Comptage des Poissons Grands Migrateurs - FDAAPPMA 50

O b s e r v a t o i r e P i s c i c o l e d e s C l a i e s d e V i r e
Suivi des poissons grands migrateurs
S a u m o n a t l a n t i q u e T r u i t e d e m e r
G r a n d e
a l o s e
Année
2002

Résumé, , année 2002
Saumons
240 saumons
Moyenne des taille : 68 cm.
Taille minimale : 53 cm.
Taille maximale : 90,5 cm.
11 sont passés avant le 15 juin (4,6%).
111 sont passés entre le 15 juin et le 31 août (46,2%).
118 sont passés après le 31 août (49,2%).
Truites de mer
115 truites de mer
Moyenne des tailles : 61 cm
Taille maximale : 87 cm
Taille minimale : 30 cm
41 sont passés avant le 31 août.
74 sont passés après le 31 août.
Estimation de :
4,6 % de saumons de printemps,
95,4 % de castillons.
Aloses
1 751 grandes aloses, 0 alose feinte
Moyenne des tailles : 54 cm
Taille maximale : 68 cm
Taille minimale : 43 cm

Sommaire
RESUME
ESUME, ANNEE 2002
SOMMAIRE
2002
OMMAIRE ____________________________________________
1
TABLE DES ILLUSTRATIONS
GLOSSAIRE
ONS________________________________
_________________________________ 2
LOSSAIRE ____________________________________________
3
INTRODUCTION ET PRESENTATION
MATERIEL ET METHODES
NTATION __________________________ 4
ATERIEL ET METHODES __________________________________
6
Le site ................................................................
................................................................
........ 6
L’outil ................................................................
................................................................
........ 6
Le comptage ........................................................................................... 6
Les piégeages .......................................................................................... 7
SPECES VISEES _________________________________________
8
ESPECES VISEES
Le saumon atlantique ........................................................................... 8
La truite de mer ................................................................................... 11
Les aloses .............................................................................................. 12
Période et rythme de migration........................................................ 13
Distribution horaire des passages de saumon dans la
passe ....................................................................................................... 14
Structure de la population ................................................................. 15
Remarques ............................................................................................ 18
La Truite de mer ................................................................
.................... 19
Période et rythme de migration........................................................ 19
Distribution horaire des passages de truites de mer
dans la passe ......................................................................................... 20
Structure de la population ................................................................. 21
Truites de mer et saumons ................................................................ 22
Les Aloses ................................................................
...............................................................
23
Période et rythme de migration........................................................ 23
Distribution circadienne des passages ............................................. 24
Structure de la population ................................................................. 24
Migration et facteurs externes .......................................................... 26
ONCLUSION __________________________________________
28
CONCLUSION
IBLIOGRAPHIE _________________________________________
29
BIBLIOGRAPHIE
INTERPRETATION ______________________________ 13
RESULTATS
ESULTATS, INTERPRETATION
Le Saumon atlantique ................................................................
............. 13
- 1 -

Table des illustrations
Figure 1 : Chaîne de manipulation des captures. ........................................................ 7
Figure 2 : Cycle biologique du saumon atlantique..................................................... 8
Figure 3 : Critères de détermination du saumon atlantique ..................................10
Figure 4 : Critères de détermination de la truite de mer adulte. ...........................11
Figure 5 : Critères de détermination de la grande alose. .........................................12
Graphe 1 :
Graphe 2 :
Graphe 3 :
Graphe 4 :
Evolution remontées de saumon aux Claies de Vire
en 2002. ..........................................................................................................13
Distribution mensuelle de l’effectif de saumon passé
au niveau des Claies de Vire, année 2002. ..............................................14
Distribution horaire des remontées de saumon
enregistrées aux Claies de Vire en 2002. .................................................14
Distribution en classes de taille de la population de
saumons atlantique passée aux Claies de Vire, 2002. ..........................15
Graphe 5 : Distribution sur les trois périodes « types » de
migration des classes de taille de saumons passée aux
Claies de Vire durant l’année 2002. .........................................................16
Graphe 6 :
Graphe 7 :
Graphe 8 :
Graphe 9 :
Taille des saumons en fonction de leur date de
passage aux Claies de Vire. .........................................................................17
Evolution des remontées de Truite de mer aux Claies
de Vire, 2002. ...............................................................................................19
Distribution mensuelle de l’effectif de truites de mer
au niveau des Claies de Vire, année 2002. ..............................................20
Distribution horaire des remontées de truites de mer
enregistrées aux Claies de Vire en 2002. .................................................20
Graphe 10 : Structure de la population des truites de mer
remontées aux Claies de Vire en 2002. ................................................... 21
Graphe 11 : passages des salmonidés grands migrateurs aux Claies
de Vire, 2002 (abscisses en semaines standards) .................................. 22
Graphe 12 : Evolution des remontées d’Alose aux Claies de Vire,
2002. ............................................................................................................... 23
Graphe 13 : Distribution horaire des remontées d’aloses en sortie
de la passe des Claies de-Vire .................................................................... 24
Graphe 14 : Distribution des classes de tailles dans la population
d’aloses enregistrées aux Claies de Vire en 2002. ................................. 24
Graphe 15 : taille des aloses en fonction de leur date de passage
aux Claies de Vire......................................................................................... 25
Graphe 16 : Distribution en classes de taille et par sexe des aloses
piégées ............................................................................................................. 25
Graphe 17 : Evolution de l’effectif migrant au niveau de la passe
des Claies de Vire, de la température et du débit ................................. 26
Graphe 18 : Evolution de l’effectif migrant et de l’indice de
Secchi au niveau de la passe des Claies de Vire ..................................... 26
Tableau 1 :
les trois périodes théoriques pour le saumon en
chiffre. ............................................................................................................. 16
Tableau 2 : Statistiques sur les trois périodes de migration, selon
le critère de discrimination par a taille. ................................................... 17
- 2 -

