POLYPES GASTRIQUES : LES RECONNAITRE, SAVOIR ... - SNFGE
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<strong>POLYPES</strong> <strong>GASTRIQUES</strong> :<br />
<strong>LES</strong> <strong>RECONNAITRE</strong>, <strong>SAVOIR</strong> <strong>LES</strong>QUELS ENLEVER<br />
GASTRIC POLYPS : HOW TO RECOGNIZE ? WHICH TO RESECT ?<br />
Gilles <strong>LES</strong>UR<br />
Fédération des Spécialités Digestives - Hôpital Ambroise Paré - 9 avenue Charles de Gaulle -<br />
92100 Boulogne
TABLE DES MATIERES<br />
Introduction<br />
Les différents types de polypes gastriques<br />
Les polypes glandulo-kystiques du fundus<br />
Les polypes hyperplasiques<br />
Les polypes néoplasiques<br />
Les polypes inflammatoires<br />
Les polypes hamartomateux<br />
Polypes de Peutz-Jeghers<br />
Polypes juvéniles<br />
Polypes au cours du syndrome de Cowden<br />
Polypes au cours du syndrome de Cronkhite-Canada<br />
Traitement endoscopique<br />
Conclusion<br />
RÉFÉRENCES
CONTENTS<br />
Introduction<br />
Various types of gastric polyps<br />
Fundic gland polyps<br />
Hyperplastic polyps<br />
Neoplastic polyps<br />
Inflammatory polyps<br />
Hamartomatous polyps<br />
Peutz-Jeghers syndrome<br />
Juvenile polyps<br />
Cowden syndrome<br />
Cronkhite-Canada syndrome<br />
Endoscopic therapy<br />
Conclusion<br />
REFERENCES
Introduction<br />
Le terme de polype gastrique désigne toute lésion sessile ou pédiculée faisant saillie sur la<br />
paroi gastrique indépendamment de sa nature histologique. Un ou plusieurs polypes<br />
gastriques se rencontrent au cours de 2 à 5 % des endoscopies hautes [1]. Leur découverte est<br />
dans 90 % des cas fortuite chez un patient asymptomatique ou présentant une<br />
symptomatologie sans rapport, plus rarement ils sont mis en évidence au cours du bilan d'une<br />
hémorragie digestive, d'une anémie, voire d'une polypose digestive [2].<br />
Les différents types de polypes gastriques<br />
Il existe 2 principaux types de polypes gastriques, les polypes non néoplasiques et les polypes<br />
néoplasiques [3]. Parmi les polypes non néoplasiques, on distingue : 1) les polypes glandulokystiques<br />
(PGK), parfois appelés glandulo-fundiques du fait de leur siège exclusivement<br />
fundique, survenant sur une muqueuse gastrique normale et au risque évolutif nul ; 2) les<br />
polypes hyperplasiques qui peuvent siéger dans tout l'estomac, sont associés à une gastrite<br />
chronique et présentant un risque évolutif faible mais non nul [1-3]. Les polypes néoplasiques<br />
sont dominés par les adénomes au risque évolutif élevé surtout fonction de la taille et de<br />
l'aspect histologique [3, 4]. Le plus souvent sporadiques, ces différents types de polypes<br />
peuvent survenir dans le cadre d'une polypose (polypose adénomateuse familiale (PAF) ou<br />
polypose juvénile) connue ou non [5]. Les diagnostics différentiels reconnus par les biopsies<br />
qui s'imposent en présence de toute lésion polypoïde ne seront pas évoqués. Pour mémoire, il<br />
peut notamment s'agir d'une hétérotopie pancréatique ou des glandes de Brunner, de<br />
xanthomes ou xanthélasma, de tumeurs endocrines, de lymphomes malins, voire d'une GIST<br />
exceptionnellement à forme polypoïde…. (Tableau 1).<br />
Deux importantes séries permettent d'évaluer les fréquences des différents types de polypes<br />
gastriques [4, 6]. Les lésions non néoplasiques sont les plus fréquentes (80 %) et parmi ces
lésions, 80 % sont des PGK, soit la moitié environ des polypes tous types confondus, 20 %<br />
sont de nature hyperplasique et le reste d'autre nature (polype fibro-inflammatoire, Peutz-<br />
Jeghers, Cronkhite-Canada, polypes juvéniles). Les polypes adénomateux représentent la<br />
moitié des lésions néoplasiques, soit 10 % de l'ensemble des polypes dans la série de Stolte et<br />
al. [4] mais seulement 1 % dans le travail plus récent de Saboorian et al. [6]. Dans la série de<br />
Stolze et al. [4], 5 % de ces "adénomes" étaient un adénocarcinome à forme polypoïde. Le<br />
risque de transformation maligne varie selon la nature histologique du polype. De nul pour les<br />
