TRAITEMENTS NÉO-ADJUVANT ET ADJUVANT DU ... - SNFGE
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<strong>TRAITEMENTS</strong> <strong>NÉO</strong>-<strong>ADJUVANT</strong> <strong>ET</strong> <strong>ADJUVANT</strong> <strong>DU</strong> CANCER <strong>DU</strong> PANCRÉAS<br />
Pascal HAMMEL<br />
Service de Gastroentérologie – Hôpital Beaujon – 100 boulevard du Général Leclerc –<br />
92110 CLICHY
58<br />
TABLE DES MATIERES<br />
Introduction<br />
Traitement adjuvant après résection chirurgicale<br />
Traitements néo-adjuvants<br />
Traitement néo-adjuvant vrai<br />
Traitement néo-adjuvant « de rattrapage » (cancer localement évolué)<br />
Perspectives : optimisation des traitements et étude de la marge<br />
rétropéritonéale<br />
Conclusion<br />
RÉFÉRENCES
59<br />
Introduction<br />
Le mauvais pronostic de l’adénocarcinome du pancréas est lié à l’inextirpabilité fréquente de la<br />
tumeur au moment du diagnostic, à la survenue d’une récidive tumorale après exérèse chirurgicale<br />
même supposée complète (RO) chez près de huit malades sur dix et à la chimiorésistance de cette<br />
tumeur. A l’instar d’autres tumeurs digestives (estomac, côlon et rectum), des traitements périopératoires<br />
sont en plein développement. Ils pour but d’améliorer la sélection des malades opérables,<br />
de réduire la masse tumorale (down staging) et d’augmenter le taux de guérison après chirurgie<br />
supposée RO (1, 2), notamment en traitant la marge rétropéritonéale (3).<br />
Les traitements pré-opératoires (néo-adjuvants) et post-opératoires ont leurs avantages et<br />
inconvénients respectifs qui sont résumés dans le tableau 1. Nous envisagerons successivement les<br />
traitements adjuvants et néo-adjuvants. Pour ces derniers, qui seront d’avantage détaillées car plus<br />
récents, nous distinguerons les néo-adjuvants « vrais » (pour les tumeurs à l’évidence résécables<br />
d’emblée) et néo-adjuvants « de rattrapage » (pour les tumeur localement évoluées).<br />
Traitement adjuvant après résection chirurgicale<br />
La chimiothérapie seule en situation adjuvante a été peu testée. Un essai norvégien portant sur<br />
un faible nombre de malades atteints de cancers du pancréas ou d’ampullome montrait l’absence<br />
d’avantage en terme de survie de l’utilisation d’une chimiothérapie associant 5-FU, adriamycine et<br />
mitomycine C (4). Toutefois, la chimiothérapie adjuvante est maintenant recommandée dans le<br />
thésaurus national de cancérologie (http://www.snfge.asso.fr/01-Bibliotheque/0G-Thesauruscancerologie)<br />
depuis les résultats l’essai ESPAC-1 publiés par Neoptolemos et al. (5). Il a inclus 289<br />
malades dans un plan factoriel 2 x 2 (observation, chimiothérapie, radiochimiothérapie : RCT). Dans<br />
cet essai, le 5-FU était administré selon le schéma de la Mayo Clinic (5-fluorouracile : 5-FU en bolus à<br />
la dose de 425 mg/m 2 , 5 jours tous les 28 jours précédé d’une perfusion d’acide folinique à la dose de<br />
20 mg/m 2 ). Il améliorait la survie de façon significative (19,4 mois vs 14 mois, p = 0,0005). Les<br />
résultats définitifs de l’essai et ne portant que sur les patients inclus dans le plan factoriel 2 x 2 (289<br />
patients ; survie à 5 ans : 21 % dans le bras chimothérapie vs 8 % dans le bras sans chimiothérapie ;<br />
p=0,009), confirmaient le bénéfice significatif apporté par cette chimiothérapie sur la survie des<br />
patients opérés (5). A côté des problèmes méthodologiques largement discutés (1-3), les principales<br />
critiques soulevées étaient l’utilisation de schémas de radiothérapie anciens (split-course) avec des<br />