Glossaire
Allochtone :
en écologie, espèce étrangère au milieu,
introduite (contraire : autochtone).
Bioaccumulation : phénomène par lequel des molécules
toxiques, présentes dans le milieu où évolue
un organisme, sont absorbées par ce dernier
puis stockées dans ses tissus de réserve
(graisses).
Ainsi, les substances qui ne sont pas
métabolisées ni éliminés sont
progressivement concentrées.
Biocénose : Ensemble des organismes vivants qui
peuplent un même milieu (biotope).
Biomagnification : phénomène par lequel des substances
toxiques bioaccumulées dans un organisme
sont transmises par voie de consommation
ou prédation à l’échelon supérieur de la
chaîne alimentaire.
On obtient alors une concentration
exponentielle de ces substances au sein de
cette chaîne, jusqu’à atteindre rapidement des
doses létales chez les prédateurs pour des
produits non décelables dans l’eau ou les
substrats du milieu.
Biométrie :
Dulçaquicole :
étude de la dimension des êtres vivants et de
leur croissance.
propre à un organisme vivant en eau douce.
Nycthémérale : relatif à la durée d’un cycle jour/nuit :
période physiologique comprenant une
alternance repos/activité.
Potamotoque :
Smolt :
qualifie une espèce piscicole migratrice qui
croît en mer et se reproduit en rivière
(contraire : thalassotoque)
juvénile de salmonidé migrateur qui achève
son séjour initial en rivière et enclenche sa
migration de dévalaison vers la mer.
Smoltification, smoltifier : bouleversements physiologiques,
morphologiques et comportementaux des
juvéniles de salmonidés migrateurs qui
interviennent avant leur dévalaison vers le
milieu marin. Ces adaptations les préparent
au changement de milieu, notamment la
salinité qui va inverser les pressions
osmotiques des cellules de l’organisme.
- 3 -

Introduction et présentation
La Vire prend sa source
dans le Virois, pays du département du Calvados, qu’elle quitte au
tiers des 120 Km de son parcours pour drainer le sud est de la
Manche, en direction du nord. Elle se jette dans la mer Manche en
formant, avec la Douve voisine, la Baie des Veys. Parmi les cours
d’eaux bas normand, elle est atypique, elle présente des
caractéristiques particulières, liées à la nature et à l’histoire de son
bassin versant.
La première réside dans le profil transversal de son lit mineur dont
la grande partie a été recalibrée et chenalisée par le passé aux fins
de navigabilité, de 1835 à 1926. La rivière constituait jadis une
voie de communication avec la mer via la Baie des Veys. On y
transportait notamment la tangue dans les gabarres, une
embarcation qui fait actuellement l’objet d’une attraction
touristique à Saint Lô. La navigation sur la Vire fait plus
généralement l’objet d’une réflexion locale pour la valorisation du
tronçon compris entre Saint Lô et les Claies de Vire.
La seconde caractéristique de ce petit fleuve est sa morphologie
« compartimentée », consécutive à la multitude d’ouvrages
hydrauliques qui se succèdent sur son cours de Pont Farcy à
Porribet. Il en résulte un linéaire marqué par une forte emprise
anthropique, une succession de biefs servant à divers usages, qui
ont évolués au cours des époques. Actuellement, mentionnons
l’hydroélectricité et la pratique du canoë-kayak.
Le régime hydraulique de la Vire est lui aussi particulier, avec des
niveaux d’eaux et des débits élevés en période de crues, alternant
avec des étiages sévères, fournissant des débits très faibles ne
laissant qu’un fine lame d’eau sur les zones encore courantes, entre
deux biefs.
Ces trois facteurs sont autant d’éléments perturbateurs pour le
milieu aquatique :
De manière directe par la perte d’habitats qu’entraîne
la monotonie des berges et des fonds, causant celle
des ambiances rhéïques.
Plus indirectement, ralentie dans les biefs, l’eau est
alors soumise à des proliférations phytoplanctoniques
estivales, à la faveur des flux de nutriments exogènes
apportés par les activités implantées sur le bassin
versant, combinés aux faibles débits et vitesses
d’écoulement.
Le cours d’eau abrite malgré tout une belle richesse en
espèces de poissons, fruit de l’addition du peuplement d’eau
courante, hérité de l’état originel de la Vire et d’un autre, typique
des milieux stagnants, qui s’est développé dans les biefs.
- 4 -

Le premier, à salmonidés dominants, plus les migrateurs
amphihalins, est électif des quelques zones hors d’influence des
retenues (zones de radiers entres deux biefs ; affluents ; zone
apicale du bassin versant dans le Calvados)
Le second, à cyprinidés dominants, a colonisé les milieux lents ou
stagnants. Il fonde la tradition de pêche au coup sur la rivière
Vire.
Du point de vue de l’halieutisme sur les espèces migratrices,
la Vire jouit plutôt d’une réputation de rivière à truite de mer.
Cette tendance était réelle à une certaine époque, soutenue en
partie grâce à la souche de truite fario utilisée pour les
déversements effectués par l’APPMA de Saint Lô, dont les
truitelles avaient tendance à se smoltifier*. Elle est aujourd’hui
abandonnée et à ce jour, l’état réel des populations amphihalines
de la Vire restait assez mal connu.
des espèces nobles qui peuplent la rivière. La fenêtre d’observation
est une occasion rare d’observer à proximité le poisson dans son
élément, en action dans le courant d’eau.
Pédagogique : les piégeages sont l’occasion d’échange entre le
public et les techniciens manipulateurs qui répondent aux
questions, informent de l’intérêt des travaux menés et sur
l’écologie des espèces et de leur milieu respectif. A cela s’ajoutera
en 2003 l’installation de panneaux pédagogiques qui présenteront
les espèces peuplant la Vire, leur répartition et leur biologie.
Diverses structures ont la possibilité d’utiliser le site pour des
visites (écoles, associations de défense de la nature, etc.)
Scientifique et technique : l’installation est un outil pour la
réalisation d’études sur les migrateurs, l’enregistrement en continu
permet notamment un suivi pluriannuelle des populations d’aloses
(Grande et feinte), truite de mer et saumon atlantique. Cela
constitue une aide à la gestion des populations sauvages.
La Fédération de la Manche pour la Pêche et la Protection
du Milieu Aquatique a été maître d’ouvrage de la construction
d’un observatoire piscicole sur la commune de la Meauffe, au lieu
dit des claies de Vires, sur la base de F.E.O.G.A. et en partenariat
avec la DIREN de Basse-Normandie, le Conseil Général, le
Conseil Régional de Basse-Normandie, ainsi que le Conseil
Supérieur de la Pêche, qui en a réalisé l’étude technique.
Cette synthèse n’a pas vocation à être un rapport d’activité
du site des Claies de Vires, mais s’intéresse juste au suivi
biologique et scientifique des trois espèces visées : les aloses, le
saumon atlantique et la truite de mer.
Cette plate forme est opérationnelle depuis avril 2002, elle répond
à des objectifs multiples :
Touristique : les piégeages, effectués à la belle saison, sont
attractifs pour le public. Il peut y apprécier la vue de spécimens
- 5 -