PGK, il est de l'ordre de 2 à 3 % pour les polypes hyperplasiques, de 5 % pour les adénomes<br />
tubuleux et atteint 40 % pour les rares adénomes villeux. Dans une série française récente<br />
ayant exclu les PGK et portant sur 75 patients, les polypes étaient hyperplasiques dans 75 %<br />
des cas et adénomateux dans 22 % des cas [7]. Les adénomes étaient plus volumineux et plus<br />
agressifs sur le plan histologique [7] (Tableau 2).<br />
Les polypes glandulo-kystiques du fundus<br />
Très fréquents (1 à 2 % de la population générale et 1 à 5 % des endoscopies), les PGK sont<br />
localisés exclusivement au niveau de la muqueuse fundique, souvent au niveau du corps<br />
gastrique, et se développent sur une muqueuse gastrique saine [5]. Ils se rencontrent<br />
volontiers chez la femme d'âge moyen. Souvent multiples mais en nombre inférieur à 10, ils<br />
se présentent sous forme de lésions sessiles millimétriques, hémisphériques, brillantes,<br />
rosâtres et à surface régulière. Plus rarement, ils apparaissent framboisés à leur sommet, voire<br />
érodés en cas de lésions plus volumineuses (Fig. 1). Autour de ces PGK, la muqueuse<br />
gastrique est d'aspect endoscopique normal. Lorsque plus de 10 PGK sont présents, on parle<br />
généralement de polypose glandulo-kystique sporadique. La biopsie les détache facilement<br />
souvent en totalité ou les affaisse alors même que le prélèvement semble incomplet. En effet,<br />
les PGK sont des glandes fundiques hyperplasiques microkystiques au revêtement de surface
non hyperplasique [3]. Histologiquement, 3 lésions sont caractéristiques des PGK : le<br />
raccourcissement de la longueur des cryptes de surface, l'hyperplasie des glandes et la<br />
dilatation voire la kystisation du collet des glandes. Il n'y a ni dysplasie, ni métaplasie<br />
intestinale et aucun traitement n'est à envisager [3]. Les données de la littérature concernant<br />
les relations entre les PGK, l'infection par Helicobacter pylori (HP) et la prise prolongée<br />
d'inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) sont très discutées [5, 8]. Ces PGK seraient présents<br />
chez 10 % des malades traités par IPP au long cours et susceptibles de régresser après arrêt de<br />
ce type de traitement [5]. Un lien physiopathologique a même été suggéré, la présence d'un<br />
PGK étant associée à un taux moindre d'infection à HP. A l'heure actuelle, ces données n'ont<br />
pas de conséquence pratique sauf lorsque l'indication du traitement IPP est discutable devant<br />
alors faire discuter une interruption.<br />
La survenue de PGK au cours de la PAF posent des problèmes différents : sex-ratio 1/1,<br />
survenue précoce (entre 10 et 20 ans), fréquence élevée (50 à 70 %) et équivalente dans les<br />
formes typiques et atténuées de PAF, très grand nombre de polypes et caractère disséminé,<br />
association avec des lésions dysplasiques et à des adénomes gastriques, augmentation du<br />
risque relatif de cancer gastrique [5, 9]. Lorsque le diagnostic de PAF n'est pas connu, la<br />
constatation de multiples PGK fundiques impose au minimum un interrogatoire à la recherche<br />
d'antécédents familiaux coliques, voire une exploration colique puis une éventuelle recherche<br />
génétique de PAF. Dans certaines études, l'association PGK et adénomes coliques atteint<br />
35 %, voire 50 % [10].<br />
Dans les PGK sporadiques et associés à la prise d'IPP le risque de cancer gastrique est nul<br />
même si des lésions de dysplasie épithéliale de signification incertaine ont été rapportées dans<br />
moins de 1% des cas [5]. Il n'y a donc pas d'indication à une surveillance endoscopique. En<br />
cas de PGK associés à une PAF, une surveillance gastrique par endoscopie tous les 3 ans avec<br />
biopsies de toute lésion de plus de 1 cm de diamètre ou suspecte est recommandée car une
dysplasie peut survenir dans 25 % des cas et de rares cas de cancer ont été publiés [5]). Cette<br />
surveillance gastrique doit être coordonnée avec celle du reste du tube digestif.<br />
Les polypes hyperplasiques<br />
Constamment développés sur une muqueuse gastrique pathologique et de siège variable dans<br />
