L'Abbaye-Nouvelle, près Gourdon - Académies et Sociétés savantes ...

1
1
1
1
1
1
Il
1
1
1
1
Il
1
1
1
1
1
1
1
O(~IÉTÉ
D
E O[ E
DE
PAR D1~CHET DU '10 OVEMBRE 1 50
r.rOME
LA
RCHÉOLOGlQDE
f1D1 DE LA FR
1"0 DÉE F. 1 31, ET RECONNUE COMME ÉTABLI.' EME T D'UTILITE PUBLIQ E
i96'1
XXVII
PUBLIÉ AVE LE COL CO r\. Dl CE. THE TIONAL nE LA RECHEHCHE .'CIENTIFIQ E
CE
1'0 L E
'ZDO RD PRI\ AT, LlBRAIRF;- ÉDITE R
Librairie de l'Université
14. RE DE ARTS (SQ ARE DU M sÉE)

il
1
Il
Il
1
Il
l
~'------
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE
DU MIDI DE LA FRA~CE

1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
DE
SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUF~
LA
[) U ~1 rD l 1) ELA F nA NeE
FONDÉE EN J83 t, ET RECO~NUE COM:\lE ÉTA BLISSEME T 0 'UTILITÉ PUBLIQU E
PAR DÉCRET DU 10 OVEMBRE 1850
'l-'OME
XXVII
PUBLIÉ AVEC LE CONCOURS DU CENTRE ATIO~.\ L DE LA HECHERCHE SC1E~TIF1QUE
TOULOUSE
ÉDOUARD PHIVAT, L1I3HA1HE- ÉDITEUR
Librairie de l'Université
14, RUE DES ARTS (S(JUARE DU ~1USÉE)

1
1
1
1
1
l
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
TABLE DES MATIËRES
Georges FOUET, La villa gallo-romaine de Gelleneuve, commune de
Mouchan (Gers). . . .
pp. 8-40 et pl. l
Gustave MOT, L'ossuaire de saint Saturnin, à Saint-Hilaired'Aude....
pp. 41-47 et pl. II
Gratien LEBLANC, L'Abbaye-Nouvelle, près Gourdon (Lot)........ pp. 49-75
et pl. III-VIn
Pierre GÉRARD, Du nouveau sur la chapelle du Saint-Suaire de Toulouse
(1396-1740). . . . pp. 77-84
Mathieu MÉRAS, L'Abbaye de Moissac au XVII" siècle, d'après un inventaire
de 1669. . . pp. 85-97

1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
L'ABBAYE-NOUVELLE PRES GOURDON
Les ruines de l'Abbaye-Nouvelle l se dressent sur les bords
ombragés du Céou, une de ces claires rivières qui forment un des
éléments premiers de la beauté du Haut-Quercy : descendue du
Causse de Gramat, elle vient de recevoir le Bléou dont les eaux ont
reflété, peu auparavant, le fier profil de l'acropole de Gourdon 2 ; à
quelques centaine5 de mètres en aval, à Pont-CarraI, elle recueille
le ruisseau qui parcourt l'ancienne seigneurie de Salviac.
L'aspect verdoyant du pays enchante et étonne tout à la fois.
Aussi bien n'est-on plus dans le Quercy proprement dit, mais dans
le Gourdonnais, préface de cette charmante contrée qu'est la Bouriane,
zone de contact entre les Causses et le « pays au bois » déjà
périgourdin: l • Des placages de sable et d'argile recouvrent le cal­
~aire qui s'enfonce progressivement vers l'ouest'; à l'uniformité
hOrIzontale du Causse succède la variété pittoresque de coli.ines
légèrE'lllent ondulées. Les bois de chênes, de châtaigniers, les
plantations de noyers occupent la plus grandé partie du sol, les
champs cultivés ne sont que des clairières". C'était bien là pays
à retenir les disciples de saint Bernard 6 •
La vallée surtout était attrayante : longue bande alluviale
enfoncée d'une centaine de mètres dans les collines du Gourdonnais\
elle fournirait les prairies indispensables à l'élevageS et
l'eau abondante qui pourrait suppléer à celle, plus rare, des sour-
1 Commune de Léobard, canton de Salviac, arrondicsement de Gourdon
(Lot). Carte de l'E.-M. au 1/80.000", feuille n° 194, Gourdon, quart N. O.
2. R. Clozier, Le Quercy ~ Paris-Grenoble, 1953, p. 63.
3. u. Faucher, La France) géographte-touris-me) Paris 1951, t. l, p. 462.
4. P Arqué, Géographie du Midi aquitain) Paris, 1939, pp. 150-151.
5. R. Bulit, Gourdon-en-Quercy et ses envi11ons) Cahors, 1930, p. 17.
G. L. J. Lekai, Les moines blancs) Paris, 1957, p. 262.
7. G Leblanc, La répartition géographique des abbayes cisterciennes du
Sud-Ouest de la France, dans France méridionale et pay, ibériques) Mélanges
Fau. cher) t. II, Toulouse, 1949, Pp. 594 et 595.
8. L. Gay, R. Gromas et Th. Matur~e, Monographie agricole du département
du Lot, Cahors, 1937, p. 41.

50 MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE DU MIDI DE LA FRANCE
ces qui jaillissent du calcaire!). Il n'était que d'attendre l'occasion
propice.
* **
Une premlere tentative de fondation cistercienne à Saint­
Martin-Ie-DésarnaVlJ avait échoué en 1150; elle était pourtant
due à saint Etienne, le grand abbé d'Obazine. L'abbaye avait
dû être transférée dans le nord du Bassin Aquitain, à Lagarde­
Dieu ll • Il faudra attendre près d'un siècle pour réparer cet échec.
C'est alors, en effet, que seront réunies des circonstances plus
favorables : enrichissement du Quercy grâce à ses banquiers et
à ses marchands - les cahorsins 1:! - tel à Gourdon ce Barthélemy
de la Rive qui exportera des vins jusqu'à Londresl:l; puissance
grandissante de la famille seigneuriale de Gourdon qui joue
à l'ouest du Haut-Quercy un rôle encore plus décisif que celui
tenu à l'est par les Cardaillac! 1 ; élection, en 1237, au siège épiscopal
de Cahors de l'archiprêtre de Salviac, Géraud de Barasc 1 :i;
venue redoutable au château de Gourdon, en 1241, du dominicain
Pierre Cellani, inquisiteur en Toulousain et en Quer~cy\l;. C'est
peut-être là le fait ~éterminant; l'albigéisme avait gagné le pays;
9. G. Astre, Les reg1mes hydro-géologiques du département du Lot,
Cahors, 1945, pp. 19-20.
10. E. Albe, L'Abbaye-Nouvelle, dans Dictionnaire d)Histoire et de Géographie
ecclésiastique) t. l, Paris, 1911, c. 33. P. L. Janauschek Originurn
cisterciensium) t. l, Vienne, 1877, p. 122.
11. Abbé Pottier, Abbaye cistercienne de Notre-Dame de la Garde-Dieu,
dans Congrès Archéologique) Montauban) 1865, p. 280.
12 R. Clozier, op. cit.) p. 19.
13. Calendar Of Patent RoUs) Henry III, 1266-1272, pp. 555-556, cité par
Ph. Wolff, Le problème des Cahorsins dans Annales du Midi) t. 62, juillet 1950,
p. 234, J. Fourgous, En Qu,ercy. Le pays lotois, cinq conférences d'histoire,
Cahors, 1951, p. 44.
14. Or, l'évêque Guillaum de Cardaillac fonde en 1220, l'abbaye de Leyme
pour des moniales o1sterciennes. Voir chanoine E. Albe, L'Abbaye cistercienne
de Leyme, dans Archives de la France monastique, Revue Mabillon,
t. XVI, 1926, p. 314; J. Calmon, Quelques mots sur Leyme (Lot), dans Bulletin
de la Société des Etudes du Lot) 1954, pp. 167-170.
15. Chanoine E. Sol, L)église de Cahors SOus les Carolingiens et les Capétiens)
Paris, 1938, pp. 123-124.
16. Bibl. Nat., coll. Doat, vol. XXIII, fO 116; E. Albe, L'hérésie albigeoise
et l'Inquisition en Quercy, dans Re'/. ue d)histoire œe l'Eglise de France" 1'" année,
pp. 271, 283 et 412.
l'
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1