doses insuffisantes (2 x 20 Gy), et de 5-FU à faible dose et en bolus (5-FU continu uniquement dans<br />
l’essai de l’EORTC). La taille des champs d’irradiation n’était précisée et il n’y a pas eu de contrôle de<br />
qualité. Dans les recommandations du thésaurus, l’utilisation de la gemcitabine est une option.<br />
L’essai ESPAC-3 du même consortium européen compare actuellement ces deux molécules en<br />
situation adjuvante. Entre temps, un essai de phase III (CONKO-001) a été présenté par l’équipe<br />
allemande de P. Neuhaus (6) qui montrait des résultats prometteurs avec la gemcitabine. Dans cette<br />
étude, 368 malades étaient randomisés après chirurgie RO ou R1 entre administration adjuvante de<br />
gemcitabine (n=179) et simple surveillance (n=177). Les caractéristiques des groupes étaient bien<br />
équilibrées. Les taux de malades N+ étaient de 71 % et 73 %, et ceux des résections R1 de 19 % et<br />
16 % dans les bras gemcitabine et surveillance, respectivement. La survie sans récidive, qui était<br />
l’objectif principal de l’étude, était nettement supérieure dans le bras gemcitabine (14,2 mois vs<br />
7,5 mois, p < 0,05). Les toxicités grade 3-4 hématologique (0 %-8 %)) ou digestive (1 %- 4,5 %)<br />
étaient acceptables. On attend les résultats matures de cette étude concernant la survie. Un élément<br />
positif à souligner dans ce travail est la prise en compte de la marge postérieure qui seule permet de<br />
définir le statut RO/R1 d’une résection. En effet, jusqu’à deux tiers des malades traités par une<br />
résection jugée « curative » ont un envahissement ganglionnaire distale et/ou des marges de résection<br />
envahies (3). L’étude la marge postérieure, qui requiert un marquage à l’encre de chine par le<br />
chirurgien sur la pièce de résection d’une duodénopancréatectomie céphalique, devrait entrer dans les<br />
bonnes pratiques, tout comme l’analyse (d’au moins ?) de 10 ganglions et de la portion de la veine<br />
mésentérique ou porte réséquée le cas échéant (3). Sans quoi, toute évaluation des traitements<br />
périopératoires – néodjuvant ou adjuvant – perd de sa crédibilité.
60<br />
La radiothérapie externe adjuvante seule n’a pas fait l’objet d’études randomisées. Dans une<br />
étude française portant sur un petit nombre de malades (n= 14), la survie après chirurgie et irradiation<br />
de 54 Gy était de 23 mois, mais le taux de récidive locale atteignait 50 % (7). La radiothérapie<br />
peropératoire est abandonnée en raison de l’absence d’efficacité démontrée et de la difficulté pour la<br />
réaliser (1).<br />
La RCT est un traitement adjuvant standard aux Etats-Unis depuis la petite série (43 malades)<br />
du GITSG publiée en 1985 qui montrait un avantage de survie significatif (20 mois vs 11 mois) en<br />
faveur du groupe traité par 5-FU et radiothérapie par rapport au groupe ayant fait l’objet d’une simple<br />
surveillance (8). Quatre ans plus tard, un essai européen de l’EORTC ne confirmait pas cet<br />
avantage (9).<br />
L’essai ESPAC-1 suggérait que la RCT était délétère, mais les réserves sur les modalités de la<br />
radiothérapie sont nombreuses (qs supra) (5). Une très vive controverse concernant la place de la<br />
radiothérapie a eu lieu à l’ASCO GI en janvier 2006 avec C. Willet (pour) et J. Neoptolemos (contre).<br />
La conclusion était que la RCT méritait d’être à nouveau testée en utilisant des modalités plus<br />
optimales d’irrradiation et une chimiothérapie à visée radiosensibilisante plus efficace. Un nouvel<br />
