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LE FLIC N° 181.p65 - Nigerdiaspora

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FLiC<br />

<strong>LE</strong> FL<br />

.<br />

HEBDOMADAIRE NIGERIEN D’ENQUETES - N° 181 DU 23 Mars 2010 - PRIX : 300 F CFA<br />

FOUKORI IBRAHIM :<br />

Un trou de 51 000 000 000<br />

F CFA à la Nigelec<br />

A moins d’une semaine du limogeage de Foukori Ibrahim du poste d’Administrateur délégué<br />

de la Nigelec, les premières investigations ont vite fait de révéler un trou béant de 51<br />

milliards de f CFA. Comme la plupart des Nigériens, il faut finalement admettre que nos<br />

appréhensions étaient fondées : Foukori s’était royalement servi, avant de servir l’Etat. En<br />

effet, pendant les dix années de sa gestion, lui et les siens ont fait de la Nigelec une<br />

véritable caverne d’Ali Baba où ils pouvaient puiser des sommes inimaginables et ce, en toute<br />

impunité ! Des chiffres d’affaires records (près de 10 milliards de F CFA) réalisés par les<br />

sociétés CGT-SA ESPACE-MEUB<strong>LE</strong>S ; COGEMAT ; Mayaki Industries & Commerce ; COGEM,<br />

etc. détenues par son fils et ses gendres, à sa flopée de somptueuses résidences (une<br />

trentaine) acquises grâce à ses intrigues financières, Foukori est désormais un homme<br />

heureux. Il pourrait envisager l’avenir en toute sérénité. A moins que la justice ne s’y mêle…<br />

(Lire page 3)<br />

La fortune secrète<br />

de Tandja<br />

T<br />

(Lire page 5)<br />

Exil prolongé de Mahamane Ousmane<br />

Les mobiles cachés<br />

Tandja / Hama : les tractations secretes<br />

Nous savons tous que derrière le débat démocratique, il y a très souvent des campagnes de déstabilisation<br />

menées tous azimuts pour abattre tel ou tel personnage important. Les procédés utilisés à cet effet consistent<br />

à dénoncer la moindre incartade de la victime par organe de presse interposé. C’est ce à quoi nous assistons<br />

depuis quelques temps au Niger où des hauts cadres de l’Etat sont victimes d’une inquisition planifiée et/<br />

ou d’un harcèlement politique qui ne dit pas son nom. La campagne de déstabilisation menée tambour battant<br />

contre Hama Amadou, du temps de ses heures glorieuses, est une illustration. On a fait passer Hama<br />

Amadou dans l’opinion des Nigériens comme un thuriféraire et surtout un intrigant de hautes volée. Ces<br />

agitations outre le discrédit qu’elles jetèrent sur la personne même de Hama +, ébranlèrent ses relations<br />

avec ses vrais amis dont notamment le Président Tandja Mamadou qui finira par le désavouer. (Lire page<br />