1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
L'ABBAYE-NOUVELLE PRÈS GOURDO 51
le seigneur de Gourdon, Bertrand, et son fils Fortanier figurent
parmi les inculpés. Tout comme à l'époque de saint Bernard,
quand étaient fondées Belleperche, Grand-Selve, Franquevaux,
Fontfroide, Cale:.."s, Val d'Eau, Compania, Boulbonne, Eaunes et
tant d'autres, l'implantation d'une abbaye cistercienne dans le
pays ne pourrait-elle encore servir de bastion à l'orthodoxie contre
l'hérésie? Une donation de terres à ces fins pieuses ne seraitelle
justement pas capable d'écarter des seigneurs les condamnations
que Cellani n'allait pas manquer de prononcer?
Ainsi raisonna sans doute Guillaume de Gourdon, seigneur de
Salviac 17
qui fit alors preuve d'habile diplomatie sinon de perfide
duplicité. Le 12 février 1242, il va à Castelsarrasin faire hommage
de ses terres au comte de Toulouse, Raymond VII, à qui,
précise-t-il, « il est lié par le sang ». L'hommage est suivi d'une
donation entre vifs, mais d'où sont exclus deux petits fiefs : Albe­
Cassagne et Mayrannes. Puis, Guillaume part aussitôt pour l'abbaye
cistercienne d'übazine et, le 7 mars, il fait don à l'abbé de
plusieurs terres pour y installer et y faire vivre une « fille »; ce
n'est pas pur hasard si parmi celles-ci figurent précisément Mayranes
et Albe-Cassagne. Cette générosité pouvait lui rendre favorat~e
tout à la fois son ancien curé, devenu évêque-comte de
Cahors et l'inquiétant Cellani qui, effectivement, condamne centtrente-huit
hérétiques de Gourdon 18 • Les donations sont surtout
localisées sur l'actuelle commune de Salviac, les autres sur sa
voisine Léobard'!J; c'est ici, sur le Pech Gisbert, rocher de plan
trapézoïdal, isolé entre le Céou et un torrent, que les enquêteurs
décidèrent d'implanter l'Abbaye-Nouvelle 20 : solution tout à fait
inhabituelle dans l'Ordre, le couvent va se bâtir non dans la
vallée mais sur une hauteur dont on va, de plus, artificiellement
augmenter la superficie.
17. Histoire de Languedoc, t VI, pp. 735-736.
18. Ph. Wolff, Cahors et le catharisme, dans Bulletin de la Société des
études litté'f'laires diu Lot, t. LXXX, janvier 1959, p. 61.
19. Uallia christiana, t. I, c. 187. G. Lacoste, Histoire générale de la province
de Quercy, Cahors, 1883-86, t. II, p. 253. E Albe, Titres et documents
concernant le Limousin et le Quercy, dans Bulletin de la Société scientifique,
historU[Ue et archéologique de la Corrèze, t XXX, 1908, p. 301.
20. P. L . .:ranauschek, op. cit., p. 255.

.~
52 MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE DU MIDI DE LA FRANCE
Selon l'usage:!1, le premier abbé, - et ce ne fut probablement
pas Odon de Ventadour 22 , - commença par élever le mur d'enceinte,
celui-là même dont le côté méridional est encore presque
intact.
C'est ensuite, grâce aux nouvelles donations 2 : 1 : celles du
Repaire de la Mothe par dame Serène en 1259, du fief de Moyssen
par Hugues-Archambaud et quatre autres l'année suivante 1260,
suivies de trois nouvelles en 1261, que l'abbé Durand, premier
abbé dont l'existence est indiscutable, fait construire les bâtiments
réguliers dont subsistent quelques pans de mur à l'occident.
Il commença, sans doute aussi à élever l'église abbatiale.
Mais des difficultés d'ordre financier éclatent avec le développement
de plus en plus grand que prend l'administration tatillonne
d'Alphonse de Poitiers. On sait combien celui-ci « était près de
ses sous »24; pendant plus de vingt ans, il fait examiner les acquisitions
d'une centaine d'établissements religieux, ce qui lui pennet
de délivrer plus de cinquante chartes de confirmation et surtout
d'encaisser 5.000 livres de droiF~'.
L'Abbaye-Nouvelle qui ne pouvait invoquer la prescription
n'échappa point à cette inquisition fiscale. Le 30 août 1267, le
frère du saint roi ordonnait à son sénéchal de rechercher la valeur
des biens acquis dans ses fiefs et arrière-fiefs par le monastère
depuis sa fondation et de demander aux pauvres moines « quantum
nobis dare vellent pro confirmatione »21;.
L'année suivante, le sénéchal procède à la saisie de certains
revenus de l'abbaye; il reçoit, il est vrai, ordre d'en faire récré-
21. M. Aubert,L)Architecture cistercienne en France, avec la collaboration
de la Marquise de Maillé, Paris, 2" éd., 1947, p. 102.
22. E. Albe, ibid.
23. Gallia christiana) t. l, c. 1 8; H. du Temps, Le clergé de France, Paris,
t. l, 1774, p. 245; A. Longnon, Pouillé du diocèse de Cahors.. dans Recueil
des Documents inédiits sur l'Histoire de Frœnce, Mélanges historiquels, Paris,
1892, p. 78; E. Albe, L'Abbaye-No·uvelle, op. cit.) c. 34; Chanoine E. Sol,
op. cit.) p. 152.
24. Ph. Wolff, Histoire de Toulouse. Toulouse, 1958, p. 139.
25. P. Guébin, Les anw7·tissements d'Alphonse de Poitiers (1247-1270).
Ligugé, 1926, p. 3. (tirage à part de la Revue Mabillon, t. XV, 1925).
26. A. Molinier, Correspondance adminilstrative d)Alphonse de Poitiers,
Paris, t. l, 1894, n. 466; R. P. A. Dimier, Saint Louis et Citeaux, Paris,
1954, p. 190.
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1

1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
L)AB BAYE- OUYELLE PRÈS GOURDON 53
ance jusqu'au 10 juin 1268:!7. Un an avant sa mort, en mai 1270,
Alphonse q.e Poitiers octroyait encore une charte spéciale d'amortissement
pour un revenu de 66 livres de Cahors acquis par
l'abbé d'Obazine au profit de l'Abbaye-Nouvelle:!/>,
On comprend que l'abbé ait, peu après, sollicité et obtenu, en
juillet 1274, une bulle de Grégoire X confirmant les privilèges de
son monastère 29 •
En 1287, les commissaires royaux réunis à Villefranche-de­
Périgord prennent bien soin de sauvegarder tous les droits de
l'abbaye:lo. Nous pouvons supposer que c'est entre ces deux dates
- l'abbé était peut-être encore Durand rr ou déjà Pierre de la
Tieyre: n - que fut achevée l'église du monastère.
Pauvre monastère dont les revenus n'augmenteront plus ­
la telle époque cistercienne était passée, - les donations allaient
maintenant aux Dominicains ou aux Franciscains. Au pouillé de
1326, il n'est taxé que pour 10 livres:l2, alors que Le Vigan en
acquitte plus de 37. C'est dire combien il est déshérité pour réparer
ses bâtiments en cas de malhe'.lrs. Or ceux-ci s'annoncent dès
1346, l'année de Crécy; en 1347 - tandis qu'Edouard III prend
Calais - des troupes anglaises occupent Salviac et ses environs 33 •
Pendant trois ans, elles ravagent les campagnes;\.J. En 1356 ­
l'année de Poitiers - ce sont les armées du prince de Galles qui
occupent le Quercy3:;. En 1367, au lendemain de la victoire du
Prince Noir et de Pierre-Ie-Cruel sur Henri de Trastamare à
Najera, une Grande Compagnie pille les environs de Gourdon 36 .
27. A. Monilier, op. cit.) n. 49 .
2 . Arch. at., JJ 24 b , Cartulaire d'Alphonse de Poitiers, fU 97 y O et 98.
Doat, n° 5, fO 80 et n° 74, fU 316 et fU 317 (cette dernière référence aimablem~nt
communiquée par M. d'Alauzier). P. Guébin, op. cit., p. 5. R. P .A. Dimier,
op. cit., p. 195.
29. Potthast, 20862; GalHa christiaHa, t. l, c. 188.
30. G. Lacoste, op. cit.) p. 379.
31. Chanoine E. Sol, op. cit., p. 176.
32. E. Albe, ibid.
33. R. Bulit, Gourdon. Les origines. les seigneurs) Us consuls et la oomm
zmauté jUi qu)à la fin du XIY" siècle) Toulouse, 1923, p. 156.
34. G. Lacoste, op. cit., t. III, p 120, L. Combarieu et F. Cangardel, Gourdon
et ses seigneurs du x' au XIY' siècle, dans Bulletin de lUi Société des études
du J,ot) t. VI, 1880, p. 167.
35. Ms. d'Amiens de Froissart, t. IV, p. 394; Cathala-Couture, Histoire
'(-olitique) ecclésiastique et littéraire du Quercy, Montauban, 1785, t. l, p. 280.
36. G. Lacoste, op. cit.. p. 193.