Matériel et méthodes
Le site
L’observatoire a été bâti sur l’emplacement d’une ancienne
écluse utilisant le barrage d’un moulin. Un déversoir oblique
barrait le cours de la vire afin de permettre la mise en charge
suffisante de l’eau du bief pour le fonctionnement du mécanisme.
Une passe à poisson à bassins successifs efficace pour toutes
les espèces susceptibles de s’y présenter a été réalisée en 1987.
Le dispositif de comptage automatique est installé à la
sortie de la passe, au sous-sol du bâtiment.
En amont immédiat du système précédent, se trouve la cage de
piégeage mobile, que l’on actionne depuis la salle de manipulation
des captures.
Le bâtiment s’organise ainsi en deux parties fonctionnelles
réparties sur deux niveaux :
Une partie souterraine pour le comptage
automatique.
La partie supérieure pour le local de piégeage.
L’outil
Le comptage
A la sortie de la passe, la masse d’eau circule dans un canal
aux deux parois vitrées. L’une abrite un caisson de rétro éclairage
constitué de six tubes néons placés derrière un diffuseur en
plexiglas blanc, devant l’autre la caméra numérique est installée et
se déclenche automatiquement avec les variations de luminosité
- 6 -

engendrées par tout corps empruntant le passage. Les séquences
vidéo avec date et heure sont enregistrées sur un PC sous forme de
petits fichiers informatiques.
Ces fichiers sont ensuite dépouillés par un opérateur avec le
logiciel : le poisson est identifié, mesuré et enregistré.
En fin de saison, tous les fichiers, après concaténation, sont
convertis sous forme d’un unique fichier tableur, pour traitement
et interprétation des résultats.
Les piégeages
Réveil, relâcher
Anesthésie
Mesure, prélèvement d’écailles
Le but est d’acquérir des données biométriques* sur un
échantillon représentatif des aloses passées, soit 10 % minimum.
Pour cela, la cage est immergée pendant 4 heures au moment de la
journée le plus propice, puis relevée.
Le contenu est déversé dans une succession de bacs en plexiglas
étudiée pour faciliter et minimiser les manipulations des poissons
piégés :
Stabulation
1. Cuve de réception et d’anesthésie légère,
2. Cuve de mesure
3. Cuve de réveil et de restitution
Ce système permet de ne jamais sortir le poisson de l’eau pour lui
éviter toute lésion physique et tout stress excessif. Ces précautions
sont particulièrement importantes pour l’alose qui est très sensible
et fragile.
Figure 1 :
Cage
Chaîne de manipulation des captures.
- 7 -

Espèces visées
Le saumon atlantique (Salmo salar)
Biologie, écologie
Le saumon divise son un cycle biologique en deux phases bien
distinctes :
Une dulçaquicole*, depuis son éclosion jusqu ‘à sa
smoltification, avant la dévalaison, cette étape dure de un à deux
ans dans notre région.
L’autre phase est marine, elle correspond au grossissement
qui nécessite de 1 à 3 ans, exceptionnellement 4, avant de
retourner en rivière pour la reproduction.
Le cycle complet se déroule donc sur 3 à
individus, il est résumé par la Figure
2.
7 ans selon les
Au cours de la smoltification, les saumons se forgent une
mémoire olfactive qui leur permet de revenir frayer dans le cours
d’eau dont ils sont issus, c’est le « homing ». Cette reconnaissance
est très fiable pour le bassin versant, moins stricte pour l’affluent,
elle implique que chaque unité hydrographique possède une
population qui lui est propre, avec une dynamique autonome.
On distingue plusieurs types de saumons en fonction de la
durée de leur séjour en mer :
- Le castillon ou madeleineau (un hiver en mer, taille
inférieure à 70 cm),
E n r i v i è r e
Décembre
Dépose d’œufs
Aire de reproduction
Castillons
Saumons de printemps
1 hiver
Mode haut
Figure
2 : Cycle biologique du saumon atlantique ( (Salmo salar).
Fin de l’hiver
Tacons
Mode bas
- saumon de printemps : plusieurs hivers en mer (petit
si
deux hivers en mer, taille entre 70 et 90 cm ; grand si
trois hivers en mer avec une taille supérieure à 90 cm).
1 hiver
hiver 2 Hiver 1
Smolts
Au moins 2 hivers
E n m e r
- 8 -

