<strong>Le</strong> rétablissement de la libre circulation<br />
des poissons migrateurs a bien avancé au<br />
cours des deux premières phases du <strong>plan</strong><br />
avec la concrétisation de plusieurs<br />
actions portant sur l’amélioration du<br />
franchissement de divers seuils ou barrages,<br />
notamment en <strong>Loire</strong> moyenne, ou<br />
encore avec l’arasement des barrages de<br />
Maisons-Rouges sur la Vienne, de Saint-<br />
Étienne-du-Vigan sur le Haut-Allier et<br />
l’effacement du barrage de loisirs de<br />
Blois. De nombreux obstacles restent<br />
cependant présents, en particulier pour<br />
ouvrir l’accès à des cours d’eau à l’anguille<br />
dont les populations sont aujourd’hui<br />
fragilisées. De nombreux dispositifs<br />
de comptage ont aussi été installés<br />
À retenir<br />
depuis 1994 (Vichy, Poutès, Langeac,<br />
Châteauponsac, Châtellerault, Gueugnon)<br />
ce qui permet de mieux suivre les populations.<br />
Malgré les opérations conduites<br />
en faveur du saumon, le niveau des<br />
effectifs, tel qu’il est comptabilisé<br />
aujourd’hui sur le bassin, reste en dessous<br />
des objectifs malgré l’apport de la<br />
Boire remise en connection avec le fleuve<br />
salmoniculture de Chanteuges, ce qui<br />
rend nécessaire le maintien en production<br />
de cet équipement.<br />
Ressource en eau :<br />
priorité à la gestion<br />
<strong>Le</strong>s actions engagées dans le cadre du<br />
<strong>plan</strong> <strong>Loire</strong> pour l’amélioration de la situation<br />
de la ressource en eau le long des<br />
vallées ligériennes ont porté sur les retenues<br />
de Villerest et Naussac. <strong>Le</strong>ur gestion<br />
en 2003 a démontré qu’elles pouvaient<br />
faire face à une sécheresse sévère.<br />
Il convient également de mettre en œuvre<br />
un programme de reconquête de la qualité<br />
des eaux au titre de la directive-cadre<br />
européenne sur l’eau et des actions financées<br />
par l’Agence de l’eau. <strong>Le</strong> problème<br />
demeure cependant sur la vallée du Cher,<br />
en amont de Montluçon, l’avancement<br />
des solutions alternatives au barrage de<br />
Chambonchard étant encore pour beaucoup<br />
au stade de la réflexion. <strong>Le</strong> soutien<br />
à l’émergence des Schémas de Gestion<br />
des Eaux (SAGE), l’un des objectifs fixés<br />
dans le cadre de la deuxième phase du<br />
<strong>plan</strong>, se met également progressivement<br />
en place (Cher amont et Cher aval,<br />
Allier, etc.).
8 Plan <strong>Loire</strong> 25/04/06 18:15 Page 8<br />
Qu’en est-il de la gestion du risque inondation ?<br />
<strong>Le</strong>s études et les travaux conduits depuis 1994 s’articulent autour de trois axes complémentaires:<br />
la prévision, la prévention et la protection.<br />
Une amélioration notable<br />
des outils de surveillance<br />
Différentes actions ont été conduites de<br />
façon à permettre de mieux anticiper et<br />
gérer les événements. Elles portent sur:<br />
- l’amélioration des dispositifs de surveillance<br />
hydrométéorologique du bassin<br />
de la <strong>Loire</strong>. Cela s’est traduit par:<br />
● une meilleure couverture du réseau<br />
CRISTAL sur la <strong>Loire</strong> et l’Allier, son<br />
extension au Cher, à l’Indre et à la Vienne;<br />
● la mise en service de deux nouveaux<br />
radars météo, l’un sur la Haute-<strong>Loire</strong>,<br />
l’autre sur le Morvan;<br />
● la modernisation et la création d’outils<br />
de prévision des crues sur l’ensemble du<br />
bassin, de prévisions d’inondations et de<br />
leurs conséquences. <strong>Le</strong> système CRISTAL<br />
permet de surveiller en permanence les données<br />
hydrométriques relevées aux stations<br />
de mesures. Celles-ci sont reçues et utilisées<br />
en temps réel pour la gestion de l’ouvrage<br />
écrêteur de crues de Villerest et par<br />
les services de prévision des crues pour la<br />
<strong>Loire</strong>, l’Allier, le Cher et la Maine;<br />