54 MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE DU MIDI DE LA FRANCE
Vingt ans plus tard ces malheurs se précisent et commence
la destruction de l'abbaye. Elle est victime autant des méfaits
des Anglais que de ceux des émeutiers et, probablement, plus de
ces derniers que des premiers, puisque les destructions semblent
surtout s'être produites' entre 1380, année de la mort de Duguesclin
et de Charles V, et 1392. Deux témoignages n'en accusent pas
moins formellement les Anglais: l ; (capta et depredata per Anglicos)
mais on sait par ailleurs que c'est essentiellement aux
sociales 3 que sont dues les dévastations du Haut-Quercy : sur
mille églises, les trois-quarts sont désaffectées; des villages
entiers sont ravagés, Gourdon ne compte plus, paraît-il, que cinq
habitants;l9. L'Abbaye-Nouvelle dut commencer à être inhabitable
vers 1380 40 et tomber en ruine vers 1387 : « quasi major pars...
destructa et desamparata nuZlo homine habitante »41.
La reconstruction ou, du moins, la réoccupation dut être entreprise
par l'abbé Géraud Porquier, institué en 1392 12 ; c'est ce qui
semble résulter du rôle d'intermédiaire qu'il joue à plusieurs reprises
entre Armagnacs et Bourguignons 4 : 1 • On comprendrait difficilement
que cet arbitre écouté n'ait pu réintégrer son abbaye,
et ce vers 1411-1412. Mais, les grands travaux, et nous songeons
surtout à une consolidation de l'église, au renforcement des contreforts
septentrionaux, ne pouvaient être entrepris qu'une fois
la paix définitivement revenue. C'est l'œuvre à laquelle a dû s'attacher
le successeur de Géraud Porquier: Bernard de Maranzac 44 •
Au moment de la victoire décisive de Castillon (1453) il est abbé
depuis un ou deux ans l5 ; il s'emploie activement à renouveler les
baux à fief tombés en désuétude 4 f; : 1452, 1456, 1458, 14"60 et 1470
37. P. H. Denifle, La Guerre de Cent Ans et la désolation dles églises) mOnastères
et hôpitaux en France) Paris, t. II, vol. 2, pp. 834 et 837.
38. E Albe, ibid.
39. R. Clozier, ibid.
40. P. H. Denifle, op. cit.) p. 842.
41. P. H. Denifle, op. cit.) p. 831.
42. Reg. Vatican, 308, fO 137; E. Albe, ibid.
43. G. Lacoste, op. cit.) pp. 343, 353, 372.
44. E Albe, ibid.
45. Chanoine E. Sol, LTEglise de Cahors au temps de la lutte contre les
Anglais) Paris, 1943, p. 160.
46. Arch. Nat, Q2 92.
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1

1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
L)AB BAYE- OUVELLE PRÈS GOURDON 55
et réussit, peut-être, à obtenir quelques donations : « multa sua
aC(j.'u:sivit coen~bio »-17.
Si ces dons. permirent de consolider une petite partie des bâtiments,
ils n'enrichirent guère l'abbaye : en 1477, son revenu ne
dépassait pas 80 livres petits tournois; elle n'avait qu'un seul
moine 4 ". Jean Loubaudi continua l'œuvre de ses prédécesseurs,
Bernard de 11aranzac et Jean de la Grange'I~I, mais ne put faire
mieux. Grâce à l:ne bulle d'Alexandre VI Borgia (7 juillet 1502),
nous savons dans quel état de délabrement était le couvent : le
visiteur, Jean, abbé de la Faise, avait intimé l'ordre au nouvel
abbé, Jean de Ventadour, de réparer ou reconstruire (restaurare
seu de nova canstrui facere):;o les cloîtres, le réfectoire, le dortoir,
l'égli~e et de mettre dans son abbaye six religieux de plus.
L'abbé déclare ne pouvoir s'acquitter de cette tâche et obtient
l'ouverture d'une enquête dont nous ignorons le résultat:>l. Ce
qui f:emble certain c'est que les bâtiments claustraux ne seront
jamais restaur~s, à l'exception de ceux des convers aménagés en
maison d'habitation à l'usage du prieur, de l'unique ou des deux
moines que comptera désormais tout au plus l'abbaye. Cet aménagement
fut peut-être l'œuvre de Dominique Sarred qui, avant
de devenir abté en 1542, était maître d'œuvre du chapitre du
Vigan"'::; c'est dans cette famille, originaire de la région, que l'abbaye
allait demeurer jusqu'en 1650. Les protestants qui pillèrent
Gourdon et les paroisses voisines en 1562 ne durent guère s'attarder
0evant l'Abbaye-Nouvelle déjà aux trois-quarts ruinée 53 •
C'est lors de la visite 54 en 1658 du Vénérable Alain de Solmi-
47. Gr(llia ch.) t. l, c. 189.
4 . Arch. du Vatican, Registre du Latran, 744 f" CXX; E. Albe, op. C~L)
c. 35 et Titres et documents concernant le Limousin et le Quercy, dans le
Eullretin dle la Société scientifique) historique et archéoLogique de la Corrèzp,
t. XXX, 1908, p. 302.
49. Gallia ch.) ibid.; E. Albe, ibid.
50. Arch. du Vatican, registre du Latran, 1109 fU 6 vO.
51. E. Albe, op. cit.) pp. 303 et 304.
52. Reg. du Vatican, 1585 fO 252 v"; E. Albe, L'Abbaye-Nouvelle, dans
Dictionnaire d)Histoire et de Géographie ecclésiastique, t. l, c. 35.
53. L. Greil, Inventaire des Archives de Gourdon en 1659, dans Bulletin
de la SOciété des J..:Jrud.es du Lot, t. XIV, 1889, p. 183; G. Lacoste, op. cit.)
t. IV p. 157.
54. Chanoine E. 01, L)église rj,r:} Çahor. à fJé'poque moderne) Paris, 1947,
pp. 237 et 245.

56 MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE DU MIDI DE LA FRA CE
nihac, évêque de Cahors, que dut être décidée la transformation
de l'église abbatiale en église paroissiale et que, sous son successeur,
une porte de style classique fut percée dans la façade occidentale;
elle porte la date de 1669. L'abbé ne résidait plus depuis
la commende et le prieur claustral avait suivi ce fâcheux exemple;
ce qui restait habitable servit de presbytère. Quand, en 1777, on
veut obliger le vieil abbé Duval de Varaire de Montmillan à réparer
le couvent où ne réside plus un seul cistercien, l'enquête révèle
que « la principale partie de l'église est encore en bon état et sert
à la place de l'ancienne église paroissiale, qui n'était qu'une
crypte obscure et malsaine ». (Ceci nous enseigne qu'une partie
seulement de l'église était conservée et que la salle basse de l'abbatiale
avait servi de paroisse avant 1669). « Le reste des
bâtiments claustraux était en ruines. Des arbres fruitiers poussaient
parmi les décombres. Deux chambres encore à peu près
logeables servaient de presbytère »:>:>. En 1788, le revenu de la
cure est estimé à 400 livres, celui de l'abbaye entre 2.000 et
2.400 livres 56 •
Lors de la Révolution, l'abbaye est mise en vente. Soumission
est faite le 12 juin 1790 par la commune de l'Abbaye-Nouvelle
pour :
« 1 0 Biens jadis jouis par l'abbé commandataire... Ces biens
consistent en une vieille maison délabrée, déclarée par arrêt du
Conseil, vieille mazure et de vétusté, une grange, un moulin, etc...
Soumission à 30.000 1. environ...
« 2 0 Biens jouis par le prieur de l'Abbaye : une grande maison,
grenier et cave, située dans le lieu de l'Abbaye, confrontant
le restant de la maison de l'abbé, un pré, etc... Soumission à
4.700 1. ».
Deux experts sont nommés. Leur rapport nous renseigne sur
la « maison située dans le bourg de l'Abbaye ». Elle fait partie
« de l'ancienne carcasse d'un monastère. Elle est composée de
sept stations, toutes placées sous le plus haut étage appartenant
au ci-devant abbé; de toutes ces stations, il n'yen a que deux
qui soient un peu logeables. Le surplus sont des souterreins inha-
55. E. Albe, op. cit.) c. 36.
56. E. Sol, La Révolution en Quercy) Parh, s. d., t. I, pp. 491 et 511.
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1

1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
eABBAYE-NOUVELLE PRÈS GOURDO 57
bités et inutilles; les murailles, très antiques, sont entièrement
décharnées, les boisures des portes et fenêtres fort délabrées,
même à plusieurs il ni existe plus aucune boisure, le tout ayant
péri par vétusté. Depuis plus de 20 ans que nous fr8quentons le
bourg de l'Abbaye, nous avon3 vu le curé du lieu occuper cette
maison moyennant 20 1. de loyer, et nous estimons qu'elle ne peut
produire que 20 1. de revenu net et qu'il ne peut y avoir aucun
citoyen qui puisse aspirer à la propriété de cette maison qu'un
curé du lieu, n'y ayant point de presbytère ».;7.
Le directoire du district fixa le prix à payer par la commune
à 31.900 francs. Le citoyen Lavaysse-Gimbert, curé depuis 1783,
prêta serment civique et resta tranquillement dans sa paroisse
jusqu'au Concordat:'''. L'abbaye aurait été revendue à deux familles
du pays - Soulevy et Pigeac - auxquelles auraient été données
les boiEeries de la « chapelle », à charge d'en murer les
grandes fenêtres 5H • Un rapport du 19 pluviôse An X signale que
l'église de « Labbaye » est en mauvais état;". En 1811, un portail
est construit sur l'emplacement du mur oriental de la salle capi
tulaire; il donnait accès à l'ancien cloître ainsi transformé en
jardin clos 61 •
Il semble que des restaurations aient été faites dans l'église
au XIXf' siècle. En tout cas, le plan cadastral de 1835 montre que
seules subsistaient les deux travées occidentales, les autres étant
à l'état de ruine; le mur de refend existait peut-être depuis 1669.
Vers 1898, des grisailles remplacent le torchis qui obstruait les
fenêtres 62 ; c'est alors que dût être peint le faux appareil qui
recouvre les murs et les voûtes. Un projet de restauration de
l'abbaye échoue quelques années plus tard!3:1; le propriétaire d'un
château voisin en profite pour arracher les cheminées armoriées
de la maison abbatiale et en orner sa demeure 6 ' 1 • Vers 1938, tout
ce qui subsistait du bâtiment des moines et le portail de 1811
57. Arch. Nat., Q2 92. Texte aimablement communiqué par M. d'Alauzier
58. E. Albe, op. cit.) c. 37.
59. A. Boyer d'Agen, Les parias de France, Paris, 1904, p. 556.
60 E. Sol, op. cit.) t. IV, p. 549.
61. R. Bulit, Gou-rdon-en-Quercy et ses e'nvirons. Cahors, 1930, p. 32.
62. A. Boyer d'Agen, op. cit.) p. 557.
63. Revue -religieuse de Cahors et de Rocarnctdo ur, 27 décembre 1902, p. 229
64. Renseignements fournis par les habitants du bourg de «Labaye» (sic).