Plus de 90 % des géniteurs meurent après leur première
reproduction. Le reste, majoritairement des femelles, dévalent à
nouveau et entament un nouveau cycle, se sont les ravalés.
En France, l’espèce a vu son aire de répartition se réduire
drastiquement au cours du XX ème siècle, principalement à cause de
la construction d’ouvrages barrant le lit des cours d’eau et
infranchissables pour les poissons, jusqu’à faire disparaître
quasiment l’espèce de certains bassins.
Dans les zones qui lui étaient encore accessibles, le saumon
a pâti, comme toute la biocénose* aquatique, de la dégradation
globale et générale du milieu :
• pollution de l’eau (toxiques, charge en nutriments
d’origine exogène à la rivière, MES 1 , etc.) ;
• destruction d’habitats (recalibrages, mise en biefs, etc.) ;
• altération physique du milieu (colmatage et/ou
déstabilisation des fonds, etc.).
Ces deux derniers points réduisent les zones favorables à son
accueil, sa reproduction et sa croissance.
Dans les milieux marins, l’espèce subit également plusieurs
menaces:
• pression de pêche ;
• pollution globale (les grandes distances parcourues d’une
part, sa position au sein de la pyramide alimentaire
1
Matières En Suspension : éléments solides particulaires transportés par l’eau.
d’autre part, soumettent l’espèce au phénomène de
bioaccumulation* et de biomagnification*, ce qui est
particulièrement dangereux pour un grand migrateur qui
est amené à consommer ses réserves de tissus adipeux sur
une courte période) ;
• élevages marins :
Dérive génétique due aux individus qui s’en
échappent et se mêlent aux populations sauvages
marines. Ils suivent les migrations des sauvages et
s’hybrident avec.
Contaminations par des agents infectieux qui se
développent à la faveur des densités importantes
présentes dans ces fermes aquacoles.
Toutes ces raisons poussent bon nombre d’organismes
environnementaux à engager des études et des actions pour suivre
et gérer au mieux les stocks. L’espèce est actuellement l’objet de
mesures de protection et de programmes visant à sa sauvegarde ou
à sa réintroduction.
Le saumon atlantique peuple tous les cours d’eau manchois
auxquels il a accès, même si les deux cours d’eau les plus réputés
actuellement pour leurs densités et la pêche restent la Sée et la
Sélune.
Ces abondances constituent un réel patrimoine naturel pour le
département : la présence de cette espèce noble constitue un
double enjeu de part la richesse halieutique et écologique qu’elle
représente.
Environ 40 % des saumons pêchés à la ligne en France sont pris
dans le département de la Manche. La bonne gestion de ces
- 9 -

populations est donc une responsabilité majeure pour les
différents acteurs de la gestion de cette pêche.
• Corps fusiforme.
• Présence d’une adipeuse.
Critères de détermination
• Les critères pour différencier les saumons adultes des truites de
mer sont :
La bouche fendue jusqu’à l’aplomb du centre de la
pupille,
La nageoire caudale plus développée et fourchue :
extrémités légèrement en pointe,
Bord postérieur droit à concave,
Pédoncule caudal fin et aplati,
Figure 3 :
Robe souvent peu tachetée.
• Coloration variable au cours du cycle biologique :
Juvénile
Adulte
tacon paré d’une robe similaire à la truitelle, avec en
plus le motif en « doigt de gants » et l’adipeuse grise,
smolt : le corps s’allonge et s’affine et devient argenté
et brillant,
la robe est argentée,
au moment de la reproduction les flancs se teintent
en jaune et des tâches rouges apparaissent.
Critères de détermination du saumon atlantique adulte.
- 10 -

La truite de mer
première reproduction, suivie de retours en mer et d’un
enchaînement de plusieurs de ces cycles.
Biologie, écologie
Il ne s’agit pas d’une espèce à part entière, mais bien d’une
des trois « variantes » écologiques, appelés écomorphes, de la
truite commune, que l’on peut rencontrer sous trois formes : la
truite de rivière, de lac ou de mer.
Il est actuellement admis qu’il n’existe en France qu’une
seule espèce de truite fario, Salmo trutta, qui présente un fort
polymorphisme, avec, comme on l’a dit, trois écomorphes, et
plusieurs variantes chez la truite de rivière. On discerne chez cette
dernière 4 souches (atlantique, méditerranéenne, basque et corse),
renfermant elles-mêmes de nombreux écotypes, dont le nombre et
la pureté génétique ont régressés par hybridation avec
l’introduction d’individus allochtones*.
On ne peut distinguer
morphologiquement les individus des
trois formes écologiques qu’au stade
adulte.
Comme chez le saumon, le juvénile
de truite de mer se smoltifie et mémorise
les éléments lui permettant d’identifier la
rivière de départ. Le homing est
cependant moins marqué chez la truite de
mer.
L’autre différence réside dans les temps
de séjour marin et dans leur fréquence : il
dure de trois mois à trois ans avant la
Figure 4 :
- 11 -
Critères de détermination
• Forme trapue, plus massive que le saumon.
• La mâchoire dépasse l’arrière de l’œil.
• Queue droite à convexe.
• Pédoncule caudal épais et arrondi.
• Robe souvent très tachetée.
Critères de détermination de d
e la truite de mer adulte.

Les aloses
La grande alose (Alosa alosa) est un poisson de la famille des
clupéidés qui comprend également le hareng, la sardine. C’est une
espèce potamotoque* au même titre que le saumon atlantique, la
truite de mer et la lamproie marine, et connaît une large
répartition géographique allant de la Norvège au Maroc.
La phase marine se déroule au dessus du plateau continental
à des profondeurs comprises entre 70 et 300 mètres. Elle se
nourrit de
zooplancton (krill ;
copépodes…) et
occasionnellement
piscivore.
A un âge qui
varie de 3 à 7 ans
(suivant les
conditions
trophiques ?) les
aloses regagnent
pour la plupart leur cours d’eau natale et remontent jusqu’aux aires
propices à sa reproduction. Le frai, nocturne, intervient en surface
sous forme d’un mouvement circulaire rapide du couple, générant
un tourbillon et un bruit caractéristique appelé « bull », dans les
zones comprises entre un profond et un radier.
Cette activité est bloquée par des températures de l’eau
inférieures à 14°C et par les pluies fortes. Les adultes meurent
après la reproduction.
Figure 5 :
• Bouche oblique largement fendue
• Arcs branchiaux avec longues branchiospines
• Flancs argentés
• Dos avec reflets verts à violets
• Ligne latérale invisible
Critères de détermination de la grande alose.
Critères de détermination
• Présence de
scutelles*
formant une
carène médio
ventrale,
tranchante
• Taille de 35 cm
à 60 cm pour
un poids moyen
de 1 Kg.
- 12 -