essai de l’EORTC, auquel participent la FFCD et le GERCOR, a été activé en 2005. Il compare une<br />
chimiothérapie adjuvante par gemcitabine seule (4 cycles de trois perfusions, 16 semaines) contre une<br />
chimiothérapie par gemcitabine plus brève (2 cycles) suivie d’une RCT de 50,4 Gy avec gemcitabine à<br />
la dose de 300 mg/m 2 au début de chaque semaine d’irradiation. La première partie de l’essai consiste<br />
en une phase II portant sur 80 malades pour tester la tolérance de l’association de RCT. Elle devrait<br />
être terminée à l’automne 2006 et en l’absence de toxicité majeure, elle sera poursuivie par une étude<br />
de phase III. L’essai devrait inclure 538 malades.<br />
Traitements néo-adjuvants<br />
En pratique, il peut être difficile de distinguer un traitement « néo-adjuvant vrai » (résécabilité<br />
évidente) d’un traitement de « rattrapage » pour des tumeurs de résécabilité incertaine ou localement<br />
évoluées. La définition du caractère résécable ou non d’un cancer du pancréas dépend de la qualité du<br />
bilan (qui va selon les centres d’un scanner, à un bilan plus complet comprenant une échoendoscopie<br />
voire une laparoscopie) et de l’expertise de l’équipe médico-radio-chirurgicale qui prend en charge le<br />
malade. Ceci laisse supposer que les critères utilisés dans les différentes publications ne sont pas<br />
homogènes et qu’une proportion non négligeable de malades ayant une tumeur localement évoluée est<br />
incluse dans les essais de traitement néo-adjuvant.<br />
Traitement néo-adjuvant vrai<br />
Comme c’est indiqué dans le tableau 1, l’efficacité de la chimiothérapie et de la radiothérapie est<br />
théoriquement supérieure avant chirurgie quand les cellules tumorales bien oxygénées, sachant que la<br />
chirurgie modifie la vascularisation tissulaire (2). Le traitement néo-adjuvant diminuerait le risque de<br />
dissémination tumorale peropératoire et de fistule anastomotique. Il est susceptible de diminuer le taux<br />
de marges positives après chirurgie qui peut atteindre 50 % dans certaines séries (3, 10). D’un point de<br />
vue stratégique, le traitement néo-adjuvant donne une période de temps d’environ 3 mois qui permet<br />
d’identifier les malades ayant une évolution tumorale rapide, avec apparition de métastases précoces,<br />
qui n’auraient pas tiré profit d’une résection chirurgicale.<br />
En revanche, le traitement néo-adjuvant présente l’inconvénient de faire l’impasse sur la<br />
présence de métastases de petite taille non détectables par l’imagerie, péritonéales ou hépatiques, en<br />
l’absence de réalisation d’une laparoscopie. Le drainage d’un ictère s’il est présent et l’obtention d’une<br />
preuve histologique (jusqu’à 15 % d’erreurs diagnostiques dans certaines séries !) constituent un<br />
préalable indispensable. Ceci est parfois présenté comme un inconvénient de cette stratégie (2).<br />
Cependant, la faisabilité est élevée compte tenu de l’expertise des hépato-gastroentérologues français<br />
en endoscopie interventionnelle, d’autant qu’il s’agit généralement de malades sélectionnés traités<br />
dans le cadre de protocoles par des équipes entraînées.<br />
Le tableau 2 résume les différents essais publiés (11-24). La faisabilité de cette approche<br />
apparaît bonne. Le taux de résection chirurgicale approchait 70 % et en corollaire, 12 % à 35 % des<br />
malades n’étaient plus opérables à l’issue de la RCT, principalement en raison d’une progression
61<br />
tumorale. Le taux de réponse histologique complet était faible, généralement inférieur à 10 %, mais<br />