- l’amélioration de la gestion des inondations<br />
par un ciblage des informations pertinentes<br />
et utilisables à diffuser en périodes<br />
de crues, le renforcement des services d’annonces<br />
de crues et la préparation de la gestion<br />
des événements (notamment une mise<br />
à disposition des gestionnaires de logiciels<br />
informatiques spécifiques).<br />
<strong>Le</strong>s actions de prévention<br />
Elles ont été fortement développées suite<br />
à la publication des travaux de l’Équipe pluridisciplinaire<br />
et consécutivement à la montée<br />
en puissance de la politique nationale de<br />
réduction des risques. Elles ont porté sur:<br />
- la connaissance (Atlas des zones inondables);<br />
- la limitation de l’urbanisation des zones<br />
inondables au travers de la mise en place<br />
des Plans de Prévention des Risques<br />
d’Inondation (PPRI);<br />
À ce titre ont été engagés:<br />
- un processus dans la durée visant le<br />
rachat des maisons du quartier situé dans<br />
le prolongement du déversoir de crue de la<br />
Bouillie à Blois;<br />
- des diagnostics de vulnérabilité pour<br />
les entreprises, les agriculteurs;<br />
- une étude de réduction de la vulnérabilité<br />
du patrimoine historique;<br />
- une étude de réduction de la vulnérabilité<br />
des réseaux (eau, EDF, télécommunication…);<br />
- un inventaire et une mise en valeur des<br />
repères de crues (conscience du risque<br />
d’inondation).<br />
Autant d’opérations auxquelles on peut<br />
ajouter de multiples actions de communication<br />
et de sensibilisation auprès des riverains,<br />
afin de les inciter à participer directement<br />
à cette démarche de réduction de la<br />
vulnérabilité.<br />
<strong>Le</strong>s actions de protection<br />
Des rues basses de la ville de Decize ont été en partie inondées<br />
lors de la crue de décembre 2003<br />
- la préservation, voire la reconquête des<br />
zones d’expansion de crues;<br />
- la réduction de la vulnérabilité des biens<br />
situés en zones les plus exposées;<br />
- la restauration et l’entretien régulier des<br />
lits des cours d’eau;<br />
- le développement de la culture du<br />
risque.<br />
La réduction de la vulnérabilité des<br />
biens et des personnes situés dans les<br />
zones les plus exposées est une démarche<br />
innovante qui ne fait que démarrer.<br />
Ph. Auclerc<br />
Au cours des deux premières phases du<br />
<strong>plan</strong> <strong>Loire</strong>, ces actions sont destinées à préserver<br />
le système de protection existant et à<br />
mettre en œuvre, quand cela est jugé nécessaire,<br />
des protections très localisées. Ceci<br />
se traduit par des opérations permettant le<br />
renforcement des digues ou levées (réduction<br />
des risques de déstabilisation par érosion<br />
ou par passage des eaux au-dessus) et<br />
l’adaptation des dispositifs de gestion des<br />
écrêtements aux configurations actuelles<br />
du lit et de l’occupation des sols. S’ajoute à<br />
cela une amélioration des dispositifs de surveillance<br />
et d’intervention d’urgence.<br />
Il faut savoir qu’il existe près de 730 kilomètres<br />
de digues et que, sur ce total, 610<br />
kilomètres protègent des secteurs habités.<br />
Des programmes de renforcement des<br />
digues ont été mis en œuvre dès les années<br />
soixante-dix. Depuis 1994, dans les trois<br />
régions principalement concernées (Bourgogne,<br />
Centre et Pays-de-la-<strong>Loire</strong>), ceuxci<br />
ont été amplifiés. Ce volet est parmi les<br />
plus lourds du <strong>plan</strong> <strong>Loire</strong>.<br />
Il reste encore beaucoup à faire depuis<br />
que de nouveaux travaux ont été jugés<br />
nécessaires : restauration des pieds de<br />
levées, harmonisation des hauteurs des<br />
murets placés au sommet des digues, gestion<br />
du possible passage des eaux par-dessus<br />
l’édifice, etc.<br />
Textes: Philippe Auclerc - Réalisation <strong>Loire</strong> et terroirs - Impression: Imprimerie Nouvelle