4)<br />

(Lire page 6)<br />

Page 1 Le <strong>FLIC</strong> N° 181du mardi 23 Mars 2010


NDRL<br />

Le Flic, la toile ( Internet ) et<br />

les gardiens du sanctuaire<br />

L’interview publiée dans<br />

le n°179 de notre journal<br />

en date du 10 mars, page<br />

2, et qui porte sur «Les<br />

révélations troublantes<br />

du premier transsexuel<br />

nigérien» semble avoir<br />

fait le tour du monde, suscitant<br />

ici et là un débat<br />

teinté à l’abus du sceau<br />

de la réprobation.<br />

L’auteur, la rédaction et<br />

l’administration du journal<br />

qui l’a édité, la communauté<br />

nationale et internationale,<br />

et même les<br />

dieux en ont eu chacun/<br />

chacune pour son grade.<br />

En fait, à bien analyser la<br />

diversité des tons et des<br />

contenus des réactions,<br />

on est contraint d’admettre<br />

que le phénomène de<br />

la sexualité continue de<br />

préoccuper l’opinion.<br />

Avec jusque-là les mêmes<br />

attentes, les mêmes<br />

craintes et, hélas, avec<br />

aussi les mêmes excès.<br />

Il faut dire que le tumulte<br />

qui en a résulté n’envierait<br />

rien à une séance plénière<br />

à Babel.<br />

Qu’importe, toutefois ! Au<br />

journal « Le Flic », audelà<br />

des injures et autres<br />

menaces à mettre sur le<br />

compte de l’immédiateté,<br />

nous en tirons les précieux<br />

enseignements que<br />

voici : Le thème de la<br />

transsexualité continue<br />

d’abriter les extrêmes : il<br />

y a ceux qui sont pour sa<br />

canonisation d’un côté, et<br />

ceux qui s’y opposent<br />

d’un autre côté, chacun<br />

estimant posséder l’absolue<br />

recevabilité. Sur<br />

cette base, les deux<br />

camps tirent à boulets<br />

rouges sur Hama Ibrahim,<br />

celui qui a signé l’interview.<br />

Désormais élevé au<br />

grade d’apostat du siècle,<br />

on voudrait que notre collègue<br />

– et peut-être l’ensemble<br />

de notre rédaction<br />

- disparaisse sous les<br />

vannes du Déluge<br />

(comme au temps de<br />

Noé) ou sous les cendres<br />

fumantes (comme ce fut<br />

le cas à Sodome et Gomorrhe).<br />

Son péché : il<br />

n’a pas pu satisfaire à la<br />

fois les deux camps –<br />

qu’on sait pourtant opposés<br />

comme l’Est et<br />

l’Ouest, et distincts<br />

comme le Bien et le Mal.<br />

Contre notre gré, nous<br />

nous retrouvons ainsi au<br />

cœur d’une guerre des<br />

gourous, cette race<br />

d’hommes qui ont mandat<br />

de servir de précepteurs<br />

à l’humanité. Là n’est pas<br />

notre vocation, qu’on<br />

veuille bien nous excuser<br />

cette faiblesse. Par contre,<br />

nous nous entendons<br />

bien à échanger sur les<br />

questions relatives «au<br />

papier de cadrage», au<br />

«bon sens journalistique»<br />

à «notre conception sociale<br />

rigide»…<br />

Au demeurant, nous n’arrivons<br />

toujours pas à<br />

comprendre ce confrère<br />

qui, tout en reprochant à<br />

Hama Ibrahim de n’avoir<br />

pas «rapporté des faits<br />

sans jamais juger», lui –<br />

le désormais tuteur universel<br />

des médias- se<br />

permet de ponctuer son<br />

texte avec des «je l’espère»<br />

; «me parait » ;<br />

«pour moi» ; «vous rafraîchir<br />

la mémoire» ;<br />

«j’avoue que» ; «je n’en<br />

suis pas si sûr» ; «je me<br />

permets de croire» ; «me<br />

semble-t-il» ; «je suis enclin<br />

à je»…<br />

Ce sont là, certes des instruments<br />

traditionnels de<br />

la cogitation. Mais l’astuce<br />

ne nous trompe pas,<br />

nous. Simple rhétorique,<br />

le texte [qui promet de<br />

traiter du papier de cadrage<br />

qui serait «si maladroitement<br />

conçu»],<br />

glisse subrepticement<br />

dans une dissertation sur<br />

le choc des civilisations.<br />

Certainement que notre<br />

ami estime avoir, ici, des<br />

choses à dire. Ainsi a-ton<br />

droit à des invectives<br />

comme : «…notre propre<br />

conception sociale rigide<br />

et moralisatrice… incapable<br />

de se remettre en<br />

cause, d’accepter les<br />

choix et l’autonomie des<br />

individus»…Notre confrère<br />

peut-il seulement<br />

nous renseigner sur le<br />

temps et le lieu où une<br />

conception sociale qui ne<br />

soit pas rigide a pu réellement<br />

exister? Où<br />

l’«autonomie des individus»<br />

a historiquement<br />

existé en dehors de toute<br />

taylorisation sociale ?<br />

Non !<br />

Ce ne sont là que des<br />

schèmes à l’usage des<br />

Esprits, pour discuter de<br />

la primauté entre l’œuf et<br />

la poule. Au contraire, le<br />

vécu quotidien de l’humanité<br />

démontre invariablement<br />

que l’homme naît, vit<br />

et s’éteint entre les mains<br />

d’autres hommes ; que là<br />

où l’individu prend le dessus<br />

sur la société, il ne<br />

règne que désordre et désolation.<br />

L’occident qu’on veut<br />

nous imposer comme<br />

étalon l’expérimente à<br />

ses dépens chaque jour<br />

qu’Allah fait. Notre confrère<br />

a du se faire une<br />

idée de la réponse que<br />

les Nigériens - et bien<br />

d’autres ont proposée à<br />

son questionnement, je<br />

cite : «Quelle loi a-t-il [le<br />

transsexuel] violée pour<br />

être si violemment condamné<br />

?...»<br />

La plupart des intervenants<br />

lui ont répondu : «la<br />

loi d’Allah». Notre confrère<br />

n’y croit pas - juste,<br />

peut-être, parce qu’il se<br />

sent l’obligation de protéger<br />

son onction par<br />

l’Ecole ? C’est son problème.<br />

En retour, qu’il ait<br />

la magnanimité d’admettre<br />

que d’autres cherchent<br />

plutôt à être agréés<br />

par Allah.<br />

Adam Alassane<br />

Page 2 Le <strong>FLIC</strong> N° 181 du mardi 23 Mars 2010


Dossier rouge<br />

FOUKORI IBRAHIM :<br />

Un trou de 51 000 000 000<br />

à la Nigelec<br />

Dans notre dernière livraison, nous parlions de l’EMPIRE de<br />

FOUKORI. A la lumière des dernières découvertes, il y a lieu de<br />

revenir sur le sujet. Tenez : Foukori Ibrahim a laissé derrière lui<br />

un trou de 51 000 000 000 de franc CFA. A l’annonce de la<br />

nouvelle, plus d’un cadre de la Nigelec ont eu l’impression que<br />

le monde s’effondrait. Voici, en toute exclusivité les dessous de<br />

cette impitoyable saignée que le sieur Foukori a infligée à la<br />

boîte qu’il a gérée depuis 10 ans.<br />

Nous l’avons déjà dit, la<br />

Nigelec était devenue un<br />

véritable empire où trône<br />

