Mottard, Paul Di Natale et la Marbrerie Azuréenne, Peach

Détente
Expo > Le réel de la photographie et le divin
de la peinture à l’œuvre chez Alfons Alt
E
ffondrement des certitudes», judicieuse
traduction d’une problématique
centrale de ce travail aux
allures archaïsantes. Le côté artisanal,
la façon de la main a quelque
parenté avec le clan de naissance, une
famille qui de génération en génération
se voue à l’ébénisterie. Le goût pictural,
coloriste, plonge
dans l’histoire
de l’art, de Dürer à
Beuys, de Géricault
à Cranach et dans
l’environnement du
regard d’enfance en
culture du baroque
et du rococo bavarois,
terre de forêts
et de nature. Si on
ajoute la participation
qui ne fut pas
tocade, à une mission
paléontologique,
on a un brin
de l’alchimie, un
rien chamanique,
du résultat final,
réflexion assez philosophique sur notre
rapport au temps, au territoire et à
l’animalité, ou plus exactement à la façon
dont le «portrait» animal nous révèle
une humanité. Pour le reste, il faut
voir ces formats – nus, nature, architecture
urbaine- nés d’un long travail artisanal
utilisant la vieille technique du
résino-pigmenté et la
capacité de la gélatine
à durcir sous les U.V.,
permettant la révélation
sous les poches
d’eau et le minutieux
travail des pigments
au pinceau incluant
aléas et gestes dans les
rehauts décoratifs.
Liliane Tiberi
Jusqu’au 28 mars
à La Malmaison à Cannes
- www.cannes.com
Initiale, La Défense,
50 x 40 cm, 1740.2008
Théâtre > Drôles d’oiseaux dans un nid
à huis clos pour un début d’année
vivifiant à Menton
M
ademoiselle Alice Postic
(Claude Gensac) n’a pas
la langue dans sa poche.
Elle serait même du genre…
perruche ou mainate. Aussi,
quand son patron de notaire
se fait poignarder dans ses
bureaux ne se fait-elle pas
prier pour mener l’enquête à
sa façon et troubler les pistes
du «poulet» atrabilaire dépêché
sur les lieux du crime
(Jean-Pierre Castaldi). Un
mort qui ressuscite, un auxiliaire
pas très fûté, un autre
meurtre, cinq suspects, le
tout coiffé d’un joli rhume de
cerveau, l’improbable couple
fonctionne à merveille et les
rires se succèdent comme les
notes du rossignol en verve. La
pièce de Jack Popplewell nous
projette dans un univers 60’s du
meilleur cru, pour une comédie
policière où dame Gensac s’en
Castaldi / Gensac : drôle de couple
pour drôle de pièce.
donne à cœur joie dans un rôle
taillé sur mesure.
Isabelle Auzias
Le 17 janvier à 21h au théâtre Francis
Palmero, Palais de l’Europe à Menton
– de 13 à 35a - résa 04.92.41.76.95
Sortir
CONCERT
Orchestre régional
Cannes-PACA
Le 17 janvier à 16h30 au Théâtre
Croisette à Cannes – de 21 à 28a
résa 04.92.98.62.77 et
www.palaisdesfestivals.com
Avec Noam Sheriff, chef invité et Jean-
Louis Steuermann, piano. Prayers
pour orchestre à cordes, Ludwig van
Beethoven (concerto n°4 en sol majeur
pour piano et orchestre, opus 58) et
Franz Schubert (symphonie n°5 en si
bémol majeur, D 485).
CONFERENCE
Les ballets russes
et Monte-Carlo
Le 11 janvier à 18h30 au théâtre des
variétés à Monaco
10a - location FNAC Monaco
renseignements Fondation Prince
Pierre 00377.98.98.85.15
Ouverture de la saison pour un cycle
de conférences qui commence très
fort: en tribune, Vladimir Federowski,
que l’on sait passionné et passionnant,
pour nous conter la formidable histoire
de ces ballets russes, cette année en
pleine effervescence.
THEATRE
Jules et Marcel
Les 21 (19h30) et 22 janvier (20h30)
au théâtre de Grasse – de 24 à 36a
hors abonnement – 1h30
résa www.theatredegrasse.com
Un face à face entre Michel Galabru et
Philippe Caubère d’après la correspondance
chargée et pétillante de Raimu
et Pagnol. Deux monstres sacrés
des planches réunis pour une bonne
tranche de jubilation qui sent bon la
Provence. Galabru se fait cabot à souhait
pour entrer dans le costume de
Raimu, tandis que Philippe Caubère,
plus sobrement, lui répond avec passion
et belles lettres : au centre de ces
préoccupations épistolaires mises en
scène par Pierre Tré-Hardy, le cinéma,
terrain de prédilection, prétexte à mille
jeux pour nos deux comédiens.
Livres
ROMAN
A la table de Yasmina
★★★ On pense tout de suite recettes,
et l’idée n’est pas sotte. Cet ouvrage
en offre en effet une cinquantaine
qu’appréciera à leur juste valeur tout
lecteur esthète et gourmand. Uniquement
quand ce dernier aura lu jusqu’au
bout ce conte malicieux et sensuel écrit
dans l’esprit des «Mille et Une Nuits».
