Comm Michel Montebello - IAE Aix-en-Provence

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Michel Montebello, Professeur de stratégie à l'IAE Aix-en-Provence, vient de publier un ouvrage
intitulé, "Création d'Entreprise, Connaissances et Analyses Stratégiques", aux Editions Economica
(septembre 2004).
La création d'entreprise va fortement s'accélérer dans les pays industrialisés et concerner particulièrement
deux populations, les moins de trente ans et les plus de cinquante et ce ne sera pas pour les raisons que ne
manqueront pas de mettre en avant la plupart des acteurs de l'économie, pressés de s'en attribuer le mérite
sans en comprendre la raison. Cette vague de création ne résultera pas en effet d'un contexte économique
qui se sera subrepticement amélioré pour plonger les créateurs potentiels dans l'optimisme béat qui
favorise toute création. Elle ne sera pas non plus le reflet de la renaissance du bien connu esprit
d'entreprise français ni le résultat des discours et incantations en faveur de la création d'entreprise. La
création d'entreprise n'augmentera pas non plus, contrairement à ce qu'affirmait avec assurance ce
présentateur de la presse télévisée, parce qu'il est plus facile maintenant de créer une entreprise 1[1] ... ou
que l'entrepreneur peut accéder à certaines aides !
La création d'entreprise résultera en grande partie d'un contexte économique difficile qui conduit les
intéressés à un constat simple :
le meilleur moyen, et souvent le seul,
d'avoir un emploi demain est de le créer aujourd'hui !
Cette « prédiction » découle logiquement de la combinaison de plusieurs tendances lourdes aux
conséquences importantes sur l'emploi des jeunes et des moins jeunes. Pour ce qui concerne les premiers
et sans même parler des conditions de l'emploi, les offres d'emploi qui leur seront destinées diminueront,
même pour ceux ayant une formation supérieure, car rien ne permettra de compenser trois tendances
lourdes aux conséquences importantes.
Les industries à forte intensité de main-d’œuvre continueront de se délocaliser dans les pays à
faible coût de main-d’œuvre et elles contribueront encore moins qu'aujourd'hui au maintien de
l'emploi dans les pays industrialisés..
le développement d'entreprises de services ne permettra pas de compenser ces pertes d'emploi,
la sensibilité croissante des consommateurs au prix continuera à forcer les entreprises à réduire
leurs coûts par tous les moyens,
Et pour ce qui concerne les moins jeunes, s'ajoutent à ces tendances :
le raccourcissement du temps d'activité et le rallongement de la durée de vie, qui mettent sur le
marché un nombre croissant de jeunes retraités à forte qualification, qui risquent de trouver le
temps bien long ;
la perception d'indemnités de licenciement et la réduction prévisible des pensions de retraite,
certainement en pouvoir d'achat et probablement en nominal.
1[1] Dans la même période, cet autre présentateur de journal télévisé (Canal+ le 31 octobre 2003, journal de midi) expliquait
avec assurance que, si une nouvelle entreprise sur trois est créée par un chômeur c'est parce qu'il dispose de plus de temps de
libre que les autres (sic) et qu'il bénéficie de nombreuses aides... S'il suffisait de disposer de temps libre, les français
créeraient effectivement beaucoup plus d'entreprises que les autres. Quand aux aides et différentes mesures incitatives, elle
n'amplifieront que très faiblement la création d'entreprise, même si elles améliorent quand même le sort de l'entrepreneur.

Nous aurions préféré que cette vague de création résulte de la présence d'opportunités et de la renaissance
de l'esprit d'entreprise, comme ce fut le cas au temps de la trop vite disparue nouvelle économie, que
d'événements externes négatifs. Elle ne fait cependant que confirmer les résultats d'études, maintenant
oubliés, mais qu'un chercheur redécouvrira sans doute bientôt, sur les raisons de la création d'entreprises.
À la fin des années 1960 en effet, le professeur Albert Shapero avait conduit une étude de grande
envergure aux États-Unis et dans plusieurs pays européens dont la France et l'Italie, pour identifier les
facteurs déterminant la création d'entreprise. À l'étonnement général, l'un des facteurs les plus importants
était le « displacement », le fait qu'un individu soit déplacé physiquement ou psychologiquement dans sa
vie professionnelle, émotionnelle ou affective, qui fait de la création non plus une idée ou un rêve mais
une possibilité perçue comme moins risquée que par un autre individu en situation plus confortable.
Quelle que soit l'origine de votre motivation, la route qui sépare votre idée de la réussite est longue et
bordée d'idées inconfortables, parmi lesquelles celles-ci :
Si vous croyez créer une entreprise pour travailler moins et gagner plus, plus vite, vous vous êtes
lourdement trompés d'orientation !
Les plus nombreux d'entre vous auront payé pour apprendre, car l'échec est beaucoup plus
fréquent que le succès !
Le succès commercial ne préserve pas de l'échec ; pire, il en aggrave les conséquences !
Certains choix que vous allez faire avant la création de votre entreprise vont très largement
déterminer son avenir !
Vous ne pourrez produire, contrôler et accroître que ce que vous pourrez mesurer, et encore..., à
condition de ne pas vous contenter de mesurer les conséquences mais les causes !
Votre avantage concurrentiel doit reposer sur une compétence réelle et durable.
Puisque vous avez moins d'argent, moins d'expérience, moins de présence sur le marché que les
autres, il va vous falloir preuve de plus d'intelligence qu'eux.
Enfin, vous devez décider de votre mise et vous y tenir .
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