majestueusement<br />

Foukori Ibrahim, l’homme<br />

de confiance de l’ex-président<br />

Tandja Mamadou,<br />

et fervent promoteur du<br />

Tazartché.<br />

Il faut dire que l’homme a<br />

mis en place un stratagème<br />

des plus rocambolesques<br />

pour pomper en<br />

toute tranquillité les deniers<br />

de la Nigelec. Il s’est<br />

d’abord arrangé pour disposer<br />

de plusieurs sociétés<br />

particulières gérées<br />

par ses propres fils et/ou<br />

ses gendres (notamment<br />

CGT-SA ESPACE-MEU-<br />

B<strong>LE</strong>S ; COGEMAT ;<br />

Mayaki Industries & Commerce<br />

; COGEM, etc.) Il<br />

faut noter que ces sociétés<br />

à elles seules ont eu<br />

à traiter des commandes<br />

de plus de 10 milliards de<br />

F CFA rien qu’en 2008/<br />

2009.<br />

Un autre volet de la stratégie<br />

de Foukori, c’est la<br />

signature de contrats<br />

avec des sociétés<br />

écrans au Nigeria, en<br />

France, au Maroc et au<br />

Burkina. Le cercle maléfique<br />

est hermétiquement<br />

fermé. Ainsi, de la commande<br />

à l’exécution des<br />

marchés, la Nigelec n’y a<br />

vu que du Foukori.<br />

Seulement voilà, à peine<br />

Foukori déboulonné –à la<br />

faveur du coup d’Etat du<br />

18 février dernier-, des investigations<br />

révèlent un<br />

trou de près de 51 milliards<br />

de FCFA sous son<br />

fauteuil. Il faut dire que<br />

cette somme est le cumul<br />

de 4 milliards de découverts<br />

bancaires et de 47<br />

milliards de prêts divers<br />

au niveau des institutions<br />

bancaires de la place.<br />

C’est donc dire que<br />

Foukori et les siens ont<br />

réellement eu de quoi être<br />

heureux. Ils pourraient envisager<br />

l’avenir en toute<br />

sérénité. Mais puisque la<br />

justice va bientôt pouvoir<br />

les entendre, il faut craindre<br />

que la chute ne soit<br />

fatale pour ce clan.<br />

Une enquête<br />

de Alio L-K<br />

MMalversations Malversations financières au sommet de l’Etat<br />

ou la chronique de la corruption et de la<br />

gabégie dans les 5 ème et 6 ème Républiques<br />

De 1999, date de l’élection de Mamadou Tandja à la tête du Niger,<br />

au coup d’Etat du 18 février 2010 qui l’a forcé au départ, les Nigériens<br />

ont assisté impuissants aux pillages systématiques de leurs<br />

maigres ressources par les anciens dignitaires des 5 e et 6 e Républiques.<br />

Pire, la 6 e République, elle, a généré de nouveaux apparatchiks<br />

dont le credo est l’enrichissement personnel précoce par<br />

tous les moyens. Ils ont fait preuve, tout au long de leur gestion d’une<br />

rapacité désinvoltante parce qu’ils ne faisaient pas de différence<br />

entre le bien public et leur compte bancaire personnel. De plus, ils<br />

ont développé des mécanismes ingénieux qui leur avaient permis<br />

de faire leur beurre sur le dos de l’Etat. En somme ils ont spolié<br />

l’Etat.<br />

Le Flic s’est intéressé à la question et les résultats de nos<br />

investigations sont effarants. Enquête...<br />

Pendant les dix années du régime de Tandja Mamadou, la promotion<br />

aux hauts emplois de l’Etat était synonyme d’un enrichissement<br />

individuel précoce. Du simple chef de service au Ministre, en passant<br />

par les Directeurs centraux et généraux, les coordonnateurs<br />

de tel projet et les conseillers, les pans entiers de l’administration<br />

étaient contaminés par le virus de la corruption. D’ailleurs comment<br />

pouvait-il en être autrement ? Lorsque tout le monde de la<br />

base au sommet se laisse sucrer. Nous ne reviendrons pas sur les<br />

excès en tous genres de la dynastie Tandja néanmoins nous relevons<br />

tout simplement que si le laxisme, la corruption, la gabegie et<br />

le mensonge ont eu droit de cité au Niger, c’est parce que Mamadou<br />

(Suite page 5)<br />

Page 3 Le <strong>FLIC</strong> N° 181du mardi 23 Mars 2010


Dossier rouge<br />

Du fin fond de sa cellule de la prison de Koutoukalé :<br />

Ce que Hama Amadou a dit à Tandja<br />

«Si vous me demandiez de venir vous soutenir<br />

politiquement… j’obéirais pas fidélité à votre<br />

égard. Mais je n’accepterai jamais que vous<br />

tentiez de placer Seyni Oumarou au-dessus de<br />

ma… Tête»<br />

Il y a des histoires qui ressemblent<br />

à des fictions tant la réalité<br />

parait invraisemblable. Et pourtant,<br />

si nous savions ce que le<br />

destin trame, ce que la fatalité<br />

tisse sous nos pieds, nous ne<br />

nous étonnerons de rien. L’histoire<br />

de l’ex-Premier ministre<br />

Hama Amadou est de celles-là.<br />

Anciennement Président du MNSD-<br />

Nassara, le plus grand parti sur<br />

l’échiquier politique national et membre<br />

de la majorité présidentielle dont<br />

est issu le Président Tandja<br />

Mamadou. Premier ministre pendant<br />

7 ans et dauphin pressenti de ce dernier,<br />

l’homme avait toutes les cartes<br />

en main pour réussir une carrière<br />

politique hors du commun. Mais<br />

c’était sans compter avec la détermination<br />

de ses adversaires politiques<br />

qui, grâce à une campagne de<br />

déstabilisation menée tambour battant,<br />

parviendront à provoquer sa<br />

chute.<br />

Le 31 mai 2007, Hama Amadou et<br />

son gouvernement furent évincés par<br />

une motion de censure. Un an plus<br />

tard, Hama sera poursuivi pour détournement<br />

d’un fonds d’aide à la<br />

Presse et écroué à la Prison de<br />

Haute Sécurité de Koutoukalé.<br />

Si pour ses adversaires politiques,<br />

Hama Amadou était mort et enterré<br />

politiquement, ses partisans et une<br />

partie de l’opinion nationale s’insurgèrent<br />

contre la méthode utilisée<br />

pour l’abattre ; laquelle s’apparentait<br />

à leurs yeux, à une inquisition et/ou<br />

un harcèlement planifié contre leur<br />

leader. Lorsque ceux qui avaient<br />

contribué activement à «l’opération»<br />

qui visait à évincer Hama + de la<br />

Primature, découvriront à leur tour<br />

que Tandja n’était pas prêt à leur<br />

donner le pouvoir, ils auront vite fait<br />

de créer un front commun qui avait<br />

pour mission de contrecarrer par<br />

tous les moyens les élans du pouvoir<br />

notamment la réalisation du pro-<br />

Page 4 Le <strong>FLIC</strong> N° 181 du mardi 23 Mars 2010<br />

jet dénommé «Tazartché» ou la prolongation<br />

du mandat présidentiel<br />

pour 3 autres années.<br />