58 :\1ÉlVIOIRES DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE DU MIDI DE LA FRA CE
sont acattus et les matériaux servent à l'édification d'une porcherie.
La muntcipalité, suivant cet exemple, jette bas, en 1954,
la l.açade occidentale de l'ancien bâtiment des convers dont les
pierres lui servent à construire un mur de style moderne autour
du cimetière tout proche';". Les voisins exploitent a·ctuellement
comme carrière l'angle sud-est de l'enceinte; un mur du chauffoir
a déjà disparu. Le vandalisme aidant, il ne restera bientôt
plus rien des anciennes constructions de l'Abbaye-Nouvelle. Le
nom lui-même n'est plus qu'un souvenir; la plaque indicatrice du
service des Ponts et Chaussées vient d'être changée; on y lit :
Lataye!
L'étude archéologique des restes de l'Abbaye-Nouvelle - bien
que déjà difficile à mener - n'est cependant pas sans intérêt ni
même sans surprise. La principale de celle-ci réside dans la superpcsition,
au moins partielle, de deux et même trois étages tant
en ce qui concerne les bâtiments monastiques que l'église e11emê~TIe.
La surface recouverte par les constructions de l'étage inférieur
édifié au pied du rocher, est moindre que celle sur laquelle
s'étale l'ensemble de l'étage supérieur. Cette première constatation
peut étonner.
Ceci est d'abord vrai pour l'église elle-même. La salle basse
qui s'appuie sur le flanc septentrional du roc est constituée par
une nef unique de 28 mètres de long sur 7 m. 30 de large; elle
n'est pas orientée vers l'Est, mais son axe s'incline à 30° vers
le Sud, conférant ainsi à tout le monument une direction plutôt
de l'Ouest-Nord-Ouest à l'Est-Sud-Est que de l'Ouest à l'Est. Des
voûtes d'arêtes sans doubleaux la divisent en quatre travées; les
trois premières sont des carrés de 7 m. 30 de côté; seule la dernière,
à l'Est, est plus courte: 6 m. 10 seulement. Les voûtes, sont
65. Ainsi qu'autour de celui de Léobard (renseignements recueillis par
M. d'Alauzier).
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1

1
1
1
1
1
Il
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
_ v.') 1175
IDlIm '4r~ 1450
o 1 l. ) .. , 6 "7 e , '0
FIGURE 1. - Plan des salles basses.
FIGURE 3. - Ensemble des
salles basses au piej du
rocher.
FIGURE 5. Plan cadastral
de 1835.
_ ••n 1275
_ ..'. 1450
o "... 1620
o t l.'"'' l' .' 0
FIGURE 2. - Plan du monastère au niveau du rocher.
FIGURE 4. - Coupe Sud-Nord du bâtiment des convers et de l'église.

60 MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE DU MIDI DE LA FRA CE
assez régulièrement appareillées en un calcaire tendre qui fournit
le matériau de tout le monastère.
Les retombées des arêtes en un appareil plus grand qui va
s'effilant progressivement se font, le long des murs, sur de robustes
culots en pointe, au tailloir épais et saillant, dépourvu de toute
espèce d'ornementation; ces culots du style cistercien le plus austère,
s'arrêtent à 1 m. 20 du sol, cependant que la voûte culmine
à 5 m. 60.
Cette grande salle rectangulaire n'était éclairée que sur deux
côtés : petit côté Ouest et long côté Nord, c'est-à-dire vers l'extérieur
du monastère. La fenêtre occidentale et les trois fenêtres
septentrionales (première, troisième et quatrième travées) sont
placées selon les axes de la voûte. Très hautes (4 m. 40) elles
sont, par contre, fort étroites (45 cm.); elles ne pouvaient donc
distribuer qu'un jour très parcimonieux; pour faciliter l'introduction
de la lumière, le constructeur a cependant ménagé un profond
(1 m.) et large (1 m. 50) ébrasement. Le tableau, peu profond
(30 cm.) s'élargit beaucoup moins (1 m. 04). Les pieds-droits sont
soignés, constitués de pièces de 26 et 34 cm. de hauteur; ils portent
un arc en plein-cintre légèrement brisé.
Du côté Sud, seules les deux dernières travées comportent
chacune une ouverture. Mais celle-ci est percée beaucoup plus haut,
à environ 4 m. du sol; elle est plus large et comporte un glacis
fait en matériaux de remplissage. La partie supérieure est comme
masquée par la voûte et fuit vers l'extérieur. Ces deux fenêtres
devaient s'ouvrir à l'étage supérieur du monastère dans la galerie
de la collation. Elles ne pouvaient s'ouvrir plus bas, puisque,
ici, les travées sont pla

1
1
L'ABBAYE-NOUVELLE
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
Il
1
1
PRÈS GOURDO 61
Nord-Ouest, le contrefort est plus épais (210 cm., mais pas plus
saillant, 100 cm.). A l'extrémité Nord-Est, une espèce de pilastre,
large de 1 m. 50, dont la saillie n'est que de 45 cm. est, en réalité,
la partie supérieure d'un contrefort appliqué au droit de la paroi
rocheuse qui sert de mur vers l'Est û ,. Une porte charretière de
2 m. de large G s'ouvre dans l'axe de la deuxième travée; elle est
surmonté d'une petite ouverture qui ajoure toute la surface inscrite
dans l'arc intérieur d'une embrasure semblable à celle des autres
travées. C'est par là qu'on pénétrait dans la salle basse!;!), que nous
supposons n'avoir été ni crypte - il n'y a pas de crypte dans les
églises cisterciennes - ni église basse à l'usage des fidèles, mais,
beaucoup plus prosaïquement, un cellier : c'est la seule grande
pièce voûtée de l'abbaye.
Face à la porte charretière s'en ouvrait une autre, plus petite
donnant accès à une cave de 5 m, 65 de côté, aux murs et à la voûte
en plein-cintre fort bien appareillés. Une seconde porte s'ouvre
dans le mur Sud de la première travée; elle donne dans une vaste
pièce d'environ 10 m. de long sur 6 m. 50 de large. Perpendiculaire
à la salle basse, elle prenait jour à l'Ouest par deux fenêtres
en plein-cintre très légèrement brisé qui semblent répéter
celles du petit côte de ce grand ensemble. Les décombres qui
emplissent cette pièce sur plus de 4 m. de haut empêchent de voir
si elle n'avait pas une porte par où on aurait pu directement accéder.
De toute façon, on devait y descendre par un escalier volant ou
une échelle de meunier. Les murs sont toujours soigneusement
appareillés et le calcaire prend ici une délicate teinte blonde. Cette
salle ne semble pas avoir été voûtée. Elle se termine vers le Sud
par un mur qui pourrait n'être qu'un renfort du rocher contre
lequel elle vient buter et sur lequel est construit une grande partie
de l'étage supérieur des bâtiments monastiques.
On pourrait presque dire d'ailleurs que tout ce dont nous
venons de parler ne constitue que des caves et que l'Abbaye-Nou-
67. Tout.e la partie inférieure disparaît sous les éboulis; le larmier a
été arraché.
68. Le pied-droit oriental a été arraché.
69. La porte qui existe actuellement dans la première travée semble postérieure.
C'est peut-être aussi l'agrandissement d'une porte antérieure plus
petite.