une réduction tumorale significative est signalée dans les études récentes (21).<br />
Dans un essai portant sur 54 malades publié par une équipe japonaise (13), la radiothérapie<br />
néoadjuvante (50 Gy) retardait la survenue d’une récidive tumorale et augmentait la survie à un an par<br />
rapport à la chirurgie seule (75 % vs 43 % pour le groupe sans radiothérapie, p <br />
47 Gy) a pu être administrée à 93 % des malades et de chimiothérapie (> 75 % de la dose prévue), à<br />
73 % des malades. Une résection à visée curative a été ensuite effectuée chez 26 (63 %) d’entre eux.<br />
Les 15 autres malades avaient une progression métastatique (n = 5) ou une tumeur inextirpable (n =<br />
10). La mortalité opératoire était de 2,8 %. Au plan histologique, une réponse tumorale majeure ou<br />
complète était notée dans 50 % et 4 % des cas, respectivement. Dans une étude présentée au congrès<br />
de l’ASCO en 2006, l’équipe de Houston (24) rapportait une série de 87 malades ayant un cancer<br />
opérable (stade I ou II) traités par quatre cycles de chimiothérapie gemcitabine (750 mg/m 2 ) et<br />
cisplatine (30 mg/m 2 ) (J1-J15) puis une radiothérapie (30 Gy) avec gemcitabine (400 mg/m 2 en<br />
perfusion hebdomadaire). Parmi les 77 malades (88 %) ayant eu la totalité du programme de RCT<br />
prévu, 61 (79 %) ont été opérés ; parmi eux, 49 (61 %) ont eu une résection tumorale qui était RO dans<br />
90 % des cas. La survie médiane des malades dont la tumeur a pu être réséquée était de 21 mois (vs 10<br />
mois en l’absence de résection). Un autre travail de Talamonti et al. (22) portant sur 20 malades a<br />
montré qu’une résection était possible après RCT (trois cycles de chimiothérapie avec gemcitabine<br />
1000 mg/m 2 suivie de radiothérapie 36 Gy) chez 17 d’entre eux, avec des résultats histologiques<br />
encourageants (marges saines dans 94 % des cas et absence d’envahissement ganglionnaire dans 65 %<br />
des cas).<br />
Les traitements néoadjuvants doivent être réalisés dans le cadre d’essais thérapeutiques et dans<br />
des centres experts en raison de leur morbidité potentielle. Récemment, l’équipe marseillaise a<br />
rapporté une augmentation du risque d’hémorragie post-opératoire sévère chez les malades ayant eu ce<br />
type de stratégie (23 % chez les malades ayant eu une irradiation vs 6 % en l’absence d’irradiation). La<br />
mortalité des accidents hémorragiques était de 56 % et ne concernait que les malades irradiés.<br />
L’origine du saignement provenait souvent d’une lésion de l’artère hépatique ou mésentérique<br />
supérieure (25).<br />
Traitement néo-adjuvant « de rattrapage » (cancer localement évolué)<br />
Les traitements pour cancer du pancréas localement évolué sont résumés dans le tableau 3 (26-<br />
50). Plusieurs essais rapportent que l’efficacité d’un traitement par RCT permettait d’envisager une<br />
résection à visée curative chez des malades ayant une tumeur a priori non résécable intialement. Dans<br />
un essai, la radiothérapie seule semblait permettre d’obtenir une réponse tumorale suffisante chez<br />
plusieurs malades pour envisager une résection chirurgicale secondaire (26), mais elle est<br />
pratiquement abandonnée. Une étude, également isolée, suggérait qu’une chimiothérapie seule, par 5-<br />
FU, acide folinique, mitomycine C et dipyridamole, avait permis de proposer résection secondaire<br />
chez 10 % des malades (31). Par la suite, une étude utilisant RCT rapportait l’obtention d’une<br />
résécabilité secondaire chez deux des 16 malades (12 %) ayant un cancer localement évolué (27).