Cependant, pour apaiser les tensions<br />

politiques nées de l’entêtement<br />

du Président Tandja Mamadou de<br />

s’incruster au pouvoir, des Sages<br />

Nigériens lui proposèrent de créer un<br />

comité qui aura pour mission de<br />

mener des négociation avec tous les<br />

acteurs politiques Nigériens notamment<br />

Hama Amadou dont les partisans<br />

tenaient le haut du pavé de la<br />

contestation contre Mamadou<br />

Tandja.<br />

Pour commencer, le comité prit contact<br />

avec les chefs religieux des diverses<br />

confessions, les responsables<br />

des associations de défense<br />

des droits de l’homme, les leaders<br />

politiques etc…<br />

Après quelques rencontres, les modalités<br />

pratiques des négociations<br />

furent arrêtées.<br />

Les Négociations Secrètes<br />

entre le président du comité,<br />

l’ex-ministre Mallam Mamane<br />

Sani et Hama Amadou à la<br />

Prison de Haute Sécurité de<br />

Koutoukalé.<br />

Pendant ces négociations, Hama<br />

Amadou serait allé jusqu’à concéder<br />

de souscrire à un soutien ferme et<br />

déterminant à apporter au Président<br />

Tandja Mamadou. Précisément il<br />

dira ceci : «Si Tandja Mamadou<br />

demandait de m’écarter de n’importe<br />

quel poste politique à son<br />

profit, je lui obéirais par fidélité à<br />

son égard ; si Tandja me demandait<br />

de venir le soutenir pour la<br />

réalisation de tous les projets politiques<br />

quel qu’ils soient, je<br />

n’aurais aucune hésitation à lui<br />

apporter ma contribution comme<br />

par le passé. Mais je n’accepterai<br />

jamais et au grand jamais qu’il<br />

veuille mettre SEYNI OUMAROU<br />

au-dessus de ma… Tête».<br />

Le président du comité, Mallam<br />

Mamane Sani resituera l’intégralité<br />

des entretiens qu’il eût avec Hama<br />

Amadou au Président Tandja à l’issue<br />

de trois audiences au Palais de<br />

la Présidence.<br />

Malheureusement les négociations,<br />

comme on le sait aujourd’hui,<br />

échouèrent pour une seule raison.<br />

Les plus farouches adversaires de<br />

Hama Amadou en l’occurrence les<br />

sieurs Albadé Abouba, ex-ministre<br />

d’Etat, Foukori Ibrahim, ex-Administrateur<br />

Délégué de la NIGE<strong>LE</strong>C,<br />

Bachir Yahaya, ex-ministre-directeur<br />

de Cabinet de Tandja Mamadou,<br />

avec la bénédiction de Hadja Laraba<br />

Tandja, s’opposèrent à l’idée d’une<br />

éventuelle libération de Hama Amadou.<br />

Pour influencer d’avantage le<br />

Président Tandja, ils ameutèrent<br />

d’autres adversaires politiques à ce<br />

dernier et chacun d’entre eux y alla<br />

de sa rengaine : «...Hama Amadou<br />

est une panthère blessée, si vous le<br />

relaxez, il va se retourner contre le<br />

pouvoir, et tout le monde connaît sa<br />

capacité de nuisance...» ou bien<br />

«...c’est une vraie folie de libérer<br />

Hama Amadou en ce moment où<br />

nous avons besoin de la cohésion<br />

dans nos rangs. Or, celui-ci va s’ingénier<br />

à nous diviser pour mieux<br />

nous abattre politiquement au finish…»<br />

Il n’était pas jusqu’aux membres influents<br />

des autres partis politiques<br />

au sein de la majorité présidentielle<br />

qui, visiblement soucieux d’être<br />

maintenus à leurs postes juteux, ne<br />

se rangeaient à cet avis.<br />

Les arguments développés finirent<br />

par dissuader Tandja de ne pas faire<br />

libérer Hama. Plutôt il trancha en faveur<br />

de ceux qui tenaient mordicus<br />

à sa détention prolongée dans la<br />

célèbre prison de Haute Sécurité de<br />

Koutoukalé.<br />

Une enquête de<br />

Hama Ibrahim<br />

Mariage<br />

Les familles O.Z.K La famille Zakou Kallam à Ny ;Les familles feu Tondi<br />

Kallam à Ny et Say ; Les familles feu Hassane Issa au Nigeria ; Les familles<br />

feu Ali Manga à Say ; Les familles Amadou Issa à Say (Karé) ; Amadou Issa<br />

Zakou en Côte d’Ivoire ; Les familles Salamatou Garba à Ny ; Les familles<br />

Ramatou Amadou à Ny ; Les familles Amadou Garba en Côte d’Ivoire.<br />

Les familles H.A.Y.A. La grande famille feu Yacouba Altiné à Addaré,<br />

Torodi, Say et Niamey ; Mr Arouna Yacouba, Directeur de Publication du<br />

Journal le <strong>FLIC</strong> à Ny ; Mr. Souleymane Yacouba Sergent à la retraite à<br />

Niamey ; La famille feu Moussa Garba à Ny ; Mr. Ali Bonkano à la S.E.E.N. à<br />

Ny ;<br />

La grande famille Seyni Banika à Niamey, Maradi et Bac Farié ; Mr. Amadou<br />

Sadou Infirmier à la SONITEL ; Mr. Arouna Samba, Conseiller pédagogique à la<br />

retraite à Tillabéry ; Mr. Abdoulaye Seyni à la SOTRUNI Ny ;<br />

Mr. Amadou Idrissa DG. A.N.P.E. Niamey; Mr. Soumana Amadou Professeur à<br />

C.E.S. (Rive Droite) Ny ;<br />

Parents, Amis et Connaissances ont la joie de vous faire<br />

du mariage de leurs enfants :<br />

Mr. Omar Zakou Kallam à l’Hôtel Terminus Niamey avec<br />

Melle. Halima Arouna Yacouba Altiné élève à Niamey.<br />

Les cérémonies religieuses auront lieu Incha-Allah le Samedi 27 mars 2010 à<br />

7H 30 au domicile de Arouna Yacouba sis au quartier Bangabana à 50 m<br />

de la Pharmacie Haro Banda sur la route de Say. La semaine<br />

traditionnelle débutera le même jour chez le jeune marié à Bangabana.


Dossier rouge<br />

La fortune secrète de Tandja<br />

Depuis le coup d’Etat militaire du<br />

18 février 2010 qui a mis fin au<br />

règne de Mamadou Tandja, des<br />

informations de toutes sortes ont<br />

commencé à courir sur la fortune<br />

de celui-ci. Fortune dont on<br />

dit qu’elle atteindrait la somme<br />

faramineuse d’environ 100 milliards<br />

de francs CFA. Cette<br />

somme serait composée pour<br />

une grande part de la «manne<br />

chinoise» que Tandja et les siens<br />

auraient, semble-t-il, conservée<br />

pour eux seuls, diverses actions<br />

qu’ils auraient achetées au sein<br />

de plusieurs sociétés «factices»<br />

installées au Nigeria et au Maroc.<br />

Lesquelles s’occuperaient<br />

(Suite de la page 3)<br />

Malversations financières au sommet de l’Etat<br />

ou la chronique de la corruption et de la<br />

gabégie dans les 5 ème et 6 ème Républiques<br />

Tandja, ex-Président de la République et ex-Chef de l’Etat n’a pas<br />

donné le bon exemple. Au plan politique, il s’était livré à une opération<br />

de démantèlement du système démocratique dans ce pays,<br />

violant les principes sacro-saints qui sous-tendent le consensus populaire.<br />

