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les accords europeens de libre - echange avec les zones emergentes

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LES ACCORDS EUROPEENS DE LIBRE - ECHANGE<br />

AVEC LES ZONES EMERGENTES :<br />

STRATEGIES POUR L'ECONOMIE FRANÇAISE<br />

Actes <strong>de</strong>s II èmes Journées Internationa<strong>les</strong> d’Etu<strong>de</strong>s Jean Monnet<br />

Avril 2004<br />

Sous la direction <strong>de</strong> Bernard Yvars,<br />

Maître <strong>de</strong> Conférences,<br />

Chaire Jean Monnet en Intégration régionale comparée


AVANT-PROPOS<br />

La IIème Journée Internationale d'Etu<strong>de</strong>s Jean Monnet s'est déroulée à l'Université<br />

Montesquieu-Bor<strong>de</strong>aux IV le 8 février 2002. Les Journées d'Etu<strong>de</strong>s Jean Monnet, qui<br />

désormais se dérouleront selon une périodicité annuelle, représentent une <strong>de</strong>s activités<br />

développées dans le cadre d'un Cours permanent Jean Monnet qui m'a été accordé en 1997 par<br />

<strong>les</strong> Services <strong>de</strong> la Commission européenne. La première Journée qui s'est tenue en octobre<br />

2000 a traité du thème suivant : "Le modèle européen d'intégration régionale est-il<br />

exportable?". Cette année, notre réflexion s'est davantage orientée vers l'analyse <strong>de</strong><br />

l'approfondissement du processus actuel d'intégration économique <strong>de</strong> l'Union européenne.<br />

Celui-ci se déroule dans un contexte d'ouverture accrue à l'échange international. L'Union,<br />

dont l'hétérogénéité économique et sociale est importante, est inégalement vulnérable à<br />

l'ouverture à la compétition internationale. Les <strong>zones</strong> émergentes ne représentent pas une<br />

gran<strong>de</strong> menace pour <strong>les</strong> activités <strong>de</strong> la banane bleue européenne. En revanche, <strong>les</strong> activités<br />

<strong>de</strong>s régions communautaires périphériques sont davantage sensib<strong>les</strong> à une concurrence qui<br />

peut pousser à la disparition ou à la délocalisation vers <strong>les</strong> pays émergents certaines<br />

entreprises <strong>de</strong> faible et moyenne valeur ajoutée. Cela est d'autant plus vraisemblable que la<br />

politique commerciale extérieure commune n'est pas en mesure <strong>de</strong> pallier <strong>les</strong> effets négatifs<br />

<strong>de</strong> cette concurrence accrue parce que, d'une part, <strong>les</strong> instances communautaires souhaitent le<br />

développement <strong>de</strong>s activités relativement intenses en travail qualifié et en recherchedéveloppement<br />

et, d'autre part, <strong>les</strong> règ<strong>les</strong> <strong>de</strong> l'OMC limitent le recours au protectionnisme<br />

direct ou déguisé.<br />

Au moment où l'Union européenne prépare l'adhésion <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l'Est, la constitution<br />

<strong>de</strong> <strong>zones</strong> <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange <strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays méditerranéens, le Mercosur..., il apparaît opportun<br />

<strong>de</strong> s'interroger sur <strong>les</strong> effets <strong>de</strong> la concurrence accrue <strong>de</strong>s <strong>zones</strong> émergentes sur l'Union<br />

européenne et ses régions. Le thème <strong>de</strong> cette IIème Journée d'Etu<strong>de</strong>s Jean Monnet : "Les<br />

<strong>accords</strong> européens <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange <strong>avec</strong> <strong>les</strong> <strong>zones</strong> en développement : effets et stratégies<br />

pour l'économie française" définit <strong>de</strong>s interrogations très ciblées, ne serait-ce que par la zone<br />

géographique étudiée : la France. La manifestation a mobilisé <strong>de</strong>s experts universitaires et<br />

non universitaires pour traiter <strong>de</strong>s problèmes posés à l'économie française et à ses régions.<br />

Cette Journée a connu un réel succès en raison <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong>s communications présentées et<br />

<strong>de</strong> la participation d'un public averti <strong>de</strong>s thèmes débattus. Nous tenons à remercier <strong>les</strong><br />

responsab<strong>les</strong> <strong>de</strong> l'Université Montesquieu-Bor<strong>de</strong>aux IV ainsi que tous <strong>les</strong> communicants, en<br />

particulier étrangers, pour avoir contribué au succès <strong>de</strong> cette manifestation.<br />

Bernard Yvars<br />

Responsable du Groupe sur l'Intégration<br />

Economique et Monétaire (GRIEM)<br />

2


TABLE DES MATIERES<br />

AVANT – PROPOS 2<br />

Bernard Yvars, Responsable du GRIEM<br />

INTRODUCTION 5<br />

Bernard Yvars, Maître <strong>de</strong> conférences à l’Université Montesquieu-Bor<strong>de</strong>aux IV.<br />

PREMIERE PARTIE - LES RELATIONS AVEC LES PAYS DE L'EST, 7<br />

CANDIDATS A L'ADHESION<br />

Enjeux commerciaux <strong>de</strong> l’Elargissement <strong>de</strong> l’Union européenne 8<br />

Michaël Pajot, Chargé <strong>de</strong> mission à la Direction <strong>de</strong> la Prévision, Vincent Aussilloux,<br />

Chargé <strong>de</strong> mission à la DREE, Ministère <strong>de</strong> l'Economie, <strong>de</strong>s Finances et <strong>de</strong> l'Industrie<br />

Management <strong>de</strong>s ressources humaines en Pologne : <strong>les</strong> défis <strong>de</strong> la privatisation 53<br />

Michal Kurtyka, Professeur à l'Université <strong>de</strong> Varsovie (Pologne)<br />

DEUXIEME PARTIE - LES RELATIONS AVEC LES AMERIQUES 63<br />

L’ALENA est-il discriminatoire à l’encontre <strong>de</strong>s exportations européennes au Mexique ? 64<br />

Vincent Aussilloux, Chargé <strong>de</strong> mission à la DREE, Michaël Pajot, Chargé<br />

<strong>de</strong> mission à Direction <strong>de</strong> la Prévision, Ministère <strong>de</strong> l'Economie, <strong>de</strong>s Finances<br />

et <strong>de</strong> l'Industrie<br />

Le Mercosur face au développement <strong>de</strong>s échanges <strong>de</strong> la France <strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays 84<br />

du Maghreb et <strong>les</strong> PECO<br />

Arnaud Wachs, ATER à l’Université Montesquieu-Bor<strong>de</strong>aux IV.<br />

TROISIEME PARTIE - LES RELATIONS AVEC LES PAYS MEDITERRANEENS 111<br />

Le nouveau partenariat euro-méditerranéen : portée et limites du pari <strong>de</strong> l'ouverture 112<br />

Lahsen Ab<strong>de</strong>lmaki, Mustapha Sadni-Jallab, Chercheurs, GATE-CNRS, Université Lyon 2<br />

Nouvel<strong>les</strong> dynamiques territoria<strong>les</strong> et intégration transméditerranéenne 132<br />

<strong>de</strong>s pays du Maghreb<br />

3


Mohamed Benlahcen Tlemçani, Directeur du GRECOS, Sofiane Tahi, Chercheur au<br />

GRECOS, Université <strong>de</strong> Perpignan<br />

Les <strong>accords</strong> euro-méditerranéens <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange : effets sur <strong>les</strong> échanges 156<br />

entre le Maroc et la France<br />

Bachir Hamdouch,Professeur à l'INSEA <strong>de</strong> Rabat (Maroc)<br />

QUATRIEME PARTIE - LES STRATEGIES DE COOPERATION 167<br />

Organisations régiona<strong>les</strong> et gouvernance mondiale 168<br />

François Benaroya, Conseiller économique du Directeur <strong>de</strong> la DREE,<br />

Ministère <strong>de</strong> l'Economie, <strong>de</strong>s Finances et <strong>de</strong> l'Industrie<br />

L'ouverture européenne aux <strong>zones</strong> émergentes : quel impact sur la 185<br />

cohésion économique et sociale intra-communautaire ?<br />

Bernard Yvars, Maître <strong>de</strong> conférences à l’Université Montesquieu-Bor<strong>de</strong>aux IV<br />

4


INTRODUCTION<br />

Bernard Yvars,<br />

Maître <strong>de</strong> Conférences<br />

Université Montesquieu-Bor<strong>de</strong>aux IV<br />

La réalisation <strong>de</strong> l'achèvement du marché intérieur européen a été motivée par la<br />

nécessité <strong>de</strong> faire progresser le commerce intra-communautaires dont la croissance s'était<br />

sensiblement ralentie à la fin <strong>de</strong>s années 1970. A partir <strong>de</strong> 1999, l'Union monétaire viendra<br />

consoli<strong>de</strong>r et contribuera à accentuer cette intensification <strong>de</strong>s échanges intra-européens. Les<br />

analyses empiriques <strong>de</strong>stinées à évaluer <strong>les</strong> effets du marché unique montrent sans ambiguïté<br />

que <strong>les</strong> flux commerciaux intra-zone ont sensiblement progressé sans entraîner <strong>de</strong><br />

détournements <strong>de</strong> trafic significatifs au détriment <strong>de</strong>s pays tiers. En effet, <strong>les</strong> importations<br />

communautaires en provenance <strong>de</strong>s pays tiers se sont accrues <strong>de</strong>puis l'entrée en vigueur <strong>de</strong>s<br />

dispositions <strong>de</strong> l’achèvement du marché intérieur européen. L’échange intra-branche a<br />

progressé mais comme le montrent <strong>les</strong> analyses <strong>de</strong> L. Fontagné, M. Freu<strong>de</strong>nberg et N.<br />

Péridy 1 , c’est essentiellement le commerce <strong>de</strong> produits similaires différenciés verticalement<br />

qui est le plus représenté dans ce type d’échanges. Il apparaît différents modè<strong>les</strong><br />

commerciaux dans l’Union européenne selon la place occupée par <strong>les</strong> commerces interbranches<br />

et intra-branche, ce <strong>de</strong>rnier type d’échanges étant différencié horizontalement ou<br />

verticalement. La différenciation verticale <strong>de</strong> l’échange conduit comme l’échange interbranches<br />

à la spécialisation (productions <strong>de</strong> haute, moyenne et basse valeur ajoutée) et donc à<br />

<strong>de</strong>s ajustements économiques qui peuvent être socialement coûteux.<br />

A ces évolutions internes vient s’ajouter une accentuation <strong>de</strong> la pression<br />

concurrentielle induite par l’ouverture continue <strong>de</strong>s économies à l’échange international. Que<br />

ce soit dans le cadre <strong>de</strong> l’OMC ou d’actions spécifiques <strong>de</strong> la politique commerciale<br />

extérieure commune, l’Union européenne est aujourd’hui <strong>de</strong> plus en plus confrontée à la<br />

compétitivité <strong>de</strong>s produits <strong>de</strong>s pays tiers alors que simultanément, elle accroît sa présence à<br />

l’étranger par l’échange et l’investissement direct. Elle participe à la mondialisation <strong>de</strong>s<br />

activités en développant <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> d’adhésion (pays <strong>de</strong> l’Est) ou <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> <strong>de</strong> <strong>libre</strong>échange<br />

(pays méditerranéens, Mercosur, etc). Dans un tel contexte, il est important <strong>de</strong> savoir<br />

si <strong>les</strong> activités <strong>de</strong> production, différenciées et inégalement réparties sur le territoire<br />

communautaire, peuvent supporter ces nouvel<strong>les</strong> conditions concurrentiel<strong>les</strong> extérieures.<br />

La question soulevée par le présent ouvrage consiste à savoir dans quelle mesure<br />

l’ouverture européenne est porteuse d’avantages et/ou d’inconvénients pour <strong>de</strong>s espaces<br />

1 L. Fontagné, M. Freu<strong>de</strong>nberg et N. Péridy , "Marché unique et développement <strong>de</strong>s échanges", Economie et Statistique, n°<br />

326-327, 1999.<br />

5


inégalement développés, subissant <strong>les</strong> conséquences socia<strong>les</strong> d’un processus d’intégration<br />

favorisant <strong>les</strong> agglomérations d’activités.<br />

Pour tenter d’offrir quelques éléments <strong>de</strong> réponse à cette interrogation, <strong>les</strong> contributions<br />

qui suivent sont organisées en quatre gran<strong>de</strong>s parties. La première partie <strong>de</strong> l’ouvrage traite <strong>de</strong><br />

l’élargissement <strong>de</strong> l’Union européenne aux PECO. La France bénéficie d’une situation<br />

d’excé<strong>de</strong>nts sur <strong>les</strong> marchés <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l’Est tant en termes d’échanges commerciaux que<br />

d’investissements directs. Peu <strong>de</strong> difficultés découlant d’une concurrence accrue sont à<br />

craindre <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> la France (M. Pajot et V. Aussiloux). En revanche, la performance<br />

européenne et française, en particulier en matière d’investissements directs, peut être atténuée<br />

par <strong>de</strong>s dysfonctionnements dans le management <strong>de</strong>s ressources humaines. C’est ce que nous<br />

indique M. Kurtyka en s’appuyant sur l’exemple <strong>de</strong> la Pologne. La secon<strong>de</strong> partie <strong>de</strong><br />

l’ouvrage concerne <strong>les</strong> relations <strong>avec</strong> <strong>les</strong> Amériques. V. Aussiloux s’interroge sur l’accord <strong>de</strong><br />

l’ALENA comme élément explicatif <strong>de</strong> la réduction <strong>de</strong>s parts <strong>de</strong> marché européennes au<br />

Mexique. A l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> modè<strong>les</strong> gravitationnels, il montre que l’effet « maquiladora » et l’écart<br />

<strong>de</strong> croissance <strong>de</strong> PIB entre la France et l’Europe expliquent ce recul européen. A. Wachs,<br />

quant à lui, met en évi<strong>de</strong>nce que <strong>les</strong> relations commercia<strong>les</strong> <strong>avec</strong> le Mercosur sont plus<br />

favorab<strong>les</strong> à la France en termes <strong>de</strong> spécialisation sur <strong>de</strong>s activités à forte intensité<br />

technologique et à haute valeur ajoutée. Des effets d’éviction peuvent apparaître entre<br />

diverses <strong>zones</strong> émergentes pour la captation <strong>de</strong>s investissements directs européens (Mercosur,<br />

Maghreb, pays <strong>de</strong> l’Est) ou pour l’exportation vers la zone européenne. Dans la troisième<br />

partie, <strong>les</strong> relations <strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays méditerranéens sont analysées.<br />

L. Ab<strong>de</strong>lmaki et M. Sadni-Jallab montrent que le partenariat euro-méditerranéen n’est<br />

que ponctuellement efficace. Vraisemblablement, l’intégration régionale préalable du<br />

Maghreb et l’investissement direct européen, notamment français, pourraient contribuer à<br />

dynamiser ce processus <strong>de</strong> coopération. M. Benlahcen Tlemçani et S. Tahi insistent<br />

particulièrement sur <strong>les</strong> effets positifs d’une intégration maghrébine à l’Union européenne et<br />

soulignent le rôle particulier que pourraient jouer <strong>les</strong> FMN dans <strong>les</strong> transferts <strong>de</strong> technologie<br />

vers le Maghreb. B. Hamdouch montre l’intérêt stratégique par l’Union européenne, et pour la<br />

France en particulier, <strong>de</strong> développer <strong>les</strong> échanges et <strong>les</strong> investissements directs <strong>avec</strong> la zone<br />

maghrébine à un moment où <strong>les</strong> Etats-Unis veulent affirmer une présence plus forte en<br />

Méditerranée (proposition <strong>de</strong> constitution <strong>de</strong> <strong>zones</strong> <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange <strong>avec</strong> notamment <strong>les</strong> pays<br />

du Maghreb).<br />

Enfin, la quatrième partie <strong>de</strong> l’ouvrage dégage quelques perspectives <strong>de</strong> coopération<br />

pour la France. F. Benaroya suggère que le développement du régionalisme peut contribuer à<br />

l’émergence <strong>de</strong> nouvel<strong>les</strong> formes <strong>de</strong> gouvernance mondiale. L’Union européenne élargie aux<br />

pays <strong>de</strong> l’Est et ouverte à l’échange <strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays méditerranéens confère à cette zone<br />

d’intégration régionale une capacité à mieux faire entendre sa voix pour défendre ses intérêts.<br />

B. Yvars, quant à lui, montre que l’ouverture européenne aux <strong>zones</strong> émergentes ne représente<br />

pas un grand risque pour la France dans son ensemble. Toutefois, <strong>les</strong> activités <strong>de</strong> moyenne et<br />

faible valeur ajoutée <strong>de</strong> régions européennes en retard <strong>de</strong> développement pourraient souffrir<br />

<strong>de</strong> cette ouverture (risque <strong>de</strong> délocalisation d’activités). Mais ce sont davantage <strong>les</strong> effets<br />

induits par l’Union monétaire (accroissement <strong>de</strong> l’agglomération <strong>de</strong>s activités dans <strong>les</strong> <strong>zones</strong><br />

<strong>les</strong> plus développées) qui pénaliseront <strong>les</strong> régions périphériques communautaires.<br />

6


PREMIERE PARTIE :<br />

LES RELATIONS AVEC LES PAYS DE L’EST,<br />

CANDIDATS A L’ADHESION<br />

7


ENJEUX COMMERCIAUX DE L’ELARGISSEMENT<br />

DE L’UNION EUROPEENNE<br />

Vincent Aussilloux * et Michaël Pajot **<br />

Introduction<br />

L’intégration <strong>de</strong>s pays d’Europe centrale et orientale (PECO) à l’Union européenne dans un<br />

horizon rapproché pose un certain nombre <strong>de</strong> questions concernant l’effort d’adaptation qu’auront à<br />

fournir tant <strong>les</strong> candidats à l’adhésion que <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l’Union européenne eux-mêmes.<br />

Paradoxalement, <strong>les</strong> expériences <strong>de</strong> l’intégration grecque puis espagnole et portugaise à l’Union<br />

européenne 2 ainsi que <strong>les</strong> enseignements <strong>de</strong>s théories économiques semblent indiquer que ce ne seront<br />

pas <strong>les</strong> mutations économiques provoquées par <strong>les</strong> nouvel<strong>les</strong> adhésions 3 qui poseront le plus <strong>de</strong><br />

difficultés pour l’Union européenne. Les défis en matière <strong>de</strong> réforme et d’adaptation <strong>de</strong>s institutions<br />

ainsi que <strong>les</strong> enjeux sociaux relatifs aux mutations profon<strong>de</strong>s que subissent <strong>les</strong> populations <strong>de</strong>s PECO<br />

apparaissent autrement plus diffici<strong>les</strong> à relever. Cette étu<strong>de</strong> se limite toutefois à souligner <strong>les</strong> enjeux<br />

<strong>de</strong> l’adhésion en matière d’échanges <strong>de</strong> marchandises et <strong>de</strong> flux d’investissements, à court et moyen<br />

terme.<br />

Quelques faits saillants peuvent être retenus <strong>de</strong> l’observation <strong>de</strong>s liens commerciaux entre <strong>les</strong><br />

PECO, l’Union européenne et la France.<br />

• Les échanges <strong>avec</strong> <strong>les</strong> PECO sont globalement à l’avantage <strong>de</strong> la France <strong>de</strong>puis l’ouverture <strong>de</strong><br />

ces pays en direction <strong>de</strong> l’Europe. Le sol<strong>de</strong> positif <strong>de</strong> nos échanges <strong>de</strong> marchandises (CAF/FAB hors<br />

matériel militaire) s’établissait en effet à 13,4 milliards <strong>de</strong> francs en 1999. Par ailleurs, le choc <strong>de</strong><br />

l’intégration <strong>de</strong>s PECO ne doit pas être surévalué puisque ces pays représentaient 3,7 % du PIB <strong>de</strong><br />

l’Union européenne en 1997 contre 8,4 % du PIB <strong>de</strong> la Communauté européenne pour l’Espagne et le<br />

Portugal lors <strong>de</strong> leur adhésion.<br />

• L’Union européenne fournit 60 % <strong>de</strong>s importations <strong>de</strong>s PECO alors que ceux-ci ne<br />

représentent que 3,5 % du total <strong>de</strong>s exportations européennes <strong>de</strong> marchandises. La part <strong>de</strong> marché <strong>de</strong><br />

la France dans <strong>les</strong> PECO (4,6 %) apparaît cependant nettement en retrait par rapport à celle détenue<br />

par l’Allemagne (24,5 %) et légèrement inférieure à celle <strong>de</strong> l’Italie (4,9 %). Les PECO ne<br />

représentent ainsi que 2 % <strong>de</strong>s exportations tota<strong>les</strong> <strong>de</strong> la France.<br />

• Le sol<strong>de</strong> <strong>de</strong> nos échanges <strong>avec</strong> <strong>les</strong> PECO se traduit par une balance positive <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong><br />

17 000 emplois supplémentaires dans l’industrie française en 1999 par rapport à une situation où il n’y<br />

aurait pas d’échanges <strong>avec</strong> ces pays. Au <strong>de</strong>là <strong>de</strong>s critiques que l’on peut adresser à la métho<strong>de</strong> du<br />

* LAMETA-CNRS, Espace Richter - av. <strong>de</strong> la Mer, BP 9606, 34054 Montpellier ce<strong>de</strong>x 1. TEAM-CNRS Maison <strong>de</strong>s<br />

Sciences Economiques, 106-112 bd <strong>de</strong> l’Hôpital, 75647 Paris ce<strong>de</strong>x 13.<br />

** TEAM-CNRS Maison <strong>de</strong>s Sciences Economiques, 106-112 bd <strong>de</strong> l’Hôpital, 75647 Paris ce<strong>de</strong>x 13.<br />

2 En raison d’un niveau <strong>de</strong> développement similaire à celui <strong>de</strong>s membres du cœur historique <strong>de</strong> l’Union européenne, <strong>les</strong><br />

adhésions plus récentes <strong>de</strong> la Suè<strong>de</strong>, <strong>de</strong> la Finlan<strong>de</strong> et <strong>de</strong> l’Autriche apparaissent moins pertinentes pour appréhen<strong>de</strong>r <strong>les</strong><br />

enjeux <strong>de</strong> l’adhésion <strong>de</strong>s PECO.<br />

3 Cel<strong>les</strong>-ci apparaissent déjà bien avancées pour un certain nombre <strong>de</strong> pays candidats.<br />

8


contenu en emplois <strong>de</strong>s échanges, <strong>les</strong> mesures empiriques sont rendues malaisées par la multiplicité et<br />

la variété <strong>de</strong>s canaux par <strong>les</strong>quels transitent <strong>les</strong> effets du commerce sur l’économie nationale.<br />

• Les performances encore médiocres <strong>de</strong>s PECO sur <strong>les</strong> marchés européens s’expliquent par<br />

une relative inadéquation <strong>de</strong> leur offre à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> européenne. En effet, leurs points forts à<br />

l’exportation se situent dans <strong>de</strong>s secteurs où l’Union européenne importe relativement peu.<br />

• L’Union européenne représente le principal concurrent <strong>de</strong> ces pays sur marchés tiers<br />

puisque, en moyenne, plus <strong>de</strong> 61 % <strong>de</strong> la concurrence que subissent <strong>les</strong> PECO proviennent <strong>de</strong>s<br />

entreprises européennes et 7,7 % spécifiquement <strong>de</strong>s entreprises françaises.<br />

• Sur le plan <strong>de</strong>s investissements directs étrangers, la France n’intervient qu’au quatrième<br />

rang <strong>de</strong>s investisseurs européens (hors France) dans <strong>les</strong> principaux pays candidats à l’adhésion<br />

(PECO). Les entreprises françaises sont toutefois particulièrement bien implantées en Roumanie<br />

(46 % du stock total). Les investissements français dans <strong>les</strong> pays candidats ont jusqu’ici privilégié<br />

le secteur <strong>de</strong>s produits manufacturés mais également le secteur <strong>de</strong>s services réclamant une présence<br />

locale du fournisseur. Les investissements dans le secteur manufacturier réalisés dans <strong>les</strong> pays <strong>de</strong><br />

l’ex-Comecon appartiennent majoritairement à <strong>de</strong>s secteurs qui constituent traditionnellement <strong>les</strong><br />

points forts <strong>de</strong> l’industrie française (agroalimentaire, industrie chimique, mécanique, appareils <strong>de</strong><br />

communications, etc.).<br />

Sur le plan <strong>de</strong> l’évolution à moyen-terme du commerce extérieur <strong>de</strong> ces pays <strong>avec</strong> l’Union<br />

européenne, on peut noter, trois principaux points :<br />

• Il <strong>de</strong>meure une marge importante <strong>de</strong> progression <strong>de</strong>s échanges entre l’Union européenne et <strong>les</strong><br />

pays candidats. L’analyse permet en effet d’estimer le niveau d’échanges attendus <strong>avec</strong> <strong>les</strong> PECO<br />

lorsque ceux-ci auront achevé le processus <strong>de</strong> redéploiement <strong>de</strong> leurs échanges commerciaux <strong>de</strong><br />

manière à obéir aux lois économiques régissant <strong>les</strong> autres économies industriel<strong>les</strong>. Un point important<br />

pour distinguer parmi <strong>les</strong> PECO ceux qui emprunteront un scénario à la grecque (rattrapage lent) ou à<br />

la portugaise (rattrapage rapi<strong>de</strong>) rési<strong>de</strong> vraisemblablement dans leurs capacités respectives à attirer <strong>les</strong><br />

investissements directs étrangers (IDE), qui leur permettront d’acquérir <strong>les</strong> savoir-faire nécessaires<br />

pour développer <strong>les</strong> échanges <strong>avec</strong> l’Union européenne.<br />

• L’adhésion <strong>de</strong>s PECO à l’Union européenne va contribuer à supprimer une partie <strong>de</strong>s<br />

barrières non tarifaires qui subsistent aujourd’hui, ce qui leur donnera par la suite un avantage<br />

certain vis-à-vis <strong>de</strong>s autres pays émergents sur le marché européen. C’est notamment le cas <strong>avec</strong> la<br />

suppression <strong>de</strong> l’instrument antidumping qui ne pourra plus être appliqué à l’encontre <strong>de</strong>s PECO.<br />

• Parallèlement, la plus gran<strong>de</strong> stabilité politique et économique induite par l’entrée dans<br />

l’Union européenne continuera à modifier profondément la perception <strong>de</strong> ces pays par <strong>les</strong><br />

investisseurs européens. Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s investissements <strong>de</strong>stinés à fournir <strong>les</strong> marchés locaux, <strong>les</strong> pays<br />

<strong>de</strong> l’ex-bloc <strong>de</strong> l’est vont rapi<strong>de</strong>ment représenter une alternative attrayante pour <strong>les</strong> entreprises<br />

européennes en matière <strong>de</strong> localisation <strong>de</strong>s investissements.<br />

Il est possible <strong>de</strong> déduire <strong>de</strong> ce qui précè<strong>de</strong> au moins <strong>de</strong>ux conséquences à moyen terme :<br />

• Les pays du pourtour méditerranéen et <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l’ex-URSS pourraient rencontrer<br />

certaines difficultés même s’il est peu probable qu’el<strong>les</strong> persistent à long terme. Les PECO<br />

représentent en effet entre 4 % et 8 % <strong>de</strong> la concurrence que subissent <strong>les</strong> exportateurs issus <strong>de</strong>s<br />

pays à la périphérie <strong>de</strong> l’Union européenne. Destinataires traditionnels <strong>de</strong>s investissements <strong>les</strong> plus<br />

mobi<strong>les</strong>, <strong>les</strong> <strong>zones</strong> périphériques vont probablement également ressentir plus fortement l’adhésion<br />

<strong>de</strong>s PECO du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> l’investissement étranger. Il <strong>de</strong>meure que si <strong>les</strong> futurs membres <strong>de</strong><br />

l’Union réussissent à capter une part prépondérante <strong>de</strong>s investissements à l’étranger <strong>de</strong>s entreprises<br />

européennes, cela se traduira par un rythme soutenu <strong>de</strong> croissance qui <strong>de</strong>vrait s’accompagner <strong>de</strong><br />

9


hausses salaria<strong>les</strong> et par là, <strong>de</strong> gains en pouvoir d’achat. De plus, l’expérience <strong>de</strong>s adhésions <strong>de</strong><br />

pays caractérisés par <strong>de</strong>s écarts <strong>de</strong> revenus importants <strong>avec</strong> la moyenne européenne (France, Grèce,<br />

France et France notamment) laisse penser que <strong>les</strong> gains en niveau <strong>de</strong> vie transformeront ces pays<br />

en autant <strong>de</strong> nouveaux marchés <strong>de</strong> consommation et <strong>les</strong> conduira à progresser dans <strong>les</strong> étapes <strong>de</strong> la<br />

spécialisation industrielle, redonnant ainsi <strong>de</strong>s marges <strong>de</strong> manœuvre aux pays à la périphérie <strong>de</strong><br />

l’Europe.<br />

• Par ailleurs, <strong>les</strong> mutations économiques <strong>de</strong>s pays candidats à l’adhésion, qui sont d’ores et<br />

déjà à l’œuvre <strong>de</strong>puis la fin <strong>de</strong>s années quatre-vingts, contribueront au renforcement <strong>de</strong> la région<br />

centre que constitue le noyau historique <strong>de</strong> l’Union européenne. En effet, la mise en place d’un<br />

processus <strong>de</strong> division internationale <strong>de</strong>s tâches <strong>avec</strong> <strong>les</strong> PECO, comme <strong>avec</strong> <strong>les</strong> autres pays à la<br />

périphérie <strong>de</strong> l’UE, se traduira par le maintien au cœur <strong>de</strong> l’Europe <strong>de</strong>s activités <strong>les</strong> plus intensives<br />

en main d’œuvre qualifiée, qui réclament un environnement institutionnel et technologique<br />

performant : activités <strong>de</strong> R&D, <strong>de</strong> marketing, <strong>de</strong> <strong>de</strong>sign, activités liées à la finance, à la gestion et à<br />

la coordination <strong>de</strong>s établissements, activités <strong>de</strong> production <strong>de</strong> biens <strong>de</strong> haut et moyen <strong>de</strong> gamme,<br />

centres <strong>de</strong> décision, etc.<br />

1. Les échanges <strong>de</strong> marchandises <strong>de</strong> la France <strong>avec</strong> <strong>les</strong> PECO : quels enseignements tirer <strong>de</strong>s<br />

adhésions espagnole et portugaise ?<br />

Comme dans le scénario <strong>de</strong> l’adhésion espagnole et portugaise, <strong>les</strong> échanges <strong>avec</strong> <strong>les</strong> PECO<br />

sont largement à l’avantage <strong>de</strong> la France <strong>de</strong>puis l’ouverture <strong>de</strong> ces pays en direction <strong>de</strong> l’Europe.<br />

1.1. En croissance rapi<strong>de</strong>, <strong>les</strong> échanges <strong>avec</strong> <strong>les</strong> PECO se révèlent positifs pour la<br />

France<br />

A l’exception <strong>de</strong> la Bulgarie, mais pour <strong>de</strong>s chiffres nettement plus faib<strong>les</strong>, <strong>les</strong> sol<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s<br />

échanges globaux <strong>de</strong> la France et <strong>de</strong>s principaux pays candidats à l’adhésion sont positifs et croissants<br />

<strong>de</strong>puis le début <strong>de</strong>s années quatre-vingt dix (graphique 1). Le sol<strong>de</strong> <strong>de</strong> nos échanges <strong>de</strong> marchandises<br />

(CAF/FAB hors matériel militaire) s’établissait ainsi à 13,4 milliards <strong>de</strong> Francs en 1999.<br />

Graphique 1. Echanges bilatéraux entre la France et <strong>les</strong> pays d’Europe <strong>de</strong> l’est, en millions<br />

<strong>de</strong> dollars<br />

10


7000<br />

2500<br />

6000<br />

5000<br />

Sol<strong>de</strong> (échelle <strong>de</strong> droite)<br />

Exportations françaises (échelle <strong>de</strong> gauche)<br />

Importations françaises (échelle <strong>de</strong> gauche)<br />

2000<br />

1500<br />

4000<br />

1000<br />

3000<br />

500<br />

2000<br />

0<br />

1000<br />

-500<br />

0<br />

1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998<br />

-1000<br />

Nota : Les pays pris en compte sont l’Albanie, la Bulgarie, la Hongrie, la Pologne, la Roumanie et l’ex-Tchécoslovaquie<br />

(République Tchèque et Slovaquie à partir <strong>de</strong> 1993).<br />

Source : FMI (Direction of Tra<strong>de</strong> Statistics).<br />

1.2. Malgré certaines difficultés sectoriel<strong>les</strong>, l’intégration <strong>de</strong> pays comme l’Espagne et<br />

le Portugal n’a pas eu <strong>les</strong> conséquences néfastes annoncées en matière <strong>de</strong> moins-disant social<br />

En 1986, lors <strong>de</strong> l’adhésion <strong>de</strong> l’Espagne et du Portugal, <strong>de</strong>s craintes importantes se sont<br />

manifestées en raison <strong>de</strong>s écarts salariaux et <strong>de</strong> fiscalité qui existaient <strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> la CEE et<br />

notamment <strong>avec</strong> la France. La balance <strong>de</strong>s échanges, alors en faveur <strong>de</strong> la péninsule ibérique, s’est<br />

<strong>de</strong>puis lors très largement retournée en faveur <strong>de</strong> la France (graphique 2) même si cela s’est inscrit<br />

dans un mouvement général d’amélioration du sol<strong>de</strong> <strong>de</strong>s échanges extérieurs du pays.<br />

Graphique 2. Echanges bilatéraux entre la France et la péninsule ibérique, en millions <strong>de</strong><br />

dollars<br />

35000<br />

9000<br />

30000<br />

25000<br />

Sol<strong>de</strong> (échelle <strong>de</strong> droite)<br />

Exportations françaises (échelle <strong>de</strong> gauche)<br />

Importations françaises (échelle <strong>de</strong> gauche)<br />

7500<br />

6000<br />

20000<br />

4500<br />

15000<br />

3000<br />

10000<br />

1500<br />

5000<br />

0<br />

0<br />

1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998<br />

-1500<br />

Source : FMI (Direction of Tra<strong>de</strong> Statistics)<br />

11


On peut souligner, par ailleurs, que l’Espagne et le Portugal représentaient 8,4 % du PIB <strong>de</strong><br />

la CEE en 1986, soit un poids supérieur aux 3,7 % que représentaient en 1997 <strong>les</strong> neuf pays<br />

candidats <strong>de</strong> l’ex-bloc <strong>de</strong> l’est 4 vis-à-vis <strong>de</strong> l’Union européenne. Il est donc peu probable que<br />

l’intégration <strong>de</strong> ces pays ait plus <strong>de</strong> conséquences au point <strong>de</strong> vue commercial sur <strong>les</strong> pays membres<br />

<strong>de</strong> l’UE que l’adhésion <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> la péninsule ibérique. Ceci est d’autant plus vrai pour la France<br />

que le pays était géographiquement plus directement concerné lors <strong>de</strong>s adhésions espagnole et<br />

portugaise.<br />

2. Le contenu en emplois <strong>de</strong>s échanges <strong>de</strong> la France <strong>avec</strong> <strong>les</strong> PECO est positif en 1999<br />

La métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> la balance en emplois constitue l’un <strong>de</strong>s éléments d’analyse <strong>de</strong>s effets du<br />

commerce sur l’emploi. Elle ne peut cependant permettre <strong>de</strong> décrire le gain ou la perte nette en<br />

emplois du fait <strong>de</strong> l’ouverture au commerce, mais seulement <strong>de</strong> donner une indication sur la « pression<br />

concurrentielle » qui s’exerce sur <strong>les</strong> négociations salaria<strong>les</strong>.<br />

Dans cette section, on s’inspire <strong>de</strong> l’analyse <strong>de</strong> Guimbert et Lévy-Bruhl (2001) fondée sur la<br />

métho<strong>de</strong> du contenu en emplois du commerce extérieur. On reconsidère donc l’analyse <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux<br />

auteurs <strong>de</strong> la « balance en emplois » menée sur l’ensemble <strong>de</strong>s échanges <strong>de</strong> la France en centrant le<br />

calcul sur <strong>les</strong> échanges <strong>avec</strong> <strong>les</strong> PECO. L’analyse conclut à un impact mo<strong>de</strong>ste mais positif <strong>de</strong>s<br />

échanges <strong>de</strong> la France <strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays d’Europe centrale et orientale sur l’emploi : le commerce <strong>avec</strong> ces<br />

pays aurait contribué à créer ou préserver en net <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 17 000 emplois dans l’industrie<br />

française en 1999 5 .<br />

2.1. Limites fondamenta<strong>les</strong> <strong>de</strong> l’analyse du contenu en emplois <strong>de</strong>s échanges<br />

Il est utile <strong>de</strong> rappeler que le contenu en facteurs, et notamment en emplois, <strong>de</strong>s échanges<br />

commerciaux (importations et exportations) ne peut servir à calculer l’effet net du commerce<br />

international sur le niveau <strong>de</strong> l’emploi. En effet, il est faux <strong>de</strong> croire qu’en l’absence d’échanges<br />

internationaux (ou <strong>de</strong> leur diminution), l’économie nationale pourrait atteindre le niveau <strong>de</strong> production<br />

<strong>de</strong> la situation d’équi<strong>libre</strong> autarcique même augmentée <strong>de</strong> la quantité <strong>de</strong> facteurs <strong>de</strong> production<br />

contenu dans <strong>les</strong> échanges internationaux. En effet, <strong>les</strong> économies ne produisent pas <strong>les</strong> mêmes biens<br />

non pas seulement en raison <strong>de</strong> leurs dotations factoriel<strong>les</strong> divergentes mais également en raison <strong>de</strong><br />

savoir-faire et <strong>de</strong> techniques <strong>de</strong> production ou <strong>de</strong> commercialisation différents. L’économie nationale<br />

n’a jamais eu la capacité <strong>de</strong> produire <strong>les</strong> biens qui pourraient lui permettre d’atteindre, en situation<br />

d’autarcie, le même niveau <strong>de</strong> consommation qu’en situation d’échange international.<br />

En effet, le pays serait contraint <strong>de</strong> produire tous <strong>les</strong> biens nécessaires à sa consommation et à<br />

sa production (à condition que cela soit envisageable) y compris ceux pour <strong>les</strong>quels il est le moins<br />

efficace. Parallèlement, la fermeture <strong>de</strong>s débouchés extérieurs (ou la réduction <strong>de</strong> l’ouverture<br />

internationale) contraindrait le pays à réduire la production <strong>de</strong>s biens pour <strong>les</strong>quels il est le plus<br />

efficace, abandonnant par là une part <strong>de</strong>s revenus <strong>de</strong>s facteurs <strong>de</strong> production. Cette perte d’efficacité<br />

<strong>de</strong> la production conduirait le pays à se trouver dans une situation <strong>de</strong> moindre consommation et <strong>de</strong><br />

moindre production que dans le cas <strong>de</strong> la situation initiale d’ouverture.<br />

4 Hongrie, Pologne, Lettonie, Estonie, Lituanie, Bulgarie, Roumanie, République Tchèque et Slovaquie. 6,2 % & <strong>avec</strong> Malte,<br />

Chypre et la Slovénie.<br />

5 Voir l’annexe 1 pour <strong>les</strong> précisions méthodologiques.<br />

12


Ces effets indirects sur l’emploi ne sont en aucune manière pris en compte par la métho<strong>de</strong> du<br />

contenu en emplois <strong>de</strong>s échanges. Pour cette raison, la métho<strong>de</strong> du contenu en emplois <strong>de</strong>s échanges<br />

extérieurs ne peut permettre <strong>de</strong> décrire le gain ou la perte nette en emplois du fait <strong>de</strong> l’ouverture au<br />

commerce. Elle peut simplement donner une indication <strong>de</strong> la « pression concurrentielle » qui s’exerce<br />

à court terme sur le marché <strong>de</strong> l’emploi.<br />

2.2. Balance en emplois <strong>de</strong> la France <strong>avec</strong> <strong>les</strong> PECO<br />

L’analyse globale du tableau 1 montre très clairement que la balance en emplois <strong>de</strong> la France<br />

<strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays d’Europe centrale et orientale est positive sur la pério<strong>de</strong>, même si le sol<strong>de</strong> est faible : un<br />

peu plus <strong>de</strong> 25 000 emplois en 1998, 17 000 en 1999 et 9 000 pour <strong>les</strong> six premiers mois <strong>de</strong> 2000.<br />

Il est à noter que le contenu en emplois <strong>de</strong>s échanges est très sensible aux variations du sol<strong>de</strong><br />

du commerce extérieur. Or, le sol<strong>de</strong> <strong>de</strong> la France <strong>avec</strong> <strong>les</strong> PECO passe <strong>de</strong> 13,5 milliards à 11 milliards<br />

<strong>de</strong> francs entre 1998 et 1999 6 , ce qui explique pour partie l’importante variation <strong>de</strong> la balance en<br />

emplois entre ces <strong>de</strong>ux années. D’autres éléments comme la volatilité <strong>de</strong>s prix <strong>de</strong>s produits agrico<strong>les</strong><br />

et agroalimentaires fortement intensifs en emplois se traduisent par d’importantes variations <strong>de</strong> la<br />

balance d’une année sur l’autre.<br />

Par ailleurs, certains secteurs voient leur sol<strong>de</strong> en emplois s’inverser ou se réduire <strong>de</strong> manière<br />

importante. C’est notamment le cas du secteur « équipement industriel », du « secteur machines <strong>de</strong><br />

bureau » et du secteur « électronique grand public ». Le premier est fortement lié à la conjoncture<br />

alors que <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux autres connaissent la montée en puissance rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> sites <strong>de</strong> production installés<br />

dans <strong>les</strong> PECO, qui viennent concurrencer <strong>les</strong> importations en provenance d’Asie du sud-est.<br />

Il ressort cependant <strong>de</strong> cette analyse du contenu en emplois que <strong>les</strong> échanges <strong>avec</strong> <strong>les</strong> PECO<br />

exercent plutôt une pression à la hausse sur <strong>les</strong> salaires en France ainsi que sur la quantité <strong>de</strong> travail<br />

employée.<br />

La répartition <strong>de</strong>s sol<strong>de</strong>s positifs et négatifs <strong>de</strong> la France <strong>avec</strong> <strong>les</strong> PECO témoigne d’un schéma<br />

traditionnel d’échanges entre pays <strong>de</strong> niveaux <strong>de</strong> développement différents. Les échanges et <strong>les</strong> sol<strong>de</strong>s<br />

en emplois traduisent une spécialisation traditionnelle <strong>de</strong> la France sur certains produits <strong>de</strong><br />

consommation courante à forte valeur ajoutée, <strong>de</strong> contenu technologique relativement élevé<br />

(pharmacie et automobile notamment), et sur certains biens d’équipement alors que <strong>les</strong> PECO<br />

continuent à bénéficier <strong>de</strong> sol<strong>de</strong>s en emplois positifs sur <strong>de</strong>s produits issus <strong>de</strong> la première<br />

transformation <strong>de</strong>s matières premières (chimie minérale, travail <strong>de</strong>s métaux, matériaux <strong>de</strong><br />

construction).<br />

6 Ces sol<strong>de</strong>s sont valab<strong>les</strong> pour <strong>les</strong> échanges pris en compte pour le calcul <strong>de</strong> la balance en emplois.<br />

13


Tableau 1 : Sol<strong>de</strong>s sectoriels du contenu en emplois <strong>de</strong>s importations et <strong>de</strong>s exportations <strong>de</strong> la<br />

France <strong>avec</strong> <strong>les</strong> PECO<br />

1998 1999 2000/6<br />

Agriculture et sylviculture 184 -290 529<br />

Pêche -131 -257 -132<br />

Produits pétroliers raffinés 225 197 -9<br />

Electricité distribuée -17 0 0<br />

Produits sidérurgiques 454 838 1062<br />

Produits divers <strong>de</strong>s industries extractives 89 91 47<br />

Métaux non ferreux -983 -768 -721<br />

Matériaux <strong>de</strong> construction 82 -347 -391<br />

Industrie du verre 957 834 369<br />

Chimie minérale -1082 -850 -601<br />

Chimie organique 1044 1271 851<br />

Parachimie 6020 6587 4025<br />

Pharmacie 3636 3865 2649<br />

Fon<strong>de</strong>rie 591 419 1<br />

Travail <strong>de</strong>s métaux 364 -497 -471<br />

Machines agrico<strong>les</strong> 188 101 131<br />

Machines-outils 281 336 267<br />

Equipement industriel 3835 2849 2222<br />

Matériels <strong>de</strong> manutention 3806 3775 1897<br />

Matériels d'armement -35 -14 10<br />

Machines <strong>de</strong> bureau 826 -371 -1349<br />

Composants et Matériel d'électronique prof. 4757 5362 4727<br />

Matériel électrique 1268 1112 394<br />

Matériel d'électronique grand public -2373 -5142 -3926<br />

Equipement ménager -1123 -1342 -845<br />

Auto, cyc<strong>les</strong> et motocyc<strong>les</strong> 6311 6829 4737<br />

Matériel ferroviaire roulant 41 -104 136<br />

Construction navale 2 -113 -73<br />

Construction aéronautique 370 1412 817<br />

Instrument et matériels <strong>de</strong> précision 1816 1911 694<br />

Agroalimentaire 2561 1025 895<br />

Fils et fibres synthétiques -285 -205 -253<br />

14


Bonneterie -1219 -1149 -485<br />

Textile 3758 4188 3109<br />

Cuirs, artic<strong>les</strong> <strong>de</strong> voyage, chaussures -1739 -1892 -1170<br />

Artic<strong>les</strong> d'habillement -8256 -9359 -6373<br />

Travail du bois -1140 -1672 -1549<br />

Meub<strong>les</strong> -2770 -3730 -2897<br />

Papier, cartons 616 608 192<br />

Presse, imprimerie, édition 333 267 165<br />

Pneus -340 -603 -477<br />

Transformation <strong>de</strong>s matières plastiques 1679 1474 856<br />

Industries diverses 664 425 216<br />

Total 25267 17068 9277<br />

Note : Les chiffres pour 2000 correspon<strong>de</strong>nt aux six premiers mois.<br />

Sources : Données Douanes et Insee ; Calculs <strong>de</strong>s auteurs<br />

Cette architecture traditionnelle <strong>de</strong>s échanges entre un pays développé et <strong>de</strong>s pays en retard <strong>de</strong><br />

développement semble pourtant laisser la place à une architecture moins classique qui traduit une<br />

imbrication beaucoup plus poussée <strong>de</strong>s étapes <strong>de</strong> production <strong>avec</strong> le développement d’échanges intrabranches<br />

organisés verticalement 7 . Les sol<strong>de</strong>s positifs <strong>de</strong> la France se situent en effet aujourd’hui <strong>de</strong><br />

plus en plus sur <strong>les</strong> biens d’équipement professionnels et <strong>les</strong> biens <strong>de</strong> consommation intermédiaire<br />

élaborés et/ou fortement capitalistiques (textile, composants électroniques, appareils <strong>de</strong> manutentions,<br />

instruments et matériels <strong>de</strong> précision, etc.).<br />

Cette architecture nouvelle et <strong>les</strong> sol<strong>de</strong>s en emplois qui en découlent traduisent la mise en<br />

place progressive d’une organisation <strong>de</strong> la production entre un pôle (ici, l’industrie française)<br />

détenteur <strong>de</strong> savoir-faire technologiques, organisationnels ou marketing et une ou plusieurs régions<br />

périphériques, qui se spécialisent à la fois dans <strong>les</strong> toutes premières étapes du processus productif (la<br />

transformation <strong>de</strong> matières premières) et <strong>les</strong> <strong>de</strong>rnières étapes, hautement intensives en main-d’œuvre<br />

peu qualifiée (l’assemblage <strong>de</strong> produits finis, la confection notamment).<br />

Le contenu en emplois <strong>de</strong>s exportations et <strong>de</strong>s importations <strong>de</strong> la France vis-à-vis <strong>de</strong>s PECO<br />

traduit également le fait que ces pays sont encore au début du processus d’intégration. Leur réindustrialisation<br />

récente n’a pas encore produit <strong>de</strong>s gains en pouvoir d’achat suffisants pour que ces<br />

pays représentent <strong>de</strong> véritab<strong>les</strong> marchés <strong>de</strong> consommation <strong>de</strong> masse pour l’industrie française. En<br />

raison <strong>de</strong> la proportion encore faible <strong>de</strong> produits élaborés <strong>de</strong> consommation courante exportés par la<br />

France vers ces pays et en raison <strong>de</strong> sol<strong>de</strong>s agricole et agroalimentaire encore faiblement positifs, le<br />

contenu en emplois <strong>de</strong> nos exportations est moindre que vers le reste du mon<strong>de</strong> (1 969 emplois par<br />

milliard <strong>de</strong> francs d’exportations contre 2 032 en moyenne, tableau 2).<br />

Tableau 2 : Contenu en emplois <strong>de</strong>s échanges <strong>de</strong> la France <strong>avec</strong> <strong>les</strong> PECO en emplois par<br />

milliard <strong>de</strong> francs (1999 pour <strong>les</strong> PECO, 1997 pour le reste du mon<strong>de</strong>)<br />

Exportations Importations<br />

Mon<strong>de</strong> 2032 2073<br />

Pays développés 2036 1990<br />

Pays en développement 2021 2215<br />

Pays émergents 2017 2415<br />

dont PECO 1969 2155<br />

7 Voir notamment Lemoine et Freu<strong>de</strong>nberg (1999).<br />

15


Parallèlement, le contenu en emplois <strong>de</strong>s importations <strong>de</strong> la France en provenance <strong>de</strong>s PECO<br />

est également relativement faible, plus proche du contenu en emplois constaté dans <strong>les</strong> échanges <strong>avec</strong><br />

<strong>les</strong> autres pays développés que celui observé dans <strong>les</strong> échanges <strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays émergents.<br />

3. Potentiels d’échanges <strong>de</strong> marchandises <strong>de</strong> la France <strong>avec</strong> <strong>les</strong> principaux pays candidats à<br />

l’entrée dans l’Union européenne<br />

Cette section présente une évaluation <strong>de</strong>s potentiels <strong>de</strong> croissance <strong>de</strong>s échanges commerciaux<br />

<strong>de</strong>s pays industrialisés <strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays « en rattrapage » candidats à l’Union européenne (UE). Elle<br />

illustre notamment l’importante marge <strong>de</strong> progression <strong>de</strong>s échanges entre l’UE à quinze et <strong>les</strong> pays<br />

candidats. Ceci est plus particulièrement vrai pour <strong>les</strong> exportations <strong>de</strong>s PECO à <strong>de</strong>stination <strong>de</strong> l’UE en<br />

raison <strong>de</strong> leur niveau actuel très en <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> leur potentiel. Toutefois, si l’on se réfère aux<br />

expériences <strong>de</strong>s adhésions grecque et portugaise à la Communauté européenne, le rattrapage ne pourra<br />

s’effectuer que dans ceux <strong>de</strong>s PECO qui réussiront à mieux adapter leurs produits et leurs techniques<br />

<strong>de</strong> vente aux exigences <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> européenne. Un point important pour distinguer parmi ces pays<br />

ceux qui emprunteront un scénario « à la grecque » (rattrapage lent) ou « à la portugaise » (rattrapage<br />

rapi<strong>de</strong>) rési<strong>de</strong> vraisemblablement dans leur capacité respective à attirer <strong>les</strong> investissements directs<br />

étrangers (IDE). En effet, <strong>les</strong> IDE sont un puissant levier sur le plan <strong>de</strong>s transferts <strong>de</strong> technologie et <strong>de</strong><br />

savoir-faire ainsi que sur le plan <strong>de</strong> l’intensification <strong>de</strong>s relations commercia<strong>les</strong> internationa<strong>les</strong> intrafirmes<br />

qu’ils autorisent.<br />

3.1. La notion d’échanges commerciaux potentiels<br />

L’arrivée progressive d’économies émergentes sur <strong>les</strong> marchés mondiaux se traduit par une<br />

forte progression <strong>de</strong>s échanges commerciaux. A cela, <strong>de</strong>ux raisons. D’une part, le rattrapage<br />

économique <strong>de</strong> ces pays leur assure une forte croissance, qui, en stimulant leur offre et leur <strong>de</strong>man<strong>de</strong>,<br />

développe <strong>les</strong> flux d’échanges. D’autre part, à niveau <strong>de</strong> PIB donné, le commerce <strong>de</strong> ces économies<br />

<strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays industrialisés se renforce au fur et à mesure <strong>de</strong> leur insertion dans <strong>les</strong> échanges<br />

internationaux, leurs conditions <strong>de</strong> production et d’échanges <strong>de</strong>venant davantage concurrentiel<strong>les</strong>. La<br />

métho<strong>de</strong> d’évaluation <strong>de</strong>s potentiels d’échanges présentée ici se concentre sur ce <strong>de</strong>uxième point.<br />

L’analyse consiste en premier lieu à estimer <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> <strong>de</strong> gravité inspirés <strong>de</strong> l’approche <strong>de</strong><br />

Bergstrand (1989) : <strong>les</strong> échanges commerciaux dépen<strong>de</strong>nt notamment <strong>de</strong> facteurs comme <strong>les</strong> richesses<br />

relatives <strong>de</strong>s partenaires commerciaux, leur distance géographique (voire <strong>de</strong> l’existence d’une<br />

frontière commune), leur taux <strong>de</strong> change bilatéral et leur appartenance à une union économique 8 . Les<br />

estimations <strong>de</strong> l’impact <strong>de</strong> ces facteurs sont réalisées sur <strong>les</strong> pays industrialisés puis sont appliquées<br />

aux pays candidats.<br />

Les flux bilatéraux entre pays en rattrapage et pays industrialisés sont donc simulés en<br />

supposant que <strong>les</strong> flux commerciaux potentiels <strong>de</strong>s pays en rattrapage évoluent conformément aux<br />

comportements observés dans <strong>les</strong> pays industrialisés. Cette hypothèse forte signifie que <strong>les</strong> échanges<br />

potentiels représentent le niveau <strong>de</strong> commerce attendu lorsque <strong>les</strong> pays en rattrapage auront achevé le<br />

processus <strong>de</strong> redéploiement <strong>de</strong> leurs échanges <strong>de</strong> manière à se conformer aux relations commercia<strong>les</strong><br />

que l’on observe entre <strong>les</strong> économies <strong>de</strong>s pays industrialisés (et non pas lorsqu’ils auront atteint la<br />

richesse <strong>de</strong>s pays industrialisés). On obtient alors une estimation <strong>de</strong>s potentiels <strong>de</strong> croissance <strong>de</strong>s<br />

échanges <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l’Union européenne <strong>avec</strong> <strong>les</strong> principaux pays candidats en mesurant l’écart entre<br />

<strong>les</strong> flux observés et <strong>les</strong> flux potentiels.<br />

8 Cf. annexe 2.<br />

16


Les résultats obtenus vali<strong>de</strong>nt assez largement <strong>les</strong> hypothèses <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> <strong>de</strong> gravité : la<br />

proximité géographique est un <strong>de</strong>s éléments déterminants <strong>de</strong>s échanges commerciaux. Toutefois, il<br />

convient <strong>de</strong> rappeler que <strong>les</strong> facteurs historiques et culturels jouent aussi un rôle non négligeable non<br />

pris en compte ici. Ainsi, <strong>les</strong> échanges <strong>de</strong> l’Autriche ont par exemple très nettement dépassé leur<br />

potentiel <strong>avec</strong> la Hongrie en raison <strong>de</strong>s liens historiques qui lient ces <strong>de</strong>ux pays.<br />

3.2. La France connaît une performance à l’exportation sensiblement meilleure que la<br />

moyenne <strong>de</strong> ses partenaires européens<br />

Les exportations <strong>de</strong> la France à <strong>de</strong>stination <strong>de</strong>s principaux PECO ont déjà dépassé la moitié <strong>de</strong><br />

leur niveau potentiel (cf. tableau 3).<br />

En revanche, <strong>les</strong> exportations <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l’ex-bloc <strong>de</strong> l’est n’atteignent qu’aux environs <strong>de</strong><br />

30 % <strong>de</strong> leur potentiel respectif vers la France. Il existe donc une marge importante <strong>de</strong> progression <strong>de</strong>s<br />

exportations <strong>de</strong>s pays candidats vers l’hexagone.<br />

Tableau 3 : Ecarts <strong>de</strong>s flux commerciaux à leur niveau potentiel entre l’UE et certains pays<br />

candidats en 1997<br />

PECO* Pologne Hongrie Ex-Tchéco. Bulgarie Roumanie<br />

UE15 Exportations 51% 46% 97% 44% 41% 53%<br />

Importations 37% 28% 79% 32% 42% 47%<br />

France Exportations 60% 64% 74% 53% 35% 61%<br />

Importations 32% 29% 52% 23% 32% 43%<br />

Allemagne Exportations 45% 36% 137% 39% 43% 55%<br />

Importations 38% 27% 127% 32% 40% 53%<br />

Autriche Exportations 101% 65% 145% 94% 85% 90%<br />

Importations 70% 37% 101% 70% 39% 52%<br />

Italie Exportations 80% 88% 84% 67% 42% 102%<br />

Importations 52% 37% 59% 41% 61% 97%<br />

Lecture : en 1997, <strong>les</strong> exportations <strong>de</strong> la France vers la Pologne s’inscrivaient à 64 % <strong>de</strong> leur niveau potentiel, soit 36%<br />

en <strong>de</strong>çà <strong>de</strong> ce que suggèreraient <strong>de</strong>s facteurs comme le niveau <strong>de</strong> vie, la distance et la taille <strong>de</strong> la Pologne.<br />

*La zone PECO recouvre ici la Pologne, la Hongrie, <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l’ex-Tchécoslovaquie, la Bulgarie et la Roumanie.<br />

Source : Chelem ; calculs <strong>de</strong>s auteurs.<br />

Parmi <strong>les</strong> autres pays <strong>de</strong> l’UE, l’Autriche et l’Italie font mieux que la France vers <strong>les</strong> PECO<br />

puisque ces pays se situent couramment à un niveau proche ou supérieur à 80 % <strong>de</strong> leur potentiel à<br />

l’exportation. En revanche, l’Allemagne apparaît moins performante que la France, si l’on fait<br />

exception <strong>de</strong>s relations très intenses qu’elle a nouées <strong>avec</strong> la Hongrie.<br />

3.3. Des marges importantes <strong>de</strong> progression <strong>de</strong>s exportations <strong>de</strong>s pays candidats vers<br />

l’Union européenne<br />

La marge <strong>de</strong> progression <strong>de</strong>s échanges entre l’Union européenne et <strong>les</strong> pays candidats reste<br />

importante. Ainsi, <strong>les</strong> exportations européennes à <strong>de</strong>stination <strong>de</strong>s pays candidats ne couvrent qu’aux<br />

environs <strong>de</strong> 50 % leur niveau potentiel. Toutefois, <strong>les</strong> Etats-Unis et le Japon semblent encore plus<br />

éloignés que <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l’UE <strong>de</strong> leurs niveaux potentiels d’échanges <strong>avec</strong> ces pays. Ceci est vrai, tant<br />

en ce qui concerne leurs importations que leurs exportations.<br />

17


A l’importation <strong>de</strong> l’UE en provenance <strong>de</strong>s pays candidats, <strong>les</strong> marges <strong>de</strong> progression sont<br />

encore plus importantes puisque le niveau observé moyen n’est que <strong>de</strong> 35 % du niveau potentiel. De<br />

plus, alors que certains pays <strong>de</strong> l’UE se rapprochent au cours du temps <strong>de</strong> leur niveau potentiel<br />

d’exportations, <strong>les</strong> pays candidats ne connaissent pas <strong>de</strong> progression marquante à <strong>de</strong>stination du<br />

Marché unique.<br />

Parmi <strong>les</strong> pays candidats, la Hongrie occupe une position particulière. Elle atteint presque ses<br />

niveaux potentiels d’échanges <strong>avec</strong> l’Union européenne : près <strong>de</strong> 100 % du niveau <strong>de</strong> ses importations<br />

potentiel<strong>les</strong> et près <strong>de</strong> 80 % <strong>de</strong> ses exportations à <strong>de</strong>stination <strong>de</strong> l’UE. C’est le seul <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong><br />

l’échantillon à atteindre <strong>de</strong> tels niveaux. Cette moindre performance <strong>de</strong>s pays candidats à l’exportation<br />

vers l’UE par rapport à leur niveau d’importations peut dénoter leur mauvaise adaptation à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

européenne ainsi qu’une absence <strong>de</strong> maîtrise <strong>de</strong>s techniques et <strong>de</strong>s réseaux <strong>de</strong> vente. Cela se traduit<br />

par une pénétration sur le marché européen plus faible que ce à quoi leur niveau <strong>de</strong> PIB, la distance<br />

géographique <strong>de</strong> ces pays <strong>avec</strong> l’Union ou leur taille pourraient leur permettre <strong>de</strong> prétendre.<br />

Il est donc probable que, dans un avenir assez proche, <strong>les</strong> importations <strong>de</strong> l’UE en provenance<br />

<strong>de</strong>s pays candidats se renforceront plus rapi<strong>de</strong>ment que <strong>les</strong> exportations <strong>de</strong> l’UE vers ces pays.<br />

Toutefois, ceci ne se vérifiera que si <strong>les</strong> producteurs <strong>de</strong>s PECO arrivent à surmonter leurs handicaps<br />

structurels tenant à une relative inadéquation <strong>de</strong> leurs produits <strong>avec</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> qui s’exprime sur le<br />

marché européen. La Hongrie a toutefois démontré que cette adaptation est possible dans un horizon<br />

<strong>de</strong> temps relativement court, notamment lorsque <strong>les</strong> transferts <strong>de</strong> savoir-faire sont favorisés par <strong>les</strong><br />

investissements directs étrangers. Ceux-ci peuvent faciliter l’acquisition <strong>de</strong>s techniques <strong>de</strong> production,<br />

leur ouvrir <strong>les</strong> réseaux <strong>de</strong> distribution en Europe et leur permettre ainsi <strong>de</strong> mieux s’intégrer dans le<br />

Marché unique, gage <strong>de</strong> leur développement futur.<br />

3.4. L’expérience <strong>de</strong>s adhésions grecque et portugaise semble <strong>de</strong>ssiner <strong>de</strong>ux scénarios<br />

types du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> l’insertion commerciale <strong>de</strong>s pays candidats dans l’Union<br />

européenne<br />

Etant donné <strong>les</strong> relatives similitu<strong>de</strong>s économiques pour <strong>les</strong> plus avancés <strong>de</strong>s PECO <strong>avec</strong> la<br />

Grèce et le Portugal avant l’adhésion (faib<strong>les</strong>se du PIB par tête et du coût du travail notamment),<br />

l’évolution <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> couverture <strong>de</strong>s potentiels d’échanges <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux pays <strong>de</strong>puis leur entrée dans<br />

la Communauté peut permettre <strong>de</strong> tirer quelques enseignements sur <strong>les</strong> perspectives en matière <strong>de</strong><br />

commerce extérieur <strong>de</strong>s pays candidats une fois intégrés dans l’Union européenne. On peut distinguer<br />

<strong>de</strong>ux trajectoires opposées qui correspon<strong>de</strong>nt vraisemblablement à <strong>de</strong>ux scénarios types auxquels<br />

auront à faire face <strong>les</strong> futurs Etats membres (cf. graphiques 3 et 4, et le tableau A3 en annexe 2).<br />

Graphique 3. Exportations observées et théoriques <strong>de</strong> la Grèce vers l’UE (millions <strong>de</strong> dollars)<br />

18


16 000<br />

14 000<br />

12 000<br />

10 000<br />

8 000<br />

6 000<br />

4 000<br />

2 000<br />

Exportations observées<br />

Exportations théoriques<br />

Adhésion<br />

0<br />

1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997<br />

Source : Chelem, calculs <strong>de</strong>s auteurs<br />

Depuis son adhésion en 1981, <strong>les</strong> exportations <strong>de</strong> la Grèce à <strong>de</strong>stination <strong>de</strong> l’Union européenne<br />

ont couvert une part <strong>de</strong> plus en plus faible <strong>de</strong> leur niveau potentiel (<strong>de</strong> 54 % à 39 %). En parallèle,<br />

l’Union européenne a connu également un recul du taux <strong>de</strong> couverture <strong>de</strong>s ses exportations<br />

potentiel<strong>les</strong> vers la Grèce (<strong>de</strong> 115 % à 105 %). Ainsi, même si <strong>les</strong> échanges entre l’Union européenne<br />

et la Grèce ont augmenté <strong>de</strong> manière importante sur la pério<strong>de</strong>, la progression constatée se révèle<br />

inférieure à ce que ce pays pouvait prétendre compte tenu <strong>de</strong> sa distance économique et géographique<br />

<strong>avec</strong> l’UE.<br />

Graphique 4. Exportations observées et théoriques du Portugal vers l’UE (millions <strong>de</strong><br />

dollars)<br />

20 000<br />

18 000<br />

16 000<br />

14 000<br />

12 000<br />

10 000<br />

8 000<br />

6 000<br />

4 000<br />

Adhésion<br />

Exportations observées<br />

Exportations théoriques<br />

2 000<br />

0<br />

1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997<br />

Source : Chelem, calculs <strong>de</strong>s auteurs<br />

Lors <strong>de</strong> son adhésion en 1986, le Portugal disposait <strong>de</strong> niveaux d’échanges <strong>avec</strong> l’UE<br />

inférieurs à leurs potentiels en raison d’une ouverture plus importante vers <strong>de</strong>s <strong>zones</strong> géographiques<br />

extra-européennes. Une décennie après son adhésion, la situation est totalement inversée puisque le<br />

Portugal couvrait en 1997 100 % <strong>de</strong> son potentiel d’exportations <strong>avec</strong> l’UE contre 71 % en 1985, à<br />

19


périmètre <strong>de</strong> l’UE constant (UE à 15) . Du point <strong>de</strong> vue du potentiel d’échanges à l’importation, celuici<br />

était couvert à 141 % en 1997 contre 69 % en 1985. Contrairement à la Grèce, qui a connu<br />

l’évolution inverse, le Portugal a donc réussi à réorienter ses échanges vers l’Union européenne <strong>de</strong><br />

manière à dépasser <strong>les</strong> niveaux d’échanges que <strong>les</strong> distances économique et géographique<br />

permettaient d’attendre.<br />

Cette divergence dans l’évolution du taux <strong>de</strong> couverture <strong>de</strong>s potentiels d’échanges représente<br />

certainement un élément d’explication important <strong>de</strong> l’écart <strong>de</strong>s performances <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux pays sur le plan<br />

<strong>de</strong> l’évolution <strong>de</strong> leur croissance économique : exprimé en parité <strong>de</strong> pouvoir d’achat, le PIB par<br />

habitant a ainsi augmenté <strong>de</strong> 64 % pour le Portugal entre 1985 et 1999 contre +22 % pour la Grèce sur<br />

la même pério<strong>de</strong>. Dès lors, il est probable que la capacité <strong>de</strong>s pays candidats à s’engager dans un<br />

scénario « à la portugaise » plutôt qu’« à la grecque » en ce qui concerne <strong>les</strong> échanges <strong>avec</strong> l’UE<br />

conditionnera une bonne partie <strong>de</strong> leurs performances macroéconomiques.<br />

Symétriquement, l’impact <strong>de</strong> l’adhésion sera également important pour l’UE. Ainsi, <strong>de</strong>puis <strong>les</strong><br />

adhésions <strong>de</strong> la Grèce et du Portugal, <strong>les</strong> Etats-Unis et le Japon voient très nettement reculer le taux <strong>de</strong><br />

couverture <strong>de</strong> leurs niveaux potentiels d’échanges <strong>avec</strong> ces <strong>de</strong>ux pays (cf. tableau A3 en annexe). Cela<br />

illustre <strong>les</strong> gains à attendre <strong>de</strong> l’entrée dans l’Union <strong>de</strong> nouveaux partenaires, en termes <strong>de</strong> parts <strong>de</strong><br />

marché, pour <strong>les</strong> membres actuels <strong>de</strong> l’Union européenne.<br />

4. Position commerciale bilatérale <strong>de</strong>s PECO 9 et <strong>de</strong> l’Union européenne en matière<br />

d’échanges <strong>de</strong> marchandises<br />

Cette section présente une analyse <strong>de</strong>s performances encore relativement médiocres <strong>de</strong>s pays<br />

candidats d’Europe centrale et orientale du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> la pénétration du Marché unique en<br />

matière d’échanges <strong>de</strong> marchandises. En utilisant <strong>les</strong> données d’échanges <strong>de</strong> biens entre <strong>les</strong> PECO et<br />

l’Union européenne, il est possible <strong>de</strong> préciser <strong>les</strong> facteurs à l’origine <strong>de</strong> tel<strong>les</strong> performances. Plusieurs<br />

catégories <strong>de</strong> facteurs 10 sont à prendre en compte : <strong>les</strong> exportateurs <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l’Est pourraient ne pas<br />

avoir la taille requise pour servir le marché européen, leur présence encore limitée sur le marché<br />

européen pourrait être due à la rémanence d’un engagement ancien vers d’autres marchés<br />

d’exportations. Il semble pourtant que le facteur principal <strong>de</strong> leur présence encore timi<strong>de</strong> dans le<br />

Marché unique soit une relative inadéquation <strong>de</strong> la spécialisation <strong>de</strong>s PECO à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> européenne.<br />

A contrario, l’importance <strong>de</strong> la présence commerciale <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l’Union européenne au sein<br />

<strong>de</strong>s PECO traduit le rôle majeur que jouent <strong>les</strong> exportateurs européens comme partenaires<br />

d’échanges : 59 % <strong>de</strong>s importations tota<strong>les</strong> <strong>de</strong>s PECO proviennent <strong>de</strong> l’Union européenne.<br />

4.1. La position commerciale <strong>de</strong>s PECO en Europe témoigne <strong>de</strong>s progrès qui restent à<br />

accomplir<br />

4.1.1. Précisions méthodologiques<br />

Dans ce qui suit, la part <strong>de</strong> marché obtenue par <strong>les</strong> PECO dans l’Union européenne est définie<br />

comme le rapport <strong>de</strong>s exportations <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l’Est à <strong>de</strong>stination <strong>de</strong> l’Union sur le total <strong>de</strong>s<br />

importations européennes. Elle se décompose en un effet « potentiel », facteur structurel qui s’exprime<br />

comme l’adéquation <strong>de</strong>s exportations <strong>de</strong>s PECO <strong>avec</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> européenne d’importations, et un<br />

9 Dans toute cette section, la zone PECO comprend la Bulgarie, la Hongrie, la Pologne, la Roumanie, la République tchèque<br />

et la Slovaquie. Pour <strong>de</strong>s raisons liées à l’agrégation <strong>de</strong> la zone dans le fichier source, l’Albanie est également intégrée à<br />

l’analyse même si elle n’est pas candidate à l’adhésion.<br />

10 On trouvera une présentation <strong>de</strong> la méthodologie employée en annexe 3.<br />

20


effet « <strong>de</strong>gré d’engagement », facteur plus stratégique que l’on définit comme la part <strong>de</strong>s exportations<br />

<strong>de</strong>s PECO <strong>de</strong>stinée à l’Union européenne sur <strong>les</strong> exportations tota<strong>les</strong> <strong>de</strong>s PECO 11 . L’intérêt <strong>de</strong><br />

pénétrer un marché est proportionnel à sa taille. Il faut par conséquent s’intéresser également à la<br />

structure <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> en importations <strong>de</strong> l’Union européenne.<br />

Trois facteurs sont donc importants : <strong>de</strong>ux d’entre eux sont structurels, le potentiel, qui mesure<br />

l’offre <strong>de</strong>s producteurs <strong>de</strong>s PECO, et la structure <strong>de</strong>s importations européennes, qui caractérise la<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>, alors que le <strong>de</strong>gré d’engagement peut plus aisément fluctuer en fonction <strong>de</strong>s choix <strong>de</strong>s<br />

exportateurs, mais aussi <strong>de</strong>s contraintes qui pèsent sur eux.<br />

Cette décomposition permet une première analyse sectorielle <strong>de</strong> la performance <strong>de</strong>s<br />

producteurs <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l’Est dans le Marché unique. Du rapprochement <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux facteurs structurels,<br />

on peut ainsi dégager une analyse <strong>de</strong> l’adéquation entre l’offre <strong>de</strong>s PECO et la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> européenne.<br />

Ce faisant, <strong>de</strong>s opportunités peuvent apparaître dans certains secteurs : l’analyse du <strong>de</strong>gré<br />

d’engagement <strong>de</strong>s PECO dans l’Union européenne permet alors <strong>de</strong> savoir si <strong>les</strong> exportateurs ont<br />

profité <strong>de</strong> ces marges <strong>de</strong> manœuvre.<br />

4.1.2. Relative inadéquation <strong>de</strong>s exportations <strong>de</strong>s PECO à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

européenne<br />

Les exportations <strong>de</strong>s PECO sont <strong>de</strong>stinées à 57 % au marché européen, ce qui représente un<br />

niveau d’engagement hors du commun bien que peu surprenant. En effet, <strong>de</strong>puis la fin du Comecon,<br />

<strong>les</strong> producteurs <strong>de</strong>s PECO se sont massivement tournés vers le Marché unique. En revanche, sans être<br />

négligeable, la part <strong>de</strong> marché <strong>de</strong>s PECO dans <strong>les</strong> importations <strong>de</strong> l’UE <strong>de</strong>meure faible : aux environs<br />

<strong>de</strong> 7,5 % du total <strong>de</strong>s importations <strong>de</strong> marchandises (voir tableau A4 en annexe 3).<br />

Graphique 5 : Les facteurs structurels déterminant la position commerciale<br />

<strong>de</strong>s PECO dans l’Union européenne (1998)<br />

11 Voir l’annexe 3 pour une définition plus complète <strong>de</strong> ces différents concepts.<br />

21


0,7<br />

Verre<br />

Sidérurgie<br />

0,6<br />

Effet potentiel (XsPECO/MsUE)<br />

0,5<br />

Meub<strong>les</strong><br />

Mat. Constr.<br />

0,4<br />

Mat. Transp.<br />

0,3<br />

Ouv. Metall.<br />

Habillement<br />

Métallurgie<br />

Plastique<br />

0,2 Caoutch.Plast.<br />

Mécanique<br />

Cuirs<br />

Chimie base<br />

Elect.<br />

Fils<br />

Ménager Auto. Part.<br />

Electrique<br />

0,0% 1,0% Papier 2,0% 3,0% 4,0% 5,0% Agro-Alim. 6,0% 7,0% 8,0% 9,0% 10,0%<br />

Presse<br />

0,1<br />

Mat.Pr.Min.<br />

Pdts Agri.<br />

Parachimie<br />

Pharmacie<br />

0,0<br />

Mat. Précision<br />

Nav-Aéro-Arm.<br />

Télécom-Info<br />

Divers<br />

Energie<br />

Effet <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'Union européenne (MsUE/MUE)<br />

Source : CEPII (Chelem) - Calculs <strong>de</strong>s auteurs.<br />

Dans certains secteurs, la présence <strong>de</strong>s exportateurs d’Europe centrale apparaît toutefois non<br />

négligeable. C’est le cas pour <strong>les</strong> produits sidérurgiques, le verre, <strong>les</strong> matériaux <strong>de</strong> construction, <strong>les</strong><br />

matériels <strong>de</strong> transport et <strong>les</strong> meub<strong>les</strong> pour <strong>les</strong>quels la part <strong>de</strong> marché <strong>de</strong>s PECO dans <strong>les</strong> importations<br />

<strong>de</strong> l’Union oscille entre 20 et 30 %. Dans le cas <strong>de</strong>s matériels <strong>de</strong> transport, ce sont <strong>les</strong> véhicu<strong>les</strong><br />

utilitaires qui permettent aux PECO d’atteindre un tel score <strong>avec</strong>, pour ce sous-secteur, une part <strong>de</strong><br />

25 % <strong>de</strong>s importations <strong>de</strong> l’Union européenne en provenance <strong>de</strong>s PECO.<br />

Il faut toutefois relativiser ces performances, puisque tous ces secteurs sont <strong>de</strong>s points forts <strong>de</strong><br />

l’Union européenne, dans <strong>les</strong>quels le montant <strong>de</strong>s importations est relativement faible : chacun <strong>de</strong> ces<br />

5 secteurs compte pour au maximum 1,6 % <strong>de</strong>s importations globa<strong>les</strong> <strong>de</strong> l’Union européenne<br />

(troisième colonne du tableau A4).<br />

Il existe donc une relative inadéquation <strong>de</strong>s exportations <strong>de</strong>s PECO <strong>avec</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

européenne. Leurs points forts se situent dans <strong>de</strong>s secteurs où l’Union européenne importe<br />

relativement peu, ce qui se traduit par <strong>de</strong>s potentiels particulièrement faib<strong>les</strong> (graphique 5, voir<br />

également l’annexe 3 pour une ai<strong>de</strong> à la lecture <strong>de</strong>s graphiques).<br />

A l’exception <strong>de</strong> l’habillement et dans une moindre mesure <strong>de</strong>s ouvrages métalliques, <strong>de</strong> la<br />

métallurgie et <strong>de</strong> la mécanique, <strong>les</strong> secteurs sur <strong>les</strong>quels l’Union européenne exprime une forte<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’importations ne témoignent pas d’un potentiel important <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s PECO. C’est le cas<br />

pour <strong>les</strong> matériels <strong>de</strong> télécommunication et l’informatique, le secteur énergétique, <strong>les</strong> matériels<br />

électriques, <strong>les</strong> produits agrico<strong>les</strong> ou encore l’agroalimentaire.<br />

4.1.3. Une position commerciale encore en retrait <strong>de</strong>s PECO en France<br />

En matière d’échanges <strong>de</strong> marchandises, la position commerciale <strong>de</strong>s exportateurs d’Europe<br />

centrale <strong>de</strong>meure particulièrement marginale en France : <strong>les</strong> exportations en provenance <strong>de</strong>s PECO ne<br />

correspon<strong>de</strong>nt qu’à moins <strong>de</strong> 1 % <strong>de</strong>s importations du pays. La France représente 3,9 % du total <strong>de</strong>s<br />

exportations <strong>de</strong>s PECO (graphique 6, voir tableau A5 en annexe).<br />

22


Graphique 6 : Les facteurs structurels déterminant la position commerciale<br />

<strong>de</strong>s PECO en France (1998)<br />

1,4<br />

Meub<strong>les</strong><br />

1,2<br />

Effet potentiel <strong>de</strong>s PECO (XsPECO/MsFrance)<br />

Verre<br />

Mat. Constr.<br />

Plastique Mat.Pr.Min.<br />

Cuirs<br />

1,0<br />

Sidérurgie<br />

0,8<br />

0,6<br />

Métallurgie<br />

Ouv. Metall.<br />

Habillement<br />

Electrique<br />

0,4<br />

Pdts Agri.<br />

Elect. Ménager<br />

Chimie base<br />

Mat. Transp.<br />

Mécanique<br />

0,0% 1,0% 2,0% Fils 3,0% 4,0% 5,0% 6,0% 7,0% 8,0% 9,0% 10,0%<br />

Caoutch.Plast.<br />

Auto. Part.<br />

Agro-Alim.<br />

0,2<br />

Papier<br />

Télécom-Info Energie<br />

Presse<br />

Divers<br />

Mat. Précision<br />

Pharmacie Parachimie Nav-Aéro-Arm.<br />

0,0<br />

Effet <strong>de</strong>man<strong>de</strong> française (MsFrance/MFrance)<br />

Source : CEPII (Chelem) - Calculs <strong>de</strong>s auteurs.<br />

Il faut cependant noter la position particulière <strong>de</strong> l’électroménager puisque <strong>les</strong> exportations <strong>de</strong>s<br />

PECO à <strong>de</strong>stination <strong>de</strong> la France couvrent 14,0 % <strong>de</strong> leurs exportations tota<strong>les</strong> dans ce secteur et leur<br />

permettent d’obtenir une part <strong>de</strong>s importations du pays <strong>de</strong> près <strong>de</strong> 5 % pour ce type <strong>de</strong> biens.<br />

On observe <strong>de</strong>s performances similaires dans <strong>les</strong> secteur <strong>de</strong> la métallurgie, <strong>de</strong> l’habillement et<br />

<strong>de</strong>s meub<strong>les</strong>, pour <strong>les</strong>quels la part <strong>de</strong>s importations en provenance <strong>de</strong>s PECO représente entre 4,2 % et<br />

4,9 % <strong>de</strong>s importations <strong>de</strong> la France dans chacun <strong>de</strong> ces secteurs.<br />

Il reste que la plupart <strong>de</strong>s points forts <strong>de</strong>s PECO en France ne représentent pas <strong>de</strong>s postes<br />

majeurs d’importation puisque chacun d’entre eux ne couvre qu’entre 1,6 % et 2,6 % <strong>de</strong>s importations<br />

tota<strong>les</strong> du pays : <strong>les</strong> meub<strong>les</strong>, la sidérurgie, la métallurgie, le verre, <strong>les</strong> matériaux <strong>de</strong> construction, <strong>les</strong><br />

plastiques et <strong>les</strong> matières premières minéra<strong>les</strong>.<br />

Ainsi, comme dans le cas <strong>de</strong>s échanges <strong>avec</strong> l’Union européenne, une relative inadéquation<br />

<strong>de</strong>s exportations <strong>de</strong>s PECO à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> française peut être observée. En effet, on retrouve une<br />

certaine concentration <strong>de</strong>s exportations <strong>de</strong>s PECO dans <strong>de</strong>s secteurs où la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> française<br />

d’importations est faible (meub<strong>les</strong>, sidérurgie, verre, matériaux <strong>de</strong> construction notamment) et une<br />

présence marginale <strong>de</strong>s exportateurs d’Europe centrale dans <strong>de</strong>s secteurs où la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> française est<br />

importante (énergie, mécanique, agroalimentaire, matériels <strong>de</strong> télécommunication et d’informatique,<br />

automobi<strong>les</strong> particulières).<br />

On peut toutefois noter que le secteur <strong>de</strong>s cuirs est nettement plus présent dans le potentiel <strong>de</strong>s<br />

PECO vis-à-vis <strong>de</strong> la France que dans le cas <strong>de</strong> l’Union européenne. Comme dans le cas <strong>de</strong><br />

l’habillement, l’importance <strong>de</strong> ce secteur dans <strong>les</strong> exportations <strong>de</strong>s PECO à <strong>de</strong>stination <strong>de</strong> la France<br />

témoigne vraisemblablement <strong>de</strong> la mise en place d’une filière <strong>de</strong> production intégrée, puisque ce<br />

secteur représente également un point fort du commerce extérieur <strong>de</strong> la France.<br />

23


4.2. La position commerciale <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l’Union européenne marque l’importance <strong>de</strong><br />

l’Europe comme partenaire commercial <strong>de</strong>s PECO<br />

4.2.1. L’Union européenne partenaire commercial incontournable <strong>de</strong>s PECO<br />

Avec une part <strong>de</strong> marché moyenne <strong>de</strong> 60 %, <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l’Union européenne sont <strong>de</strong>venus <strong>de</strong>s<br />

partenaires incontournab<strong>les</strong> <strong>de</strong>s PECO sur le plan <strong>de</strong> leurs échanges commerciaux. Cette dépendance à<br />

l’égard <strong>de</strong> l’Union n’est pas réciproque puisque <strong>les</strong> PECO ne représentent que 3,5 % du total <strong>de</strong>s<br />

exportations européennes (tableau A6).<br />

Une analyse sectorielle <strong>de</strong>s exportations européennes à <strong>de</strong>stination <strong>de</strong>s PECO permet <strong>de</strong><br />

distinguer au moins trois groupes <strong>de</strong> secteurs (graphique 7).<br />

Un certain nombre <strong>de</strong> secteurs sont caractérisés par un potentiel élevé d’exportation <strong>de</strong> la part<br />

<strong>de</strong> l’Union européenne mais <strong>de</strong>s importations peu importantes <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s PECO. C’est plus<br />

particulièrement le cas du secteur <strong>de</strong> la construction navale et aéronautique et <strong>de</strong> l’armement. C’est<br />

également le cas, mais dans une moindre mesure, <strong>de</strong>s secteurs <strong>de</strong>s matériels <strong>de</strong> précision, <strong>de</strong> la<br />

pharmacie, <strong>de</strong> la parachimie, <strong>de</strong> la chimie <strong>de</strong> base ainsi que du secteur du papier et <strong>de</strong> la presse.<br />

Un certain nombre d’autres secteurs sont caractérisés par une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> relativement forte <strong>de</strong>s<br />

PECO mais un faible potentiel <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> l’Union européenne. Le secteur énergétique, l’habillement<br />

et la métallurgie semblent dans ce cas.<br />

D’autres secteurs cependant témoignent d’une relative adéquation <strong>de</strong> l’offre ouest-européenne<br />

et <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> est-européenne. C’est notamment le cas du secteur automobile, <strong>de</strong> l’agroalimentaire<br />

et <strong>de</strong>s matériels <strong>de</strong> télécommunication.<br />

Graphique 7 : Les facteurs structurels déterminant la position commerciale<br />

<strong>de</strong> l’UE dans <strong>les</strong> PECO (1998)<br />

Effet potentiel d'exportation <strong>de</strong> l'UE<br />

Exportations <strong>de</strong> l'UE dans le secteur / importations <strong>de</strong>s PECO dans le<br />

secteur)<br />

Nav-Aéro-Arm.= 70,0<br />

Mat.Pr.Min.<br />

30,0<br />

25,0<br />

Mat. Précision<br />

Auto. Part.<br />

Divers<br />

Agro-Alim.<br />

Pharmacie<br />

Chimie base<br />

Télécom-Info<br />

Papier<br />

20,0<br />

Presse<br />

Parachimie<br />

Caoutch.Plast.<br />

Verre<br />

Plastique<br />

Mécanique<br />

Mat. Constr.<br />

0,0% 1,0% 2,0% Elect. Ménager 3,0% 4,0% 5,0% Mat. 6,0% Transp. Electrique<br />

7,0% 8,0% 9,0% 10,0%<br />

Meub<strong>les</strong> 15,0<br />

Ouv. Metall.<br />

Pdts Agri.<br />

Sidérurgie<br />

Cuirs<br />

10,0<br />

5,0<br />

Habillement<br />

Métallurgie<br />

Fils<br />

Energie<br />

0,0<br />

Effet <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong>s PECO<br />

(importations dans le secteur / importations tota<strong>les</strong> <strong>de</strong>s PECO)<br />

24


Source : CEPII (Chelem) - Calculs <strong>de</strong>s auteurs.<br />

4.2.2. La position commerciale sectorielle <strong>de</strong> la France dans <strong>les</strong> PECO est proche <strong>de</strong> la<br />

position moyenne <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l’Union européenne<br />

La France dispose d’une position commerciale similaire dans ses grands traits à celle <strong>de</strong><br />

l’Union européenne. Il reste que la part <strong>de</strong> marché <strong>de</strong> la France dans <strong>les</strong> PECO (4,6 %) apparaît<br />

nettement en retrait par rapport à celle détenue par l’Allemagne (24,5 %) et légèrement inférieure à<br />

celle <strong>de</strong> l’Italie (4,9 %). Les PECO ne représentent ainsi que 2 % <strong>de</strong>s exportations tota<strong>les</strong> <strong>de</strong> la France<br />

(voir le tableau A7 ainsi que <strong>les</strong> graphiques A7 et A8 en annexe 3).<br />

Comme dans le cas <strong>de</strong> l’Union européenne, le secteur <strong>de</strong> la construction aéronautique et navale<br />

et <strong>de</strong> l’armement (non représenté sur le graphique 8) révèle un très fort potentiel <strong>de</strong>s exportations<br />

françaises qui ne correspond pas à une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s PECO. Il en est <strong>de</strong> même mais dans une<br />

moindre mesure pour le secteur pharmaceutique, <strong>les</strong> matériels <strong>de</strong> précision, l’industrie du verre<br />

(notamment la céramique), la parachimie et la chimie <strong>de</strong> base.<br />

En revanche, l’agroalimentaire, <strong>les</strong> automobi<strong>les</strong> particulières et dans une moindre mesure <strong>les</strong><br />

matériels <strong>de</strong> télécommunication, <strong>les</strong> produits agrico<strong>les</strong>, le matériel électrique ainsi que le secteur du<br />

caoutchouc témoignent d’une adéquation entre le potentiel d’exportations français et la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> en<br />

provenance <strong>de</strong>s PECO.<br />

Dans le cas <strong>de</strong> l’énergie, <strong>de</strong> la métallurgie, <strong>de</strong> l’habillement et du textile (noté « fils » dans <strong>les</strong><br />

tableaux et sur <strong>les</strong> graphiques), l’offre française apparaît insuffisante au regard <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> en<br />

importations <strong>de</strong>s PECO.<br />

Graphique 8 : Les facteurs structurels déterminant la position commerciale<br />

<strong>de</strong> la France dans <strong>les</strong> PECO (1998)<br />

6,0<br />

5,0<br />

Agro-Alim.<br />

Effet potentiel d'exportation <strong>de</strong> la France (Xs/Ms)<br />

4,0<br />

Verre<br />

Parachimie Auto. Part.<br />

Pharmacie<br />

Mat. Précision<br />

3,0<br />

Chimie base<br />

Pdts Agri.<br />

Divers Télécom-Info<br />

Electrique<br />

Caoutch.Plast.<br />

Presse<br />

Mat. Transp.<br />

Papier<br />

0,0% 1,0% 2,0% Elect. Ménager 3,0% 2,0<br />

4,0% 5,0% 6,0% 7,0% 8,0% 9,0% 10,0%<br />

Sidérurgie<br />

Plastique<br />

Ouv. Metall.<br />

Mécanique<br />

Mat. Constr.<br />

Meub<strong>les</strong><br />

Métallurgie<br />

Habillement<br />

Mat.Pr.Min. Cuirs 1,0<br />

Fils<br />

Energie<br />

0,0<br />

Effet <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong>s PECO (Ms/Mc)<br />

Source : CEPII (Chelem) - Calculs <strong>de</strong>s auteurs<br />

25


5. Intensité <strong>de</strong> la concurrence sectorielle sur marchés tiers entre <strong>les</strong> PECO et <strong>les</strong> pays <strong>de</strong><br />

l’Union européenne<br />

Afin d’évaluer l’intensification <strong>de</strong> la concurrence qui résultera <strong>de</strong> l’entrée <strong>de</strong>s PECO dans<br />

l’Union européenne, il est intéressant d’observer dans quelle mesure <strong>les</strong> exportations <strong>de</strong>s PECO et<br />

cel<strong>les</strong> d’autres pays partenaires se recoupent par pays et par produit. Pour chaque pays tiers et pour<br />

chacun <strong>de</strong>s secteurs <strong>de</strong> la nomenclature CHELEM du CEPII à 72 secteurs, on croise <strong>les</strong> exportations<br />

<strong>de</strong>s PECO et <strong>de</strong> cel<strong>les</strong> <strong>de</strong>s autres régions géographiques i<strong>de</strong>ntifiées afin <strong>de</strong> déterminer un indicateur<br />

d’intensité <strong>de</strong> la concurrence sur marchés tiers 12 .<br />

5.1. Concurrence sur marchés tiers <strong>avec</strong> l’Union européenne<br />

Sans surprise, il ressort <strong>de</strong> l’analyse <strong>de</strong> l’exposition à la concurrence <strong>de</strong>s pays d’Europe<br />

centrale et orientale (PECO 13 ) vis-à-vis <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong> leurs concurrents étrangers (hors zone<br />

PECO) que l’Union européenne représente leur principal concurrent : en moyenne, plus <strong>de</strong> 61 % <strong>de</strong> la<br />

concurrence que subissent <strong>les</strong> PECO sur <strong>les</strong> marchés tiers proviennent <strong>de</strong>s entreprises européennes<br />

(tableau 4). Cela est plus particulièrement vrai dans le secteur « matériels <strong>de</strong> transport » (81,0 %) et<br />

« automobi<strong>les</strong> particulières » (76,0 %).<br />

Dans <strong>les</strong> secteurs <strong>de</strong>s biens intermédiaires, ce sont <strong>les</strong> secteurs <strong>de</strong>s matériaux <strong>de</strong> construction<br />

(80,5 %), du papier (79,0 %) et <strong>de</strong> la parachimie (75,5 %) pour <strong>les</strong>quels la concurrence <strong>avec</strong> l’Union<br />

européenne est la plus vive. La concurrence que livre l’UE aux producteurs <strong>de</strong>s PECO dans ces trois<br />

secteurs ne représente toutefois que 1,3 %, 1,2 % et 0,5 % <strong>de</strong> la concurrence totale que subissent <strong>les</strong><br />

PECO sur <strong>les</strong> marchés tiers, tous secteurs et tous pays concurrents confondus (tableau A8 en annexe<br />

4).<br />

Dans <strong>les</strong> secteurs <strong>de</strong>s biens d’équipement professionnels, <strong>les</strong> secteurs « ouvrages en métal » et<br />

« mécanique » sont <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux secteurs pour <strong>les</strong>quels la concurrence <strong>de</strong> l’Union européenne est la plus<br />

importante sur marché tiers : respectivement 74,6 % et 70,1%.<br />

Il faut toutefois rester pru<strong>de</strong>nt dans l’interprétation <strong>de</strong> ces pourcentages, car l’indicateur<br />

d’intensité <strong>de</strong> la concurrence ne tient pas compte <strong>de</strong>s différences <strong>de</strong> positionnement dans la gamme<br />

<strong>de</strong>s produits. Or, pour un même produit, <strong>les</strong> producteurs <strong>de</strong>s PECO et ceux <strong>de</strong> l’Union européenne ne<br />

sont pas positionnés sur un même <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> qualité ou un même niveau <strong>de</strong> prix. Par ailleurs, la<br />

détermination <strong>de</strong> l’intensité <strong>de</strong> la concurrence est fondée sur la nomenclature Chelem à 72 produits.<br />

Un découpage plus fin <strong>de</strong>s exportations se traduirait par une diminution du coefficient mesurant<br />

l’intensité <strong>de</strong> la concurrence.<br />

Avec 7,7 % <strong>de</strong> la concurrence ressentie par <strong>les</strong> exportateurs d’Europe centrale sur <strong>les</strong> marchés<br />

tiers, la France se place loin <strong>de</strong>rrière l’Allemagne (tableau 4). En effet, l’Allemagne dispose d’un<br />

positionnement sectoriel et géographique beaucoup plus proche <strong>de</strong> celui <strong>de</strong>s PECO 14 et contribue à<br />

14,85 % <strong>de</strong> la concurrence sur marché tiers que ressentent <strong>les</strong> producteurs d’Europe centrale. Les pays<br />

du Benelux et l’Italie disposent également d’un positionnement plus directement en concurrence <strong>avec</strong><br />

<strong>les</strong> PECO que la France puisque ces pays exercent respectivement 9,7 % et 9,15 % <strong>de</strong> la concurrence<br />

ressentie par <strong>les</strong> PECO sur marchés tiers.<br />

12 Voir en annexe 4 pour une définition formalisée <strong>de</strong> l’indicateur d’exposition à la concurrence.<br />

13 Dans l’ensemble <strong>de</strong> cette section, la zone PECO désigne <strong>les</strong> pays suivants : Pologne, Hongrie, République Tchèque,<br />

Slovaquie, Roumanie, Bulgarie.<br />

14 Les réserves méthodologiques formulées précé<strong>de</strong>mment <strong>de</strong>meurent cependant valab<strong>les</strong>.<br />

26


Tableau 4 : Exposition <strong>de</strong>s pays d’Europe centrale et orientale à la concurrence<br />

<strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l’Union européenne en 1998 (en %)<br />