62<br />
Les taux de résection tumorale secondaires chez les malades ayant reçu une RCT pour cancer<br />
localement évolué sont variés (tableau 3). L’interprétation de ces chiffres est difficile compte-tenu du<br />
caractère souvent subjectif de la notion de résécabilité selon les équipes chirurgicales et leur degré<br />
d’expertise dans le domaine.<br />
Dans l’étude de Snady et al. (35), 159 malades ayant un cancer résécable (n = 91) ou localement<br />
évolué (n = 68) étaient inclus. Les premiers ont eu une tentative de résection première et les seconds,<br />
une RCT. Dans ce dernier groupe, 29 % des malades ont pu avoir une résection tumorale secondaire.<br />
De façon intéressante, la survie médiane du groupe avec cancer localement évolué était supérieure à<br />
celle du groupe avec cancer résécable (23,6 mois vs 14 mois). Par ailleurs, la survie des malades dont<br />
la tumeur était réséquée après RCT atteignait 32,3 mois.<br />
L’expérience de l’équipe bordelaise (50) a montré que la RCT pouvait permettre reculer les<br />
limites de la chirurgie pour les tumeurs localement évoluées. Soixante et un malades ayant un cancer<br />
du pancréas avec envahissement artériel ont eu une radiothérapie (45 Gy sur 5 semaines avec 5-FU<br />
(650 mg/m 2 à J1-J5 et J21-J25) et cisplatine (80 mg/ m 2 ) en bolus à J2 et J22. Vingt-trois d’entre eux<br />
(38 %) ont eu une réponse objective mais il persistait un engainement artériel suspect au scanner. Une<br />
laparotomie était effectuée et en l’absence de métastases péritonéales et/ou hépatiques, une biopsie<br />
péri-artérielle était réalisée. En cas de négativité de l’analyse extemporanée, une<br />
duodénopancréatectomie céphalique (DPC) était effectuée. Au total, 13 malades (21 %) ont eu une<br />
résection à visée curative avec une survie médiane de 40 mois (vs 11 mois pour les malades nonrépondeurs<br />
et 20 mois pour les malades réopérés mais n’ayant eu qu’un geste palliatif).<br />
Perspectives : optimisation des traitements et étude de la marge<br />
rétropéritonéale<br />
L’amélioration des protocoles de radiochimiothérapie pourrait permettre d’améliorer les<br />
résultats des traitements périopératoires.<br />
Actuellement, la plupart des malades ayant un cancer du pancréas localement évolué sont encore<br />
traités selon les mêmes protocoles que les malades avec tumeur métastatique, ce qui n’est<br />
probablement plus souhaitable. En effet, le pronostic est différent et certains malades avec tumeur<br />
localement évoluée pourraient être opérés secondairement à visée curative en cas de bonne réponse à<br />
la RCT (tableau 3).<br />
La place de la radiothérapie dans les cancers localement évoluée pourrait se modifier dans les<br />
années à venir. Un essai français présenté à l’ASCO 2006 a montré une supériorité de la<br />
chimiothérapie première par gemcitabine sur une RCT avec 5-FU et cisplatine (analyse en cours) (51).<br />
D’autres associations de RCT sont actuellement testées. Une autre approche consiste en la réalisation<br />
d’une chimiothérapie première « de sélection » (pour détecter les malades ayant une tumeur<br />
rapidement métastatique) afin de réserver la RCT en deuxième intention aux malades ayant une<br />
tumeur contrôlée. Cette approche paraît prometteuse (52, 53). Le taux de malades dont la tumeur peut<br />
être rendue résécable avec une telle stratégie devra être évalué prospectivement.<br />
Il faut souligner enfin l’importance de l’étude de la marge rétropéritonéale. Elle représente la<br />
lame de tissu pancréatique qui se termine au bord droit et à la face postérieure de l’artère mésentérique<br />
supérieure. Elle ne peut être correctement examinée que si le pancréas rétro-vasculaire est réséqué en<br />
totalité. Elle doit être marquée par le chirurgien à l’encre de Chine. L’envahissement de cette marge<br />
diminue par deux la survie médiane des malades opérés et s’accompagne d’un taux élevé de récidive<br />
tumorale loco-régionale (40 %) (3). La négativité des marges est un facteur de meilleur pronostic.<br />
Dans une étude de Pingpank et al. (52), la survie était significativement allongée en cas de négativité<br />
des marges (p = 0,02), et diminuait en fonction du nombre de marges positives (6 marges analysées<br />
systématiquement). Le taux de marges saines (n=6) était plus élevé chez les malades ayant reçu une<br />
RCT néoadjuvante avec 5-FU ou gemcitabine que chez ceux ayant eu une chirurgie d’emblée (51 % vs<br />
26 %, p = 0,013).<br />
Des recommandations destinées aux chirurgiens et aux anatomopathologistes vont<br />
prochainement être proposées par un groupe de travail sous l’égide de l’INCa.