Résultats, interprétation
Le Saumon atlantique
Période et rythme de migration
Graphe 1 :
Evolution remontées de saumon
aux Claies de Vire en 2002.
E f f e c t i f j o u r n al i e r
14
Passages observés
12
Activité de migration
10
8
6
4
2
E f f e c t i f c u m u l é
100%
90%
80%
70%
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0
0%
15/04/02
22/04/02
29/04/02
06/05/02
13/05/02
20/05/02
27/05/02
03/06/02
10/06/02
17/06/02
24/06/02
01/07/02
08/07/02
15/07/02
22/07/02
29/07/02
05/08/02
12/08/02
19/08/02
26/08/02
02/09/02
09/09/02
16/09/02
23/09/02
30/09/02
07/10/02
14/10/02
21/10/02
28/10/02
04/11/02
11/11/02
18/11/02
25/11/02
02/12/02
09/12/02
16/12/02
avril
mai
juin
juillet
D a t e s
août
septembre
octobre
novembre
décembre
- 13 -

240 individus de SAT
ont été comptés par le dispositif sur la période
du 15 avril au 21 décembre 2002.
On observe une certaine périodicité dans les flux de
passage (8 juillet – 24 novembre) : des plages d’activité de
migration d’une semaine à quinze jours entrecoupées par des
étapes de plus faibles activités de trois semaines à un mois.
L’activité atteint son paroxysme au mois d’octobre ( Graphe 2).
40%
35%
30%
25%
20%
15%
10%
5%
0%
avril
mai
%
Nb. passages
juin
juillet
Graphe 2 : Distribution mensuelle de l’effectif de saumon passé au niveau des Claies de
Vire, année 2002.
août
septembre
octobre
novembre
décembre
100
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
30
25
20
15
10
5
Distribution horaire des passages de saumon
dans la passe
Le graphe 3 présente l’effectif par heures cumulées sur la période
d’observation. Les passages se produisent avec une hausse de la
fréquence du matin au début de soirée et un mode compris entre
10 heures et 21 heures.
Cette courbe suit certainement le cycle nycthémérale* de la
température de l’eau (la fréquence des passages semble reproduire
la courbe générale du réchauffements des eaux sur une journée
typique), mais il y a peut-être d’autres facteurs abiotiques qui y
sont combiné (pH, O2 dissous).
Nb. de passages
0
Graphe 3 : Distribution horaire des remontées de saumon enregistrées aux Claies de
Vire en 2002.
0 - 1
1 - 2
2 - 3
3 - 4
4 - 5
5 - 6
6 - 7
7 - 8
8 - 9
9 - 10
10 - 11
11 - 12
12 - 13
13 - 14
14 - 15
15 - 16
16 - 17
Plage horaire - heure GMT
17 - 18
18 - 19
19 - 20
20 - 21
21 - 22
22 - 23
23 - 0
- 14 -

Structure de la population
Les deux plus grands spécimens filmés aux Claies de Vire
mesuraient 90,4 cm ; le plus petit, 50,4 cm. La moyenne s’établie
à 68 cm.
Deux modes semblent se discerner dans la répartitions des
tailles (Graphe 4) 4 : un
autour de 67 cm, et un
25
autre autour de 72 cm.
Seuil des 70 cm
2. Le castillon se présente plus tard, à partir de juin. Les remontés
s’effectuent jusqu’en décembre. Ainsi les derniers castillons ont
passés quelques mois supplémentaires en mer et ont donc pu
accroître leur taille.
Théoriquement,
les saumons dont la
taille est inférieure à 70
cm sont considérés
comme étant des
castillons, et ceux de
tailles supérieures, des
saumons de printemps.
Ef fectif
20
15
10
Cette ségrégation
0
par la taille, valide en
début de saison, est
cependant relative au
regard du cycle annuel,
car la période de migration est vaste, avec un ordre dans les deux
séquences pouvant influer sur les tailles moyennes des poissons en
rivière :
1. le saumon de printemps remonte le premier en rivière, assez tôt
dans la saison (mars, avril, mai).
5
5 0
5 5
6 0
6 5
7 0
7 5
Classes de taille (cm)
- 15 -
8 0
8 5
9 0
9 5
1 0 0
Graphe 4 :
Distribution en
classes de taille de la population de
saumons atlantique passée aux Claies
de Vire durant l’année 2002.
(Intervalles : 1 cm, la valeur donne la
borne inférieure).
Le graphe 5, 5 projection de cette distribution globale sur les
trois périodes habituellement retenues pour la remontée du
saumon en rivière, illustre la remarque précédente. Les statistiques
relatives à chacune de ces périodes sont données dans le tableau 1.
1

14
12
16 avril - 15 juin.
Période
Taille moyenne
> 70
(écart type)
< 70 Total
10
Eff ectif
8
16/04
-15/06
77,4 (9,1) 73 % 27 % 11
6
4
16/06 – 31/0
/08 64,9 (4,3) 12 % 88 % 74
2
0
01/09
– 31/12 68,8 (5,4) 43 % 57 % 115
50
54
58
62
66
70
74
78
82
86
90
94
98
Tableau 1 :
les trois périodes théoriques pour le saumon en chiffre.
Effectif
14
12
10
8
16 juin – 31 août.
Les dates qui bornent ce découpage périodique peuvent être
confrontées à celles obtenus par la distribution des tailles de part
et d’autre du seuil statistique de 70 cm comme élément
discriminant. On obtient trois nouveaux intervales :
6
4
2
0
Une première qui courrait jusqu’au 8 juin 2002, où tous les
saumons, sauf un, dépassent largement les 70 cm : elle
correspond à l’arrivée des saumons de printemps.
14
12
10
50
1 er
54
58
62
66
er Sept. – 31 Déc.
D
70
74
78
82
86
90
94
98
La seconde qui serait comprise entre le 8 juin et le 24
août ; la très grande majorité des poissons ont une taille
inférieure aux 70 cm. Elle correspond bien à la remontée
des castillons.
Effectif
8
6
4
2
0
50
54
58
62
66
70
74
78
82
86
90
94
98
La troisième : après le 24 août, les saumons de cette période
sont caractérisés par une croissance en mer plus longue. Les
individus de plus de 70 cm y sont en abondance, mêlés à
part quasi égale à des individus de taille inférieure.
Beaucoup de poissons étaient des mâles (bécards).
Classes de taille (cm)
Graphe 5 : Distribution sur les trois périodes « types » de migration des classes de
taille de saumons passée aux Claies de Vire durant l’année 2002.
Les résultats obtenus (tableau 2) 2 sont très proches aux
précédents.
- 16 -