Europe Centrale UE France Allemagne Autriche Italie<br />

Royaume-U Benelux Espagne Grèce Portugal<br />

Reste <strong>de</strong> l'U<br />

Agriculture 50,32 6,70 8,04 2,10 4,40 1,67 15,16 4,32 1,73 0,14 6,06<br />

IAA 63,85 10,85 10,05 2,24 6,47 4,24 16,92 2,97 1,13 0,37 8,59<br />

Energie 38,19 2,55 10,81 1,58 4,55 2,98 9,15 0,49 1,84 0,12 4,13<br />

Biens Intermédiaires 62,94 8,16 16,00 4,37 9,04 5,00 10,38 2,60 0,59 0,48 6,31<br />

Biens d'équipement Pro 61,91 7,78 17,29 5,11 7,79 8,13 6,19 2,15 0,14 0,70 6,65<br />

Biens d'équipement Mén 61,90 8,55 11,74 3,83 11,23 8,89 7,55 4,48 0,22 1,27 4,15<br />

Transports 78,30 11,61 23,24 3,86 7,12 7,55 11,61 8,56 0,05 1,18 3,50<br />

Biens <strong>de</strong> consommation 58,18 5,82 11,63 3,41 13,09 4,30 9,58 2,17 0,85 1,76 5,57<br />

Non ventilés 39,03 9,63 13,84 0,57 2,09 0,58 1,79 0,17 0,37 0,00 9,99<br />

Total 61,25 7,68 14,85 3,90 9,15 5,51 9,72 2,94 0,62 0,90 5,98<br />

Dont : Ouvrage Métallique 74,58 8,82 19,68 6,53 14,13 5,10 9,95 2,81 0,27 0,65 6,65<br />

Mat. Construction 80,46 8,05 11,74 3,95 27,72 3,80 9,15 7,47 3,12 1,64 3,82<br />

Verre 70,30 15,28 16,44 3,83 9,17 4,01 12,33 2,68 0,20 0,65 5,71<br />

Fils 69,48 7,44 21,51 3,36 14,17 5,04 10,17 2,57 0,61 0,93 3,70<br />

Papier 78,95 7,73 17,76 7,70 5,90 4,22 8,48 1,91 0,40 1,08 23,77<br />

Plastique 62,18 6,20 22,54 4,53 5,44 8,69 9,24 2,19 0,03 0,55 2,77<br />

Mécanique 70,07 8,69 18,79 7,62 11,92 8,10 5,92 2,49 0,12 0,17 6,25<br />

Electrique 62,83 7,90 19,65 4,72 6,35 7,24 6,38 2,59 0,17 1,55 6,29<br />

Elect. Ménager 61,90 8,55 11,74 3,83 11,23 8,89 7,55 4,48 0,22 1,27 4,15<br />

Automobile Particul. 75,96 11,18 24,80 1,55 4,47 7,96 12,36 9,94 0,05 1,70 1,94<br />

Matériel Transport 80,69 12,05 21,65 6,23 9,83 7,14 10,84 7,15 0,06 0,65 5,10<br />

Pharmacie 67,33 11,16 15,04 3,18 5,59 9,80 11,23 1,76 0,10 0,13 9,34<br />

Parachimie 75,51 12,03 22,73 2,77 6,04 9,37 13,59 1,74 0,42 0,27 6,55<br />

Presse 74,39 7,58 15,07 7,52 8,78 13,09 10,26 2,48 0,41 0,14 9,07<br />

Meub<strong>les</strong> 74,31 6,02 12,93 5,93 20,64 2,73 8,00 2,98 0,32 1,58 13,19<br />

Caoutchouc 77,83 10,40 20,78 4,45 9,12 5,88 18,52 3,37 0,31 0,37 4,63<br />

Source : Chelem ; calculs <strong>de</strong>s auteurs.<br />

Lecture : <strong>les</strong> exportations <strong>de</strong> biens intermédiaires <strong>de</strong>s pays d’Europe centrale sont concurrencées à 8,16 % sur marché tiers par<br />

<strong>les</strong> exportations <strong>de</strong> biens intermédiaires <strong>de</strong> la France. Les totaux en ligne font 100 %.<br />

L’Autriche apparaît moins directement concurrente. Ceci peut s’expliquer par l’importance <strong>de</strong>s<br />

flux d’échanges bilatéraux qui ne sont pas pris en compte par l’indicateur d’intensité <strong>de</strong> la concurrence<br />

tel qu’il est calculé ici.<br />

5.2. Intensité <strong>de</strong> la concurrence <strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays n’appartenant pas à l’Union européenne<br />

Certains pays sont directement en concurrence <strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays d’Europe centrale pour servir<br />

l’Union européenne qui représente le principal débouché dans la zone. Les PECO profitent d’ores et<br />

déjà <strong>de</strong> droits zéro à l’entrée <strong>de</strong> l’Union européenne. L’existence d’<strong>accords</strong> <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange <strong>avec</strong> <strong>les</strong><br />

pays <strong>de</strong> l’Association européenne <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange (AELE), l’Afrique du Sud et le Mexique ainsi que<br />

l’existence d’<strong>accords</strong> préférentiels <strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique) ou <strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays<br />

appartenant au programme EUROMED, placent ces pays dans une position similaire à celle que<br />

détiennent aujourd’hui <strong>les</strong> PECO en matière <strong>de</strong> droits <strong>de</strong> douane à l’entrée du Marché unique. Ce n’est<br />

27


pas le cas pour <strong>les</strong> pays d’Asie et certains pays importants d’Amérique latine (Brésil et Argentine<br />

notamment) qui souffrent d’ores et déjà d’un handicap <strong>de</strong> ce point <strong>de</strong> vue.<br />

L’adhésion <strong>de</strong>s PECO à l’Union européenne va par ailleurs contribuer à supprimer une partie<br />

<strong>de</strong>s barrières non tarifaires que ces pays subissent aujourd’hui et qui leur donnera par la suite un<br />

avantage certain vis-à-vis <strong>de</strong>s autres pays émergents. La suppression <strong>de</strong>s procédures antidumping, qui<br />

ne peuvent être mises en œuvre à l’encontre <strong>de</strong>s Etats membres <strong>de</strong> l’UE, représente très certainement<br />

l’un <strong>de</strong>s principaux avantages dont vont bénéficier <strong>les</strong> PECO. En effet, ces procédures sont très<br />

majoritairement utilisées à l’encontre <strong>de</strong>s pays émergents et dans <strong>de</strong>s secteurs où <strong>les</strong> PECO sont très<br />

présents (graphique 9 et tableau 5).<br />

Graphique 9. Répartition <strong>de</strong>s mesures antidumping instaurées par l’UE (1988-1997)<br />

(nombre <strong>de</strong> cas par zone géographique)<br />

70<br />

60<br />

NPI d'asie<br />

50<br />

40<br />

PECO<br />

ASEAN<br />

Chine<br />

30<br />

20<br />

10<br />

0<br />

URSS et pays <strong>de</strong> l'ex-URSS<br />

Autres pays d'Europe<br />

Autres pays d'Asie<br />

Amérique du Nord<br />

Amérique Latine<br />

Afrique<br />

Source : Rapports annuels <strong>de</strong> la Commission au Parlement Européen.<br />

Tableau 5 : Nombre d’enquêtes antidumping ouvertes par secteur industriel<br />

Secteurs 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 Total en %<br />

Textile 0 9 14 0 0 1 17 4 10 8 63 18,8<br />

Chimie 13 6 8 4 10 5 3 4 0 8 61 18,2<br />

Electronique 4 4 1 5 13 7 3 7 0 14 58 17,3<br />

Sidérurgie 4 2 9 6 3 0 7 2 9 4 46 13,7<br />

Métaux non ferreux 10 2 3 0 5 5 3 5 1 1 35 10,4<br />

Mécanique 6 3 6 4 0 2 4 3 0 14 29 8,6<br />

Bois et papier 2 0 0 1 0 0 0 1 0 7 11 3,3<br />

Autres 1 1 2 0 8 1 6 7 5 3 33 9,8<br />

TOTAL 40 27 43 20 39 21 43 33 25 45 336 100<br />

Source : Rapports annuels <strong>de</strong> la Commission au Parlement Européen.<br />

Les pays <strong>de</strong> l’ex-bloc <strong>de</strong> l’Est ont totalisé ainsi près <strong>de</strong> 25 % <strong>de</strong>s affaires antidumping<br />

engagées par l’Union européenne entre 1988 et 1997 15 . Pour sa part, l’Asie a été la cible <strong>de</strong> plus <strong>de</strong><br />

60 % <strong>de</strong>s enquêtes antidumping, soit <strong>de</strong>ux fois plus que sa part dans <strong>les</strong> importations tota<strong>les</strong> <strong>de</strong> l’UE.<br />

15 Voir Aussilloux et Mourre (2001).<br />

28


Les continents américain et africain <strong>avec</strong> moins <strong>de</strong> 10 % <strong>de</strong>s droits imposés au total sont <strong>de</strong>meurés peu<br />

présents, bien qu’ils aient contribué à 30 % <strong>de</strong>s importations <strong>de</strong> l’Union sur la pério<strong>de</strong>. Il semble donc<br />

qu’en matière antidumping, l’avantage concurrentiel dont bénéficieront <strong>les</strong> PECO se fera<br />

essentiellement au détriment <strong>de</strong>s pays émergents d’Asie.<br />

Ce sentiment peut être renforcé lorsqu’on observe <strong>les</strong> indicateurs d’intensité <strong>de</strong> la concurrence<br />

(tableau 6). Après l’Union européenne qui représente 61,25 % <strong>de</strong> la concurrence ressentie par <strong>les</strong><br />

producteurs d’Europe centrale sur marché tiers, la concurrence la plus vive s’observe <strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays<br />

d’Asie hors Moyen Orient (8,6 %). Les pays méditerranéens ne comptent pour leur part que pour<br />

moins <strong>de</strong> 1,5 % <strong>de</strong> la concurrence ressentie par <strong>les</strong> PECO sur marchés tiers.<br />

Tableau 6 : Exposition <strong>de</strong>s PECO à la concurrence en 1998 (en %)<br />

Europe Centrale<br />

UE<br />

TurqEx-YougoslavRive sud<br />

Orient<br />

LatAsie<br />

AELE et URSS<br />

<strong>de</strong> la Méditerra Moyen Amérique du Amérique Orient<br />

hors<br />

Reste du<br />

Mon<br />

Agriculture 50,32 2,76 9,44 1,45 1,00 6,69 10,39 7,41 10,54<br />

IAA 63,85 4,68 4,45 0,88 0,16 6,62 8,34 6,48 4,55<br />

Energie 38,19 1,79 17,06 1,50 2,98 11,29 8,26 4,79 14,13<br />

Biens Intermédiaires 62,94 5,36 9,95 1,06 0,79 5,78 3,04 4,54 6,55<br />

Biens d'équipement Pro 61,91 5,24 1,85 0,69 0,11 10,04 1,54 10,01 8,61<br />

Biens d'équipement Ménager 61,90 2,29 1,44 0,31 0,04 1,44 0,41 24,63 7,53<br />

Transports 78,30 1,46 1,15 0,02 0,04 4,02 1,33 5,35 8,34<br />

Biens <strong>de</strong> consommation 58,18 6,41 4,88 2,84 0,48 3,09 1,48 13,11 9,54<br />

Total 61,25 4,93 6,01 1,35 0,53 6,14 2,86 8,64 8,29<br />

dont : Energie 38,19 1,79 17,06 1,50 2,98 11,29 8,26 4,79 14,13<br />

Mat. premières, Min. 32,03 3,69 19,19 3,39 2,73 10,34 14,46 2,50 11,67<br />

Sidérurgie 56,35 3,43 18,01 0,28 0,42 2,30 4,34 5,40 9,47<br />

Métallurgie 55,00 7,10 18,48 0,60 0,73 5,36 4,56 1,77 6,39<br />

Chimie base 56,72 5,60 10,03 2,83 2,41 10,19 2,10 2,87 7,26<br />

Electrique 62,83 5,85 2,00 1,05 0,08 6,51 1,77 11,52 8,39<br />

Télécom-Info 46,55 1,17 0,42 0,76 0,06 11,98 1,61 25,76 11,68<br />

Nav-Aéro-Arm. 38,12 5,31 7,20 0,11 0,57 26,52 2,98 12,32 6,87<br />

Mat. Précision 53,46 7,45 0,89 0,74 0,26 17,24 0,91 7,56 11,50<br />

Elect. Ménager 61,90 2,29 1,44 0,31 0,04 1,44 0,41 24,63 7,53<br />

Pharmacie 67,33 11,34 2,82 0,65 0,07 9,45 1,03 2,95 4,36<br />

Parachimie 75,51 7,07 0,92 0,91 0,07 7,40 0,96 3,12 4,04<br />

Habillement 43,76 9,89 6,52 5,86 0,78 1,07 1,30 17,96 12,87<br />

Cuirs 50,43 2,80 4,42 1,65 0,46 1,58 3,97 18,70 16,01<br />

Source : Chelem ; calculs <strong>de</strong>s auteurs ; Rive sud <strong>de</strong> la Méditerranée : Maroc, Algérie, Tunisie, Egypte, Israël.<br />

Lecture : <strong>les</strong> exportations <strong>de</strong> biens intermédiaires <strong>de</strong>s pays d’Europe centrale sont concurrencées à 62,9 % sur marché tiers par <strong>les</strong><br />

exportations <strong>de</strong> biens intermédiaires <strong>de</strong> l’Union européenne. Les totaux en ligne font 100 %.<br />

Il reste que <strong>les</strong> PECO ne totalisent à l’heure actuelle qu’aux environs <strong>de</strong> 2 % <strong>de</strong> la concurrence<br />

ressentie sur marché tiers par <strong>les</strong> producteurs asiatiques (tableau 7) : 2,5 % dans le cas <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> la<br />

péninsule indochinoise, 1,9 % pour l’In<strong>de</strong> et pour la Chine, aux environs <strong>de</strong> 1 % pour la Corée et le<br />

Japon, non présents dans le tableau 7.<br />

Dans <strong>les</strong> secteurs « matériels <strong>de</strong> télécommunications et informatique », « biens d’équipement<br />

ménager », « habillement », « cuirs », la concurrence asiatique représente entre 17 et 25 % <strong>de</strong> la<br />

concurrence ressentie par <strong>les</strong> producteurs <strong>de</strong>s PECO sur <strong>les</strong> marchés tiers (tableau 6). Dans ces<br />

secteurs, <strong>les</strong> PECO peuvent par conséquent conquérir certaines parts <strong>de</strong> marché au détriment <strong>de</strong>s pays<br />

29


émergents d’Asie en raison <strong>de</strong> la suppression <strong>de</strong> certaines barrières non tarifaires et du différentiel <strong>de</strong><br />

droits <strong>de</strong> douane qui subsistera. Ce n’est toutefois que dans l’industrie du verre, l’habillement, <strong>les</strong><br />

meub<strong>les</strong> ou <strong>les</strong> cuirs que <strong>les</strong> PECO représentent plus <strong>de</strong> 3 % <strong>de</strong> la concurrence actuellement ressentie<br />

par <strong>les</strong> producteurs asiatiques sur <strong>les</strong> marchés tiers.<br />

Tableau 7 : Exposition <strong>de</strong>s pays partenaires à la concurrence <strong>de</strong>s PECO en 1998 (en %)<br />

Ex-Yougo Maroc Russie Tunisie Turquie Chine In<strong>de</strong> Indochine<br />

Agriculture 6,04 1,74 4,68 2,97 2,56 1,22 1,55 0,95<br />

IAA 3,53 1,06 4,38 0,70 2,43 0,74 0,55 0,71<br />

Energie 14,21 0,49 1,87 0,29 6,17 2,16 0,22 0,26<br />

Biens Intermédiaires 7,45 3,01 6,49 3,72 4,84 1,90 1,47 1,48<br />

Biens d'équipement Pro 7,29 1,46 3,86 5,97 5,75 1,32 1,35 0,70<br />

Biens d'équipement Mén 4,78 2,27 3,93 5,10 3,73 1,58 0,66 0,51<br />

Transports 4,74 0,79 3,86 2,31 4,61 0,71 1,07 1,21<br />

Biens <strong>de</strong> consommation 10,25 7,11 7,99 10,48 9,21 2,54 2,74 4,55<br />

Non ventilés 3,28 1,12 3,95 2,32 0,39 0,49 0,79 0,49<br />

Total 7,91 3,95 4,83 6,94 6,07 1,90 1,86 2,48<br />

Mat.Pr.Min. 8,08 3,06 6,26 5,22 4,55 1,31 1,01 0,92<br />

Sidérurgie 6,57 2,82 8,14 5,51 4,20 3,41 2,23 3,12<br />

Métallurgie 7,63 2,60 5,83 3,13 4,74 1,73 1,23 0,99<br />

Ouvrages Métalliques 8,57 2,11 5,25 1,84 7,25 2,02 1,69 1,68<br />

Mat. Constr. 8,59 4,28 10,25 2,93 7,66 2,11 2,66 2,98<br />

Verre 7,89 2,30 8,36 3,12 11,50 3,97 4,10 4,29<br />

Chimie base 10,71 3,35 6,48 4,24 6,63 1,90 1,82 1,27<br />

Plastique 7,32 0,75 7,17 2,42 2,36 1,32 3,49 0,72<br />

Electrique 10,48 1,61 4,50 7,89 9,36 2,19 2,09 0,81<br />

Elect. Ménager 4,78 2,27 3,93 5,10 3,73 1,58 0,66 0,51<br />

Mat. Transp. 7,66 0,75 3,32 2,48 4,84 0,85 0,70 0,58<br />

Habillement 16,25 7,79 14,61 11,43 10,74 4,32 4,68 5,93<br />

Cuirs 9,95 5,36 10,08 8,45 7,96 2,51 4,77 3,75<br />

Meub<strong>les</strong> 13,59 4,09 13,45 4,15 15,51 2,98 4,33 3,97<br />

Source : Chelem ; calculs <strong>de</strong>s auteurs ; Indochine : Cambodge + Vietnam + Laos.<br />

Pour sa part, la concurrence que <strong>les</strong> pays d’Amérique latine livrent aux PECO se concentre dans<br />

<strong>les</strong> secteurs <strong>de</strong>s industries agrico<strong>les</strong> et agroalimentaires, <strong>avec</strong> respectivement 10 % et 8 % <strong>de</strong> la<br />

concurrence ressentie par <strong>les</strong> producteurs d’Europe centrale. Dans ces <strong>de</strong>ux secteurs, il est probable<br />

que <strong>les</strong> PECO peuvent renforcer leurs parts <strong>de</strong> marché au détriment <strong>de</strong>s pays d’Amérique latine. Il<br />

reste que la concurrence <strong>de</strong>s PECO dans ces <strong>de</strong>ux secteurs représentent moins <strong>de</strong> 0,5 % <strong>de</strong> la<br />

concurrence tous produits confondus subie par <strong>les</strong> producteurs latino-américains sur marchés tiers.<br />

Les producteurs <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l’ex-Yougoslavie et <strong>de</strong> l’ex-URSS vont en revanche <strong>de</strong>voir faire<br />

face à une concurrence plus intense pour servir le marché européen. Dans <strong>les</strong> secteurs <strong>de</strong><br />

l’habillement, <strong>de</strong> la chimie <strong>de</strong> base, <strong>les</strong> cuirs, <strong>les</strong> matériaux <strong>de</strong> construction, mais également la<br />

sidérurgie, la métallurgie, <strong>les</strong> matières premières minéra<strong>les</strong>, l’industrie plastique et l’industrie <strong>de</strong>s<br />

matériels électriques, <strong>les</strong> PECO représentent <strong>de</strong>s niveaux <strong>de</strong> concurrence non négligeab<strong>les</strong> pour <strong>les</strong><br />

producteurs <strong>de</strong> l’ex-Yougoslavie et <strong>de</strong> la Russie (entre 5 % et 15 % pour chacun <strong>de</strong> ces secteurs ;<br />

tableau 6). En retour, dans <strong>les</strong> secteurs « énergie », « matières premières minéra<strong>les</strong> », « sidérurgie » et<br />

« métallurgie », <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l’ex-Yougoslavie et <strong>de</strong> l’ex-URSS représentent entre 17 % et 19 % <strong>de</strong> la<br />

concurrence subie par <strong>les</strong> producteurs d’Europe centrale sur <strong>les</strong> marchés tiers. L’avantage dont vont<br />

30


énéficier <strong>les</strong> PECO une fois dans l’UE pourra leur permettre <strong>de</strong> prendre <strong>de</strong>s parts <strong>de</strong> marché au<br />

détriment <strong>de</strong>s pays voisins non membres.<br />

L’Amérique du Nord et <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l’AELE peuvent également perdre quelques parts <strong>de</strong> marché<br />

au profit <strong>de</strong>s PECO. Toutefois, ces pertes <strong>de</strong> parts <strong>de</strong> marché seront vraisemblablement limitées en<br />

raison <strong>de</strong> l’intensité <strong>de</strong>s relations commercia<strong>les</strong> nouées <strong>de</strong> longue date <strong>avec</strong> l’UE et en raison <strong>de</strong><br />

positionnements en termes <strong>de</strong> prix et <strong>de</strong> qualité encore très divergents.<br />

6. Engagement tardif mais en rattrapage <strong>de</strong>s entreprises françaises dans <strong>les</strong> pays candidats<br />

A la fin <strong>de</strong> 1997, la France n’intervenait qu’au quatrième rang <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l’Union européenne<br />

hors Italie au titre <strong>de</strong>s investissements directs étrangers (IDE) entrants dans <strong>les</strong> pays candidats à<br />

l’adhésion (tableau 8).<br />

Avec 10,3 % du stock total (8,5 % pour <strong>les</strong> pays candidats hors Turquie), la France se situait<br />

encore loin <strong>de</strong>rrière l’Allemagne (35,7 %) et elle était <strong>de</strong>vancée par <strong>les</strong> Pays-Bas 16 (13,2 %) ainsi que<br />

l’Autriche (11,0 %). Les entreprises françaises sont toutefois particulièrement bien implantées en<br />

Roumanie (45,6 %) puisque la France occupait en 1997 le rang <strong>de</strong> premier investisseur européen dans<br />

ces <strong>de</strong>ux pays.<br />

Dans <strong>les</strong> premiers temps <strong>de</strong> la transition, <strong>les</strong> entreprises françaises ont été relativement moins<br />

réactives en matière d’investissements directs en direction <strong>de</strong>s PECO que certaines <strong>de</strong> leurs concurrentes<br />

européennes. Cela s’explique principalement par <strong>de</strong>s liens historiques et géographiques différents.<br />

Tableau 8. Stocks d’investissements directs <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l’Union européenne dans <strong>les</strong> pays<br />

candidats au 31 décembre 1997 (en millions d’écus)<br />

Union europé Allemagne Pays-Bas Autriche France<br />

Royaume-UniAutres Etats m<br />

Pays candidats 30 871 11034 4066 3385 3181 2070 7135<br />

35,7% 13,2% 11,0% 10,3% 6,7% 23,1%<br />

Turquie 3489 768 452 1 849 372 1047<br />

22,0% 13,0% 0,0% 24,3% 10,7% 30,0%<br />

Pays d'Europe <strong>de</strong> l'est (total) 27382 10266 3614 3384 2332 1698 6088<br />

37,5% 13,2% 12,4% 8,5% 6,2% 22,2%<br />

dont : Hongrie 8120 3117 915 1349 627 - -<br />

38,4% 11,3% 16,6% 7,7% - -<br />

Pays <strong>de</strong> l'ex-Tchécos. 10249 4328 1382 1693 749 420 1677<br />

42,0% 12,8% 17,8% 6,9% 3,8% 16,8%<br />

Pologne 7165 2798 1216 309 552 351 1940<br />

39,1% 17,0% 4,3% 7,7% 4,9% 27,1%<br />

Pays Baltes 966 77 28 9 3 33 816<br />

8,0% 2,9% 0,9% 0,3% 3,4% -<br />

Slovénie 809 205 39 317 104 46 98<br />

25,3% 4,8% 39,2% 12,9% 5,7% 12,1%<br />

Roumanie 748 155 21 42 341 39 150<br />

20,7% 2,8% 5,6% 45,6% 5,2% 20,1%<br />

Bulgarie 347 33 55 18 0 15 225<br />

16 L’importance <strong>de</strong>s flux d’IDE hollandais s’explique par l’importance <strong>de</strong>s holdings <strong>de</strong> groupes européens localisés dans ce<br />

pays et qui endossent un certain nombre d’opérations d’investissement à l’étranger alors même que le centre <strong>de</strong> décision du<br />

groupe appartient à un autre pays <strong>de</strong> l’Union européenne.<br />

31


Note : <strong>les</strong> données Eurostat ne sont pas disponib<strong>les</strong> pour l’Italie<br />

Source : Eurostat<br />

9,5% 15,9% 5,2% 0,0% 4,3% 64,8%<br />

Les investissements français dans <strong>les</strong> pays candidats ont privilégié le secteur <strong>de</strong>s produits<br />

manufacturés (graphique 10) mais également le secteur <strong>de</strong>s services. Dans ce <strong>de</strong>rnier secteur,<br />

l’importance <strong>de</strong> l’intermédiation financière ne doit pas occulter l’importance <strong>de</strong> certains<br />

investissements dans <strong>les</strong> secteurs réclamant une présence locale : réseaux d’eau et d’électricité en<br />

Hongrie ; secteur du commerce, <strong>de</strong>s transports et <strong>de</strong> la communication en Pologne (graphique 11).<br />

Graphique 10. Stock global d’investissements directs français (secteur manufacturier)<br />

par secteur dans <strong>les</strong> pays candidats à l’adhésion au 31 décembre 1997<br />

Autres industries<br />

manufacturières<br />

30,64%<br />

Agrico<strong>les</strong> et<br />

alimentaires<br />

14,20%<br />

Textile et habillement<br />

3,30%<br />

Bois édition et<br />

imprimerie<br />

0,22%<br />

Autres matériels <strong>de</strong><br />

transport<br />

0,11%<br />

Raffinage pétrole et<br />

autres<br />

0,12%<br />

Véhicu<strong>les</strong><br />

automobi<strong>les</strong><br />

9,54%<br />

Radio TV<br />

communications<br />

3,64%<br />

Matériel bureau et<br />

informatique<br />

0,00%<br />

Industries<br />

mécaniques<br />

2,31%<br />

Métallurgie et travail<br />

<strong>de</strong>s métaux<br />

6,53%<br />

Industrie chimique<br />

6,22%<br />

Caoutchouc et<br />

plastiques<br />

23,19%<br />

Source : Banque <strong>de</strong> France<br />

Les investissements réalisés dans <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l’ex-Comecon (graphique 12) appartiennent<br />

majoritairement à <strong>de</strong>s secteurs qui constituent traditionnellement <strong>les</strong> points forts <strong>de</strong> l’industrie<br />

française : agro-alimentaire, industrie chimique, caoutchouc et plastiques, mécanique, appareils <strong>de</strong><br />

communications, etc.<br />

32


Graphique 11. Stocks d’investissements directs français par secteur dans <strong>les</strong> pays candidats<br />

à l’adhésion au 31 décembre 1997 (en millions <strong>de</strong> francs)<br />

3500<br />

3000<br />

2500<br />

2000<br />

1500<br />

1000<br />

500<br />

0<br />

Industries manufacturières<br />

Electricité, gaz et eau<br />

commerce, réparations<br />

Hôtels et restaurants<br />

Transports et communications<br />

Intermédiation financière<br />

Immobilier, services entreprises<br />

Autres services<br />

Turquie<br />

ex-Tchécoslovaquie<br />

Pologne<br />

Roumanie<br />

Hongrie<br />

Pays Baltes<br />

Albanie<br />

Source : Banque <strong>de</strong> France<br />

Graphiques 12 : Stocks d’investissements directs français dans l’industrie manufacturière<br />

dans <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l’ex-bloc <strong>de</strong> l’est au 31 janvier 1997<br />

Pays <strong>de</strong> l'ex bloc <strong>de</strong> l'Est (hors Turquie)<br />

Radio TV<br />

communications<br />

5,83%<br />

Véhicu<strong>les</strong><br />

automobi<strong>les</strong><br />

2,38%<br />

Autres industries<br />

manufacturières<br />

7,48%<br />

Agrico<strong>les</strong> et<br />

alim entaires<br />

22,03%<br />

Industries<br />

mécaniques<br />

3,59%<br />

Textile et habillem ent<br />

5,26%<br />

M étallurgie et travail<br />

<strong>de</strong>s métaux<br />

7,32%<br />

Caoutchouc et<br />

plastiques<br />

37,28%<br />

Industrie chimique<br />

8,84%<br />

Source : Banque <strong>de</strong> France<br />

Note : la catégorie « autres industries manufacturières » <strong>de</strong>s données fournies par la Banque <strong>de</strong> France comprend <strong>les</strong> secteurs 19<br />

(Industries du cuir et <strong>de</strong> la chaussure), 26 ( autres produits minéraux), 31 (fabrication <strong>de</strong> machines), 33 (fabrication d’optique et<br />

horlogerie), 36 (fabrication <strong>de</strong> meub<strong>les</strong>), 37 (récupération <strong>de</strong> matières métalliques ou non métalliques recyclab<strong>les</strong>) <strong>de</strong> la<br />

Nomenclature <strong>de</strong>s Activités Françaises.<br />

Les implantations d’entreprises françaises dans <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l’ex-bloc <strong>de</strong> l’Est semblent encore<br />

ne répondre que timi<strong>de</strong>ment au schéma classique <strong>de</strong> la « division internationale <strong>de</strong>s processus<br />

33


productif » (DIPP). Réalisés dans <strong>de</strong>s secteurs forts <strong>de</strong> l’économie française et notamment dans <strong>les</strong><br />

secteurs <strong>de</strong>s services qui exigent une implantation locale, <strong>les</strong> investissements français dans ces pays<br />

semblent plutôt dépendre d’une volonté <strong>de</strong> servir durablement une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> locale grandissante.<br />

Il est cependant probable que la suppression inéluctable <strong>de</strong> tous <strong>les</strong> droits <strong>de</strong> douane et <strong>de</strong><br />

certains instruments non tarifaires (l’antidumping notamment) ainsi que la plus gran<strong>de</strong> stabilité<br />

politique et économique induite par l’entrée dans l’Union européenne vont profondément renforcer la<br />

perception modifiée <strong>de</strong> ces pays par <strong>les</strong> investisseurs français. Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s investissements <strong>de</strong>stinés à<br />

fournir <strong>les</strong> marchés locaux, <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l’ex-bloc <strong>de</strong> l’Est vont également rapi<strong>de</strong>ment représenter une<br />

alternative attrayante pour <strong>les</strong> entreprises françaises en matière <strong>de</strong> localisation <strong>de</strong>s investissements <strong>les</strong><br />

plus mobi<strong>les</strong>.<br />

A moyen terme, <strong>les</strong> nouveaux pays membres sont <strong>les</strong> mieux placés pour <strong>de</strong>venir un maillon<br />

important <strong>de</strong> la DIPP en partenariat <strong>avec</strong> <strong>les</strong> entreprises d’Europe occi<strong>de</strong>ntale. Cela se traduira par une<br />

concurrence renforcée <strong>de</strong> ce point <strong>de</strong> vue <strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays qui resteront à la périphérie <strong>de</strong> l’Union<br />

européenne et qui ne bénéficieront pas, <strong>de</strong> ce fait, d’un régime commercial aussi favorable. Il reste que<br />

le mouvement <strong>de</strong> division internationale <strong>de</strong>s tâches est déjà largement engagé, il est donc peu probable<br />

que l’élargissement contribue outre mesure à accentuer le phénomène. En effet, plusieurs pays à la<br />

périphérie <strong>de</strong> l’Union européenne (le Maroc, la Tunisie ainsi que <strong>les</strong> pays candidats) bénéficient<br />

d’ores et déjà d’<strong>accords</strong> <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange <strong>avec</strong> l’Union européenne. C’est donc plutôt une<br />

réorientation géographique <strong>de</strong>s investissements sortants qui risque <strong>de</strong> se produire <strong>avec</strong> la montée en<br />

puissance <strong>de</strong>s pays d’Europe <strong>de</strong> l’Est comme site d’attraction <strong>de</strong>s investissements européens.<br />

Conclusion<br />

Les échanges <strong>de</strong>s pays d’Europe centrale et orientale <strong>avec</strong> la France et plus largement <strong>avec</strong><br />

l’ensemble <strong>de</strong> l’Union européenne se traduisent à l’heure actuelle par un net déséqui<strong>libre</strong> en notre<br />

faveur. Pour <strong>les</strong> seuls échanges <strong>de</strong> marchandises, l’excé<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la France en 1999 représentait 13,5<br />

milliards <strong>de</strong> francs <strong>avec</strong> ces pays, ce qui se traduit par un sol<strong>de</strong> positif du contenu en emplois <strong>de</strong>s<br />

échanges <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 17 000 emplois. Le potentiel <strong>de</strong> croissance <strong>de</strong>s échanges <strong>avec</strong> <strong>les</strong> PECO<br />

<strong>de</strong>meure important, leurs médiocres performances actuel<strong>les</strong> sur <strong>les</strong> marchés européens s’expliquant<br />

notamment par une relative inadéquation <strong>de</strong> leur offre à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> européenne.<br />

A moyen terme, la suppression <strong>de</strong> certaines barrières non tarifaires ainsi que la plus gran<strong>de</strong><br />

stabilité économique et politique offerte par l’entrée dans l’Union européenne contribueront à<br />

renforcer le caractère attractif <strong>de</strong>s PECO du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong>s investissements <strong>les</strong> plus mobi<strong>les</strong>. Plus<br />

que la remise en cause <strong>de</strong> l’attractivité du territoire européen, ce sont très certainement <strong>les</strong> pays à la<br />

périphérie <strong>de</strong> l’Europe qui auront à ressentir le plus fortement la concurrence <strong>de</strong>s PECO sur ce plan.<br />

En conclusion, on peut remarquer que <strong>les</strong> PECO qui réussiront à attirer <strong>les</strong> IDE bénéficieront<br />

d’une croissance rapi<strong>de</strong> et <strong>de</strong> gains en pouvoir d’achat. Ils se transformeront alors en autant <strong>de</strong><br />

nouveaux marchés <strong>de</strong> consommation et progresseront dans <strong>les</strong> étapes <strong>de</strong> la spécialisation industrielle,<br />

ce qui redonnera ainsi <strong>de</strong>s marges <strong>de</strong> manœuvre aux pays à la périphérie <strong>de</strong> l’Europe. S’il était<br />

enclenché, ce cercle vertueux se traduirait par un renforcement <strong>de</strong> la compétitivité et <strong>de</strong> l’attractivité<br />

<strong>de</strong> l’Union européenne dans son ensemble.<br />

34


ANNEXE 1 : Métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> calcul du contenu en emplois <strong>de</strong>s échanges<br />

Pour le calcul du contenu en emplois <strong>de</strong>s échanges, <strong>les</strong> pays composant la zone « pays<br />

d’Europe centrale et orientale » sont <strong>les</strong> suivants : Estonie, Lettonie, Lituanie, Pologne, République<br />

tchèque, Slovaquie, Hongrie, Roumanie, Bulgarie et la Slovénie. Pour <strong>de</strong>s raisons d’agrégation <strong>de</strong>s<br />

données dans le fichier source, l’Albanie, la Bosnie-Herzégovine, la Croatie, la République fédérale<br />

<strong>de</strong> Yougoslavie, l’Ancienne république yougoslave <strong>de</strong> Macédoine sont intégrées à la zone bien que<br />

ces pays ne soient pas candidats à l’adhésion. En revanche, la Turquie, Malte et Chypre ne sont pas<br />

inclus dans le calcul <strong>de</strong> la balance en emplois.<br />

Pour le détail <strong>de</strong> la métho<strong>de</strong>, le lecteur est renvoyé à l’article <strong>de</strong> Guimbert et Lévy-Bruhl (2002).<br />

Nous utilisons <strong>les</strong> coefficients sectoriels d’emplois par milliard <strong>de</strong> francs calculés par Guimbert et<br />

Lévy-Bruhl sur <strong>de</strong>s données en valeur <strong>de</strong> la Comptabilité Nationale <strong>de</strong> l’Insee en NAP 90 17 . Cette<br />

nomenclature est légèrement modifiée par Guimbert et Lévy-Bruhl pour ne retenir que 60 postes. Ce<br />

contenu en emplois <strong>de</strong> la production est appareillé par secteur <strong>avec</strong> <strong>les</strong> données d’importations et<br />

d’exportations réunies par <strong>les</strong> Douanes (en CAF-FAB, <strong>les</strong> DOM étant intégrés au territoire national).<br />

Cel<strong>les</strong>-ci sont disponib<strong>les</strong> en NES 114, ce qui oblige à une correspondance <strong>avec</strong> la NAP 90 modifiée<br />

et à un aménagement <strong>de</strong>s coefficients <strong>de</strong> contenus en emplois.<br />

17 Au moment <strong>de</strong> la rédaction <strong>de</strong> ce travail, seuls <strong>les</strong> comptes en base 1980 étaient disponib<strong>les</strong>.<br />

35


ANNEXE 2 : Métho<strong>de</strong> d’estimation <strong>de</strong>s potentiels d’échanges entre l’Union européenne et <strong>les</strong><br />

principaux pays candidats.<br />

L’estimation utilisant <strong>de</strong>s données <strong>de</strong> panels rend compte ici <strong>de</strong>s flux commerciaux bilatéraux<br />

entre <strong>les</strong> 21 principaux pays industrialisés sur une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> dix-huit années (<strong>de</strong> 1980 à 1997).<br />

Les équations estimées sont inspirées <strong>de</strong> modè<strong>les</strong> <strong>de</strong> gravité à la Bergstrand. Ceux-ci reposent<br />

sur la logique selon laquelle une moindre distance entre <strong>de</strong>ux pays conduit à une plus gran<strong>de</strong> intensité<br />

<strong>de</strong> leurs échanges commerciaux bilatéraux. Les variab<strong>les</strong> expliquées sont la valeur <strong>de</strong>s exportations<br />

bilatéra<strong>les</strong> du pays i vers le pays j (Xij) et la valeur <strong>de</strong>s importations bilatéra<strong>les</strong> du pays i en<br />

provenance du pays j (Mij), exprimées en logarithmes <strong>de</strong> dollars courants et estimées selon <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux<br />

équations suivantes.<br />

X ij = 0,80Y j – 0,11∆T ij – 0,47∆E ij – 0,77DG ij + 0,80FC + 0,19UE + 12,50 + e i + e t<br />

(t-stu<strong>de</strong>nt) (141) (-3,8) (-7,7) (-86) (20) (6) (145)<br />

M ij = 0,83Y j + 0,15∆T ij – 0,08∆E ij – 0,90DG ij + 0,67FC + 13,84 + e i + e t<br />

(t-stu<strong>de</strong>nt) (129) (4,5) (-12) (-98) (15) (156)<br />

Avec :<br />

• Y j : part du PIB en ppa du pays j rapporté au PIB total <strong>de</strong>s 21 pays ;<br />

• ∆T ij : différence <strong>de</strong> taille entre <strong>les</strong> pays i et j estimée par la métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> Balassa et Bauwens ;<br />

• ∆E ij : distance économique entre <strong>les</strong> pays i et j, approchée par la différence <strong>de</strong> leur PIB par tête ;<br />

• DG ij : distance géographique entre <strong>les</strong> pays i et j (<strong>de</strong> capitale à capitale) ;<br />

• FC : indicatrice <strong>de</strong> l’existence d’une frontière commune entre <strong>les</strong> pays i et j ;<br />

• UE : indicatrice <strong>de</strong> l’appartenance <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux pays i et j à l’UE.<br />

Toutes <strong>les</strong> variab<strong>les</strong> explicatives, hormis <strong>les</strong> variab<strong>les</strong> muettes et la différence <strong>de</strong> taille, sont<br />

exprimées en logarithmes. Le modèle introduit également <strong>de</strong>s « effets fixes » sur la dimension<br />

individuelle et sur la dimension temporelle : une variable indicatrice spécifique est intégrée dans<br />

l’équation pour chacun <strong>de</strong>s pays industrialisés (e i ) et pour chacune <strong>de</strong>s années <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong><br />

d’estimation (e t ). Une fois <strong>les</strong> équations estimées <strong>de</strong> manière à décrire <strong>les</strong> relations commercia<strong>les</strong><br />

bilatéra<strong>les</strong> entre pays industrialisées, le modèle permet <strong>de</strong> calculer <strong>les</strong> échanges théoriques <strong>de</strong>s pays<br />

industrialisés (pays i) <strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays candidats (pays j) en donnant aux variab<strong>les</strong> explicatives reliées au<br />

pays j <strong>les</strong> valeurs correspondant à ces pays.<br />

36


Tableau A3 : Potentiels d’échanges <strong>avec</strong> certains pays candidats (flux observés en milliards <strong>de</strong> dollars courants)<br />

Turquie Pologne Hongrie Ex-Tchécoslovaquie Bulgarie Roumanie Portugal Grèce<br />

1996 1997 1996 1997 1996 1997 1996 1997 1996 1997 1996 1997 1985 1997 1980 1997<br />

UE15 Exportations Observées 23,0 25,1 25,0 27,5 12,5 14,5 22,6 23,1 2,1 2,1 5,6 5,7 3826,4 26949,3 5823,8 17033,1<br />

En % <strong>de</strong> leur potentiel 64% 67% 43% 46% 85% 97% 43% 44% 39% 41% 48% 53% 71% 141% 115% 105%<br />

Importations Observées 11,5 12,3 14,9 15,4 10,8 12,2 15,9 16,9 2,1 2,2 4,4 4,9 3930,5 18155,4 2546,6 5299,5<br />

En % <strong>de</strong> leur potentiel 34% 35% 28% 28% 71% 79% 30% 32% 36% 42% 39% 47% 69% 100% 54% 39%<br />

France Exportations Observées 2,8 3,0 2,1 2,3 0,7 0,9 1,6 1,6 0,2 0,2 0,5 0,6 632,2 3782,1 824,6 2337,8<br />

En % <strong>de</strong> leur potentiel 79% 83% 59% 64% 59% 74% 54% 53% 33% 35% 50% 61% 101% 170% 165% 146%<br />

Importations Observées 1,1 1,2 1,2 1,2 0,6 0,8 0,7 0,9 0,2 0,2 0,5 0,5 725,1 3041,9 371,4 460,1<br />

En % <strong>de</strong> leur potentiel 30% 32% 31% 29% 43% 52% 20% 23% 26% 32% 39% 43% 101% 132% 68% 29%<br />

Allemagne Exportations Observées 7,5 7,8 10,9 11,9 5,5 6,7 11,6 12,2 0,7 0,6 1,9 1,8 918,9 5207,1 2117,1 3503,7<br />

En % <strong>de</strong> leur potentiel 71% 71% 34% 36% 114% 137% 37% 39% 44% 43% 54% 55% 85% 135% 153% 78%<br />

Importations Observées 5,3 5,4 7,8 8,0 5,0 6,0 9,4 10,0 0,5 0,5 1,4 1,5 818,0 4524,2 979,2 1627,2<br />

En % <strong>de</strong> leur potentiel 64% 63% 28% 27% 108% 127% 30% 32% 36% 40% 46% 53% 96% 161% 87% 49%<br />

Autriche Exportations Observées 0,6 0,6 0,9 0,9 2,3 2,3 2,4 2,4 0,1 0,1 0,3 0,3 46,6 239,0 126,2 287,2<br />

En % <strong>de</strong> leur potentiel 63% 60% 66% 65% 144% 145% 93% 94% 77% 85% 82% 90% 56% 81% 91% 65%<br />

Importations Observées 0,3 0,3 0,5 0,5 1,7 1,7 1,9 1,8 0,1 0,1 0,2 0,2 74,7 362,5 35,1 141,3<br />

En % <strong>de</strong> leur potentiel 36% 35% 40% 37% 107% 101% 73% 70% 38% 39% 50% 52% 112% 169% 29% 41%<br />

Italie Exportations Observées 4,6 4,7 3,4 3,7 1,5 1,7 2,4 2,2 0,4 0,4 1,7 1,7 421,9 2975,6 969,6 4459,5<br />

En % <strong>de</strong> leur potentiel 84% 83% 84% 88% 78% 84% 75% 67% 39% 42% 92% 102% 72% 143% 99% 144%<br />

Importations Observées 1,4 1,4 1,3 1,4 1,2 1,2 1,3 1,4 0,5 0,6 1,3 1,6 245,0 919,4 461,7 1265,6<br />

En % <strong>de</strong> leur potentiel 30% 28% 33% 37% 57% 59% 39% 41,41% 48% 61% 75% 97% 45% 53% 48% 46%<br />

Pays-Bas Exportations Observées 1,2 1,4 1,3 1,4 0,4 0,5 0,8 0,9 0,1 0,1 0,2 0,2 294,7 1398,2 489,2 1571,2<br />

En % <strong>de</strong> leur potentiel 54% 58% 47% 50% 51% 55% 35% 38% 27% 32% 22% 27% 86% 115% 150% 152%<br />

Importations Observées 0,7 0,8 0,9 1,0 0,4 0,5 0,5 0,5 0,1 0,1 0,2 0,2 335,2 1026,6 250,5 251,0<br />

En % <strong>de</strong> leur potentiel 39% 39% 37% 40% 53% 58% 21% 23% 28% 33% 32% 39% 114% 110% 92% 32%<br />

UEBL Exportations Observées 1,2 1,3 1,1 1,3 0,4 0,7 0,8 0,8 0,1 0,1 0,2 0,2 157,0 1155,6 1007,9 943,8<br />

En % <strong>de</strong> leur potentiel 72% 78% 60% 71% 71% 103% 46% 47% 28% 34% 34% 38% 60% 126% 134% 125%<br />

Importations Observées 0,4 0,5 0,5 0,5 0,4 0,4 0,5 0,5 0,1 0,1 0,1 0,1 208,9 873,3 197,0 163,1<br />

En % <strong>de</strong> leur potentiel 28% 32% 28% 27% 63% 67% 28% 32% 23% 35% 24% 31% 91% 119% 34% 28%


Espagne Exportations Observées 0,9 1,2 0,6 0,6 0,2 0,3 0,5 0,5 0,0 0,0 0,1 0,1 530,7 8516,0 99,4 956,9<br />

En % <strong>de</strong> leur potentiel 75% 99% 68% 68% 73% 75% 68% 71% 19% 21% 32% 36% 53% 239% 52% 166%<br />

Importations Observées 0,4 0,4 0,3 0,3 0,3 0,3 0,2 0,2 0,1 0,1 0,1 0,1 223,4 3351,6 29,4 358,0<br />

En % <strong>de</strong> leur potentiel 26% 28% 23% 23% 66% 67% 24% 24% 63% 70% 27% 29% 14% 68% 11% 51%<br />

Royaume-Uni Exportations Observées 2,6 3,0 2,1 2,2 0,5 0,7 1,3 1,4 0,1 0,1 0,3 0,3 601,4 2596,4 1945,0 1723,4<br />

En % <strong>de</strong> leur potentiel 50% 56% 40% 41% 31% 41% 31% 33% 19% 19% 21% 24% 65% 79% 86% 76%<br />

Importations Observées 1,3 1,6 0,9 1,0 0,6 0,7 0,6 0,8 0,2 0,1 0,3 0,3 828,8 2816,6 689,5 666,9<br />

En % <strong>de</strong> leur potentiel 25% 30% 15% 16% 30% 36% 13% 17% 21% 19% 15% 20% 78% 84% 31% 30%<br />

Etats-Unis Exportations Observées 2,7 3,5 1,0 1,2 0,3 0,5 0,5 0,6 0,1 0,1 0,3 0,3 666,6 864,2 593,5 859,7<br />

En % <strong>de</strong> leur potentiel 36% 44% 17% 21% 18% 26% 13% 19% 15% 12% 13% 13% 54% 23% 61% 31%<br />

Importations Observées 1,6 2,1 0,6 0,6 0,6 1,0 0,6 0,7 0,1 0,2 0,2 0,4 504,0 1099,2 276,4 453,4<br />

En % <strong>de</strong> leur potentiel 23% 29% 11% 12% 38% 60% 17% 22% 14% 21% 13% 22% 43% 29% 31% 18%<br />

Japon Exportations Observées 1,2 1,7 0,2 0,3 0,4 0,5 0,2 0,3 0,0 0,0 0,0 0,1 192,2 714,3 924,3 711,1<br />

En % <strong>de</strong> leur potentiel 21% 29% 7% 8% 35% 43% 10% 13% 3% 5% 4% 9% 36% 43% 142% 40%<br />

Importations Observées 0,2 0,2 0,1 0,1 0,1 0,2 0,1 0,1 0,0 0,0 0,0 0,0 44,0 153,8 24,9 80,7<br />

En % <strong>de</strong> leur potentiel 7% 6% 5% 5% 25% 45% 13% 12% 10% 14% 7% 8% 17% 19% 8% 9%<br />

Source : Chelem ; calculs <strong>de</strong>s auteurs.<br />

38


ANNEXE 3 : Position commerciale réciproque <strong>de</strong> l’Union européenne et <strong>de</strong>s PECO<br />

Déterminants et perspectives <strong>de</strong> la présence d’un pays i dans un pays j :<br />

Une métho<strong>de</strong> d’analyse 18<br />

On définit :<br />

M<br />

j<br />

s<br />

M<br />

j<br />

= importations tota<strong>les</strong> <strong>de</strong> biens du pays j<br />

= importations du pays j en produit s<br />

X i<br />

= exportations tota<strong>les</strong> <strong>de</strong> biens du pays i<br />

X i<br />

s<br />

= exportations du pays i en produit s<br />

X<br />

i → j<br />

= exportations tota<strong>les</strong> <strong>de</strong> biens du pays i vers le pays j<br />

X →<br />

= exportations <strong>de</strong> produit s du pays i vers le pays j,<br />

s<br />

i<br />

j<br />

<strong>avec</strong> s = 1,..., S le nombre <strong>de</strong> produits échangeab<strong>les</strong> (en pratique <strong>les</strong> 72 postes <strong>de</strong> la nomenclature<br />

CHELEM du CEPII), et i = respectivement la zone PECO, la zone Union européenne, la France,<br />

l’Allemagne et l’Italie.<br />

On définit <strong>les</strong> notions suivantes :<br />

M<br />

M<br />

s<br />

j<br />

j<br />

=<br />

part du produit s dans <strong>les</strong> importations du pays j<br />

X<br />

i → j<br />

M<br />

j<br />

s<br />

X<br />

i → j<br />

s<br />

M<br />

j<br />

= part <strong>de</strong> marché globale du pays exportateur i sur le marché <strong>de</strong>s importations du pays j<br />

= part <strong>de</strong> marché du pays exportateur i sur le marché <strong>de</strong>s importations du pays j en produit s<br />

X<br />

X<br />

X<br />

s<br />

i<br />

i<br />

i→<br />

j<br />

X<br />

i<br />

= part <strong>de</strong>s exportations <strong>de</strong> produit s dans le total <strong>de</strong>s exportations du pays i<br />

= part <strong>de</strong>s exportations du pays i <strong>de</strong>stinées au marché du pays j<br />

X<br />

s<br />

i→<br />

j<br />

X<br />

s<br />

i<br />

=<br />

part <strong>de</strong>s exportations <strong>de</strong> produit s en provenance du pays i <strong>de</strong>stinées au marché du pays j<br />

X<br />

M<br />

s<br />

i<br />

s<br />

j<br />

= rapport <strong>de</strong>s exportations <strong>de</strong> produit s du pays i aux importations <strong>de</strong> produit s du pays j<br />

- La structure par produit <strong>de</strong>s importations du pays cible i<br />

structure sectorielle <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’importations du pays j.<br />

⎛ M<br />

⎜<br />

⎝<br />

M<br />

s<br />

j<br />

j<br />

⎞<br />

⎟<br />

⎠<br />

s=1,...,<br />

S<br />

exprime (notamment) la<br />

18 Cette métho<strong>de</strong> d’analyse a été développée par <strong>les</strong> membres du Bureau B1 <strong>de</strong> la Direction <strong>de</strong> la Prévision et notamment S.<br />

Guimbert, H. Erkel-Rousse et G. Le Breton.


- La structure par produit <strong>de</strong>s exportations du pays i<br />

spécialisation <strong>de</strong>s exportations du pays i.<br />

⎛ X<br />

⎜<br />

⎝ X<br />

s<br />

i<br />

i<br />

⎞<br />

⎟<br />

⎠<br />

s=1,...,<br />

S<br />

est un indicateur <strong>de</strong><br />

⎛<br />

s<br />

⎞<br />

- Le rapport ⎜<br />

X<br />

i ⎟ est un indicateur du potentiel du pays i à satisfaire la <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

s<br />

⎝ M<br />

j ⎠<br />

d’importations du pays cible j en produits s. Ce potentiel est fonction à la fois <strong>de</strong>s tail<strong>les</strong> respectives du<br />

pays i et du pays j, du <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> spécialisation du pays i en produit s et <strong>de</strong> la structure <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

d’importations du pays j :<br />

s<br />

s<br />

X ⎛<br />

i<br />

X ⎞ ⎛<br />

i<br />

X ⎞ ⎛ M ⎞<br />

i<br />

j<br />

= ⎜ ⎟ ⎜ ⎟<br />

s<br />

s<br />

M<br />

⎜<br />

j<br />

X<br />

⎟<br />

i<br />

M<br />

j<br />

M<br />

j<br />

{ 123 ⎝ ⎠<br />

123 ⎝ ⎠ 12 ⎝ 3⎠<br />

effet<br />

" potentiel "<br />

e ffet<br />

" specialisa tion "<br />

effet<br />

" taille "<br />

effet<br />

" structure <strong>de</strong> la<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> "<br />

s<br />

⎛ X ⎛ ⎞<br />

i→<br />

j ⎞ X<br />

i→<br />

j<br />

Les rapports ⎜ ⎟<br />

⎜<br />

⎟et<br />

indiquent un <strong>de</strong>gré d’engagement du pays i en tant que<br />

s<br />

⎝ X<br />

i ⎠ ⎝ X<br />

i ⎠<br />

fournisseur du pays j (globalement et en produit s).<br />

On a <strong>les</strong> relations suivantes entre ces diverses notions :<br />

( E1)<br />

X<br />

i→<br />

j<br />

M<br />

j<br />

S<br />

=∑<br />

s=<br />

1<br />

s<br />

⎛ X<br />

i<br />

⎜<br />

⎝ M<br />

→ j<br />

s<br />

j<br />

⎞ ⎛ M<br />

⎟ ⎜<br />

⎠ ⎝<br />

M<br />

s<br />

j<br />

j<br />

⎞<br />

⎟<br />

⎠<br />

(E1) exprime que la part <strong>de</strong> marché globale du pays i sur le marché j résulte <strong>de</strong> la plus ou moins<br />

forte capacité du pays i à être très présent (part <strong>de</strong> marché sectorielle forte) sur <strong>les</strong> produits <strong>les</strong> plus<br />

<strong>de</strong>mandés par le pays j.<br />

( E2)<br />

X<br />

i→<br />

j<br />

X<br />

i<br />

=<br />

S<br />

∑<br />

s=<br />

1<br />

⎛ X<br />

⎜<br />

⎝ X<br />

s<br />

i→<br />

j<br />

s<br />

i<br />

⎞⎛<br />

⎟<br />

X<br />

⎜<br />

⎠⎝<br />

X<br />

s<br />

i<br />

i<br />

⎞<br />

⎟<br />

⎠<br />

(E2) exprime que l’engagement global du pays i sur le marché j résulte <strong>de</strong> son engagement sur<br />

chaque secteur du marché j et <strong>de</strong> son type <strong>de</strong> spécialisation sectorielle.<br />

( E 3)<br />

X<br />

M<br />

s<br />

i→<br />

j<br />

s<br />

j<br />

s<br />

⎛ X<br />

i<br />

= ⎜<br />

⎝ X<br />

→ j<br />

s<br />

i<br />

⎞⎛<br />

⎟⎜<br />

X<br />

⎠⎝<br />

M<br />

s<br />

i<br />

s<br />

j<br />

⎞<br />

⎟<br />

⎠<br />

(E3) exprime que la part <strong>de</strong> marché du pays i sur le marché j du produit s est fonction à la fois<br />

du <strong>de</strong>gré d’engagement sectoriel du pays i dans le pays j et du potentiel du pays i à satisfaire la<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> en produit s du pays j.<br />

La combinaison <strong>de</strong> (E1) et (E3) permet d’expliquer la valeur <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> marché globale du<br />

pays i dans le pays j par un facteur sectoriel sur lequel le pays i peut jouer à court moyen terme, le<br />

<strong>de</strong>gré d’engagement vers le pays j (1), et <strong>de</strong>ux facteurs sectoriels plus structurels, sur <strong>les</strong>quels le pays i<br />

40


n’a que peu, ou pas, d’influence à court moyen terme, la structure <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> du pays j (3) et le<br />

potentiel du pays i à satisfaire la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> sectorielle du pays j (2) :<br />

( E4)<br />

X<br />

M<br />

i→<br />

j<br />

j<br />

=<br />

S<br />

∑<br />

s=<br />

1<br />

s<br />

s<br />

⎛<br />

s<br />

X ⎞⎛<br />

i j X ⎞⎛<br />

M ⎞<br />

→<br />

j<br />

⎜ ⎟⎜<br />

i ⎟⎜<br />

⎟<br />

s s<br />

X<br />

i<br />

M<br />

j<br />

M<br />

⎝<br />

j<br />

14243123123<br />

⎠⎝<br />

⎠⎝<br />

⎠<br />

1 2 3<br />

144<br />

243<br />

4<br />

PM<br />

1 44243 4<br />

PM = part <strong>de</strong> marché et ST = facteurs structurels.<br />

ST<br />

Interprétation <strong>de</strong>s graphiques<br />

effet potenti<br />

X<br />

M<br />

s<br />

i<br />

s<br />

j<br />

↑<br />

Fort potentiel du pays i dans un secteur<br />

<strong>de</strong>mandé par le pays i :<br />

Forte <strong>de</strong>man<strong>de</strong> du pays j<br />

+ Fort potentiel du pays i :<br />

Mauvaise adéquation entre offre du pay<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> du pays i sur le marché du pr<br />

s ou créneaux étroits ?<br />

Existence <strong>de</strong> marges <strong>de</strong> manœuvre<br />

le pays i<br />

x 2<br />

Faible <strong>de</strong>man<strong>de</strong> du pays j<br />

+ Faible potentiel du pays i :<br />

Forte <strong>de</strong>man<strong>de</strong> du pays j dans un sect<br />

faible potentiel du pays i :<br />

Peu <strong>de</strong> perspectives pour le pays i<br />

Mauvaise adéquation entre offre<br />

pays i et <strong>de</strong>man<strong>de</strong> du pays j su<br />

marché du produit s<br />

M<br />

x 1<br />

effet « <strong>de</strong>man<strong>de</strong> du pays j »<br />

M<br />

= <strong>zones</strong> <strong>de</strong> mauvaise adéquation entre offre du pays i et structure d<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’importation du pays j : faib<strong>les</strong> perspectives <strong>de</strong> pénétration<br />

le pays i (sauf éventuels créneaux étroits)<br />

s<br />

j<br />

j<br />

= également faib<strong>les</strong> perspectives pour le pays i<br />

41


= zone aux perspectives <strong>de</strong> pénétration du marché du pays j <strong>les</strong> plus f<br />

pour le pays i toutes choses éga<strong>les</strong> par ailleurs dont la structure secto<br />

<strong>de</strong>s importations du pays j<br />

x 1<br />

= médiane <strong>de</strong> la distribution<br />

⎛ M<br />

⎜<br />

⎝<br />

M<br />

s<br />

j<br />

j<br />

⎞<br />

⎟<br />

⎠<br />

s=1,...,<br />

S<br />

x 2<br />

= médiane <strong>de</strong> la distribution<br />

⎛<br />

⎜<br />

X<br />

⎝ M<br />

s<br />

i<br />

s<br />

j<br />

⎞<br />

⎟<br />

⎠<br />

s=1,...,<br />

S<br />

s<br />

Nota : Toutes choses éga<strong>les</strong> par ailleurs, dont M<br />

j<br />

et X<br />

i<br />

, l’effet potentiel est une fonction<br />

s<br />

décroissante <strong>de</strong> l’effet « <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’importation <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> j » (via M<br />

j<br />

). Il faut donc s’attendre à ce<br />

que, par construction, davantage <strong>de</strong> secteurs se situent au sein <strong>de</strong>s cadrants grisés du graphique A1 que<br />

du cadrant blanc, <strong>les</strong> secteurs situés dans ce <strong>de</strong>rnier correspondant à un potentiel suffisamment élevé<br />

pour contrebalancer la tendance décroissante induite par la présence <strong>de</strong><br />

M au numérateur <strong>de</strong> l’effet<br />

« <strong>de</strong>man<strong>de</strong> du pays importateur » et au dénominateur <strong>de</strong> l’effet « potentiel ». Lors <strong>de</strong>s commentaires,<br />

on s’intéressera donc non seulement aux secteurs situés dans le cadrant blanc, mais aussi à ceux qui<br />

n’en sont pas trop éloignés, dont <strong>les</strong> perspectives ne sont pas aussi sombres que ne le suggère la<br />

typologie précé<strong>de</strong>nte, certes pédagogique, mais qui doit bien entendu être nuancée pour <strong>les</strong> secteurs<br />

limitrophes <strong>de</strong>s médianes.<br />

s<br />

j<br />

42


Tableau A4 : La position commerciale sectorielle <strong>de</strong>s PECO dans l’Union européenne en 1998<br />

Engagement Potentiel<br />

StructurePart <strong>de</strong><br />

imports<br />

marché<br />

Facteurs<br />

structurels<br />

(1) (2) (3) (1)*(2)=PM(2)*(3)=ST (1)*(2)*(3)<br />

Contribution<br />

Sol<strong>de</strong><br />

à la part Spécialisati commercial<br />

<strong>de</strong> marché<br />

globale<br />

(en % (en %<br />

exportationsexportations)<br />

tota<strong>les</strong>)<br />

Produits Agrico<strong>les</strong> 53,3% 0,1 6,2% 5,0% 0,6% 4,1% 4,4% 4,7%<br />

Agroalimentaire. 46,1% 0,1 4,9% 6,0% 0,6% 3,9% 4,8% -29,2%<br />

Energie 52,4% 0,0 13,4% 2,1% 0,5% 3,8% 4,1% 21,9%<br />

Matières premières 51,6% 0,1 2,1% 4,6% 0,2% 1,3% 1,4% 54,6%<br />

Sidérurgie 41,6% 0,6 1,2% 24,6% 0,7% 3,9% 5,4% 44,3%<br />

Métallurgie 56,2% 0,2 2,8% 11,8% 0,6% 4,4% 4,4% 31,7%<br />

Ouvrages métalliqu 62,0% 0,3 2,7% 17,2% 0,7% 6,1% 5,6% -45,2%<br />

Mat. Constr. 58,2% 0,4 0,5% 26,2% 0,2% 1,7% 1,7% -15,1%<br />

Verre 46,5% 0,6 0,3% 27,2% 0,2% 1,1% 1,3% 17,0%<br />

Chimie base 43,5% 0,2 3,5% 7,5% 0,6% 3,5% 4,6% 7,5%<br />

Fils 53,2% 0,2 1,7% 8,1% 0,3% 1,8% 1,9% -391,5%<br />

Papier 59,4% 0,1 1,4% 8,0% 0,2% 1,4% 1,4% -197,9%<br />

Plastique 48,5% 0,2 0,3% 9,4% 0,0% 0,3% 0,4% -3,4%<br />

Mécanique 57,4% 0,2 5,6% 11,0% 1,1% 8,2% 8,1% -140,0%<br />

Electrique 61,3% 0,2 7,1% 9,4% 1,1% 8,9% 8,3% -27,8%<br />

Télécom-Informati 44,7% 0,1 8,3% 2,3% 0,4% 2,6% 3,3% -228,1%<br />

Nav-Aéro-Arm. 28,5% 0,0 4,0% 0,6% 0,1% 0,3% 0,6% 3,1%<br />

Mat. Précision 58,4% 0,0 3,8% 1,9% 0,1% 0,9% 0,9% -283,4%<br />

Elect. Ménager 66,9% 0,2 1,6% 10,8% 0,3% 2,3% 2,0% -6,1%<br />

Auto. Part. 65,8% 0,2 3,2% 10,9% 0,5% 4,6% 4,0% -18,8%<br />

Mat. Transport. 61,0% 0,3 1,6% 20,2% 0,5% 4,3% 4,0% -142,8%<br />

Pharmacie 40,3% 0,0 1,6% 1,2% 0,0% 0,3% 0,4% -1267,4%<br />

Parachimie 52,7% 0,1 1,4% 2,6% 0,1% 0,5% 0,5% -1066,7%<br />

Habillement 65,5% 0,2 6,3% 15,1% 1,5% 12,7% 11,0% 69,1%<br />

Cuirs 64,3% 0,2 2,4% 11,7% 0,4% 3,8% 3,4% 7,7%<br />

Presse 66,1% 0,1 0,3% 7,4% 0,0% 0,3% 0,3% -231,7%<br />

Meub<strong>les</strong> 66,0% 0,5 1,6% 31,7% 0,8% 6,7% 5,8% 66,3%<br />

Caoutchouc, plasti 59,9% 0,2 2,5% 11,6% 0,5% 3,9% 3,7% -121,4%<br />

Divers 56,3% 0,0 7,8% 2,3% 0,3% 2,3% 2,4% -106,6%<br />

Total 56,9% 0,1 100,0% 7,5% 13,2% 100,0% 100,0% -41,5%<br />

MEDIANES 56,3% 0,2 2,5% 9,4% 0,4% 3,5% 3,4% -18,8%<br />

Note : ce tableau résulte <strong>de</strong> la décomposition <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> marché globale <strong>de</strong>s PECO dans l’Union européenne (9,4 %) en contributions<br />

sectoriel<strong>les</strong>. Cel<strong>les</strong>-ci résultent <strong>de</strong> trois facteurs, comme le justifie l’équation 4 supra. La spécialisation correspond à la part <strong>de</strong> nos<br />

exportations effectuée dans chaque secteur. Le sol<strong>de</strong> commercial est exprimé comme une fraction <strong>de</strong>s exportations sectoriel<strong>les</strong>.<br />

Source : CEPII (Chelem) - Calculs <strong>de</strong>s auteurs.<br />

43


Tableau A5 : La position commerciale sectorielle <strong>de</strong>s PECO en France (1998)<br />

Engagement<br />

Potentiel<br />

Structure<br />

imports<br />

Part <strong>de</strong><br />

marché<br />

Facteurs<br />

structurels<br />

(1) (2) (3) (1)*(2)=PM (2)*(3)=ST (1)*(2)*(3)<br />

Contribution à<br />

<strong>de</strong> marché<br />

Spécialisation<br />

globale<br />

Sol<strong>de</strong><br />

commercial<br />

(en % <strong>de</strong>s exp export<br />

tota<strong>les</strong>) (en % <strong>de</strong>s<br />

Produits agrico<strong>les</strong> 1,8% 0,4 3,8% 0,7% 1,5% 2,1% 4,4% -87,3%<br />

Agroalimentaire 4,0% 0,2 7,2% 0,9% 1,6% 4,9% 4,8% -42,2%<br />

Energie 1,5% 0,2 7,6% 0,3% 1,4% 1,6% 4,1% -36,3%<br />

Matières premières, min. 1,1% 0,5 0,9% 0,6% 0,5% 0,4% 1,4% 3,7%<br />

Sidérurgie 1,3% 0,8 2,3% 1,1% 1,8% 1,9% 5,4% -59,4%<br />

Métallurgie 7,5% 0,6 2,6% 4,2% 1,5% 8,6% 4,4% 74,7%<br />

Ouvrages métalliques. 3,6% 0,5 3,7% 1,8% 1,9% 5,2% 5,6% -28,4%<br />

Mat. Constr. 2,8% 0,6 0,9% 1,8% 0,6% 1,2% 1,7% -46,4%<br />

Verre 2,8% 0,7 0,6% 1,9% 0,4% 0,9% 1,3% -164,3%<br />

Chimie base 4,3% 0,4 4,2% 1,6% 1,5% 5,1% 4,6% -24,8%<br />

Fils 2,8% 0,3 2,2% 0,8% 0,6% 1,4% 1,9% -397,3%<br />

Papier 4,9% 0,2 2,7% 0,8% 0,5% 1,8% 1,4% -79,3%<br />

Plastique 4,0% 0,5 0,2% 2,1% 0,1% 0,4% 0,4% 17,3%<br />

Mécanique 1,9% 0,4 7,2% 0,7% 2,7% 4,0% 8,1% -328,8%<br />

Electrique 4,4% 0,5 5,8% 2,1% 2,8% 9,4% 8,3% -22,1%<br />

Télécom-Info 5,6% 0,2 6,5% 0,9% 1,1% 4,8% 3,3% -224,7%<br />

Nav-Aéro-Arm. 1,9% 0,1 3,7% 0,1% 0,2% 0,3% 0,6% -41,6%<br />

Mat. Précision 2,1% 0,1 2,9% 0,2% 0,3% 0,5% 0,9% -558,7%<br />

Elect. Ménager 14,0% 0,4 1,9% 4,9% 0,7% 7,3% 2,0% 65,1%<br />

Auto. Part. 4,2% 0,2 5,8% 1,0% 1,3% 4,3% 4,0% -180,0%<br />

Mat. Transport. 2,4% 0,3 4,0% 0,8% 1,3% 2,5% 4,0% -289,2%<br />

Pharmacie 3,8% 0,1 2,1% 0,2% 0,1% 0,4% 0,4% -2367,9%<br />

Parachimie 4,9% 0,1 2,6% 0,3% 0,2% 0,7% 0,5% -1388,6%<br />

Habillement 5,8% 0,8 4,4% 4,9% 3,7% 16,6% 11,0% 71,5%<br />

Cuirs 3,4% 0,6 1,9% 2,0% 1,1% 3,0% 3,4% 23,7%<br />

Presse 0,8% 0,1 0,7% 0,1% 0,1% 0,1% 0,3% -1016,4%<br />

Meub<strong>les</strong> 3,9% 1,2 1,6% 4,6% 1,9% 5,8% 5,8% 75,9%<br />

Caoutchouc, plastique. 4,1% 0,3 4,6% 1,1% 1,2% 3,9% 3,7% -76,3%<br />

Divers 1,7% 0,1 5,4% 0,3% 0,8% 1,0% 2,4% -517,3%<br />

Total 3,9% 0,3 100,0% 1,3% 33,3% 100,0% 100,0% -60,2%<br />

MEDIANES 3,6% 0,4 2,9% 0,9% 1,1% 2,1% 3,4% -59,4%<br />

Source : CEPII (Chelem) - Calculs <strong>de</strong>s auteurs.<br />

44


Tableau A6 : La position commerciale sectorielle <strong>de</strong> l’Union européenne dans <strong>les</strong> PECO en 1998<br />

Engagement<br />

Potentiel<br />

Structure<br />

imports<br />

Part <strong>de</strong><br />

marché<br />

Facteurs<br />

structurels<br />

(1) (2) (3) (1)*(2)=PM (2)*(3)=ST (1)*(2)*(3)<br />

Contribution à<br />

<strong>de</strong><br />

Spécialisation<br />

marché globale<br />

Sol<strong>de</strong><br />

commercial<br />

(en % <strong>de</strong>s exp export<br />

tota<strong>les</strong>) (en % <strong>de</strong>s<br />

Produits agrico<strong>les</strong>. 2,9% 13,8 4,2% 40,0% 57,8% 2,8% 3,4% -4,9%<br />

Agroalimentaire 1,8% 27,4 4,4% 48,7% 119,9% 3,5% 7,0% 22,6%<br />

Energie 2,5% 7,7 6,6% 19,1% 50,6% 2,1% 2,9% -28,1%<br />

Matières premières, min. 2,0% 9,1 1,3% 18,3% 12,2% 0,4% 0,7% -120,1%<br />

Sidérurgie 2,3% 13,0 3,2% 29,4% 41,3% 1,5% 2,4% -79,6%<br />

Métallurgie 3,3% 10,3 3,7% 33,9% 38,6% 2,1% 2,2% -46,3%<br />

Ouvrages métalliques. 5,1% 14,9 5,0% 76,2% 74,4% 6,3% 4,3% 31,1%<br />

Mat. Constr. 4,4% 16,1 1,2% 71,7% 19,0% 1,4% 1,1% 13,1%<br />

Verre 3,6% 17,6 0,6% 63,7% 10,4% 0,6% 0,6% -20,5%<br />

Chimie base 2,1% 21,5 3,0% 45,8% 65,2% 2,3% 3,8% -8,1%<br />

Fils 9,3% 8,4 4,8% 78,6% 40,5% 6,3% 2,4% 79,7%<br />

Papier 4,0% 20,4 2,3% 80,8% 46,5% 3,0% 2,7% 66,4%<br />

Plastique 3,2% 16,7 0,3% 53,8% 4,4% 0,2% 0,3% 3,3%<br />

Mécanique 4,8% 16,5 10,5% 79,6% 174,3% 13,9% 10,1% 58,3%<br />

Electrique 4,6% 15,8 6,7% 72,3% 105,9% 8,1% 6,2% 21,8%<br />

Télécom-Info 3,3% 21,3 5,1% 70,7% 108,1% 5,9% 6,3% 69,5%<br />

Nav-Aéro-Arm. 0,3% 70,6 0,7% 19,0% 48,5% 0,2% 2,8% -3,2%<br />

Mat. Précision 3,1% 24,2 2,0% 75,8% 49,2% 2,6% 2,9% 73,9%<br />

Elect. Ménager 3,8% 15,7 1,8% 59,1% 28,2% 1,8% 1,6% 5,8%<br />

Auto. Part. 2,0% 29,2 4,0% 58,3% 117,4% 3,9% 6,8% 15,8%<br />

Mat. Transport 5,3% 15,6 5,4% 82,4% 84,4% 7,4% 4,9% 58,8%<br />

Pharmacie 3,5% 22,2 2,0% 76,7% 44,6% 2,5% 2,6% 92,7%<br />

Parachimie 4,6% 18,9 2,9% 86,8% 54,1% 4,1% 3,1% 91,4%<br />

Habillement 3,6% 10,8 4,3% 38,8% 46,5% 2,8% 2,7% -223,6%<br />

Cuirs 5,2% 10,9 2,6% 56,6% 28,9% 2,5% 1,7% -8,4%<br />

Presse 3,8% 19,6 0,6% 73,7% 12,0% 0,8% 0,7% 69,9%<br />

Meub<strong>les</strong> 3,3% 14,9 1,9% 49,6% 28,9% 1,6% 1,7% -196,4%<br />

Caoutchouc, plastique. 4,4% 18,4 4,5% 80,8% 83,4% 6,1% 4,9% 54,8%<br />

Divers 1,7% 28,6 4,3% 47,7% 123,3% 3,4% 7,2% 51,6%<br />

Total 3,5% 17,2 100,0% 60,3% 1718,1% 100,0% 100,0% 29,4%<br />

MEDIANES 3,5% 16,5 3,2% 59,1% 48,5% 2,6% 2,8% 15,8%<br />

Source : CEPII (Chelem) - Calculs <strong>de</strong>s auteurs.<br />

45


Tableau A7 : La position commerciale sectorielle <strong>de</strong> la France dans <strong>les</strong> PECO (1998)<br />

Engagement<br />

Potentiel<br />

Structure<br />

impor<br />

Part <strong>de</strong><br />

marché<br />

Facteurs<br />

(1) (2) (3) (1)*(2)=PM (2)*(3)=ST (1)*(2)*(3)<br />

structu Contribution à<br />

commerci<br />

<strong>de</strong> marché globa<br />

Spécialisation<br />

Sol<strong>de</strong><br />

(en % <strong>de</strong>s exp export<br />

tota<strong>les</strong>) (en % <strong>de</strong>s<br />

Produits agrico<strong>les</strong>. 1,0% 2,6 4,2% 2,7% 10,9% 2,4% 4,7% 46,6%<br />

Agroalimentaire 0,9% 5,1 4,4% 4,6% 22,4% 4,4% 9,6% 29,7%<br />

Energie 1,1% 0,9 6,6% 1,0% 5,8% 1,4% 2,5% 26,6%<br />

Matières premières, min. 0,8% 1,0 1,3% 0,8% 1,4% 0,2% 0,6% -3,8%<br />

Sidérurgie 1,4% 1,9 3,2% 2,7% 6,1% 1,9% 2,6% 37,3%<br />

Métallurgie 1,2% 1,4 3,7% 1,7% 5,1% 1,4% 2,2% -295,3%<br />

Ouvrages métalliques. 2,2% 1,8 5,0% 3,9% 8,8% 4,2% 3,8% 22,1%<br />

Mat. Construction. 3,0% 1,5 1,2% 4,4% 1,7% 1,1% 0,7% 31,7%<br />

Verre 3,4% 3,6 0,6% 12,2% 2,1% 1,6% 0,9% 62,2%<br />

Chimie base 2,2% 2,8 3,0% 6,1% 8,5% 4,0% 3,7% 19,9%<br />

Fils 3,9% 1,0 4,8% 4,1% 5,0% 4,3% 2,2% 79,9%<br />

Papier 1,9% 2,1 2,3% 4,0% 4,9% 2,0% 2,1% 44,2%<br />

Plastique 1,9% 1,8 0,3% 3,6% 0,5% 0,2% 0,2% -20,9%<br />

Mécanique 2,6% 1,8 10,5% 4,7% 18,8% 10,7% 8,1% 76,7%<br />

Electrique 2,0% 2,5 6,7% 4,9% 16,5% 7,2% 7,1% 18,1%<br />

Télécom-Info 3,5% 2,5 5,1% 8,8% 12,8% 9,7% 5,5% 69,2%<br />

Nav-Aéro-Arm. 0,1% 21,9 0,7% 1,8% 15,0% 0,3% 6,5% 29,4%<br />

Mat. Précision 1,6% 2,9 2,0% 4,7% 6,0% 2,1% 2,6% 84,8%<br />

Elect. Ménager 2,1% 2,0 1,8% 4,1% 3,6% 1,6% 1,5% -186,1%<br />

Auto. Part. 2,4% 3,6 4,0% 8,7% 14,5% 7,6% 6,2% 64,3%<br />

Mat. Transport 2,3% 2,2 5,4% 5,2% 12,1% 6,0% 5,2% 74,3%<br />

Pharmacie 4,0% 3,2 2,0% 12,9% 6,5% 5,6% 2,8% 95,9%<br />

Parachimie 2,8% 3,6 2,9% 10,3% 10,4% 6,4% 4,5% 93,3%<br />

Habillement 2,6% 1,2 4,3% 3,2% 5,2% 3,0% 2,3% -250,7%<br />

Cuirs 2,4% 1,0 2,6% 2,5% 2,7% 1,4% 1,1% -31,1%<br />

Presse 1,4% 2,3 0,6% 3,2% 1,4% 0,4% 0,6% 91,0%<br />

Meub<strong>les</strong> 1,5% 1,4 1,9% 2,1% 2,7% 0,9% 1,1% -315,3%<br />

Caoutchouc, plastique. 1,8% 2,4 4,5% 4,4% 10,7% 4,3% 4,6% 43,3%<br />

Divers 1,7% 2,5 4,3% 4,3% 10,8% 4,0% 4,6% 83,8%<br />

Total 2,0% 2,3 100,0% 4,6% 232,8% 100,0% 100,0% 37,6%<br />

MEDIANES 2,0% 2,2 3,2% 4,1% 6,1% 2,4% 2,6% 37,3%<br />

Source : CEPII (Chelem) - Calculs <strong>de</strong>s auteurs.<br />

46


ANNEXE 4 : Exposition à la concurrence sur marché tiers<br />

On définit l’exposition du pays i à la concurrence du pays j sur le marché du pays k ; comme la<br />

part <strong>de</strong> la concurrence due au pays j que ressent le pays i sur le marché du pays k. En sommant<br />

l’ensemble <strong>de</strong>s marchés k sur <strong>les</strong>quels se rencontrent <strong>les</strong> exportateurs <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux pays i et j (en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong><br />

leur propre marché), on obtient un indicateur global d’intensité <strong>de</strong> la concurrence sur marchés tiers 19 . Il<br />

peut s’écrire <strong>de</strong> manière formelle <strong>de</strong> la manière suivante :<br />

E<br />

ij<br />

=<br />

∑<br />

X<br />

M<br />

jk<br />

X<br />

X<br />

ik<br />

k ≠i, j k i.<br />

<strong>avec</strong> E ij exposition du pays i à la concurrence du pays j ; X jk exportation du pays j vers le pays k<br />

M k importations du tota<strong>les</strong> du pays k ; X ik exportations du pays i vers le pays k ; X i. exportations tota<strong>les</strong><br />

du pays i.<br />

Naturellement on peut décliner cet indicateur d’exposition à la concurrence pour chacun <strong>de</strong>s<br />

secteurs industriels <strong>de</strong> la nomenclature Chelem.<br />

19 Voir Guimbert (1998).<br />

47


Tableau A8 : Exposition à la concurrence <strong>de</strong>s PECO en 1998<br />

l'ex M Orie d LAsie hors<br />

Europe Centrale UE AELE Turquie Ex-Yougo. Pays <strong>de</strong> Rive sud Moyen Amérique Amérique Orient<br />

M<br />

Reste du<br />

Mon<strong>de</strong><br />

Agriculture 2,28% 0,04% 0,09% 0,06% 0,36% 0,07% 0,05% 0,30% 0,47% 0,34% 0,48% 4,52%<br />

IAA 3,10% 0,17% 0,06% 0,04% 0,18% 0,04% 0,01% 0,32% 0,41% 0,31% 0,22% 4,86%<br />

Energie 1,18% 0,04% 0,01% 0,07% 0,45% 0,05% 0,09% 0,35% 0,26% 0,15% 0,44% 3,09%<br />

Biens Intermédiaires 17,82% 1,14% 0,38% 0,46% 2,36% 0,30% 0,22% 1,64% 0,86% 1,28% 1,85% 28,31%<br />

Biens d'équipement Pro 13,61% 1,02% 0,13% 0,28% 0,12% 0,15% 0,02% 2,21% 0,34% 2,20% 1,89% 21,98%<br />

Biens d'équipement Mén 1,29% 0,02% 0,03% 0,03% 0,00% 0,01% 0,00% 0,03% 0,01% 0,51% 0,16% 2,09%<br />

Transports 6,63% 0,08% 0,04% 0,07% 0,03% 0,00% 0,00% 0,34% 0,11% 0,45% 0,71% 8,47%<br />

Biens <strong>de</strong> consommation 14,97% 0,58% 1,07% 0,66% 0,59% 0,73% 0,12% 0,80% 0,38% 3,37% 2,46% 25,74%<br />

Non ventilés 0,36% 0,03% 0,00% 0,00% 0,23% 0,00% 0,01% 0,16% 0,03% 0,02% 0,09% 0,93%<br />

Total 61,25% 3,11% 1,81% 1,68% 4,33% 1,35% 0,53% 6,14% 2,86% 8,64% 8,29% 100,00%<br />

Dont : Produits agrico<strong>les</strong> 2,28% 0,04% 0,09% 0,06% 0,36% 0,07% 0,05% 0,30% 0,47% 0,34% 0,48% 4,52%<br />

Agroalimentaire. 3,10% 0,17% 0,06% 0,04% 0,18% 0,04% 0,01% 0,32% 0,41% 0,31% 0,22% 4,86%<br />

Energie 1,18% 0,04% 0,01% 0,07% 0,45% 0,05% 0,09% 0,35% 0,26% 0,15% 0,44% 3,09%<br />

Matières première, min. 0,44% 0,03% 0,02% 0,03% 0,23% 0,05% 0,04% 0,14% 0,20% 0,03% 0,16% 1,38%<br />

Sidérurgie 2,95% 0,09% 0,09% 0,07% 0,88% 0,01% 0,02% 0,12% 0,23% 0,28% 0,50% 5,24%<br />

Métallurgie 2,46% 0,28% 0,03% 0,11% 0,71% 0,03% 0,03% 0,24% 0,20% 0,08% 0,29% 4,47%<br />

Ouvrages métalliques. 4,27% 0,31% 0,06% 0,10% 0,04% 0,04% 0,01% 0,27% 0,04% 0,36% 0,23% 5,73%<br />

Mat. Construction 1,29% 0,03% 0,05% 0,02% 0,02% 0,01% 0,00% 0,05% 0,01% 0,08% 0,05% 1,60%<br />

Verre 0,91% 0,02% 0,04% 0,01% 0,01% 0,00% 0,00% 0,12% 0,03% 0,06% 0,09% 1,29%<br />

Chimie base 2,63% 0,24% 0,02% 0,07% 0,40% 0,13% 0,11% 0,47% 0,10% 0,13% 0,34% 4,64%<br />

Fils 1,44% 0,06% 0,06% 0,02% 0,03% 0,03% 0,00% 0,08% 0,02% 0,19% 0,15% 2,08%<br />

Papier 1,19% 0,06% 0,01% 0,02% 0,03% 0,01% 0,00% 0,12% 0,03% 0,03% 0,02% 1,51%<br />

Plastique 0,24% 0,00% 0,00% 0,01% 0,02% 0,00% 0,00% 0,04% 0,00% 0,03% 0,03% 0,38%<br />

Mécanique 5,97% 0,48% 0,04% 0,13% 0,04% 0,03% 0,01% 0,91% 0,11% 0,18% 0,62% 8,52%<br />

Electrique 5,22% 0,40% 0,09% 0,13% 0,04% 0,09% 0,01% 0,54% 0,15% 0,96% 0,70% 8,31%<br />

Télécom-Informatique 1,65% 0,04% 0,00% 0,01% 0,01% 0,03% 0,00% 0,43% 0,06% 0,92% 0,42% 3,55%<br />

Nav-Aéro-Arm. 0,22% 0,03% 0,00% 0,01% 0,03% 0,00% 0,00% 0,16% 0,02% 0,07% 0,04% 0,59%<br />

Mat. Précision 0,54% 0,07% 0,00% 0,01% 0,00% 0,01% 0,00% 0,17% 0,01% 0,08% 0,12% 1,01%<br />

Elect. Ménager 1,29% 0,02% 0,03% 0,03% 0,00% 0,01% 0,00% 0,03% 0,01% 0,51% 0,16% 2,09%<br />

Auto. Part. 3,26% 0,01% 0,01% 0,02% 0,02% 0,00% 0,00% 0,12% 0,06% 0,32% 0,48% 4,29%<br />

Mat. Transport 3,38% 0,07% 0,03% 0,05% 0,01% 0,00% 0,00% 0,23% 0,06% 0,13% 0,23% 4,18%<br />

Pharmacie 0,28% 0,05% 0,00% 0,01% 0,00% 0,00% 0,00% 0,04% 0,00% 0,01% 0,02% 0,42%<br />

Parachimie 0,46% 0,03% 0,01% 0,00% 0,00% 0,01% 0,00% 0,04% 0,01% 0,02% 0,02% 0,60%<br />

Habillement 4,47% 0,10% 0,91% 0,31% 0,36% 0,60% 0,08% 0,11% 0,13% 1,83% 1,32% 10,22%<br />

Cuirs 1,72% 0,03% 0,07% 0,11% 0,04% 0,06% 0,02% 0,05% 0,14% 0,64% 0,55% 3,41%<br />

Presse 0,22% 0,02% 0,00% 0,01% 0,00% 0,00% 0,00% 0,03% 0,00% 0,01% 0,01% 0,30%<br />

Meub<strong>les</strong> 3,89% 0,18% 0,03% 0,16% 0,14% 0,01% 0,00% 0,20% 0,07% 0,39% 0,17% 5,23%<br />

Caoutchouc, plastique. 3,05% 0,12% 0,04% 0,05% 0,01% 0,04% 0,02% 0,19% 0,02% 0,17% 0,20% 3,92%<br />

Divers 1,25% 0,09% 0,01% 0,01% 0,27% 0,02% 0,01% 0,30% 0,04% 0,32% 0,26% 2,58%<br />

Source : Chelem ; calculs <strong>de</strong>s auteurs ; Rive sud <strong>de</strong> la Méditerranée : Maroc, Algérie, Tunisie, Egypte, Israël.<br />

Lecture : <strong>les</strong> exportations <strong>de</strong> biens intermédiaires <strong>de</strong> l’Union européenne représentent 17,8 % <strong>de</strong> la concurrence totale que subissent <strong>les</strong><br />

produits d’Europe centrale, tous secteurs confondus, sur marché tiers.<br />

48


Tableau A9 : Exposition <strong>de</strong>s PECO à la concurrence <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l’Union européenne en 1998<br />

Europe Centrale UE France Allemagne Autriche Italie<br />

Royaume-U Benelux Espagne Grèce Portugal<br />

Reste <strong>de</strong> l’UReste du mo Mon<strong>de</strong><br />

Agriculture 2,28% 0,30% 0,36% 0,10% 0,20% 0,08% 0,69% 0,20% 0,08% 0,01% 0,27% 2,25% 4,52%<br />

IAA 3,10% 0,53% 0,49% 0,11% 0,31% 0,21% 0,82% 0,14% 0,05% 0,02% 0,42% 1,76% 4,86%<br />

Energie 1,18% 0,08% 0,33% 0,05% 0,14% 0,09% 0,28% 0,02% 0,06% 0,00% 0,13% 1,91% 3,09%<br />

Biens Intermédiaires 17,82% 2,31% 4,53% 1,24% 2,56% 1,42% 2,94% 0,74% 0,17% 0,13% 1,79% 10,49% 28,31%<br />

Biens d'équipement Pro 13,61% 1,71% 3,80% 1,12% 1,71% 1,79% 1,36% 0,47% 0,03% 0,15% 1,46% 8,37% 21,98%<br />

Biens d'équipement Mén 1,29% 0,18% 0,25% 0,08% 0,23% 0,19% 0,16% 0,09% 0,00% 0,03% 0,09% 0,80% 2,09%<br />

Transports 6,63% 0,98% 1,97% 0,33% 0,60% 0,64% 0,98% 0,73% 0,00% 0,10% 0,30% 1,84% 8,47%<br />

Biens <strong>de</strong> consommation 14,97% 1,50% 2,99% 0,88% 3,37% 1,11% 2,47% 0,56% 0,22% 0,45% 1,43% 10,76% 25,74%<br />

Non ventilés 0,36% 0,09% 0,13% 0,01% 0,02% 0,01% 0,02% 0,00% 0,00% 0,00% 0,09% 0,57% 0,93%<br />

Total 61,25% 7,68% 14,85% 3,90% 9,15% 5,51% 9,72% 2,94% 0,62% 0,90% 5,98% 38,75% 100,00%<br />

Dont : Produits agrico<strong>les</strong>. 2,28% 0,30% 0,36% 0,10% 0,20% 0,08% 0,69% 0,20% 0,08% 0,01% 0,27% 2,25% 4,52%<br />

Agroalimentaire 3,10% 0,53% 0,49% 0,11% 0,31% 0,21% 0,82% 0,14% 0,05% 0,02% 0,42% 1,76% 4,86%<br />

Energie 1,18% 0,08% 0,33% 0,05% 0,14% 0,09% 0,28% 0,02% 0,06% 0,00% 0,13% 1,91% 3,09%<br />

Matières premières, min. 0,44% 0,05% 0,11% 0,03% 0,04% 0,04% 0,09% 0,02% 0,01% 0,01% 0,06% 0,94% 1,38%<br />

Sidérurgie 2,95% 0,46% 0,65% 0,21% 0,29% 0,23% 0,57% 0,14% 0,02% 0,01% 0,37% 2,29% 5,24%<br />

Métallurgie 2,46% 0,29% 0,69% 0,20% 0,29% 0,23% 0,42% 0,10% 0,04% 0,00% 0,21% 2,01% 4,47%<br />

Ouvrages métalliques 4,27% 0,51% 1,13% 0,37% 0,81% 0,29% 0,57% 0,16% 0,02% 0,04% 0,38% 1,46% 5,73%<br />

Mat. Constr. 1,29% 0,13% 0,19% 0,06% 0,44% 0,06% 0,15% 0,12% 0,05% 0,03% 0,06% 0,31% 1,60%<br />

Verre 0,91% 0,20% 0,21% 0,05% 0,12% 0,05% 0,16% 0,03% 0,00% 0,01% 0,07% 0,38% 1,29%<br />

Chimie base 2,63% 0,38% 0,76% 0,11% 0,17% 0,31% 0,61% 0,07% 0,01% 0,01% 0,19% 2,01% 4,64%<br />

Fils 1,44% 0,15% 0,45% 0,07% 0,29% 0,10% 0,21% 0,05% 0,01% 0,02% 0,08% 0,63% 2,08%<br />

Papier 1,19% 0,12% 0,27% 0,12% 0,09% 0,06% 0,13% 0,03% 0,01% 0,02% 0,36% 0,32% 1,51%<br />

Plastique 0,24% 0,02% 0,09% 0,02% 0,02% 0,03% 0,04% 0,01% 0,00% 0,00% 0,01% 0,14% 0,38%<br />

Mécanique 5,97% 0,74% 1,60% 0,65% 1,02% 0,69% 0,50% 0,21% 0,01% 0,01% 0,53% 2,55% 8,52%<br />

Electrique 5,22% 0,66% 1,63% 0,39% 0,53% 0,60% 0,53% 0,21% 0,01% 0,13% 0,52% 3,09% 8,31%<br />

Télécom-Informatique 1,65% 0,21% 0,35% 0,05% 0,10% 0,37% 0,22% 0,03% 0,00% 0,00% 0,32% 1,90% 3,55%<br />

Nav-Aéro-Arm. 0,22% 0,04% 0,05% 0,01% 0,02% 0,05% 0,02% 0,01% 0,00% 0,00% 0,03% 0,36% 0,59%<br />

Mat. Précision 0,54% 0,06% 0,17% 0,03% 0,05% 0,07% 0,08% 0,01% 0,00% 0,00% 0,06% 0,47% 1,01%<br />

Elect. Ménager 1,29% 0,18% 0,25% 0,08% 0,23% 0,19% 0,16% 0,09% 0,00% 0,03% 0,09% 0,80% 2,09%<br />

Auto. Part. 3,26% 0,48% 1,06% 0,07% 0,19% 0,34% 0,53% 0,43% 0,00% 0,07% 0,08% 1,03% 4,29%<br />

Mat. Transport 3,38% 0,50% 0,91% 0,26% 0,41% 0,30% 0,45% 0,30% 0,00% 0,03% 0,21% 0,81% 4,18%<br />

Pharmacie 0,28% 0,05% 0,06% 0,01% 0,02% 0,04% 0,05% 0,01% 0,00% 0,00% 0,04% 0,14% 0,42%<br />

Parachimie 0,46% 0,07% 0,14% 0,02% 0,04% 0,06% 0,08% 0,01% 0,00% 0,00% 0,04% 0,15% 0,60%<br />

Habillement 4,47% 0,42% 0,82% 0,20% 1,13% 0,35% 0,79% 0,10% 0,14% 0,26% 0,27% 5,75% 10,22%<br />

Cuirs 1,72% 0,13% 0,26% 0,10% 0,62% 0,11% 0,19% 0,13% 0,04% 0,09% 0,06% 1,69% 3,41%<br />

Presse 0,22% 0,02% 0,04% 0,02% 0,03% 0,04% 0,03% 0,01% 0,00% 0,00% 0,03% 0,08% 0,30%<br />

Meub<strong>les</strong> 3,89% 0,32% 0,68% 0,31% 1,08% 0,14% 0,42% 0,16% 0,02% 0,08% 0,69% 1,34% 5,23%<br />

Caoutchouc, plastiques. 3,05% 0,41% 0,81% 0,17% 0,36% 0,23% 0,73% 0,13% 0,01% 0,01% 0,18% 0,87% 3,92%<br />

Divers 1,25% 0,17% 0,32% 0,05% 0,11% 0,14% 0,21% 0,02% 0,01% 0,00% 0,22% 1,32% 2,58%<br />

Source : Chelem ; calculs <strong>de</strong>s auteurs.<br />

Lecture : la concurrence <strong>de</strong> la France dans l’agriculture représente 0,3 % <strong>de</strong> la totalité <strong>de</strong> la concurrence que subissent, tous secteurs<br />

confondus, <strong>les</strong> pays d’Europe centrale sur marchés tiers.<br />

49


ANNEXE 5 : Investissement direct français dans <strong>les</strong> pays candidats<br />