l'estomac, les polypes hyperplasiques sont les plus fréquents (70 %) des polypes de plus de 5<br />
mm de diamètre [3, 4, 6]. De découverte souvent fortuite, ils peuvent être responsables<br />
d'hémorragie aiguë ou chronique, voire d'obstruction intermittente du pylore par enclavement<br />
en cas de localisation antrale basse [3]. Le plus souvent unique, sessiles, à base large mesurant<br />
environ 1 cm de diamètre, ils peuvent également être volumineux (2-5 cm), pédiculés dans<br />
25 % des cas et parfois agglomérés en grappe (Fig. 2, 3). De consistance molle, leur surface<br />
souvent régulière peut néanmoins être ulcérée et/ou d'allure hémorragique. Ils siégent<br />
préférentiellement dans l'antre (60 %) et le corps gastrique (30 %). Des lésions multiples sont<br />
observées dans environ 15 % des cas et des polyposes hyperplasiques ont été<br />
exceptionnellement rapportées [5]. Des observations après transplantation d'organe ont<br />
également été publiées [11].<br />
Ces lésions sont caractérisées histologiquement par le développement anormal des cryptes<br />
qui s'allongent formant des cavités anfractueuses souvent ramifiées et complexes. Des formes<br />
histologiques atypiques avec présence de métaplasie intestinale toujours focale et incomplète<br />
ou de cellules cylindriques à cytoplasme éosinophile sont rapportées [3]. En cas de lésion<br />
ulcérée, des remaniements inflammatoires parfois importants et des lésions épithéliales<br />
régénératives, voire un aspect pseudo-villeux, peuvent être présents mais ils ne doivent pas<br />
conduire au diagnostic par excès de dysplasie. Il existe presque constamment des lésions de<br />
gastrite chronique parfois liée à une infection par HP. La guérison de l'infection à HP peut<br />
entraîner la disparition d'un polype hyperplasique [12]. Les polypes hyperplasiques
développés sur une anastomose gastrique ou au niveau de la jonction œso-gastrique, d'aspect<br />
histologique proche des polypes hyperplasiques sporadiques, s'inscrivent respectivement dans<br />
un contexte de gastrite du moignon ou de reflux gastro-œsophagien chronique [13].<br />
Les polypes hyperplasiques sont des lésions non néoplasiques de pathogénie obscure mais<br />
pour lesquelles il existe un risque faible mais non nul de dégénérescence. Dans certaines<br />
séries le risque de découvrir un foyer d'adénocarcinome dans un polype hyperplasique est de 2<br />
à 3 % [3]. Ce risque augmente nettement en cas de polype hyperplasique de plus de 2 cm de<br />
diamètre et en cas de polypose hyperplasique [5]. Il est actuellement recommandé de réséquer<br />
en totalité tous les polypes hyperplasiques de plus de 5 mm et impérativement ceux de plus de<br />
2 cm afin de ne pas méconnaître une dégénérescence et de ne pas laisser évoluer une<br />
dysplasie [14]. Il est également nécessaire d'explorer et de biopsier largement le reste de<br />
l'estomac afin de mettre en évidence d'éventuelles lésions dysplasiques ou néoplasiques<br />
débutantes [14]. En effet, l'association polype hyperplasique et adénocarcinome gastrique,<br />
favorisée par la gastrite chronique atrophique, est retrouvée dans 6 % des cas [3]. Même s'il<br />
n'y a pas encore de données spécifiques dans la littérature, la chromo-endoscopie par indigocarmin<br />
trouve ici certainement une excellente indication [15].<br />
Les polypes néoplasiques<br />
Ils sont dominés par les adénomes qui représentent environ 10 % de l'ensemble des polypes<br />
gastriques [3]). Généralement uniques, mesurant moins de 2 cm de diamètre, ils siègent<br />
volontiers dans l'antre et sont plus souvent polypoïdes et/ou sessiles que pédiculés (Fig. 4, 5)<br />
[2]. Leur surface est de couleur foncée, lisse parfois multilobée rarement érodée. L'analyse<br />
endoscopique peut être aidée de la chromo-endoscopie à l'indigo-carmin et par le zoom [15].<br />
Ils sont le plus souvent d'architecture tubuleuse, plus rarement tubulo-villeuse, villeuse ou<br />
papillaire. Histologiquement, on distingue 2 types : le type intestinal, comportant des cellules
caliciformes, entérocytaires et de Paneth ; le type gastrique, avec des cellules surtout<br />