Au plan financier, il avait érigé l’enrichissement illicite, la gabegie et<br />

la corruption en règles de conduite. A preuve, les nombreux scandales<br />

politico-financiers dans lesquels sont cités les membres de<br />

sa famille. Pour rappel, nous notons pêle-mêle, l’affaire de l’avance<br />

de 130 milliards faite à notre pays par la Chine, et autour de laquelle<br />

un flou persiste encore aujourd’hui, l’affaire des permis miniers,<br />

les prises d’actions dans des sociétés factices, les trafics<br />

d’influence etc. A côté de Tandja et sa famille, nous avons le cas de<br />

certains ministres qui, tout au long du régime de Tandja, s’étaient<br />

plutôt empressés de se servir royalement, avant de servir l’Etat.<br />

L’ex-ministre d’Etat Albadé Abouba, l’ex-ministre des Affaires Etrangères<br />

Aïchatou Mindaoudou, l’ex-ministre directeur de Cabinet,<br />

Bachir Yahaya, l’ex-ministre de l’Economie et des Finances Ali Lamine<br />

Zène, l’ex-ministre des Mines et de l’Energie, l’ex-ministre des<br />

Transports pour ne citer que ceux-là, changèrent précocement de<br />

niveau de vie.<br />

En bas des ministres, il y a les directeurs centraux et généraux dont<br />

certains ont bâti de véritables empires. A l’exemple de l’ex-administrateur<br />

délégué de la NIGE<strong>LE</strong>C dont la fortune s’était faite sur la<br />