Tableau A10 : Stocks d’investissements directs <strong>de</strong> la France dans <strong>les</strong> pays candidats au 31<br />

décembre 1997 (en millions d’écus)<br />

Pays baltes Pologne<br />

Rép. TchèquRép. Slovaq Hongrie Roumanie Bulgarie Albanie<br />

Agriculture et pêche 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0<br />

Industries extractives 0,0 0,0 0,0 0,0 114,0 0,0 0,0 0,0<br />

dont Extraction, pétrole et gaz 0,0 0,0 0,0 0,0 114,0 0,0 0,0 0,0<br />

Industries manufacturières 0,4 1499,8 509,9 10,0 1232,6 2002,2 0,7 16,4<br />

dont Agrico<strong>les</strong> et alimentaires 0,4 607,7 188,8 0,1 334,6 5,4 0,0 16,4<br />

Textile et habillement 0,0 0,3 0,0 0,0 275,1 0,0 0,0 0,0<br />

Bois édition et imprimerie 0,1 18,1 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0<br />

Raffinage, pétro<strong>les</strong> et autres 0,0 9,9 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0<br />

Industrie chimique 0,0 247,3 53,0 9,9 137,3 14,6 0,5 0,0<br />

Caoutchouc et plastiques 0,0 10,0 0,0 0,0 0,0 1941,2 0,0 0,0<br />

Métallurgie, travail <strong>de</strong>s métaux 0,0 5,7 45,1 0,0 332,2 0,0 0,1 0,0<br />

Industries mécaniques 0,0 157,7 15,2 0,0 10,3 4,5 0,0 0,0<br />

Equipement <strong>de</strong> bureau et informatique 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0<br />

Radio TV, communications 0,0 277,7 0,0 0,0 0,0 27,3 0,0 0,0<br />

Véhicu<strong>les</strong> automobi<strong>les</strong> 0,0 2,5 119,4 0,0 2,7 0,0 0,0 0,0<br />

Autres matériels <strong>de</strong> transport 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 9,2 0,0 0,0<br />

Electricité, gaz et eau 0,0 9,6 0,0 0,0 1548,8 0,0 0,0 0,0<br />

Construction 0,0 0,0 39,1 0,0 140,1 4,2 0,0 0,0<br />

Commerce, réparations, récupération 0,0 575,8 95,2 0,0 28,8 13,1 2,3 0,0<br />

Hôtels et restaurants 0,0 0,3 4,0 0,0 5,5 0,0 0,0 0,0<br />

Transports et communications 0,0 343,3 2,1 120,4 1,6 119,0 0,0 0,0<br />

dont Transports terrestres 0,0 6,4 2,1 0,0 1,6 0,2 0,0 0,0<br />

Maritimes et côtiers 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0<br />

Transports aériens 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0<br />

Télécommunications 0,0 336,6 0,0 120,4 0,0 118,8 0,0 0,0<br />

Intermédiation financière 23,1 681,0 3183,0 126,1 938,7 17,4 0,0 0,0<br />

dont Intermédiation monétaire 23,0 319,3 1557,8 0,0 396,2 14,0 0,0 0,0<br />

Autres intermédiations financières 0,0 325,6 1625,2 126,0 541,6 3,2 0,0 0,0<br />

dont Holdings financiers 0,0 325,6 1625,2 126,0 541,6 3,2 0,0 0,0<br />

Assurances 0,0 35,2 0,0 0,0 0,3 0,3 0,0 0,0<br />

Immobilier, services aux entreprises 0,0 256,9 524,1 41,2 135,1 90,2 0,0 10,6<br />

dont Immobilier 0,0 144,5 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0<br />

Informatique 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0<br />

Recherche et développement 0,0 0,5 13,0 0,0 0,7 0,0 0,0 0,0<br />

Autres services aux entreprises 0,0 30,0 511,2 41,2 134,4 90,2 0,0 10,6<br />

dont Actions juridiques, conseil 0,0 15,2 326,8 41,2 127,0 16,7 0,0 6,5<br />

dont Holdings <strong>de</strong> gestion 0,0 15,5 326,4 41,2 123,4 16,6 0,0 6,5<br />

Publicité 0,0 0,0 0,2 0,0 0,1 0,0 0,0 0,0<br />

Autres services 0,0 286,0 0,0 0,0 0,0 6,7 0,0 0,0<br />

TOTAL 23,5 3647,9 4357,5 297,6 4145,2 2252,8 2,9 27,0<br />

Source : Banque <strong>de</strong> France - Rapports annuels<br />

50


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51


MANAGEMENT DES RESSOURCES HUMAINES EN POLOGNE :<br />

LES DEFIS DE LA PRIVATISATION<br />

Michal KURTYKA<br />

Professeur <strong>de</strong> Sciences Economiques<br />

Université <strong>de</strong> Varsovie<br />

Faculté d’Economie<br />

52


INTRODUCTION<br />

On se propose <strong>de</strong> dresser un bilan sur la situation du management <strong>de</strong>s ressources<br />

humaines dans <strong>les</strong> entreprises en Pologne, en se basant sur <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> cas d’entreprises étant<br />

sous contrôle <strong>de</strong>s entités françaises. On présentera d’abord le contexte général <strong>de</strong> la présence du<br />

capital et <strong>de</strong>s entreprises françaises en Pologne, ensuite on tirera <strong>de</strong>s enseignements à partir <strong>de</strong>s<br />

analyses faites au niveau <strong>de</strong>s entreprises polonaises sur le management <strong>de</strong>s ressources humaines.<br />

Des causes possib<strong>les</strong> <strong>de</strong>s dysfonctionnements dans le management <strong>de</strong>s ressources humaines en<br />

Pologne sont évoquées et <strong>les</strong> perspectives futures sont esquissées.<br />

1. Investissement français en Pologne<br />

Avec 4 milliards d’euros investis en Pologne par France Telecom en septembre 2000, la<br />

France est <strong>de</strong>venue le premier investisseur étranger en Pologne, le plus grand <strong>de</strong>s pays d’Europe<br />

Centrale. Ce résultat est le couronnement d’une accélération <strong>de</strong>s investissements français en<br />

Pologne qui est observée <strong>de</strong>puis 1995 <strong>avec</strong> <strong>de</strong>s implantations greenfield (p.ex. secteur <strong>de</strong> la<br />

gran<strong>de</strong> distribution) ou <strong>de</strong>s reprises <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s entreprises publiques privatisées par le Trésor<br />

polonais (c’est le cas, entre autres, <strong>de</strong> TP SA, l’opérateur national <strong>de</strong> télécommunication repris<br />

par France Telecom) .<br />

La répartition <strong>de</strong>s investissements étrangers au 31.06.2001 montre que la France, <strong>avec</strong><br />

8535 Millions <strong>de</strong> dollars engagés (2001, PAIZ) est <strong>de</strong>vant <strong>les</strong> Etats Unis (7438 Mln $) et<br />

l’Allemagne (6339 Millions $), et ces trois pays assurent au total près <strong>de</strong> 45% <strong>de</strong>s<br />

investissements étrangers en Pologne. Parmi <strong>les</strong> plus grands investisseurs français se trouvent :<br />

France Telecom, Vivendi, Electricité <strong>de</strong> France, Saint Gobain, Lafarge, Michelin, Géant, Leclerc,<br />

Auchan, Danone, Crédit Agricole, Dalkia, Canal plus.<br />

La France est également le troisième partenaire commercial <strong>de</strong> la Pologne, mais elle est<br />

responsable du <strong>de</strong>uxième plus grand déficit <strong>de</strong> la balance commerciale polonaise.<br />

Graphique 1 : Les investissements étrangers en Pologne au 31.06.2001 (en %)<br />

Gran<strong>de</strong><br />

Bretagne<br />

Italie<br />

Sue<strong>de</strong><br />

Koree<br />

Pays-Bas<br />

Autriche<br />

Russie<br />

Allemagne<br />

France<br />

Etats Unies<br />

53


2. CONTEXTE ECONOMIQUE POLONAIS EN 2001<br />

2.1 Un contexte économique qui se dégra<strong>de</strong>…<br />

Dans <strong>les</strong> années 1993-1999 la Pologne poursuit son développement fulgurant, qui lui vaut<br />

le surnom <strong>de</strong> « tigre <strong>de</strong> l’Europe Centrale ». Apres un premier choc subi à la suite du « plan <strong>de</strong><br />

Balcerowicz » , l’économie polonaise a décollé, enregistrant <strong>les</strong> meilleures performances parmi<br />

<strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l’Europe Centrale. C’est également elle qui franchit comme le premier pays <strong>de</strong> la<br />

zone la barre du niveau <strong>de</strong> PNB d’avant 1989. Les privatisations <strong>de</strong>s entreprises d’Etat, un<br />

développement rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s initiatives privées et <strong>les</strong> investissements étrangers font augmenter la<br />

part du PNB produit par le secteur privé. Ainsi déjà en 1995, la part du secteur privé dans le PNB<br />

dépasse la moitié (52,9%) et continue toujours d’augmenter, mais à vitesse plus lente (p.ex. en<br />

1999, elle représente 61,4%).<br />

Cependant, l’année 2001 est marquée par un climat différent : aggravation du déficit<br />

budgétaire, prise <strong>de</strong> conscience collective <strong>de</strong> la montée en flèche du chômage, essoufflement <strong>de</strong><br />

la croissance. De plus en plus <strong>de</strong>s signaux annoncent un avenir assombri. Les données actuel<strong>les</strong><br />

montrent que la croissance en 2001 s’est établie autour <strong>de</strong>1%. Les pronostics pour 2002 restent<br />

mitigés et ne dépassent pas souvent 1,5% <strong>de</strong> croissance du PNB. Les entreprises, confrontées à<br />

une baisse <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> sont obligées <strong>de</strong> chercher <strong>de</strong>s économies et – pratiquement pour la<br />

première fois <strong>de</strong>puis 1991, <strong>de</strong> recourir systématiquement aux réductions <strong>de</strong> coûts du travail et,<br />

par conséquent, aux licenciements du personnel. A la fin <strong>de</strong> l’an 2001, le chômage a ainsi atteint<br />

17,4 % <strong>de</strong> la population active, un niveau record dans la pério<strong>de</strong> post-1989. Ce mouvement vers<br />

la montée du chômage a commencé en 1999 quand le chômage a touché 800 000 personnes <strong>de</strong><br />

plus, portant le nombre <strong>de</strong>s personnes sans travail <strong>de</strong> 1,8 a 2,6 Millions <strong>de</strong> personnes.<br />

Selon un rapport récemment publié par la Banque Mondiale, <strong>de</strong>ux raisons principa<strong>les</strong><br />

expliquent la montée en flèche du chômage en Pologne. En premier lieu, c’est la « crise russe »<br />

qui, suite a l’effondrement <strong>de</strong> l’économie russe au milieu <strong>de</strong> 1998, a décimé <strong>les</strong> exportations<br />

polonaises sur <strong>les</strong> marchés <strong>de</strong> l’ex URSS 20 . Cela explique une baisse agrégée <strong>de</strong>s exportations <strong>de</strong><br />

l’ordre <strong>de</strong> 3% entre 1998 et 1999. En <strong>de</strong>uxième lieu c’est un déséqui<strong>libre</strong> entre la politique<br />

monétaire et fiscale qui est à l’origine du tassement <strong>de</strong> l’activité. L’objectif du gouvernement<br />

pour <strong>les</strong> années 1999 et 2000 a été une réduction du déficit fiscal. Mais suite à la crise russe,<br />

l’Etat a manqué <strong>de</strong>s recettes, et cela – couplé <strong>avec</strong> une aggravation du déficit externe – a<br />

provoqué une hausse <strong>de</strong> l’inflation. Le Conseil <strong>de</strong> politique monétaire, dont l’unique tache est <strong>de</strong><br />

veiller à la stabilité <strong>de</strong> monnaie a réagi en augmentant <strong>les</strong> taux directeurs. Dans cette situation <strong>les</strong><br />

ménages et <strong>les</strong> entreprises ont réagi par une baisse <strong>de</strong>s dépenses, ce qui a entraîné une baisse<br />

d’activité 21 .<br />

Cela dit, on peut encore citer <strong>de</strong>ux raisons supplémentaires, dont la première est<br />

mentionnée dans le rapport <strong>de</strong> la Banque Mondiale précité. En premier lieu, <strong>les</strong> années 1997-<br />

1999 ont été marquées par <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s restructurations <strong>de</strong>s secteurs d’activité comme <strong>les</strong> mines<br />

<strong>de</strong> charbon, la sidérurgie, l’industrie <strong>de</strong> défense, le transport, la protection <strong>de</strong> la santé. En gran<strong>de</strong><br />

partie ces changements ont été impulsés par le gouvernement et ont par conséquent touché<br />

surtout le secteur public. Mais en même temps, et c’est la <strong>de</strong>rnière raison <strong>de</strong> la montée du<br />

chômage, le secteur privé s’est également lancé dans une phase <strong>de</strong> restructuration. Les « pério<strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong> la protection d’emploi » 22 promises par <strong>les</strong> investisseurs étrangers au moment <strong>de</strong> l’achat <strong>de</strong>s<br />

nombreuses entreprises vendues par l’Etat au milieu <strong>de</strong>s années 90 sont arrivées à leur terme. Par<br />

conséquent, nous nous trouvons dans une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong>s fortes réductions d’effectifs qui<br />

20 Même si maintenant certains marchés en Russie n’ont toujours pas été reconquis, <strong>les</strong> exportations polonaises vers la zone <strong>de</strong><br />

l’ex URSS ont repris, et cela dès 2000.<br />

21 A cet effet s’ajoutent <strong>de</strong>s coupes dans <strong>les</strong> dépenses publiques et une baisse <strong>de</strong> la consommation du secteur publique liées à la<br />

mise en place <strong>de</strong>s « quatre réformes » : santé, éducation, administration locale et système <strong>de</strong> retraites.<br />

22 Au moment <strong>de</strong> la privatisation d’une entreprise d’Etat, il est <strong>de</strong>venu coutumier <strong>de</strong> négocier <strong>avec</strong> <strong>les</strong> organisations syndica<strong>les</strong> un<br />

« paquet social » qui comporte <strong>les</strong> promesses du futur employeur a l’égard <strong>de</strong>s employés. La plus importante d’entre el<strong>les</strong> est la<br />

« pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> protection <strong>de</strong> l’emploi » pendant laquelle le licenciement est soumis aux conditions particulières (le plus souvent<br />

paiement d’une in<strong>de</strong>mnité <strong>de</strong> licenciement importante).<br />

54


n’épargnent aucun secteur d’activité. Ce climat, peu favorable aux investisseurs, fait également<br />

baisser l’acceptation du processus <strong>de</strong> privatisation dans la société.<br />

Graphique 2 : Acceptation pour la privatisation – différence entre <strong>les</strong> « pour » et <strong>les</strong><br />

« contre »<br />

40<br />

30<br />

20<br />

10<br />

0<br />

-10<br />

1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001<br />

-20<br />

2.2…même si <strong>les</strong> fon<strong>de</strong>ments paraissent plutôt sains<br />

Ce contexte macroéconomique défavorable sur le front du chômage et <strong>de</strong> la croissance<br />

paraît plus positif en ce qui concerne <strong>les</strong> autres variab<strong>les</strong>. D’abord l’inflation, qui a été amenée au<br />

niveau le plus bas <strong>de</strong>puis la transformation (moins <strong>de</strong> 5% en 2001). Ensuite le déficit <strong>de</strong>s<br />

paiements, traditionnellement très élevé, a été réduit. Les exportations polonaises, malgré un<br />

zloty très fort, ont connu une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> croissance soutenue. Parallèlement, <strong>les</strong> importations<br />

n’ont pas beaucoup augmenté, ce qui a également permis <strong>de</strong> réduire fortement le déficit <strong>de</strong> la<br />

balance commerciale. Les importantes réserves <strong>de</strong> la Banque Centrale sont jugées satisfaisantes<br />

et la <strong>de</strong>tte extérieure, qui s’élève à 40% du PNB, est sous contrôle.<br />

En même temps se poursuit le mouvement <strong>de</strong> professionnalisation <strong>de</strong> la main-d’œuvre<br />

polonaise : formation aux métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gestion mo<strong>de</strong>rnes, mise en place <strong>de</strong>s systèmes d’assurance<br />

qualité et <strong>de</strong>s standards <strong>de</strong> qualité occi<strong>de</strong>ntaux, mo<strong>de</strong>rnisation <strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong> rémunération et <strong>de</strong><br />

motivation. Les structures administratives et bureaucratiques <strong>de</strong>s entreprises polonaises héritées<br />

<strong>de</strong>s habitu<strong>de</strong>s d’avant 1989 sont en train d’être changées. Tous ces effets combinés entraînent une<br />

augmentation <strong>de</strong> la productivité <strong>de</strong> travail d’à peu près 5% par an.<br />

En termes microéconomiques, il est à noter que <strong>les</strong> entreprises polonaises sont le plus<br />

souvent contrôlées par une firme dominante, qui est habituellement une entreprise occi<strong>de</strong>ntale du<br />

même secteur d’activité. Cela semble être un bon pronostic pour l’avenir et la meilleure voie <strong>de</strong><br />

redressement et d’assainissement <strong>de</strong> ces entreprises. Un grand groupe occi<strong>de</strong>ntal apporte à son<br />

« petit cousin » son savoir-faire, <strong>de</strong>s experts expatriés, la garantie d’un flux <strong>de</strong> capital nécessaire<br />

aux investissements pour l’avenir, et offre <strong>de</strong> plus en plus <strong>de</strong> perspectives <strong>de</strong> carrière au niveau<br />

européen, voir mondial, pour <strong>les</strong> meilleurs <strong>de</strong> ses cadres polonais.<br />

55


3. La gestion <strong>de</strong>s ressources humaines : une évaluation sur la base <strong>de</strong>s cas<br />

3.1 Un potentiel individuel <strong>de</strong> qualité…<br />

La plupart <strong>de</strong>s investisseurs étrangers reconnaissent un bon niveau <strong>de</strong> préparation <strong>de</strong>s<br />

salariés polonais au travail effectué dans <strong>les</strong> secteurs industriels. Souvent formés dans <strong>de</strong>s éco<strong>les</strong><br />

techniques (niveau secondaire), <strong>les</strong> ouvriers qualifiés et le premier niveau d’encadrement (<strong>les</strong><br />

contremaîtres) sont compétents et maîtrisent le travail. L’habitu<strong>de</strong> d’une longue carrière sur un<br />

poste et la pratique <strong>de</strong> l’apprentissage en font un personnel <strong>de</strong> qualité. Certains postes sont<br />

occupés par un personnel surqualifié. Par exemple il est courant <strong>de</strong> voir dans <strong>les</strong> centra<strong>les</strong><br />

électriques <strong>de</strong>s ingénieurs qui travaillent sur <strong>de</strong>s postes <strong>de</strong>s contremaîtres. La situation est moins<br />

bonne dans le secteur <strong>de</strong>s services (banques, vente) qui était pénalisé avant 1989 par une relative<br />

négligence <strong>de</strong>s autorités. Mais la aussi, le niveau général <strong>de</strong> qualification du personnel reste<br />

relativement élevé.<br />

3.2….couplé <strong>avec</strong> une véritable aspiration au savoir<br />

Depuis 1990, une révolution est en train <strong>de</strong> se produire dans l’enseignement supérieur.<br />

Dans une nation où seulement 7% <strong>de</strong> la population peut se vanter d’un titre <strong>de</strong> l’enseignement<br />

supérieur le nombre <strong>de</strong>s nouveaux étudiants explose. Parallèlement, apparaissent <strong>de</strong>s éco<strong>les</strong><br />

supérieures privées qui attirent <strong>de</strong>s enseignants <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s universités d’Etat <strong>avec</strong> <strong>de</strong>s salaires<br />

plus élevés. La pression se fait surtout sentir au niveau <strong>de</strong>s sciences humaines et économiques.<br />

Une priorité est donnée au droit et au management, mais pas loin <strong>de</strong>rrière se trouvent la<br />

psychologie et la sociologie. Cependant, <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>ux ans, on observe une saturation dans ces<br />

domaines, et <strong>les</strong> éco<strong>les</strong> techniques reprennent le souffle. Le marché du travail gui<strong>de</strong> <strong>de</strong> plus en<br />

plus le choix <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s, et, par exemple, on observe une montée en puissance <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s<br />

informatiques.<br />

Mais la fièvre <strong>de</strong> l’éducation n’épargne pas <strong>les</strong> plus âgés non plus. Il est <strong>de</strong> plus en plus<br />

courant <strong>de</strong> voir <strong>de</strong>s managers ambitieux (ou tout simplement soucieux <strong>de</strong> conserver leur poste)<br />

suivre <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s courtes <strong>de</strong> troisième cycle. Ces étu<strong>de</strong>s, appelées post-diplômé, se tiennent<br />

surtout <strong>les</strong> week-ends et sont organisée par <strong>les</strong> gran<strong>de</strong>s université classiques qui – en <strong>les</strong> faisant<br />

payer – gagnent aussi <strong>de</strong> l’argent. Ces étu<strong>de</strong>s concernent surtout <strong>les</strong> domaines tels que la finance<br />

et le management mais pas seulement. Par exemple une reforme <strong>de</strong> l’éducation nationale a<br />

entraîné une forte pression sur <strong>les</strong> troisièmes cyc<strong>les</strong> en pédagogie.<br />

3.3. Un modèle d’organisation basé sur un compromis social<br />

La société polonaise est traditionnellement construite autour <strong>de</strong> la famille. Une <strong>de</strong> ses<br />

valeurs fortes apparaît dans <strong>les</strong> règ<strong>les</strong> <strong>de</strong> fonctionnement <strong>de</strong> la société, c’est-à-dire une<br />

obéissance aux personnes plus âgées. Une autre caractéristique forte est une certaine forme <strong>de</strong><br />

passivité dans <strong>les</strong> relations professionnel<strong>les</strong> classiques, qui est peut-être le fruit d’une longue<br />

histoire mouvementée, où la Pologne s’est trouvée pendant 123 ans sous une domination<br />

étrangère (avant 1918) ainsi que sous la « tutelle » <strong>de</strong> l’URSS <strong>de</strong>puis 1945. Alors toute initiative,<br />

qui n’avait pas pour objectif une déstabilisation <strong>de</strong> l’emprise étrangère, pouvait être perçue<br />

comme une acceptation <strong>de</strong> ce pouvoir. En même temps <strong>les</strong> 40 ans du régime communiste ont<br />

érodé le concept <strong>de</strong> profitabilité, du calcul économique 23 et ont détruit la fierté et la morale du<br />

travail bien fait. On pourrait ajouter à cela l’influence <strong>de</strong> l’Eglise catholique qui véhicule une<br />

certaine méfiance historique à l’égard du profit et <strong>de</strong> l’argent.<br />

23 Les investissements étaient orientés suivant <strong>les</strong> choix politiques qui ne se souciaient pas <strong>de</strong> la faisabilité et <strong>de</strong> la rentabilité.<br />

56


Du coup, le fruit <strong>de</strong> ce mélange <strong>de</strong>s caractéristiques nationa<strong>les</strong> particulières est un modèle<br />

spécifique d’organisation <strong>de</strong> l’entreprise. Basé sur une hiérarchie stricte, il est peu orienté sur le<br />

résultat financier, mais plutôt sur une cohérence et satisfaction mutuelle <strong>de</strong>s parties prenantes qui<br />

participent à cette « gran<strong>de</strong> famille » qui est l’entreprise. Jusqu’en 1989, cette image idyllique<br />

était quelque peu perturbée par <strong>de</strong>s différences politiques entre le management du côté du Parti<br />

communiste et <strong>les</strong> syndicats, qui incarnaient l’opposition politique. Mais après 1989, ces tensions<br />

se sont atténuées, et même si ni <strong>les</strong> syndicalistes ni <strong>les</strong> patrons n’ont changé (ce qui est souvent le<br />

cas), <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux ont réussi à bâtir un modus vivendi acceptable et satisfaisant pour <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux parties<br />

prenantes.<br />

En guise <strong>de</strong> conclusion on pourrait dire qu’après 1989 en Pologne, s’est développé un<br />

modèle <strong>de</strong> management très patronal, ou <strong>les</strong> salaries, <strong>les</strong> syndicats et le top management vivaient<br />

en symbiose.<br />

3.4. La vision <strong>de</strong>s objectifs à atteindre n’est pas claire<br />

Comme il vient d’être dit, la « raison d’être » d’une gran<strong>de</strong> entreprise d’Etat polonaise<br />

n’est pas bien claire dans l’esprit <strong>de</strong> son personnel. L’actionnaire, souvent unique <strong>de</strong> ces sociétés<br />

(qui est le Trésor polonais), se souciait surtout <strong>de</strong> la distribution <strong>de</strong>s postes à la Direction et <strong>de</strong>s<br />

considérations politiques liées 24 .<br />

Cette ambiguïté au niveau central se retrouve au niveau local. Les cadres dans <strong>les</strong> sociétés<br />

qui viennent d’être privatisées traversent ensuite une pério<strong>de</strong> d’incertitu<strong>de</strong> en cherchant le vrai<br />

motif du rachat et <strong>de</strong> leur existence.<br />

Ce problème se remarque même sans une influence visible du politique et reflète une<br />

faib<strong>les</strong>se plus profon<strong>de</strong> du système d’éducation. L’école polonaise ne forme pas assez <strong>les</strong> élèves<br />

aux exercices <strong>de</strong> la structuration <strong>de</strong> l’exposé (tant à l’écrit qu’à l’oral) ni à une démarche qui<br />

permettrait d’ordonner et structurer. Du coup, tout exercice dans le travail qui vise à ordonner <strong>les</strong><br />

tâches et à fixer <strong>les</strong> priorités est difficilement compréhensible pour <strong>les</strong> managers polonais. En<br />

plus, <strong>les</strong> quarante ans du communisme ont désorienté <strong>les</strong> esprits et aggravé cette carence.<br />

Cette inaptitu<strong>de</strong> à fixer <strong>les</strong> objectifs se reflète très visiblement dans le management <strong>de</strong>s<br />

ressources humaines. Par exemple le management par objectifs est un instrument peu connu et<br />

utilisé seulement par <strong>les</strong> cadres étrangers. De la même façon, tout exercice visant à créer une<br />

stratégie pour l’entreprise et à fixer <strong>les</strong> dimensions <strong>de</strong> son développement risque d’être vague et<br />

pas assez pragmatique.<br />

3.5 la dimension transversale et collective dans le management n’existe pas<br />

Le poids <strong>de</strong> la hiérarchie pèse très lourd sur <strong>les</strong> habitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> travail, et tout travail qui<br />

n’est pas fait en collaboration ou sous impulsion d’une hiérarchie directe n’est pas considéré.<br />

Tout contact entre <strong>les</strong> partenaires dans l’entreprise qui se trouvent au même niveau hiérarchique<br />

est considère comme « pas formel » et donc « en <strong>de</strong>hors » du vrai travail. De même et cela en<br />

dépit du fait que le système communiste se vantait <strong>de</strong> l’appellation « collectiviste », le travail<br />

collectif reste en berne. Le fonctionnement en groupes <strong>de</strong> travail est très peu répandu. Par<br />

conséquent le management par projet par exemple reste à l’état <strong>de</strong> balbutiement 25 , <strong>de</strong> même que<br />

toute forme <strong>de</strong> travail en réseaux, ainsi que d’animation 26 <strong>de</strong>s groupes. Les chemins <strong>de</strong> carrières<br />

sont tracés <strong>de</strong> façon verticale, <strong>de</strong> même que la rémunération ne dépend ni <strong>de</strong> la performance ni <strong>de</strong><br />

la compétence mais du niveau hiérarchique auquel se trouve la personne. L’effet pervers <strong>de</strong> ce<br />

24 Les ministères du Trésor et <strong>de</strong> la Finance sont en Pologne <strong>de</strong>ux entités distinctes, et ils s’occupent <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux champs différents.<br />

Le Trésor est surtout soucieux <strong>de</strong> bien vendre (privatiser) <strong>les</strong> sociétés qui lui ont été confiées aux investisseurs, et le ministère <strong>de</strong>s<br />

finances s’intéresse aux revenus budgétaires. Mais comme la gestion <strong>de</strong> ces sociétés se trouve entre <strong>les</strong> mains du ministre <strong>de</strong><br />

Trésor, alors le bénéfice (important pour <strong>les</strong> finances) passe seulement en second lieu pour le propriétaire <strong>de</strong> l’entreprise.<br />

25 On y remédie p.ex. en introduisant une part <strong>de</strong> rémunération spécifique pour la participation dans un projet <strong>de</strong> groupe.<br />

26 Il est a noter que le mot « animer » ne trouve pas d’équivalent en polonais. Il n’existe pas <strong>de</strong> verbe indiquant une impulsion<br />

motrice dans <strong>les</strong> relations entre personnes, à part « diriger ».<br />

57


phénomène fait que toute personne grimpe <strong>les</strong> échel<strong>les</strong> <strong>de</strong> la hiérarchie <strong>de</strong> l’entreprise (qu’elle le<br />

veuille ou pas) « jusqu’atteindre son niveau d’incompétences », pour reprendre ainsi la fameuse<br />

loi.<br />

3.6. Le contrôle <strong>de</strong> gestion est inconnu<br />

Aux faib<strong>les</strong>ses citées précé<strong>de</strong>mment s’ajoute un autre problème. Il n’existe quasiment pas<br />

<strong>de</strong> notion du contrôle <strong>de</strong> gestion dans <strong>les</strong> entreprises polonaises 27 . Les tableau <strong>de</strong>s bord indiquant<br />

<strong>les</strong> résultats et <strong>les</strong> paramètres <strong>les</strong> plus critiques pour la société sont très peu répandus. Le<br />

management <strong>de</strong>s processus est encore une nouveauté, même si ses débuts sont faits sur la<br />

certification ISO.<br />

3.7. et la compétences collective enregistre en Pologne <strong>de</strong> très médiocres résultats<br />

En conclusion, et cela malgré une qualité satisfaisante <strong>de</strong>s compétences <strong>de</strong>s salaries, pris<br />

séparément, le fruit du travail collectif en Pologne n’est pas encore à la hauteur <strong>de</strong> l’espérance.<br />

On n’arrive pas à se fixer <strong>de</strong>s objectifs collectifs, et même si cela réussit, on ne sait pas mesurer<br />

la performance atteinte. Il semble donc que <strong>les</strong> gran<strong>de</strong>s entreprises polonaises ont encore<br />

beaucoup a apprendre <strong>de</strong> leurs équivalents ouest-européens, surtout en matière d’organisation <strong>de</strong><br />

travail, <strong>de</strong> management <strong>de</strong>s ressources humaines, entendu comme la création <strong>de</strong> synergies entre<br />

<strong>les</strong> salariés et une mise en cohérence <strong>de</strong>s efforts individuels. Pour cela, <strong>de</strong>s instruments tels que la<br />

gestion <strong>de</strong>s processus, le management par projet, le management par objectif et autres <strong>de</strong>vront<br />

être introduits.<br />

4. Etu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> cas<br />

4.1. Etu<strong>de</strong> <strong>de</strong> cas A : une affaire révélatrice<br />

A la fin <strong>de</strong> l’an 2001, une affaire a éclaté dans une centrale <strong>de</strong> co-génération récemment<br />

acquise par un grand groupe occi<strong>de</strong>ntal. L’affaire porte sur la « disparition » d’une gran<strong>de</strong><br />

quantité <strong>de</strong> charbon qui figurait dans <strong>les</strong> livres <strong>de</strong> la société mais ne se trouvait ni dans le stock<br />

ni n’était enregistré en tant que « brûlé » dans <strong>les</strong> tranches électriques. Le procureur a réagi en<br />

multipliant <strong>les</strong> arrestations <strong>de</strong>s plus hauts responsab<strong>les</strong> <strong>de</strong> la société.<br />

Plusieurs enquêtes ont été lancées à côté <strong>de</strong> l’examen officiel: une enquête interne et une<br />

enquête du Conseil <strong>de</strong> Surveillance. Et même si la justice ne s’est pas encore prononcée, on<br />

connaît déjà <strong>de</strong>s éléments <strong>de</strong> cette affaire qui permettent d’en tirer un premier bilan.<br />

La raison <strong>de</strong> la disparition du charbon s’est avérée être une consommation <strong>de</strong>s tranches<br />

plus importante que prévue. Depuis déjà un certain temps, <strong>les</strong> installations obsolètes <strong>de</strong> la<br />

centrale consommaient beaucoup trop <strong>de</strong> charbon, mais <strong>les</strong> responsab<strong>les</strong> – en quête <strong>de</strong>s meilleurs<br />

résultats à afficher – ont préféré «noyer le poisson» et faire semblant <strong>de</strong> rien, en espérant une<br />

amélioration miraculeuse <strong>de</strong> la situation. Les résultats <strong>de</strong> l’enquête ne sont pas encore connus,<br />

mais il semble qu’un certain nombre <strong>de</strong> cadres étaient au courant <strong>de</strong> l’affaire, mais préféraient se<br />

taire pour ne pas s’attirer <strong>de</strong>s ennuis <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> l’hiérarchie.<br />

Deux phénomènes sont assez révélateurs dans cette affaire. D’une part, c’est l’absence <strong>de</strong>s<br />

mécanismes du contrôle <strong>de</strong> gestion, qui est assez universel dans <strong>les</strong> entreprises polonaises. Ceci<br />

est d’autant plus surprenant que l’entreprise en question possè<strong>de</strong> une certification ISO 9001 sur la<br />

qualité <strong>de</strong>s processus. D’autre part, c’est le poids écrasant <strong>de</strong> la hiérarchie qui étouffe tout<br />

initiative ou action autonome, qui sort du lot ordinaire. Les managers polonais, souvent doués,<br />

intelligents et professionnels, gar<strong>de</strong>nt <strong>les</strong> habitu<strong>de</strong>s du temps du communisme et se cachent<br />

<strong>de</strong>rrière la hiérarchie.<br />

27 D’ailleurs (encore une particularité linguistique), il n’y a pas <strong>de</strong> différence en polonais entre le verbe « manager » et « gérer ».<br />

Du coup, toute traduction du concept « contrôle <strong>de</strong> gestion » reste artificielle.<br />

58


4.2. Etu<strong>de</strong> <strong>de</strong> cas B : une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s compétences dans une entreprise <strong>de</strong> télécommunication<br />

En septembre 2001, la Direction d’un grand groupe <strong>de</strong> télécommunication s’est engagée<br />

dans une gran<strong>de</strong> réorganisation du service commercial touchant près du tiers <strong>de</strong>s effectifs <strong>de</strong> la<br />

société. Le changement consiste en une affectation du personnel dans trois directions nouvel<strong>les</strong> :<br />

CRM, service aux clients individuels, service aux clients institutionnels. Jusqu’à maintenant, le<br />

service commercial était organisé sur une base régionale et mélangeait <strong>les</strong> trois fonctions : vente<br />

aux particuliers, vente aux entreprises et service après-vente. Ainsi, l’intention <strong>de</strong>rrière la mise en<br />

place <strong>de</strong> la nouvelle structure est surtout la mise en cohérence entre la segmentation du marché,<br />

le type <strong>de</strong>s clients et l’organisation <strong>de</strong> la force <strong>de</strong> vente et du service après-vente.<br />

Par ailleurs, il est possible que cette réorganisation aboutisse à <strong>de</strong>s changements<br />

d’effectifs. La baisse d’emploi possible résultera <strong>de</strong> la non-acceptation par un manager <strong>de</strong> la<br />

nouvelle structure <strong>de</strong>s salaries qui lui sera proposée dans le cadre du redéploiement.<br />

Dans ce contexte et afin <strong>de</strong> se préparer à affronter le changement, la Direction du groupe a<br />

commandé une étu<strong>de</strong> sur <strong>les</strong> compétences mises en pratique par le personnel dans le travail. Les<br />

résultats <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>vraient permettre d’apprécier le gap en compétences qui existe entre <strong>les</strong><br />

compétences présentes et cel<strong>les</strong> exigées par la nouvelle structure et <strong>les</strong> nouvel<strong>les</strong> exigences.<br />

Dans le cadre <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong>, cinq sites ont été visités et plus <strong>de</strong> 70 personnes ont été<br />

interviewées afin d’apprécier <strong>les</strong> compétences pratiquées dans leurs travail. Une attention toute<br />

particulière était portée aux ven<strong>de</strong>urs et téléphonistes, dont le travail allait subir <strong>de</strong> plus grands<br />

changements. Il était également question <strong>de</strong> rechercher <strong>de</strong>s bonnes pratiques sur le terrain pour<br />

ensuite <strong>les</strong> utiliser éventuellement dans le processus <strong>de</strong> redéploiement du personnel <strong>de</strong> l’ancienne<br />

vers la nouvelle organisation.<br />

Les résultats ont été étonnants. L’étu<strong>de</strong> a montré que le personnel <strong>de</strong> l’entreprise possè<strong>de</strong><br />

un niveau <strong>de</strong> qualification et <strong>de</strong>s compétences tout a fait satisfaisants pour faire face aux<br />

nouveaux défis. Sur le terrain, et d’une façon spontanée, déjà beaucoup d’initiatives ont été<br />

éprouvées en ce qui concerne la gestion <strong>de</strong>s ressources humaines, entre autres <strong>de</strong>s pratiques <strong>de</strong><br />

recrutement et sélection interne animées et conduites par <strong>de</strong>s personnes opérationnel<strong>les</strong>. Le<br />

niveau <strong>de</strong> qualification du personnel était tout a fait satisfaisant par rapport aux autres<br />

compagnies du secteur en Europe. De même, la culture <strong>de</strong> l’entreprise était très forte, <strong>avec</strong> <strong>de</strong>s<br />

salariés tournés vers le client, soucieux du bon fonctionnement <strong>de</strong> leur entreprise et engagés dans<br />

le progrès.<br />

Par contre ce qui faisait cruellement défaut, c’était l’organisation du travail et la gestion<br />

<strong>de</strong> la compétence collective. La mise en commun <strong>de</strong>s compétences individuel<strong>les</strong> <strong>de</strong> qualité<br />

donnait seulement un résultat médiocre à la sortie. Un point faible <strong>de</strong> l’organisation était<br />

également l’utilisation <strong>de</strong>s outils : informatiques, <strong>de</strong> gestion, <strong>de</strong> reporting statistique. De<br />

nombreux outils ont été développés, mais ils n’étaient pas intégrés entre eux, ce qui entraînait <strong>de</strong>s<br />

pertes <strong>de</strong> temps considérab<strong>les</strong> (exemple <strong>de</strong>s doub<strong>les</strong> saisies <strong>de</strong>s données).<br />

Graphique 3 : Les quatre dimensions influant <strong>les</strong> ressources humaines par rapport<br />

à la cible<br />

Niveau cible<br />

Culture Organisation<br />

59


ANNEXE<br />

La gestion <strong>de</strong>s ressources humaines en Pologne : une esquisse <strong>de</strong> caractéristique<br />

Recrutement et évaluation <strong>de</strong>s<br />

salariés<br />

Culture d’entreprise et<br />

environnement social <strong>de</strong><br />

l’entreprise<br />

Rôle <strong>de</strong>s syndicats et <strong>de</strong>s<br />

représentants <strong>de</strong>s salaries<br />

Rémunération et politiques <strong>de</strong><br />

motivation<br />

Licenciements et politiques<br />

d’accompagnement<br />

◗<br />

◗<br />

◗<br />

◗<br />

◗<br />

◗<br />

◗<br />

◗<br />

◗<br />

Des pratiques sur le terrain existent dans <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s groupes: interview, mises en<br />

situation, consultations <strong>avec</strong> un psychologue <strong>de</strong> travail<br />

Utilisation fréquente <strong>de</strong>s assessment centers pour <strong>les</strong> hauts managers, ainsi que <strong>de</strong>s<br />

cabinets <strong>de</strong> chasseurs <strong>de</strong> têtes pour <strong>les</strong> entreprises <strong>avec</strong> capital étranger<br />

Le plus fréquemment dans une évaluation, l’accent est mis sur le savoir plutôt que<br />

savoir-faire<br />

Traditionnellement, une culture et i<strong>de</strong>ntité très fortes dans <strong>les</strong> entreprises<br />

Environnement social confortable, hérité du passé communiste, en train d’être<br />

démantelé en recherchant <strong>de</strong>s économies <strong>de</strong> coût<br />

Traditionnellement, une polarisation entre <strong>de</strong>ux plus grands syndicats : OPZZ et<br />

Solidarnosc<br />

Forte politisation <strong>de</strong>s syndicats<br />

Formation ◗ Sur « catalogue »<br />

◗<br />

◗<br />

◗<br />

◗<br />

◗<br />

◗<br />

Dans <strong>les</strong> gran<strong>de</strong>s groupes privatisés, <strong>les</strong> syndicats sont en recul et per<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s<br />

membres<br />

Dans <strong>les</strong> entreprises créées après 1990, <strong>les</strong> syndicats sont inexistants<br />

Des Conventions Collectives <strong>de</strong>s anciennes entreprises d’Etat sont souvent<br />

poussiéreuses et non adaptées aux nouvel<strong>les</strong> exigences (par exemple obligation<br />

pour l’entreprise <strong>de</strong> donner 1 litre <strong>de</strong> lait par jour a tous <strong>les</strong> salariés, etc.)<br />

Ce n’est que maintenant que <strong>les</strong> politiques <strong>de</strong> rémunération et <strong>de</strong> motivation sont en<br />

train d’apparaître<br />

Dans <strong>les</strong> entreprises privatisées et privées, la part variable représente une part<br />

importante <strong>de</strong>s salaires. Elle croit <strong>avec</strong> le niveau <strong>de</strong> responsabilité occupé.<br />

Des règ<strong>les</strong> <strong>de</strong> licenciement relativement soup<strong>les</strong> par rapport aux exigences<br />

françaises<br />

Des politiques d’accompagnement se développent lentement dans une indifférence<br />

<strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s intéressés et <strong>de</strong>s organisations syndica<strong>les</strong><br />

Prise <strong>de</strong> conscience progressive <strong>de</strong> l’impact du licenciement sur le marché local du<br />

travail par <strong>les</strong> élus locaux<br />

◗<br />

◗<br />

Considérée comme un plus par rapport au travail effectué, sans forcement avoir <strong>de</strong><br />

relation <strong>avec</strong> celui-ci<br />

Utiliser comme un instrument <strong>de</strong> motivation et <strong>de</strong> rémunération plus que comme un<br />

outil <strong>de</strong> professionnalisation<br />

60


DEUXIEME PARTIE :<br />

LES RELATIONS AVEC LES AMERIQUES<br />

61


L’ALENA EST-IL DISCRIMINATOIRE A L’ENCONTRE<br />

DES EXPORTATIONS EUROPEENNES AU MEXIQUE ?<br />

Vincent Aussilloux * ,<br />

Michaël Pajot **<br />

Introduction<br />

Les pertes <strong>de</strong> parts <strong>de</strong> marché <strong>de</strong> l’Union européenne au Mexique, observées alors que dans le<br />

même temps <strong>les</strong> Etats-Unis accroissent <strong>les</strong> leurs, conduisent à s’interroger sur le rôle <strong>de</strong> l’Accord <strong>de</strong> <strong>libre</strong><br />

-échange nord américain (ALENA) dans cette dynamique. Lorsqu’on l’analyse à l’ai<strong>de</strong> d’un modèle<br />

gravitationnel, il ressort que l’ALENA ne semble pas avoir véritablement infléchi une tendance d’ores et<br />

déjà à l’œuvre <strong>de</strong>puis le milieu <strong>de</strong>s années quatre-vingts. Cette pério<strong>de</strong> correspond en effet au début du<br />

processus d’ouverture unilatérale du Mexique.<br />

Le différentiel tarifaire <strong>avec</strong> <strong>les</strong> Etats-Unis induit par l’ALENA n’apparaît pas déterminant, en<br />

raison notamment <strong>de</strong>s importantes pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> transition contenues dans l’accord. En revanche, le régime<br />

<strong>de</strong>s maquiladoras joue un rôle non négligeable dans l’avance prise par <strong>les</strong> Etats-Unis sur l’Europe en<br />

matière d’échanges bilatéraux : 35 % <strong>de</strong>s importations mexicaines ont été réalisées sous ce régime en<br />

2000. La crise <strong>de</strong> change du peso en 1995 a été ainsi plus durement ressentie par <strong>les</strong> exportateurs<br />

européens qui s’adressent encore, avant tout, à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> intérieure mexicaine. En revanche, <strong>les</strong><br />

exportateurs <strong>de</strong>s Etats-Unis ont été moins affectés car, pour une large part, ils alimentent <strong>de</strong>s usines<br />

d’assemblage dont <strong>les</strong> produits finaux retournent ensuite vers leur propre marché.<br />

Un élément d’explication <strong>de</strong> l’érosion <strong>de</strong>s parts <strong>de</strong> marché européenne rési<strong>de</strong> également dans<br />

l’écart <strong>de</strong> croissance <strong>de</strong>s Etats-Unis et <strong>de</strong> l’Union européenne au cours <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnière décennie. Celui-ci<br />

s’est élevé à 10,6 % sur la pério<strong>de</strong> et explique un écart <strong>de</strong> 14,0 % dans le taux <strong>de</strong> croissance <strong>de</strong>s<br />

exportations européennes à <strong>de</strong>stination du Mexique vis-à-vis <strong>de</strong>s exportations nord-américaines.<br />

L’ALENA a cependant eu une influence sur <strong>les</strong> investissements <strong>de</strong>s Etats-Unis au Mexique. En raison du<br />

lien qu’entretiennent échanges et investissements à l’étranger, la hausse brutale <strong>de</strong>s flux d’investissement<br />

dès le début <strong>de</strong>s années quatre-vingt-dix (lorsque la perspective <strong>de</strong> la signature <strong>de</strong> l’accord est <strong>de</strong>venue<br />

plus tangible), représente également un élément d’explication non négligeable <strong>de</strong> l’intensification <strong>de</strong>s<br />

échanges nord-américains. C’est dans ses conséquences sur <strong>les</strong> investissements que rési<strong>de</strong>nt très<br />

vraisemblablement <strong>les</strong> effets <strong>de</strong> l’ALENA sur <strong>les</strong> flux d’échanges.<br />

Cette érosion <strong>de</strong>s parts <strong>de</strong> marché européenne est cependant à rapprocher <strong>de</strong>s pertes <strong>de</strong> parts <strong>de</strong><br />

marché américaine dans la zone « atelier » <strong>de</strong> l’Union européenne constituée par <strong>les</strong> principaux pays<br />

* Direction <strong>de</strong>s Relations Economiques Extérieures – Ministère <strong>de</strong> l’Economie, <strong>de</strong>s Finances et <strong>de</strong> l’Industrie – 139, rue <strong>de</strong> Bercy<br />

télédoc 533 – 75572 Paris ce<strong>de</strong>x 12<br />

** Direction <strong>de</strong> la Prévision - Ministère <strong>de</strong> l’Economie, <strong>de</strong>s Finances et <strong>de</strong> l’Industrie – 139, rue <strong>de</strong> Bercy télédoc 583 – 75572<br />

Paris ce<strong>de</strong>x 12 –<br />

Les opinions exprimées ici n’engagent que leurs auteurs. El<strong>les</strong> ne sauraient refléter un quelconque point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong>s<br />

administrations auxquel<strong>les</strong> ils appartiennent.<br />

Cet article s'intègre dans un programme <strong>de</strong> recherche financé par le Commissariat Général<br />

du Plan, convention n°5-2000.<br />

62


d’Europe centrale et orientale, la Turquie, la Tunisie et le Maroc. Il est en effet maintenant largement<br />

reconnu que la globalisation <strong>de</strong> l’économie mondiale s’accompagne à la fois d’une intégration<br />

commerciale croissante entre <strong>les</strong> trois pô<strong>les</strong> <strong>de</strong> la tria<strong>de</strong> (Etats-Unis, Union européenne, Japon) mais<br />

également d’une intégration commerciale au niveau régional entre un centre industrialisé et une zone<br />

périphérique caractérisée par <strong>de</strong> faib<strong>les</strong> coûts <strong>de</strong> main d’œuvre.<br />

La première section revient sur le constat d’une dégradation <strong>de</strong>s parts <strong>de</strong> marché européennes au<br />

Mexique. La secon<strong>de</strong> section se concentre sur le contenu <strong>de</strong> l’ALENA ainsi que sur d’autres facteurs pour<br />

montrer que l’accord régional <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange ne peut expliquer l’évolution <strong>de</strong>s échanges mexicains<br />

<strong>de</strong>puis une décennie même s’il dispose d’un rôle non négligeable <strong>de</strong>puis le milieu <strong>de</strong>s années quatrevingt-dix.<br />

A travers la construction <strong>de</strong> différents modè<strong>les</strong> gravitationnels, l’effet <strong>de</strong> l’ALENA est mis en<br />

lumière dans la troisième section. La quatrième section souligne le rôle <strong>de</strong>s différents facteurs pour<br />

montrer que la différence <strong>de</strong> croissance du PIB ainsi que l’influence <strong>de</strong>s maquiladoras suffisent pour<br />

expliquer <strong>les</strong> évolutions divergentes <strong>de</strong>s parts <strong>de</strong> marché <strong>de</strong> l’Union européenne et <strong>de</strong>s Etats-Unis sur le<br />

marché mexicain.<br />

1. L’Union européenne a subi <strong>de</strong>s pertes <strong>de</strong> parts <strong>de</strong> marché au Mexique<br />

Du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong>s exportations <strong>de</strong> produits manufacturés, la part <strong>de</strong> marché européenne est<br />

passée <strong>de</strong> 16 % en 1980 à 9 % en 1999 (voir en annexe, tableau 1 ainsi que graphique 5) 28 . Cette tendance<br />

n’est cependant pas nouvelle puisque la part <strong>de</strong> marché européenne était <strong>de</strong> 23,3 % en 1970.<br />

Parallèlement, la part <strong>de</strong> marché du Canada et <strong>de</strong>s Etats-Unis s’est très nettement accrue, passant <strong>de</strong><br />

63,6 % en 1970 à 76,2 % en 1999. Toutefois, l’ALENA ne peut avoir qu’une responsabilité partagée sur<br />

cette tendance <strong>de</strong> fond.<br />

En effet, une part importante <strong>de</strong>s exportations américaines à <strong>de</strong>stination du Mexique est le fait <strong>de</strong>s<br />

maquiladoras, qui sont <strong>de</strong> simp<strong>les</strong> sites d’assemblage <strong>de</strong> produits <strong>de</strong>stinés in fine au marché américain. Le<br />

régime <strong>de</strong>s maquiladoras est un double régime d’exemption <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> douane pour <strong>les</strong> consommations<br />

intermédiaires en provenance <strong>de</strong>s Etats-Unis lorsque cel<strong>les</strong>-ci sont <strong>de</strong>stinées à être incorporées à un<br />

produit fini exporté lui-même vers <strong>les</strong> Etats-Unis à droit zéro. Ces importations n’exercent pas d’effet<br />

d’éviction sur <strong>les</strong> autres sources d’approvisionnement <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> finale mexicaine puisqu’el<strong>les</strong> sont<br />

<strong>de</strong>stinées in fine à servir le marché américain et non le marché mexicain. A l’œuvre <strong>de</strong>puis 1965, <strong>les</strong><br />

maquiladoras couvraient en 2000 près <strong>de</strong> 35 % <strong>de</strong>s importations mexicaines (cf. graphique 1). Seule une<br />

fraction marginale <strong>de</strong> la production <strong>de</strong> ces « <strong>zones</strong> spécia<strong>les</strong> d’exportation » <strong>de</strong>meure sur le sol mexicain.<br />

Par ailleurs, la valeur <strong>de</strong>s exportations européennes à <strong>de</strong>stination du Mexique a fortement<br />

augmenté entre 1990 et 1999 passant <strong>de</strong> 5,2 milliards <strong>de</strong> dollars (Md$) à 12,7 Md$, suivant en cela une<br />

dynamique générale d’ouverture aux échanges très vigoureuse.<br />

2. Le différentiel tarifaire ne peut être qu’une cause secondaire du déclin <strong>de</strong>s parts <strong>de</strong> marché<br />

européennes<br />

2.1. L’ALENA comporte d’importantes phases <strong>de</strong> transition<br />

L'ALENA, signé entre <strong>les</strong> Etats-Unis, le Canada 29 et le Mexique, est entré en vigueur le 1er<br />

janvier 1994. Ce fut le premier accord <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange à inclure un pays en développement. Il prévoit<br />

notamment une élimination progressive <strong>de</strong>s tarifs douaniers et <strong>de</strong>s barrières non tarifaires pour <strong>les</strong><br />

échanges <strong>de</strong> marchandises entre <strong>les</strong> trois pays (quotas et licences d'importation sauf considérations<br />

sanitaires ou environnementa<strong>les</strong>), dès l'entrée en vigueur <strong>de</strong> l'accord pour 50 % <strong>de</strong>s produits et selon un<br />

calendrier étalé sur 5, 10 et 15 ans pour le reste (soit un <strong>libre</strong>-échange quasi total à l'horizon 2010).<br />

L’ALENA prévoit également le développement <strong>de</strong>s échanges <strong>de</strong> services ainsi que la libéralisation du<br />

28 Ces chiffres divergent quelque peu <strong>avec</strong> ceux présentés dans le tableau 10 en annexe en raison <strong>de</strong> sources statistiques<br />

différentes. La base CHELEM du CEPII rend cohérents <strong>les</strong> flux miroirs entre <strong>de</strong>ux pays, ce qui peut conduire à <strong>de</strong>s différences<br />

<strong>avec</strong> <strong>les</strong> données déclarées par <strong>les</strong> Etats. Sur ces problèmes, voir Erkel-Rousse (2001), annexe III-3.<br />

29 Les Etats-Unis et le Canada étant déjà liés par un Accord <strong>de</strong> Libre-Echange (ALE) dès 1989.<br />

63


égime <strong>de</strong>s investissements directs (<strong>avec</strong> <strong>de</strong>s secteurs exclus comme le pétrole et l’audiovisuel<br />

notamment).<br />

2.2. La structure tarifaire négociée n’a pas été <strong>de</strong> nature à transformer radicalement le<br />

commerce entre <strong>les</strong> Etats-Unis et le Mexique<br />

L’écart est certes conséquent entre la moyenne simple <strong>de</strong>s taux NPF (13,2 % en 1997) et <strong>les</strong> droits<br />

<strong>de</strong> douane préférentiels dont bénéficieront <strong>les</strong> Etats-Unis (4,2 %) au terme <strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> transition.<br />

Toutefois, pour Krueger (1999), au bout d’une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> quinze années <strong>de</strong> transition, la réduction totale<br />

<strong>de</strong> droits <strong>de</strong> douane induite par l’ALENA ne totalisera en moyenne que 15 % du prix <strong>de</strong>s biens américains<br />

importés. Cet écart <strong>de</strong> prix entre exportateurs nord-américains et européens vers le Mexique est à<br />

confronter aux variations <strong>de</strong> change <strong>de</strong> l’écu puis <strong>de</strong> l’euro vis-à-vis du dollar.<br />

Pour Kowalczyk et Davis (1996), <strong>les</strong> concessions tarifaires liées à l’ALENA ne sont pas <strong>de</strong> nature<br />

à bousculer la structure du commerce <strong>de</strong>s Etats-Unis <strong>avec</strong> le Mexique. En effet, <strong>les</strong> baisses <strong>de</strong> droits <strong>de</strong><br />

douane consenties par <strong>les</strong> Etats-Unis lors <strong>de</strong> la négociation <strong>de</strong> l’ALENA se sont traduites par <strong>de</strong> longues<br />

phases <strong>de</strong> transition pour <strong>les</strong> secteurs dont <strong>les</strong> droits <strong>de</strong> douane étaient <strong>les</strong> plus élevés et par une<br />

diminution relativement moins importante <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> douane, lorsque <strong>les</strong> échanges intra-branches <strong>avec</strong><br />

le Mexique étaient peu développés.<br />

2.3. D’autres éléments que <strong>les</strong> baisses <strong>de</strong> droits <strong>de</strong> douane ont très certainement eu un<br />

impact plus important sur le renforcement <strong>de</strong> l’intégration nord-américaine<br />

Même s’il ne faut pas négliger le poids <strong>de</strong>s baisses <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> douane entraînées par l’ALENA<br />

et ciblées en fonction <strong>de</strong>s intérêts <strong>de</strong>s Etats-Unis, cette diminution <strong>de</strong>s prix américains sur le marché<br />

mexicain est à relativiser au regard <strong>de</strong>s évolutions du taux <strong>de</strong> change réel du peso : appréciation entre la<br />

fin <strong>de</strong>s années quatre-vingts et la fin <strong>de</strong> 1994, puis dépréciation <strong>de</strong> 50 % à la suite <strong>de</strong> la crise mexicaine.<br />

Il reste que, à la suite <strong>de</strong> la crise monétaire, <strong>les</strong> autorités mexicaines ont imposé une surtaxe<br />

valable pour certains produits (chaussures et certains texti<strong>les</strong>) sur toutes <strong>les</strong> importations, à l’exception <strong>de</strong><br />

cel<strong>les</strong> en provenance <strong>de</strong> l’ALENA. En 1999, cette taxe a été considérablement accrue et élargie à d’autres<br />

produits lorsque la chute <strong>de</strong>s cours du pétrole a réduit <strong>les</strong> recettes du gouvernement mexicain, ce qui a pu<br />

favoriser <strong>les</strong> pays partenaires au sein <strong>de</strong> l’ALENA.<br />

Le contenu non tarifaire <strong>de</strong> l’ALENA a également pu favoriser <strong>les</strong> exportations américaines à<br />

<strong>de</strong>stination du Mexique : <strong>les</strong> règ<strong>les</strong> d’origine incitent <strong>les</strong> producteurs mexicains à privilégier un<br />

approvisionnement en consommations intermédiaires en provenance <strong>de</strong>s Etats-Unis afin <strong>de</strong> satisfaire aux<br />

exigences d’un certain pourcentage nord-américain <strong>de</strong> la valeur du bien.<br />

Comme nous l’avons vu, l’existence <strong>de</strong>puis 1965 <strong>de</strong> <strong>zones</strong> spécia<strong>les</strong> d’exportation mexicaines, <strong>les</strong><br />

maquiladoras, relativise toutefois le rôle <strong>de</strong> l’ALENA dans l’intensification <strong>de</strong>s échanges nordaméricains.<br />

Pour <strong>les</strong> Etats-Unis, la possibilité d’un perfectionnement passif <strong>avec</strong> <strong>de</strong>s sites d’assemblages<br />

situés au Mexique a sensiblement renforcé <strong>les</strong> échanges croisés <strong>de</strong> consommations intermédiaires et <strong>de</strong><br />

produits finis <strong>de</strong>stinés à servir, à un meilleur coût, le marché <strong>de</strong>s Etats-Unis. Cette tendance était déjà à<br />

l’œuvre bien avant l’entrée en vigueur <strong>de</strong> l’ALENA.<br />

Un élément important <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange régionaux est leur influence généralement<br />

positive sur <strong>les</strong> flux croisés d’investissements. L’ALENA a eu sur ce point une influence favorable dès le<br />

début <strong>de</strong> la décennie quatre-vingt-dix <strong>avec</strong> la perspective tangible <strong>de</strong> la signature d’un accord <strong>de</strong> <strong>libre</strong>échange<br />

(cf. graphique 2). Les travaux <strong>de</strong> Fontagné et Pajot (1997) ont démontré un processus<br />

d’entraînement <strong>de</strong> l’investissement à l’étranger sur <strong>les</strong> flux d’échanges bilatéraux. Ce très vif<br />

accroissement <strong>de</strong>s investissements américains au Mexique alors que dans le même temps <strong>les</strong><br />

investissements européens <strong>de</strong>meuraient stab<strong>les</strong> représente très certainement le véritable facteur<br />

déterminant <strong>de</strong> l’intensification <strong>de</strong>s échanges nord-américains.<br />

64


2.4. Depuis octobre 2000, l’accord <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange <strong>avec</strong> l’Europe contribue à rétablir une<br />

situation équilibrée <strong>de</strong>s exportateurs européens et nord-américains au Mexique<br />

A partir du 9 novembre 1998, l'Union européenne et le Mexique ont négocié une zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>échange<br />

visant <strong>les</strong> biens et <strong>les</strong> services, conformément à l'accord <strong>de</strong> partenariat économique, <strong>de</strong><br />

coordination politique et <strong>de</strong> coopération signé le 8 décembre 1997. Depuis le 1 er juillet 2000, l’Union<br />

européenne et le Mexique ont engagé la libéralisation préférentielle et réciproque du commerce <strong>de</strong>s biens.<br />

Elle a été réalisée en <strong>de</strong>ux étapes pour <strong>de</strong>s raisons institutionnel<strong>les</strong>.<br />

L'accord <strong>de</strong> partenariat ne pouvait entrer en vigueur qu'après ratification par le Mexique et tous <strong>les</strong><br />

Etats membres <strong>de</strong> l'Union européenne. Dans l'attente <strong>de</strong> ces ratifications, un accord intérimaire sur le<br />

commerce et <strong>les</strong> mesures d’accompagnement, signé le même jour, chargeait un Conseil conjoint <strong>de</strong><br />

déci<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s modalités et du calendrier <strong>de</strong> libéralisation du commerce <strong>de</strong>s biens. De la sorte, certaines<br />

dispositions ont pu être mises en oeuvre <strong>de</strong> façon anticipée dès le 1er juillet 2000.<br />

L’entrée en vigueur <strong>de</strong> l’accord <strong>de</strong> partenariat le 1 er octobre 2000 a permis d’entamer la mise en<br />

œuvre <strong>de</strong> la totalité <strong>de</strong>s dispositions conclues le 24 novembre 1999. Lors <strong>de</strong> sa réunion du 27 février<br />

<strong>de</strong>rnier, le Conseil conjoint <strong>de</strong> l’accord <strong>de</strong> partenariat a adopté la décision relative aux services et<br />

mouvements <strong>de</strong> capitaux, qui est entrée en vigueur le 1 er mars 2001 (voir annexe 2).<br />

3. Le rôle <strong>de</strong> l’ALENA sur le commerce bilatéral : une analyse gravitationnelle<br />

Depuis <strong>les</strong> enseignements <strong>de</strong> Viner (1950), on sait qu’un accord commercial régional provoque<br />

<strong>de</strong>ux types d’effets sur le commerce : un effet <strong>de</strong> création <strong>de</strong> commerce lorsque <strong>les</strong> biens produits<br />

localement dans chaque pays sont remplacés par <strong>de</strong>s biens produits plus efficacement dans le pays<br />

partenaire à l’accord, du fait <strong>de</strong> la diminution <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> douane intra-zone ; un effet <strong>de</strong> diversion du<br />

commerce, lorsque le différentiel <strong>de</strong> droits <strong>de</strong> douane intra et extra-zone se traduit par la substitution <strong>de</strong><br />

biens produits hors-zone par <strong>de</strong>s biens produits localement mais moins efficacement.<br />

Toute la difficulté pour évaluer <strong>les</strong> effets spécifiques <strong>de</strong> la signature <strong>de</strong> l’ALENA rési<strong>de</strong> dans<br />

l’impossibilité <strong>de</strong> considérer que le prolongement <strong>de</strong> la situation prévalant avant l’accord décrit<br />

fidèlement ce qui serait intervenu en l’absence d’accord régional. Il est au minimum nécessaire <strong>de</strong> tenir<br />

compte <strong>de</strong>s évolutions relatives <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> dans <strong>les</strong> pays partenaires à l’accord ainsi que dans <strong>les</strong> pays<br />

non parties prenantes comme l’Union européenne.<br />

3.1. L’analyse <strong>de</strong>s échanges théoriques entre <strong>les</strong> pays permet d’apprécier <strong>les</strong> effets <strong>de</strong><br />

l’ALENA sur le commerce<br />

Sur la base d’un modèle gravitationnel, il est possible d’évaluer <strong>les</strong> flux d’échanges théoriques<br />

entre partenaires commerciaux, compte tenu <strong>de</strong> la distance géographique, du poids <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> et <strong>de</strong><br />

l’écart <strong>de</strong> PIB par tête. En comparant <strong>les</strong> flux observés aux flux théoriques, il est possible <strong>de</strong> déceler quels<br />

sont <strong>les</strong> pays qui se sont plutôt mieux comportés sur le marché mexicain après la mise en œuvre <strong>de</strong><br />

l’ALENA, en corrigeant <strong>de</strong>s évolutions macroéconomiques.<br />

Comme le rappelle Krueger (1999, op. cit.), il est nécessaire <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r à l’esprit, pour une telle<br />

analyse, que certains éléments ont affecté le commerce international durant toute la pério<strong>de</strong> (<strong>les</strong> <strong>accords</strong><br />

d’association <strong>de</strong> l’Union européenne <strong>avec</strong> <strong>les</strong> PECO, le mouvement <strong>de</strong> libéralisation multilatérale suite<br />

aux <strong>accords</strong> <strong>de</strong> Marrakech, etc.). Le Mexique lui-même a connu <strong>de</strong>s évolutions non négligeab<strong>les</strong> puisqu’il<br />

s’est engagé, dès le milieu <strong>de</strong>s années quatre-vingts, dans une dynamique <strong>de</strong> libéralisation unilatérale <strong>de</strong><br />

son commerce extérieur (en 1990, la quasi-totalité <strong>de</strong>s restrictions quantitatives étaient supprimées). Par<br />

ailleurs, la politique du change et la grave crise financière qui s’en est suivie ont profondément perturbé<br />

<strong>les</strong> structures économiques et <strong>les</strong> flux <strong>de</strong> commerce <strong>de</strong> telle sorte qu’il est difficile d’isoler <strong>les</strong> effets du<br />

seul accord régional nord-américain.<br />

A travers un modèle gravitationnel, Krueger (1999) rend compte <strong>de</strong>s flux <strong>de</strong> commerce, entre<br />

1987 et 1997, entre 61 pays, ce qui correspond aux environs <strong>de</strong> 80 % du commerce mondial. Outre <strong>les</strong><br />

variab<strong>les</strong> classiques <strong>de</strong> PIB, <strong>de</strong> PIB par tête, <strong>de</strong> distance géographique, l’auteur intègre <strong>de</strong>s « variab<strong>les</strong><br />

indicatrices » <strong>de</strong>stinées à mesurer l’effet <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> régionaux. Pour chaque accord régional (l’ALENA,<br />

65


le MERCOSUR, la Communauté andine, l’Union européenne, l’ASEAN, la zone Australie-Nouvelle-<br />

Zélan<strong>de</strong>), l’auteur teste <strong>les</strong> hypothèses que <strong>les</strong> <strong>accords</strong> régionaux dopent le commerce intra-zone et qu’ils<br />

ralentissent artificiellement <strong>les</strong> importations en provenance <strong>de</strong> pays n’appartenant pas à la zone.<br />

De manière un peu surprenante. Il ressort <strong>de</strong> l’analyse <strong>de</strong> Krueger que ni l’Union européenne, ni<br />

l’ALENA, ni le Mercosur n’auraient d’effets sur l’intensification du commerce entre pays partenaires. En<br />

revanche, l’existence <strong>de</strong> l’ALENA comme celle <strong>de</strong> l’Union européenne réduirait l’accès au marché pour<br />

<strong>les</strong> pays extérieurs à la zone : selon l’analyse <strong>de</strong> Krueger, <strong>les</strong> exportations d’un pays non membre <strong>de</strong><br />

l’ALENA vers un pays membre seraient inférieures <strong>de</strong> 46 % à ce qu’el<strong>les</strong> sont lorsque aucun <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux<br />

pays n’appartient à cette zone régionale. Dans le cas <strong>de</strong> l’Union européenne, ce pourcentage serait <strong>de</strong><br />

21 %.<br />

Il est nécessaire <strong>de</strong> rester particulièrement pru<strong>de</strong>nt dans l’interprétation <strong>de</strong> ces chiffres pour<br />

plusieurs raisons. D’une part, le fait que seule l’une <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux variab<strong>les</strong> est significative conduit à douter<br />

<strong>de</strong>s effets réels <strong>de</strong>s <strong>zones</strong> régiona<strong>les</strong> sur <strong>les</strong> flux d’exportations observés. L’effet d’éviction constaté<br />

uniquement « en négatif » peut s’expliquer par la configuration géographique <strong>de</strong>s trois pays qui forment<br />

l’ALENA puisque seul le Mexique partage une frontière terrestre <strong>avec</strong> un pays non membre <strong>de</strong> l’ALENA.<br />

De plus, sur la pério<strong>de</strong> d’étu<strong>de</strong>, seul l’ALENA concerne un ou plusieurs pays hautement industrialisés et<br />

un pays du sud à faible coût <strong>de</strong> main d’œuvre. Comme nous l’avons souligné plus avant, ce type <strong>de</strong><br />

configuration s’est traduite par un fort courant d’échanges <strong>de</strong> type « perfectionnement passif » qui est<br />

indépendant <strong>de</strong> l’entrée en vigueur <strong>de</strong> l’ALENA. En débutant son analyse en 1990, il est probable que<br />

Krueger ne remonte pas suffisamment loin dans le temps pour isoler <strong>les</strong> effets <strong>de</strong> l’ALENA par rapport<br />

aux effets <strong>de</strong> type « maquiladoras ». Des éléments spécifiques à chaque zone régionale, qu’elle constitue<br />

ou non une zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange, peuvent ainsi venir perturber <strong>les</strong> estimations économétriques. Il est<br />

nécessaire <strong>de</strong> disposer <strong>de</strong> suffisamment <strong>de</strong> recul dans le temps pour <strong>les</strong> i<strong>de</strong>ntifier.<br />

3.2. L’analyse gravitationnelle permet <strong>de</strong> mettre en évi<strong>de</strong>nce <strong>les</strong> facteurs structurels<br />

déterminant le niveau <strong>de</strong>s échanges bilatéraux<br />

Nous avons procédé à l’évaluation d’un modèle gravitationnel sur la base <strong>de</strong>s échanges entre 23<br />

pays <strong>de</strong> l’OCDE, sur une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> 20 années (1980-1999). Les estimations <strong>de</strong> l’impact <strong>de</strong>s facteurs<br />

influençant le commerce bilatéral sont réalisées sur <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l’échantillon puis sont appliquées à<br />

chacune <strong>de</strong>s relations d’échanges entre <strong>les</strong> 23 pays afin <strong>de</strong> déterminer une « cible » <strong>de</strong> commerce<br />

international <strong>de</strong> ces pays <strong>avec</strong> leurs principaux partenaires commerciaux, compte tenu <strong>de</strong>s caractéristiques<br />

<strong>de</strong> chacun <strong>de</strong>s pays à l’échange.<br />

L’équation estimée est inspirée du modèle <strong>de</strong> gravité <strong>de</strong> Bergstrand (1989). Celui-ci repose sur la<br />

logique selon laquelle une moindre distance entre <strong>de</strong>ux pays conduit à une plus gran<strong>de</strong> intensité <strong>de</strong> leurs<br />

échanges commerciaux bilatéraux. Les développements récents <strong>de</strong> l’analyse gravitationnelle mettent en<br />

évi<strong>de</strong>nce un certain nombre <strong>de</strong> facteurs structurels qui influencent le commerce entre <strong>de</strong>ux pays. On peut<br />

citer notamment le PIB du pays importateur qui mesure le potentiel <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> ce pays, le PIB du<br />

pays exportateur correspondant au potentiel d’offre, la distance géographique entre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux pays, la<br />

distance économique mesurée par le différentiel <strong>de</strong> PIB par tête, l’existence d’une frontière commune ou<br />

l’appartenance commune a une même zone régionale <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange qui ont <strong>de</strong>s effets dopants sur <strong>les</strong><br />

échanges notamment. Les taux <strong>de</strong> change et leur volatilité peuvent également jouer un rôle dont il faut<br />

tenir compte.<br />

En intégrant <strong>les</strong> caractéristiques <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux pays à l’échange, on obtient alors une estimation <strong>de</strong> leur<br />

commerce bilatéral potentiel et une estimation du potentiel <strong>de</strong> croissance <strong>de</strong>s échanges entre eux en<br />

mesurant l’écart entre <strong>les</strong> flux observés et <strong>les</strong> flux potentiels.<br />

3.3. Un rôle non négligeable <strong>de</strong> l’ALENA sur le commerce bilatéral<br />

66


Plusieurs spécifications économétriques sont testées, el<strong>les</strong> permettent <strong>de</strong> mettre en évi<strong>de</strong>nce<br />

l’influence relative <strong>de</strong>s différents facteurs sur le commerce bilatéral 30 .<br />

• Dans le premier cas, on envisage une spécification selon la métho<strong>de</strong> <strong>de</strong>s moindres carrés<br />

ordinaires (MCO)dans laquelle <strong>les</strong> variab<strong>les</strong> explicatives sont <strong>les</strong> suivantes : PIB du pays exportateur, PIB<br />

du pays importateur, la distance géographique, l’existence d’une frontière commune (adjacence, notée<br />

ADJ dans <strong>les</strong> tableaux), <strong>les</strong> variab<strong>les</strong> relatives aux <strong>zones</strong> régiona<strong>les</strong> d’échanges (UE, AELE, ALENA),<br />

l’indice du taux <strong>de</strong> change bilatéral du pays exportateur par rapport à la monnaie du pays importateur noté<br />

ICHEIJ, la volatilité <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> change bilatéraux notée VOLCHGE.<br />

La variable ALENA est fortement significative et son effet net sur <strong>les</strong> échanges est important<br />

(46,6 % <strong>de</strong> commerce en plus). Il est nettement plus marqué que l’appartenance commune <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux pays à<br />

l’UE (cf. tableau 2), ce qui conduit à douter quelque peu <strong>de</strong> la spécification du modèle.<br />

Tableau 2 : Métho<strong>de</strong> <strong>de</strong>s Moindres Carrés Ordinaires (MCO)<br />

Variab<strong>les</strong> Coefficient t-stu<strong>de</strong>nt P-value<br />

PIBppi 0,8652 118,6420 0,0000<br />

PIBppj 0,8589 117,7840 0,0000<br />

DIST -0,7802 -71,7950 0,0000<br />

ADJ 0,2575 6,6630 0,0000<br />

UE 0,0963 3,6710 0,0001<br />

AELE 0,3637 7,1050 0,0000<br />

ALENA 0,3830 2,8300 0,0055<br />

ICHGEIJ 0,0905 14,2290 0,0000<br />

VOLCHGE -0,3521 -31,6100 0,0000<br />

Constante -10,1410 -60,7220 0,0000<br />

Nb observations 10120<br />

R² ajusté 0,8022<br />

• Il est possible que l’existence du régime douanier <strong>de</strong>s maquiladoras vienne perturber<br />

l’influence <strong>de</strong> l’ALENA sur <strong>les</strong> échanges bilatéraux. Afin <strong>de</strong> vérifier cette hypothèse, on envisage une<br />

estimation économétrique dans laquelle <strong>les</strong> flux <strong>les</strong> échanges bilatéraux entre <strong>les</strong> Etats-Unis et le Mexique<br />

sont corrigés <strong>de</strong>s flux <strong>de</strong> commerce correspondant au régime douanier dérogatoire (cf. tableau 3). Même<br />

si son effet est moindre, la variable ALENA conserve un coefficient important (0,34). Toutefois, la<br />

différence <strong>de</strong> niveau entre l’effet sur le commerce attribué à l’appartenance à l’UE et à l’ALENA conduit,<br />

là également, à douter <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> la spécification.<br />

Tableau 3 : Métho<strong>de</strong> <strong>de</strong>s MCO, hors commerce <strong>de</strong>s maquiladoras<br />

Variab<strong>les</strong> Coefficient t-stu<strong>de</strong>nt P-value<br />

PIBppi 0,8646 118,5530 0,0000<br />

PIBppj 0,8590 117,7870 0,0000<br />

DIST -0,7803 -71,8040 0,0000<br />

ADJ 0,2503 6,4760 0,0000<br />

UE 0,0963 3,6710 0,0002<br />

AELE 0,3649 7,1270 0,0000<br />

ALENA 0,3365 2,4860 0,0129<br />

ICHGEIJ 0,0892 14,0230 0,0000<br />

VOLCHGE -0,3533 -31,7220 0,0000<br />

30 Voir en annexe 3 <strong>les</strong> caractéristiques <strong>de</strong> l’analyse économétrique. On peut noter que la variable <strong>de</strong> change ICHGEIJ est <strong>de</strong><br />

signe positif dans toutes <strong>les</strong> spécifications économétriques testées. Cela s’explique simplement par le fait que la variable<br />

expliquée est mesurée en dollars courants : une augmentation du taux <strong>de</strong> change du pays exportateur se traduit par une<br />

augmentation <strong>de</strong>s exportations en valeur du fait <strong>de</strong> l’effet-prix, même si <strong>les</strong> exportations en volume peuvent diminuer.<br />

67


Constante -10,1310 -60,6540 0,0000<br />

Nb observations 10120<br />

R² ajusté 0,8020<br />

• De manière à vérifier que l’effet capté par la variable ALENA ne résulte pas d’une relation<br />

bilatérale spécifique et particulièrement intense entre <strong>les</strong> Etats-Unis et le Mexique qui aurait prévalu<br />

indépendamment <strong>de</strong> l’ALENA, une spécification supplémentaire est testée. Ici, <strong>de</strong>s effets fixes attribués à<br />

chaque relation bilatérale d’échanges entre tous <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l’échantillon sont intégrés. Ils permettent <strong>de</strong><br />

tenir compte <strong>de</strong> facteurs structurels qui peuvent expliquer <strong>de</strong> manière rémanente l’intensité <strong>de</strong>s échanges<br />

entre <strong>de</strong>ux pays, comme <strong>les</strong> relations historiques ou culturel<strong>les</strong> spécifiques. Dans cette troisième<br />

spécification, la variable ALENA conserve son influence, certes amoindrie, (0,27, cf . tableau 4) et son<br />

caractère significatif. L’intensité <strong>de</strong>s relations entre <strong>les</strong> Etats-Unis et le Mexique ne peut donc être<br />

totalement expliquée par une quelconque spécificité <strong>de</strong>s relations bilatéra<strong>les</strong> entre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux pays. Corrigé<br />

<strong>de</strong>s flux d’échanges réalisés sous le régime <strong>de</strong>s maquiladoras, dans une quatrième spécification, la<br />

variable conserve un niveau conséquent (0,25, cf . tableau 5). Dans cette spécification, l’influence <strong>de</strong><br />

l’appartenance à l’UE retrouve un niveau plus en accord <strong>avec</strong> l’effet attribué à l’ALENA.<br />

Tableau 4 : Modèle à effets fixe sur le couple pays i/pays j<br />

Variab<strong>les</strong> Coefficient t-stu<strong>de</strong>nt P-value<br />

PIBppi 1,3169 41,7310 0,0000<br />

PIBppj 1,5218 48,2250 0,0000<br />

UE 0,3316 20,0690 0,0000<br />

AELE -0,0015 -0,0460 0,9634<br />

ALENA 0,2768 4,3420 0,0000<br />

ICHGEIJ 0,0093 1,7630 0,0779<br />

VOLCHGE -0,0494 -8,7230 0,0000<br />

Nb observations 10120<br />

R² ajusté 0,9733<br />

Cond. Number 20,15 (Multicolinéarité)<br />

LM test 54431 (Modè<strong>les</strong> à effets / MCO)<br />

Hausman test 1053,68 (Effets fixes / effets aléatoires)<br />

Tableau 5 : Modèle à effets fixe sur le couple i/j, hors maquiladoras<br />

Variab<strong>les</strong> Coefficient t-stu<strong>de</strong>nt P-value<br />

PIBppi 1,3163 41,7130 0,0000<br />

PIBppj 1,5218 48,2240 0,0000<br />

UE 0,3316 20,0680 0,0000<br />

AELE -0,0014 -0,0450 0,9639<br />

ALENA 0,2523 3,9570 0,0001<br />

ICHGEIJ 0,0084 1,5930 0,1112<br />

VOLCHGE -0,0498 -8,7890 0,0000<br />

Nb observations 10120<br />

R² ajusté 0,9733<br />

Cond. Number 20,15 (Multicolinéarité)<br />

LM test 54421 (Modè<strong>les</strong> à effets / MCO)<br />

Hausman test 1054,53 (Effets fixes / effets aléatoires)<br />

• Deux spécifications supplémentaires cherchent à isoler <strong>les</strong> effets respectifs du commerce<br />

entre <strong>les</strong> Etats-Unis et le Mexique, d’une part, et entre <strong>les</strong> Etats-Unis et le Canada, d’autre part, dans le<br />

poids <strong>de</strong> la variable ALENA pour expliquer <strong>les</strong> relations bilatéra<strong>les</strong> d’échanges. Ici, comme dans <strong>les</strong><br />

spécifications précé<strong>de</strong>ntes, la variable muette correspondant à l’entrée en vigueur <strong>de</strong> l’accord <strong>de</strong> <strong>libre</strong>échange<br />

vaut 1 <strong>de</strong>puis 1989 et 0 <strong>les</strong> années précé<strong>de</strong>ntes dans le cas du commerce entre <strong>les</strong> Etats-Unis et le<br />

Canada. C’est en effet <strong>de</strong>puis cette date qu’un tel accord est entré en vigueur entre ces <strong>de</strong>ux pays.<br />

Concernant <strong>les</strong> relations bilatéra<strong>les</strong> entre le Mexique et <strong>les</strong> Etats-Unis, la variable muette vaut 1 à partir <strong>de</strong><br />

68


1994. C’est bien la relation entre <strong>les</strong> Etats-Unis et le Mexique <strong>de</strong>puis 1994 qui pèse le plus lourd pour<br />

expliquer l’influence <strong>de</strong> la variable ALENA dans le modèle. Lorsque <strong>les</strong> échanges entre <strong>les</strong> Etats-Unis et<br />

le Canada sont retirés <strong>de</strong> l’échantillon, la variable ALENA présente une valeur <strong>de</strong> 0,44 (cf. tableau 6).<br />

Toutefois, le Canada a une part d’influence dans la valeur <strong>de</strong> cette variable puisque, lorsque on retire <strong>les</strong><br />

échanges entre <strong>les</strong> Etats-Unis et le Mexique <strong>de</strong> l’échantillon, elle conserve son caractère significatif même<br />

si son niveau est nettement plus faible (0,18, cf. tableau 7). L’accord <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange semble donc avoir<br />

un effet robuste sur <strong>les</strong> relations bilatéra<strong>les</strong> entre <strong>les</strong> trois pays, même si cela s’avère moins vrai dans le<br />

cas <strong>de</strong> la relation Mexique – Canada.<br />

Tableau 6 : Modèle à effets fixe, hors échanges Etats Unis/Canada<br />

Variab<strong>les</strong> Coefficient t-stu<strong>de</strong>nt P-value<br />

PIBppi 1,3175 41,6910 0,0000<br />

PIBppj 1,5219 48,1590 0,0000<br />

UE 0,3316 20,0440 0,0000<br />

AELE -0,0015 -0,0460 0,9631<br />

ALENA 0,4422 5,5020 0,0000<br />

ICHGEIJ 0,0093 1,7660 0,0774<br />

VOLCHGE -0,0490 -8,6300 0,0000<br />

Nb observations 10080<br />

R² ajusté 0,9727<br />

Cond. Number 20,16 (Multicolinéarité)<br />

LM test 54527 (Modè<strong>les</strong> à effets / MCO)<br />

Hausman test 1052,56 (Effets fixes / effets aléatoires)<br />

Tableau 7 : Modèle à effets fixe, hors échanges Etats Unis/Mexique<br />

Variab<strong>les</strong> Coefficient t-stu<strong>de</strong>nt P-value<br />

PIBppi 1,3165 41,6550 0,0000<br />

PIBppj 1,5206 48,1130 0,0000<br />

UE 0,3319 20,0630 0,0000<br />

AELE -0,0017 -0,0530 0,9580<br />

ALENA 0,1786 2,3200 0,0204<br />

ICHGEIJ 0,0097 1,7980 0,0722<br />

VOLCHGE -0,0496 -8,6570 0,0000<br />

Nb observations 10080<br />

R² ajusté 0,9730<br />

Cond. Number 20,15 (Multicolinéarité)<br />

LM test 53951 (Modè<strong>les</strong> à effets / MCO)<br />

Hausman test 1058,44 (Effets fixes / effets aléatoires)<br />

• Dans une ultime vérification <strong>de</strong> l’effet <strong>de</strong> l’ALENA, on envisage une distance<br />

géographique différente entre <strong>les</strong> Etats-Unis et le Mexique, à la manière suggérée par Head et Mayer<br />

(2001). En effet, ces auteurs proposent que l’on ne tienne plus compte <strong>de</strong> la distance <strong>de</strong> capitale à capitale<br />

mais <strong>de</strong> la distance entre un centre économique <strong>de</strong> poids lorsque celui-ci se trouve plus proche du pays<br />

étudié. Dans le cas d’un grand pays comme <strong>les</strong> Etats-Unis, il est probable que ce type <strong>de</strong> correction soit<br />

d’autant plus justifié, étant donné l’importance en termes <strong>de</strong> poids économique <strong>de</strong>s Etats fédérés situés à<br />

proximité du Mexique. La ville <strong>de</strong> Los Ange<strong>les</strong> représente un candidat naturel pour évaluer la distance<br />

entre le Mexique et <strong>les</strong> Etats-Unis. Toutefois la distance entre Mexico et Washington est très proche <strong>de</strong> la<br />

69


distance entre Mexico et Los Ange<strong>les</strong>. Par conséquent, <strong>les</strong> coefficients économétriques ne sont que très<br />

peu modifiés dans le cas d’une spécification impliquant la prise en compte <strong>de</strong> la distance entre Mexico et<br />

Los Ange<strong>les</strong>. De manière ad hoc, nous choisissons la ville <strong>de</strong> Houston. L’influence <strong>de</strong> la variable ALENA<br />

dans ce cas est profondément amoindrie puisque une large part <strong>de</strong>s échanges bilatéraux est alors expliquée<br />

par la proximité géographique (cf. tableaux 8 et 9). La variable conserve toutefois un poids explicatif non<br />

négligeable, ce qui plai<strong>de</strong> pour la robustesse <strong>de</strong> l’effet ALENA sur le commerce entre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux pays.<br />

Toutefois, étant donné l’arbitraire du choix, la valeur <strong>de</strong> la variable ALENA ne peut être considérée<br />

comme représentative dans cette spécification.<br />

Tableau 8 : Métho<strong>de</strong> <strong>de</strong>s Moindres Carrés Ordinaires (MCO), Houston<br />

Variab<strong>les</strong> Coefficient t-stu<strong>de</strong>nt P-value<br />

PIBppi 0,8636 118,5250 0,0000<br />

PIBppj 0,8573 117,6660 0,0000<br />

DIST -0,7801 -71,9210 0,0000<br />

ADJ 0,2207 5,6920 0,0000<br />

UE 0,0983 3,7520 0,0002<br />

AELE 0,3710 7,2540 0,0000<br />

ALENA 0,2297 1,6970 0,0897<br />

ICHGEIJ 0,0905 14,2380 0,0000<br />

VOLCHGE -0,3580 -32.2360 0,0000<br />

Constante -10,1170 -60,5690 0,0000<br />

Nb observations 10120<br />

R² ajusté 0,8024<br />

Tableau 9 : Métho<strong>de</strong> <strong>de</strong>s MCO, Houston, hors maquiladoras<br />

Variab<strong>les</strong> Coefficient t-stu<strong>de</strong>nt P-value<br />

PIBppi 0,8630 118,3790 0,0000<br />

PIBppj 0,8574 117,6120 0,0000<br />

DIST -0,7796 -71,8360 0,0000<br />

ADJ 0,2143 5,5240 0,0000<br />

UE 0,0990 3,7790 0,0002<br />

AELE 0,3728 7,2850 0,0000<br />

ALENA 0,1837 1,3560 0,1750<br />

ICHGEIJ 0,0892 14,0250 0,0000<br />

VOLCHGE -0,3594 -32,3530 0,0000<br />

Constante -10,1120 -60,5060 0,0000<br />

Nb observations 10120<br />

R² ajusté 0,8020<br />

En conclusion, <strong>les</strong> différentes spécifications économétriques ont permis <strong>de</strong> vérifier la robustesse<br />

<strong>de</strong> l’effet <strong>de</strong> l’accord <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange sur le commerce bilatéral entre <strong>les</strong> Etats-Unis et le Mexique. De<br />

manière relativement constante, cet effet explique entre 30 % et 45 % du commerce entre ces <strong>de</strong>ux pays.<br />

Lorsqu’on enlève <strong>les</strong> échanges réalisés sous le régime spécial <strong>de</strong>s maquiladoras et lorsqu’on tient compte<br />

<strong>de</strong>s relations spécifiques entre <strong>les</strong> Etats-Unis et le Mexique qui prévalaient dès avant l’entrée en vigueur<br />

<strong>de</strong> l’accord, l’effet <strong>de</strong> l’Accord nord-américain <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange se situe aux environs <strong>de</strong> 30 % <strong>de</strong><br />

70


commerce en plus. C’est cette spécification économétrique qui s’avère la plus pertinente 31 et c’est donc ce<br />

niveau relatif à la variable ALENA que nous retiendrons.<br />

4. Influence relative <strong>de</strong>s facteurs sur <strong>les</strong> pertes <strong>de</strong> parts <strong>de</strong> marché européennes au Mexique<br />

Il est possible d’utiliser <strong>les</strong> différentes spécifications économétriques afin <strong>de</strong> mettre en lumière <strong>les</strong><br />

facteurs expliquant <strong>les</strong> performances divergentes <strong>de</strong>s Etats-Unis et <strong>de</strong> l’Union européenne au Mexique,<br />

<strong>de</strong>puis 1994.<br />

4.1. Par rapport à leur potentiel, <strong>les</strong> exportations européennes s’avèrent plus performantes<br />

Si l’on retient la spécification <strong>avec</strong> effets fixes comme la spécification la plus pertinente, après une<br />

pério<strong>de</strong> où <strong>les</strong> échanges observés <strong>de</strong> l’Union européenne étaient inférieurs à leur niveau théorique, cette<br />

situation s’est inversée au milieu <strong>de</strong>s années quatre-vingt (graphique 3).<br />

Dans la première moitié <strong>de</strong>s années quatre-vingt-dix, plus que l’entrée en vigueur <strong>de</strong> l’ALENA,<br />

c’est la crise du peso <strong>de</strong>s années 1994-1995 qui a donné un brusque coup <strong>de</strong> frein aux exportations<br />

européennes. L’année 1996 s’est traduite par un rebond <strong>de</strong>s exportations et un retour vers la tendance <strong>de</strong><br />

long terme <strong>de</strong> dépassement <strong>de</strong>s échanges observés par <strong>les</strong> échanges potentiels, lorsque ceux-ci sont<br />

évalués par la métho<strong>de</strong> <strong>avec</strong> effets fixes (graphique 3).<br />

Il reste que la crise du peso durant l’année 1995 a plus sévèrement affecté <strong>les</strong> exportations<br />

européennes. Il est probable que le rôle <strong>de</strong>s maquiladoras ait été déterminant sur ce point : alors que la<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> intérieure s’effondrait en 1995, <strong>les</strong> flux croisés d’importations et d’exportations réalisés par <strong>les</strong><br />

maquiladoras pour servir le marché <strong>de</strong>s Etats-Unis ont été proportionnellement moins affectés. Ainsi, le<br />

processus d’intégration <strong>avec</strong> <strong>les</strong> Etats-Unis à l’œuvre <strong>de</strong>puis le milieu <strong>de</strong> la décennie quatre-vingts se<br />

traduit aujourd’hui par un commerce bilatéral total légèrement supérieur au commerce potentiel, lorsque<br />

celui-ci est évalué <strong>avec</strong> le modèle économétrique le plus pertinent (effets fixes, cf. graphique 4B).<br />

Toutefois, dès lors que l’on exclut le commerce réalisé sous le régime <strong>de</strong>s maquiladoras, <strong>les</strong><br />

exportations américaines sont très légèrement inférieures à leur niveau théorique (graphique 4C). La<br />

performance américaine est ainsi relativisée. Alors que le commerce observé <strong>de</strong> l’Union européenne est<br />

<strong>de</strong> 11,4 % supérieur aux échanges théoriques en 1999, l’écart est en effet <strong>de</strong> -4,9 % dans le cas <strong>de</strong>s Etats-<br />

Unis.<br />

4.2. Poids relatifs <strong>de</strong>s facteurs dans l’évolution différenciée <strong>de</strong>s parts <strong>de</strong> marché <strong>de</strong> l’Union<br />

européenne et <strong>de</strong>s Etats-Unis<br />

Il n’en reste pas moins que la progression en pourcentage <strong>de</strong>s exportations européennes apparaît<br />

très nettement en <strong>de</strong>çà <strong>de</strong> la progression <strong>de</strong>s exportations <strong>de</strong>s Etats-Unis sur la pério<strong>de</strong> : respectivement<br />

+31,6 % contre +65,6 % entre 1994 et 1999 (cf. tableau 10). Corrigée <strong>de</strong>s échanges <strong>de</strong> perfectionnement<br />

passif (maquiladoras), la progression <strong>de</strong>s exportations américaines sur le marché mexicain <strong>de</strong>puis 1994<br />

apparaît cependant nettement plus proche <strong>de</strong> la performance européenne : respectivement +44,0 % et<br />

+ 31,6 % entre 1994 et 1999, même si <strong>les</strong> niveaux absolus d’échanges restent très éloignés l’un <strong>de</strong> l’autre.<br />

Cet écart <strong>de</strong> performance peut également être expliqué par l’écart <strong>de</strong> croissance qu’ont connu<br />

l’Union européenne et <strong>les</strong> Etats-Unis entre 1994 et 1999. La différence <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> croissance du PIB en<br />

parité <strong>de</strong> pouvoir d’achat s’est élevée à 10,6 % sur la pério<strong>de</strong>,contribuant à expliquer un écart <strong>de</strong> 14,0 %<br />

<strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> croissance <strong>de</strong>s exportations européennes et nord-américaines au Mexique entre 1994 et<br />

1999 32 .<br />

Par conséquent, ces <strong>de</strong>ux facteurs font plus qu’expliquer l’écart <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> croissance <strong>de</strong>s<br />

exportations européennes et américaines entre 1994 et 1999 : sur un écart total <strong>de</strong> 34,0 %, 21,6 % peuvent<br />

31 Notamment parce que la présence d’effets fixes permet <strong>de</strong> tenir compte <strong>de</strong>s relations spécifiques nouées entre chaque paire <strong>de</strong><br />

pays mais également parce que <strong>les</strong> tests économétriques soulignent la meilleure qualité <strong>de</strong>s estimations <strong>avec</strong> ce modèle par<br />

rapport aux MCO.<br />

32 La variable exportation présente une élasticité au PIB du pays exportateur <strong>de</strong> 1,32.<br />

71


être attribués au renforcement du commerce <strong>de</strong> perfectionnement passif et 14,0 % à l’écart <strong>de</strong> croissance<br />

<strong>de</strong> l’UE et <strong>de</strong>s Etats-Unis sur la pério<strong>de</strong>. Finalement, compte tenu <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux facteurs pénalisants pour<br />

l’Union européenne, ses performances à l’exportation sur le marché américain se révèlent supérieures aux<br />

performances attendues. L’ALENA ne semble donc pas avoir joué <strong>de</strong> rôle déterminant sur le déclin <strong>de</strong>s<br />

parts <strong>de</strong> marché européennes.<br />

Exprimé différemment, le recul <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> marché européenne au Mexique entre 1994 et 1999<br />

(-1,9 %), alors que, dans le même temps, <strong>les</strong> Etats-Unis passaient <strong>de</strong> 70,0 % à 74,0 % (+4,0 %, cf. tableau<br />

