les accords europeens de libre - echange avec les zones emergentes
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LES ACCORDS EUROPEENS DE LIBRE - ECHANGE<br />
AVEC LES ZONES EMERGENTES :<br />
STRATEGIES POUR L'ECONOMIE FRANÇAISE<br />
Actes <strong>de</strong>s II èmes Journées Internationa<strong>les</strong> d’Etu<strong>de</strong>s Jean Monnet<br />
Avril 2004<br />
Sous la direction <strong>de</strong> Bernard Yvars,<br />
Maître <strong>de</strong> Conférences,<br />
Chaire Jean Monnet en Intégration régionale comparée
AVANT-PROPOS<br />
La IIème Journée Internationale d'Etu<strong>de</strong>s Jean Monnet s'est déroulée à l'Université<br />
Montesquieu-Bor<strong>de</strong>aux IV le 8 février 2002. Les Journées d'Etu<strong>de</strong>s Jean Monnet, qui<br />
désormais se dérouleront selon une périodicité annuelle, représentent une <strong>de</strong>s activités<br />
développées dans le cadre d'un Cours permanent Jean Monnet qui m'a été accordé en 1997 par<br />
<strong>les</strong> Services <strong>de</strong> la Commission européenne. La première Journée qui s'est tenue en octobre<br />
2000 a traité du thème suivant : "Le modèle européen d'intégration régionale est-il<br />
exportable?". Cette année, notre réflexion s'est davantage orientée vers l'analyse <strong>de</strong><br />
l'approfondissement du processus actuel d'intégration économique <strong>de</strong> l'Union européenne.<br />
Celui-ci se déroule dans un contexte d'ouverture accrue à l'échange international. L'Union,<br />
dont l'hétérogénéité économique et sociale est importante, est inégalement vulnérable à<br />
l'ouverture à la compétition internationale. Les <strong>zones</strong> émergentes ne représentent pas une<br />
gran<strong>de</strong> menace pour <strong>les</strong> activités <strong>de</strong> la banane bleue européenne. En revanche, <strong>les</strong> activités<br />
<strong>de</strong>s régions communautaires périphériques sont davantage sensib<strong>les</strong> à une concurrence qui<br />
peut pousser à la disparition ou à la délocalisation vers <strong>les</strong> pays émergents certaines<br />
entreprises <strong>de</strong> faible et moyenne valeur ajoutée. Cela est d'autant plus vraisemblable que la<br />
politique commerciale extérieure commune n'est pas en mesure <strong>de</strong> pallier <strong>les</strong> effets négatifs<br />
<strong>de</strong> cette concurrence accrue parce que, d'une part, <strong>les</strong> instances communautaires souhaitent le<br />
développement <strong>de</strong>s activités relativement intenses en travail qualifié et en recherchedéveloppement<br />
et, d'autre part, <strong>les</strong> règ<strong>les</strong> <strong>de</strong> l'OMC limitent le recours au protectionnisme<br />
direct ou déguisé.<br />
Au moment où l'Union européenne prépare l'adhésion <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l'Est, la constitution<br />
<strong>de</strong> <strong>zones</strong> <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange <strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays méditerranéens, le Mercosur..., il apparaît opportun<br />
<strong>de</strong> s'interroger sur <strong>les</strong> effets <strong>de</strong> la concurrence accrue <strong>de</strong>s <strong>zones</strong> émergentes sur l'Union<br />
européenne et ses régions. Le thème <strong>de</strong> cette IIème Journée d'Etu<strong>de</strong>s Jean Monnet : "Les<br />
<strong>accords</strong> européens <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange <strong>avec</strong> <strong>les</strong> <strong>zones</strong> en développement : effets et stratégies<br />
pour l'économie française" définit <strong>de</strong>s interrogations très ciblées, ne serait-ce que par la zone<br />
géographique étudiée : la France. La manifestation a mobilisé <strong>de</strong>s experts universitaires et<br />
non universitaires pour traiter <strong>de</strong>s problèmes posés à l'économie française et à ses régions.<br />
Cette Journée a connu un réel succès en raison <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong>s communications présentées et<br />
<strong>de</strong> la participation d'un public averti <strong>de</strong>s thèmes débattus. Nous tenons à remercier <strong>les</strong><br />
responsab<strong>les</strong> <strong>de</strong> l'Université Montesquieu-Bor<strong>de</strong>aux IV ainsi que tous <strong>les</strong> communicants, en<br />
particulier étrangers, pour avoir contribué au succès <strong>de</strong> cette manifestation.<br />
Bernard Yvars<br />
Responsable du Groupe sur l'Intégration<br />
Economique et Monétaire (GRIEM)<br />
2
TABLE DES MATIERES<br />
AVANT – PROPOS 2<br />
Bernard Yvars, Responsable du GRIEM<br />
INTRODUCTION 5<br />
Bernard Yvars, Maître <strong>de</strong> conférences à l’Université Montesquieu-Bor<strong>de</strong>aux IV.<br />
PREMIERE PARTIE - LES RELATIONS AVEC LES PAYS DE L'EST, 7<br />
CANDIDATS A L'ADHESION<br />
Enjeux commerciaux <strong>de</strong> l’Elargissement <strong>de</strong> l’Union européenne 8<br />
Michaël Pajot, Chargé <strong>de</strong> mission à la Direction <strong>de</strong> la Prévision, Vincent Aussilloux,<br />
Chargé <strong>de</strong> mission à la DREE, Ministère <strong>de</strong> l'Economie, <strong>de</strong>s Finances et <strong>de</strong> l'Industrie<br />
Management <strong>de</strong>s ressources humaines en Pologne : <strong>les</strong> défis <strong>de</strong> la privatisation 53<br />
Michal Kurtyka, Professeur à l'Université <strong>de</strong> Varsovie (Pologne)<br />
DEUXIEME PARTIE - LES RELATIONS AVEC LES AMERIQUES 63<br />
L’ALENA est-il discriminatoire à l’encontre <strong>de</strong>s exportations européennes au Mexique ? 64<br />
Vincent Aussilloux, Chargé <strong>de</strong> mission à la DREE, Michaël Pajot, Chargé<br />
<strong>de</strong> mission à Direction <strong>de</strong> la Prévision, Ministère <strong>de</strong> l'Economie, <strong>de</strong>s Finances<br />
et <strong>de</strong> l'Industrie<br />
Le Mercosur face au développement <strong>de</strong>s échanges <strong>de</strong> la France <strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays 84<br />
du Maghreb et <strong>les</strong> PECO<br />
Arnaud Wachs, ATER à l’Université Montesquieu-Bor<strong>de</strong>aux IV.<br />
TROISIEME PARTIE - LES RELATIONS AVEC LES PAYS MEDITERRANEENS 111<br />
Le nouveau partenariat euro-méditerranéen : portée et limites du pari <strong>de</strong> l'ouverture 112<br />
Lahsen Ab<strong>de</strong>lmaki, Mustapha Sadni-Jallab, Chercheurs, GATE-CNRS, Université Lyon 2<br />
Nouvel<strong>les</strong> dynamiques territoria<strong>les</strong> et intégration transméditerranéenne 132<br />
<strong>de</strong>s pays du Maghreb<br />
3
Mohamed Benlahcen Tlemçani, Directeur du GRECOS, Sofiane Tahi, Chercheur au<br />
GRECOS, Université <strong>de</strong> Perpignan<br />
Les <strong>accords</strong> euro-méditerranéens <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange : effets sur <strong>les</strong> échanges 156<br />
entre le Maroc et la France<br />
Bachir Hamdouch,Professeur à l'INSEA <strong>de</strong> Rabat (Maroc)<br />
QUATRIEME PARTIE - LES STRATEGIES DE COOPERATION 167<br />
Organisations régiona<strong>les</strong> et gouvernance mondiale 168<br />
François Benaroya, Conseiller économique du Directeur <strong>de</strong> la DREE,<br />
Ministère <strong>de</strong> l'Economie, <strong>de</strong>s Finances et <strong>de</strong> l'Industrie<br />
L'ouverture européenne aux <strong>zones</strong> émergentes : quel impact sur la 185<br />
cohésion économique et sociale intra-communautaire ?<br />
Bernard Yvars, Maître <strong>de</strong> conférences à l’Université Montesquieu-Bor<strong>de</strong>aux IV<br />
4
INTRODUCTION<br />
Bernard Yvars,<br />
Maître <strong>de</strong> Conférences<br />
Université Montesquieu-Bor<strong>de</strong>aux IV<br />
La réalisation <strong>de</strong> l'achèvement du marché intérieur européen a été motivée par la<br />
nécessité <strong>de</strong> faire progresser le commerce intra-communautaires dont la croissance s'était<br />
sensiblement ralentie à la fin <strong>de</strong>s années 1970. A partir <strong>de</strong> 1999, l'Union monétaire viendra<br />
consoli<strong>de</strong>r et contribuera à accentuer cette intensification <strong>de</strong>s échanges intra-européens. Les<br />
analyses empiriques <strong>de</strong>stinées à évaluer <strong>les</strong> effets du marché unique montrent sans ambiguïté<br />
que <strong>les</strong> flux commerciaux intra-zone ont sensiblement progressé sans entraîner <strong>de</strong><br />
détournements <strong>de</strong> trafic significatifs au détriment <strong>de</strong>s pays tiers. En effet, <strong>les</strong> importations<br />
communautaires en provenance <strong>de</strong>s pays tiers se sont accrues <strong>de</strong>puis l'entrée en vigueur <strong>de</strong>s<br />
dispositions <strong>de</strong> l’achèvement du marché intérieur européen. L’échange intra-branche a<br />
progressé mais comme le montrent <strong>les</strong> analyses <strong>de</strong> L. Fontagné, M. Freu<strong>de</strong>nberg et N.<br />
Péridy 1 , c’est essentiellement le commerce <strong>de</strong> produits similaires différenciés verticalement<br />
qui est le plus représenté dans ce type d’échanges. Il apparaît différents modè<strong>les</strong><br />
commerciaux dans l’Union européenne selon la place occupée par <strong>les</strong> commerces interbranches<br />
et intra-branche, ce <strong>de</strong>rnier type d’échanges étant différencié horizontalement ou<br />
verticalement. La différenciation verticale <strong>de</strong> l’échange conduit comme l’échange interbranches<br />
à la spécialisation (productions <strong>de</strong> haute, moyenne et basse valeur ajoutée) et donc à<br />
<strong>de</strong>s ajustements économiques qui peuvent être socialement coûteux.<br />
A ces évolutions internes vient s’ajouter une accentuation <strong>de</strong> la pression<br />
concurrentielle induite par l’ouverture continue <strong>de</strong>s économies à l’échange international. Que<br />
ce soit dans le cadre <strong>de</strong> l’OMC ou d’actions spécifiques <strong>de</strong> la politique commerciale<br />
extérieure commune, l’Union européenne est aujourd’hui <strong>de</strong> plus en plus confrontée à la<br />
compétitivité <strong>de</strong>s produits <strong>de</strong>s pays tiers alors que simultanément, elle accroît sa présence à<br />
l’étranger par l’échange et l’investissement direct. Elle participe à la mondialisation <strong>de</strong>s<br />
activités en développant <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> d’adhésion (pays <strong>de</strong> l’Est) ou <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> <strong>de</strong> <strong>libre</strong>échange<br />
(pays méditerranéens, Mercosur, etc). Dans un tel contexte, il est important <strong>de</strong> savoir<br />
si <strong>les</strong> activités <strong>de</strong> production, différenciées et inégalement réparties sur le territoire<br />
communautaire, peuvent supporter ces nouvel<strong>les</strong> conditions concurrentiel<strong>les</strong> extérieures.<br />
La question soulevée par le présent ouvrage consiste à savoir dans quelle mesure<br />
l’ouverture européenne est porteuse d’avantages et/ou d’inconvénients pour <strong>de</strong>s espaces<br />
1 L. Fontagné, M. Freu<strong>de</strong>nberg et N. Péridy , "Marché unique et développement <strong>de</strong>s échanges", Economie et Statistique, n°<br />
326-327, 1999.<br />
5
inégalement développés, subissant <strong>les</strong> conséquences socia<strong>les</strong> d’un processus d’intégration<br />
favorisant <strong>les</strong> agglomérations d’activités.<br />
Pour tenter d’offrir quelques éléments <strong>de</strong> réponse à cette interrogation, <strong>les</strong> contributions<br />
qui suivent sont organisées en quatre gran<strong>de</strong>s parties. La première partie <strong>de</strong> l’ouvrage traite <strong>de</strong><br />
l’élargissement <strong>de</strong> l’Union européenne aux PECO. La France bénéficie d’une situation<br />
d’excé<strong>de</strong>nts sur <strong>les</strong> marchés <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l’Est tant en termes d’échanges commerciaux que<br />
d’investissements directs. Peu <strong>de</strong> difficultés découlant d’une concurrence accrue sont à<br />
craindre <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> la France (M. Pajot et V. Aussiloux). En revanche, la performance<br />
européenne et française, en particulier en matière d’investissements directs, peut être atténuée<br />
par <strong>de</strong>s dysfonctionnements dans le management <strong>de</strong>s ressources humaines. C’est ce que nous<br />
indique M. Kurtyka en s’appuyant sur l’exemple <strong>de</strong> la Pologne. La secon<strong>de</strong> partie <strong>de</strong><br />
l’ouvrage concerne <strong>les</strong> relations <strong>avec</strong> <strong>les</strong> Amériques. V. Aussiloux s’interroge sur l’accord <strong>de</strong><br />
l’ALENA comme élément explicatif <strong>de</strong> la réduction <strong>de</strong>s parts <strong>de</strong> marché européennes au<br />
Mexique. A l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> modè<strong>les</strong> gravitationnels, il montre que l’effet « maquiladora » et l’écart<br />
<strong>de</strong> croissance <strong>de</strong> PIB entre la France et l’Europe expliquent ce recul européen. A. Wachs,<br />
quant à lui, met en évi<strong>de</strong>nce que <strong>les</strong> relations commercia<strong>les</strong> <strong>avec</strong> le Mercosur sont plus<br />
favorab<strong>les</strong> à la France en termes <strong>de</strong> spécialisation sur <strong>de</strong>s activités à forte intensité<br />
technologique et à haute valeur ajoutée. Des effets d’éviction peuvent apparaître entre<br />
diverses <strong>zones</strong> émergentes pour la captation <strong>de</strong>s investissements directs européens (Mercosur,<br />
Maghreb, pays <strong>de</strong> l’Est) ou pour l’exportation vers la zone européenne. Dans la troisième<br />
partie, <strong>les</strong> relations <strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays méditerranéens sont analysées.<br />
L. Ab<strong>de</strong>lmaki et M. Sadni-Jallab montrent que le partenariat euro-méditerranéen n’est<br />
que ponctuellement efficace. Vraisemblablement, l’intégration régionale préalable du<br />
Maghreb et l’investissement direct européen, notamment français, pourraient contribuer à<br />
dynamiser ce processus <strong>de</strong> coopération. M. Benlahcen Tlemçani et S. Tahi insistent<br />
particulièrement sur <strong>les</strong> effets positifs d’une intégration maghrébine à l’Union européenne et<br />
soulignent le rôle particulier que pourraient jouer <strong>les</strong> FMN dans <strong>les</strong> transferts <strong>de</strong> technologie<br />
vers le Maghreb. B. Hamdouch montre l’intérêt stratégique par l’Union européenne, et pour la<br />
France en particulier, <strong>de</strong> développer <strong>les</strong> échanges et <strong>les</strong> investissements directs <strong>avec</strong> la zone<br />
maghrébine à un moment où <strong>les</strong> Etats-Unis veulent affirmer une présence plus forte en<br />
Méditerranée (proposition <strong>de</strong> constitution <strong>de</strong> <strong>zones</strong> <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange <strong>avec</strong> notamment <strong>les</strong> pays<br />
du Maghreb).<br />
Enfin, la quatrième partie <strong>de</strong> l’ouvrage dégage quelques perspectives <strong>de</strong> coopération<br />
pour la France. F. Benaroya suggère que le développement du régionalisme peut contribuer à<br />
l’émergence <strong>de</strong> nouvel<strong>les</strong> formes <strong>de</strong> gouvernance mondiale. L’Union européenne élargie aux<br />
pays <strong>de</strong> l’Est et ouverte à l’échange <strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays méditerranéens confère à cette zone<br />
d’intégration régionale une capacité à mieux faire entendre sa voix pour défendre ses intérêts.<br />
B. Yvars, quant à lui, montre que l’ouverture européenne aux <strong>zones</strong> émergentes ne représente<br />
pas un grand risque pour la France dans son ensemble. Toutefois, <strong>les</strong> activités <strong>de</strong> moyenne et<br />
faible valeur ajoutée <strong>de</strong> régions européennes en retard <strong>de</strong> développement pourraient souffrir<br />
<strong>de</strong> cette ouverture (risque <strong>de</strong> délocalisation d’activités). Mais ce sont davantage <strong>les</strong> effets<br />
induits par l’Union monétaire (accroissement <strong>de</strong> l’agglomération <strong>de</strong>s activités dans <strong>les</strong> <strong>zones</strong><br />
<strong>les</strong> plus développées) qui pénaliseront <strong>les</strong> régions périphériques communautaires.<br />
6
PREMIERE PARTIE :<br />
LES RELATIONS AVEC LES PAYS DE L’EST,<br />
CANDIDATS A L’ADHESION<br />
7
ENJEUX COMMERCIAUX DE L’ELARGISSEMENT<br />
DE L’UNION EUROPEENNE<br />
Vincent Aussilloux * et Michaël Pajot **<br />
Introduction<br />
L’intégration <strong>de</strong>s pays d’Europe centrale et orientale (PECO) à l’Union européenne dans un<br />
horizon rapproché pose un certain nombre <strong>de</strong> questions concernant l’effort d’adaptation qu’auront à<br />
fournir tant <strong>les</strong> candidats à l’adhésion que <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l’Union européenne eux-mêmes.<br />
Paradoxalement, <strong>les</strong> expériences <strong>de</strong> l’intégration grecque puis espagnole et portugaise à l’Union<br />
européenne 2 ainsi que <strong>les</strong> enseignements <strong>de</strong>s théories économiques semblent indiquer que ce ne seront<br />
pas <strong>les</strong> mutations économiques provoquées par <strong>les</strong> nouvel<strong>les</strong> adhésions 3 qui poseront le plus <strong>de</strong><br />
difficultés pour l’Union européenne. Les défis en matière <strong>de</strong> réforme et d’adaptation <strong>de</strong>s institutions<br />
ainsi que <strong>les</strong> enjeux sociaux relatifs aux mutations profon<strong>de</strong>s que subissent <strong>les</strong> populations <strong>de</strong>s PECO<br />
apparaissent autrement plus diffici<strong>les</strong> à relever. Cette étu<strong>de</strong> se limite toutefois à souligner <strong>les</strong> enjeux<br />
<strong>de</strong> l’adhésion en matière d’échanges <strong>de</strong> marchandises et <strong>de</strong> flux d’investissements, à court et moyen<br />
terme.<br />
Quelques faits saillants peuvent être retenus <strong>de</strong> l’observation <strong>de</strong>s liens commerciaux entre <strong>les</strong><br />
PECO, l’Union européenne et la France.<br />
• Les échanges <strong>avec</strong> <strong>les</strong> PECO sont globalement à l’avantage <strong>de</strong> la France <strong>de</strong>puis l’ouverture <strong>de</strong><br />
ces pays en direction <strong>de</strong> l’Europe. Le sol<strong>de</strong> positif <strong>de</strong> nos échanges <strong>de</strong> marchandises (CAF/FAB hors<br />
matériel militaire) s’établissait en effet à 13,4 milliards <strong>de</strong> francs en 1999. Par ailleurs, le choc <strong>de</strong><br />
l’intégration <strong>de</strong>s PECO ne doit pas être surévalué puisque ces pays représentaient 3,7 % du PIB <strong>de</strong><br />
l’Union européenne en 1997 contre 8,4 % du PIB <strong>de</strong> la Communauté européenne pour l’Espagne et le<br />
Portugal lors <strong>de</strong> leur adhésion.<br />
• L’Union européenne fournit 60 % <strong>de</strong>s importations <strong>de</strong>s PECO alors que ceux-ci ne<br />
représentent que 3,5 % du total <strong>de</strong>s exportations européennes <strong>de</strong> marchandises. La part <strong>de</strong> marché <strong>de</strong><br />
la France dans <strong>les</strong> PECO (4,6 %) apparaît cependant nettement en retrait par rapport à celle détenue<br />
par l’Allemagne (24,5 %) et légèrement inférieure à celle <strong>de</strong> l’Italie (4,9 %). Les PECO ne<br />
représentent ainsi que 2 % <strong>de</strong>s exportations tota<strong>les</strong> <strong>de</strong> la France.<br />
• Le sol<strong>de</strong> <strong>de</strong> nos échanges <strong>avec</strong> <strong>les</strong> PECO se traduit par une balance positive <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong><br />
17 000 emplois supplémentaires dans l’industrie française en 1999 par rapport à une situation où il n’y<br />
aurait pas d’échanges <strong>avec</strong> ces pays. Au <strong>de</strong>là <strong>de</strong>s critiques que l’on peut adresser à la métho<strong>de</strong> du<br />
* LAMETA-CNRS, Espace Richter - av. <strong>de</strong> la Mer, BP 9606, 34054 Montpellier ce<strong>de</strong>x 1. TEAM-CNRS Maison <strong>de</strong>s<br />
Sciences Economiques, 106-112 bd <strong>de</strong> l’Hôpital, 75647 Paris ce<strong>de</strong>x 13.<br />
** TEAM-CNRS Maison <strong>de</strong>s Sciences Economiques, 106-112 bd <strong>de</strong> l’Hôpital, 75647 Paris ce<strong>de</strong>x 13.<br />
2 En raison d’un niveau <strong>de</strong> développement similaire à celui <strong>de</strong>s membres du cœur historique <strong>de</strong> l’Union européenne, <strong>les</strong><br />
adhésions plus récentes <strong>de</strong> la Suè<strong>de</strong>, <strong>de</strong> la Finlan<strong>de</strong> et <strong>de</strong> l’Autriche apparaissent moins pertinentes pour appréhen<strong>de</strong>r <strong>les</strong><br />
enjeux <strong>de</strong> l’adhésion <strong>de</strong>s PECO.<br />
3 Cel<strong>les</strong>-ci apparaissent déjà bien avancées pour un certain nombre <strong>de</strong> pays candidats.<br />
8
contenu en emplois <strong>de</strong>s échanges, <strong>les</strong> mesures empiriques sont rendues malaisées par la multiplicité et<br />
la variété <strong>de</strong>s canaux par <strong>les</strong>quels transitent <strong>les</strong> effets du commerce sur l’économie nationale.<br />
• Les performances encore médiocres <strong>de</strong>s PECO sur <strong>les</strong> marchés européens s’expliquent par<br />
une relative inadéquation <strong>de</strong> leur offre à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> européenne. En effet, leurs points forts à<br />
l’exportation se situent dans <strong>de</strong>s secteurs où l’Union européenne importe relativement peu.<br />
• L’Union européenne représente le principal concurrent <strong>de</strong> ces pays sur marchés tiers<br />
puisque, en moyenne, plus <strong>de</strong> 61 % <strong>de</strong> la concurrence que subissent <strong>les</strong> PECO proviennent <strong>de</strong>s<br />
entreprises européennes et 7,7 % spécifiquement <strong>de</strong>s entreprises françaises.<br />
• Sur le plan <strong>de</strong>s investissements directs étrangers, la France n’intervient qu’au quatrième<br />
rang <strong>de</strong>s investisseurs européens (hors France) dans <strong>les</strong> principaux pays candidats à l’adhésion<br />
(PECO). Les entreprises françaises sont toutefois particulièrement bien implantées en Roumanie<br />
(46 % du stock total). Les investissements français dans <strong>les</strong> pays candidats ont jusqu’ici privilégié<br />
le secteur <strong>de</strong>s produits manufacturés mais également le secteur <strong>de</strong>s services réclamant une présence<br />
locale du fournisseur. Les investissements dans le secteur manufacturier réalisés dans <strong>les</strong> pays <strong>de</strong><br />
l’ex-Comecon appartiennent majoritairement à <strong>de</strong>s secteurs qui constituent traditionnellement <strong>les</strong><br />
points forts <strong>de</strong> l’industrie française (agroalimentaire, industrie chimique, mécanique, appareils <strong>de</strong><br />
communications, etc.).<br />
Sur le plan <strong>de</strong> l’évolution à moyen-terme du commerce extérieur <strong>de</strong> ces pays <strong>avec</strong> l’Union<br />
européenne, on peut noter, trois principaux points :<br />
• Il <strong>de</strong>meure une marge importante <strong>de</strong> progression <strong>de</strong>s échanges entre l’Union européenne et <strong>les</strong><br />
pays candidats. L’analyse permet en effet d’estimer le niveau d’échanges attendus <strong>avec</strong> <strong>les</strong> PECO<br />
lorsque ceux-ci auront achevé le processus <strong>de</strong> redéploiement <strong>de</strong> leurs échanges commerciaux <strong>de</strong><br />
manière à obéir aux lois économiques régissant <strong>les</strong> autres économies industriel<strong>les</strong>. Un point important<br />
pour distinguer parmi <strong>les</strong> PECO ceux qui emprunteront un scénario à la grecque (rattrapage lent) ou à<br />
la portugaise (rattrapage rapi<strong>de</strong>) rési<strong>de</strong> vraisemblablement dans leurs capacités respectives à attirer <strong>les</strong><br />
investissements directs étrangers (IDE), qui leur permettront d’acquérir <strong>les</strong> savoir-faire nécessaires<br />
pour développer <strong>les</strong> échanges <strong>avec</strong> l’Union européenne.<br />
• L’adhésion <strong>de</strong>s PECO à l’Union européenne va contribuer à supprimer une partie <strong>de</strong>s<br />
barrières non tarifaires qui subsistent aujourd’hui, ce qui leur donnera par la suite un avantage<br />
certain vis-à-vis <strong>de</strong>s autres pays émergents sur le marché européen. C’est notamment le cas <strong>avec</strong> la<br />
suppression <strong>de</strong> l’instrument antidumping qui ne pourra plus être appliqué à l’encontre <strong>de</strong>s PECO.<br />
• Parallèlement, la plus gran<strong>de</strong> stabilité politique et économique induite par l’entrée dans<br />
l’Union européenne continuera à modifier profondément la perception <strong>de</strong> ces pays par <strong>les</strong><br />
investisseurs européens. Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s investissements <strong>de</strong>stinés à fournir <strong>les</strong> marchés locaux, <strong>les</strong> pays<br />
<strong>de</strong> l’ex-bloc <strong>de</strong> l’est vont rapi<strong>de</strong>ment représenter une alternative attrayante pour <strong>les</strong> entreprises<br />
européennes en matière <strong>de</strong> localisation <strong>de</strong>s investissements.<br />
Il est possible <strong>de</strong> déduire <strong>de</strong> ce qui précè<strong>de</strong> au moins <strong>de</strong>ux conséquences à moyen terme :<br />
• Les pays du pourtour méditerranéen et <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l’ex-URSS pourraient rencontrer<br />
certaines difficultés même s’il est peu probable qu’el<strong>les</strong> persistent à long terme. Les PECO<br />
représentent en effet entre 4 % et 8 % <strong>de</strong> la concurrence que subissent <strong>les</strong> exportateurs issus <strong>de</strong>s<br />
pays à la périphérie <strong>de</strong> l’Union européenne. Destinataires traditionnels <strong>de</strong>s investissements <strong>les</strong> plus<br />
mobi<strong>les</strong>, <strong>les</strong> <strong>zones</strong> périphériques vont probablement également ressentir plus fortement l’adhésion<br />
<strong>de</strong>s PECO du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> l’investissement étranger. Il <strong>de</strong>meure que si <strong>les</strong> futurs membres <strong>de</strong><br />
l’Union réussissent à capter une part prépondérante <strong>de</strong>s investissements à l’étranger <strong>de</strong>s entreprises<br />
européennes, cela se traduira par un rythme soutenu <strong>de</strong> croissance qui <strong>de</strong>vrait s’accompagner <strong>de</strong><br />
9
hausses salaria<strong>les</strong> et par là, <strong>de</strong> gains en pouvoir d’achat. De plus, l’expérience <strong>de</strong>s adhésions <strong>de</strong><br />
pays caractérisés par <strong>de</strong>s écarts <strong>de</strong> revenus importants <strong>avec</strong> la moyenne européenne (France, Grèce,<br />
France et France notamment) laisse penser que <strong>les</strong> gains en niveau <strong>de</strong> vie transformeront ces pays<br />
en autant <strong>de</strong> nouveaux marchés <strong>de</strong> consommation et <strong>les</strong> conduira à progresser dans <strong>les</strong> étapes <strong>de</strong> la<br />
spécialisation industrielle, redonnant ainsi <strong>de</strong>s marges <strong>de</strong> manœuvre aux pays à la périphérie <strong>de</strong><br />
l’Europe.<br />
• Par ailleurs, <strong>les</strong> mutations économiques <strong>de</strong>s pays candidats à l’adhésion, qui sont d’ores et<br />
déjà à l’œuvre <strong>de</strong>puis la fin <strong>de</strong>s années quatre-vingts, contribueront au renforcement <strong>de</strong> la région<br />
centre que constitue le noyau historique <strong>de</strong> l’Union européenne. En effet, la mise en place d’un<br />
processus <strong>de</strong> division internationale <strong>de</strong>s tâches <strong>avec</strong> <strong>les</strong> PECO, comme <strong>avec</strong> <strong>les</strong> autres pays à la<br />
périphérie <strong>de</strong> l’UE, se traduira par le maintien au cœur <strong>de</strong> l’Europe <strong>de</strong>s activités <strong>les</strong> plus intensives<br />
en main d’œuvre qualifiée, qui réclament un environnement institutionnel et technologique<br />
performant : activités <strong>de</strong> R&D, <strong>de</strong> marketing, <strong>de</strong> <strong>de</strong>sign, activités liées à la finance, à la gestion et à<br />
la coordination <strong>de</strong>s établissements, activités <strong>de</strong> production <strong>de</strong> biens <strong>de</strong> haut et moyen <strong>de</strong> gamme,<br />
centres <strong>de</strong> décision, etc.<br />
1. Les échanges <strong>de</strong> marchandises <strong>de</strong> la France <strong>avec</strong> <strong>les</strong> PECO : quels enseignements tirer <strong>de</strong>s<br />
adhésions espagnole et portugaise ?<br />
Comme dans le scénario <strong>de</strong> l’adhésion espagnole et portugaise, <strong>les</strong> échanges <strong>avec</strong> <strong>les</strong> PECO<br />
sont largement à l’avantage <strong>de</strong> la France <strong>de</strong>puis l’ouverture <strong>de</strong> ces pays en direction <strong>de</strong> l’Europe.<br />
1.1. En croissance rapi<strong>de</strong>, <strong>les</strong> échanges <strong>avec</strong> <strong>les</strong> PECO se révèlent positifs pour la<br />
France<br />
A l’exception <strong>de</strong> la Bulgarie, mais pour <strong>de</strong>s chiffres nettement plus faib<strong>les</strong>, <strong>les</strong> sol<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s<br />
échanges globaux <strong>de</strong> la France et <strong>de</strong>s principaux pays candidats à l’adhésion sont positifs et croissants<br />
<strong>de</strong>puis le début <strong>de</strong>s années quatre-vingt dix (graphique 1). Le sol<strong>de</strong> <strong>de</strong> nos échanges <strong>de</strong> marchandises<br />
(CAF/FAB hors matériel militaire) s’établissait ainsi à 13,4 milliards <strong>de</strong> Francs en 1999.<br />
Graphique 1. Echanges bilatéraux entre la France et <strong>les</strong> pays d’Europe <strong>de</strong> l’est, en millions<br />
<strong>de</strong> dollars<br />
10
7000<br />
2500<br />
6000<br />
5000<br />
Sol<strong>de</strong> (échelle <strong>de</strong> droite)<br />
Exportations françaises (échelle <strong>de</strong> gauche)<br />
Importations françaises (échelle <strong>de</strong> gauche)<br />
2000<br />
1500<br />
4000<br />
1000<br />
3000<br />
500<br />
2000<br />
0<br />
1000<br />
-500<br />
0<br />
1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998<br />
-1000<br />
Nota : Les pays pris en compte sont l’Albanie, la Bulgarie, la Hongrie, la Pologne, la Roumanie et l’ex-Tchécoslovaquie<br />
(République Tchèque et Slovaquie à partir <strong>de</strong> 1993).<br />
Source : FMI (Direction of Tra<strong>de</strong> Statistics).<br />
1.2. Malgré certaines difficultés sectoriel<strong>les</strong>, l’intégration <strong>de</strong> pays comme l’Espagne et<br />
le Portugal n’a pas eu <strong>les</strong> conséquences néfastes annoncées en matière <strong>de</strong> moins-disant social<br />
En 1986, lors <strong>de</strong> l’adhésion <strong>de</strong> l’Espagne et du Portugal, <strong>de</strong>s craintes importantes se sont<br />
manifestées en raison <strong>de</strong>s écarts salariaux et <strong>de</strong> fiscalité qui existaient <strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> la CEE et<br />
notamment <strong>avec</strong> la France. La balance <strong>de</strong>s échanges, alors en faveur <strong>de</strong> la péninsule ibérique, s’est<br />
<strong>de</strong>puis lors très largement retournée en faveur <strong>de</strong> la France (graphique 2) même si cela s’est inscrit<br />
dans un mouvement général d’amélioration du sol<strong>de</strong> <strong>de</strong>s échanges extérieurs du pays.<br />
Graphique 2. Echanges bilatéraux entre la France et la péninsule ibérique, en millions <strong>de</strong><br />
dollars<br />
35000<br />
9000<br />
30000<br />
25000<br />
Sol<strong>de</strong> (échelle <strong>de</strong> droite)<br />
Exportations françaises (échelle <strong>de</strong> gauche)<br />
Importations françaises (échelle <strong>de</strong> gauche)<br />
7500<br />
6000<br />
20000<br />
4500<br />
15000<br />
3000<br />
10000<br />
1500<br />
5000<br />
0<br />
0<br />
1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998<br />
-1500<br />
Source : FMI (Direction of Tra<strong>de</strong> Statistics)<br />
11
On peut souligner, par ailleurs, que l’Espagne et le Portugal représentaient 8,4 % du PIB <strong>de</strong><br />
la CEE en 1986, soit un poids supérieur aux 3,7 % que représentaient en 1997 <strong>les</strong> neuf pays<br />
candidats <strong>de</strong> l’ex-bloc <strong>de</strong> l’est 4 vis-à-vis <strong>de</strong> l’Union européenne. Il est donc peu probable que<br />
l’intégration <strong>de</strong> ces pays ait plus <strong>de</strong> conséquences au point <strong>de</strong> vue commercial sur <strong>les</strong> pays membres<br />
<strong>de</strong> l’UE que l’adhésion <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> la péninsule ibérique. Ceci est d’autant plus vrai pour la France<br />
que le pays était géographiquement plus directement concerné lors <strong>de</strong>s adhésions espagnole et<br />
portugaise.<br />
2. Le contenu en emplois <strong>de</strong>s échanges <strong>de</strong> la France <strong>avec</strong> <strong>les</strong> PECO est positif en 1999<br />
La métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> la balance en emplois constitue l’un <strong>de</strong>s éléments d’analyse <strong>de</strong>s effets du<br />
commerce sur l’emploi. Elle ne peut cependant permettre <strong>de</strong> décrire le gain ou la perte nette en<br />
emplois du fait <strong>de</strong> l’ouverture au commerce, mais seulement <strong>de</strong> donner une indication sur la « pression<br />
concurrentielle » qui s’exerce sur <strong>les</strong> négociations salaria<strong>les</strong>.<br />
Dans cette section, on s’inspire <strong>de</strong> l’analyse <strong>de</strong> Guimbert et Lévy-Bruhl (2001) fondée sur la<br />
métho<strong>de</strong> du contenu en emplois du commerce extérieur. On reconsidère donc l’analyse <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux<br />
auteurs <strong>de</strong> la « balance en emplois » menée sur l’ensemble <strong>de</strong>s échanges <strong>de</strong> la France en centrant le<br />
calcul sur <strong>les</strong> échanges <strong>avec</strong> <strong>les</strong> PECO. L’analyse conclut à un impact mo<strong>de</strong>ste mais positif <strong>de</strong>s<br />
échanges <strong>de</strong> la France <strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays d’Europe centrale et orientale sur l’emploi : le commerce <strong>avec</strong> ces<br />
pays aurait contribué à créer ou préserver en net <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 17 000 emplois dans l’industrie<br />
française en 1999 5 .<br />
2.1. Limites fondamenta<strong>les</strong> <strong>de</strong> l’analyse du contenu en emplois <strong>de</strong>s échanges<br />
Il est utile <strong>de</strong> rappeler que le contenu en facteurs, et notamment en emplois, <strong>de</strong>s échanges<br />
commerciaux (importations et exportations) ne peut servir à calculer l’effet net du commerce<br />
international sur le niveau <strong>de</strong> l’emploi. En effet, il est faux <strong>de</strong> croire qu’en l’absence d’échanges<br />
internationaux (ou <strong>de</strong> leur diminution), l’économie nationale pourrait atteindre le niveau <strong>de</strong> production<br />
<strong>de</strong> la situation d’équi<strong>libre</strong> autarcique même augmentée <strong>de</strong> la quantité <strong>de</strong> facteurs <strong>de</strong> production<br />
contenu dans <strong>les</strong> échanges internationaux. En effet, <strong>les</strong> économies ne produisent pas <strong>les</strong> mêmes biens<br />
non pas seulement en raison <strong>de</strong> leurs dotations factoriel<strong>les</strong> divergentes mais également en raison <strong>de</strong><br />
savoir-faire et <strong>de</strong> techniques <strong>de</strong> production ou <strong>de</strong> commercialisation différents. L’économie nationale<br />
n’a jamais eu la capacité <strong>de</strong> produire <strong>les</strong> biens qui pourraient lui permettre d’atteindre, en situation<br />
d’autarcie, le même niveau <strong>de</strong> consommation qu’en situation d’échange international.<br />
En effet, le pays serait contraint <strong>de</strong> produire tous <strong>les</strong> biens nécessaires à sa consommation et à<br />
sa production (à condition que cela soit envisageable) y compris ceux pour <strong>les</strong>quels il est le moins<br />
efficace. Parallèlement, la fermeture <strong>de</strong>s débouchés extérieurs (ou la réduction <strong>de</strong> l’ouverture<br />
internationale) contraindrait le pays à réduire la production <strong>de</strong>s biens pour <strong>les</strong>quels il est le plus<br />
efficace, abandonnant par là une part <strong>de</strong>s revenus <strong>de</strong>s facteurs <strong>de</strong> production. Cette perte d’efficacité<br />
<strong>de</strong> la production conduirait le pays à se trouver dans une situation <strong>de</strong> moindre consommation et <strong>de</strong><br />
moindre production que dans le cas <strong>de</strong> la situation initiale d’ouverture.<br />
4 Hongrie, Pologne, Lettonie, Estonie, Lituanie, Bulgarie, Roumanie, République Tchèque et Slovaquie. 6,2 % & <strong>avec</strong> Malte,<br />
Chypre et la Slovénie.<br />
5 Voir l’annexe 1 pour <strong>les</strong> précisions méthodologiques.<br />
12
Ces effets indirects sur l’emploi ne sont en aucune manière pris en compte par la métho<strong>de</strong> du<br />
contenu en emplois <strong>de</strong>s échanges. Pour cette raison, la métho<strong>de</strong> du contenu en emplois <strong>de</strong>s échanges<br />
extérieurs ne peut permettre <strong>de</strong> décrire le gain ou la perte nette en emplois du fait <strong>de</strong> l’ouverture au<br />
commerce. Elle peut simplement donner une indication <strong>de</strong> la « pression concurrentielle » qui s’exerce<br />
à court terme sur le marché <strong>de</strong> l’emploi.<br />
2.2. Balance en emplois <strong>de</strong> la France <strong>avec</strong> <strong>les</strong> PECO<br />
L’analyse globale du tableau 1 montre très clairement que la balance en emplois <strong>de</strong> la France<br />
<strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays d’Europe centrale et orientale est positive sur la pério<strong>de</strong>, même si le sol<strong>de</strong> est faible : un<br />
peu plus <strong>de</strong> 25 000 emplois en 1998, 17 000 en 1999 et 9 000 pour <strong>les</strong> six premiers mois <strong>de</strong> 2000.<br />
Il est à noter que le contenu en emplois <strong>de</strong>s échanges est très sensible aux variations du sol<strong>de</strong><br />
du commerce extérieur. Or, le sol<strong>de</strong> <strong>de</strong> la France <strong>avec</strong> <strong>les</strong> PECO passe <strong>de</strong> 13,5 milliards à 11 milliards<br />
<strong>de</strong> francs entre 1998 et 1999 6 , ce qui explique pour partie l’importante variation <strong>de</strong> la balance en<br />
emplois entre ces <strong>de</strong>ux années. D’autres éléments comme la volatilité <strong>de</strong>s prix <strong>de</strong>s produits agrico<strong>les</strong><br />
et agroalimentaires fortement intensifs en emplois se traduisent par d’importantes variations <strong>de</strong> la<br />
balance d’une année sur l’autre.<br />
Par ailleurs, certains secteurs voient leur sol<strong>de</strong> en emplois s’inverser ou se réduire <strong>de</strong> manière<br />
importante. C’est notamment le cas du secteur « équipement industriel », du « secteur machines <strong>de</strong><br />
bureau » et du secteur « électronique grand public ». Le premier est fortement lié à la conjoncture<br />
alors que <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux autres connaissent la montée en puissance rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> sites <strong>de</strong> production installés<br />
dans <strong>les</strong> PECO, qui viennent concurrencer <strong>les</strong> importations en provenance d’Asie du sud-est.<br />
Il ressort cependant <strong>de</strong> cette analyse du contenu en emplois que <strong>les</strong> échanges <strong>avec</strong> <strong>les</strong> PECO<br />
exercent plutôt une pression à la hausse sur <strong>les</strong> salaires en France ainsi que sur la quantité <strong>de</strong> travail<br />
employée.<br />
La répartition <strong>de</strong>s sol<strong>de</strong>s positifs et négatifs <strong>de</strong> la France <strong>avec</strong> <strong>les</strong> PECO témoigne d’un schéma<br />
traditionnel d’échanges entre pays <strong>de</strong> niveaux <strong>de</strong> développement différents. Les échanges et <strong>les</strong> sol<strong>de</strong>s<br />
en emplois traduisent une spécialisation traditionnelle <strong>de</strong> la France sur certains produits <strong>de</strong><br />
consommation courante à forte valeur ajoutée, <strong>de</strong> contenu technologique relativement élevé<br />
(pharmacie et automobile notamment), et sur certains biens d’équipement alors que <strong>les</strong> PECO<br />
continuent à bénéficier <strong>de</strong> sol<strong>de</strong>s en emplois positifs sur <strong>de</strong>s produits issus <strong>de</strong> la première<br />
transformation <strong>de</strong>s matières premières (chimie minérale, travail <strong>de</strong>s métaux, matériaux <strong>de</strong><br />
construction).<br />
6 Ces sol<strong>de</strong>s sont valab<strong>les</strong> pour <strong>les</strong> échanges pris en compte pour le calcul <strong>de</strong> la balance en emplois.<br />
13
Tableau 1 : Sol<strong>de</strong>s sectoriels du contenu en emplois <strong>de</strong>s importations et <strong>de</strong>s exportations <strong>de</strong> la<br />
France <strong>avec</strong> <strong>les</strong> PECO<br />
1998 1999 2000/6<br />
Agriculture et sylviculture 184 -290 529<br />
Pêche -131 -257 -132<br />
Produits pétroliers raffinés 225 197 -9<br />
Electricité distribuée -17 0 0<br />
Produits sidérurgiques 454 838 1062<br />
Produits divers <strong>de</strong>s industries extractives 89 91 47<br />
Métaux non ferreux -983 -768 -721<br />
Matériaux <strong>de</strong> construction 82 -347 -391<br />
Industrie du verre 957 834 369<br />
Chimie minérale -1082 -850 -601<br />
Chimie organique 1044 1271 851<br />
Parachimie 6020 6587 4025<br />
Pharmacie 3636 3865 2649<br />
Fon<strong>de</strong>rie 591 419 1<br />
Travail <strong>de</strong>s métaux 364 -497 -471<br />
Machines agrico<strong>les</strong> 188 101 131<br />
Machines-outils 281 336 267<br />
Equipement industriel 3835 2849 2222<br />
Matériels <strong>de</strong> manutention 3806 3775 1897<br />
Matériels d'armement -35 -14 10<br />
Machines <strong>de</strong> bureau 826 -371 -1349<br />
Composants et Matériel d'électronique prof. 4757 5362 4727<br />
Matériel électrique 1268 1112 394<br />
Matériel d'électronique grand public -2373 -5142 -3926<br />
Equipement ménager -1123 -1342 -845<br />
Auto, cyc<strong>les</strong> et motocyc<strong>les</strong> 6311 6829 4737<br />
Matériel ferroviaire roulant 41 -104 136<br />
Construction navale 2 -113 -73<br />
Construction aéronautique 370 1412 817<br />
Instrument et matériels <strong>de</strong> précision 1816 1911 694<br />
Agroalimentaire 2561 1025 895<br />
Fils et fibres synthétiques -285 -205 -253<br />
14
Bonneterie -1219 -1149 -485<br />
Textile 3758 4188 3109<br />
Cuirs, artic<strong>les</strong> <strong>de</strong> voyage, chaussures -1739 -1892 -1170<br />
Artic<strong>les</strong> d'habillement -8256 -9359 -6373<br />
Travail du bois -1140 -1672 -1549<br />
Meub<strong>les</strong> -2770 -3730 -2897<br />
Papier, cartons 616 608 192<br />
Presse, imprimerie, édition 333 267 165<br />
Pneus -340 -603 -477<br />
Transformation <strong>de</strong>s matières plastiques 1679 1474 856<br />
Industries diverses 664 425 216<br />
Total 25267 17068 9277<br />
Note : Les chiffres pour 2000 correspon<strong>de</strong>nt aux six premiers mois.<br />
Sources : Données Douanes et Insee ; Calculs <strong>de</strong>s auteurs<br />
Cette architecture traditionnelle <strong>de</strong>s échanges entre un pays développé et <strong>de</strong>s pays en retard <strong>de</strong><br />
développement semble pourtant laisser la place à une architecture moins classique qui traduit une<br />
imbrication beaucoup plus poussée <strong>de</strong>s étapes <strong>de</strong> production <strong>avec</strong> le développement d’échanges intrabranches<br />
organisés verticalement 7 . Les sol<strong>de</strong>s positifs <strong>de</strong> la France se situent en effet aujourd’hui <strong>de</strong><br />