62 MÉMoIRES DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE DU MIDI DE LA FRANCE
velle proprement dite ne se déploie qu'au niveau du rocher. C'est
à ce premier étage, seulement en tout cas que nous retrouvons
les reste de ce qui constitue habituellement un ,couvent cistercien.
* **
A l'extrémité de la plateforme rocheuse sur laquelle elle semble
entièrement bâtie, l'Abbaye s'organise autour d'un cloître dont il
ne reste aucune claire-voie et qui disparaît sous les ronces. Au
Nord s'élève encore l'église. A l'Est, il ne subsiste à peu près rien
du bâtiment des moines, si ce n'est, du côte opposé à l'église, une
petite pièce; ni sacristie, ni salle capitulaire, ni parloir, ni escalier,
Au Sud, tout a disparu, sauf le mur d'enceinte contre lequel venait,
peut-être s'appuyer le réfectoire. A l'Ouest enfin, séparées du cloître
par une ruelle voûtée, les ruines du bâtiment des convers, un
peu mieux conservées; Perpendiculaire à l'église, cette construction
s'allonge sur 35 m.; mais le mur méridional formant avec lui
un angle de 80°, rétrécit progressivement la surface du monastère
où le bâtiment des moines n'avait que 22 m. Le plan de l'abbaye,
épousant la ,configuration du rocher, affecte ainsi la forme, non d'un
carré ou d'un rectangle'O mais celle, très inhabituelle, d'un trapèze
rectangle : grande base (église comprise) : 44 m.; petite base :
30 m.; hauteur : 45 m.
* **
L'église est exactement construite au-dessus de la salle basse
et donc orientée comme elle de l'Ouest - Nord-Ouest à l'Est­
Sud-Est. Comme elle aussi, c'est une construction à nef unique;
elle a 7 m, 60 de large, mais la ressemblance dans le plan s'arrête
là : elle était beaucoup plus longue: 45 m. contre 28 m. La chose
n'apparaît pas au premier abord, car seules subsistent, intactes,
les deux travées occidentales; la moitié de la troisième est encore
debout : ces trois travées s'élèvent rigoureusement au-dessus des
trois travées occidentales de la salle basse. Il n'en est plus de
70. R. Bulit, op. cit.} p. 31.
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1

1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
L J ABBAYE-NOUVELLE PRÈS GOURDON 63
ll1ème de la quatrième; égale aux trois précédentes, elle empiète
à l'Est sur la dernière et petite travée de la salle basse pour
venir finir sur le rocher. Ce qui subsite des nervures septentrionales
atteste l'existence d'une cinquième travée, mais elle a presque
complètement disparu; elle reposait entièrement sur la roche
en place. Seules des fouilles permettraient d'en reconstituer le
tracé exact à l'Est. L'existence de quelques pans de mur du côté
septentrional paraît n'être qu'une reprise après un effondrement
du chevet primitif. Celui-ci semble bien avoir été un mur
droit auquel on aurait hâtivement substitué une construction à
trois ou à cinq pans. Aucune trace de transept n'est visible, pas
plus au Sud qu'au Nord où le rocher abrupt se devine sous les
éboulis.
L'appareil, bien apparent dans la troisième travée, se compose
de pierres de taille de 28 cm. sur 15 cm. C'est en ce moyen appareil
qu'a dû être bâtie la totalité de l'église.
Chaque travée, de plan carré, est recouverte d'une voûte sur
croisÉe d'ogives. La section de leurs nervures est une combinaison
du rectangle et de l'arc brisé; l'ogive se termine par un tore en
amande surmonté de deux petits boudins, le tout étant dégagé de
la masse rectangulaire par deux cavets. Le profil des doubleaux
participe du même esprit, mais, plus robuste, la partie triangulaire
ne présente aucun évidement : deux tores se dégagent de la face
inférieure de l'arc et encadrent directement l'amande.
Les formerets, beaucoup plus maigres, projettent une silhouette
eimplifiée : bandeau rectangulaire aux arêtes vives auquel
est associé un boudin cylindrique à peine dégagé de la masse.
Les cinq nervures du doubleau, des ogives et des formerets
retombent sur un tailloir pentagonal que supporte un chapiteau
à feuillages. Ce sont tantôt des feuilles de lierre, tantôt de petites
palmettes très grêles, tantôt des stylisations d'esprit presque
encore roman. Un chapiteau est entièrement entouré d'une corolle
aux pétales contigus. Les nervures se prolongent enfin en un élégant
faisceau de colonnettes que reçoit un culot orné de petites
consoles dont l'assemblage est assez agréablement varié. Contre
le mur de façade, le faisceau de colonnettes tombe jusqu'à terre;
son chapiteau est cubique.

64 MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE DU MIDI DE LA FRANCE
Seules subsistent deux clefs de voûte. Dans la première travée,
c'est une main bénissante enfermée dans une étoile à huit pointes
cantonnée de quatre petites têtes de moines. Dans la seconde
travée, la clef est circulaire mais sa décoration est difficile à lire,
car elle a beaucoup souffert.
Le monument était largement éclairé par de hautes fenêtres
p2rcées dans chaque travée; trois subsistent du côté septentrional.
Ce sont de grandes baies de plus de 3 mètres de largeur, divisées
en deux par un robuste meneau de section octogonale. Des lancettes
supportent un œil à huit redents 71 • Une fenêtr-e semblable éclairait
très vraisemblablement la façade; elle est aujourd'hui aveuglée,
- si son fenestrage a disparu, les piédroits et l'archivolte qui
subsistent sont encore nettement visibles. Cependant, le mur
mérülional de la première travée ne comportait pas de fenêtre :
ceci se cmnprend, ici venaient s'appuyer les bâtiments des convers.
Par contre, du même côté, la travée suivante est éclairée par
une fenêtre beaucoup plus large et où montent deux meneaux. Le
panneau central du fenestrage est plus élevé, son arc est surhaussé.
Avec les deux trèfles qui surmontent les panneaux latéraux,
il soutient un œil à quatre redents. (Mais il semble qU'lI
s'agisse ici d'une réfection, peut-être même d'une réfection de la
fin du XIX" et que, primitivement, l'oculus était redenté comme
ceux ûes autres fenêtres).
L'existence de cette fenêtre à trois formes, beaucoup plus large
que les autres, s'explique par au moins deux raisons : l'obs.curité
relativement plus grande qui pouvait régner dans le fond de
l'église par suite de l'absence de la fenêtre méridionale dans la
première travée et, surtout, l'absence de toute crainte en ouvrant
une baie donnant non plus sur l'extérieur, mais sur le cloître.
Le piédroit et le meneau qui subsistent en place dans les ruines
de la travée suivante semblent permettre d'affirmer l'existence de
fenêtres semblables sur toute la façade latérale de l'église.
Seule cette facade devait être percée de la ou des portes qui
donnaient accès dans le monument. Une se devine encore très
nettement : elle s'ouvrait très largement dans la deuxième travée,
au-dessous de la grande verrière; par là entraient les convers. Son
71. Ceux des deux premïères travées ont été remaniés, probablement lors
de leur aménagement en église paroissiale.
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1

1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
L J ABBAYE- OUVELLE PRÈS GOURDON 65
emplacement est déterminé en fonction de la ruelle et du contrefort
voisin; c'est ce qui explique qu'elle ne soit pas dans l'axe de
la travée. Aujourd'hui son existence même peut passer inaperçue
au premier abord; son profond ébrasement, amorti en tiers-point,
a été aménagé en chapelle de la Vierge~~.
La porte par où entraient les moines ne pouvait s'ouvrir que
dans les travées suivantes contre les murs desquelles étaient placies
les stalles. Plus tard, tout à fait exceptionnellement, moines et
convers pénétreront très probablement par la même ouverture.
l'~ous verrons bientôt ce qui permet cette hypothèse. Quant à la
porte actuelle, il ne peut s'agir que d'une innovation du XVIIe quand
on eut préalablement aménagé un remblai devant la façade occidentale
de la salle basse. Jusqu'alors, il n'y avait aucun moyen
d'accès possible de ce côté à un tel niveau.
Ces transformations et, surtout, le raccourcissement de la nef,
rendent difficile le jugement à porter sur l'effet que devait produire
cet ensemble. Un mur de refend construit sous le deuxièmE
doubleau a réduit l'église à ses deux travées occidentales;:'. L'impression
était évidement tout autre quand l'œil embrassait une
nef plus longue des trois cinquièmes; elle n'en reste pas moins
encore faite aujourd'hui tout à la fois de force et de simplicité,
et d'une robustesse qui n'exclut pas l'élégance; ceci dû presque
uniquement à la pureté d'une architecture que ne vient alourdir
aucune décoration inutile.
Les mêmes caractères se retrouvent à l'extérieur : parallélépipède
rectangle qui se permet comme seul ornement les c'Ontreforts
qui scandent les travées.
Les organes de contrebutée primitifs, bien placés vis-à-vis des
doubleaux, sont encore intacts dans les deux travées méridionales.
De tradition romane, ils sont plus larges (1 m. 73) que saillants
(1 m. 05). Le larmier qui les coupe n'est que le prolongement de la
moulure qui orne toute l'église à hauteur du talus des fenêtres;
aucun retrait n'a été ménagé au-dessus du larmier.
A chaque angle de la façade occidentale, l'architecte a établi
72. R. Bulit, ibid.
73. A. Boyer d'Agen, ibid.