10 en annexe), doit être relativisé. Si l’on retranche <strong>les</strong> effets dus aux maquiladoras, l’écart dans<br />

l’évolution <strong>de</strong>s parts <strong>de</strong> marché se réduit sensiblement : -0,9 % et +1,4 % respectivement. Si l’on tient<br />

compte du différentiel <strong>de</strong> croissance, l’écart <strong>de</strong> croissance <strong>de</strong>s parts <strong>de</strong> marché <strong>de</strong>vient positif en faveur <strong>de</strong><br />

l’UE. Naturellement, cette correction est artificielle, mais elle souligne la faible influence <strong>de</strong> l’ALENA<br />

pour expliquer la perte tendancielle <strong>de</strong> parts <strong>de</strong> marché <strong>de</strong> l’UE au Mexique.<br />

4.3. L’évolution <strong>de</strong>s parts <strong>de</strong> marché respectives s’inscrit dans une tendance <strong>de</strong> long<br />

terme marquée par l’intégration croissante entre un centre industrialisé et une zone<br />

périphérique en développement<br />

L’évolution comparée <strong>de</strong>s parts <strong>de</strong> marché <strong>de</strong>s Etats-Unis et <strong>de</strong> l’Union européenne dans leur zone<br />

« atelier » respective confirme le rôle croissant du commerce <strong>de</strong> perfectionnement passif entre une région<br />

centre hautement industrialisée et une ou plusieurs régions périphériques caractérisées par <strong>de</strong> faib<strong>les</strong> coûts<br />

<strong>de</strong> main-d’œuvre (graphiques 5 et 6 en annexe). En permettant le développement <strong>de</strong>s pays en rattrapage,<br />

une telle architecture <strong>de</strong>s échanges internationaux se traduit par <strong>de</strong>s gains en pouvoir d’achat dans ces<br />

pays, qui <strong>de</strong>viennent autant <strong>de</strong> marchés naturels pour <strong>les</strong> produits élaborés dans la région centre.<br />

Un tel schéma apparaît toutefois plus marqué dans le cas <strong>de</strong> l’Union européenne et <strong>de</strong> sa<br />

périphérie <strong>avec</strong> une progression plus frappante <strong>de</strong>s parts <strong>de</strong> marché européennes dans la zone atelier. La<br />

forte progression européenne dans <strong>les</strong> PECO au tournant <strong>de</strong>s années quatre-vingt-dix est certes atypique :<br />

elle s’explique par la transition économique <strong>de</strong> ces pays, l’effondrement <strong>de</strong> l’URSS et la réorientation du<br />

commerce extérieur qui s’en est suivie.<br />

La négociation d’<strong>accords</strong> <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange régionaux ne fait qu’accompagner une telle dynamique.<br />

Plus qu’une éviction <strong>de</strong>s autres pays industrialisés pour servir la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> croissante <strong>de</strong>s pays émergents,<br />

c’est bien à une concurrence sud-sud pour l’accès aux marchés <strong>de</strong>s pays du nord que l’on assiste. Il est<br />

fort probable que l’accord <strong>de</strong> l’ALENA se soit traduit par une concentration <strong>de</strong>s investissements <strong>les</strong> plus<br />

mobi<strong>les</strong> <strong>de</strong>stinés à servir le marché nord américain au détriment <strong>de</strong>s pays voisins. En tout état <strong>de</strong> cause, la<br />

perspective <strong>de</strong> l’accord a contribué à renforcer très fortement <strong>les</strong> investissements directs <strong>de</strong>s Etats-Unis au<br />

Mexique dès le début <strong>de</strong> la décennie quatre-vingt-dix lorsque la perspective <strong>de</strong> l’accord est <strong>de</strong>venue plus<br />

tangible (cf. graphique 2). Par voie <strong>de</strong> conséquence, <strong>les</strong> importants montants d’échanges bilatéraux qui<br />

découlent <strong>de</strong> l’implantation <strong>de</strong> sites <strong>de</strong> production <strong>de</strong> filia<strong>les</strong> <strong>de</strong> groupes étrangers 33 se sont très<br />

certainement développés entre <strong>les</strong> Etats-Unis et le Mexique plutôt qu’<strong>avec</strong> d’autres pays <strong>de</strong> la zone.<br />

Conclusion<br />

L’évolution comparée <strong>de</strong>s parts <strong>de</strong> marché <strong>de</strong> l’Union européenne et <strong>de</strong>s Etats-Unis au Mexique a<br />

contribué à motiver <strong>les</strong> pouvoirs publics européens à s’engager dans un accord <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange <strong>avec</strong> le<br />

Mexique. Sans remettre en cause <strong>les</strong> effets positifs attendus d’un tel accord qui ne peut que renforcer <strong>les</strong><br />

relations transatlantiques, il convient <strong>de</strong> relativiser <strong>les</strong> effets directs et à court-terme <strong>de</strong> l’ALENA sur <strong>les</strong><br />

volumes d’exportations européens et américains à <strong>de</strong>stination du Mexique.<br />

La dégradation <strong>de</strong>s parts <strong>de</strong> marché européennes n’est pas un phénomène nouveau. Elle s’inscrit<br />

dans une tendance <strong>de</strong> long terme initiée <strong>avec</strong> la mise en œuvre du régime <strong>de</strong> perfectionnement passif<br />

nord-américain en 1965. Le mouvement unilatéral d’ouverture commerciale du Mexique au début <strong>de</strong>s<br />

années quatre-vingt a fortement contribué à renforcer cette dynamique. En effet, l’accroissement du <strong>de</strong>gré<br />

d’ouverture aux échanges d’un pays se traduit immanquablement par le renforcement <strong>de</strong> l’intégration<br />

33 Sur le lien entre <strong>les</strong> investissements directs à l’étranger et <strong>les</strong> exportations, voir Fontagné et Pajot (1997).<br />

72


économique <strong>avec</strong> ses voisins <strong>les</strong> plus proches, notamment grâce au développement du commerce intrabranche.<br />

Il serait excessif d’attribuer la dégradation <strong>de</strong>s parts <strong>de</strong> marché européennes à l’entrée en vigueur<br />

<strong>de</strong> l’ALENA qui, selon <strong>les</strong> calculs <strong>de</strong> Krueger (1999), <strong>de</strong>vrait se traduire au terme <strong>de</strong>s quinze années <strong>de</strong><br />

transition prévues par l’accord, par la réduction <strong>de</strong> 15 % du prix <strong>de</strong>s biens nord-américains importés. Ce<br />

pourcentage est à rapprocher <strong>de</strong>s variations <strong>de</strong> change que connaissent <strong>de</strong>s monnaies comme le peso, le<br />

dollar et l’euro sur une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> temps aussi longue.<br />

Il reste que sur la base d’un modèle gravitationnel, l’ALENA semble exercer un effet non<br />

négligeable et robuste <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 30 % <strong>de</strong> commerce supplémentaire. Plus que du différentiel tarifaire,<br />

cet effet d’entraînement résulte vraisemblablement <strong>de</strong> l’intensification <strong>de</strong>s flux d’investissements <strong>de</strong>s<br />

Etats-Unis vers le Mexique.<br />

Dans le cas du différentiel d’évolution <strong>de</strong>s parts <strong>de</strong> marché <strong>de</strong> l’UE et <strong>de</strong>s Etats-Unis au Mexique,<br />

l’intensification du commerce sous le régime <strong>de</strong>s maquiladoras ainsi que le différentiel <strong>de</strong> croissance du<br />

PIB entre l’Europe et <strong>les</strong> Etats-Unis expliquent cependant la totalité <strong>de</strong>s pertes <strong>de</strong> parts <strong>de</strong> marché<br />

européennes au Mexique.<br />

ANNEXE 1 :<br />

Tableau 1 : I mportations du Mexique<br />

IMPORTATIONS<br />

en milliards <strong>de</strong> USD<br />

1970 1975 1980 1985 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999<br />

T O T A L 2,1 6,0 17,7 13,4 30,0 49,9 62,1 65,4 79,3 72,5 89,5 109,8 125,2 142,0<br />

PAYS INDUSTRIALISES 2,0 5,4 15,2 12,1 27,4 46,1 56,8 59,6 72,2 66,3 81,8 99,3 112,8 127,2<br />

Union Européenne 0,5 1,1 2,8 1,9 5,2 6,2 7,7 7,7 9,0 6,7 7,7 9,9 11,7 12,7<br />

France 0,1 0,2 0,5 0,3 0,7 1,0 1,3 1,1 1,5 1,0 1,0 1,2 1,4 1,4<br />

Allemagne 0,2 0,4 0,9 0,5 1,7 2,3 2,5 2,8 3,1 2,7 3,2 3,9 4,6 5,0<br />

Italie 0,0 0,1 0,3 0,2 0,4 0,6 1,0 0,8 1,0 0,8 1,0 1,3 1,6 1,6<br />

Royaume-Uni 0,1 0,2 0,4 0,3 0,6 0,5 0,6 0,6 0,7 0,5 0,7 0,9 1,1 1,1<br />

Amérique du nord 1,3 3,9 11,2 9,2 20,2 37,6 45,3 47,7 58,6 55,4 69,4 84,1 95,5 108,2<br />

Japon Australie Nelle Zélan 0,1 0,3 1,0 0,8 1,5 1,9 3,3 3,6 4,1 3,8 4,2 4,7 5,0 5,5<br />

RESTE DU MONDE 0,1 0,6 2,5 1,3 2,6 3,8 5,3 5,8 7,1 6,2 7,7 10,5 12,3 14,7<br />

PART DANS LES IMPORTATIONS<br />

1970 1975 1980 1985 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999<br />

PAYS INDUSTRIALISES 94,9 % 90,2 % 85,8 % 90,1 % 91,3 % 92,4 % 91,4 % 91,1 % 91,0 % 91,5 % 91,4 % 90,4 % 90,1 % 89,6 %<br />

Union Européenne 23,3 % 19,0 % 16,0 % 14,2 % 17,4 % 12,4 % 12,3 % 11,8 % 11,3 % 9,3 % 8,6 % 9,0 % 9,3 % 9,0 %<br />

France 4,5 % 2,8 % 2,7 % 2,0 % 2,4 % 1,9 % 2,1 % 1,6 % 1,9 % 1,4 % 1,1 % 1,1 % 1,1 % 1,0 %<br />

Allemagne 7,9 % 7,3 % 5,0 % 4,0 % 5,6 % 4,7 % 4,0 % 4,3 % 3,9 % 3,7 % 3,5 % 3,6 % 3,6 % 3,5 %<br />

Italie 1,7 % 1,7 % 1,6 % 1,6 % 1,5 % 1,2 % 1,6 % 1,3 % 1,3 % 1,1 % 1,1 % 1,2 % 1,3 % 1,2 %<br />

Royaume-Uni 3,1 % 2,9 % 2,1 % 2,1 % 2,0 % 1,0 % 1,0 % 0,9 % 0,9 % 0,7 % 0,8 % 0,8 % 0,8 % 0,8 %<br />

Amérique du nord 63,6 % 64,7 % 63,4 % 68,4 % 67,4 % 75,3 % 73,0 % 73,0 % 73,9 % 76,4 % 77,5 % 76,6 % 76,3 % 76,2 %<br />

Japon Australie Nelle Zélan 4,3 % 4,8 % 5,4 % 6,2 % 5,0 % 3,9 % 5,3 % 5,6 % 5,2 % 5,2 % 4,7 % 4,2 % 4,0 % 3,9 %<br />

RESTE DU MONDE 5,1 % 9,8 % 14,2 % 9,9 % 8,7 % 7,6 % 8,6 % 8,9 % 9,0 % 8,5 % 8,6 % 9,6 % 9,9 % 10,4 %<br />

Source : à partir <strong>de</strong>s données du Fmi (Direction Of Tra<strong>de</strong> Statistics)<br />

PIB (Milliards USD)<br />

Graphique 1 : Importations du Mexique – Le rôle <strong>de</strong>s maquiladoras (millions <strong>de</strong> dollars)<br />

Source : Banco do Mexico<br />

73


20000<br />

16000<br />

12000<br />

8000<br />

4000<br />

0<br />

1980<br />

1981<br />

1982<br />

1983<br />

1984<br />

1985<br />

1986<br />

1987<br />

1988<br />

1989<br />

1990<br />

1991<br />

1992<br />

1993<br />

1994<br />

1995<br />

1996<br />

1997<br />

1998<br />

1999<br />

2000<br />

Im p o rta tio ns to ta le s<br />

Im portations hors Maquilas<br />

ANNEXE 2 :<br />

Principa<strong>les</strong> dispositions <strong>de</strong> l’Accord <strong>de</strong> partenariat entre l’Union européenne et le Mexique<br />

Sur <strong>les</strong> tarifs industriels, le Mexique opère une libéralisation progressive qui s’achève au 1 er<br />

janvier 2007, tandis que la Communauté démantèle l’ensemble <strong>de</strong> ses droits <strong>de</strong> douane dès le 1 er janvier<br />

2003. L’élimination complète <strong>de</strong>s barrières tarifaires sur 47% <strong>de</strong>s importations en provenance <strong>de</strong> l’Union<br />

européenne est effective <strong>de</strong>puis le 1 er juillet 2000 ; dès l’entrée en vigueur <strong>de</strong> l’accord, le Mexique a<br />

supprimé <strong>les</strong> hausses tarifaires appliquées à partir du 1 er janvier 1999 ainsi que cel<strong>les</strong> datant <strong>de</strong> 1995 sur<br />

<strong>les</strong> chaussures et certains texti<strong>les</strong>. Dès 2003, aucun produit européen ne supportera <strong>de</strong> droit supérieur à<br />

5%.<br />

Pour <strong>les</strong> produits agrico<strong>les</strong>, le calendrier <strong>de</strong> démantèlement <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> douane est i<strong>de</strong>ntique<br />

pour le Mexique et la Communauté (<strong>de</strong> 2000 à 2010). Le Conseil conjoint doit se réunir dans un délai <strong>de</strong><br />

trois ans pour examiner, au cas par cas, la libéralisation <strong>de</strong>s produits sensib<strong>les</strong> placés en liste d’attente. Un<br />

accord sur <strong>les</strong> vins (pratiques œnologiques, appellations géographiques) doit encore être conclu.<br />

Le Conseil conjoint du 27 février <strong>de</strong>rnier a décidé <strong>de</strong> l’entrée en vigueur au 1 er mars <strong>de</strong>s<br />

dispositions visant <strong>les</strong> marchés publics. L’accord prévoit immédiatement et sans condition l’application<br />

du traitement national et l’absence <strong>de</strong> discrimination <strong>de</strong>s produits, services et opérateurs étrangers pour <strong>les</strong><br />

entités ainsi que <strong>de</strong> biens et services listés en annexe. Un régime transitoire <strong>de</strong> 7 ans est prévu pour <strong>les</strong><br />

marchés <strong>de</strong> l’énergie et <strong>de</strong> la construction (PEMEX, CFE).<br />

L’approche retenue sur <strong>les</strong> services repose sur un statu quo qui interdit toute discrimination<br />

nouvelle ou accrue et prévoit un délai <strong>de</strong> trois ans pour le dépôt <strong>de</strong>s premières listes préférentiel<strong>les</strong>. Les<br />

services financiers sont le seul secteur où <strong>les</strong> parties sont convenues d’un dépôt immédiat d’engagements.<br />

L’Union européenne obtient à partir <strong>de</strong> 2004 la suppression <strong>de</strong> toute réserve pour l’établissement <strong>de</strong><br />

filia<strong>les</strong> détenues à 100% par <strong>de</strong>s capitaux européens.<br />

Il a été prévu une libéralisation progressive <strong>de</strong>s mouvements <strong>de</strong> capitaux liés aux paiements <strong>de</strong>s<br />

investissements <strong>avec</strong> un statu quo sur <strong>les</strong> paiements liés aux investissements directs ; elle s’accompagne<br />

du renforcement <strong>de</strong> la coopération en matière d’investissement et d’un engagement, dans un délai <strong>de</strong> 3<br />

ans, <strong>de</strong> revoir le climat et le cadre juridique <strong>de</strong>s investissements en vue d’une libéralisation progressive.<br />

74


ANNEXE 3 : Métho<strong>de</strong> d’estimation <strong>de</strong>s potentiels d’échanges entre l’Union européenne et <strong>les</strong><br />

principaux pays candidats<br />

L’estimation utilisant <strong>de</strong>s données <strong>de</strong> panels rend compte ici <strong>de</strong>s flux commerciaux bilatéraux<br />

entre 23 pays industrialisés 34 sur une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> 20 années (<strong>de</strong> 1980 à 1999).<br />

L’équation estimée est inspirée du modèle <strong>de</strong> gravité <strong>de</strong> Bergstrand (1989). Celui-ci repose sur la<br />

logique selon laquelle une moindre distance entre <strong>de</strong>ux pays conduit à une plus gran<strong>de</strong> intensité <strong>de</strong> leurs<br />

échanges commerciaux bilatéraux. La variable expliquée correspond à la valeur <strong>de</strong>s exportations<br />

bilatéra<strong>les</strong> du pays i vers le pays j (X ij ) exprimée en dollars courants et estimée selon différentes équations<br />

intégrant <strong>les</strong> variab<strong>les</strong> suivantes :<br />

• PIB i : PIB en ppa du pays i (source : Chelem) ;<br />

• PIB j : PIB en ppa du pays j (source : Chelem) ;<br />

• DECO ij : distance économique entre <strong>les</strong> pays i et j, approchée par la différence <strong>de</strong> leur PIB<br />

(en ppa) par tête ;<br />

• DIST : distance géographique entre <strong>les</strong> pays i et j (<strong>de</strong> capitale à capitale, source : Pc-<br />

Globe ® ) ;<br />

• ADJ : indicatrice <strong>de</strong> l’existence d’une frontière commune entre <strong>les</strong> pays i et j<br />

(adjacence) ;<br />

• UE : indicatrice <strong>de</strong> l’appartenance <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux pays i et j à l’UE ;<br />

• AELE : indicatrice <strong>de</strong> l’appartenance <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux pays i et j à l’Association européenne <strong>de</strong><br />

<strong>libre</strong>-échange ;<br />

• ALENA : indicatrice <strong>de</strong> l’appartenance <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux pays i et j à l’Accord nord-américain<br />

<strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange ;<br />

• Chgei(j) : taux <strong>de</strong> change du pays i (j) par rapport au dollar (nombre d’unités <strong>de</strong> la<br />

monnaie du pays i (j) pour un dollar) ; Source : Chelem ;<br />

• Chgeij (= Chgej/Chgei) : taux <strong>de</strong> change bilatéral, du pays j par rapport à la monnaie du<br />

pays i (nombre d’unités <strong>de</strong> la monnaie j pour une unité <strong>de</strong> la monnaie i). Interprétation : une hausse<br />

<strong>de</strong> chgeij traduit une appréciation <strong>de</strong> la monnaie <strong>de</strong> i ou une dépréciation <strong>de</strong> la monnaie <strong>de</strong> j ;<br />

• Ichgeij : indice du taux <strong>de</strong> change bilatéral base 100 en 1977. Traduit l’évolution en<br />

bilatéral <strong>de</strong> la monnaie sans prendre en compte le niveau <strong>de</strong> la <strong>de</strong>vise. 1977 a été choisie hors<br />

pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’échantillon pour éviter que toutes <strong>les</strong> monnaies soient considérées au même niveau une<br />

année donnée. En choisissant 1977, on évite <strong>les</strong> mouvements sur <strong>les</strong> <strong>de</strong>vises liés aux 2 chocs<br />

pétroliers (1973, 1979). Interprétation <strong>de</strong> l’indice : une augmentation <strong>de</strong> l’indice traduit une<br />

appréciation <strong>de</strong> la monnaie <strong>de</strong> i ou une dépréciation <strong>de</strong> la monnaie <strong>de</strong> j (par rapport à 1977).<br />

• Volchge : prise en compte à travers cette variable <strong>de</strong> la volatilité <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> change<br />

bilatéraux. La formule pour le calcul <strong>de</strong> cet indicateur est empruntée à Hubert et Pain (2000). C’est<br />

une moyenne mobile sur trois ans <strong>de</strong> l’écart-type du taux <strong>de</strong> variation du taux <strong>de</strong> change bilatéral<br />

entre i et j :<br />

m<br />

⎡ 1<br />

Volchgeij, t<br />

= ⎢ ∑ ∆ ln<br />

⎣m<br />

k = 1<br />

2 ⎤<br />

[ ( e )] ⎥⎦<br />

ij,<br />

t + 1−k<br />

<strong>avec</strong> e ij,t le taux <strong>de</strong> change bilatéral entre le pays i et le pays j à la pério<strong>de</strong> t. Cet indicateur vaut<br />

zéro pour toute paire <strong>de</strong> pays dont le taux <strong>de</strong> change est totalement fixe ; il est constant pour toute paire<br />

<strong>de</strong> pays dont le taux <strong>de</strong> change fluctue à un taux constant.<br />

34 Allemagne, Australie, Autriche, Canada, Corée du sud, Danemark, Espagne, Etats-Unis, Finlan<strong>de</strong>, France, Grèce, Irlan<strong>de</strong>,<br />

Italie, Japon, Mexique, Norvège, Nouvelle-Zélan<strong>de</strong>, Pays-Bas, Portugal, Royaume-Uni, Suè<strong>de</strong>, Suisse, UEBL (Belgique-<br />

Luxembourg).<br />

75


A l’exception <strong>de</strong>s variab<strong>les</strong> indicatrices, toutes <strong>les</strong> variab<strong>les</strong> subissent une transformation<br />

logarithmique. L’estimation est effectuée à partir <strong>de</strong> la technique <strong>de</strong>s moindres carrés ordinaires<br />

(MCO) et intègre, selon <strong>les</strong> cas, <strong>de</strong>s effets fixes sur <strong>les</strong> relations bilatéra<strong>les</strong> d’échanges. De manière à<br />

décrire <strong>les</strong> relations commercia<strong>les</strong> bilatéra<strong>les</strong> entre pays, le modèle permet <strong>de</strong> calculer <strong>les</strong> échanges<br />

théoriques d’un pays i <strong>avec</strong> un pays j en donnant aux variab<strong>les</strong> explicatives <strong>les</strong> valeurs observées.<br />

L’équation estimée donne un aperçu <strong>de</strong> l’impact « moyen » <strong>de</strong> chacune <strong>de</strong>s variab<strong>les</strong> explicatives sur<br />

<strong>les</strong> exportations du pays i vers le pays j. En comparant <strong>avec</strong> <strong>les</strong> exportations observées, on peut en<br />

déduire <strong>les</strong> performances <strong>de</strong> chacun <strong>de</strong>s pays sur chacun <strong>de</strong>s marchés <strong>de</strong>s pays partenaires. Des<br />

échanges inférieurs à leur potentiel démontrent une sous-performance par rapport aux relations<br />

moyennes <strong>de</strong>s 23 pays <strong>de</strong> échantillon, compte tenu <strong>de</strong>s valeurs spécifiques aux <strong>de</strong>ux pays, données aux<br />

variab<strong>les</strong> explicatives introduites dans <strong>les</strong> équations économétriques.<br />

Les Produits Intérieurs Bruts en volume PPA (à parité <strong>de</strong> pouvoir d'achat) sont exprimés en prix<br />

internationaux et dollars constants <strong>de</strong> l'année <strong>de</strong> base (1990). Il s'agit ici d'une extension <strong>de</strong> la notion <strong>de</strong><br />

volume, qui s'applique non seulement dans le temps (année <strong>de</strong> base), mais aussi dans l'espace (prix<br />

internationaux).<br />

Les variab<strong>les</strong> indicatrices (frontière commune et appartenance à une zone d’échanges<br />

préférentielle) sont non log-linéarisées. Par conséquent, la variation <strong>de</strong>s exportations est estimée (en<br />

pourcentage) à (e β -1).100, β étant le paramètre issu <strong>de</strong> l’estimation.<br />

Nous avons choisi une spécification retenant <strong>de</strong>s niveaux <strong>de</strong> PIB et <strong>de</strong>s distances économiques<br />

en parité <strong>de</strong> pouvoir d’achat (ppa). Il aurait été possible d’opter pour <strong>de</strong> tel<strong>les</strong> variab<strong>les</strong> en niveau<br />

courant. En effet, le potentiel d’échanges <strong>de</strong> très court terme, correspondant à la capacité d’offre du<br />

pays considéré et au pouvoir d’achat international <strong>de</strong> ses exportations, s’analyse par référence au taux<br />

<strong>de</strong> change courant. A plus long terme, le développement du pays entraîne un ajustement <strong>de</strong> ce taux <strong>de</strong><br />

change et suggère donc l’utilisation <strong>de</strong> PIB en ppa pour évaluer le potentiel d’échanges <strong>de</strong> moyen-long<br />

terme <strong>de</strong>s pays en développement. Le choix <strong>de</strong> variab<strong>les</strong> en ppa est également justifié par le fait que la<br />

qualité <strong>de</strong> la régression est nettement meilleure dans ce cas. Pour information, <strong>les</strong> simulations<br />

alternatives (<strong>avec</strong> <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> change courants), si el<strong>les</strong> conservent le caractère significatif <strong>de</strong> toutes <strong>les</strong><br />

variab<strong>les</strong> explicatives (PIB du pays exportateur et du pays importateur, distance économique, distance<br />

géographique, frontière commune, <strong>accords</strong> commerciaux), conduisent à une dégradation significative<br />

<strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong>s estimations, le R² passant <strong>de</strong> 0,83 à 0,59. Par ailleurs, l’intégration <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> change<br />

dans l’équation économétrique justifie l’utilisation <strong>de</strong> PIB en dollars constants afin d’éviter la<br />

multicolinéarité.<br />

Graphique 2 : Flux d’investissements européens et nord-américains au Mexique (en millions <strong>de</strong><br />

dollars)<br />

14 000<br />

12 000<br />

Total<br />

Etats-Unis<br />

UE15<br />

10 000<br />

8 000<br />

6 000<br />

4 000<br />

2 000<br />

0<br />

1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999*<br />

Source : Banco do Mexico<br />

76


Graphique 3 : Exportations observées et potentiel<strong>les</strong> <strong>de</strong> l’Union européenne vers le Mexique<br />

24 000<br />

20 000<br />

Exportations tota<strong>les</strong> observées<br />

MCO<br />

Effets fixes couple pays<br />

MCO, sans variab<strong>les</strong> relatives au taux <strong>de</strong> change<br />

Effets fixes coup<strong>les</strong> pays, sans variab<strong>les</strong> relatives au taux <strong>de</strong> change<br />

16 000<br />

12 000<br />

8 000<br />

4 000<br />

0<br />

1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999<br />

Source : CHELEM – Calcul <strong>de</strong>s auteurs<br />

Graphique 4 A : Exportations observées et potentiel<strong>les</strong> <strong>de</strong>s Etats-Unis vers le Mexique<br />

160 000<br />

140 000<br />

Exportations tota<strong>les</strong> observées<br />

Exportations (hors maquiladoras) observées<br />

MCO<br />

MCO, Houston<br />

MCO, sans variab<strong>les</strong> relatives au taux <strong>de</strong> change<br />

120 000<br />

100 000<br />

80 000<br />

60 000<br />

40 000<br />

20 000<br />

0<br />

1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999<br />

Source : CHELEM – Calcul <strong>de</strong>s auteurs<br />

77


Graphique 4 B : Exportations observées et potentiel<strong>les</strong> <strong>de</strong>s Etats-Unis vers le Mexique<br />

90 000<br />

80 000<br />

70 000<br />

Exportations tota<strong>les</strong> observées<br />

Exportations (hors maquiladoras) observées<br />

Effets fixes couple pays<br />

Effets fixes couple pays, hors relations Etats-Unis/Canada<br />

Effets fixes coup<strong>les</strong> pays, sans variab<strong>les</strong> relatives au taux <strong>de</strong> change<br />

60 000<br />

50 000<br />

40 000<br />

30 000<br />

20 000<br />

10 000<br />

0<br />

1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999<br />

Source : CHELEM – Calcul <strong>de</strong>s auteurs<br />

Graphique 4 C : Exportations observées et potentiel<strong>les</strong> <strong>de</strong>s Etats-Unis vers le Mexique<br />

160 000<br />

140 000<br />

Exportations tota<strong>les</strong> observées<br />

Exportations (hors maquiladoras) observées<br />

MCO, sans <strong>les</strong> maquiladoras<br />

MCO, Houston, sans <strong>les</strong> maquiladoras<br />

Effets fixes couple pays, sans <strong>les</strong> maquiladoras<br />

120 000<br />

100 000<br />

80 000<br />

60 000<br />

40 000<br />

20 000<br />

0<br />

1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999<br />

Source : CHELEM – Calcul <strong>de</strong>s auteurs<br />

78


Graphique 5 : Evolutions <strong>de</strong>s parts <strong>de</strong> marché au Mexique<br />

80%<br />

70%<br />

Part <strong>de</strong> marché <strong>de</strong>s Etats-Unis<br />

au Mexique<br />

60%<br />

50%<br />

40%<br />

30%<br />

20%<br />

10%<br />

Part <strong>de</strong> marché <strong>de</strong> l'UE<br />

au Mexique<br />

0%<br />

1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998<br />

Source : Chelem CEPII – Calculs <strong>de</strong>s auteurs<br />

Graphique 6 : Evolutions <strong>de</strong>s parts <strong>de</strong> marché dans la zone « atelier » européenne (PECO +<br />

Turquie + Tunisie + Maroc)<br />

70%<br />

60%<br />

Part <strong>de</strong> marché <strong>de</strong> l'UE sur la zone<br />

PECO+Turquie+Tunisie+Maroc<br />

50%<br />

PECO<br />

40%<br />

30%<br />

20%<br />

Part <strong>de</strong> marché <strong>de</strong> l'UE sur la<br />

zone Turquie+Tunisie+Maroc<br />

10%<br />

Turquie<br />

Tunisie+Maroc<br />

Part <strong>de</strong> marché <strong>de</strong> l'UE sur la<br />

zone Tunisie + Maroc<br />

0%<br />

1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998<br />

Part <strong>de</strong> marché <strong>de</strong>s Etats-Unis sur<br />

la zone<br />

PECO+Turquie+Tunisie+Maroc<br />

Source : Chelem CEPII – Calculs <strong>de</strong>s auteurs<br />

79


Tableau 10 : Contribution à l’évolution <strong>de</strong>s parts <strong>de</strong> marché <strong>de</strong> l’Union européenne et <strong>de</strong>s Etats-<br />

Unis au Mexique entre 1994 et 1998 en millions <strong>de</strong> dollars<br />

Exportations<br />

Parts <strong>de</strong> marché<br />

1994 1999 Evolution 1994 1999 Différentiel<br />

Etats-Unis 49134 81381 65,6% 70,0% 74,0% 4,0%<br />

Union européenne 8261 10871 31,6% 11,8% 9,9% -1,9%<br />

Mon<strong>de</strong> 70237 109998 56,6% 100,0% 100,0% *<br />

Corrigées <strong>de</strong>s Maquiladoras<br />

Exportations<br />

Parts <strong>de</strong> marché<br />

1994 1998 Evolution 1994 1998 Différentiel<br />

Etats-Unis 36460 52486 44,0% 63,3% 64,7% 1,4%<br />

Union européenne 8261 10871 31,6% 14,4% 13,4% -0,9%<br />

Mon<strong>de</strong> 57564 81103 40,9% 100% 100% *<br />

Corrigées du différentiel <strong>de</strong> croissance du PIB<br />

Exportations<br />

Parts <strong>de</strong> marché<br />

1994 1998 Evolution 1994 1998 Différentiel<br />

Etats-Unis 36460 45138 23,8% 63,3% 61,2% -2,1%<br />

Union européenne 8261 10871 31,6% 14,4% 14,7% 0,4%<br />

Mon<strong>de</strong> 57564 73755 28,1% 100% 100% *<br />

80


BIBLIOGRAPHIE<br />

BERGSTRAND J. H. (1989), The generalized gravity equation, monopolistic competition, and the<br />

factor-proportions theory in international tra<strong>de</strong>, Review of Economics and Statistics, 71(1), 143-153.<br />

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théorique et applications empiriques, Thèse <strong>de</strong> l’Université Paris I, 2000, 442 p.<br />

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FONTAGNÉ L. et PAJOT M. (1997), How foreign direct investment affects international tra<strong>de</strong> and<br />

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7429.<br />

VINER J. (1950), The Custom Unions Issues, Carnegie Endowment for International Peace, New York.<br />

81


Le Mercosur face au développement<br />

<strong>de</strong>s échanges <strong>de</strong> la France<br />

<strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays du Maghreb et <strong>les</strong> PECO<br />

Arnaud Wachs<br />

Doctorant au GRIEM<br />

Université Montesquieu-Bor<strong>de</strong>aux IV<br />

Introduction<br />

La stratégie <strong>de</strong> diversification <strong>de</strong>s partenaires commerciaux <strong>de</strong> la France s’inscrit dans une<br />

volonté d’ouverture au marché <strong>de</strong>s pays constitutifs <strong>de</strong> <strong>zones</strong> en développement. En effet, <strong>les</strong><br />

récents <strong>accords</strong> européens <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange <strong>de</strong> l’Union européenne concernent <strong>les</strong> pays<br />

méditerranéens et plus particulièrement ceux du Maghreb qui appartiennent à la zone naturelle<br />

d’échanges <strong>de</strong> la France, <strong>les</strong> pays d’Europe centrale et orientale, candidats à l’adhésion à l’Union<br />

européenne et <strong>les</strong> pays d’Amérique latine, notamment <strong>les</strong> membres constitutifs du Mercosur 35 .<br />

Notre étu<strong>de</strong> tentera d’analyser la menace potentielle que représente le développement encore<br />

timi<strong>de</strong> et déséquilibré <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange entre l’Union européenne et <strong>les</strong> pays<br />

méditerranéens 36 pour <strong>les</strong> échanges <strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays du Mercosur. L’accent sera particulièrement<br />

mis sur <strong>les</strong> relations commercia<strong>les</strong> <strong>de</strong> la France <strong>avec</strong>, d’une part, l’Argentine et le Brésil 37 , et,<br />

d’autre part, <strong>les</strong> pays du Maghreb (incluant l’Egypte). Néanmoins, il semble pertinent d’intégrer à<br />

cette analyse comparative <strong>de</strong>ux autres groupes <strong>de</strong> pays qui s’insèrent parfaitement dans le cadre<br />

<strong>de</strong> cette problématique. D’une part, ce sont la Turquie et Israël, , qui représentent <strong>les</strong> pays<br />

méditerranéens disposant <strong>de</strong> dotations en infrastructures et en capital très supérieures aux autres<br />

pays <strong>de</strong> cet ensemble et, d’autre part, la Hongrie et la Pologne qui représentent <strong>les</strong> PECO 38 , futurs<br />

membres <strong>de</strong> l’Union européenne. En effet, ces pays semblent représenter la menace d’un effet<br />

d’éviction au niveau <strong>de</strong>s investissements directs étrangers et d’une réorientation <strong>de</strong>s échanges<br />

commerciaux à leur profit. Ces régions <strong>avec</strong> <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> la France développe <strong>de</strong>s relations<br />

commercia<strong>les</strong> sont fortement spécialisées dans <strong>de</strong>s productions primaires ou <strong>de</strong> faible valeur<br />

ajoutée. Le risque est donc grand <strong>de</strong> voir perdurer à la fois une spécialisation <strong>de</strong> type Nord-Sud<br />

au niveau commercial et une délocalisation industrielle <strong>de</strong> produits à faible et moyenne valeur<br />

ajoutée <strong>de</strong> la France vers ces <strong>zones</strong> en développement. Les créneaux sur <strong>les</strong>quels portent <strong>les</strong><br />

relations que ces régions entretiennent <strong>avec</strong> la France sont relativement proches. Il y a donc un<br />

risque pour que dans leurs relations commercia<strong>les</strong> <strong>avec</strong> la France, ces <strong>zones</strong> en développement<br />

<strong>de</strong>viennent concurrentes entre el<strong>les</strong> ou au contraire qu’el<strong>les</strong> cherchent à accentuer leurs<br />

spécialisation dans <strong>de</strong>s secteurs spécifiques.<br />

Quelle place dans ses relations commercia<strong>les</strong> la France réserve-t-elle à chacune <strong>de</strong> ces<br />

<strong>zones</strong> en développement? Doivent-el<strong>les</strong> se spécialiser à l’exportation vers la France dans <strong>les</strong><br />

35 Le Mercosur, institué par le Traité d’Asuncion en mars 1991 entre l’Argentine, le Brésil , le Paraguay et l’Uruguay, fonctionne<br />

comme une union douanière imparfaite <strong>de</strong>puis 1995.<br />

36 Les douze pays méditerranéens sont ceux qui ont signé l’accord <strong>de</strong> Barcelone en novembre 1995, qui peut être considéré<br />

comme le point <strong>de</strong> départ du renouveau du partenariat entre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux rives <strong>de</strong> la Méditerranée. Ce sont l’Algérie, Chypre,<br />

l’Egypte, Israël, la Jordanie, le Liban, le Maroc, Malte, la Syrie, la Tunisie, la Turquie, <strong>les</strong> Territoires autonomes pa<strong>les</strong>tiniens.<br />

37 Cette étu<strong>de</strong> portera sur <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux grands pays membres <strong>de</strong> cette zone d’intégration régionale, l’Argentine et le Brésil, qui<br />

représentent la quasi totalité du poids économique <strong>de</strong> la zone.<br />

38 Les pays d’Europe Centrale et Orientale seront représenté dans le cadre <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong> par la Bulgarie, la Hongrie, la Pologne,<br />

la République Tchèque, la Roumanie et la Slovaquie, l’Albanie bien que n’étant pas candidate à l’adhésion à l’Union européenne<br />

y est également intégrée pour <strong>de</strong>s raisons statistiques.<br />

82


filières à fort avantage comparatif révélé, même si ces <strong>de</strong>rnières sont majoritairement constituées<br />

<strong>de</strong> produits <strong>de</strong> faible intensité technologique? Ces interrogations permettent <strong>de</strong> déterminer quel<br />

est le potentiel <strong>de</strong> développement <strong>de</strong>s relations commercia<strong>les</strong> <strong>de</strong> la France <strong>avec</strong> ces trois <strong>zones</strong>.<br />

Tout d’abord, un intérêt particulier sera accordé aux évolutions <strong>de</strong>s balances<br />

commercia<strong>les</strong> globa<strong>les</strong> et sectoriel<strong>les</strong> <strong>de</strong>s principaux pays constitutifs <strong>de</strong> ces <strong>zones</strong> <strong>avec</strong> la<br />

France. Il sera, en effet, très utile <strong>de</strong> connaître <strong>les</strong> particularités et <strong>les</strong> créneaux d’exportations <strong>de</strong><br />

chacune <strong>de</strong> ces <strong>zones</strong> et <strong>de</strong> <strong>les</strong> mettre en relation <strong>avec</strong> leurs avantages comparatifs révélés et ceux<br />

<strong>de</strong>s principaux fournisseurs actuels <strong>de</strong> la France. Cette étu<strong>de</strong> visera aussi à évaluer, à travers cette<br />

mise en relation, la bonne adéquation <strong>de</strong> la structure d’exportation <strong>de</strong> ces pays <strong>avec</strong> la structure<br />

<strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> française. L’analyse du contenu en intensité technologique et <strong>de</strong> la composition<br />

intra-branche <strong>de</strong>s échanges déterminera si la caractéristique <strong>de</strong>s relations commercia<strong>les</strong> <strong>de</strong> la<br />

France <strong>avec</strong> ces partenaires va durablement revêtir une typologie <strong>de</strong>s échanges Nord-Sud.<br />

Enfin, à partir du calcul <strong>de</strong>s coefficients <strong>de</strong> complémentarité <strong>de</strong> structure et <strong>de</strong>s intensités<br />

relatives bilatéra<strong>les</strong>, l’analyse s’efforcera, tout en tenant compte <strong>de</strong> l’évolution du cadre<br />

réglementaire, d’évaluer <strong>les</strong> potentiels <strong>de</strong> développement <strong>de</strong>s échanges entre la France et<br />

respectivement <strong>les</strong> pays du Maghreb, du Mercosur et <strong>les</strong> PECO.<br />

1. Une composition et une évolution <strong>de</strong>s échanges fortement influencées par la<br />

préférence européenne<br />

La composition géographique <strong>de</strong>s échanges <strong>de</strong> la France a connu une double tendance : un<br />

accroissement du nombre <strong>de</strong> pays <strong>avec</strong> <strong>les</strong>quels elle entretient <strong>de</strong>s relations commercia<strong>les</strong><br />

significatives et l’intensification <strong>de</strong> ses échanges <strong>avec</strong> <strong>de</strong>s partenaires commerciaux plus<br />

traditionnels. Cette évolution <strong>de</strong> la structure <strong>de</strong> la composition géographique <strong>de</strong>s échanges<br />

français s’inscrit bien évi<strong>de</strong>mment dans la logique européenne récente d’<strong>accords</strong> <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange<br />

ou <strong>de</strong> rapprochement économique <strong>avec</strong> <strong>les</strong> <strong>zones</strong> en développement. Nous allons donc<br />

commencer par étudier l’évolution récente du sol<strong>de</strong> <strong>de</strong> la balance commerciale française, après<br />

avoir présenté <strong>les</strong> principa<strong>les</strong> spécificités socio-économiques <strong>de</strong>s pays auxquels cette étu<strong>de</strong> va<br />

plus particulièrement s’intéresser. Puis, l’attrait commercial <strong>de</strong> la France et celui que représente<br />

pour elle ses partenaires, à la fois dans la composition <strong>de</strong>s exportations et <strong>de</strong>s importations, sera<br />

mis en évi<strong>de</strong>nce.<br />

1.1. Quel<strong>les</strong> spécificités pour <strong>les</strong> différents partenaires ?<br />

Cette étu<strong>de</strong> se concentrera plus particulièrement sur <strong>les</strong> relations commercia<strong>les</strong><br />

qu’entretient la France <strong>avec</strong> un échantillon <strong>de</strong> pays ne bénéficiant pas <strong>de</strong>s mêmes conditions<br />

d’accès à son marché. Ces différences institutionnel<strong>les</strong> ainsi que <strong>les</strong> caractéristiques socioéconomiques<br />

<strong>de</strong> ces pays vont fortement influencer <strong>les</strong> possibilités <strong>de</strong> développement <strong>de</strong>s<br />

relations commercia<strong>les</strong> ainsi que cel<strong>les</strong> <strong>de</strong>s investissements directs.<br />

1.1.1. Un traitement différent 39 dans l’accès au marché européen<br />

La France en tant que pays membre <strong>de</strong> l’Union européenne est signataire et bénéficiaire à<br />

ce titre <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange et <strong>de</strong> libéralisation commerciale que cette entité a signé <strong>avec</strong><br />

différents groupes <strong>de</strong> pays. Le Mercosur, <strong>les</strong> pays méditerranéens et <strong>les</strong> pays d’Europe Centrale<br />

et Orientale (PECO) ont signé <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> visant à libéraliser le commerce <strong>avec</strong> l’Union<br />

européenne. De ces <strong>accords</strong> va dépendre le <strong>de</strong>gré d’ouverture et <strong>de</strong> libéralisation sectorielle <strong>de</strong>s<br />

marchés européens (et français). La structure <strong>de</strong>s préférences sera donc différente selon<br />

l’appartenance du pays partenaire à une zone définie. C’est ainsi que ces trois <strong>zones</strong> en<br />

39 Voir notamment M.R. Castilho (1998)<br />

83


développement n’appartiennent pas au même groupe qui constitue <strong>les</strong> étages <strong>de</strong> ce que M.R.<br />

Castilho définit comme la pyrami<strong>de</strong> <strong>de</strong>s préférences européennes. En effet, à partir <strong>de</strong> la<br />

composition <strong>de</strong>s échanges et <strong>de</strong> la structure sectorielle <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> douanes et <strong>de</strong>s barrières non<br />

tarifaires, est déterminée une typologie <strong>de</strong>s caractéristiques dans le <strong>de</strong>gré d’accès au marché<br />

européen. Les pays du Maghreb <strong>avec</strong> la France, et plus généralement <strong>les</strong> pays du Bassin<br />

méditerranéen <strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays du Sud <strong>de</strong> l’Europe, entretiennent <strong>de</strong>s relations commercia<strong>les</strong> qui<br />

résultent <strong>de</strong> liens historiques forts. Ces pays méditerranéens représentent la zone naturelle<br />

d’échanges <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l’Union européenne. Les pays méditerranéens, grâce au renouveau du<br />

partenariat <strong>avec</strong> l’Union européenne amorcé à Barcelone, bénéficient d’une coopération<br />

économique et financière soutenue. Cette ai<strong>de</strong> financière 40 sous la forme du programme MEDA<br />

et <strong>de</strong> prêts <strong>de</strong> la BEI doit permettre aux pays bénéficiaires d’entreprendre <strong>les</strong> efforts <strong>de</strong> réforme<br />

économique afin <strong>de</strong> dynamiser <strong>les</strong> marchés intérieurs et <strong>de</strong> faciliter l’insertion compétitive.<br />

L’analyse sera conduite en privilégiant le Maroc et la Tunisie qui sont <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux pays<br />

méditerranéens <strong>les</strong> plus avancés dans l’application <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> <strong>avec</strong> l’Union européenne.<br />

Les PECO sont <strong>de</strong>s pays en transition 41 vers l’adhésion à l’Union européenne. A ce titre,<br />

ils disposent déjà d’un accès préférentiel aux marchés <strong>de</strong>s Etats membres. Ils ont bénéficié d’un<br />

afflux d’investissements directs étrangers européens et d’un dispositif financier communautaire<br />

<strong>de</strong> pré-adhésion qui auront permis l’adoption <strong>de</strong>s réformes structurel<strong>les</strong> nécessaires à la<br />

mo<strong>de</strong>rnisation <strong>de</strong> leur appareil productif ainsi que le développement d’industries à haute valeur<br />

ajoutée et intensité technologique élevé.<br />

Le Mercosur qui n’appartient pas à la zone naturelle d’échanges <strong>de</strong> l’Union européenne<br />

entretient <strong>avec</strong> elle 42 <strong>de</strong>s relations commercia<strong>les</strong> importantes. Cette zone constituant un enjeu<br />

économique important, notamment dans la perspective <strong>de</strong> la création <strong>de</strong> l’ALEA 43 , un processus<br />

<strong>de</strong> libéralisation <strong>de</strong>s échanges est en cours <strong>de</strong> négociation 44 entre l’Union européenne et le<br />

Mercosur. Néanmoins, le Mercosur apparaît très nettement désavantagé par rapport aux autres<br />

pays <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> puisqu’ils n’appartiennent pas au même groupe dans la pyrami<strong>de</strong> <strong>de</strong>s préférences<br />

européennes.<br />

40 Le règlement MEDA constitue un appui financier à la transition économique et aux coûts sociaux <strong>de</strong> la restructuration<br />

industrielle <strong>de</strong> l’économie.<br />

41 L’entrée <strong>de</strong>s PECO dans l’Union européenne va profondément bouleverser l’ordre <strong>de</strong>s préférences puisqu’ils bénéficieront<br />

alors d’un traitement préférentiel par rapport aux pays du Maghreb. Ils ne pourront plus faire l’objet <strong>de</strong> barrières non tarifaires <strong>de</strong><br />

la part <strong>de</strong> l’Union européenne et leur rattrapage économique qui permettra une insertion compétitive sera facilité par<br />

l’intermédiaire <strong>de</strong>s fonds structurels.<br />

42 Les pays du Sud <strong>de</strong> l’Europe notamment pour <strong>de</strong>s raisons historiques.<br />

43 Accord <strong>de</strong> Libre-Echange <strong>de</strong>s Amériques.<br />

44 Le Processus <strong>de</strong> Madrid a été institué en 1995 dans le but <strong>de</strong> créer une zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange.<br />

84


1.1.2. Evaluations <strong>de</strong>s principa<strong>les</strong> asymétries par <strong>les</strong> indicateurs socioéconomiques<br />

<strong>de</strong> base<br />

Tableau 1 : Indicateurs socio-économiques <strong>de</strong> la France et <strong>de</strong>s pays partenaires<br />

Méditerranéens, du Mercosur et <strong>de</strong>s PECO considérés.<br />

Pays<br />

Population<br />

totale en<br />

1999 (en<br />

millions)<br />

Taux <strong>de</strong><br />

croissance<br />

moyen 1995-<br />

1999 (en %)<br />

Population<br />

Urbaine<br />

(en %)<br />

Espérance<br />

<strong>de</strong> vie à la<br />

naissance<br />

Coefficient<br />

<strong>de</strong> Gini<br />

Taux<br />

d’analphabé<br />

tisme<br />

moyen<br />

France 58,6 0,34 75 78,5 37,2 -<br />

Argentine<br />

36,6<br />

1,26<br />

89<br />

73,6<br />

58,3<br />

3,2<br />

Brésil<br />

168<br />

1,30<br />

80<br />

67,1<br />

59,1<br />

15,1<br />

Algérie<br />

29,8<br />

1,60<br />

59<br />

70,8<br />

35,3<br />

33,5*<br />

Maroc<br />

29,3<br />

1,69<br />

55<br />

67,2<br />

39,5<br />

51,9*<br />

Tunisie<br />

9,4<br />

1,36<br />

65<br />

72,5<br />

41,7<br />

30,2*<br />

Egypte<br />

66,7<br />

1,85<br />

45<br />

66,8<br />

28,9<br />

45.5*<br />

Israël<br />

5,9<br />

2,34<br />

91<br />

78,2<br />

35,5<br />

4,2*<br />

Turquie<br />

65,7<br />

1,54<br />

74<br />

69,5<br />

41,5<br />

15,4*<br />

Hongrie 10,1 -0,40 64 70,6<br />

Pologne 38,7 0,03 65 73,2<br />

Note: * le taux d’analphabétisme <strong>de</strong>s femmes est très supérieur à celui <strong>de</strong>s hommes.<br />

Sources: World Development Indicators 1998-1999, Banque mondiale.<br />

24,4<br />

31,6<br />

0,7<br />

0,3<br />

Tableau 2 : Indicateurs macro-économiques<br />

Pays<br />

PIB en 1998<br />

(en milliards <strong>de</strong><br />

$)<br />

PIB par habitant en<br />

PPA en 1999<br />

(en $)<br />

Taux <strong>de</strong><br />

croissance du<br />

PIB par habitant<br />

PPA (1995-<br />

1999)<br />

Entrées nettes<br />

d’IDE en 1999<br />

(en millions <strong>de</strong><br />

$)<br />

France 1437,589 19845 8,8 38800<br />

Argentine<br />

340,897<br />

7591<br />

8,8<br />

23900<br />

Brésil<br />

771,616<br />

5655<br />

1,3<br />

32700<br />

Algérie<br />

47,401<br />

2965<br />

2,2<br />

7<br />

Maroc<br />

36,363<br />

3412<br />

8,3<br />

2,7<br />

Tunisie<br />

34,901<br />

5580<br />

19,0<br />

350<br />

Egypte<br />

83,320<br />

4539<br />

15,1<br />

1070<br />

Israël<br />

95,620<br />

14790<br />

2,8<br />

2360<br />

Turquie<br />

209,983<br />

6716<br />

5,2<br />

783<br />

Hongrie<br />

47,371<br />

6750<br />

17,1<br />

Pologne<br />

149,670<br />

6939<br />

23,6<br />

Sources: World <strong>de</strong>velopment Indicators 2001, Banque mondiale et Base <strong>de</strong> données CHELEM.<br />

1950<br />

7270<br />

85


Ces <strong>de</strong>ux tableaux mettent en avant une asymétrie <strong>de</strong>s caractéristiques socio-économiques<br />

qui vont fortement influencer à la fois la structure <strong>de</strong>s échanges et l’attrait <strong>de</strong>s pays sur <strong>les</strong><br />

investissements directs étrangers. La taille du marché, la richesse <strong>de</strong> la population et le niveau <strong>de</strong><br />

la formation apparaissent comme <strong>les</strong> caractéristiques socio-économiques déterminantes dans<br />

l’afflux d’IDE, comme en témoigne le montant <strong>de</strong>s investissements directs étrangers <strong>de</strong>stinés au<br />

Mercosur afin <strong>de</strong> satisfaire la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> locale. Les pays du Maghreb souffrent dans ce domaine,<br />

(l’hypotrophie <strong>de</strong>s investissements reçus). Les cas <strong>de</strong> la Turquie et d’Israël sont intéressants<br />

puisque ces pays qui appartiennent au même groupe dans l’accès préférentiel au marché<br />

européen, et disposent <strong>de</strong> ressources en capital humain élevées, d’infrastructures développées et<br />

d’une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> potentielle forte, sont <strong>de</strong>s <strong>de</strong>stinations prioritaires <strong>de</strong>s IDE dans le bassin<br />

méditerranéen. En fait, si on observe <strong>les</strong> données <strong>de</strong>s tableaux 1 et 2, la différence importance <strong>de</strong><br />

richesse et <strong>de</strong> développement qui existe entre ces pays et la France va cantonner leurs relations<br />

commercia<strong>les</strong> à <strong>de</strong>s relations du type Nord-Sud, traduisant une différence <strong>de</strong> dotation factorielle.<br />

La population rurale encore importante dans <strong>les</strong> pays du Maghreb est une explication <strong>de</strong> la<br />

spécialisation agricole importante <strong>de</strong> ces pays.<br />

Les pays du Mercosur son fortement inégalitaires, comme en témoigne le coefficient élevé<br />

<strong>de</strong> Gini. On retrouve dans cette présentation rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s aspects socio-économiques l’asymétrie<br />

caractéristique <strong>de</strong> ces pays. Mais cet aspect inégalitaire (dans sa dimension spatiale) va remettre<br />

en cause cette différence <strong>de</strong> dotation factorielle, car il semble que <strong>les</strong> populations <strong>de</strong> la “banane<br />

bleue 45 sud-américaine” aient un niveau <strong>de</strong> vie et <strong>de</strong> développement bien supérieur aux valeurs<br />

moyennes qui sont présentées dans <strong>les</strong> tableaux précé<strong>de</strong>nts. Ce dualisme économique et social<br />

apparaît dans la typologie <strong>de</strong>s échanges entre la France et <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux grands pays du Mercosur. Les<br />

asymétries caractéristiques <strong>de</strong> ces <strong>zones</strong> en développement vont se retrouver <strong>avec</strong> la France et<br />

entre <strong>les</strong> différents pays à la fois dans le sol<strong>de</strong> <strong>de</strong> la balance commerciale et la composition <strong>de</strong>s<br />

échanges.<br />

1.2. Un sol<strong>de</strong> <strong>de</strong> la balance commerciale qui ne cesse <strong>de</strong> croître<br />

Graphique 1: Sol<strong>de</strong>s <strong>de</strong> la balance commerciale globale <strong>de</strong> la France <strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays<br />

<strong>de</strong> l'étu<strong>de</strong><br />

3500<br />

3000<br />

2500<br />

2000<br />

1500<br />

1000<br />

500<br />

0<br />

-500<br />

Argentine<br />

Brésil<br />

Algérie<br />

Maroc<br />

Tunisie<br />

Egypte<br />

Hongrie<br />

Pologne<br />

Israël<br />

Turquie<br />

-1000<br />

1982 1986 1990 1994 1998<br />

Source: d'après <strong>les</strong> données <strong>de</strong> la base<br />

Les <strong>accords</strong> <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange ou <strong>de</strong> libéralisation commerciale dans <strong>les</strong>quels ces pays se<br />

sont engagés en se rapprochant <strong>de</strong> l’Union européenne ont <strong>de</strong> fortes répercussions sur le sol<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

45 Dénomination géographique, en référence au modèle européen, <strong>de</strong> cette zone économique qui concentre <strong>les</strong> pouvoirs et <strong>les</strong><br />

richesses du Cône Sud. Elle englobe le Brésil au sud <strong>de</strong> Rio <strong>de</strong> Janeiro, l’Uruguay, le nord fertile <strong>de</strong> l’Argentine autour du Rio<br />

Paraña et la région centrale du Chili.<br />

86


leurs balance commerciale. Les graphiques 1 et 2 ci-<strong>de</strong>ssous montrent bien que la France dégage<br />

un sol<strong>de</strong> commercial qui ne cesse <strong>de</strong> s’accroître <strong>de</strong>puis 1990 <strong>avec</strong> l’ensemble <strong>de</strong> pays appartenant<br />

à ces <strong>zones</strong> en développement. Le sol<strong>de</strong> commercial <strong>avec</strong> le Brésil est même <strong>de</strong>venu positif en<br />

1997. La France a su tirer pleinement parti <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> <strong>de</strong> libéralisation <strong>de</strong>s échanges et <strong>de</strong><br />

l’ouverture commerciale <strong>de</strong> ces pays. Le graphique 2 met l’accent sur le développement <strong>de</strong>s<br />

échanges commerciaux récents entre la France et <strong>les</strong> pays candidats à l’adhésion (la Hongrie, la<br />

Pologne et la Turquie).<br />

Les échanges importants <strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays du Maghreb pour <strong>de</strong>s raisons historiques et<br />

géographiques que nous avons évoquées n’ont connu qu’une progression relativement faible. Il<br />

semble se <strong>de</strong>ssiner ce que l’on étudiera en détail dans la <strong>de</strong>uxième section que ces <strong>zones</strong> en<br />

développement ne seraient que <strong>de</strong>s marchés pour <strong>les</strong> produits français. C’est ce qu’indique la<br />

croissance très forte <strong>de</strong>s seu<strong>les</strong> exportations vers ces pays. Seuls <strong>les</strong> PECO apparaissent par le<br />

développement conjugué <strong>de</strong> leurs exportations et <strong>de</strong> leurs importations comme <strong>de</strong> véritab<strong>les</strong><br />

partenaires.<br />

1.3. Le poids dans <strong>les</strong> échanges : un attrait qui manque <strong>de</strong> réciprocité<br />

L’analyse <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux tableaux suivants va nous permettre <strong>de</strong> mieux cerner l’importance<br />

relative que représente le marché français pour ces <strong>zones</strong> en développement <strong>avec</strong> <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> <strong>de</strong>s<br />

<strong>accords</strong> <strong>de</strong> libéralisation <strong>de</strong>s échanges sont en négociation. Le manque flagrant <strong>de</strong> réciprocité<br />

dans la part prise dans <strong>les</strong> échanges <strong>de</strong> chacun <strong>de</strong>s partenaires reflète <strong>les</strong> asymétries macroéconomiques<br />

et socio-économiques que nous avons mis en avant en début d’analyse. Cela nous<br />

permettra à travers l’analyse <strong>de</strong> la place respective du pays dans <strong>les</strong> échanges du partenaire en<br />

Graphique 2: Evolution <strong>de</strong>s échanges <strong>de</strong> la France <strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'étu<strong>de</strong><br />

4000<br />

3500<br />

3000<br />

2500<br />

2000<br />

1500<br />

1000<br />

500<br />

exportations<br />

importations<br />

0<br />

Argentine Brésil Algérie Maroc Tunisie Egypte Hongrie Pologne Israël Turquie<br />

Notes: <strong>les</strong> exportations et <strong>les</strong> importations sont présentées ici pour <strong>les</strong> années 1982,1986,1990,1994 et<br />

Source: d'après <strong>les</strong> données <strong>de</strong> la base<br />

termes d’exportations et d’importations d’étayer la différenciation entre marché et partenaire.<br />

87


Tableau 3 : La place respective <strong>de</strong>s pays dans <strong>les</strong> exportations du partenaire en 1990 et 1998.<br />

Part <strong>de</strong> la France dans <strong>les</strong> exportations Part dans <strong>les</strong> exportations françaises<br />

PAYS 1990 1998 1990 1998<br />

Algérie<br />

14,5<br />

13,2<br />

1,3<br />

0,9<br />

Maroc<br />

35<br />

29<br />

0,9<br />

0,9<br />

Tunisie<br />

26<br />

27<br />

0,75<br />

0,74<br />

Egypte<br />

4,8<br />

3,8<br />

0,6<br />

0,5<br />

Argentine<br />

3,5<br />

1,6<br />

0,1<br />

0,5<br />

Brésil<br />

4,8<br />

3,5<br />

0,35<br />

0,7<br />

Israël<br />

5,4<br />

3,4<br />

0,3<br />

0,4<br />

Turquie<br />

6,1<br />

5,2<br />

0,6<br />

1<br />

Hongrie*<br />

3,5<br />

4,4<br />

0,1<br />

0,4<br />

Pologne*<br />

4,4<br />

4,9<br />

0,2<br />

0,9<br />

UE (15) 66,3 62,9<br />

Note: * pour <strong>de</strong>s raisons statistiques l’année <strong>de</strong> référence sera 1994 et non 1990, pour ces <strong>de</strong>ux pays.<br />

Source : Calculs <strong>de</strong> l’auteur, à partir <strong>de</strong>s données <strong>de</strong>s Douanes françaises et <strong>de</strong> la base <strong>de</strong> données Chelem.<br />

La différence dans le poids économique, que l’on apprécie par le rapport <strong>de</strong>s produits<br />

intérieurs bruts, constitue une <strong>de</strong>s raisons principa<strong>les</strong> <strong>de</strong> l’asymétrie qui existe entre la part <strong>de</strong> la<br />

France dans la structure d’échanges <strong>de</strong> ses partenaires et celle <strong>de</strong> ses partenaires dans la structure<br />

d’échanges française. Le poids économique <strong>de</strong> la France varie entre le double par rapport au<br />

géant brésilien et plus <strong>de</strong> quarante par rapport à la Tunisie. Cette situation reflète bien la double<br />

asymétrie qui existe entre, d’une part, la France et <strong>les</strong> pays partenaires <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> et, d’autre part,<br />

entre <strong>les</strong> pays constitutifs <strong>de</strong> ces <strong>zones</strong> en développement. Ces <strong>de</strong>ux tableaux mettent en avant<br />

une double distinction, à la fois sur la nature <strong>de</strong>s échanges et sur l’importance géographique. La<br />

distinction géographique est la plus flagrante entre <strong>les</strong> pays du Maghreb qui occupent<br />

traditionnellement une place importante dans <strong>les</strong> relations bilatéra<strong>les</strong>, et <strong>les</strong> autres pays pour qui<br />

la France est présente dans leurs échanges à hauteur <strong>de</strong> 5 %. Le tableau <strong>de</strong>s exportations<br />

représente <strong>les</strong> évolutions <strong>les</strong> plus intéressantes <strong>avec</strong> la part croissante constituée par ces <strong>zones</strong> en<br />

développement dans l’ensemble <strong>de</strong> exportations françaises. Inversement, la part <strong>de</strong> ces pays dans<br />

la structure d’importations françaises ne connaît une appréciation que pour <strong>les</strong> PECO, le Maroc et<br />

la Tunisie qui sont <strong>les</strong> pays méditerranéens <strong>les</strong> plus avancés dans le processus en cours.<br />

88


Tableau 4 : La place respective <strong>de</strong>s pays dans <strong>les</strong> importations du partenaire en 1990 et 1998<br />

Part <strong>de</strong> la France dans <strong>les</strong><br />

importations (en %)<br />

Part dans <strong>les</strong> importations françaises<br />

(en%)<br />

PAYS 1990 1998 1990 1998<br />

Algérie<br />

28,8<br />

28,2<br />

0,8<br />

0,5<br />

Maroc<br />

26,4<br />

25,6<br />

0,8<br />

0,9<br />

Tunisie<br />

30,6<br />

26,7<br />

1,2<br />

1,7<br />

Egypte<br />

10,6<br />

7,3<br />

0,3<br />

0,2<br />

Argentine<br />

5<br />

5,3<br />

0,2<br />

0,1<br />

Brésil<br />

3,4<br />

3,5<br />

0,7<br />

0,6<br />

Israël<br />

4,4<br />

4,7<br />

0,3<br />

0,3<br />

Turquie<br />

6,3<br />

6,8<br />

0,3<br />

0,5<br />

Hongrie*<br />

3,5<br />

4,5<br />

0,2<br />

0,4<br />

Pologne*<br />

4,4<br />

6,3<br />

0,25<br />

0,4<br />

UE (15) 66,6 66<br />

Note: * pour <strong>de</strong>s raisons statistiques l’année <strong>de</strong> référence sera 1994, pour ces <strong>de</strong>ux pays.<br />

Source: calculs <strong>de</strong> l’auteur, à partir <strong>de</strong>s données <strong>de</strong>s Douanes françaises et <strong>de</strong> la base <strong>de</strong> données Chelem.<br />

Cette asymétrie plurielle, économique et dans l’accès au marché européen, va se retrouver<br />

dans la structure <strong>de</strong>s échanges et dans la perspective <strong>de</strong> développement <strong>de</strong>s relations<br />

commercia<strong>les</strong>.<br />

2. Structure et évolution structurelle <strong>de</strong>s échanges<br />

L’analyse <strong>de</strong>s principa<strong>les</strong> composantes du commerce bilatéral s’est faite à partir <strong>de</strong>s<br />

données désagrégées en CPF4 <strong>de</strong>s Douanes françaises sur la pério<strong>de</strong> 1994-2000 et <strong>de</strong> la<br />

décomposition en 11 filières regroupant 69 produits <strong>de</strong> la base <strong>de</strong> données Chelem.<br />

2.1. Les filières <strong>de</strong> produits primaires: une place inopportune ?<br />

89


Tableau 5 : Composition géographique et structure par filières <strong>de</strong>s importations françaises en 1990<br />

Filières ALENA ASEAN Mercosur Pays Med. Maghreb U.E.(15) PECO Mon<strong>de</strong><br />

Energétique<br />

Agroaliment<br />

Textile<br />

Bois Papier<br />

Chimique<br />

Sidérurgie<br />

Non ferreux<br />

Mécanique<br />

Véhicu<strong>les</strong><br />

Electrique<br />

Electronique<br />

Nda<br />

TOTAL<br />

6,25<br />

6,55<br />

1,94<br />

8,08<br />

12,99<br />

0,72<br />

2,37<br />

33,00<br />

2,21<br />

3,37<br />

18,11<br />

0,21<br />

16176,527<br />

0,98<br />

22,53<br />

23,29<br />

9,14<br />

4,17<br />

0,13<br />

0,91<br />

1,00<br />

0,38<br />

2,33<br />

32,00<br />

3,13<br />

2612,571<br />

0,65<br />

61,38<br />

6,24<br />

5,55<br />

7,55<br />

7,91<br />

2,81<br />

4,16<br />

1,49<br />

0,69<br />

1,24<br />

0,33<br />

1986,55<br />

37,08<br />

14,41<br />

31,13<br />

1,21<br />

7,55<br />

0,09<br />

0,94<br />

1,32<br />

0,72<br />

1,83<br />

2,91<br />

0,80<br />

6811,189<br />

40,55<br />

12,64<br />

33,91<br />

1,30<br />

5,19<br />

0,04<br />

0,95<br />

0,55<br />

0,74<br />

1,81<br />

2,26<br />

0,07<br />

4578,44<br />

3,24<br />

10,86<br />

7,98<br />

9,27<br />

17,00<br />

4,65<br />

2,67<br />

16,63<br />

12,93<br />

4,89<br />

7,96<br />

1,92<br />

154853,583<br />

5,24<br />

16,98<br />

17,62<br />

10,64<br />

19,45<br />

5,76<br />

3,71<br />

9,74<br />

2,51<br />

6,57<br />

1,58<br />

0,21<br />

2070,996<br />

Note : <strong>les</strong> chiffres représentent le pourcentage <strong>de</strong> la filière considérée à l’intérieur <strong>de</strong> chaque bloc économique<br />

Source : D’après <strong>les</strong> données <strong>de</strong> la base Chelem<br />

9,02<br />

11,18<br />

8,46<br />

8,22<br />

14,71<br />

3,63<br />

3,00<br />

15,57<br />

9,94<br />

4,30<br />

9,79<br />

2,18<br />

229090,125<br />

Tableau 6 : Composition géographique et structure par filières <strong>de</strong>s importations françaises<br />

en 1998<br />

Filières ALENA ASEAN Mercosur Pays Med. Maghreb U.E.(15) PECO Mon<strong>de</strong><br />

Energétique<br />

Agroaliment.<br />

Textile<br />

Bois Papier<br />

Chimique<br />

Sidérurgie<br />

Non ferreux<br />

Mécanique<br />

Véhicu<strong>les</strong><br />

Electrique<br />

Electronique<br />

Nda<br />

TOTAL<br />

1,43<br />

4,30<br />

1,32<br />

6,59<br />

15,98<br />

0,64<br />

1,22<br />

34,00<br />

1,48<br />

3,93<br />

25,27<br />

3,83<br />

21589,371<br />

0,68<br />

10,46<br />

20,86<br />

7,25<br />

5,51<br />

0,11<br />

0,50<br />

1,87<br />

1,29<br />

4,43<br />

45,58<br />

1,45<br />

6175,226<br />

0,14<br />

56,47<br />

1,85<br />

9,66<br />

5,22<br />

11,29<br />

3,06<br />

6,10<br />

4,42<br />

0,57<br />

1,11<br />

0,12<br />

2188,983<br />

22,03<br />

11,35<br />

38,60<br />

1,26<br />

7,42<br />

0,42<br />

1,13<br />

2,48<br />

1,06<br />

4,98<br />

8,46<br />

0,81<br />

8411,302<br />

26,04<br />

9,11<br />

42,38<br />

1,07<br />

5,23<br />

0,42<br />

1,13<br />

1,03<br />

4,42<br />

0,57<br />

1,11<br />

0,12<br />

5645,123<br />

1,93<br />

10,91<br />

6,66<br />

8,21<br />

17,39<br />

4,04<br />

1,91<br />

16,11<br />

13,06<br />

5,24<br />

10,49<br />

4,05<br />

200162,412<br />

1,67<br />

5,89<br />

20,01<br />

7,45<br />

11,57<br />

3,36<br />

4,65<br />

9,87<br />

10,29<br />

8,92<br />

16,09<br />

0,22<br />

4309,594<br />

Note : <strong>les</strong> chiffres représentent le pourcentage <strong>de</strong> la filière considérée à l’intérieur <strong>de</strong> chaque bloc économique<br />

Source : D’après <strong>les</strong> données <strong>de</strong> la base Chelem<br />

5,33<br />

10,51<br />

8,30<br />

7,40<br />

15,73<br />

3,23<br />

2,22<br />

15,47<br />

10,15<br />

5,06<br />

13,11<br />

3,49<br />

294200,813<br />

90


Tableau 7 : Variation par décomposition géographique <strong>de</strong> la structure par filières <strong>de</strong>s<br />

importations françaises entre 1990 et 1998<br />

Filières ALENA ASEAN Mercosur Pays Med. Maghreb U.E.(15) PECO Mon<strong>de</strong><br />

Energétique<br />

Agroaliment.<br />

Textile<br />

Bois Papier<br />

Chimique<br />

Sidérurgie<br />

Non ferreux<br />

Mécanique<br />

Véhicu<strong>les</strong><br />

Electrique<br />

Electronique<br />

TOTAL<br />

- 69,42<br />

- 12,48<br />

- 9,05<br />

+ 8,82<br />

+ 64,24<br />

+ 17,92<br />

- 31,35<br />

+ 37,51<br />

- 10,64<br />

+ 55,75<br />

+ 86,23<br />

+ 33,46<br />

+ 63,96<br />

+ 9,77<br />

+ 111,71<br />

+ 87,54<br />

+ 212,04<br />

+ 101,36<br />

+ 30,08<br />

+ 340,28<br />

+ 698,96<br />

+ 349,71<br />

+ 236,70<br />

+ 136,37<br />

- 75,83<br />

+ 1,38<br />

- 67,30<br />

+ 91,65<br />

- 23,81<br />

+ 57,32<br />

+ 19,81<br />

+ 61,59<br />

+ 226,40<br />

- 9,14<br />

- 1,69<br />

+ 10,19<br />

- 26,65<br />

- 2,76<br />

+ 53,14<br />

+ 28,80<br />

+ 21,42<br />

+ 438,80<br />

+ 49,25<br />

+ 132,45<br />

+ 81,11<br />

+ 235,19<br />

+ 258,71<br />

+ 23,49<br />

- 20,83<br />

- 11,13<br />

+ 54,08<br />

+ 1,38<br />

+ 24,20<br />

+ 1331,30<br />

+ 47,40<br />

+ 130,68<br />

- 14,51<br />

+ 238,09<br />

+ 339,57<br />

+ 23,30<br />

- 23,13<br />

+ 29,83<br />

+ 7,90<br />

+ 14,47<br />

+ 32,24<br />

+ 12,47<br />

- 7,66<br />

+ 25,27<br />

+ 30,56<br />

+ 38,32<br />

+ 70,32<br />

+ 29,26<br />

- 33,68<br />

- 27,79<br />

+ 136,34<br />

+ 45,81<br />

+ 23,81<br />

+ 21,58<br />

+ 160,80<br />

+ 110,83<br />

+ 752,61<br />

+ 182,53<br />

+ 2022,61<br />

+ 108,09<br />

Note : <strong>les</strong> chiffres représentent le pourcentage <strong>de</strong> la filière considérée à l’intérieur <strong>de</strong> chaque bloc économique<br />

Source :d’après <strong>les</strong> données <strong>de</strong> la base Chelem<br />

- 24,07<br />

+ 20,73<br />

+ 26,00<br />

+ 15,53<br />

+ 37,32<br />

+ 14,31<br />

- 5,22<br />

+ 27,62<br />

+ 31,22<br />

+ 51,24<br />

+ 71,96<br />

+ 28,42<br />

Tableau 8 : Composition géographique et structure par filières <strong>de</strong>s exportations françaises<br />

en 1990<br />

Filières ALENA ASEAN Mercosur Pays Med. Maghreb U.E.(15) PECO Mon<strong>de</strong><br />

Energétique<br />

Agroaliment.<br />

Textile<br />

Bois Papier<br />

Chimique<br />

Sidérurgie<br />

Non ferreux<br />

Mécanique<br />

Véhicu<strong>les</strong><br />

Electrique<br />

Electronique<br />

Nda<br />

TOTAL<br />

2,69<br />

9,89<br />

4,83<br />

4,98<br />

16,21<br />

5,16<br />

1,81<br />

34,10<br />

5,60<br />

3,64<br />

8,73<br />

2,37<br />

15006,377<br />

0,39<br />

8,95<br />

3,62<br />

2,91<br />

21,43<br />

2,36<br />

0,98<br />

30,82<br />

3,79<br />

10,30<br />

13,82<br />

0,62<br />

2967,514<br />

1,05<br />

6,04<br />

2,17<br />

2,41<br />

26,54<br />

4,82<br />

0,74<br />

20,65<br />

18,54<br />

8,00<br />

8,91<br />

0,14<br />

975,852<br />

0,60<br />

16,05<br />

8,78<br />

3,40<br />

15,30<br />

3,76<br />

1,41<br />

23,60<br />

12,86<br />

5,98<br />

7,91<br />

0,34<br />

10440,988<br />

0,48<br />

12,34<br />

12,38<br />

3,87<br />

15,10<br />

2,77<br />

1,25<br />

21,85<br />

16,19<br />

5,61<br />

7,84<br />

0,34<br />

6243,823<br />

2,10<br />

19,08<br />

5,98<br />

6,12<br />

18,53<br />

4,99<br />

2,75<br />

14,03<br />

13,64<br />

4,40<br />

8,00<br />

0,38<br />

137290,103<br />

0,34<br />

16,65<br />

21,31<br />

3,15<br />

25,81<br />

3,09<br />

0,94<br />

20,90<br />

6,70<br />

5,01<br />

5,00<br />

0,08<br />

1671,591<br />

Note : <strong>les</strong> chiffres représentent le pourcentage <strong>de</strong> la filière considérée à l’intérieur <strong>de</strong> chaque bloc économique<br />

Source :d’après <strong>les</strong> données <strong>de</strong> la base Chelem<br />

2,27<br />

17,09<br />

6,15<br />

5,81<br />

18,37<br />

4,56<br />

2,23<br />

17,69<br />

11,75<br />

4,71<br />

8,28<br />

1,09<br />

209301,125<br />

91


Tableau 9 : Composition géographique et structure par filières <strong>de</strong>s exportations françaises<br />

en 1998<br />

Filières ALENA ASEAN Mercosur Pays Med. Maghreb U.E.(15) PECO Mon<strong>de</strong><br />

Energétique<br />

Agroaliment.<br />

Textile<br />

Bois Papier<br />

Chimique<br />

Sidérurgie<br />

Non ferreux<br />

Mécanique<br />

Véhicu<strong>les</strong><br />

Electrique<br />

Electronique<br />

Nda<br />

TOTAL<br />

0,93<br />

8,36<br />

3,48<br />

4,21<br />

16,08<br />

3,15<br />

1,16<br />

37,87<br />

3,67<br />

4,09<br />

13,25<br />

3,74<br />

26344,388<br />

0,31<br />

4,43<br />

1,70<br />

1,49<br />

11,55<br />

1,62<br />

0,48<br />

41,14<br />

0,86<br />

8,92<br />

24,63<br />

2,86<br />

5854,685<br />

1,62<br />

3,63<br />

2,13<br />

2,39<br />

21,35<br />

1,87<br />

0,52<br />

28,83<br />

18,41<br />

8,24<br />

7,08<br />

3,94<br />

3557,436<br />

1,76<br />

11,68<br />

12,28<br />

3,86<br />

16,74<br />

2,78<br />

1,14<br />

16,92<br />

9,88<br />

9,18<br />

11,55<br />

2,24<br />

14626,86<br />

0,96<br />

11,66<br />

18,49<br />

3,77<br />

15,51<br />

2,03<br />

0,90<br />

14,74<br />

10,99<br />

7,33<br />

11,96<br />

1,65<br />

7581,192<br />

1,73<br />

15,62<br />

5,00<br />

5,98<br />

17,84<br />

3,84<br />

1,86<br />

13,32<br />

15,44<br />

5,08<br />

11,73<br />

2,55<br />

187641,809<br />

0,92<br />

5,58<br />

8,79<br />

4,57<br />

23,34<br />

2,53<br />

0,74<br />

15,15<br />

14,02<br />

6,51<br />

15,43<br />

2,42<br />

6612,844<br />

Note : Les chiffres représentent le pourcentage <strong>de</strong> la filière considérée à l’intérieur <strong>de</strong> chaque bloc économique<br />

Source :D’après <strong>les</strong> données <strong>de</strong> la base Chelem<br />

1,90<br />

13,55<br />

5,33<br />

5,33<br />

17,46<br />

3,29<br />

1,53<br />

18,82<br />

12,15<br />

5,52<br />

12,24<br />

2,88<br />

298490,5<br />

Tableau 10 : Variation par décomposition géographique <strong>de</strong> la structure par filières <strong>de</strong>s<br />

exportations françaises entre 1990 et 1998<br />

Filières ALENA ASEAN Mercosur Pays Med. Maghreb U.E.(15) PECO Mon<strong>de</strong><br />

Energétique<br />

Agroaliment.<br />

Textile<br />

Bois Papier<br />

Chimique<br />

Sidérurgie<br />

Non ferreux<br />

Mécanique<br />

Véhicu<strong>les</strong><br />

Electrique<br />

Electronique<br />

TOTAL<br />

- 39,09<br />

+ 48,34<br />

+ 26,46<br />

+ 48,61<br />

+ 74,16<br />

+ 7,36<br />

+ 12,25<br />

+ 94,97<br />

+ 15,4<br />

+ 97,31<br />

+166,56<br />

+ 75,55<br />

+ 57,90<br />

- 2,25<br />

- 7,45<br />

+ 1,23<br />

+ 6,36<br />

+ 35,32<br />

- 4,50<br />

+ 163,35<br />

- 55,00<br />

+ 70,91<br />

+ 251,45<br />

+ 97,29<br />

+ 461,75<br />

+ 118,76<br />

+ 257,74<br />

+ 262,42<br />

+ 193,36<br />

+ 41,29<br />

+ 153,57<br />

+ 408,99<br />

+ 261,82<br />

+ 275,44<br />

+ 190,01<br />

+ 264,55<br />

+ 310,72<br />

+ 1,98<br />

+ 95,90<br />

+ 58,94<br />

+ 53,23<br />

+ 3,36<br />

+ 12,96<br />

+ 0,44<br />

+ 7,56<br />

+ 115,00<br />

+ 104,50<br />

+ 40,09<br />

+ 143,41<br />

+ 14,70<br />

+ 81,28<br />

+ 18,33<br />

+ 24,79<br />

- 10,84<br />

- 12,64<br />

- 18 08<br />

- 17,53<br />

+ 58,62<br />

+ 85,32<br />

+ 21,42<br />

+ 12,88<br />

+ 11,87<br />

+ 14,42<br />

+ 33,51<br />

+ 31,62<br />

+ 5,06<br />

- 7,60<br />

+ 29,84<br />

+ 54,67<br />

+ 57,90<br />

+ 100,37<br />

+ 36,68<br />

+ 966,57<br />

+ 32,66<br />

+ 182,29<br />

+ 473,53<br />

+ 257,84<br />

+ 223,17<br />

+ 210,29<br />

+ 186,83<br />

+ 727,79<br />

+ 414,02<br />

+ 1119,55<br />

+ 295,60<br />

Note : Les chiffres représentent le pourcentage <strong>de</strong> la filière considérée à l’intérieur <strong>de</strong> chaque bloc économique<br />

Source : D’après <strong>les</strong> données <strong>de</strong> la base Chelem<br />

+ 19,40<br />

+ 13,10<br />

+ 23,40<br />

+ 30,85<br />

+ 35,49<br />

+ 2,98<br />

- 1,94<br />

+ 51,71<br />

+ 47,49<br />

+ 67,25<br />

+ 110,75<br />

+ 42,61<br />

Les six tableaux précé<strong>de</strong>nts (Tableaux 5 à 10) nous présentent l’évolution <strong>de</strong> la<br />

composition <strong>de</strong>s échanges bilatéraux <strong>de</strong> la France, à la fois géographique mais surtout par filières,<br />

à l’intérieur <strong>de</strong>s blocs économiques. Cette présentation permet <strong>de</strong> distinguer la structure <strong>de</strong> la<br />

92


composition <strong>de</strong>s échanges caractéristique <strong>de</strong>s pays membres <strong>de</strong> ces <strong>zones</strong> en développement, <strong>de</strong><br />

celle qui prévaut globalement et pour <strong>les</strong> autres principaux partenaires commerciaux <strong>de</strong> la France.<br />

La composition par filières indique très nettement cette concentration à l’importation <strong>de</strong> la<br />

France sur <strong>de</strong>ux filières qui représentent plus <strong>de</strong> la moitié <strong>de</strong>s importations françaises <strong>de</strong>s pays du<br />

Mercosur et du Maghreb : l’Agro-alimentaire et le Textile. Les PECO ont eux aussi une part<br />

importante <strong>de</strong> leurs exportations vers la France dans ces <strong>de</strong>ux filières. Mais ils ont su développer<br />

une structure d’exportations plus variée et la part du textile et <strong>de</strong> l’agro-alimentaire reste située<br />

autour <strong>de</strong> 25 %. Les pays du Mercosur et du Maghreb n’ont pas, à l’instar <strong>de</strong>s PECO, développé<br />

<strong>de</strong>s filières d’exportations qui soient situées hors <strong>de</strong> cel<strong>les</strong> traditionnel<strong>les</strong> et peu porteuses<br />

concentrées dans le Textile, l’Agro-alimentaire et le Bois Papier. Les PECO ont notamment<br />

développé au cours <strong>de</strong> la décennie 1990 <strong>de</strong>s filières comme l’Électronique, <strong>les</strong> Véhicu<strong>les</strong>, <strong>les</strong><br />

Biens électriques qui témoignent d’un rattrapage technologique conséquent. Ce développement<br />

<strong>de</strong> filières plus porteuses a permis une augmentation globale <strong>de</strong> leurs exportations vers la France<br />

très au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> ce qu’ont pu réaliser le Mercosur et <strong>les</strong> pays Méditerranéens. La composition<br />

<strong>de</strong>s exportations françaises vers ces pays est assez équilibrée , elle est constituée essentiellement<br />

<strong>de</strong>s filières « Chimique », « Mécanique », « Véhicule », « Electrique » et « Electronique ». La<br />

variation <strong>de</strong>s exportations françaises confirme l’importance prise par <strong>les</strong> marchés constitués par<br />

<strong>les</strong> pays du Mercosur et <strong>les</strong> PECO, qui connaissent une progression très importante. Cette<br />

composition par filières <strong>de</strong>s échanges traduit bien une spécialisation traditionnelle Nord-Sud, où<br />

la France exporte <strong>de</strong>s produits <strong>de</strong> filières porteuses qui traduisent un niveau <strong>de</strong> développement<br />

élevé et importe <strong>de</strong>s produits primaires et <strong>de</strong> faible valeur ajoutée. C’est ce que nous allons tenter<br />

<strong>de</strong> confirmer par l’analyse <strong>de</strong> l’intensité technologique <strong>de</strong> la composition <strong>de</strong>s échanges.<br />

2.2. Un contenu en intensité technologique 46 fortement déséquilibré<br />

Le tableau 11 présente le sol<strong>de</strong> commercial par intensité technologique <strong>de</strong> la France <strong>avec</strong><br />

<strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> et ceux <strong>de</strong> l’Union européenne. La typologie traditionnelle Nord-Sud, liée à<br />

une importante différence <strong>de</strong> dotations en capital se révélant par une spécialisation asymétrique,<br />

apparaît très nettement dans ce tableau 11. La France est fortement spécialisée dans la production<br />

et l’exportation <strong>de</strong> produits <strong>de</strong> haute technologie et dans une moindre mesure (son sol<strong>de</strong> <strong>avec</strong><br />

l’Union européenne est négatif) dans cel<strong>les</strong> <strong>de</strong> moyenne-haute technologie.<br />

Tableau 11 : Sol<strong>de</strong> commercial <strong>de</strong> la France par intensité technologique <strong>de</strong> 1980 à 1998<br />

Importateur 1980 1985 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998<br />

Brésil 108,79 65,275 53,434 86,634 83,929 102,47 100,87 161,22 182,45 171,32 432,52<br />

Argentine 42,985 15,308 13,793 17,285 37,412 74,251 83,862 165,3 128,16 111,08 115,86<br />

Algérie 281,44 213,74 372,63 216,79 343,24 313,29 428,92 485,42 312,98 422,12 529,95<br />

Maroc 86,531 56,13 157,8 145,62 134,79 113,57 275,44 120,74 122,87 141,66 157,31<br />

Tunisie 80,027 77,005 267,5 240,79 332,82 183,59 273,26 252,49 218,8 252,13 234,28<br />

Egypte 154,75 92,441 350,24 687,6 168,28 207,12 105,48 252,08 415,47 258,48 347,58<br />

Hongrie 7,779 6,82 8,46 12,477 17,387 40,142 23,885 10,686 -17,8 -73,15 -88,61<br />

Pologne 7,903 3,642 21,852 102,77 116,06 92,408 141,11 170,33 234,61 285,67 334,73<br />

46 Voir l’annexe 1 pour <strong>les</strong> définitions utilisées<br />

93


Turquie 3,388 245,86 123,76 145,7 130,77 341,64 282,3 262,09 392,8 274,25 272,66<br />

Israel 9,783 12,27 12,322 42,712 34,441 12,625 25,895 0,93 42,962 11,147 12,317<br />

UE(15) 106,78 -66,87 -81,62 1774,7 210,41 205,09 131,41 527,2 691,48 652,22 768,26<br />

Mon<strong>de</strong> 254,59 1428,1 146,76 2985,9 3944,5 3551,3 3800,4 8049,1 8248,9 8380,7 9183,7<br />

MOYENNE-HAUTE technologie<br />

Importateur 1980 1985 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998<br />

Brésil 320,87 122,84 257,25 307,01 216,84 307,53 430,46 599,5 657,57 651,86 710,37<br />

Argentine 247,92 154,18 147,36 214,81 500,76 566,59 786,29 596,27 832,16 821,29 1018,5<br />

Algérie 1300,5 1253,5 1366 1020,4 959,39 932,7 948,46 1208 1114,9 950,6 1103,4<br />

Maroc 402,53 312,51 569,06 648,29 667,64 618,53 446,9 469,07 447,37 416,74 512,72<br />

Tunisie 296,06 175,24 381,07 366,52 411,2 507,92 451,81 408,92 382,89 405,5 481,05<br />

Egypte 386,04 396,79 418,01 396,82 351,53 402,57 398,73 497,29 500,43 531,37 568,92<br />

Hongrie 77,857 52,306 50,792 59,423 56,973 95,653 140,2 131,42 129,41 195,11 246,64<br />

Pologne 180,82 57,417 23,97 198,18 206,2 257,07 259,21 419,66 682,39 755,6 965,27<br />

Turquie 310,07 192,86 603,38 625,85 723,45 859,56 583,3 696,15 1033,6 1211 1372,6<br />

Israël 32,2 81,994 111,88 177,03 258,08 223,18 333,55 313,3 295,64 230 279,95<br />

UE(15) - 3765 -3540 -6587 -1039 1235,6 -637,8 -685,5 -3237 -1236 2086,2 -801,8<br />

Mon<strong>de</strong> 9129,3 7807,2 6355,3 11556 15463 15169 17236 16689 19946 20651 17682<br />

MOYENNE-BASSE technologie<br />

Importateur 1980 1985 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998<br />

Brésil - 22,22 -40,16 -159 -194,1 -180,6 -133,4 -163,2 -172,6 -28,78 -70,82 -103<br />

Argentine 71,055 19,057 7,496 38,083 44,29 60,048 66,256 66,118 94,523 117,85 127,45<br />

Algérie - 1115 -1703 -1539 -1777 -1543 -1067 -1145 -1076 -1295 -1849 -1214<br />

Maroc 11,313 64,669 223,22 160,46 176,1 134,34 176 222,91 233,13 250,49 175,72<br />

Tunisie 160,64 66,444 76,511 73,05 113,29 96,549 93,222 67,929 55,967 77,482 73,763<br />

Egypte 111,7 -181,3 -9,958 -23,57 -143,2 -93,51 -4,931 -2,38 14,49 60,293 95,797<br />

94


Hongrie 24,053 14,233 0,852 -3,68 1,556 15,297 3,634 -4,207 18,842 59,539 68,545<br />

Pologne - 156,2 -80,14 -71,14 4,262 9,42 -41,66 -138,8 -143,9 -130,1 -0,197 64,088<br />

Turquie 42,301 23,844 149,49 178,53 184,6 296,58 194,62 316,71 540,14 560,78 499,53<br />

Israël 73,544 27,838 71,931 91,15 105,72 101,36 99,09 112,58 113,56 107,97 93,759<br />

UE(15) - 3448 -5622 -6644 -5380 -4971 -4891 -4554 -6352 -5500 -6960 -6497<br />

Mon<strong>de</strong> - 26331 -16455 -19745 -19113 -16730 -13505 -13024 -15723 -16038 -18907 -15340<br />

BASSE technologie<br />

Importateur 1980 1985 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998<br />

Brésil - 538,1 -493,4 -785,5 -751,1 -793,7 -663,9 -817,3 -733,7 -735,2 -714,5 -605,7<br />

Argentine - 113,7 -89,85 -211,9 -194,3 -174 -106,3 -62,56 -98,83 -125,2 -140,5 -86,23<br />

Algérie 425,71 388,27 457,63 567,2 555,35 466,12 575,36 528,41 542,66 519,15 620,87<br />

Maroc - 46,4 -93,54 -617,1 -585,6 -590,4 -554,4 -620,5 -708,1 -762,8 -651,9 -616,8<br />

Tunisie - 21,273 -10,52 -108,1 -138,8 -190,1 -204,2 -196,4 -186,6 -243,6 -207,8 -259,1<br />

Egypte 322,24 304,25 103,36 71,917 131,3 143,3 84,865 114,64 131,7 121,16 79,543<br />

Hongrie - 41,96 -30,35 -115,7 -110,5 -94,44 -39,61 -26,93 30,746 -54,5 -72,95 -97,99<br />

Pologne - 8,22 -32,07 -114,7 -86,27 -103,4 -92,86 -52,77 -42,51 -51,42 -0,007 16,154<br />

Turquie - 55,248 -98,28 -261 -297,7 -341,6 -187,5 -304,3 -255,8 -108,9 -157,4 -289,6<br />

Israël - 11,48 -21,13 -85,84 -79,88 -80,09 -18,69 53,366 61,753 108,73 152,51 129,13<br />

UE(15) - 3829 -4833 -8488 -6233 -5439 -6079 -6269 -7517 -7835 -6107 -7062<br />

Mon<strong>de</strong> - 49,019 -1038 -6760 -5651 -4312 -4102 -3598 -3877 -4432 -3623 -5388<br />

Source : Elaboration propre à partir <strong>de</strong>s données <strong>de</strong> la base Chelem<br />

Les pays du Maghreb et du Mercosur sont cantonnés dans l’exportation <strong>de</strong> produits <strong>de</strong><br />

basse technologie. Seuls le Brésil et <strong>les</strong> PECO (la Hongrie se spécialisant dans <strong>de</strong>s activités <strong>de</strong><br />

haute technologie) échappent à ce positionnement peu porteur et dégagent <strong>de</strong>s sol<strong>de</strong>s positifs<br />

dans <strong>de</strong>s produits d’intensité technologique plus élevée.<br />

2.3. La caractérisatique <strong>de</strong> la spécialisation commerciale <strong>de</strong>s pays : une approche<br />

complémentaire<br />

Afin <strong>de</strong> mieux caractériser la spécialisation commerciale, nous avons utilisé <strong>de</strong>ux<br />

indicateurs complémentaires : le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> concentration <strong>de</strong>s échanges et le niveau du commerce<br />

intra-branche 47 .Nous allons tout d’abord nous intéresser au <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> concentration <strong>de</strong>s échanges<br />

47 Voir en annexe pour une définition <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux indicateurs.<br />

95


<strong>de</strong> la France <strong>avec</strong> <strong>de</strong>ux partenaires significatifs <strong>de</strong> chaque groupe déterminé. Pour cela, nous<br />

utilisons un indicateur <strong>de</strong> concentration <strong>de</strong>s échanges que nous appliquons au commerce bilatéral<br />

<strong>de</strong> la France. La concentration <strong>de</strong>s importations française apparaît nettement supérieure à celle<br />

<strong>de</strong>s exportations, confirmant l’idée d’une spécialisation <strong>de</strong>s pays à l’exportation vers le marché<br />

français. Les résultats obtenus sont contraires à ce que l’on serait en attente d’obtenir. En effet, le<br />

commerce international incite plutôt à une spécialisation <strong>de</strong> la production et à une <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

Graphique 3 : Evolution du commerce intra-branche <strong>de</strong> la France <strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays <strong>de</strong><br />

l'étu<strong>de</strong> entre 1994 et 2000<br />

45<br />

40<br />

valeur du coefficient <strong>de</strong> Grubel-Lloyd<br />

35<br />

30<br />

25<br />

20<br />

15<br />

10<br />

5<br />

Argentine<br />

Brésil<br />

Algérie<br />

Maroc<br />

Tunisie<br />

Egypte<br />

Israël<br />

Turquie<br />

Hongrie<br />

Pologne<br />

0<br />

1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000<br />

Source: Calculs <strong>de</strong> l'auteur à partir <strong>de</strong>s données <strong>de</strong>s Douanes<br />

variée pour la consommation <strong>de</strong>s biens. On s’attendait donc à obtenir un indicateur <strong>de</strong><br />

concentration <strong>de</strong>s exportations supérieur à celui <strong>de</strong>s importations. Par contre, <strong>les</strong> pays à niveau <strong>de</strong><br />

développement plus élevé sont ceux où la structure commerciale est plus diversifiée.<br />

Tableau 12 : Evolution <strong>de</strong> la concentration <strong>de</strong>s exportations et <strong>de</strong>s importations françaises <strong>avec</strong> <strong>les</strong><br />

pays <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> entre 1994 et 2000<br />