plus en plus sur <strong>les</strong> biens d’équipement professionnels et <strong>les</strong> biens <strong>de</strong> consommation intermédiaire<br />
élaborés et/ou fortement capitalistiques (textile, composants électroniques, appareils <strong>de</strong> manutentions,<br />
instruments et matériels <strong>de</strong> précision, etc.).<br />
Cette architecture nouvelle et <strong>les</strong> sol<strong>de</strong>s en emplois qui en découlent traduisent la mise en<br />
place progressive d’une organisation <strong>de</strong> la production entre un pôle (ici, l’industrie française)<br />
détenteur <strong>de</strong> savoir-faire technologiques, organisationnels ou marketing et une ou plusieurs régions<br />
périphériques, qui se spécialisent à la fois dans <strong>les</strong> toutes premières étapes du processus productif (la<br />
transformation <strong>de</strong> matières premières) et <strong>les</strong> <strong>de</strong>rnières étapes, hautement intensives en main-d’œuvre<br />
peu qualifiée (l’assemblage <strong>de</strong> produits finis, la confection notamment).<br />
Le contenu en emplois <strong>de</strong>s exportations et <strong>de</strong>s importations <strong>de</strong> la France vis-à-vis <strong>de</strong>s PECO<br />
traduit également le fait que ces pays sont encore au début du processus d’intégration. Leur réindustrialisation<br />
récente n’a pas encore produit <strong>de</strong>s gains en pouvoir d’achat suffisants pour que ces<br />
pays représentent <strong>de</strong> véritab<strong>les</strong> marchés <strong>de</strong> consommation <strong>de</strong> masse pour l’industrie française. En<br />
raison <strong>de</strong> la proportion encore faible <strong>de</strong> produits élaborés <strong>de</strong> consommation courante exportés par la<br />
France vers ces pays et en raison <strong>de</strong> sol<strong>de</strong>s agricole et agroalimentaire encore faiblement positifs, le<br />
contenu en emplois <strong>de</strong> nos exportations est moindre que vers le reste du mon<strong>de</strong> (1 969 emplois par<br />
milliard <strong>de</strong> francs d’exportations contre 2 032 en moyenne, tableau 2).<br />
Tableau 2 : Contenu en emplois <strong>de</strong>s échanges <strong>de</strong> la France <strong>avec</strong> <strong>les</strong> PECO en emplois par<br />
milliard <strong>de</strong> francs (1999 pour <strong>les</strong> PECO, 1997 pour le reste du mon<strong>de</strong>)<br />
Exportations Importations<br />
Mon<strong>de</strong> 2032 2073<br />
Pays développés 2036 1990<br />
Pays en développement 2021 2215<br />
Pays émergents 2017 2415<br />
dont PECO 1969 2155<br />
7 Voir notamment Lemoine et Freu<strong>de</strong>nberg (1999).<br />
15
Parallèlement, le contenu en emplois <strong>de</strong>s importations <strong>de</strong> la France en provenance <strong>de</strong>s PECO<br />
est également relativement faible, plus proche du contenu en emplois constaté dans <strong>les</strong> échanges <strong>avec</strong><br />
<strong>les</strong> autres pays développés que celui observé dans <strong>les</strong> échanges <strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays émergents.<br />
3. Potentiels d’échanges <strong>de</strong> marchandises <strong>de</strong> la France <strong>avec</strong> <strong>les</strong> principaux pays candidats à<br />
l’entrée dans l’Union européenne<br />
Cette section présente une évaluation <strong>de</strong>s potentiels <strong>de</strong> croissance <strong>de</strong>s échanges commerciaux<br />
<strong>de</strong>s pays industrialisés <strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays « en rattrapage » candidats à l’Union européenne (UE). Elle<br />
illustre notamment l’importante marge <strong>de</strong> progression <strong>de</strong>s échanges entre l’UE à quinze et <strong>les</strong> pays<br />
candidats. Ceci est plus particulièrement vrai pour <strong>les</strong> exportations <strong>de</strong>s PECO à <strong>de</strong>stination <strong>de</strong> l’UE en<br />
raison <strong>de</strong> leur niveau actuel très en <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> leur potentiel. Toutefois, si l’on se réfère aux<br />
expériences <strong>de</strong>s adhésions grecque et portugaise à la Communauté européenne, le rattrapage ne pourra<br />
s’effectuer que dans ceux <strong>de</strong>s PECO qui réussiront à mieux adapter leurs produits et leurs techniques<br />
<strong>de</strong> vente aux exigences <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> européenne. Un point important pour distinguer parmi ces pays<br />
ceux qui emprunteront un scénario « à la grecque » (rattrapage lent) ou « à la portugaise » (rattrapage<br />
rapi<strong>de</strong>) rési<strong>de</strong> vraisemblablement dans leur capacité respective à attirer <strong>les</strong> investissements directs<br />
étrangers (IDE). En effet, <strong>les</strong> IDE sont un puissant levier sur le plan <strong>de</strong>s transferts <strong>de</strong> technologie et <strong>de</strong><br />
savoir-faire ainsi que sur le plan <strong>de</strong> l’intensification <strong>de</strong>s relations commercia<strong>les</strong> internationa<strong>les</strong> intrafirmes<br />
qu’ils autorisent.<br />
3.1. La notion d’échanges commerciaux potentiels<br />
L’arrivée progressive d’économies émergentes sur <strong>les</strong> marchés mondiaux se traduit par une<br />
forte progression <strong>de</strong>s échanges commerciaux. A cela, <strong>de</strong>ux raisons. D’une part, le rattrapage<br />
économique <strong>de</strong> ces pays leur assure une forte croissance, qui, en stimulant leur offre et leur <strong>de</strong>man<strong>de</strong>,<br />
développe <strong>les</strong> flux d’échanges. D’autre part, à niveau <strong>de</strong> PIB donné, le commerce <strong>de</strong> ces économies<br />
<strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays industrialisés se renforce au fur et à mesure <strong>de</strong> leur insertion dans <strong>les</strong> échanges<br />
internationaux, leurs conditions <strong>de</strong> production et d’échanges <strong>de</strong>venant davantage concurrentiel<strong>les</strong>. La<br />
métho<strong>de</strong> d’évaluation <strong>de</strong>s potentiels d’échanges présentée ici se concentre sur ce <strong>de</strong>uxième point.<br />
L’analyse consiste en premier lieu à estimer <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> <strong>de</strong> gravité inspirés <strong>de</strong> l’approche <strong>de</strong><br />
Bergstrand (1989) : <strong>les</strong> échanges commerciaux dépen<strong>de</strong>nt notamment <strong>de</strong> facteurs comme <strong>les</strong> richesses<br />
relatives <strong>de</strong>s partenaires commerciaux, leur distance géographique (voire <strong>de</strong> l’existence d’une<br />
frontière commune), leur taux <strong>de</strong> change bilatéral et leur appartenance à une union économique 8 . Les<br />
estimations <strong>de</strong> l’impact <strong>de</strong> ces facteurs sont réalisées sur <strong>les</strong> pays industrialisés puis sont appliquées<br />
aux pays candidats.<br />
Les flux bilatéraux entre pays en rattrapage et pays industrialisés sont donc simulés en<br />
supposant que <strong>les</strong> flux commerciaux potentiels <strong>de</strong>s pays en rattrapage évoluent conformément aux<br />
comportements observés dans <strong>les</strong> pays industrialisés. Cette hypothèse forte signifie que <strong>les</strong> échanges<br />
potentiels représentent le niveau <strong>de</strong> commerce attendu lorsque <strong>les</strong> pays en rattrapage auront achevé le<br />
processus <strong>de</strong> redéploiement <strong>de</strong> leurs échanges <strong>de</strong> manière à se conformer aux relations commercia<strong>les</strong><br />
que l’on observe entre <strong>les</strong> économies <strong>de</strong>s pays industrialisés (et non pas lorsqu’ils auront atteint la<br />
richesse <strong>de</strong>s pays industrialisés). On obtient alors une estimation <strong>de</strong>s potentiels <strong>de</strong> croissance <strong>de</strong>s<br />
échanges <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l’Union européenne <strong>avec</strong> <strong>les</strong> principaux pays candidats en mesurant l’écart entre<br />
<strong>les</strong> flux observés et <strong>les</strong> flux potentiels.<br />
8 Cf. annexe 2.<br />
16
Les résultats obtenus vali<strong>de</strong>nt assez largement <strong>les</strong> hypothèses <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> <strong>de</strong> gravité : la<br />
proximité géographique est un <strong>de</strong>s éléments déterminants <strong>de</strong>s échanges commerciaux. Toutefois, il<br />
convient <strong>de</strong> rappeler que <strong>les</strong> facteurs historiques et culturels jouent aussi un rôle non négligeable non<br />
pris en compte ici. Ainsi, <strong>les</strong> échanges <strong>de</strong> l’Autriche ont par exemple très nettement dépassé leur<br />
potentiel <strong>avec</strong> la Hongrie en raison <strong>de</strong>s liens historiques qui lient ces <strong>de</strong>ux pays.<br />
3.2. La France connaît une performance à l’exportation sensiblement meilleure que la<br />
moyenne <strong>de</strong> ses partenaires européens<br />
Les exportations <strong>de</strong> la France à <strong>de</strong>stination <strong>de</strong>s principaux PECO ont déjà dépassé la moitié <strong>de</strong><br />
leur niveau potentiel (cf. tableau 3).<br />
En revanche, <strong>les</strong> exportations <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l’ex-bloc <strong>de</strong> l’est n’atteignent qu’aux environs <strong>de</strong><br />
30 % <strong>de</strong> leur potentiel respectif vers la France. Il existe donc une marge importante <strong>de</strong> progression <strong>de</strong>s<br />
exportations <strong>de</strong>s pays candidats vers l’hexagone.<br />
Tableau 3 : Ecarts <strong>de</strong>s flux commerciaux à leur niveau potentiel entre l’UE et certains pays<br />
candidats en 1997<br />
PECO* Pologne Hongrie Ex-Tchéco. Bulgarie Roumanie<br />
UE15 Exportations 51% 46% 97% 44% 41% 53%<br />
Importations 37% 28% 79% 32% 42% 47%<br />
France Exportations 60% 64% 74% 53% 35% 61%<br />
Importations 32% 29% 52% 23% 32% 43%<br />
Allemagne Exportations 45% 36% 137% 39% 43% 55%<br />
Importations 38% 27% 127% 32% 40% 53%<br />
Autriche Exportations 101% 65% 145% 94% 85% 90%<br />
Importations 70% 37% 101% 70% 39% 52%<br />
Italie Exportations 80% 88% 84% 67% 42% 102%<br />
Importations 52% 37% 59% 41% 61% 97%<br />
Lecture : en 1997, <strong>les</strong> exportations <strong>de</strong> la France vers la Pologne s’inscrivaient à 64 % <strong>de</strong> leur niveau potentiel, soit 36%<br />
en <strong>de</strong>çà <strong>de</strong> ce que suggèreraient <strong>de</strong>s facteurs comme le niveau <strong>de</strong> vie, la distance et la taille <strong>de</strong> la Pologne.<br />
*La zone PECO recouvre ici la Pologne, la Hongrie, <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l’ex-Tchécoslovaquie, la Bulgarie et la Roumanie.<br />
Source : Chelem ; calculs <strong>de</strong>s auteurs.<br />
Parmi <strong>les</strong> autres pays <strong>de</strong> l’UE, l’Autriche et l’Italie font mieux que la France vers <strong>les</strong> PECO<br />
puisque ces pays se situent couramment à un niveau proche ou supérieur à 80 % <strong>de</strong> leur potentiel à<br />
l’exportation. En revanche, l’Allemagne apparaît moins performante que la France, si l’on fait<br />
exception <strong>de</strong>s relations très intenses qu’elle a nouées <strong>avec</strong> la Hongrie.<br />
3.3. Des marges importantes <strong>de</strong> progression <strong>de</strong>s exportations <strong>de</strong>s pays candidats vers<br />
l’Union européenne<br />
La marge <strong>de</strong> progression <strong>de</strong>s échanges entre l’Union européenne et <strong>les</strong> pays candidats reste<br />
importante. Ainsi, <strong>les</strong> exportations européennes à <strong>de</strong>stination <strong>de</strong>s pays candidats ne couvrent qu’aux<br />
environs <strong>de</strong> 50 % leur niveau potentiel. Toutefois, <strong>les</strong> Etats-Unis et le Japon semblent encore plus<br />
éloignés que <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l’UE <strong>de</strong> leurs niveaux potentiels d’échanges <strong>avec</strong> ces pays. Ceci est vrai, tant<br />
en ce qui concerne leurs importations que leurs exportations.<br />
17
A l’importation <strong>de</strong> l’UE en provenance <strong>de</strong>s pays candidats, <strong>les</strong> marges <strong>de</strong> progression sont<br />
encore plus importantes puisque le niveau observé moyen n’est que <strong>de</strong> 35 % du niveau potentiel. De<br />
plus, alors que certains pays <strong>de</strong> l’UE se rapprochent au cours du temps <strong>de</strong> leur niveau potentiel<br />
d’exportations, <strong>les</strong> pays candidats ne connaissent pas <strong>de</strong> progression marquante à <strong>de</strong>stination du<br />
Marché unique.<br />
Parmi <strong>les</strong> pays candidats, la Hongrie occupe une position particulière. Elle atteint presque ses<br />
niveaux potentiels d’échanges <strong>avec</strong> l’Union européenne : près <strong>de</strong> 100 % du niveau <strong>de</strong> ses importations<br />
potentiel<strong>les</strong> et près <strong>de</strong> 80 % <strong>de</strong> ses exportations à <strong>de</strong>stination <strong>de</strong> l’UE. C’est le seul <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong><br />
l’échantillon à atteindre <strong>de</strong> tels niveaux. Cette moindre performance <strong>de</strong>s pays candidats à l’exportation<br />
vers l’UE par rapport à leur niveau d’importations peut dénoter leur mauvaise adaptation à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />
européenne ainsi qu’une absence <strong>de</strong> maîtrise <strong>de</strong>s techniques et <strong>de</strong>s réseaux <strong>de</strong> vente. Cela se traduit<br />
par une pénétration sur le marché européen plus faible que ce à quoi leur niveau <strong>de</strong> PIB, la distance<br />
géographique <strong>de</strong> ces pays <strong>avec</strong> l’Union ou leur taille pourraient leur permettre <strong>de</strong> prétendre.<br />
Il est donc probable que, dans un avenir assez proche, <strong>les</strong> importations <strong>de</strong> l’UE en provenance<br />
<strong>de</strong>s pays candidats se renforceront plus rapi<strong>de</strong>ment que <strong>les</strong> exportations <strong>de</strong> l’UE vers ces pays.<br />
Toutefois, ceci ne se vérifiera que si <strong>les</strong> producteurs <strong>de</strong>s PECO arrivent à surmonter leurs handicaps<br />
structurels tenant à une relative inadéquation <strong>de</strong> leurs produits <strong>avec</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> qui s’exprime sur le<br />
marché européen. La Hongrie a toutefois démontré que cette adaptation est possible dans un horizon<br />
<strong>de</strong> temps relativement court, notamment lorsque <strong>les</strong> transferts <strong>de</strong> savoir-faire sont favorisés par <strong>les</strong><br />
investissements directs étrangers. Ceux-ci peuvent faciliter l’acquisition <strong>de</strong>s techniques <strong>de</strong> production,<br />
leur ouvrir <strong>les</strong> réseaux <strong>de</strong> distribution en Europe et leur permettre ainsi <strong>de</strong> mieux s’intégrer dans le<br />
Marché unique, gage <strong>de</strong> leur développement futur.<br />
3.4. L’expérience <strong>de</strong>s adhésions grecque et portugaise semble <strong>de</strong>ssiner <strong>de</strong>ux scénarios<br />
types du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> l’insertion commerciale <strong>de</strong>s pays candidats dans l’Union<br />
européenne<br />
Etant donné <strong>les</strong> relatives similitu<strong>de</strong>s économiques pour <strong>les</strong> plus avancés <strong>de</strong>s PECO <strong>avec</strong> la<br />
Grèce et le Portugal avant l’adhésion (faib<strong>les</strong>se du PIB par tête et du coût du travail notamment),<br />
l’évolution <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> couverture <strong>de</strong>s potentiels d’échanges <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux pays <strong>de</strong>puis leur entrée dans<br />
la Communauté peut permettre <strong>de</strong> tirer quelques enseignements sur <strong>les</strong> perspectives en matière <strong>de</strong><br />
commerce extérieur <strong>de</strong>s pays candidats une fois intégrés dans l’Union européenne. On peut distinguer<br />
<strong>de</strong>ux trajectoires opposées qui correspon<strong>de</strong>nt vraisemblablement à <strong>de</strong>ux scénarios types auxquels<br />
auront à faire face <strong>les</strong> futurs Etats membres (cf. graphiques 3 et 4, et le tableau A3 en annexe 2).<br />
Graphique 3. Exportations observées et théoriques <strong>de</strong> la Grèce vers l’UE (millions <strong>de</strong> dollars)<br />
18
16 000<br />
14 000<br />
12 000<br />
10 000<br />
8 000<br />
6 000<br />
4 000<br />
2 000<br />
Exportations observées<br />
Exportations théoriques<br />
Adhésion<br />
0<br />
1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997<br />
Source : Chelem, calculs <strong>de</strong>s auteurs<br />
Depuis son adhésion en 1981, <strong>les</strong> exportations <strong>de</strong> la Grèce à <strong>de</strong>stination <strong>de</strong> l’Union européenne<br />
ont couvert une part <strong>de</strong> plus en plus faible <strong>de</strong> leur niveau potentiel (<strong>de</strong> 54 % à 39 %). En parallèle,<br />
l’Union européenne a connu également un recul du taux <strong>de</strong> couverture <strong>de</strong>s ses exportations<br />
potentiel<strong>les</strong> vers la Grèce (<strong>de</strong> 115 % à 105 %). Ainsi, même si <strong>les</strong> échanges entre l’Union européenne<br />
et la Grèce ont augmenté <strong>de</strong> manière importante sur la pério<strong>de</strong>, la progression constatée se révèle<br />
inférieure à ce que ce pays pouvait prétendre compte tenu <strong>de</strong> sa distance économique et géographique<br />
<strong>avec</strong> l’UE.<br />
Graphique 4. Exportations observées et théoriques du Portugal vers l’UE (millions <strong>de</strong><br />
dollars)<br />
20 000<br />
18 000<br />
16 000<br />
14 000<br />
12 000<br />
10 000<br />
8 000<br />
6 000<br />
4 000<br />
Adhésion<br />
Exportations observées<br />
Exportations théoriques<br />
2 000<br />
0<br />
1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997<br />
Source : Chelem, calculs <strong>de</strong>s auteurs<br />
Lors <strong>de</strong> son adhésion en 1986, le Portugal disposait <strong>de</strong> niveaux d’échanges <strong>avec</strong> l’UE<br />
inférieurs à leurs potentiels en raison d’une ouverture plus importante vers <strong>de</strong>s <strong>zones</strong> géographiques<br />
extra-européennes. Une décennie après son adhésion, la situation est totalement inversée puisque le<br />
Portugal couvrait en 1997 100 % <strong>de</strong> son potentiel d’exportations <strong>avec</strong> l’UE contre 71 % en 1985, à<br />
19
périmètre <strong>de</strong> l’UE constant (UE à 15) . Du point <strong>de</strong> vue du potentiel d’échanges à l’importation, celuici<br />
était couvert à 141 % en 1997 contre 69 % en 1985. Contrairement à la Grèce, qui a connu<br />
l’évolution inverse, le Portugal a donc réussi à réorienter ses échanges vers l’Union européenne <strong>de</strong><br />
manière à dépasser <strong>les</strong> niveaux d’échanges que <strong>les</strong> distances économique et géographique<br />
permettaient d’attendre.<br />
Cette divergence dans l’évolution du taux <strong>de</strong> couverture <strong>de</strong>s potentiels d’échanges représente<br />
certainement un élément d’explication important <strong>de</strong> l’écart <strong>de</strong>s performances <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux pays sur le plan<br />
<strong>de</strong> l’évolution <strong>de</strong> leur croissance économique : exprimé en parité <strong>de</strong> pouvoir d’achat, le PIB par<br />
habitant a ainsi augmenté <strong>de</strong> 64 % pour le Portugal entre 1985 et 1999 contre +22 % pour la Grèce sur<br />
la même pério<strong>de</strong>. Dès lors, il est probable que la capacité <strong>de</strong>s pays candidats à s’engager dans un<br />
scénario « à la portugaise » plutôt qu’« à la grecque » en ce qui concerne <strong>les</strong> échanges <strong>avec</strong> l’UE<br />
conditionnera une bonne partie <strong>de</strong> leurs performances macroéconomiques.<br />
Symétriquement, l’impact <strong>de</strong> l’adhésion sera également important pour l’UE. Ainsi, <strong>de</strong>puis <strong>les</strong><br />
adhésions <strong>de</strong> la Grèce et du Portugal, <strong>les</strong> Etats-Unis et le Japon voient très nettement reculer le taux <strong>de</strong><br />
couverture <strong>de</strong> leurs niveaux potentiels d’échanges <strong>avec</strong> ces <strong>de</strong>ux pays (cf. tableau A3 en annexe). Cela<br />
illustre <strong>les</strong> gains à attendre <strong>de</strong> l’entrée dans l’Union <strong>de</strong> nouveaux partenaires, en termes <strong>de</strong> parts <strong>de</strong><br />
marché, pour <strong>les</strong> membres actuels <strong>de</strong> l’Union européenne.<br />
4. Position commerciale bilatérale <strong>de</strong>s PECO 9 et <strong>de</strong> l’Union européenne en matière<br />
d’échanges <strong>de</strong> marchandises<br />
Cette section présente une analyse <strong>de</strong>s performances encore relativement médiocres <strong>de</strong>s pays<br />
candidats d’Europe centrale et orientale du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> la pénétration du Marché unique en<br />
matière d’échanges <strong>de</strong> marchandises. En utilisant <strong>les</strong> données d’échanges <strong>de</strong> biens entre <strong>les</strong> PECO et<br />
l’Union européenne, il est possible <strong>de</strong> préciser <strong>les</strong> facteurs à l’origine <strong>de</strong> tel<strong>les</strong> performances. Plusieurs<br />
catégories <strong>de</strong> facteurs 10 sont à prendre en compte : <strong>les</strong> exportateurs <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l’Est pourraient ne pas<br />
avoir la taille requise pour servir le marché européen, leur présence encore limitée sur le marché<br />
européen pourrait être due à la rémanence d’un engagement ancien vers d’autres marchés<br />
d’exportations. Il semble pourtant que le facteur principal <strong>de</strong> leur présence encore timi<strong>de</strong> dans le<br />
Marché unique soit une relative inadéquation <strong>de</strong> la spécialisation <strong>de</strong>s PECO à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> européenne.<br />
A contrario, l’importance <strong>de</strong> la présence commerciale <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l’Union européenne au sein<br />
<strong>de</strong>s PECO traduit le rôle majeur que jouent <strong>les</strong> exportateurs européens comme partenaires<br />
d’échanges : 59 % <strong>de</strong>s importations tota<strong>les</strong> <strong>de</strong>s PECO proviennent <strong>de</strong> l’Union européenne.<br />
4.1. La position commerciale <strong>de</strong>s PECO en Europe témoigne <strong>de</strong>s progrès qui restent à<br />
accomplir<br />
4.1.1. Précisions méthodologiques<br />
Dans ce qui suit, la part <strong>de</strong> marché obtenue par <strong>les</strong> PECO dans l’Union européenne est définie<br />
comme le rapport <strong>de</strong>s exportations <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l’Est à <strong>de</strong>stination <strong>de</strong> l’Union sur le total <strong>de</strong>s<br />
importations européennes. Elle se décompose en un effet « potentiel », facteur structurel qui s’exprime<br />
comme l’adéquation <strong>de</strong>s exportations <strong>de</strong>s PECO <strong>avec</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> européenne d’importations, et un<br />
9 Dans toute cette section, la zone PECO comprend la Bulgarie, la Hongrie, la Pologne, la Roumanie, la République tchèque<br />
et la Slovaquie. Pour <strong>de</strong>s raisons liées à l’agrégation <strong>de</strong> la zone dans le fichier source, l’Albanie est également intégrée à<br />
l’analyse même si elle n’est pas candidate à l’adhésion.<br />
10 On trouvera une présentation <strong>de</strong> la méthodologie employée en annexe 3.<br />
20
effet « <strong>de</strong>gré d’engagement », facteur plus stratégique que l’on définit comme la part <strong>de</strong>s exportations<br />
<strong>de</strong>s PECO <strong>de</strong>stinée à l’Union européenne sur <strong>les</strong> exportations tota<strong>les</strong> <strong>de</strong>s PECO 11 . L’intérêt <strong>de</strong><br />
pénétrer un marché est proportionnel à sa taille. Il faut par conséquent s’intéresser également à la<br />
structure <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> en importations <strong>de</strong> l’Union européenne.<br />
Trois facteurs sont donc importants : <strong>de</strong>ux d’entre eux sont structurels, le potentiel, qui mesure<br />
l’offre <strong>de</strong>s producteurs <strong>de</strong>s PECO, et la structure <strong>de</strong>s importations européennes, qui caractérise la<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong>, alors que le <strong>de</strong>gré d’engagement peut plus aisément fluctuer en fonction <strong>de</strong>s choix <strong>de</strong>s<br />
exportateurs, mais aussi <strong>de</strong>s contraintes qui pèsent sur eux.<br />
Cette décomposition permet une première analyse sectorielle <strong>de</strong> la performance <strong>de</strong>s<br />
producteurs <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l’Est dans le Marché unique. Du rapprochement <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux facteurs structurels,<br />
on peut ainsi dégager une analyse <strong>de</strong> l’adéquation entre l’offre <strong>de</strong>s PECO et la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> européenne.<br />
Ce faisant, <strong>de</strong>s opportunités peuvent apparaître dans certains secteurs : l’analyse du <strong>de</strong>gré<br />
d’engagement <strong>de</strong>s PECO dans l’Union européenne permet alors <strong>de</strong> savoir si <strong>les</strong> exportateurs ont<br />
profité <strong>de</strong> ces marges <strong>de</strong> manœuvre.<br />
4.1.2. Relative inadéquation <strong>de</strong>s exportations <strong>de</strong>s PECO à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />
européenne<br />
Les exportations <strong>de</strong>s PECO sont <strong>de</strong>stinées à 57 % au marché européen, ce qui représente un<br />
niveau d’engagement hors du commun bien que peu surprenant. En effet, <strong>de</strong>puis la fin du Comecon,<br />
<strong>les</strong> producteurs <strong>de</strong>s PECO se sont massivement tournés vers le Marché unique. En revanche, sans être<br />
négligeable, la part <strong>de</strong> marché <strong>de</strong>s PECO dans <strong>les</strong> importations <strong>de</strong> l’UE <strong>de</strong>meure faible : aux environs<br />
<strong>de</strong> 7,5 % du total <strong>de</strong>s importations <strong>de</strong> marchandises (voir tableau A4 en annexe 3).<br />
Graphique 5 : Les facteurs structurels déterminant la position commerciale<br />
<strong>de</strong>s PECO dans l’Union européenne (1998)<br />
11 Voir l’annexe 3 pour une définition plus complète <strong>de</strong> ces différents concepts.<br />
21
0,7<br />
Verre<br />
Sidérurgie<br />
0,6<br />
Effet potentiel (XsPECO/MsUE)<br />
0,5<br />
Meub<strong>les</strong><br />
Mat. Constr.<br />
0,4<br />
Mat. Transp.<br />
0,3<br />
Ouv. Metall.<br />
Habillement<br />
Métallurgie<br />
Plastique<br />
0,2 Caoutch.Plast.<br />
Mécanique<br />
Cuirs<br />
Chimie base<br />
Elect.<br />
Fils<br />
Ménager Auto. Part.<br />
Electrique<br />
0,0% 1,0% Papier 2,0% 3,0% 4,0% 5,0% Agro-Alim. 6,0% 7,0% 8,0% 9,0% 10,0%<br />
Presse<br />
0,1<br />
Mat.Pr.Min.<br />
Pdts Agri.<br />
Parachimie<br />
Pharmacie<br />
0,0<br />
Mat. Précision<br />
Nav-Aéro-Arm.<br />
Télécom-Info<br />
Divers<br />
Energie<br />
Effet <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'Union européenne (MsUE/MUE)<br />
Source : CEPII (Chelem) - Calculs <strong>de</strong>s auteurs.<br />
Dans certains secteurs, la présence <strong>de</strong>s exportateurs d’Europe centrale apparaît toutefois non<br />
négligeable. C’est le cas pour <strong>les</strong> produits sidérurgiques, le verre, <strong>les</strong> matériaux <strong>de</strong> construction, <strong>les</strong><br />
matériels <strong>de</strong> transport et <strong>les</strong> meub<strong>les</strong> pour <strong>les</strong>quels la part <strong>de</strong> marché <strong>de</strong>s PECO dans <strong>les</strong> importations<br />
<strong>de</strong> l’Union oscille entre 20 et 30 %. Dans le cas <strong>de</strong>s matériels <strong>de</strong> transport, ce sont <strong>les</strong> véhicu<strong>les</strong><br />
utilitaires qui permettent aux PECO d’atteindre un tel score <strong>avec</strong>, pour ce sous-secteur, une part <strong>de</strong><br />
25 % <strong>de</strong>s importations <strong>de</strong> l’Union européenne en provenance <strong>de</strong>s PECO.<br />
Il faut toutefois relativiser ces performances, puisque tous ces secteurs sont <strong>de</strong>s points forts <strong>de</strong><br />
l’Union européenne, dans <strong>les</strong>quels le montant <strong>de</strong>s importations est relativement faible : chacun <strong>de</strong> ces<br />
5 secteurs compte pour au maximum 1,6 % <strong>de</strong>s importations globa<strong>les</strong> <strong>de</strong> l’Union européenne<br />
(troisième colonne du tableau A4).<br />
Il existe donc une relative inadéquation <strong>de</strong>s exportations <strong>de</strong>s PECO <strong>avec</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />
européenne. Leurs points forts se situent dans <strong>de</strong>s secteurs où l’Union européenne importe<br />
relativement peu, ce qui se traduit par <strong>de</strong>s potentiels particulièrement faib<strong>les</strong> (graphique 5, voir<br />
également l’annexe 3 pour une ai<strong>de</strong> à la lecture <strong>de</strong>s graphiques).<br />
A l’exception <strong>de</strong> l’habillement et dans une moindre mesure <strong>de</strong>s ouvrages métalliques, <strong>de</strong> la<br />
métallurgie et <strong>de</strong> la mécanique, <strong>les</strong> secteurs sur <strong>les</strong>quels l’Union européenne exprime une forte<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’importations ne témoignent pas d’un potentiel important <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s PECO. C’est le cas<br />
pour <strong>les</strong> matériels <strong>de</strong> télécommunication et l’informatique, le secteur énergétique, <strong>les</strong> matériels<br />
électriques, <strong>les</strong> produits agrico<strong>les</strong> ou encore l’agroalimentaire.<br />
4.1.3. Une position commerciale encore en retrait <strong>de</strong>s PECO en France<br />
En matière d’échanges <strong>de</strong> marchandises, la position commerciale <strong>de</strong>s exportateurs d’Europe<br />
centrale <strong>de</strong>meure particulièrement marginale en France : <strong>les</strong> exportations en provenance <strong>de</strong>s PECO ne<br />
correspon<strong>de</strong>nt qu’à moins <strong>de</strong> 1 % <strong>de</strong>s importations du pays. La France représente 3,9 % du total <strong>de</strong>s<br />
exportations <strong>de</strong>s PECO (graphique 6, voir tableau A5 en annexe).<br />
22
Graphique 6 : Les facteurs structurels déterminant la position commerciale<br />
<strong>de</strong>s PECO en France (1998)<br />
1,4<br />
Meub<strong>les</strong><br />
1,2<br />
Effet potentiel <strong>de</strong>s PECO (XsPECO/MsFrance)<br />
Verre<br />
Mat. Constr.<br />
Plastique Mat.Pr.Min.<br />
Cuirs<br />
1,0<br />
Sidérurgie<br />
0,8<br />
0,6<br />
Métallurgie<br />
Ouv. Metall.<br />
Habillement<br />
Electrique<br />
0,4<br />
Pdts Agri.<br />
Elect. Ménager<br />
Chimie base<br />
Mat. Transp.<br />
Mécanique<br />
0,0% 1,0% 2,0% Fils 3,0% 4,0% 5,0% 6,0% 7,0% 8,0% 9,0% 10,0%<br />
Caoutch.Plast.<br />
Auto. Part.<br />
Agro-Alim.<br />
0,2<br />
Papier<br />
Télécom-Info Energie<br />
Presse<br />
Divers<br />
Mat. Précision<br />
Pharmacie Parachimie Nav-Aéro-Arm.<br />
0,0<br />
Effet <strong>de</strong>man<strong>de</strong> française (MsFrance/MFrance)<br />
Source : CEPII (Chelem) - Calculs <strong>de</strong>s auteurs.<br />
Il faut cependant noter la position particulière <strong>de</strong> l’électroménager puisque <strong>les</strong> exportations <strong>de</strong>s<br />
PECO à <strong>de</strong>stination <strong>de</strong> la France couvrent 14,0 % <strong>de</strong> leurs exportations tota<strong>les</strong> dans ce secteur et leur<br />
permettent d’obtenir une part <strong>de</strong>s importations du pays <strong>de</strong> près <strong>de</strong> 5 % pour ce type <strong>de</strong> biens.<br />
On observe <strong>de</strong>s performances similaires dans <strong>les</strong> secteur <strong>de</strong> la métallurgie, <strong>de</strong> l’habillement et<br />
<strong>de</strong>s meub<strong>les</strong>, pour <strong>les</strong>quels la part <strong>de</strong>s importations en provenance <strong>de</strong>s PECO représente entre 4,2 % et<br />
4,9 % <strong>de</strong>s importations <strong>de</strong> la France dans chacun <strong>de</strong> ces secteurs.<br />
Il reste que la plupart <strong>de</strong>s points forts <strong>de</strong>s PECO en France ne représentent pas <strong>de</strong>s postes<br />
majeurs d’importation puisque chacun d’entre eux ne couvre qu’entre 1,6 % et 2,6 % <strong>de</strong>s importations<br />
tota<strong>les</strong> du pays : <strong>les</strong> meub<strong>les</strong>, la sidérurgie, la métallurgie, le verre, <strong>les</strong> matériaux <strong>de</strong> construction, <strong>les</strong><br />
plastiques et <strong>les</strong> matières premières minéra<strong>les</strong>.<br />
Ainsi, comme dans le cas <strong>de</strong>s échanges <strong>avec</strong> l’Union européenne, une relative inadéquation<br />
<strong>de</strong>s exportations <strong>de</strong>s PECO à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> française peut être observée. En effet, on retrouve une<br />
certaine concentration <strong>de</strong>s exportations <strong>de</strong>s PECO dans <strong>de</strong>s secteurs où la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> française<br />
d’importations est faible (meub<strong>les</strong>, sidérurgie, verre, matériaux <strong>de</strong> construction notamment) et une<br />
présence marginale <strong>de</strong>s exportateurs d’Europe centrale dans <strong>de</strong>s secteurs où la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> française est<br />
importante (énergie, mécanique, agroalimentaire, matériels <strong>de</strong> télécommunication et d’informatique,<br />
automobi<strong>les</strong> particulières).<br />
On peut toutefois noter que le secteur <strong>de</strong>s cuirs est nettement plus présent dans le potentiel <strong>de</strong>s<br />
PECO vis-à-vis <strong>de</strong> la France que dans le cas <strong>de</strong> l’Union européenne. Comme dans le cas <strong>de</strong><br />
l’habillement, l’importance <strong>de</strong> ce secteur dans <strong>les</strong> exportations <strong>de</strong>s PECO à <strong>de</strong>stination <strong>de</strong> la France<br />
témoigne vraisemblablement <strong>de</strong> la mise en place d’une filière <strong>de</strong> production intégrée, puisque ce<br />
secteur représente également un point fort du commerce extérieur <strong>de</strong> la France.<br />
23
4.2. La position commerciale <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l’Union européenne marque l’importance <strong>de</strong><br />
l’Europe comme partenaire commercial <strong>de</strong>s PECO<br />
4.2.1. L’Union européenne partenaire commercial incontournable <strong>de</strong>s PECO<br />
Avec une part <strong>de</strong> marché moyenne <strong>de</strong> 60 %, <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l’Union européenne sont <strong>de</strong>venus <strong>de</strong>s<br />
partenaires incontournab<strong>les</strong> <strong>de</strong>s PECO sur le plan <strong>de</strong> leurs échanges commerciaux. Cette dépendance à<br />
l’égard <strong>de</strong> l’Union n’est pas réciproque puisque <strong>les</strong> PECO ne représentent que 3,5 % du total <strong>de</strong>s<br />
exportations européennes (tableau A6).<br />
Une analyse sectorielle <strong>de</strong>s exportations européennes à <strong>de</strong>stination <strong>de</strong>s PECO permet <strong>de</strong><br />
distinguer au moins trois groupes <strong>de</strong> secteurs (graphique 7).<br />
Un certain nombre <strong>de</strong> secteurs sont caractérisés par un potentiel élevé d’exportation <strong>de</strong> la part<br />
<strong>de</strong> l’Union européenne mais <strong>de</strong>s importations peu importantes <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s PECO. C’est plus<br />
particulièrement le cas du secteur <strong>de</strong> la construction navale et aéronautique et <strong>de</strong> l’armement. C’est<br />
également le cas, mais dans une moindre mesure, <strong>de</strong>s secteurs <strong>de</strong>s matériels <strong>de</strong> précision, <strong>de</strong> la<br />
pharmacie, <strong>de</strong> la parachimie, <strong>de</strong> la chimie <strong>de</strong> base ainsi que du secteur du papier et <strong>de</strong> la presse.<br />
Un certain nombre d’autres secteurs sont caractérisés par une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> relativement forte <strong>de</strong>s<br />
PECO mais un faible potentiel <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> l’Union européenne. Le secteur énergétique, l’habillement<br />
et la métallurgie semblent dans ce cas.<br />
D’autres secteurs cependant témoignent d’une relative adéquation <strong>de</strong> l’offre ouest-européenne<br />
et <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> est-européenne. C’est notamment le cas du secteur automobile, <strong>de</strong> l’agroalimentaire<br />
et <strong>de</strong>s matériels <strong>de</strong> télécommunication.<br />
Graphique 7 : Les facteurs structurels déterminant la position commerciale<br />
<strong>de</strong> l’UE dans <strong>les</strong> PECO (1998)<br />
Effet potentiel d'exportation <strong>de</strong> l'UE<br />
Exportations <strong>de</strong> l'UE dans le secteur / importations <strong>de</strong>s PECO dans le<br />
secteur)<br />
Nav-Aéro-Arm.= 70,0<br />
Mat.Pr.Min.<br />
30,0<br />
25,0<br />
Mat. Précision<br />
Auto. Part.<br />
Divers<br />
Agro-Alim.<br />
Pharmacie<br />
Chimie base<br />
Télécom-Info<br />
Papier<br />
20,0<br />
Presse<br />
Parachimie<br />
Caoutch.Plast.<br />
Verre<br />
Plastique<br />
Mécanique<br />
Mat. Constr.<br />
0,0% 1,0% 2,0% Elect. Ménager 3,0% 4,0% 5,0% Mat. 6,0% Transp. Electrique<br />
7,0% 8,0% 9,0% 10,0%<br />
Meub<strong>les</strong> 15,0<br />
Ouv. Metall.<br />
Pdts Agri.<br />
Sidérurgie<br />
Cuirs<br />
10,0<br />
5,0<br />
Habillement<br />
Métallurgie<br />
Fils<br />
Energie<br />
0,0<br />
Effet <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong>s PECO<br />
(importations dans le secteur / importations tota<strong>les</strong> <strong>de</strong>s PECO)<br />
24
Source : CEPII (Chelem) - Calculs <strong>de</strong>s auteurs.<br />
4.2.2. La position commerciale sectorielle <strong>de</strong> la France dans <strong>les</strong> PECO est proche <strong>de</strong> la<br />
position moyenne <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l’Union européenne<br />
La France dispose d’une position commerciale similaire dans ses grands traits à celle <strong>de</strong><br />
l’Union européenne. Il reste que la part <strong>de</strong> marché <strong>de</strong> la France dans <strong>les</strong> PECO (4,6 %) apparaît<br />
nettement en retrait par rapport à celle détenue par l’Allemagne (24,5 %) et légèrement inférieure à<br />
celle <strong>de</strong> l’Italie (4,9 %). Les PECO ne représentent ainsi que 2 % <strong>de</strong>s exportations tota<strong>les</strong> <strong>de</strong> la France<br />
(voir le tableau A7 ainsi que <strong>les</strong> graphiques A7 et A8 en annexe 3).<br />
Comme dans le cas <strong>de</strong> l’Union européenne, le secteur <strong>de</strong> la construction aéronautique et navale<br />
et <strong>de</strong> l’armement (non représenté sur le graphique 8) révèle un très fort potentiel <strong>de</strong>s exportations<br />
françaises qui ne correspond pas à une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s PECO. Il en est <strong>de</strong> même mais dans une<br />
moindre mesure pour le secteur pharmaceutique, <strong>les</strong> matériels <strong>de</strong> précision, l’industrie du verre<br />
(notamment la céramique), la parachimie et la chimie <strong>de</strong> base.<br />
En revanche, l’agroalimentaire, <strong>les</strong> automobi<strong>les</strong> particulières et dans une moindre mesure <strong>les</strong><br />
matériels <strong>de</strong> télécommunication, <strong>les</strong> produits agrico<strong>les</strong>, le matériel électrique ainsi que le secteur du<br />
caoutchouc témoignent d’une adéquation entre le potentiel d’exportations français et la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> en<br />
provenance <strong>de</strong>s PECO.<br />
Dans le cas <strong>de</strong> l’énergie, <strong>de</strong> la métallurgie, <strong>de</strong> l’habillement et du textile (noté « fils » dans <strong>les</strong><br />
tableaux et sur <strong>les</strong> graphiques), l’offre française apparaît insuffisante au regard <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> en<br />
importations <strong>de</strong>s PECO.<br />
Graphique 8 : Les facteurs structurels déterminant la position commerciale<br />
<strong>de</strong> la France dans <strong>les</strong> PECO (1998)<br />
6,0<br />
5,0<br />
Agro-Alim.<br />
Effet potentiel d'exportation <strong>de</strong> la France (Xs/Ms)<br />
4,0<br />
Verre<br />
Parachimie Auto. Part.<br />
Pharmacie<br />
Mat. Précision<br />
3,0<br />
Chimie base<br />
Pdts Agri.<br />
Divers Télécom-Info<br />
Electrique<br />
Caoutch.Plast.<br />
Presse<br />
Mat. Transp.<br />
Papier<br />
0,0% 1,0% 2,0% Elect. Ménager 3,0% 2,0<br />
4,0% 5,0% 6,0% 7,0% 8,0% 9,0% 10,0%<br />
Sidérurgie<br />
Plastique<br />
Ouv. Metall.<br />
Mécanique<br />
Mat. Constr.<br />
Meub<strong>les</strong><br />
Métallurgie<br />
Habillement<br />
Mat.Pr.Min. Cuirs 1,0<br />
Fils<br />
Energie<br />
0,0<br />
Effet <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong>s PECO (Ms/Mc)<br />
Source : CEPII (Chelem) - Calculs <strong>de</strong>s auteurs<br />
25
5. Intensité <strong>de</strong> la concurrence sectorielle sur marchés tiers entre <strong>les</strong> PECO et <strong>les</strong> pays <strong>de</strong><br />
l’Union européenne<br />
Afin d’évaluer l’intensification <strong>de</strong> la concurrence qui résultera <strong>de</strong> l’entrée <strong>de</strong>s PECO dans<br />
l’Union européenne, il est intéressant d’observer dans quelle mesure <strong>les</strong> exportations <strong>de</strong>s PECO et<br />
cel<strong>les</strong> d’autres pays partenaires se recoupent par pays et par produit. Pour chaque pays tiers et pour<br />
chacun <strong>de</strong>s secteurs <strong>de</strong> la nomenclature CHELEM du CEPII à 72 secteurs, on croise <strong>les</strong> exportations<br />
<strong>de</strong>s PECO et <strong>de</strong> cel<strong>les</strong> <strong>de</strong>s autres régions géographiques i<strong>de</strong>ntifiées afin <strong>de</strong> déterminer un indicateur<br />
d’intensité <strong>de</strong> la concurrence sur marchés tiers 12 .<br />
5.1. Concurrence sur marchés tiers <strong>avec</strong> l’Union européenne<br />
Sans surprise, il ressort <strong>de</strong> l’analyse <strong>de</strong> l’exposition à la concurrence <strong>de</strong>s pays d’Europe<br />
centrale et orientale (PECO 13 ) vis-à-vis <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong> leurs concurrents étrangers (hors zone<br />
PECO) que l’Union européenne représente leur principal concurrent : en moyenne, plus <strong>de</strong> 61 % <strong>de</strong> la<br />
concurrence que subissent <strong>les</strong> PECO sur <strong>les</strong> marchés tiers proviennent <strong>de</strong>s entreprises européennes<br />
(tableau 4). Cela est plus particulièrement vrai dans le secteur « matériels <strong>de</strong> transport » (81,0 %) et<br />
« automobi<strong>les</strong> particulières » (76,0 %).<br />
Dans <strong>les</strong> secteurs <strong>de</strong>s biens intermédiaires, ce sont <strong>les</strong> secteurs <strong>de</strong>s matériaux <strong>de</strong> construction<br />
(80,5 %), du papier (79,0 %) et <strong>de</strong> la parachimie (75,5 %) pour <strong>les</strong>quels la concurrence <strong>avec</strong> l’Union<br />
européenne est la plus vive. La concurrence que livre l’UE aux producteurs <strong>de</strong>s PECO dans ces trois<br />
secteurs ne représente toutefois que 1,3 %, 1,2 % et 0,5 % <strong>de</strong> la concurrence totale que subissent <strong>les</strong><br />
PECO sur <strong>les</strong> marchés tiers, tous secteurs et tous pays concurrents confondus (tableau A8 en annexe<br />
4).<br />
Dans <strong>les</strong> secteurs <strong>de</strong>s biens d’équipement professionnels, <strong>les</strong> secteurs « ouvrages en métal » et<br />
« mécanique » sont <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux secteurs pour <strong>les</strong>quels la concurrence <strong>de</strong> l’Union européenne est la plus<br />
importante sur marché tiers : respectivement 74,6 % et 70,1%.<br />
Il faut toutefois rester pru<strong>de</strong>nt dans l’interprétation <strong>de</strong> ces pourcentages, car l’indicateur<br />