66 MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE DU MIDI DE LA FRANCE
deux contreforts. Ceux de l'Ouest, peu saillants (0 m. 80), dans le
prolongement des longs murs latéraux; les autres, au Nord et au
Sud, plus prononcés (1 m.) et en ce sens semblables à leurs voisins
mais plus larges qu'eux : 2 m. 10. Ces contreforts partent de fond
et ne sont que les parties hautes de ceux qui contrebutent les voûtes
du sous-sol.
Il en est de même de ceux de la façade septentrionale, mais
ils ont tous été repris à une date ultérieure. Leur plus grande élévation
- ils partent ici de la plaine alluviale, en contre-bas du
rocher - et peut-être des dommages subis au cours des attaques
de 1380 à 1387 avaient dû provoquer l'ébranlement et même
l'effondrement de ceux des deux dernières travées orientales. Vers
1450, Bernard de Maranza.c dut procéder à leur renforcement;
certains sont entièrement repris à partir du premier larmier ­
celui qui souligne la séparation entre la salle basse et la chapelle
haute. La saillie de tous les contreforts fut augmentée de 2 m. 40,
et ainsi allongée d' 1 m. 05 à 3 m. 45. L'effort principal porta sur
la partie la plus menacée, la contre-butée de l'angle occidental :
l'allongement atteint ici 5 m. 60, le contrefort a donc 6 m. 60.
Il n'est pas sans intérêt de remarquer que les reprises n'atteignent
jamais la hauteur complète des contreforts primitifs; elles
s'arrêtent à peu près à la hauteur des sommiers des nervures des
voûtes et les parties hautes des contreforts primitifs ont été buchés.
Il faut voir là une preuve d'un calcul plus exact du point où
s'exerçaient les poussées des voûtes. C'est à ce niveau que fut
placée la tête du curieux arc-boutant qui couronne le contrefort
d'angle.
Ce dernier, avec ses 6 m. 60 de saillie a, en effet, été traité dans
sa partie supérieure comme une véritable culée partant de fond. A
partir d'une certaine hauteur, le constructeur n'a plus monté
d'assises que du côté Nord du contrefort et ce sont celles-ci qui
forment culée. L'arc-boutant est un quart-de-cercle surmonté d'un
glacis peu incliné, mais aucun soutien n'a été ménagé pour éviter
son gliss-ement le long du parement; aucune charge non plus audessus
de la culée pour éviter son décollement sous l'action de la
poussée. Ici la science du réalisateur semble en défaut, car le
XIIIe siècle connaissait déjà les remèdes à ces inconvénients;
romIne il semble bien que la reprise est du XV") il faut admettre
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1

1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
qu'elle est plus l'œuvre d'un habile maçon que d'un véritable architecte~·J.
L)ABBAYE-NOUVELLE PRÈS GOURDON 67
Le toit actuel diffère également de l'ancien qui devait reposer
sur une corniche dont la tablette a disparu mais dont les
petits modillons, traités en cavet et très régulièrement disposés
attestent l'existence 715 •
Nous savons que la principale modification apportée à l'église
au XVIIe siècle le fut à la façade occidentale. L'évêque ayant décidé
de transformer l'abbatiale en église paroissiale, il fallait y percer
une porte accessible aux laïques.
Pour cela, on dut d'abord élever un énorme remblai devant
l'église et le bâtiment des convers. On utilisa très probablement
une bonne partie des matériaux accumulés à la suite de la destruction
des bâtiments abbatiaux. La grande fenêtre d'axe de
la salle basse fut complètement aveuglée et la façade dans laquelle
elle était percée disparut derrière cette lourde masse. ArTivé
ainsi artificiellement à peu près à hauteur du sol de la chapelle
haute, il n'y eut plus qu'à y percer la porte actuelle.
On l'atteint par un perron de huit mar-ches. L'arc triomphal
s'y éteint comme à regret au-dessus d'impostes aux moulures
assez sèches. Sept claveaux massifs veulent dessiner un ar,c en
plein cintre que l'on a maladroitement réussi. Par contre, l'agrafe
qui interr-ompt la modeste mouluration de ces arc est énergiquement
traitée et sa décoration végétale robuste.
Avec l'encadrement, le baroque et le classique se livrent une
dernière bataille au seuil de la maison de Dieu. Deux pilastres,
soutenus par de modestes stylobates, portent de forts chapiteaux
ioniques. L'entablement ressaute, non seulement au droit des
pilastres, mais encore au-dessus de la clef. Il soutient la niche
d'un tabernacle rectangulaire qui vient malencontreusement couper
le larmier gothique. Sur le socle de l'épaisse croix hendée qui
surmonte le tout se lit la date 1669 .
Tous les détails de cette composition montrent que, malgré
cette date, l'ensemble est encore beaucoup plus près du style
74. L'ensemble de ces travaux n'empêchera pas l'écroulement postérieur
des travées orientales.
75. 11s sont bien conservés sur la façade méridionale; ils rappellent ceux
de l'église de Salviac et des monuments religieux de Gourdon.

68 MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE DU MIDI DE LA FRA CE
Louis XIII que du style Louis XIV commençant;t;. On songe aux
arcades ou aux baies de la chapelle de la Sainte-'l'rlnité au palais
de Fontainebleau et de l'église Saint-Paul-Saint-Louis, à Paris.
Le malencontreux remblai, la percée de la porte Louis XIII,
l'aveuglement de la grande fenêtre suffisent à défigurer une bonne
partie de la façade occidentale. Ils lui ôtent surtout cette envolée
extraordinaire qu'elle devait avoir au-dessus des eaux du Céou.
Ils ne peuvent heureusement lui enlever ce caractère de robuste
simphcité qui se ·dégage de la partie haute où l'encadrement de
la tenêtre aujourd'hui aveuglée, se détache nettement entre les
deux contreforts. La petite ouverture qui, au sommet du pignon,
contient la cloche actuelle, est probablement une percée récente
dont nous pouvons faire abstraction pour essayer une reconstitution
du monument.
De nombreux enseignements sont à tirer de cette église cistercienne
du Midi de la France, comme d'ailleurs de beaucoup
d'aLItres que nous avons étudiées.
D'abord l'existence de la salle basse. Sa présence est, à notre
avis, absolument exceptionnelle. On ne peut retenir l'hypothèse
d'une église paroissiale; par définition, toute abbaye cistercienne
est, du moins à l'origine, éloignée de toute habitation7~. Ce n'est
que beaucoup plus tard, quand un hameau se fut développé sur
ce site protecteur, qu'une église fut aménagée dans le cellier. Un
mur de refend isola de ses voisines la travée occidentale, la plus
éclairée; ce mur conserve encore les piscines placées de chaque
côté de l'autel qui a disparu. Le moine desservant cette église
improvisée pouvait arriver facilement par la porte intérieure,
cependant que les fidèles y accédaient par la porte percée en face
de celle-ci dans le mur septentrional. Dès l'origine donc, nous ne
pensons pas qu'il y ait eu ici de chapelle, mais plutôt un cellier
très fortement voûté. Sa construction se justifiant deux fois :
nécessité d'établir une assiette solide sur laquelle serait bâtie,
au niveau du rocher, l'église abbatiale; nécessité de multiplier au
pied de ce roc étroit les bâtiments des convers où devaient accéder
les charrettes.
76. L. Hautecœur, Histoire de lJArchitecture classique en France, t. I,
vol. 2, pp. 603 et sq.
77..~. Aubert, op. cit.. t. I, p. 153.
1
1
1
Il
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1

1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
L'ABBAYE-NOUVELLE PRÈS GOURDON 69
Cette église, unique en son genre dans l'ordre de Cîteaux, n'a
donc que les apparences d'une chapelle palatine. Sa position audessus
d'une salle voûtée est analogue à celle des réfectoires de
Silvacane 78 , autre abbaye cistercienne et de Lapaïs, abbaye de
Prémontrés dans l'île de Chypre 7 !'. Elle s'explique pour les mêmes
ra;sons : agrandir l'assiette de l'abbaye en bordure d'une dépression.
Mais elle est la seule église de l'ordre de Cîteaux à être ainsi
construite.
Elle est aussi parmi tous les monastères masculins de France,
la seule église cistercienne à n'avoir pas de transept"ll. Une seule
au monde présente cette même particularité : celle de l'abbaye
de Belmont, en Syrie 81 qui a dû être bâtie entre 1157-1169.
L'église de l'Abbaye-Nouvelle est évidemment plus récente.
De la forme de la voûte d'arêtes de la salle basse on ne peut
tirer argument pour sa date. Mais les profils des moulures de la
« chapelle » proprement dite qui rappellent ceux du chœur de la
cathédrale du Mans 82 (vers 1254); les fenestrages septentrionaux,
parents de ceux du chœur de la collégiale de Saint-Quentin 8 'l
(vers 1257) et de ceux du chevet de la cathédrale de Bayonne (vers
1258); le fenestrage méridional à trois divisions comme celui
qu'élèvera Pierre Deschamps dans une travée du chœur de la
cathédrale de Clermont-Ferrand'll (vers 1287), permettent de
fixer la date de la construction à la fin du troisième quart du
78. M. Aubert, L'abbaye de Silvacane, dans Congrès a.rchéologique d}Aixen-Provence}
1932, pp 141-142.
79. C. Enlart, L}art gothique et la Renais"ance en Chypre, Paris, 1899,
t. T, p. 229 et t. II, pl. XIII et XIV.
80. M. Aubert, L}Archit,ecture cistercienne en France, t. l, p. 156. Seules
les chapelles des moniales présentent cette particularité.
81, C..Enlart, Les monuments des Croisés dans le royaume de Jérusalem}
architecture religieuse et civile} vol. II. Paris, 1928, p. 48; C. Enlart, Abbaye
d~ Belmont dans Syria} t. IV, 1923, pp. 1 à 22; M. Aubert, op. cit.} p. 153, n. 7.
Nous ne pensons pas possible d'évoquer ici le souvenir de Cîteaux l (1106).
Voir Fr.- M. A. Dimier, Recueil des plans d}égZ1,Ses cisterciennes} t. l, Aiguebelle,
1949, pl. 78 et H. Beuer, Evolution dru plan des églises cisterciennes}
dans Cîteaux in de Nederlanden, t. VIII, 1957, tiré à part, p. 2.
82. G. Fleury, La cathédrale du Mans. Paris, 1925, p. 42.
83. R. de Lasteyrie, L}Architecture religieuse en France à l}époque gothique}
t. l, Paris, 1926, pp. 124 et 322. Les roses de Saint-Quentin sont à 10 lobes,
celles du chevet de Bayonne (après 1253), à 6 lobes. (E. Lambert, Etudes
médiévales) t. II, Toulouse, 1956, p. 84.
84. H. du Ranquet, La cathéd.rale de Clermont-Ferrand) Paris, 1928, pp. 14
et 57; R. Rey, L'art gothique du Midi de la France} Paris, 1934, pp. 182-184.