Période
Taille moyenne
> 70
(écart type)
< 70 Total
80,2 (7,3) 89 % 11 % 9
64,7 (4,2) 9 % 91 % 74
Les deux hypothèses sont reportées graphiquement sur le
graphe 6. 6
Les dates « légales», fixées pour la gestion de la
pêcherie (matérialisés en bleu clair) se révèlent être proches de
celles obtenues avec la distribution des tailles comme références
(figurées en bleu foncé).
68,9 (5,4) 44 % 56 % 157
Tableau 2 :
Statistiques sur les trois périodes de migration, selon le critère de
discrimination par la a taille.
Graphe 6 :
Taille des saumons en fonction f
de leur date de passage aux Claies de
Vire. (Chaque tiré apparaissant sur les bâtonnets correspond à un saumon
et en donne sa taille).
Taille en cm
90
80
70
60
50
40
16/04/02
23/04/02
30/04/02
07/05/02
14/05/02
21/05/02
28/05/02
04/06/02
11/06/02
18/06/02
25/06/02
02/07/02
09/07/02
16/07/02
23/07/02
30/07/02
06/08/02
13/08/02
20/08/02
27/08/02
03/09/02
10/09/02
17/09/02
24/09/02
01/10/02
08/10/02
15/10/02
22/10/02
29/10/02
05/11/02
12/11/02
19/11/02
26/11/02
03/12/02
10/12/02
17/12/02
Dates
- 17 -

Remarques
Trois des saumons filmés avaient la nageoire adipeuse
coupée, hors cela fait longtemps que de tels marquages n’ont pas
été pratiqués en Basse Normandie.
Cette observation vient renforcer le fait qu’il faudrait
effectuer des analyses génétiques sur cette population afin de
connaître la souche des poissons qui la composent et voir s’il
n’existerait pas des échanges entre les bassins.
De plus, ils ont franchi la passe le même jour et sont des
castillons de tailles proches, ce qui exclut l’hypothèse de
marquages effectués lors de prises à la ligne antérieures, qui
auraient du être, dans ce cas déjà improbable, récentes.
Les trois clichés suivants, extraits de l’enregistrement vidéo
de chacun des passages, montrent des poissons avec une belle
silhouette, des nageoires bien développées et saines, il ne s’agit
donc pas d’individus échappés d’élevages.
19/09/2002, 12 :25, SAT ♀ , 64 cm 19/09/2002, 14:20, SAT ♀ , 66 cm
19/09/2002, 18 :54, , SAT ♂ , 73 cm
- 18 -

La Truite de mer
Période et rythme de migration
Graphe 7 :
Evolution des remontées de Truite de mer aux Claies de Vire, 2002.
115 individus de TRM
ont été comptés par le dispositif sur la période
du 15 avril au 21 décembre 2002.
On observe une discontinuité marquée des flux migratoires,
divisés en deux périodes principales :
au printemps et début d’été (du 22 avril au 18 juillet), où
plus de 60 % des remontées ont lieu. Sur cet intervalle, les
E f f e c t i f j o u r n al i e r
E f f e c t i f c u m u l é
5
100%
Passages observés
90%
4
Activité de m igratio n
80%
70%
3
60%
50%
2
40%
30%
1
20%
0
10%
0%
22/04/2002
29/04/2002
06/05/2002
13/05/2002
20/05/2002
27/05/2002
03/06/2002
10/06/2002
17/06/2002
24/06/2002
01/07/2002
08/07/2002
15/07/2002
22/07/2002
29/07/2002
05/08/2002
12/08/2002
19/08/2002
- 19 -
26/08/2002
02/09/2002
09/09/2002
16/09/2002
23/09/2002
30/09/2002
07/10/2002
14/10/2002
21/10/2002
28/10/2002
04/11/2002
11/11/2002
18/11/2002
25/11/2002
02/12/2002
09/12/2002
16/12/2002
D a t e s

passages ont un caractère périodique, mais le phénomène est
moins marqué qu’avec le saumon et l’alternance des temps calmes
avec les flux de remontées est plus rapide ( à sur le graphe
7).
en automne (du 16 octobre au 20 décembre) où le reste de
l’effectif passe, sur deux périodes (deuxième quinzaine d’octobre et
mi novembre)
On a donc une période d’arrêt de l’activité migratoire des
truites de mer de la Vire en été. Seuls trois géniteurs sont passés
aux mois d’août et septembre (graphe 8).
8
Distribution horaire des passages de truites de
mer dans la passe
P a s s a g e s
16
14
12
10
8
Graphe 8 :
Distribution mensuelle de l’effectif de truites de mer au niveau des Claies de
6
4
40%
35%
%
Nb. De passages
40
35
2
0
30%
25%
20%
30
25
20
0 - 1
2 - 3
4 - 5
6 - 7
8 - 9
10 - 11
12 - 13
14 - 15
16 - 17
P l a g e h o r a i r e - h e u r e G M T+1
18 - 19
20 - 21
22 - 23
15%
10%
15
10
Graphe 9 :
Distribution horaire des remontées de truites de mer enregistrées aux Claies
de Vire en 2002.
5%
5
0%
0
avril
mai
juin
Vire, année 2002.
juillet
août
septembre
octobre
novembre
décembre
Le graphe 9 présente l’effectif par heures cumulées sur la
période d’observation. Les heures d’activité des truites de mer sont
similaires à celles des saumons. On remarque une activité
supplémentaire le matin.
- 20 -