d’intensité <strong>de</strong> la concurrence ne tient pas compte <strong>de</strong>s différences <strong>de</strong> positionnement dans la gamme<br />
<strong>de</strong>s produits. Or, pour un même produit, <strong>les</strong> producteurs <strong>de</strong>s PECO et ceux <strong>de</strong> l’Union européenne ne<br />
sont pas positionnés sur un même <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> qualité ou un même niveau <strong>de</strong> prix. Par ailleurs, la<br />
détermination <strong>de</strong> l’intensité <strong>de</strong> la concurrence est fondée sur la nomenclature Chelem à 72 produits.<br />
Un découpage plus fin <strong>de</strong>s exportations se traduirait par une diminution du coefficient mesurant<br />
l’intensité <strong>de</strong> la concurrence.<br />
Avec 7,7 % <strong>de</strong> la concurrence ressentie par <strong>les</strong> exportateurs d’Europe centrale sur <strong>les</strong> marchés<br />
tiers, la France se place loin <strong>de</strong>rrière l’Allemagne (tableau 4). En effet, l’Allemagne dispose d’un<br />
positionnement sectoriel et géographique beaucoup plus proche <strong>de</strong> celui <strong>de</strong>s PECO 14 et contribue à<br />
14,85 % <strong>de</strong> la concurrence sur marché tiers que ressentent <strong>les</strong> producteurs d’Europe centrale. Les pays<br />
du Benelux et l’Italie disposent également d’un positionnement plus directement en concurrence <strong>avec</strong><br />
<strong>les</strong> PECO que la France puisque ces pays exercent respectivement 9,7 % et 9,15 % <strong>de</strong> la concurrence<br />
ressentie par <strong>les</strong> PECO sur marchés tiers.<br />
12 Voir en annexe 4 pour une définition formalisée <strong>de</strong> l’indicateur d’exposition à la concurrence.<br />
13 Dans l’ensemble <strong>de</strong> cette section, la zone PECO désigne <strong>les</strong> pays suivants : Pologne, Hongrie, République Tchèque,<br />
Slovaquie, Roumanie, Bulgarie.<br />
14 Les réserves méthodologiques formulées précé<strong>de</strong>mment <strong>de</strong>meurent cependant valab<strong>les</strong>.<br />
26
Tableau 4 : Exposition <strong>de</strong>s pays d’Europe centrale et orientale à la concurrence<br />
<strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l’Union européenne en 1998 (en %)<br />
Europe Centrale UE France Allemagne Autriche Italie<br />
Royaume-U Benelux Espagne Grèce Portugal<br />
Reste <strong>de</strong> l'U<br />
Agriculture 50,32 6,70 8,04 2,10 4,40 1,67 15,16 4,32 1,73 0,14 6,06<br />
IAA 63,85 10,85 10,05 2,24 6,47 4,24 16,92 2,97 1,13 0,37 8,59<br />
Energie 38,19 2,55 10,81 1,58 4,55 2,98 9,15 0,49 1,84 0,12 4,13<br />
Biens Intermédiaires 62,94 8,16 16,00 4,37 9,04 5,00 10,38 2,60 0,59 0,48 6,31<br />
Biens d'équipement Pro 61,91 7,78 17,29 5,11 7,79 8,13 6,19 2,15 0,14 0,70 6,65<br />
Biens d'équipement Mén 61,90 8,55 11,74 3,83 11,23 8,89 7,55 4,48 0,22 1,27 4,15<br />
Transports 78,30 11,61 23,24 3,86 7,12 7,55 11,61 8,56 0,05 1,18 3,50<br />
Biens <strong>de</strong> consommation 58,18 5,82 11,63 3,41 13,09 4,30 9,58 2,17 0,85 1,76 5,57<br />
Non ventilés 39,03 9,63 13,84 0,57 2,09 0,58 1,79 0,17 0,37 0,00 9,99<br />
Total 61,25 7,68 14,85 3,90 9,15 5,51 9,72 2,94 0,62 0,90 5,98<br />
Dont : Ouvrage Métallique 74,58 8,82 19,68 6,53 14,13 5,10 9,95 2,81 0,27 0,65 6,65<br />
Mat. Construction 80,46 8,05 11,74 3,95 27,72 3,80 9,15 7,47 3,12 1,64 3,82<br />
Verre 70,30 15,28 16,44 3,83 9,17 4,01 12,33 2,68 0,20 0,65 5,71<br />
Fils 69,48 7,44 21,51 3,36 14,17 5,04 10,17 2,57 0,61 0,93 3,70<br />
Papier 78,95 7,73 17,76 7,70 5,90 4,22 8,48 1,91 0,40 1,08 23,77<br />
Plastique 62,18 6,20 22,54 4,53 5,44 8,69 9,24 2,19 0,03 0,55 2,77<br />
Mécanique 70,07 8,69 18,79 7,62 11,92 8,10 5,92 2,49 0,12 0,17 6,25<br />
Electrique 62,83 7,90 19,65 4,72 6,35 7,24 6,38 2,59 0,17 1,55 6,29<br />
Elect. Ménager 61,90 8,55 11,74 3,83 11,23 8,89 7,55 4,48 0,22 1,27 4,15<br />
Automobile Particul. 75,96 11,18 24,80 1,55 4,47 7,96 12,36 9,94 0,05 1,70 1,94<br />
Matériel Transport 80,69 12,05 21,65 6,23 9,83 7,14 10,84 7,15 0,06 0,65 5,10<br />
Pharmacie 67,33 11,16 15,04 3,18 5,59 9,80 11,23 1,76 0,10 0,13 9,34<br />
Parachimie 75,51 12,03 22,73 2,77 6,04 9,37 13,59 1,74 0,42 0,27 6,55<br />
Presse 74,39 7,58 15,07 7,52 8,78 13,09 10,26 2,48 0,41 0,14 9,07<br />
Meub<strong>les</strong> 74,31 6,02 12,93 5,93 20,64 2,73 8,00 2,98 0,32 1,58 13,19<br />
Caoutchouc 77,83 10,40 20,78 4,45 9,12 5,88 18,52 3,37 0,31 0,37 4,63<br />
Source : Chelem ; calculs <strong>de</strong>s auteurs.<br />
Lecture : <strong>les</strong> exportations <strong>de</strong> biens intermédiaires <strong>de</strong>s pays d’Europe centrale sont concurrencées à 8,16 % sur marché tiers par<br />
<strong>les</strong> exportations <strong>de</strong> biens intermédiaires <strong>de</strong> la France. Les totaux en ligne font 100 %.<br />
L’Autriche apparaît moins directement concurrente. Ceci peut s’expliquer par l’importance <strong>de</strong>s<br />
flux d’échanges bilatéraux qui ne sont pas pris en compte par l’indicateur d’intensité <strong>de</strong> la concurrence<br />
tel qu’il est calculé ici.<br />
5.2. Intensité <strong>de</strong> la concurrence <strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays n’appartenant pas à l’Union européenne<br />
Certains pays sont directement en concurrence <strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays d’Europe centrale pour servir<br />
l’Union européenne qui représente le principal débouché dans la zone. Les PECO profitent d’ores et<br />
déjà <strong>de</strong> droits zéro à l’entrée <strong>de</strong> l’Union européenne. L’existence d’<strong>accords</strong> <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange <strong>avec</strong> <strong>les</strong><br />
pays <strong>de</strong> l’Association européenne <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange (AELE), l’Afrique du Sud et le Mexique ainsi que<br />
l’existence d’<strong>accords</strong> préférentiels <strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique) ou <strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays<br />
appartenant au programme EUROMED, placent ces pays dans une position similaire à celle que<br />
détiennent aujourd’hui <strong>les</strong> PECO en matière <strong>de</strong> droits <strong>de</strong> douane à l’entrée du Marché unique. Ce n’est<br />
27
pas le cas pour <strong>les</strong> pays d’Asie et certains pays importants d’Amérique latine (Brésil et Argentine<br />
notamment) qui souffrent d’ores et déjà d’un handicap <strong>de</strong> ce point <strong>de</strong> vue.<br />
L’adhésion <strong>de</strong>s PECO à l’Union européenne va par ailleurs contribuer à supprimer une partie<br />
<strong>de</strong>s barrières non tarifaires que ces pays subissent aujourd’hui et qui leur donnera par la suite un<br />
avantage certain vis-à-vis <strong>de</strong>s autres pays émergents. La suppression <strong>de</strong>s procédures antidumping, qui<br />
ne peuvent être mises en œuvre à l’encontre <strong>de</strong>s Etats membres <strong>de</strong> l’UE, représente très certainement<br />
l’un <strong>de</strong>s principaux avantages dont vont bénéficier <strong>les</strong> PECO. En effet, ces procédures sont très<br />
majoritairement utilisées à l’encontre <strong>de</strong>s pays émergents et dans <strong>de</strong>s secteurs où <strong>les</strong> PECO sont très<br />
présents (graphique 9 et tableau 5).<br />
Graphique 9. Répartition <strong>de</strong>s mesures antidumping instaurées par l’UE (1988-1997)<br />
(nombre <strong>de</strong> cas par zone géographique)<br />
70<br />
60<br />
NPI d'asie<br />
50<br />
40<br />
PECO<br />
ASEAN<br />
Chine<br />
30<br />
20<br />
10<br />
0<br />
URSS et pays <strong>de</strong> l'ex-URSS<br />
Autres pays d'Europe<br />
Autres pays d'Asie<br />
Amérique du Nord<br />
Amérique Latine<br />
Afrique<br />
Source : Rapports annuels <strong>de</strong> la Commission au Parlement Européen.<br />
Tableau 5 : Nombre d’enquêtes antidumping ouvertes par secteur industriel<br />
Secteurs 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 Total en %<br />
Textile 0 9 14 0 0 1 17 4 10 8 63 18,8<br />
Chimie 13 6 8 4 10 5 3 4 0 8 61 18,2<br />
Electronique 4 4 1 5 13 7 3 7 0 14 58 17,3<br />
Sidérurgie 4 2 9 6 3 0 7 2 9 4 46 13,7<br />
Métaux non ferreux 10 2 3 0 5 5 3 5 1 1 35 10,4<br />
Mécanique 6 3 6 4 0 2 4 3 0 14 29 8,6<br />
Bois et papier 2 0 0 1 0 0 0 1 0 7 11 3,3<br />
Autres 1 1 2 0 8 1 6 7 5 3 33 9,8<br />
TOTAL 40 27 43 20 39 21 43 33 25 45 336 100<br />
Source : Rapports annuels <strong>de</strong> la Commission au Parlement Européen.<br />
Les pays <strong>de</strong> l’ex-bloc <strong>de</strong> l’Est ont totalisé ainsi près <strong>de</strong> 25 % <strong>de</strong>s affaires antidumping<br />
engagées par l’Union européenne entre 1988 et 1997 15 . Pour sa part, l’Asie a été la cible <strong>de</strong> plus <strong>de</strong><br />
60 % <strong>de</strong>s enquêtes antidumping, soit <strong>de</strong>ux fois plus que sa part dans <strong>les</strong> importations tota<strong>les</strong> <strong>de</strong> l’UE.<br />
15 Voir Aussilloux et Mourre (2001).<br />
28
Les continents américain et africain <strong>avec</strong> moins <strong>de</strong> 10 % <strong>de</strong>s droits imposés au total sont <strong>de</strong>meurés peu<br />
présents, bien qu’ils aient contribué à 30 % <strong>de</strong>s importations <strong>de</strong> l’Union sur la pério<strong>de</strong>. Il semble donc<br />
qu’en matière antidumping, l’avantage concurrentiel dont bénéficieront <strong>les</strong> PECO se fera<br />
essentiellement au détriment <strong>de</strong>s pays émergents d’Asie.<br />
Ce sentiment peut être renforcé lorsqu’on observe <strong>les</strong> indicateurs d’intensité <strong>de</strong> la concurrence<br />
(tableau 6). Après l’Union européenne qui représente 61,25 % <strong>de</strong> la concurrence ressentie par <strong>les</strong><br />
producteurs d’Europe centrale sur marché tiers, la concurrence la plus vive s’observe <strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays<br />
d’Asie hors Moyen Orient (8,6 %). Les pays méditerranéens ne comptent pour leur part que pour<br />
moins <strong>de</strong> 1,5 % <strong>de</strong> la concurrence ressentie par <strong>les</strong> PECO sur marchés tiers.<br />
Tableau 6 : Exposition <strong>de</strong>s PECO à la concurrence en 1998 (en %)<br />
Europe Centrale<br />
UE<br />
TurqEx-YougoslavRive sud<br />
Orient<br />
LatAsie<br />
AELE et URSS<br />
<strong>de</strong> la Méditerra Moyen Amérique du Amérique Orient<br />
hors<br />
Reste du<br />
Mon<br />
Agriculture 50,32 2,76 9,44 1,45 1,00 6,69 10,39 7,41 10,54<br />
IAA 63,85 4,68 4,45 0,88 0,16 6,62 8,34 6,48 4,55<br />
Energie 38,19 1,79 17,06 1,50 2,98 11,29 8,26 4,79 14,13<br />
Biens Intermédiaires 62,94 5,36 9,95 1,06 0,79 5,78 3,04 4,54 6,55<br />
Biens d'équipement Pro 61,91 5,24 1,85 0,69 0,11 10,04 1,54 10,01 8,61<br />
Biens d'équipement Ménager 61,90 2,29 1,44 0,31 0,04 1,44 0,41 24,63 7,53<br />
Transports 78,30 1,46 1,15 0,02 0,04 4,02 1,33 5,35 8,34<br />
Biens <strong>de</strong> consommation 58,18 6,41 4,88 2,84 0,48 3,09 1,48 13,11 9,54<br />
Total 61,25 4,93 6,01 1,35 0,53 6,14 2,86 8,64 8,29<br />
dont : Energie 38,19 1,79 17,06 1,50 2,98 11,29 8,26 4,79 14,13<br />
Mat. premières, Min. 32,03 3,69 19,19 3,39 2,73 10,34 14,46 2,50 11,67<br />
Sidérurgie 56,35 3,43 18,01 0,28 0,42 2,30 4,34 5,40 9,47<br />
Métallurgie 55,00 7,10 18,48 0,60 0,73 5,36 4,56 1,77 6,39<br />
Chimie base 56,72 5,60 10,03 2,83 2,41 10,19 2,10 2,87 7,26<br />
Electrique 62,83 5,85 2,00 1,05 0,08 6,51 1,77 11,52 8,39<br />
Télécom-Info 46,55 1,17 0,42 0,76 0,06 11,98 1,61 25,76 11,68<br />
Nav-Aéro-Arm. 38,12 5,31 7,20 0,11 0,57 26,52 2,98 12,32 6,87<br />
Mat. Précision 53,46 7,45 0,89 0,74 0,26 17,24 0,91 7,56 11,50<br />
Elect. Ménager 61,90 2,29 1,44 0,31 0,04 1,44 0,41 24,63 7,53<br />
Pharmacie 67,33 11,34 2,82 0,65 0,07 9,45 1,03 2,95 4,36<br />
Parachimie 75,51 7,07 0,92 0,91 0,07 7,40 0,96 3,12 4,04<br />
Habillement 43,76 9,89 6,52 5,86 0,78 1,07 1,30 17,96 12,87<br />
Cuirs 50,43 2,80 4,42 1,65 0,46 1,58 3,97 18,70 16,01<br />
Source : Chelem ; calculs <strong>de</strong>s auteurs ; Rive sud <strong>de</strong> la Méditerranée : Maroc, Algérie, Tunisie, Egypte, Israël.<br />
Lecture : <strong>les</strong> exportations <strong>de</strong> biens intermédiaires <strong>de</strong>s pays d’Europe centrale sont concurrencées à 62,9 % sur marché tiers par <strong>les</strong><br />
exportations <strong>de</strong> biens intermédiaires <strong>de</strong> l’Union européenne. Les totaux en ligne font 100 %.<br />
Il reste que <strong>les</strong> PECO ne totalisent à l’heure actuelle qu’aux environs <strong>de</strong> 2 % <strong>de</strong> la concurrence<br />
ressentie sur marché tiers par <strong>les</strong> producteurs asiatiques (tableau 7) : 2,5 % dans le cas <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> la<br />
péninsule indochinoise, 1,9 % pour l’In<strong>de</strong> et pour la Chine, aux environs <strong>de</strong> 1 % pour la Corée et le<br />
Japon, non présents dans le tableau 7.<br />
Dans <strong>les</strong> secteurs « matériels <strong>de</strong> télécommunications et informatique », « biens d’équipement<br />
ménager », « habillement », « cuirs », la concurrence asiatique représente entre 17 et 25 % <strong>de</strong> la<br />
concurrence ressentie par <strong>les</strong> producteurs <strong>de</strong>s PECO sur <strong>les</strong> marchés tiers (tableau 6). Dans ces<br />
secteurs, <strong>les</strong> PECO peuvent par conséquent conquérir certaines parts <strong>de</strong> marché au détriment <strong>de</strong>s pays<br />
29
émergents d’Asie en raison <strong>de</strong> la suppression <strong>de</strong> certaines barrières non tarifaires et du différentiel <strong>de</strong><br />
droits <strong>de</strong> douane qui subsistera. Ce n’est toutefois que dans l’industrie du verre, l’habillement, <strong>les</strong><br />
meub<strong>les</strong> ou <strong>les</strong> cuirs que <strong>les</strong> PECO représentent plus <strong>de</strong> 3 % <strong>de</strong> la concurrence actuellement ressentie<br />
par <strong>les</strong> producteurs asiatiques sur <strong>les</strong> marchés tiers.<br />
Tableau 7 : Exposition <strong>de</strong>s pays partenaires à la concurrence <strong>de</strong>s PECO en 1998 (en %)<br />
Ex-Yougo Maroc Russie Tunisie Turquie Chine In<strong>de</strong> Indochine<br />
Agriculture 6,04 1,74 4,68 2,97 2,56 1,22 1,55 0,95<br />
IAA 3,53 1,06 4,38 0,70 2,43 0,74 0,55 0,71<br />
Energie 14,21 0,49 1,87 0,29 6,17 2,16 0,22 0,26<br />
Biens Intermédiaires 7,45 3,01 6,49 3,72 4,84 1,90 1,47 1,48<br />
Biens d'équipement Pro 7,29 1,46 3,86 5,97 5,75 1,32 1,35 0,70<br />
Biens d'équipement Mén 4,78 2,27 3,93 5,10 3,73 1,58 0,66 0,51<br />
Transports 4,74 0,79 3,86 2,31 4,61 0,71 1,07 1,21<br />
Biens <strong>de</strong> consommation 10,25 7,11 7,99 10,48 9,21 2,54 2,74 4,55<br />
Non ventilés 3,28 1,12 3,95 2,32 0,39 0,49 0,79 0,49<br />
Total 7,91 3,95 4,83 6,94 6,07 1,90 1,86 2,48<br />
Mat.Pr.Min. 8,08 3,06 6,26 5,22 4,55 1,31 1,01 0,92<br />
Sidérurgie 6,57 2,82 8,14 5,51 4,20 3,41 2,23 3,12<br />
Métallurgie 7,63 2,60 5,83 3,13 4,74 1,73 1,23 0,99<br />
Ouvrages Métalliques 8,57 2,11 5,25 1,84 7,25 2,02 1,69 1,68<br />
Mat. Constr. 8,59 4,28 10,25 2,93 7,66 2,11 2,66 2,98<br />
Verre 7,89 2,30 8,36 3,12 11,50 3,97 4,10 4,29<br />
Chimie base 10,71 3,35 6,48 4,24 6,63 1,90 1,82 1,27<br />
Plastique 7,32 0,75 7,17 2,42 2,36 1,32 3,49 0,72<br />
Electrique 10,48 1,61 4,50 7,89 9,36 2,19 2,09 0,81<br />
Elect. Ménager 4,78 2,27 3,93 5,10 3,73 1,58 0,66 0,51<br />
Mat. Transp. 7,66 0,75 3,32 2,48 4,84 0,85 0,70 0,58<br />
Habillement 16,25 7,79 14,61 11,43 10,74 4,32 4,68 5,93<br />
Cuirs 9,95 5,36 10,08 8,45 7,96 2,51 4,77 3,75<br />
Meub<strong>les</strong> 13,59 4,09 13,45 4,15 15,51 2,98 4,33 3,97<br />
Source : Chelem ; calculs <strong>de</strong>s auteurs ; Indochine : Cambodge + Vietnam + Laos.<br />
Pour sa part, la concurrence que <strong>les</strong> pays d’Amérique latine livrent aux PECO se concentre dans<br />
<strong>les</strong> secteurs <strong>de</strong>s industries agrico<strong>les</strong> et agroalimentaires, <strong>avec</strong> respectivement 10 % et 8 % <strong>de</strong> la<br />
concurrence ressentie par <strong>les</strong> producteurs d’Europe centrale. Dans ces <strong>de</strong>ux secteurs, il est probable<br />
que <strong>les</strong> PECO peuvent renforcer leurs parts <strong>de</strong> marché au détriment <strong>de</strong>s pays d’Amérique latine. Il<br />
reste que la concurrence <strong>de</strong>s PECO dans ces <strong>de</strong>ux secteurs représentent moins <strong>de</strong> 0,5 % <strong>de</strong> la<br />
concurrence tous produits confondus subie par <strong>les</strong> producteurs latino-américains sur marchés tiers.<br />
Les producteurs <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l’ex-Yougoslavie et <strong>de</strong> l’ex-URSS vont en revanche <strong>de</strong>voir faire<br />
face à une concurrence plus intense pour servir le marché européen. Dans <strong>les</strong> secteurs <strong>de</strong><br />
l’habillement, <strong>de</strong> la chimie <strong>de</strong> base, <strong>les</strong> cuirs, <strong>les</strong> matériaux <strong>de</strong> construction, mais également la<br />
sidérurgie, la métallurgie, <strong>les</strong> matières premières minéra<strong>les</strong>, l’industrie plastique et l’industrie <strong>de</strong>s<br />
matériels électriques, <strong>les</strong> PECO représentent <strong>de</strong>s niveaux <strong>de</strong> concurrence non négligeab<strong>les</strong> pour <strong>les</strong><br />
producteurs <strong>de</strong> l’ex-Yougoslavie et <strong>de</strong> la Russie (entre 5 % et 15 % pour chacun <strong>de</strong> ces secteurs ;<br />
tableau 6). En retour, dans <strong>les</strong> secteurs « énergie », « matières premières minéra<strong>les</strong> », « sidérurgie » et<br />
« métallurgie », <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l’ex-Yougoslavie et <strong>de</strong> l’ex-URSS représentent entre 17 % et 19 % <strong>de</strong> la<br />
concurrence subie par <strong>les</strong> producteurs d’Europe centrale sur <strong>les</strong> marchés tiers. L’avantage dont vont<br />
30
énéficier <strong>les</strong> PECO une fois dans l’UE pourra leur permettre <strong>de</strong> prendre <strong>de</strong>s parts <strong>de</strong> marché au<br />
détriment <strong>de</strong>s pays voisins non membres.<br />
L’Amérique du Nord et <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l’AELE peuvent également perdre quelques parts <strong>de</strong> marché<br />
au profit <strong>de</strong>s PECO. Toutefois, ces pertes <strong>de</strong> parts <strong>de</strong> marché seront vraisemblablement limitées en<br />
raison <strong>de</strong> l’intensité <strong>de</strong>s relations commercia<strong>les</strong> nouées <strong>de</strong> longue date <strong>avec</strong> l’UE et en raison <strong>de</strong><br />
positionnements en termes <strong>de</strong> prix et <strong>de</strong> qualité encore très divergents.<br />
6. Engagement tardif mais en rattrapage <strong>de</strong>s entreprises françaises dans <strong>les</strong> pays candidats<br />
A la fin <strong>de</strong> 1997, la France n’intervenait qu’au quatrième rang <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l’Union européenne<br />
hors Italie au titre <strong>de</strong>s investissements directs étrangers (IDE) entrants dans <strong>les</strong> pays candidats à<br />
l’adhésion (tableau 8).<br />
Avec 10,3 % du stock total (8,5 % pour <strong>les</strong> pays candidats hors Turquie), la France se situait<br />
encore loin <strong>de</strong>rrière l’Allemagne (35,7 %) et elle était <strong>de</strong>vancée par <strong>les</strong> Pays-Bas 16 (13,2 %) ainsi que<br />
l’Autriche (11,0 %). Les entreprises françaises sont toutefois particulièrement bien implantées en<br />
Roumanie (45,6 %) puisque la France occupait en 1997 le rang <strong>de</strong> premier investisseur européen dans<br />
ces <strong>de</strong>ux pays.<br />
Dans <strong>les</strong> premiers temps <strong>de</strong> la transition, <strong>les</strong> entreprises françaises ont été relativement moins<br />
réactives en matière d’investissements directs en direction <strong>de</strong>s PECO que certaines <strong>de</strong> leurs concurrentes<br />
européennes. Cela s’explique principalement par <strong>de</strong>s liens historiques et géographiques différents.<br />
Tableau 8. Stocks d’investissements directs <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l’Union européenne dans <strong>les</strong> pays<br />
candidats au 31 décembre 1997 (en millions d’écus)<br />
Union europé Allemagne Pays-Bas Autriche France<br />
Royaume-UniAutres Etats m<br />
Pays candidats 30 871 11034 4066 3385 3181 2070 7135<br />
35,7% 13,2% 11,0% 10,3% 6,7% 23,1%<br />
Turquie 3489 768 452 1 849 372 1047<br />
22,0% 13,0% 0,0% 24,3% 10,7% 30,0%<br />
Pays d'Europe <strong>de</strong> l'est (total) 27382 10266 3614 3384 2332 1698 6088<br />
37,5% 13,2% 12,4% 8,5% 6,2% 22,2%<br />
dont : Hongrie 8120 3117 915 1349 627 - -<br />
38,4% 11,3% 16,6% 7,7% - -<br />
Pays <strong>de</strong> l'ex-Tchécos. 10249 4328 1382 1693 749 420 1677<br />
42,0% 12,8% 17,8% 6,9% 3,8% 16,8%<br />
Pologne 7165 2798 1216 309 552 351 1940<br />
39,1% 17,0% 4,3% 7,7% 4,9% 27,1%<br />
Pays Baltes 966 77 28 9 3 33 816<br />
8,0% 2,9% 0,9% 0,3% 3,4% -<br />
Slovénie 809 205 39 317 104 46 98<br />
25,3% 4,8% 39,2% 12,9% 5,7% 12,1%<br />
Roumanie 748 155 21 42 341 39 150<br />
20,7% 2,8% 5,6% 45,6% 5,2% 20,1%<br />
Bulgarie 347 33 55 18 0 15 225<br />
16 L’importance <strong>de</strong>s flux d’IDE hollandais s’explique par l’importance <strong>de</strong>s holdings <strong>de</strong> groupes européens localisés dans ce<br />
pays et qui endossent un certain nombre d’opérations d’investissement à l’étranger alors même que le centre <strong>de</strong> décision du<br />
groupe appartient à un autre pays <strong>de</strong> l’Union européenne.<br />
31
Note : <strong>les</strong> données Eurostat ne sont pas disponib<strong>les</strong> pour l’Italie<br />
Source : Eurostat<br />
9,5% 15,9% 5,2% 0,0% 4,3% 64,8%<br />
Les investissements français dans <strong>les</strong> pays candidats ont privilégié le secteur <strong>de</strong>s produits<br />
manufacturés (graphique 10) mais également le secteur <strong>de</strong>s services. Dans ce <strong>de</strong>rnier secteur,<br />
l’importance <strong>de</strong> l’intermédiation financière ne doit pas occulter l’importance <strong>de</strong> certains<br />
investissements dans <strong>les</strong> secteurs réclamant une présence locale : réseaux d’eau et d’électricité en<br />
Hongrie ; secteur du commerce, <strong>de</strong>s transports et <strong>de</strong> la communication en Pologne (graphique 11).<br />
Graphique 10. Stock global d’investissements directs français (secteur manufacturier)<br />
par secteur dans <strong>les</strong> pays candidats à l’adhésion au 31 décembre 1997<br />
Autres industries<br />
manufacturières<br />
30,64%<br />
Agrico<strong>les</strong> et<br />
alimentaires<br />
14,20%<br />
Textile et habillement<br />
3,30%<br />
Bois édition et<br />
imprimerie<br />
0,22%<br />
Autres matériels <strong>de</strong><br />
transport<br />
0,11%<br />
Raffinage pétrole et<br />
autres<br />
0,12%<br />
Véhicu<strong>les</strong><br />
automobi<strong>les</strong><br />
9,54%<br />
Radio TV<br />
communications<br />
3,64%<br />
Matériel bureau et<br />
informatique<br />
0,00%<br />
Industries<br />
mécaniques<br />
2,31%<br />
Métallurgie et travail<br />
<strong>de</strong>s métaux<br />
6,53%<br />
Industrie chimique<br />
6,22%<br />
Caoutchouc et<br />
plastiques<br />
23,19%<br />
Source : Banque <strong>de</strong> France<br />
Les investissements réalisés dans <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l’ex-Comecon (graphique 12) appartiennent<br />
majoritairement à <strong>de</strong>s secteurs qui constituent traditionnellement <strong>les</strong> points forts <strong>de</strong> l’industrie<br />
française : agro-alimentaire, industrie chimique, caoutchouc et plastiques, mécanique, appareils <strong>de</strong><br />
communications, etc.<br />
32
Graphique 11. Stocks d’investissements directs français par secteur dans <strong>les</strong> pays candidats<br />
à l’adhésion au 31 décembre 1997 (en millions <strong>de</strong> francs)<br />
3500<br />
3000<br />
2500<br />
2000<br />
1500<br />
1000<br />
500<br />
0<br />
Industries manufacturières<br />
Electricité, gaz et eau<br />
commerce, réparations<br />
Hôtels et restaurants<br />
Transports et communications<br />
Intermédiation financière<br />
Immobilier, services entreprises<br />
Autres services<br />
Turquie<br />
ex-Tchécoslovaquie<br />
Pologne<br />
Roumanie<br />
Hongrie<br />
Pays Baltes<br />
Albanie<br />
Source : Banque <strong>de</strong> France<br />
Graphiques 12 : Stocks d’investissements directs français dans l’industrie manufacturière<br />
dans <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l’ex-bloc <strong>de</strong> l’est au 31 janvier 1997<br />
Pays <strong>de</strong> l'ex bloc <strong>de</strong> l'Est (hors Turquie)<br />
Radio TV<br />
communications<br />
5,83%<br />
Véhicu<strong>les</strong><br />
automobi<strong>les</strong><br />
2,38%<br />
Autres industries<br />
manufacturières<br />
7,48%<br />
Agrico<strong>les</strong> et<br />
alim entaires<br />
22,03%<br />
Industries<br />
mécaniques<br />
3,59%<br />
Textile et habillem ent<br />
5,26%<br />
M étallurgie et travail<br />
<strong>de</strong>s métaux<br />
7,32%<br />
Caoutchouc et<br />
plastiques<br />
37,28%<br />
Industrie chimique<br />
8,84%<br />
Source : Banque <strong>de</strong> France<br />
Note : la catégorie « autres industries manufacturières » <strong>de</strong>s données fournies par la Banque <strong>de</strong> France comprend <strong>les</strong> secteurs 19<br />
(Industries du cuir et <strong>de</strong> la chaussure), 26 ( autres produits minéraux), 31 (fabrication <strong>de</strong> machines), 33 (fabrication d’optique et<br />
horlogerie), 36 (fabrication <strong>de</strong> meub<strong>les</strong>), 37 (récupération <strong>de</strong> matières métalliques ou non métalliques recyclab<strong>les</strong>) <strong>de</strong> la<br />
Nomenclature <strong>de</strong>s Activités Françaises.<br />
Les implantations d’entreprises françaises dans <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l’ex-bloc <strong>de</strong> l’Est semblent encore<br />
ne répondre que timi<strong>de</strong>ment au schéma classique <strong>de</strong> la « division internationale <strong>de</strong>s processus<br />
33
productif » (DIPP). Réalisés dans <strong>de</strong>s secteurs forts <strong>de</strong> l’économie française et notamment dans <strong>les</strong><br />
secteurs <strong>de</strong>s services qui exigent une implantation locale, <strong>les</strong> investissements français dans ces pays<br />
semblent plutôt dépendre d’une volonté <strong>de</strong> servir durablement une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> locale grandissante.<br />
Il est cependant probable que la suppression inéluctable <strong>de</strong> tous <strong>les</strong> droits <strong>de</strong> douane et <strong>de</strong><br />
certains instruments non tarifaires (l’antidumping notamment) ainsi que la plus gran<strong>de</strong> stabilité<br />
politique et économique induite par l’entrée dans l’Union européenne vont profondément renforcer la<br />
perception modifiée <strong>de</strong> ces pays par <strong>les</strong> investisseurs français. Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s investissements <strong>de</strong>stinés à<br />
fournir <strong>les</strong> marchés locaux, <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l’ex-bloc <strong>de</strong> l’Est vont également rapi<strong>de</strong>ment représenter une<br />
alternative attrayante pour <strong>les</strong> entreprises françaises en matière <strong>de</strong> localisation <strong>de</strong>s investissements <strong>les</strong><br />
plus mobi<strong>les</strong>.<br />
A moyen terme, <strong>les</strong> nouveaux pays membres sont <strong>les</strong> mieux placés pour <strong>de</strong>venir un maillon<br />
important <strong>de</strong> la DIPP en partenariat <strong>avec</strong> <strong>les</strong> entreprises d’Europe occi<strong>de</strong>ntale. Cela se traduira par une<br />
concurrence renforcée <strong>de</strong> ce point <strong>de</strong> vue <strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays qui resteront à la périphérie <strong>de</strong> l’Union<br />
européenne et qui ne bénéficieront pas, <strong>de</strong> ce fait, d’un régime commercial aussi favorable. Il reste que<br />
le mouvement <strong>de</strong> division internationale <strong>de</strong>s tâches est déjà largement engagé, il est donc peu probable<br />
que l’élargissement contribue outre mesure à accentuer le phénomène. En effet, plusieurs pays à la<br />
périphérie <strong>de</strong> l’Union européenne (le Maroc, la Tunisie ainsi que <strong>les</strong> pays candidats) bénéficient<br />
d’ores et déjà d’<strong>accords</strong> <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange <strong>avec</strong> l’Union européenne. C’est donc plutôt une<br />
réorientation géographique <strong>de</strong>s investissements sortants qui risque <strong>de</strong> se produire <strong>avec</strong> la montée en<br />
puissance <strong>de</strong>s pays d’Europe <strong>de</strong> l’Est comme site d’attraction <strong>de</strong>s investissements européens.<br />
Conclusion<br />
Les échanges <strong>de</strong>s pays d’Europe centrale et orientale <strong>avec</strong> la France et plus largement <strong>avec</strong><br />
l’ensemble <strong>de</strong> l’Union européenne se traduisent à l’heure actuelle par un net déséqui<strong>libre</strong> en notre<br />
faveur. Pour <strong>les</strong> seuls échanges <strong>de</strong> marchandises, l’excé<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la France en 1999 représentait 13,5<br />
milliards <strong>de</strong> francs <strong>avec</strong> ces pays, ce qui se traduit par un sol<strong>de</strong> positif du contenu en emplois <strong>de</strong>s<br />
échanges <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 17 000 emplois. Le potentiel <strong>de</strong> croissance <strong>de</strong>s échanges <strong>avec</strong> <strong>les</strong> PECO<br />
<strong>de</strong>meure important, leurs médiocres performances actuel<strong>les</strong> sur <strong>les</strong> marchés européens s’expliquant<br />
notamment par une relative inadéquation <strong>de</strong> leur offre à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> européenne.<br />
A moyen terme, la suppression <strong>de</strong> certaines barrières non tarifaires ainsi que la plus gran<strong>de</strong><br />
stabilité économique et politique offerte par l’entrée dans l’Union européenne contribueront à<br />
renforcer le caractère attractif <strong>de</strong>s PECO du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong>s investissements <strong>les</strong> plus mobi<strong>les</strong>. Plus<br />
que la remise en cause <strong>de</strong> l’attractivité du territoire européen, ce sont très certainement <strong>les</strong> pays à la<br />
périphérie <strong>de</strong> l’Europe qui auront à ressentir le plus fortement la concurrence <strong>de</strong>s PECO sur ce plan.<br />
En conclusion, on peut remarquer que <strong>les</strong> PECO qui réussiront à attirer <strong>les</strong> IDE bénéficieront<br />
d’une croissance rapi<strong>de</strong> et <strong>de</strong> gains en pouvoir d’achat. Ils se transformeront alors en autant <strong>de</strong><br />
nouveaux marchés <strong>de</strong> consommation et progresseront dans <strong>les</strong> étapes <strong>de</strong> la spécialisation industrielle,<br />
ce qui redonnera ainsi <strong>de</strong>s marges <strong>de</strong> manœuvre aux pays à la périphérie <strong>de</strong> l’Europe. S’il était<br />
enclenché, ce cercle vertueux se traduirait par un renforcement <strong>de</strong> la compétitivité et <strong>de</strong> l’attractivité<br />
<strong>de</strong> l’Union européenne dans son ensemble.<br />
34
ANNEXE 1 : Métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> calcul du contenu en emplois <strong>de</strong>s échanges<br />
Pour le calcul du contenu en emplois <strong>de</strong>s échanges, <strong>les</strong> pays composant la zone « pays<br />
d’Europe centrale et orientale » sont <strong>les</strong> suivants : Estonie, Lettonie, Lituanie, Pologne, République<br />
tchèque, Slovaquie, Hongrie, Roumanie, Bulgarie et la Slovénie. Pour <strong>de</strong>s raisons d’agrégation <strong>de</strong>s<br />
données dans le fichier source, l’Albanie, la Bosnie-Herzégovine, la Croatie, la République fédérale<br />
<strong>de</strong> Yougoslavie, l’Ancienne république yougoslave <strong>de</strong> Macédoine sont intégrées à la zone bien que<br />
ces pays ne soient pas candidats à l’adhésion. En revanche, la Turquie, Malte et Chypre ne sont pas<br />
inclus dans le calcul <strong>de</strong> la balance en emplois.<br />
Pour le détail <strong>de</strong> la métho<strong>de</strong>, le lecteur est renvoyé à l’article <strong>de</strong> Guimbert et Lévy-Bruhl (2002).<br />
Nous utilisons <strong>les</strong> coefficients sectoriels d’emplois par milliard <strong>de</strong> francs calculés par Guimbert et<br />
Lévy-Bruhl sur <strong>de</strong>s données en valeur <strong>de</strong> la Comptabilité Nationale <strong>de</strong> l’Insee en NAP 90 17 . Cette<br />
nomenclature est légèrement modifiée par Guimbert et Lévy-Bruhl pour ne retenir que 60 postes. Ce<br />
contenu en emplois <strong>de</strong> la production est appareillé par secteur <strong>avec</strong> <strong>les</strong> données d’importations et<br />
d’exportations réunies par <strong>les</strong> Douanes (en CAF-FAB, <strong>les</strong> DOM étant intégrés au territoire national).<br />
Cel<strong>les</strong>-ci sont disponib<strong>les</strong> en NES 114, ce qui oblige à une correspondance <strong>avec</strong> la NAP 90 modifiée<br />
et à un aménagement <strong>de</strong>s coefficients <strong>de</strong> contenus en emplois.<br />
17 Au moment <strong>de</strong> la rédaction <strong>de</strong> ce travail, seuls <strong>les</strong> comptes en base 1980 étaient disponib<strong>les</strong>.<br />
35
ANNEXE 2 : Métho<strong>de</strong> d’estimation <strong>de</strong>s potentiels d’échanges entre l’Union européenne et <strong>les</strong><br />
principaux pays candidats.<br />
L’estimation utilisant <strong>de</strong>s données <strong>de</strong> panels rend compte ici <strong>de</strong>s flux commerciaux bilatéraux<br />
entre <strong>les</strong> 21 principaux pays industrialisés sur une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> dix-huit années (<strong>de</strong> 1980 à 1997).<br />
Les équations estimées sont inspirées <strong>de</strong> modè<strong>les</strong> <strong>de</strong> gravité à la Bergstrand. Ceux-ci reposent<br />
sur la logique selon laquelle une moindre distance entre <strong>de</strong>ux pays conduit à une plus gran<strong>de</strong> intensité<br />
<strong>de</strong> leurs échanges commerciaux bilatéraux. Les variab<strong>les</strong> expliquées sont la valeur <strong>de</strong>s exportations<br />
bilatéra<strong>les</strong> du pays i vers le pays j (Xij) et la valeur <strong>de</strong>s importations bilatéra<strong>les</strong> du pays i en<br />
provenance du pays j (Mij), exprimées en logarithmes <strong>de</strong> dollars courants et estimées selon <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux<br />
équations suivantes.<br />
X ij = 0,80Y j – 0,11∆T ij – 0,47∆E ij – 0,77DG ij + 0,80FC + 0,19UE + 12,50 + e i + e t<br />
(t-stu<strong>de</strong>nt) (141) (-3,8) (-7,7) (-86) (20) (6) (145)<br />
M ij = 0,83Y j + 0,15∆T ij – 0,08∆E ij – 0,90DG ij + 0,67FC + 13,84 + e i + e t<br />
(t-stu<strong>de</strong>nt) (129) (4,5) (-12) (-98) (15) (156)<br />
Avec :<br />
• Y j : part du PIB en ppa du pays j rapporté au PIB total <strong>de</strong>s 21 pays ;<br />
• ∆T ij : différence <strong>de</strong> taille entre <strong>les</strong> pays i et j estimée par la métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> Balassa et Bauwens ;<br />
• ∆E ij : distance économique entre <strong>les</strong> pays i et j, approchée par la différence <strong>de</strong> leur PIB par tête ;<br />
• DG ij : distance géographique entre <strong>les</strong> pays i et j (<strong>de</strong> capitale à capitale) ;<br />
• FC : indicatrice <strong>de</strong> l’existence d’une frontière commune entre <strong>les</strong> pays i et j ;<br />
• UE : indicatrice <strong>de</strong> l’appartenance <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux pays i et j à l’UE.<br />
Toutes <strong>les</strong> variab<strong>les</strong> explicatives, hormis <strong>les</strong> variab<strong>les</strong> muettes et la différence <strong>de</strong> taille, sont<br />
exprimées en logarithmes. Le modèle introduit également <strong>de</strong>s « effets fixes » sur la dimension<br />
individuelle et sur la dimension temporelle : une variable indicatrice spécifique est intégrée dans<br />
l’équation pour chacun <strong>de</strong>s pays industrialisés (e i ) et pour chacune <strong>de</strong>s années <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong><br />
d’estimation (e t ). Une fois <strong>les</strong> équations estimées <strong>de</strong> manière à décrire <strong>les</strong> relations commercia<strong>les</strong><br />
bilatéra<strong>les</strong> entre pays industrialisées, le modèle permet <strong>de</strong> calculer <strong>les</strong> échanges théoriques <strong>de</strong>s pays<br />
industrialisés (pays i) <strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays candidats (pays j) en donnant aux variab<strong>les</strong> explicatives reliées au<br />
pays j <strong>les</strong> valeurs correspondant à ces pays.<br />
36
Tableau A3 : Potentiels d’échanges <strong>avec</strong> certains pays candidats (flux observés en milliards <strong>de</strong> dollars courants)<br />
Turquie Pologne Hongrie Ex-Tchécoslovaquie Bulgarie Roumanie Portugal Grèce<br />
1996 1997 1996 1997 1996 1997 1996 1997 1996 1997 1996 1997 1985 1997 1980 1997<br />
UE15 Exportations Observées 23,0 25,1 25,0 27,5 12,5 14,5 22,6 23,1 2,1 2,1 5,6 5,7 3826,4 26949,3 5823,8 17033,1<br />
En % <strong>de</strong> leur potentiel 64% 67% 43% 46% 85% 97% 43% 44% 39% 41% 48% 53% 71% 141% 115% 105%<br />
Importations Observées 11,5 12,3 14,9 15,4 10,8 12,2 15,9 16,9 2,1 2,2 4,4 4,9 3930,5 18155,4 2546,6 5299,5<br />
En % <strong>de</strong> leur potentiel 34% 35% 28% 28% 71% 79% 30% 32% 36% 42% 39% 47% 69% 100% 54% 39%<br />
France Exportations Observées 2,8 3,0 2,1 2,3 0,7 0,9 1,6 1,6 0,2 0,2 0,5 0,6 632,2 3782,1 824,6 2337,8<br />
En % <strong>de</strong> leur potentiel 79% 83% 59% 64% 59% 74% 54% 53% 33% 35% 50% 61% 101% 170% 165% 146%<br />
Importations Observées 1,1 1,2 1,2 1,2 0,6 0,8 0,7 0,9 0,2 0,2 0,5 0,5 725,1 3041,9 371,4 460,1<br />
En % <strong>de</strong> leur potentiel 30% 32% 31% 29% 43% 52% 20% 23% 26% 32% 39% 43% 101% 132% 68% 29%<br />
Allemagne Exportations Observées 7,5 7,8 10,9 11,9 5,5 6,7 11,6 12,2 0,7 0,6 1,9 1,8 918,9 5207,1 2117,1 3503,7<br />
En % <strong>de</strong> leur potentiel 71% 71% 34% 36% 114% 137% 37% 39% 44% 43% 54% 55% 85% 135% 153% 78%<br />
Importations Observées 5,3 5,4 7,8 8,0 5,0 6,0 9,4 10,0 0,5 0,5 1,4 1,5 818,0 4524,2 979,2 1627,2<br />
En % <strong>de</strong> leur potentiel 64% 63% 28% 27% 108% 127% 30% 32% 36% 40% 46% 53% 96% 161% 87% 49%<br />
Autriche Exportations Observées 0,6 0,6 0,9 0,9 2,3 2,3 2,4 2,4 0,1 0,1 0,3 0,3 46,6 239,0 126,2 287,2<br />
En % <strong>de</strong> leur potentiel 63% 60% 66% 65% 144% 145% 93% 94% 77% 85% 82% 90% 56% 81% 91% 65%<br />
Importations Observées 0,3 0,3 0,5 0,5 1,7 1,7 1,9 1,8 0,1 0,1 0,2 0,2 74,7 362,5 35,1 141,3<br />
En % <strong>de</strong> leur potentiel 36% 35% 40% 37% 107% 101% 73% 70% 38% 39% 50% 52% 112% 169% 29% 41%<br />
Italie Exportations Observées 4,6 4,7 3,4 3,7 1,5 1,7 2,4 2,2 0,4 0,4 1,7 1,7 421,9 2975,6 969,6 4459,5<br />
En % <strong>de</strong> leur potentiel 84% 83% 84% 88% 78% 84% 75% 67% 39% 42% 92% 102% 72% 143% 99% 144%<br />
Importations Observées 1,4 1,4 1,3 1,4 1,2 1,2 1,3 1,4 0,5 0,6 1,3 1,6 245,0 919,4 461,7 1265,6<br />
En % <strong>de</strong> leur potentiel 30% 28% 33% 37% 57% 59% 39% 41,41% 48% 61% 75% 97% 45% 53% 48% 46%<br />
Pays-Bas Exportations Observées 1,2 1,4 1,3 1,4 0,4 0,5 0,8 0,9 0,1 0,1 0,2 0,2 294,7 1398,2 489,2 1571,2<br />
En % <strong>de</strong> leur potentiel 54% 58% 47% 50% 51% 55% 35% 38% 27% 32% 22% 27% 86% 115% 150% 152%<br />
Importations Observées 0,7 0,8 0,9 1,0 0,4 0,5 0,5 0,5 0,1 0,1 0,2 0,2 335,2 1026,6 250,5 251,0<br />
En % <strong>de</strong> leur potentiel 39% 39% 37% 40% 53% 58% 21% 23% 28% 33% 32% 39% 114% 110% 92% 32%<br />
UEBL Exportations Observées 1,2 1,3 1,1 1,3 0,4 0,7 0,8 0,8 0,1 0,1 0,2 0,2 157,0 1155,6 1007,9 943,8<br />
En % <strong>de</strong> leur potentiel 72% 78% 60% 71% 71% 103% 46% 47% 28% 34% 34% 38% 60% 126% 134% 125%<br />
Importations Observées 0,4 0,5 0,5 0,5 0,4 0,4 0,5 0,5 0,1 0,1 0,1 0,1 208,9 873,3 197,0 163,1<br />
En % <strong>de</strong> leur potentiel 28% 32% 28% 27% 63% 67% 28% 32% 23% 35% 24% 31% 91% 119% 34% 28%
Espagne Exportations Observées 0,9 1,2 0,6 0,6 0,2 0,3 0,5 0,5 0,0 0,0 0,1 0,1 530,7 8516,0 99,4 956,9<br />
En % <strong>de</strong> leur potentiel 75% 99% 68% 68% 73% 75% 68% 71% 19% 21% 32% 36% 53% 239% 52% 166%<br />
Importations Observées 0,4 0,4 0,3 0,3 0,3 0,3 0,2 0,2 0,1 0,1 0,1 0,1 223,4 3351,6 29,4 358,0<br />
En % <strong>de</strong> leur potentiel 26% 28% 23% 23% 66% 67% 24% 24% 63% 70% 27% 29% 14% 68% 11% 51%<br />
Royaume-Uni Exportations Observées 2,6 3,0 2,1 2,2 0,5 0,7 1,3 1,4 0,1 0,1 0,3 0,3 601,4 2596,4 1945,0 1723,4<br />
En % <strong>de</strong> leur potentiel 50% 56% 40% 41% 31% 41% 31% 33% 19% 19% 21% 24% 65% 79% 86% 76%<br />
Importations Observées 1,3 1,6 0,9 1,0 0,6 0,7 0,6 0,8 0,2 0,1 0,3 0,3 828,8 2816,6 689,5 666,9<br />
En % <strong>de</strong> leur potentiel 25% 30% 15% 16% 30% 36% 13% 17% 21% 19% 15% 20% 78% 84% 31% 30%<br />
Etats-Unis Exportations Observées 2,7 3,5 1,0 1,2 0,3 0,5 0,5 0,6 0,1 0,1 0,3 0,3 666,6 864,2 593,5 859,7<br />
En % <strong>de</strong> leur potentiel 36% 44% 17% 21% 18% 26% 13% 19% 15% 12% 13% 13% 54% 23% 61% 31%<br />
Importations Observées 1,6 2,1 0,6 0,6 0,6 1,0 0,6 0,7 0,1 0,2 0,2 0,4 504,0 1099,2 276,4 453,4<br />
En % <strong>de</strong> leur potentiel 23% 29% 11% 12% 38% 60% 17% 22% 14% 21% 13% 22% 43% 29% 31% 18%<br />
Japon Exportations Observées 1,2 1,7 0,2 0,3 0,4 0,5 0,2 0,3 0,0 0,0 0,0 0,1 192,2 714,3 924,3 711,1<br />
En % <strong>de</strong> leur potentiel 21% 29% 7% 8% 35% 43% 10% 13% 3% 5% 4% 9% 36% 43% 142% 40%<br />
Importations Observées 0,2 0,2 0,1 0,1 0,1 0,2 0,1 0,1 0,0 0,0 0,0 0,0 44,0 153,8 24,9 80,7<br />
En % <strong>de</strong> leur potentiel 7% 6% 5% 5% 25% 45% 13% 12% 10% 14% 7% 8% 17% 19% 8% 9%<br />
Source : Chelem ; calculs <strong>de</strong>s auteurs.<br />
38
ANNEXE 3 : Position commerciale réciproque <strong>de</strong> l’Union européenne et <strong>de</strong>s PECO<br />
Déterminants et perspectives <strong>de</strong> la présence d’un pays i dans un pays j :<br />
Une métho<strong>de</strong> d’analyse 18<br />
On définit :<br />
M<br />
j<br />
s<br />
M<br />
j<br />
= importations tota<strong>les</strong> <strong>de</strong> biens du pays j<br />
= importations du pays j en produit s<br />
X i<br />
= exportations tota<strong>les</strong> <strong>de</strong> biens du pays i<br />
X i<br />
s<br />
= exportations du pays i en produit s<br />
X<br />
i → j<br />
= exportations tota<strong>les</strong> <strong>de</strong> biens du pays i vers le pays j<br />
X →<br />
= exportations <strong>de</strong> produit s du pays i vers le pays j,<br />
s<br />
i<br />
j<br />
<strong>avec</strong> s = 1,..., S le nombre <strong>de</strong> produits échangeab<strong>les</strong> (en pratique <strong>les</strong> 72 postes <strong>de</strong> la nomenclature<br />
CHELEM du CEPII), et i = respectivement la zone PECO, la zone Union européenne, la France,<br />
l’Allemagne et l’Italie.<br />
On définit <strong>les</strong> notions suivantes :<br />
M<br />
M<br />
s<br />
j<br />
j<br />
=<br />
part du produit s dans <strong>les</strong> importations du pays j<br />
X<br />
i → j<br />
M<br />
j<br />
s<br />
X<br />
i → j<br />
s<br />
M<br />
j<br />
= part <strong>de</strong> marché globale du pays exportateur i sur le marché <strong>de</strong>s importations du pays j<br />
= part <strong>de</strong> marché du pays exportateur i sur le marché <strong>de</strong>s importations du pays j en produit s<br />
X<br />
X<br />
X<br />
s<br />
i<br />
i<br />
i→<br />
j<br />
X<br />
i<br />
= part <strong>de</strong>s exportations <strong>de</strong> produit s dans le total <strong>de</strong>s exportations du pays i<br />
= part <strong>de</strong>s exportations du pays i <strong>de</strong>stinées au marché du pays j<br />
X<br />
s<br />
i→<br />
j<br />
X<br />
s<br />
i<br />
=<br />
part <strong>de</strong>s exportations <strong>de</strong> produit s en provenance du pays i <strong>de</strong>stinées au marché du pays j<br />
X<br />
M<br />
s<br />
i<br />
s<br />
j<br />
= rapport <strong>de</strong>s exportations <strong>de</strong> produit s du pays i aux importations <strong>de</strong> produit s du pays j<br />
- La structure par produit <strong>de</strong>s importations du pays cible i<br />
structure sectorielle <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’importations du pays j.<br />
⎛ M<br />
⎜<br />
⎝<br />
M<br />
s<br />
j<br />
j<br />
⎞<br />
⎟<br />
⎠<br />
s=1,...,<br />
S<br />
exprime (notamment) la<br />
18 Cette métho<strong>de</strong> d’analyse a été développée par <strong>les</strong> membres du Bureau B1 <strong>de</strong> la Direction <strong>de</strong> la Prévision et notamment S.<br />
Guimbert, H. Erkel-Rousse et G. Le Breton.