70 MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE DU MIDI DE LA FRANCE
XIII" siècle. L'église avait donc été commencée peu après la fondation
de l'abbaye. Elle en reste malheureusement le seul témoignage
important.
* '**
Le cloître qui s'élevait au Sud de l'église a entièrement disparu;
il est probable qu'il épousait le plan général de l'abbaye
et qu'il affectait donc la forme d'un trapèze. La seule chose que
nous pouvons affirmer c'est que ces galeries étaient couvertes d'un
toit en appentis; la présence des corbeaux qui, sur les murs méridionaux
de l'église, soutenaient la lambourde de la galerie de la
collation, est assez significative à cet égard.
* '**
Le bâtiment des moines n'est plus qu'un souvenir, exception
faite d'une petite salle qui en occupe l'extrémité Sud. On y pénètre
par une porte dont les piédroits ont été arrachés; elle devait
s'ouvrir sur le passage menant du cloître aux dépendances établies
sur le plateau. De petites niches carrées, espèces d'armoires,
s'ouvrent à droite et à gauche. La pièce est de forme trapézoïdale
(4 m. pour le petit côté, 5 m. pour le grand et 5 m. 30
pour la hauteur). Elle communiquait aussi avec l'aile du réfectoire
par une petite porte en tiers point de 0 m. 90 de large. En
1904, le sol en était encore pavé de grandes dalles :i.
Une minuscule fenêtre amortie en plein-cintre s'ouvre à l'Est;
une autre, géminée, était percée dans le mur méridional, aujourd'hui
disparu Il. La pr~sence d'une cheminée 7 peut faire supposer
que cette pièce est le chauffoir ou tout au moins un chauffoir
aménagé dans l'ancienne salle des moines.
85. Boyer d'Agen, ibid.
86. Boyer d'Agen, ibid.
87. R. Bulit, op. cit.) p. 32.
- ~--- -~~~~~-
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
Il
1
1
1
1
1
1

1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
L'ABBAYE-NOUVELLE PRÈS GOURDON 71
A l'angle du bâtiment des moines et de l'aile du réfectoire,
était peut-être le lavabo"". Le réfectoire devait donc s'ouvrir près
de ce chauffoir, mais l'ensemble méridional du couvent ne présente
plus qu'un amas de pierres sur lesquelles pousse une végétation
inextricable. Seules des fouilles pourraient permettre
d'affirmer que le réfectoire, comme dans l'abbaye mère d'Obazine,
était parallèle au cloître. La chose est des plus probables, son
mur méridional n'étant autre que celui qui se dresse encore, à la
façon d'une courtine au bord même du rocher. L'appareil en
est allongé, les assises de hauteur très inégales étant cependant
toujours rigoureusement parallèles. Trois fenêtres, hautes
d' 1 m. 40, très fortement ébrasées à l'intérieur (si la feuillure n'a
que 24 centimètres de large, par contre l'ébrasement atteint
1 m. 20) attestent l'existence en ce lieu d'une grande salle allongée
de l'Ouest à l'Est. Ces baies sont exécutées dans un matériau
très fin et très dur, une espèce de marbre dont la teinte blanche
contraste avec celle d'un gris terne du mur réalisé dans le matériau
local. Les pieds-droits et le linteau monolithique dans lequel
est aménagé le plein-cintre de l'ouverture sont d'une remarquable
fraîcheur de conservation. L'ensemble est d'un archaïsme très
prenant et non dépourvu de grandeur.
* **
Le bâtiment des convers n'offre plus que l'aspect de la plus
grande désolation. Au milieu des taillis qui encombrent les pierres
écroulées, on peut cependant en reconstituer les principaux
éléments.
Selon la règle habituelle, le mur pignon s'appuie contre la
première travée de l'église; les murs goutterots étant plaqués sur
les flancs de ses contreforts, le bâtiment atteint presque la même
largeur qu'elle.
Cette disposition repousse vers la deuxième travée la ruelle
des convers. Venant buter avec sa voûte en plein~cintre sur un
contrefort, elle n'a pu être percée que d'une porte fort étroite
8. Boyer d'Agen ibid.

72 MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE DU MIDI DE LA FRANCE
qui vient déboucher dans un petit vestibule placé devant la grande
ouverture de l'église. Ce vestibule ouvre aussi sur le cloître; la
porte a donc servi, à un moment donné, à la fois aux convers et
aux moines qu'une cloison aujourd'hui disparue, devait séparer
dès le débouché de la ruelle. Chacun devait gagner ensuite les
travées qui lui était assigné : convers dans la première travée,
moines dans les suivantes. Il ne faut probablement voir là qu'une
solution de fortune, au lendemain de l'écroulement des travées
orientales.
L'existence d'un passage d'entrée séparant le bâtiment des
convers en deux pièces est attestée par les arrachements qui encadrent
une grande porte en tiers-point au joint vertical. Celle-ci
s'ouvre sur l'ancien cloître au milieu du mur oriental; bien appareillée,
avec de longs claveaux aux angles abattus, elle était défendue
par un machicoulis intérieur installé au-dessus de son profond
ébrasement 9.
Un mur robuste bâti du petit côté du cellier inférieur maintient
le sol du passage. L'amas de pierre qui recouvre la base
du bâtiment dans sa moitié méridionale ne permet pas de dire
comment on accédait à la porte du monastère. On ne peut que
supposer l'existence d'un escalier droit extérieur bâti contre le
rocher et aboutissant peut-être à un pont volant.
Deux pièces s'étendaient de part et d'autre du passage. Pas
plus que la pièce sur laquelle s'étend celle du Nord, elles ne semblent
avoir été voûtées. Une vieille photographie montre qu'elles
étaient primitivement éclairées à l'Ouest par de hautes fenêtres
très étroites qui, dans une réfection ultérieure, avaient été aveuglées.
La salle méridionale devait servir de réfectoire aux convers.
Contre le mur de cette salle se dresse la cage en pierre de
l'escalier du dortoir, escalier droit qui doit encore exister mais
dont l'accès est interdit par un éboulement. On y pénètre depuis
le réfectoire par une porte amortie en arc brisé dont on retrouve
le dessin dans celle qui s'ouvre à l'étage. Leur baie en tiers-point
est doublée d'une embrasure en arc surbaissé.
Le dortoir des convers avait été entièrement remanié dès le
xve siècle et très probablement encore modifié par la suite. C'était
89. Une cheminée a été installée postérieurement dans ce machicoulis et
le défigure profondément.
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
~I

1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
L'ABBAYE-NOUVELLE PRÈS GOURDON 73
la seule partie de l'abbaye pratique:nent habitable, aussi y aménagea-t-on
de nombreuses pièces. Photographies et descriptions
permettent même d'affirmer qu'un plancher le divisa en deux étages.
L'escalier fut surhaussé en conséquence et ainsi s'explique
le texte de Boyer d'Agen : « par un escalier extérieur, aux délicates
colonnettes qui supportaient la toiture, tournant deux fois
sur deux paliers, où à présent poussent les ronces et un figuier
sauvage, on accédait aux pièces de l'étage supérieur. C'étaient,
les unes donnant sur la cour intérieure, les autres sur la façade
extérieure, divisées au milieu par un corridor droit, les cellules (?)
des religieux. Elles se complétaient sur le côté qui flanquait l'église
conventuelle, de la plus vaste, réservée à l'abbé, avec sa cheminée
de milieu vü ». Sur cette cheminée étaient les armes de l'abbé Raymond
d'Autet 91 •
Les sept pièces du dernier étage ouvraient largement sur
le dehors par des fenêtres étrésillonnées en croix latine. « sous la
plus grande... deux escabeaux de pierre se faisaient vis-à-vis
devant l'accoudoir, d'où l'abbé surveillait d'un seul coup d'œil ses
rivières aux truites blanches, ses prés... 92 ». Ces baies à l'appui
mouluré avaient dû être refaites au XVII" siècleV;j. Tout cet ensemble
a été volontairement saccagé durant ces vingt dernières
années.
Un peu moins que l'église, mais d'une façon certaine, les bâtiments
monastiques ne sont donc pas sans présenter d'intérêt. La
forme inhabituelle du plan d'ensemble en trapèze rappelle celle
du Thoronet 94 • La disposition du réfectoire - parallèle et non
perpendiculaire au cloître - sans doute inspirée de celle de l'ab-
90. Boyer d'Agen, op. cit.) pp. 557 et sq.
91. Les auteurs de la GaZlia) t. l, col. 190, disent Raymond d'Auty. Ainsi
que l'a établi M. d'Alauzier ce sont en réalité les armes de la maison d'Autet
écartel€: -d"une croix et d'une corbe.
92. BGyer à'Agen, ibid.
93. R. BuHL, ibid.
94. M. Aubert, Abbaye du Thoronet, dans Congrès archéologique d)Aixen-Provence)
1932, pp 224-243; F. Cali, La plus grande aVe'Ylture du monde
farchitecture mystique de Cîteaux) Arthaud éd., 1956, 140 pp. et pl.