mucosécrétantes. Plus rarement, il s'agit d'une forme mixte. Souvent sporadiques ils<br />
s'intègrent plus rarement dans une PAF et sont alors volontiers associés à des PGK [5].<br />
Ces polypes néoplasiques, véritables lésions pré-cancéreuses, présentent un risque de<br />
transformation d'environ 10 % [2]. Ce risque est fonction de la taille : inférieur à 5 % pour les<br />
lésions de moins de 2 cm de diamètre et de 40 % pour les lésions de plus de 2 cm ; mais<br />
également du type, 5 % dans les adénomes villeux et 40 % dans les villeux à taille égale, et<br />
augmente en cas de forme intestinale [14, 16, 17]. Cette transformation est précédée par les<br />
stades de dyplasie de gravité croissante. La présence d'une dysplasie de haut grade est<br />
significativement associée au risque de transformation maligne [16]. A l'inverse, certains<br />
adénomes en dysplasie de bas grade sont susceptibles de ne pas évoluer histologiquement lors<br />
d'un suivi de plusieurs années [18]. La recherche de lésions adénomateuses planes (à risque 2<br />
fois supérieur d'évolution vers le cancer) et de lésions synchrones adénocarcinomateuses est<br />
essentielle et justifie l'utilisation de la chromo-endoscopie [15]. Des biopsies pour étude de la<br />
muqueuse gastrique non polypoïde sont toujours nécessaires.<br />
Cinq pour cent des polypes gastriques sont des adénocarcinomes se présentant sous la<br />
forme d'une lésion polypoïde [3]. Leur découverte sur pièce de polypectomie ou de<br />
mucosectomie peut imposer un geste chirurgical complémentaire en cas de lésion invasive ou<br />
de résection ne passant pas en zone saine. Un essai rétrospectif non randomisé suggère qu'en<br />
cas d'infection par HP l'éradication pourrait réduire le risque d'évolution d'un polype<br />
adénomateux vers le cancer [19]. Il est également possible que l'éradication réduise le risque<br />
de récidive après exérèse d'un adénome [2]. L'association adénomes gastriques et polypes<br />
coliques parfois suggérée mérite confirmation [20].<br />
Les polypes inflammatoires
Le polype fibroïde inflammatoire, ou tumeur de Vanek, est une lésion bénigne très rare,<br />
souvent volumineuse, à point de départ sous-muqueux et d'origine mésenchymateuse qui se<br />
développerait aux dépens de cellules dendritiques. Il siège dans l'antre, est habituellement<br />
semi-pédiculé et recouvert d'une muqueuse normale ou ulcérée [21] (Fig. 6). Le diagnostic est<br />
souvent histologique, la lésion étant formée d'un axe fibreux conjonctif avec cellules<br />
myofibroblastiques et riche vascularisation par des vaisseaux à paroi épaisse formée de<br />
couches concentriques de cellules d'aspect myofibroblastique en bulbe d'oignon. Il s'y associe<br />
une infiltration polymorphe comprenant des polynucléaires éosinophiles et parfois des<br />
follicules lymphoïdes. En écho-endoscopie l'aspect avec une localisation dans la 2 ème ou 3 ème<br />
couche est caractéristique [22]. Le profil immuno-histochimique permet de différencier ces<br />
tumeurs des tumeurs myofibroblastiques inflammatoires.<br />
Les polypes hamartomateux<br />
Il recouvre plusieurs types de lésions non néoplasiques mais associées à des anomalies<br />
génétiques et dans certaines conditions à un risque élevé de cancer digestif [3] (Tableau 3).<br />
Les polypes de Peutz-Jeghers<br />
Les moins rares des polypes gastriques hamartomateux sont les polypes de Peutz-Jeghers, très<br />
souvent associées à une polypose de Peutz-Jeghers syndromique qui prédomine toujours au<br />
niveau de l'intestin grêle, et beaucoup plus rarement isolés. Souvent volumineux et<br />
symptomatiques à l'origine d'une obstruction digestive, ils présentent une structure<br />
arborescente et sont caractérisés par la présence d'axes fibro-musculaires lisses en continuité<br />
avec la musculaire muqueuse [3)] Il existe un risque accru de cancer gastrique. En cas de<br />
polypose, la première endoscopie doit être proposée vers l'âge de 8 ans, des cas de cancer<br />
avant l'âge de 10 ans ayant été rapportés, et une surveillance endoscopique ultérieure est<br />
justifiée tous les 2 ou 3 ans.