- La structure par produit <strong>de</strong>s exportations du pays i<br />
spécialisation <strong>de</strong>s exportations du pays i.<br />
⎛ X<br />
⎜<br />
⎝ X<br />
s<br />
i<br />
i<br />
⎞<br />
⎟<br />
⎠<br />
s=1,...,<br />
S<br />
est un indicateur <strong>de</strong><br />
⎛<br />
s<br />
⎞<br />
- Le rapport ⎜<br />
X<br />
i ⎟ est un indicateur du potentiel du pays i à satisfaire la <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />
s<br />
⎝ M<br />
j ⎠<br />
d’importations du pays cible j en produits s. Ce potentiel est fonction à la fois <strong>de</strong>s tail<strong>les</strong> respectives du<br />
pays i et du pays j, du <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> spécialisation du pays i en produit s et <strong>de</strong> la structure <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />
d’importations du pays j :<br />
s<br />
s<br />
X ⎛<br />
i<br />
X ⎞ ⎛<br />
i<br />
X ⎞ ⎛ M ⎞<br />
i<br />
j<br />
= ⎜ ⎟ ⎜ ⎟<br />
s<br />
s<br />
M<br />
⎜<br />
j<br />
X<br />
⎟<br />
i<br />
M<br />
j<br />
M<br />
j<br />
{ 123 ⎝ ⎠<br />
123 ⎝ ⎠ 12 ⎝ 3⎠<br />
effet<br />
" potentiel "<br />
e ffet<br />
" specialisa tion "<br />
effet<br />
" taille "<br />
effet<br />
" structure <strong>de</strong> la<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong> "<br />
s<br />
⎛ X ⎛ ⎞<br />
i→<br />
j ⎞ X<br />
i→<br />
j<br />
Les rapports ⎜ ⎟<br />
⎜<br />
⎟et<br />
indiquent un <strong>de</strong>gré d’engagement du pays i en tant que<br />
s<br />
⎝ X<br />
i ⎠ ⎝ X<br />
i ⎠<br />
fournisseur du pays j (globalement et en produit s).<br />
On a <strong>les</strong> relations suivantes entre ces diverses notions :<br />
( E1)<br />
X<br />
i→<br />
j<br />
M<br />
j<br />
S<br />
=∑<br />
s=<br />
1<br />
s<br />
⎛ X<br />
i<br />
⎜<br />
⎝ M<br />
→ j<br />
s<br />
j<br />
⎞ ⎛ M<br />
⎟ ⎜<br />
⎠ ⎝<br />
M<br />
s<br />
j<br />
j<br />
⎞<br />
⎟<br />
⎠<br />
(E1) exprime que la part <strong>de</strong> marché globale du pays i sur le marché j résulte <strong>de</strong> la plus ou moins<br />
forte capacité du pays i à être très présent (part <strong>de</strong> marché sectorielle forte) sur <strong>les</strong> produits <strong>les</strong> plus<br />
<strong>de</strong>mandés par le pays j.<br />
( E2)<br />
X<br />
i→<br />
j<br />
X<br />
i<br />
=<br />
S<br />
∑<br />
s=<br />
1<br />
⎛ X<br />
⎜<br />
⎝ X<br />
s<br />
i→<br />
j<br />
s<br />
i<br />
⎞⎛<br />
⎟<br />
X<br />
⎜<br />
⎠⎝<br />
X<br />
s<br />
i<br />
i<br />
⎞<br />
⎟<br />
⎠<br />
(E2) exprime que l’engagement global du pays i sur le marché j résulte <strong>de</strong> son engagement sur<br />
chaque secteur du marché j et <strong>de</strong> son type <strong>de</strong> spécialisation sectorielle.<br />
( E 3)<br />
X<br />
M<br />
s<br />
i→<br />
j<br />
s<br />
j<br />
s<br />
⎛ X<br />
i<br />
= ⎜<br />
⎝ X<br />
→ j<br />
s<br />
i<br />
⎞⎛<br />
⎟⎜<br />
X<br />
⎠⎝<br />
M<br />
s<br />
i<br />
s<br />
j<br />
⎞<br />
⎟<br />
⎠<br />
(E3) exprime que la part <strong>de</strong> marché du pays i sur le marché j du produit s est fonction à la fois<br />
du <strong>de</strong>gré d’engagement sectoriel du pays i dans le pays j et du potentiel du pays i à satisfaire la<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong> en produit s du pays j.<br />
La combinaison <strong>de</strong> (E1) et (E3) permet d’expliquer la valeur <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> marché globale du<br />
pays i dans le pays j par un facteur sectoriel sur lequel le pays i peut jouer à court moyen terme, le<br />
<strong>de</strong>gré d’engagement vers le pays j (1), et <strong>de</strong>ux facteurs sectoriels plus structurels, sur <strong>les</strong>quels le pays i<br />
40
n’a que peu, ou pas, d’influence à court moyen terme, la structure <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> du pays j (3) et le<br />
potentiel du pays i à satisfaire la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> sectorielle du pays j (2) :<br />
( E4)<br />
X<br />
M<br />
i→<br />
j<br />
j<br />
=<br />
S<br />
∑<br />
s=<br />
1<br />
s<br />
s<br />
⎛<br />
s<br />
X ⎞⎛<br />
i j X ⎞⎛<br />
M ⎞<br />
→<br />
j<br />
⎜ ⎟⎜<br />
i ⎟⎜<br />
⎟<br />
s s<br />
X<br />
i<br />
M<br />
j<br />
M<br />
⎝<br />
j<br />
14243123123<br />
⎠⎝<br />
⎠⎝<br />
⎠<br />
1 2 3<br />
144<br />
243<br />
4<br />
PM<br />
1 44243 4<br />
PM = part <strong>de</strong> marché et ST = facteurs structurels.<br />
ST<br />
Interprétation <strong>de</strong>s graphiques<br />
effet potenti<br />
X<br />
M<br />
s<br />
i<br />
s<br />
j<br />
↑<br />
Fort potentiel du pays i dans un secteur<br />
<strong>de</strong>mandé par le pays i :<br />
Forte <strong>de</strong>man<strong>de</strong> du pays j<br />
+ Fort potentiel du pays i :<br />
Mauvaise adéquation entre offre du pay<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong> du pays i sur le marché du pr<br />
s ou créneaux étroits ?<br />
Existence <strong>de</strong> marges <strong>de</strong> manœuvre<br />
le pays i<br />
x 2<br />
Faible <strong>de</strong>man<strong>de</strong> du pays j<br />
+ Faible potentiel du pays i :<br />
Forte <strong>de</strong>man<strong>de</strong> du pays j dans un sect<br />
faible potentiel du pays i :<br />
Peu <strong>de</strong> perspectives pour le pays i<br />
Mauvaise adéquation entre offre<br />
pays i et <strong>de</strong>man<strong>de</strong> du pays j su<br />
marché du produit s<br />
M<br />
x 1<br />
effet « <strong>de</strong>man<strong>de</strong> du pays j »<br />
M<br />
= <strong>zones</strong> <strong>de</strong> mauvaise adéquation entre offre du pays i et structure d<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’importation du pays j : faib<strong>les</strong> perspectives <strong>de</strong> pénétration<br />
le pays i (sauf éventuels créneaux étroits)<br />
s<br />
j<br />
j<br />
= également faib<strong>les</strong> perspectives pour le pays i<br />
41
= zone aux perspectives <strong>de</strong> pénétration du marché du pays j <strong>les</strong> plus f<br />
pour le pays i toutes choses éga<strong>les</strong> par ailleurs dont la structure secto<br />
<strong>de</strong>s importations du pays j<br />
x 1<br />
= médiane <strong>de</strong> la distribution<br />
⎛ M<br />
⎜<br />
⎝<br />
M<br />
s<br />
j<br />
j<br />
⎞<br />
⎟<br />
⎠<br />
s=1,...,<br />
S<br />
x 2<br />
= médiane <strong>de</strong> la distribution<br />
⎛<br />
⎜<br />
X<br />
⎝ M<br />
s<br />
i<br />
s<br />
j<br />
⎞<br />
⎟<br />
⎠<br />
s=1,...,<br />
S<br />
s<br />
Nota : Toutes choses éga<strong>les</strong> par ailleurs, dont M<br />
j<br />
et X<br />
i<br />
, l’effet potentiel est une fonction<br />
s<br />
décroissante <strong>de</strong> l’effet « <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’importation <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> j » (via M<br />
j<br />
). Il faut donc s’attendre à ce<br />
que, par construction, davantage <strong>de</strong> secteurs se situent au sein <strong>de</strong>s cadrants grisés du graphique A1 que<br />
du cadrant blanc, <strong>les</strong> secteurs situés dans ce <strong>de</strong>rnier correspondant à un potentiel suffisamment élevé<br />
pour contrebalancer la tendance décroissante induite par la présence <strong>de</strong><br />
M au numérateur <strong>de</strong> l’effet<br />
« <strong>de</strong>man<strong>de</strong> du pays importateur » et au dénominateur <strong>de</strong> l’effet « potentiel ». Lors <strong>de</strong>s commentaires,<br />
on s’intéressera donc non seulement aux secteurs situés dans le cadrant blanc, mais aussi à ceux qui<br />
n’en sont pas trop éloignés, dont <strong>les</strong> perspectives ne sont pas aussi sombres que ne le suggère la<br />
typologie précé<strong>de</strong>nte, certes pédagogique, mais qui doit bien entendu être nuancée pour <strong>les</strong> secteurs<br />
limitrophes <strong>de</strong>s médianes.<br />
s<br />
j<br />
42
Tableau A4 : La position commerciale sectorielle <strong>de</strong>s PECO dans l’Union européenne en 1998<br />
Engagement Potentiel<br />
StructurePart <strong>de</strong><br />
imports<br />
marché<br />
Facteurs<br />
structurels<br />
(1) (2) (3) (1)*(2)=PM(2)*(3)=ST (1)*(2)*(3)<br />
Contribution<br />
Sol<strong>de</strong><br />
à la part Spécialisati commercial<br />
<strong>de</strong> marché<br />
globale<br />
(en % (en %<br />
exportationsexportations)<br />
tota<strong>les</strong>)<br />
Produits Agrico<strong>les</strong> 53,3% 0,1 6,2% 5,0% 0,6% 4,1% 4,4% 4,7%<br />
Agroalimentaire. 46,1% 0,1 4,9% 6,0% 0,6% 3,9% 4,8% -29,2%<br />
Energie 52,4% 0,0 13,4% 2,1% 0,5% 3,8% 4,1% 21,9%<br />
Matières premières 51,6% 0,1 2,1% 4,6% 0,2% 1,3% 1,4% 54,6%<br />
Sidérurgie 41,6% 0,6 1,2% 24,6% 0,7% 3,9% 5,4% 44,3%<br />
Métallurgie 56,2% 0,2 2,8% 11,8% 0,6% 4,4% 4,4% 31,7%<br />
Ouvrages métalliqu 62,0% 0,3 2,7% 17,2% 0,7% 6,1% 5,6% -45,2%<br />
Mat. Constr. 58,2% 0,4 0,5% 26,2% 0,2% 1,7% 1,7% -15,1%<br />
Verre 46,5% 0,6 0,3% 27,2% 0,2% 1,1% 1,3% 17,0%<br />
Chimie base 43,5% 0,2 3,5% 7,5% 0,6% 3,5% 4,6% 7,5%<br />
Fils 53,2% 0,2 1,7% 8,1% 0,3% 1,8% 1,9% -391,5%<br />
Papier 59,4% 0,1 1,4% 8,0% 0,2% 1,4% 1,4% -197,9%<br />
Plastique 48,5% 0,2 0,3% 9,4% 0,0% 0,3% 0,4% -3,4%<br />
Mécanique 57,4% 0,2 5,6% 11,0% 1,1% 8,2% 8,1% -140,0%<br />
Electrique 61,3% 0,2 7,1% 9,4% 1,1% 8,9% 8,3% -27,8%<br />
Télécom-Informati 44,7% 0,1 8,3% 2,3% 0,4% 2,6% 3,3% -228,1%<br />
Nav-Aéro-Arm. 28,5% 0,0 4,0% 0,6% 0,1% 0,3% 0,6% 3,1%<br />
Mat. Précision 58,4% 0,0 3,8% 1,9% 0,1% 0,9% 0,9% -283,4%<br />
Elect. Ménager 66,9% 0,2 1,6% 10,8% 0,3% 2,3% 2,0% -6,1%<br />
Auto. Part. 65,8% 0,2 3,2% 10,9% 0,5% 4,6% 4,0% -18,8%<br />
Mat. Transport. 61,0% 0,3 1,6% 20,2% 0,5% 4,3% 4,0% -142,8%<br />
Pharmacie 40,3% 0,0 1,6% 1,2% 0,0% 0,3% 0,4% -1267,4%<br />
Parachimie 52,7% 0,1 1,4% 2,6% 0,1% 0,5% 0,5% -1066,7%<br />
Habillement 65,5% 0,2 6,3% 15,1% 1,5% 12,7% 11,0% 69,1%<br />
Cuirs 64,3% 0,2 2,4% 11,7% 0,4% 3,8% 3,4% 7,7%<br />
Presse 66,1% 0,1 0,3% 7,4% 0,0% 0,3% 0,3% -231,7%<br />
Meub<strong>les</strong> 66,0% 0,5 1,6% 31,7% 0,8% 6,7% 5,8% 66,3%<br />
Caoutchouc, plasti 59,9% 0,2 2,5% 11,6% 0,5% 3,9% 3,7% -121,4%<br />
Divers 56,3% 0,0 7,8% 2,3% 0,3% 2,3% 2,4% -106,6%<br />
Total 56,9% 0,1 100,0% 7,5% 13,2% 100,0% 100,0% -41,5%<br />
MEDIANES 56,3% 0,2 2,5% 9,4% 0,4% 3,5% 3,4% -18,8%<br />
Note : ce tableau résulte <strong>de</strong> la décomposition <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> marché globale <strong>de</strong>s PECO dans l’Union européenne (9,4 %) en contributions<br />
sectoriel<strong>les</strong>. Cel<strong>les</strong>-ci résultent <strong>de</strong> trois facteurs, comme le justifie l’équation 4 supra. La spécialisation correspond à la part <strong>de</strong> nos<br />
exportations effectuée dans chaque secteur. Le sol<strong>de</strong> commercial est exprimé comme une fraction <strong>de</strong>s exportations sectoriel<strong>les</strong>.<br />
Source : CEPII (Chelem) - Calculs <strong>de</strong>s auteurs.<br />
43
Tableau A5 : La position commerciale sectorielle <strong>de</strong>s PECO en France (1998)<br />
Engagement<br />
Potentiel<br />
Structure<br />
imports<br />
Part <strong>de</strong><br />
marché<br />
Facteurs<br />
structurels<br />
(1) (2) (3) (1)*(2)=PM (2)*(3)=ST (1)*(2)*(3)<br />
Contribution à<br />
<strong>de</strong> marché<br />
Spécialisation<br />
globale<br />
Sol<strong>de</strong><br />
commercial<br />
(en % <strong>de</strong>s exp export<br />
tota<strong>les</strong>) (en % <strong>de</strong>s<br />
Produits agrico<strong>les</strong> 1,8% 0,4 3,8% 0,7% 1,5% 2,1% 4,4% -87,3%<br />
Agroalimentaire 4,0% 0,2 7,2% 0,9% 1,6% 4,9% 4,8% -42,2%<br />
Energie 1,5% 0,2 7,6% 0,3% 1,4% 1,6% 4,1% -36,3%<br />
Matières premières, min. 1,1% 0,5 0,9% 0,6% 0,5% 0,4% 1,4% 3,7%<br />
Sidérurgie 1,3% 0,8 2,3% 1,1% 1,8% 1,9% 5,4% -59,4%<br />
Métallurgie 7,5% 0,6 2,6% 4,2% 1,5% 8,6% 4,4% 74,7%<br />
Ouvrages métalliques. 3,6% 0,5 3,7% 1,8% 1,9% 5,2% 5,6% -28,4%<br />
Mat. Constr. 2,8% 0,6 0,9% 1,8% 0,6% 1,2% 1,7% -46,4%<br />
Verre 2,8% 0,7 0,6% 1,9% 0,4% 0,9% 1,3% -164,3%<br />
Chimie base 4,3% 0,4 4,2% 1,6% 1,5% 5,1% 4,6% -24,8%<br />
Fils 2,8% 0,3 2,2% 0,8% 0,6% 1,4% 1,9% -397,3%<br />
Papier 4,9% 0,2 2,7% 0,8% 0,5% 1,8% 1,4% -79,3%<br />
Plastique 4,0% 0,5 0,2% 2,1% 0,1% 0,4% 0,4% 17,3%<br />
Mécanique 1,9% 0,4 7,2% 0,7% 2,7% 4,0% 8,1% -328,8%<br />
Electrique 4,4% 0,5 5,8% 2,1% 2,8% 9,4% 8,3% -22,1%<br />
Télécom-Info 5,6% 0,2 6,5% 0,9% 1,1% 4,8% 3,3% -224,7%<br />
Nav-Aéro-Arm. 1,9% 0,1 3,7% 0,1% 0,2% 0,3% 0,6% -41,6%<br />
Mat. Précision 2,1% 0,1 2,9% 0,2% 0,3% 0,5% 0,9% -558,7%<br />
Elect. Ménager 14,0% 0,4 1,9% 4,9% 0,7% 7,3% 2,0% 65,1%<br />
Auto. Part. 4,2% 0,2 5,8% 1,0% 1,3% 4,3% 4,0% -180,0%<br />
Mat. Transport. 2,4% 0,3 4,0% 0,8% 1,3% 2,5% 4,0% -289,2%<br />
Pharmacie 3,8% 0,1 2,1% 0,2% 0,1% 0,4% 0,4% -2367,9%<br />
Parachimie 4,9% 0,1 2,6% 0,3% 0,2% 0,7% 0,5% -1388,6%<br />
Habillement 5,8% 0,8 4,4% 4,9% 3,7% 16,6% 11,0% 71,5%<br />
Cuirs 3,4% 0,6 1,9% 2,0% 1,1% 3,0% 3,4% 23,7%<br />
Presse 0,8% 0,1 0,7% 0,1% 0,1% 0,1% 0,3% -1016,4%<br />
Meub<strong>les</strong> 3,9% 1,2 1,6% 4,6% 1,9% 5,8% 5,8% 75,9%<br />
Caoutchouc, plastique. 4,1% 0,3 4,6% 1,1% 1,2% 3,9% 3,7% -76,3%<br />
Divers 1,7% 0,1 5,4% 0,3% 0,8% 1,0% 2,4% -517,3%<br />
Total 3,9% 0,3 100,0% 1,3% 33,3% 100,0% 100,0% -60,2%<br />
MEDIANES 3,6% 0,4 2,9% 0,9% 1,1% 2,1% 3,4% -59,4%<br />
Source : CEPII (Chelem) - Calculs <strong>de</strong>s auteurs.<br />
44
Tableau A6 : La position commerciale sectorielle <strong>de</strong> l’Union européenne dans <strong>les</strong> PECO en 1998<br />
Engagement<br />
Potentiel<br />
Structure<br />
imports<br />
Part <strong>de</strong><br />
marché<br />
Facteurs<br />
structurels<br />
(1) (2) (3) (1)*(2)=PM (2)*(3)=ST (1)*(2)*(3)<br />
Contribution à<br />
<strong>de</strong><br />
Spécialisation<br />
marché globale<br />
Sol<strong>de</strong><br />
commercial<br />
(en % <strong>de</strong>s exp export<br />
tota<strong>les</strong>) (en % <strong>de</strong>s<br />
Produits agrico<strong>les</strong>. 2,9% 13,8 4,2% 40,0% 57,8% 2,8% 3,4% -4,9%<br />
Agroalimentaire 1,8% 27,4 4,4% 48,7% 119,9% 3,5% 7,0% 22,6%<br />
Energie 2,5% 7,7 6,6% 19,1% 50,6% 2,1% 2,9% -28,1%<br />
Matières premières, min. 2,0% 9,1 1,3% 18,3% 12,2% 0,4% 0,7% -120,1%<br />
Sidérurgie 2,3% 13,0 3,2% 29,4% 41,3% 1,5% 2,4% -79,6%<br />
Métallurgie 3,3% 10,3 3,7% 33,9% 38,6% 2,1% 2,2% -46,3%<br />
Ouvrages métalliques. 5,1% 14,9 5,0% 76,2% 74,4% 6,3% 4,3% 31,1%<br />
Mat. Constr. 4,4% 16,1 1,2% 71,7% 19,0% 1,4% 1,1% 13,1%<br />
Verre 3,6% 17,6 0,6% 63,7% 10,4% 0,6% 0,6% -20,5%<br />
Chimie base 2,1% 21,5 3,0% 45,8% 65,2% 2,3% 3,8% -8,1%<br />
Fils 9,3% 8,4 4,8% 78,6% 40,5% 6,3% 2,4% 79,7%<br />
Papier 4,0% 20,4 2,3% 80,8% 46,5% 3,0% 2,7% 66,4%<br />
Plastique 3,2% 16,7 0,3% 53,8% 4,4% 0,2% 0,3% 3,3%<br />
Mécanique 4,8% 16,5 10,5% 79,6% 174,3% 13,9% 10,1% 58,3%<br />
Electrique 4,6% 15,8 6,7% 72,3% 105,9% 8,1% 6,2% 21,8%<br />
Télécom-Info 3,3% 21,3 5,1% 70,7% 108,1% 5,9% 6,3% 69,5%<br />
Nav-Aéro-Arm. 0,3% 70,6 0,7% 19,0% 48,5% 0,2% 2,8% -3,2%<br />
Mat. Précision 3,1% 24,2 2,0% 75,8% 49,2% 2,6% 2,9% 73,9%<br />
Elect. Ménager 3,8% 15,7 1,8% 59,1% 28,2% 1,8% 1,6% 5,8%<br />
Auto. Part. 2,0% 29,2 4,0% 58,3% 117,4% 3,9% 6,8% 15,8%<br />
Mat. Transport 5,3% 15,6 5,4% 82,4% 84,4% 7,4% 4,9% 58,8%<br />
Pharmacie 3,5% 22,2 2,0% 76,7% 44,6% 2,5% 2,6% 92,7%<br />
Parachimie 4,6% 18,9 2,9% 86,8% 54,1% 4,1% 3,1% 91,4%<br />
Habillement 3,6% 10,8 4,3% 38,8% 46,5% 2,8% 2,7% -223,6%<br />
Cuirs 5,2% 10,9 2,6% 56,6% 28,9% 2,5% 1,7% -8,4%<br />
Presse 3,8% 19,6 0,6% 73,7% 12,0% 0,8% 0,7% 69,9%<br />
Meub<strong>les</strong> 3,3% 14,9 1,9% 49,6% 28,9% 1,6% 1,7% -196,4%<br />
Caoutchouc, plastique. 4,4% 18,4 4,5% 80,8% 83,4% 6,1% 4,9% 54,8%<br />
Divers 1,7% 28,6 4,3% 47,7% 123,3% 3,4% 7,2% 51,6%<br />
Total 3,5% 17,2 100,0% 60,3% 1718,1% 100,0% 100,0% 29,4%<br />
MEDIANES 3,5% 16,5 3,2% 59,1% 48,5% 2,6% 2,8% 15,8%<br />
Source : CEPII (Chelem) - Calculs <strong>de</strong>s auteurs.<br />
45
Tableau A7 : La position commerciale sectorielle <strong>de</strong> la France dans <strong>les</strong> PECO (1998)<br />
Engagement<br />
Potentiel<br />
Structure<br />
impor<br />
Part <strong>de</strong><br />
marché<br />
Facteurs<br />
(1) (2) (3) (1)*(2)=PM (2)*(3)=ST (1)*(2)*(3)<br />
structu Contribution à<br />
commerci<br />
<strong>de</strong> marché globa<br />
Spécialisation<br />
Sol<strong>de</strong><br />
(en % <strong>de</strong>s exp export<br />
tota<strong>les</strong>) (en % <strong>de</strong>s<br />
Produits agrico<strong>les</strong>. 1,0% 2,6 4,2% 2,7% 10,9% 2,4% 4,7% 46,6%<br />
Agroalimentaire 0,9% 5,1 4,4% 4,6% 22,4% 4,4% 9,6% 29,7%<br />
Energie 1,1% 0,9 6,6% 1,0% 5,8% 1,4% 2,5% 26,6%<br />
Matières premières, min. 0,8% 1,0 1,3% 0,8% 1,4% 0,2% 0,6% -3,8%<br />
Sidérurgie 1,4% 1,9 3,2% 2,7% 6,1% 1,9% 2,6% 37,3%<br />
Métallurgie 1,2% 1,4 3,7% 1,7% 5,1% 1,4% 2,2% -295,3%<br />
Ouvrages métalliques. 2,2% 1,8 5,0% 3,9% 8,8% 4,2% 3,8% 22,1%<br />
Mat. Construction. 3,0% 1,5 1,2% 4,4% 1,7% 1,1% 0,7% 31,7%<br />
Verre 3,4% 3,6 0,6% 12,2% 2,1% 1,6% 0,9% 62,2%<br />
Chimie base 2,2% 2,8 3,0% 6,1% 8,5% 4,0% 3,7% 19,9%<br />
Fils 3,9% 1,0 4,8% 4,1% 5,0% 4,3% 2,2% 79,9%<br />
Papier 1,9% 2,1 2,3% 4,0% 4,9% 2,0% 2,1% 44,2%<br />
Plastique 1,9% 1,8 0,3% 3,6% 0,5% 0,2% 0,2% -20,9%<br />
Mécanique 2,6% 1,8 10,5% 4,7% 18,8% 10,7% 8,1% 76,7%<br />
Electrique 2,0% 2,5 6,7% 4,9% 16,5% 7,2% 7,1% 18,1%<br />
Télécom-Info 3,5% 2,5 5,1% 8,8% 12,8% 9,7% 5,5% 69,2%<br />
Nav-Aéro-Arm. 0,1% 21,9 0,7% 1,8% 15,0% 0,3% 6,5% 29,4%<br />
Mat. Précision 1,6% 2,9 2,0% 4,7% 6,0% 2,1% 2,6% 84,8%<br />
Elect. Ménager 2,1% 2,0 1,8% 4,1% 3,6% 1,6% 1,5% -186,1%<br />
Auto. Part. 2,4% 3,6 4,0% 8,7% 14,5% 7,6% 6,2% 64,3%<br />
Mat. Transport 2,3% 2,2 5,4% 5,2% 12,1% 6,0% 5,2% 74,3%<br />
Pharmacie 4,0% 3,2 2,0% 12,9% 6,5% 5,6% 2,8% 95,9%<br />
Parachimie 2,8% 3,6 2,9% 10,3% 10,4% 6,4% 4,5% 93,3%<br />
Habillement 2,6% 1,2 4,3% 3,2% 5,2% 3,0% 2,3% -250,7%<br />
Cuirs 2,4% 1,0 2,6% 2,5% 2,7% 1,4% 1,1% -31,1%<br />
Presse 1,4% 2,3 0,6% 3,2% 1,4% 0,4% 0,6% 91,0%<br />
Meub<strong>les</strong> 1,5% 1,4 1,9% 2,1% 2,7% 0,9% 1,1% -315,3%<br />
Caoutchouc, plastique. 1,8% 2,4 4,5% 4,4% 10,7% 4,3% 4,6% 43,3%<br />
Divers 1,7% 2,5 4,3% 4,3% 10,8% 4,0% 4,6% 83,8%<br />
Total 2,0% 2,3 100,0% 4,6% 232,8% 100,0% 100,0% 37,6%<br />
MEDIANES 2,0% 2,2 3,2% 4,1% 6,1% 2,4% 2,6% 37,3%<br />
Source : CEPII (Chelem) - Calculs <strong>de</strong>s auteurs.<br />
46
ANNEXE 4 : Exposition à la concurrence sur marché tiers<br />
On définit l’exposition du pays i à la concurrence du pays j sur le marché du pays k ; comme la<br />
part <strong>de</strong> la concurrence due au pays j que ressent le pays i sur le marché du pays k. En sommant<br />
l’ensemble <strong>de</strong>s marchés k sur <strong>les</strong>quels se rencontrent <strong>les</strong> exportateurs <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux pays i et j (en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong><br />
leur propre marché), on obtient un indicateur global d’intensité <strong>de</strong> la concurrence sur marchés tiers 19 . Il<br />
peut s’écrire <strong>de</strong> manière formelle <strong>de</strong> la manière suivante :<br />
E<br />
ij<br />
=<br />
∑<br />
X<br />
M<br />
jk<br />
X<br />
X<br />
ik<br />
k ≠i, j k i.<br />
<strong>avec</strong> E ij exposition du pays i à la concurrence du pays j ; X jk exportation du pays j vers le pays k<br />
M k importations du tota<strong>les</strong> du pays k ; X ik exportations du pays i vers le pays k ; X i. exportations tota<strong>les</strong><br />
du pays i.<br />
Naturellement on peut décliner cet indicateur d’exposition à la concurrence pour chacun <strong>de</strong>s<br />
secteurs industriels <strong>de</strong> la nomenclature Chelem.<br />
19 Voir Guimbert (1998).<br />
47
Tableau A8 : Exposition à la concurrence <strong>de</strong>s PECO en 1998<br />
l'ex M Orie d LAsie hors<br />
Europe Centrale UE AELE Turquie Ex-Yougo. Pays <strong>de</strong> Rive sud Moyen Amérique Amérique Orient<br />
M<br />
Reste du<br />
Mon<strong>de</strong><br />
Agriculture 2,28% 0,04% 0,09% 0,06% 0,36% 0,07% 0,05% 0,30% 0,47% 0,34% 0,48% 4,52%<br />
IAA 3,10% 0,17% 0,06% 0,04% 0,18% 0,04% 0,01% 0,32% 0,41% 0,31% 0,22% 4,86%<br />
Energie 1,18% 0,04% 0,01% 0,07% 0,45% 0,05% 0,09% 0,35% 0,26% 0,15% 0,44% 3,09%<br />
Biens Intermédiaires 17,82% 1,14% 0,38% 0,46% 2,36% 0,30% 0,22% 1,64% 0,86% 1,28% 1,85% 28,31%<br />
Biens d'équipement Pro 13,61% 1,02% 0,13% 0,28% 0,12% 0,15% 0,02% 2,21% 0,34% 2,20% 1,89% 21,98%<br />
Biens d'équipement Mén 1,29% 0,02% 0,03% 0,03% 0,00% 0,01% 0,00% 0,03% 0,01% 0,51% 0,16% 2,09%<br />
Transports 6,63% 0,08% 0,04% 0,07% 0,03% 0,00% 0,00% 0,34% 0,11% 0,45% 0,71% 8,47%<br />
Biens <strong>de</strong> consommation 14,97% 0,58% 1,07% 0,66% 0,59% 0,73% 0,12% 0,80% 0,38% 3,37% 2,46% 25,74%<br />
Non ventilés 0,36% 0,03% 0,00% 0,00% 0,23% 0,00% 0,01% 0,16% 0,03% 0,02% 0,09% 0,93%<br />
Total 61,25% 3,11% 1,81% 1,68% 4,33% 1,35% 0,53% 6,14% 2,86% 8,64% 8,29% 100,00%<br />
Dont : Produits agrico<strong>les</strong> 2,28% 0,04% 0,09% 0,06% 0,36% 0,07% 0,05% 0,30% 0,47% 0,34% 0,48% 4,52%<br />
Agroalimentaire. 3,10% 0,17% 0,06% 0,04% 0,18% 0,04% 0,01% 0,32% 0,41% 0,31% 0,22% 4,86%<br />
Energie 1,18% 0,04% 0,01% 0,07% 0,45% 0,05% 0,09% 0,35% 0,26% 0,15% 0,44% 3,09%<br />
Matières première, min. 0,44% 0,03% 0,02% 0,03% 0,23% 0,05% 0,04% 0,14% 0,20% 0,03% 0,16% 1,38%<br />
Sidérurgie 2,95% 0,09% 0,09% 0,07% 0,88% 0,01% 0,02% 0,12% 0,23% 0,28% 0,50% 5,24%<br />
Métallurgie 2,46% 0,28% 0,03% 0,11% 0,71% 0,03% 0,03% 0,24% 0,20% 0,08% 0,29% 4,47%<br />
Ouvrages métalliques. 4,27% 0,31% 0,06% 0,10% 0,04% 0,04% 0,01% 0,27% 0,04% 0,36% 0,23% 5,73%<br />
Mat. Construction 1,29% 0,03% 0,05% 0,02% 0,02% 0,01% 0,00% 0,05% 0,01% 0,08% 0,05% 1,60%<br />
Verre 0,91% 0,02% 0,04% 0,01% 0,01% 0,00% 0,00% 0,12% 0,03% 0,06% 0,09% 1,29%<br />
Chimie base 2,63% 0,24% 0,02% 0,07% 0,40% 0,13% 0,11% 0,47% 0,10% 0,13% 0,34% 4,64%<br />
Fils 1,44% 0,06% 0,06% 0,02% 0,03% 0,03% 0,00% 0,08% 0,02% 0,19% 0,15% 2,08%<br />
Papier 1,19% 0,06% 0,01% 0,02% 0,03% 0,01% 0,00% 0,12% 0,03% 0,03% 0,02% 1,51%<br />
Plastique 0,24% 0,00% 0,00% 0,01% 0,02% 0,00% 0,00% 0,04% 0,00% 0,03% 0,03% 0,38%<br />
Mécanique 5,97% 0,48% 0,04% 0,13% 0,04% 0,03% 0,01% 0,91% 0,11% 0,18% 0,62% 8,52%<br />
Electrique 5,22% 0,40% 0,09% 0,13% 0,04% 0,09% 0,01% 0,54% 0,15% 0,96% 0,70% 8,31%<br />
Télécom-Informatique 1,65% 0,04% 0,00% 0,01% 0,01% 0,03% 0,00% 0,43% 0,06% 0,92% 0,42% 3,55%<br />
Nav-Aéro-Arm. 0,22% 0,03% 0,00% 0,01% 0,03% 0,00% 0,00% 0,16% 0,02% 0,07% 0,04% 0,59%<br />
Mat. Précision 0,54% 0,07% 0,00% 0,01% 0,00% 0,01% 0,00% 0,17% 0,01% 0,08% 0,12% 1,01%<br />
Elect. Ménager 1,29% 0,02% 0,03% 0,03% 0,00% 0,01% 0,00% 0,03% 0,01% 0,51% 0,16% 2,09%<br />
Auto. Part. 3,26% 0,01% 0,01% 0,02% 0,02% 0,00% 0,00% 0,12% 0,06% 0,32% 0,48% 4,29%<br />
Mat. Transport 3,38% 0,07% 0,03% 0,05% 0,01% 0,00% 0,00% 0,23% 0,06% 0,13% 0,23% 4,18%<br />
Pharmacie 0,28% 0,05% 0,00% 0,01% 0,00% 0,00% 0,00% 0,04% 0,00% 0,01% 0,02% 0,42%<br />
Parachimie 0,46% 0,03% 0,01% 0,00% 0,00% 0,01% 0,00% 0,04% 0,01% 0,02% 0,02% 0,60%<br />
Habillement 4,47% 0,10% 0,91% 0,31% 0,36% 0,60% 0,08% 0,11% 0,13% 1,83% 1,32% 10,22%<br />
Cuirs 1,72% 0,03% 0,07% 0,11% 0,04% 0,06% 0,02% 0,05% 0,14% 0,64% 0,55% 3,41%<br />
Presse 0,22% 0,02% 0,00% 0,01% 0,00% 0,00% 0,00% 0,03% 0,00% 0,01% 0,01% 0,30%<br />
Meub<strong>les</strong> 3,89% 0,18% 0,03% 0,16% 0,14% 0,01% 0,00% 0,20% 0,07% 0,39% 0,17% 5,23%<br />
Caoutchouc, plastique. 3,05% 0,12% 0,04% 0,05% 0,01% 0,04% 0,02% 0,19% 0,02% 0,17% 0,20% 3,92%<br />
Divers 1,25% 0,09% 0,01% 0,01% 0,27% 0,02% 0,01% 0,30% 0,04% 0,32% 0,26% 2,58%<br />
Source : Chelem ; calculs <strong>de</strong>s auteurs ; Rive sud <strong>de</strong> la Méditerranée : Maroc, Algérie, Tunisie, Egypte, Israël.<br />
Lecture : <strong>les</strong> exportations <strong>de</strong> biens intermédiaires <strong>de</strong> l’Union européenne représentent 17,8 % <strong>de</strong> la concurrence totale que subissent <strong>les</strong><br />
produits d’Europe centrale, tous secteurs confondus, sur marché tiers.<br />
48
Tableau A9 : Exposition <strong>de</strong>s PECO à la concurrence <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l’Union européenne en 1998<br />
Europe Centrale UE France Allemagne Autriche Italie<br />
Royaume-U Benelux Espagne Grèce Portugal<br />
Reste <strong>de</strong> l’UReste du mo Mon<strong>de</strong><br />
Agriculture 2,28% 0,30% 0,36% 0,10% 0,20% 0,08% 0,69% 0,20% 0,08% 0,01% 0,27% 2,25% 4,52%<br />
IAA 3,10% 0,53% 0,49% 0,11% 0,31% 0,21% 0,82% 0,14% 0,05% 0,02% 0,42% 1,76% 4,86%<br />
Energie 1,18% 0,08% 0,33% 0,05% 0,14% 0,09% 0,28% 0,02% 0,06% 0,00% 0,13% 1,91% 3,09%<br />
Biens Intermédiaires 17,82% 2,31% 4,53% 1,24% 2,56% 1,42% 2,94% 0,74% 0,17% 0,13% 1,79% 10,49% 28,31%<br />
Biens d'équipement Pro 13,61% 1,71% 3,80% 1,12% 1,71% 1,79% 1,36% 0,47% 0,03% 0,15% 1,46% 8,37% 21,98%<br />
Biens d'équipement Mén 1,29% 0,18% 0,25% 0,08% 0,23% 0,19% 0,16% 0,09% 0,00% 0,03% 0,09% 0,80% 2,09%<br />
Transports 6,63% 0,98% 1,97% 0,33% 0,60% 0,64% 0,98% 0,73% 0,00% 0,10% 0,30% 1,84% 8,47%<br />
Biens <strong>de</strong> consommation 14,97% 1,50% 2,99% 0,88% 3,37% 1,11% 2,47% 0,56% 0,22% 0,45% 1,43% 10,76% 25,74%<br />
Non ventilés 0,36% 0,09% 0,13% 0,01% 0,02% 0,01% 0,02% 0,00% 0,00% 0,00% 0,09% 0,57% 0,93%<br />
Total 61,25% 7,68% 14,85% 3,90% 9,15% 5,51% 9,72% 2,94% 0,62% 0,90% 5,98% 38,75% 100,00%<br />
Dont : Produits agrico<strong>les</strong>. 2,28% 0,30% 0,36% 0,10% 0,20% 0,08% 0,69% 0,20% 0,08% 0,01% 0,27% 2,25% 4,52%<br />
Agroalimentaire 3,10% 0,53% 0,49% 0,11% 0,31% 0,21% 0,82% 0,14% 0,05% 0,02% 0,42% 1,76% 4,86%<br />
Energie 1,18% 0,08% 0,33% 0,05% 0,14% 0,09% 0,28% 0,02% 0,06% 0,00% 0,13% 1,91% 3,09%<br />
Matières premières, min. 0,44% 0,05% 0,11% 0,03% 0,04% 0,04% 0,09% 0,02% 0,01% 0,01% 0,06% 0,94% 1,38%<br />
Sidérurgie 2,95% 0,46% 0,65% 0,21% 0,29% 0,23% 0,57% 0,14% 0,02% 0,01% 0,37% 2,29% 5,24%<br />
Métallurgie 2,46% 0,29% 0,69% 0,20% 0,29% 0,23% 0,42% 0,10% 0,04% 0,00% 0,21% 2,01% 4,47%<br />
Ouvrages métalliques 4,27% 0,51% 1,13% 0,37% 0,81% 0,29% 0,57% 0,16% 0,02% 0,04% 0,38% 1,46% 5,73%<br />
Mat. Constr. 1,29% 0,13% 0,19% 0,06% 0,44% 0,06% 0,15% 0,12% 0,05% 0,03% 0,06% 0,31% 1,60%<br />
Verre 0,91% 0,20% 0,21% 0,05% 0,12% 0,05% 0,16% 0,03% 0,00% 0,01% 0,07% 0,38% 1,29%<br />
Chimie base 2,63% 0,38% 0,76% 0,11% 0,17% 0,31% 0,61% 0,07% 0,01% 0,01% 0,19% 2,01% 4,64%<br />
Fils 1,44% 0,15% 0,45% 0,07% 0,29% 0,10% 0,21% 0,05% 0,01% 0,02% 0,08% 0,63% 2,08%<br />
Papier 1,19% 0,12% 0,27% 0,12% 0,09% 0,06% 0,13% 0,03% 0,01% 0,02% 0,36% 0,32% 1,51%<br />
Plastique 0,24% 0,02% 0,09% 0,02% 0,02% 0,03% 0,04% 0,01% 0,00% 0,00% 0,01% 0,14% 0,38%<br />
Mécanique 5,97% 0,74% 1,60% 0,65% 1,02% 0,69% 0,50% 0,21% 0,01% 0,01% 0,53% 2,55% 8,52%<br />
Electrique 5,22% 0,66% 1,63% 0,39% 0,53% 0,60% 0,53% 0,21% 0,01% 0,13% 0,52% 3,09% 8,31%<br />
Télécom-Informatique 1,65% 0,21% 0,35% 0,05% 0,10% 0,37% 0,22% 0,03% 0,00% 0,00% 0,32% 1,90% 3,55%<br />
Nav-Aéro-Arm. 0,22% 0,04% 0,05% 0,01% 0,02% 0,05% 0,02% 0,01% 0,00% 0,00% 0,03% 0,36% 0,59%<br />
Mat. Précision 0,54% 0,06% 0,17% 0,03% 0,05% 0,07% 0,08% 0,01% 0,00% 0,00% 0,06% 0,47% 1,01%<br />
Elect. Ménager 1,29% 0,18% 0,25% 0,08% 0,23% 0,19% 0,16% 0,09% 0,00% 0,03% 0,09% 0,80% 2,09%<br />
Auto. Part. 3,26% 0,48% 1,06% 0,07% 0,19% 0,34% 0,53% 0,43% 0,00% 0,07% 0,08% 1,03% 4,29%<br />
Mat. Transport 3,38% 0,50% 0,91% 0,26% 0,41% 0,30% 0,45% 0,30% 0,00% 0,03% 0,21% 0,81% 4,18%<br />
Pharmacie 0,28% 0,05% 0,06% 0,01% 0,02% 0,04% 0,05% 0,01% 0,00% 0,00% 0,04% 0,14% 0,42%<br />
Parachimie 0,46% 0,07% 0,14% 0,02% 0,04% 0,06% 0,08% 0,01% 0,00% 0,00% 0,04% 0,15% 0,60%<br />
Habillement 4,47% 0,42% 0,82% 0,20% 1,13% 0,35% 0,79% 0,10% 0,14% 0,26% 0,27% 5,75% 10,22%<br />
Cuirs 1,72% 0,13% 0,26% 0,10% 0,62% 0,11% 0,19% 0,13% 0,04% 0,09% 0,06% 1,69% 3,41%<br />
Presse 0,22% 0,02% 0,04% 0,02% 0,03% 0,04% 0,03% 0,01% 0,00% 0,00% 0,03% 0,08% 0,30%<br />
Meub<strong>les</strong> 3,89% 0,32% 0,68% 0,31% 1,08% 0,14% 0,42% 0,16% 0,02% 0,08% 0,69% 1,34% 5,23%<br />
Caoutchouc, plastiques. 3,05% 0,41% 0,81% 0,17% 0,36% 0,23% 0,73% 0,13% 0,01% 0,01% 0,18% 0,87% 3,92%<br />
Divers 1,25% 0,17% 0,32% 0,05% 0,11% 0,14% 0,21% 0,02% 0,01% 0,00% 0,22% 1,32% 2,58%<br />
Source : Chelem ; calculs <strong>de</strong>s auteurs.<br />
Lecture : la concurrence <strong>de</strong> la France dans l’agriculture représente 0,3 % <strong>de</strong> la totalité <strong>de</strong> la concurrence que subissent, tous secteurs<br />
confondus, <strong>les</strong> pays d’Europe centrale sur marchés tiers.<br />
49
ANNEXE 5 : Investissement direct français dans <strong>les</strong> pays candidats<br />
Tableau A10 : Stocks d’investissements directs <strong>de</strong> la France dans <strong>les</strong> pays candidats au 31<br />
décembre 1997 (en millions d’écus)<br />
Pays baltes Pologne<br />
Rép. TchèquRép. Slovaq Hongrie Roumanie Bulgarie Albanie<br />
Agriculture et pêche 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0<br />
Industries extractives 0,0 0,0 0,0 0,0 114,0 0,0 0,0 0,0<br />
dont Extraction, pétrole et gaz 0,0 0,0 0,0 0,0 114,0 0,0 0,0 0,0<br />
Industries manufacturières 0,4 1499,8 509,9 10,0 1232,6 2002,2 0,7 16,4<br />
dont Agrico<strong>les</strong> et alimentaires 0,4 607,7 188,8 0,1 334,6 5,4 0,0 16,4<br />
Textile et habillement 0,0 0,3 0,0 0,0 275,1 0,0 0,0 0,0<br />
Bois édition et imprimerie 0,1 18,1 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0<br />
Raffinage, pétro<strong>les</strong> et autres 0,0 9,9 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0<br />
Industrie chimique 0,0 247,3 53,0 9,9 137,3 14,6 0,5 0,0<br />
Caoutchouc et plastiques 0,0 10,0 0,0 0,0 0,0 1941,2 0,0 0,0<br />
Métallurgie, travail <strong>de</strong>s métaux 0,0 5,7 45,1 0,0 332,2 0,0 0,1 0,0<br />
Industries mécaniques 0,0 157,7 15,2 0,0 10,3 4,5 0,0 0,0<br />
Equipement <strong>de</strong> bureau et informatique 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0<br />
Radio TV, communications 0,0 277,7 0,0 0,0 0,0 27,3 0,0 0,0<br />
Véhicu<strong>les</strong> automobi<strong>les</strong> 0,0 2,5 119,4 0,0 2,7 0,0 0,0 0,0<br />
Autres matériels <strong>de</strong> transport 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 9,2 0,0 0,0<br />
Electricité, gaz et eau 0,0 9,6 0,0 0,0 1548,8 0,0 0,0 0,0<br />
Construction 0,0 0,0 39,1 0,0 140,1 4,2 0,0 0,0<br />
Commerce, réparations, récupération 0,0 575,8 95,2 0,0 28,8 13,1 2,3 0,0<br />
Hôtels et restaurants 0,0 0,3 4,0 0,0 5,5 0,0 0,0 0,0<br />
Transports et communications 0,0 343,3 2,1 120,4 1,6 119,0 0,0 0,0<br />
dont Transports terrestres 0,0 6,4 2,1 0,0 1,6 0,2 0,0 0,0<br />
Maritimes et côtiers 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0<br />
Transports aériens 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0<br />
Télécommunications 0,0 336,6 0,0 120,4 0,0 118,8 0,0 0,0<br />
Intermédiation financière 23,1 681,0 3183,0 126,1 938,7 17,4 0,0 0,0<br />
dont Intermédiation monétaire 23,0 319,3 1557,8 0,0 396,2 14,0 0,0 0,0<br />
Autres intermédiations financières 0,0 325,6 1625,2 126,0 541,6 3,2 0,0 0,0<br />
dont Holdings financiers 0,0 325,6 1625,2 126,0 541,6 3,2 0,0 0,0<br />
Assurances 0,0 35,2 0,0 0,0 0,3 0,3 0,0 0,0<br />
Immobilier, services aux entreprises 0,0 256,9 524,1 41,2 135,1 90,2 0,0 10,6<br />
dont Immobilier 0,0 144,5 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0<br />
Informatique 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0<br />
Recherche et développement 0,0 0,5 13,0 0,0 0,7 0,0 0,0 0,0<br />
Autres services aux entreprises 0,0 30,0 511,2 41,2 134,4 90,2 0,0 10,6<br />
dont Actions juridiques, conseil 0,0 15,2 326,8 41,2 127,0 16,7 0,0 6,5<br />
dont Holdings <strong>de</strong> gestion 0,0 15,5 326,4 41,2 123,4 16,6 0,0 6,5<br />
Publicité 0,0 0,0 0,2 0,0 0,1 0,0 0,0 0,0<br />
Autres services 0,0 286,0 0,0 0,0 0,0 6,7 0,0 0,0<br />
TOTAL 23,5 3647,9 4357,5 297,6 4145,2 2252,8 2,9 27,0<br />
Source : Banque <strong>de</strong> France - Rapports annuels<br />
50
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51
MANAGEMENT DES RESSOURCES HUMAINES EN POLOGNE :<br />
LES DEFIS DE LA PRIVATISATION<br />
Michal KURTYKA<br />
Professeur <strong>de</strong> Sciences Economiques<br />
Université <strong>de</strong> Varsovie<br />
Faculté d’Economie<br />
52
INTRODUCTION<br />
On se propose <strong>de</strong> dresser un bilan sur la situation du management <strong>de</strong>s ressources<br />
humaines dans <strong>les</strong> entreprises en Pologne, en se basant sur <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> cas d’entreprises étant<br />
sous contrôle <strong>de</strong>s entités françaises. On présentera d’abord le contexte général <strong>de</strong> la présence du<br />
capital et <strong>de</strong>s entreprises françaises en Pologne, ensuite on tirera <strong>de</strong>s enseignements à partir <strong>de</strong>s<br />
analyses faites au niveau <strong>de</strong>s entreprises polonaises sur le management <strong>de</strong>s ressources humaines.<br />
Des causes possib<strong>les</strong> <strong>de</strong>s dysfonctionnements dans le management <strong>de</strong>s ressources humaines en<br />
Pologne sont évoquées et <strong>les</strong> perspectives futures sont esquissées.<br />
1. Investissement français en Pologne<br />
Avec 4 milliards d’euros investis en Pologne par France Telecom en septembre 2000, la<br />
France est <strong>de</strong>venue le premier investisseur étranger en Pologne, le plus grand <strong>de</strong>s pays d’Europe<br />
Centrale. Ce résultat est le couronnement d’une accélération <strong>de</strong>s investissements français en<br />
Pologne qui est observée <strong>de</strong>puis 1995 <strong>avec</strong> <strong>de</strong>s implantations greenfield (p.ex. secteur <strong>de</strong> la<br />
gran<strong>de</strong> distribution) ou <strong>de</strong>s reprises <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s entreprises publiques privatisées par le Trésor<br />
polonais (c’est le cas, entre autres, <strong>de</strong> TP SA, l’opérateur national <strong>de</strong> télécommunication repris<br />
par France Telecom) .<br />
La répartition <strong>de</strong>s investissements étrangers au 31.06.2001 montre que la France, <strong>avec</strong><br />
8535 Millions <strong>de</strong> dollars engagés (2001, PAIZ) est <strong>de</strong>vant <strong>les</strong> Etats Unis (7438 Mln $) et<br />
l’Allemagne (6339 Millions $), et ces trois pays assurent au total près <strong>de</strong> 45% <strong>de</strong>s<br />
investissements étrangers en Pologne. Parmi <strong>les</strong> plus grands investisseurs français se trouvent :<br />
France Telecom, Vivendi, Electricité <strong>de</strong> France, Saint Gobain, Lafarge, Michelin, Géant, Leclerc,<br />
Auchan, Danone, Crédit Agricole, Dalkia, Canal plus.<br />
La France est également le troisième partenaire commercial <strong>de</strong> la Pologne, mais elle est<br />
responsable du <strong>de</strong>uxième plus grand déficit <strong>de</strong> la balance commerciale polonaise.<br />
Graphique 1 : Les investissements étrangers en Pologne au 31.06.2001 (en %)<br />
Gran<strong>de</strong><br />
Bretagne<br />
Italie<br />
Sue<strong>de</strong><br />
Koree<br />
Pays-Bas<br />
Autriche<br />
Russie<br />
Allemagne<br />
France<br />
Etats Unies<br />
53
2. CONTEXTE ECONOMIQUE POLONAIS EN 2001<br />
2.1 Un contexte économique qui se dégra<strong>de</strong>…<br />
Dans <strong>les</strong> années 1993-1999 la Pologne poursuit son développement fulgurant, qui lui vaut<br />
le surnom <strong>de</strong> « tigre <strong>de</strong> l’Europe Centrale ». Apres un premier choc subi à la suite du « plan <strong>de</strong><br />
Balcerowicz » , l’économie polonaise a décollé, enregistrant <strong>les</strong> meilleures performances parmi<br />
<strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l’Europe Centrale. C’est également elle qui franchit comme le premier pays <strong>de</strong> la<br />
zone la barre du niveau <strong>de</strong> PNB d’avant 1989. Les privatisations <strong>de</strong>s entreprises d’Etat, un<br />
développement rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s initiatives privées et <strong>les</strong> investissements étrangers font augmenter la<br />
part du PNB produit par le secteur privé. Ainsi déjà en 1995, la part du secteur privé dans le PNB<br />
dépasse la moitié (52,9%) et continue toujours d’augmenter, mais à vitesse plus lente (p.ex. en<br />
1999, elle représente 61,4%).<br />
Cependant, l’année 2001 est marquée par un climat différent : aggravation du déficit<br />
budgétaire, prise <strong>de</strong> conscience collective <strong>de</strong> la montée en flèche du chômage, essoufflement <strong>de</strong><br />
la croissance. De plus en plus <strong>de</strong>s signaux annoncent un avenir assombri. Les données actuel<strong>les</strong><br />
montrent que la croissance en 2001 s’est établie autour <strong>de</strong>1%. Les pronostics pour 2002 restent<br />
mitigés et ne dépassent pas souvent 1,5% <strong>de</strong> croissance du PNB. Les entreprises, confrontées à<br />
une baisse <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> sont obligées <strong>de</strong> chercher <strong>de</strong>s économies et – pratiquement pour la<br />
première fois <strong>de</strong>puis 1991, <strong>de</strong> recourir systématiquement aux réductions <strong>de</strong> coûts du travail et,<br />
par conséquent, aux licenciements du personnel. A la fin <strong>de</strong> l’an 2001, le chômage a ainsi atteint<br />
17,4 % <strong>de</strong> la population active, un niveau record dans la pério<strong>de</strong> post-1989. Ce mouvement vers<br />
la montée du chômage a commencé en 1999 quand le chômage a touché 800 000 personnes <strong>de</strong><br />
plus, portant le nombre <strong>de</strong>s personnes sans travail <strong>de</strong> 1,8 a 2,6 Millions <strong>de</strong> personnes.<br />
Selon un rapport récemment publié par la Banque Mondiale, <strong>de</strong>ux raisons principa<strong>les</strong><br />
expliquent la montée en flèche du chômage en Pologne. En premier lieu, c’est la « crise russe »<br />
qui, suite a l’effondrement <strong>de</strong> l’économie russe au milieu <strong>de</strong> 1998, a décimé <strong>les</strong> exportations<br />
polonaises sur <strong>les</strong> marchés <strong>de</strong> l’ex URSS 20 . Cela explique une baisse agrégée <strong>de</strong>s exportations <strong>de</strong><br />
l’ordre <strong>de</strong> 3% entre 1998 et 1999. En <strong>de</strong>uxième lieu c’est un déséqui<strong>libre</strong> entre la politique<br />
monétaire et fiscale qui est à l’origine du tassement <strong>de</strong> l’activité. L’objectif du gouvernement<br />
pour <strong>les</strong> années 1999 et 2000 a été une réduction du déficit fiscal. Mais suite à la crise russe,<br />
l’Etat a manqué <strong>de</strong>s recettes, et cela – couplé <strong>avec</strong> une aggravation du déficit externe – a<br />
provoqué une hausse <strong>de</strong> l’inflation. Le Conseil <strong>de</strong> politique monétaire, dont l’unique tache est <strong>de</strong><br />
veiller à la stabilité <strong>de</strong> monnaie a réagi en augmentant <strong>les</strong> taux directeurs. Dans cette situation <strong>les</strong><br />
ménages et <strong>les</strong> entreprises ont réagi par une baisse <strong>de</strong>s dépenses, ce qui a entraîné une baisse<br />
d’activité 21 .<br />
Cela dit, on peut encore citer <strong>de</strong>ux raisons supplémentaires, dont la première est<br />
mentionnée dans le rapport <strong>de</strong> la Banque Mondiale précité. En premier lieu, <strong>les</strong> années 1997-<br />
1999 ont été marquées par <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s restructurations <strong>de</strong>s secteurs d’activité comme <strong>les</strong> mines<br />
<strong>de</strong> charbon, la sidérurgie, l’industrie <strong>de</strong> défense, le transport, la protection <strong>de</strong> la santé. En gran<strong>de</strong><br />
partie ces changements ont été impulsés par le gouvernement et ont par conséquent touché<br />
surtout le secteur public. Mais en même temps, et c’est la <strong>de</strong>rnière raison <strong>de</strong> la montée du<br />
chômage, le secteur privé s’est également lancé dans une phase <strong>de</strong> restructuration. Les « pério<strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong> la protection d’emploi » 22 promises par <strong>les</strong> investisseurs étrangers au moment <strong>de</strong> l’achat <strong>de</strong>s<br />
nombreuses entreprises vendues par l’Etat au milieu <strong>de</strong>s années 90 sont arrivées à leur terme. Par<br />
conséquent, nous nous trouvons dans une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong>s fortes réductions d’effectifs qui<br />
20 Même si maintenant certains marchés en Russie n’ont toujours pas été reconquis, <strong>les</strong> exportations polonaises vers la zone <strong>de</strong><br />
l’ex URSS ont repris, et cela dès 2000.<br />
21 A cet effet s’ajoutent <strong>de</strong>s coupes dans <strong>les</strong> dépenses publiques et une baisse <strong>de</strong> la consommation du secteur publique liées à la<br />
mise en place <strong>de</strong>s « quatre réformes » : santé, éducation, administration locale et système <strong>de</strong> retraites.<br />
22 Au moment <strong>de</strong> la privatisation d’une entreprise d’Etat, il est <strong>de</strong>venu coutumier <strong>de</strong> négocier <strong>avec</strong> <strong>les</strong> organisations syndica<strong>les</strong> un<br />
« paquet social » qui comporte <strong>les</strong> promesses du futur employeur a l’égard <strong>de</strong>s employés. La plus importante d’entre el<strong>les</strong> est la<br />
« pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> protection <strong>de</strong> l’emploi » pendant laquelle le licenciement est soumis aux conditions particulières (le plus souvent<br />
paiement d’une in<strong>de</strong>mnité <strong>de</strong> licenciement importante).<br />
54
n’épargnent aucun secteur d’activité. Ce climat, peu favorable aux investisseurs, fait également<br />
baisser l’acceptation du processus <strong>de</strong> privatisation dans la société.<br />
Graphique 2 : Acceptation pour la privatisation – différence entre <strong>les</strong> « pour » et <strong>les</strong><br />
« contre »<br />
40<br />
30<br />
20<br />
10<br />
0<br />
-10<br />
1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001<br />
-20<br />
2.2…même si <strong>les</strong> fon<strong>de</strong>ments paraissent plutôt sains<br />
Ce contexte macroéconomique défavorable sur le front du chômage et <strong>de</strong> la croissance<br />
paraît plus positif en ce qui concerne <strong>les</strong> autres variab<strong>les</strong>. D’abord l’inflation, qui a été amenée au<br />
niveau le plus bas <strong>de</strong>puis la transformation (moins <strong>de</strong> 5% en 2001). Ensuite le déficit <strong>de</strong>s<br />
paiements, traditionnellement très élevé, a été réduit. Les exportations polonaises, malgré un<br />
zloty très fort, ont connu une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> croissance soutenue. Parallèlement, <strong>les</strong> importations<br />
n’ont pas beaucoup augmenté, ce qui a également permis <strong>de</strong> réduire fortement le déficit <strong>de</strong> la<br />
balance commerciale. Les importantes réserves <strong>de</strong> la Banque Centrale sont jugées satisfaisantes<br />
et la <strong>de</strong>tte extérieure, qui s’élève à 40% du PNB, est sous contrôle.<br />
En même temps se poursuit le mouvement <strong>de</strong> professionnalisation <strong>de</strong> la main-d’œuvre<br />
polonaise : formation aux métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gestion mo<strong>de</strong>rnes, mise en place <strong>de</strong>s systèmes d’assurance<br />
qualité et <strong>de</strong>s standards <strong>de</strong> qualité occi<strong>de</strong>ntaux, mo<strong>de</strong>rnisation <strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong> rémunération et <strong>de</strong><br />
motivation. Les structures administratives et bureaucratiques <strong>de</strong>s entreprises polonaises héritées<br />
<strong>de</strong>s habitu<strong>de</strong>s d’avant 1989 sont en train d’être changées. Tous ces effets combinés entraînent une<br />
augmentation <strong>de</strong> la productivité <strong>de</strong> travail d’à peu près 5% par an.<br />
En termes microéconomiques, il est à noter que <strong>les</strong> entreprises polonaises sont le plus<br />
souvent contrôlées par une firme dominante, qui est habituellement une entreprise occi<strong>de</strong>ntale du<br />
même secteur d’activité. Cela semble être un bon pronostic pour l’avenir et la meilleure voie <strong>de</strong><br />
redressement et d’assainissement <strong>de</strong> ces entreprises. Un grand groupe occi<strong>de</strong>ntal apporte à son<br />
« petit cousin » son savoir-faire, <strong>de</strong>s experts expatriés, la garantie d’un flux <strong>de</strong> capital nécessaire<br />
aux investissements pour l’avenir, et offre <strong>de</strong> plus en plus <strong>de</strong> perspectives <strong>de</strong> carrière au niveau<br />
européen, voir mondial, pour <strong>les</strong> meilleurs <strong>de</strong> ses cadres polonais.<br />
55
3. La gestion <strong>de</strong>s ressources humaines : une évaluation sur la base <strong>de</strong>s cas<br />
3.1 Un potentiel individuel <strong>de</strong> qualité…<br />
La plupart <strong>de</strong>s investisseurs étrangers reconnaissent un bon niveau <strong>de</strong> préparation <strong>de</strong>s<br />
salariés polonais au travail effectué dans <strong>les</strong> secteurs industriels. Souvent formés dans <strong>de</strong>s éco<strong>les</strong><br />
techniques (niveau secondaire), <strong>les</strong> ouvriers qualifiés et le premier niveau d’encadrement (<strong>les</strong><br />
contremaîtres) sont compétents et maîtrisent le travail. L’habitu<strong>de</strong> d’une longue carrière sur un<br />
poste et la pratique <strong>de</strong> l’apprentissage en font un personnel <strong>de</strong> qualité. Certains postes sont<br />