La nuit ne semble pas une période propice à l’activité,
particulièrement après 2 heures du matin. Diverses hypothèses
pour expliquer ce comportement pourraient être testées,
notamment en analysant les éventuelles corrélations avec la
température de l’eau et d’autres paramètres combinés (pH, O2
dissous).
Structure de la population
La moyenne des tailles des truites de mer enregistrées était
de 60,9 cm.
Le plus petit spécimen mesurait 30,3 cm ; il s’agirait donc
d’un « finnock » : un spécimen n’ayant séjourné que quelques
mois en milieu marin, s’il n’a pas été confondu à l’identification
avec une fario.
Le plus gros spécimen visualisé mesurait 86 cm, mais cette
taille est encore loin des gabarits que peut atteindre l’espèce sur la
Vire, puisqu’un pêcheur à la
ligne a fait une prise de 91 cm
en aval des Claies de Vire, un
mâle pesant 9,7 Kg (photo
ci-
contre). La lecture de ses
écailles a révélée qu’il était âgé
de 5 ans ½ dont un an de
rivière et un hiver en mer
avant son premier retour. Il
portait les marques de trois
Photo CSP
reproductions.
La distribution, moins organisée que chez le saumon, reflète
le cycle moins structuré des truites de mer (graphe 10), où les
nombreuses possibilités donnent une large palette de tailles au sein
de la population.
E f f e c t i f
20
18
16
14
12
10
8
6
4
2
0
8
6
4
2
0
25
25 30 35 40 45 50 55 60 65 70 75 80 85 90 95 100
Fario s ?
30
35
40
45
1 hiver en mer
50
55
Graphe 10 : Structure de la population des truites de mer remontées aux Claies de Vire
en 2002.
60
65
70
75
C l a s s e s d e t a i l l e (cm)
2 hivers en mer et plus
80
85
90
95
100
- 21 -

La lecture d’écaille d’un échantillon représentatif de cet effectif
aurait permis de clarifier la structure de la population sur la Vire.
Dans le temps, on observe une augmentation de la taille
moyenne (intervalle : une semaine) des individus. Là aussi le peu
d’individus piégés ne permet pas de savoir s’il s’agit d’une
organisation dans le temps du passage par sexe ou la conséquence
d’un grossissement supplémentaire du à un séjour marin allongé de
quelques mois.
Truites de mer et saumons
Les deux grandes périodes de remontés en 2002 ont été
l’été et la deuxième moitié de l’automne.
L’arrivée des premières truites est plus précoce, puis les
remontées se déroulent de manière moins régulière que pour le
saumon.
Graphe 11 : passages des salmonidés grands migrateurs aux Claies de Vire,
2002.
20%
Hiver
Printemps
Eté
Automne
Hiver
15%
10%
SAT
TRM
5%
0%
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52
S e m ain es s tan d a r d s
- 22 -

Les Aloses
Le cas de l’alose a fait l’objet d’une étude particulière en
2002, conduite par deux stagiaires en DESS à Metz. Les données
et les interprétations suivantes sont donc reprises et résumées de
leur rapport : Caractérisation de la population d’aloses de la Vire,
suivi des phases migratrices et reproductrices, , scénarii potentiels
de mise en valeur, BERNIER S. & PIQUET J., 2002.
Période et rythme de migration
Aucu ne alose feinte n’a été observée.
1 751 individus de grande alose
ont été comptés par le dispositif sur la période
du 15 avril au 25 juin 2002.
Graphe 12 : Evolution des d
s remontées d’Alose
aux Claies de Vire, 2002.
Ef fect if journalier
Eff ectif cumulé
140
120
100%
100
Passages observés
Activité de migration
80%
80
60%
60
40%
40
20
20%
0
0%
1 5 -a v r
2 2 -a v r
2 9 -a v r
0 6 -m a i
1 3 -m a i
2 0 -m a i
2 7 -m a i
0 3 -ju in
1 0 -ju in
1 7 -ju in
2 4 -ju in
0 1 -j ui l
0 8 -j ui l
1 5 -j ui l
2 2 -j ui l
2 9 -j ui l
Dat es
- 23 -

On observe plusieurs phases dans le flux migratoire des
aloses, divisées en quatre épisodes principaux :
Les deux premiers pics, du 15 au 27 avril et du 30 avril au
18 mai, représentent respectivement 28 % et 63 % de
l’effectif total observé aux Claies de Vire.
La troisième phase est moindre et ne correspond plus qu’à
2,6 % de l’effectif total.
Le dernier pourcent s’étale sur le reste de la période,
jusqu’au 13 juillet, date à laquelle la dernière alose a été
enregistrée en 2002.
Distribution circadienne des passages
Les heures d’activités des aloses sur la Vire sont quasi
exclusivement diurnes, entre 7 h et 22 h, avec un maximum, entre
13h et 22h.
Structure de la population
% ef fectif
200
180
160
140
120
100
% ef f ectif
12
10
8
80
60
40
20
0
6
4
2
0
0-1
2-3
4-5
6-7
8-9
10-11
Graphe 13 : Distribution horaire des remontées d’aloses en e
sortie de la passe des Claies
de-Vire
Vire.
12-13
14-15
Plage horaire
16-17
18-19
20-21
22-23
35 40 45 50 55 60 65 70
Longueur totale (cm)
Graphe 14 : Distribution des classes de tailles dans la population d’aloses enregistrées
aux Claies de Vire en 2002.
Le graphe 14 1 présente la répartition des 1 718 aloses
mesurées avec la vidéo en sortie de la passe en fonction de leur
taille.
- 24 -

69% d’entres elles mesuraient entre 50 et 58 cm. La
longueur totale moyenne de la population observée en 2002 était
de 54,1 cm avec un écart type de 3,9 cm.
La plus grande : 68 cm
Longueur totale observée en 2002 ;
♂ :
52,9 cm (écart type de 3,3 cm)
La plus petite : 43 cm
♀ :
58,6 cm (écart type de 2,9 cm)
Longueur totale moyenne (cm)
56
56
55
55
54
54
53
53
% effectif
20
15
10
Mâles
Femelles
52
17/04-30/04 1/05-14/05 15/05-28/05 29/05-2/07
5
Graphe 15 : taille des aloses en fonction de leur date de passage aux Claies de Vire.
0
45-46
47-48
49-50
51-52
53-54
55-56
57-58
59-60
61-62
63-64
65-66
67-68
On a pu constater une augmentation de la moyenne de
tailles (longueur total) au cours de la saison (cf. graphe 15). Elle
est principalement due à une gradation du sexe ratio sur la période
de migration, d’abord en faveur des mâles qui rejoignent les
frayères les premiers. Les mâles d’aloses, plus jeunes que les
femelles, sont donc en moyenne significativement plus petits (cf.
graphe 16).
Classe de taille en cm
Graphe 16 : Distribution en classes de taille et par sexe des aloses piégées.
- 25 -