Les polypes juvéniles<br />
Lésions souvent volumineuses, pédiculées ou à base large, et saignant aisément au contact, les<br />
polypes juvéniles ont un aspect histologique caractéristique associant des glandes irrégulières<br />
dilatées, rarement rompues, dispersées dans un stroma fibreux abondant et inflammatoire<br />
richement vascularisé. Rarement isolés, ils s'intègrent le plus souvent dans une polypose<br />
syndromique, touchant l'estomac de manière diffuse et le côlon et sont parfois associés à une<br />
maladie de Rendu Osler [3]. Ces polyposes juvéniles syndromiques sont associées à des<br />
anomalies génétiques des gènes SMAD4 et BRMP1A qui codent pour des protéines de la voie<br />
de signalisation du TGF-beta. Il semble exister une corrélation entre la présence d'une atteinte<br />
gastrique sévère et celle d'une mutation SMAD4 [23]. La fréquence relative de l'atteinte<br />
gastrique est de 73 % en cas de mutation Smad 4 et de 8 % en cas de mutation BRMP1A. Le<br />
risque de développement d'un adénocarcinome gastrique est très élevé surtout en cas de<br />
mutation du gène SMAD4 [24]. En cas de polypose juvénile, des foyers de dysplasie voire<br />
d'adénocarcinome sont présents dans 30 % des lésions. Des formes gastriques profuses<br />
peuvent imposer un traitement chirurgical (Fig. 7). L'autre risque majeur est la survenue d'un<br />
cancer colique [3]. Il n'y a aucune recommandation pour la surveillance. Hors le cadre de la<br />
polypose juvénile, ces lésions n'ont pas de potentiel malin.<br />
Le syndrome de Cowden<br />
Génodermatose rare à transmission autosomique dominante associée 8 fois sur 10 avec une<br />
mutation du gène PTEN la maladie de Cowden, ou maladie des hamartomes multiples, associe<br />
des malformations crânio-faciales, des anomalies cutanées et muqueuses et des lésions<br />
hamartomateuses des seins et de la thyroïde. L'atteinte gastrique, à l'inverse des lésions<br />
intestinales de types variées, est rare et mal connue. Elle se présente habituellement sous<br />
forme de polypes ressemblant aux polypes hyperplasiques [3].<br />
Le syndrome de Cronkhite-Canada
Affection rare, acquise, d'étiologie inconnue sans caractère familial l'aspect de l'atteinte<br />
gastrique est celui de polypose gastrique diffuse sous forme de nombreuses lésions<br />
polypoïdes, de localisation préférentiellement antrale, associées à une muqueuse d'allure<br />
hyperplasique pouvant simuler une maladie de Ménétrier.<br />
Traitement endoscopique<br />
Lorsqu'une décision de traitement endoscopique est prise, il s'agit soit d'un polype<br />
adénomateux soit d'un polype hyperplasique de plus de 0,5 cm de diamètre. Des biopsies<br />
gastriques pour préciser l'état de la muqueuse gastrique non polypoïde doivent toujours être<br />
pratiquées. L'exérèse monobloc par mucosectomie est le traitement de référence des lésions<br />
sessiles. Le bon décollement muqueux témoigne du respect de la musculaire muqueuse. Le<br />
risque de saignement significatif après le geste est d'environ 5 %. La réalisation préalable<br />
d'une écho-endoscopie peut être utile à la recherche d'une extension intra-pariétale contreindiquant<br />
la mucosectomie endoscopique [25]. Elle ne réduit pas le risque de saignement<br />
après la procédure [26]. Le matériel d'hémostase doit être disponible. Des artifices techniques<br />
ont parfois été proposés : utilisation d'un capuchon, pose préventive de clips, d'une anse<br />
larguable, ligature élastique après le geste [27]. Une surveillance endoscopique et histologique<br />
de la gastrite chronique associée doit être débutée.<br />
L'auteur n'a aucun conflit d'intérêt<br />
Abréviations : PGK : polypes glandulo-kystiques - HP : Helicobacter pylori - IPP :<br />
inhibiteur de la pompe à protons.