1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000<br />

PAYS X M X M X M X M X M X M X M<br />

Argentine<br />

33,9<br />

30,0<br />

27,5<br />

30,9<br />

34,4<br />

32,9<br />

24,6<br />

37,6<br />

27,6<br />

33,4<br />

31,5<br />

34,8<br />

37,2<br />

34,5<br />

Brésil<br />

19,1<br />

38,9<br />

17,6<br />

33,9<br />

15,8<br />

41,6<br />

15,4<br />

37,4<br />

20,2<br />

33,7<br />

17,5<br />

31,6<br />

20,5<br />

32<br />

Maroc<br />

19,1<br />

29,3<br />

20,7<br />

30,1<br />

19,9<br />

30,4<br />

20,3<br />

30,4<br />

21<br />

30,7<br />

28,9<br />

29,3<br />

21,8<br />

28<br />

Tunisie<br />

18<br />

38,9<br />

18,5<br />

37,7<br />

18,9<br />

38,5<br />

19,3<br />

37,8<br />

20,5<br />

37,1<br />

20,4<br />

36,1<br />

19,5<br />

34,6<br />

Israël<br />

20,1<br />

17,8<br />

17,9<br />

19,2<br />

16,3<br />

19,1<br />

15,2<br />

20,4<br />

16,5<br />

21,4<br />

17,9<br />

19,7<br />

16,6<br />

18,6<br />

Turquie<br />

20,8<br />

23,5<br />

14,5<br />

24,3<br />

16<br />

23,4<br />

15,4<br />

23,7<br />

15,1<br />

24,1<br />

17,4<br />

25,4<br />

21<br />

24,8<br />

Hongrie<br />

16,9<br />

24,4<br />

14,2<br />

22,8<br />

14,9<br />

22,2<br />

16,6<br />

25,3<br />

18<br />

29,3<br />

17,4<br />

32,6<br />

19,3<br />

35<br />

Pologne<br />

16<br />

21,5<br />

17,5<br />

24,3<br />

21,5<br />

21,7<br />

18,4<br />

21,4<br />

20<br />

18,7<br />

19<br />

19,2<br />

19<br />

17,9<br />

Note : X représente la concentration <strong>de</strong>s exportations françaises à <strong>de</strong>stination du pays considéré,<br />

M représente la concentration <strong>de</strong>s importations françaises en provenance du pays considéré.<br />

Source: calculs <strong>de</strong> l’auteur à partir <strong>de</strong>s données <strong>de</strong>s Douanes françaises.<br />

96


Pour estimer l’intensité du commerce bilatéral <strong>de</strong> biens d’un même secteur, nous avons<br />

retenu le coefficient <strong>de</strong> Grubel-Lloyd. Ce coefficient va nous donner une mesure du commerce<br />

bilatéral intra-branche pour l’ensemble du secteur industriel. Il va nous permettre <strong>de</strong> caractériser<br />

<strong>les</strong> échanges. L’augmentation <strong>de</strong> ce coefficient correspond à la convergence du niveau <strong>de</strong><br />

développement économique et technologique entre <strong>de</strong>ux pays : c’est le cas <strong>de</strong>s PECO, d’Israël et<br />

<strong>de</strong> la Turquie. A l’opposé, se trouve le cas <strong>de</strong>s pays comme l’Argentine, l’Algérie et l’Egypte où<br />

prédomine un échange <strong>de</strong> type inter-branches reposant sur <strong>les</strong> sources traditionnel<strong>les</strong> <strong>de</strong><br />

l’avantage comparatif. Les <strong>de</strong>ux pays du Maghreb <strong>les</strong> plus avancés dans le processus <strong>de</strong><br />

libéralisation <strong>de</strong>s échanges et le Brésil sont dans un situation intermédiaire, <strong>avec</strong> l’émergence<br />

d’un commerce intra-branche spécifique à certains secteurs.<br />

La constitution d’une zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange <strong>avec</strong> l’Union européenne représente-t-elle un<br />

moyen pour ces pays <strong>de</strong> développer <strong>de</strong>s spécialisations plus porteuses, à travers l’afflux<br />

d’investissements directs qui vont favoriser la remontée en gamme <strong>de</strong>s filières <strong>de</strong> production ?<br />

3. L’avenir est-il à la course à la zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange <strong>avec</strong> l’Union européenne ?<br />

Pour évaluer le potentiel commercial <strong>de</strong>s rapprochements entrepris par ces pays <strong>avec</strong><br />

l’Union européenne et l’impact sur la France, nous allons mettre en évi<strong>de</strong>nce l’orientation globale<br />

puis sectorielle du commerce <strong>de</strong> la France <strong>avec</strong> ces pays ainsi que <strong>les</strong> possibilités éventuel<strong>les</strong> <strong>de</strong><br />

développement <strong>de</strong> ces échanges. Nous commencerons par appréhen<strong>de</strong>r ces relations<br />

commercia<strong>les</strong> d’une manière globale avant <strong>de</strong> nous intéresser plus en détail à l’adéquation <strong>de</strong> la<br />

structure <strong>de</strong>s exportations <strong>de</strong> ces pays <strong>avec</strong>, d’une part, leurs avantages comparatifs révélés, et,<br />

d’autre part, <strong>avec</strong> la structure <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> française et européenne. Cette évaluation sera menée<br />

en considérant l’importance du cadre institutionnel qui découle <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> <strong>de</strong> libéralisation.<br />

3.1. Quel<strong>les</strong> sont <strong>les</strong> possibilités <strong>de</strong> développement <strong>de</strong>s échanges ?<br />

Les possibilités <strong>de</strong> développement seront estimées d’un point <strong>de</strong> vue global par<br />

l’évolution <strong>de</strong>s intensités bilatéra<strong>les</strong>, puis par l’analyse <strong>de</strong>s écarts <strong>de</strong> structure <strong>de</strong> spécialisation.<br />

Comme nous l’avons montré précé<strong>de</strong>mment, l’importance <strong>de</strong>s relations commercia<strong>les</strong> <strong>de</strong><br />

ces pays <strong>avec</strong> la France, mais d’une manière plus générale <strong>avec</strong> l’Union européenne, <strong>les</strong> a<br />

cantonnés dans <strong>de</strong>s spécialisations traditionnel<strong>les</strong>. Il semble que seuls <strong>les</strong> PECO et, dans une<br />

moindre mesure, le Brésil et <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux pays <strong>de</strong> l’extrême Est <strong>de</strong> la Méditerranée, la Turquie et<br />

Israël, soient en mesure <strong>de</strong> développer <strong>de</strong>s relations commercia<strong>les</strong> qui s’écartent d’une typologie<br />

classique Nord-Sud. A partir du calcul <strong>de</strong>s intensités bilatéra<strong>les</strong> relatives 48 , nous allons estimer le<br />

potentiel global <strong>de</strong> croissance <strong>de</strong>s échanges. Ce potentiel dépendra du niveau d’échanges déjà<br />

atteint entre <strong>de</strong>ux pays. La proximité géographique <strong>de</strong>s pays Méditerranéens (et surtout ceux du<br />

Maghreb) qui appartiennent à la zone naturelle d’échanges <strong>de</strong> la France se retrouve parfaitement<br />

dans la valeur <strong>de</strong> cet indicateur. Les intensités bilatéra<strong>les</strong> relatives <strong>de</strong>s pays pour <strong>les</strong>quels <strong>les</strong><br />

valeurs <strong>de</strong> cet indicateur sont supérieures à l’unité sont représentées dans le graphique 3. Les<br />

échanges sont ceux <strong>de</strong> pays ayant <strong>de</strong>s relations privilégiées <strong>avec</strong> la France. Ces pays échangent<br />

<strong>de</strong> manière plus intensive que leur poids dans le commerce international ne le suggère. A<br />

l’inverse, le graphique 4 concerne <strong>les</strong> pays dont le commerce <strong>avec</strong> la France n’a pas encore<br />

atteint le niveau théorique que laisse suggérer leur poids économique.<br />

48 Voir notamment Freu<strong>de</strong>nberg, Gaulier, Unal-Kesenci (1998).<br />

97


L’utilisation du coefficient d’écart <strong>de</strong> structure <strong>de</strong> spécialisation 49 va permettre <strong>de</strong><br />

comparer la structure d’exportation et d’importation <strong>de</strong>s pays en cause dans le but <strong>de</strong> montrer<br />

dans quelle mesure il y existe un potentiel <strong>de</strong> développement <strong>de</strong>s échanges entre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux<br />

partenaires.<br />

Tableau 13 : Evolution <strong>de</strong>s écarts <strong>de</strong> structure <strong>de</strong> spécialisation entre la France et <strong>les</strong> pays<br />

<strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> entre 1990 et 1998.<br />

Argentine Brésil Algérie Maroc Tunisie Egypte Turquie Israël<br />

1990 70,8 69,5 89,2 78,5 82,4 87,5 72,7 65,0<br />

Hongrie<br />

*<br />

Pologne<br />

*<br />

1994 72,3 70,7 85,3 78,7 79,8 85,6 71,6 69,0 64,4 69,1<br />

1998 74,7 78,0 89,7 79,9 85,5 87,2 77,6 75,0 73,6 76,4<br />

Note :* <strong>les</strong> données permettant <strong>de</strong> calculer cet indicateur ne sont disponib<strong>les</strong> qu’à partir <strong>de</strong> 1993 pour ces <strong>de</strong>ux pays.<br />

Source : Calculs <strong>de</strong> l’auteur à partir <strong>de</strong>s données <strong>de</strong> la base Chelem.<br />

Un coefficient élevé (donc proche <strong>de</strong> 100) signifie qu’il y a une complémentarité dans la<br />

structure du commerce extérieur <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux pays, donc que le commerce mutuel aura tendance à<br />

augmenter à la suite d’une libéralisation <strong>de</strong>s échanges. L’évolution <strong>de</strong>s valeurs <strong>de</strong> ce coefficient,<br />

présentées dans le tableau 13, tend à confirmer la tendance à une complémentarité qui s’accentue<br />

entre la France et <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> ces <strong>zones</strong> en développement. Mais cette complémentarité se traduit<br />

surtout à l’heure actuelle par une asymétrie <strong>de</strong>s spécialisations (produits <strong>de</strong> haute valeur ajoutée<br />

intensifs en technologie contre <strong>de</strong>s produits <strong>de</strong> faible valeur ajoutée intensifs en basse<br />

technologie).<br />

Les possibilités <strong>de</strong> développement <strong>de</strong>s échanges vont fortement dépendre du contenu et <strong>de</strong><br />

l’évolution <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange qui lient ces pays à l’Union européenne. Ils vont<br />

dépendre du <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> préférence douanière accordé. Il sera donc intéressant d’analyser l’impact<br />

Graphique 5 : Evolution <strong>de</strong>s intensités relatives <strong>de</strong>s échanges entre la France et <strong>les</strong><br />

autres pays <strong>de</strong> l'étu<strong>de</strong> entre 1990 et 1998<br />

1,2<br />

1<br />

valeur <strong>de</strong> l'intensité relative<br />

0,8<br />

0,6<br />

0,4<br />

0,2<br />

0<br />

1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998<br />

Note : * <strong>les</strong> valeurs pour ces pays n'ont pu être calculées qu'à partir <strong>de</strong> 1993 pour <strong>de</strong>s raisons <strong>de</strong> disponiblité statistique<br />

Source : calculs <strong>de</strong> l'auteur à partir <strong>de</strong>s données <strong>de</strong> la base Chelem<br />

Brésil<br />

Argentine<br />

Turquie<br />

Israël<br />

Hongrie*<br />

Pologne*<br />

98


du cadre régional et institutionnel sur le développement <strong>de</strong>s relations commercia<strong>les</strong>.<br />

3.2. Une différence institutionnelle qui influe fortement sur le cadre et la croissance<br />

potentielle <strong>de</strong>s échanges commerciaux et <strong>de</strong>s investissements directs étrangers.<br />

Les <strong>zones</strong> d’intégration régionale, par l’importance <strong>de</strong> la taille du marché qu’el<strong>les</strong><br />

instituent, et <strong>les</strong> économies d’échelle qu’el<strong>les</strong> vont permettre, ont une nette inci<strong>de</strong>nce sur <strong>les</strong> flux<br />

d’investissements directs. Ceux qui sont <strong>de</strong>stinés à produire pour le marché local s’abritent<br />

notamment <strong>de</strong>rrière <strong>de</strong> fortes barrières douanières.<br />

Or <strong>les</strong> <strong>accords</strong> régionaux, du fait <strong>de</strong> l’accès aux marchés <strong>de</strong>s pays partenaires en franchise<br />

<strong>de</strong> droits, faussent l’allocation <strong>de</strong> l’investissement direct étranger. Les pays <strong>de</strong>s trois groupes ont<br />

un cadre régional institutionnel totalement différent. Les pays du Mercosur, constitués en union<br />

douanière, ont par cette démarche “affiché” <strong>de</strong>s signaux forts <strong>de</strong> stabilité, <strong>de</strong> lisibilité et <strong>de</strong><br />

prévisibilité 50 qui constituent pour <strong>les</strong> firmes multinationa<strong>les</strong> <strong>de</strong>s critères prédominants en matière<br />

<strong>de</strong> décisions d’investissements. Dans <strong>les</strong> pays du Mercosur, <strong>les</strong> programmes <strong>de</strong> privatisations qui<br />

ont fait suite aux programmes d’ajustement structurel ont permis <strong>de</strong> créer <strong>les</strong> conditions<br />

favorab<strong>les</strong> pour attirer <strong>les</strong> investisseurs étrangers. De même façon, dans <strong>les</strong> PECO, <strong>les</strong><br />

programmes <strong>de</strong> rapprochement <strong>de</strong>s standards et <strong>de</strong>s normes <strong>de</strong> productions européens ont été <strong>de</strong>s<br />

mesures fortes qui ont été entreprises pour attirer <strong>les</strong> IDE. C’est ce qui est aujourd’hui plus que<br />

nécessaire pour <strong>les</strong> pays Méditerranéens et plus particulièrement ceux du Maghreb. En effet,<br />

l’étroitesse <strong>de</strong>s économies et <strong>de</strong>s marchés locaux (<strong>de</strong> petite taille <strong>avec</strong> un faible <strong>de</strong>gré<br />

d’ouverture) et le peu <strong>de</strong> développement <strong>de</strong>s échanges intra-zone 51 constituent <strong>de</strong> véritab<strong>les</strong><br />

handicaps pour l’attrait <strong>de</strong>s investisseurs étrangers. Ainsi le très faible montant d’investissements<br />

étrangers reçus s’explique en partie par cette quasi-absence d’intégration régionale au sein <strong>de</strong>s<br />

pays du Maghreb.<br />

Les asymétries inter-groupes en matière d’investissements résulteraient donc pour une<br />

part non négligeable <strong>de</strong> différences dans le cadre institutionnel et régional. Les asymétries intragroupe<br />

ou plus globalement entre <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> résultent <strong>de</strong> facteurs socio-économiques et<br />

macro-économiques que nous avons présentés précé<strong>de</strong>mment.<br />

Les <strong>accords</strong> bilatéraux <strong>de</strong> l’Union européenne ne concernent pas la libéralisation <strong>de</strong>s<br />

marchés agrico<strong>les</strong> qui semble être une <strong>de</strong>s finalités <strong>de</strong>s prochaines discussions multilatéra<strong>les</strong> <strong>de</strong><br />

l’OMC. Or, la question agricole est aujourd’hui primordiale pour ces pays fortement spécialisés<br />

dans la production et l’exportation <strong>de</strong> produits agro-alimentaires. D’autant plus que le cadre<br />

institutionnel <strong>de</strong> l’autre secteur où la spécialisation <strong>de</strong>s économies du Maghreb est forte, celui du<br />

textile, risque d’être bouleversé par la fin <strong>de</strong>s traitements préférentiels accordés dans le cadre <strong>de</strong><br />

l’accord multifibre.<br />

L’ouverture économique qui accompagnera le processus <strong>de</strong> libéralisation <strong>de</strong>s échanges en<br />

vue <strong>de</strong> la création d’une zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange <strong>de</strong>vrait permettre par le biais <strong>de</strong>s investissements<br />

directs étrangers une insertion facilitée <strong>de</strong> ces pays dans l’économie internationale. Mais<br />

l’ouverture requise par ces nouvel<strong>les</strong> négociations va entraîner la fin probable du traitement<br />

préférentiel accordé aux produits en provenance <strong>de</strong>s pays du Maghreb (et <strong>de</strong>s autres pays Tiers<br />

Méditerranéens) qui pénètrent sur <strong>les</strong> marchés <strong>de</strong> l’Union européenne. Ce rééquilibrage dans <strong>les</strong><br />

concessions douanières accordées va forcément pénaliser ces pays au profit d’autres partenaires<br />

<strong>de</strong> la France (et plus généralement <strong>de</strong> l’Union européenne). Ainsi la perte d’un cadre<br />

institutionnel préférentiel et l’absence <strong>de</strong> réalisation d’un environnement régional favorable<br />

rendront encore plus difficile la constitution d’un ensemble <strong>de</strong> facteurs attractifs pour <strong>les</strong><br />

49 Voir l’annexe 3 pour la méthodologie utilisée dans ce calcul.<br />

50 P.Giordano, J.Santiso (2000)<br />

51 Les pays <strong>de</strong> l’Union du Maghreb Arabe réalisent à peine plus <strong>de</strong> 2% <strong>de</strong> leurs échanges entre eux.<br />

99


investissements directs dans <strong>les</strong> pays du Maghreb. Qu’en est -il du positionnement <strong>de</strong> ces<br />

économies sur <strong>de</strong>s créneaux porteurs permettant d’approvisionner <strong>les</strong> marchés européens <strong>de</strong><br />

manière concurrentielle ?<br />

3.3. Une spécialisation par pays en étroite relation <strong>avec</strong> <strong>les</strong> avantages comparatifs<br />

révélés ?<br />

Nous allons dans un premier temps présenter <strong>les</strong> avantages comparatifs révélés <strong>de</strong>s<br />

différents pays étudiés, puis nous <strong>les</strong> comparerons à la structure <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> la France et à la<br />

structure <strong>de</strong>s avantages comparatifs révélés <strong>de</strong> l’Union européenne. Il sera en effet intéressant <strong>de</strong><br />

déterminer par ce biais si la structure d’offre <strong>de</strong>s pays partenaires est en adéquation <strong>avec</strong> la<br />

structure <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> française et si <strong>les</strong> produits qui représentent <strong>les</strong> points forts <strong>de</strong>s économies<br />

<strong>de</strong> ces pays émergents sont en concurrence <strong>avec</strong> <strong>les</strong> fournisseurs européens <strong>de</strong> la France. Ce<br />

scénario permettrait <strong>de</strong> fournir une explication à la faible pénétration <strong>de</strong>s exportations en<br />

provenance <strong>de</strong> ces pays en développement. Le tableau 14 présente <strong>les</strong> avantages comparatifs<br />

révélés par filières pour <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong>, ainsi que pour l’Union européenne qui est le<br />

principal partenaire commercial <strong>de</strong> la France et donc le principal concurrent <strong>de</strong> ces pays sur le<br />

marché français.<br />

La structure <strong>de</strong>s avantages français est peu marquée et concentrée sur <strong>de</strong>s secteurs<br />

industriels à forte valeur ajoutée. Les pays du Maghreb et du Mercosur ont leurs avantages<br />

comparatifs révélés concentrés dans <strong>de</strong>s secteurs primaires et à faible valeur ajoutée comme le<br />

Textile, l’Agroalimentaire et le Bois Papier. La présence d’avantages français dans <strong>de</strong> l’agroalimentaire<br />

ne facilite pas le développement <strong>de</strong>s échanges <strong>avec</strong> ces pays qui possè<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s<br />

avantages très forts dans ce domaine (notamment ceux du Mercosur) et qui se heurtent au<br />

système protectionniste <strong>de</strong> la Politique Agricole Commune. Les pays <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux <strong>zones</strong> en<br />

développement sont caractérisés par un certain immobilisme dans la composition <strong>de</strong> leurs<br />

avantages comparatifs. Le dynamisme au contraire est la caractéristique principale <strong>de</strong> pays<br />

comme <strong>les</strong> PECO, la Turquie et Israël dans la composition <strong>de</strong> leurs avantages comparatifs<br />

révélés. Ces pays vont mettre en place <strong>les</strong> conditions favorab<strong>les</strong> qui ont permis <strong>de</strong> développer <strong>de</strong>s<br />

avantages dans <strong>de</strong>s secteurs plus dynamiques et <strong>de</strong> haute valeur ajoutée. La Hongrie et Israël ont<br />

développé <strong>de</strong>s avantages comparatifs orientés vers <strong>les</strong> filières Electrique et Electronique, signe<br />

d’un développement technologique conséquent. La composition <strong>de</strong>s avantages comparatifs<br />

révélés <strong>de</strong>s PECO témoigne d’une certaine complémentarité qui semble héritée <strong>de</strong> leur passé au<br />

sein du CAEM 52 .<br />

Il semble nécessaire pour sortir ces pays <strong>de</strong> leur spécialisation peu dynamique <strong>de</strong><br />

développer <strong>de</strong>s relations commercia<strong>les</strong> basées sur la remontée <strong>de</strong>s différences <strong>de</strong> gamme au sein<br />

<strong>de</strong>s filières. Cette étape intermédiaire <strong>de</strong>vra permettre un rattrapage industriel et technologique<br />

nécessaire pour une meilleure insertion dans le commerce international.<br />

52 Conseil d’Assistance Economique Mutuel qui regroupait autour <strong>de</strong> l’U.R.S.S la plupart <strong>de</strong>s PECO, <strong>de</strong> 1949 à sa<br />

dissolution effective en 1991. Cet organisme qui fonctionnait comme une union douanière visait à spécialiser <strong>les</strong> différents<br />

pays membres dans un nombre restreint <strong>de</strong> produits pour <strong>les</strong>quels ils semblaient disposer d’avantages comparatifs révélés.<br />

100


Tableau 14 : Evolution <strong>de</strong>s avantages comparatifs révélés par filière entre 1990 et 1998<br />

Argentine Brésil Maroc Tunisie Turquie Israël Hongrie Pologne France UE(15)<br />

Filière 1990 1998 1990 1998 1990 1998 1990 1998 1990 1998 1990 1998 1990 1998 1990 1998 1990 1998 1990 1998<br />

Energétiq. - 1,6 13 -8,5 -7,5 -12,9 -22,1 6,7 -3,0 -13,3 -11,2 -20,7 -28,7 -0,7 -23,2 -0,2 -5,1 -19,3 -19,1 -16,8 -16<br />

Agroalim. 45,5 58,6 10,5 14 10,1 0,7 -6,3 -12 5,2 4,0 11,2 0,8 -0,7 33,6 -0,2 2,1 12,6 10,7 -4,9 -5,3<br />

Textile 1,7 -0,5 2,8 2,4 12,1 12,3 17,4 17,1 15,5 18 8,9 3,9 -0,5 -3,1 -0,1 -1,4 -7,8 -9,2 -2,9 -4,2<br />

Bois<br />

Papier - 2,4 - 5,5 1,0 1,6 -1,8 -2,2 -4,5 -3,9 -0,7 -2,4 -7,5 -10,6 -0,4 -11,1 -0,1 4,8 -8,1 -6,9 0 0,8<br />

Chimique - 8,0 -11,6 -2,5 -4,0 5,2 16 0,3 7,2 -5,7 9,3 10,2 22,9 -0,8 -14,2 -0,2 -11,5 6,0 2,3 6,9 7,8<br />

Sidérurgiq<br />

. 1,7 0 9,6 9,9 -4,1 -5,0 -5,6 -4,7 -0,3 -2,8 -6,9 -6,2 -0,2 -2,9 -0,1 0,9 1,6 -0,1 1,4 0,2<br />

Non<br />

ferreux 0 0,7 0,8 1,1 0,9 1,8 -0,9 -1,0 -0,2 -0,9 -2,5 -0,9 -0,2 -1,1 -0,1 4,3 -2,7 -2,8 -2,7 -3,4<br />

Mécaniq. -11,1 -19,1 -2,7 -5,1 -19,1 -12,9 -27,2 -26,5 -12,6 -18 -1,7 -1,8 -0,9 -4,4 -0,3 -13,6 1,9 7,8 12,8 16,1<br />

Véhicu<strong>les</strong> -4,6 -7,6 0,3 -0,9 -4,0 -4,2 -9,1 -8,5 -3,7 -5,4 -13,8 -13,8 -0,6 -26,9 -0,2 -8,1 2,4 5,0 4,8 5<br />

Electrique -2,6 - 4,3 - 0,7 -0,9 -1,8 -0,6 -1,6 -0,1 -1,9 -1,7 -4,4 2,3 -0,3 5,4 -0,1 -0,6 0,1 0,6 1,8 1,5<br />

Electroniq. -7,5 - 9,5 -3,6 -4,3 -3,0 -1,1 -5,2 -2,6 -3,7 -4,1 18,7 29,5 -0,7 23,5 -0,2 -3,2 -6,1 -3,8 -6,7 -4,1<br />

Source : Base <strong>de</strong> données Chelem<br />

Conclusion<br />

La France est en situation très favorable <strong>avec</strong> l’ensemble <strong>de</strong> ses partenaires qui<br />

composent cette étu<strong>de</strong>. Le sol<strong>de</strong> <strong>de</strong> sa balance commerciale globale s’est accru durant la<br />

<strong>de</strong>rnière décennie et sa composition reflète le positionnement français sur <strong>de</strong>s productions à<br />

forte intensité technologique et <strong>de</strong> haute valeur ajoutée. Les pays <strong>de</strong> ces <strong>zones</strong> en<br />

développement représentent <strong>de</strong>s marchés pour <strong>les</strong> produits français plus que <strong>de</strong> véritab<strong>les</strong><br />

partenaires économiques. Les relations commercia<strong>les</strong> que ces pays entretiennent <strong>avec</strong> la<br />

France suivent une architecture traditionnelle <strong>de</strong> spécialisations Nord-Sud qui résulte <strong>de</strong><br />

fortes asymétries dans le niveau <strong>de</strong> développement économique. Ces pays sont spécialisés<br />

dans leurs relations <strong>avec</strong> la France essentiellement sur <strong>de</strong>s productions primaires et <strong>de</strong> faible<br />

valeur ajoutée.<br />

La faible pénétration <strong>de</strong>s marchés français résulte dans le cadre <strong>de</strong> notre analyse d’une<br />

mauvaise adéquation <strong>de</strong> l’offre <strong>de</strong> ces pays à la structure <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> française. Ces pays<br />

n’ont pas su se positionner dans <strong>de</strong>s créneaux à l’exportations qui soient porteurs en raison<br />

<strong>de</strong> leur retard dans le domaine technologique. De plus, ils sont en concurrence sur certains<br />

créneaux <strong>avec</strong> <strong>les</strong> fournisseurs <strong>de</strong> la France situés à l’intérieur <strong>de</strong> l’Union européenne qui<br />

bénéficient d’une situation préférentielle.<br />

Pour <strong>de</strong>s raisons historiques, une volonté politique française très forte apparaît très<br />

nettement dans l’orientation <strong>de</strong>s échanges vers <strong>les</strong> pays du Maghreb, et plus généralement du<br />

pourtour méditerranéen. Le développement <strong>de</strong>s échanges <strong>de</strong> la France <strong>avec</strong> le Mercosur et le<br />

Maghreb s'inscrit dans une logique qui peut paraître différente. Les échanges qui se<br />

développent <strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays du Maghreb <strong>de</strong> l'échantillon considéré s'inscrivent dans une idée<br />

<strong>de</strong> division du travail à l'échelle <strong>de</strong> la zone naturelle d'échanges <strong>de</strong>s pays européens<br />

(remontée <strong>de</strong> gamme <strong>de</strong>s filières <strong>de</strong> production par le biais d'IDE). Pour la France, <strong>les</strong> pays<br />

101


du Maghreb pourraient constituer une sorte d’espace <strong>de</strong> complémentarité naturel dans la<br />

structure <strong>de</strong>s échanges. Le Mercosur semble plutôt <strong>de</strong>stiné à accueillir tout du moins à l'heure<br />

actuelle <strong>les</strong> investissements <strong>de</strong>s firmes multinationa<strong>les</strong> qui désirent contourner <strong>les</strong> barrières<br />

tarifaires et non tarifaires afin <strong>de</strong> satisfaire la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> locale. Il serait intéressant <strong>de</strong><br />

déterminer l’évolution <strong>de</strong> l’attrait sectoriel pour <strong>les</strong> investisseurs <strong>de</strong> ces pays lorsque ces<br />

barrières seront considérablement abaissées.<br />

Il semble donc que ne soit pas le développement mo<strong>de</strong>ste <strong>de</strong>s relations commercia<strong>les</strong><br />

entre la France et le Maghreb qui doit préoccuper <strong>les</strong> déci<strong>de</strong>urs du Mercosur mais plutôt<br />

l’émergence rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> pays qui par leur statut privilégié et le niveau <strong>de</strong> leur développement<br />

technologique avancé vont constituer <strong>de</strong> véritab<strong>les</strong> partenaires économiques. Les pays<br />

candidats (la Turquie notamment) ou en transition (<strong>les</strong> PECO) vers l’adhésion à l’Union<br />

européenne semblent plus à même <strong>de</strong> constituer une menace pour <strong>les</strong> pays du Mercosur,<br />

notamment dans leur capacité à attirer <strong>les</strong> flux d’investissements directs étrangers.<br />

L’obtention <strong>de</strong> données régiona<strong>les</strong> permettrait <strong>de</strong> mieux appréhen<strong>de</strong>r l’influence <strong>de</strong>s<br />

<strong>accords</strong> <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange que l’Union européenne a engagé <strong>avec</strong> ces <strong>zones</strong> en<br />

développement. Il semble que l’impact soit plus fort à l'intérieur <strong>de</strong> l'Union européenne, au<br />

sein <strong>de</strong> chacun <strong>de</strong>s pays concernés (Sud <strong>de</strong> la France, Espagne, Portugal, Grèce, Italie du<br />

Sud), car c'est à ce niveau que se feront sensiblement sentir <strong>les</strong> effets du développement <strong>de</strong><br />

ces échanges, notamment en matière <strong>de</strong> délocalisation industrielle. Ce sont <strong>les</strong> productions <strong>de</strong><br />

euro-régions du sud <strong>de</strong> l’Europe qui sont le plus en concurrence <strong>avec</strong> <strong>les</strong> productions <strong>de</strong>s<br />

pays méditerranéens.<br />

Par ailleurs, la prise en compte du volet agricole, non inclus dans <strong>les</strong> négociations qui<br />

touchent le Mercosur et <strong>les</strong> pays Méditerranéens, permettrait certainement d’avoir une vision<br />

plus globale et plus juste <strong>de</strong> l’impact <strong>de</strong> ces <strong>accords</strong> sur ces pays et <strong>les</strong> régions plus<br />

particulièrement concernées du Sud <strong>de</strong> l’Europe. De plus, <strong>de</strong>s données sur le commerce <strong>de</strong><br />

services, notamment dans l’étu<strong>de</strong> du cas <strong>de</strong> la France, et sectoriel<strong>les</strong> pour <strong>les</strong> investissements<br />

dans <strong>les</strong> différents pays, <strong>de</strong>vraient permettre un approfondissement qualitatif <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong><br />

comparative.<br />

102


BIBLIOGRAPHIE<br />

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L’Harmattan, 1997.<br />

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<strong>de</strong> Doctorat, Paris I Panthéon Sorbonne, juillet 1999.<br />

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17, décembre 1997.<br />

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FREUDENBERG M., GAULIER G., UNAL-KESENCI D., (1998), La régionalisation du<br />

commerce international: une évaluation par <strong>les</strong> intensités relatives bilatéra<strong>les</strong>, document <strong>de</strong><br />

travail du CEPII, n°98-05, août 1998.<br />

GIORDANO P., SANTISO J. (2000), La course aux Amériques : <strong>les</strong> stratégies <strong>de</strong>s<br />

investisseurs européens dans le Mercosur , Problèmes d’Amérique Latine, n°39, octobredécembre<br />

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Mercosul e ao Resto do Mundo, Texto para discussгo, n°65, Escritorio da CEPAL no Brasil,<br />

Brasilia, octobre 2000<br />

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intégration régionale : l‘Argentine et le Mercosur, Economie Internationale, n°74, 2 иme<br />

trimestre 1998.<br />

OCDE (1986) : Indicateurs <strong>de</strong> la science et <strong>de</strong> la technologie, n°2, Paris.<br />

OULD AOUDIA J., TUBIANA L., (2000), Euro-Méditerranée : recentrer le partenariat,<br />

Questions européennes, Conseil d’Analyse Economique.<br />

103


ANNEXES<br />

Annexe 1 : Classification industrielle а partir <strong>de</strong>s catégories <strong>de</strong> produits <strong>de</strong> la base <strong>de</strong> données<br />

CHELEM.<br />

Groupes d’industries définis en fonction <strong>de</strong> la technologie selon le découpage <strong>de</strong> l'OCDE.<br />

OCDE(1986) Indicateurs <strong>de</strong> la science et <strong>de</strong> la technologie n°2, Paris.<br />

Classement <strong>de</strong>s produits selon le critère <strong>de</strong> l’intensité technologique.<br />

INDUSTRIES DE HAUTE TECHNOLOGIE :<br />

Horlogerie, Composants électroniques, Electronique grand public, Matériel <strong>de</strong><br />

télécommunication, Matériel informatique, Aéronautique et espace, Produits<br />

pharmaceutiques.<br />

INDUSTRIES DE MOYENNE-HAUTE TECHNOLOGIE :<br />

Moteurs, Matériel agricole, Machines-outils, Matériel BTP, Machines spécialisées,<br />

Armement, Instruments <strong>de</strong> mesure, Appareils d’optique, Electroménager, Matériel<br />

électrique, Fournitures électriques, Eléments <strong>de</strong> véhicu<strong>les</strong> automobile, Automobi<strong>les</strong><br />

particulières, Véhicu<strong>les</strong> utilitaires, Chimie minérale <strong>de</strong> base, Peintures, Produits <strong>de</strong><br />

toilettes, Electricité.<br />

INDUSTRIES DE MOYENNE-BASSE TECHNOLOGIE :<br />

Céramique, Verre, Fer et acier, Première transformation du fer, Métallurgie non<br />

ferreuse, Artic<strong>les</strong> manufacturés NDA, Ouvrages métalliques, Navires, Plastiques,<br />

Artic<strong>les</strong> en plastique, Article en caoutchouc, Minerais <strong>de</strong> fer, Minerais non ferreux,<br />

Minéraux NDA, Charbon, Pétrole brut, Gaz naturel, Coke, Produits raffinés du<br />

pétrole.<br />

INDUSTRIES DE FAIBLE TECHNOLOGIE :<br />

Ciment, Fils et tissus, Vêtements <strong>de</strong> confection, Vêtements <strong>de</strong> bonneterie, Tapis,<br />

Cuirs, Ouvrages en bois, Meub<strong>les</strong>, Papier, Imprimés, Quincaillerie, Produits<br />

céréaliers, Corps gras, Vian<strong>de</strong>s et poissons, Conserves anima<strong>les</strong>, Conserves végéta<strong>les</strong>,<br />

Sucre, Aliments pour animaux, Boissons, Tabacs manufacturés.<br />

104


ANNEXE 2 : Indicateur <strong>de</strong> concentration <strong>de</strong>s échanges et coefficient intra-branche <strong>de</strong><br />

Grubel-Lloyd 53<br />

Ces <strong>de</strong>ux indicateurs complémentaires permettent <strong>de</strong> fournir une caractérisation <strong>de</strong> la<br />

spécialisation commerciale.<br />

A. L ‘ indicateur du <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> concentration <strong>de</strong>s échanges du pays (IC) :<br />

Nous avons calculé cet indicateur en l’appliquant aux seuls échanges bilatéraux <strong>de</strong> la France<br />

<strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong>.<br />

IC<br />

= 100 × ∑<br />

i<br />

X<br />

i<br />

( ) 2<br />

X<br />

B. Le coefficient <strong>de</strong> Grubel-Lloyd <strong>de</strong> mesure du commerce intra-branche<br />

Ce coefficient <strong>de</strong> Grubel-Lloyd permet <strong>de</strong> donner une mesure du commerce intrabranche<br />

pour l’ensemble du secteur industriel.<br />

GL =<br />

⎧<br />

⎪<br />

⎨<br />

⎩⎪<br />

⎫<br />

⎡<br />

⎤<br />

⎢ ∑ X − M i i<br />

⎥⎪<br />

1−<br />

⎢<br />

⎥⎬<br />

× 100<br />

⎢ ∑ ( X + M<br />

⎣ i i )<br />

⎥<br />

⎦<br />

⎭⎪<br />

<strong>avec</strong> X : <strong>les</strong> exportations tota<strong>les</strong> du pays<br />

53 L’utilisation conjointe <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux indicateurs est empruntée aux travaux <strong>de</strong> Miotti, Quenan, Winograd (1998)<br />

105


X i : <strong>les</strong> exportations en produit i du pays<br />

M = <strong>les</strong> importations tota<strong>les</strong> du pays<br />

M i = <strong>les</strong> importations en produit i du pays<br />

106


ANNEXE 3 : La mesure <strong>de</strong>s écarts entre <strong>les</strong> structures <strong>de</strong> spécialisation<br />

Afin <strong>de</strong> pouvoir évaluer l’écart entre la structure <strong>de</strong> spécialisation <strong>de</strong> la France <strong>avec</strong><br />

chacun <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong>, nous avons repris l’indicateur mis au point par Freu<strong>de</strong>nberg,<br />

Gaulier, Unal-Kesenci(1998). Les structures <strong>de</strong> spécialisation <strong>de</strong>s pays ont d’abord été<br />

mesurées par <strong>les</strong> “contributions au sol<strong>de</strong> commercial” (CSC), indicateurs d’avantages<br />

comparatifs révélés par le commerce international (Lafay, 1990). Cel<strong>les</strong>-ci comparent, pour<br />

un produit donné, le sol<strong>de</strong> commercial effectif d’un pays à un sol<strong>de</strong> théorique correspondant à<br />

une absence <strong>de</strong> spécialisation. Pour éliminer <strong>les</strong> effets conjoncturels induits par un sol<strong>de</strong><br />

global en déséqui<strong>libre</strong> et faire ressortir seulement la situation propre <strong>de</strong>s produits <strong>les</strong> uns par<br />

rapport aux autres, le sol<strong>de</strong> théorique est calculé <strong>de</strong> manière à refléter une situation<br />

d’équi<strong>libre</strong> : il s’agit <strong>de</strong> répartir le sol<strong>de</strong> global entre <strong>les</strong> différents produits au prorata <strong>de</strong> leurs<br />

poids respectifs dans le commerce total du pays. L’indicateur est additif : par construction, la<br />

somme sur l’ensemble <strong>de</strong>s produits est égale à zéro.<br />

1<br />

ajust<br />

ajust<br />

DSpéij<br />

= ∑ ( CSCik<br />

− CSC<br />

jk<br />

)<br />

4<br />

k<br />

<strong>avec</strong> i le pays, k le produit, Y le PIB, X <strong>les</strong> exportations et M <strong>les</strong> importations.<br />

La contribution au sol<strong>de</strong> est généralement rapportée au PIB du pays: l’éventail <strong>de</strong>s<br />

avantages comparatifs permet ainsi d’appréhen<strong>de</strong>r <strong>les</strong> différences entre pays dans leur <strong>de</strong>gré<br />

<strong>de</strong> spécialisation. L’intensité <strong>de</strong> la spécialisation d’un pays est en étroite relation <strong>avec</strong> sa<br />

taille.<br />

Pour déterminer si <strong>de</strong>ux pays ont une spécialisation sectorielle proche ou au contraire<br />

complémentaire, on élimine ces effets d’échelle et on compare leurs structures d’avantages<br />

comparatifs par produits (69 postes <strong>de</strong> la base CHELEM). La transformation <strong>de</strong> l’indicateur<br />

<strong>de</strong> contribution au sol<strong>de</strong> en un indicateur d’écart (ou <strong>de</strong> similarité) <strong>de</strong>s structures <strong>de</strong><br />

spécialisation se fait en plusieurs étapes.<br />

On calcule d’abord <strong>de</strong>s CSC “ajustées” (CSC ajust ) où <strong>les</strong> différences dans le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong><br />

spécialisation <strong>de</strong>s pays sont éliminées pour rendre comparab<strong>les</strong> <strong>les</strong> structures ; <strong>les</strong> CSC sont<br />

multipliées par un coefficient tel que la somme <strong>de</strong>s valeurs ajustées soit <strong>de</strong> 100 pour<br />

l’ensemble <strong>de</strong>s points forts, et <strong>de</strong> -100 pour <strong>les</strong> points faib<strong>les</strong>. Ceci permet <strong>de</strong> déceler<br />

l’importance relative <strong>de</strong> chaque point fort dans l’ensemble <strong>de</strong>s points forts, et <strong>de</strong> même pour<br />

<strong>les</strong> points faib<strong>les</strong>.<br />

On additionne ensuite <strong>les</strong> différences absolues <strong>de</strong>s CSC ajust <strong>de</strong>s produits entre <strong>de</strong>ux<br />

pays. Si <strong>de</strong>ux pays avaient exactement le même type <strong>de</strong> spécialisation en termes d’excé<strong>de</strong>nts<br />

et <strong>de</strong> déficits structurels, <strong>les</strong> valeurs <strong>de</strong> CSC ajust seraient i<strong>de</strong>ntiques pour chaque produit et la<br />

différence cumulée égale à zéro. Si, par contre, <strong>de</strong>ux pays avaient une spécialisation opposée -<br />

une valeur positive pour le pays A correspondant à une valeur négative pour le pays B - la<br />

différence cumulée serait 400. Un <strong>de</strong>rnier ajustement permet <strong>de</strong> borner ce nouvel indicateur<br />

<strong>de</strong> manière à ce qu’il varie entre zéro (similarité parfaite <strong>de</strong>s spécialisations) et 100<br />

(complémentarité parfaite).


La distance <strong>de</strong> structure <strong>de</strong> spécialisation entre <strong>les</strong> pays i et j est donc calculée <strong>de</strong> la<br />

manière suivante:<br />

CSC<br />

k<br />

i<br />

1000<br />

X<br />

k M<br />

k k<br />

k k<br />

i<br />

+<br />

k<br />

i<br />

= ( )[( Xi<br />

− Mi<br />

) − ∑ ( Xi<br />

−Mi<br />

)( )]<br />

k k<br />

Y<br />

( X + M )<br />

k, le produit.<br />

i<br />

k<br />

∑<br />

k<br />

i<br />

i<br />

<strong>avec</strong><br />

108


TROISIEME PARTIE<br />

LES RELATIONS AVEC LES PAYS MEDITERRANEENS<br />

109


LE NOUVEAU PARTENARIAT EURO-MEDITERRANEEN<br />

PORTEE ET LIMITES DU PARI DE L'OUVERTURE<br />

Lahsen ABDELMALKI<br />

Mustapha SADNI-JALLAB<br />

Université Lumière Lyon 2<br />

La coopération <strong>de</strong> l'Union Européenne (UE) <strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> la zone méditerranéenne a une<br />

longue tradition qui remonte au moins aux années 60 <strong>avec</strong> la signature d'<strong>accords</strong> <strong>de</strong> coopération<br />

<strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> la rive sud. Ces <strong>accords</strong>, d'une durée illimitée, étaient assortis <strong>de</strong> protoco<strong>les</strong><br />

financiers bilatéraux tous renégociés périodiquement. Le dispositif reposait sur un système <strong>de</strong><br />

préférences commercia<strong>les</strong> asymétriques garantissant à ces pays l'accès au marché communautaire,<br />

sans contrepartie en termes <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong> droits <strong>de</strong> douanes pour <strong>les</strong> biens européens importés<br />

par ces pays.<br />

Au début <strong>de</strong>s années 1990, l'importance <strong>de</strong>s relations politiques économiques et socia<strong>les</strong><br />

entre l'Europe et la Méditerranée orientale et méridionale, ainsi que l'évolution <strong>de</strong> la situation<br />

politique et géostratégique en Europe, ont conduit l'UE à redéfinir sa position à l'égard <strong>de</strong> sa faça<strong>de</strong><br />

sud, en même temps qu'elle envisageait son élargissement à l'Est. Cette nouvelle approche cherchait<br />

à définir une stratégie régionale d'ensemble dépassant <strong>les</strong> aspects commerciaux classiques et la<br />

coopération traditionnelle en matière technique et financière. Ce rééquilibrage géographique s'est<br />

trouvé traduit en programme <strong>de</strong> partenariat lors <strong>de</strong> la Conférence <strong>de</strong> Barcelone, considérée comme<br />

l'acte fondateur <strong>de</strong> ce nouveau départ 54 .<br />

Le nouveau partenariat instaure un cadre <strong>de</strong> relations contractuel<strong>les</strong> globa<strong>les</strong> entre l’Europe<br />

et sa périphérie méditerranéenne et remplace <strong>les</strong> coopérations passées par un dispositif au contenu à<br />

la fois commercial, social et politique. Le cœur <strong>de</strong> ce dispositif a pris la forme d'un projet <strong>de</strong> zone<br />

<strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange (ZLE) adossé à <strong>de</strong>s mécanismes <strong>de</strong> transferts institutionnels et financiers (fonds<br />

MEDA notamment) pour accompagner <strong>les</strong> transitions au Sud.<br />

Au terme <strong>de</strong> plusieurs années <strong>de</strong> fonctionnement, quel bilan du partenariat euroméditerranéen<br />

est-on autorisé à dresser aujourd'hui ? Nous verrons, qu'au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s ambitions et <strong>de</strong>s<br />

objectifs entretenus par un renfort <strong>de</strong> déclarations grandiloquentes venant <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux rives à la fois, il<br />

subsiste <strong>de</strong> nombreuses ambiguïtés ressortant notamment <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> coopération privilégiés. La<br />

présente communication a pour ambition <strong>de</strong> présenter un bilan transitoire d'un processus proposé en<br />

1995 par l'UE qui se traduit par <strong>de</strong>s conférences, <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> d'association et un programme<br />

54 Adoptée à l'issue <strong>de</strong> la conférence euro-méditerranéenne <strong>de</strong>s 27 et 28 novembre 1995, la Déclaration dite <strong>de</strong> Barcelone<br />

a fait naître <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s espérances chez <strong>les</strong> douze pays tiers méditerranéens ainsi associés à l'UE.<br />

110


d'assistance technique communautaire, le programme MEDA 55 . Nous constaterons qu’une grosse<br />

part <strong>de</strong>s fonds alloués à ce programme n’est pas attribuée et ce qu'il l'est est loin <strong>de</strong> porter <strong>les</strong><br />

résultats attendus. Cela condamne-t-il pour autant la coopération euro-méditerranéenne ?<br />

1. Le pivot <strong>de</strong> l'accord <strong>de</strong> coopération euro-méditerranéen : le projet <strong>de</strong> ZLE<br />

1.1. L’esprit du partenariat euro-méditerranéen<br />

Les enjeux <strong>de</strong> la politique que l'UE a engagé en direction <strong>de</strong>s pays méditerranéens du sud<br />

sont nombreux. Ces enjeux peuvent être appréhendés sous un clivage qui permet <strong>de</strong> distinguer <strong>les</strong><br />

aspects : social, économiques et financier d'un côté et <strong>les</strong> aspects sociaux et géostratégiques d'un<br />

autre côté. Ces <strong>de</strong>rniers retiendront moins notre attention.<br />

Le volet économique et financier<br />

Le Sud <strong>de</strong> la Méditerranée, à la différence d'une partie du Sud-Est asiatique, et nonobstant<br />

<strong>les</strong> politiques volontaristes qui ont été engagées <strong>de</strong>puis <strong>de</strong> nombreuse années dans la plupart <strong>de</strong> ces<br />

pays, n'a pas réussi à <strong>de</strong>venir une région économique émergente. A l'exception <strong>de</strong> la Turquie et<br />

d'Israël, ces pays se caractérisent par une offre industrielle peu compétitive et leurs exportations<br />

sont encore largement cel<strong>les</strong> <strong>de</strong> pays en voie <strong>de</strong> développement. Ils ne sont pas parvenus non plus à<br />

constituer entre eux <strong>de</strong>s espaces économiques organisés : l'Union du Maghreb Arabe, créée en<br />

1989, n'a pas répondu aux espoirs placés en elle. Des divisions entre <strong>les</strong> pays du Mashrek ont<br />

empêché un début d'intégration économique. Leurs économies ont stagné <strong>de</strong>puis le milieu <strong>de</strong>s<br />

années 1980. Ces pays sont entrés dans une phase <strong>de</strong> transition démographique mais <strong>les</strong> taux<br />

d'accroissement <strong>de</strong> la population <strong>de</strong>meurent élevés.<br />

Sans doute aussi, <strong>les</strong> politiques d'ajustement structurel appliquées au cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières<br />

années ont-el<strong>les</strong> permis <strong>de</strong> rétablir <strong>les</strong> équi<strong>libre</strong>s macro-économiques <strong>de</strong> certains pays. Mais, <strong>les</strong><br />

économies réel<strong>les</strong> ne reposent toujours pas sur <strong>de</strong>s assises soli<strong>de</strong>s et le coût social <strong>de</strong>s ajustements<br />

<strong>de</strong>meure encore aujourd'hui relativement lourd. Cette situation entretient <strong>de</strong>s antagonismes culturels<br />

et se traduit par une forte pression migratoire aux portes <strong>de</strong> l'Europe. Pourtant, ces pays représentent<br />

un marché potentiel et donc une chance pour l'économie européenne. L'année 2010 est fixée comme<br />

date objectif pour instaurer une zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange industriel et commercial.<br />

Des objectifs sociaux et <strong>de</strong> sécurité commune<br />

Le volet "social" du partenariat euro-méditerranéen cherche à "développer <strong>les</strong> ressources<br />

humaines et favoriser la compréhension entre <strong>les</strong> cultures et <strong>les</strong> échanges entre <strong>les</strong> sociétés". Il<br />

prévoit également une coopération tendant à diminuer la pression migratoire. Le <strong>de</strong>rnier enjeu porte<br />

sur la sécurité <strong>de</strong>s pays du Sud et, liée à elle, celle <strong>de</strong>s Européens. La région est tourmentée par <strong>de</strong>s<br />

conflits inter et intra-étatiques aigus. Certains datent <strong>de</strong> l'immédiat après-guerre. D'autres sont<br />

apparus plus récemment. De nouvel<strong>les</strong> puissances régiona<strong>les</strong> ont émergé à la périphérie <strong>de</strong> la région<br />

55 Cette politique réunit, <strong>de</strong>puis 1995, <strong>les</strong> Quinze, tous <strong>les</strong> autres pays méditerranéens du pourtour sud <strong>de</strong> la Méditerranée<br />

à l'exception <strong>de</strong> la Libye, ainsi que l'Autorité pa<strong>les</strong>tinienne, c'est à dire au total vingt-sept entités<br />

111


comme l'Iran. Or, dans ces conflits, l'Europe apparaît le plus souvent comme indifférente, voire<br />

comme impuissante. La guerre du Golfe a, <strong>de</strong> ce point <strong>de</strong> vue, constitué un tournant.<br />

Pour atteindre ces objectifs, l'UE a prévu <strong>de</strong> mettre en oeuvre <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> mécanismes :<br />

d'une part, <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> d'association, conclus entre l'Union et chacun <strong>de</strong>s partenaires, qui doivent<br />

programmer la libéralisation <strong>de</strong>s échanges, organiser la coopération bilatérale et instituer le<br />

dialogue politique ; d'autre part, un programme <strong>de</strong> coopération technique, le programme MEDA,<br />

qui doit accompagner l'instauration d'un régime commercial <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange.<br />

1.2. Les gran<strong>de</strong>s étapes du nouveau partenariat euro-méditerranéen<br />

Depuis la conférence fondatrice à Barcelone, trois conférences plénières se sont réunies : à<br />

Malte, en 1997, à Stuttgart en 1999 et tout récemment à Marseille en 2000. Par ailleurs, <strong>de</strong><br />

nombreuses conférences ministériel<strong>les</strong> thématiques se sont tenues afin <strong>de</strong> promouvoir la<br />

coopération dans <strong>de</strong>s secteurs jugés prioritaires.<br />

La première phase : Barcelone<br />

La Conférence Euro-Méditerranéenne <strong>de</strong> Barcelone a réuni <strong>les</strong> 27 et 28 novembre 1995 <strong>les</strong><br />

Ministres <strong>de</strong>s Affaires Etrangères <strong>de</strong>s 15 pays membres <strong>de</strong> l’Union et ceux <strong>de</strong> 12 pays tiers<br />

méditerranéens (Algérie, Chypre, Egypte, Israël, Jordanie, Liban, Malte, Maroc, Syrie, Tunisie,<br />

Turquie, Autorité Pa<strong>les</strong>tinienne).<br />

En vue <strong>de</strong> contribuer à la création d'une zone <strong>de</strong> prospérité et <strong>de</strong> stabilité dans la région, il a<br />

été prévu une « réunion périodique <strong>de</strong> hauts fonctionnaires », formulation banale et pourtant vrai<br />

succès dans l'instauration d'un dialogue suivi entre vingt-sept partenaires distincts.<br />

Dans une zone divisée par <strong>de</strong> nombreux conflits, toutes <strong>les</strong> voix s'accor<strong>de</strong>nt pour reconnaître<br />

que le partenariat euro-méditerranéen peut fournir un forum unique et un cadre <strong>de</strong> dialogue idéal où<br />

l'ensemble <strong>de</strong>s parties intéressées acceptent <strong>de</strong> participer ensemble et régulièrement. Les échanges<br />

politiques s'y sont poursuivis même lorsque la situation au Moyen-Orient ou en Méditerranée<br />

orientale était particulièrement tendue. Le partenariat <strong>de</strong>meure la seule enceinte multilatérale où <strong>les</strong><br />

représentants <strong>de</strong> la Syrie et du Liban participent à <strong>de</strong>s réunions communes <strong>avec</strong> leurs homologues<br />

israéliens. D'une certaine manière, il faut reconnaître que l'UE a ainsi contribué à la stabilité<br />

régionale, ou du moins à limiter son instabilité.<br />

Les résultats mitigés <strong>de</strong> Malte<br />

La Conférence euro-méditerranéenne <strong>de</strong>s Ministres <strong>de</strong>s Affaires Etrangères <strong>de</strong> Stuttgart en<br />

avril 1999 (Barcelone 2) a rappelé l’importance <strong>de</strong> la dimension sociale, culturelle et humaine dans<br />

le succès du Partenariat et a incité à poursuivre le travail d’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s priorités d’action dans<br />

ce domaine. Lors <strong>de</strong> cette <strong>de</strong>uxième conférence, <strong>les</strong> vingt-sept partenaires ont dressé le bilan <strong>de</strong>s<br />

progrès accomplis et dégagé <strong>les</strong> conclusions suivantes : un plan d'action a été élaboré, afin <strong>de</strong><br />

poursuivre le travail sur le renforcement <strong>de</strong> la démocratie, <strong>de</strong> la diplomatie préventive, <strong>de</strong> la<br />

sécurité, du désarmement, du terrorisme et du crime organisé ; <strong>de</strong> surcroît, <strong>de</strong>s mesures <strong>de</strong><br />

confiance ont été approuvées comprenant la création d'un réseau <strong>de</strong> correspondants politiques et <strong>de</strong><br />

sécurité, l'établissement d'un réseau d'instituts <strong>de</strong> politique étrangère (EuroMeSCo) et <strong>de</strong> plusieurs<br />

autres mécanismes pour renforcer <strong>les</strong> contacts dans ce domaine.<br />

112


Les progrès <strong>de</strong> Stuttgart<br />

La troisième Conférence <strong>de</strong>s ministres <strong>de</strong>s Affaires étrangères, tenue à Stuttgart <strong>les</strong> 15 et 16<br />

avril 1999, a permis <strong>de</strong> réel<strong>les</strong> avancées en dépit du climat politique difficile qui présidait alors,<br />

tenant à l'évolution négative du processus <strong>de</strong> paix et à la proximité <strong>de</strong>s échéances électora<strong>les</strong> en<br />

Israël.<br />

Il y a été décidé <strong>de</strong>s lignes directrices du projet <strong>de</strong> Charte <strong>de</strong> stabilité, établies par la<br />

prési<strong>de</strong>nce, et qui ont été annexées aux conclusions en tant que document <strong>de</strong> travail informel. Les<br />

Hauts fonctionnaires ont été chargés d'achever l'élaboration du projet <strong>de</strong> texte pour la conférence<br />

suivante, à Marseille, qui s'est tenue en novembre 2000 sous prési<strong>de</strong>nce française du Conseil.<br />

Cette réunion a aussi permis <strong>de</strong> consoli<strong>de</strong>r le partenariat euro-méditerranéen, dans ses trois<br />

volets, et <strong>de</strong> confirmer la priorité que l’Union entend donner à la Méditerranée. A cette occasion, la<br />

Libye a, pour la première fois, participé aux travaux à titre d’invité spécial et sa vocation à <strong>de</strong>venir<br />

membre plein du processus a été reconnue. L’idée d’une Charte <strong>de</strong> stabilité en Méditerranée a<br />

également progressé <strong>avec</strong> l’approbation <strong>de</strong> « lignes directrices » <strong>de</strong>vant gui<strong>de</strong>r son élaboration dans<br />

la perspective <strong>de</strong> son adoption à Barcelone IV, sous Prési<strong>de</strong>nce française, et si <strong>les</strong> circonstances le<br />

permettent.<br />

La timi<strong>de</strong> relance <strong>de</strong> Marseille<br />

La quatrième réunion euro-méditerranéenne ministérielle dite "Barcelone IV" s'est déroulée<br />

à Marseille en novembre 2000. Cinq ans après la Conférence <strong>de</strong> Barcelone, <strong>les</strong> 27 ministres ont<br />

procédé sous prési<strong>de</strong>nce française à un bilan critique du partenariat engagé en vue <strong>de</strong> lui donner un<br />

nouvel élan.<br />

Sur le plan politique et <strong>de</strong> sécurité, <strong>les</strong> travaux permettant l'adoption à terme d'une charte <strong>de</strong><br />

paix et <strong>de</strong> stabilité doivent se poursuivre sur tous <strong>les</strong> thèmes qui la sous-ten<strong>de</strong>nt (stabilité, sécurité,<br />

lutte contre le terrorisme, migrations et échanges humains). S'agissant du processus <strong>de</strong> paix au<br />

Moyen Orient, l'Union européenne a réaffirmé son attachement à voir s'établir à brève échéance par<br />

la négociation un Etat souverain pa<strong>les</strong>tinien, démocratique, viable et pacifique.<br />

Sur le plan économique et financier, <strong>les</strong> ministres ont confirmé la priorité donnée à l'objectif<br />

d'établir une zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange à l'horizon 2010 et insisté sur la nécessité <strong>de</strong> renforcer<br />

l'intégration "Sud -Sud" entre pays méditerranéens. Pour la pério<strong>de</strong> 2000-2006, MEDA II sera doté<br />

<strong>de</strong> 5,35 milliards d'euros et <strong>les</strong> prêts <strong>de</strong> la BEI (Banque européenne d'Investissements) s'élèveront à<br />

6,34 milliards d'euros.<br />

Tous <strong>les</strong> pays présents ont notamment réaffirmé leur attachement à la création <strong>de</strong> la zone <strong>de</strong><br />

<strong>libre</strong>-échange euro-méditerranéenne en 2010 et ont accueilli, <strong>avec</strong> une certaine satisfaction,<br />

l'annonce du montant <strong>de</strong> l'enveloppe financière <strong>de</strong> 5,35 milliards d'euros pour MEDA 2 - auxquels<br />

s'ajouteront 6,4 milliards d'euros <strong>de</strong> prêts <strong>de</strong> la BEI et un milliard d'euros supplémentaires prélevés<br />

sur ses propres ressources, soit un total <strong>de</strong> 12,75 milliards d'euros sur la pério<strong>de</strong> -. Ils ont également<br />

approuvé <strong>les</strong> améliorations récemment apportées par l'Union à la gestion <strong>de</strong> ce programme. Enfin,<br />

le mandat donné aux hauts fonctionnaires pour poursuivre <strong>les</strong> travaux <strong>de</strong> la Charte a été confirmé.<br />

Par ailleurs, la conférence <strong>de</strong> Marseille a été l'occasion <strong>de</strong> rassurer <strong>les</strong> pays partenaires sur la<br />

question du projet <strong>de</strong> création d'une défense européenne, en confirmant que son champ<br />

d'intervention naturel était bien européen. Certains d'entre eux montraient, en effet, quelques<br />

113


inquiétu<strong>de</strong>s sur <strong>les</strong> objectifs visés par l'Union, voire sur l'éventuelle « réminiscence <strong>de</strong> tentations<br />

colonia<strong>les</strong> d'autrefois ».<br />

La prochaine étape du dialogue euro-méditerranéen aura lieu sous Prési<strong>de</strong>nce espagnole,<br />

pour la cinquième Conférence euro-méditerranéenne <strong>de</strong>s ministres <strong>de</strong>s Affaires étrangères,<br />

Barcelone 5, qui sera tenue <strong>les</strong> 22 et 23 avril 2002 à Valence. L'Espagne a d'ailleurs fait savoir que<br />

la poursuite et le renforcement du dialogue euro-méditerranéen figureraient parmi <strong>les</strong> priorités <strong>de</strong> sa<br />

future Prési<strong>de</strong>nce.<br />

1.3. L'accord <strong>de</strong> coopération euro-méditerranéen au défi <strong>de</strong> l'inégal<br />

développement <strong>de</strong>s parties engagées<br />

La première évi<strong>de</strong>nce est que <strong>les</strong> pays partenaires sont à <strong>de</strong>s niveaux <strong>de</strong> développement très<br />

inégaux. Ce fait n'est pas sans effet, ni sur <strong>les</strong> chances <strong>de</strong> succès <strong>de</strong> la mise en place d'une ZLE, ni<br />

sur l'importance <strong>de</strong>s bénéfices que chaque pays et chaque zone sont susceptible <strong>de</strong> retirer du projet.<br />

Une maturité inégale <strong>de</strong>s économies<br />

Trois pays ont <strong>de</strong>s économies comparab<strong>les</strong> à cel<strong>les</strong> <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l'Union européenne : Israël,<br />

<strong>avec</strong> un PNB par habitant <strong>de</strong> 17 000 dollars, est une puissance totalement intégrée à l'économie<br />

mondiale ; Chypre (13 000 dollars par habitants), du moins dans sa partie sud, est également très<br />

dynamique ; Malte (9 100 dollars par habitants) est au même niveau que la Grèce ou le Portugal. Ce<br />

sont en outre trois économies qui ont dores et déjà libéralisé leurs échanges <strong>avec</strong> l'Union<br />

européenne. Les autres partenaires sont dans <strong>de</strong>s situations tout à fait différentes comme l'illustre le<br />

tableau ci-<strong>de</strong>ssous.<br />

Principaux indicateurs économiques et sociaux <strong>de</strong>s PPM en 2000<br />

Population Démographie PIB PIB/habitant<br />

Liban 5,7 1,8 16,5 3700<br />

Turquie 64 1,5 191 3000<br />

Tunisie 9,3 1,6 20 2100<br />

Algérie 29,3 2,15 47,7 1644<br />

Jordanie 4,5 3,3 7,9 1530<br />

Maroc 28,5 1,93 36,82 1360<br />

Egypte 61,5 2,1 70,6 1130<br />

Autorité pa<strong>les</strong>tinienn 3,5 5 3,5 1200<br />

114


Syrie 16 3,5 15,6 1000<br />

Source : rapport d’information parlementaire, PEM, 2001<br />

115


Comme le souligne l'Institut <strong>de</strong> la Méditerranée (2000) dans son rapport sur le dialogue<br />

euro-méditerranéen, tous <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> la Méditerranée ont mis au point <strong>de</strong>puis le début <strong>de</strong>s années 80<br />

<strong>de</strong>s programmes d'ajustement structurel qui ont porté leurs fruits. A l'exception <strong>de</strong> l'Algérie et <strong>de</strong> la<br />

Turquie, l'inflation est aujourd'hui sous la barre <strong>de</strong> 10%. L'assainissement financier a permis <strong>de</strong><br />

stabiliser <strong>les</strong> taux d'intérêt réels, <strong>de</strong> réduire <strong>les</strong> déficits budgétaires et <strong>les</strong> services <strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte.<br />

Cependant, <strong>les</strong> économies sont encore extrêmement fragi<strong>les</strong> et sont confrontées à une croissance<br />

démographique et <strong>de</strong>s contraintes socia<strong>les</strong> qui posent <strong>de</strong> redoutab<strong>les</strong> problèmes.<br />

Les pays méditerranéens <strong>les</strong> plus engagés <strong>avec</strong> l’Europe<br />

L’engagement par <strong>les</strong> importations<br />

L’engagement par <strong>les</strong> exportations<br />

Malte 74% Tunisie 78%<br />

Tunisie 73% Syrie 65%<br />

Algérie 68% Algérie 63%<br />

Liban 66% Maroc 61%<br />

Israël 52% Malte 54%<br />

Maroc 52%<br />

Syrie 51%<br />

Turquie 51%<br />

Jordanie 50%<br />

Source : OMC, Calculs Instituts <strong>de</strong> la méditerranée, rapport FEMISE 2000.<br />

Les échanges euro-méditerranéens : un commerce fortement inégal<br />

Les contacts économiques régionaux restent infimes, malgré quelques rares <strong>accords</strong><br />

bilatéraux comme celui existant entre le Maroc et la Tunisie. Le commerce intra-régional ne<br />

concerne qu'à peine 6 % <strong>de</strong>s échanges. (Ab<strong>de</strong>lmalki et Trotignon, 2001).<br />

Il semble que certains <strong>de</strong>s partenaires méditerranéens aient pris conscience <strong>de</strong> cette faib<strong>les</strong>se<br />

puisque <strong>les</strong> ministres <strong>de</strong>s Affaires étrangères du Maroc, <strong>de</strong> la Tunisie, <strong>de</strong> l'Egypte et <strong>de</strong> la Jordanie<br />

ont conclu, le 8 mai 2001 à Agadir, <strong>de</strong>s discussions détaillées sur la création d'une zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>échange<br />

entre eux, afin d'établir, selon une déclaration commune, « un espace économique fort dans<br />

la perspective <strong>de</strong>s échéances <strong>de</strong> l'année 2010 liées à l'instauration d'une zone euro-méditerranéenne<br />

<strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange».<br />

Le <strong>de</strong>uxième rapport FEMISE sur le partenariat euro-méditerranéen (juillet 2000) met en<br />

évi<strong>de</strong>nce cette faib<strong>les</strong>se du commerce entre pays arabe partenaires <strong>de</strong> l’Union européenne. Alors<br />

que le commerce intra zone pour <strong>les</strong> pays d’Amérique du Sud est passé <strong>de</strong> 11% à 25% entre 1970 et<br />

1998, celui du commerce Sud-Sud qui est central pour le développement <strong>de</strong> la région euro-<br />

116


méditerranéenne se maintient entre 4% et 6%. Ceci peut s’expliquer comme le souligne le rapport<br />

par <strong>les</strong> droits <strong>de</strong> douane et aux multip<strong>les</strong> formes <strong>de</strong> protection « douces ou dures ».<br />

Les échanges euro-méditerranéen atteignent environ 110 milliards <strong>de</strong> dollars en 2001. Ce<br />

montant représente plus <strong>de</strong> 50% <strong>de</strong>s échanges extérieurs <strong>de</strong>s PPM et environ 5% <strong>de</strong>s échanges<br />

extra-communautaires. Cette asymétrie traduit d’abord <strong>les</strong> inégalités du poids économique <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux<br />

ensemb<strong>les</strong>. Elle rend compte aussi d’une participation inégale aux courants d’échanges mondiaux.<br />

En effet, la participation <strong>de</strong> l’UE est 20 fois supérieure à celle <strong>de</strong>s PPM. Elle exprime, enfin, une<br />

forte asymétrie relationnelle. Alors que l’UE est la première zone d’importation (52%) et<br />

d’exportation (49%) pour <strong>les</strong> PPM, ces <strong>de</strong>rniers ne constituent, à proprement parler, ni une<br />

<strong>de</strong>stination (8,6% <strong>de</strong>s exportations), ni une source d’approvisionnement (5,8% <strong>de</strong>s importations).<br />

En définitive, s’agissant <strong>de</strong>s relations commercia<strong>les</strong> entre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux <strong>zones</strong>, il apparaît clairement que<br />

<strong>les</strong> PPM constituent d’abord un marché pour l’UE. L’une <strong>de</strong>s raisons essentiel<strong>les</strong> à la faib<strong>les</strong>se <strong>de</strong><br />

ce commerce bilatéral s’explique par l’insuffisante intégration politique <strong>de</strong>s PPM entre eux. En<br />

effet, si on regar<strong>de</strong> « <strong>les</strong> pays du mon<strong>de</strong> arabe », le défaut <strong>de</strong> l’intégration maghrébine malgré <strong>les</strong><br />

volontés plus ou moins avortées <strong>de</strong> l’Union du Maghreb Arabe (UMA), est l’une <strong>de</strong>s principa<strong>les</strong><br />

raisons <strong>de</strong> la faib<strong>les</strong>se <strong>de</strong>s échanges extérieurs <strong>de</strong> ces pays. L’absence <strong>de</strong> coordination <strong>de</strong>s<br />

politiques commercia<strong>les</strong> peut donc être analysée comme un frein au développement du commerce<br />

bilatéral.<br />

En <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s PECO, <strong>les</strong> pays partenaires méditerranéens sont <strong>les</strong> seuls à se voir proposer<br />

par l’Europe une association qui comprend <strong>de</strong>s dimensions économiques et commercia<strong>les</strong> mais<br />

aussi et surtout institutionnel<strong>les</strong>, politiques et socia<strong>les</strong>. Dans cette optique, l’ouverture économique<br />

est susceptible <strong>de</strong> stimuler la compétitivité <strong>de</strong>s productions <strong>de</strong> ces pays mais elle se révèle<br />

indispensable au moment où la libéralisation multilatérale s’attaque aux <strong>accords</strong> <strong>de</strong> préférence<br />

accordés <strong>de</strong> manière unilatérale par l’Europe.<br />

En 2001, <strong>les</strong> partenaires méditerranéens avaient un déficit commercial <strong>de</strong> 45,5 milliards <strong>de</strong><br />

dollars vis-à-vis du reste du mon<strong>de</strong>. Ces pays réalisent plus <strong>de</strong> la moitié <strong>de</strong> leurs échanges <strong>avec</strong> l'UE<br />

et leur déficit commercial <strong>avec</strong> <strong>les</strong> Quinze s'élève à 29 milliards <strong>de</strong> dollars en 1997, contre<br />

14 milliards en 1992.<br />

L'Europe est donc déjà un partenaire commercial essentiel <strong>de</strong>s pays partenaires. Comme le<br />

fait observer l'Institut <strong>de</strong> la Méditerranée, au cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières années, le contenu <strong>de</strong>s exportations<br />

<strong>de</strong>s pays du sud a considérablement évolué. Ces exportations se sont diversifiées au profit <strong>de</strong>s<br />

productions manufacturières qui sont passées <strong>de</strong> 45% en 1991 à 58% en 1996 <strong>de</strong>s importations <strong>de</strong><br />

l'Union en provenance <strong>de</strong> ces pays. Les points forts <strong>de</strong>s pays tiers sont essentiellement le textile et<br />

<strong>les</strong> produits agrico<strong>les</strong>. Cependant, <strong>les</strong> échanges sont encore marqués par <strong>de</strong>s complémentarités<br />

traditionnel<strong>les</strong> « Nord-Sud » et le sol<strong>de</strong> commercial reste en faveur <strong>de</strong> l'Union.<br />

Par ailleurs, <strong>les</strong> échanges sud-sud <strong>de</strong>meurent très faib<strong>les</strong> : moins <strong>de</strong> 5% <strong>de</strong> leur commerce<br />

total. Le Mercosur se caractérise par un commerce intra-zone beaucoup plus élevé, <strong>de</strong> l'ordre <strong>de</strong><br />

20% (Ab<strong>de</strong>lmalki et Trotignon, 2001). L'Institut <strong>de</strong> la Méditerranée conclut, à juste titre, que la<br />

réussite <strong>de</strong> la zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange comporte <strong>de</strong>ux enjeux : l'industrialisation et la diversification<br />

<strong>de</strong>s exportations <strong>de</strong>s pays du sud, d'une part, et le développement d'un cadre favorable au<br />

développement <strong>de</strong>s échanges sud-sud.<br />

D'autres observateurs soulignent que l'économie mondiale s'organise autour <strong>de</strong> régimes<br />

régionaux qui seront <strong>de</strong>s systèmes ouverts et interdépendants. Or, <strong>les</strong> pays du sud ne répon<strong>de</strong>nt pas<br />

encore à cette nécessité. Agnès Chevalier (2001) par exemple, estime que ces pays souffrent <strong>de</strong><br />

117


quatre handicaps : ils sont situés dans une zone <strong>de</strong> turbulences politiques ; leur taille est mo<strong>de</strong>ste<br />

(5% du PIB européen) et leur capacité <strong>de</strong> production peu compétitive ; ils sont émiettés entre <strong>de</strong><br />

petits et <strong>de</strong> grands pays <strong>avec</strong> <strong>de</strong> fortes différences <strong>de</strong> richesse ; enfin, ils n'ont pas réussi à s'intégrer<br />

régionalement.<br />

De plus, la mort du régime douanier privilégié dont ils bénéficient est programmée. Du fait<br />

du <strong>de</strong>rnier cycle <strong>de</strong> négociations d’Uruguay, le tarif extérieur commun a fortement diminué ce qui<br />

favorise la compétitivité <strong>de</strong>s autres partenaires commerciaux <strong>de</strong> la Communauté, au détriment <strong>de</strong>s<br />

pays tiers méditerranéens. Le démantèlement <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> multifibres <strong>de</strong>vrait également stimuler la<br />

concurrence <strong>de</strong>s pays asiatiques sur <strong>les</strong> marchés européens dans un créneau où <strong>les</strong> pays<br />

méditerranéens ont obligation d'obtenir <strong>de</strong> bons résultats.<br />

2. Portée et bénéfice du <strong>libre</strong>-échange entre <strong>zones</strong> d'inégal développement : un objet <strong>de</strong> débat<br />

2.1. Le <strong>libre</strong>-échange : une solution obligée ?<br />

Le volet économique et financier du partenariat euro-méditerranéen comporte trois objectifs<br />

intimement liés : le soutien <strong>de</strong> l'UE à la transition économique, l'accroissement <strong>de</strong>s flux<br />

d'investissements étrangers à <strong>de</strong>stination <strong>de</strong>s pays partenaires et l'établissement d'une zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>échange<br />

euro-méditerranéenne.<br />

L'une <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> la réussite <strong>de</strong> cette ZLE a trait à la robustesse <strong>de</strong> leurs équi<strong>libre</strong>s<br />

macroéconomiques. Comme nous le verrons, <strong>les</strong> ajustements réalisés l’ont été au prix d’un<br />

ralentissement <strong>de</strong> la croissance. Ce qui n’est pas sans poser quelques problèmes sur <strong>les</strong> équi<strong>libre</strong>s<br />

économiques et sociaux.<br />

Les lignes directrices du projet et ses ambitions<br />

Jusqu'en 1995, la coopération économique accordée par <strong>les</strong> Etats membres à la zone<br />

méditerranéenne reposait sur un système <strong>de</strong> préférences commercia<strong>les</strong> asymétriques, lui<br />

garantissant l'accès au marché européen sans contrepartie en termes <strong>de</strong> réduction ou d'abaissement<br />

<strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> douanes aux produits importés. L'entrée en vigueur <strong>de</strong>s nouvel<strong>les</strong> règ<strong>les</strong> du commerce<br />

international <strong>de</strong> l'OMC, interdisant <strong>les</strong> préférences commercia<strong>les</strong> asymétriques, a conduit l'UE à<br />

repenser la doctrine qui régit sa politique d'échanges <strong>avec</strong> la Méditerranée. Il a été décidé, à<br />

Barcelone, la création à partir <strong>de</strong> 2010 d'une zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong> échange exempte <strong>de</strong> droits <strong>de</strong> douane et<br />

<strong>de</strong> quotas qui concernera un marché <strong>de</strong> 700 millions <strong>de</strong> consommateurs.<br />

Il ne s'agit, toutefois, pas d'un <strong>libre</strong>-échange intégral puisqu'il est assorti <strong>de</strong> certains<br />

accommo<strong>de</strong>ments et limites. En particulier, ce régime n'est applicable, dans un premier temps,<br />

qu'aux seuls produits industriels, la libéralisation <strong>de</strong>s échanges <strong>de</strong> services et <strong>de</strong> produits agrico<strong>les</strong><br />

constituant une étape ultérieure non encore programmée. Ce <strong>libre</strong>-échange ne concerne que huit <strong>de</strong>s<br />

douze partenaires, <strong>les</strong> quatre autres étant déjà en régime d'union douanière (Turquie, Chypre et<br />

Malte) et, même, <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange industriel (Israël <strong>de</strong>puis 1988). De même, la mise en oeuvre du<br />

régime <strong>libre</strong>-échangiste est étalée sur douze ans - car c'est là le délai maximal autorisé par l'OMC<br />

pour <strong>les</strong> ententes régiona<strong>les</strong> - à compter <strong>de</strong> la date <strong>de</strong> signature <strong>de</strong> l'accord d'association. L'échéance<br />

prévisible est donc <strong>de</strong> 2010-2012 pour <strong>les</strong> premiers entrants, Tunisie, Maroc et territoires<br />

pa<strong>les</strong>tiniens. Enfin, la <strong>libre</strong> circulation <strong>de</strong>s biens ne s'étend pas à celle <strong>de</strong>s personnes, <strong>les</strong><br />

mouvements migratoires restant aujourd'hui encore très contrôlés à l'entrée du territoire européen<br />

par un régime <strong>de</strong> visas, mal compris au <strong>de</strong>meurant par certains <strong>de</strong>s pays partenaires.<br />

118


Les risques et <strong>les</strong> problèmes liés au projet<br />

Il faut admettre que le projet <strong>libre</strong>-échangiste n'équivaut pas à un avantage commercial<br />

accordé aux pays tiers méditerranéens. Il permettra simplement <strong>de</strong> rétablir la réciprocité <strong>de</strong>s<br />

conditions d'échanges, au profit <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l'Union, dans le commerce <strong>de</strong>s produits industriels où<br />

l'Europe dispose d'un avantage <strong>de</strong> compétitivité évi<strong>de</strong>nt. Seuls <strong>les</strong> secteurs textile et <strong>de</strong> l'artisanat<br />

<strong>de</strong>s pays méditerranéens pourraient en bénéficier le plus directement, à condition d'être confortés<br />

par <strong>les</strong> politiques d'accompagnement adéquates.<br />

La démarche est motivée par l'espoir que, <strong>de</strong> la confrontation brutale à la concurrence<br />

internationale et <strong>de</strong> la soumission aux contraintes du commerce international, il résultera <strong>les</strong><br />

réformes nécessaires à la mo<strong>de</strong>rnisation <strong>de</strong>s structures <strong>de</strong> production et à la stimulation <strong>de</strong> l'offre et<br />

<strong>de</strong> la compétitivité.<br />

Les pays tiers partenaires ont adhéré - <strong>avec</strong> plus ou moins <strong>de</strong> conviction - à ce schéma <strong>de</strong><br />

pensée. Toutefois, certains craignent qu'il conduise surtout à offrir à l'Union <strong>de</strong>s débouchés<br />

industriels laminant leur industrie naissante et fragile, sans qu'ils leur soit accordé <strong>de</strong> contrepartie<br />

possible en matière d'échanges agrico<strong>les</strong>, <strong>les</strong>quels resteront soumis à <strong>de</strong>s contingentements.<br />

L'option d'un <strong>libre</strong>-échange limité à l'industrie conduit à négliger le volet agricole, pour lequel <strong>les</strong><br />

partenaires méditerranéens disposent pourtant d'une vraie compétitivité.<br />

Pour illustrer la situation <strong>de</strong> déséqui<strong>libre</strong> entre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux rives <strong>de</strong> la Méditerranée, on peut<br />

rappeler que le revenu par habitant est environ dix fois plus élevé dans l'UE que chez ses<br />

partenaires, que le PIB <strong>de</strong>s trois pays du Maghreb (66 millions d'habitants) est inférieur à celui du<br />

Portugal (10 millions d'habitants) et que celui <strong>de</strong>s Etats du Mashrek (Egypte, Jordanie, Liban et<br />

Syrie : 86 millions d'habitants) équivaut au PIB grec (10,5 millions d'habitants) ou finlandais (5<br />

millions d'habitants).<br />

Le <strong>libre</strong> échange : gains théoriques versus dangers réels<br />

La réalisation d’une zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong> échange signifie qu’à terme <strong>les</strong> pays membres <strong>de</strong> cette<br />

zone supprimeront leurs tarifs entre eux mais chacun maintiendra une protection tarifaire propre<br />

vis-à-vis du reste du mon<strong>de</strong>. Elle n’implique donc pas la mise en place d’un tarif extérieur<br />

commun comme dans le cas d’une Union douanière, ni la <strong>libre</strong> circulation <strong>de</strong>s facteurs <strong>de</strong><br />

production, travail, capital, (comme dans un marché commun), encore moins la mise en place<br />

d’une monnaie commune (comme dans une union monétaire), pas plus qu’une harmonisation <strong>de</strong>s<br />

politiques économiques (comme dans une union économique).<br />

Les <strong>de</strong>grés <strong>de</strong> l’intégration économique<br />

Forme d’intégration Suppression <strong>de</strong>s<br />

obstac<strong>les</strong> aux échanges<br />

Zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>échange<br />

Union douanière<br />

Marché Commun<br />

Union Monétaire<br />

Union économique<br />

et monétaire<br />

Politique<br />

commerciale<br />

commune<br />

Mobilité <strong>de</strong>s<br />

facteurs et <strong>de</strong>s<br />

actifs financiers<br />

Taux <strong>de</strong> changes fixe Politiques économiques<br />

ou monnaie unique communes<br />

119


Les pays qui s’organisent sous la forme d'une zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange s'engagent à éliminer<br />

entre eux <strong>les</strong> droits <strong>de</strong> douane et <strong>les</strong> restrictions quantitatives qui freinent la <strong>libre</strong> circulation <strong>de</strong>s<br />

biens et, éventuellement, <strong>de</strong>s services non financiers. Ils conservent toutefois leur propre protection<br />

et donc leur propre politique commerciale envers <strong>les</strong> pays du reste du mon<strong>de</strong>.<br />

En théorie, le bon fonctionnement <strong>de</strong> la zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange suppose <strong>de</strong>ux conditions.<br />

D'une part, le respect <strong>de</strong>s règ<strong>les</strong> d’origine. Cel<strong>les</strong>-ci précisent le pourcentage <strong>de</strong> transformation que<br />

chaque pays qui fait partie <strong>de</strong> la ZLE doit réaliser pour que le produit final puisse être vendu sans<br />

droits sur la zone. Par exemple, plus un produit admet dans sa fabrication <strong>de</strong>s inputs qui<br />

proviennent <strong>de</strong> pays extra-zone, moins celui-ci aura un accès préférentiel sur le marché <strong>de</strong> la ZLE et<br />

plus son producteur <strong>de</strong>vra acquitter <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> douane. D'autre part, la mise en place <strong>de</strong> mesures<br />

<strong>de</strong> protection non tarifaires 56 doit également être supprimée ou harmonisée. Faute <strong>de</strong> quoi<br />

s’installent dans la zone un protectionnisme furtif et maquillé qui fausse la vérité <strong>de</strong>s prix. Les<br />

<strong>accords</strong> d’association entre l’Union européenne et ses partenaires méditerranéens stipulent la<br />

suppression <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> douane <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rniers sur <strong>les</strong> produits industriels.<br />

La zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange euro-méditérannéenne : <strong>de</strong>s risques certains, <strong>de</strong>s gains<br />

aléatoires<br />

La théorie économique montre que la création <strong>de</strong> ZLE induit trois conséquences solidaires :<br />

- D'abord, <strong>de</strong>s créations ou <strong>de</strong>s détournements <strong>de</strong> trafic. En effet, il <strong>de</strong>vient possible <strong>de</strong><br />

substituer <strong>de</strong>s produits industriels ou <strong>de</strong> consommation, <strong>de</strong>venus moins chers, aux produits<br />

concurrents. Ainsi, il peut y avoir un gain pour <strong>les</strong> producteurs mais aussi pour <strong>les</strong> consommateurs.<br />

Leurs surplus <strong>de</strong>vient dès lors <strong>de</strong> facto supérieurs à ceux qui étaient <strong>les</strong> leur lors d’une situation<br />

autarcique. Les consommateurs y gagneront donc car <strong>les</strong> prix baisseront, <strong>les</strong> producteurs aussi car<br />

ils paieront moins chers leurs consommations intermédiaires importées et donc produiront<br />

davantage. Toutes choses éga<strong>les</strong> par ailleurs, <strong>les</strong> industries non compétitives subiront <strong>de</strong> plein fouet<br />

la concurrence internationale et seront amenée à disparaître ou à fusionner leurs actifs <strong>avec</strong> d’autres<br />

entités afin <strong>de</strong> se doter d’un pouvoir <strong>de</strong> marché.<br />

- Ensuite, une augmentation du déficit commercial. En effet, la suppression <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong><br />

douane est une manne financière en moins pour l’Etat. Cela engendrera donc un déficit commercial<br />

sur le plan <strong>de</strong>s rentrées fisca<strong>les</strong> mais pourra éventuellement être corrigé par une dépréciation du<br />

taux <strong>de</strong> change réel.<br />

56 Depuis le milieu <strong>de</strong>s années 1970, on a assisté à la résurgence <strong>de</strong>s pressions protectionnistes, essentiellement sous la<br />

forme <strong>de</strong>s barrières non tarifaires dites « dures » et/ou « douces ».<br />

Pour <strong>les</strong> BNT dures, ce sont essentiellement <strong>les</strong> RVE : Restrictions Volontaires d’Importation ou/ et <strong>les</strong> EVI Expansions<br />

volontaires d’importations. Ces arrangements restrictifs à l’exportation ou à l’importation ne se limitent plus aux secteurs<br />

traditionnels. Ils représentent une forme directe <strong>de</strong> protection administrée, c’est-à-dire <strong>de</strong>s restrictions faisant<br />

explicitement l’objet <strong>de</strong> négociations et court-circuitant <strong>les</strong> règ<strong>les</strong> édictées par le GATT et l’OMC.<br />

Pour <strong>les</strong> BNT douces, ce sont essentiellement <strong>les</strong> normes techniques, <strong>les</strong> règ<strong>les</strong> <strong>de</strong> sécurité, <strong>les</strong> règ<strong>les</strong> d’hygiène, <strong>les</strong><br />

normes sanitaires, l’exclusion <strong>de</strong>s entreprises étrangères <strong>de</strong>s marchés publics, <strong>les</strong> tracasseries administratives…<br />

120


- Enfin, une entrée dynamique et auto-entretenue <strong>de</strong> capitaux étrangers sous la forme d’IDE,<br />

gage <strong>de</strong> croissance et <strong>de</strong> compétitivité. Les pays du sud ont tous compris qu'une certaine forme <strong>de</strong><br />

développement était condamnée. Ceux qui bénéficiaient <strong>de</strong> la rente pétrolière ont du réviser leurs<br />

espérances. L'industrialisation impulsée par l'Etat n'est plus d'actualité, ni le régime <strong>de</strong> préférence<br />

commerciale instauré par la Communauté européenne. Cependant, beaucoup hésitent encore à<br />

franchir le pas en adhérant à la logique du <strong>libre</strong>-échange.<br />

Somme toute, la création <strong>de</strong> la zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange a pour finalité d'intégrer encore<br />

davantage <strong>les</strong> économies méditerranéennes aux économies européennes et <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s pays du sud<br />

<strong>de</strong> la Méditerranée une région émergente capable d'affronter la concurrence mondiale et d'attirer <strong>les</strong><br />

investisseurs étrangers.<br />

En définitive, une ZLE n’est pas une fin en soi, mais plutôt un moyen d’établir <strong>de</strong>s contacts<br />

entre <strong>les</strong> rives <strong>de</strong> la méditerranée afin <strong>de</strong> réduire <strong>les</strong> disparités socia<strong>les</strong> et économiques, <strong>de</strong> parvenir<br />

plus rapi<strong>de</strong>ment à un développement durable, d’ encourager la coopération régionale et surtout<br />

d’intégrer <strong>les</strong> PMP au système multilatéral du commerce international.<br />

Aux difficultés que rencontrent <strong>les</strong> pays en développement, <strong>les</strong> organisations internationa<strong>les</strong><br />

proposent toujours <strong>les</strong> mêmes remè<strong>de</strong>s : ajustement structurel et <strong>libre</strong>-échange. Ces solutions sont<br />

sans doute inévitab<strong>les</strong>. Il n'y a pas <strong>de</strong> développement durable sans équi<strong>libre</strong> financier et <strong>les</strong> pays<br />

méditerranéens ne peuvent échapper à la mondialisation. En particulier, du fait <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> <strong>de</strong><br />

l'OMC, la Communauté ne peut maintenir indéfiniment <strong>les</strong> régimes préférentiels qu'elle leur avait<br />

accordés. Cependant, pour <strong>les</strong> pays tiers méditerranéens, la création d'une zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange<br />

<strong>avec</strong> la Communauté comporte <strong>de</strong>s inconvénients certains et <strong>de</strong>s avantages aléatoires.<br />

Parmi <strong>les</strong> risques certains que comporte ce projet, il convient <strong>de</strong> citer en premier lieu la<br />

concurrence accrue que <strong>de</strong>vront supporter <strong>les</strong> entreprises loca<strong>les</strong> qui vivent jusqu'à présent à l'abri<br />

<strong>de</strong> barrières douanières élevées. Selon <strong>de</strong> nombreux économistes, ces entreprises, souvent <strong>de</strong>s PME,<br />

auront <strong>les</strong> plus gran<strong>de</strong>s difficultés à survivre, à moins d'une reconversion rapi<strong>de</strong>.<br />

Par ailleurs, la baisse <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> douane sur <strong>les</strong> produits communautaires se traduira par<br />

d'importantes pertes <strong>de</strong> recettes budgétaires alors que ces pays connaissent déjà <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s<br />

difficultés financières et socia<strong>les</strong>. Leurs produits industriels sont d'ores et déjà exonérés <strong>de</strong> droits <strong>de</strong><br />

douane. Les <strong>accords</strong> euro-méditerranéens ne leur apporteront aucun avantage nouveau. La<br />

conjugaison <strong>de</strong> ces trois facteurs pourrait se traduire par un scénario très préoccupant pour <strong>les</strong><br />

économies du sud qui verraient leur tissu industriel se défaire, <strong>avec</strong> <strong>de</strong> fortes conséquences sur<br />

l'emploi, et leurs comptes extérieurs et leurs finances publiques se dégra<strong>de</strong>r.<br />

Les avantages attendus du <strong>libre</strong>-échange industriel, en revanche, sont beaucoup plus<br />

incertains. On attend, en premier lieu, une baisse mécanique <strong>de</strong>s prix intérieurs induit par la baisse<br />

<strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> douane ce qui aura <strong>de</strong>s effets positifs sur le pouvoir d'achat et la compétitivité globale.<br />

Mais, surtout, on espère que l'ouverture et l'intégration <strong>de</strong> ces économies incitera <strong>les</strong> entreprises<br />

loca<strong>les</strong> à se mo<strong>de</strong>rniser et <strong>les</strong> investisseurs étrangers à augmenter leurs apports dans ces pays.<br />

Actuellement, ils n'attirent qu'une faible partie <strong>de</strong>s investissements directs étrangers. 97% <strong>de</strong>s<br />

investissements directs mondiaux proviennent d'Amérique du Nord, d'Europe ou du Japon et sont<br />

pour <strong>les</strong> trois quarts dirigés vers ces mêmes régions. 80% <strong>de</strong>s investissements réalisés hors <strong>de</strong> ces<br />

régions sont orientés vers dix pays. Parmi <strong>les</strong> pays du sud <strong>de</strong> la Méditerranée, seule la Turquie<br />

appartient à cette liste d'élus.<br />

121


Or, <strong>les</strong> facteurs qui conditionnent ces investissements ne sont plus seulement d'ordre<br />

douanier, fiscal ou salarial (Ab<strong>de</strong>lmalki, 1998). Les investisseurs s'intéressent à tel ou tel pays en<br />

fonction <strong>de</strong> la taille <strong>de</strong> son marché, <strong>de</strong> son insertion dans un ensemble régional, du niveau <strong>de</strong><br />

formation <strong>de</strong> sa main d’œuvre, <strong>de</strong> la disponibilité d'infrastructures <strong>de</strong> qualité suffisantes, du <strong>de</strong>gré et<br />

<strong>de</strong> la nature du "risque systémique" et plus généralement en raison <strong>de</strong> la "productivité sociale" <strong>de</strong>s<br />

entreprise qui tient d'abord compte <strong>de</strong> la richesse en connaissance et en savoirs <strong>de</strong> l'environnement.<br />

On retrouve ici pleinement <strong>les</strong> enseignements <strong>de</strong>s théories <strong>de</strong> la croissance endogène.<br />

En définitive, si le <strong>libre</strong>-échange industriel est un pari risqué, <strong>les</strong> <strong>accords</strong> euroméditerranéens<br />

constituent un enjeu et une épreuve sérieuse pour ces économies dont pourrait<br />

dépendre leur conversion au dynamisme économique ou, au contraire, leur possible dislocation !<br />

Le cas tunisien : un exemple pour <strong>les</strong> autres pays ?<br />

La Tunisie en est déjà à sa cinquième année <strong>de</strong> mise en oeuvre <strong>de</strong> l'accord d'association.<br />

Beaucoup d'Etats ont <strong>les</strong> yeux fixés sur <strong>les</strong> résultats que ce pays en a enregistrés.<br />

Structurellement déficitaire, la balance commerciale tunisienne connaît <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>ux ans une<br />

dégradation qui est directement liée à l'ouverture <strong>de</strong> ses frontières et à une très forte montée <strong>de</strong>s<br />

achats à l'extérieur. (Ministère <strong>de</strong> l’économie, 2001) Cette poussée <strong>de</strong>s importations a, certes, un<br />

côté vertueux car elle est très largement due à l'effort d'équipement <strong>de</strong>s entreprises. Mais le déficit<br />

commercial s'aggrave alors que l'importation <strong>de</strong> produits essentiels est encore découragée par <strong>de</strong>s<br />

mesures non-tarifaires officieuses, peu compatib<strong>les</strong> <strong>avec</strong> l'accord d'association. Avec la poursuite<br />

du démantèlement tarifaire, il sera <strong>de</strong> plus en plus difficile pour le pays <strong>de</strong> se protéger par <strong>de</strong>s<br />

mesures administratives ou par toute autre forme néo-protectionniste.<br />

Le redressement <strong>de</strong> sa situation économique lui a permis <strong>de</strong> s'adresser dans <strong>de</strong> bonnes<br />

conditions aux marchés financiers internationaux. Mais la tourmente financière asiatique a<br />

profondément modifié la situation. Il est <strong>de</strong>venu quasiment impossible à un pays émergent solvable<br />

d'emprunter sur ces marchés, sauf à <strong>de</strong>s conditions très onéreuses.<br />

La Tunisie est donc condamnée à poursuivre un processus global <strong>de</strong> réformes si elle veut<br />

réussir le pari <strong>de</strong> l'ouverture et s'approcher <strong>de</strong> l'objectif <strong>de</strong> croissance moyen <strong>de</strong> 6% prévu par le<br />

IXème plan. Le secteur industriel, fortement ébranlé par le <strong>libre</strong>-échange, bénéficie d'un programme<br />