occupés par un personnel surqualifié. Par exemple il est courant <strong>de</strong> voir dans <strong>les</strong> centra<strong>les</strong><br />
électriques <strong>de</strong>s ingénieurs qui travaillent sur <strong>de</strong>s postes <strong>de</strong>s contremaîtres. La situation est moins<br />
bonne dans le secteur <strong>de</strong>s services (banques, vente) qui était pénalisé avant 1989 par une relative<br />
négligence <strong>de</strong>s autorités. Mais la aussi, le niveau général <strong>de</strong> qualification du personnel reste<br />
relativement élevé.<br />
3.2….couplé <strong>avec</strong> une véritable aspiration au savoir<br />
Depuis 1990, une révolution est en train <strong>de</strong> se produire dans l’enseignement supérieur.<br />
Dans une nation où seulement 7% <strong>de</strong> la population peut se vanter d’un titre <strong>de</strong> l’enseignement<br />
supérieur le nombre <strong>de</strong>s nouveaux étudiants explose. Parallèlement, apparaissent <strong>de</strong>s éco<strong>les</strong><br />
supérieures privées qui attirent <strong>de</strong>s enseignants <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s universités d’Etat <strong>avec</strong> <strong>de</strong>s salaires<br />
plus élevés. La pression se fait surtout sentir au niveau <strong>de</strong>s sciences humaines et économiques.<br />
Une priorité est donnée au droit et au management, mais pas loin <strong>de</strong>rrière se trouvent la<br />
psychologie et la sociologie. Cependant, <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>ux ans, on observe une saturation dans ces<br />
domaines, et <strong>les</strong> éco<strong>les</strong> techniques reprennent le souffle. Le marché du travail gui<strong>de</strong> <strong>de</strong> plus en<br />
plus le choix <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s, et, par exemple, on observe une montée en puissance <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s<br />
informatiques.<br />
Mais la fièvre <strong>de</strong> l’éducation n’épargne pas <strong>les</strong> plus âgés non plus. Il est <strong>de</strong> plus en plus<br />
courant <strong>de</strong> voir <strong>de</strong>s managers ambitieux (ou tout simplement soucieux <strong>de</strong> conserver leur poste)<br />
suivre <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s courtes <strong>de</strong> troisième cycle. Ces étu<strong>de</strong>s, appelées post-diplômé, se tiennent<br />
surtout <strong>les</strong> week-ends et sont organisée par <strong>les</strong> gran<strong>de</strong>s université classiques qui – en <strong>les</strong> faisant<br />
payer – gagnent aussi <strong>de</strong> l’argent. Ces étu<strong>de</strong>s concernent surtout <strong>les</strong> domaines tels que la finance<br />
et le management mais pas seulement. Par exemple une reforme <strong>de</strong> l’éducation nationale a<br />
entraîné une forte pression sur <strong>les</strong> troisièmes cyc<strong>les</strong> en pédagogie.<br />
3.3. Un modèle d’organisation basé sur un compromis social<br />
La société polonaise est traditionnellement construite autour <strong>de</strong> la famille. Une <strong>de</strong> ses<br />
valeurs fortes apparaît dans <strong>les</strong> règ<strong>les</strong> <strong>de</strong> fonctionnement <strong>de</strong> la société, c’est-à-dire une<br />
obéissance aux personnes plus âgées. Une autre caractéristique forte est une certaine forme <strong>de</strong><br />
passivité dans <strong>les</strong> relations professionnel<strong>les</strong> classiques, qui est peut-être le fruit d’une longue<br />
histoire mouvementée, où la Pologne s’est trouvée pendant 123 ans sous une domination<br />
étrangère (avant 1918) ainsi que sous la « tutelle » <strong>de</strong> l’URSS <strong>de</strong>puis 1945. Alors toute initiative,<br />
qui n’avait pas pour objectif une déstabilisation <strong>de</strong> l’emprise étrangère, pouvait être perçue<br />
comme une acceptation <strong>de</strong> ce pouvoir. En même temps <strong>les</strong> 40 ans du régime communiste ont<br />
érodé le concept <strong>de</strong> profitabilité, du calcul économique 23 et ont détruit la fierté et la morale du<br />
travail bien fait. On pourrait ajouter à cela l’influence <strong>de</strong> l’Eglise catholique qui véhicule une<br />
certaine méfiance historique à l’égard du profit et <strong>de</strong> l’argent.<br />
23 Les investissements étaient orientés suivant <strong>les</strong> choix politiques qui ne se souciaient pas <strong>de</strong> la faisabilité et <strong>de</strong> la rentabilité.<br />
56
Du coup, le fruit <strong>de</strong> ce mélange <strong>de</strong>s caractéristiques nationa<strong>les</strong> particulières est un modèle<br />
spécifique d’organisation <strong>de</strong> l’entreprise. Basé sur une hiérarchie stricte, il est peu orienté sur le<br />
résultat financier, mais plutôt sur une cohérence et satisfaction mutuelle <strong>de</strong>s parties prenantes qui<br />
participent à cette « gran<strong>de</strong> famille » qui est l’entreprise. Jusqu’en 1989, cette image idyllique<br />
était quelque peu perturbée par <strong>de</strong>s différences politiques entre le management du côté du Parti<br />
communiste et <strong>les</strong> syndicats, qui incarnaient l’opposition politique. Mais après 1989, ces tensions<br />
se sont atténuées, et même si ni <strong>les</strong> syndicalistes ni <strong>les</strong> patrons n’ont changé (ce qui est souvent le<br />
cas), <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux ont réussi à bâtir un modus vivendi acceptable et satisfaisant pour <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux parties<br />
prenantes.<br />
En guise <strong>de</strong> conclusion on pourrait dire qu’après 1989 en Pologne, s’est développé un<br />
modèle <strong>de</strong> management très patronal, ou <strong>les</strong> salaries, <strong>les</strong> syndicats et le top management vivaient<br />
en symbiose.<br />
3.4. La vision <strong>de</strong>s objectifs à atteindre n’est pas claire<br />
Comme il vient d’être dit, la « raison d’être » d’une gran<strong>de</strong> entreprise d’Etat polonaise<br />
n’est pas bien claire dans l’esprit <strong>de</strong> son personnel. L’actionnaire, souvent unique <strong>de</strong> ces sociétés<br />
(qui est le Trésor polonais), se souciait surtout <strong>de</strong> la distribution <strong>de</strong>s postes à la Direction et <strong>de</strong>s<br />
considérations politiques liées 24 .<br />
Cette ambiguïté au niveau central se retrouve au niveau local. Les cadres dans <strong>les</strong> sociétés<br />
qui viennent d’être privatisées traversent ensuite une pério<strong>de</strong> d’incertitu<strong>de</strong> en cherchant le vrai<br />
motif du rachat et <strong>de</strong> leur existence.<br />
Ce problème se remarque même sans une influence visible du politique et reflète une<br />
faib<strong>les</strong>se plus profon<strong>de</strong> du système d’éducation. L’école polonaise ne forme pas assez <strong>les</strong> élèves<br />
aux exercices <strong>de</strong> la structuration <strong>de</strong> l’exposé (tant à l’écrit qu’à l’oral) ni à une démarche qui<br />
permettrait d’ordonner et structurer. Du coup, tout exercice dans le travail qui vise à ordonner <strong>les</strong><br />
tâches et à fixer <strong>les</strong> priorités est difficilement compréhensible pour <strong>les</strong> managers polonais. En<br />
plus, <strong>les</strong> quarante ans du communisme ont désorienté <strong>les</strong> esprits et aggravé cette carence.<br />
Cette inaptitu<strong>de</strong> à fixer <strong>les</strong> objectifs se reflète très visiblement dans le management <strong>de</strong>s<br />
ressources humaines. Par exemple le management par objectifs est un instrument peu connu et<br />
utilisé seulement par <strong>les</strong> cadres étrangers. De la même façon, tout exercice visant à créer une<br />
stratégie pour l’entreprise et à fixer <strong>les</strong> dimensions <strong>de</strong> son développement risque d’être vague et<br />
pas assez pragmatique.<br />
3.5 la dimension transversale et collective dans le management n’existe pas<br />
Le poids <strong>de</strong> la hiérarchie pèse très lourd sur <strong>les</strong> habitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> travail, et tout travail qui<br />
n’est pas fait en collaboration ou sous impulsion d’une hiérarchie directe n’est pas considéré.<br />
Tout contact entre <strong>les</strong> partenaires dans l’entreprise qui se trouvent au même niveau hiérarchique<br />
est considère comme « pas formel » et donc « en <strong>de</strong>hors » du vrai travail. De même et cela en<br />
dépit du fait que le système communiste se vantait <strong>de</strong> l’appellation « collectiviste », le travail<br />
collectif reste en berne. Le fonctionnement en groupes <strong>de</strong> travail est très peu répandu. Par<br />
conséquent le management par projet par exemple reste à l’état <strong>de</strong> balbutiement 25 , <strong>de</strong> même que<br />
toute forme <strong>de</strong> travail en réseaux, ainsi que d’animation 26 <strong>de</strong>s groupes. Les chemins <strong>de</strong> carrières<br />
sont tracés <strong>de</strong> façon verticale, <strong>de</strong> même que la rémunération ne dépend ni <strong>de</strong> la performance ni <strong>de</strong><br />
la compétence mais du niveau hiérarchique auquel se trouve la personne. L’effet pervers <strong>de</strong> ce<br />
24 Les ministères du Trésor et <strong>de</strong> la Finance sont en Pologne <strong>de</strong>ux entités distinctes, et ils s’occupent <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux champs différents.<br />
Le Trésor est surtout soucieux <strong>de</strong> bien vendre (privatiser) <strong>les</strong> sociétés qui lui ont été confiées aux investisseurs, et le ministère <strong>de</strong>s<br />
finances s’intéresse aux revenus budgétaires. Mais comme la gestion <strong>de</strong> ces sociétés se trouve entre <strong>les</strong> mains du ministre <strong>de</strong><br />
Trésor, alors le bénéfice (important pour <strong>les</strong> finances) passe seulement en second lieu pour le propriétaire <strong>de</strong> l’entreprise.<br />
25 On y remédie p.ex. en introduisant une part <strong>de</strong> rémunération spécifique pour la participation dans un projet <strong>de</strong> groupe.<br />
26 Il est a noter que le mot « animer » ne trouve pas d’équivalent en polonais. Il n’existe pas <strong>de</strong> verbe indiquant une impulsion<br />
motrice dans <strong>les</strong> relations entre personnes, à part « diriger ».<br />
57
phénomène fait que toute personne grimpe <strong>les</strong> échel<strong>les</strong> <strong>de</strong> la hiérarchie <strong>de</strong> l’entreprise (qu’elle le<br />
veuille ou pas) « jusqu’atteindre son niveau d’incompétences », pour reprendre ainsi la fameuse<br />
loi.<br />
3.6. Le contrôle <strong>de</strong> gestion est inconnu<br />
Aux faib<strong>les</strong>ses citées précé<strong>de</strong>mment s’ajoute un autre problème. Il n’existe quasiment pas<br />
<strong>de</strong> notion du contrôle <strong>de</strong> gestion dans <strong>les</strong> entreprises polonaises 27 . Les tableau <strong>de</strong>s bord indiquant<br />
<strong>les</strong> résultats et <strong>les</strong> paramètres <strong>les</strong> plus critiques pour la société sont très peu répandus. Le<br />
management <strong>de</strong>s processus est encore une nouveauté, même si ses débuts sont faits sur la<br />
certification ISO.<br />
3.7. et la compétences collective enregistre en Pologne <strong>de</strong> très médiocres résultats<br />
En conclusion, et cela malgré une qualité satisfaisante <strong>de</strong>s compétences <strong>de</strong>s salaries, pris<br />
séparément, le fruit du travail collectif en Pologne n’est pas encore à la hauteur <strong>de</strong> l’espérance.<br />
On n’arrive pas à se fixer <strong>de</strong>s objectifs collectifs, et même si cela réussit, on ne sait pas mesurer<br />
la performance atteinte. Il semble donc que <strong>les</strong> gran<strong>de</strong>s entreprises polonaises ont encore<br />
beaucoup a apprendre <strong>de</strong> leurs équivalents ouest-européens, surtout en matière d’organisation <strong>de</strong><br />
travail, <strong>de</strong> management <strong>de</strong>s ressources humaines, entendu comme la création <strong>de</strong> synergies entre<br />
<strong>les</strong> salariés et une mise en cohérence <strong>de</strong>s efforts individuels. Pour cela, <strong>de</strong>s instruments tels que la<br />
gestion <strong>de</strong>s processus, le management par projet, le management par objectif et autres <strong>de</strong>vront<br />
être introduits.<br />
4. Etu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> cas<br />
4.1. Etu<strong>de</strong> <strong>de</strong> cas A : une affaire révélatrice<br />
A la fin <strong>de</strong> l’an 2001, une affaire a éclaté dans une centrale <strong>de</strong> co-génération récemment<br />
acquise par un grand groupe occi<strong>de</strong>ntal. L’affaire porte sur la « disparition » d’une gran<strong>de</strong><br />
quantité <strong>de</strong> charbon qui figurait dans <strong>les</strong> livres <strong>de</strong> la société mais ne se trouvait ni dans le stock<br />
ni n’était enregistré en tant que « brûlé » dans <strong>les</strong> tranches électriques. Le procureur a réagi en<br />
multipliant <strong>les</strong> arrestations <strong>de</strong>s plus hauts responsab<strong>les</strong> <strong>de</strong> la société.<br />
Plusieurs enquêtes ont été lancées à côté <strong>de</strong> l’examen officiel: une enquête interne et une<br />
enquête du Conseil <strong>de</strong> Surveillance. Et même si la justice ne s’est pas encore prononcée, on<br />
connaît déjà <strong>de</strong>s éléments <strong>de</strong> cette affaire qui permettent d’en tirer un premier bilan.<br />
La raison <strong>de</strong> la disparition du charbon s’est avérée être une consommation <strong>de</strong>s tranches<br />
plus importante que prévue. Depuis déjà un certain temps, <strong>les</strong> installations obsolètes <strong>de</strong> la<br />
centrale consommaient beaucoup trop <strong>de</strong> charbon, mais <strong>les</strong> responsab<strong>les</strong> – en quête <strong>de</strong>s meilleurs<br />
résultats à afficher – ont préféré «noyer le poisson» et faire semblant <strong>de</strong> rien, en espérant une<br />
amélioration miraculeuse <strong>de</strong> la situation. Les résultats <strong>de</strong> l’enquête ne sont pas encore connus,<br />
mais il semble qu’un certain nombre <strong>de</strong> cadres étaient au courant <strong>de</strong> l’affaire, mais préféraient se<br />
taire pour ne pas s’attirer <strong>de</strong>s ennuis <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> l’hiérarchie.<br />
Deux phénomènes sont assez révélateurs dans cette affaire. D’une part, c’est l’absence <strong>de</strong>s<br />
mécanismes du contrôle <strong>de</strong> gestion, qui est assez universel dans <strong>les</strong> entreprises polonaises. Ceci<br />
est d’autant plus surprenant que l’entreprise en question possè<strong>de</strong> une certification ISO 9001 sur la<br />
qualité <strong>de</strong>s processus. D’autre part, c’est le poids écrasant <strong>de</strong> la hiérarchie qui étouffe tout<br />
initiative ou action autonome, qui sort du lot ordinaire. Les managers polonais, souvent doués,<br />
intelligents et professionnels, gar<strong>de</strong>nt <strong>les</strong> habitu<strong>de</strong>s du temps du communisme et se cachent<br />
<strong>de</strong>rrière la hiérarchie.<br />
27 D’ailleurs (encore une particularité linguistique), il n’y a pas <strong>de</strong> différence en polonais entre le verbe « manager » et « gérer ».<br />
Du coup, toute traduction du concept « contrôle <strong>de</strong> gestion » reste artificielle.<br />
58
4.2. Etu<strong>de</strong> <strong>de</strong> cas B : une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s compétences dans une entreprise <strong>de</strong> télécommunication<br />
En septembre 2001, la Direction d’un grand groupe <strong>de</strong> télécommunication s’est engagée<br />
dans une gran<strong>de</strong> réorganisation du service commercial touchant près du tiers <strong>de</strong>s effectifs <strong>de</strong> la<br />
société. Le changement consiste en une affectation du personnel dans trois directions nouvel<strong>les</strong> :<br />
CRM, service aux clients individuels, service aux clients institutionnels. Jusqu’à maintenant, le<br />
service commercial était organisé sur une base régionale et mélangeait <strong>les</strong> trois fonctions : vente<br />
aux particuliers, vente aux entreprises et service après-vente. Ainsi, l’intention <strong>de</strong>rrière la mise en<br />
place <strong>de</strong> la nouvelle structure est surtout la mise en cohérence entre la segmentation du marché,<br />
le type <strong>de</strong>s clients et l’organisation <strong>de</strong> la force <strong>de</strong> vente et du service après-vente.<br />
Par ailleurs, il est possible que cette réorganisation aboutisse à <strong>de</strong>s changements<br />
d’effectifs. La baisse d’emploi possible résultera <strong>de</strong> la non-acceptation par un manager <strong>de</strong> la<br />
nouvelle structure <strong>de</strong>s salaries qui lui sera proposée dans le cadre du redéploiement.<br />
Dans ce contexte et afin <strong>de</strong> se préparer à affronter le changement, la Direction du groupe a<br />
commandé une étu<strong>de</strong> sur <strong>les</strong> compétences mises en pratique par le personnel dans le travail. Les<br />
résultats <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>vraient permettre d’apprécier le gap en compétences qui existe entre <strong>les</strong><br />
compétences présentes et cel<strong>les</strong> exigées par la nouvelle structure et <strong>les</strong> nouvel<strong>les</strong> exigences.<br />
Dans le cadre <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong>, cinq sites ont été visités et plus <strong>de</strong> 70 personnes ont été<br />
interviewées afin d’apprécier <strong>les</strong> compétences pratiquées dans leurs travail. Une attention toute<br />
particulière était portée aux ven<strong>de</strong>urs et téléphonistes, dont le travail allait subir <strong>de</strong> plus grands<br />
changements. Il était également question <strong>de</strong> rechercher <strong>de</strong>s bonnes pratiques sur le terrain pour<br />
ensuite <strong>les</strong> utiliser éventuellement dans le processus <strong>de</strong> redéploiement du personnel <strong>de</strong> l’ancienne<br />
vers la nouvelle organisation.<br />
Les résultats ont été étonnants. L’étu<strong>de</strong> a montré que le personnel <strong>de</strong> l’entreprise possè<strong>de</strong><br />
un niveau <strong>de</strong> qualification et <strong>de</strong>s compétences tout a fait satisfaisants pour faire face aux<br />
nouveaux défis. Sur le terrain, et d’une façon spontanée, déjà beaucoup d’initiatives ont été<br />
éprouvées en ce qui concerne la gestion <strong>de</strong>s ressources humaines, entre autres <strong>de</strong>s pratiques <strong>de</strong><br />
recrutement et sélection interne animées et conduites par <strong>de</strong>s personnes opérationnel<strong>les</strong>. Le<br />
niveau <strong>de</strong> qualification du personnel était tout a fait satisfaisant par rapport aux autres<br />
compagnies du secteur en Europe. De même, la culture <strong>de</strong> l’entreprise était très forte, <strong>avec</strong> <strong>de</strong>s<br />
salariés tournés vers le client, soucieux du bon fonctionnement <strong>de</strong> leur entreprise et engagés dans<br />
le progrès.<br />
Par contre ce qui faisait cruellement défaut, c’était l’organisation du travail et la gestion<br />
<strong>de</strong> la compétence collective. La mise en commun <strong>de</strong>s compétences individuel<strong>les</strong> <strong>de</strong> qualité<br />
donnait seulement un résultat médiocre à la sortie. Un point faible <strong>de</strong> l’organisation était<br />
également l’utilisation <strong>de</strong>s outils : informatiques, <strong>de</strong> gestion, <strong>de</strong> reporting statistique. De<br />
nombreux outils ont été développés, mais ils n’étaient pas intégrés entre eux, ce qui entraînait <strong>de</strong>s<br />
pertes <strong>de</strong> temps considérab<strong>les</strong> (exemple <strong>de</strong>s doub<strong>les</strong> saisies <strong>de</strong>s données).<br />
Graphique 3 : Les quatre dimensions influant <strong>les</strong> ressources humaines par rapport<br />
à la cible<br />
Niveau cible<br />
Culture Organisation<br />
59
ANNEXE<br />
La gestion <strong>de</strong>s ressources humaines en Pologne : une esquisse <strong>de</strong> caractéristique<br />
Recrutement et évaluation <strong>de</strong>s<br />
salariés<br />
Culture d’entreprise et<br />
environnement social <strong>de</strong><br />
l’entreprise<br />
Rôle <strong>de</strong>s syndicats et <strong>de</strong>s<br />
représentants <strong>de</strong>s salaries<br />
Rémunération et politiques <strong>de</strong><br />
motivation<br />
Licenciements et politiques<br />
d’accompagnement<br />
◗<br />
◗<br />
◗<br />
◗<br />
◗<br />
◗<br />
◗<br />
◗<br />
◗<br />
Des pratiques sur le terrain existent dans <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s groupes: interview, mises en<br />
situation, consultations <strong>avec</strong> un psychologue <strong>de</strong> travail<br />
Utilisation fréquente <strong>de</strong>s assessment centers pour <strong>les</strong> hauts managers, ainsi que <strong>de</strong>s<br />
cabinets <strong>de</strong> chasseurs <strong>de</strong> têtes pour <strong>les</strong> entreprises <strong>avec</strong> capital étranger<br />
Le plus fréquemment dans une évaluation, l’accent est mis sur le savoir plutôt que<br />
savoir-faire<br />
Traditionnellement, une culture et i<strong>de</strong>ntité très fortes dans <strong>les</strong> entreprises<br />
Environnement social confortable, hérité du passé communiste, en train d’être<br />
démantelé en recherchant <strong>de</strong>s économies <strong>de</strong> coût<br />
Traditionnellement, une polarisation entre <strong>de</strong>ux plus grands syndicats : OPZZ et<br />
Solidarnosc<br />
Forte politisation <strong>de</strong>s syndicats<br />
Formation ◗ Sur « catalogue »<br />
◗<br />
◗<br />
◗<br />
◗<br />
◗<br />
◗<br />
Dans <strong>les</strong> gran<strong>de</strong>s groupes privatisés, <strong>les</strong> syndicats sont en recul et per<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s<br />
membres<br />
Dans <strong>les</strong> entreprises créées après 1990, <strong>les</strong> syndicats sont inexistants<br />
Des Conventions Collectives <strong>de</strong>s anciennes entreprises d’Etat sont souvent<br />
poussiéreuses et non adaptées aux nouvel<strong>les</strong> exigences (par exemple obligation<br />
pour l’entreprise <strong>de</strong> donner 1 litre <strong>de</strong> lait par jour a tous <strong>les</strong> salariés, etc.)<br />
Ce n’est que maintenant que <strong>les</strong> politiques <strong>de</strong> rémunération et <strong>de</strong> motivation sont en<br />
train d’apparaître<br />
Dans <strong>les</strong> entreprises privatisées et privées, la part variable représente une part<br />
importante <strong>de</strong>s salaires. Elle croit <strong>avec</strong> le niveau <strong>de</strong> responsabilité occupé.<br />
Des règ<strong>les</strong> <strong>de</strong> licenciement relativement soup<strong>les</strong> par rapport aux exigences<br />
françaises<br />
Des politiques d’accompagnement se développent lentement dans une indifférence<br />
<strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s intéressés et <strong>de</strong>s organisations syndica<strong>les</strong><br />
Prise <strong>de</strong> conscience progressive <strong>de</strong> l’impact du licenciement sur le marché local du<br />
travail par <strong>les</strong> élus locaux<br />
◗<br />
◗<br />
Considérée comme un plus par rapport au travail effectué, sans forcement avoir <strong>de</strong><br />
relation <strong>avec</strong> celui-ci<br />
Utiliser comme un instrument <strong>de</strong> motivation et <strong>de</strong> rémunération plus que comme un<br />
outil <strong>de</strong> professionnalisation<br />
60
DEUXIEME PARTIE :<br />
LES RELATIONS AVEC LES AMERIQUES<br />
61
L’ALENA EST-IL DISCRIMINATOIRE A L’ENCONTRE<br />
DES EXPORTATIONS EUROPEENNES AU MEXIQUE ?<br />
Vincent Aussilloux * ,<br />
Michaël Pajot **<br />
Introduction<br />
Les pertes <strong>de</strong> parts <strong>de</strong> marché <strong>de</strong> l’Union européenne au Mexique, observées alors que dans le<br />
même temps <strong>les</strong> Etats-Unis accroissent <strong>les</strong> leurs, conduisent à s’interroger sur le rôle <strong>de</strong> l’Accord <strong>de</strong> <strong>libre</strong><br />
-échange nord américain (ALENA) dans cette dynamique. Lorsqu’on l’analyse à l’ai<strong>de</strong> d’un modèle<br />
gravitationnel, il ressort que l’ALENA ne semble pas avoir véritablement infléchi une tendance d’ores et<br />
déjà à l’œuvre <strong>de</strong>puis le milieu <strong>de</strong>s années quatre-vingts. Cette pério<strong>de</strong> correspond en effet au début du<br />
processus d’ouverture unilatérale du Mexique.<br />
Le différentiel tarifaire <strong>avec</strong> <strong>les</strong> Etats-Unis induit par l’ALENA n’apparaît pas déterminant, en<br />
raison notamment <strong>de</strong>s importantes pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> transition contenues dans l’accord. En revanche, le régime<br />
<strong>de</strong>s maquiladoras joue un rôle non négligeable dans l’avance prise par <strong>les</strong> Etats-Unis sur l’Europe en<br />
matière d’échanges bilatéraux : 35 % <strong>de</strong>s importations mexicaines ont été réalisées sous ce régime en<br />
2000. La crise <strong>de</strong> change du peso en 1995 a été ainsi plus durement ressentie par <strong>les</strong> exportateurs<br />
européens qui s’adressent encore, avant tout, à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> intérieure mexicaine. En revanche, <strong>les</strong><br />
exportateurs <strong>de</strong>s Etats-Unis ont été moins affectés car, pour une large part, ils alimentent <strong>de</strong>s usines<br />
d’assemblage dont <strong>les</strong> produits finaux retournent ensuite vers leur propre marché.<br />
Un élément d’explication <strong>de</strong> l’érosion <strong>de</strong>s parts <strong>de</strong> marché européenne rési<strong>de</strong> également dans<br />
l’écart <strong>de</strong> croissance <strong>de</strong>s Etats-Unis et <strong>de</strong> l’Union européenne au cours <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnière décennie. Celui-ci<br />
s’est élevé à 10,6 % sur la pério<strong>de</strong> et explique un écart <strong>de</strong> 14,0 % dans le taux <strong>de</strong> croissance <strong>de</strong>s<br />
exportations européennes à <strong>de</strong>stination du Mexique vis-à-vis <strong>de</strong>s exportations nord-américaines.<br />
L’ALENA a cependant eu une influence sur <strong>les</strong> investissements <strong>de</strong>s Etats-Unis au Mexique. En raison du<br />
lien qu’entretiennent échanges et investissements à l’étranger, la hausse brutale <strong>de</strong>s flux d’investissement<br />
dès le début <strong>de</strong>s années quatre-vingt-dix (lorsque la perspective <strong>de</strong> la signature <strong>de</strong> l’accord est <strong>de</strong>venue<br />
plus tangible), représente également un élément d’explication non négligeable <strong>de</strong> l’intensification <strong>de</strong>s<br />
échanges nord-américains. C’est dans ses conséquences sur <strong>les</strong> investissements que rési<strong>de</strong>nt très<br />
vraisemblablement <strong>les</strong> effets <strong>de</strong> l’ALENA sur <strong>les</strong> flux d’échanges.<br />
Cette érosion <strong>de</strong>s parts <strong>de</strong> marché européenne est cependant à rapprocher <strong>de</strong>s pertes <strong>de</strong> parts <strong>de</strong><br />
marché américaine dans la zone « atelier » <strong>de</strong> l’Union européenne constituée par <strong>les</strong> principaux pays<br />
* Direction <strong>de</strong>s Relations Economiques Extérieures – Ministère <strong>de</strong> l’Economie, <strong>de</strong>s Finances et <strong>de</strong> l’Industrie – 139, rue <strong>de</strong> Bercy<br />
télédoc 533 – 75572 Paris ce<strong>de</strong>x 12<br />
** Direction <strong>de</strong> la Prévision - Ministère <strong>de</strong> l’Economie, <strong>de</strong>s Finances et <strong>de</strong> l’Industrie – 139, rue <strong>de</strong> Bercy télédoc 583 – 75572<br />
Paris ce<strong>de</strong>x 12 –<br />
Les opinions exprimées ici n’engagent que leurs auteurs. El<strong>les</strong> ne sauraient refléter un quelconque point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong>s<br />
administrations auxquel<strong>les</strong> ils appartiennent.<br />
Cet article s'intègre dans un programme <strong>de</strong> recherche financé par le Commissariat Général<br />
du Plan, convention n°5-2000.<br />
62
d’Europe centrale et orientale, la Turquie, la Tunisie et le Maroc. Il est en effet maintenant largement<br />
reconnu que la globalisation <strong>de</strong> l’économie mondiale s’accompagne à la fois d’une intégration<br />
commerciale croissante entre <strong>les</strong> trois pô<strong>les</strong> <strong>de</strong> la tria<strong>de</strong> (Etats-Unis, Union européenne, Japon) mais<br />
également d’une intégration commerciale au niveau régional entre un centre industrialisé et une zone<br />
périphérique caractérisée par <strong>de</strong> faib<strong>les</strong> coûts <strong>de</strong> main d’œuvre.<br />
La première section revient sur le constat d’une dégradation <strong>de</strong>s parts <strong>de</strong> marché européennes au<br />
Mexique. La secon<strong>de</strong> section se concentre sur le contenu <strong>de</strong> l’ALENA ainsi que sur d’autres facteurs pour<br />
montrer que l’accord régional <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange ne peut expliquer l’évolution <strong>de</strong>s échanges mexicains<br />
<strong>de</strong>puis une décennie même s’il dispose d’un rôle non négligeable <strong>de</strong>puis le milieu <strong>de</strong>s années quatrevingt-dix.<br />
A travers la construction <strong>de</strong> différents modè<strong>les</strong> gravitationnels, l’effet <strong>de</strong> l’ALENA est mis en<br />
lumière dans la troisième section. La quatrième section souligne le rôle <strong>de</strong>s différents facteurs pour<br />
montrer que la différence <strong>de</strong> croissance du PIB ainsi que l’influence <strong>de</strong>s maquiladoras suffisent pour<br />
expliquer <strong>les</strong> évolutions divergentes <strong>de</strong>s parts <strong>de</strong> marché <strong>de</strong> l’Union européenne et <strong>de</strong>s Etats-Unis sur le<br />
marché mexicain.<br />
1. L’Union européenne a subi <strong>de</strong>s pertes <strong>de</strong> parts <strong>de</strong> marché au Mexique<br />
Du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong>s exportations <strong>de</strong> produits manufacturés, la part <strong>de</strong> marché européenne est<br />
passée <strong>de</strong> 16 % en 1980 à 9 % en 1999 (voir en annexe, tableau 1 ainsi que graphique 5) 28 . Cette tendance<br />
n’est cependant pas nouvelle puisque la part <strong>de</strong> marché européenne était <strong>de</strong> 23,3 % en 1970.<br />
Parallèlement, la part <strong>de</strong> marché du Canada et <strong>de</strong>s Etats-Unis s’est très nettement accrue, passant <strong>de</strong><br />
63,6 % en 1970 à 76,2 % en 1999. Toutefois, l’ALENA ne peut avoir qu’une responsabilité partagée sur<br />
cette tendance <strong>de</strong> fond.<br />
En effet, une part importante <strong>de</strong>s exportations américaines à <strong>de</strong>stination du Mexique est le fait <strong>de</strong>s<br />
maquiladoras, qui sont <strong>de</strong> simp<strong>les</strong> sites d’assemblage <strong>de</strong> produits <strong>de</strong>stinés in fine au marché américain. Le<br />
régime <strong>de</strong>s maquiladoras est un double régime d’exemption <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> douane pour <strong>les</strong> consommations<br />
intermédiaires en provenance <strong>de</strong>s Etats-Unis lorsque cel<strong>les</strong>-ci sont <strong>de</strong>stinées à être incorporées à un<br />
produit fini exporté lui-même vers <strong>les</strong> Etats-Unis à droit zéro. Ces importations n’exercent pas d’effet<br />
d’éviction sur <strong>les</strong> autres sources d’approvisionnement <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> finale mexicaine puisqu’el<strong>les</strong> sont<br />
<strong>de</strong>stinées in fine à servir le marché américain et non le marché mexicain. A l’œuvre <strong>de</strong>puis 1965, <strong>les</strong><br />
maquiladoras couvraient en 2000 près <strong>de</strong> 35 % <strong>de</strong>s importations mexicaines (cf. graphique 1). Seule une<br />
fraction marginale <strong>de</strong> la production <strong>de</strong> ces « <strong>zones</strong> spécia<strong>les</strong> d’exportation » <strong>de</strong>meure sur le sol mexicain.<br />
Par ailleurs, la valeur <strong>de</strong>s exportations européennes à <strong>de</strong>stination du Mexique a fortement<br />
augmenté entre 1990 et 1999 passant <strong>de</strong> 5,2 milliards <strong>de</strong> dollars (Md$) à 12,7 Md$, suivant en cela une<br />
dynamique générale d’ouverture aux échanges très vigoureuse.<br />
2. Le différentiel tarifaire ne peut être qu’une cause secondaire du déclin <strong>de</strong>s parts <strong>de</strong> marché<br />
européennes<br />
2.1. L’ALENA comporte d’importantes phases <strong>de</strong> transition<br />
L'ALENA, signé entre <strong>les</strong> Etats-Unis, le Canada 29 et le Mexique, est entré en vigueur le 1er<br />
janvier 1994. Ce fut le premier accord <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange à inclure un pays en développement. Il prévoit<br />
notamment une élimination progressive <strong>de</strong>s tarifs douaniers et <strong>de</strong>s barrières non tarifaires pour <strong>les</strong><br />
échanges <strong>de</strong> marchandises entre <strong>les</strong> trois pays (quotas et licences d'importation sauf considérations<br />
sanitaires ou environnementa<strong>les</strong>), dès l'entrée en vigueur <strong>de</strong> l'accord pour 50 % <strong>de</strong>s produits et selon un<br />
calendrier étalé sur 5, 10 et 15 ans pour le reste (soit un <strong>libre</strong>-échange quasi total à l'horizon 2010).<br />
L’ALENA prévoit également le développement <strong>de</strong>s échanges <strong>de</strong> services ainsi que la libéralisation du<br />
28 Ces chiffres divergent quelque peu <strong>avec</strong> ceux présentés dans le tableau 10 en annexe en raison <strong>de</strong> sources statistiques<br />
différentes. La base CHELEM du CEPII rend cohérents <strong>les</strong> flux miroirs entre <strong>de</strong>ux pays, ce qui peut conduire à <strong>de</strong>s différences<br />
<strong>avec</strong> <strong>les</strong> données déclarées par <strong>les</strong> Etats. Sur ces problèmes, voir Erkel-Rousse (2001), annexe III-3.<br />
29 Les Etats-Unis et le Canada étant déjà liés par un Accord <strong>de</strong> Libre-Echange (ALE) dès 1989.<br />
63
égime <strong>de</strong>s investissements directs (<strong>avec</strong> <strong>de</strong>s secteurs exclus comme le pétrole et l’audiovisuel<br />
notamment).<br />
2.2. La structure tarifaire négociée n’a pas été <strong>de</strong> nature à transformer radicalement le<br />
commerce entre <strong>les</strong> Etats-Unis et le Mexique<br />
L’écart est certes conséquent entre la moyenne simple <strong>de</strong>s taux NPF (13,2 % en 1997) et <strong>les</strong> droits<br />
<strong>de</strong> douane préférentiels dont bénéficieront <strong>les</strong> Etats-Unis (4,2 %) au terme <strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> transition.<br />
Toutefois, pour Krueger (1999), au bout d’une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> quinze années <strong>de</strong> transition, la réduction totale<br />
<strong>de</strong> droits <strong>de</strong> douane induite par l’ALENA ne totalisera en moyenne que 15 % du prix <strong>de</strong>s biens américains<br />
importés. Cet écart <strong>de</strong> prix entre exportateurs nord-américains et européens vers le Mexique est à<br />
confronter aux variations <strong>de</strong> change <strong>de</strong> l’écu puis <strong>de</strong> l’euro vis-à-vis du dollar.<br />
Pour Kowalczyk et Davis (1996), <strong>les</strong> concessions tarifaires liées à l’ALENA ne sont pas <strong>de</strong> nature<br />
à bousculer la structure du commerce <strong>de</strong>s Etats-Unis <strong>avec</strong> le Mexique. En effet, <strong>les</strong> baisses <strong>de</strong> droits <strong>de</strong><br />
douane consenties par <strong>les</strong> Etats-Unis lors <strong>de</strong> la négociation <strong>de</strong> l’ALENA se sont traduites par <strong>de</strong> longues<br />
phases <strong>de</strong> transition pour <strong>les</strong> secteurs dont <strong>les</strong> droits <strong>de</strong> douane étaient <strong>les</strong> plus élevés et par une<br />
diminution relativement moins importante <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> douane, lorsque <strong>les</strong> échanges intra-branches <strong>avec</strong><br />
le Mexique étaient peu développés.<br />
2.3. D’autres éléments que <strong>les</strong> baisses <strong>de</strong> droits <strong>de</strong> douane ont très certainement eu un<br />
impact plus important sur le renforcement <strong>de</strong> l’intégration nord-américaine<br />
Même s’il ne faut pas négliger le poids <strong>de</strong>s baisses <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> douane entraînées par l’ALENA<br />
et ciblées en fonction <strong>de</strong>s intérêts <strong>de</strong>s Etats-Unis, cette diminution <strong>de</strong>s prix américains sur le marché<br />
mexicain est à relativiser au regard <strong>de</strong>s évolutions du taux <strong>de</strong> change réel du peso : appréciation entre la<br />
fin <strong>de</strong>s années quatre-vingts et la fin <strong>de</strong> 1994, puis dépréciation <strong>de</strong> 50 % à la suite <strong>de</strong> la crise mexicaine.<br />
Il reste que, à la suite <strong>de</strong> la crise monétaire, <strong>les</strong> autorités mexicaines ont imposé une surtaxe<br />
valable pour certains produits (chaussures et certains texti<strong>les</strong>) sur toutes <strong>les</strong> importations, à l’exception <strong>de</strong><br />
cel<strong>les</strong> en provenance <strong>de</strong> l’ALENA. En 1999, cette taxe a été considérablement accrue et élargie à d’autres<br />
produits lorsque la chute <strong>de</strong>s cours du pétrole a réduit <strong>les</strong> recettes du gouvernement mexicain, ce qui a pu<br />
favoriser <strong>les</strong> pays partenaires au sein <strong>de</strong> l’ALENA.<br />
Le contenu non tarifaire <strong>de</strong> l’ALENA a également pu favoriser <strong>les</strong> exportations américaines à<br />
<strong>de</strong>stination du Mexique : <strong>les</strong> règ<strong>les</strong> d’origine incitent <strong>les</strong> producteurs mexicains à privilégier un<br />
approvisionnement en consommations intermédiaires en provenance <strong>de</strong>s Etats-Unis afin <strong>de</strong> satisfaire aux<br />
exigences d’un certain pourcentage nord-américain <strong>de</strong> la valeur du bien.<br />
Comme nous l’avons vu, l’existence <strong>de</strong>puis 1965 <strong>de</strong> <strong>zones</strong> spécia<strong>les</strong> d’exportation mexicaines, <strong>les</strong><br />
maquiladoras, relativise toutefois le rôle <strong>de</strong> l’ALENA dans l’intensification <strong>de</strong>s échanges nordaméricains.<br />
Pour <strong>les</strong> Etats-Unis, la possibilité d’un perfectionnement passif <strong>avec</strong> <strong>de</strong>s sites d’assemblages<br />
situés au Mexique a sensiblement renforcé <strong>les</strong> échanges croisés <strong>de</strong> consommations intermédiaires et <strong>de</strong><br />
produits finis <strong>de</strong>stinés à servir, à un meilleur coût, le marché <strong>de</strong>s Etats-Unis. Cette tendance était déjà à<br />
l’œuvre bien avant l’entrée en vigueur <strong>de</strong> l’ALENA.<br />
Un élément important <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange régionaux est leur influence généralement<br />
positive sur <strong>les</strong> flux croisés d’investissements. L’ALENA a eu sur ce point une influence favorable dès le<br />
début <strong>de</strong> la décennie quatre-vingt-dix <strong>avec</strong> la perspective tangible <strong>de</strong> la signature d’un accord <strong>de</strong> <strong>libre</strong>échange<br />
(cf. graphique 2). Les travaux <strong>de</strong> Fontagné et Pajot (1997) ont démontré un processus<br />
d’entraînement <strong>de</strong> l’investissement à l’étranger sur <strong>les</strong> flux d’échanges bilatéraux. Ce très vif<br />
accroissement <strong>de</strong>s investissements américains au Mexique alors que dans le même temps <strong>les</strong><br />
investissements européens <strong>de</strong>meuraient stab<strong>les</strong> représente très certainement le véritable facteur<br />
déterminant <strong>de</strong> l’intensification <strong>de</strong>s échanges nord-américains.<br />
64
2.4. Depuis octobre 2000, l’accord <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange <strong>avec</strong> l’Europe contribue à rétablir une<br />
situation équilibrée <strong>de</strong>s exportateurs européens et nord-américains au Mexique<br />
A partir du 9 novembre 1998, l'Union européenne et le Mexique ont négocié une zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>échange<br />
visant <strong>les</strong> biens et <strong>les</strong> services, conformément à l'accord <strong>de</strong> partenariat économique, <strong>de</strong><br />
coordination politique et <strong>de</strong> coopération signé le 8 décembre 1997. Depuis le 1 er juillet 2000, l’Union<br />
européenne et le Mexique ont engagé la libéralisation préférentielle et réciproque du commerce <strong>de</strong>s biens.<br />
Elle a été réalisée en <strong>de</strong>ux étapes pour <strong>de</strong>s raisons institutionnel<strong>les</strong>.<br />
L'accord <strong>de</strong> partenariat ne pouvait entrer en vigueur qu'après ratification par le Mexique et tous <strong>les</strong><br />
Etats membres <strong>de</strong> l'Union européenne. Dans l'attente <strong>de</strong> ces ratifications, un accord intérimaire sur le<br />
commerce et <strong>les</strong> mesures d’accompagnement, signé le même jour, chargeait un Conseil conjoint <strong>de</strong><br />
déci<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s modalités et du calendrier <strong>de</strong> libéralisation du commerce <strong>de</strong>s biens. De la sorte, certaines<br />
dispositions ont pu être mises en oeuvre <strong>de</strong> façon anticipée dès le 1er juillet 2000.<br />
L’entrée en vigueur <strong>de</strong> l’accord <strong>de</strong> partenariat le 1 er octobre 2000 a permis d’entamer la mise en<br />
œuvre <strong>de</strong> la totalité <strong>de</strong>s dispositions conclues le 24 novembre 1999. Lors <strong>de</strong> sa réunion du 27 février<br />
<strong>de</strong>rnier, le Conseil conjoint <strong>de</strong> l’accord <strong>de</strong> partenariat a adopté la décision relative aux services et<br />
mouvements <strong>de</strong> capitaux, qui est entrée en vigueur le 1 er mars 2001 (voir annexe 2).<br />
3. Le rôle <strong>de</strong> l’ALENA sur le commerce bilatéral : une analyse gravitationnelle<br />
Depuis <strong>les</strong> enseignements <strong>de</strong> Viner (1950), on sait qu’un accord commercial régional provoque<br />
<strong>de</strong>ux types d’effets sur le commerce : un effet <strong>de</strong> création <strong>de</strong> commerce lorsque <strong>les</strong> biens produits<br />
localement dans chaque pays sont remplacés par <strong>de</strong>s biens produits plus efficacement dans le pays<br />
partenaire à l’accord, du fait <strong>de</strong> la diminution <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> douane intra-zone ; un effet <strong>de</strong> diversion du<br />
commerce, lorsque le différentiel <strong>de</strong> droits <strong>de</strong> douane intra et extra-zone se traduit par la substitution <strong>de</strong><br />
biens produits hors-zone par <strong>de</strong>s biens produits localement mais moins efficacement.<br />
Toute la difficulté pour évaluer <strong>les</strong> effets spécifiques <strong>de</strong> la signature <strong>de</strong> l’ALENA rési<strong>de</strong> dans<br />
l’impossibilité <strong>de</strong> considérer que le prolongement <strong>de</strong> la situation prévalant avant l’accord décrit<br />
fidèlement ce qui serait intervenu en l’absence d’accord régional. Il est au minimum nécessaire <strong>de</strong> tenir<br />
compte <strong>de</strong>s évolutions relatives <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> dans <strong>les</strong> pays partenaires à l’accord ainsi que dans <strong>les</strong> pays<br />
non parties prenantes comme l’Union européenne.<br />
3.1. L’analyse <strong>de</strong>s échanges théoriques entre <strong>les</strong> pays permet d’apprécier <strong>les</strong> effets <strong>de</strong><br />
l’ALENA sur le commerce<br />
Sur la base d’un modèle gravitationnel, il est possible d’évaluer <strong>les</strong> flux d’échanges théoriques<br />
entre partenaires commerciaux, compte tenu <strong>de</strong> la distance géographique, du poids <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> et <strong>de</strong><br />