Au XIème siècle, le comte Roger, noble
Normand conquérant de la Sicile, trouve
sur sa route la princesse Yasmina qui
ne renonce pas à sauver de ses griffes
et d’une mort certaine son belliqueux
frère, Omar. Sa seule arme est sa table
à laquelle elle invite sept soirs durant le
comte courroucé que le pouvoir de la
divine chère et les récits qui l’accompagnent
vont rendre, finalement, doux
comme un agneau. JLB
De Maruzza Loria et Serge Quadruppani, aux
éditions Métailié 250p à 12a
ROMAN
Le parfum d’Helena
★★★ Après Marie Bashkirtseff
et Sarah Bernhardt,
un autre destin de
femme dans l’escarcelle
de Raoul Mille, qui trouve
ses racines dans une
merveilleuse histoire vraie
dont Nice a le secret. Pour qui connaît
l’épopée de Samuel Goldenberg, il est
plaisant de retrouver, au détour des
pages, les évocations de son incroyable
vie : rescapé du Titanic, fondateur
du flambeau franco-américain et de la
Cité des aveugles de Valrose, sa cécité
passagère, suite au naufrage, fit de lui
un autre homme. Après les icebergs, la
guerre et la grippe, la ville n’en finit plus
de gémir. L’armistice est signé, la vie
revient, la vue aussi… L’histoire romancée
de Sam Goldenberg est somme
toute assez fidèle : sa femme Nella
devient Nelly, son amour, la comtesse
Garbowska, de Thérésa se mue en
Helena ; seule la jeune Eva, rescapée
elle-aussi des eaux glacées, a gardé son
véritable prénom. Les bouledogues que
les Goldenberg accompagnaient à New
York ont tout juste changé de race, mais
Notre appréciation ★ raté ★★ gentil ★★★ réussi ★★★★ remarquable
l’aventure est intacte et l’hommage profond.
Grâce aux dons des Goldenberg,
a perduré à Nice l’action de la Fondation
Valentin Haüy, toujours en activité.
Avec ce destin né d’une catastrophe,
Raoul Mille signe un roman poignant
qui, par ses attaches historiques, prend
une saveur toute particulière, où les
parfums, la douleur et les cris se mêlent
pour remplacer une vision momentanément
absente. IA
De Raoul Mille chez Albin Michel, 261p à 18a
HISTOIRE
Témoignages anciens
sur les Tcherkesses
★★★ Le Caucase et ses habitants
(Adyghés, Tcherkesses – Kabardes)
paraissent aussi exotiques
qu’ils apparurent
aux voyageurs européens,
dont l’ouvrage
présente le florilège des
meilleurs rapports ramenés
au cours des XVIème,
XVIIème et XVIIIème siècles.
Ils sont si perdus
là-bas, aux limites incertaines
de l’Europe et de
l’Asie, ces Tcherkesses, mariant si originalement
les prestiges d’un paganisme
essentiel, certaines traces d’un christianisme
passager et de fortes influences
musulmanes : peuplade encore mal
déterminée de Circasiens de l’ouest,
montagnards enclins à la rapine et la
guerre, rustiques, quoique bien faits
et attrayants, aux fiers caractères, aux
comportements rugueux et braves, à
la rigoureuse organisation sociale de
société féodale, aux strictes traditions
et aux rituels complexes. Comme tous
les Circasiens doivent assez ressembler
à ces Tcherkesses, on comprend
mieux la formidable épopée militaire
de l’Imam Chamol, qui nargua si longtemps
la puissance de l’armée russe,
au XIXème siècle, depuis son Daghestan.
Aujourd’hui encore, le même type
d’hommes et les mêmes référents religio-culturels
induisent sans doute, en
Tchétchénie, la résistance contre l’armée
russe. LR
De Iaroslav Lebedynsky, chez L’Harmattan
158 p. à 15,50a
JEUNESSE
Isabelle
de Castille
★★★ Sous la forme
du journal intime
auquel s’ajoutent quelques
pages d’histoire,
la vie d’une héroïne
est, à chaque fois, l’occasion
d’évoquer une adolescence et
son contexte événementiel. Le destin
de la future reine est fascinant et permet
de comprendre ce qu’étaient les enjeux
des mariages princiers, marchandages
et échanges de garanties. Février 1466
à Ségovie, le carême débute sous la
poigne de fer du terrible Torquemada.
Pénitences et cahier de confession
pour la jeune princesse exilée par son
demi-frère Enrique qui règne à Madrid
et entend la marier. Les prétendants
vont changer au fil des alliances mais
la jeune Isabelle va révéler un caractère
trempé et parviendra à choisir son
époux. Dans la même collection, on
appréciera également l’ouvrage d’Isabelle
Duquesnoy évoquant avec talent
l’histoire d’amour de Constance et de
Mozart, les oppositions familiales et les
grandes difficultés matérielles. A partir
de 10 ans. L.T.
De Carlyne Meyer chez Gallimard, 190p à
9,50a
SPIRITUALITÉ
365 Méditations sur les
chemins de la Bretagne sacrée
★★★ A chaque jour une photographie,
à chaque jour une poésie, un texte, une
réflexion. Ainsi va ce beau livre dont les
pages racontent une terre de légendes
où se mêlent de façon fascinante païen
et sacré. Fouetté par les tempêtes, bercé
de légendes, ce pays du bout de monde
a fortement inspiré les écrivains d’ici et
d’ailleurs. Luc Adrian a puisé dans leurs
oeuvres des textes courts, forts, superbes.
Les images d’Yvon Boëlle voyagent
entre lande et océan, captant le regard
des êtres, les incessants contrastes de
couleurs et les monuments figés dans
le temps. On perçoit presque le souffle
du vent… JLB
Aux Presses de la Renaissance. 735p. à 28a
● Vendredi 8 janvier 2010 ● Tribune Bulletin Côte d’Azur ● 26 ●