<strong>de</strong> mise à niveau <strong>de</strong>stiné à améliorer la productivité et la gestion <strong>de</strong>s entreprises et à favoriser<br />

l'introduction <strong>de</strong> technologies nouvel<strong>les</strong>. Le secteur touristique doit également réformer pour<br />

conserver sa compétitivité. Le secteur financier exige <strong>de</strong>s réformes profon<strong>de</strong>s. L'accord<br />

d'association qui force <strong>les</strong> autorités à avancer lui fournit également, d'une certaine manière, une<br />

justification pour surmonter certaines résistances internes.<br />

Les autres pays méditerranéens connaîtront <strong>de</strong>s difficultés semblab<strong>les</strong>. La politique euroméditerranéenne<br />

a prévu une longue pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> transition pour la mise en oeuvre du <strong>libre</strong>-échange<br />

et a orienté le programme MEDA vers l'ai<strong>de</strong> à la mo<strong>de</strong>rnisation économique. Mais, ces options ne<br />

seront sans doute pas suffisantes pour garantir le succès.<br />

122


La nature <strong>de</strong>s engagements souscrit par MEDA1<br />

14%<br />

16%<br />

Appui à l'ajustement structurel<br />

40%<br />

30%<br />

Appui à la transition et au<br />

développement<br />

Projets d'ai<strong>de</strong> au développement<br />

Projets régionaux<br />

Source : Commission européenne, Direction <strong>de</strong>s relations extérieures, 2000.<br />

En particulier, l'U.E. <strong>de</strong>vrait veiller à ce que sa politique <strong>de</strong> change ne lèse pas <strong>les</strong> intérêts <strong>de</strong><br />

ces pays. Pour ces <strong>de</strong>rniers, la création <strong>de</strong> l'Euro est a priori une bonne chose dans la mesure où elle<br />

sécurise <strong>les</strong> transactions. Mais ces pays ont intérêt à ce que la parité euro-dollar soit raisonnable,<br />

c'est à dire que l'Euro ne soit pas trop fort. Or, dans ce domaine, beaucoup dépendra <strong>de</strong> la Banque<br />

centrale européenne et <strong>de</strong> l'Allemagne. L'U.E. <strong>de</strong>vrait aussi "faire preuve <strong>de</strong> compréhension" à<br />

l'égard <strong>de</strong> la politique budgétaire que ces pays <strong>de</strong>vront adopter face à la baisse <strong>de</strong> leurs recettes<br />

douanières. Il serait désastreux qu'ils soient condamnés à une politique récessive pour maintenir<br />

leurs équi<strong>libre</strong>s budgétaires.<br />

Enfin, la question agricole <strong>de</strong>vrait être réexaminée. Les <strong>accords</strong> euro-méditerranéens ne<br />

comportent que <strong>de</strong> timi<strong>de</strong>s concessions aux exportations <strong>de</strong>s pays tiers. Cette timidité tranche <strong>avec</strong><br />

l'audace <strong>de</strong> l'accord ALENA qui prévoit la levée complète <strong>de</strong>s obstac<strong>les</strong> aux échanges pour <strong>les</strong><br />

produits agrico<strong>les</strong> <strong>de</strong> base. Certes, il ne saurait être question <strong>de</strong> suivre ce <strong>de</strong>rnier exemple dans ce<br />

secteur sensible. Les producteurs agrico<strong>les</strong> du sud <strong>de</strong> la Communauté n'y survivraient pas, pas plus<br />

que <strong>les</strong> producteurs céréaliers <strong>de</strong>s pays tiers. Mais, lorsque la Communauté aura révisé sa propre<br />

politique agricole commune, il conviendra <strong>de</strong> réfléchir à une organisation <strong>de</strong>s échanges qui favorise<br />

une plus gran<strong>de</strong> complémentarité entre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux rives <strong>de</strong> la Méditerranée.<br />

La coopération euro-méditerranéenne en question : <strong>les</strong> limites structurel<strong>les</strong> d'une<br />

coopération allocative<br />

Le texte final du programme rédigé à la suite <strong>de</strong> la conférence <strong>de</strong> Barcelone met<br />

explicitement l’accent sur l’importance accordée au secteur productif privé, et tout particulièrement<br />

aux PME, dans la réussite du partenariat. Il déclare notamment que « le secteur privé pourra jouer<br />

un rôle plus important dans le développement économique <strong>de</strong> la région et la création d’emplois »<br />

(Lannon, 1999).<br />

Selon un rapport <strong>de</strong> l’Institut <strong>de</strong> la méditerranée (2000) 57 , l’ouverture régionale et la<br />

diversification du tissu productif sont <strong>les</strong> caractéristiques qui permettent <strong>de</strong> profiter au mieux <strong>de</strong><br />

l’instauration <strong>de</strong> la ZLE. Les résultats obtenus dans leurs travaux permettent <strong>de</strong> mettre en évi<strong>de</strong>nce<br />

que ce sont <strong>les</strong> régions septentriona<strong>les</strong> qui bénéficieront <strong>de</strong> l’instauration <strong>de</strong> cette zone tandis que<br />

<strong>les</strong> régions méridiona<strong>les</strong> ne bénéficieront pas <strong>de</strong> leur positionnement géographique privilégié,<br />

57 Institut <strong>de</strong> la Méditerranée, « Une mesure <strong>de</strong> la concurrence et <strong>de</strong> la complémentarité entre <strong>les</strong> régions <strong>de</strong> l’Union<br />

Européenne et <strong>les</strong> PPM », juin 2000.<br />

123


puisque en l’état actuel <strong>de</strong>s choses, leur offre sur <strong>les</strong> marchés extérieurs correspond moins à la<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong>s PPM que dans une région quelconque <strong>de</strong> l’Europe.<br />

L’idée d’une « mise à niveau » <strong>de</strong>s entreprises <strong>de</strong>s PPM <strong>avec</strong> l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’UE n’est-elle pas<br />

une ambiguïté? Analytiquement, cette idée fait doublement problème. D'une part, elle oublie que le<br />

seule mise à niveau possible est celle qui relève <strong>de</strong> l’action lointaine et qui mobilise tous <strong>les</strong> acteurs<br />

<strong>de</strong> l’économie et réhabilité l’apprentissage technologique et organisationnelle à l’échelle <strong>de</strong><br />

l’ensemble du système productif. D'autre part, elle suppose que l’Europe est à un « point fixe » <strong>de</strong><br />

sa compétitivité, ce qui est une réduction dangereuse du problème <strong>de</strong> la compétitivité internationale.<br />

(Ab<strong>de</strong>lmalki et Sandretto, 2001).<br />

Pour que ces entreprises s’inscrivent dans <strong>de</strong>s mécanismes irréversib<strong>les</strong> <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rnisation<br />

économique, technique, commerciale et sociale, il faut du temps et beaucoup <strong>de</strong> coûts. Dans le cas<br />

présent, il semble qu’il y ait inadéquation entre, d’une part, <strong>les</strong> outils et <strong>les</strong> organes mis en place en<br />

commun <strong>avec</strong> l’UE et, d’autre part, <strong>les</strong> situations objectives <strong>de</strong>s entreprises. Il est <strong>de</strong> ce fait urgent<br />

<strong>de</strong> revoir non seulement <strong>les</strong> instruments mis en œuvre mais aussi la stratégie <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rnisation<br />

industrielle elle-même. Le propos <strong>de</strong> L.Guerrato, Ambassa<strong>de</strong>ur-chef <strong>de</strong> la Délégation <strong>de</strong> la<br />

Commission Européenne, permet <strong>de</strong> comprendre l’attitu<strong>de</strong> européenne à l’égard <strong>de</strong>s PPM tout en<br />

aidant à mesurer la complexité <strong>de</strong> la tâche poursuivie : « On peut faire beaucoup <strong>de</strong> choses pour<br />

l’entreprise, mais nous ne pouvons pas créer la culture du chef d’entreprise ».<br />

Ainsi, la démarche allocative <strong>de</strong> l’UE qui tente <strong>de</strong> résoudre <strong>les</strong> retards scientifiques <strong>de</strong>s<br />

systèmes productifs maghrébins (Alcouffe, 1995) et <strong>les</strong> déficits technologiques <strong>de</strong>s firmes<br />

maghrébines par un pseudo « saupoudrage » <strong>de</strong> fonds apparaît comme contreproductif. Une<br />

démarche plus pragmatique qui consisterait à mettre l’accent sur <strong>les</strong> performances <strong>de</strong>s firmes par<br />

l’apprentissage serait plus réaliste. En effet, la démarche <strong>de</strong> l’UE se trouve dans son esprit même<br />

contrariée par le fait qu’elle se présente d’emblée comme une « politique <strong>de</strong> firme » alors que <strong>les</strong><br />

PPM et leur vaste tissu <strong>de</strong> PME aurait d’abord besoin d’une « politique <strong>de</strong> tissu » seule capable <strong>de</strong><br />

lui garantir à terme, la maturation technologique et la compétitivité dont ils auraient besoin dans<br />

l’affrontement commercial après 2010.<br />

2.2. Les faib<strong>les</strong>ses <strong>de</strong>s flux d'appui européens à l'accomplissement d'un véritable<br />

partenariat<br />

Le programme MEDA : un cadre aux ambitions à confirmer<br />

Le programme MEDA est l’instrument financier principal <strong>de</strong> l’Union européenne pour la<br />

mise en application du partenariat euro-méditerranéen. Son budget s’élève à 3424,5 millions d’ECU<br />

prélevés sur le budget total <strong>de</strong> 4685 millions d’ECU alloués à la coopération financière entre l’UE<br />

et ses partenaires méditerranéens pour la pério<strong>de</strong> 1995-1999. Ces allocations communautaires<br />

s’accompagnent <strong>de</strong> prêts substantiels <strong>de</strong> la Banque européenne d’investissement (BEI).<br />

Pour la pério<strong>de</strong> 2000-2006, MEDA II sera doté <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 12 milliards d’Euros décomposés<br />

en :<br />

- 6,35 milliards d’Euros sur le budget communautaire<br />

- 6,34 milliards d’Euros sous la forme <strong>de</strong> prêts accordés par la BEI<br />

Environ 90% <strong>de</strong>s ressources allouées dans le cadre <strong>de</strong> MEDA sont distribuées aux<br />

partenaires <strong>de</strong> façon bilatérale ( Algérie, Maroc, Egypte, Jordanie, Liban, Syrie, Turquie et<br />

124


l’Autorité Pa<strong>les</strong>tinienne). Les 10% restant sont affectés aux activités régiona<strong>les</strong>. Les ressources <strong>de</strong><br />

MEDA s’accompagnent <strong>de</strong> programmes, <strong>de</strong>s programmes nationaux indicatifs sur trois ans sont<br />

fournis <strong>de</strong> manière bilatérale, ainsi qu’un programme régional indicatif couvrant <strong>les</strong> activités<br />

multilatéra<strong>les</strong>.<br />

Comme on peut le constater sur le schéma ci-<strong>de</strong>ssous, outre <strong>les</strong> limites quantitatives, la<br />

mobilisation <strong>de</strong>s fonds pour la Méditerranée n'a été ni rapi<strong>de</strong>, ni facile. En effet, <strong>les</strong> débuts <strong>de</strong><br />

MEDA ont été particulièrement chaotiques. Dans un premier temps, l'adoption <strong>de</strong>s différents<br />

règlements a été très longuement retardée du fait <strong>de</strong> l'opposition grecque à un dispositif susceptible<br />

<strong>de</strong> bénéficier à la Turquie. Le redéploiement tardif <strong>de</strong> ces fonds est aussi lié au regain <strong>de</strong> tensions<br />

en Algérie et aux pressions que cette tension a fait naître à l’échelle <strong>de</strong> l’ensemble maghrébin.<br />

La pério<strong>de</strong> d'adaptation aux nouvel<strong>les</strong> procédures a suscité <strong>de</strong> nouveaux retards dans<br />

l'engagement <strong>de</strong>s crédits. Les années 1998 et 1999 ayant ensuite permis quelques rattrapages. En<br />

1999, la région méditerranéenne a bénéficié <strong>de</strong> 1,8 milliard d'euros, dont 60% <strong>de</strong> subventions<br />

provenant <strong>de</strong> budget <strong>de</strong> l'Union européenne et 40% <strong>de</strong> prêts <strong>de</strong> la BEI. Le fonds MEDA y a<br />

contribué à hauteur <strong>de</strong> 937 millions d'euros, 56 millions d'euros ayant en outre été affectés à l'appui<br />

aux <strong>accords</strong> <strong>de</strong> paix.<br />

Engagements et paiements annuels MEDA pour la pério<strong>de</strong> 1995-1999<br />

Millions d'euros<br />

4500<br />

4000<br />

3500<br />

3000<br />

2500<br />

2000<br />

1500<br />

1000<br />

500<br />

0<br />

155<br />

173 50 403<br />

211<br />

981<br />

231<br />

941<br />

243 3435<br />

937<br />

890<br />

1995 1996 1997 1998 1999 Total<br />

pério<strong>de</strong><br />

Paiements<br />

Engagements<br />

Source : Commission européenne, Direction <strong>de</strong>s relations extérieures<br />

Les explications avancées pour justifier <strong>les</strong> retards d'engagements ont été multip<strong>les</strong> : faible<br />

capacité d'absorption <strong>de</strong>s économies méditerranéennes, jeunesse du dispositif, durée <strong>de</strong> mise en<br />

oeuvre <strong>de</strong>s projets, dont la longueur varie <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux à huit ans selon leur nature, lour<strong>de</strong>urs<br />

bureaucratiques <strong>de</strong>s procédures... Il est vrai que le schéma général d'engagement prévoyait quatre<br />

étapes successives : d'abord, l'élaboration d'un programme indicatif national (PIN), puis<br />

l'i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s projets assortis <strong>de</strong> proposition <strong>de</strong> financement, l'adoption définitive <strong>de</strong> ceux-ci,<br />

avant l'établissement d'une convention-cadre, puis d'une convention <strong>de</strong> financement entre <strong>les</strong> parties<br />

et, enfin, la réalisation du projet après attribution <strong>de</strong>s marchés sur procédure d'appel d'offres lancée<br />

par l'Etat récipiendaire.<br />

125


5000<br />

4500<br />

4000<br />

3500<br />

3000<br />

2500<br />

2000<br />

1500<br />

1000<br />

500<br />

0<br />

Approches bilatéra<strong>les</strong> <strong>de</strong>s engagements et paiements annuels MEDA<br />

pour la pério<strong>de</strong> 1995-99<br />

Paiements<br />

(en millions d'euros)<br />

Engagements<br />

Algérie<br />

Egypte<br />

Jordanie<br />

Liban<br />

Maroc<br />

Syrie<br />

Tunisie<br />

Turquie<br />

Autorité<br />

pa<strong>les</strong>tinienne<br />

Programmes<br />

Régionaux<br />

Source : Commission européenne<br />

Ainsi, la philosophie qui gouverne ce principe peut être sujet à certaines critiques en ce qui<br />

concerne ses procédures d’application jugées, selon <strong>les</strong> cas, lour<strong>de</strong>s, lentes ou complexes.<br />

La faib<strong>les</strong>se structurelle <strong>de</strong>s flux d'IDE transméditerranéens : un frein au succès du<br />

partenariat ?<br />

A la faib<strong>les</strong>se <strong>de</strong>s investissements publics communautaires, dans le cadre <strong>de</strong>s programmes<br />

d'accompagnement <strong>de</strong> la mise en place <strong>de</strong> la ZLE vient s'ajouter le caractère tout aussi faible <strong>de</strong>s<br />

investissements directs étrangers d'origine européenne en Méditerranée. Au cours <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rnières<br />

années, <strong>les</strong> Partenaires méditerranéens <strong>de</strong> l’Union européenne ont mis en œuvre plusieurs mesures<br />

d’incitation fiscale spécialement <strong>de</strong>stinées aux investisseurs étrangers, à travers <strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong><br />

détaxation fiscale dans <strong>de</strong>s secteurs stratégiques, <strong>de</strong>s mesures privilégiées pour <strong>les</strong> entreprises<br />

d’exportation et la mise en place <strong>de</strong> <strong>zones</strong> spécia<strong>les</strong> <strong>de</strong> développement. Pourtant, force est <strong>de</strong><br />

constater que l’Investissement Direct Etranger dans ces Partenaires est insuffisant, et que même<br />

celui en provenance <strong>de</strong> l’UE continue à ne représenter que 2% <strong>de</strong> ses investissements à travers le<br />

mon<strong>de</strong> !<br />

S. A<strong>les</strong>sandrini (2000) a tenté d’évaluer la nature et le poids relatif <strong>de</strong>s facteurs qui<br />

conditionnent l’investissement étranger en méditerranée. Ses travaux permettent <strong>de</strong> mettre en<br />

exergue 4 résultats fondamentaux :<br />

- Le rôle <strong>de</strong> la dynamique du marché dans la décision d’investissement<br />

- Le niveau satisfaisant <strong>de</strong> la compétitivité coût du travail <strong>de</strong>s pays méditerranéens<br />

- La faib<strong>les</strong>se <strong>de</strong>s infrastructures et <strong>de</strong>s marchés financiers en Méditerranée qui apparaissent<br />

comme <strong>de</strong>s facteurs négatifs pour la décision d’investissement.<br />

- Le rôle primordial du climat <strong>de</strong>s affaires. Le poids <strong>de</strong> la bureaucratie, la corruption<br />

apparaissent comme <strong>de</strong>s freins importants à l’entrée d’investissement.<br />

126


Sur le long terme, <strong>les</strong> pays tiers-méditerranéens ont connu <strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> très forts flux<br />

d'investissements directs étrangers, essentiellement dans le domaines <strong>de</strong>s hydrocarbures. A partir <strong>de</strong><br />

la fin <strong>de</strong>s années 80, toutefois, ils ont été moins attractifs que <strong>les</strong> pays émergeants, en dépit d'un<br />

redressement <strong>de</strong>s mouvements <strong>de</strong> capitaux à leur profit <strong>de</strong>puis 1997, imputable aux privatisations,<br />

au secteur énergétique et financier, mais assez peu au secteur manufacturier. Il semble que <strong>les</strong> pays<br />

méditerranéens exercent un réel attrait, lié à leurs facilités <strong>de</strong> réexportation, notamment vers l'Union<br />

européenne, mais, à quelques exceptions près (Turquie, Egypte), leur marché intérieur est trop étroit<br />

et trop fermé pour être vraiment attractif sur le plan économique. Sur la pério<strong>de</strong> 1991-1998,<br />

rapportés au PNB 1998, <strong>les</strong> investissements directs étrangers nets se sont élevés à environ 5%<br />

contre 12% en moyenne pour l'ensemble <strong>de</strong>s pays en voie <strong>de</strong> développement.<br />

Or, ainsi que le souligne le rapport du commissariat général du Plan consacré au processus<br />

<strong>de</strong> Barcelone, l'ai<strong>de</strong> financière que peut apporter l'UE n'est rien sans flux <strong>de</strong> capitaux privés venant<br />

la relayer. C'est sur le développement <strong>de</strong> l'investissement local et étranger que repose, en partie,<br />

l'ouverture du marché méditerranéen permettant <strong>de</strong> créer <strong>de</strong> nouvel<strong>les</strong> spécialisations, d'accroître <strong>les</strong><br />

transferts <strong>de</strong> technologies ou d'offrir <strong>de</strong>s perspectives d'emplois. Elle suppose notamment un effort<br />

en matière d'infrastructures <strong>de</strong> transports et <strong>de</strong> réseaux <strong>de</strong> distribution, ainsi que le renforcement <strong>de</strong>s<br />

moyens <strong>de</strong> financement privé consacré aux petites et moyennes entreprises.<br />

Par construction, le niveau d'attraction <strong>de</strong> la zone pour <strong>les</strong> investisseurs privés est<br />

essentiellement fonction <strong>de</strong>s réformes que mèneront <strong>les</strong> pays méditerranéens eux-mêmes et <strong>de</strong> la<br />

stabilité politique <strong>de</strong> la zone. Ce qui nous ramène au point précé<strong>de</strong>nt...<br />

2.3. Vers un autre cadre <strong>de</strong> coopération euro-maghrébine<br />

Il reste encore beaucoup à faire pour qu’on dépasse <strong>les</strong> simp<strong>les</strong> bonnes intentions <strong>de</strong> ce<br />

partenariat. Les pays partenaires méditerranéens doivent mettre en place <strong>de</strong> nombreuses réformes,<br />

en particulier leur fiscalité pour compenser <strong>les</strong> pertes <strong>de</strong> recettes tarifaires induites par leur<br />

désarmement douanier, assainir et mo<strong>de</strong>rniser leur secteur financier, instaurer un environnement <strong>de</strong>s<br />

affaires plus favorab<strong>les</strong> et surtout stimuler la compétitivité <strong>de</strong>s entreprises. Ainsi comme le souligne<br />

le rapport du groupe <strong>de</strong> travail présidé par R. Leveau 58 , <strong>les</strong> PPM doivent relancer <strong>les</strong> réformes <strong>de</strong><br />

« secon<strong>de</strong> génération », après cel<strong>les</strong> qu’ils ont engagé pour restaurer <strong>les</strong> équi<strong>libre</strong>s macroéconomiques<br />

dans le cadre <strong>de</strong>s plans d’ajustement structurels, afin d’être à même <strong>de</strong> saisir <strong>les</strong><br />

opportunités <strong>de</strong> l’ouverture, <strong>de</strong> permettre une réallocation <strong>de</strong>s facteurs <strong>de</strong> production et <strong>de</strong> créer <strong>de</strong><br />

nouvel<strong>les</strong> spécialisations dans <strong>de</strong>s secteurs en croissance.<br />

La question <strong>de</strong> l’en<strong>de</strong>ttement<br />

En effet, <strong>avec</strong> 200 milliards <strong>de</strong> dollars <strong>de</strong> <strong>de</strong>ttes extérieures, <strong>les</strong> gouvernements <strong>de</strong>s pays<br />

méditerranéens doivent débourser chaque année 17 à 19 milliards pour le service <strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte, alors<br />

qu’ils ne reçoivent en moyenne que 2 milliards <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> la communauté européenne. Il est donc<br />

indispensable d’envisager <strong>de</strong>s solutions <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte, et d’entamer au plus tôt <strong>de</strong>s<br />

négociations sur leur réaménagement. Puisque l’Europe est le principal créditeur, c’est à elle <strong>de</strong><br />

prendre cette initiative. De plus, selon <strong>les</strong> statistiques <strong>de</strong> la Banque mondiale, l’Algérie est le seul<br />

PMP qui présente un excé<strong>de</strong>nt commercial, et seuls l’Algérie et Malte ont <strong>de</strong>s comptes courants à<br />

peu près équilibrés. Ceci complique le remboursement <strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte et son éventuelle restructuration.<br />

58 Le partenariat euro-méditerranéen : la dynamique <strong>de</strong> l’intégration régionale, Rapport du groupe <strong>de</strong> travail présidé par<br />

Rémy Leveau, Commissariat Général du Plan, La documentation française, juillet 2000.<br />

127


L’exemple <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte <strong>de</strong>s pays d’Amérique latine organisée dans <strong>les</strong> années 1980-<br />

1990 pourrait être utile dans ce contexte.<br />

La question du commerce agricole et du coût social <strong>de</strong> l’ajustement structurel en<br />

corrélation <strong>avec</strong> la question <strong>de</strong>s investissements étrangers.<br />

Ce dossier a un rôle décisif dans l’avenir du partenariat euro-méditerranéen. Actuellement,<br />

le traitement <strong>de</strong>s produits agrico<strong>les</strong> est différent pour chaque pays. L’UE est davantage libérale <strong>avec</strong><br />

<strong>les</strong> produits du Maghreb qu’<strong>avec</strong> ceux du Mashrek. Si la Politique Agricole Commune n’évolue<br />

guère, le secteur agricole en Méditerranée ne bénéficiera pas du partenariat. Ceci s’explique par le<br />

fait que la réduction <strong>de</strong> la protection <strong>de</strong> base et la diminution <strong>de</strong>s subventions aux produits agrico<strong>les</strong><br />

accroîtra la concurrence faite aux agriculteurs <strong>de</strong> la Méditerranée Sud sur leur propre marché et<br />

surtout parce que la diminution <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> douane sur <strong>les</strong> produits industriels augmentera la<br />

protection effective <strong>de</strong>s agriculteurs capitalistes par rapport aux petits agriculteurs ruraux.<br />

(FEMISE, 2000). Ainsi, le dossier agricole ne peut être traité <strong>de</strong> manière bilatérale. Il doit s’inscrire<br />

dans un cadre régional voir multilatéral au sein du Comité <strong>de</strong> l’Agriculture <strong>de</strong> l’OMC.<br />

Sciences et technologies : la dimension manquante du PEM<br />

Un <strong>de</strong>s points essentiels <strong>de</strong>s relations euro-méditerranéennes semble cependant être négligé<br />

et traité <strong>avec</strong> trop <strong>de</strong> légèreté. Il s’agit <strong>de</strong>s stratégies en Sciences et technologies. L’UE ne témoigne<br />

<strong>de</strong> très peu d’intérêt pour ce qui est du soutien aux PPM dans le développement <strong>de</strong>s sciences à forte<br />

valeur ajoutée et qui sont <strong>de</strong> plus en plus reconnus comme le moteur <strong>de</strong> la croissance économique.<br />

Toutefois, cela est davantage la faute aux PPM eux-même qui ont mis du temps à comprendre que<br />

<strong>les</strong> IDE étaient <strong>de</strong> moins en moins attirés par le faible coût <strong>de</strong> la main d’œuvre. De surcroît, le faible<br />

niveau <strong>de</strong> cette main d’œuvre permet <strong>de</strong> moins en moins d’affronter la concurrence internationale.<br />

L’insuffisance <strong>de</strong>s moyens financiers alloués à la recherche développement et à l’innovation ont<br />

ralenti le développement <strong>de</strong>s industries <strong>de</strong> haute technologie. Ainsi la mise à niveau <strong>de</strong>s entreprises<br />

et en particulier <strong>de</strong>s PME risque d’être très difficile. Ce qui n’est pas sans poser <strong>de</strong> gros problèmes<br />

à l’aube <strong>de</strong> 2010.<br />

Améliorer le climat <strong>de</strong>s affaires<br />

L’augmentation <strong>de</strong>s entrées <strong>de</strong> capitaux ne pourra être effective que si <strong>les</strong> investisseurs ont<br />

le sentiment que le climat <strong>de</strong>s affaires est propice et transparent. Cela passe par une réduction<br />

significative <strong>de</strong>s barrières non tarifaires et <strong>de</strong> toutes <strong>les</strong> formes <strong>de</strong> protection indirectes.<br />

L’amélioration et la restructuration du secteur bancaire constituent aussi un obstacle majeur à<br />

l’accueil <strong>de</strong>s investissements. L’accélération du rythme <strong>de</strong>s privatisations pourra être compris<br />

comme un signal allant dans cette direction.<br />

De la même manière, la libéralisation <strong>de</strong>s marchés doit être poursuivie afin que <strong>les</strong> PPM<br />

puissent tirer avantage <strong>de</strong> l’ouverture et <strong>de</strong> l’accès aux marchés <strong>de</strong>s autres pays. Cette réflexion<br />

conduit à se poser <strong>de</strong> nouveau la question <strong>de</strong> la place <strong>de</strong> l’Etat dans la régulation <strong>de</strong>s relations<br />

économiques. A l'évi<strong>de</strong>nce, L’Etat ne peut plus être le garant <strong>de</strong> la dichotomie entre l’économie<br />

nationale et le marché mondial. Il doit permettre par une politique incitative une plus large<br />

participation <strong>de</strong>s acteurs économiques privés dans la régulation <strong>de</strong> l’économie et se réserver qu’un<br />

rôle d’arbitre entre <strong>les</strong> différents groupes d’intérêts ou <strong>de</strong> conciliateur en cas <strong>de</strong> litiges<br />

économiques. Il doit aussi et surtout fournir un cadre institutionnel qui réduise <strong>les</strong> coûts <strong>de</strong><br />

128


transaction tout en améliorant la transparence du cadre <strong>de</strong>s affaires. Ainsi, il apparaît essentiel que<br />

le secteur privé <strong>de</strong>vienne « le pivot du redéploiement <strong>de</strong> la force <strong>de</strong> travail, <strong>de</strong> la formation<br />

professionnelle et <strong>de</strong> la création d’emplois ». (Bichara, 2000).<br />

Conclusion<br />

La réussite du processus <strong>de</strong> Barcelone repose avant tout sur <strong>les</strong> partenaires méditerranéens<br />

eux-mêmes, tant pour la réalisation, si longtemps attendue, <strong>de</strong> son volet politique que dans<br />

l'accomplissement <strong>de</strong> son objectif économique. Le projet <strong>libre</strong>-échangiste ne pourra aboutir, et<br />

porter ses fruits, que si <strong>de</strong>s initiatives constructives sont prises pour créer, entre <strong>les</strong> Etats <strong>de</strong> la rive<br />

sud eux-mêmes, une zone d'intégration régionale comparable à celle atteinte dans l'Union, donc<br />

attractive pour <strong>les</strong> investisseurs. L’absence d’un marché régional intégré, le besoin <strong>de</strong> réformes<br />

économiques, administratives, fisca<strong>les</strong> expliqueraient notamment cette défaillance <strong>de</strong>s investisseurs.<br />

C'est alors seulement que l'on pourra parler d'un partenariat réel et non <strong>de</strong> la simple juxtaposition <strong>de</strong><br />

relations bilatéra<strong>les</strong> privilégiées entre l'Europe et chacun <strong>de</strong>s pays partenaires.<br />

Après l'espoir suscité par l'adoption du processus <strong>de</strong> coopération euro-méditerranéen, le<br />

bilan que l'on peut dresser <strong>de</strong> la première pério<strong>de</strong> du partenariat ne porte malheureusement pas à<br />

l'optimisme. Depuis la Conférence <strong>de</strong> Barcelone qui l'a lancé en 1995, la dégradation <strong>de</strong> la situation<br />

au Moyen-Orient a envenimé le dialogue et paralysé le développement économique <strong>de</strong> la région,<br />

tant il est patent que la stabilité politique conditionne la réussite du projet tout entier. Est-il besoin<br />

<strong>de</strong> souligner en quoi <strong>les</strong> événements du 11 septembre 2001 viennent conforter la thèse <strong>de</strong> ceux qui<br />

considèrent ce partenariat comme une ar<strong>de</strong>nte obligation ?<br />

M. J. Solana, Haut représentant <strong>de</strong> l'Union européenne pour la politique extérieure et <strong>de</strong><br />

sécurité commune, indiquait ainsi le 5 novembre <strong>de</strong>rnier, que « l'esprit <strong>de</strong> Barcelone invite à sortir<br />

<strong>de</strong> la situation douloureuse d'aujourd'hui. Il faut privilégier le règlement pacifique <strong>de</strong>s différends à<br />

l'usage <strong>de</strong> la violence », ajoutant que l'objectif <strong>de</strong> l'Union <strong>de</strong>meurait « un Etat pa<strong>les</strong>tinien viable et<br />

la fin <strong>de</strong> l'occupation <strong>de</strong> ses territoires, un Etat d'Israël dont la sécurité serait respectée dans toute la<br />

région, une coopération régionale qui est si nécessaire pour gérer au mieux <strong>les</strong> défis économiques,<br />

écologiques et démographiques <strong>de</strong>s années à venir ».<br />

C'est, enfin, l'intégration <strong>de</strong> la zone méditerranéenne dans l'économie mondiale qu'il faut<br />

désormais avoir aussi à l'esprit et <strong>les</strong> vingt-sept partenaires ont accepté l'idée que le partenariat<br />

euro-méditerranéen soit placé dans le cadre général <strong>de</strong> l'Organisation mondiale du commerce. Dans<br />

cet objectif, le lancement d'un cycle global <strong>de</strong> négociations multilatéra<strong>les</strong> à l'OMC, lors <strong>de</strong> la<br />

quatrième session ministérielle tenue à Doha du 9 au 13 novembre 2001, conforte l'attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

l'Europe qui avait recherché le soutien <strong>de</strong> ses partenaires méditerranéens dans une démarche qu'elle<br />

jugeait profitable pour tous. La position défendue officiellement par l'Union européenne, même<br />

avant Seattle, était en effet d'intégrer davantage <strong>les</strong> pays en développement au sein d'une<br />

organisation multilatérale qui <strong>les</strong> laissait, jusqu'à présent, très circonspects.<br />

L’approche du partenariat doit donc être comprise comme une étape intermédiaire <strong>de</strong>vant<br />

conduire à une meilleure insertion dans un mon<strong>de</strong> global. L'accord final <strong>de</strong> Doha arraché in<br />

extremis <strong>avec</strong> le soutien unanime <strong>de</strong>s 142 pays membres, constitue un signal exprimant la volonté<br />

<strong>de</strong> voir émerger, <strong>de</strong>main, un mon<strong>de</strong> plus juste.<br />

129


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130


Nouvel<strong>les</strong> dynamiques territoria<strong>les</strong> et intégration<br />

transméditerranéenne <strong>de</strong>s pays du Maghreb<br />

Mohamed Benlahcen Tlemçani *<br />

Sofiane Tahi **<br />

La dynamique <strong>de</strong> globalisation-mondialisation <strong>de</strong> l’économie peut conduire à un<br />

processus d’exclusion <strong>de</strong>s pays à dotations naturel<strong>les</strong>, qui subissent une double érosion <strong>de</strong><br />

leurs avantages comparatifs et <strong>de</strong> leurs avantages naturels. Les pays du Maghreb qui ont<br />

appuyé leur insertion dans la division internationale du travail sur la mise en œuvre<br />

d’avantages comparatifs pour <strong>les</strong> activités <strong>de</strong> main-d’œuvre (textile) ou d’avantages absolus<br />

pour <strong>les</strong> ressources naturel<strong>les</strong> énergétiques et agrico<strong>les</strong> sont dans ce cas. La résolution <strong>de</strong> ce<br />

dilemme implique à notre avis la mise en place d’un environnement propice, plus fécond.<br />

Nous avançons l’hypothèse que l’appartenance à une zone économique intégrée<br />

transméditerranéenne est une composante fondamentale <strong>de</strong> la création <strong>de</strong> cet environnement<br />

propice. Notre objectif est <strong>de</strong> montrer dans cette communication, que la voie d’intégration<br />

régionale <strong>de</strong>s pays du Maghreb à l’Union européenne s’affirme comme la seule option<br />

susceptible <strong>de</strong> contribuer significativement au désenclavement <strong>de</strong> ces pays et leur insertion<br />

active dans l’économie mondiale. Cette option peut se réaliser par la conjonction <strong>de</strong> facteurs<br />

économiques, sociaux et institutionnels :<br />

- <strong>les</strong> facteurs économiques rési<strong>de</strong>nt dans l’amélioration <strong>de</strong>s conditions d’affectation<br />

<strong>de</strong>s ressources, une diversification <strong>de</strong> l’appareil <strong>de</strong> production et une réévaluation <strong>de</strong>s points<br />

d’entrée dans <strong>les</strong> trajectoires industriel<strong>les</strong> mondia<strong>les</strong> ;<br />

- <strong>les</strong> facteurs sociaux sont en partie ceux qui conditionnent l’accumulation du capital<br />

humain. Certaines étu<strong>de</strong>s ont démontré que l’intégration économique d’un pays dans une zone<br />

régionale développée accroît <strong>les</strong> possibilités <strong>de</strong> rattrapage. La principale raison est l’existence<br />

d’économies d’échelle, notamment dans l’utilisation du capital humain et <strong>de</strong>s externalités ;<br />

- parmi <strong>les</strong> facteurs institutionnels, <strong>les</strong> législations sur la propriété technologique et <strong>les</strong><br />

mesures protectionnistes jouent un rôle important dans la détermination <strong>de</strong> l’incitation à<br />

l’innovation et <strong>les</strong> mécanismes <strong>de</strong> transfert <strong>de</strong> technologies. L’existence dans <strong>les</strong> pays du<br />

Maghreb d’une base industrielle bien qu’inadaptée favorise la transformation technologique<br />

intrasectorielle par le biais <strong>de</strong>s prises <strong>de</strong> participations <strong>de</strong>s FMN expérimentées dans la<br />

mo<strong>de</strong>rnisation industrielle. Enfin, <strong>les</strong> <strong>accords</strong> <strong>de</strong> join-venture et d’alliances stratégiques<br />

facilitent <strong>les</strong> transferts <strong>de</strong> technologie. Ces <strong>accords</strong> sont mieux adaptés aux transformations<br />

récentes <strong>de</strong>s modalités <strong>de</strong> la délocalistion/relocalisation industrielle y compris dans <strong>les</strong><br />

secteurs dits traditionnels ou intensifs en main-d’œuvre.<br />

* Directeur du Groupe <strong>de</strong> Recherche ECOnomique et Sociale (GRECOS) et directeur du département Administration<br />

Economique et Sociale (AES), Université <strong>de</strong> Perpignan.<br />

** Maître <strong>de</strong> conférences Associé en sciences <strong>de</strong> gestion, chercheur au GRECOS<br />

131


Les transformations systémiques qui affectent l’économie mondiale s’accompagnent<br />

d’une intégration territoriale autour <strong>de</strong> chacun <strong>de</strong>s trois pô<strong>les</strong> dominants constitués par le<br />

Japon, <strong>les</strong> Etats-Unis et l’Europe occi<strong>de</strong>ntale. Les effets d’agglomération et <strong>de</strong> polarisation<br />

<strong>de</strong>s échanges au sein <strong>de</strong> la Tria<strong>de</strong> s’affirment au travers d’unions régiona<strong>les</strong> caractérisées par<br />

<strong>de</strong>s formes institutionnel<strong>les</strong> variées (Union Européenne, ALENA, ASEAN…). La<br />

caractéristique commune <strong>de</strong> ces nouvel<strong>les</strong> dynamiques territoria<strong>les</strong> repose sur la capacité <strong>de</strong><br />

fédérer <strong>les</strong> technologies, <strong>les</strong> capitaux et <strong>les</strong> hommes afin d’acquérir la masse critique<br />

suffisante pour infléchir l’évolution <strong>de</strong>s rapports <strong>de</strong> force commerciaux, technologiques et<br />

financiers à l’échelle mondiale.<br />

La dynamique <strong>de</strong> globalisation-mondialisation <strong>de</strong> l’économie peut conduire à un<br />

processus d’exclusion <strong>de</strong>s pays à dotations naturel<strong>les</strong>, qui subissent une double érosion <strong>de</strong><br />

leurs avantages comparatifs et <strong>de</strong> leurs avantages naturels 59 . Les pays du Maghreb qui ont<br />

appuyé leur insertion dans la division internationale du travail sur la mise en œuvre<br />

d’avantages comparatifs pour <strong>les</strong> activités <strong>de</strong> main-d’œuvre ou d’avantages absolus pour <strong>les</strong><br />

ressources naturel<strong>les</strong> énergétiques et agrico<strong>les</strong> sont dans ce cas 60 . La résolution <strong>de</strong> ce dilemme<br />

impose l’exploration <strong>de</strong> nouvel<strong>les</strong> voies pour l’avenir nécessitant, à n’en pas douter, une<br />

véritable réflexion, voire un « sursaut imaginatif » <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s responsab<strong>les</strong> publics, <strong>de</strong>s<br />

opérateurs économiques maghrébins. Nous avançons l’hypothèse que l’appartenance à une<br />

zone économique intégrée transméditerranéenne est une voie possible. Notre objectif est <strong>de</strong><br />

montrer que la mise en place d’une dynamique d’intégration régionale <strong>de</strong>s pays du Maghreb à<br />

l’Union européenne s’affirme comme la seule option susceptible <strong>de</strong> contribuer<br />

significativement au désenclavement <strong>de</strong> ces pays et leur insertion active dans l’économie<br />

mondiale.<br />

La Conférence <strong>de</strong> Barcelone (novembre 1995) - acte fondateur <strong>de</strong> la nouvelle<br />

politique euro-méditerranéenne- a jeté <strong>les</strong> bases d’un ambitieux partenariat dont l’objectif est<br />

la constitution d’un espace « <strong>de</strong> paix, <strong>de</strong> stabilité et <strong>de</strong> prospérité partagée » 61 . Elle a élargi à<br />

tous <strong>les</strong> domaines <strong>de</strong>s relations – politiques, économiques, financières, socia<strong>les</strong>, humaines et<br />

culturel<strong>les</strong>- une coopération jusqu’alors essentiellement économique et financière 62 . La<br />

constitution d’une zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange à l’horizon 2010 préparée par une libéralisation<br />

progressive <strong>de</strong>s échanges entre l’Union européenne et <strong>les</strong> pays maghrébins désirant s’y<br />

associer, est <strong>de</strong>stinée à « favoriser le développement économique et social et à accompagner<br />

l’intégration <strong>de</strong> ces pays dans l’économie mondiale » 63 . Or, plus <strong>de</strong> cinq ans après Barcelone,<br />

force est <strong>de</strong> constater que <strong>les</strong> résultats sont en <strong>de</strong>çà <strong>de</strong>s ambitions. L’espoir né à Barcelone en<br />

1995 s’est, au fil <strong>de</strong>s ans, dissipé et la construction <strong>de</strong> la région euro-méditerranèenne piétine.<br />

De sorte qu’on peut légitiment se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r aujourd’hui si, faute <strong>de</strong> s’être donné <strong>les</strong> moyens<br />

<strong>de</strong> ses ambitions, le projet euro-méditerranéen ne risque pas <strong>de</strong> se diluer dans cette dynamique<br />

59 Cf. E.M. Mouhoud, « Régionalisation, globalisation et polarisation <strong>de</strong> l’économie mondiale : quelle place pour <strong>les</strong> pays en<br />

développement ? », communication au colloque international, « Région et développement économique », Rabat, 19-20<br />

octobre 1995.<br />

60 Cf. Mohamed Benlahcen Tlemçani et Patrick Mairet, « Globalisation et régionalisation <strong>de</strong> l’économie mondiale : quelle<br />

stratégie d’insertion internationale pour <strong>les</strong> pays du Maghreb ? », in revue Les Anna<strong>les</strong> Marocaines d’Economie, n°21,<br />

automne 1997, p.63 à 82.<br />

61 Cf. K. Bichara ; « Le partenariat euro-méditerranéen après la conférence <strong>de</strong> Barcelone », l’Harmattan, 1997.<br />

62 Cf. - Mohamed Benlahcen Tlemçani, « Bilan <strong>de</strong> la coopération Maghreb-CEE à l’heure du marché unique européen », in<br />

revue Les Papiers du GRSOC, n°10, automne 1992, Presses Universitaires du Mirail ;<br />

- Mohamed Ben El Hassan Alaoui, « La coopération entre l’Union européenne et <strong>les</strong> pays du Maghreb », Nathan, 1994.<br />

63 Cf. Sid Ahmed .A., “Les économies maghrébines face aux défis <strong>de</strong> la zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange euro-méditerranéen”, in<br />

Economies du Maghreb, l’impératif <strong>de</strong> Barcelone , CNRS Editions, 1998.<br />

132


<strong>de</strong> « globalisation » par nature hostile aux protections communes et aux « concessions<br />

préférentiel<strong>les</strong> » propres aux entités régiona<strong>les</strong> en cours d’intégration et d’édification.<br />

On peut se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r si, faute <strong>de</strong> réussir à tirer parti <strong>de</strong>s complémentarités existantes<br />

entre activités et secteurs localisés dans leur région, <strong>les</strong> Méditerranéens ne risquent pas <strong>de</strong><br />

« tout perdre » en étant acculés à s’ouvrir dans le désordre à une concurrence extraméditerranéenne<br />

ne partageant ni leurs valeurs, ni leurs objectifs stratégiques 64 . Comment<br />

construire une région économique intégrée et viable fondée sur une affectation rationnelle <strong>de</strong>s<br />

ressources et une exploitation judicieuse <strong>de</strong>s avantages compétitifs ? Une zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>échange<br />

qui exclut <strong>les</strong> produits maghrébins a-t-elle un sens ? A-t-elle un avenir ? Surtout si la<br />

zone en question prétend réunir <strong>de</strong>s pays industrialisés et d’autres aux avantages comparatifs<br />

encore basés uniquement sur <strong>les</strong> produits « primaires »… Plus encore, peut-on en rester au<br />

niveau <strong>de</strong>s échanges commerciaux alors que le processus <strong>de</strong> mondialisation-globalisation est<br />

fondamentalement marqué par la diffusion d’une économie fondée sur <strong>les</strong> connaissances et <strong>les</strong><br />

savoirs ? Quel contenu donner au concept <strong>de</strong> réciprocité entre partenaires tellement inégaux ?<br />

Quel<strong>les</strong> complémentarités construire ? Selon quel<strong>les</strong> modalités ?<br />

Autant <strong>de</strong> questions fondamenta<strong>les</strong> auxquel<strong>les</strong> nous allons tenter <strong>de</strong> répondre. Dans un<br />

premier temps, nous examinerons le mo<strong>de</strong> d’insertion internationale <strong>de</strong>s économies<br />

maghrébines et nous présenterons <strong>les</strong> grands traits structurels <strong>de</strong> la spécialisation <strong>de</strong>s pays du<br />

Maghreb, spécialisation fortement marquée par la préférence européenne. Nous étudierons<br />

dans un <strong>de</strong>uxième temps <strong>les</strong> conditions d’une insertion renouvelée dans la division<br />

internationale du travail. Nous montrerons que ce renouvellement passe par la voie<br />

d’intégration régionale <strong>de</strong>s pays du Maghreb à l’Union européenne. Cette option peut se<br />

réaliser par la conjonction <strong>de</strong> facteurs économiques, sociaux et institutionnels :<br />

1. Le mo<strong>de</strong> d’insertion internationale <strong>de</strong>s économies maghrébines : une spécialisation<br />

traditionnelle, fortement marquée par la préférence européenne<br />

Depuis leurs indépendances, <strong>les</strong> pays du Maghreb ont cherché à mettre en valeur leurs<br />

avantages comparatifs pour tenter d’améliorer la position occupée dans la division<br />

internationale du travail. Les modè<strong>les</strong> <strong>de</strong> croissance adoptés n’ont pas démontré leur aptitu<strong>de</strong><br />

à créer <strong>les</strong> conditions d’un développement durable 65 . A l’inverse, <strong>les</strong> déséqui<strong>libre</strong>s macroéconomiques<br />

et sectoriels aux implications notab<strong>les</strong> sont venus sanctionner <strong>les</strong> choix <strong>de</strong>s<br />

politiques économiques guidés par l’ambition centralisatrice <strong>de</strong> l’intervention publique et par<br />

le repli <strong>de</strong> l’Etat. Les déséqui<strong>libre</strong>s occasionnés par la combinaison entre substitution aux<br />

importations dans <strong>les</strong> industries manufacturières et la promotion <strong>de</strong>s exportations dans <strong>les</strong><br />

industries extractives allaient mettre en relief progressivement <strong>les</strong> contradictions d’un projet<br />

global <strong>de</strong> développement caractérisé par une dépendance croissante à l’égard <strong>de</strong>s variab<strong>les</strong><br />

économiques et financières internationa<strong>les</strong>. Au cours <strong>de</strong>s années quatre-vingts, <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> <strong>de</strong><br />

développement autocentré ont montré leurs limites : crise <strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte (Maroc, Algérie), contrechoc<br />

pétrolier (Algérie). Tous <strong>les</strong> pays du Maghreb ont entrepris <strong>de</strong> réduire l’emprise <strong>de</strong><br />

l’Etat sur l’économie, soit à la suite <strong>de</strong> la mise en place <strong>de</strong> plans d’ajustement structurel en<br />

contrepartie <strong>de</strong> programmes <strong>de</strong> rééchelonnement <strong>de</strong> leur <strong>de</strong>tte extérieure (Maroc en 1983 et<br />

Algérie en 1994 et 1995), soit par leur dynamique interne (Tunisie en 1986). La première<br />

64 Cf. Najib Akesbi, « L’agriculture marocaine, entre le discours <strong>libre</strong>-échangiste et <strong>les</strong> réalités protectionnistes <strong>de</strong><br />

l’Europe », in revue Critique économique , n°3, automne 2000.<br />

65 Cf. Mohamed Benlahcen Tlemçani (sous la direction), « Le Maghreb, quel développement industriel ? », in revue Les<br />

Anna<strong>les</strong> Marocaines d’Economie, n°8, printemps 1994.<br />

133


phase <strong>de</strong> ce mouvement <strong>de</strong> libéralisation a porté sur le rétablissement <strong>de</strong>s équi<strong>libre</strong>s macroéconomiques<br />

globaux, selon le schéma classique <strong>de</strong> l’ajustement structurel visant à réduire<br />

l’excès <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> : diminution <strong>de</strong>s déficits publics et courants, baisse du rythme <strong>de</strong><br />

l’inflation. Les résultats <strong>de</strong> cette première étape ont été inégaux. 66 .<br />

L’assainissement macro-économique a été mené <strong>avec</strong> constance <strong>de</strong>puis le milieu <strong>de</strong>s<br />

années quatre-vingts au Maroc et en Tunisie. Réduction du déficit budgétaire et du déficit<br />

courant, diminution du rythme <strong>de</strong> l’inflation ont été poursuivies malgré <strong>de</strong> fortes perturbations<br />

conjoncturel<strong>les</strong> <strong>de</strong>puis plus <strong>de</strong> dix ans (Cf. Tableau 1). Les premières réformes structurel<strong>les</strong><br />

ont suivi la libération progressive <strong>de</strong>s prix, amorce d’une libéralisation douanière et d’une<br />

réforme fiscale, mo<strong>de</strong>rnisation du système financier, tandis que le dirham marocain et le dinar<br />

tunisien <strong>de</strong>venaient convertib<strong>les</strong> pour <strong>les</strong> opérations courantes en 1993. En Algérie enfin,<br />

l’effondrement <strong>de</strong>s recettes en <strong>de</strong>vises après le contre-choc pétrolier <strong>de</strong> 1986 et <strong>les</strong> résistances<br />

<strong>de</strong>s structures économiques ont freiné le mouvement <strong>de</strong> libéralisation confronté par ailleurs à<br />

l’instabilité politique et aux espoirs d’un rebond <strong>de</strong>s recettes gazières à moyen terme.<br />

L’approfondissement <strong>de</strong>s réformes structurel<strong>les</strong> implique la poursuite <strong>de</strong> l’ajustement<br />

en profon<strong>de</strong>ur et l’ouverture <strong>de</strong> l’économie à la concurrence interne et externe. Certains<br />

auteurs insistent sur le rôle crucial <strong>de</strong>s politiques macroéconomiques d’accompagnement et<br />

sur l’engagement irréversible <strong>de</strong>s pays du Maghreb dans la voie <strong>de</strong> la libéralisation <strong>de</strong> leur<br />

économie 67 . La croissance du produit intérieur brut est aujourd’hui insuffisante dans<br />

l’ensemble <strong>de</strong> la région maghrébine. Celle-ci génère difficilement la valeur ajoutée qui <strong>de</strong>vrait<br />

rendre l’évolution démographique supportable. La croissance apparaît bridée par <strong>les</strong><br />

difficultés considérab<strong>les</strong> <strong>de</strong>s « économies rentières » à se transformer, au Maroc et dans une<br />

moindre mesure en Tunisie, en un investissement suffisamment dynamique. Cependant, le<br />

Maroc et la Tunisie, du fait <strong>de</strong> la spécialisation, ont pu émerger dans <strong>les</strong> échanges<br />

internationaux. Même si leurs résultats restent mo<strong>de</strong>stes, <strong>les</strong> progrès qu’ils ont faits leur<br />

permettent aujourd’hui d’envisager <strong>de</strong> s’ouvrir davantage à l’économie internationale et<br />

d’espérer ainsi élargir leur potentiel <strong>de</strong> croissance. Pour l’Algérie, l’évolution politique<br />

nationale ou régionale sera déterminante.<br />

Tableau 1 : Quelques indicateurs économiques fondamentaux du Maghreb<br />

Algérie Maroc Tunisie<br />

66 Cf. - Mohamed Benlahcen Tlemçani, « En<strong>de</strong>ttement et restructurations économiques et financières au Maghreb », in Revue<br />

Française d’Economie, volume VI, n°3, été 1991 ;<br />

- Ka<strong>de</strong>r Bichara (sous la direction), « Ajustement structurel au Maghreb », in revue Alternatives Sud, vol.II, n°3,<br />

l’Harmattan, 1995<br />

67 Cf. - G. Kebadjian ; « La création d’une zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange entre l’Union européenne et le Maghreb », Journée<br />

d’étu<strong>de</strong>s GEMEDEV, CERCA, 1994 ;<br />

- A. Chevallier ; « Les échanges CEE-Maghreb en rétrospective » ; GEMEDEV-CERCA, La création d’une zone <strong>de</strong><br />

<strong>libre</strong>-échange entre la CEE et le Maghreb : repères et perspectives, 1994 ;<br />

- T.F. Rutherford, E.E. Rutsrom, D. Tarr ; « Maroc’s free tra<strong>de</strong> agreement with european community : a quantitative<br />

assessment », Working papers, n° 1173, the World bank, 1993.<br />

134


Population en 2000 (en millions)<br />

31,2 28,2 9,5<br />

Population en 2010 (en millions)<br />

39,0 33,6 11,4<br />

PIB en 2000 (en milliards <strong>de</strong> $ US)<br />

46,9 35,6 19,8<br />

Croissance du PIB 1996-2000 (en %)<br />

5 4,2 5,5<br />

Inflation 1990-2000 (en %)<br />

20,4 4,8 4,5<br />

Taux <strong>de</strong> chômage 1999 (en %)<br />

33 19 15,6<br />

Déficit budgétaire/PIB 1999 (en %)<br />

1,9 2,5 2,7<br />

Dette extérieur en 2000 (en % du<br />

PIB) 60 52 53<br />

Service <strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte<br />

extérieure/Exportations 1999 (en %) 38,6 25 16<br />

Source : Office National <strong>de</strong>s Statistiques, Algérie ; Direction <strong>de</strong> la Statistique, Maroc ;<br />

Institut National <strong>de</strong> la Statistique, Tunisie.<br />

1. 1 Type <strong>de</strong> spécialisation <strong>de</strong>s pays du Maghreb<br />

Les pays maghrébins se caractérisent par <strong>de</strong>s structures économiques qui semblent mal<br />

adaptées aux conditions nouvel<strong>les</strong> <strong>de</strong> la compétitivité et <strong>de</strong> la nouvelle donne en matière <strong>de</strong><br />

spécialisation. La structure <strong>de</strong> leurs exportations se traduit par une spécialisation type PVD :<br />

produits énergétiques et miniers, textile-habillement, produits agrico<strong>les</strong>. L’Algérie, on le sait,<br />

exporte essentiellement <strong>de</strong>s hydrocarbures en gran<strong>de</strong> partie à l’état brut (Cf. Tableau 2),<br />

tandis que le Maroc et la Tunisie exportent <strong>de</strong>s produits primaires et <strong>de</strong>s biens manufacturés.<br />

L’observation <strong>de</strong>s filières <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux pays exportateurs <strong>de</strong> produits manufacturés (Maroc et<br />

Tunisie) fait apparaître <strong>de</strong>s schémas <strong>de</strong> spécialisation très semblab<strong>les</strong>, concurrents entre eux :<br />

avantages pour le textile, l’agroalimentaire, désavantage pour <strong>les</strong> autres filières (Cf. Tableaux<br />

3 et 4). Les principaux postes d’exportation révélés pour le Maroc sont par ordre décroissant<br />

en 2000 : <strong>les</strong> produits finis <strong>de</strong> consommation (vêtements confectionnés et artic<strong>les</strong> <strong>de</strong><br />

bonneterie), l’alimentation (l’évolution <strong>de</strong> ce poste est relativement cyclique), <strong>les</strong> <strong>de</strong>miproduits<br />

(engrais et aci<strong>de</strong> phosphorique) en forte dégradation à partir <strong>de</strong> 1998, <strong>les</strong> produits<br />

finis d’équipement industriel (Matériel d’équipement mécanique et matériel électrique et<br />

électronique) en croissance <strong>de</strong>puis 1998 et <strong>les</strong> produits bruts d’origine animale (phosphates).<br />

Pour la Tunisie, on note le poids important <strong>de</strong>s texti<strong>les</strong>. L’évolution relativement cyclique <strong>de</strong><br />

l’énergie et <strong>de</strong> l’agroalimentaire et enfin, comme pour le Maroc une croissance fort<br />

intéressante <strong>de</strong>s exportations <strong>de</strong>s industries mécanique et électrique. Ces <strong>de</strong>ux secteurs pour<br />

<strong>les</strong>quels <strong>les</strong> gains d’efficacité permettent <strong>de</strong> passer du statut d’importateur net à celui<br />

d’exportateur net, apparaissent comme <strong>de</strong>s filières <strong>de</strong> «spécialisation émergente » susceptib<strong>les</strong><br />

d’attirer <strong>les</strong> investissements étrangers. Cependant, l’étu<strong>de</strong> réalisée par L. Fontagné et N.<br />

135


Péridy 68 sur <strong>les</strong> spécialisations marocaine et tunisienne montre que dans ces secteurs, la<br />

progression la plus nette est enregistrée pour <strong>de</strong>s activités faiblement technologiques.<br />

Tableau 2 : Composition <strong>de</strong>s exportations algériennes 1992-1998<br />

(en % <strong>de</strong> la valeur <strong>de</strong>s exportations)<br />

1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998<br />

Agriculture, pêche, chasse 0,6 0,6 0,2 0,8 0,5 0,2 0,3<br />

Eau et Energie 0,6 0,1 0,8 0,1 0,1 0,0 0,0<br />

Hydrocarbures 95,4 95,2 96,1 94,9 93,5 96,3 96,4<br />

Mines et carrières 0,2 0,2 0,3 0,2 0,2 0,2 0,3<br />

Industries sidérurgiques, métal,<br />

mécan, élect<br />

1,5 1,0 0,9 1,4 1,3 1,1 0,9<br />

Chimie, caoutchouc, plastiques 1,4 2,1 1,4 1,8 3,5 2,0 1,8<br />

Industries agroalimentaires, tabacs,<br />

allumettes<br />

Industries texti<strong>les</strong>, bonneterie,<br />

Confection<br />

0,1 0,4 0,2 0,3 0,5 0,1 0,1<br />

0,0 0,2 0,0 0,3 0,3 0,0 0,0<br />

Industries <strong>de</strong>s cuirs et chaussures 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1<br />

Industries du bois, liège, papier… 0,1 0,1 0,0 0,1 0,0 0,0 0,1<br />

Total 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0<br />

Source : Tableau établi à partir <strong>de</strong>s statistiques <strong>de</strong> l’ Office National <strong>de</strong>s Statistiques, Algérie<br />

68 Cf. L. Fontagné et N. Péridy ; « Le renouveau <strong>de</strong> l’insertion <strong>de</strong>s pays Maghreb dans <strong>les</strong> échanges mondiaux », in Anna<strong>les</strong><br />

Marocaines d’Economie, n° 15, printemps 1996.<br />

136


Tableau 3 : Composition <strong>de</strong>s exportations tunisiennes 1993-2000<br />

(en % <strong>de</strong> la valeur <strong>de</strong>s exportations)<br />

1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000<br />

Agriculture et industries agro-alimentaires 11,7 13,0 10,0 7,5 11,1 9,6 11,4 8,8<br />

Energie et lubrifiants 12,1 9,4 8,3 10,5 9,0 6,4 7,1 12,1<br />

Mines, phosphates et dérivés 9,5 9,8 10,2 11,5 10,9 10,8 10,2 9,0<br />

Texti<strong>les</strong>, habillements et cuirs 47,2 47,6 49,9 51,1 48,7 50,5 48,8 46,6<br />

Matériel <strong>de</strong> transport 0,9 0,6 0,8 0,5 0,8 0,8 0,8 1,0<br />

Industries mécaniques 3,3 5,7 5,6 4,1 4,0 4,6 5,6 5,4<br />

Industries électriques 7,5 7,0 7,4 7,9 8,8 10,6 9,6 10,1<br />

Autres industries manufacturières 7,8 6,9 7,8 6,9 6,7 6,7 6,5 7,0<br />

Total 100 100 100 100 100 100 100 100<br />

Source : Tableau établi à partir <strong>de</strong>s statistiques <strong>de</strong> l’ Institut National <strong>de</strong> la Statistique, Tunisie<br />

137


Tableau 4 : Composition <strong>de</strong>s exportations marocaines 1993-2000<br />

(en % <strong>de</strong> la valeur <strong>de</strong>s exportations)<br />

1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000<br />

Alimentation, boissons et tabacs<br />

- Crustacés, mollusques et coquillages<br />

- Agrumes<br />

26,3<br />

8,5<br />

4,2<br />

28,3<br />

9,6<br />

3,8<br />

30,7<br />

10,7<br />

4,3<br />

31,5<br />

9,9<br />

6,5<br />

29,4<br />

8,5<br />

5,2<br />

20,8<br />

6,4<br />

3,8<br />

20,2<br />

6,0<br />

3,5<br />

20,3<br />

8,6<br />

2 ,6<br />

Energie et Lubrifiants 2,7 2,1 2,2 1,6 1,9 1,5 2,7 2,6<br />

Produits bruts d’origine animale et végétale 2,8 3,9 4,1 3,8 4,2 2,0 2,5 2,4<br />

Produits bruts d’origine minérale<br />

- Phosphates<br />

- Minerai <strong>de</strong> zinc<br />

10,2<br />

7,0<br />

0,4<br />

11,0<br />

6,9<br />

0,5<br />

10,0<br />

6,0<br />

0,6<br />

11,0<br />

7,3<br />

0,6<br />

13,2<br />

9,1<br />

0,7<br />

8,9<br />

6,4<br />

0,8<br />

8,1<br />

6,1<br />

0,7<br />

8,2<br />

5,2<br />

0,7<br />

Demi Produits<br />

24,2<br />

8,4<br />

24,9<br />

6,8<br />

25,9<br />

7,6<br />

25,7<br />

8,0<br />

26,0<br />

7,4<br />

18,2<br />

4,8<br />

18,6<br />

4,2<br />

18,4<br />

4,4<br />

- Engrais<br />

9,5<br />

10,8<br />

11,7<br />

11,1<br />

12,2<br />

7,0<br />

7,8<br />

6,8<br />

- Aci<strong>de</strong> phosphorique<br />

Produits finis d’équipement industriel 5,0 3,6 3,3 3,2 3,2 7,7 9,2 9,0<br />

Produits finis <strong>de</strong> consommation<br />

- Vêtements confectionnés<br />

- Artic<strong>les</strong> <strong>de</strong> bonneterie<br />

28,8<br />

11,7<br />

7,9<br />

26,2<br />

10,4<br />

7,4<br />

23,8<br />

9,0<br />

7,1<br />

23,0<br />

8,3<br />

7,4<br />

22,1<br />

7,5<br />

7,1<br />

40,9<br />

24,2<br />

10,9<br />

38,7<br />

22,0<br />

11,0<br />

39,1<br />

20,5<br />

11,3<br />

Total 100 100 100 100 100 100 100 100<br />

Source : Tableau établi à partir <strong>de</strong>s statistiques <strong>de</strong> l’Office <strong>de</strong>s changes<br />

2.2. La place privilégiée <strong>de</strong> l’Europe<br />

Les pays maghrébins gravitent autour du pôle européen <strong>avec</strong> lequel ils réalisent la<br />

plus gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> leurs échanges. La part <strong>de</strong> l’Europe dans <strong>les</strong> importations maghrébines<br />

est comprise dans une fourchette <strong>de</strong> 65-80%, respectivement 70-85% pour <strong>les</strong> exportations<br />

(Cf. Tableau 5). La France <strong>de</strong>meure certes parmi <strong>les</strong> premiers clients <strong>de</strong>s pays du Maghreb,<br />

mais son poids n’a cessé <strong>de</strong> s’effriter <strong>de</strong>puis le milieu <strong>de</strong>s années 80 au profit <strong>de</strong> l’Italie, <strong>de</strong><br />

l’Espagne et <strong>de</strong> l’Allemagne (Cf. Tableau 6). L’Europe constitue l’espace naturel<br />

d’intégration <strong>de</strong>s pays maghrébins à l’économie internationale. Cette intégration naturelle a<br />

été renforcée par <strong>les</strong> <strong>accords</strong> <strong>de</strong> coopération ou d’association (en particulier le Maroc et la<br />

Tunisie), qui prévoyaient un accès préférentiel au marché européen. Articulant accès<br />

préférentiel à son marché, globalisation <strong>de</strong> sa politique méditerranéenne et protection <strong>de</strong>s<br />

secteurs « sensib<strong>les</strong> », l’Union Européenne (UE) a largement infléchi <strong>les</strong> spécialisations <strong>de</strong>s<br />

pays du Maghreb, d’une part, et le dynamisme <strong>de</strong> leurs exportations, d’autre part.<br />

138


Tableau 5 : Echanges extérieurs <strong>de</strong>s pays du Maghreb par continent en 1999<br />

(en % du total <strong>de</strong>s exportations et <strong>de</strong>s importations)<br />

Exportations :<br />

- Europe<br />

- Afrique<br />

- Amérique<br />

- Asie<br />

- Océanie<br />

Importations :<br />

- Europe<br />

- Afrique<br />

- Amérique<br />

- Asie<br />

- Océanie<br />

Maroc (1) Algérie (2) Tunisie (3)<br />

77, 2<br />

4,8<br />

5,7<br />

11,6<br />

0,7<br />

68,2<br />

4,1<br />

11,0<br />

16,3<br />

0,4<br />

72<br />

1,6<br />

25,5<br />

0,9<br />

0,0<br />

67,4<br />

4,8<br />

18,1<br />

8,9<br />

0,8<br />

Source : (1) Office <strong>de</strong>s Changes, Maroc ; (2) Office National <strong>de</strong>s Statistiques, Algérie ;<br />

(3) Institut National <strong>de</strong> la Statistique, Tunisie<br />

82,8<br />

6,9<br />

1,4<br />

5,6<br />

3,3<br />

79,0<br />

5,1<br />

6,6<br />

8,2<br />

1,1<br />

Tableau 6 : Les principaux clients européens <strong>de</strong>s pays du Maghreb en 2000<br />

( en % <strong>de</strong>s exportations en valeur)<br />

Maroc (1) Rang Algérie (2) Rang Tunisie<br />

(3)<br />

Rang<br />

France 33,5 1 16,4 2 26,8 1<br />

Espagne 13,0 2 9,4 3<br />

Gran<strong>de</strong>-<br />

Bretagne<br />

9,6 3<br />

Italie 7,1 4 21,6 1 23,0 2<br />

Allemagne 5,0 5 12,5 3<br />

Belgique 4,1 5 5,1 4<br />

Pays-Bas 7,9 4 3,5 5<br />

Source : (1) Office <strong>de</strong>s Changes, Maroc ; (2) Office National <strong>de</strong>s Statistiques, Algérie ;<br />

(3) Institut National <strong>de</strong> la Statistique, Tunisie<br />

139


La protection <strong>de</strong>s secteurs sensib<strong>les</strong> constitue le principal reproche généralement fait à<br />

la politique <strong>de</strong> l’UE à l’égard <strong>de</strong>s pays du Maghreb : <strong>les</strong> produits agroalimentaires et le<br />

textile-habillement sont au cœur du débat. L’Europe a limité l’accès à son marché là où la<br />

concurrence <strong>de</strong> ses voisins était la plus sensible. Les pays maghrébins n’ont pas, non plus,<br />

tous su utiliser le levier commercial qui leur était fourni. De surcroît, cette préférence est<br />

aujourd’hui remise en cause par <strong>les</strong> avancées <strong>de</strong> la libéralisation multilatérale (Cycle <strong>de</strong><br />

l’Uruguay) et par l’intégration <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l’Europe centrale et orientale dans l’espace<br />

européen. 69<br />

Les effets combinés <strong>de</strong>s préférences et restrictions peuvent être mis en évi<strong>de</strong>nce à<br />

partir <strong>de</strong> l’indicateur ISEP 70 (In<strong>de</strong>xe of Standardized Export Performance). Pour <strong>les</strong> produits<br />

agrico<strong>les</strong>, la politique commerciale communautaire apparaît ainsi avoir eu un impact positif<br />

pour le Maroc et la Tunisie jusqu’à la fin <strong>de</strong>s années soixante-dix, mais négatif <strong>de</strong>puis pour le<br />

Maroc : seuls <strong>les</strong> fruits et légumes transformés échappent à la discrimination contre <strong>les</strong><br />

exportations agrico<strong>les</strong> marocaines. Le calcul <strong>de</strong> l’ISEP pour <strong>les</strong> produits texti<strong>les</strong> confirme la<br />

bonne position <strong>de</strong>s pays du Maghreb dans la pyrami<strong>de</strong> européenne <strong>de</strong>s préférences. Cette<br />

position privilégiée va naturellement être progressivement remise en cause, en dépit <strong>de</strong> la<br />

perspective <strong>de</strong> zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange.<br />

Le recul <strong>de</strong> la pénétration du Maghreb dans le marché européen contraste <strong>avec</strong> la<br />

puissante montée <strong>de</strong> l’Asie (surtout pour le Maroc et la Tunisie). Le double déséqui<strong>libre</strong> dans<br />

<strong>les</strong> échanges euro-maghrébins semble se renforcer. Le premier déséqui<strong>libre</strong> tient au fait que<br />

l’Europe est le principal partenaire commercial du Maghreb alors que celui-ci vient, selon <strong>les</strong><br />

années, en position lointaine dans <strong>les</strong> échanges <strong>de</strong> l’UE. Le second est lié au fait que l’Europe<br />

exporte <strong>de</strong> plus en plus vers la zone Maghreb, alors que <strong>les</strong> exportations <strong>de</strong> cette <strong>de</strong>rnière<br />

stagnent rendant cette zone structurellement déficitaire. En effet, <strong>les</strong> pays du Maghreb se<br />

fournissent à hauteur <strong>de</strong> 51% sur le marché européen alors que leurs exportations ne<br />

représentent pour l’économie communautaire que 2% <strong>de</strong>s achats totaux <strong>de</strong> l’UE. Cet écart est<br />

particulièrement marqué entre <strong>les</strong> pays du Nord <strong>de</strong> l’Europe dont <strong>les</strong> échanges <strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays<br />

du Maghreb sont réduits. Il est important <strong>de</strong> noter que l’UE enregistre un excé<strong>de</strong>nt croissant<br />

vis-à-vis <strong>de</strong>s pays maghrébins. Réciproquement, il constitue pour <strong>les</strong> pays maghrébins leur<br />

premier déficit.<br />

Par ailleurs, <strong>les</strong> flux d’investissement <strong>de</strong>s Européens à <strong>de</strong>stination du Maghreb ne<br />

constituent qu’une part réduite <strong>de</strong>s investissements européens dans le mon<strong>de</strong>. Néanmoins, ils<br />

69 Cf . L. Fontagne et N. Peridy, op.cit<br />

70 Cf. - R Pomfret ; “Tra<strong>de</strong> effects of european community preferences to mediterranean countries : the case of textile<br />

and clothing imports”, World <strong>de</strong>velopment, vol. 10, n° 10,1982;<br />

- Yannopoulous. G.N; “The impact of the common agricultural policy on <strong>de</strong>veloping countries following the<br />

enlargement of the european community”, Development policy review, vol. 1, 1986;<br />

- L. Fontagné et N. Péridy, op.cit.<br />

En notant ri (A,B) le taux <strong>de</strong> variation <strong>de</strong>s exportations du produit i réalisées par le pays A sur le marché B, LDCs<br />

<strong>les</strong> autres pays en développement et à revenu moyen, enfin ROW le reste du mon<strong>de</strong>, il revient :<br />

ri (NACs, EU)/ri (LDCs, EU)<br />

ISEPi = ___________________________<br />

ri (NACs, ROW)/ri (LDCs, ROW)<br />

L’ISEP élimine <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux effets <strong>de</strong> compétitivité et <strong>de</strong> progression <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> B : le numérateur élimine la<br />

secon<strong>de</strong> influence et le dénominateur la première. Reste l’impact <strong>de</strong>s politiques commercia<strong>les</strong>. Ainsi, un indicateur supérieur<br />

à l’unité correspond pour A à un impact globalement positif <strong>de</strong> la discrimination sur i.<br />

140


eprésentent pour la majorité <strong>de</strong>s pays maghrébins l’essentiel <strong>de</strong> ceux qu’ils reçoivent. Les cas<br />

du Maroc et <strong>de</strong> la Tunisie sont significatifs à cet égard. En 1999, la répartition par pays <strong>de</strong>s<br />

flux d’investissements étrangers reçus par le Maroc acquiert la même structure que <strong>les</strong><br />

échanges commerciaux extérieurs <strong>de</strong> ce pays : près du quart <strong>de</strong>s IDE reçus par le Maroc<br />

proviennent <strong>de</strong> la France, <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux cinquièmes <strong>de</strong> l’Europe latine (France, Espagne, Italie), <strong>les</strong><br />

<strong>de</strong>ux tiers <strong>de</strong> l’UE et <strong>les</strong> quatre cinquièmes <strong>de</strong> l’Europe en général. Les investissements<br />

étrangers à <strong>de</strong>stination <strong>de</strong> la Tunisie proviennent également pour l’essentiel <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l’UE<br />

(70%).<br />

Les immigrés non européens représentent aux alentours <strong>de</strong> 4,5% <strong>de</strong> la population<br />

européenne. Parmi eux, on dénombre une forte présence <strong>de</strong> maghrébins établis en majorité en<br />

France. Ces populations émigrées effectuent d’importants transferts financiers vers leurs pays<br />

d’origine. Ces transferts ont connu une forte croissance <strong>de</strong>puis le début <strong>de</strong>s années soixantedix<br />

mais plafonnent <strong>de</strong>puis le début <strong>de</strong>s années quatre-vingt-dix, sous l’effet <strong>de</strong> la diminution<br />

<strong>de</strong>s flux migratoires. Cumulés <strong>de</strong> 1971 à 1995, <strong>les</strong> flux nets <strong>de</strong>s transferts <strong>de</strong>s émigrés à<br />

<strong>de</strong>stination du Maghreb représentent près <strong>de</strong> 42 milliards <strong>de</strong> F.F, en provenance <strong>de</strong> France<br />

essentiellement. Pour le Maroc, ces transferts ont représenté en moyenne 8% du PNB sur <strong>les</strong><br />

années 1990-1995 et 99% du service <strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte extérieure, tandis que la Tunisie, <strong>avec</strong> une<br />

structure <strong>de</strong> transferts comparable (4% <strong>de</strong> son PNB et 42% du service <strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte), est moins<br />

dépendante <strong>de</strong> cette ressource. Pour l’Algérie, <strong>les</strong> flux sont relativement faib<strong>les</strong> (1% du PNB).<br />

2.3. L’impact <strong>de</strong> l’euro sur <strong>les</strong> exportations et <strong>les</strong> secteurs d’activité <strong>de</strong>s pays<br />

maghrébins<br />

Des étu<strong>de</strong>s récentes 71 ont permis <strong>de</strong> mesurer l’impact <strong>de</strong> l’euro sur <strong>les</strong> exportations et<br />

<strong>les</strong> secteurs d’activité <strong>de</strong>s pays maghrébins. En s’appuyant sur <strong>de</strong>s hypothèses <strong>de</strong> travail<br />

vraisemblab<strong>les</strong> et <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s économétriques confirmées, ces étu<strong>de</strong>s permettent d’i<strong>de</strong>ntifier<br />

le potentiel <strong>de</strong> gains et <strong>de</strong> pertes pour <strong>les</strong> pays du Maghreb au niveaux sectoriel et global<br />

associés à l’introduction <strong>de</strong> l’euro. En ce qui concerne l’impact <strong>de</strong> la croissance additionnelle<br />

<strong>de</strong> l’UE sur la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> adressée aux pays du Maghreb, il a été estimé que 1% <strong>de</strong> progression<br />

du PIB européen générerait une croissance <strong>de</strong>s exportations maghrébines variant entre 0,3%<br />

en Algérie, 1,1% pour le Maroc et 1,9% pour la Tunisie. Tenant compte <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s<br />

exportations dans le PIB et du <strong>de</strong>gré d’intensité <strong>de</strong>s échanges <strong>avec</strong> l’UE, <strong>les</strong> pays maghrébins<br />

verraient leur PIB croître <strong>de</strong> 0,1% pour l’Algérie, 0,2% pour le Maroc et 0,6% pour la<br />

Tunisie.<br />

Globalement, si l’on considère le cumul <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux effets <strong>de</strong> substitution découlant <strong>de</strong> la<br />

compétitivité <strong>de</strong>s entreprises européennes et <strong>de</strong> l’effet <strong>de</strong> création généré par la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

71 Cf. – P Allum et K. Nashashibi ; « Global macroeconomic consequences of the euro for arab economics », IMF, Middle<br />

Eastern Department, april, 1999 ;<br />

- J.-F. Ruhashyankiko ; « The euro and the production structure and export performance of Middle East and North<br />

African countries », IMF Working Papers, january, 1999 ;<br />

- G. Kebadjian.G ; « L’euro et l’avenir <strong>de</strong>s relations monétaires en Méditerranée », Cahiers <strong>de</strong> la Fondation<br />

Ab<strong>de</strong>rrahim Bouabid, mars, 1998 ;<br />

- L. Jaïdi ; « L’impact <strong>de</strong> l’euro sur <strong>les</strong> économies maghrébines », revue Critique économique, n°2, été 2000 ;<br />

- J.-P. Chauffour et Stemitsiotis, «The impact of tehe euro on Mediterranean partners countries », Draft paper<br />

presented at the ECI/FMI, seminar on the Mediterranean, april, 1998 ;<br />

- H. Ghesquier, « Impact of European Union Association Agreements on Mediterranean countries », FMI, Middle<br />

Eastern Department, august, 1998 ;<br />

- Heliodoro Temprano-Arroyo et R.A. Feldman, « Selected transition and Mediterranean countries : an intitutional<br />

primer on EMU and EU relations », FMI, European I Department, june, 1998.<br />

141


l’UE, la Tunisie serait un gagnant net <strong>de</strong> l’instauration <strong>de</strong> l’euro (0,2% du PIB), l’Algérie<br />

serait un perdant (0,1% du PIB), et <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux effets s’annuleraient dans le cas du Maroc. La<br />

conséquence la plus importante <strong>de</strong> l’UEM pour <strong>les</strong> pays maghrébins sera probablement liée<br />

au fait que <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l’UE ne pourront plus recourir à l’instrument du taux <strong>de</strong> change à<br />

l’avenir. Les pays maghrébins bénéficieront d’un environnement extérieur plus prévisible et<br />

plus transparent qui <strong>les</strong> ai<strong>de</strong>ra, à long terme, à exploiter leurs avantages comparatifs <strong>de</strong><br />

manière plus transparente et plus prévisible. La fixation <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> change dans la zone euro<br />

privera <strong>les</strong> participants à l’UEM <strong>de</strong> la possibilité d’améliorer leur compétitivité-prix en<br />

laissant la monnaie se déprécier. Les pays du Maghreb seraient ainsi davantage protégés<br />

contre <strong>les</strong> pratiques <strong>de</strong> dévaluation compétitive, notamment <strong>de</strong>s monnaies <strong>de</strong>s pays du sud <strong>de</strong><br />

l’UE <strong>avec</strong> <strong>les</strong>quels ils sont en concurrence sur certains produits manufacturés et agrico<strong>les</strong>.<br />

Tableau 7 : Effets <strong>de</strong> l’Union économique et monétaire sur <strong>les</strong> exportations et le PIB<br />

Algérie Maroc Tunisie<br />

Elasticité <strong>de</strong>s prix relative<br />

Elasticité <strong>de</strong>s exportations du pays/PIB <strong>de</strong><br />

l’UE<br />

- 0,23 - 0,26 - 0,34<br />

0,42 1,64 2,36<br />

Impact <strong>de</strong> 5% <strong>de</strong> progression <strong>de</strong> la<br />

compétitivité <strong>de</strong> l’UE sur :<br />

- exportations (en%)<br />

- PIB (en%)<br />

- 0,7<br />

- 0,2<br />

- 0,9<br />

- 0,2<br />

- 1,3<br />

- 0,4<br />

Impact d’une croissance <strong>de</strong> 1% du PIB réel<br />

<strong>de</strong> l’UE sur :<br />

- exportations (en %)<br />

- PIB (en %)<br />

0,3<br />

0,1<br />

1,1<br />

0,2<br />

1,9<br />

0,6<br />

Source : Estimations du FMI, « Impact of EMU on selected country groups »,<br />

Enfin, concernant l’impact sectoriel, il faudrait s’attendre à ce que <strong>les</strong> pays du<br />

Maghreb enregistrent <strong>de</strong>s pertes à la suite <strong>de</strong> l’introduction <strong>de</strong> l’euro. L’explication est fondée<br />

sur <strong>de</strong>ux facteurs :<br />

- une part du secteur manufacturier relativement importante ;<br />

- une proportion très élevée <strong>de</strong>s échanges <strong>avec</strong> la zone euro.<br />

Les pertes révélées sont <strong>de</strong> 0,28% à 0,45% du PIB en Algérie, 0,29% à 0,45% au<br />

Maroc, et 0,30% à 0,47% en Tunisie. En particulier, ce sont <strong>les</strong> industries à faible valeur<br />

ajoutée (exemple <strong>de</strong>s industries métallique <strong>de</strong> base) qui souffriront le plus <strong>de</strong> l’effet <strong>de</strong><br />

diversion ou <strong>de</strong> substitution découlant <strong>de</strong> la réduction <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> transaction favorable aux<br />

industries européennes, contrairement aux industries à forte valeur ajoutée (pétrole, gaz et<br />

minerais). Parallèlement à ce premier effet, l’expansion économique qui en résultera induira<br />

une augmentation <strong>de</strong>s revenus qui engendrera, elle-même, une augmentation <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

d’importation pour <strong>les</strong> produits en provenance <strong>de</strong>s pays du Maghreb. On attend <strong>de</strong> cet effet<br />

<strong>de</strong>s retombées à la fois sur <strong>les</strong> industries à forte et faible valeur ajoutée.<br />

142


Dans la mesure où l’impact global dépend d’effets nets qu’il est difficile <strong>de</strong> quantifier,<br />

la pertinence <strong>de</strong> cette analyse nécessite que celle-ci soit placée dans une perspective plus large<br />

<strong>de</strong> développement économique. Quoi qu’il en soit <strong>les</strong> pays du Maghreb sont contraints à<br />

diversifier leur production et leurs exportations afin <strong>de</strong> réduire leur dépendance envers <strong>les</strong><br />

produits primaires. L’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong> l’effet net détermine dans quelle mesure l’unification<br />

monétaire en Europe encourage ou entrave la diversification <strong>de</strong>s pays du Maghreb en<br />

orientant <strong>les</strong> facteurs <strong>de</strong> production vers ou en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s industries manufacturières<br />

émergentes.<br />

Tableau 8 : Mesure <strong>de</strong> l’impact sectoriel <strong>de</strong> l’euro<br />

sur <strong>les</strong> pays du Maghreb (en % du PIB)<br />

Algérie Maroc Tunisie<br />

Agriculture 0,11 0,11 0,12<br />

Minerais - 0,01 - 0,01 - 0,01<br />

Pétrole et gaz - 0,06 - 0,06 - 0,06<br />

Alimentation 0,00 0,00 0,00<br />

Textile - 0,01 - 0,01 - 0,01<br />

Bois - 0,17 - 0,17 - 0,18<br />

Produits chimiques - 0,02 - 0,02 - 0,02<br />

Produits métalliques <strong>de</strong> base - 0,25 - 0,26 - 0,24<br />

Acier - 0,03 - 0,03 - 0,04<br />

Machines - 0,02 - 0,02 - 0,02<br />

Services 0,02 0,02 0,02<br />

Source : FMI, op.cit<br />

2. Les conditions d’une insertion renouvelée <strong>de</strong>s pays du Maghreb dans l’économie<br />

internationale<br />

Les pays du Maghreb forment un ensemble hétérogène, où <strong>les</strong> complémentarités<br />

potentiel<strong>les</strong> l’emportent sur <strong>les</strong> facteurs <strong>de</strong> concurrence ; par ailleurs, la part marginale du<br />

commerce intra-zone dans <strong>les</strong> échanges extérieurs 72 ne traduit pas seulement l’absence<br />

d’intégration régionale et donc comme nous l’avons vu l’influence déterminante du pôle<br />

d’attraction constitué par l’Europe, mais également le poids <strong>de</strong> la rigidité <strong>de</strong>s spécialisations<br />

loca<strong>les</strong>. Les alternatives <strong>de</strong> développement apparaissent donc peu crédib<strong>les</strong> si l’on prend<br />

seulement en compte <strong>les</strong> perspectives réel<strong>les</strong> <strong>de</strong> l’intégration maghrébine, car celle-ci ne peut<br />

se construire sans que l’inertie <strong>de</strong>s conditions d’intégration soit préalablement dépassée. En<br />

revanche, la mise en place d’une union économique élargie dans le cadre d’une coopération<br />

institutionnelle <strong>avec</strong> l’UE peut être considérée comme une alternative crédible au<br />

désenclavement <strong>de</strong>s pays du Maghreb. L’accord <strong>de</strong> partenariat euro-méditerranéen signé à<br />

Barcelone en 1995, entre l’UE et <strong>les</strong> 12 Pays Tiers-Méditerranéens (PTM) 73 constitue le début<br />

d’un processus difficile et semé d’embûches qui a pour vocation la levée <strong>de</strong> tous <strong>les</strong> obstac<strong>les</strong><br />

au développement économique et social <strong>de</strong> la région, la mise en place d’une concertation<br />

économique, et l’établissement progressif d’une zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange entre tous <strong>les</strong><br />

partenaires d’ici 2010. Dans la perspective <strong>de</strong> ce projet global, <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> d’association <strong>de</strong><br />

type nouveau, dits <strong>de</strong> partenariat euro-méditerranéen , ont été signés <strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays du<br />

72 Le commerce intra-régional ne représente que 3% <strong>de</strong>s échanges extérieurs <strong>de</strong> la région.<br />

73 Les PTM-ou encore PSEM, Pays du sud et <strong>de</strong> l’est <strong>de</strong> la Méditerranée- sont : Algérie, Chypre, Egypte, Israël, Jordanie,<br />

Liban, Malte, Maroc, Syrie, Tunisie, Turquie, Territoires pa<strong>les</strong>tiniens autonomes.<br />

143


Maghreb (le Maroc et la Tunisie) ou sont en cours <strong>de</strong> négociation (l’Algérie). Pourtant, en<br />

cette fin <strong>de</strong> l’an 2001, alors que « Barcelone IV » s’est tenu à Marseille, forçant chacun à<br />

procé<strong>de</strong>r au bilan d’une <strong>de</strong>mi-décennie <strong>de</strong> « partenariat euro-méditerranéen », l’heure est au<br />

désenchantement. L’UE continue <strong>de</strong> prendre <strong>de</strong>s mesures protectionnistes concernant l’accès<br />

<strong>de</strong>s produits industriels maghrébins au marché communautaire (<strong>les</strong> <strong>accords</strong> d’autolimitation<br />

pour <strong>les</strong> produits texti<strong>les</strong>). Les dossiers <strong>de</strong>s produits agrico<strong>les</strong> et <strong>de</strong> la pêche, pour leur part,<br />

n’avaient pas fait l’objet d’une véritable négociation en vue <strong>de</strong> la libéralisation <strong>de</strong>s échanges<br />

<strong>les</strong> concernant. Curieusement, et une fois <strong>de</strong> plus au nom <strong>de</strong> « l’exception agricole », <strong>les</strong><br />

responsab<strong>les</strong> <strong>de</strong> l’UE avaient dès le départ exclu toute négociation dans une perspective <strong>de</strong><br />

<strong>libre</strong>-échange en ce qui concerne <strong>les</strong> produits agrico<strong>les</strong> exportés essentiellement par le Maroc<br />

vers l’espace européen 74 .<br />

Pour la question <strong>de</strong>s investissements étrangers, <strong>les</strong> pays du Maghreb n’attirent<br />

annuellement qu’une petite partie <strong>de</strong> capitaux européens. Les raisons <strong>de</strong> ce phénomène sont<br />

évi<strong>de</strong>ntes : la fragmentation <strong>de</strong>s marchés maghrébins, l’instabilité politique et sociale, <strong>les</strong><br />

incertitu<strong>de</strong>s économiques, le manque d’infrastructures <strong>de</strong> transport et <strong>de</strong> télécommunications,<br />

la formation insuffisante <strong>de</strong> la main-d’œuvre, <strong>les</strong> infrastructures léga<strong>les</strong> et institutionnel<strong>les</strong><br />

inadéquates, la corruption largement répandue et la nature autoritaire <strong>de</strong>s gouvernements…<br />

Tous ces éléments découragent la création <strong>de</strong> nouvel<strong>les</strong> entreprises et ren<strong>de</strong>nt la région moins<br />

attractive pour <strong>les</strong> investisseurs étrangers. Enfin, <strong>les</strong> pressions migratoires du Maghreb vers<br />

l’Europe sont encore plus fortes, <strong>avec</strong> <strong>les</strong> drames humains et <strong>les</strong> tensions politiques et<br />

culturel<strong>les</strong> qui <strong>les</strong> accompagnent.<br />

Dans le même temps, si la construction <strong>de</strong> la région euro-méditerranéenne piétine, la<br />

réalité <strong>de</strong> la mondialisation pour sa part continue d’avancer. Portée par l’idéologie <strong>de</strong> la<br />

«pensée unique», d’une part, et par une véritable révolution technologique, d’autre part,<br />

conduite par <strong>les</strong> firmes multinationa<strong>les</strong> et soutenue par <strong>les</strong> organisations internationa<strong>les</strong><br />

multilatéra<strong>les</strong>. La conjugaison <strong>de</strong> la mondialisation et <strong>de</strong> la diffusion <strong>de</strong> «l’économie fondée<br />

sur la connaissance», marquée par ce que Moati et Mouhoud 75 qualifient <strong>de</strong> passage d’une<br />

division technique ou taylorienne du travail à un principe <strong>de</strong> « division cognitive du travail »<br />

contribue à l’émergence d’une nouvelle structuration <strong>de</strong> l’espace économique mondial. Les<br />

firmes multinationa<strong>les</strong> modifient leurs critères <strong>de</strong> localisation afin <strong>de</strong> mieux exploiter <strong>les</strong><br />

spécificités <strong>de</strong> chaque système national d’innovation. De fait, <strong>les</strong> critères <strong>de</strong> compétitivité <strong>de</strong>s<br />

nations se trouvent redéfinis <strong>avec</strong> la mise en avant <strong>de</strong>s facteurs d’attractivité du territoire. Les<br />

critères <strong>de</strong> localisation sont favorab<strong>les</strong> à la concentration <strong>de</strong>s activités « intensives en<br />

connaissance » dans <strong>les</strong> pays industrialisés 76 , et plus particulièrement au sein <strong>de</strong>s territoires<br />

riches en ressources cognitives spécialisées. Ainsi, <strong>les</strong> pays incapab<strong>les</strong> d’accé<strong>de</strong>r à<br />

l’économie fondée sur <strong>les</strong> connaissances se trouvent marginalisés <strong>de</strong> l’économie mondiale 77 .<br />

Aujourd’hui, <strong>les</strong> entreprises recherchent moins <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> coûts qu’un environnement<br />

stimulant leurs capacités d’apprentissage : main-d’œuvre disposant <strong>de</strong>s qualifications<br />

spécifiques, présence d’institutions <strong>de</strong> recherche spécialisées performantes et <strong>de</strong> concurrents<br />

susceptib<strong>les</strong> <strong>de</strong> générer <strong>de</strong>s externalités technologiques.<br />

74 Cf. Mohamed Benlahcen Tlemçani, « Bilan <strong>de</strong> la coopération Maghreb-CEE à l’heure du marché unique européen »,<br />

revue, Les Papiers , n°10, automne 1992, Presses Universitaires du Mirail, Toulouse.<br />

75 Cf. Ph. Moati, E.M. Mouhoud, « Information et organisation <strong>de</strong> la production : vers une division cognitive du travail »,<br />

Economie appliquée, tome XLVI, 1994.<br />

76 Cf. F. Maurel, L. Fontagné, E.M. Mouhoud, P. Petit ; « Scénario pour une nouvelle géographie économique <strong>de</strong> l’Europe »,<br />

Rapport du commissariat général du Plan, Economica, 1999.<br />

77 Cf. Mohamed Benlahcen Tlemçani, " Economie <strong>de</strong>s savoirs, quelle insertion <strong>de</strong>s pays du Maghreb dans l'économie mon<strong>de</strong><br />

? ", 13ème congrès <strong>de</strong> l'Union <strong>de</strong>s Economistes Arabes sur le thème <strong>de</strong> la perspective économique arabe et l'économie<br />

mondiale, du 27 au 30 mars 2000, El-Jedida.<br />

144


Les développements précé<strong>de</strong>nts soulignent <strong>les</strong> avantages comparatifs qu’apportent aux<br />

pays développés disposant <strong>de</strong> personnels qualifiés et <strong>de</strong> centres <strong>de</strong> haute compétence<br />

scientifique, <strong>les</strong> évolutions <strong>de</strong>s processus productifs et <strong>de</strong>s marchés. Mais, il est à noter que<br />

<strong>les</strong> secteurs d’activités ne sont pas tous impliqués <strong>avec</strong> la même intensité dans une division<br />

internationale du travail basée sur <strong>les</strong> compétences spécifiques. Si <strong>les</strong> secteurs intensifs en<br />

connaissance sont davantage « globalisés » que <strong>les</strong> autres et si le processus <strong>de</strong> création <strong>de</strong><br />

<strong>zones</strong> régiona<strong>les</strong> repose sur la volonté institutionnelle, on peut émettre l’hypothèse que <strong>les</strong><br />

secteurs tayloriens ou faiblement intensifs en connaissance peuvent trouver leur place à court<br />

ou moyen terme dans un cadre <strong>de</strong> « flux régionalisés ». Les pays du Maghreb par exemple qui<br />

pourraient intégrer l’Union européenne trouveraient alors une voie d’insertion internationale<br />

sur la base <strong>de</strong> leurs avantages comparatifs 78 . L’attraction exercée par l’UE <strong>de</strong>vrait amener <strong>les</strong><br />

économies maghrébines à participer à l’aménagement d’un espace européen élargi. Dans cette<br />

perspective, <strong>les</strong> schémas classiques <strong>de</strong> développement pourraient s’enrichir <strong>de</strong>s apports d’une<br />

« coopération-partenariat » renouvelée et fondée sur <strong>de</strong>s principes mutuellement avantageux.<br />

La réussite <strong>de</strong> cette intégration régionale implique à notre avis la mise en place d’un<br />

environnement propice, plus fécond, qui peut se réaliser par la conjonction <strong>de</strong> facteurs<br />

économiques (l’ouverture et la compétitivité <strong>de</strong>s économies maghrébines), sociaux<br />

l’accumulation du capital humain, c’est-à-dire le niveau d’éducation et <strong>de</strong> formation) et<br />

institutionnels (<strong>les</strong> législations sur la propriété technologique et <strong>les</strong> politiques publiques en<br />

matière <strong>de</strong> R&D).<br />

2.1. L’ouverture et la compétitivité <strong>de</strong>s économies maghrébines<br />

Pour <strong>les</strong> économies maghrébines, l’enjeu <strong>de</strong>s années qui viennent est clair : el<strong>les</strong><br />

<strong>de</strong>vront accélérer leur croissance dans un environnement beaucoup plus compétitif<br />

qu’auparavant. El<strong>les</strong> sont restées longtemps à l’abri <strong>de</strong> la concurrence, el<strong>les</strong> se trouvent<br />

aujourd’hui confrontées à un contexte nouveau : l’émergence <strong>de</strong> la nouvelle économie,<br />

l’instauration du marché unique européen et <strong>les</strong> perspectives d’élargissement à l’Est, la<br />

poursuite du processus <strong>de</strong> libéralisation multilatérale dans le cadre <strong>de</strong>s négociations <strong>de</strong><br />

l’OMC.<br />

L’enjeu pour <strong>les</strong> pays du Maghreb rési<strong>de</strong> dans l’amélioration <strong>de</strong>s conditions<br />

d’affectation <strong>de</strong>s ressources, la diversification <strong>de</strong> l’appareil <strong>de</strong> production et la réévaluation<br />

<strong>de</strong>s points d’entrée dans <strong>les</strong> trajectoires industriel<strong>les</strong> mondia<strong>les</strong>. En outre, <strong>de</strong>s progrès sont<br />

nécessaires dans <strong>les</strong> techniques <strong>de</strong> télécommunications et <strong>les</strong> infrastructures <strong>de</strong> transports 79 .<br />