l’écart <strong>de</strong> PIB par tête. En comparant <strong>les</strong> flux observés aux flux théoriques, il est possible <strong>de</strong> déceler quels<br />
sont <strong>les</strong> pays qui se sont plutôt mieux comportés sur le marché mexicain après la mise en œuvre <strong>de</strong><br />
l’ALENA, en corrigeant <strong>de</strong>s évolutions macroéconomiques.<br />
Comme le rappelle Krueger (1999, op. cit.), il est nécessaire <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r à l’esprit, pour une telle<br />
analyse, que certains éléments ont affecté le commerce international durant toute la pério<strong>de</strong> (<strong>les</strong> <strong>accords</strong><br />
d’association <strong>de</strong> l’Union européenne <strong>avec</strong> <strong>les</strong> PECO, le mouvement <strong>de</strong> libéralisation multilatérale suite<br />
aux <strong>accords</strong> <strong>de</strong> Marrakech, etc.). Le Mexique lui-même a connu <strong>de</strong>s évolutions non négligeab<strong>les</strong> puisqu’il<br />
s’est engagé, dès le milieu <strong>de</strong>s années quatre-vingts, dans une dynamique <strong>de</strong> libéralisation unilatérale <strong>de</strong><br />
son commerce extérieur (en 1990, la quasi-totalité <strong>de</strong>s restrictions quantitatives étaient supprimées). Par<br />
ailleurs, la politique du change et la grave crise financière qui s’en est suivie ont profondément perturbé<br />
<strong>les</strong> structures économiques et <strong>les</strong> flux <strong>de</strong> commerce <strong>de</strong> telle sorte qu’il est difficile d’isoler <strong>les</strong> effets du<br />
seul accord régional nord-américain.<br />
A travers un modèle gravitationnel, Krueger (1999) rend compte <strong>de</strong>s flux <strong>de</strong> commerce, entre<br />
1987 et 1997, entre 61 pays, ce qui correspond aux environs <strong>de</strong> 80 % du commerce mondial. Outre <strong>les</strong><br />
variab<strong>les</strong> classiques <strong>de</strong> PIB, <strong>de</strong> PIB par tête, <strong>de</strong> distance géographique, l’auteur intègre <strong>de</strong>s « variab<strong>les</strong><br />
indicatrices » <strong>de</strong>stinées à mesurer l’effet <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> régionaux. Pour chaque accord régional (l’ALENA,<br />
65
le MERCOSUR, la Communauté andine, l’Union européenne, l’ASEAN, la zone Australie-Nouvelle-<br />
Zélan<strong>de</strong>), l’auteur teste <strong>les</strong> hypothèses que <strong>les</strong> <strong>accords</strong> régionaux dopent le commerce intra-zone et qu’ils<br />
ralentissent artificiellement <strong>les</strong> importations en provenance <strong>de</strong> pays n’appartenant pas à la zone.<br />
De manière un peu surprenante. Il ressort <strong>de</strong> l’analyse <strong>de</strong> Krueger que ni l’Union européenne, ni<br />
l’ALENA, ni le Mercosur n’auraient d’effets sur l’intensification du commerce entre pays partenaires. En<br />
revanche, l’existence <strong>de</strong> l’ALENA comme celle <strong>de</strong> l’Union européenne réduirait l’accès au marché pour<br />
<strong>les</strong> pays extérieurs à la zone : selon l’analyse <strong>de</strong> Krueger, <strong>les</strong> exportations d’un pays non membre <strong>de</strong><br />
l’ALENA vers un pays membre seraient inférieures <strong>de</strong> 46 % à ce qu’el<strong>les</strong> sont lorsque aucun <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux<br />
pays n’appartient à cette zone régionale. Dans le cas <strong>de</strong> l’Union européenne, ce pourcentage serait <strong>de</strong><br />
21 %.<br />
Il est nécessaire <strong>de</strong> rester particulièrement pru<strong>de</strong>nt dans l’interprétation <strong>de</strong> ces chiffres pour<br />
plusieurs raisons. D’une part, le fait que seule l’une <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux variab<strong>les</strong> est significative conduit à douter<br />
<strong>de</strong>s effets réels <strong>de</strong>s <strong>zones</strong> régiona<strong>les</strong> sur <strong>les</strong> flux d’exportations observés. L’effet d’éviction constaté<br />
uniquement « en négatif » peut s’expliquer par la configuration géographique <strong>de</strong>s trois pays qui forment<br />
l’ALENA puisque seul le Mexique partage une frontière terrestre <strong>avec</strong> un pays non membre <strong>de</strong> l’ALENA.<br />
De plus, sur la pério<strong>de</strong> d’étu<strong>de</strong>, seul l’ALENA concerne un ou plusieurs pays hautement industrialisés et<br />
un pays du sud à faible coût <strong>de</strong> main d’œuvre. Comme nous l’avons souligné plus avant, ce type <strong>de</strong><br />
configuration s’est traduite par un fort courant d’échanges <strong>de</strong> type « perfectionnement passif » qui est<br />
indépendant <strong>de</strong> l’entrée en vigueur <strong>de</strong> l’ALENA. En débutant son analyse en 1990, il est probable que<br />
Krueger ne remonte pas suffisamment loin dans le temps pour isoler <strong>les</strong> effets <strong>de</strong> l’ALENA par rapport<br />
aux effets <strong>de</strong> type « maquiladoras ». Des éléments spécifiques à chaque zone régionale, qu’elle constitue<br />
ou non une zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange, peuvent ainsi venir perturber <strong>les</strong> estimations économétriques. Il est<br />
nécessaire <strong>de</strong> disposer <strong>de</strong> suffisamment <strong>de</strong> recul dans le temps pour <strong>les</strong> i<strong>de</strong>ntifier.<br />
3.2. L’analyse gravitationnelle permet <strong>de</strong> mettre en évi<strong>de</strong>nce <strong>les</strong> facteurs structurels<br />
déterminant le niveau <strong>de</strong>s échanges bilatéraux<br />
Nous avons procédé à l’évaluation d’un modèle gravitationnel sur la base <strong>de</strong>s échanges entre 23<br />
pays <strong>de</strong> l’OCDE, sur une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> 20 années (1980-1999). Les estimations <strong>de</strong> l’impact <strong>de</strong>s facteurs<br />
influençant le commerce bilatéral sont réalisées sur <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l’échantillon puis sont appliquées à<br />
chacune <strong>de</strong>s relations d’échanges entre <strong>les</strong> 23 pays afin <strong>de</strong> déterminer une « cible » <strong>de</strong> commerce<br />
international <strong>de</strong> ces pays <strong>avec</strong> leurs principaux partenaires commerciaux, compte tenu <strong>de</strong>s caractéristiques<br />
<strong>de</strong> chacun <strong>de</strong>s pays à l’échange.<br />
L’équation estimée est inspirée du modèle <strong>de</strong> gravité <strong>de</strong> Bergstrand (1989). Celui-ci repose sur la<br />
logique selon laquelle une moindre distance entre <strong>de</strong>ux pays conduit à une plus gran<strong>de</strong> intensité <strong>de</strong> leurs<br />
échanges commerciaux bilatéraux. Les développements récents <strong>de</strong> l’analyse gravitationnelle mettent en<br />
évi<strong>de</strong>nce un certain nombre <strong>de</strong> facteurs structurels qui influencent le commerce entre <strong>de</strong>ux pays. On peut<br />
citer notamment le PIB du pays importateur qui mesure le potentiel <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> ce pays, le PIB du<br />
pays exportateur correspondant au potentiel d’offre, la distance géographique entre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux pays, la<br />
distance économique mesurée par le différentiel <strong>de</strong> PIB par tête, l’existence d’une frontière commune ou<br />
l’appartenance commune a une même zone régionale <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange qui ont <strong>de</strong>s effets dopants sur <strong>les</strong><br />
échanges notamment. Les taux <strong>de</strong> change et leur volatilité peuvent également jouer un rôle dont il faut<br />
tenir compte.<br />
En intégrant <strong>les</strong> caractéristiques <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux pays à l’échange, on obtient alors une estimation <strong>de</strong> leur<br />
commerce bilatéral potentiel et une estimation du potentiel <strong>de</strong> croissance <strong>de</strong>s échanges entre eux en<br />
mesurant l’écart entre <strong>les</strong> flux observés et <strong>les</strong> flux potentiels.<br />
3.3. Un rôle non négligeable <strong>de</strong> l’ALENA sur le commerce bilatéral<br />
66
Plusieurs spécifications économétriques sont testées, el<strong>les</strong> permettent <strong>de</strong> mettre en évi<strong>de</strong>nce<br />
l’influence relative <strong>de</strong>s différents facteurs sur le commerce bilatéral 30 .<br />
• Dans le premier cas, on envisage une spécification selon la métho<strong>de</strong> <strong>de</strong>s moindres carrés<br />
ordinaires (MCO)dans laquelle <strong>les</strong> variab<strong>les</strong> explicatives sont <strong>les</strong> suivantes : PIB du pays exportateur, PIB<br />
du pays importateur, la distance géographique, l’existence d’une frontière commune (adjacence, notée<br />
ADJ dans <strong>les</strong> tableaux), <strong>les</strong> variab<strong>les</strong> relatives aux <strong>zones</strong> régiona<strong>les</strong> d’échanges (UE, AELE, ALENA),<br />
l’indice du taux <strong>de</strong> change bilatéral du pays exportateur par rapport à la monnaie du pays importateur noté<br />
ICHEIJ, la volatilité <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> change bilatéraux notée VOLCHGE.<br />
La variable ALENA est fortement significative et son effet net sur <strong>les</strong> échanges est important<br />
(46,6 % <strong>de</strong> commerce en plus). Il est nettement plus marqué que l’appartenance commune <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux pays à<br />
l’UE (cf. tableau 2), ce qui conduit à douter quelque peu <strong>de</strong> la spécification du modèle.<br />
Tableau 2 : Métho<strong>de</strong> <strong>de</strong>s Moindres Carrés Ordinaires (MCO)<br />
Variab<strong>les</strong> Coefficient t-stu<strong>de</strong>nt P-value<br />
PIBppi 0,8652 118,6420 0,0000<br />
PIBppj 0,8589 117,7840 0,0000<br />
DIST -0,7802 -71,7950 0,0000<br />
ADJ 0,2575 6,6630 0,0000<br />
UE 0,0963 3,6710 0,0001<br />
AELE 0,3637 7,1050 0,0000<br />
ALENA 0,3830 2,8300 0,0055<br />
ICHGEIJ 0,0905 14,2290 0,0000<br />
VOLCHGE -0,3521 -31,6100 0,0000<br />
Constante -10,1410 -60,7220 0,0000<br />
Nb observations 10120<br />
R² ajusté 0,8022<br />
• Il est possible que l’existence du régime douanier <strong>de</strong>s maquiladoras vienne perturber<br />
l’influence <strong>de</strong> l’ALENA sur <strong>les</strong> échanges bilatéraux. Afin <strong>de</strong> vérifier cette hypothèse, on envisage une<br />
estimation économétrique dans laquelle <strong>les</strong> flux <strong>les</strong> échanges bilatéraux entre <strong>les</strong> Etats-Unis et le Mexique<br />
sont corrigés <strong>de</strong>s flux <strong>de</strong> commerce correspondant au régime douanier dérogatoire (cf. tableau 3). Même<br />
si son effet est moindre, la variable ALENA conserve un coefficient important (0,34). Toutefois, la<br />
différence <strong>de</strong> niveau entre l’effet sur le commerce attribué à l’appartenance à l’UE et à l’ALENA conduit,<br />
là également, à douter <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> la spécification.<br />
Tableau 3 : Métho<strong>de</strong> <strong>de</strong>s MCO, hors commerce <strong>de</strong>s maquiladoras<br />
Variab<strong>les</strong> Coefficient t-stu<strong>de</strong>nt P-value<br />
PIBppi 0,8646 118,5530 0,0000<br />
PIBppj 0,8590 117,7870 0,0000<br />
DIST -0,7803 -71,8040 0,0000<br />
ADJ 0,2503 6,4760 0,0000<br />
UE 0,0963 3,6710 0,0002<br />
AELE 0,3649 7,1270 0,0000<br />
ALENA 0,3365 2,4860 0,0129<br />
ICHGEIJ 0,0892 14,0230 0,0000<br />
VOLCHGE -0,3533 -31,7220 0,0000<br />
30 Voir en annexe 3 <strong>les</strong> caractéristiques <strong>de</strong> l’analyse économétrique. On peut noter que la variable <strong>de</strong> change ICHGEIJ est <strong>de</strong><br />
signe positif dans toutes <strong>les</strong> spécifications économétriques testées. Cela s’explique simplement par le fait que la variable<br />
expliquée est mesurée en dollars courants : une augmentation du taux <strong>de</strong> change du pays exportateur se traduit par une<br />
augmentation <strong>de</strong>s exportations en valeur du fait <strong>de</strong> l’effet-prix, même si <strong>les</strong> exportations en volume peuvent diminuer.<br />
67
Constante -10,1310 -60,6540 0,0000<br />
Nb observations 10120<br />
R² ajusté 0,8020<br />
• De manière à vérifier que l’effet capté par la variable ALENA ne résulte pas d’une relation<br />
bilatérale spécifique et particulièrement intense entre <strong>les</strong> Etats-Unis et le Mexique qui aurait prévalu<br />
indépendamment <strong>de</strong> l’ALENA, une spécification supplémentaire est testée. Ici, <strong>de</strong>s effets fixes attribués à<br />
chaque relation bilatérale d’échanges entre tous <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l’échantillon sont intégrés. Ils permettent <strong>de</strong><br />
tenir compte <strong>de</strong> facteurs structurels qui peuvent expliquer <strong>de</strong> manière rémanente l’intensité <strong>de</strong>s échanges<br />
entre <strong>de</strong>ux pays, comme <strong>les</strong> relations historiques ou culturel<strong>les</strong> spécifiques. Dans cette troisième<br />
spécification, la variable ALENA conserve son influence, certes amoindrie, (0,27, cf . tableau 4) et son<br />
caractère significatif. L’intensité <strong>de</strong>s relations entre <strong>les</strong> Etats-Unis et le Mexique ne peut donc être<br />
totalement expliquée par une quelconque spécificité <strong>de</strong>s relations bilatéra<strong>les</strong> entre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux pays. Corrigé<br />
<strong>de</strong>s flux d’échanges réalisés sous le régime <strong>de</strong>s maquiladoras, dans une quatrième spécification, la<br />
variable conserve un niveau conséquent (0,25, cf . tableau 5). Dans cette spécification, l’influence <strong>de</strong><br />
l’appartenance à l’UE retrouve un niveau plus en accord <strong>avec</strong> l’effet attribué à l’ALENA.<br />
Tableau 4 : Modèle à effets fixe sur le couple pays i/pays j<br />
Variab<strong>les</strong> Coefficient t-stu<strong>de</strong>nt P-value<br />
PIBppi 1,3169 41,7310 0,0000<br />
PIBppj 1,5218 48,2250 0,0000<br />
UE 0,3316 20,0690 0,0000<br />
AELE -0,0015 -0,0460 0,9634<br />
ALENA 0,2768 4,3420 0,0000<br />
ICHGEIJ 0,0093 1,7630 0,0779<br />
VOLCHGE -0,0494 -8,7230 0,0000<br />
Nb observations 10120<br />
R² ajusté 0,9733<br />
Cond. Number 20,15 (Multicolinéarité)<br />
LM test 54431 (Modè<strong>les</strong> à effets / MCO)<br />
Hausman test 1053,68 (Effets fixes / effets aléatoires)<br />
Tableau 5 : Modèle à effets fixe sur le couple i/j, hors maquiladoras<br />
Variab<strong>les</strong> Coefficient t-stu<strong>de</strong>nt P-value<br />
PIBppi 1,3163 41,7130 0,0000<br />
PIBppj 1,5218 48,2240 0,0000<br />
UE 0,3316 20,0680 0,0000<br />
AELE -0,0014 -0,0450 0,9639<br />
ALENA 0,2523 3,9570 0,0001<br />
ICHGEIJ 0,0084 1,5930 0,1112<br />
VOLCHGE -0,0498 -8,7890 0,0000<br />
Nb observations 10120<br />
R² ajusté 0,9733<br />
Cond. Number 20,15 (Multicolinéarité)<br />
LM test 54421 (Modè<strong>les</strong> à effets / MCO)<br />
Hausman test 1054,53 (Effets fixes / effets aléatoires)<br />
• Deux spécifications supplémentaires cherchent à isoler <strong>les</strong> effets respectifs du commerce<br />
entre <strong>les</strong> Etats-Unis et le Mexique, d’une part, et entre <strong>les</strong> Etats-Unis et le Canada, d’autre part, dans le<br />
poids <strong>de</strong> la variable ALENA pour expliquer <strong>les</strong> relations bilatéra<strong>les</strong> d’échanges. Ici, comme dans <strong>les</strong><br />
spécifications précé<strong>de</strong>ntes, la variable muette correspondant à l’entrée en vigueur <strong>de</strong> l’accord <strong>de</strong> <strong>libre</strong>échange<br />
vaut 1 <strong>de</strong>puis 1989 et 0 <strong>les</strong> années précé<strong>de</strong>ntes dans le cas du commerce entre <strong>les</strong> Etats-Unis et le<br />
Canada. C’est en effet <strong>de</strong>puis cette date qu’un tel accord est entré en vigueur entre ces <strong>de</strong>ux pays.<br />
Concernant <strong>les</strong> relations bilatéra<strong>les</strong> entre le Mexique et <strong>les</strong> Etats-Unis, la variable muette vaut 1 à partir <strong>de</strong><br />
68
1994. C’est bien la relation entre <strong>les</strong> Etats-Unis et le Mexique <strong>de</strong>puis 1994 qui pèse le plus lourd pour<br />
expliquer l’influence <strong>de</strong> la variable ALENA dans le modèle. Lorsque <strong>les</strong> échanges entre <strong>les</strong> Etats-Unis et<br />
le Canada sont retirés <strong>de</strong> l’échantillon, la variable ALENA présente une valeur <strong>de</strong> 0,44 (cf. tableau 6).<br />
Toutefois, le Canada a une part d’influence dans la valeur <strong>de</strong> cette variable puisque, lorsque on retire <strong>les</strong><br />
échanges entre <strong>les</strong> Etats-Unis et le Mexique <strong>de</strong> l’échantillon, elle conserve son caractère significatif même<br />
si son niveau est nettement plus faible (0,18, cf. tableau 7). L’accord <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange semble donc avoir<br />
un effet robuste sur <strong>les</strong> relations bilatéra<strong>les</strong> entre <strong>les</strong> trois pays, même si cela s’avère moins vrai dans le<br />
cas <strong>de</strong> la relation Mexique – Canada.<br />
Tableau 6 : Modèle à effets fixe, hors échanges Etats Unis/Canada<br />
Variab<strong>les</strong> Coefficient t-stu<strong>de</strong>nt P-value<br />
PIBppi 1,3175 41,6910 0,0000<br />
PIBppj 1,5219 48,1590 0,0000<br />
UE 0,3316 20,0440 0,0000<br />
AELE -0,0015 -0,0460 0,9631<br />
ALENA 0,4422 5,5020 0,0000<br />
ICHGEIJ 0,0093 1,7660 0,0774<br />
VOLCHGE -0,0490 -8,6300 0,0000<br />
Nb observations 10080<br />
R² ajusté 0,9727<br />
Cond. Number 20,16 (Multicolinéarité)<br />
LM test 54527 (Modè<strong>les</strong> à effets / MCO)<br />
Hausman test 1052,56 (Effets fixes / effets aléatoires)<br />
Tableau 7 : Modèle à effets fixe, hors échanges Etats Unis/Mexique<br />
Variab<strong>les</strong> Coefficient t-stu<strong>de</strong>nt P-value<br />
PIBppi 1,3165 41,6550 0,0000<br />
PIBppj 1,5206 48,1130 0,0000<br />
UE 0,3319 20,0630 0,0000<br />
AELE -0,0017 -0,0530 0,9580<br />
ALENA 0,1786 2,3200 0,0204<br />
ICHGEIJ 0,0097 1,7980 0,0722<br />
VOLCHGE -0,0496 -8,6570 0,0000<br />
Nb observations 10080<br />
R² ajusté 0,9730<br />
Cond. Number 20,15 (Multicolinéarité)<br />
LM test 53951 (Modè<strong>les</strong> à effets / MCO)<br />
Hausman test 1058,44 (Effets fixes / effets aléatoires)<br />
• Dans une ultime vérification <strong>de</strong> l’effet <strong>de</strong> l’ALENA, on envisage une distance<br />
géographique différente entre <strong>les</strong> Etats-Unis et le Mexique, à la manière suggérée par Head et Mayer<br />
(2001). En effet, ces auteurs proposent que l’on ne tienne plus compte <strong>de</strong> la distance <strong>de</strong> capitale à capitale<br />
mais <strong>de</strong> la distance entre un centre économique <strong>de</strong> poids lorsque celui-ci se trouve plus proche du pays<br />
étudié. Dans le cas d’un grand pays comme <strong>les</strong> Etats-Unis, il est probable que ce type <strong>de</strong> correction soit<br />
d’autant plus justifié, étant donné l’importance en termes <strong>de</strong> poids économique <strong>de</strong>s Etats fédérés situés à<br />
proximité du Mexique. La ville <strong>de</strong> Los Ange<strong>les</strong> représente un candidat naturel pour évaluer la distance<br />
entre le Mexique et <strong>les</strong> Etats-Unis. Toutefois la distance entre Mexico et Washington est très proche <strong>de</strong> la<br />
69
distance entre Mexico et Los Ange<strong>les</strong>. Par conséquent, <strong>les</strong> coefficients économétriques ne sont que très<br />
peu modifiés dans le cas d’une spécification impliquant la prise en compte <strong>de</strong> la distance entre Mexico et<br />
Los Ange<strong>les</strong>. De manière ad hoc, nous choisissons la ville <strong>de</strong> Houston. L’influence <strong>de</strong> la variable ALENA<br />
dans ce cas est profondément amoindrie puisque une large part <strong>de</strong>s échanges bilatéraux est alors expliquée<br />
par la proximité géographique (cf. tableaux 8 et 9). La variable conserve toutefois un poids explicatif non<br />
négligeable, ce qui plai<strong>de</strong> pour la robustesse <strong>de</strong> l’effet ALENA sur le commerce entre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux pays.<br />
Toutefois, étant donné l’arbitraire du choix, la valeur <strong>de</strong> la variable ALENA ne peut être considérée<br />
comme représentative dans cette spécification.<br />
Tableau 8 : Métho<strong>de</strong> <strong>de</strong>s Moindres Carrés Ordinaires (MCO), Houston<br />
Variab<strong>les</strong> Coefficient t-stu<strong>de</strong>nt P-value<br />
PIBppi 0,8636 118,5250 0,0000<br />
PIBppj 0,8573 117,6660 0,0000<br />
DIST -0,7801 -71,9210 0,0000<br />
ADJ 0,2207 5,6920 0,0000<br />
UE 0,0983 3,7520 0,0002<br />
AELE 0,3710 7,2540 0,0000<br />
ALENA 0,2297 1,6970 0,0897<br />
ICHGEIJ 0,0905 14,2380 0,0000<br />
VOLCHGE -0,3580 -32.2360 0,0000<br />
Constante -10,1170 -60,5690 0,0000<br />
Nb observations 10120<br />
R² ajusté 0,8024<br />
Tableau 9 : Métho<strong>de</strong> <strong>de</strong>s MCO, Houston, hors maquiladoras<br />
Variab<strong>les</strong> Coefficient t-stu<strong>de</strong>nt P-value<br />
PIBppi 0,8630 118,3790 0,0000<br />
PIBppj 0,8574 117,6120 0,0000<br />
DIST -0,7796 -71,8360 0,0000<br />
ADJ 0,2143 5,5240 0,0000<br />
UE 0,0990 3,7790 0,0002<br />
AELE 0,3728 7,2850 0,0000<br />
ALENA 0,1837 1,3560 0,1750<br />
ICHGEIJ 0,0892 14,0250 0,0000<br />
VOLCHGE -0,3594 -32,3530 0,0000<br />
Constante -10,1120 -60,5060 0,0000<br />
Nb observations 10120<br />
R² ajusté 0,8020<br />
En conclusion, <strong>les</strong> différentes spécifications économétriques ont permis <strong>de</strong> vérifier la robustesse<br />
<strong>de</strong> l’effet <strong>de</strong> l’accord <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange sur le commerce bilatéral entre <strong>les</strong> Etats-Unis et le Mexique. De<br />
manière relativement constante, cet effet explique entre 30 % et 45 % du commerce entre ces <strong>de</strong>ux pays.<br />
Lorsqu’on enlève <strong>les</strong> échanges réalisés sous le régime spécial <strong>de</strong>s maquiladoras et lorsqu’on tient compte<br />
<strong>de</strong>s relations spécifiques entre <strong>les</strong> Etats-Unis et le Mexique qui prévalaient dès avant l’entrée en vigueur<br />
<strong>de</strong> l’accord, l’effet <strong>de</strong> l’Accord nord-américain <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange se situe aux environs <strong>de</strong> 30 % <strong>de</strong><br />
70
commerce en plus. C’est cette spécification économétrique qui s’avère la plus pertinente 31 et c’est donc ce<br />
niveau relatif à la variable ALENA que nous retiendrons.<br />
4. Influence relative <strong>de</strong>s facteurs sur <strong>les</strong> pertes <strong>de</strong> parts <strong>de</strong> marché européennes au Mexique<br />
Il est possible d’utiliser <strong>les</strong> différentes spécifications économétriques afin <strong>de</strong> mettre en lumière <strong>les</strong><br />
facteurs expliquant <strong>les</strong> performances divergentes <strong>de</strong>s Etats-Unis et <strong>de</strong> l’Union européenne au Mexique,<br />
<strong>de</strong>puis 1994.<br />
4.1. Par rapport à leur potentiel, <strong>les</strong> exportations européennes s’avèrent plus performantes<br />
Si l’on retient la spécification <strong>avec</strong> effets fixes comme la spécification la plus pertinente, après une<br />
pério<strong>de</strong> où <strong>les</strong> échanges observés <strong>de</strong> l’Union européenne étaient inférieurs à leur niveau théorique, cette<br />
situation s’est inversée au milieu <strong>de</strong>s années quatre-vingt (graphique 3).<br />
Dans la première moitié <strong>de</strong>s années quatre-vingt-dix, plus que l’entrée en vigueur <strong>de</strong> l’ALENA,<br />
c’est la crise du peso <strong>de</strong>s années 1994-1995 qui a donné un brusque coup <strong>de</strong> frein aux exportations<br />
européennes. L’année 1996 s’est traduite par un rebond <strong>de</strong>s exportations et un retour vers la tendance <strong>de</strong><br />
long terme <strong>de</strong> dépassement <strong>de</strong>s échanges observés par <strong>les</strong> échanges potentiels, lorsque ceux-ci sont<br />
évalués par la métho<strong>de</strong> <strong>avec</strong> effets fixes (graphique 3).<br />
Il reste que la crise du peso durant l’année 1995 a plus sévèrement affecté <strong>les</strong> exportations<br />
européennes. Il est probable que le rôle <strong>de</strong>s maquiladoras ait été déterminant sur ce point : alors que la<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong> intérieure s’effondrait en 1995, <strong>les</strong> flux croisés d’importations et d’exportations réalisés par <strong>les</strong><br />
maquiladoras pour servir le marché <strong>de</strong>s Etats-Unis ont été proportionnellement moins affectés. Ainsi, le<br />
processus d’intégration <strong>avec</strong> <strong>les</strong> Etats-Unis à l’œuvre <strong>de</strong>puis le milieu <strong>de</strong> la décennie quatre-vingts se<br />
traduit aujourd’hui par un commerce bilatéral total légèrement supérieur au commerce potentiel, lorsque<br />
celui-ci est évalué <strong>avec</strong> le modèle économétrique le plus pertinent (effets fixes, cf. graphique 4B).<br />
Toutefois, dès lors que l’on exclut le commerce réalisé sous le régime <strong>de</strong>s maquiladoras, <strong>les</strong><br />
exportations américaines sont très légèrement inférieures à leur niveau théorique (graphique 4C). La<br />
performance américaine est ainsi relativisée. Alors que le commerce observé <strong>de</strong> l’Union européenne est<br />
<strong>de</strong> 11,4 % supérieur aux échanges théoriques en 1999, l’écart est en effet <strong>de</strong> -4,9 % dans le cas <strong>de</strong>s Etats-<br />
Unis.<br />
4.2. Poids relatifs <strong>de</strong>s facteurs dans l’évolution différenciée <strong>de</strong>s parts <strong>de</strong> marché <strong>de</strong> l’Union<br />
européenne et <strong>de</strong>s Etats-Unis<br />
Il n’en reste pas moins que la progression en pourcentage <strong>de</strong>s exportations européennes apparaît<br />
très nettement en <strong>de</strong>çà <strong>de</strong> la progression <strong>de</strong>s exportations <strong>de</strong>s Etats-Unis sur la pério<strong>de</strong> : respectivement<br />
+31,6 % contre +65,6 % entre 1994 et 1999 (cf. tableau 10). Corrigée <strong>de</strong>s échanges <strong>de</strong> perfectionnement<br />
passif (maquiladoras), la progression <strong>de</strong>s exportations américaines sur le marché mexicain <strong>de</strong>puis 1994<br />
apparaît cependant nettement plus proche <strong>de</strong> la performance européenne : respectivement +44,0 % et<br />
+ 31,6 % entre 1994 et 1999, même si <strong>les</strong> niveaux absolus d’échanges restent très éloignés l’un <strong>de</strong> l’autre.<br />
Cet écart <strong>de</strong> performance peut également être expliqué par l’écart <strong>de</strong> croissance qu’ont connu<br />
l’Union européenne et <strong>les</strong> Etats-Unis entre 1994 et 1999. La différence <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> croissance du PIB en<br />
parité <strong>de</strong> pouvoir d’achat s’est élevée à 10,6 % sur la pério<strong>de</strong>,contribuant à expliquer un écart <strong>de</strong> 14,0 %<br />
<strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> croissance <strong>de</strong>s exportations européennes et nord-américaines au Mexique entre 1994 et<br />
1999 32 .<br />
Par conséquent, ces <strong>de</strong>ux facteurs font plus qu’expliquer l’écart <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> croissance <strong>de</strong>s<br />
exportations européennes et américaines entre 1994 et 1999 : sur un écart total <strong>de</strong> 34,0 %, 21,6 % peuvent<br />
31 Notamment parce que la présence d’effets fixes permet <strong>de</strong> tenir compte <strong>de</strong>s relations spécifiques nouées entre chaque paire <strong>de</strong><br />
pays mais également parce que <strong>les</strong> tests économétriques soulignent la meilleure qualité <strong>de</strong>s estimations <strong>avec</strong> ce modèle par<br />
rapport aux MCO.<br />
32 La variable exportation présente une élasticité au PIB du pays exportateur <strong>de</strong> 1,32.<br />
71
être attribués au renforcement du commerce <strong>de</strong> perfectionnement passif et 14,0 % à l’écart <strong>de</strong> croissance<br />
<strong>de</strong> l’UE et <strong>de</strong>s Etats-Unis sur la pério<strong>de</strong>. Finalement, compte tenu <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux facteurs pénalisants pour<br />
l’Union européenne, ses performances à l’exportation sur le marché américain se révèlent supérieures aux<br />
performances attendues. L’ALENA ne semble donc pas avoir joué <strong>de</strong> rôle déterminant sur le déclin <strong>de</strong>s<br />
parts <strong>de</strong> marché européennes.<br />
Exprimé différemment, le recul <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> marché européenne au Mexique entre 1994 et 1999<br />
(-1,9 %), alors que, dans le même temps, <strong>les</strong> Etats-Unis passaient <strong>de</strong> 70,0 % à 74,0 % (+4,0 %, cf. tableau<br />
10 en annexe), doit être relativisé. Si l’on retranche <strong>les</strong> effets dus aux maquiladoras, l’écart dans<br />
l’évolution <strong>de</strong>s parts <strong>de</strong> marché se réduit sensiblement : -0,9 % et +1,4 % respectivement. Si l’on tient<br />
compte du différentiel <strong>de</strong> croissance, l’écart <strong>de</strong> croissance <strong>de</strong>s parts <strong>de</strong> marché <strong>de</strong>vient positif en faveur <strong>de</strong><br />
l’UE. Naturellement, cette correction est artificielle, mais elle souligne la faible influence <strong>de</strong> l’ALENA<br />
pour expliquer la perte tendancielle <strong>de</strong> parts <strong>de</strong> marché <strong>de</strong> l’UE au Mexique.<br />
4.3. L’évolution <strong>de</strong>s parts <strong>de</strong> marché respectives s’inscrit dans une tendance <strong>de</strong> long<br />
terme marquée par l’intégration croissante entre un centre industrialisé et une zone<br />
périphérique en développement<br />
L’évolution comparée <strong>de</strong>s parts <strong>de</strong> marché <strong>de</strong>s Etats-Unis et <strong>de</strong> l’Union européenne dans leur zone<br />
« atelier » respective confirme le rôle croissant du commerce <strong>de</strong> perfectionnement passif entre une région<br />
centre hautement industrialisée et une ou plusieurs régions périphériques caractérisées par <strong>de</strong> faib<strong>les</strong> coûts<br />
<strong>de</strong> main-d’œuvre (graphiques 5 et 6 en annexe). En permettant le développement <strong>de</strong>s pays en rattrapage,<br />
une telle architecture <strong>de</strong>s échanges internationaux se traduit par <strong>de</strong>s gains en pouvoir d’achat dans ces<br />
pays, qui <strong>de</strong>viennent autant <strong>de</strong> marchés naturels pour <strong>les</strong> produits élaborés dans la région centre.<br />
Un tel schéma apparaît toutefois plus marqué dans le cas <strong>de</strong> l’Union européenne et <strong>de</strong> sa<br />
périphérie <strong>avec</strong> une progression plus frappante <strong>de</strong>s parts <strong>de</strong> marché européennes dans la zone atelier. La<br />
forte progression européenne dans <strong>les</strong> PECO au tournant <strong>de</strong>s années quatre-vingt-dix est certes atypique :<br />
elle s’explique par la transition économique <strong>de</strong> ces pays, l’effondrement <strong>de</strong> l’URSS et la réorientation du<br />
commerce extérieur qui s’en est suivie.<br />
La négociation d’<strong>accords</strong> <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange régionaux ne fait qu’accompagner une telle dynamique.<br />
Plus qu’une éviction <strong>de</strong>s autres pays industrialisés pour servir la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> croissante <strong>de</strong>s pays émergents,<br />
c’est bien à une concurrence sud-sud pour l’accès aux marchés <strong>de</strong>s pays du nord que l’on assiste. Il est<br />
fort probable que l’accord <strong>de</strong> l’ALENA se soit traduit par une concentration <strong>de</strong>s investissements <strong>les</strong> plus<br />
mobi<strong>les</strong> <strong>de</strong>stinés à servir le marché nord américain au détriment <strong>de</strong>s pays voisins. En tout état <strong>de</strong> cause, la<br />
perspective <strong>de</strong> l’accord a contribué à renforcer très fortement <strong>les</strong> investissements directs <strong>de</strong>s Etats-Unis au<br />
Mexique dès le début <strong>de</strong> la décennie quatre-vingt-dix lorsque la perspective <strong>de</strong> l’accord est <strong>de</strong>venue plus<br />
tangible (cf. graphique 2). Par voie <strong>de</strong> conséquence, <strong>les</strong> importants montants d’échanges bilatéraux qui<br />
découlent <strong>de</strong> l’implantation <strong>de</strong> sites <strong>de</strong> production <strong>de</strong> filia<strong>les</strong> <strong>de</strong> groupes étrangers 33 se sont très<br />
certainement développés entre <strong>les</strong> Etats-Unis et le Mexique plutôt qu’<strong>avec</strong> d’autres pays <strong>de</strong> la zone.<br />
Conclusion<br />
L’évolution comparée <strong>de</strong>s parts <strong>de</strong> marché <strong>de</strong> l’Union européenne et <strong>de</strong>s Etats-Unis au Mexique a<br />
contribué à motiver <strong>les</strong> pouvoirs publics européens à s’engager dans un accord <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange <strong>avec</strong> le<br />
Mexique. Sans remettre en cause <strong>les</strong> effets positifs attendus d’un tel accord qui ne peut que renforcer <strong>les</strong><br />
relations transatlantiques, il convient <strong>de</strong> relativiser <strong>les</strong> effets directs et à court-terme <strong>de</strong> l’ALENA sur <strong>les</strong><br />
volumes d’exportations européens et américains à <strong>de</strong>stination du Mexique.<br />
La dégradation <strong>de</strong>s parts <strong>de</strong> marché européennes n’est pas un phénomène nouveau. Elle s’inscrit<br />
dans une tendance <strong>de</strong> long terme initiée <strong>avec</strong> la mise en œuvre du régime <strong>de</strong> perfectionnement passif<br />
nord-américain en 1965. Le mouvement unilatéral d’ouverture commerciale du Mexique au début <strong>de</strong>s<br />
années quatre-vingt a fortement contribué à renforcer cette dynamique. En effet, l’accroissement du <strong>de</strong>gré<br />
d’ouverture aux échanges d’un pays se traduit immanquablement par le renforcement <strong>de</strong> l’intégration<br />
33 Sur le lien entre <strong>les</strong> investissements directs à l’étranger et <strong>les</strong> exportations, voir Fontagné et Pajot (1997).<br />
72
économique <strong>avec</strong> ses voisins <strong>les</strong> plus proches, notamment grâce au développement du commerce intrabranche.<br />
Il serait excessif d’attribuer la dégradation <strong>de</strong>s parts <strong>de</strong> marché européennes à l’entrée en vigueur<br />
<strong>de</strong> l’ALENA qui, selon <strong>les</strong> calculs <strong>de</strong> Krueger (1999), <strong>de</strong>vrait se traduire au terme <strong>de</strong>s quinze années <strong>de</strong><br />
transition prévues par l’accord, par la réduction <strong>de</strong> 15 % du prix <strong>de</strong>s biens nord-américains importés. Ce<br />
pourcentage est à rapprocher <strong>de</strong>s variations <strong>de</strong> change que connaissent <strong>de</strong>s monnaies comme le peso, le<br />
dollar et l’euro sur une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> temps aussi longue.<br />
Il reste que sur la base d’un modèle gravitationnel, l’ALENA semble exercer un effet non<br />
négligeable et robuste <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 30 % <strong>de</strong> commerce supplémentaire. Plus que du différentiel tarifaire,<br />
cet effet d’entraînement résulte vraisemblablement <strong>de</strong> l’intensification <strong>de</strong>s flux d’investissements <strong>de</strong>s<br />
Etats-Unis vers le Mexique.<br />
Dans le cas du différentiel d’évolution <strong>de</strong>s parts <strong>de</strong> marché <strong>de</strong> l’UE et <strong>de</strong>s Etats-Unis au Mexique,<br />
l’intensification du commerce sous le régime <strong>de</strong>s maquiladoras ainsi que le différentiel <strong>de</strong> croissance du<br />
PIB entre l’Europe et <strong>les</strong> Etats-Unis expliquent cependant la totalité <strong>de</strong>s pertes <strong>de</strong> parts <strong>de</strong> marché<br />
européennes au Mexique.<br />
ANNEXE 1 :<br />
Tableau 1 : I mportations du Mexique<br />
IMPORTATIONS<br />
en milliards <strong>de</strong> USD<br />
1970 1975 1980 1985 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999<br />
T O T A L 2,1 6,0 17,7 13,4 30,0 49,9 62,1 65,4 79,3 72,5 89,5 109,8 125,2 142,0<br />
PAYS INDUSTRIALISES 2,0 5,4 15,2 12,1 27,4 46,1 56,8 59,6 72,2 66,3 81,8 99,3 112,8 127,2<br />
Union Européenne 0,5 1,1 2,8 1,9 5,2 6,2 7,7 7,7 9,0 6,7 7,7 9,9 11,7 12,7<br />
France 0,1 0,2 0,5 0,3 0,7 1,0 1,3 1,1 1,5 1,0 1,0 1,2 1,4 1,4<br />
Allemagne 0,2 0,4 0,9 0,5 1,7 2,3 2,5 2,8 3,1 2,7 3,2 3,9 4,6 5,0<br />
Italie 0,0 0,1 0,3 0,2 0,4 0,6 1,0 0,8 1,0 0,8 1,0 1,3 1,6 1,6<br />
Royaume-Uni 0,1 0,2 0,4 0,3 0,6 0,5 0,6 0,6 0,7 0,5 0,7 0,9 1,1 1,1<br />
Amérique du nord 1,3 3,9 11,2 9,2 20,2 37,6 45,3 47,7 58,6 55,4 69,4 84,1 95,5 108,2<br />
Japon Australie Nelle Zélan 0,1 0,3 1,0 0,8 1,5 1,9 3,3 3,6 4,1 3,8 4,2 4,7 5,0 5,5<br />
RESTE DU MONDE 0,1 0,6 2,5 1,3 2,6 3,8 5,3 5,8 7,1 6,2 7,7 10,5 12,3 14,7<br />
PART DANS LES IMPORTATIONS<br />
1970 1975 1980 1985 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999<br />
PAYS INDUSTRIALISES 94,9 % 90,2 % 85,8 % 90,1 % 91,3 % 92,4 % 91,4 % 91,1 % 91,0 % 91,5 % 91,4 % 90,4 % 90,1 % 89,6 %<br />
Union Européenne 23,3 % 19,0 % 16,0 % 14,2 % 17,4 % 12,4 % 12,3 % 11,8 % 11,3 % 9,3 % 8,6 % 9,0 % 9,3 % 9,0 %<br />
France 4,5 % 2,8 % 2,7 % 2,0 % 2,4 % 1,9 % 2,1 % 1,6 % 1,9 % 1,4 % 1,1 % 1,1 % 1,1 % 1,0 %<br />
Allemagne 7,9 % 7,3 % 5,0 % 4,0 % 5,6 % 4,7 % 4,0 % 4,3 % 3,9 % 3,7 % 3,5 % 3,6 % 3,6 % 3,5 %<br />
Italie 1,7 % 1,7 % 1,6 % 1,6 % 1,5 % 1,2 % 1,6 % 1,3 % 1,3 % 1,1 % 1,1 % 1,2 % 1,3 % 1,2 %<br />
Royaume-Uni 3,1 % 2,9 % 2,1 % 2,1 % 2,0 % 1,0 % 1,0 % 0,9 % 0,9 % 0,7 % 0,8 % 0,8 % 0,8 % 0,8 %<br />
Amérique du nord 63,6 % 64,7 % 63,4 % 68,4 % 67,4 % 75,3 % 73,0 % 73,0 % 73,9 % 76,4 % 77,5 % 76,6 % 76,3 % 76,2 %<br />
Japon Australie Nelle Zélan 4,3 % 4,8 % 5,4 % 6,2 % 5,0 % 3,9 % 5,3 % 5,6 % 5,2 % 5,2 % 4,7 % 4,2 % 4,0 % 3,9 %<br />
RESTE DU MONDE 5,1 % 9,8 % 14,2 % 9,9 % 8,7 % 7,6 % 8,6 % 8,9 % 9,0 % 8,5 % 8,6 % 9,6 % 9,9 % 10,4 %<br />
Source : à partir <strong>de</strong>s données du Fmi (Direction Of Tra<strong>de</strong> Statistics)<br />
PIB (Milliards USD)<br />
Graphique 1 : Importations du Mexique – Le rôle <strong>de</strong>s maquiladoras (millions <strong>de</strong> dollars)<br />
Source : Banco do Mexico<br />
73
20000<br />
16000<br />
12000<br />
8000<br />
4000<br />
0<br />
1980<br />
1981<br />
1982<br />
1983<br />
1984<br />
1985<br />
1986<br />
1987<br />
1988<br />
1989<br />
1990<br />
1991<br />
1992<br />
1993<br />
1994<br />
1995<br />
1996<br />
1997<br />
1998<br />
1999<br />
2000<br />
Im p o rta tio ns to ta le s<br />
Im portations hors Maquilas<br />
ANNEXE 2 :<br />
Principa<strong>les</strong> dispositions <strong>de</strong> l’Accord <strong>de</strong> partenariat entre l’Union européenne et le Mexique<br />
Sur <strong>les</strong> tarifs industriels, le Mexique opère une libéralisation progressive qui s’achève au 1 er<br />
janvier 2007, tandis que la Communauté démantèle l’ensemble <strong>de</strong> ses droits <strong>de</strong> douane dès le 1 er janvier<br />
2003. L’élimination complète <strong>de</strong>s barrières tarifaires sur 47% <strong>de</strong>s importations en provenance <strong>de</strong> l’Union<br />
européenne est effective <strong>de</strong>puis le 1 er juillet 2000 ; dès l’entrée en vigueur <strong>de</strong> l’accord, le Mexique a<br />
supprimé <strong>les</strong> hausses tarifaires appliquées à partir du 1 er janvier 1999 ainsi que cel<strong>les</strong> datant <strong>de</strong> 1995 sur<br />
<strong>les</strong> chaussures et certains texti<strong>les</strong>. Dès 2003, aucun produit européen ne supportera <strong>de</strong> droit supérieur à<br />
5%.<br />
Pour <strong>les</strong> produits agrico<strong>les</strong>, le calendrier <strong>de</strong> démantèlement <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> douane est i<strong>de</strong>ntique<br />
pour le Mexique et la Communauté (<strong>de</strong> 2000 à 2010). Le Conseil conjoint doit se réunir dans un délai <strong>de</strong><br />
trois ans pour examiner, au cas par cas, la libéralisation <strong>de</strong>s produits sensib<strong>les</strong> placés en liste d’attente. Un<br />
accord sur <strong>les</strong> vins (pratiques œnologiques, appellations géographiques) doit encore être conclu.<br />
Le Conseil conjoint du 27 février <strong>de</strong>rnier a décidé <strong>de</strong> l’entrée en vigueur au 1 er mars <strong>de</strong>s<br />
dispositions visant <strong>les</strong> marchés publics. L’accord prévoit immédiatement et sans condition l’application<br />
du traitement national et l’absence <strong>de</strong> discrimination <strong>de</strong>s produits, services et opérateurs étrangers pour <strong>les</strong><br />
entités ainsi que <strong>de</strong> biens et services listés en annexe. Un régime transitoire <strong>de</strong> 7 ans est prévu pour <strong>les</strong><br />
marchés <strong>de</strong> l’énergie et <strong>de</strong> la construction (PEMEX, CFE).<br />
L’approche retenue sur <strong>les</strong> services repose sur un statu quo qui interdit toute discrimination<br />
nouvelle ou accrue et prévoit un délai <strong>de</strong> trois ans pour le dépôt <strong>de</strong>s premières listes préférentiel<strong>les</strong>. Les<br />
services financiers sont le seul secteur où <strong>les</strong> parties sont convenues d’un dépôt immédiat d’engagements.<br />
L’Union européenne obtient à partir <strong>de</strong> 2004 la suppression <strong>de</strong> toute réserve pour l’établissement <strong>de</strong><br />
filia<strong>les</strong> détenues à 100% par <strong>de</strong>s capitaux européens.<br />
Il a été prévu une libéralisation progressive <strong>de</strong>s mouvements <strong>de</strong> capitaux liés aux paiements <strong>de</strong>s<br />
investissements <strong>avec</strong> un statu quo sur <strong>les</strong> paiements liés aux investissements directs ; elle s’accompagne<br />
du renforcement <strong>de</strong> la coopération en matière d’investissement et d’un engagement, dans un délai <strong>de</strong> 3<br />
ans, <strong>de</strong> revoir le climat et le cadre juridique <strong>de</strong>s investissements en vue d’une libéralisation progressive.<br />
74
ANNEXE 3 : Métho<strong>de</strong> d’estimation <strong>de</strong>s potentiels d’échanges entre l’Union européenne et <strong>les</strong><br />
principaux pays candidats<br />
L’estimation utilisant <strong>de</strong>s données <strong>de</strong> panels rend compte ici <strong>de</strong>s flux commerciaux bilatéraux<br />
entre 23 pays industrialisés 34 sur une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> 20 années (<strong>de</strong> 1980 à 1999).<br />
L’équation estimée est inspirée du modèle <strong>de</strong> gravité <strong>de</strong> Bergstrand (1989). Celui-ci repose sur la<br />
logique selon laquelle une moindre distance entre <strong>de</strong>ux pays conduit à une plus gran<strong>de</strong> intensité <strong>de</strong> leurs<br />
échanges commerciaux bilatéraux. La variable expliquée correspond à la valeur <strong>de</strong>s exportations<br />
bilatéra<strong>les</strong> du pays i vers le pays j (X ij ) exprimée en dollars courants et estimée selon différentes équations<br />
intégrant <strong>les</strong> variab<strong>les</strong> suivantes :<br />
• PIB i : PIB en ppa du pays i (source : Chelem) ;<br />
• PIB j : PIB en ppa du pays j (source : Chelem) ;<br />
• DECO ij : distance économique entre <strong>les</strong> pays i et j, approchée par la différence <strong>de</strong> leur PIB<br />
(en ppa) par tête ;<br />
• DIST : distance géographique entre <strong>les</strong> pays i et j (<strong>de</strong> capitale à capitale, source : Pc-<br />
Globe ® ) ;<br />
• ADJ : indicatrice <strong>de</strong> l’existence d’une frontière commune entre <strong>les</strong> pays i et j<br />
(adjacence) ;<br />
• UE : indicatrice <strong>de</strong> l’appartenance <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux pays i et j à l’UE ;<br />
• AELE : indicatrice <strong>de</strong> l’appartenance <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux pays i et j à l’Association européenne <strong>de</strong><br />
<strong>libre</strong>-échange ;<br />
• ALENA : indicatrice <strong>de</strong> l’appartenance <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux pays i et j à l’Accord nord-américain<br />
<strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange ;<br />