63<br />
Conclusion<br />
Le pronostic à long terme du cancer du pancréas reste mauvais (< 5 % de survie à 5 ans) malgré<br />
l’amélioration des protocoles de chimiothérapies et de thérapies ciblées. Les traitements périopératoires,<br />
adjuvants et néo-adjuvants, devraient permettre de mieux sélectionner les malades pour la<br />
chirurgie à visée curative et d’optimiser le taux de marges saines. Ainsi, on pourrait alors espérer<br />
observer une diminution des taux de récidives tumorales (en particulier locales) et une augmentation<br />
du taux de malades opérés vivants à 5 ans qui plafonne encore à 20 % dans la plupart des séries (3).
64<br />
RÉFÉRENCES<br />
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67<br />
Tableau 1 :<br />
Avantages et inconvénients théoriques des traitements adjuvants et néo-adjuvants chez les malades atteints de cancer du pancréas jugé résécable<br />
Traitement adjuvant Traitement néo-adjuvant<br />
Avantages Inconvénients Avantages Inconvénients<br />
Extension tumorale Sélection des malades Définition de la résécabilité bien<br />
définie (péritoine, foie) sans évolution métastatique rapide : variable selon équipes<br />
(période observation ~ 3 mois)<br />
(inclusion de malades avec tumeur<br />
localement avancée)<br />
Faisabilité :<br />
Délai si chirurgie Extension tumorale<br />
avec suite difficile sous estimée ~ 15%-30 %<br />
(foie, péritoine)<br />
Début rapide après diagnostic<br />
Diminution taux fistules Morbidité potentielle<br />
(lésions artérielles)<br />
Augmente la survie Résidus tumoraux Tumeur bien vascularisée<br />
Retarde les récidives mal vascularisés<br />
Meilleure acceptabilité Réduction taux marges Nécessité drainage biliaire<br />
pour les chirurgiens (?) rétropéritonéales envahies et preuve histologique avant
68<br />
Tableau 2.<br />
Essais de traitement néoadjuvant chez les malades atteints de cancer du pancréas jugé résécable<br />
AUTEUR<br />
n<br />
malades<br />
Chimiothérapie<br />
Irradiation<br />
Résection<br />
Chirurgicale<br />
Réponse<br />
histologique<br />
complète<br />
Survie<br />
globale<br />
(mois)<br />
Survie en cas<br />
de résection<br />
(mois)<br />
Evans 1992 (11) 28 5-FU 50 Gy/S 61 % 0 % 8 - -<br />
Yeung 1993 (12) 26 5-FU/MMC 50 Gy/S 38 % 0 % 58 % à 5 ans -<br />
Ishikawa 1994 (13) 23 non 50 Gy/S 74 % 15 15 9<br />
Spitz 1997 (14) 91 5-FU 50 Gy/ 30 Gy/S 19<br />
Pisters 1998 (15) 35 5-FU 30 Gy/R-IO 57 % 0 % 25 7<br />
Hoffman 1998 (16) 53 5FU/MMC/ 50 Gy/S 45 % 0 % 10,9 15,7 8<br />
cisplatine<br />
Breslin 2001 (17) 96 5-FU/paclitaxel/ 30/45/50 Gy/S/IO 21<br />
gemcitabine<br />
White 2001 (18) 53 5FU/MMC/ 45 Gy/S 53 % 7 % 22<br />
cisplatine<br />