Ces progrès peuvent contribuer à rendre compatib<strong>les</strong> <strong>de</strong>s logiques d’organisation <strong>de</strong> la<br />

production éclatée à l’échelle internationale <strong>avec</strong> <strong>les</strong> impératifs <strong>de</strong> compétitivité et <strong>de</strong> réponse<br />

rapi<strong>de</strong> à la versatilité <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>.<br />

Dans un contexte <strong>de</strong> libéralisation commerciale, <strong>les</strong> <strong>accords</strong> <strong>de</strong> Marrakech imposent<br />

une nouvelle donne. Ils remettent en cause <strong>les</strong> préférences inscrites dans <strong>les</strong> <strong>accords</strong><br />

d’association. La baisse générale <strong>de</strong>s droits et l’élimination <strong>de</strong>s barrières non tarifaires<br />

contribueront à éro<strong>de</strong>r la position préférentielle dont bénéficiaient <strong>les</strong> pays maghrébins (en<br />

particulier dans le textile-habillement) et à aiguiser la concurrence (notamment esteuropéenne<br />

et asiatique) sur <strong>les</strong> principaux marchés à l’exportation, et tout d’abord sur le<br />

marché européen.<br />

78 Cf. Mohamed Benlahcen Tlemçani, "L'intégration régionale <strong>de</strong>s pays du Maghreb à l'Union Européenne : une alternative<br />

crédible face à la mondialisation", Septième Session <strong>de</strong> l'Université d'Hiver <strong>de</strong> Marrakech, Université <strong>de</strong> Marrakech, du 16<br />

au 20 février, 1999.<br />

79 Cf. Projet INFRAMED conduit par l’INRETS-DEST Paris, GTMO (Groupe <strong>de</strong> Transport <strong>de</strong> la Méditerranée Occi<strong>de</strong>ntale),<br />

Synthèse finale, 5 décembre 1997.<br />

145


Les plus grands perdants à terme risquent d’être <strong>les</strong> pays qui ont jusqu’ici le mieux<br />

exploité cet avantage, notamment le Maroc et la Tunisie. Des travaux récents 80 montrent que<br />

la réduction <strong>de</strong>s exportations manufacturières <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux pays, provoquée par l’érosion <strong>de</strong><br />

leur marge préférentielle, pourrait être substantielle, jusqu’à 22% pour le Maroc et 40% pour<br />

la Tunisie. Quant aux pays dont <strong>les</strong> exportations manufacturières ont été jusqu’ici peu<br />

développées (Algérie), l’érosion <strong>de</strong>s préférences n’aura pas d’effet immédiat, mais elle<br />

signifie qu’ils ne pourront pas disposer d’un tel stimulant sur le marché européen. A moyen<br />

terme, l’ouverture <strong>de</strong>s économies maghrébines à la concurrence <strong>de</strong>vrait provoquer <strong>de</strong>ux effets<br />

contraires. En premier lieu, une baisse d’activité dans <strong>les</strong> secteurs jusque là protégés et qui<br />

auront <strong>de</strong>s difficultés à supporter la concurrence extérieure, en second lieu une réorientation<br />

vers <strong>les</strong> secteurs exportateurs, stimulés par la hausse <strong>de</strong> compétitivité. Pour que l’effet net soit<br />

positif, y compris en intégrant <strong>les</strong> coûts économiques et sociaux <strong>de</strong> cette réorientation, il<br />

faudrait que l’ouverture ne cantonne pas ces économies dans <strong>de</strong>s spécialisations peu<br />

porteuses. Ces modifications affectant <strong>les</strong> équi<strong>libre</strong>s macroéconomiques <strong>de</strong>vraient stimuler la<br />

mise en œuvre <strong>de</strong> réformes structurel<strong>les</strong> visant à améliorer l’environnement et la gestion <strong>de</strong>s<br />

entreprises (progression du droit <strong>de</strong>s affaires, accès à l’en<strong>de</strong>ttement bancaire et au capital<br />

risque, augmentation <strong>de</strong> l’offre <strong>de</strong>s titres sur le marché financier, ouverture du capital <strong>de</strong>s<br />

sociétés, sécurisation juridique <strong>de</strong>s ententes entre associés…). Enfin <strong>de</strong>vraient intervenir <strong>de</strong>s<br />

effets directs sur l’offre elle-même, par réallocation <strong>de</strong>s facteurs sous l’effet <strong>de</strong> modification<br />

<strong>de</strong>s prix relatifs induits par la concurrence extérieure.<br />

Par ailleurs, l’un <strong>de</strong>s déterminants <strong>de</strong> la compétitivité <strong>de</strong>s économies maghrébines est<br />

l’attrait <strong>de</strong> leur marché du travail. Pour prétendre à un rôle actif dans leurs relations <strong>avec</strong> <strong>les</strong><br />

pays <strong>de</strong> l’UE, <strong>les</strong> pays du Maghreb sont appelés à se doter d’une structure <strong>de</strong> qualification<br />

qualitativement comparable et complémentaire à cel<strong>les</strong> <strong>de</strong> leurs partenaires. L’existence <strong>de</strong><br />

rigidités structurel<strong>les</strong> dans l’espace <strong>de</strong>s compétences 81 sont <strong>de</strong>s facteurs défavorab<strong>les</strong> aux<br />

perspectives réel<strong>les</strong> d’intégration <strong>de</strong>s économies maghrébines dans le pôle européen. En effet,<br />

ces rigidités conduisent à <strong>de</strong>ux conséquences l’une à court terme, l’autre à moyen et long<br />

termes :<br />

- A court terme, ces rigidités ren<strong>de</strong>nt l’espace <strong>de</strong>s compétences maghrébin moins<br />

compétitif par rapport aux autres pays. Le Maghreb ne peut prétendre rivaliser <strong>avec</strong> <strong>de</strong>s pays<br />

qui appartiennent aussi à la zone d’influence économique <strong>de</strong> l’Europe. En matière d’échanges<br />

économiques, le Maghreb a développé <strong>de</strong>s avantages basés soit sur le coût salarial faible et/ou<br />

la proximité géographique. En présence <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l’Europe <strong>de</strong> l’Est et du Sud, ces<br />

avantages vont disparaître progressivement <strong>avec</strong> la mise en place <strong>de</strong> la zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange.<br />

A terme, l’espace <strong>de</strong>s compétences maghrébin risque <strong>de</strong> ne présenter aucun attrait pour <strong>les</strong><br />

investisseurs étrangers. Les avantages comparatifs dont jouissaient le Maghreb, sont<br />

susceptib<strong>les</strong> d’être récupérés par ces pays. Ces <strong>de</strong>rniers disposent d’un double atout : ils<br />

présentent un rapport qualité <strong>de</strong> qualification/prix <strong>de</strong> la main-d’œuvre très compétitif et ils<br />

disposent d’un marché interne solvable.<br />

- A moyen et long termes, au niveau interne, le marché du travail maghrébin risque<br />

d’être confronté à un déficit généralisé <strong>de</strong>s compétences vita<strong>les</strong> pour le fonctionnement <strong>de</strong><br />

l’économie. Cette situation est plausible dans la mesure où le système éducatif maghrébin<br />

n’est plus en phase <strong>avec</strong> <strong>les</strong> exigences <strong>de</strong> l’époque. Il reste marqué par son manque<br />

d’articulation <strong>avec</strong> le système productif.<br />

80 Cf. Fontagné. L., Péridy.N. ; « European Union and Maghreb », Rapport OCDE, 1999.<br />

81 Cf. Mohamed Bougroum, « Structure du marché du travail : quels impacts sur la compétitivité <strong>de</strong> l’économie nationale au<br />

sein <strong>de</strong> l’espace économique méditerranéen », revue Critique économique , n°2, été 2000<br />

146


Quant aux politiques monétaires et financières maghrébines, l’ancrage <strong>de</strong>s monnaies<br />

<strong>de</strong>s pays maghrébins à l’euro est aujourd’hui évoqué comme un moyen <strong>de</strong> faire bénéficier ces<br />

pays <strong>de</strong>s retombées positives <strong>de</strong> la formation <strong>de</strong> la monnaie unique. La définition <strong>de</strong> la parité<br />

<strong>de</strong>s monnaies maghrébines par rapport à un panier <strong>de</strong> monnaies composé dans une proportion<br />

non négligeable en référence à <strong>de</strong>s monnaies européennes leur permet <strong>de</strong> soustraire leur<br />

commerce au flottement <strong>de</strong>s monnaies. Les pays du Maghreb resteront toutefois exposés aux<br />

conséquences commercia<strong>les</strong> <strong>de</strong>s modifications périodiques <strong>de</strong>s taux pivots et <strong>de</strong>s mesures<br />

conjoncturel<strong>les</strong> qui <strong>les</strong> accompagnent, en particulier au niveau <strong>de</strong>s taux d’intérêt.<br />

Le rattachement <strong>de</strong>s monnaies <strong>de</strong>s pays du Maghreb à l’euro offrirait certains<br />

avantages 82 : une plus gran<strong>de</strong> stabilité <strong>de</strong>s recettes d’exportation et <strong>de</strong>s coûts<br />

d’approvisionnement, tout particulièrement dans l’UE ; une moindre progression <strong>de</strong> la valeur<br />

locale <strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte contractée en monnaie européenne si le comportement <strong>de</strong> l’euro est<br />

favorable ; <strong>de</strong>s conditions encore plus attractives pour <strong>les</strong> investissements européens, pour<br />

autant que la convertibilité indirecte en <strong>de</strong>vises puisse être maintenue ; une plus gran<strong>de</strong><br />

diversification géographique <strong>de</strong>s courants commerciaux au sein <strong>de</strong> l’espace européen. La<br />

réussite <strong>de</strong> ce scénario exige l’harmonisation <strong>de</strong>s politiques économiques suivies par <strong>les</strong><br />

différents pays <strong>de</strong> la région, c’est à dire <strong>les</strong> politiques conjoncturel<strong>les</strong> (monétaires et<br />

budgétaires) et structurel<strong>les</strong> (ensemble <strong>de</strong> mesures affectant la compétitivité), ainsi que<br />

l’établissement progressif <strong>de</strong> mécanismes <strong>de</strong> concertation et d’incitation qui tendrait à long<br />

terme à la suppression <strong>de</strong>s asymétries <strong>de</strong> toutes sortes et offrirait <strong>les</strong> conditions <strong>de</strong> constitution<br />

d’une stabilité <strong>de</strong>s monnaies et <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> change.<br />

2.2. Le rôle crucial <strong>de</strong> l’éducation et la formation<br />

La croissance économique et <strong>les</strong> niveaux d’étu<strong>de</strong> sont étroitement corrélés, il y a une<br />

relation <strong>de</strong> cause à effet à double sens entre l’éducation et la croissance. Cette idée<br />

aujourd’hui n’a assurément rien <strong>de</strong> très originale, elle a toujours inspiré <strong>les</strong> économistes <strong>de</strong><br />

l’éducation qui ont tenté d’établir le caractère largement économique <strong>de</strong> l’éducation <strong>de</strong><br />

l’ériger, au <strong>de</strong>là, en véritable facteur <strong>de</strong> production. Plus récemment <strong>les</strong> théoriciens <strong>de</strong> la<br />

croissance endogène, à la suite notamment <strong>de</strong> l’article <strong>de</strong> Lucas 83 , font <strong>de</strong> l’accumulation du<br />

capital humain l’un <strong>de</strong>s axes essentiels <strong>de</strong> leur modèle et traitent <strong>de</strong>s différents aspects du rôle<br />

du capital humain dans la croissance.<br />

Un simple survol <strong>de</strong> l’évolution du système éducatif maghrébin permet d’en<br />

appréhen<strong>de</strong>r <strong>les</strong> dysfonctionnements par rapport aux besoins. S’inscrivant, au départ, dans <strong>de</strong>s<br />

conditions socio-politiques qui exigeaient <strong>de</strong> lui <strong>de</strong> faire face aux besoins <strong>de</strong> l’Etat, il n’a pas<br />

pu réagir à la pression démographique et aux mutations <strong>de</strong> la société. Les responsab<strong>les</strong><br />

maghrébins ont alors cherché à privilégier un enseignement <strong>de</strong> quantité au détriment <strong>de</strong> la<br />

qualité.<br />

Au titre <strong>de</strong>s acquis, on retient l’amélioration sensible du taux moyen <strong>de</strong> scolarisation<br />

dans tous <strong>les</strong> pays du Maghreb et tout particulièrement dans le primaire et le secondaire. Sur<br />

le registre <strong>de</strong>s insuffisances, on relève l’importance du taux d’analphabétisme : 56,3% pour le<br />

Maroc, 38,4% pour l’Algérie et 33,3% pour la Tunisie. Ces chiffres montrent que le taux<br />

d’analphabétisme reste parmi <strong>les</strong> plus élevés du mon<strong>de</strong> 84 .<br />

Les efforts consentis, par chaque pays, à développer l’éducation sont indéniab<strong>les</strong>,<br />

même si <strong>les</strong> objectifs ont manifestement différé. En effet, la Tunisie a recherché l’objectif <strong>de</strong><br />

82 Cf . L. Jaïdi op.cit<br />

83 Cf. R. Lucas, « On the mechanics of economic <strong>de</strong>velopment”, Journal of Monetary Economics, vol. 22, n°1, 1988<br />

84 Cf. Améziane Ferguène et Fatiha Mohssine Abdali, « Infrastructures <strong>de</strong> recherche et volet scientifique et technologique du<br />

partenariat euro-méditerranéen : le cas du Maroc », revue Critique économique , n°3, automne 2000.<br />

147


l’enseignement primaire universel et s’est contenté d’une plus faible extension <strong>de</strong> l’éducation<br />

secondaire et supérieure. L’Algérie semble avoir poursuivi une politique ambitieuse dans le<br />

secondaire et le supérieur. De même, au Maroc, le développement <strong>de</strong> l’enseignement<br />

supérieur est surprenant 85 , eu égard au chemin qui reste à parcourir pour atteindre<br />

l’enseignement primaire universel.<br />

Tableau 9 : Evolution du taux moyen <strong>de</strong> scolarisation dans <strong>les</strong> pays<br />

du Maghreb<br />

Algérie Maroc Tunisie<br />

Taux <strong>de</strong> scolarisation primaire<br />

( en %, 1954-1993)<br />

74,5 58,2 96,65<br />

Taux <strong>de</strong> scolarisation secondaire<br />

(en %, 1959-1993)<br />

30,9 21,8 27,6<br />

Taux <strong>de</strong> scolarisation supérieur<br />

(en %, 1965-1993)<br />

5,8 6,3 7,1<br />

Taux <strong>de</strong> scolarisation supérieur<br />

scientifique (en %, 1965-1993)<br />

5,6 13,8 44,7<br />

Source : Bennaghmouch.S., Bouoiyour.J., « Les effets <strong>de</strong> l’éducation sur la croissance économique : application à l’Afrique<br />

du Nord », in Education et emploi dans <strong>les</strong> pays du Maghreb, Ajustement structurel, secteur informel et croissance ,<br />

CEREQ, Document n°125, juillet 1997<br />

Par ailleurs, comme en témoigne l’évolution <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> l’enseignement scientifique<br />

dans l’enseignement supérieur, globalement, <strong>les</strong> pays du Maghreb ont entrepris d’importants<br />

efforts afin <strong>de</strong> valoriser <strong>les</strong> filières d’enseignement scientifique. Mais l’absence d’articulation<br />

entre l’éducation et la production constitue le problème majeur. A cause <strong>de</strong> cela, <strong>les</strong> pays du<br />

Maghreb restent incapab<strong>les</strong> <strong>de</strong> former <strong>les</strong> cadres scientifiques et technologiques susceptib<strong>les</strong><br />

<strong>de</strong> nourrir le processus d’innovation et <strong>de</strong> progrès technique et d’ai<strong>de</strong>r ainsi au changement<br />

structurel.<br />

Les liens entre la recherche universitaire et le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’entreprise restent encore<br />

embryonnaires. L’interaction entre l’université et <strong>les</strong> milieux socioéconomiques est<br />

indispensable, d’autant plus que <strong>les</strong> pays du Maghreb disposent déjà d’un potentiel important<br />

d’enseignants-chercheurs et d’un vivier <strong>de</strong> compétences qui couvrent à peu près tous <strong>les</strong><br />

domaines d’activités économiques et industriel<strong>les</strong> et susceptib<strong>les</strong> <strong>de</strong> répondre-en partie- aux<br />

besoins <strong>de</strong>s entreprises, que ce soit sur le plan <strong>de</strong> l’assistance technique ou, plus<br />

généralement, <strong>de</strong> la maîtrise technologique. Toutefois, pour qu’il en soit concrètement ainsi,<br />

diverses mesures doivent être initiées, dans le cadre du partenariat <strong>avec</strong> l’UE, afin <strong>de</strong> :<br />

- i<strong>de</strong>ntifier <strong>les</strong> besoins <strong>de</strong> l’économie dans le domaine <strong>de</strong> la recherche scientifique et<br />

technique et favoriser la constitution <strong>de</strong> réseaux autour <strong>de</strong>s « pô<strong>les</strong> <strong>de</strong> compétence »<br />

universitaires ;<br />

- intégrer <strong>les</strong> préoccupations <strong>de</strong> la vie économique et socio-culturelle dans la politique<br />

<strong>de</strong> recherche scientifique et <strong>de</strong> développement technologique : il s’agit en fait, <strong>de</strong> définir <strong>les</strong><br />

outils et <strong>les</strong> règ<strong>les</strong> permettant à la recherche <strong>de</strong> contribuer à la solution <strong>de</strong>s problèmes posés à<br />

la société ;<br />

85 Cf. Mohamed Benlahcen Tlemçani, “L’impact <strong>de</strong> la politique d’ajustement sur le système éducatif au Maroc : le cas <strong>de</strong><br />

l’enseignement supérieur », in Education et emploi dans <strong>les</strong> pays du Maghreb, Ajustement structurel, secteur informel et<br />

croissance , CEREQ, Document n°125, juillet 1997<br />

148


- regrouper et renforcer <strong>les</strong> équipements existants dans quelques universités ou centres<br />

<strong>de</strong> recherche et <strong>les</strong> gérer <strong>de</strong> façon rationnelle afin <strong>de</strong> <strong>les</strong> mettre à la disposition <strong>de</strong> tous <strong>les</strong><br />

opérateurs, aussi bien <strong>de</strong>s chercheurs que du mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> la production.<br />

En définitive, c’est en instaurant un partenariat multiforme que <strong>les</strong> liens entre<br />

l’université (sphère <strong>de</strong> formation scientifique et technique), l’entreprise (sphère industrielle)<br />

et <strong>les</strong> politiques publiques <strong>de</strong> R&D (sphère <strong>de</strong> R&D) peuvent se resserrer et se renforcer<br />

mutuellement par un :<br />

- partenariat <strong>de</strong>s stratégies scientifiques, qui vise à améliorer <strong>les</strong> produits et procédés<br />

industriels et à mettre au point <strong>de</strong> nouvel<strong>les</strong> technologies ;<br />

- partenariat d’ouverture, qui permet à l’université d’ai<strong>de</strong>r l’entreprise en lui<br />

fournissant l’expertise et le conseil scientifique et technique, ou encore en lui donnant accès<br />

aux équipements <strong>de</strong>s laboratoires. La mise en place <strong>de</strong> mécanismes d’incitation : crédit <strong>de</strong><br />

recherche, ai<strong>de</strong> à l’innovation, incitation à la création d’entreprises innovantes ;<br />

- partenariat <strong>de</strong> transfert, qui permet <strong>de</strong> cé<strong>de</strong>r à l’entreprise, dans <strong>les</strong> meilleures<br />

conditions d’efficacité scientifique et économique, <strong>les</strong> résultats <strong>de</strong> projets <strong>de</strong> recherche initiés<br />

par <strong>les</strong> universités.<br />

Une meilleure articulation entre ces trois pô<strong>les</strong> <strong>avec</strong> une valorisation <strong>de</strong>s différentes<br />

interdépendances entre eux permettra <strong>de</strong> rendre <strong>les</strong> systèmes nationaux d’innovation plus<br />

efficients.<br />

Dans l’ensemble <strong>de</strong> ces domaines, l’accord d’association <strong>avec</strong> l’UE peut se révéler<br />

d’un apport décisif pour le Maghreb. L’Europe, on le sait, possè<strong>de</strong> une gran<strong>de</strong> expérience en<br />

matière d’articulation science-industrie et création <strong>de</strong> synergies entre activités <strong>de</strong> recherche et<br />

activités <strong>de</strong> production. En fournissant un réel transfert <strong>de</strong> connaissances et d’expériences<br />

dans ce domaine, l’accord d’association peut permettre au Maghreb d’aller plus vite et mieux<br />

vers la mise en place <strong>de</strong>s indispensab<strong>les</strong> passerel<strong>les</strong> entre ces trois pô<strong>les</strong>.<br />

3. Les politiques publiques en matière <strong>de</strong> R&D et <strong>les</strong> législations sur la propriété<br />

technologique<br />

149


Les pays du Maghreb allouent peu <strong>de</strong> ressources à la R&D entre 0,3% et 1% du PIB<br />

en moyenne 86 , alors que ce même taux est <strong>de</strong> 2% dans l’UE, 2,4% aux Etats-Unis et 2,8% au<br />

Japon. Les entreprises publiques ou privées ne développent pas une recherche d’envergure,<br />

leurs liens <strong>avec</strong> <strong>les</strong> équipes universitaires connaissent <strong>de</strong>puis <strong>les</strong> années 1990 une évolution<br />

significative mais lente. Une faible part <strong>de</strong> la recherche est réalisée par <strong>les</strong> grands groupes<br />

industriels, qui mènent une recherche inscrite dans leur stratégie <strong>de</strong> développement. Par<br />

contre <strong>les</strong> PME qui constituent pourtant l’essentiel du tissu industriel maghrébin, croient peu<br />

en la recherche et sont peu innovatrices. Dans leur majorité, el<strong>les</strong> consistent en <strong>de</strong>s unités <strong>de</strong><br />

transformation <strong>de</strong> taille mo<strong>de</strong>ste à la fois sous-encadrées, sous- capitalisées et sous<br />

informatisées. Leur management est souvent <strong>de</strong> type familial, peu ou prou évolué, dans bien<br />

<strong>de</strong>s cas dépourvu <strong>de</strong> vision stratégique et fermé à l’innovation. On remarque, une absence <strong>de</strong><br />

liens interactifs entre l’université et l’industrie, <strong>avec</strong> pour effet négatif que le potentiel<br />

d’assistance technique et d’adaptation <strong>de</strong>s technologies dont disposent <strong>les</strong> établissements<br />

d’enseignement supérieur est faiblement employé par <strong>les</strong> secteurs productifs, et plus<br />

particulièrement <strong>les</strong> PME. La production est essentiellement à base <strong>de</strong> main-d’œuvre peu<br />

qualifiée. Le secteur industriel importe selon <strong>les</strong> pays entre 70 et 85% <strong>de</strong> ses besoins en<br />

services <strong>de</strong> conseil et d’ingénierie pour l’investissement, ce qui représente une part non<br />

négligeable du PIB.<br />

On sait désormais que la croissance économique d’un pays en développement ne peut<br />

être basée uniquement sur <strong>les</strong> importations <strong>de</strong> technologies et <strong>les</strong> investissements en capital<br />

physique. Les institutions, <strong>les</strong> pouvoirs publics, <strong>les</strong> lois et <strong>les</strong> politiques gouvernementa<strong>les</strong><br />

sont également <strong>de</strong>s facteurs clés 87 . Les législations sur <strong>les</strong> propriétés intellectuelle,<br />

industrielle et technologique (<strong>les</strong> marques et brevets, <strong>les</strong> normes <strong>de</strong> qualité, la veille<br />

technologique…) et <strong>les</strong> incitations financières, jouent un rôle important dans la détermination<br />

<strong>de</strong> l’incitation à l’innovation et <strong>les</strong> mécanismes <strong>de</strong> transfert <strong>de</strong> technologies, sans oublier la<br />

gestion par <strong>les</strong> entreprises el<strong>les</strong>-mêmes <strong>de</strong> programmes <strong>de</strong> R&D.<br />

Ainsi, grâce à <strong>de</strong>s politiques appropriées, <strong>les</strong> pouvoirs publics peuvent jouer le rôle <strong>de</strong><br />

locomotive et mettre en place un environnement accueillant, favorable à la création <strong>de</strong><br />

richesses. La création d’un tel environnement passe par leur participation à l’amélioration <strong>de</strong><br />

la compétitivité du tissu industriel et par une ai<strong>de</strong> accrue aux laboratoires et aux entreprises<br />

pour leur permettre l’accès aux <strong>de</strong>rnières avancées <strong>de</strong> la recherche mondiale afin <strong>de</strong> maintenir<br />

leur rang dans la compétition internationale. Cet environnement, en augmentant la confiance<br />

<strong>de</strong>s investisseurs internationaux, est propice au développement <strong>de</strong>s implantations productives<br />

étrangères par le biais <strong>de</strong>s prises <strong>de</strong> participation <strong>de</strong>s firmes multinationa<strong>les</strong> et <strong>de</strong>s <strong>accords</strong><br />

d’alliances et <strong>de</strong> joint-venture qui facilitent <strong>les</strong> transferts <strong>de</strong> technologie 88 .<br />

Conclusion<br />

86 Cf. – A. Djeflat, R. Zghal « Science, technologie et croissance au Maghreb », réseau Maghtech, 1995 ;<br />

- A Djeflat, « Strategies of science and technology-based <strong>de</strong>velopment and transition : the Maghreb perspective”, in<br />

Science Technology & Development, vol. 13 (3), 1995;<br />

- J.-F. Daguzan “Etat, science, recherche et développement technologique au Maghreb », in Sid Ahmed.A. (dir.),<br />

op.cit,<br />

- F. Améziane et F. Mohssine Abdali, op.cit<br />

87 Cf. M. Saâd, “Transfer and use of advanced technology in <strong>les</strong>s-<strong>de</strong>veloped countries and impact on organisational change<br />

and learning : evi<strong>de</strong>nce from Algeria”, in Science Technology & Development, vol. 13 (3), 1995.<br />

88 Cf. S.Tahi, “Plaidoyer pour <strong>de</strong>s alliances entre firmes maghrébines et européennes”, Critique économique, n°1, pp. 136-<br />

150, 2000.<br />

150


Une zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange n’est pas une fin en soi, mais plutôt un moyen d’élargir et<br />

<strong>de</strong> consoli<strong>de</strong>r la coopération entre <strong>les</strong> rives <strong>de</strong> la Méditerranée afin <strong>de</strong> réduire <strong>les</strong> disparités<br />

socia<strong>les</strong> et économiques, <strong>de</strong> parvenir plus rapi<strong>de</strong>ment à un développement durable et<br />

d’intégrer <strong>les</strong> pays du Maghreb dans l’économie mondiale pour éviter qu’ils ne restent en<br />

marge d’une nouvelle économie fondée sur la connaissance et d’un nouveau système<br />

d’échanges multilatéraux.<br />

Cependant, <strong>les</strong> différences <strong>de</strong> niveaux <strong>de</strong> développement entre <strong>les</strong> membres <strong>de</strong> l’UE et<br />

<strong>les</strong> pays du Maghreb, <strong>les</strong> énormes disparités en termes d’acquisition <strong>de</strong>s compétences, <strong>de</strong><br />

revenus et <strong>de</strong> salaires, et la gran<strong>de</strong> dépendance économique <strong>de</strong>s pays du Maghreb vis-à-vis du<br />

marché européen constituent non pas <strong>de</strong>s obstac<strong>les</strong> insurmontab<strong>les</strong>, mais du moins <strong>de</strong> soli<strong>de</strong>s<br />

barrières à la mise en place d’un partenariat équitable et réussi. Le mo<strong>de</strong> d’insertion<br />

internationale <strong>de</strong>s économies maghrébines <strong>de</strong>meure dans son ensemble largement traditionnel,<br />

marqué par une gran<strong>de</strong> hystérésis et dépendant <strong>de</strong>s rebondissements conjoncturels du secteur<br />

primaire exportateur. Les recettes tirées <strong>de</strong>s exportations d’hydrocarbures, <strong>de</strong> phosphates et<br />

<strong>de</strong> produits manufacturés à faible contenu technologique ont été retranchées du fonds<br />

d’accumulation, selon <strong>de</strong>s proportions variab<strong>les</strong>, pour venir alimenter le fonds <strong>de</strong><br />

remboursement <strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte. L’accélération <strong>de</strong>s moyens et <strong>de</strong>s technologies liés à la<br />

communication a considérablement modifié le paradigme <strong>de</strong> l’information opérationnelle à<br />

l’œuvre dans <strong>les</strong> économies où R&D et maîtrise <strong>de</strong>s compétences sont essentiels. Le nouveau<br />

modèle cognitif accentue <strong>les</strong> clivages et <strong>les</strong> déficits <strong>de</strong>s pays du Maghreb par rapport aux pays<br />

industrialisés.<br />

Tous ces éléments nous ont conduit à suggérer que la stratégie d’insertion régionale<br />

<strong>avec</strong> l’UE qui doit s’accompagner <strong>de</strong> restructurations nécessaires reste le meilleur <strong>de</strong>s choix<br />

possib<strong>les</strong> pour le Maghreb, compte tenu du <strong>de</strong>gré déjà élevé <strong>de</strong>s relations <strong>avec</strong> l’UE et<br />

l’absence d’alternative praticable. Les tentatives volontaristes d’union régionale, matérialisée<br />

par la création <strong>de</strong> l’UMA et la mise en place d’une zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange euroméditerranéenne,<br />

constituent un premier pas vers l’intégration économique. Le partenariat<br />

euro-maghrébin présente <strong>de</strong>s lacunes mais constitue une base qui, améliorée et amendée, peut<br />

fournir un cadre <strong>de</strong> coopération efficace entre l’UE et le Maghreb. De nombreuses étu<strong>de</strong>s<br />

montrent que c’est dans <strong>les</strong> domaines <strong>de</strong> l’environnement, <strong>de</strong>s télécommunications, <strong>de</strong>s<br />

transports, <strong>de</strong>s sciences et technologies que <strong>les</strong> moteurs d’une véritable coopération<br />

pourraient être trouvés et contribuer à dépasser <strong>les</strong> logiques du court terme qui n’ont pas<br />

permis le développement, et, bien au contraire, ont accru <strong>les</strong> inégalités et <strong>les</strong> ruptures,<br />

alimentant ainsi <strong>les</strong> conflits du bassin méditerranéen.<br />

151


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review, vol. 1, 1986.<br />

154


Les <strong>accords</strong> euro-méditerranéens <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange:<br />

effets sur <strong>les</strong> échanges entre le Maroc et la France<br />

Bachir HAMDOUCH<br />

INSEA, Rabat<br />

1. Introduction<br />

La zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange (ZLE) euro-méditerranéenne est une réponse stratégique <strong>de</strong><br />

l'Union européenne (UE) et <strong>de</strong>s pays sud et est méditerranéens (PSEM) au processus <strong>de</strong><br />

mondialisation/régionalisation en cours. Pour l'UE, il fallait répondre à la formation <strong>de</strong>s blocs<br />

régionaux : ALENA et projet <strong>de</strong> ZLE <strong>de</strong>s Amériques, ASEAN. Pour <strong>les</strong> PSEM, il fallait<br />

éviter <strong>de</strong> rester en marge du mouvement <strong>de</strong> globalisation/régionalisation, en se liant à l'une<br />

<strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s <strong>zones</strong> en formation, l'un <strong>de</strong>s grands pô<strong>les</strong> <strong>de</strong> l'économie mondiale. Surtout <strong>avec</strong><br />

l'accélération du processus après la Conférence du GATT en 1994 : signature <strong>de</strong> l'Acte final<br />

du cycle <strong>de</strong> l'Urguay et naissance <strong>de</strong> l'Organisation mondiale du commerce (OMC).<br />

La compétition entre <strong>les</strong> Etats-Unis et l'UE dans la région du Moyen Orient et<br />

<strong>de</strong> l'Afrique du Nord a donné une poussée supplémentaire au projet <strong>de</strong> ZLE euroméditerranéenne.<br />

Ce n'est pas un hasard que la Conférence euro-méditerranéenne <strong>de</strong><br />

Barcelone et le second Sommet économique sur le Moyen Orient et d'Afrique du Nord se<br />

soient tenus à quelques semaines d'intervalle, à l'automne 1995 89 .<br />

Le Maroc a paraphé l'Accord d'association à l'UE à la veille <strong>de</strong> la Conférence <strong>de</strong><br />

Barcelone; et il est entré en vigueur en 2000. La France est le premier partenaire économique<br />

du Maroc et l'on pourrait se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r quels effets aura la ZLE euro-méditerranéenne sur <strong>les</strong><br />

relations économiques entre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux pays.<br />

Après une présentation rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> la conception générale et du contenu <strong>de</strong>s <strong>accords</strong><br />

euro-méditerranéens <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange, dont l'accord d'association Maroc-UE est l'exempletype<br />

(2 ème partie), nous analyserons l'évolution <strong>de</strong>s échanges économiques entre le Maroc et la<br />

France au cours <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnière décennie (3 ème partie), avant d'apprécier <strong>les</strong> effets <strong>de</strong> la ZLE<br />

euro-méditerranéenne (4 ème partie) et, enfin, ses implications stratégiques (5 ème partie).<br />

89 - B. Hamdouch (1996).<br />

155


2. Les Accords euro-méditerranéens <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange<br />

Ces <strong>accords</strong> diffèrent <strong>de</strong> ceux passés précé<strong>de</strong>ment entre l'UE et <strong>les</strong> pays méditerranéens.<br />

L'accord UE-Maroc en est un exemple-type.<br />

2.1. Conception générale<br />

Les <strong>accords</strong> euro-méditerranéens <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange dont le nom véritable est "<strong>accords</strong><br />

euro-méditerranéens d'association" sont <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> bilatéraux, passés entre l'U.E. et chacun<br />

<strong>de</strong>s PSEM. Ce sont <strong>de</strong>s accord d'un type nouveau. Ils diffèrent <strong>de</strong>s "<strong>accords</strong> d'association" <strong>de</strong>s<br />

années 1960 et <strong>de</strong>s "<strong>accords</strong> <strong>de</strong> coopération" <strong>de</strong>s années 1970.<br />

Des premiers, ils ont la réciprocité, et <strong>de</strong>s seconds, le dépassement du domaine<br />

commercial et une durée indéterminée. Ils sont conclus, en plus, dans un esprit <strong>de</strong> partenariat<br />

- et non plus d'assistance - dans un contexte international et régional nouveau, marqué par la<br />

libéralisation et la mondialisation. Enfin, ils instaurent progressivement le <strong>libre</strong>-échange entre<br />

<strong>les</strong> partenaires, mais débor<strong>de</strong>nt le commercial, pour abor<strong>de</strong>r l'économique et le financier, le<br />

technique et le culturel, le social et le politique, et même l'écologie. Les négociations, d'abord<br />

<strong>avec</strong> le Maroc, puis <strong>avec</strong> <strong>les</strong> autres PSEM, <strong>de</strong>vaient être menées sur la base <strong>de</strong> "quatre piliers<br />

principaux : un dialogue politique, une coopération économique, technique et culturelle<br />

englobant tous <strong>les</strong> secteurs d'intérêt commun, la réalisation progressive d'une zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>échange<br />

et une coopération financière" 90 .<br />

Il reste que l'essence <strong>de</strong>s nouveaux <strong>accords</strong> est la zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange, <strong>les</strong> autres<br />

domaines font fonction d'accompagnateurs.<br />

2.2. Contenu<br />

Les <strong>accords</strong> euro-méditerranéens d'association sont négociés selon <strong>les</strong> mêmes<br />

principes et ont un contenu-type, qui est cependant adapté aux circonstances particulières <strong>de</strong><br />

chacun <strong>de</strong>s partenaires. Les gran<strong>de</strong>s composantes restant similaires, sont <strong>les</strong> suivantes 91 :<br />

a. la zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange<br />

Le <strong>libre</strong>-échange pour <strong>les</strong> produits industriels stricto sensu est programmé selon <strong>de</strong>s<br />

listes et un calendrier précis. Alors que pour <strong>les</strong> produits agrico<strong>les</strong> et assimilés (produits <strong>de</strong>s<br />

agro-industries y compris <strong>les</strong> produits <strong>de</strong> transformation <strong>de</strong> la pêche) l'objectif est une<br />

certaine libéralisation, à négocier après l'entrée en vigueur <strong>de</strong> chacun <strong>de</strong>s <strong>accords</strong><br />

d'association.<br />

b. La coopération financière<br />

c. La coopération économique et technique<br />

Ces <strong>de</strong>ux formes <strong>de</strong> coopération <strong>de</strong>vant assurer la réussite <strong>de</strong> la ZLE<br />

d. Prestation <strong>de</strong> services et droit d'établissement <strong>de</strong>s sociétés<br />

90 - Projet <strong>de</strong> directive <strong>de</strong> négociation adopté par la Commission européenne en décembre 1992.<br />

91 - Cf. pour plus <strong>de</strong> précisions, B. Hamdouch (1996).<br />

156


e. Dialogue social et culturel, lié notamment à l'immigration<br />

f. Réglementation<br />

Réglementation en ce qui concerne <strong>les</strong> normes et standards, la protection <strong>de</strong> la<br />

propriété industrielle, <strong>les</strong> règ<strong>les</strong> <strong>de</strong> la concurrence, la contreban<strong>de</strong> et le trafic <strong>de</strong>s stupéfiants.<br />

g - Dialogue politique<br />

Dialogue politique, institutionnalisé au niveau <strong>de</strong>s exécutifs, <strong>de</strong>s assemblées<br />

représentatives et <strong>de</strong>s partenaires sociaux.<br />

Tel est sommairement présenté, la philosophie et le contenu <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> d'association<br />

euro-méditerranéens, dont l'accord Maroc-UE. Afin d'en apprécier l'effet sur <strong>les</strong> échanges<br />

économiques entre le Maroc et la France, nous présenterons d'abord l'évolution <strong>de</strong> ces<br />

échanges au cours <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnière décennie.<br />

3. Evolution récente <strong>de</strong>s échanges économiques moroco-français<br />

Les échanges économiques maroco-français sont intenses et diversifiés. La France<br />

occupe la première place presque dans tous <strong>les</strong> domaines. Elle est le premier partenaire pour<br />

<strong>les</strong> échanges commerciaux (34% <strong>de</strong>s exportations et 24% <strong>de</strong>s importations du Maroc en 2000,<br />

<strong>les</strong> transferts <strong>de</strong>s Marocains résidant à l'étranger (49% en 2000), <strong>les</strong> entrées <strong>de</strong> touristes (35%<br />

en 1999); le second pour <strong>les</strong> investissements privés étrangers (16% en 2000), alors qu'elle a<br />

toujours occupé la première place jusqu'aux <strong>de</strong>rnière années 92 .<br />

Pour apprécier l'évolution <strong>de</strong> la place <strong>de</strong> la France dans <strong>les</strong> échanges économiques du<br />

Maroc, nous suivrons <strong>de</strong>ux indicateurs principaux au cours <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnière décennie: <strong>les</strong><br />

échanges commerciaux et <strong>les</strong> investissements privés.<br />

3.1. Les échanges commerciaux<br />

La part <strong>de</strong> la France dans le commerce extérieur du Maroc a baissé régulièrement au cours<br />

<strong>de</strong>s années 1990, tant en ce qui concerne <strong>les</strong> importations que <strong>les</strong> exportations (tableau 1).<br />

92 - Office <strong>de</strong>s Changes. Nous reviendrons plus bas sur la question..<br />

157


Tableau 1 : Part <strong>de</strong> la France et <strong>de</strong> l'U.E. dans <strong>les</strong> échanges commerciaux du Maroc<br />

1991-2000 (en %)<br />

France<br />

1991 1993 1995 1997 1998 (1) 1999 2000<br />

Importations 24,2 23,0 21,8 20,7 26,3 25,7 24,3<br />

Exportations 31,8 33,2 29,7 26,9 34,7 35,7 33,6<br />

Taux <strong>de</strong> couverture 82,0 80,3 75,0 77,2 91,8 96,4 89,2<br />

U.E<br />

Importations 58,6 57,0 56,1 52,1 62,7 60,6 57,9<br />

Exportations 63,2 63,4 62,1 65,6 72,9 73,2 74,8<br />

Taux <strong>de</strong> couverture 67,4 61,8 61,1 69,2 69,5 68,2 83,3<br />

Taux <strong>de</strong> couverture<br />

global<br />

62,4 65,1 68,6 73,9 69,5 69,5 64,5<br />

Note : (1) Les statistiques <strong>de</strong>s échanges comprennent <strong>de</strong>puis 1998 <strong>les</strong> admissions temporaires sans paiement.<br />

Source : Office <strong>de</strong>s changes, Rabat.<br />

Qu'en est-il <strong>de</strong>s échanges <strong>avec</strong> l'UE ? Ils ont suivi la même tendance baissière pour <strong>les</strong><br />

importations, alors que <strong>les</strong> exportations se sont maintenues et ont même légèrement augmenté<br />

(tableau 1).<br />

L'explication rési<strong>de</strong> pour <strong>les</strong> importations dans le fait que le marché marocain est<br />

<strong>de</strong>venu plus concurrentiel <strong>avec</strong> la réduction <strong>de</strong> la protection tarifaire et non tarifaire <strong>de</strong>puis le<br />

milieu <strong>de</strong>s années 1980 dans le cadre du programme d'ajustement structurel, et l'adhésion du<br />

Maroc au GATT en 1987 93 . Quant aux exportations, le marché européen, et particulièrement<br />

le marché français, reste toujours attrayant grâce aux préférences dont <strong>les</strong> exportations<br />

marocaines y bénéficient dans le cadre <strong>de</strong> l'Accord <strong>de</strong> Coopération <strong>de</strong> 1976, resté en vigueur<br />

jusqu'à l'application en mars 2000 <strong>de</strong> l'Accord d'association Maroc-UE 94 .<br />

3.2. Les investissements privés<br />

On observe une baisse encore plus forte -que celle <strong>de</strong>s échanges commerciaux- <strong>de</strong> la<br />

part <strong>de</strong> la France dans <strong>les</strong> investissements privés au cours <strong>de</strong> la décennie 1990.<br />

Elle baisse en effet presque <strong>de</strong> moitié, passant <strong>de</strong> près <strong>de</strong> 30% en 1991 à près <strong>de</strong> 16%<br />

en 2000 (tableau 2).<br />

93 - B. Hamdouch (1990)<br />

94 - Hamdouch (1996), op.cit.<br />

158


Tableau 2 : Part <strong>de</strong> la France dans <strong>les</strong> investissements et prêts privés étrangers au<br />

Maroc 1991-2000 (en %)<br />

1991 1993 1995 1997 1998 1999 2000<br />

France 29,8 21,9 24,0 13,0 32,1 20,4 15,9<br />

- rang 1 1 1 3 1 2 2<br />

U.E 52,8 56,2 54,8 57,2 60,3 89,9 56,9<br />

Autre pays 47,2 43,8 45,2 42,8 39,7 10,1 43,1<br />

Total 100 100 100 100 100 100 100<br />

- millions Dh 3269 5488 4231 12337 5433 18460 12457<br />

Source : Calculé à partir <strong>de</strong>s données <strong>de</strong> l'Office <strong>de</strong>s Changes, Rabat.<br />

Cette chute fait passer la France du rang <strong>de</strong> premier investisseur privé étranger à celui<br />

<strong>de</strong> second ou même troisième au cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières années. La baisse est plus que<br />

compensée par la hausse <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> certains pays européens, notamment le Portugal, la<br />

Hollan<strong>de</strong> et l'Espagne. Ce qui permet <strong>de</strong> conforter la part <strong>de</strong> l'UE, qui passe <strong>de</strong> près <strong>de</strong> 53%<br />

en 1991 à près <strong>de</strong> 57% en 2000 (atteignant même près <strong>de</strong> 90% en 1999, tableau 2). La percée<br />

<strong>de</strong>s pays européens précités s'explique par leur participation active aux privatisations,<br />

notamment dans le secteur <strong>de</strong>s télécommunications.<br />

D'ailleurs, la réduction <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> la France ne date pas <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnière décennie. Elle<br />

a commencé après le milieu <strong>de</strong>s années 1970 où elle avait atteint son maximum <strong>avec</strong> 34,5%.<br />

Puis elle a baissé régulièrement pour ne plus représenter que 22,2% dans la secon<strong>de</strong> moitié<br />

<strong>de</strong>s années 1990. (Ceci apparaît dans le tableau 3 qui montre également le reclassement <strong>de</strong>s<br />

principaux pays fournisseurs d'investissement privé <strong>de</strong>puis le milieu <strong>de</strong>s années 1970). Mais il<br />

reste que lorsqu'on considère le total <strong>de</strong>s investissements privés étrangers au Maroc <strong>de</strong>puis<br />

1973, la France vient au premier rang <strong>avec</strong> plus <strong>de</strong> 23%.<br />

159


Tableau 3 : Origine <strong>de</strong>s investissements et prêts privés étrangers au Maroc 1973-2000<br />

(millions <strong>de</strong> Dh).<br />

Pays 1973-1976 1977-1995 1996-2000 Total Rang<br />

France 226,2 8739,4 10051,0 19016,6 1<br />

USA 46,6 2345,2 5979,2 8370,5 2<br />

Pays Bas 8,5 879,4 6758,2 7646,5 3<br />

Portugal - 15,0 6699,6 6714,6 4<br />

Espagne 11,1 2790,0 3854,6 6655,5 5<br />

Royaume Uni 11,4 3305,6 2197,0 5514,4 6<br />

ArabieSaoudite 32,2 2903,3 1574,3 4509,8 7<br />

Suisse 38,1 3018,9 1031,9 4088,9 8<br />

Allemagne 55,4 935,3 2767,3 3757,6 9<br />

Emirates Arabes Unis - 2204,9 258,6 2463,5 10<br />

Autres pays 169,6 9111,1 4057,6 13387,2<br />

Total 655,0 36247,7 45229,3 82125,1<br />

Source: Calculé à partir <strong>de</strong>s données <strong>de</strong> l'Office <strong>de</strong>s Changes, Rabat.<br />

Ainsi, la part <strong>de</strong> la France dans <strong>les</strong> échanges commerciaux et <strong>les</strong> entrées <strong>de</strong> capitaux<br />

privés au Maroc, a baissé au cours <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnière décennie. Quel est l'effet <strong>de</strong> l'accord <strong>de</strong> <strong>libre</strong><br />

échange Maroc-UE sur ces échanges ?<br />

4. Effects <strong>de</strong> la ZLE<br />

En fait, <strong>les</strong> effets <strong>de</strong> la ZLE euro-méditerranéenne se combinent <strong>avec</strong> ceux <strong>de</strong> GATT<br />

1994 (Acte final du cycle <strong>de</strong> l'Uruguay) et <strong>de</strong>s négociations en cours à l'OMC. De même, ce<br />

ne sont pas seulement <strong>les</strong> échanges <strong>avec</strong> la France qui sont concernés, mais également ceux<br />

<strong>avec</strong> l'UE (échanges commerciaux et mouvements <strong>de</strong> capitaux). Enfin, <strong>les</strong> effets dépen<strong>de</strong>nt<br />

<strong>de</strong>s politiques suivies du côté marocain et du côté français/européen.<br />

4.1. Effets sur <strong>les</strong> échanges commerciaux<br />

L'accord <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange Maroc-UE a <strong>de</strong>s effets sur <strong>les</strong> échanges commerciaux. A<br />

court et moyen termes, plus sur <strong>les</strong> importations que <strong>les</strong> exportations du Maroc.<br />

a. Sur <strong>les</strong> importations<br />

Le démantèlement tarifaire a commencé pour <strong>les</strong> produits industriels dès l'entrée en<br />

vigueur <strong>de</strong> l'Accord, le premier mars 2000, pour la liste 1 qui comprend pour l'essentiel <strong>de</strong>s<br />

biens d'équipement : <strong>les</strong> droits <strong>de</strong> douane et <strong>les</strong> taxes d'effet équivalent sont supprimés. Pour<br />

la liste 2, qui comprend <strong>les</strong> matières premières, <strong>les</strong> pièces <strong>de</strong> r<strong>echange</strong> et <strong>les</strong> produits non<br />

fabriqués au Maroc, le démantèlement se fait en quatre ans, à raison <strong>de</strong> 25% par ans, dès<br />

160


l'entrée en vigueur <strong>de</strong> l'accord. Pour la liste 3, qui concerne <strong>les</strong> produits industriels fabriqués<br />

au Maroc, le démantèlement dure dix ans (à raison <strong>de</strong> 10% par an) et commencera en 2003 95 .<br />

Il en résulte un différentiel <strong>de</strong> protection en faveur <strong>de</strong>s produits <strong>de</strong> l'UE, qui ira<br />

croissant et favorisera leur exportation au Maroc. Le différentiel atteindra à la fin du<br />

démantèlement (en 2012), près <strong>de</strong> 40% pour l'habillement, 32% pour <strong>les</strong> véhicu<strong>les</strong> et produits<br />

routiers, 31% pour <strong>les</strong> texti<strong>les</strong>, 25% pour <strong>les</strong> machines et appareils électriques, 23% pour <strong>les</strong><br />

produits chimiques, 13% pour <strong>les</strong> machines génératrices, 6,5% pour <strong>les</strong> autres machines<br />

électriques et moins <strong>de</strong> 5% pour <strong>les</strong> machines <strong>de</strong> bureau et équipements <strong>de</strong>s<br />

télécommunications 96 .<br />

Les produits chimiques, 13% pour <strong>les</strong> machines génératrices, 6,5% pour <strong>les</strong> autres<br />

machines électriques et moins <strong>de</strong> 5% pour <strong>les</strong> machines <strong>de</strong> bureau et équipements <strong>de</strong>s<br />

télécommunications 97 .<br />

En ce qui concerne <strong>les</strong> produits "agrico<strong>les</strong>", <strong>les</strong> négociations <strong>de</strong>vaient commencer au<br />

début <strong>de</strong> 2000 en vue d'une libéralisation progressive et réciproque commençant l'année<br />

suivante. En fait <strong>les</strong> négociations n'ont commencé qu'au début <strong>de</strong> 2002 et ne pourraient avoir<br />

d'effet sur <strong>les</strong> exportations au Maroc <strong>de</strong> certains produits européens (tels que <strong>les</strong> céréa<strong>les</strong>, <strong>les</strong><br />

produits laitiers….) qu'en 2003.<br />

b. Sur <strong>les</strong> exportations<br />

L'accord ne doit pas avoir d'effet positif sur <strong>les</strong> exportations <strong>de</strong> produits manufacturés<br />

marocains, car il ne prévoit rien <strong>de</strong> nouveau. Par contre, on peut s'attendre à une baisse <strong>de</strong>s<br />

exportations <strong>de</strong>s produits texti<strong>les</strong> et <strong>de</strong> l'habillement, suite au démantèlement progressif <strong>de</strong><br />

l'accord multifibre-par le GATT en 1994 - et qui sera achevé en 2005. Les produits texti<strong>les</strong><br />

asiatiques - et particulièrement chinois, surtout après <strong>de</strong> l'entrée <strong>de</strong> la Chine à l'OMC -<br />

<strong>de</strong>viennent <strong>de</strong>s concurrents redoutab<strong>les</strong> pour <strong>les</strong> produits marocains - ou en provenance<br />

d'autres pays sud-méditerranéens (Tunisie, Egypte…). Or <strong>les</strong> exportations du textilehabillement<br />

représentent en 2000 près d'un tiers <strong>de</strong>s exportations tota<strong>les</strong> (32,9%); la France en<br />

absorbe 40% et l'UE 94,6% 98 .<br />

Cependant, <strong>de</strong>ux éléments positifs en vue : 1°/ si <strong>les</strong> négociations agrico<strong>les</strong><br />

aboutissent, cela permettra d'augmenter <strong>les</strong> exportations d'agrumes, <strong>de</strong> primeurs et surtout <strong>de</strong><br />

produits agro-industriels (y compris <strong>les</strong> produits <strong>de</strong> la pêche), dont l'UE et notamment la<br />

France sont <strong>les</strong> principaux clients (respectivement 65% et 20% <strong>de</strong>s produits alimentaires en<br />

2000) 99 ; 2°/ l'intégration <strong>de</strong>s pays d'Europe centrale et orientale dans l'UE, élargira le marché<br />

pour <strong>les</strong> produits marocains, notamment <strong>les</strong> produits agrico<strong>les</strong> et agro-industriels.<br />

4.2. Effets sur <strong>les</strong> investissements privés<br />

La formation <strong>de</strong> la ZLE euro-méditerranéenne ne peut avoir que <strong>de</strong>s effets positifs sur<br />

<strong>les</strong> investissements privés étrangers au Maroc dont quelque 60% sont originaires <strong>de</strong> l'UE,<br />

95 - B. Hamdouch et M. Chater (2001)<br />

96 - ibid<br />

97 - ibid<br />

98 - Office <strong>de</strong>s changes (2000 a)<br />

99 - ibid<br />

161


comme nous l'avons vu précé<strong>de</strong>mment. Ceci d'autant plus que l'UE est en voie<br />

d'élargissement à l'Est. Ce qui rend <strong>les</strong> pays appartenant à la ZLE (dont le Maroc) plus<br />

attrayants, car offrant la possibilité d'exporter - <strong>les</strong> produits industriels, en attendant la<br />

libéralisation <strong>de</strong>s produits agrico<strong>les</strong> - vers cet immense marché.<br />

L'effet d'attraction serait encore plus grand <strong>avec</strong> l'intégration économique <strong>de</strong>s pays<br />

sud-méditerranéens. La création <strong>de</strong> la zone arabe <strong>de</strong> <strong>libre</strong> -échange en 1997, qui prévoit<br />

l'élimination <strong>de</strong> la protection tarifaire en dix ans, va dans ce sens 100 .<br />

Un autre poste <strong>de</strong> la balance <strong>de</strong>s paiements, affecté positivement par l'accord <strong>de</strong> <strong>libre</strong>échange<br />

Maroc-UE est celui <strong>de</strong>s transferts effectués par <strong>les</strong> quelques <strong>de</strong>ux millions <strong>de</strong><br />

Marocains résidant à l'étranger (MRE) dont environs 80% sont dans l'UE. Ils ont transféré au<br />

Maroc 2,2 milliards d'euros en 2000 dont la moitié vient <strong>de</strong> France 101 . Une partie <strong>de</strong> ces<br />

transferts considérab<strong>les</strong> est affectée à l'investissement au Maroc 102 .<br />

Il reste que <strong>les</strong> investissements privés étrangers au Maroc, continueront à être affectés<br />

par la politique <strong>de</strong> privatisation - comme nous l'avons observé précé<strong>de</strong>mment - et par <strong>les</strong><br />

politiques marocaine et européenne et leurs orientation stratégiques.<br />

5. Politiques et stratégies<br />

5.1. Du côté du Maroc<br />

Les politiques et choix stratégiques se situent à trois niveaux : <strong>les</strong> réformes, la<br />

politique <strong>de</strong> change et la stratégie externe.<br />

a. Les réformes<br />

De gran<strong>de</strong>s réformes économiques ont été entreprises <strong>de</strong>puis le milieu <strong>de</strong>s années<br />

1980 dans le cadre du programme d'ajustement structurel (PAS) et ont continué après :<br />

libéralisation <strong>de</strong> l'économie, <strong>de</strong>s échanges extérieurs et du contrôle <strong>de</strong>s changes ; réforme<br />

fiscale, <strong>de</strong> la politique monétaire et du marché financier; restructuration et/ou privatisation<br />

<strong>de</strong>s entreprises publiques 103 . D'autres ont été menées récemment et portent sur le cadre<br />

institutionnel et concernent notamment la réforme <strong>de</strong> la loi sur <strong>les</strong> sociétés et la création <strong>de</strong>s<br />

tribunaux <strong>de</strong> commerce, adoption d'une loi sur la concurrence et création du conseil <strong>de</strong> la<br />

concurrence; création <strong>de</strong> guichets uniques d'investissement dans <strong>les</strong> régions économiques<br />

pour éviter <strong>les</strong> lenteurs et <strong>les</strong> obstac<strong>les</strong> administratifs. Cependant la réforme <strong>de</strong>s entreprises -<br />

et leur mise à niveau pour faire face à la libéralisation <strong>de</strong>s échanges, a pris du retard et se<br />

heurte notamment à l'obstacle du financement.<br />

b. La politique <strong>de</strong> change<br />

Depuis 1973, le Dirham est ancré à un panier <strong>de</strong> <strong>de</strong>vises dont <strong>les</strong> coefficients sont<br />

déterminés par l'importance <strong>de</strong>s divers partenaires dans <strong>les</strong> échanges extérieurs du Maroc. Les<br />

coefficients du panier - qui sont secrets - n'ont été changés qu'à trois reprises : en 1980, 1990<br />

100 - J. Zarrouk (2000)<br />

101 - Office <strong>de</strong>s changes (200b)<br />

102 - B. Hamdouch et Al. (2000)<br />

103 - B. Hamdouch (1990), op.cit<br />

162


<strong>avec</strong> une pondération plus gran<strong>de</strong> du dollar américain, qui a entraîné le dirham dans sa<br />

hausse, notamment par rapport à l'Euro au cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières années et a pénalisé <strong>les</strong><br />

exportations marocaines vers l'UE; avril 2001, réequilibrage en faveur <strong>de</strong>s monnaies du<br />

système monétaire européen - qui représenteraient actuellement quelque 65 à 70% <strong>de</strong> la<br />

pondération totale. La question qui se pose actuellement est : faut-il aller plus loin et ancrer le<br />

Dirham à l'Euro ? Il est évi<strong>de</strong>nt que l'ancrage facilitera <strong>les</strong> échanges commerciaux et <strong>les</strong><br />

mouvements <strong>de</strong> capitaux entre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux parties. Cependant, la réponse dépend <strong>de</strong> la stratégie<br />

adoptée.<br />

c. Le choix stratégique<br />

Faut il gar<strong>de</strong>r le système du panier ou ancrer le Dirham à l'Euro ? L'ancrage ne peut se<br />

justifier que dans la perspective d'une intégration plus gran<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'économie marocaine dans<br />

l'UE, en vue d'une adhésion à terme. C'est ce que le Maroc a <strong>de</strong>mandé à un moment donné 104 .<br />

Plus récemment, il a réclamé un statut avancé qui soit "plus que l'association et moins que<br />

l'adhésion" 105 .<br />

Le système du panier répond plus à une stratégie plus équilibrée, ouverte sur le reste<br />

du mon<strong>de</strong>, notamment <strong>les</strong> USA qui dans le cadre <strong>de</strong> l'initiative Eizenstat 106 , veulent renforcer<br />

leur partenariat <strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays du Maghreb. Dernièrement, le Représentant américain pour le<br />

commerce extérieur, a exprimé le souhait <strong>de</strong>s USA <strong>de</strong> conclure un accord <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange<br />

<strong>avec</strong> le Maroc 107 , comme ils viennent <strong>de</strong> le faire <strong>avec</strong> la Jordanie.<br />

C'est d'ailleurs <strong>avec</strong> la Jordanie et <strong>de</strong>ux autres pays méditerranéens qui ont signé un<br />

accord d'association <strong>avec</strong> l'UE (la Tunisie et l'Egypte) que le Maroc a signé en 2001 une<br />

Déclaration portant création d'une zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange, dans le cadre <strong>de</strong> l'Initiative<br />

d'Agadir 108 . Cette ZLE Sud-méditerranéenne est ouverte aux autres pays arabes.<br />

5.2. Du côté <strong>de</strong> la France et <strong>de</strong> l'UE<br />

La France, faisant partie <strong>de</strong> l'UE, <strong>les</strong> politiques et choix stratégiques se situent au<br />

niveau <strong>de</strong> l'UE et sur <strong>de</strong>ux plans : le processus <strong>de</strong> Barcelone et la stratégie vis-à-vis du<br />

Maroc/Maghreb.<br />

a. Le processus <strong>de</strong> Barcelone<br />

Le processus <strong>de</strong> Barcelone a montré ses limités. Il doit être revu et corrigé pour<br />

atteindre <strong>les</strong> objectifs qu'il s'est fixés, notamment faire <strong>de</strong> la Méditerranée une zone <strong>de</strong> "codéveloppement<br />

et <strong>de</strong> prospérité. Pour cela, un rééquilibrage <strong>de</strong>s relations <strong>de</strong> l'UE <strong>avec</strong> <strong>les</strong><br />

pays sud-méditerranéens, d'une part, et <strong>les</strong> pays d'Europe <strong>de</strong> l'Est d'autre part, est nécessaire.<br />

Le déséqui<strong>libre</strong> sera irréversible après l'adhésion <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rniers à l'UE. La France a un rôle à<br />

jouer dans ce rééquilibrage vers le Sud face à l'Allemagne qui tire l'UE vers l'Est. Le<br />

processus <strong>de</strong> Barcelone ne doit pas se limiter à la création d'une ZLE offrant un débouché et<br />

un marché captif aux produits industriels européens.<br />

104 - C'est SM. Hassan II qui l'avait <strong>de</strong>mandé à <strong>de</strong>ux reprises<br />

105 - C'est l'expression <strong>de</strong> SM. Mohammed VI, cf. Le Matin du Sahara du 7 mai 2001.<br />

106 - Du nom du sous-secrétaire d'Etat du temps du prési<strong>de</strong>nt Clinton.<br />

107 - Cf. Le Matin du Sahara du 24 et 25 janvier 2002.<br />

108 - Le Matin du Sahara du 9 mai 2001.<br />

163


Un <strong>de</strong>s aspects <strong>de</strong> ce déséqui<strong>libre</strong> est le volume <strong>de</strong>s fonds du programme MEDA, ses<br />

règ<strong>les</strong> <strong>de</strong> fonctionnement et sa conception même, qui <strong>de</strong>vrait évoluer vers <strong>de</strong>s "fonds<br />

structurels".<br />

Une <strong>de</strong>s fonctions du programme MEDA dont il faut améliorer l'efficacité, est d'ai<strong>de</strong>r<br />

la mise à niveau <strong>de</strong>s économies du sud <strong>de</strong> la Méditerranée. Cette mise à niveau étant au<br />

premier chef <strong>de</strong> la responsabilité <strong>de</strong>s PSEM.<br />

b. La stratégie vis-à-vis du Maroc/Maghreb<br />

Le Maroc a exprimé clairement son choix stratégique. Il n'est pas satisfait d'une ZLE,<br />

qui <strong>de</strong> plus est limitée pour le moment aux seuls produits industriels. Il voudrait un partenariat<br />

plus riche, plus complet, un véritable partenariat et une intégration régionale plus gran<strong>de</strong>.<br />

C'est à l'UE, <strong>de</strong> répondre, <strong>de</strong> marquer son intérêt stratégique, pour un pays (le Maroc),<br />

une région (le Maghreb) très proches géographiquement, historiquement, économiquement<br />

(intensité <strong>de</strong>s échanges) et humainement (importance <strong>de</strong> la population d'origine maghrébine<br />

en UE).<br />

La France et <strong>les</strong> autres pays européens riverains <strong>de</strong> la Méditerranée, ont un rôle<br />

important à jouer dans le "recentrage" <strong>de</strong> l'UE et pour faire admettre à leurs partenaires<br />

"l'intérêt stratégique pour l'Europe <strong>de</strong> s'ouvrir vers le Sud et en particulier sur le Maghreb" 109 .<br />

6. Conclusion<br />

Les <strong>accords</strong> euro-méditerranéens <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange font partie d'une nouvelle<br />

génération d'<strong>accords</strong> d'association, dans un contexte mondial et régional nouveau. Ils ont déjà<br />

<strong>de</strong>s effets sur <strong>les</strong> échanges commerciaux maroco-français et sur <strong>les</strong> investissements privés<br />

étrangers, notamment français au Maroc, et auront encore plus d'effets à l'avenir quand la<br />

ZLE euro-méditerranéenne fonctionnera pleinement et, aussi - surtout ? - <strong>avec</strong> l'ouverture <strong>de</strong><br />

l'UE à l'Est.<br />

Aussi, la réponse à ces effets ne peut être que stratégique, du côté du Maroc comme <strong>de</strong><br />

celui <strong>de</strong> la France et <strong>de</strong> l'UE. Et il faudra qu'elle soit faite et prenne effet avant - ou à tout le<br />

moins en même temps - que l'adhésion <strong>de</strong>s PECO à l'UE, et avant que <strong>les</strong> initiatives<br />

américaines <strong>de</strong> ZLE <strong>avec</strong> le Maroc, le Maghreb ou d'autres pays <strong>de</strong> la Région, ne prennent<br />

forme….<br />

109 - Ce sont <strong>les</strong> expressions <strong>de</strong> Jean-Pierre chevènement, cf. le Matin du Sahara du 9 Janvier 2002. Voir également M.<br />

Serceau, H. chergui et A. Guy (1999)<br />

164


BIBIOGRAPHIE<br />

B. HAMDOUCH (1990), Politiques <strong>de</strong> développement et d'ajustement au Maroc, SMER,<br />

Rabat 1990.<br />

B. HAMDOUCH (1996), Perspectives d'une zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange entre le Maroc et l'Union<br />

européenne : enjeux et impacts, in Reflets et Perspectives la vie économique, Tome xxxv -<br />

3 ème trimestre 96 -3, pp 273-296.<br />

B. HAMDOUCH et alii. (2000), Les Marocains résidant à l'étranger - une enquête socioéconomique,<br />

INSEA, Rabat.<br />

B. HAMDOUCH et M. CHATER (2001), Impact <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange euroméditerranéens:<br />

Cas du Maroc, FEMISE, Marseille.<br />

Le Matin du Sahara, Casablanca, différents numéros.<br />

Office <strong>de</strong>s changes, Rabat<br />

Office <strong>de</strong>s changes (2000a) Balance commerciale (édition provisoire), Rabat<br />

Office <strong>de</strong>s change (2000b), Balance <strong>de</strong>s paiements (données préliminaires), Rabat.<br />

M. SERCEAU, H. CHERGUI et A. GUY (Dirigé par) ; Marier le Maghreb à l'Union<br />

européenne ? Panoramiques, 3 ème trimestre 1999, n° 41.<br />

J. ZARROUK, The Intra-regional Tra<strong>de</strong> and The Greater Arab Free Tra<strong>de</strong> Area, background<br />

paper for Economic Trends in The MENA Region, Cairo, Economic Research Forum.<br />

165


QUATRIEME PARTIE :<br />

LES STRATEGIES DE COOPERATION<br />

166


Organisations régiona<strong>les</strong> et gouvernance mondiale 110<br />

François Benaroya<br />

Conseiller économique du Directeur <strong>de</strong> la DREE,<br />

Ministère <strong>de</strong> l’Economie, <strong>de</strong>s Finances et <strong>de</strong> l’Industrie<br />

Theoretical <strong>de</strong>bate as to the superiority of the regional or the universal approach to<br />

international organization (…) is a rather sterile exercise, for experience suggests that<br />

statesmen need not, and do not, choose one of these approaches to the exclusion of the other.<br />

Inis L. Clau<strong>de</strong> (1968)<br />

A en juger par la prolifération d’<strong>accords</strong> <strong>de</strong> commerce régionaux, par <strong>les</strong> débats sur le<br />

régionalisme monétaire, ou par la construction européenne elle-même, la constitution<br />

d’organisations régiona<strong>les</strong> est aujourd’hui une <strong>de</strong>s modalités essentiel<strong>les</strong> <strong>de</strong> la gouvernance<br />

internationale. Cette forme <strong>de</strong> gouvernance semble même progresser tout particulièrement sur<br />

la pério<strong>de</strong> récente, qu’il s’agisse, pour l’Union Européenne, <strong>de</strong> l’élargissement et <strong>de</strong> la<br />

monnaie unique, <strong>de</strong>s projets <strong>de</strong> zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange <strong>de</strong>s Amériques, ou pour l’Asie, <strong>de</strong><br />

l’intensification récente <strong>de</strong>s formes <strong>de</strong> coopération régionale (Bergsten, 2001).<br />

Rares ont été cependant <strong>les</strong> artic<strong>les</strong> qui se sont intéressés aux organisations régiona<strong>les</strong><br />

<strong>de</strong> façon transversale, tout en cherchant à cerner leur capacité à fournir la gamme <strong>de</strong>s<br />

principaux biens publics internationaux 111 , <strong>de</strong> la paix à la préservation <strong>de</strong> l’environnement en<br />

passant par la stabilité financière et un cadre propice aux échanges.<br />

Siroën (2000) souligne fort justement que l’analyse du régionalisme doit évoluer vers<br />

cette question centrale : « à quel échelon <strong>les</strong> biens publics sont-ils le plus efficacement<br />

produits ? » Au niveau national, régional, mondial ? Cook et Sachs (1999) jugent que la<br />

gestion à une échelle régionale paraît appropriée pour <strong>de</strong> nombreux biens publics<br />

internationaux: la réduction <strong>de</strong> certaines pollutions à caractère régional (pluies aci<strong>de</strong>s), la<br />

préservation <strong>de</strong> réserves naturel<strong>les</strong> couvrant plusieurs pays, quelques gran<strong>de</strong>s infrastructures<br />

<strong>de</strong> transport, l’intégration profon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s marchés ou la lutte contre <strong>de</strong>s maladies endémiques à<br />

certaines régions, pour ne citer que quelques exemp<strong>les</strong>. Mais <strong>les</strong> auteurs reconnaissent que la<br />

réflexion sur le niveau actuel et souhaitable <strong>de</strong>s biens publics fournis au niveau régional reste<br />

embryonnaire.<br />

D’un côté, en effet, la plupart <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s portant sur la gouvernance mondiale 112 se<br />

concentrent sur <strong>les</strong> mo<strong>de</strong>s d’organisation globaux, et mentionnent simplement l’échelon<br />

régional comme un <strong>de</strong>s niveaux possib<strong>les</strong> et souhaitab<strong>les</strong> – au nom du principe <strong>de</strong><br />

subsidiarité- <strong>de</strong> fourniture <strong>de</strong> biens publics internationaux.<br />

110 François Benaroya, DREE, Ministère <strong>de</strong> l’Economie et <strong>de</strong>s Finances. L’auteur s’exprime ici à titre personnel. Mél :<br />

francois.benaroya@dree.org<br />

111 Cf. définition du concept dans la contribution <strong>de</strong> D. Esty, J.-M Séverino et L. Tubiana. Les biens publics employés ici<br />

sont listés dans le tableau 1. A noter, en ce que qui concerne <strong>les</strong> échanges, que c’est le cadre juridique international ouvert et<br />

prévisible qui constitue un bien public, et non le <strong>libre</strong>-échange stricto sensu.<br />

112 Voir par exemple <strong>les</strong> différentes contributions dans Kaul et alii (1999)<br />

167


De l’autre, la littérature sur le régionalisme est abondante, mais <strong>les</strong> <strong>accords</strong> régionaux<br />

y sont, en général, analysés sous un prisme spécifique, commercial, financier ou sécuritaire.<br />

Les analyses basées sur <strong>les</strong> échanges comparent ainsi <strong>les</strong> effets respectifs <strong>de</strong> l’intégration<br />

régionale et <strong>de</strong>s négociations multilatéra<strong>les</strong>, même si, <strong>de</strong> plus en plus, el<strong>les</strong> incorporent <strong>de</strong>s<br />

dimensions non-commercia<strong>les</strong> pour rendre compte du développement <strong>de</strong>s blocs régionaux,<br />

comme l’illustre un récent rapport <strong>de</strong> la Banque Mondiale (2000).<br />

L’objet <strong>de</strong> ce texte est <strong>de</strong> croiser <strong>les</strong> expertises développées dans ces <strong>de</strong>ux directions - le<br />

régionalisme d’une part, et l’analyse <strong>de</strong>s biens publics internationaux <strong>de</strong> l’autre- afin<br />

d’évaluer <strong>de</strong> façon plus systématique la capacité <strong>de</strong>s entités régiona<strong>les</strong> à contribuer à la<br />

gouvernance mondiale. L’analyse partira d’un état <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong>s organisations qui ont émergé<br />

pour fournir, à l’échelle régionale, <strong>de</strong>s biens publics. Les principes qui justifient le<br />

développement d’un <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> gouvernance au niveau régional, ses avantages et<br />

symétriquement ses risques, seront développés dans un second temps, en soulignant la<br />

généralité <strong>de</strong>s arguments soulevés par <strong>les</strong> différentes littératures. Ce texte s’interrogera enfin<br />

sur <strong>les</strong> conditions explicites d’une coexistence harmonieuse <strong>de</strong>s différents niveaux <strong>de</strong><br />

gouvernance, en prenant pour principa<strong>les</strong> références <strong>les</strong> <strong>accords</strong> régionaux au sein du GATT<br />

et <strong>de</strong> l’ONU, avant d’explorer <strong>les</strong> conséquences <strong>de</strong>s appartenances régiona<strong>les</strong> multip<strong>les</strong> et <strong>de</strong>s<br />

géométries variab<strong>les</strong>.<br />

1. Historique et état <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> la gestion <strong>de</strong> biens publics à l’échelon régional<br />

Il paraît nécessaire, en préambule, <strong>de</strong> préciser <strong>les</strong> concepts ambigus <strong>de</strong> région et <strong>de</strong><br />

régionalisme. Les critères <strong>de</strong> Nye (1968, p.vii) peuvent être repris par commodité. Seront<br />

donc ici considérées en tant que régions, <strong>les</strong> régions internationa<strong>les</strong> et non <strong>les</strong> régions<br />

subnationa<strong>les</strong> : el<strong>les</strong> peuvent être définies comme un ensemble <strong>de</strong> pays liés par une relation<br />

géographique et par un certain <strong>de</strong>gré d’interdépendance. Les membres <strong>de</strong> l’Union Européenne<br />

constituent bien évi<strong>de</strong>mment une région selon cette définition ; ceux <strong>de</strong> l’OTAN,<br />

éventuellement ; mais cela exclurait un ensemble comme le Commonwealth. Le régionalisme<br />

est alors défini, <strong>de</strong> façon <strong>de</strong>scriptive, comme la constitution d’<strong>accords</strong> et <strong>de</strong> regroupements<br />

entre Etats appartenant à une même région ; et du point <strong>de</strong> vue normatif, comme la<br />

recommandation <strong>de</strong> tel<strong>les</strong> associations.<br />

Quatre temps rythment le développement <strong>de</strong>s organisations régiona<strong>les</strong> gérant <strong>de</strong>s biens<br />

publics internationaux.<br />

Bien que <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> d’union douanière aient existé <strong>de</strong>puis plusieurs sièc<strong>les</strong>, souvent<br />

en préalable au regroupement d’Etats (union <strong>de</strong>s Couronnes entre Angleterre et Ecosse en<br />

1603, Zollverein entre Etats allemands en 1834), le régionalisme au sens <strong>de</strong>scriptif et à<br />

l’échelle où il s’entend en général aujourd’hui (plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux pays impliqués, sur une fraction<br />

significative d’un continent) a sans doute connu son acte <strong>de</strong> naissance politique au XIXème<br />

siècle, en Amérique, <strong>avec</strong> la doctrine Monroe 113 (Bowett, 1970, p.135). Tout comme <strong>les</strong><br />

premières organisations internationa<strong>les</strong> (Union Télégraphique Internationale, Croix<br />

Rouge…), quelques institutions régiona<strong>les</strong> apparaissent dès la première vague <strong>de</strong><br />

mondialisation 114 . Mais tandis que <strong>les</strong> préoccupations européennes débouchent aussitôt sur<br />

113 Celle-ci énonce en 1823 le principe <strong>de</strong> non-intervention <strong>de</strong>s Etats tiers dans <strong>les</strong> affaires du continent. En Europe, <strong>les</strong><br />

<strong>accords</strong> <strong>de</strong> <strong>libre</strong> navigation sur le Rhin entre la France, <strong>les</strong> Pays-Bas et cinq Etats Allemands, aboutissant en 1831 à une<br />

Commission, sont parfois cités comme la première organisation régionale (Gibson, 1991, p.17).<br />

114 Voir Jacquet et Sachwald (2000) pour une <strong>de</strong>scription <strong>de</strong> la mondialisation au XIXème siècle.<br />

168


<strong>de</strong>s institutions internationa<strong>les</strong>, <strong>les</strong> organisations régiona<strong>les</strong> émergent pour l’essentiel dans le<br />

Nouveau Mon<strong>de</strong> : le premier régionalisme est surtout américain. Après le congrès <strong>de</strong> Panama<br />

(1826), le congrès Pan-Américain fait naître, en 1890, l’Union Internationale <strong>de</strong>s Républiques<br />

Américaines, précurseur <strong>de</strong> l’Organisation <strong>de</strong>s Etats Américains. Le Pan-American Sanitary<br />

Bureau, contemporain <strong>de</strong>s premiers <strong>accords</strong> internationaux en matière <strong>de</strong> santé, est institué en<br />

1902, avant même l’Organisation Internationale d’Hygiène Publique (Zacher, 1999). La<br />

première cour <strong>de</strong> justice régionale, la cour <strong>de</strong> justice Centre-Américaine, est établie en 1907.<br />

Au len<strong>de</strong>main <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong> Guerre, la convention <strong>de</strong> la Société <strong>de</strong>s Nations prévoit même<br />

explicitement, à son article 21 , qu’elle n’affecte pas la validité <strong>de</strong>s « <strong>accords</strong> régionaux,<br />

comme la doctrine Monroe pour garantir le maintien <strong>de</strong> la paix » (Bowett, 1970, p. 234 et<br />

135).<br />

La secon<strong>de</strong> guerre mondiale marque un nouveau palier <strong>de</strong> la reconnaissance <strong>de</strong><br />

l’échelon régional, en même temps qu’elle fait mûrir une conscience régionale européenne.<br />

Winston Churchill se fait ainsi l’avocat <strong>de</strong> conseils régionaux, qui charpenteraient<br />

l’architecture du système international, en laissant un rôle secondaire à l’organisation<br />

mondiale en projet. Les Etats-Unis partagent le désir d’autonomie continentale exprimé par<br />

<strong>les</strong> Etats latino-américains, mais souhaitent une primauté <strong>de</strong> la structure mondiale (Clau<strong>de</strong>,<br />

1968). La charte <strong>de</strong>s Nations Unies résulte <strong>de</strong> ce compromis. En <strong>les</strong> autorisant, elle ouvre la<br />

voie à <strong>de</strong> multip<strong>les</strong> <strong>accords</strong> politiques régionaux, comme la Ligue Arabe (1945) et<br />

l’Organisation <strong>de</strong>s Etats Américains (1948), tandis que <strong>les</strong> institutions rattachées au système<br />

onusien prévoient, pour la plupart, une interaction <strong>avec</strong> l’échelon régional.<br />

Deux vagues d’<strong>accords</strong> régionaux suivent : la première, qui culmine au milieu <strong>de</strong>s<br />

années 70, se caractérise par plus <strong>de</strong> trente <strong>accords</strong> aussi bien dans <strong>les</strong> domaines commerciaux<br />

(COMECON, AELE, AFTA…) que <strong>de</strong> la sécurité, et la constitution d’instances régiona<strong>les</strong><br />

dans <strong>les</strong> organes <strong>de</strong>s Nations Unies (Commissions régiona<strong>les</strong> ; banques régiona<strong>les</strong> <strong>de</strong><br />

développement). Elle fait naître déjà <strong>de</strong>s craintes sur <strong>les</strong> excès du régionalisme (Nye, 1968,<br />

p.v). Mais à l’exception <strong>de</strong> la Communauté Européenne, aucun accord n’apparaît<br />

rétrospectivement comme un succès dans le domaine commercial.<br />

La secon<strong>de</strong> vague s’amorce à la fin <strong>de</strong>s années 1980, et débouche sur une<br />

prolifération d’<strong>accords</strong> commerciaux (l’ALENA, le Mercosur, la relance <strong>de</strong> l’ASEAN…),<br />

dont le nombre croît plus vite que <strong>les</strong> adhésions à l’OMC, ce qui suscite trois nouvel<strong>les</strong><br />

inquiétu<strong>de</strong>s : <strong>les</strong> <strong>accords</strong> <strong>de</strong> commerce régionaux touchent désormais tous <strong>les</strong> pays du mon<strong>de</strong><br />

ou presque (seuls le Japon, la Corée, la Chine, Hong Kong, Taiwan et la Mongolie, tous en<br />

Asie, font exception, mais <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux premiers ont <strong>de</strong>s projets d’<strong>accords</strong>) ; <strong>les</strong> Etats-Unis, euxmêmes<br />

désormais partie prenante d’<strong>accords</strong> régionaux, ne sont plus moteurs <strong>de</strong> la<br />

gouvernance au niveau mondial ; enfin, sous couvert <strong>de</strong>s règ<strong>les</strong> définissant <strong>les</strong> <strong>accords</strong><br />

régionaux, <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> inter-régionaux se multiplient (APEC, UE-Mexique ; UE-Afrique du<br />

Sud…). Mais cette pério<strong>de</strong> est aussi marquée par une évolution sans doute plus positive :<br />

l’avènement d’organisations régiona<strong>les</strong> généralistes (SADC, Mercosur, ASEAN+3…),<br />

souvent fondées sur un socle commercial, mais aspirant à gérer au niveau supranational une<br />

gamme plus large <strong>de</strong> politiques.<br />

169


Graphique 1 : Nombre d’<strong>accords</strong> <strong>de</strong> commerce régainos<br />

Garphique 1 : Nombre d’<strong>accords</strong> <strong>de</strong> commerce régionaux<br />

notifies au GATT/OMC<br />

1948-1999<br />

De fait, tous <strong>les</strong> biens publics internationaux, ou presque, sont aujourd’hui au moins<br />

partiellement gérés par <strong>de</strong>s institutions globa<strong>les</strong> et par <strong>de</strong>s institutions régiona<strong>les</strong> (cf. tableau<br />

1). Les organisations mondia<strong>les</strong> s’appuient souvent sur <strong>de</strong>s organisations régiona<strong>les</strong> (bureaux<br />

régionaux <strong>de</strong> l’OMS, banques régiona<strong>les</strong> <strong>de</strong> développement…) ou laissent explicitement <strong>les</strong><br />

marges <strong>de</strong> manœuvre nécessaires aux régions pour s’auto-organiser (GATT/OMC ; <strong>accords</strong><br />

régionaux <strong>de</strong> sécurité au sein <strong>de</strong> l’ONU).<br />

170


Tableau 1 : Biens publics internationaux et exemp<strong>les</strong> d’institutions régiona<strong>les</strong><br />

Bien public international Institutions<br />

globa<strong>les</strong><br />

Institutions régiona<strong>les</strong><br />

Paix ONU Forces régiona<strong>les</strong> <strong>de</strong> maintien <strong>de</strong> la paix ;<br />

OTAN<br />

Santé OMS Bureaux régionaux <strong>de</strong> l’OMS ( Pan-American<br />

Health Organisation…)<br />

Préservation du patrimoine<br />

culturel<br />

UNESCO<br />

Politiques culturel<strong>les</strong> UE, SADC<br />

Environnement durable AME North American Commission on Environment ;<br />

Politiques UE ; Conseil économique <strong>de</strong> l’ONU<br />

pour l’Europe (convention sur la pollution<br />

atmosphérique transfrontière en 1979)…<br />

Ouverture et prévisibilité<br />

pour <strong>les</strong> échanges<br />

commerciaux<br />

OMC Accords <strong>de</strong> commerce régionaux (UE ;<br />

ALENA ; Mercosur ; ASEAN, SADC …)<br />

Concurrence - Politique <strong>de</strong> l’UE ; <strong>de</strong> l’ALENA (chap. 15)<br />

Stabilité financière FMI UEM ; <strong>accords</strong> <strong>de</strong> Chiang Mai en Asie , zone<br />

franc…<br />

Absence <strong>de</strong> pauvreté/<br />

développement<br />

B. Mondiale<br />

CNUCED,<br />

ECOSOC<br />

Banques régiona<strong>les</strong> <strong>de</strong> développement ; 5<br />

commissions régiona<strong>les</strong> ONU : CEPAL, ECE,<br />

ESCAP, ECA, ESCWA.<br />

Respect démocratie, justice ONU, CJI Conseil <strong>de</strong> l’Europe, UE, CJE, CEDH,<br />

Mercosur, OEA<br />

Respect <strong>de</strong>s droits sociaux OIT Conférences régiona<strong>les</strong> <strong>de</strong> l’OIT ; Syndicats à<br />

structures régiona<strong>les</strong>…<br />

2. Le niveau régional, comme lieu pertinent <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong> certains biens publics<br />

internationaux<br />

Mais quels principes justifient une gestion <strong>de</strong> certains biens publics à un niveau<br />

régional ?<br />

Il n’est pas inutile <strong>de</strong> revenir ici sur la notion <strong>de</strong> bien public international. Un bien<br />

public a, au sens strict, <strong>de</strong>ux propriétés : il n’est pas possible d’exclure autrui <strong>de</strong> sa<br />

consommation (non-exclusion) ; et la consommation du bien ne réduit pas celle <strong>de</strong>s autres<br />

(non-rivalité). Parce que le producteur <strong>de</strong> bien public n’est pas rémunéré pour le service rendu<br />

à autrui (l’externalité), l’intervention publique est justifiée. Les biens publics peuvent être<br />

locaux, et, à ce titre du ressort <strong>de</strong>s Etats ou <strong>de</strong> collectivités loca<strong>les</strong>. D’autres, cependant, sont<br />

internationaux et requièrent une coordination entre nations.<br />

Parmi ces <strong>de</strong>rniers, nombre <strong>de</strong> biens ne peuvent être gérés qu’au niveau global : la<br />

diminution <strong>de</strong> l’effet <strong>de</strong> serre, par exemple. Certains ont toutefois une portée exclusivement<br />

171


égionale : la lutte contre <strong>de</strong>s polluants situés dans la basse atmosphère ou <strong>de</strong>s eaux<br />

souterraines ; ou celle contre <strong>les</strong> maladies propres à <strong>de</strong>s régions spécifiques. Dans <strong>de</strong><br />

nombreux cas, la dimension régionale <strong>de</strong>s externalités associées au bien public est forte,<br />

même si elle n’est pas exclusive : <strong>les</strong> guerres se font plus nombreuses mais plus loca<strong>les</strong>,<br />

affectant surtout <strong>les</strong> voisins immédiats (Men<strong>de</strong>z, 1999) ; <strong>les</strong> implantations <strong>de</strong>s firmes<br />

multinationa<strong>les</strong> 115 et <strong>les</strong> flux commerciaux <strong>de</strong>meurent en majorité régionaux ; <strong>les</strong> phénomènes<br />

<strong>de</strong> contagion financiers ou sanitaires ont, malgré la globalisation, une assise largement<br />

régionale, etc. C’est la première raison pour laquelle le niveau régional paraît adapté pour<br />

fournir certains biens publics internationaux.<br />

Par extension, ont été intégrés dans <strong>les</strong> biens publics internationaux <strong>de</strong>s biens<br />

« impurs » qui ne possè<strong>de</strong>nt que partiellement <strong>les</strong> propriétés <strong>de</strong> non-exclusion et <strong>de</strong> nonrivalité,<br />

en particulier <strong>les</strong> biens dits <strong>de</strong> « club », qui possè<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s bénéfices dont on peut<br />

exclure un tiers. Le contrôle <strong>de</strong> l’accès au club facilite le « financement » du bien en cause. Si<br />

la discrimination peut s’effectuer sur une base géographique, il est donc possible <strong>de</strong> créer <strong>de</strong>s<br />

« clubs régionaux » (Sandler, 1999) : <strong>les</strong> <strong>accords</strong> <strong>de</strong> commerce régionaux, qui fournissent à<br />

ses membres un cadre favorable pour leurs échanges, mais pas aux pays tiers, en sont une<br />

illustration.<br />

Il y a donc <strong>de</strong>ux raisons fondamenta<strong>les</strong> – biens publics à portée régionale, et biens<br />

publics globaux pour <strong>les</strong>quels <strong>de</strong>s clubs régionaux peuvent être constitués- à la gestion <strong>de</strong><br />

biens publics dans un cadre régional. Mais une différence majeure entre ces <strong>de</strong>ux raisons doit<br />

être relevée : le principe <strong>de</strong> subsidiarité (ou <strong>de</strong> « proximité » - Macedo, 2001) justifie une<br />

intervention au niveau régional dans le premier cas, tout comme il justifie une intervention<br />

nationale pour <strong>de</strong>s biens publics domestiques ; il reste à établir, dans le second cas, qu’un club<br />

plus large ou mondial ne serait pas plus adapté que le club régional, pour ses propres<br />

membres comme pour le reste du mon<strong>de</strong>. Là rési<strong>de</strong> la justification d’un encadrement <strong>de</strong> la<br />

subsidiarité, et en l’espèce, le problème <strong>de</strong> l’articulation du régionalisme et du<br />

multilatéralisme.<br />

Cette analyse peut être exprimée dans <strong>les</strong> termes <strong>de</strong> Tinbergen (1954) ou dans ceux <strong>de</strong><br />

Oates (1972), qui, dans la littérature sur le fédéralisme fiscal, a énoncé le théorème <strong>de</strong> la<br />

décentralisation : en l’absence d’externalités, la décentralisation est préférable ; en présence<br />

d’externalités, la centralisation est souhaitable si <strong>les</strong> gains <strong>de</strong> l’internalisation <strong>de</strong>s externalités<br />

l’emportent sur <strong>les</strong> coûts <strong>de</strong> l’uniformité.<br />

Dans ce cadre, l’évaluation <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> la centralisation et <strong>de</strong> ses bénéfices peut, sous<br />

certaines conditions, faire apparaître l’organisation régionale (ou du moins la coexistence<br />

d’organisations régiona<strong>les</strong> et globa<strong>les</strong>) comme une solution intermédiaire optimale, entre une<br />

organisation mondiale pure et une gestion totalement déléguée à chaque Etat (cf. schéma –<br />

graphique 2). En effet, en présence d’externalités exclusivement régiona<strong>les</strong>, le passage au<br />

niveau mondial n’apporte pas <strong>de</strong> bénéfices supplémentaires par rapport au niveau régional,<br />

tout en accroissant en général 116 <strong>les</strong> coûts <strong>de</strong> centralisation. En présence d’externalités sortant<br />

du cadre régional, tout dépend <strong>de</strong> la comparaison <strong>de</strong> ces coûts et bénéfices additionnels.<br />

115 Bourcieu et Benaroya (2000) analysent la répartition géographique <strong>de</strong>s activités <strong>de</strong>s multinationa<strong>les</strong>.<br />

116 C’est l’hypothèse la plus probable, retenue pour le schéma. La centralisation au niveau mondial peut néanmoins être<br />

parfois moins coûteuse qu’une structure régionale (par exemple si l’organisation mondiale existe déjà, mais pas<br />

l’organisation régionale).<br />

172


Graph.2: Détermination du niveau approprié <strong>de</strong> gestion du bien public<br />

Cas 2:<br />

niveau régional préférable<br />

Cas 1:<br />

niveau national préférable<br />

Cas 3:<br />

niveau global préférable<br />

Régional Mondial Régional Mondial Régional Mondial<br />

Coût <strong>de</strong> la centralisation<br />

Bénéfices <strong>de</strong> l'internalisation <strong>de</strong>s externalités<br />

3. Les risques <strong>de</strong>s clubs régionaux<br />

Quand un club régional se crée pour gérer un bien dont la portée débor<strong>de</strong> <strong>de</strong> ses<br />

limites géographiques, certains effets sur <strong>les</strong> Etats tiers ne sont pas pris en compte ; il y a<br />

alors, par rapport à une organisation plus large ou globale, un risque <strong>de</strong> mauvaise définition<br />

<strong>de</strong> la politique <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> la région à l’égard <strong>de</strong> ce bien public. Ainsi, une prévention <strong>de</strong><br />

crises financières totalement déléguée au niveau régional pourrait s’avérer insuffisamment<br />

rigoureuse, car elle ne prendrait pas en compte <strong>les</strong> effets <strong>de</strong> contagion potentiels sur <strong>de</strong>s pays<br />

tiers. Les critiques adressées aux organisations régiona<strong>les</strong>, dans <strong>les</strong> domaines où ils<br />

constituent <strong>de</strong> véritab<strong>les</strong> clubs (<strong>les</strong> échanges, la monnaie et la défense, selon Olson, 1971),<br />

relèvent, en fait, <strong>de</strong> trois gran<strong>de</strong>s catégories : <strong>les</strong> clubs régionaux peuvent affecter 1/ <strong>les</strong> tiers<br />

2/ le niveau global du gouvernance 3/ <strong>les</strong> pays <strong>les</strong> plus faib<strong>les</strong> en particulier.<br />

3.1. Les tiers affectés ou exclus<br />

La formation du club peut avoir <strong>de</strong>s externalités négatives sur <strong>les</strong> pays non membres.<br />

C’est le cas notamment <strong>de</strong>s menaces d’agression que peut faire peser une alliance militaire<br />

sur une puissance voisine, ou <strong>de</strong>s détournements d’échange que peut engendrer un accord <strong>de</strong><br />

commerce régional sur <strong>de</strong>s pays tiers. Les pays non membres se voient alors parfois<br />

contraints, par un effet « domino », d’adhérer à un ensemble auquel ils ne souhaitaient pas<br />

participer à l’origine (Baldwin, 1993).<br />

A l’inverse, certains pays pourraient ne pas avoir accès à <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> régionaux qu’ils<br />

souhaiteraient rejoindre. Dans <strong>les</strong> débats précédant la constitution <strong>de</strong> l’ONU, l’opposition <strong>de</strong>s<br />

Etats-Unis au système <strong>de</strong>s conseils régionaux trouve entre autres sa source dans la crainte <strong>de</strong>s<br />

Etats-Unis d’être évincés politiquement d’Europe et d’ Asie (Clau<strong>de</strong>, 1968, p.5). La question<br />

du droit <strong>de</strong>s pays tiers à intégrer <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> régionaux nourrit également <strong>les</strong> inquiétu<strong>de</strong>s dans<br />

le domaine commercial (Banque Mondiale, 2000, p.113).<br />

3.2. le niveau global affaibli ou fragmenté<br />

La formation du « club » peut détourner <strong>les</strong> membres <strong>de</strong> s’impliquer dans la<br />

construction du niveau global : le régionalisme commercial est ainsi accusé <strong>de</strong> susciter un<br />

173


désintérêt à l’égard <strong>de</strong> l’OMC (Benaroya, 1995), voire d’accroître le risque d’un<br />

effondrement du système multilatéral. La communautarisation <strong>de</strong> la politique <strong>de</strong> la<br />

concurrence et la concertation entre l’UE et <strong>les</strong> autorités anti-trust américaines peuvent<br />

empêcher l’émergence d’un accord mondial sur la concurrence en réduisant son utilité. Les<br />

clubs peuvent plus largement provoquer un appauvrissement <strong>de</strong>s règ<strong>les</strong> universel<strong>les</strong> : <strong>de</strong>s<br />

règ<strong>les</strong> régiona<strong>les</strong> mettraient en péril <strong>les</strong> systèmes légaux internationaux (Bowett, 1970, p.<br />

235) ; la création <strong>de</strong> Fonds Monétaires régionaux a été rejetée par crainte d’un affaiblissement<br />

général <strong>de</strong> la conditionnalité (accroissement <strong>de</strong> l’aléa moral), ou d’un biais partisan <strong>de</strong> ces<br />

institutions (Wyplosz, 2000 ; Bénassy-Quéré et Coeuré, 2000). Que ce soit dans le domaine<br />

financier, ou militaire (Men<strong>de</strong>z, 1999), l’intervention <strong>de</strong> puissances étrangères à la région<br />

peut être un gage <strong>de</strong> neutralité.<br />

La constitution <strong>de</strong> blocs peut en outre aiguiser <strong>les</strong> rivalités, en amoindrissant <strong>les</strong><br />

interdépendances mondia<strong>les</strong>. Dans la sphère militaire, c’était une <strong>de</strong>s craintes américaines,<br />

qui a, en 1945, fait prévaloir le projet universaliste <strong>de</strong> l’ONU sur <strong>les</strong> conseils régionaux <strong>de</strong><br />