Migration et facteurs externes
L’étude a montré que les comportements des aloses
coïncidaient avec des variations de paramètres physico-chimiques.
Ainsi, il existe des seuils thermiques en dessous desquels les
mouvements migratoires et la reproduction sont inhibés.
Le seuil de 11°C pour la migration a été vérifié, de même, il
n’a pas été observé de bull pour une température de l’eau inférieure
à 14°C.
La constatation la plus édifiante fut la mise en évidence
d’un seuil de turbidité inhibant l’activité de cette espèce.
En effet, dés que l’indice Secchi a atteint la valeur de 75 cm,
les passages se sont quasi arrêtés, ainsi que les bulls.
La turbidité mesurée au disque de Secchi n’est qu’un
indicateur utilisé pour mettre en évidence l’apparition du bloom*
algal printanier sur la Vire. Il ne renseigne pas précisément sur le
facteur réellement responsable de l’inhibition des comportements
Effectif
migrant
120
100
80
60
40
20
Nb de migrants Température Débit
Temp. (°C)
Débit (m3/s)
25,00
20,00
15,00
10,00
5,00
Effectif migrant
140
120
100
80
60
40
20
Effectif migrant
Indice de
Secchi (cm)
170
Indice de Secchi 150
130
110
90
70
0
0,00
0
50
15-avr
25-avr
05-mai
15-mai
25-mai
04-juin
14-juin
24-juin
04-juil
Date
17-avr
24-avr
01-mai
08-mai
15-mai
22-mai
29-mai
05-juin
Date
12-juin
19-juin
26-juin
03-juil
10-juil
Graphe 17 : Evolution de l’effectif migrant au niveau de la passe des Claies
de Vire, de la température et du débit (15 avril-13 juillet 2002)
Graphe 18 : Evolution de l’effectif migrant et de l’indice de Secchi au niveau
de la passe des Claies de Vire (17 avril-13 juillet 2002)
- 26 -

des aloses, parmi tous ceux qui sont modifiés par la surcharge
microalguale responsable du bloom :
- Transparence de l’eau ?
- PH ?
- Oxygène dissout ?
Ces aspects méritent d’être plus précisément étudiés afin de
pouvoir à l’avenir remédier efficacement à leur cause et ainsi
sauvegarder l’espèce, et optimaliser sa reproduction sur la basse
Vire.
- 27 -

Conclusion
Pour les poissons potamotoques*, la Vire
s’avère être une rivière à aloses. Si sa présence était connue, la
campagne de suivi 2002 a montré son abondance, ce d’autant plus
qu’une grande partie des aires de fraie se situent en aval du site de
comptage qui sous estime donc cette population.
L’étude révèle cependant les menaces qui pèsent sur cette
population, de par la qualité de l’eau et les aménagements
projetés.
Le premier élément inquiétant est la perturbation induite
par la dystrophisation printanière de la basse Vire, qui met un
terme à la saison de migration et de reproduction de l’espèce sur le
linéaire accessible.
La seconde menace est la disparition de zones de frayères
par ennoiement, dans le cas où le bief du Maupas serait restauré,
avec en plus le risque d’aggravation du niveau de dégradation de
l’eau, en terme de qualité et de fréquence.
Il est donc très important de mener plus avant les
investigations scientifiques, pour comprendre les facteurs et
mécanismes agissant sur la population d’aloses de la Vire, afin de
pouvoir y remédier et ainsi préserver cette ressource.
Du point de vue des salmonidés migrateurs,
les résultats de cette première année de comptage confirment que
la réputation de rivière à truite de mer est caduque. L’effectif est
faible, surtout au regard des potentialités du bassin, estimées à
900 géniteurs lors d’une étude réalisée par la Fédération,
coordonnée par le Conseil Supérieur de la Pêche, année 2000.
Il convient d’engager une réflexion locale pour essayer de
reconstituer le stock originel.
On a observé deux fois plus de saumons
que de truites. Ces chiffres justifient et motivent la demande faite
au COGEPOMI de mettre la Baie des Veys en réserve pour
l’espèce, au même titre que la Baie du Mont Saint Michel, afin de
gérer les prélèvements à ce niveau.
Enfin, si le nombre de géniteurs constitue une heureuse
surprise, il reste inférieur au potentiel calculé de la Vire, soit près
de 400 géniteurs. Cela est confirmé par les résultats faibles
obtenus sur une partie des stations prospectées, notamment les
affluents manchois, au cours de la campagne d’indices
d’abondance saumon, où les juvéniles de l’année sont recherchés.
Le site des Claies de Vire sera en plus un
outil pour communiquer sur l’état et le fonctionnement de
l’écosystème aquatique. Il a été très visité en 2002, et la demande
est forte pour 2003.
L’installation et son animation régulière constituent un excellent
moyen pour faire prendre conscience au public de la richesse
biologique de la Vire, l’intéresser à nouveau à ce qui s’y produit et
le sensibiliser à sa préservation, voire à le responsabiliser.
- 28 -

Bibliographie
BERNIER S. & PIQUET J., 2002. Caractérisation de la population
d’aloses de la Vire, suivi des phases migratrices et reproductrices,
scenarii potentiels de mise en valeur. Rapport de DESS.
GUEUX N., 2002. Caractérisation de la population d’aloses de la Vire,
Premiers éléments de biologie et d’halieutique. Rapport de
Maîtrise.
KEITH P. & ALLARDI J. (coordinateurs), 2001. Atlas des poissons d’eau
douce de France. Publication du Muséum National d’Histoire
Naturelle, Institut d’Ecologie et de Gestion de Patrimoine de la
Biodiversité, Service du Patrimoine Naturel.
RICHARD A., 2000. Bassin de la Vire, Evaluation des capacités de
production en salmonidés migrateurs, rapport pour la Fédération
de la Manche pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique.
- 29 -

Mai 2003
Fédération de la Manche pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique
16, rue du Pont l ’Abbé - 50 190 Périers
02.33.46.96.50 fax : 02.33.46.96.62