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Tableau 1. Classification des polypes gastriques (d'après référence 1)<br />
Gastric polyps classification (from reference 1)<br />
Polypes non<br />
néoplasiques<br />
• Hyperplasiques - Sporadique<br />
- Sur gastro-entéro-anastomose<br />
- Polypes de la jonction œsogastrique<br />
(RGO)<br />
• Polype inflammatoire fibroïde<br />
(tumeurs à éosinophiles)<br />
• Hamartomes - Peutz-Jeghers<br />
- Juvénile<br />
- Maladie de Cowden<br />
- Lésions variées (hamartomes myoépithéliaux,<br />
pancréas ectopique)<br />
• Syndrome de Cronkhite Canada<br />
Polypes néoplasiques • Adénome<br />
• Carcinoïde<br />
• Carcinomes<br />
• Polypes glandulo-kystiques<br />
Lésions diverses à<br />
présentation parfois<br />
"polypoïde"<br />
• Xanthome, xanthélasma<br />
• Hyperplasie<br />
lymphoïde/lymphome<br />
• Tumeurs stromales
mésenchymateuses : GIST,<br />
tumeurs musculaires, tumeurs<br />
glomiques, neurogènes<br />
• Autres tumeurs rares : lipome,<br />
liposarcome, rhabdomyosarcome,<br />
histiocytome<br />
• Tumeurs vasculaires :<br />
hémangiome, lymphangiome,<br />
hémangiosarcome, Kaposi
Tableau 2<br />
Comparaison des polypes hyperplasiques et adénomateux (d'après<br />
référence 7)<br />
Comparison between hyperplastic and adenomatous gastric polyps (from reference 7)<br />
Polypes hyperplasiques<br />
Polypes adénomateux<br />
Nombre 56 17<br />
Age (m ± écart-type) 71 ± 15 77 ± 13<br />
Sex ratio (H/F) 1/1 3/1<br />
Taille > 10 mm 51 % 90 %<br />
Dysplasie de haut grade 3,6 % 18 %<br />
Carcinome intra-muqueux 0 1<br />
Métaplasie intestinale 14 % 55 %<br />
Atrophie gastrique 19 % 88 %<br />
Carcinome synchrone N=2 N=1<br />
PAF : polypose adénomateuse familiale<br />
PGK : polypes grandulo-kystiques
Tableau 3<br />
Lésions gastriques et risque de cancer gastrique au cours des polyposes<br />
(d'après référence 3)<br />
Gastric lesions and cancer risk during polyposis syndromes (from reference 3)<br />
Type de polypose Type lésions Risque de cancer gastrique<br />
PAF classique PGK, adénome augmenté<br />
PAF atténuée PGK, adénome augmenté<br />
Peutz-Jeghers Polypes de Peutz-Jeghers augmenté<br />
Polypose juvénile Polypes juvéniles non connu<br />
Syndrome de Cowden<br />
Polypes hyperplasiques, juvéniles ou PGK non connu<br />
Cronkhite-Canada Polypes de type hyperplasique non connu
Iconographie<br />
Figure 1. Polypes glandulo-kystiques du fundus<br />
Fundic gland polyps<br />
Figure 2. Polype hyperplasique de l'antre<br />
Antrum hyperplastic polyp<br />
Figure 3. Polype hyperplasique du fundus<br />
Fundic hyperplastic polyp<br />
Figure 4. Polype adénomateux en dysplasie de bas grade de l'antre<br />
Antral adenomatous polyp with low grade dysplasia<br />
Figure 5. Polype adénomateux en dysplasie de haut grade de l'antre<br />
Antral adenomatous polyp with high grade dysplasia<br />
Figure 6. Polype inflammatoire de l'antre<br />
Antral inflammatory polyp<br />
Figure 7. Aspect de polypose juvénile gastrique majeure<br />
Juvenile polyposis with major gastric involvment
Figure 1<br />
Polypes glandulo-kystiques du fundus<br />
Fundic gland polyps
Figure 2<br />
Polype hyperplasique de l'antre<br />
Antrum hyperplastic polyp
Figure 3<br />
Polype hyperplasique du fundus<br />
Fundic hyperplastic polyp
Figure 4<br />
Polype adénomateux en dysplasie de bas grade de l'antre<br />
Antral adenomatous polyp with low grade dysplasia
Figure 5<br />
Polype adénomateux en dysplasie de haut grade de l'antre<br />
Antral adenomatous polyp with high grade dysplasia
Figure 6<br />
Polype inflammatoire de l'antre<br />
Antral inflammatory polyp
Figure 7<br />
Aspect de polypose juvénile gastrique majeure<br />
Juvenile polyposis with major gastric involvment