• Chgei(j) : taux <strong>de</strong> change du pays i (j) par rapport au dollar (nombre d’unités <strong>de</strong> la<br />
monnaie du pays i (j) pour un dollar) ; Source : Chelem ;<br />
• Chgeij (= Chgej/Chgei) : taux <strong>de</strong> change bilatéral, du pays j par rapport à la monnaie du<br />
pays i (nombre d’unités <strong>de</strong> la monnaie j pour une unité <strong>de</strong> la monnaie i). Interprétation : une hausse<br />
<strong>de</strong> chgeij traduit une appréciation <strong>de</strong> la monnaie <strong>de</strong> i ou une dépréciation <strong>de</strong> la monnaie <strong>de</strong> j ;<br />
• Ichgeij : indice du taux <strong>de</strong> change bilatéral base 100 en 1977. Traduit l’évolution en<br />
bilatéral <strong>de</strong> la monnaie sans prendre en compte le niveau <strong>de</strong> la <strong>de</strong>vise. 1977 a été choisie hors<br />
pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’échantillon pour éviter que toutes <strong>les</strong> monnaies soient considérées au même niveau une<br />
année donnée. En choisissant 1977, on évite <strong>les</strong> mouvements sur <strong>les</strong> <strong>de</strong>vises liés aux 2 chocs<br />
pétroliers (1973, 1979). Interprétation <strong>de</strong> l’indice : une augmentation <strong>de</strong> l’indice traduit une<br />
appréciation <strong>de</strong> la monnaie <strong>de</strong> i ou une dépréciation <strong>de</strong> la monnaie <strong>de</strong> j (par rapport à 1977).<br />
• Volchge : prise en compte à travers cette variable <strong>de</strong> la volatilité <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> change<br />
bilatéraux. La formule pour le calcul <strong>de</strong> cet indicateur est empruntée à Hubert et Pain (2000). C’est<br />
une moyenne mobile sur trois ans <strong>de</strong> l’écart-type du taux <strong>de</strong> variation du taux <strong>de</strong> change bilatéral<br />
entre i et j :<br />
m<br />
⎡ 1<br />
Volchgeij, t<br />
= ⎢ ∑ ∆ ln<br />
⎣m<br />
k = 1<br />
2 ⎤<br />
[ ( e )] ⎥⎦<br />
ij,<br />
t + 1−k<br />
<strong>avec</strong> e ij,t le taux <strong>de</strong> change bilatéral entre le pays i et le pays j à la pério<strong>de</strong> t. Cet indicateur vaut<br />
zéro pour toute paire <strong>de</strong> pays dont le taux <strong>de</strong> change est totalement fixe ; il est constant pour toute paire<br />
<strong>de</strong> pays dont le taux <strong>de</strong> change fluctue à un taux constant.<br />
34 Allemagne, Australie, Autriche, Canada, Corée du sud, Danemark, Espagne, Etats-Unis, Finlan<strong>de</strong>, France, Grèce, Irlan<strong>de</strong>,<br />
Italie, Japon, Mexique, Norvège, Nouvelle-Zélan<strong>de</strong>, Pays-Bas, Portugal, Royaume-Uni, Suè<strong>de</strong>, Suisse, UEBL (Belgique-<br />
Luxembourg).<br />
75
A l’exception <strong>de</strong>s variab<strong>les</strong> indicatrices, toutes <strong>les</strong> variab<strong>les</strong> subissent une transformation<br />
logarithmique. L’estimation est effectuée à partir <strong>de</strong> la technique <strong>de</strong>s moindres carrés ordinaires<br />
(MCO) et intègre, selon <strong>les</strong> cas, <strong>de</strong>s effets fixes sur <strong>les</strong> relations bilatéra<strong>les</strong> d’échanges. De manière à<br />
décrire <strong>les</strong> relations commercia<strong>les</strong> bilatéra<strong>les</strong> entre pays, le modèle permet <strong>de</strong> calculer <strong>les</strong> échanges<br />
théoriques d’un pays i <strong>avec</strong> un pays j en donnant aux variab<strong>les</strong> explicatives <strong>les</strong> valeurs observées.<br />
L’équation estimée donne un aperçu <strong>de</strong> l’impact « moyen » <strong>de</strong> chacune <strong>de</strong>s variab<strong>les</strong> explicatives sur<br />
<strong>les</strong> exportations du pays i vers le pays j. En comparant <strong>avec</strong> <strong>les</strong> exportations observées, on peut en<br />
déduire <strong>les</strong> performances <strong>de</strong> chacun <strong>de</strong>s pays sur chacun <strong>de</strong>s marchés <strong>de</strong>s pays partenaires. Des<br />
échanges inférieurs à leur potentiel démontrent une sous-performance par rapport aux relations<br />
moyennes <strong>de</strong>s 23 pays <strong>de</strong> échantillon, compte tenu <strong>de</strong>s valeurs spécifiques aux <strong>de</strong>ux pays, données aux<br />
variab<strong>les</strong> explicatives introduites dans <strong>les</strong> équations économétriques.<br />
Les Produits Intérieurs Bruts en volume PPA (à parité <strong>de</strong> pouvoir d'achat) sont exprimés en prix<br />
internationaux et dollars constants <strong>de</strong> l'année <strong>de</strong> base (1990). Il s'agit ici d'une extension <strong>de</strong> la notion <strong>de</strong><br />
volume, qui s'applique non seulement dans le temps (année <strong>de</strong> base), mais aussi dans l'espace (prix<br />
internationaux).<br />
Les variab<strong>les</strong> indicatrices (frontière commune et appartenance à une zone d’échanges<br />
préférentielle) sont non log-linéarisées. Par conséquent, la variation <strong>de</strong>s exportations est estimée (en<br />
pourcentage) à (e β -1).100, β étant le paramètre issu <strong>de</strong> l’estimation.<br />
Nous avons choisi une spécification retenant <strong>de</strong>s niveaux <strong>de</strong> PIB et <strong>de</strong>s distances économiques<br />
en parité <strong>de</strong> pouvoir d’achat (ppa). Il aurait été possible d’opter pour <strong>de</strong> tel<strong>les</strong> variab<strong>les</strong> en niveau<br />
courant. En effet, le potentiel d’échanges <strong>de</strong> très court terme, correspondant à la capacité d’offre du<br />
pays considéré et au pouvoir d’achat international <strong>de</strong> ses exportations, s’analyse par référence au taux<br />
<strong>de</strong> change courant. A plus long terme, le développement du pays entraîne un ajustement <strong>de</strong> ce taux <strong>de</strong><br />
change et suggère donc l’utilisation <strong>de</strong> PIB en ppa pour évaluer le potentiel d’échanges <strong>de</strong> moyen-long<br />
terme <strong>de</strong>s pays en développement. Le choix <strong>de</strong> variab<strong>les</strong> en ppa est également justifié par le fait que la<br />
qualité <strong>de</strong> la régression est nettement meilleure dans ce cas. Pour information, <strong>les</strong> simulations<br />
alternatives (<strong>avec</strong> <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> change courants), si el<strong>les</strong> conservent le caractère significatif <strong>de</strong> toutes <strong>les</strong><br />
variab<strong>les</strong> explicatives (PIB du pays exportateur et du pays importateur, distance économique, distance<br />
géographique, frontière commune, <strong>accords</strong> commerciaux), conduisent à une dégradation significative<br />
<strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong>s estimations, le R² passant <strong>de</strong> 0,83 à 0,59. Par ailleurs, l’intégration <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> change<br />
dans l’équation économétrique justifie l’utilisation <strong>de</strong> PIB en dollars constants afin d’éviter la<br />
multicolinéarité.<br />
Graphique 2 : Flux d’investissements européens et nord-américains au Mexique (en millions <strong>de</strong><br />
dollars)<br />
14 000<br />
12 000<br />
Total<br />
Etats-Unis<br />
UE15<br />
10 000<br />
8 000<br />
6 000<br />
4 000<br />
2 000<br />
0<br />
1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999*<br />
Source : Banco do Mexico<br />
76
Graphique 3 : Exportations observées et potentiel<strong>les</strong> <strong>de</strong> l’Union européenne vers le Mexique<br />
24 000<br />
20 000<br />
Exportations tota<strong>les</strong> observées<br />
MCO<br />
Effets fixes couple pays<br />
MCO, sans variab<strong>les</strong> relatives au taux <strong>de</strong> change<br />
Effets fixes coup<strong>les</strong> pays, sans variab<strong>les</strong> relatives au taux <strong>de</strong> change<br />
16 000<br />
12 000<br />
8 000<br />
4 000<br />
0<br />
1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999<br />
Source : CHELEM – Calcul <strong>de</strong>s auteurs<br />
Graphique 4 A : Exportations observées et potentiel<strong>les</strong> <strong>de</strong>s Etats-Unis vers le Mexique<br />
160 000<br />
140 000<br />
Exportations tota<strong>les</strong> observées<br />
Exportations (hors maquiladoras) observées<br />
MCO<br />
MCO, Houston<br />
MCO, sans variab<strong>les</strong> relatives au taux <strong>de</strong> change<br />
120 000<br />
100 000<br />
80 000<br />
60 000<br />
40 000<br />
20 000<br />
0<br />
1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999<br />
Source : CHELEM – Calcul <strong>de</strong>s auteurs<br />
77
Graphique 4 B : Exportations observées et potentiel<strong>les</strong> <strong>de</strong>s Etats-Unis vers le Mexique<br />
90 000<br />
80 000<br />
70 000<br />
Exportations tota<strong>les</strong> observées<br />
Exportations (hors maquiladoras) observées<br />
Effets fixes couple pays<br />
Effets fixes couple pays, hors relations Etats-Unis/Canada<br />
Effets fixes coup<strong>les</strong> pays, sans variab<strong>les</strong> relatives au taux <strong>de</strong> change<br />
60 000<br />
50 000<br />
40 000<br />
30 000<br />
20 000<br />
10 000<br />
0<br />
1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999<br />
Source : CHELEM – Calcul <strong>de</strong>s auteurs<br />
Graphique 4 C : Exportations observées et potentiel<strong>les</strong> <strong>de</strong>s Etats-Unis vers le Mexique<br />
160 000<br />
140 000<br />
Exportations tota<strong>les</strong> observées<br />
Exportations (hors maquiladoras) observées<br />
MCO, sans <strong>les</strong> maquiladoras<br />
MCO, Houston, sans <strong>les</strong> maquiladoras<br />
Effets fixes couple pays, sans <strong>les</strong> maquiladoras<br />
120 000<br />
100 000<br />
80 000<br />
60 000<br />
40 000<br />
20 000<br />
0<br />
1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999<br />
Source : CHELEM – Calcul <strong>de</strong>s auteurs<br />
78
Graphique 5 : Evolutions <strong>de</strong>s parts <strong>de</strong> marché au Mexique<br />
80%<br />
70%<br />
Part <strong>de</strong> marché <strong>de</strong>s Etats-Unis<br />
au Mexique<br />
60%<br />
50%<br />
40%<br />
30%<br />
20%<br />
10%<br />
Part <strong>de</strong> marché <strong>de</strong> l'UE<br />
au Mexique<br />
0%<br />
1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998<br />
Source : Chelem CEPII – Calculs <strong>de</strong>s auteurs<br />
Graphique 6 : Evolutions <strong>de</strong>s parts <strong>de</strong> marché dans la zone « atelier » européenne (PECO +<br />
Turquie + Tunisie + Maroc)<br />
70%<br />
60%<br />
Part <strong>de</strong> marché <strong>de</strong> l'UE sur la zone<br />
PECO+Turquie+Tunisie+Maroc<br />
50%<br />
PECO<br />
40%<br />
30%<br />
20%<br />
Part <strong>de</strong> marché <strong>de</strong> l'UE sur la<br />
zone Turquie+Tunisie+Maroc<br />
10%<br />
Turquie<br />
Tunisie+Maroc<br />
Part <strong>de</strong> marché <strong>de</strong> l'UE sur la<br />
zone Tunisie + Maroc<br />
0%<br />
1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998<br />
Part <strong>de</strong> marché <strong>de</strong>s Etats-Unis sur<br />
la zone<br />
PECO+Turquie+Tunisie+Maroc<br />
Source : Chelem CEPII – Calculs <strong>de</strong>s auteurs<br />
79
Tableau 10 : Contribution à l’évolution <strong>de</strong>s parts <strong>de</strong> marché <strong>de</strong> l’Union européenne et <strong>de</strong>s Etats-<br />
Unis au Mexique entre 1994 et 1998 en millions <strong>de</strong> dollars<br />
Exportations<br />
Parts <strong>de</strong> marché<br />
1994 1999 Evolution 1994 1999 Différentiel<br />
Etats-Unis 49134 81381 65,6% 70,0% 74,0% 4,0%<br />
Union européenne 8261 10871 31,6% 11,8% 9,9% -1,9%<br />
Mon<strong>de</strong> 70237 109998 56,6% 100,0% 100,0% *<br />
Corrigées <strong>de</strong>s Maquiladoras<br />
Exportations<br />
Parts <strong>de</strong> marché<br />
1994 1998 Evolution 1994 1998 Différentiel<br />
Etats-Unis 36460 52486 44,0% 63,3% 64,7% 1,4%<br />
Union européenne 8261 10871 31,6% 14,4% 13,4% -0,9%<br />
Mon<strong>de</strong> 57564 81103 40,9% 100% 100% *<br />
Corrigées du différentiel <strong>de</strong> croissance du PIB<br />
Exportations<br />
Parts <strong>de</strong> marché<br />
1994 1998 Evolution 1994 1998 Différentiel<br />
Etats-Unis 36460 45138 23,8% 63,3% 61,2% -2,1%<br />
Union européenne 8261 10871 31,6% 14,4% 14,7% 0,4%<br />
Mon<strong>de</strong> 57564 73755 28,1% 100% 100% *<br />
80
BIBLIOGRAPHIE<br />
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7429.<br />
VINER J. (1950), The Custom Unions Issues, Carnegie Endowment for International Peace, New York.<br />
81
Le Mercosur face au développement<br />
<strong>de</strong>s échanges <strong>de</strong> la France<br />
<strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays du Maghreb et <strong>les</strong> PECO<br />
Arnaud Wachs<br />
Doctorant au GRIEM<br />
Université Montesquieu-Bor<strong>de</strong>aux IV<br />
Introduction<br />
La stratégie <strong>de</strong> diversification <strong>de</strong>s partenaires commerciaux <strong>de</strong> la France s’inscrit dans une<br />
volonté d’ouverture au marché <strong>de</strong>s pays constitutifs <strong>de</strong> <strong>zones</strong> en développement. En effet, <strong>les</strong><br />
récents <strong>accords</strong> européens <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange <strong>de</strong> l’Union européenne concernent <strong>les</strong> pays<br />
méditerranéens et plus particulièrement ceux du Maghreb qui appartiennent à la zone naturelle<br />
d’échanges <strong>de</strong> la France, <strong>les</strong> pays d’Europe centrale et orientale, candidats à l’adhésion à l’Union<br />
européenne et <strong>les</strong> pays d’Amérique latine, notamment <strong>les</strong> membres constitutifs du Mercosur 35 .<br />
Notre étu<strong>de</strong> tentera d’analyser la menace potentielle que représente le développement encore<br />
timi<strong>de</strong> et déséquilibré <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange entre l’Union européenne et <strong>les</strong> pays<br />
méditerranéens 36 pour <strong>les</strong> échanges <strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays du Mercosur. L’accent sera particulièrement<br />
mis sur <strong>les</strong> relations commercia<strong>les</strong> <strong>de</strong> la France <strong>avec</strong>, d’une part, l’Argentine et le Brésil 37 , et,<br />
d’autre part, <strong>les</strong> pays du Maghreb (incluant l’Egypte). Néanmoins, il semble pertinent d’intégrer à<br />
cette analyse comparative <strong>de</strong>ux autres groupes <strong>de</strong> pays qui s’insèrent parfaitement dans le cadre<br />
<strong>de</strong> cette problématique. D’une part, ce sont la Turquie et Israël, , qui représentent <strong>les</strong> pays<br />
méditerranéens disposant <strong>de</strong> dotations en infrastructures et en capital très supérieures aux autres<br />
pays <strong>de</strong> cet ensemble et, d’autre part, la Hongrie et la Pologne qui représentent <strong>les</strong> PECO 38 , futurs<br />
membres <strong>de</strong> l’Union européenne. En effet, ces pays semblent représenter la menace d’un effet<br />
d’éviction au niveau <strong>de</strong>s investissements directs étrangers et d’une réorientation <strong>de</strong>s échanges<br />
commerciaux à leur profit. Ces régions <strong>avec</strong> <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> la France développe <strong>de</strong>s relations<br />
commercia<strong>les</strong> sont fortement spécialisées dans <strong>de</strong>s productions primaires ou <strong>de</strong> faible valeur<br />
ajoutée. Le risque est donc grand <strong>de</strong> voir perdurer à la fois une spécialisation <strong>de</strong> type Nord-Sud<br />
au niveau commercial et une délocalisation industrielle <strong>de</strong> produits à faible et moyenne valeur<br />
ajoutée <strong>de</strong> la France vers ces <strong>zones</strong> en développement. Les créneaux sur <strong>les</strong>quels portent <strong>les</strong><br />
relations que ces régions entretiennent <strong>avec</strong> la France sont relativement proches. Il y a donc un<br />
risque pour que dans leurs relations commercia<strong>les</strong> <strong>avec</strong> la France, ces <strong>zones</strong> en développement<br />
<strong>de</strong>viennent concurrentes entre el<strong>les</strong> ou au contraire qu’el<strong>les</strong> cherchent à accentuer leurs<br />
spécialisation dans <strong>de</strong>s secteurs spécifiques.<br />
Quelle place dans ses relations commercia<strong>les</strong> la France réserve-t-elle à chacune <strong>de</strong> ces<br />
<strong>zones</strong> en développement? Doivent-el<strong>les</strong> se spécialiser à l’exportation vers la France dans <strong>les</strong><br />
35 Le Mercosur, institué par le Traité d’Asuncion en mars 1991 entre l’Argentine, le Brésil , le Paraguay et l’Uruguay, fonctionne<br />
comme une union douanière imparfaite <strong>de</strong>puis 1995.<br />
36 Les douze pays méditerranéens sont ceux qui ont signé l’accord <strong>de</strong> Barcelone en novembre 1995, qui peut être considéré<br />
comme le point <strong>de</strong> départ du renouveau du partenariat entre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux rives <strong>de</strong> la Méditerranée. Ce sont l’Algérie, Chypre,<br />
l’Egypte, Israël, la Jordanie, le Liban, le Maroc, Malte, la Syrie, la Tunisie, la Turquie, <strong>les</strong> Territoires autonomes pa<strong>les</strong>tiniens.<br />
37 Cette étu<strong>de</strong> portera sur <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux grands pays membres <strong>de</strong> cette zone d’intégration régionale, l’Argentine et le Brésil, qui<br />
représentent la quasi totalité du poids économique <strong>de</strong> la zone.<br />
38 Les pays d’Europe Centrale et Orientale seront représenté dans le cadre <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong> par la Bulgarie, la Hongrie, la Pologne,<br />
la République Tchèque, la Roumanie et la Slovaquie, l’Albanie bien que n’étant pas candidate à l’adhésion à l’Union européenne<br />
y est également intégrée pour <strong>de</strong>s raisons statistiques.<br />
82
filières à fort avantage comparatif révélé, même si ces <strong>de</strong>rnières sont majoritairement constituées<br />
<strong>de</strong> produits <strong>de</strong> faible intensité technologique? Ces interrogations permettent <strong>de</strong> déterminer quel<br />
est le potentiel <strong>de</strong> développement <strong>de</strong>s relations commercia<strong>les</strong> <strong>de</strong> la France <strong>avec</strong> ces trois <strong>zones</strong>.<br />
Tout d’abord, un intérêt particulier sera accordé aux évolutions <strong>de</strong>s balances<br />
commercia<strong>les</strong> globa<strong>les</strong> et sectoriel<strong>les</strong> <strong>de</strong>s principaux pays constitutifs <strong>de</strong> ces <strong>zones</strong> <strong>avec</strong> la<br />
France. Il sera, en effet, très utile <strong>de</strong> connaître <strong>les</strong> particularités et <strong>les</strong> créneaux d’exportations <strong>de</strong><br />
chacune <strong>de</strong> ces <strong>zones</strong> et <strong>de</strong> <strong>les</strong> mettre en relation <strong>avec</strong> leurs avantages comparatifs révélés et ceux<br />
<strong>de</strong>s principaux fournisseurs actuels <strong>de</strong> la France. Cette étu<strong>de</strong> visera aussi à évaluer, à travers cette<br />
mise en relation, la bonne adéquation <strong>de</strong> la structure d’exportation <strong>de</strong> ces pays <strong>avec</strong> la structure<br />
<strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> française. L’analyse du contenu en intensité technologique et <strong>de</strong> la composition<br />
intra-branche <strong>de</strong>s échanges déterminera si la caractéristique <strong>de</strong>s relations commercia<strong>les</strong> <strong>de</strong> la<br />
France <strong>avec</strong> ces partenaires va durablement revêtir une typologie <strong>de</strong>s échanges Nord-Sud.<br />
Enfin, à partir du calcul <strong>de</strong>s coefficients <strong>de</strong> complémentarité <strong>de</strong> structure et <strong>de</strong>s intensités<br />
relatives bilatéra<strong>les</strong>, l’analyse s’efforcera, tout en tenant compte <strong>de</strong> l’évolution du cadre<br />
réglementaire, d’évaluer <strong>les</strong> potentiels <strong>de</strong> développement <strong>de</strong>s échanges entre la France et<br />
respectivement <strong>les</strong> pays du Maghreb, du Mercosur et <strong>les</strong> PECO.<br />
1. Une composition et une évolution <strong>de</strong>s échanges fortement influencées par la<br />
préférence européenne<br />
La composition géographique <strong>de</strong>s échanges <strong>de</strong> la France a connu une double tendance : un<br />
accroissement du nombre <strong>de</strong> pays <strong>avec</strong> <strong>les</strong>quels elle entretient <strong>de</strong>s relations commercia<strong>les</strong><br />
significatives et l’intensification <strong>de</strong> ses échanges <strong>avec</strong> <strong>de</strong>s partenaires commerciaux plus<br />
traditionnels. Cette évolution <strong>de</strong> la structure <strong>de</strong> la composition géographique <strong>de</strong>s échanges<br />
français s’inscrit bien évi<strong>de</strong>mment dans la logique européenne récente d’<strong>accords</strong> <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange<br />
ou <strong>de</strong> rapprochement économique <strong>avec</strong> <strong>les</strong> <strong>zones</strong> en développement. Nous allons donc<br />
commencer par étudier l’évolution récente du sol<strong>de</strong> <strong>de</strong> la balance commerciale française, après<br />
avoir présenté <strong>les</strong> principa<strong>les</strong> spécificités socio-économiques <strong>de</strong>s pays auxquels cette étu<strong>de</strong> va<br />
plus particulièrement s’intéresser. Puis, l’attrait commercial <strong>de</strong> la France et celui que représente<br />
pour elle ses partenaires, à la fois dans la composition <strong>de</strong>s exportations et <strong>de</strong>s importations, sera<br />
mis en évi<strong>de</strong>nce.<br />
1.1. Quel<strong>les</strong> spécificités pour <strong>les</strong> différents partenaires ?<br />
Cette étu<strong>de</strong> se concentrera plus particulièrement sur <strong>les</strong> relations commercia<strong>les</strong><br />
qu’entretient la France <strong>avec</strong> un échantillon <strong>de</strong> pays ne bénéficiant pas <strong>de</strong>s mêmes conditions<br />
d’accès à son marché. Ces différences institutionnel<strong>les</strong> ainsi que <strong>les</strong> caractéristiques socioéconomiques<br />
<strong>de</strong> ces pays vont fortement influencer <strong>les</strong> possibilités <strong>de</strong> développement <strong>de</strong>s<br />
relations commercia<strong>les</strong> ainsi que cel<strong>les</strong> <strong>de</strong>s investissements directs.<br />
1.1.1. Un traitement différent 39 dans l’accès au marché européen<br />
La France en tant que pays membre <strong>de</strong> l’Union européenne est signataire et bénéficiaire à<br />
ce titre <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange et <strong>de</strong> libéralisation commerciale que cette entité a signé <strong>avec</strong><br />
différents groupes <strong>de</strong> pays. Le Mercosur, <strong>les</strong> pays méditerranéens et <strong>les</strong> pays d’Europe Centrale<br />
et Orientale (PECO) ont signé <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> visant à libéraliser le commerce <strong>avec</strong> l’Union<br />
européenne. De ces <strong>accords</strong> va dépendre le <strong>de</strong>gré d’ouverture et <strong>de</strong> libéralisation sectorielle <strong>de</strong>s<br />
marchés européens (et français). La structure <strong>de</strong>s préférences sera donc différente selon<br />
l’appartenance du pays partenaire à une zone définie. C’est ainsi que ces trois <strong>zones</strong> en<br />
39 Voir notamment M.R. Castilho (1998)<br />
83
développement n’appartiennent pas au même groupe qui constitue <strong>les</strong> étages <strong>de</strong> ce que M.R.<br />
Castilho définit comme la pyrami<strong>de</strong> <strong>de</strong>s préférences européennes. En effet, à partir <strong>de</strong> la<br />
composition <strong>de</strong>s échanges et <strong>de</strong> la structure sectorielle <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> douanes et <strong>de</strong>s barrières non<br />
tarifaires, est déterminée une typologie <strong>de</strong>s caractéristiques dans le <strong>de</strong>gré d’accès au marché<br />
européen. Les pays du Maghreb <strong>avec</strong> la France, et plus généralement <strong>les</strong> pays du Bassin<br />
méditerranéen <strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays du Sud <strong>de</strong> l’Europe, entretiennent <strong>de</strong>s relations commercia<strong>les</strong> qui<br />
résultent <strong>de</strong> liens historiques forts. Ces pays méditerranéens représentent la zone naturelle<br />
d’échanges <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l’Union européenne. Les pays méditerranéens, grâce au renouveau du<br />
partenariat <strong>avec</strong> l’Union européenne amorcé à Barcelone, bénéficient d’une coopération<br />
économique et financière soutenue. Cette ai<strong>de</strong> financière 40 sous la forme du programme MEDA<br />
et <strong>de</strong> prêts <strong>de</strong> la BEI doit permettre aux pays bénéficiaires d’entreprendre <strong>les</strong> efforts <strong>de</strong> réforme<br />
économique afin <strong>de</strong> dynamiser <strong>les</strong> marchés intérieurs et <strong>de</strong> faciliter l’insertion compétitive.<br />
L’analyse sera conduite en privilégiant le Maroc et la Tunisie qui sont <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux pays<br />
méditerranéens <strong>les</strong> plus avancés dans l’application <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> <strong>avec</strong> l’Union européenne.<br />
Les PECO sont <strong>de</strong>s pays en transition 41 vers l’adhésion à l’Union européenne. A ce titre,<br />
ils disposent déjà d’un accès préférentiel aux marchés <strong>de</strong>s Etats membres. Ils ont bénéficié d’un<br />
afflux d’investissements directs étrangers européens et d’un dispositif financier communautaire<br />
<strong>de</strong> pré-adhésion qui auront permis l’adoption <strong>de</strong>s réformes structurel<strong>les</strong> nécessaires à la<br />
mo<strong>de</strong>rnisation <strong>de</strong> leur appareil productif ainsi que le développement d’industries à haute valeur<br />
ajoutée et intensité technologique élevé.<br />
Le Mercosur qui n’appartient pas à la zone naturelle d’échanges <strong>de</strong> l’Union européenne<br />
entretient <strong>avec</strong> elle 42 <strong>de</strong>s relations commercia<strong>les</strong> importantes. Cette zone constituant un enjeu<br />
économique important, notamment dans la perspective <strong>de</strong> la création <strong>de</strong> l’ALEA 43 , un processus<br />
<strong>de</strong> libéralisation <strong>de</strong>s échanges est en cours <strong>de</strong> négociation 44 entre l’Union européenne et le<br />
Mercosur. Néanmoins, le Mercosur apparaît très nettement désavantagé par rapport aux autres<br />
pays <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> puisqu’ils n’appartiennent pas au même groupe dans la pyrami<strong>de</strong> <strong>de</strong>s préférences<br />
européennes.<br />
40 Le règlement MEDA constitue un appui financier à la transition économique et aux coûts sociaux <strong>de</strong> la restructuration<br />
industrielle <strong>de</strong> l’économie.<br />
41 L’entrée <strong>de</strong>s PECO dans l’Union européenne va profondément bouleverser l’ordre <strong>de</strong>s préférences puisqu’ils bénéficieront<br />
alors d’un traitement préférentiel par rapport aux pays du Maghreb. Ils ne pourront plus faire l’objet <strong>de</strong> barrières non tarifaires <strong>de</strong><br />
la part <strong>de</strong> l’Union européenne et leur rattrapage économique qui permettra une insertion compétitive sera facilité par<br />
l’intermédiaire <strong>de</strong>s fonds structurels.<br />
42 Les pays du Sud <strong>de</strong> l’Europe notamment pour <strong>de</strong>s raisons historiques.<br />
43 Accord <strong>de</strong> Libre-Echange <strong>de</strong>s Amériques.<br />
44 Le Processus <strong>de</strong> Madrid a été institué en 1995 dans le but <strong>de</strong> créer une zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange.<br />
84
1.1.2. Evaluations <strong>de</strong>s principa<strong>les</strong> asymétries par <strong>les</strong> indicateurs socioéconomiques<br />
<strong>de</strong> base<br />
Tableau 1 : Indicateurs socio-économiques <strong>de</strong> la France et <strong>de</strong>s pays partenaires<br />
Méditerranéens, du Mercosur et <strong>de</strong>s PECO considérés.<br />
Pays<br />
Population<br />
totale en<br />
1999 (en<br />
millions)<br />
Taux <strong>de</strong><br />
croissance<br />
moyen 1995-<br />
1999 (en %)<br />
Population<br />
Urbaine<br />
(en %)<br />
Espérance<br />
<strong>de</strong> vie à la<br />
naissance<br />
Coefficient<br />
<strong>de</strong> Gini<br />
Taux<br />
d’analphabé<br />
tisme<br />
moyen<br />
France 58,6 0,34 75 78,5 37,2 -<br />
Argentine<br />
36,6<br />
1,26<br />
89<br />
73,6<br />
58,3<br />
3,2<br />
Brésil<br />
168<br />
1,30<br />
80<br />
67,1<br />
59,1<br />
15,1<br />
Algérie<br />
29,8<br />
1,60<br />
59<br />
70,8<br />
35,3<br />
33,5*<br />
Maroc<br />
29,3<br />
1,69<br />
55<br />
67,2<br />
39,5<br />
51,9*<br />
Tunisie<br />
9,4<br />
1,36<br />
65<br />
72,5<br />
41,7<br />
30,2*<br />
Egypte<br />
66,7<br />
1,85<br />
45<br />
66,8<br />
28,9<br />
45.5*<br />
Israël<br />
5,9<br />
2,34<br />
91<br />
78,2<br />
35,5<br />
4,2*<br />
Turquie<br />
65,7<br />
1,54<br />
74<br />
69,5<br />
41,5<br />
15,4*<br />
Hongrie 10,1 -0,40 64 70,6<br />
Pologne 38,7 0,03 65 73,2<br />
Note: * le taux d’analphabétisme <strong>de</strong>s femmes est très supérieur à celui <strong>de</strong>s hommes.<br />
Sources: World Development Indicators 1998-1999, Banque mondiale.<br />
24,4<br />
31,6<br />
0,7<br />
0,3<br />
Tableau 2 : Indicateurs macro-économiques<br />
Pays<br />
PIB en 1998<br />
(en milliards <strong>de</strong><br />
$)<br />
PIB par habitant en<br />
PPA en 1999<br />
(en $)<br />
Taux <strong>de</strong><br />
croissance du<br />
PIB par habitant<br />
PPA (1995-<br />
1999)<br />
Entrées nettes<br />
d’IDE en 1999<br />
(en millions <strong>de</strong><br />
$)<br />
France 1437,589 19845 8,8 38800<br />
Argentine<br />
340,897<br />
7591<br />
8,8<br />
23900<br />
Brésil<br />
771,616<br />
5655<br />
1,3<br />
32700<br />
Algérie<br />
47,401<br />
2965<br />
2,2<br />
7<br />
Maroc<br />
36,363<br />
3412<br />
8,3<br />
2,7<br />
Tunisie<br />
34,901<br />
5580<br />
19,0<br />
350<br />
Egypte<br />
83,320<br />
4539<br />
15,1<br />
1070<br />
Israël<br />
95,620<br />
14790<br />
2,8<br />
2360<br />
Turquie<br />
209,983<br />
6716<br />
5,2<br />
783<br />
Hongrie<br />
47,371<br />
6750<br />
17,1<br />
Pologne<br />
149,670<br />
6939<br />
23,6<br />
Sources: World <strong>de</strong>velopment Indicators 2001, Banque mondiale et Base <strong>de</strong> données CHELEM.<br />
1950<br />
7270<br />
85
Ces <strong>de</strong>ux tableaux mettent en avant une asymétrie <strong>de</strong>s caractéristiques socio-économiques<br />
qui vont fortement influencer à la fois la structure <strong>de</strong>s échanges et l’attrait <strong>de</strong>s pays sur <strong>les</strong><br />
investissements directs étrangers. La taille du marché, la richesse <strong>de</strong> la population et le niveau <strong>de</strong><br />
la formation apparaissent comme <strong>les</strong> caractéristiques socio-économiques déterminantes dans<br />
l’afflux d’IDE, comme en témoigne le montant <strong>de</strong>s investissements directs étrangers <strong>de</strong>stinés au<br />
Mercosur afin <strong>de</strong> satisfaire la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> locale. Les pays du Maghreb souffrent dans ce domaine,<br />
(l’hypotrophie <strong>de</strong>s investissements reçus). Les cas <strong>de</strong> la Turquie et d’Israël sont intéressants<br />
puisque ces pays qui appartiennent au même groupe dans l’accès préférentiel au marché<br />
européen, et disposent <strong>de</strong> ressources en capital humain élevées, d’infrastructures développées et<br />
d’une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> potentielle forte, sont <strong>de</strong>s <strong>de</strong>stinations prioritaires <strong>de</strong>s IDE dans le bassin<br />
méditerranéen. En fait, si on observe <strong>les</strong> données <strong>de</strong>s tableaux 1 et 2, la différence importance <strong>de</strong><br />
richesse et <strong>de</strong> développement qui existe entre ces pays et la France va cantonner leurs relations<br />
commercia<strong>les</strong> à <strong>de</strong>s relations du type Nord-Sud, traduisant une différence <strong>de</strong> dotation factorielle.<br />
La population rurale encore importante dans <strong>les</strong> pays du Maghreb est une explication <strong>de</strong> la<br />
spécialisation agricole importante <strong>de</strong> ces pays.<br />
Les pays du Mercosur son fortement inégalitaires, comme en témoigne le coefficient élevé<br />
<strong>de</strong> Gini. On retrouve dans cette présentation rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s aspects socio-économiques l’asymétrie<br />
caractéristique <strong>de</strong> ces pays. Mais cet aspect inégalitaire (dans sa dimension spatiale) va remettre<br />
en cause cette différence <strong>de</strong> dotation factorielle, car il semble que <strong>les</strong> populations <strong>de</strong> la “banane<br />
bleue 45 sud-américaine” aient un niveau <strong>de</strong> vie et <strong>de</strong> développement bien supérieur aux valeurs<br />
moyennes qui sont présentées dans <strong>les</strong> tableaux précé<strong>de</strong>nts. Ce dualisme économique et social<br />
apparaît dans la typologie <strong>de</strong>s échanges entre la France et <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux grands pays du Mercosur. Les<br />
asymétries caractéristiques <strong>de</strong> ces <strong>zones</strong> en développement vont se retrouver <strong>avec</strong> la France et<br />
entre <strong>les</strong> différents pays à la fois dans le sol<strong>de</strong> <strong>de</strong> la balance commerciale et la composition <strong>de</strong>s<br />
échanges.<br />
1.2. Un sol<strong>de</strong> <strong>de</strong> la balance commerciale qui ne cesse <strong>de</strong> croître<br />
Graphique 1: Sol<strong>de</strong>s <strong>de</strong> la balance commerciale globale <strong>de</strong> la France <strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays<br />
<strong>de</strong> l'étu<strong>de</strong><br />
3500<br />
3000<br />
2500<br />
2000<br />
1500<br />
1000<br />
500<br />
0<br />
-500<br />
Argentine<br />
Brésil<br />
Algérie<br />
Maroc<br />
Tunisie<br />
Egypte<br />
Hongrie<br />
Pologne<br />
Israël<br />
Turquie<br />
-1000<br />
1982 1986 1990 1994 1998<br />
Source: d'après <strong>les</strong> données <strong>de</strong> la base<br />
Les <strong>accords</strong> <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange ou <strong>de</strong> libéralisation commerciale dans <strong>les</strong>quels ces pays se<br />
sont engagés en se rapprochant <strong>de</strong> l’Union européenne ont <strong>de</strong> fortes répercussions sur le sol<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
45 Dénomination géographique, en référence au modèle européen, <strong>de</strong> cette zone économique qui concentre <strong>les</strong> pouvoirs et <strong>les</strong><br />
richesses du Cône Sud. Elle englobe le Brésil au sud <strong>de</strong> Rio <strong>de</strong> Janeiro, l’Uruguay, le nord fertile <strong>de</strong> l’Argentine autour du Rio<br />
Paraña et la région centrale du Chili.<br />
86
leurs balance commerciale. Les graphiques 1 et 2 ci-<strong>de</strong>ssous montrent bien que la France dégage<br />
un sol<strong>de</strong> commercial qui ne cesse <strong>de</strong> s’accroître <strong>de</strong>puis 1990 <strong>avec</strong> l’ensemble <strong>de</strong> pays appartenant<br />
à ces <strong>zones</strong> en développement. Le sol<strong>de</strong> commercial <strong>avec</strong> le Brésil est même <strong>de</strong>venu positif en<br />
1997. La France a su tirer pleinement parti <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> <strong>de</strong> libéralisation <strong>de</strong>s échanges et <strong>de</strong><br />
l’ouverture commerciale <strong>de</strong> ces pays. Le graphique 2 met l’accent sur le développement <strong>de</strong>s<br />
échanges commerciaux récents entre la France et <strong>les</strong> pays candidats à l’adhésion (la Hongrie, la<br />
Pologne et la Turquie).<br />
Les échanges importants <strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays du Maghreb pour <strong>de</strong>s raisons historiques et<br />
géographiques que nous avons évoquées n’ont connu qu’une progression relativement faible. Il<br />
semble se <strong>de</strong>ssiner ce que l’on étudiera en détail dans la <strong>de</strong>uxième section que ces <strong>zones</strong> en<br />
développement ne seraient que <strong>de</strong>s marchés pour <strong>les</strong> produits français. C’est ce qu’indique la<br />
croissance très forte <strong>de</strong>s seu<strong>les</strong> exportations vers ces pays. Seuls <strong>les</strong> PECO apparaissent par le<br />
développement conjugué <strong>de</strong> leurs exportations et <strong>de</strong> leurs importations comme <strong>de</strong> véritab<strong>les</strong><br />
partenaires.<br />
1.3. Le poids dans <strong>les</strong> échanges : un attrait qui manque <strong>de</strong> réciprocité<br />
L’analyse <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux tableaux suivants va nous permettre <strong>de</strong> mieux cerner l’importance<br />
relative que représente le marché français pour ces <strong>zones</strong> en développement <strong>avec</strong> <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> <strong>de</strong>s<br />
<strong>accords</strong> <strong>de</strong> libéralisation <strong>de</strong>s échanges sont en négociation. Le manque flagrant <strong>de</strong> réciprocité<br />
dans la part prise dans <strong>les</strong> échanges <strong>de</strong> chacun <strong>de</strong>s partenaires reflète <strong>les</strong> asymétries macroéconomiques<br />
et socio-économiques que nous avons mis en avant en début d’analyse. Cela nous<br />
permettra à travers l’analyse <strong>de</strong> la place respective du pays dans <strong>les</strong> échanges du partenaire en<br />
Graphique 2: Evolution <strong>de</strong>s échanges <strong>de</strong> la France <strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'étu<strong>de</strong><br />
4000<br />
3500<br />
3000<br />
2500<br />
2000<br />
1500<br />
1000<br />
500<br />
exportations<br />
importations<br />
0<br />
Argentine Brésil Algérie Maroc Tunisie Egypte Hongrie Pologne Israël Turquie<br />
Notes: <strong>les</strong> exportations et <strong>les</strong> importations sont présentées ici pour <strong>les</strong> années 1982,1986,1990,1994 et<br />
Source: d'après <strong>les</strong> données <strong>de</strong> la base<br />
termes d’exportations et d’importations d’étayer la différenciation entre marché et partenaire.<br />
87
Tableau 3 : La place respective <strong>de</strong>s pays dans <strong>les</strong> exportations du partenaire en 1990 et 1998.<br />
Part <strong>de</strong> la France dans <strong>les</strong> exportations Part dans <strong>les</strong> exportations françaises<br />
PAYS 1990 1998 1990 1998<br />
Algérie<br />
14,5<br />
13,2<br />
1,3<br />
0,9<br />
Maroc<br />
35<br />
29<br />
0,9<br />
0,9<br />
Tunisie<br />
26<br />
27<br />
0,75<br />
0,74<br />
Egypte<br />
4,8<br />
3,8<br />
0,6<br />
0,5<br />
Argentine<br />
3,5<br />
1,6<br />
0,1<br />
0,5<br />
Brésil<br />
4,8<br />
3,5<br />
0,35<br />
0,7<br />
Israël<br />
5,4<br />
3,4<br />
0,3<br />
0,4<br />
Turquie<br />
6,1<br />
5,2<br />
0,6<br />
1<br />
Hongrie*<br />
3,5<br />
4,4<br />
0,1<br />
0,4<br />
Pologne*<br />
4,4<br />
4,9<br />
0,2<br />
0,9<br />
UE (15) 66,3 62,9<br />
Note: * pour <strong>de</strong>s raisons statistiques l’année <strong>de</strong> référence sera 1994 et non 1990, pour ces <strong>de</strong>ux pays.<br />
Source : Calculs <strong>de</strong> l’auteur, à partir <strong>de</strong>s données <strong>de</strong>s Douanes françaises et <strong>de</strong> la base <strong>de</strong> données Chelem.<br />
La différence dans le poids économique, que l’on apprécie par le rapport <strong>de</strong>s produits<br />
intérieurs bruts, constitue une <strong>de</strong>s raisons principa<strong>les</strong> <strong>de</strong> l’asymétrie qui existe entre la part <strong>de</strong> la<br />
France dans la structure d’échanges <strong>de</strong> ses partenaires et celle <strong>de</strong> ses partenaires dans la structure<br />
d’échanges française. Le poids économique <strong>de</strong> la France varie entre le double par rapport au<br />
géant brésilien et plus <strong>de</strong> quarante par rapport à la Tunisie. Cette situation reflète bien la double<br />
asymétrie qui existe entre, d’une part, la France et <strong>les</strong> pays partenaires <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> et, d’autre part,<br />
entre <strong>les</strong> pays constitutifs <strong>de</strong> ces <strong>zones</strong> en développement. Ces <strong>de</strong>ux tableaux mettent en avant<br />
une double distinction, à la fois sur la nature <strong>de</strong>s échanges et sur l’importance géographique. La<br />
distinction géographique est la plus flagrante entre <strong>les</strong> pays du Maghreb qui occupent<br />
traditionnellement une place importante dans <strong>les</strong> relations bilatéra<strong>les</strong>, et <strong>les</strong> autres pays pour qui<br />
la France est présente dans leurs échanges à hauteur <strong>de</strong> 5 %. Le tableau <strong>de</strong>s exportations<br />
représente <strong>les</strong> évolutions <strong>les</strong> plus intéressantes <strong>avec</strong> la part croissante constituée par ces <strong>zones</strong> en<br />
développement dans l’ensemble <strong>de</strong> exportations françaises. Inversement, la part <strong>de</strong> ces pays dans<br />
la structure d’importations françaises ne connaît une appréciation que pour <strong>les</strong> PECO, le Maroc et<br />
la Tunisie qui sont <strong>les</strong> pays méditerranéens <strong>les</strong> plus avancés dans le processus en cours.<br />
88
Tableau 4 : La place respective <strong>de</strong>s pays dans <strong>les</strong> importations du partenaire en 1990 et 1998<br />
Part <strong>de</strong> la France dans <strong>les</strong><br />
importations (en %)<br />
Part dans <strong>les</strong> importations françaises<br />
(en%)<br />
PAYS 1990 1998 1990 1998<br />
Algérie<br />
28,8<br />
28,2<br />
0,8<br />
0,5<br />
Maroc<br />
26,4<br />
25,6<br />
0,8<br />
0,9<br />
Tunisie<br />
30,6<br />
26,7<br />
1,2<br />
1,7<br />
Egypte<br />
10,6<br />
7,3<br />
0,3<br />
0,2<br />
Argentine<br />
5<br />
5,3<br />
0,2<br />
0,1<br />
Brésil<br />
3,4<br />
3,5<br />
0,7<br />
0,6<br />
Israël<br />
4,4<br />
4,7<br />
0,3<br />
0,3<br />
Turquie<br />
6,3<br />
6,8<br />
0,3<br />
0,5<br />
Hongrie*<br />
3,5<br />
4,5<br />
0,2<br />
0,4<br />
Pologne*<br />
4,4<br />
6,3<br />
0,25<br />
0,4<br />
UE (15) 66,6 66<br />
Note: * pour <strong>de</strong>s raisons statistiques l’année <strong>de</strong> référence sera 1994, pour ces <strong>de</strong>ux pays.<br />
Source: calculs <strong>de</strong> l’auteur, à partir <strong>de</strong>s données <strong>de</strong>s Douanes françaises et <strong>de</strong> la base <strong>de</strong> données Chelem.<br />
Cette asymétrie plurielle, économique et dans l’accès au marché européen, va se retrouver<br />
dans la structure <strong>de</strong>s échanges et dans la perspective <strong>de</strong> développement <strong>de</strong>s relations<br />
commercia<strong>les</strong>.<br />
2. Structure et évolution structurelle <strong>de</strong>s échanges<br />
L’analyse <strong>de</strong>s principa<strong>les</strong> composantes du commerce bilatéral s’est faite à partir <strong>de</strong>s<br />
données désagrégées en CPF4 <strong>de</strong>s Douanes françaises sur la pério<strong>de</strong> 1994-2000 et <strong>de</strong> la<br />
décomposition en 11 filières regroupant 69 produits <strong>de</strong> la base <strong>de</strong> données Chelem.<br />
2.1. Les filières <strong>de</strong> produits primaires: une place inopportune ?<br />
89
Tableau 5 : Composition géographique et structure par filières <strong>de</strong>s importations françaises en 1990<br />
Filières ALENA ASEAN Mercosur Pays Med. Maghreb U.E.(15) PECO Mon<strong>de</strong><br />
Energétique<br />
Agroaliment<br />
Textile<br />
Bois Papier<br />
Chimique<br />
Sidérurgie<br />
Non ferreux<br />
Mécanique<br />
Véhicu<strong>les</strong><br />
Electrique<br />
Electronique<br />
Nda<br />
TOTAL<br />
6,25<br />
6,55<br />
1,94<br />
8,08<br />
12,99<br />
0,72<br />
2,37<br />
33,00<br />
2,21<br />
3,37<br />
18,11<br />
0,21<br />
16176,527<br />
0,98<br />
22,53<br />
23,29<br />
9,14<br />
4,17<br />
0,13<br />
0,91<br />
1,00<br />
0,38<br />
2,33<br />
32,00<br />
3,13<br />