base d’intrigues de toutes sortes. Des avantages faramineux qu’il<br />

s’était alloués à la création de sociétés-écrans détenues par les<br />

membres de sa famille à qui il accordait des marchés colossaux de<br />

gré à gré, de sa flopée de résidences somptueuses acquises en un<br />

temps record. L’homme est le cas patent d’un enrichissement illicite<br />

précoce. Il faut noter également les impairs auxquels s’étaient<br />

livrés certains coordonnateurs de projets qui soucieux de garder<br />

leur poste juteux, s’étaient compromis fortement dans des montages<br />

financiers. Enfin il faut relever l’émergence des officines parallèles<br />

à l’exemple du Mouvement pour la Refondation de la République<br />

(MPRN) qui est un regroupement de partis politiques et d’associations.<br />

Lequel reçût d’énormes donations provenant de<br />

Mamadou Tandja en contre partie du soutien qu’il apporta au<br />

Tazartché.<br />

Une enquête de Yacouba Ousseini<br />

du commerce de riz et d’huile.<br />

Enfin on suspecterait l’ex-Président<br />

Mamadou Tandja d’avoir<br />

d’autres actions dans trois grosses<br />

sociétés de la place par l’entremise<br />

de sa première femme<br />

Laraba Tandja qui est co-propriétaire<br />

d’une agence de voyages<br />

et d’une résidence hôtelière<br />

huppée.<br />

Vous devinez bien que l’énormité<br />

et surtout la précocité de cette<br />

fortune, ont suscité des curiosités<br />

au sein de l’opinion nationale<br />

! Le Flic a de fait enquêté<br />

pour vous.<br />

Pour commencer, nous avons<br />

appris que pendant les dix années<br />

et 57 jours passés à la tête<br />

du pays, Tandja a accumulé une<br />

fortune née des nombreuses donations<br />

faites par des Présidents<br />

et rois de pays amis au Niger.<br />

Ainsi il a reçu 5 millions de dollars<br />

ramenés par Aïchatou<br />

Mindaoudou de la Libye. L’ex-<br />

Président nigérian, Obasanjo et<br />

l’Arabie Saoudite l’ont aussi gratifié<br />

respectivement de 3 millions<br />

de dollars et 7 millions de dollars.<br />

Une aide dont une infime<br />

partie a été utilisée pour le financement<br />

de la campagne du<br />

candidat Mamadou Tandja pour<br />

son second mandat.<br />

Alors qu’une importante partie<br />

s’était tout simplement…envolée<br />

dans la nature.<br />

L’ex-Président gabonais lui a<br />

offert un million de dollars pendant<br />

la visite officielle qu’il effectua<br />

à Libreville.<br />

Cependant le mystère de la<br />

manne chinoise demeure pour<br />

sa part entier, même si des sources<br />

bien informées nous ont<br />

appris qu’en plus de l’avance de<br />

130 milliards que la Chine a faite<br />

au Niger, il y a une autre somme<br />

d’environ dix millions de dollars<br />

qui a atterri dans les poches de<br />

Tandja et les siens par l’entremise<br />

de l’un de ses fils.<br />

Aujourd’hui nous sommes en<br />

mesure de dire sans risque de<br />

nous tromper que d’importants<br />

mouvements de capitaux y ont<br />

eu lieu. Ces mouvements ont été<br />

provoqués simultanément de<br />

OCEAN BANK au Nigeria et une<br />

autre banque européenne mais<br />

pour le compte d’une société nigérienne<br />

d’import-export dont les<br />

actions sont détenues par<br />

Laraba Tandja. Cette société<br />

comme nous allons le voir, va<br />

jouer un rôle important dans le<br />

commerce du riz et d’huile en<br />

très grande quantité ! En effet<br />

deux de ses représentants ont<br />

bel et bien séjourné en Malaisie<br />

et au Pakistan où ils ont eu des<br />

contacts réguliers avec un<br />

homme d’affaires nigérian répondant<br />

au nom de El Hadj<br />

Garba qui est très proche de<br />

Moussa Dan Foulani (celui-là est<br />

bien connu des nigériens).<br />

El Hadj Garba fut, à en croire<br />

les dires, un proche de l’un des<br />

actionnaires d’une compagnie<br />

aérienne.<br />

Celle-ci sera sollicitée pour assurer<br />

les transports ce cigarettes<br />

sous le couvert de la société<br />

nigérienne appartenant à Laraba<br />

à destination de Maïduguri avant<br />

d’entrer au Niger et «réexportées»<br />

sous convoi spécial vers<br />

un pays arabe voisin. Il y a lieu<br />

de préciser chose bizarre que<br />

la plupart des documents établis<br />

en vue de cette «réexportation»<br />

sont signés du nom d’une nigérienne,<br />

veuve d’un homme d’affaires<br />

nigérian. En plus de sa<br />

participation active dans le commerce<br />

de tabac, la jeune dame<br />

interviendra dans la conclusion<br />

de trois (3) contrats entre la société<br />

de Laraba et des grossistes<br />

nigérians pour la distribution<br />

du riz et de l’huile ramenés de<br />

Malaisie et du Pakistan à l’intérieur<br />

du Nigeria.<br />

Par ailleurs, des sources aux<br />

parfums des choses nous ont<br />

appris que les donations faites<br />

à Tandja Mamadou n’ont jamais<br />

transité par le Trésor National.<br />

Mieux, il semble qu’en plus du<br />

circuit commercial dans lequel<br />

une grande partie de ces donations<br />

fut injectée par l’entremise<br />

de la société de Hadja Laraba<br />

Tandja, il eût des sommes énormes<br />

qui avaient été utilisées<br />

dans l’occultisme : ainsi, il y eût<br />

des marabouts et féticheurs réputés<br />

de diverses contrées qui<br />

furent sollicités et payés grassement<br />

pour leur contribution divine<br />

pour dit-on, assurer à<br />

Tandja une certaine pérennité à<br />

la tête de l’Etat.<br />

Heureusement que les Forces<br />

de Sécurité et de Défense sont<br />

intervenues à temps pour stopper<br />

la descente aux enfers de<br />

notre cher pays. En d’autres termes,<br />

le Niger vient d’échapper<br />

à la mort. Entre chaos économiques,<br />

agitations sociales et<br />

frictions politiques. C’est à l’enfer<br />

sur terre qu’il vient d’échapper<br />

surtout !<br />

Une enquête de<br />

Boubacar Mizinyawa<br />

Page 5 Le <strong>FLIC</strong> N° 181du mardi 23 Mars 2010


Dossier Rouge<br />

Exil prolongé de Mahamane Ousmane<br />

Les mobiles cachés<br />

L’exil prolongé du président de la<br />

Convention démocratique et sociale<br />

(CDS-Rahama) et du président<br />

du Modem Lumana suscite<br />

beaucoup d’interrogations au sein<br />

de l’opinion. De nombreux militants<br />

de ces deux partis ne comprennent<br />

pas pourquoi leurs leaders<br />

continuent de prolonger leur<br />

séjour à l’extérieur alors<br />

qu’aujourd’hui les conditions sont<br />

réunies pour leur retour au bercail,<br />

sans aucun risque d’être inquiétés.<br />

Le régime de Tandja<br />

Mamadou qui les a exilés est<br />

tombé depuis le 18 février dernier<br />

et le Conseil suprême pour la restauration<br />

de la démocratie<br />

(CSRD), la junte militaire qui a pris<br />

le pouvoir, a donné l’assurance<br />

qu’aucun d’entre eux ne sera inquiété.<br />