Churchill (Clau<strong>de</strong>, p.5). Dans le domaine monétaire, la constitution <strong>de</strong> blocs pourrait<br />

renforcer <strong>les</strong> fluctuations entre gran<strong>de</strong>s monnaies (Collignon, 1999), tout comme la formation<br />

<strong>de</strong> Fonds Monétaires régionaux pourrait aiguiser <strong>les</strong> antagonismes politiques (Wyplosz,<br />

2000). Des comportements non coopératifs entre un petit nombre <strong>de</strong> groupes régionaux<br />

pourraient, sous certaines conditions, conduire à une situation <strong>de</strong>s plus dommageab<strong>les</strong> pour<br />

<strong>les</strong> échanges mondiaux (Krugman, 1991).<br />

3.3. Le sort <strong>de</strong>s pays <strong>les</strong> plus faib<strong>les</strong><br />

En affectant le niveau <strong>de</strong> gouvernance globale, <strong>les</strong> entités régiona<strong>les</strong> peuvent<br />

handicaper certains biens publics globaux, comme la redistribution en faveur <strong>de</strong>s pays<br />

pauvres. Une organisation régionale qui créerait <strong>de</strong>s « clubs <strong>de</strong> développement » nuirait à la<br />

solidarité globale car elle pourrait restreindre <strong>les</strong> transferts Nord-Sud, en termes financiers ou<br />

commerciaux (fermeture <strong>de</strong>s marchés régionaux du Nord aux produits du Sud). Comme le<br />

note Morgan (2000) au niveau infra-étatique, il y a nécessairement une tension entre<br />

subsidiarité et solidarité. Les pays pauvres sont certes incités par <strong>les</strong> pays développés à se<br />

regrouper entre eux ; mais <strong>les</strong> régions ainsi constituées apparaissent souvent non viab<strong>les</strong> :<br />

incapab<strong>les</strong> d’assurer leur propre sécurité (<strong>les</strong> pays africains sont ceux qui font le plus souvent<br />

appel aux interventions extérieures – Fawcett et Hurrel, 1995, p. 316), ou <strong>de</strong> tirer <strong>de</strong>s<br />

bénéfices économiques substantiels d’une intégration régionale. La Banque Mondiale (2000)<br />

estime ainsi que <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> <strong>de</strong> commerce régionaux comprenant <strong>de</strong>s pays du Nord et du Sud<br />

sont préférab<strong>les</strong> à <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> entre pays du Sud seuls.<br />

Appliqué à <strong>de</strong>s biens publics qui débor<strong>de</strong>raient <strong>de</strong> leur cadre, un système <strong>de</strong> clubs<br />

régionaux présenterait donc un certain nombre <strong>de</strong> risques par rapport à un anti-mon<strong>de</strong> où la<br />

gestion serait globale : il pourrait être moins efficace, moins équitable, et, en infléchissant la<br />

stratégie <strong>de</strong>s acteurs, serait un frein à la construction d’institutions globa<strong>les</strong>.<br />

4. Les avantages <strong>de</strong>s clubs régionaux pour <strong>les</strong> pays membres<br />

Mais dans <strong>de</strong> multip<strong>les</strong> situations, l’alternative aux clubs régionaux n’est pas la<br />

gouvernance globale, mais l’absence <strong>de</strong> gouvernance structurée. Les organisations<br />

internationa<strong>les</strong> bénéficient certes d’économies d’échelle en traitant <strong>de</strong> plusieurs<br />

problématiques, mais el<strong>les</strong> peuvent finir par être surchargées d’interventions qui pourraient<br />

174


très bien avoir pour cadre une organisation plus limitée (Sandler, 1998). En outre, la<br />

fourniture d’un bien public peut être menacée <strong>de</strong> paralysie, par impossibilité <strong>de</strong> trouver un<br />

mo<strong>de</strong> adéquat <strong>de</strong> coordination mondial : le coût <strong>de</strong> la centralisation internationale <strong>de</strong>vient trop<br />

élevé. Quand un bien public a une portée en gran<strong>de</strong> part régionale, la subsidiarité est alors<br />

« naturelle » 117 et permet <strong>de</strong> rapprocher la capacité à agir <strong>de</strong> l’intérêt d’agir, d’où son<br />

efficacité. La capacité <strong>de</strong>s blocs régionaux à aller plus vite ou plus loin, à <strong>de</strong>venir en<br />

particulier le support d’une intégration profon<strong>de</strong> permettant <strong>de</strong> gérer <strong>les</strong> préférences<br />

collectives, a trois principaux ressorts :<br />

- Les vertus propres aux clubs. Leurs membres peuvent avoir davantage d’affinités et<br />

sont moins nombreux. En outre, pour certains auteurs (Nye, par exemple), l’existence d’une<br />

puissance hégémonique (une condition parfois plus facile à réunir régionalement que<br />

mondialement) accroît également la probabilité d’un accord 118 . Enfin, la formation d’un<br />

« club » facilite en elle-même la mise en œuvre <strong>de</strong>s biens publics, en excluant (au moins<br />

partiellement) d’éventuels passagers clan<strong>de</strong>stins ou pays supposés « déloyaux » <strong>de</strong>s bénéfices<br />

<strong>de</strong> l’accord. Les Etats-Unis souhaitaient, par le biais <strong>de</strong>s organisations régiona<strong>les</strong> au sein <strong>de</strong><br />

l’ONU, que l’Union Soviétique ne puisse pas opposer un veto à la constitution <strong>de</strong> l’OEA ou<br />

<strong>de</strong> l’OTAN (Clau<strong>de</strong>, p.18). De même, Krugman (1991) notait, il y a une décennie, que le<br />

grand avantage <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> <strong>de</strong> commerce régionaux était d’exclure le Japon.<br />

- Les liens qui peuvent être établis, <strong>de</strong> façon délibérée, entre différents biens publics<br />

au niveau régional: le Mercosur et l’Union Européenne font ainsi <strong>de</strong> la démocratie une <strong>de</strong>s<br />

conditions nécessaires à l’adhésion, et donc au bénéfice <strong>de</strong>s autres politiques communes. La<br />

« conditionnalité croisée » est un <strong>de</strong>s moyens envisageab<strong>les</strong> pour faire appliquer certaines<br />

politiques au niveau mondial, par exemple <strong>de</strong>s sanctions commercia<strong>les</strong> ou financières pour<br />

non-respect d’un accord <strong>de</strong> paix ou <strong>de</strong> normes socia<strong>les</strong> . Cette conditionnalité, envisageable<br />

au niveau mondial, peut s’avérer plus aisée au sein d’un accord régional « généraliste »,<br />

couvrant davantage <strong>de</strong> politiques que <strong>de</strong>s organisations mondia<strong>les</strong>. Elle revient en quelque<br />

sorte à renforcer certains clubs par leur accolement à d’autres, afin <strong>de</strong> combattre plus<br />

efficacement <strong>de</strong>s comportements <strong>de</strong> passager clan<strong>de</strong>stin.<br />

- Des interactions régiona<strong>les</strong> spécifiques. L’existence d’interactions positives entre <strong>les</strong><br />

différentes formes <strong>de</strong> biens publics ne résulte pas uniquement <strong>de</strong> conditionnalités explicites.<br />

De par leur nature contraignante, <strong>les</strong> <strong>accords</strong> <strong>de</strong> commerce régionaux peuvent avoir ainsi <strong>de</strong>s<br />

effets positifs en termes <strong>de</strong> crédibilité sur <strong>les</strong> politiques économiques : le bien public<br />

commercial favorise alors un autre bien, la stabilité financière, comme l’illustre l’évolution<br />

<strong>de</strong>s taux d’intérêt au Mexique <strong>de</strong>puis l’ALENA. La relation entre la paix et un cadre politique<br />

favorable aux échanges en est une secon<strong>de</strong> illustration. Les échanges commerciaux peuvent<br />

favoriser la paix entre <strong>de</strong>ux nations, comme l’a relevé Montesquieu; le développement <strong>de</strong>s<br />

échanges dans le cadre d’un accord régional paraît toutefois plus susceptible d’apaiser <strong>les</strong><br />

conflits, ainsi que l’ont suggéré Pareto et Keynes, et montré empiriquement Mansfield et<br />

Pevehouse (2000). Il y a là, en fait, une différence fondamentale entre une mondialisation<br />

“ subie ” (celle induite par le développement autonome <strong>de</strong>s échanges, ou même par <strong>de</strong>s<br />

<strong>accords</strong> à l’OMC qui seraient perçus, à tort ou à raison, comme imposés) et la mondialisation<br />

117 Selon l’expression <strong>de</strong> la théorie <strong>de</strong>s blocs « naturels » dans le domaine commercial (Frankel et al.,1998) : parce que <strong>les</strong><br />

coûts <strong>de</strong> transport entre pays d’une même région sont inférieurs à ceux entre <strong>de</strong>s régions différentes, un accord <strong>de</strong> commerce<br />

régional a plus <strong>de</strong> chances d’avoir un impact positif sur le bien-être global.<br />

118 L’hégémonie induit cependant <strong>de</strong>s risques <strong>de</strong> domination, dommageab<strong>les</strong> à la légitimité <strong>de</strong> l’intégration régionale.<br />

175


“ voulue ”, qui s’exprime dans un accord <strong>avec</strong> un pays voisin et la multiplication <strong>de</strong>s contacts<br />

institutionnels.<br />

Ce <strong>de</strong>rnier exemple montre que le niveau régional peut être, non seulement plus<br />

efficace, mais parfois aussi plus légitime que le niveau global pour gérer certains biens<br />

publics internationaux. La légitimité d’une institution peut dépendre en effet <strong>de</strong> son efficacité,<br />

comme <strong>de</strong> son mo<strong>de</strong> (démocratique…) <strong>de</strong> constitution et <strong>de</strong> décision. Or le format régional<br />

peut être propice à <strong>de</strong>s contacts politiques et administratifs plus étroits que dans <strong>les</strong> enceintes<br />

mondia<strong>les</strong>. La perte <strong>de</strong> souveraineté peut aussi être ressentie moins durement quand elle<br />

s’opère au profit d’une institution proche que d’une organisation lointaine. Des structures<br />

politiques régiona<strong>les</strong> ont ainsi pu être mises en place dans plusieurs continents. Cette<br />

légitimité n’est pas automatique : <strong>les</strong> Etats voisins peuvent être <strong>les</strong> pires ennemis ; la structure<br />

politique régionale la plus aboutie, l’Union Européenne, est elle-même contestée en son sein.<br />

Mais on peut affirmer sans peine que, dans un certain nombre <strong>de</strong> régions, la gouvernance<br />

régionale apparaît plus légitime que la gouvernance mondiale.<br />

La représentation politique régionale est d’ailleurs relayée par d’autres formes <strong>de</strong><br />

représentation. Les structures syndica<strong>les</strong> internationa<strong>les</strong> s’organisent à l’échelon régional : il y<br />

a trois organisations régiona<strong>les</strong> (Asie-Pacifique, Afrique, Amérique) au sein <strong>de</strong> la CISL<br />

(confédération internationale <strong>de</strong>s syndicats <strong>libre</strong>s) ; la CES (Confédération européenne <strong>de</strong>s<br />

syndicats) réunit nombre <strong>de</strong> syndicats européens. Il est plus rare <strong>de</strong> rencontrer <strong>de</strong>s<br />

organisations non gouvernementa<strong>les</strong> (ONG) structurées <strong>de</strong> façon régionale: associations<br />

constituées autour <strong>de</strong> l’objectif <strong>de</strong> la construction européenne ; fédérations sportives… A<br />

l’exception d’une poignée d’entre el<strong>les</strong> (Asian NGO Coalition for Agrarian Reform, European<br />

Network on Debt and Development…), <strong>les</strong> ONG accréditées au sein d’institutions<br />

internationa<strong>les</strong> se veulent en général mondia<strong>les</strong>. Il faut dire que ces organisations ont tout<br />

intérêt à montrer leur caractère universel pour obtenir leur accréditation. La consultation <strong>de</strong>s<br />

ONG se fait toutefois <strong>de</strong> façon fréquente à un niveau régional par <strong>les</strong> institutions<br />

internationa<strong>les</strong>, par exemple par la Banque Mondiale (Willets, 1996, p.91).<br />

5. La contribution <strong>de</strong>s blocs régionaux à la gouvernance mondiale sur <strong>de</strong>s sujets globaux<br />

Le niveau régional ne dégra<strong>de</strong> donc pas nécessairement la gouvernance globale ; il est<br />

parfois plus efficace et plus légitime pour créer un bien qui sans cela n’existerait pas. En<br />

d’autres termes, et pour paraphraser la distinction classique <strong>de</strong> l’échange international, l’effet<br />

<strong>de</strong> « création <strong>de</strong> biens publics » <strong>de</strong> la gouvernance régionale peut l’emporter sur « l’effet <strong>de</strong><br />

détournement <strong>de</strong> biens publics » (Siroën, 2000). Cela est d’autant plus vrai qu’au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> leur<br />

capacité à traiter <strong>de</strong> sujet largement régionaux, <strong>les</strong> organisations régiona<strong>les</strong> peuvent aussi<br />

avoir <strong>de</strong>s effets favorab<strong>les</strong> sur la gestion <strong>de</strong> certains biens publics globaux, et apporter ainsi<br />

<strong>de</strong>s bénéfices, non seulement à leurs membres, mais également aux autres pays. Cinq effets<br />

ont pu être mis en évi<strong>de</strong>nce :<br />

- le régionalisme éducateur ; <strong>les</strong> <strong>accords</strong> régionaux peuvent ai<strong>de</strong>r l’apprentissage pour<br />

certains pays <strong>de</strong> politiques ou <strong>de</strong> pratiques qui l’ai<strong>de</strong>ront ensuite à participer à la gouvernance<br />

globale. Les <strong>accords</strong> <strong>de</strong> commerce régionaux peuvent, parfois, constituer une expérience utile<br />

pour <strong>les</strong> négociations à l’OMC.<br />

- le régionalisme expérimentateur ; comme <strong>les</strong> <strong>accords</strong> régionaux peuvent aller plus<br />

loin dans certains domaines, ils peuvent servir <strong>de</strong> précurseurs pour <strong>de</strong>s politiques globa<strong>les</strong><br />

176


(effet <strong>de</strong> « démonstration » : Nye, p.viii), en montrant <strong>les</strong> bons exemp<strong>les</strong>, ou, à l’inverse, ceux<br />

qui doivent être évités (rôle <strong>de</strong> l’ALENA dans la contestation <strong>de</strong> l’AMI).<br />

- la région - instrument du global : La pression <strong>de</strong>s pairs au niveau régional est<br />

reconnue comme un moyen efficace <strong>de</strong> faire respecter certaines politiques, y compris quand<br />

cel<strong>les</strong>-ci sont définies au niveau mondial (cf. par exemple FMI, 2001 dans le domaine<br />

financier).<br />

- <strong>les</strong> vertus <strong>de</strong> la concurrence entre régional et global : tout monopole, même une<br />

organisation internationale, peut tendre à être moins efficace par manque d’émulation. La<br />

concurrence d’organisations régiona<strong>les</strong> peut dès lors jouer un rôle positif. Un tel argument est<br />

avancé par Wyplosz (2000) pour justifier la création <strong>de</strong> Fonds Monétaires Régionaux. Le<br />

régionalisme commercial aurait été pour sa part lors <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rniers cyc<strong>les</strong> un possible facteur<br />

d’avancement <strong>de</strong>s négociations au GATT (Banque Mondiale, 2000, p.102).<br />

- la circonscription électorale : il est extrêmement difficile <strong>de</strong> négocier dans <strong>de</strong>s<br />

enceintes mondia<strong>les</strong> qui comportent <strong>de</strong> 140 à 180 membres ; la participation <strong>de</strong> tous <strong>les</strong> pays,<br />

dans ce contexte, est souvent illusoire. Le regroupement d’économies au sein d’ensemb<strong>les</strong><br />

régionaux <strong>libre</strong>ment constitués peut alors rendre <strong>les</strong> enceintes internationa<strong>les</strong> plus efficaces<br />

(en réduisant la complexité <strong>de</strong> la négociation globale et en partageant <strong>les</strong> coûts d’une<br />

représentation, lour<strong>de</strong> à assumer pour <strong>les</strong> petits Etats) et plus légitimes (en garantissant un<br />

mécanisme <strong>de</strong> représentation transparent <strong>de</strong>s intérêts <strong>de</strong> tous <strong>les</strong> pays, même <strong>les</strong> plus<br />

mo<strong>de</strong>stes). L’UE est ainsi une « circonscription » unique au sein <strong>de</strong> l’OMC . Mais l’exemple<br />

le plus net est celui du FMI et <strong>de</strong> la Banque Mondiale, où 19 <strong>de</strong>s 24 administrateurs sont élus<br />

tous <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux ans par <strong>de</strong>s ensemb<strong>les</strong> <strong>de</strong> pays, aux contours parfois régionaux, en fonction <strong>de</strong><br />

leurs quotes-parts 119 .<br />

6. Les conditions d’un renforcement mutuel<br />

Si <strong>les</strong> organisations régiona<strong>les</strong> sont nombreuses, el<strong>les</strong> connaissent <strong>de</strong>s fortunes<br />

diverses. Parmi leurs conditions <strong>de</strong> succès, figurent leur capacité à mettre en œuvre une<br />

intégration profon<strong>de</strong>, ainsi qu’une bonne articulation <strong>avec</strong> l’édifice <strong>de</strong> la gouvernance<br />

mondiale (Banque Mondiale, 2000), permettant d’exploiter <strong>les</strong> avantages comparatifs qui<br />

viennent d’être décrits. Les <strong>accords</strong> <strong>de</strong> commerce régionaux entre pays en développement <strong>de</strong>s<br />

années 1960-1970, conçus à l’inverse comme alternative à la libéralisation multilatérale, ont<br />

ainsi échoué (Siroën, 2000). L’affirmation d’une compatibilité <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux niveaux <strong>de</strong><br />

gouvernance (« le régionalisme ouvert ») n’est toutefois pas suffisant. Une bonne articulation<br />

nécessite un cadre. Deux exemp<strong>les</strong> célèbres, la charte <strong>de</strong> l’ONU et le GATT, peuvent servir à<br />

illustrer là encore la généralité <strong>de</strong>s règ<strong>les</strong> nécessaires au renforcement mutuel du régionalisme<br />

et du multilatéralisme 120 . Cinq conditions peuvent être, à ce titre, énoncées.<br />

- L’organisation mondiale doit respecter le principe <strong>de</strong> subsidiarité : avoir <strong>de</strong>s<br />

démembrements régionaux ou ne pas empêcher le niveau régional <strong>de</strong> se constituer <strong>de</strong> façon<br />

autonome, en reconnaissant explicitement ce droit dans <strong>les</strong> textes (cf. article 52.1 charte <strong>de</strong><br />

119 Trois pays sont seuls dans leur circonscription (Russie, Arabie Saoudite et Chine) à côté <strong>de</strong>s cinq membres <strong>de</strong> droit. Les<br />

autres membres se regroupent souvent selon <strong>de</strong>s affinités linguistiques ou régiona<strong>les</strong>, à l’exception notable <strong>de</strong>s pays<br />

européens.<br />

120 La logique <strong>de</strong>s coopérations renforcées, avalisée au traité <strong>de</strong> Nice, qui institue en quelque sorte un niveau infra-régional,<br />

tout en l’assortissant <strong>de</strong> règ<strong>les</strong> (nombre <strong>de</strong> membres requis, information, examen <strong>avec</strong> vote à la majorité qualifiée, exclusion<br />

<strong>de</strong> domaines) constitue un autre exemple.<br />

177


l’ONU ; article XXIV du GATT). On peut s’interroger, à cet égard, sur le refus opposé en<br />

1997 (par <strong>les</strong> Etats-Unis, la Chine et le FMI lui-même) à la création d’un Fonds Monétaire<br />

Asiatique, même si, <strong>de</strong>puis, le FMI a soutenu la signature d’<strong>accords</strong> <strong>de</strong> swap entre pays <strong>de</strong> la<br />

région.<br />

- L’organisation mondiale doit toutefois encadrer <strong>les</strong> organisations régiona<strong>les</strong> par<br />

<strong>de</strong>s règ<strong>les</strong>. Celle-ci doit exiger, en premier lieu, une information systématique : <strong>les</strong><br />

initiatives régiona<strong>les</strong> doivent être connues <strong>de</strong>s organisations internationa<strong>les</strong> et <strong>de</strong> tous leurs<br />

membres, en toute transparence (cf. art. 54 <strong>de</strong> la charte <strong>de</strong> l’ONU ; GATT, art. XXIV.7.a). En<br />

second lieu, ces règ<strong>les</strong> doivent s’efforcer <strong>de</strong> minimiser <strong>les</strong> risques <strong>de</strong>s clubs régionaux -<br />

effets défavorab<strong>les</strong> sur <strong>les</strong> tiers et la gouvernance globale notamment – en préservant leurs<br />

atouts.<br />

Cet équi<strong>libre</strong> est difficile et a laissé place, en pratique, à une division du travail<br />

hésitante. La charte <strong>de</strong> l’ONU exclut que <strong>de</strong>s organisations régiona<strong>les</strong> puissent mener d’el<strong>les</strong>mêmes<br />

<strong>de</strong>s actions coercitives offensives, tout en leur laissant une gran<strong>de</strong> capacité <strong>de</strong> mener<br />

<strong>de</strong>s actions collectives <strong>de</strong> défense (combinaison contradictoire entre article 51 et 53 121 ). En<br />

revanche, en ce qui concerne <strong>les</strong> actions <strong>de</strong> conciliation, l’ambiguïté entre <strong>les</strong> artic<strong>les</strong> 52.2,<br />

52.4, 34 et 35 penche plutôt du côté <strong>de</strong> la subordination aux Nations Unies <strong>de</strong>s organisations<br />

régiona<strong>les</strong>, en laissant à ces <strong>de</strong>rnières peu <strong>de</strong> marge <strong>de</strong> manœuvre pour régler pacifiquement<br />

<strong>de</strong>s conflits par el<strong>les</strong>-mêmes. La défense contre <strong>les</strong> agressions extérieures était, en effet, la<br />

principale préoccupation <strong>de</strong>s Etats américains (Clau<strong>de</strong>,1968, p.13).<br />

De son côté, l’article XXIV du GATT (tout comme l’article V du GATS pour <strong>les</strong><br />

services) encadre <strong>les</strong> unions douanières et <strong>les</strong> <strong>zones</strong> <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange en prévoyant que cel<strong>les</strong>ci<br />

doivent lever <strong>les</strong> obstac<strong>les</strong> au commerce entre <strong>les</strong> membres pour « l’essentiel <strong>de</strong>s<br />

échanges », être mises en place dans un « délai raisonnable », et ne pas constituer <strong>de</strong> barrières<br />

« plus élevées » à l’égard <strong>de</strong>s pays tiers. Un mémorandum a interprété cet article lors <strong>de</strong><br />

l’Uruguay Round, en précisant notamment le délai (10 ans maximum sauf exception), le<br />

recours à l’Organe <strong>de</strong> Règlement <strong>de</strong>s Différends, et <strong>les</strong> règ<strong>les</strong> <strong>de</strong> calculs <strong>de</strong>s compensations<br />

applicab<strong>les</strong> en cas <strong>de</strong> relèvement d’un droit au-<strong>de</strong>là du niveau consolidé. Néanmoins, l’article<br />

XXIV ne permet pas d’éliminer tous <strong>les</strong> effets négatifs possib<strong>les</strong> sur <strong>les</strong> pays tiers (la<br />

neutralisation <strong>de</strong>s détournements d’échange supposerait <strong>de</strong> baisser en partie <strong>les</strong> barrières à<br />

leur égard) et <strong>de</strong>meure vague quant à la part <strong>de</strong>s échanges <strong>de</strong>vant être couverts. De plus, la<br />

clause d’habilitation (1979) exempte <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> l’article <strong>les</strong> <strong>accords</strong> constitués <strong>de</strong> pays<br />

en développement: ils peuvent ne pas notifier <strong>les</strong> <strong>accords</strong> 122 , souscrire <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> sectoriels,<br />

ne baisser que partiellement <strong>les</strong> barrières internes (cas <strong>de</strong> l’ASEAN initialement). Il a donc été<br />

suggéré à <strong>de</strong> multip<strong>les</strong> reprises <strong>de</strong> préciser ces règ<strong>les</strong>. La Banque Mondiale (2000) propose<br />

ainsi <strong>de</strong> fixer la part <strong>de</strong>s échanges nécessairement couverts par l’accord (au moins 95% après<br />

10 ans, et 98% après 15 ans), d’exiger la suppression <strong>de</strong>s procédures antidumping entre<br />

membres d’un accord régional, et <strong>de</strong> faire entrer <strong>les</strong> pays en développement dans le droit<br />

commun, en échange d’une plus gran<strong>de</strong> ouverture <strong>de</strong>s marchés <strong>de</strong>s pays développés.<br />

- Une fois <strong>les</strong> règ<strong>les</strong> définies, l’organisation mondiale doit ensuite <strong>les</strong> mettre en<br />

œuvre. Il est notoire, par exemple, que l’article XXIV du GATT n’a pas été convenablement<br />

respecté : sur <strong>les</strong> 69 <strong>accords</strong> notifiés au GATT jusqu’en 1994, 6 ont été reconnus conformes,<br />

tandis que l’examen <strong>de</strong>s autres est resté inachevé. L’avènement <strong>de</strong> l’OMC n’a pas permis <strong>de</strong><br />

progresser dans ce domaine : le comité <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> régionaux, mis sur pied en son sein en<br />

121 L’intervention <strong>de</strong> l’OTAN au Kosovo, <strong>de</strong> par son caractère offensif, enfreignait l’article 53.<br />

122 l’OMC (1999) dénombrait mi-1998 220 <strong>accords</strong> <strong>de</strong> commerce régionaux, dont un tiers qui ne lui avaient pas été notifiés.<br />

178


1996, n’avait pas achevé fin 2000 un seul <strong>de</strong>s 86 examens d’<strong>accords</strong> en cours (OMC, 2000). Il<br />

faut reconnaître que <strong>de</strong>puis le Traité <strong>de</strong> Rome, qui n’était sans doute pas conforme au GATT<br />

(Banque Mondiale, 2000, p.109), <strong>les</strong> Etats-Unis et l’Union Européenne n’ont pas exercé <strong>les</strong><br />

pressions nécessaires.<br />

- Les organisations régiona<strong>les</strong> doivent enfin être conciliées <strong>avec</strong> la solidarité<br />

internationale. Cette solidarité existe souvent <strong>de</strong> façon implicite. Les forces d’interposition<br />

mises en place par l’ONU sont souvent régiona<strong>les</strong>, mais <strong>avec</strong> <strong>de</strong>s composantes extérieures en<br />

termes d’hommes et bien sûr <strong>de</strong> financement. L’UE accor<strong>de</strong> <strong>de</strong>s préférences commercia<strong>les</strong><br />

(SPG) aux pays en développement. Les banques régiona<strong>les</strong> <strong>de</strong> développement ont un<br />

actionnariat ouvert minoritairement (<strong>de</strong> 15 à 35%) aux pays <strong>de</strong>s autres <strong>zones</strong> qui souhaitent<br />

être partie prenantes, ce qui permet aux pays du G7 <strong>de</strong> fournir une part <strong>de</strong>s ressources<br />

nécessaires en échange d’un droit <strong>de</strong> regard. Cook et Sachs (2000) soulignent toutefois que<br />

<strong>les</strong> organisations internationa<strong>les</strong> <strong>de</strong>vraient financer davantage <strong>de</strong> biens publics régionaux et<br />

utiliser <strong>les</strong> organisations régiona<strong>les</strong> comme un canal privilégié <strong>de</strong> l’assistance, à l’image du<br />

plan Marshall. Malgré <strong>les</strong> efforts récents <strong>de</strong>s banques régiona<strong>les</strong> ou <strong>de</strong> la Banque Mondiale<br />

(2001, p. 115-116) en ce sens (projet <strong>de</strong> facilitation régionale du commerce pour le<br />

COMESA, projet <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s affluents <strong>de</strong> la Mer d’Aral, lutte contre l’onchocercose en<br />

Afrique <strong>de</strong> l’Ouest …), <strong>les</strong> biens publics régionaux restent sans doute sous-financés dans <strong>les</strong><br />

pays en développement.<br />

7. Plurilatéralisme, <strong>accords</strong> entre <strong>zones</strong> et géométries variab<strong>les</strong><br />

Par simplicité, il a été supposé jusqu’à présent que <strong>les</strong> niveaux <strong>de</strong> gouvernance,<br />

nationaux, régionaux, et mondial, s’empilaient comme <strong>de</strong>s poupées gigognes, à la façon <strong>de</strong>s<br />

structures administratives <strong>de</strong>s Etats. La réalité est plus complexe :<br />

- Les <strong>accords</strong> entre pays ne sont pas nécessairement régionaux ou mondiaux, mais<br />

peuvent être simplement plurilatéraux (OCDE, groupe <strong>de</strong>s 77…).<br />

- Même dans un espace régional, <strong>les</strong> contours <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> peuvent être différents en<br />

fonction <strong>de</strong>s types <strong>de</strong> biens publics gérés. En Europe, <strong>les</strong> contours <strong>de</strong> l’UE, du Conseil <strong>de</strong><br />

l’Europe, <strong>de</strong> l’UEM ne sont pas i<strong>de</strong>ntiques.<br />

- Au sein d’une même catégorie <strong>de</strong> biens publics, <strong>les</strong> mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> représentation<br />

régionaux peuvent ne pas être coordonnés : la représentation au conseil d’administration <strong>de</strong> la<br />

Banque Mondiale n’a que peu à voir <strong>avec</strong> <strong>les</strong> circonscriptions <strong>de</strong>s banques <strong>de</strong> développement<br />

par exemple ; <strong>de</strong>ux banques <strong>de</strong> développement, la BERD et la BAD sont compétentes<br />

simultanément sur l’Asie centrale.<br />

- Surtout, <strong>les</strong> Etats multiplient <strong>les</strong> <strong>accords</strong> régionaux au lieu <strong>de</strong> s’i<strong>de</strong>ntifier<br />

principalement à une seule entité. Un pays comme le Chili a signé 11 <strong>accords</strong> <strong>de</strong> commerce<br />

régionaux (Banque Mondiale, 2000, p.71). Et l’ambiguïté du mot région 123 permet que, sous<br />

couvert <strong>de</strong>s règ<strong>les</strong> applicab<strong>les</strong> aux <strong>accords</strong> régionaux, s’établissent en fait <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> entre<br />

régions ou entre pays appartenant à différentes régions.<br />

Cette polygamie doublée <strong>de</strong> polysémie entraîne <strong>de</strong>ux grands types <strong>de</strong> réactions.<br />

123 La charte <strong>de</strong> l’ONU emploie le mot région sans le définir, <strong>les</strong> âpres discussion <strong>de</strong> la Conférence <strong>de</strong> San Francisco n’ayant<br />

pu s’entendre sur son sens (Nye, 1968,p.vi). Le GATT ne fait pas référence au concept <strong>de</strong> région dans son article XXIV ;<br />

mais le « comité <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> régionaux » <strong>de</strong> l’OMC traite bien d’<strong>accords</strong> pour <strong>les</strong>quels le mot « régional » perd <strong>de</strong> plus en<br />

plus son sens (cf. commentaires <strong>de</strong> la délégation <strong>de</strong> Hong Kong, OMC, 2000).<br />

179


Pour <strong>les</strong> uns, qui considèrent le <strong>libre</strong>-échange 124 comme un bien public, prioritaire <strong>de</strong><br />

surcroît, un système d’appartenance à la carte correspond fondamentalement au choix <strong>de</strong>s<br />

Etats, d’être représentés tantôt dans une enceinte, tantôt dans une autre. La multiplication <strong>de</strong>s<br />

liens en tout sens diminue <strong>les</strong> aspects pervers du système régional. Bergsten (2001) plai<strong>de</strong><br />

ainsi pour une stratégie américaine d’<strong>accords</strong> régionaux tous azimuths (cross-regional free<br />

tra<strong>de</strong> agreements). Les « tâches <strong>de</strong> léopard » en se réduisant pourraient <strong>de</strong> la sorte conduire à<br />

l’ouverture multilatérale (thèse <strong>de</strong> Leon Brittan). L’enjeu ( Banque Mondiale, 2000, p.117)<br />

est alors surtout <strong>de</strong> faire en sorte que <strong>les</strong> <strong>accords</strong> régionaux soient « ouverts » (abaissement<br />

<strong>de</strong>s barrières externes, droit présomptif à l’association <strong>de</strong> nouveaux membres) pour qu’ils<br />

puissent se fondre <strong>les</strong> uns dans <strong>les</strong> autres.<br />

Pour d’autres, le régionalisme dérive ainsi dangereusement vers un entrelacs <strong>de</strong><br />

« spaghettis » (expression <strong>de</strong> Bhagwati) qui renforce <strong>les</strong> effets pervers <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> régionaux,<br />

en favorisant <strong>les</strong> pays <strong>les</strong> plus puissants qui se situent au centre <strong>de</strong> réseaux d’<strong>accords</strong><br />

(« hubs »). Les <strong>accords</strong> à la carte, multip<strong>les</strong> et entre régions dénaturent <strong>les</strong> organisations<br />

régiona<strong>les</strong>, en empêchant notamment d’approfondir <strong>les</strong> relations entre ses membres et <strong>de</strong><br />

gérer <strong>de</strong>s préférences collectives. La confusion <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> (Fawcett et Hurrell, 1995, p. 317 ;<br />

Banque Mondiale, 2000, p.72) nuit enfin à leur efficacité (complexité accrue <strong>de</strong> leur<br />

coordination ; incertitu<strong>de</strong> ne permettant pas <strong>de</strong> dynamiser <strong>les</strong> investissements) et à leur<br />

légitimité (absence <strong>de</strong> visibilité). On peut, à cet égard, s’interroger sur l’évolution qu’aurait<br />

connu la Communauté Economique Européenne si, ses pays fondateurs, avaient signé, en<br />

même temps que le Traité <strong>de</strong> Rome, un accord <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange <strong>avec</strong> <strong>les</strong> Etats-Unis.<br />

Sans faire rentrer <strong>les</strong> <strong>accords</strong> dans un cadre qui serait strictement pyramidal, <strong>les</strong><br />

partisans <strong>de</strong> ce second point <strong>de</strong> vue cherchent donc à <strong>les</strong> canaliser et à mettre <strong>de</strong> l’ordre :<br />

- dans <strong>les</strong> domaines couverts. Dans le contexte européen, Jean Pisani-Ferry (1995)<br />

avait par exemple proposé <strong>de</strong> définir <strong>de</strong>s « blocs <strong>de</strong> compétences » qui lieraient <strong>de</strong>s domaines<br />

cohérents (union douanière et coordination <strong>de</strong> transport ; marché unique et coordination<br />

monétaire ; union monétaire et harmonisation <strong>de</strong> la fiscalité <strong>de</strong>s revenus du capital…) comme<br />

préalable à une stratégie <strong>de</strong> construction européenne à géométrie variable ;<br />

- dans <strong>les</strong> contours <strong>de</strong>s régions : il s’agirait soit <strong>de</strong> définir plus précisément le concept<br />

<strong>de</strong> « région » dans <strong>les</strong> enceintes internationa<strong>les</strong> pour exclure <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> entre <strong>de</strong>s <strong>zones</strong><br />

éloignées (Nye, 1968, p.v) ; soit d’inciter <strong>les</strong> acteurs à regrouper certains <strong>de</strong> leurs <strong>accords</strong><br />

régionaux 125 ; soit enfin <strong>de</strong> faire en sorte qu’un seul mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> représentation régional s’impose<br />

peu à peu comme représentatif et légitime. On retrouve, dans ce <strong>de</strong>rnier cas, <strong>les</strong> propositions<br />

d’instauration d’une chaise unique <strong>de</strong> l’UE au sein <strong>de</strong>s institutions <strong>de</strong> Bretton Woods, qui<br />

renforcerait l’échelon <strong>de</strong> l’UE dans ces instances ; ou le projet <strong>de</strong> Michel Cam<strong>de</strong>ssus (2000)<br />

<strong>de</strong> créer un G24, une instance politique qui regrouperait <strong>les</strong> pays siégeant déjà au conseil du<br />

FMI et <strong>de</strong> la Banque Mondiale, et qui, à ce titre représentent « pour l’ensemble <strong>de</strong>s problèmes<br />

économiques, l’ensemble du mon<strong>de</strong> ». Rien ne dit cependant que <strong>les</strong> mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> représentation<br />

adoptés pour une question précise (représentation au FMI et à la Banque Mondiale à un<br />

niveau administratif) soient retenus par <strong>les</strong> Etats pour <strong>de</strong>s questions plus larges, ou même que<br />

ceux-ci puissent se reconnaître dans un seul représentant régional pour <strong>de</strong>s sujets très<br />

différents.<br />

124 Et non le cadre propice aux échanges<br />

125 Etablir une zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange pan-européenne, à côté <strong>de</strong> celle <strong>de</strong>s Amériques pour Sapir (2000).<br />

180


Conclusion<br />

L’attention quasi-exclusive portée récemment à la gouvernance globale – faut-il y voir<br />

une réticence toute française à l’égard <strong>de</strong> la subsidiarité ou l’influence ce ceux qui auraient<br />

intérêt à porter le débat <strong>de</strong> la mondialisation au niveau le plus désincarné ?- fait courir le<br />

risque d’occulter <strong>les</strong> enjeux régionaux. Or bien <strong>de</strong>s efforts <strong>de</strong> gouvernance peuvent s’avérer<br />

vains s’ils ne sont pas déployés au niveau approprié. Née d’une guerre régionale qui avait<br />

dégénéré en conflit mondial, l’Organisation <strong>de</strong>s Nations Unies avait su poser <strong>les</strong> bases d’une<br />

complémentarité <strong>de</strong> son action <strong>avec</strong> celle <strong>de</strong>s organisations régiona<strong>les</strong>. Au moment où <strong>de</strong>s<br />

voix s’élèvent pour la réformer, la dimension institutionnelle régionale ne doit surtout pas être<br />

oubliée.<br />

La gouvernance régionale ne peut tout résoudre. Mais dans <strong>les</strong> faits, elle progresse, car<br />

elle est considérée dans différentes parties du mon<strong>de</strong> comme le niveau le plus pertinent<br />

(Lamy, 2000). Il faut alors accepter la diversité <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gouvernance, voire encourager<br />

le développement <strong>de</strong>s organisations régiona<strong>les</strong>, pourvu que cel<strong>les</strong>-ci soient astreintes à <strong>de</strong>s<br />

règ<strong>les</strong>, et que cel<strong>les</strong>-ci soit appliquées <strong>de</strong> façon à concentrer leur action sur <strong>les</strong> biens publics<br />

internationaux qu’el<strong>les</strong> peuvent le mieux fournir.<br />

L’Union Européenne, <strong>avec</strong> son intégration profon<strong>de</strong> <strong>de</strong> diverses politiques, est sans<br />

doute la partie du mon<strong>de</strong> qui est allée le plus loin en termes <strong>de</strong> création d’un échelon <strong>de</strong><br />

gouvernance régionale, même si celui-ci <strong>de</strong>meure incomplet et à géométrie variable. Ne<br />

serait-ce que du fait <strong>de</strong> son expérience, elle gagnerait sans doute à éviter qu’un tel mo<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

gouvernance soit défiguré par <strong>de</strong>s règ<strong>les</strong> insuffisamment rigoureuses, et gagnerait aussi peutêtre<br />

à sa généralisation. Elle <strong>de</strong>vrait, par exemple, dans le domaine commercial, soutenir la<br />

réalisation d’<strong>accords</strong> commerciaux profonds dans d’autres parties du mon<strong>de</strong>, et dans le même<br />

temps, veiller à renforcer <strong>les</strong> critères et l’application <strong>de</strong> l’article XXIV du GATT.<br />

Il faut toutefois se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r si la politique d’<strong>accords</strong> européens <strong>avec</strong> <strong>de</strong>s pays<br />

lointains (UE-Mexique, UE-Afrique du Sud) ou <strong>avec</strong> <strong>de</strong>s <strong>zones</strong> éloignées (projet UE-<br />

Mercosur, <strong>accords</strong> <strong>de</strong> Cotonou), <strong>accords</strong> qui sont difficilement « profonds », renforce<br />

véritablement l’intégration régionale dans le mon<strong>de</strong>, la règle globale (l’article XXIV) ou<br />

même l’image internationale <strong>de</strong> l’Union 126 . L’hésitation entre « intégration profon<strong>de</strong> » et<br />

« intégration <strong>de</strong> surface » souvent dénotée au sein <strong>de</strong> l’UE a son symétrique, pour la politique<br />

extérieure <strong>de</strong> l’Union, dans le dilemme entre un régionalisme polygame et ouvert et une<br />

structuration régionale plus cohérente <strong>de</strong> la gouvernance mondiale.<br />

126 Sapir (1999) relève la confusion fréquente qui est faite entre l’intégration européenne et la politique d’<strong>accords</strong> <strong>de</strong><br />

commerce régionaux <strong>de</strong> l’Union, alors que seule la secon<strong>de</strong> est en général critiquée par <strong>les</strong> économistes. On notera, dans le<br />

même registre, que le récent accord <strong>de</strong> « <strong>libre</strong>-échange » entre <strong>les</strong> Etats-Unis et la Jordanie couvre davantage <strong>de</strong> disciplines<br />

(environnement, services..) que <strong>les</strong> <strong>accords</strong> dits <strong>de</strong> partenariat signés entre l’UE et plusieurs pays méditerranéens.<br />

181


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283<br />

183


L'ouverture européenne aux <strong>zones</strong> émergentes :<br />

quel impact sur la cohésion économique et sociale intra-communautaire ?<br />

Bernard Yvars<br />

Maître <strong>de</strong> Conférences en Sciences Economiques<br />

Université Montesquieu-Bor<strong>de</strong>aux IV<br />

Les récents <strong>accords</strong> <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange <strong>de</strong> l'Union concernent <strong>de</strong>s <strong>zones</strong> en développement<br />

(pays latino-américains, pays méditerranéens, pays <strong>de</strong> l'Est). La croissance <strong>de</strong>s échanges<br />

commerciaux internationaux et la réallocation <strong>de</strong>s facteurs vont se poursuivre dans <strong>les</strong> prochaines<br />

années. La création <strong>de</strong> <strong>zones</strong> <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange (Zlea, zone européenne <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange euroméditerranéenne,<br />

libéralisation du commerce entre l'Union européenne et le Mercosur, etc)<br />

déterminera probablement cette progression davantage que <strong>les</strong> négociations multilatéra<strong>les</strong> continues<br />

dans le cadre <strong>de</strong> l'OMC. L'Amérique latine, et en particulier le Mercosur, représente un enjeu<br />

commercial que l'Alena et l'Union européenne ont bien perçu. L'ouverture progressive <strong>de</strong>s marchés<br />

latino - américains peut engendrer à la fois une expansion <strong>de</strong>s échanges commerciaux et une<br />

intensification <strong>de</strong>s investissements directs dans la zone en développement. L'Union européenne est<br />

<strong>de</strong>venue au cours <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rnières années le principal partenaire du Mercosur pour <strong>les</strong> échanges<br />

extérieurs et <strong>les</strong> implantations <strong>de</strong> filia<strong>les</strong> étrangères.<br />

Simultanément, d'autres espaces économiques, en particulier ceux inclus dans la zone<br />

d'échanges naturelle <strong>de</strong> la France, vont <strong>de</strong>venir plus attractifs pour le commerce et <strong>les</strong><br />

délocalisations en provenance <strong>de</strong> l'Union européenne. Les <strong>accords</strong> Union européenne - pays<br />

méditerranéens (notamment <strong>avec</strong> la Tunisie et le Maroc) conduisent ces pays à un ajustement<br />

économique par <strong>de</strong>s mécanismes <strong>de</strong> marché résultant d'une ouverture unilatérale (donc asymétrique)<br />

<strong>de</strong> leurs économies à la concurrence communautaire. Ces <strong>accords</strong> impliquent en fait une reprise<br />

partielle <strong>de</strong> l'acquis communautaire, principalement le respect <strong>de</strong> règ<strong>les</strong> établies par le Marché<br />

unique européen (en particulier la normalisation européenne). L'industrie est principalement<br />

concernée puisque <strong>les</strong> <strong>accords</strong> méditerranéens n'affectent pas la libéralisation du commerce<br />

agricole. La construction d'une zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange basée, par exemple, sur <strong>de</strong>s normes<br />

communes (règ<strong>les</strong> <strong>de</strong> concurrence, marchés publics, règ<strong>les</strong> d'origine...) définira une nouvelle<br />

division internationale du travail s'appuyant sur <strong>de</strong>s investissements directs étrangers. Ceux-ci<br />

pourraient concerner peut-être davantage dans un premier temps <strong>les</strong> segments productifs <strong>de</strong> faible et<br />

moyenne valeur ajoutée où <strong>les</strong> gains <strong>de</strong> productivité pourraient être élevés. De ce point <strong>de</strong> vue, <strong>les</strong><br />

partenaires privilégiés <strong>de</strong>s pays méditerranéens seraient <strong>de</strong>s entrepreneurs <strong>de</strong> l'actuelle Europe<br />

latine qui détiennent <strong>de</strong> nombreux avantages comparatifs dans ces types d'activités. Sans appartenir<br />

à la zone d'échanges naturelle <strong>de</strong> la France, <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'Est en transition vers l'adhésion à l'Union<br />

européenne sont d'ores et déjà une composante <strong>de</strong> la division verticale du travail intracommunautaire.<br />

L'évolution <strong>de</strong>s échanges et <strong>de</strong>s investissements directs le montre sans ambiguïté<br />

entre l'Union et cette zone en développement : après la désintégration du CAEM, <strong>les</strong> flux<br />

d'échanges et d'IDE se sont accrus progressivement <strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'Union européenne<br />

(importance inégale selon <strong>les</strong> Etats membres). L'adoption <strong>de</strong> l'acquis communautaire est ici<br />

184


soutenue par <strong>les</strong> fonds structurels et l'Instrument structurel <strong>de</strong> pré - adhésion (Ispa). Cela conduira à<br />

l'émergence d'une nouvelle concurrence pour <strong>les</strong> régions <strong>de</strong> l'actuelle Union.<br />

Dans un tel contexte, il est important d'anticiper <strong>les</strong> effets sur l'économie française d'une<br />

ouverture progressive et la plus large possible à l'échange international. Nous tenterons dans cette<br />

communication d'apporter quelques arguments à la thèse suivante : l'économie française n'a pas<br />

globalement <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> crainte à éprouver <strong>de</strong> l'ouverture européenne aux pays émergents (I). Une<br />

concurrence renforcée peut concerner quelques secteurs d'activités, en particulier dans <strong>les</strong> processus<br />

productifs <strong>de</strong> basse et moyenne valeur ajoutée et selon toute vraisemblance, affecter plus<br />

sérieusement <strong>les</strong> régions périphériques communautaires. En revanche, ce sont plutôt <strong>les</strong> effets<br />

d'agglomération <strong>de</strong> l'union monétaire en construction qui pourraient davantage contribuer à<br />

accroître <strong>les</strong> disparités économiques à l'intérieur <strong>de</strong> l'espace national, en conduisant à un nondéveloppement<br />

durable <strong>de</strong>s <strong>zones</strong> périphériques (II). Examinons tout d'abord la position relative <strong>de</strong><br />

l'économie française par rapport aux pays émergents pour mettre en évi<strong>de</strong>nce sa faible vulnérabilité<br />

globale.<br />

1. La position relative <strong>de</strong> l'économie française au sein <strong>de</strong>s pays émergents préférentiels<br />

Nous avons essayé <strong>de</strong> rendre compte <strong>de</strong> cette position en ayant recours à une analyse en<br />

composantes principa<strong>les</strong> et à quelques indicateurs simp<strong>les</strong> permettant une première approche <strong>de</strong> la<br />

capacité concurrentielle à l'exportation <strong>de</strong>s pays <strong>avec</strong> <strong>les</strong>quels la France pratique <strong>de</strong>s relations<br />

préférentiel<strong>les</strong> dans le cadre <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> européens (sol<strong>de</strong> commercial bilatéral et avantage<br />

comparatif révélé).<br />

1.1 Les enseignements d'une approche en composantes principa<strong>les</strong><br />

Pour situer l'économie française par rapport à celle <strong>de</strong>s partenaires préférentiels <strong>de</strong>s <strong>zones</strong><br />

en développement, nous nous sommes appuyés sur une analyse en composantes principa<strong>les</strong>. Pour<br />

<strong>les</strong> 8 pays émergents étudiés et pour la France en 1998, nous avons utilisé <strong>les</strong> neuf variab<strong>les</strong><br />

suivantes :<br />

- l'avantage comparatif sectoriel révélé ;<br />

- le PIB par tête en dollars en PPA ;<br />

- l'évolution <strong>de</strong>s prix à la consommation ;<br />

- l'investissement intérieur brut en pourcentage du PIB en 1999.<br />

- l'évolution <strong>de</strong> l'investissement intérieur brut sur la pério<strong>de</strong> 1990 -1999 ;<br />

- la consommation privée en pourcentage du PIB ;<br />

- <strong>les</strong> exportations <strong>de</strong> biens et services en pourcentage du PIB ;<br />

- le nombre <strong>de</strong> scientifiques et d'ingénieurs (R-D) par millions d'habitants (1987 -<br />

1997) ;<br />

- l'investissement direct étranger en millions <strong>de</strong> dollars en 1999.<br />

L'ensemble <strong>de</strong> ces indicateurs statistiques permet <strong>de</strong> rendre compte à un instant donné <strong>de</strong><br />

façon satisfaisante <strong>de</strong> la situation macro-économique d'un pays ouvert à l'échange international. Il<br />

est possible <strong>de</strong> dégager <strong>de</strong>ux composantes (graphique 1 ci-<strong>de</strong>ssous) qui après interprétation<br />

185


eprésentent en ordonnée, l'importance du marché intérieur (investissement direct étranger inclus) et<br />

en abscisse, la capacité exportatrice sur <strong>les</strong> marchés extérieurs.<br />

Le pourcentage d'information conservé par cette simplification selon <strong>de</strong>ux dimensions est<br />

d'un peu plus <strong>de</strong> 90 % (bonne représentation dans le plan).<br />

En ordonnée, l'examen <strong>de</strong>s indicateurs <strong>les</strong> plus corrélés à la première composante principale<br />

permet <strong>de</strong> définir une capacité plus élevée du marché intérieur pour <strong>de</strong>s contributions plus<br />

importantes <strong>de</strong>s composantes <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> globale (consommation privée et FBCF notamment) et<br />

l'investissement direct étranger. La France et le Brésil s'opposent ainsi au Maroc et à la Tunisie, par<br />

exemple.<br />

Des économies dans une situation intermédiaire apparaissent : Pologne ou Argentine, cette<br />

<strong>de</strong>rnière étant caractérisée par un niveau <strong>de</strong> vie relativement plus élevé, c'est-à-dire une capacité<br />

d'accès à l'acquisition <strong>de</strong> biens durab<strong>les</strong>.<br />

En abscisse, la lecture <strong>de</strong> la capacité exportatrice sur <strong>les</strong> marchés extérieurs tous azimuts<br />

peut être effectuée en recourant aux indicateurs <strong>de</strong> prix à la consommation, <strong>de</strong> commerce extérieur<br />

en pourcentage du PIB, d'avantages comparatifs révélés, bien corrélés à la <strong>de</strong>uxième composante<br />

principale. On est ainsi conduit à distinguer <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> situations :<br />

- le sous-groupe Brésil, France, relativement peu dynamique à l'exportation <strong>avec</strong> <strong>de</strong>s<br />

avantages comparatifs sectoriels peu marqués ;<br />

186


- le sous - groupe <strong>de</strong>s autres pays émergents à capacité concurrentielle sur <strong>les</strong><br />

marchés tiers relativement fragile <strong>avec</strong> toutefois une inflation moins mal maîtrisée, une insuffisance<br />

<strong>de</strong> remontée <strong>de</strong> filière qui <strong>les</strong> cantonne dans <strong>de</strong>s processus productifs <strong>de</strong> faible ou moyenne valeur<br />

ajoutée (industries <strong>de</strong> base ou <strong>de</strong> produits traditionnels). On rencontre <strong>de</strong>s avantages comparatifs<br />

ponctuels forts dans <strong>de</strong>s économies consacrant une part élevée <strong>de</strong> la production à l'exportation.<br />

1.2. Le recours à <strong>de</strong>s indicateurs complémentaires simp<strong>les</strong><br />

L'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s sol<strong>de</strong>s commerciaux bilatéraux <strong>de</strong> la France <strong>avec</strong> <strong>les</strong> 8 pays émergents étudiés<br />

pour une année non atypique (en l'occurrence 1998) montre qu'elle enregistre un sol<strong>de</strong> commercial<br />

déficitaire dans <strong>les</strong> activités du textile et <strong>de</strong> l'agroalimentaire (et <strong>avec</strong> le Brésil pour <strong>les</strong> bois et<br />

papiers). En revanche, elle est excé<strong>de</strong>ntaire pour <strong>les</strong> produits intermédiaires notamment chimiques<br />

et pour <strong>les</strong> productions d'industries mécaniques, excepté l'industrie électronique <strong>avec</strong> la Hongrie.<br />

Ces résultats correspon<strong>de</strong>nt à l'exploitation <strong>de</strong>s avantages comparatifs respectifs.<br />

Graphique 2 -<br />

Valeur <strong>de</strong> l'ACR <strong>de</strong>s industries traditionnel<strong>les</strong> en 1998<br />

60<br />

50<br />

40<br />

30<br />

Valeur <strong>de</strong> l'ACR<br />

20<br />

10<br />

0<br />

France Brésil Argentine Maroc Tunisie Rep Tchèque Hongrie Pologne Roumanie<br />

-10<br />

-20<br />

Source : d'après la base <strong>de</strong> données Chelem<br />

Pays<br />

Bois papiers Textile Agroalimentaire<br />

Il apparaît clairement que la France a peu d'avantages comparatifs en matière d'industries<br />

<strong>de</strong>s bois et papiers et <strong>de</strong>s texti<strong>les</strong> (graphique 2 ci-<strong>de</strong>ssous).<br />

187


Graphique 3 -<br />

Valeur <strong>de</strong> l'ACR <strong>de</strong>s produits intermédiaires en 1998<br />

20<br />

15<br />

10<br />

Valeur <strong>de</strong> l'ACR<br />

5<br />

0<br />

-5<br />

France Brésil Argentine Maroc Tunisie Rep Tchèque Hongrie Pologne Roumanie<br />

-10<br />

-15<br />

-20<br />

Source :d'après la base <strong>de</strong> données Chelem<br />

Pays<br />

Non ferreux Sidérurgique Chimique<br />

Il apparaît un avantage comparatif révélé pour l'industrie française <strong>de</strong> la chimie. Pour <strong>les</strong><br />

industries mécaniques, la France possè<strong>de</strong> une avantage comparatif révélé pour <strong>les</strong> véhicu<strong>les</strong> et <strong>les</strong><br />

industries mécaniques et plus faiblement pour <strong>les</strong> industries électriques. (graphique 3 ci-<strong>de</strong>ssous)<br />

188


Graphique 4 -<br />

Valeur <strong>de</strong> l'ACR <strong>de</strong>s industries mécaniques en 1998<br />

40<br />

30<br />

20<br />

10<br />

Valeur <strong>de</strong> l'ACR<br />

0<br />

France Brésil Argentine Maroc Tunisie Rep Tchèque Hongrie Pologne Roumanie<br />

-10<br />

-20<br />

-30<br />

-40<br />

Source : d'parès la base <strong>de</strong> données Chelem<br />

Pays<br />

Electronique Electrique Véhicu<strong>les</strong> Mécanique<br />

En définitive, ces <strong>accords</strong> <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange <strong>avec</strong> <strong>de</strong>s <strong>zones</strong> en développement définissent <strong>de</strong><br />

nouvel<strong>les</strong> conditions <strong>de</strong> concurrence et d'arbitrage (ces zone étant aussi en concurrence entre el<strong>les</strong>,<br />

par exemple pour l'accueil <strong>de</strong>s investissements directs étrangers). De ce point <strong>de</strong> vue, l'espace<br />

européen est (et sera) affecté différemment par ces <strong>accords</strong>. A priori, <strong>les</strong> adaptations <strong>les</strong> plus<br />

sensib<strong>les</strong> semblent concerner certaines régions (sud européen) et certaines branches <strong>de</strong> l'Union<br />

(avant tout, activités <strong>de</strong> faible et moyenne valeur ajoutée). Les <strong>accords</strong> <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange <strong>avec</strong> <strong>les</strong><br />

<strong>zones</strong> en développement ne sont susceptib<strong>les</strong> que <strong>de</strong> créer <strong>de</strong>s difficultés sectoriel<strong>les</strong> (et régiona<strong>les</strong>)<br />

à l'économie française qui peut en revanche bénéficier d'opportunités d'investissements directs<br />

accrues dans ces territoires. Dans le contexte actuel <strong>de</strong> globalisation, on peut distinguer <strong>de</strong>ux types<br />

<strong>de</strong> restructuration <strong>de</strong>s activités mettant en concurrence, d'une part, <strong>les</strong> <strong>zones</strong> <strong>les</strong> plus développées<br />

pour l'acquisition d'avantages comparatifs dans <strong>les</strong> activités à ren<strong>de</strong>ments croissants et, d'autre part,<br />

<strong>les</strong> <strong>zones</strong> relativement moins développées (européennes ou extra-européennes) pour l'obtention<br />

d'avantages comparatifs dans <strong>les</strong> activités <strong>de</strong> faible ou moyenne valeur ajoutée. La nature <strong>de</strong>s<br />

échanges commerciaux et <strong>de</strong>s investissements directs en est (et sera) nécessairement affectée. A<br />

priori, <strong>les</strong> <strong>zones</strong> développées <strong>de</strong> l'Union européenne (et <strong>de</strong> la France) pourraient tirer un avantage<br />

au niveau <strong>de</strong>s échanges <strong>avec</strong> ces <strong>zones</strong> en développement (exportations <strong>de</strong> produits relativement<br />

élevés dans l'échelle <strong>de</strong>s qualités) et <strong>les</strong> <strong>zones</strong> communautaires en retard <strong>de</strong> développement<br />

pourraient connaître <strong>de</strong>s difficultés <strong>avec</strong> <strong>de</strong>s délocalisations <strong>de</strong> leurs activités <strong>de</strong> faible et moyenne<br />

189


valeur ajoutée. Dans une union monétaire en cours <strong>de</strong> construction, <strong>les</strong> Etats membres ont été<br />

<strong>de</strong>ssaissis <strong>de</strong> toutes <strong>les</strong> prérogatives <strong>de</strong> la politique conjoncturelle. Dans ces conditions, se pose la<br />

question <strong>de</strong> l'ajustement économique face à <strong>de</strong>s chocs <strong>de</strong> compétitivité qui affecteront<br />

sectoriellement <strong>les</strong> régions périphériques <strong>de</strong> l'actuelle Union européenne.<br />

2. Les facteurs d'évolution <strong>de</strong> la politique <strong>de</strong> cohésion économique et sociale<br />

La Communauté européenne a réduit <strong>les</strong> disparités dans <strong>les</strong> phases <strong>de</strong> forte croissance<br />

économique, mais l’effort <strong>de</strong> convergence ne s'est pas poursuivi dans <strong>les</strong> phases <strong>de</strong> croissance<br />

ralentie ou <strong>de</strong> récession. De 1950 à 1990, un processus <strong>de</strong> convergence s'est manifesté puisque <strong>les</strong><br />

régions à revenu initial par habitant plus bas ont connu un taux <strong>de</strong> croissance plus rapi<strong>de</strong> que <strong>les</strong><br />

autres. Même si <strong>de</strong>s divergences nationa<strong>les</strong> ont pu s'accentuer, en particulier entre l'Allemagne et<br />

<strong>les</strong> autres partenaires communautaires, <strong>les</strong> convergences régiona<strong>les</strong> à l'intérieur <strong>de</strong>s Etats membres<br />

se sont poursuivies <strong>de</strong> façon telle que <strong>les</strong> écarts régionaux intra - européens ne se sont pas<br />

globalement accentués. Cependant, le rattrapage <strong>de</strong>s régions pauvres a été très lent puisque l'écart<br />

<strong>de</strong> revenu ne s'est comblé que d'environ 2% par an. La convergence s'est ralentie au début <strong>de</strong>s<br />

années 80 pour s'établir à 1,3 % par an entre 1978 et 1992. Le second et le troisième élargissement<br />

ont accru <strong>les</strong> inégalités spatia<strong>les</strong> puisqu'aucune région <strong>de</strong>s nouveaux Etats adhérents n'atteint la<br />

moyenne européenne du revenu par habitant. Aujourd'hui, le fait majeur est que la convergence se<br />

poursuit entre Etats membres et qu'elle se ralentit entre régions riches et régions pauvres d'un même<br />

pays. Dans <strong>les</strong> pays relativement pauvres, seu<strong>les</strong> <strong>les</strong> régions riches bénéficient d'un processus <strong>de</strong><br />

convergence <strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays européens <strong>les</strong> plus développés. L'évolution économique <strong>de</strong>s régions <strong>de</strong><br />

l'Union européenne montre une convergence réelle vers la moyenne communautaire du Pib par<br />

habitant <strong>de</strong>s régions <strong>les</strong> plus en retard, notamment grâce au soutien <strong>de</strong>s fonds structurels : dans <strong>les</strong><br />

dix régions où il était le plus bas, le Pib par habitant est passé, entre 1986 et 1996, <strong>de</strong> 41% à 50% <strong>de</strong><br />

la moyenne communautaire, et celui <strong>de</strong>s vingt-cinq régions <strong>les</strong> plus défavorisées, <strong>de</strong> 52% à 59%. La<br />

situation <strong>de</strong> l'emploi <strong>de</strong>meure néanmoins moins satisfaisante. Les pays <strong>les</strong> moins prospères ont<br />

renforcé leurs infrastructures <strong>de</strong> communication et <strong>de</strong> télécommunication. Cependant, à l’intérieur<br />

<strong>de</strong> plusieurs Etats, <strong>les</strong> inégalités se creusent, comme en témoignent la persistance d’importantes<br />

<strong>zones</strong> <strong>de</strong> chômage dans certaines régions (en Espagne, en Italie ou dans <strong>les</strong> Dom français) et le<br />

maintien ou le renforcement <strong>de</strong>s disparités régiona<strong>les</strong> dans <strong>les</strong> domaines <strong>de</strong> la recherche, <strong>de</strong><br />

l’innovation ou <strong>de</strong> l’éducation et <strong>de</strong> la formation. Au total, aucune région en retard <strong>de</strong><br />

développement lors <strong>de</strong> la création <strong>de</strong> la Communauté n’occupe aujourd’hui un rang favorable dans<br />

le classement <strong>de</strong>s régions en termes <strong>de</strong> Pib ou <strong>de</strong> taux <strong>de</strong> chômage, ce qui montre <strong>les</strong> limites <strong>de</strong><br />

l’action européenne entreprise <strong>de</strong>puis plusieurs décennies. Cette situation est d'autant plus grave<br />

que la politique <strong>de</strong> la cohésion, outre le plafonnement <strong>de</strong> ses ressources, subit <strong>de</strong>s contraintes<br />

supplémentaires liées à la globalisation <strong>de</strong>s activités. Toutefois, la concurrence <strong>de</strong>s pays émergents<br />

ne constitue qu'une menace <strong>de</strong> portée limitée.<br />

2.1. Les contraintes <strong>de</strong> faible portée pour la politique <strong>de</strong> cohésion économique et sociale<br />

communautaire<br />

190


El<strong>les</strong> sont représentées par <strong>les</strong> coopérations, notamment commercia<strong>les</strong>, <strong>avec</strong> <strong>les</strong> <strong>zones</strong><br />

émergentes <strong>de</strong> la zone d'échanges naturelle <strong>de</strong> l'Union européenne.<br />

2.1.1. Les relations <strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'Est<br />

L'Agenda 2000 indique que l'élargissement aux pays <strong>de</strong> l'Est se traduira pour l'Union<br />

européenne par <strong>de</strong>s coûts supplémentaires importants. L'objectif est l’alignement <strong>de</strong> ces pays sur <strong>les</strong><br />

normes d’infrastructure communautaires. La Commission assurera la coordination et la cohérence<br />

entre <strong>les</strong> mesures relevant <strong>de</strong> l'Ispa et <strong>les</strong> mesures financées par d’autres contributions (budget<br />

général communautaire, Bei, Berd, etc.)<br />

Après une baisse <strong>de</strong> leur poids dans l'activité internationale consécutive à la désagrégation<br />

du CAEM, <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'Est accroissent progressivement leur participation au processus <strong>de</strong><br />

mondialisation <strong>de</strong>s activités. Cependant, leur position aussi bien dans <strong>les</strong> échanges mondiaux que<br />

dans <strong>les</strong> stocks d'investissements directs étrangers <strong>de</strong>meure mo<strong>de</strong>ste. Une partie <strong>de</strong>s échanges entre<br />

l'Union européenne et <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'Est résulte d'<strong>accords</strong> <strong>de</strong> sous-traitance entre <strong>de</strong>s firmes<br />

communautaires et est-européennes. Aujourd'hui, il est important <strong>de</strong> relever l'évolution qualitative<br />

<strong>de</strong>s échanges <strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'Est en particulier :<br />

- la modification <strong>de</strong> leur composition sectorielle : outre <strong>les</strong> produits texti<strong>les</strong>, le<br />

développement <strong>de</strong>s ventes <strong>de</strong> produits mécaniques est à noter <strong>avec</strong> une tendance à l'évolution vers<br />

<strong>de</strong>s produits à contenu technologique plus élevé ;<br />

- une élévation du ratio <strong>de</strong>s valeurs unitaires Exportations/Importations pour <strong>les</strong> échanges<br />

<strong>avec</strong> l'Union européenne ;<br />

- une élévation <strong>de</strong>s coefficients d'échanges intra-branche, notamment <strong>de</strong> produits similaires<br />

différenciés verticalement.<br />

L'insertion <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l'Est dans la division internationale du travail accroît<br />

progressivement la pression concurrentielle sur <strong>les</strong> activités traditionnel<strong>les</strong> ou peu intensives en<br />

recherche - développement <strong>de</strong>s régions <strong>de</strong> l'Ouest européen. Cette compétition peut produire <strong>de</strong>s<br />

effets sensib<strong>les</strong> au niveau régional ou sectoriel, engendrant <strong>de</strong>s besoins accrus en fonds structurels<br />

pour ai<strong>de</strong>r aux restructurations économiques nécessaires. Mais le principal choc <strong>de</strong> l'adhésion<br />

concernera <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'Est en retard <strong>de</strong> développement, <strong>de</strong> la même manière que cela s'est produit<br />

<strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays ibériques lors <strong>de</strong> leur entrée dans la CEE. Les services <strong>de</strong> la Commission ont conduit<br />

une analyse à partir <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux variab<strong>les</strong> : la vulnérabilité <strong>de</strong>s activités et l'accessibilité <strong>de</strong>s régions. La<br />

première est d'autant plus significative que <strong>les</strong> relations commercia<strong>les</strong> entre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux ensemb<strong>les</strong><br />

concernés sont importantes et l'accessibilité <strong>de</strong>s régions, déterminée par l'indicateur d'accessibilité<br />

potentielle <strong>de</strong> Keeble, est d'autant plus gran<strong>de</strong> que <strong>les</strong> coûts <strong>de</strong> transport sont faib<strong>les</strong>.<br />

L'interpénétration <strong>de</strong>s économies va entraîner à court terme toutes choses éga<strong>les</strong> par ailleurs une<br />

concurrence industrielle accrue entre <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'Est et certaines régions <strong>de</strong> l'Union européenne.<br />

Sur <strong>les</strong> 27 régions européennes qui connaissent un niveau d'emploi industriel élevé, 17 sont <strong>de</strong>s<br />

régions qui se caractérisent par un fort <strong>de</strong>gré d'accessibilité ; c'est le cas <strong>de</strong> la région <strong>de</strong> la Ruhr, du<br />

Sud-Ouest <strong>de</strong> l'Allemagne et du Nord-Ouest <strong>de</strong> l'Italie. Définis par une accessibilité modérée, on<br />

trouve ensuite <strong>les</strong> Landër <strong>de</strong> l'ex - Allemagne <strong>de</strong> l'Est et la région Aquitaine. La région <strong>de</strong> Porto<br />

dont le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> vulnérabilité à l'adhésion est élevé apparaît en revanche périphérique et moins<br />

accessible à la concurrence industrielle <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l'Est. Le tissu industriel <strong>de</strong>s autres régions<br />

européennes, fortement accessible ou pas, est modérément ou faiblement affecté par l'élargissement<br />

en raison <strong>de</strong> la nature <strong>de</strong>s activités concernées. En revanche, la concurrence agricole semble <strong>de</strong>voir<br />

191


s'exercer plus fortement sur <strong>les</strong> régions en retard <strong>de</strong> développement (en particulier périphériques) <strong>de</strong><br />

l'actuelle Union européenne.<br />

Encore aujourd'hui, la concurrence <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l'Est, comme l'indique la Commission<br />

européenne, n'a pas <strong>de</strong> traduction sensible dans <strong>les</strong> échanges <strong>avec</strong> l'Union européenne. En<br />

définitive, l'adhésion <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l'Est à l'Union européenne pourrait engendrer :<br />

- une stimulation significative <strong>de</strong> la croissance <strong>de</strong>s pays adhérents et donc <strong>de</strong>s progrès<br />

<strong>de</strong> leur convergence réelle ;<br />

- un transfert <strong>de</strong> fonds <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l'actuelle Union européenne vers <strong>les</strong> pays adhérents<br />

dont l'effet serait déflationniste mais plus ou moins intégralement compensé par l'accroissement<br />

<strong>de</strong>s débouchés dans <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'Est. L'effet sur la croissance <strong>de</strong>s membres actuels <strong>de</strong> l'Union<br />

européenne serait assez faible mais <strong>les</strong> effets régionaux seraient plus sensib<strong>les</strong> en entraînant une<br />

adaptation <strong>de</strong>s règ<strong>les</strong> <strong>de</strong> partage <strong>de</strong>s fonds structurels.<br />

2.1.2. Le partenariat <strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays méditerranéens<br />

Le partenariat entre <strong>les</strong> pays méditerranéens et l'Union européenne rencontre à l'heure<br />

actuelle une faible mobilisation politique <strong>de</strong>s Etats <strong>de</strong> la Communauté. Pourtant, la réalisation à<br />

terme d'une zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange est source <strong>de</strong> chocs économiques, en particulier sur <strong>les</strong> marchés<br />

<strong>de</strong>s produits et <strong>de</strong>s facteurs (travail). L'Europe du Sud (France, Italie, Espagne, Portugal) a intérêt à<br />

faire <strong>de</strong> la zone méditerranéenne une priorité <strong>de</strong> coopération et à affirmer un tel choix auprès <strong>de</strong>s<br />

instances communautaires qui privilégient la préparation <strong>de</strong> la prochaine adhésion <strong>de</strong>s Pays <strong>de</strong> l'Est.<br />

Les pays méditerranéens, en particulier la Tunisie et la Maroc (ce <strong>de</strong>rnier a signé un accord<br />

d'association entré en vigueur le 1er mars 2000), ont avantage à tirer partie <strong>de</strong> cette coopération.<br />

Prenons l'exemple du Maroc. Ce pays peut l'inscrire à terme, au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la réalisation d'une zone <strong>de</strong><br />

<strong>libre</strong>-échange, dans une stratégie d'adhésion à l'Union européenne.<br />

La mise en place <strong>de</strong> la zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange Union européenne - pays méditerranéens se<br />

concrétise par un désarmement protectionniste unilatéral <strong>de</strong>s pays méditerranéens (accord<br />

asymétrique puisque l'Union européenne n'effectue pas <strong>de</strong> nouvel<strong>les</strong> concessions). Un instrument<br />

financier communautaire MEDA prévoit une assistance financière à ces pays pour accompagner un<br />

tel processus mais sa dotation est mo<strong>de</strong>ste et souffre d'ores et déjà d'un saupoudrage <strong>de</strong>s moyens.<br />

Par conséquent, le Maroc sera confronté à un ajustement <strong>de</strong> son économie par <strong>les</strong> mécanismes <strong>de</strong><br />

marché et <strong>les</strong> gains attendus seront principalement réalisés par la conquête <strong>de</strong> nouveaux débouchés.<br />

Les principaux problèmes posés concernent la convergence <strong>de</strong>s systèmes productifs marocains, la<br />

soutenabilité <strong>de</strong>s réformes engagées au regard <strong>de</strong>s grands équi<strong>libre</strong>s macro-économiques et la<br />

question <strong>de</strong>s investissements directs nécessaires pour accompagner ce processus <strong>de</strong> libéralisation,<br />

notamment en provenance <strong>de</strong> l'Union européenne.<br />

L'ouverture au commerce <strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'Union européenne implique pour le Maroc <strong>de</strong><br />

tenir compte d'une partie <strong>de</strong> l'acquis communautaire. En l'occurrence, il s'agit <strong>de</strong> reprendre <strong>les</strong><br />

règ<strong>les</strong> établis par le Marché unique européen. L'objectif est <strong>de</strong> préparer l'économie marocaine à la<br />

normalisation européenne (qui est majoritairement une normalisation internationale) et plus<br />

généralement, aux règ<strong>les</strong> d'une concurrence accrue. L'industrie est essentiellement concernée. Les<br />

<strong>accords</strong> méditerranéens n'affectent pas la libéralisation du commerce agricole. L'agriculture<br />

marocaine (en partie agriculture d'exportation) possè<strong>de</strong> <strong>de</strong>s avantages comparatifs dont la<br />

préférence communautaire, à la suite <strong>de</strong> l'adhésion <strong>de</strong>s pays ibériques, avait empêché la pleine<br />

exploitation. Les <strong>accords</strong> <strong>de</strong> l'OMC dont la finalité est la globalisation <strong>de</strong>s marchés agrico<strong>les</strong><br />

déboucheront sur une concurrence <strong>de</strong> plus en plus forte dans <strong>les</strong> régions méditerranéennes.<br />

L'agriculture marocaine présente <strong>de</strong>s points forts et <strong>de</strong>s points faib<strong>les</strong>. Deux scénarios se <strong>de</strong>ssinent :<br />

192


celui d'une concurrence directe <strong>avec</strong> l'Espagne et <strong>les</strong> régions méridiona<strong>les</strong> <strong>de</strong> la France et <strong>de</strong> l'Italie<br />

et celui d'une complémentarité permise par l'exploitation <strong>de</strong>s potentialités d'une agriculture<br />

labellisée (ou biologique - d'ores et déjà en cours <strong>de</strong> développement-). Les conditions <strong>de</strong><br />

l'intégration d'une normalisation <strong>de</strong> type européen dans <strong>les</strong> processus productifs marocains seront<br />

donc déterminantes.<br />

Le désarmement tarifaire unilatéral va engendrer une pression sur la balance commerciale<br />

du Maroc par élévation <strong>de</strong>s importations industriel<strong>les</strong> d'origine communautaire (biens d'équipement<br />

et intermédiaires) dont le coût se sera abaissé. Ces dispositions créent ipso facto <strong>de</strong>s détournements<br />

d'échange, ce qui a motivé une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> démantèlement généralisé <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s institutions<br />

financières internationa<strong>les</strong> afin d'éviter ces effets pervers. L'ajustement risque fort <strong>de</strong> se faire par la<br />

dépréciation du taux <strong>de</strong> change, étant donné l'accès restreint <strong>de</strong>s pays méditerranéens - et du Maroc<br />

en l'occurrence - aux marchés internationaux <strong>de</strong>s capitaux. Cela est d'autant plus plausible que <strong>les</strong><br />

recettes <strong>de</strong> tourisme et <strong>les</strong> transferts <strong>de</strong>s travailleurs émigrés ne pourront pas compenser<br />

l'accroissement du déficit commercial. Mais l'ajustement du taux <strong>de</strong> change sera limité du fait du<br />

poids du service <strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte extérieure et <strong>de</strong> la position structurellement importatrice nette en<br />

produits alimentaires <strong>de</strong> base <strong>de</strong> la plupart <strong>de</strong>s économies méditerranéennes (Maroc compris). Le<br />

renforcement <strong>de</strong>s liens monétaires entre le Maroc et l'Union européenne pourrait permettre<br />

d'accroître <strong>les</strong> effets positifs <strong>de</strong> la zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange (utilisation <strong>de</strong> l'euro comme monnaie <strong>de</strong><br />

réserve, <strong>de</strong> facturation ou d'emprunt, d'ancrage flexible éventuellement).<br />

Selon l'intensité du choc d'offre (prévu plus fort dans la <strong>de</strong>uxième partie <strong>de</strong> l'accord <strong>de</strong> <strong>libre</strong>échange<br />

parce que correspondant à un désarmement <strong>de</strong> protection plus accentué), <strong>les</strong> agrégats <strong>de</strong><br />

l'économie marocaine auront <strong>de</strong>s évolutions plus ou moins marquées. Les principa<strong>les</strong> variab<strong>les</strong><br />

économiques concernées sont <strong>les</strong> ressources fisca<strong>les</strong> (baisse <strong>de</strong>s recettes douanières), le taux <strong>de</strong><br />

change réel et le taux d'intérêt. L'ouverture commerciale n'est pas suffisante même si elle doit<br />

entraîner un certain nombre <strong>de</strong> bénéfices en termes d'adaptation institutionnelle et d'introduction <strong>de</strong><br />

la concurrence. La construction d'une zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange basée sur <strong>de</strong>s normes communes<br />

(règ<strong>les</strong> <strong>de</strong> concurrence, marchés publics, règ<strong>les</strong> d'origine...) <strong>de</strong>vrait permettre la définition d'une<br />

nouvelle division internationale du travail s'appuyant sur <strong>de</strong>s investissements directs notamment au<br />

Maroc. La soutenabilité <strong>de</strong> l'équi<strong>libre</strong> externe serait accrue en cas d'accélération du rythme d'arrivée<br />

<strong>de</strong> ces investissements. Ils seront d'autant plus favorisés que <strong>de</strong>s efforts seront faits pour réduire <strong>les</strong><br />

coûts <strong>de</strong> transaction <strong>de</strong>s processus productifs marocaines (mo<strong>de</strong>rnisation du système financier,<br />

fiscal...) et bénéficier d'économies d'échelle par un élargissement régional <strong>de</strong>s marchés. Les progrès<br />

<strong>de</strong> l'UMA ne peuvent que permettre la consolidation voire l'amplification <strong>de</strong>s gains précé<strong>de</strong>nts.<br />

Dans un premier temps, <strong>les</strong> investissements directs pourraient concerner <strong>les</strong> segments productifs <strong>de</strong><br />

faible et moyenne valeur ajoutée. De ce point <strong>de</strong> vue, <strong>les</strong> partenaires privilégiés <strong>de</strong>s déci<strong>de</strong>urs<br />

marocains seraient <strong>de</strong>s entrepreneurs <strong>de</strong> l'actuelle Europe latine (notamment la péninsule ibérique)<br />

qui détiennent la plupart <strong>de</strong> leurs avantages comparatifs dans ces types d'activités. L'ouverture ne<br />

doit pas enfermer <strong>les</strong> économies méditerranéennes dans <strong>de</strong>s spécialisations peu porteuses. Le Maroc<br />

ambitionne <strong>de</strong> progresser dans l'échelle <strong>de</strong>s avantages comparatifs par remontée <strong>de</strong> filières et par<br />

<strong>de</strong>s créations d'activités nouvel<strong>les</strong> dans <strong>de</strong>s secteurs à forte <strong>de</strong>man<strong>de</strong> mondiale et comportant <strong>de</strong>s<br />

transferts <strong>de</strong> technologie. Précisons enfin que la défense <strong>de</strong>s activités communautaires<br />

traditionnel<strong>les</strong> est <strong>de</strong> moins en moins assumée par la politique commerciale extérieure commune <strong>de</strong><br />

l'Union européenne.<br />

193


2.2. Les contraintes principa<strong>les</strong> sur la cohésion économique et sociale intracommunautaires<br />

La constitution d'un espace monétaire européen à plusieurs vitesses et l'ouverture accrue <strong>de</strong><br />

l'Union à la coopération internationale soulèvent aujourd'hui <strong>avec</strong> plus d'acuité le problème <strong>de</strong>s<br />

régions en retard <strong>de</strong> développement dans <strong>les</strong> Etats participant à l'Union monétaire. Ces régions ne<br />

seront-el<strong>les</strong> pas lésées par rapport à cel<strong>les</strong> restées en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> cette Union ? Ces nouvel<strong>les</strong><br />

contraintes, principalement liées à l'internationalisation <strong>de</strong>s marchés, sont à l'origine d'une pression<br />

concurrentielle accrue sur l'appareil productif européen, créatrice d'effets <strong>de</strong> divergence<br />

économique. L'effort communautaire <strong>de</strong> cohésion est inévitablement affecté. Les effets <strong>de</strong><br />

l'intégration économique ont été analysés par <strong>de</strong>ux éco<strong>les</strong> : celle <strong>de</strong> la convergence et celle <strong>de</strong> la<br />

divergence. La première s'appuie sur la théorie néo - classique du commerce international et indique<br />

que la <strong>libre</strong> circulation <strong>de</strong>s biens et <strong>de</strong>s facteurs entraînera l'égalisation <strong>de</strong>s ren<strong>de</strong>ments factoriels et<br />

<strong>de</strong>s niveaux <strong>de</strong> vie. L'égalisation <strong>de</strong>s revenus entre <strong>les</strong> régions proviendra <strong>de</strong> la mobilité factorielle,<br />

essentiellement la flexibilité du travail, par l'ajustement du taux <strong>de</strong> salaire ou la mobilité<br />

géographique <strong>de</strong>s travailleurs <strong>de</strong>s activités défavorisées. La secon<strong>de</strong> constate que <strong>de</strong>s problèmes<br />

régionaux peuvent être aggravés par une zone d'intégration régionale dont <strong>les</strong> centres <strong>les</strong> plus<br />

développés risquent d'attirer <strong>les</strong> nouvel<strong>les</strong> activités et d'inciter à la délocalisation <strong>les</strong> entreprises<br />

intéressées par l'exploitation d'économies d'échelle. La théorie <strong>de</strong> la convergence prévalait dans la<br />

Communauté au début <strong>de</strong> l'expérience d'intégration et affirmait que <strong>de</strong>s effets d'entraînement<br />

pouvaient profiter aux régions pauvres parce que le progrès technique rendait <strong>les</strong> industries moins<br />

dépendantes <strong>de</strong>s ressources naturel<strong>les</strong>, <strong>de</strong>s économies externes loca<strong>les</strong> et <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> transport. La<br />

disparition <strong>de</strong>s barrières à l'entrée sur <strong>les</strong> marchés pouvait faire apparaître l'occasion d'économies<br />

d'échelle dans <strong>les</strong> territoires périphériques où <strong>les</strong> coûts variab<strong>les</strong> sont plus faib<strong>les</strong>. Mais la réduction<br />

<strong>de</strong> tels obstac<strong>les</strong> ne s'est pas révélée suffisante pour favoriser <strong>les</strong> régions pauvres, parce qu'il<br />

subsiste toujours <strong>de</strong>s barrières ou <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> transport qui continuent d'avantager le centre.<br />

Aujourd'hui, <strong>les</strong> régions <strong>de</strong> l'Union européenne sont confrontées à plusieurs facteurs <strong>de</strong><br />

divergence dont <strong>les</strong> principaux sont : <strong>les</strong> arbitrages intra-européens et le renforcement <strong>de</strong><br />

métropo<strong>les</strong> d'activités. L'existence <strong>de</strong> ren<strong>de</strong>ments croissants explique l'apparition <strong>de</strong> dynamiques <strong>de</strong><br />

divergence régionale débouchant sur une agglomération <strong>de</strong>s activités économiques. En effet, <strong>les</strong><br />

écarts européens <strong>de</strong> productivité entre régions riches et pauvres conduisent à une captation <strong>de</strong><br />

ressources par <strong>les</strong> <strong>zones</strong> développées <strong>de</strong> l'Union monétaire. L'exploitation d'économies d'échelle<br />

induites par le décloisonnement <strong>de</strong>s marchés conduit <strong>les</strong> entreprises à concentrer leur production.<br />

L'intégration commerciale, en diminuant <strong>les</strong> coûts <strong>de</strong> transaction entre régions, facilite un tel<br />

processus. Au niveau <strong>de</strong> l'Union, l'achèvement du marché intérieur a engendré <strong>de</strong>s effets <strong>de</strong><br />

concentration, notamment dans <strong>les</strong> activités à forte intensité en recherche - développement. D'où la<br />

poursuite <strong>de</strong> la polarisation géographique <strong>de</strong> la production malgré <strong>les</strong> politiques régiona<strong>les</strong> qui<br />

tentent <strong>de</strong> freiner la divergence spatiale. En cas <strong>de</strong> création d'infrastructures favorisant le commerce<br />

inter - régional, la délocalisation dans <strong>les</strong> régions riches peut <strong>de</strong>venir avantageuse. Ainsi la<br />

réduction <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> transport entre le Nord et le Sud <strong>de</strong> l'Italie, facilitée par <strong>de</strong>s actions<br />

d'infrastructures publiques, explique-t-elle en partie le processus <strong>de</strong> désindustrialisation du<br />

Mezzogiorno.<br />

L'Union monétaire peut <strong>de</strong>venir plus spécialisée et plus inégale. Les disparités spatia<strong>les</strong> <strong>de</strong><br />

sa croissance engendrent <strong>de</strong>s écarts <strong>de</strong> niveau <strong>de</strong> vie et <strong>de</strong> protection sociale qui ne peuvent<br />

qu'augmenter <strong>avec</strong> le prochain élargissement aux pays <strong>de</strong> l'Est. L'Union monétaire, excluant tout<br />

ajustement intra-zone par <strong>les</strong> taux <strong>de</strong> change, peut inciter <strong>les</strong> Etats à utiliser <strong>les</strong> disparités socia<strong>les</strong><br />

comme source nouvelle <strong>de</strong> compétitivité dans un contexte <strong>de</strong> concurrence intensifiée par une<br />

croissance économique peu élevée. L'exploitation <strong>de</strong>s différences <strong>de</strong> coûts relatifs <strong>de</strong>s facteurs <strong>de</strong><br />

194


production hors <strong>de</strong> l'Union monétaire peut aussi favoriser une division verticale régionale du<br />

travail, aggravant la situation <strong>de</strong>s régions communautaires en retard <strong>de</strong> convergence. Cette<br />

régulation concurrentielle peut créer et accroître une logique du "moins-disant social". Les effets<br />

pervers sont considérab<strong>les</strong>, comme au Royaume-Uni où il est apparu une accentuation du dualisme<br />

social et une perte <strong>de</strong> qualification du travail imputable à une formation insuffisante. Cet exemple<br />

<strong>de</strong> modèle social se répand dans d'autres pays européens où l'on constate une augmentation <strong>de</strong> la<br />

précarité du travail <strong>avec</strong> un développement sensible <strong>de</strong>s contrats à durée déterminée. Dans ces<br />

conditions, il existe un risque <strong>de</strong> désintégration sociale en raison du caractère non supportable <strong>de</strong><br />

l'Union monétaire pour <strong>de</strong>s régions en retard <strong>de</strong> convergence réelle. Le dumping fiscal est moins<br />

pratiqué parce que, <strong>de</strong>puis 1997, <strong>les</strong> Etats membres se sont entendus sur un co<strong>de</strong> <strong>de</strong> bonne conduite<br />

pour éviter ce type <strong>de</strong> concurrence. Il n'empêche que la structure <strong>de</strong> la fiscalité diffère d'un Etat<br />

membre à l'autre, particularité que peuvent exploiter <strong>les</strong> entreprises sans que puisse leur être<br />

reprochée une quelconque concurrence déloyale. L’intégration internationale <strong>de</strong>s activités aboutit à<br />

la métropolisation <strong>de</strong> l’économie mondiale dans la mesure où <strong>de</strong> très gran<strong>de</strong>s vil<strong>les</strong> attirent une part<br />

croissante <strong>de</strong> la production et du pouvoir. L'économie mondiale apparaît ainsi inter - métropolitaine<br />

autant qu'internationale. Alors que <strong>les</strong> réseaux <strong>de</strong> proximité reliant verticalement <strong>les</strong> vil<strong>les</strong> à leur<br />

arrière-pays déclinent souvent, <strong>les</strong> réseaux horizontaux entre gran<strong>de</strong>s métropo<strong>les</strong> se renforcent,<br />

donnant naissance à une économie d’archipel qui, dans certaines sphères d’activités financières ou<br />

technologiques, monopolise littéralement l’activité et <strong>les</strong> échanges. En Europe, <strong>les</strong> inégalités <strong>de</strong><br />

revenu moyen entre régions d'un même Etat s'élèvent <strong>avec</strong> la "métropolisation" <strong>de</strong> l'économie. Or<br />

<strong>les</strong> seuls mécanismes <strong>de</strong> solidarité interterritoriale sont ceux établis par <strong>les</strong> pouvoirs publics, qui<br />

financent dans <strong>les</strong> pays européens <strong>de</strong>s transferts d'environ 10 à 15% du Pib. En France, <strong>les</strong> emplois<br />

publics ou induits par <strong>les</strong> dépenses publiques représentent entre 60% et 80% <strong>de</strong>s emplois dans 22<br />

chefs-lieux <strong>de</strong> départements, c'est-à-dire que plusieurs vil<strong>les</strong> survivent du fait <strong>de</strong>s dépenses<br />

publiques ou <strong>de</strong> flux en découlant. Le risque <strong>de</strong> cette situation est la désintégration territoriale :<br />

dans un premier temps, la métropole se désintéresse <strong>de</strong> l'arrière-pays (marché non privilégié,<br />

moindre utilisation <strong>de</strong> ses ressources) et, dans un second temps, elle peut souhaiter remettre en<br />

cause <strong>les</strong> mécanismes <strong>de</strong> solidarité <strong>avec</strong> l'espace périphérique, en particulier dans <strong>les</strong> pays à<br />

disparités spatia<strong>les</strong> et à niveau élevé <strong>de</strong> prélèvements obligatoires.<br />

Les adaptations récentes <strong>de</strong> la politique <strong>de</strong>s fonds structurels expriment une volonté<br />

implicite <strong>de</strong> soutenir davantage une croissance polarisée et intégrée à une économie d'archipel.<br />

Implicitement, l'Agenda 2000 définit un programme d'actions structurel<strong>les</strong> dont la vocation semble<br />

être le sauvetage <strong>de</strong>s régions à potentialité <strong>de</strong> développement, qu'el<strong>les</strong> appartiennent à l'Union<br />

européenne ou aux pays <strong>de</strong> l'Est candidats à l'adhésion. La <strong>de</strong>rnière réforme <strong>de</strong>s fonds structurels<br />

marque une rupture <strong>avec</strong> <strong>les</strong> politiques antérieures parce qu'elle donne une priorité à un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

croissance polarisée. En réduisant la part <strong>de</strong> la population concernée par <strong>les</strong> dépenses au titre <strong>de</strong>s<br />

objectifs 1 et 2, elle limite un saupoudrage <strong>de</strong>s interventions que la réforme <strong>de</strong>s fonds structurels <strong>de</strong><br />

1988 n'avait pas éliminé : l'effort <strong>de</strong> cohésion se concentre au cours <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> 2000 - 2006.<br />

L'Union européenne poursuit son action traditionnelle d'ai<strong>de</strong> aux <strong>zones</strong> déshéritées et <strong>de</strong><br />

soutien au développement local dans <strong>les</strong> pays du Fonds <strong>de</strong> cohésion. Mais ce sont <strong>les</strong> gran<strong>de</strong>s<br />

agglomérations à orientation économique européenne et internationale qui tirent avantage <strong>de</strong> cette<br />

politique. Ainsi, dans la péninsule ibérique, <strong>les</strong> <strong>zones</strong> urbaines <strong>de</strong> Lisbonne ou <strong>de</strong> Barcelone se<br />

développent-el<strong>les</strong> en bénéficiant <strong>de</strong>s effets directs (ou induits) <strong>de</strong>s actions <strong>de</strong> cohésion<br />

communautaire. De la même façon, <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'Est candidats à l'adhésion, situés à la frontière <strong>de</strong>s<br />

régions développées <strong>de</strong> l'actuelle Union européenne, bénéficient-ils du financement <strong>de</strong> cette<br />

stratégie <strong>de</strong> croissance polarisée (la ville hongroise <strong>de</strong> Budapest se développant au détriment <strong>de</strong> son<br />

environnement géographique). Un tel modèle <strong>de</strong> développement est porteur d'effets <strong>de</strong> stoppage et<br />

risque d'accroître la divergence régionale. F. Perroux écrivait en 1955 : "La croissance n'apparaît<br />

195


pas partout à la fois ; elle se manifeste en <strong>de</strong>s points ou pô<strong>les</strong> <strong>de</strong> croissance <strong>avec</strong> <strong>de</strong>s intensités<br />

variab<strong>les</strong> ; elle se diffuse par différents canaux et <strong>avec</strong> <strong>de</strong>s effets terminaux variab<strong>les</strong> pour<br />

l'ensemble <strong>de</strong> l'économie." Le développement économique est déséquilibré et se fait à partir <strong>de</strong>s<br />

pô<strong>les</strong>, suscitant une série d'impulsions économiques qu'il s'agit <strong>de</strong> transformer en un développement<br />

induit ordonné par un aménagement du milieu <strong>de</strong> propagation. Ces pô<strong>les</strong> déclenchent <strong>de</strong>ux<br />

catégories d'effets : <strong>de</strong>s effets <strong>de</strong> stoppage et <strong>de</strong>s effets d'entraînement ; le problème est d'obtenir<br />

que <strong>les</strong> effets d'entraînement soient supérieurs aux effets <strong>de</strong> stoppage.<br />

L'Agenda 2000 tend à imposer dans <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'Est une intervention communautaire<br />

orientant la propagation <strong>de</strong>s effets <strong>de</strong> l'essor vers <strong>les</strong> <strong>zones</strong> déjà développées <strong>de</strong> l'Union européenne.<br />

C'est à cette tâche que sont <strong>de</strong>stinées <strong>les</strong> interventions <strong>de</strong> la Berd et <strong>de</strong> l'Ispa, ce <strong>de</strong>rnier participant<br />

au financement <strong>de</strong> la mo<strong>de</strong>rnisation et <strong>de</strong> l'interconnexion <strong>de</strong>s réseaux <strong>de</strong> transports entre l'Union et<br />

<strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'Est.<br />

Le fonctionnement <strong>de</strong> la zone euro pourrait pénaliser ses régions en retard, en particulier <strong>les</strong><br />

régions périphériques françaises, en leur faisant subir <strong>les</strong> conséquences <strong>de</strong>s effets d'agglomération<br />

ainsi que <strong>les</strong> conséquences <strong>de</strong> la stagnation <strong>de</strong>s moyens <strong>de</strong>s fonds <strong>de</strong> la cohésion économique et<br />

sociale. L'internationalisation <strong>de</strong>s économies et l'adhésion <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l'Est à l'Union européenne<br />

contribuent à renforcer <strong>les</strong> effets d'une croissance polarisée à diffusion davantage internationale que<br />

régionale. Etant donné la rentabilité insuffisante <strong>de</strong> l'investissement dans <strong>les</strong> régions relativement<br />

pauvres, l'Agenda 2000 indique que, au moins pendant sa durée d'application, une politique<br />

privilégiant <strong>les</strong> <strong>zones</strong> à capacité <strong>de</strong> croissance sera en vigueur, octroyant ainsi une priorité moindre<br />

aux régions en difficulté durable <strong>de</strong> développement.<br />

§§§<br />

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