74 MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE DU MIDI DE LA FRANCE
baye-mère, Obazine l'J , se retrouve dans bon nombre de nos abbayes
du Midi de la France% : Beaulieull~ (Tarn-et-Garonne), La Garde­
Dieu (Tarn-et-Garonne), Fontfroide!!" (Aude), Valmagne U !! (Hérault)
et les trois abbayes provençales de Senanque (Vaucluse),
Silvacane (Bouches-du-Rhône) et du Thoronet 1oo (Var). Mais la
combinaison qui a consisté à faire déboucher ruelle des convers
et cloître des moines dans un même petit couloir pour pénétrer
dans l'église0 1 est, à notre connaissance, unique en France. Unique
aussi ces fenêtres de la salle basse de l'église qui ne pouvaient
~,'ouvrir que dans l'aile de la collation. Unique encore, cette superposition
d'étages dans la moitié septentrionale du bâtiment des
convers : cellier construit au flanc du rocher, salle au niveau du
cloître, dortoir au-dessus de cette salle et étage des sept cellules
aménagé après le XV" siècle.
* **
Au total, l'architecture de l'Abbaye-Nouvelle de Gourdon laisse
une profonde impresssion. Son caractère exceptionnel d'abbaye
perchée, aux salles superposées, en fait un monument original
parmi tous les monuments cisterciens. Si une abbaye de femmes,
Saint-Félix-de-Montceau 11l :' (Hérault) rappelle ce site, aucune
abbaye masculine n'a pris, en Europe, pareille liberté avec les
coutumes de l'Ordre; seule l'abbaye de Belmont en Syrie, avait eu
l'audace de se percher sur une collineI°: I ; mais encore faut-il remar-
95. J. Banchereau, Obazine, dans Congrès Archéologique de Limoges) 1923,
Pr-'o 347-363.
96. Et at;ssi dans l'abbaye des Prémontrès de Lapaïs à Chypre, dont les
marqu(.s de ~acherons se retrouvent au réfectoire de Silvacane.
97. G. Leblanc, L'Abbaye de Beaulieu, dans l)Auta) Toulouse, 1955,
pp. 136 à 13 .
98. G. Leblanc, Abbaye de Fontfroide, dans l)Auta) Toulouse, 1958, p. 106.
99. P. de Gorsse, Deux abbaye1s cisterciennes : Fontfroide et Valtmagne)
Montpellier, 1~33, 22 pp., P. de Gorsse, L)Abbaye cistercienne Sainte-Mariede-Vaf"maJne
au diocèse d)Agde en Languedoc) Toulouse, 1933, 87 pp.
100. M. Aubert, L)architecture cistercienne en France) t. II, pp. 97 à 101.
101. Seules les fouilles pourraient permettre, ici encore, de connaître l'état
primitif des lieux.
102. Voir notre étude ms. sur L)Art des Cisterciens dans la Province
Narbonnajs~.
103. C. E'lliart, Les monuments des Croisés dans le royaume de Jéru­
..,atem. p. 48.
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1

1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
L'ABBAYE-NOUVELLE PRÈS GOURDO 75
quer que probablement Belmont et sans aucun doute Saint-Félixde-Montceau
succédaient à des abbayes d'un autre ordre. L'Abbaye-Nouvelle
est, au contraire, une création purement cistercienne.
Un autre fait lui confère un intérêt accru : sa ressemblance
étrange avec l'église voisine des Cordeliers à Gourdon. C'est
aussi un monument à nef unique; ses quatre travées sont couvertes
de voûtes gothiques dont les nervures retombent sur des colonnettes
soutenues, comme à l'Abbaye-Nouvelle, par des culots. Il
n'est pas jusqu'à la clef de la première travée qui ne soit semblable,
avec au centre sa main bénissante; mais elle nous fournit
une indication précieuselll-J : dans sa bordure circulaire se lit la
date de MCCLX:XXVII. Or, c'est en juillet 1274 que les Cordeliers
s'installent à Gourdon 1Q5 ; leur église, probablement achevée
treize ans plus tard s'inspire trop de celle de leurs voisins cisterciens
pour qu'on ne puisse supposer que ces derniers avaient déjà
achevée la leur. C'est une confirmation de l'étude archéologique
de l'Abbaye-Nouvelle. C'est un jalon posé sur la voie qui, de l'architecture
des moines de Cîteaux, conduit à celle des ordres mendiants10f>.
C'est une preuve de plus de l'intérêt que présentent les nombreux
problèmes soulevés par l'étude de cette modeste abbaye
du Gourdonnais, monument à vrai dire exceptionnel. On n'en
regrette que davantage les destructions dont il continue à être
l'objepo7.
Gratien LEBLANC,
Professeur agrégé de l)Université.
104. De Laurière : Souillac, Le Vigan et Gourdon, dans Congrès Archéologique
de Senlis) 1877, p. 551 (de Laurière estime que « tout cela n'offre qu'un
intérêt fort médiocre »); R. Bulit, op. cit., p. 10; j. Fourgous, ./!;n Quercy)
le pays tatois) Cahors, 1951, p. 83.
105. Potthast, 1274; GaZlia christ.) t. l, col. 188; R. Bulit, ibid.
106. E. Lambert, L)art en Languedoc) dans Visages du Langueaoc) Paris,
1948, p. 164; P. Lavedan, L)arrchitecture gothique religieuse en Catalogne,
VaLence et Baléares) Paris, 1935, pp. 61 à 82; R. Rey, op. cit.) pp. 35 à 84.
10'1. Je ne veux pas terminer cette étude sans remercier tous ceux qui
m'ont aidé dans mes recherches, M. et M"'\{' Thore, M. Caillet et, tout particulièrement
M. d'Alauzier à qui sont dues la plupart des photographies illustrant
cette monographie. Les plans ont été dressés d'après mes relevés par
mon excellent élève de l'Ecole Régionale d'Architecture de Toulouse, M. Fau.

1
PLANCHE
1
1---
1
.'
III
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
Cl. d'A1:luzicl'
FIGURE 6, - Voûtes cl'al'êtes ':le la salle bass de l'égli~c (cellicl'?),
Cl. d'AlauziC'1'
FIGURE 8, Fenêtres hautes du celliel' (? \
donnant sous la gal l't cl. la collation,
FIGllR~; 9,
la salle de
CI. d'Alauziel'
FIGURE 7, Retombée des voûtes et culot de
la :03 Ile basse (celliel'?),
Cl. d'Alauzic!'
POI'te duceIliel' ( ?) ouVI'3 n t dans
convel'S,

Cl. d'Alauzier
FIGURE 10. - Première travée d l'église vers l'ouest.
Cl. G. Leblanc
FIGURE 12. - Retombée des nervures
entre la première et la deuxième
travée (côté sud).
PLANCHE; IV
Cl. d'Alauzier
FIGURE 11. - Voûte de la première travé de l'église.
Cl. G. Leblanc
FTGURr~ 13. - La porte des onvers.
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1

1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
CI. G. Leblanc
FIGURE 14. - Retombée dcs voûtes
entre les troisième et quatrième
travées (côté nord).
.;-
1 -••
./\,
./
r
Cl. d'Alauzier
FIGUR~~ 15. - Culot et chapiteau entre les première
et deuxième travée (côté sud).
PLANCHE V
1
1
FIGURB 16. - 7 Porte
Cl. d'Alauzier
du cloître.
FIGURE 17. -
Cl. d'Alauziel'
Culot entrc les troisième ct quatrième travées (côté nord).

CI. Bénl'ch
F'IGURE 1. - L'église et le bâtiment cl 's
convers avant 1954.
1. G. Le-blanc
F'ICUlü; 20. Fenêtre méri 'lion3.lc
de la deuxième travée.
F lCI'RE 19.
116591.
PLANCHE VI
Cl. (l'Alauzie\'
La porte' occidental le l'église
Cl. (l'Alauzi \'
FIG URI:; 21. F nêtre septentrionale de la
tl'oisièm' tl·avée.
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1

1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
IL----__
Cl.
c1'AlauziC'l"
FrGUIŒ 23. L'AbbaYè
Nouvelle, vue

Cl. d'Alauzier
FIGURE 25. - Eglise de l'Abbaye-Nouvelle. Vue intérieure (côtés
est et sud).
Cl. G. Leblanc
FIGURE 26. - Retombée des voûtes aux Cordeliers
de Gourdon.
FIGURE 27.
Nouvelle.
PLANCHE VIn
Cl. G. Leblanc
Retombée des voûtes à l'Abbaye-
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1