Malgré cela, Mahamane<br />

Ousmane du CDS Rahama et<br />

Hama Amadou du Modem<br />

Lumana continuent de vivre à l’extérieur,<br />

loin de leurs familles et proches<br />

respectifs. Toutefois, on apprend<br />

de source proche de son<br />

parti que le retour de Hama au<br />

pays n’est plus qu’une question de<br />

jours. Son domicile a même fait<br />

l’objet d’un coup de pinceau pour<br />

la circonstance. Des pagnes Wax<br />

auraient été aussi confectionnés<br />

et distribués gratuitement pour lui<br />

réserver un accueil grandiose digne<br />

du grand meneur d’homme<br />

qu’il a été pendant des années. En<br />

revanche, celui de Mahamane<br />

Ousmane n’est pas encore d’actualité.<br />

C’est un épais brouillard qui<br />

est entretenu autour. Comme si le<br />

président de l’Assemblée nationale<br />

qu’il a été pendant des années,<br />

craint quelque chose.<br />

Comme on le sait, il a toujours été<br />

une personnalité qui joue au caméléon.<br />

Mais aussi qui commerce<br />

beaucoup avec les marabouts et<br />

autres prédicateurs. A ce propos<br />

justement, il semble qu’il aurait<br />

consulté pour voir si réellement le<br />

calme qui prévaut actuellement<br />

n’est pas le signe précurseur d’un<br />

grand orage en préparation. Et les<br />

révélations qui lui ont été faites ne<br />

seraient pas bonnes du tout. Alors<br />

là pas du tout bonnes ! On lui aurait<br />

indiqué qu’une autre tempête se<br />

prépare en effet et que celle-ci risque<br />

d’emporter certains leaders<br />

politiques dont lui personnelle-<br />

ment. En étant superstitieux,<br />

quand on vous fait une telle révélation,<br />

quelle sera votre attitude ?<br />

Seriez-vous prêt à affronter la tempête<br />

au péril de votre vie ? Le séjour<br />

prolongé à l’extérieur de<br />

Mahamane Ousmane serait lié à<br />

ces révélations. Il préfère jouer à<br />

la prudence que de braver le danger<br />

réel ou supposé, annoncé par<br />

ses marabouts. Seulement son<br />

attitude risque d’être préjudiciable<br />

pour l’avenir de son parti. Si le chef<br />

s’absente pendant longtemps, les<br />

militants risquent d’être totalement<br />

démobilisés. Or, quand les activités<br />

politiques reprendront leur<br />

cours normal dans le pays, il reviendra<br />

prioritairement aux leaders<br />

de sillonner le pays pour renouer<br />

le contact avec leurs bases.<br />

Car dans le cadre du processus<br />

Tazartché qui a débouché sur<br />

l’adoption d’une nouvelle constitution<br />

et l’organisation d’élections<br />

législatives et communales, les<br />

formations politiques opposées à<br />

la restauration de la dictature dans<br />

le pays (PNDS-Tarayya, CDS<br />

Rahama, ANDP-Zaman Lahiya,<br />

Modem Lumana, etc.) ont beaucoup<br />

bavé. Les thuriféraires du<br />

Tazartché ont laissé entendre que<br />

les leaders de ces partis d’opposition<br />

n’avaient plus de bases, que<br />

leurs militants ont basculé armes<br />

et bagages dans le camp de<br />

Tandja. C’est vrai qu’il y en a qui<br />

sont allés chercher à manger là où<br />

il y avait à manger. Il reviendra<br />

donc aux leaders d’aller à leur rencontre<br />

pour les faire revenir au<br />

bercail. Mahamane Ousmane<br />

aura personnellement ce travail à<br />

faire particulièrement à Zinder, sa<br />

citadelle imprenable, d’où sont<br />

partis malheureusement les premiers<br />

vagissements du Tazartché.<br />

Ce ne sont pas ses lieutenants qui<br />

le feront à sa place.<br />

Yacouba Ousseini<br />

Les hommes politiques<br />

et leurs marabouts !<br />

Au Niger, le recours aux marabouts,<br />

Zimas, féticheurs et<br />

autres sorciers réputés, est<br />

monnaie courante. Il y a des<br />

opérateurs économiques et<br />

des politiciens qui n’entreprennent<br />

rien sans avoir au<br />

préalable consulté leurs marabouts<br />

ou féticheurs. Généralement,<br />

ils sont sollicités<br />

soit pour faire prospérer une<br />

fortune, soit pour accéder à<br />

un poste politique ou pour le<br />

maintenir. Dans certains cas,<br />

il est fait recours à leurs services<br />

pour barrer la route à<br />

un rival ou se débarrasser<br />

d’un concurrent encombrant.<br />

Le Flic s’est intéressé à la<br />

question à la veille des évènements<br />

majeurs qui s’annoncent<br />

: mise en place du<br />

Conseil Consultatif,<br />

chronogramme des futures<br />

élections, gestion de la transition<br />

etc.<br />

Venus pour certains du Massina<br />

au Mali, du Fouta<br />

Djalon en Guinée, d’autres<br />

auraient été recommandés<br />

de Mauritanie, du Sénégal et<br />

aussi du Nigeria, du Bénin<br />

et du Burkina voisin.<br />

Vendeurs d’illusions ou faiseurs<br />

de miracles, l’on ne<br />

peut répondre à la question.<br />

Cependant, leurs prestations<br />

convergent vers un seul et<br />

unique objectif, réaliser les<br />

désirs de leurs commanditaires.<br />

Qui sont ces hommes ?<br />

Grassement rémunérés, ils<br />

sont sollicités tant pour leur<br />

«puissance» que pour leur<br />

«invulnérabilité». A les entendre,<br />

leurs tableaux de chasse<br />

suscitent bien de tentations :<br />

«Je suis le conseiller pour les<br />

affaires occultes du Président…<br />

de… c’est grâce à<br />

moi qu’il a accédé au pouvoir<br />

et c’est encore moi qui lui ai<br />

permis de conserver son fauteuil<br />

lors du soulèvement des<br />

années 20…<br />

Il n’entreprend rien sans<br />

m’avoir au préalable consulté.<br />

En somme il m’obéit au<br />

doigt et à l’œil» !<br />

«Moi, je suis au service du<br />

Président depuis environ une<br />

dizaine d’années. A l’époque,<br />

simple lieutenant de l’année,<br />

il m’a été confié par son<br />

père, un ami et un confident.<br />

Aujourd’hui ; il préside aux<br />

destinées de son pays sous<br />

ma protection».<br />

Comment travaillent ils ?<br />

Leurs méthodes de travail,<br />

ils préfèrent n’en souffler<br />

mot. Certains pourtant vous<br />

révèlent que c’est par divination<br />

qu’ils prédisent.<br />

D’autres soutiennent qu’ils<br />

sont versés dans la science<br />

d’interroger les génies (bon<br />

ou mauvais), d’interroger la<br />

terre ou les cauris ou tout<br />

simplement de lire dans la<br />

paume de leur client pour<br />

dévoiler ce à quoi ils doivent<br />

s’attendre.<br />

Ces hommes, vous les côtoyez<br />

sans les reconnaître,<br />

vous les voyez sans vous<br />

douter un seul instant de leur<br />

métier. Ils sont pourtant à<br />

côté de vous. C’est à la<br />

veille des évènements ma-<br />

(Suite page 7)<br />

Page 6 Le <strong>FLIC</strong> N° 181 du mardi 23 Mars 2010<br />

(


Enquête<br />

Les hommes politiques<br />

et leurs marabouts !<br />

(Suite de la page 6)<br />

jeurs notamment la transition<br />