Pisters 2002 (19) 35 Paclitaxel 30 Gy/R-IO 80 % 0 % 12 19 10<br />
Moutardier 2004 (20) 61 5-FU /cisplatine 30 Gy/SC-45/S 65 % 7 % 13 26,6 8,6<br />
Mornex 2006 (21) 41 5-FU /cisplatine 50 Gy/S 63 % 4 % 11,5 12,5 8,1<br />
Talamonti 2006 (22) 20 Gemcitabine 36 Gy/S 85 % 5 %<br />
Viret 2006 (23) 34 Docetaxel 45 Gy/S 68 % 6 % 14 Non atteinte<br />
Varadhachary 2006 (24) 87 Gemcitabine/<br />
cisplatine<br />
5-FU : 5 fluorouracile ; MMC : mitomycine C<br />
Radiothéraie : S : standard, IO : peropératoire, SC : split course, R : fractionnement rapide<br />
Survie sans<br />
résection<br />
(mois)<br />
30 Gy/S 79 % 21 10
69<br />
Tableau 3 :<br />
AUTEUR<br />
Essais de traitement néoadjuvant de « rattrapage » chez les malades atteints de cancer du pancréas localement évolué<br />
n<br />
malades<br />
Chimiothérapie<br />
Irradiation<br />
résection<br />
tumorale/<br />
opérés<br />
Réponse<br />
histologique<br />
Complète<br />
Survie<br />
globale<br />
(mois)<br />
Survie en cas<br />
de résection<br />
(mois)<br />
Survie sans<br />
résection<br />
(mois)<br />
Pilepich 1980 (26) 17 - 40-50 Gy/S 35 % 0 8<br />
Jeekel 1991 (27) 20 5-FU 40-50 Gy/S 10 % 10<br />
Jessup 1993 (28) 16 5-FU 40-50 Gy/S 16 % 8 n.a.<br />
Safran 1997 (29) 34 Paclitaxel 50 Gy/S 3 % n.a. n.a. n.a.<br />
Kamthan 1997 (30) 35 5-FU, STZ 54 Gy/SC 15 % 2/5 15 31 11<br />
Todd 1998 (31) 38 5-FU, AF, MMC - 27 % 15 ,5 28 13<br />
Bousquet 1998 (32) 7 5-FU, cisplatine 50 Gy/S 29 %<br />
Bajetta 1999 (33) 32 Doxofluridine, acide 50 Gy/SC 16 % 0 9 n.a.<br />
folinique<br />
Wanebo 2000 (34) 14 5-FU, cisplatine 50 Gy/S 64 % 2/9 19 9<br />
Snady 2000 (35) 68 5-FU, cisplatine, STZ 54 Gy/S 29 % 6/20 23,6 32 ,3 21,2<br />
Kastl 2000 (36) 27 5-FU 50 Gy/S 59 % 1/10 11<br />
André 2000 (37) 32 5-FU, cisplatine 45 Gy 10 % 9<br />
White 2001 (38) 58 5-FU, cisplatine, MMC 45 Gy/S 19 % 0 20<br />
Mehta 2001 (39) 15 5-FU 50-56 Gy/S 63 % 2/9 30 8<br />
Crane 2002 (40) 114 5-FU ou gemcitabine 30 Gy/R 5 % n.a. n.a. n.a.<br />
Epelbaum 2002 (41) 10 Gemcitabine 50 Gy 30 % 1/3<br />
Kim 2002 (42) 87 5-FU ou gemcitabine 3 % 11 18<br />
Rau 2002 (43) 26 5-FU, gemcitabine ou 45 Gy 42 % 9,8<br />
cisplatine<br />
Arnoletti 2002 (44) 26 5-FU, gemcitabine, 50 Gy 54 % 34 8<br />
MMC<br />
Ammori 2003 (45) 67 Gemcitabine 50 Gy/S 53 % 17,6 11,9<br />
Aristu 2003 (46) 47 5-FU, cisplatine, +/- 45 Gy/S 26 % 2/9 11 23 10<br />
paclitaxel<br />
Jeonsuu 2004 (47) 28 Gemcitabine 50 Gy/S 95 % 0 25 25 14<br />
Zimmerman 2004 10 Gemcitabine, cisplatine 45 Gy 25 % 13<br />
(48)<br />
Smeenk 2005 (49) 38 5-FU 50 Gy 37 % 9,8<br />
Sa Cunha 2005 (50) 61 5-FU, cisplatine 45 Gy 56 % 28<br />
n.a. : non atteinte ; AF : acide folinique ; STZ : streptozotocine