et l’après transition que bon<br />

nombre d’entre eux sont au<br />

Niger. Pour la plupart ils voyagent<br />

avec des passeports diplomatiques<br />

de leur pays<br />

d’origine ou du pays dans lequel<br />

ils sont établis et où ils<br />

exercent. A l’image d’un marabout<br />

bien connu de chez<br />

nous, ils voyagent beaucoup,<br />

sur invitation de personnalités<br />

politiques de haut rang.<br />

Pour votre édification,<br />

nous avons enquêté<br />

Mohamed Abdouramane<br />

Silla, malien d’origine, naturalisé<br />

mauritanien, est conseiller<br />

à Nouadhibou depuis<br />

1999.<br />

Profession ; conseiller (sans<br />

autre précision). L’intéressé<br />

séjournant à Niamey depuis<br />

une semaine, prétend avoir<br />

été recommandé auprès de<br />

Monsieur X leader d’un parti<br />

politique : «J’ai pris l’habitude<br />

de venir souvent à Niamey. A<br />

l’occasion de ces voyages,<br />

j’ai eu à travailler pour certaines<br />

personnalités politiques<br />

bien connues. Certains sont<br />

encore en activité.<br />

Actuellement, je suis au service<br />

d’un potentiel candidat<br />

aux futures présidentielles.<br />

Selon mes premières prédilections<br />

il est en passe de<br />

remporter ces élections. A<br />

deux reprises, la terre que j’ai<br />

consultée me l’a révélé. Son<br />

étoile a brillé par deux fois…<br />

Pour peu qu’il se conforme à<br />

mes prescriptions et qu’il s’acquitte<br />

des offrandes il passera.<br />

Certes, la compétition<br />

sera rude, mais il doit passer<br />

car la terre ne ment pas. Mes<br />

invocations et incantations<br />

m’ont également révélé que<br />

les populations de l’ouest et<br />

une partie de celles de l’Est<br />

lui sont acquises. D’ici, je dois<br />

me rendre dans un pays<br />

d’Afrique Centrale où j’ai un<br />

rendez-vous avec une personnalité<br />

de haut rang. Avant<br />

la fin du mois d’avril. Je reviendrai<br />

au Niger au mois de<br />

septembre. D’autres charlatans<br />

non moins lotis de chez<br />

nous, sont aussi consultés.<br />

Celui que nous avons rencontré<br />

dans une superbe villa au<br />

quartier Zabarkan ressemble<br />

tout sauf à un prédicateur.<br />

Venu du pays Songhaï, il prétend<br />

avoir été sollicité par un<br />

membre influent d’un parti politique<br />

de la place. «Je n’aime<br />

pas me déplacer pendant<br />

cette période. Ceux ou celles<br />

qui veulent me consulter, font<br />

généralement le déplacement<br />

vers moi et dès qu’ils en nourrissent<br />

l’intention, je le pressens<br />

et je m’apprête à les accueillir<br />

en conséquence. Généralement<br />

ils viennent à moi.<br />

Après que j’eus entrepris les<br />

invocations en leur faveur.<br />

Pour le cas présent, je suis<br />

au service d’un parti politique<br />

dont de l’avis de ses dirigeants<br />

est traversé par des<br />

contestations en tous genres.<br />

Mes divinations prédisent<br />

que ce parti retrouvera sa<br />

force d’antan car la paix et la<br />

sérénité reviendront dans les<br />

rangs des responsables et<br />

des militants Incha Allah.» De<br />

l’autre côté du fleuve à<br />

Karadjé, nous avions été guidés<br />

vers un prédicateur du<br />

pays gourmantché. Celui-là<br />

est assez prolixe. Dans sa<br />

demeure, calebasses et masques<br />

divers sont entassés<br />

dans un coin. Après les salutations<br />

d’usage, l’homme n’a<br />

pas attendu que nous lui signifions<br />

l’objet de notre visite.<br />

Après plusieurs incantations,<br />

il s’est mis à faire des signes<br />

sur un sable fin étalé sur un<br />

morceau de carton et dit :<br />

Monsieur, vous semblez avoir<br />

des pépins au niveau de votre<br />

service. Le poste que<br />

vous occupez est convoité<br />

par deux de vos collègues et<br />

d’ailleurs les plus proches à<br />

vous. Ces messieurs ne dorment<br />

pas. Ils s’activent chacun<br />

de son côté pour vous<br />

faire sauter de votre poste.<br />

Avec la bénédiction de Dieu,<br />

je saurai vous mettre à l’abri<br />

de ces convoitises.»<br />

Mais nous ne sommes pas ici<br />

pour une quelconque consultation,<br />

lui dis-je. Nous avons<br />

appris que vous séjournez ici<br />

il y a seulement quelques<br />

jours. A ce qu’il parait, vous<br />

êtes venu offrir ou plutôt monnayer<br />

pour un parti ou une<br />

personnalité qui aspirerait à<br />

la magistrature suprême de<br />

notre pays. C’est là l’objet de<br />

notre visite et nous voudrions<br />

être édifié à ce sujet.<br />

L’homme comprit tout de suite<br />

ce que nous recherchons.<br />

Sans mâcher ses mots, il<br />

nous rétorqua :<br />

«Je veux bien travailler pour<br />

vous si vous le désirez et<br />

soyez certain que je garderai<br />

le secret. Pourquoi voulezvous<br />

qu’il en soit autrement<br />

pour mes autres clients. Et<br />

puis, dans notre métier nous<br />

sommes liés par un serment,<br />

celui de ne pas trahir la confiance<br />

de nos clients, même<br />

si ces derniers pour une raison<br />

ou une autre, n’arrivent<br />

pas à honorer leur engagement<br />

(payement des prestations<br />

s’entend).<br />

Je ne peux donc vous dire<br />

pour qui je suis venu et pour<br />

quel motif.<br />

Revenez me voir un jour si<br />

vous aviez des problèmes.»<br />

Sur ces entrefaits, nous nous<br />

éclipsons en nous promettant<br />

par quelque artifice que ce<br />

soit, de découvrir le commanditaire<br />

de ce «liseur d’avenir»<br />

gourmantché. Comme vous le<br />

voyez, sans avoir fait tout le<br />

tour de la ville de Niamey,<br />

nous sommes convaincus<br />

que des charlatans et des<br />

médiums sont tapis dans l’ombre,<br />

oeuvrant pour la réussite<br />

de tel ou tel autre candidat.<br />

Seulement, ce que nous nous<br />

demandons, c’est de savoir si<br />

la puissance occulte serait à<br />

elle seule suffisante pour<br />

prospérer ou remporter des<br />

élections ?<br />

Nous ne terminons pas en<br />

ajoutant que si l’irrationnel<br />

devait aisément permettre<br />

d’accéder à la magistrature<br />

suprême de ce pays, nombreux<br />

sont ceux qui allaient se<br />

bousculer pour y parvenir, y<br />

compris nous, parce que nos<br />

grands-pères nous ont légué<br />

aussi «quelque chose».<br />

Une enquête de<br />

Djafarou Soumana<br />

<strong>LE</strong> <strong>FLIC</strong><br />

HEBDOMADAIRE NIGERIEN<br />

D’ENQUETES<br />

BP. 875 NIAMEY-NIGER<br />

DIRECTEUR DE PUBLICATION<br />

AROUNA YACOUBA<br />

Cel : 94.95.75.33<br />

REDACTION<br />

Hama Ibrahim,<br />

Yacouba Ousseini<br />

Anna Oumarou, Aboubacar<br />

Mizinyawa, Djafarou Soumana<br />

Mamane Moutari.<br />

Tirage : 2000 Exemplaires sur<br />

les presses de NTI<br />

Page 7 Le <strong>FLIC</strong> N° 181du mardi 23 Mars 2010


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