2612,571<br />
0,65<br />
61,38<br />
6,24<br />
5,55<br />
7,55<br />
7,91<br />
2,81<br />
4,16<br />
1,49<br />
0,69<br />
1,24<br />
0,33<br />
1986,55<br />
37,08<br />
14,41<br />
31,13<br />
1,21<br />
7,55<br />
0,09<br />
0,94<br />
1,32<br />
0,72<br />
1,83<br />
2,91<br />
0,80<br />
6811,189<br />
40,55<br />
12,64<br />
33,91<br />
1,30<br />
5,19<br />
0,04<br />
0,95<br />
0,55<br />
0,74<br />
1,81<br />
2,26<br />
0,07<br />
4578,44<br />
3,24<br />
10,86<br />
7,98<br />
9,27<br />
17,00<br />
4,65<br />
2,67<br />
16,63<br />
12,93<br />
4,89<br />
7,96<br />
1,92<br />
154853,583<br />
5,24<br />
16,98<br />
17,62<br />
10,64<br />
19,45<br />
5,76<br />
3,71<br />
9,74<br />
2,51<br />
6,57<br />
1,58<br />
0,21<br />
2070,996<br />
Note : <strong>les</strong> chiffres représentent le pourcentage <strong>de</strong> la filière considérée à l’intérieur <strong>de</strong> chaque bloc économique<br />
Source : D’après <strong>les</strong> données <strong>de</strong> la base Chelem<br />
9,02<br />
11,18<br />
8,46<br />
8,22<br />
14,71<br />
3,63<br />
3,00<br />
15,57<br />
9,94<br />
4,30<br />
9,79<br />
2,18<br />
229090,125<br />
Tableau 6 : Composition géographique et structure par filières <strong>de</strong>s importations françaises<br />
en 1998<br />
Filières ALENA ASEAN Mercosur Pays Med. Maghreb U.E.(15) PECO Mon<strong>de</strong><br />
Energétique<br />
Agroaliment.<br />
Textile<br />
Bois Papier<br />
Chimique<br />
Sidérurgie<br />
Non ferreux<br />
Mécanique<br />
Véhicu<strong>les</strong><br />
Electrique<br />
Electronique<br />
Nda<br />
TOTAL<br />
1,43<br />
4,30<br />
1,32<br />
6,59<br />
15,98<br />
0,64<br />
1,22<br />
34,00<br />
1,48<br />
3,93<br />
25,27<br />
3,83<br />
21589,371<br />
0,68<br />
10,46<br />
20,86<br />
7,25<br />
5,51<br />
0,11<br />
0,50<br />
1,87<br />
1,29<br />
4,43<br />
45,58<br />
1,45<br />
6175,226<br />
0,14<br />
56,47<br />
1,85<br />
9,66<br />
5,22<br />
11,29<br />
3,06<br />
6,10<br />
4,42<br />
0,57<br />
1,11<br />
0,12<br />
2188,983<br />
22,03<br />
11,35<br />
38,60<br />
1,26<br />
7,42<br />
0,42<br />
1,13<br />
2,48<br />
1,06<br />
4,98<br />
8,46<br />
0,81<br />
8411,302<br />
26,04<br />
9,11<br />
42,38<br />
1,07<br />
5,23<br />
0,42<br />
1,13<br />
1,03<br />
4,42<br />
0,57<br />
1,11<br />
0,12<br />
5645,123<br />
1,93<br />
10,91<br />
6,66<br />
8,21<br />
17,39<br />
4,04<br />
1,91<br />
16,11<br />
13,06<br />
5,24<br />
10,49<br />
4,05<br />
200162,412<br />
1,67<br />
5,89<br />
20,01<br />
7,45<br />
11,57<br />
3,36<br />
4,65<br />
9,87<br />
10,29<br />
8,92<br />
16,09<br />
0,22<br />
4309,594<br />
Note : <strong>les</strong> chiffres représentent le pourcentage <strong>de</strong> la filière considérée à l’intérieur <strong>de</strong> chaque bloc économique<br />
Source : D’après <strong>les</strong> données <strong>de</strong> la base Chelem<br />
5,33<br />
10,51<br />
8,30<br />
7,40<br />
15,73<br />
3,23<br />
2,22<br />
15,47<br />
10,15<br />
5,06<br />
13,11<br />
3,49<br />
294200,813<br />
90
Tableau 7 : Variation par décomposition géographique <strong>de</strong> la structure par filières <strong>de</strong>s<br />
importations françaises entre 1990 et 1998<br />
Filières ALENA ASEAN Mercosur Pays Med. Maghreb U.E.(15) PECO Mon<strong>de</strong><br />
Energétique<br />
Agroaliment.<br />
Textile<br />
Bois Papier<br />
Chimique<br />
Sidérurgie<br />
Non ferreux<br />
Mécanique<br />
Véhicu<strong>les</strong><br />
Electrique<br />
Electronique<br />
TOTAL<br />
- 69,42<br />
- 12,48<br />
- 9,05<br />
+ 8,82<br />
+ 64,24<br />
+ 17,92<br />
- 31,35<br />
+ 37,51<br />
- 10,64<br />
+ 55,75<br />
+ 86,23<br />
+ 33,46<br />
+ 63,96<br />
+ 9,77<br />
+ 111,71<br />
+ 87,54<br />
+ 212,04<br />
+ 101,36<br />
+ 30,08<br />
+ 340,28<br />
+ 698,96<br />
+ 349,71<br />
+ 236,70<br />
+ 136,37<br />
- 75,83<br />
+ 1,38<br />
- 67,30<br />
+ 91,65<br />
- 23,81<br />
+ 57,32<br />
+ 19,81<br />
+ 61,59<br />
+ 226,40<br />
- 9,14<br />
- 1,69<br />
+ 10,19<br />
- 26,65<br />
- 2,76<br />
+ 53,14<br />
+ 28,80<br />
+ 21,42<br />
+ 438,80<br />
+ 49,25<br />
+ 132,45<br />
+ 81,11<br />
+ 235,19<br />
+ 258,71<br />
+ 23,49<br />
- 20,83<br />
- 11,13<br />
+ 54,08<br />
+ 1,38<br />
+ 24,20<br />
+ 1331,30<br />
+ 47,40<br />
+ 130,68<br />
- 14,51<br />
+ 238,09<br />
+ 339,57<br />
+ 23,30<br />
- 23,13<br />
+ 29,83<br />
+ 7,90<br />
+ 14,47<br />
+ 32,24<br />
+ 12,47<br />
- 7,66<br />
+ 25,27<br />
+ 30,56<br />
+ 38,32<br />
+ 70,32<br />
+ 29,26<br />
- 33,68<br />
- 27,79<br />
+ 136,34<br />
+ 45,81<br />
+ 23,81<br />
+ 21,58<br />
+ 160,80<br />
+ 110,83<br />
+ 752,61<br />
+ 182,53<br />
+ 2022,61<br />
+ 108,09<br />
Note : <strong>les</strong> chiffres représentent le pourcentage <strong>de</strong> la filière considérée à l’intérieur <strong>de</strong> chaque bloc économique<br />
Source :d’après <strong>les</strong> données <strong>de</strong> la base Chelem<br />
- 24,07<br />
+ 20,73<br />
+ 26,00<br />
+ 15,53<br />
+ 37,32<br />
+ 14,31<br />
- 5,22<br />
+ 27,62<br />
+ 31,22<br />
+ 51,24<br />
+ 71,96<br />
+ 28,42<br />
Tableau 8 : Composition géographique et structure par filières <strong>de</strong>s exportations françaises<br />
en 1990<br />
Filières ALENA ASEAN Mercosur Pays Med. Maghreb U.E.(15) PECO Mon<strong>de</strong><br />
Energétique<br />
Agroaliment.<br />
Textile<br />
Bois Papier<br />
Chimique<br />
Sidérurgie<br />
Non ferreux<br />
Mécanique<br />
Véhicu<strong>les</strong><br />
Electrique<br />
Electronique<br />
Nda<br />
TOTAL<br />
2,69<br />
9,89<br />
4,83<br />
4,98<br />
16,21<br />
5,16<br />
1,81<br />
34,10<br />
5,60<br />
3,64<br />
8,73<br />
2,37<br />
15006,377<br />
0,39<br />
8,95<br />
3,62<br />
2,91<br />
21,43<br />
2,36<br />
0,98<br />
30,82<br />
3,79<br />
10,30<br />
13,82<br />
0,62<br />
2967,514<br />
1,05<br />
6,04<br />
2,17<br />
2,41<br />
26,54<br />
4,82<br />
0,74<br />
20,65<br />
18,54<br />
8,00<br />
8,91<br />
0,14<br />
975,852<br />
0,60<br />
16,05<br />
8,78<br />
3,40<br />
15,30<br />
3,76<br />
1,41<br />
23,60<br />
12,86<br />
5,98<br />
7,91<br />
0,34<br />
10440,988<br />
0,48<br />
12,34<br />
12,38<br />
3,87<br />
15,10<br />
2,77<br />
1,25<br />
21,85<br />
16,19<br />
5,61<br />
7,84<br />
0,34<br />
6243,823<br />
2,10<br />
19,08<br />
5,98<br />
6,12<br />
18,53<br />
4,99<br />
2,75<br />
14,03<br />
13,64<br />
4,40<br />
8,00<br />
0,38<br />
137290,103<br />
0,34<br />
16,65<br />
21,31<br />
3,15<br />
25,81<br />
3,09<br />
0,94<br />
20,90<br />
6,70<br />
5,01<br />
5,00<br />
0,08<br />
1671,591<br />
Note : <strong>les</strong> chiffres représentent le pourcentage <strong>de</strong> la filière considérée à l’intérieur <strong>de</strong> chaque bloc économique<br />
Source :d’après <strong>les</strong> données <strong>de</strong> la base Chelem<br />
2,27<br />
17,09<br />
6,15<br />
5,81<br />
18,37<br />
4,56<br />
2,23<br />
17,69<br />
11,75<br />
4,71<br />
8,28<br />
1,09<br />
209301,125<br />
91
Tableau 9 : Composition géographique et structure par filières <strong>de</strong>s exportations françaises<br />
en 1998<br />
Filières ALENA ASEAN Mercosur Pays Med. Maghreb U.E.(15) PECO Mon<strong>de</strong><br />
Energétique<br />
Agroaliment.<br />
Textile<br />
Bois Papier<br />
Chimique<br />
Sidérurgie<br />
Non ferreux<br />
Mécanique<br />
Véhicu<strong>les</strong><br />
Electrique<br />
Electronique<br />
Nda<br />
TOTAL<br />
0,93<br />
8,36<br />
3,48<br />
4,21<br />
16,08<br />
3,15<br />
1,16<br />
37,87<br />
3,67<br />
4,09<br />
13,25<br />
3,74<br />
26344,388<br />
0,31<br />
4,43<br />
1,70<br />
1,49<br />
11,55<br />
1,62<br />
0,48<br />
41,14<br />
0,86<br />
8,92<br />
24,63<br />
2,86<br />
5854,685<br />
1,62<br />
3,63<br />
2,13<br />
2,39<br />
21,35<br />
1,87<br />
0,52<br />
28,83<br />
18,41<br />
8,24<br />
7,08<br />
3,94<br />
3557,436<br />
1,76<br />
11,68<br />
12,28<br />
3,86<br />
16,74<br />
2,78<br />
1,14<br />
16,92<br />
9,88<br />
9,18<br />
11,55<br />
2,24<br />
14626,86<br />
0,96<br />
11,66<br />
18,49<br />
3,77<br />
15,51<br />
2,03<br />
0,90<br />
14,74<br />
10,99<br />
7,33<br />
11,96<br />
1,65<br />
7581,192<br />
1,73<br />
15,62<br />
5,00<br />
5,98<br />
17,84<br />
3,84<br />
1,86<br />
13,32<br />
15,44<br />
5,08<br />
11,73<br />
2,55<br />
187641,809<br />
0,92<br />
5,58<br />
8,79<br />
4,57<br />
23,34<br />
2,53<br />
0,74<br />
15,15<br />
14,02<br />
6,51<br />
15,43<br />
2,42<br />
6612,844<br />
Note : Les chiffres représentent le pourcentage <strong>de</strong> la filière considérée à l’intérieur <strong>de</strong> chaque bloc économique<br />
Source :D’après <strong>les</strong> données <strong>de</strong> la base Chelem<br />
1,90<br />
13,55<br />
5,33<br />
5,33<br />
17,46<br />
3,29<br />
1,53<br />
18,82<br />
12,15<br />
5,52<br />
12,24<br />
2,88<br />
298490,5<br />
Tableau 10 : Variation par décomposition géographique <strong>de</strong> la structure par filières <strong>de</strong>s<br />
exportations françaises entre 1990 et 1998<br />
Filières ALENA ASEAN Mercosur Pays Med. Maghreb U.E.(15) PECO Mon<strong>de</strong><br />
Energétique<br />
Agroaliment.<br />
Textile<br />
Bois Papier<br />
Chimique<br />
Sidérurgie<br />
Non ferreux<br />
Mécanique<br />
Véhicu<strong>les</strong><br />
Electrique<br />
Electronique<br />
TOTAL<br />
- 39,09<br />
+ 48,34<br />
+ 26,46<br />
+ 48,61<br />
+ 74,16<br />
+ 7,36<br />
+ 12,25<br />
+ 94,97<br />
+ 15,4<br />
+ 97,31<br />
+166,56<br />
+ 75,55<br />
+ 57,90<br />
- 2,25<br />
- 7,45<br />
+ 1,23<br />
+ 6,36<br />
+ 35,32<br />
- 4,50<br />
+ 163,35<br />
- 55,00<br />
+ 70,91<br />
+ 251,45<br />
+ 97,29<br />
+ 461,75<br />
+ 118,76<br />
+ 257,74<br />
+ 262,42<br />
+ 193,36<br />
+ 41,29<br />
+ 153,57<br />
+ 408,99<br />
+ 261,82<br />
+ 275,44<br />
+ 190,01<br />
+ 264,55<br />
+ 310,72<br />
+ 1,98<br />
+ 95,90<br />
+ 58,94<br />
+ 53,23<br />
+ 3,36<br />
+ 12,96<br />
+ 0,44<br />
+ 7,56<br />
+ 115,00<br />
+ 104,50<br />
+ 40,09<br />
+ 143,41<br />
+ 14,70<br />
+ 81,28<br />
+ 18,33<br />
+ 24,79<br />
- 10,84<br />
- 12,64<br />
- 18 08<br />
- 17,53<br />
+ 58,62<br />
+ 85,32<br />
+ 21,42<br />
+ 12,88<br />
+ 11,87<br />
+ 14,42<br />
+ 33,51<br />
+ 31,62<br />
+ 5,06<br />
- 7,60<br />
+ 29,84<br />
+ 54,67<br />
+ 57,90<br />
+ 100,37<br />
+ 36,68<br />
+ 966,57<br />
+ 32,66<br />
+ 182,29<br />
+ 473,53<br />
+ 257,84<br />
+ 223,17<br />
+ 210,29<br />
+ 186,83<br />
+ 727,79<br />
+ 414,02<br />
+ 1119,55<br />
+ 295,60<br />
Note : Les chiffres représentent le pourcentage <strong>de</strong> la filière considérée à l’intérieur <strong>de</strong> chaque bloc économique<br />
Source : D’après <strong>les</strong> données <strong>de</strong> la base Chelem<br />
+ 19,40<br />
+ 13,10<br />
+ 23,40<br />
+ 30,85<br />
+ 35,49<br />
+ 2,98<br />
- 1,94<br />
+ 51,71<br />
+ 47,49<br />
+ 67,25<br />
+ 110,75<br />
+ 42,61<br />
Les six tableaux précé<strong>de</strong>nts (Tableaux 5 à 10) nous présentent l’évolution <strong>de</strong> la<br />
composition <strong>de</strong>s échanges bilatéraux <strong>de</strong> la France, à la fois géographique mais surtout par filières,<br />
à l’intérieur <strong>de</strong>s blocs économiques. Cette présentation permet <strong>de</strong> distinguer la structure <strong>de</strong> la<br />
92
composition <strong>de</strong>s échanges caractéristique <strong>de</strong>s pays membres <strong>de</strong> ces <strong>zones</strong> en développement, <strong>de</strong><br />
celle qui prévaut globalement et pour <strong>les</strong> autres principaux partenaires commerciaux <strong>de</strong> la France.<br />
La composition par filières indique très nettement cette concentration à l’importation <strong>de</strong> la<br />
France sur <strong>de</strong>ux filières qui représentent plus <strong>de</strong> la moitié <strong>de</strong>s importations françaises <strong>de</strong>s pays du<br />
Mercosur et du Maghreb : l’Agro-alimentaire et le Textile. Les PECO ont eux aussi une part<br />
importante <strong>de</strong> leurs exportations vers la France dans ces <strong>de</strong>ux filières. Mais ils ont su développer<br />
une structure d’exportations plus variée et la part du textile et <strong>de</strong> l’agro-alimentaire reste située<br />
autour <strong>de</strong> 25 %. Les pays du Mercosur et du Maghreb n’ont pas, à l’instar <strong>de</strong>s PECO, développé<br />
<strong>de</strong>s filières d’exportations qui soient situées hors <strong>de</strong> cel<strong>les</strong> traditionnel<strong>les</strong> et peu porteuses<br />
concentrées dans le Textile, l’Agro-alimentaire et le Bois Papier. Les PECO ont notamment<br />
développé au cours <strong>de</strong> la décennie 1990 <strong>de</strong>s filières comme l’Électronique, <strong>les</strong> Véhicu<strong>les</strong>, <strong>les</strong><br />
Biens électriques qui témoignent d’un rattrapage technologique conséquent. Ce développement<br />
<strong>de</strong> filières plus porteuses a permis une augmentation globale <strong>de</strong> leurs exportations vers la France<br />
très au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> ce qu’ont pu réaliser le Mercosur et <strong>les</strong> pays Méditerranéens. La composition<br />
<strong>de</strong>s exportations françaises vers ces pays est assez équilibrée , elle est constituée essentiellement<br />
<strong>de</strong>s filières « Chimique », « Mécanique », « Véhicule », « Electrique » et « Electronique ». La<br />
variation <strong>de</strong>s exportations françaises confirme l’importance prise par <strong>les</strong> marchés constitués par<br />
<strong>les</strong> pays du Mercosur et <strong>les</strong> PECO, qui connaissent une progression très importante. Cette<br />
composition par filières <strong>de</strong>s échanges traduit bien une spécialisation traditionnelle Nord-Sud, où<br />
la France exporte <strong>de</strong>s produits <strong>de</strong> filières porteuses qui traduisent un niveau <strong>de</strong> développement<br />
élevé et importe <strong>de</strong>s produits primaires et <strong>de</strong> faible valeur ajoutée. C’est ce que nous allons tenter<br />
<strong>de</strong> confirmer par l’analyse <strong>de</strong> l’intensité technologique <strong>de</strong> la composition <strong>de</strong>s échanges.<br />
2.2. Un contenu en intensité technologique 46 fortement déséquilibré<br />
Le tableau 11 présente le sol<strong>de</strong> commercial par intensité technologique <strong>de</strong> la France <strong>avec</strong><br />
<strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> et ceux <strong>de</strong> l’Union européenne. La typologie traditionnelle Nord-Sud, liée à<br />
une importante différence <strong>de</strong> dotations en capital se révélant par une spécialisation asymétrique,<br />
apparaît très nettement dans ce tableau 11. La France est fortement spécialisée dans la production<br />
et l’exportation <strong>de</strong> produits <strong>de</strong> haute technologie et dans une moindre mesure (son sol<strong>de</strong> <strong>avec</strong><br />
l’Union européenne est négatif) dans cel<strong>les</strong> <strong>de</strong> moyenne-haute technologie.<br />
Tableau 11 : Sol<strong>de</strong> commercial <strong>de</strong> la France par intensité technologique <strong>de</strong> 1980 à 1998<br />
Importateur 1980 1985 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998<br />
Brésil 108,79 65,275 53,434 86,634 83,929 102,47 100,87 161,22 182,45 171,32 432,52<br />
Argentine 42,985 15,308 13,793 17,285 37,412 74,251 83,862 165,3 128,16 111,08 115,86<br />
Algérie 281,44 213,74 372,63 216,79 343,24 313,29 428,92 485,42 312,98 422,12 529,95<br />
Maroc 86,531 56,13 157,8 145,62 134,79 113,57 275,44 120,74 122,87 141,66 157,31<br />
Tunisie 80,027 77,005 267,5 240,79 332,82 183,59 273,26 252,49 218,8 252,13 234,28<br />
Egypte 154,75 92,441 350,24 687,6 168,28 207,12 105,48 252,08 415,47 258,48 347,58<br />
Hongrie 7,779 6,82 8,46 12,477 17,387 40,142 23,885 10,686 -17,8 -73,15 -88,61<br />
Pologne 7,903 3,642 21,852 102,77 116,06 92,408 141,11 170,33 234,61 285,67 334,73<br />
46 Voir l’annexe 1 pour <strong>les</strong> définitions utilisées<br />
93
Turquie 3,388 245,86 123,76 145,7 130,77 341,64 282,3 262,09 392,8 274,25 272,66<br />
Israel 9,783 12,27 12,322 42,712 34,441 12,625 25,895 0,93 42,962 11,147 12,317<br />
UE(15) 106,78 -66,87 -81,62 1774,7 210,41 205,09 131,41 527,2 691,48 652,22 768,26<br />
Mon<strong>de</strong> 254,59 1428,1 146,76 2985,9 3944,5 3551,3 3800,4 8049,1 8248,9 8380,7 9183,7<br />
MOYENNE-HAUTE technologie<br />
Importateur 1980 1985 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998<br />
Brésil 320,87 122,84 257,25 307,01 216,84 307,53 430,46 599,5 657,57 651,86 710,37<br />
Argentine 247,92 154,18 147,36 214,81 500,76 566,59 786,29 596,27 832,16 821,29 1018,5<br />
Algérie 1300,5 1253,5 1366 1020,4 959,39 932,7 948,46 1208 1114,9 950,6 1103,4<br />
Maroc 402,53 312,51 569,06 648,29 667,64 618,53 446,9 469,07 447,37 416,74 512,72<br />
Tunisie 296,06 175,24 381,07 366,52 411,2 507,92 451,81 408,92 382,89 405,5 481,05<br />
Egypte 386,04 396,79 418,01 396,82 351,53 402,57 398,73 497,29 500,43 531,37 568,92<br />
Hongrie 77,857 52,306 50,792 59,423 56,973 95,653 140,2 131,42 129,41 195,11 246,64<br />
Pologne 180,82 57,417 23,97 198,18 206,2 257,07 259,21 419,66 682,39 755,6 965,27<br />
Turquie 310,07 192,86 603,38 625,85 723,45 859,56 583,3 696,15 1033,6 1211 1372,6<br />
Israël 32,2 81,994 111,88 177,03 258,08 223,18 333,55 313,3 295,64 230 279,95<br />
UE(15) - 3765 -3540 -6587 -1039 1235,6 -637,8 -685,5 -3237 -1236 2086,2 -801,8<br />
Mon<strong>de</strong> 9129,3 7807,2 6355,3 11556 15463 15169 17236 16689 19946 20651 17682<br />
MOYENNE-BASSE technologie<br />
Importateur 1980 1985 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998<br />
Brésil - 22,22 -40,16 -159 -194,1 -180,6 -133,4 -163,2 -172,6 -28,78 -70,82 -103<br />
Argentine 71,055 19,057 7,496 38,083 44,29 60,048 66,256 66,118 94,523 117,85 127,45<br />
Algérie - 1115 -1703 -1539 -1777 -1543 -1067 -1145 -1076 -1295 -1849 -1214<br />
Maroc 11,313 64,669 223,22 160,46 176,1 134,34 176 222,91 233,13 250,49 175,72<br />
Tunisie 160,64 66,444 76,511 73,05 113,29 96,549 93,222 67,929 55,967 77,482 73,763<br />
Egypte 111,7 -181,3 -9,958 -23,57 -143,2 -93,51 -4,931 -2,38 14,49 60,293 95,797<br />
94
Hongrie 24,053 14,233 0,852 -3,68 1,556 15,297 3,634 -4,207 18,842 59,539 68,545<br />
Pologne - 156,2 -80,14 -71,14 4,262 9,42 -41,66 -138,8 -143,9 -130,1 -0,197 64,088<br />
Turquie 42,301 23,844 149,49 178,53 184,6 296,58 194,62 316,71 540,14 560,78 499,53<br />
Israël 73,544 27,838 71,931 91,15 105,72 101,36 99,09 112,58 113,56 107,97 93,759<br />
UE(15) - 3448 -5622 -6644 -5380 -4971 -4891 -4554 -6352 -5500 -6960 -6497<br />
Mon<strong>de</strong> - 26331 -16455 -19745 -19113 -16730 -13505 -13024 -15723 -16038 -18907 -15340<br />
BASSE technologie<br />
Importateur 1980 1985 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998<br />
Brésil - 538,1 -493,4 -785,5 -751,1 -793,7 -663,9 -817,3 -733,7 -735,2 -714,5 -605,7<br />
Argentine - 113,7 -89,85 -211,9 -194,3 -174 -106,3 -62,56 -98,83 -125,2 -140,5 -86,23<br />
Algérie 425,71 388,27 457,63 567,2 555,35 466,12 575,36 528,41 542,66 519,15 620,87<br />
Maroc - 46,4 -93,54 -617,1 -585,6 -590,4 -554,4 -620,5 -708,1 -762,8 -651,9 -616,8<br />
Tunisie - 21,273 -10,52 -108,1 -138,8 -190,1 -204,2 -196,4 -186,6 -243,6 -207,8 -259,1<br />
Egypte 322,24 304,25 103,36 71,917 131,3 143,3 84,865 114,64 131,7 121,16 79,543<br />
Hongrie - 41,96 -30,35 -115,7 -110,5 -94,44 -39,61 -26,93 30,746 -54,5 -72,95 -97,99<br />
Pologne - 8,22 -32,07 -114,7 -86,27 -103,4 -92,86 -52,77 -42,51 -51,42 -0,007 16,154<br />
Turquie - 55,248 -98,28 -261 -297,7 -341,6 -187,5 -304,3 -255,8 -108,9 -157,4 -289,6<br />
Israël - 11,48 -21,13 -85,84 -79,88 -80,09 -18,69 53,366 61,753 108,73 152,51 129,13<br />
UE(15) - 3829 -4833 -8488 -6233 -5439 -6079 -6269 -7517 -7835 -6107 -7062<br />
Mon<strong>de</strong> - 49,019 -1038 -6760 -5651 -4312 -4102 -3598 -3877 -4432 -3623 -5388<br />
Source : Elaboration propre à partir <strong>de</strong>s données <strong>de</strong> la base Chelem<br />
Les pays du Maghreb et du Mercosur sont cantonnés dans l’exportation <strong>de</strong> produits <strong>de</strong><br />
basse technologie. Seuls le Brésil et <strong>les</strong> PECO (la Hongrie se spécialisant dans <strong>de</strong>s activités <strong>de</strong><br />
haute technologie) échappent à ce positionnement peu porteur et dégagent <strong>de</strong>s sol<strong>de</strong>s positifs<br />
dans <strong>de</strong>s produits d’intensité technologique plus élevée.<br />
2.3. La caractérisatique <strong>de</strong> la spécialisation commerciale <strong>de</strong>s pays : une approche<br />
complémentaire<br />
Afin <strong>de</strong> mieux caractériser la spécialisation commerciale, nous avons utilisé <strong>de</strong>ux<br />
indicateurs complémentaires : le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> concentration <strong>de</strong>s échanges et le niveau du commerce<br />
intra-branche 47 .Nous allons tout d’abord nous intéresser au <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> concentration <strong>de</strong>s échanges<br />
47 Voir en annexe pour une définition <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux indicateurs.<br />
95
<strong>de</strong> la France <strong>avec</strong> <strong>de</strong>ux partenaires significatifs <strong>de</strong> chaque groupe déterminé. Pour cela, nous<br />
utilisons un indicateur <strong>de</strong> concentration <strong>de</strong>s échanges que nous appliquons au commerce bilatéral<br />
<strong>de</strong> la France. La concentration <strong>de</strong>s importations française apparaît nettement supérieure à celle<br />
<strong>de</strong>s exportations, confirmant l’idée d’une spécialisation <strong>de</strong>s pays à l’exportation vers le marché<br />
français. Les résultats obtenus sont contraires à ce que l’on serait en attente d’obtenir. En effet, le<br />
commerce international incite plutôt à une spécialisation <strong>de</strong> la production et à une <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />
Graphique 3 : Evolution du commerce intra-branche <strong>de</strong> la France <strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays <strong>de</strong><br />
l'étu<strong>de</strong> entre 1994 et 2000<br />
45<br />
40<br />
valeur du coefficient <strong>de</strong> Grubel-Lloyd<br />
35<br />
30<br />
25<br />
20<br />
15<br />
10<br />
5<br />
Argentine<br />
Brésil<br />
Algérie<br />
Maroc<br />
Tunisie<br />
Egypte<br />
Israël<br />
Turquie<br />
Hongrie<br />
Pologne<br />
0<br />
1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000<br />
Source: Calculs <strong>de</strong> l'auteur à partir <strong>de</strong>s données <strong>de</strong>s Douanes<br />
variée pour la consommation <strong>de</strong>s biens. On s’attendait donc à obtenir un indicateur <strong>de</strong><br />
concentration <strong>de</strong>s exportations supérieur à celui <strong>de</strong>s importations. Par contre, <strong>les</strong> pays à niveau <strong>de</strong><br />
développement plus élevé sont ceux où la structure commerciale est plus diversifiée.<br />
Tableau 12 : Evolution <strong>de</strong> la concentration <strong>de</strong>s exportations et <strong>de</strong>s importations françaises <strong>avec</strong> <strong>les</strong><br />
pays <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> entre 1994 et 2000<br />
1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000<br />
PAYS X M X M X M X M X M X M X M<br />
Argentine<br />
33,9<br />
30,0<br />
27,5<br />
30,9<br />
34,4<br />
32,9<br />
24,6<br />
37,6<br />
27,6<br />
33,4<br />
31,5<br />
34,8<br />
37,2<br />
34,5<br />
Brésil<br />
19,1<br />
38,9<br />
17,6<br />
33,9<br />
15,8<br />
41,6<br />
15,4<br />
37,4<br />
20,2<br />
33,7<br />
17,5<br />
31,6<br />
20,5<br />
32<br />
Maroc<br />
19,1<br />
29,3<br />
20,7<br />
30,1<br />
19,9<br />
30,4<br />
20,3<br />
30,4<br />
21<br />
30,7<br />
28,9<br />
29,3<br />
21,8<br />
28<br />
Tunisie<br />
18<br />
38,9<br />
18,5<br />
37,7<br />
18,9<br />
38,5<br />
19,3<br />
37,8<br />
20,5<br />
37,1<br />
20,4<br />
36,1<br />
19,5<br />
34,6<br />
Israël<br />
20,1<br />
17,8<br />
17,9<br />
19,2<br />
16,3<br />
19,1<br />
15,2<br />
20,4<br />
16,5<br />
21,4<br />
17,9<br />
19,7<br />
16,6<br />
18,6<br />
Turquie<br />
20,8<br />
23,5<br />
14,5<br />
24,3<br />
16<br />
23,4<br />
15,4<br />
23,7<br />
15,1<br />
24,1<br />
17,4<br />
25,4<br />
21<br />
24,8<br />
Hongrie<br />
16,9<br />
24,4<br />
14,2<br />
22,8<br />
14,9<br />
22,2<br />
16,6<br />
25,3<br />
18<br />
29,3<br />
17,4<br />
32,6<br />
19,3<br />
35<br />
Pologne<br />
16<br />
21,5<br />
17,5<br />
24,3<br />
21,5<br />
21,7<br />
18,4<br />
21,4<br />
20<br />
18,7<br />
19<br />
19,2<br />
19<br />
17,9<br />
Note : X représente la concentration <strong>de</strong>s exportations françaises à <strong>de</strong>stination du pays considéré,<br />
M représente la concentration <strong>de</strong>s importations françaises en provenance du pays considéré.<br />
Source: calculs <strong>de</strong> l’auteur à partir <strong>de</strong>s données <strong>de</strong>s Douanes françaises.<br />
96
Pour estimer l’intensité du commerce bilatéral <strong>de</strong> biens d’un même secteur, nous avons<br />
retenu le coefficient <strong>de</strong> Grubel-Lloyd. Ce coefficient va nous donner une mesure du commerce<br />
bilatéral intra-branche pour l’ensemble du secteur industriel. Il va nous permettre <strong>de</strong> caractériser<br />
<strong>les</strong> échanges. L’augmentation <strong>de</strong> ce coefficient correspond à la convergence du niveau <strong>de</strong><br />
développement économique et technologique entre <strong>de</strong>ux pays : c’est le cas <strong>de</strong>s PECO, d’Israël et<br />
<strong>de</strong> la Turquie. A l’opposé, se trouve le cas <strong>de</strong>s pays comme l’Argentine, l’Algérie et l’Egypte où<br />
prédomine un échange <strong>de</strong> type inter-branches reposant sur <strong>les</strong> sources traditionnel<strong>les</strong> <strong>de</strong><br />
l’avantage comparatif. Les <strong>de</strong>ux pays du Maghreb <strong>les</strong> plus avancés dans le processus <strong>de</strong><br />
libéralisation <strong>de</strong>s échanges et le Brésil sont dans un situation intermédiaire, <strong>avec</strong> l’émergence<br />
d’un commerce intra-branche spécifique à certains secteurs.<br />
La constitution d’une zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange <strong>avec</strong> l’Union européenne représente-t-elle un<br />
moyen pour ces pays <strong>de</strong> développer <strong>de</strong>s spécialisations plus porteuses, à travers l’afflux<br />
d’investissements directs qui vont favoriser la remontée en gamme <strong>de</strong>s filières <strong>de</strong> production ?<br />
3. L’avenir est-il à la course à la zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange <strong>avec</strong> l’Union européenne ?<br />
Pour évaluer le potentiel commercial <strong>de</strong>s rapprochements entrepris par ces pays <strong>avec</strong><br />
l’Union européenne et l’impact sur la France, nous allons mettre en évi<strong>de</strong>nce l’orientation globale<br />
puis sectorielle du commerce <strong>de</strong> la France <strong>avec</strong> ces pays ainsi que <strong>les</strong> possibilités éventuel<strong>les</strong> <strong>de</strong><br />
développement <strong>de</strong> ces échanges. Nous commencerons par appréhen<strong>de</strong>r ces relations<br />
commercia<strong>les</strong> d’une manière globale avant <strong>de</strong> nous intéresser plus en détail à l’adéquation <strong>de</strong> la<br />
structure <strong>de</strong>s exportations <strong>de</strong> ces pays <strong>avec</strong>, d’une part, leurs avantages comparatifs révélés, et,<br />
d’autre part, <strong>avec</strong> la structure <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> française et européenne. Cette évaluation sera menée<br />
en considérant l’importance du cadre institutionnel qui découle <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> <strong>de</strong> libéralisation.<br />
3.1. Quel<strong>les</strong> sont <strong>les</strong> possibilités <strong>de</strong> développement <strong>de</strong>s échanges ?<br />
Les possibilités <strong>de</strong> développement seront estimées d’un point <strong>de</strong> vue global par<br />
l’évolution <strong>de</strong>s intensités bilatéra<strong>les</strong>, puis par l’analyse <strong>de</strong>s écarts <strong>de</strong> structure <strong>de</strong> spécialisation.<br />
Comme nous l’avons montré précé<strong>de</strong>mment, l’importance <strong>de</strong>s relations commercia<strong>les</strong> <strong>de</strong><br />
ces pays <strong>avec</strong> la France, mais d’une manière plus générale <strong>avec</strong> l’Union européenne, <strong>les</strong> a<br />
cantonnés dans <strong>de</strong>s spécialisations traditionnel<strong>les</strong>. Il semble que seuls <strong>les</strong> PECO et, dans une<br />
moindre mesure, le Brésil et <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux pays <strong>de</strong> l’extrême Est <strong>de</strong> la Méditerranée, la Turquie et<br />
Israël, soient en mesure <strong>de</strong> développer <strong>de</strong>s relations commercia<strong>les</strong> qui s’écartent d’une typologie<br />
classique Nord-Sud. A partir du calcul <strong>de</strong>s intensités bilatéra<strong>les</strong> relatives 48 , nous allons estimer le<br />
potentiel global <strong>de</strong> croissance <strong>de</strong>s échanges. Ce potentiel dépendra du niveau d’échanges déjà<br />
atteint entre <strong>de</strong>ux pays. La proximité géographique <strong>de</strong>s pays Méditerranéens (et surtout ceux du<br />
Maghreb) qui appartiennent à la zone naturelle d’échanges <strong>de</strong> la France se retrouve parfaitement<br />
dans la valeur <strong>de</strong> cet indicateur. Les intensités bilatéra<strong>les</strong> relatives <strong>de</strong>s pays pour <strong>les</strong>quels <strong>les</strong><br />
valeurs <strong>de</strong> cet indicateur sont supérieures à l’unité sont représentées dans le graphique 3. Les<br />
échanges sont ceux <strong>de</strong> pays ayant <strong>de</strong>s relations privilégiées <strong>avec</strong> la France. Ces pays échangent<br />
<strong>de</strong> manière plus intensive que leur poids dans le commerce international ne le suggère. A<br />
l’inverse, le graphique 4 concerne <strong>les</strong> pays dont le commerce <strong>avec</strong> la France n’a pas encore<br />
atteint le niveau théorique que laisse suggérer leur poids économique.<br />
48 Voir notamment Freu<strong>de</strong>nberg, Gaulier, Unal-Kesenci (1998).<br />
97
L’utilisation du coefficient d’écart <strong>de</strong> structure <strong>de</strong> spécialisation 49 va permettre <strong>de</strong><br />
comparer la structure d’exportation et d’importation <strong>de</strong>s pays en cause dans le but <strong>de</strong> montrer<br />
dans quelle mesure il y existe un potentiel <strong>de</strong> développement <strong>de</strong>s échanges entre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux<br />
partenaires.<br />
Tableau 13 : Evolution <strong>de</strong>s écarts <strong>de</strong> structure <strong>de</strong> spécialisation entre la France et <strong>les</strong> pays<br />
<strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> entre 1990 et 1998.<br />
Argentine Brésil Algérie Maroc Tunisie Egypte Turquie Israël<br />
1990 70,8 69,5 89,2 78,5 82,4 87,5 72,7 65,0<br />
Hongrie<br />
*<br />
Pologne<br />
*<br />
1994 72,3 70,7 85,3 78,7 79,8 85,6 71,6 69,0 64,4 69,1<br />
1998 74,7 78,0 89,7 79,9 85,5 87,2 77,6 75,0 73,6 76,4<br />
Note :* <strong>les</strong> données permettant <strong>de</strong> calculer cet indicateur ne sont disponib<strong>les</strong> qu’à partir <strong>de</strong> 1993 pour ces <strong>de</strong>ux pays.<br />
Source : Calculs <strong>de</strong> l’auteur à partir <strong>de</strong>s données <strong>de</strong> la base Chelem.<br />
Un coefficient élevé (donc proche <strong>de</strong> 100) signifie qu’il y a une complémentarité dans la<br />
structure du commerce extérieur <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux pays, donc que le commerce mutuel aura tendance à<br />
augmenter à la suite d’une libéralisation <strong>de</strong>s échanges. L’évolution <strong>de</strong>s valeurs <strong>de</strong> ce coefficient,<br />
présentées dans le tableau 13, tend à confirmer la tendance à une complémentarité qui s’accentue<br />
entre la France et <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> ces <strong>zones</strong> en développement. Mais cette complémentarité se traduit<br />
surtout à l’heure actuelle par une asymétrie <strong>de</strong>s spécialisations (produits <strong>de</strong> haute valeur ajoutée<br />
intensifs en technologie contre <strong>de</strong>s produits <strong>de</strong> faible valeur ajoutée intensifs en basse<br />
technologie).<br />
Les possibilités <strong>de</strong> développement <strong>de</strong>s échanges vont fortement dépendre du contenu et <strong>de</strong><br />
l’évolution <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange qui lient ces pays à l’Union européenne. Ils vont<br />
dépendre du <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> préférence douanière accordé. Il sera donc intéressant d’analyser l’impact<br />
Graphique 5 : Evolution <strong>de</strong>s intensités relatives <strong>de</strong>s échanges entre la France et <strong>les</strong><br />
autres pays <strong>de</strong> l'étu<strong>de</strong> entre 1990 et 1998<br />
1,2<br />
1<br />
valeur <strong>de</strong> l'intensité relative<br />
0,8<br />
0,6<br />
0,4<br />
0,2<br />
0<br />
1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998<br />
Note : * <strong>les</strong> valeurs pour ces pays n'ont pu être calculées qu'à partir <strong>de</strong> 1993 pour <strong>de</strong>s raisons <strong>de</strong> disponiblité statistique<br />
Source : calculs <strong>de</strong> l'auteur à partir <strong>de</strong>s données <strong>de</strong> la base Chelem<br />
Brésil<br />
Argentine<br />
Turquie<br />
Israël<br />
Hongrie*<br />
Pologne*<br />
98
du cadre régional et institutionnel sur le développement <strong>de</strong>s relations commercia<strong>les</strong>.<br />
3.2. Une différence institutionnelle qui influe fortement sur le cadre et la croissance<br />
potentielle <strong>de</strong>s échanges commerciaux et <strong>de</strong>s investissements directs étrangers.<br />
Les <strong>zones</strong> d’intégration régionale, par l’importance <strong>de</strong> la taille du marché qu’el<strong>les</strong><br />
instituent, et <strong>les</strong> économies d’échelle qu’el<strong>les</strong> vont permettre, ont une nette inci<strong>de</strong>nce sur <strong>les</strong> flux<br />
d’investissements directs. Ceux qui sont <strong>de</strong>stinés à produire pour le marché local s’abritent<br />
notamment <strong>de</strong>rrière <strong>de</strong> fortes barrières douanières.<br />
Or <strong>les</strong> <strong>accords</strong> régionaux, du fait <strong>de</strong> l’accès aux marchés <strong>de</strong>s pays partenaires en franchise<br />
<strong>de</strong> droits, faussent l’allocation <strong>de</strong> l’investissement direct étranger. Les pays <strong>de</strong>s trois groupes ont<br />
un cadre régional institutionnel totalement différent. Les pays du Mercosur, constitués en union<br />
douanière, ont par cette démarche “affiché” <strong>de</strong>s signaux forts <strong>de</strong> stabilité, <strong>de</strong> lisibilité et <strong>de</strong><br />
prévisibilité 50 qui constituent pour <strong>les</strong> firmes multinationa<strong>les</strong> <strong>de</strong>s critères prédominants en matière<br />
<strong>de</strong> décisions d’investissements. Dans <strong>les</strong> pays du Mercosur, <strong>les</strong> programmes <strong>de</strong> privatisations qui<br />
ont fait suite aux programmes d’ajustement structurel ont permis <strong>de</strong> créer <strong>les</strong> conditions<br />
favorab<strong>les</strong> pour attirer <strong>les</strong> investisseurs étrangers. De même façon, dans <strong>les</strong> PECO, <strong>les</strong><br />
programmes <strong>de</strong> rapprochement <strong>de</strong>s standards et <strong>de</strong>s normes <strong>de</strong> productions européens ont été <strong>de</strong>s<br />
mesures fortes qui ont été entreprises pour attirer <strong>les</strong> IDE. C’est ce qui est aujourd’hui plus que<br />
nécessaire pour <strong>les</strong> pays Méditerranéens et plus particulièrement ceux du Maghreb. En effet,<br />
l’étroitesse <strong>de</strong>s économies et <strong>de</strong>s marchés locaux (<strong>de</strong> petite taille <strong>avec</strong> un faible <strong>de</strong>gré<br />
d’ouverture) et le peu <strong>de</strong> développement <strong>de</strong>s échanges intra-zone 51 constituent <strong>de</strong> véritab<strong>les</strong><br />
handicaps pour l’attrait <strong>de</strong>s investisseurs étrangers. Ainsi le très faible montant d’investissements<br />
étrangers reçus s’explique en partie par cette quasi-absence d’intégration régionale au sein <strong>de</strong>s<br />
pays du Maghreb.<br />
Les asymétries inter-groupes en matière d’investissements résulteraient donc pour une<br />
part non négligeable <strong>de</strong> différences dans le cadre institutionnel et régional. Les asymétries intragroupe<br />
ou plus globalement entre <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> résultent <strong>de</strong> facteurs socio-économiques et<br />
macro-économiques que nous avons présentés précé<strong>de</strong>mment.<br />
Les <strong>accords</strong> bilatéraux <strong>de</strong> l’Union européenne ne concernent pas la libéralisation <strong>de</strong>s<br />
marchés agrico<strong>les</strong> qui semble être une <strong>de</strong>s finalités <strong>de</strong>s prochaines discussions multilatéra<strong>les</strong> <strong>de</strong><br />
l’OMC. Or, la question agricole est aujourd’hui primordiale pour ces pays fortement spécialisés<br />
dans la production et l’exportation <strong>de</strong> produits agro-alimentaires. D’autant plus que le cadre<br />
institutionnel <strong>de</strong> l’autre secteur où la spécialisation <strong>de</strong>s économies du Maghreb est forte, celui du<br />
textile, risque d’être bouleversé par la fin <strong>de</strong>s traitements préférentiels accordés dans le cadre <strong>de</strong><br />
l’accord multifibre.<br />
L’ouverture économique qui accompagnera le processus <strong>de</strong> libéralisation <strong>de</strong>s échanges en<br />
vue <strong>de</strong> la création d’une zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange <strong>de</strong>vrait permettre par le biais <strong>de</strong>s investissements<br />
directs étrangers une insertion facilitée <strong>de</strong> ces pays dans l’économie internationale. Mais<br />
l’ouverture requise par ces nouvel<strong>les</strong> négociations va entraîner la fin probable du traitement<br />
préférentiel accordé aux produits en provenance <strong>de</strong>s pays du Maghreb (et <strong>de</strong>s autres pays Tiers<br />
Méditerranéens) qui pénètrent sur <strong>les</strong> marchés <strong>de</strong> l’Union européenne. Ce rééquilibrage dans <strong>les</strong><br />
concessions douanières accordées va forcément pénaliser ces pays au profit d’autres partenaires<br />
<strong>de</strong> la France (et plus généralement <strong>de</strong> l’Union européenne). Ainsi la perte d’un cadre<br />
institutionnel préférentiel et l’absence <strong>de</strong> réalisation d’un environnement régional favorable<br />
rendront encore plus difficile la constitution d’un ensemble <strong>de</strong> facteurs attractifs pour <strong>les</strong><br />
49 Voir l’annexe 3 pour la méthodologie utilisée dans ce calcul.<br />
50 P.Giordano, J.Santiso (2000)<br />
51 Les pays <strong>de</strong> l’Union du Maghreb Arabe réalisent à peine plus <strong>de</strong> 2% <strong>de</strong> leurs échanges entre eux.<br />
99
investissements directs dans <strong>les</strong> pays du Maghreb. Qu’en est -il du positionnement <strong>de</strong> ces<br />
économies sur <strong>de</strong>s créneaux porteurs permettant d’approvisionner <strong>les</strong> marchés européens <strong>de</strong><br />
manière concurrentielle ?<br />
3.3. Une spécialisation par pays en étroite relation <strong>avec</strong> <strong>les</strong> avantages comparatifs<br />
révélés ?<br />
Nous allons dans un premier temps présenter <strong>les</strong> avantages comparatifs révélés <strong>de</strong>s<br />
différents pays étudiés, puis nous <strong>les</strong> comparerons à la structure <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> la France et à la<br />
structure <strong>de</strong>s avantages comparatifs révélés <strong>de</strong> l’Union européenne. Il sera en effet intéressant <strong>de</strong><br />
déterminer par ce biais si la structure d’offre <strong>de</strong>s pays partenaires est en adéquation <strong>avec</strong> la<br />
structure <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> française et si <strong>les</strong> produits qui représentent <strong>les</strong> points forts <strong>de</strong>s économies<br />
<strong>de</strong> ces pays émergents sont en concurrence <strong>avec</strong> <strong>les</strong> fournisseurs européens <strong>de</strong> la France. Ce<br />
scénario permettrait <strong>de</strong> fournir une explication à la faible pénétration <strong>de</strong>s exportations en<br />
provenance <strong>de</strong> ces pays en développement. Le tableau 14 présente <strong>les</strong> avantages comparatifs<br />
révélés par filières pour <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong>, ainsi que pour l’Union européenne qui est le<br />
principal partenaire commercial <strong>de</strong> la France et donc le principal concurrent <strong>de</strong> ces pays sur le<br />
marché français.<br />
La structure <strong>de</strong>s avantages français est peu marquée et concentrée sur <strong>de</strong>s secteurs<br />
industriels à forte valeur ajoutée. Les pays du Maghreb et du Mercosur ont leurs avantages<br />
comparatifs révélés concentrés dans <strong>de</strong>s secteurs primaires et à faible valeur ajoutée comme le<br />
Textile, l’Agroalimentaire et le Bois Papier. La présence d’avantages français dans <strong>de</strong> l’agroalimentaire<br />
ne facilite pas le développement <strong>de</strong>s échanges <strong>avec</strong> ces pays qui possè<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s<br />
avantages très forts dans ce domaine (notamment ceux du Mercosur) et qui se heurtent au<br />
système protectionniste <strong>de</strong> la Politique Agricole Commune. Les pays <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux <strong>zones</strong> en<br />
développement sont caractérisés par un certain immobilisme dans la composition <strong>de</strong> leurs<br />
avantages comparatifs. Le dynamisme au contraire est la caractéristique principale <strong>de</strong> pays<br />
comme <strong>les</strong> PECO, la Turquie et Israël dans la composition <strong>de</strong> leurs avantages comparatifs<br />
révélés. Ces pays vont mettre en place <strong>les</strong> conditions favorab<strong>les</strong> qui ont permis <strong>de</strong> développer <strong>de</strong>s<br />
avantages dans <strong>de</strong>s secteurs plus dynamiques et <strong>de</strong> haute valeur ajoutée. La Hongrie et Israël ont<br />
développé <strong>de</strong>s avantages comparatifs orientés vers <strong>les</strong> filières Electrique et Electronique, signe<br />
d’un développement technologique conséquent. La composition <strong>de</strong>s avantages comparatifs<br />
révélés <strong>de</strong>s PECO témoigne d’une certaine complémentarité qui semble héritée <strong>de</strong> leur passé au<br />
sein du CAEM 52 .<br />
Il semble nécessaire pour sortir ces pays <strong>de</strong> leur spécialisation peu dynamique <strong>de</strong><br />
développer <strong>de</strong>s relations commercia<strong>les</strong> basées sur la remontée <strong>de</strong>s différences <strong>de</strong> gamme au sein<br />
<strong>de</strong>s filières. Cette étape intermédiaire <strong>de</strong>vra permettre un rattrapage industriel et technologique<br />
nécessaire pour une meilleure insertion dans le commerce international.<br />
52 Conseil d’Assistance Economique Mutuel qui regroupait autour <strong>de</strong> l’U.R.S.S la plupart <strong>de</strong>s PECO, <strong>de</strong> 1949 à sa<br />
dissolution effective en 1991. Cet organisme qui fonctionnait comme une union douanière visait à spécialiser <strong>les</strong> différents<br />
pays membres dans un nombre restreint <strong>de</strong> produits pour <strong>les</strong>quels ils semblaient disposer d’avantages comparatifs révélés.<br />
100
Tableau 14 : Evolution <strong>de</strong>s avantages comparatifs révélés par filière entre 1990 et 1998<br />
Argentine Brésil Maroc Tunisie Turquie Israël Hongrie Pologne France UE(15)<br />
Filière 1990 1998 1990 1998 1990 1998 1990 1998 1990 1998 1990 1998 1990 1998 1990 1998 1990 1998 1990 1998<br />
Energétiq. - 1,6 13 -8,5 -7,5 -12,9 -22,1 6,7 -3,0 -13,3 -11,2 -20,7 -28,7 -0,7 -23,2 -0,2 -5,1 -19,3 -19,1 -16,8 -16<br />
Agroalim. 45,5 58,6 10,5 14 10,1 0,7 -6,3 -12 5,2 4,0 11,2 0,8 -0,7 33,6 -0,2 2,1 12,6 10,7 -4,9 -5,3<br />
Textile 1,7 -0,5 2,8 2,4 12,1 12,3 17,4 17,1 15,5 18 8,9 3,9 -0,5 -3,1 -0,1 -1,4 -7,8 -9,2 -2,9 -4,2<br />
Bois<br />
Papier - 2,4 - 5,5 1,0 1,6 -1,8 -2,2 -4,5 -3,9 -0,7 -2,4 -7,5 -10,6 -0,4 -11,1 -0,1 4,8 -8,1 -6,9 0 0,8<br />
Chimique - 8,0 -11,6 -2,5 -4,0 5,2 16 0,3 7,2 -5,7 9,3 10,2 22,9 -0,8 -14,2 -0,2 -11,5 6,0 2,3 6,9 7,8<br />
Sidérurgiq<br />
. 1,7 0 9,6 9,9 -4,1 -5,0 -5,6 -4,7 -0,3 -2,8 -6,9 -6,2 -0,2 -2,9 -0,1 0,9 1,6 -0,1 1,4 0,2<br />
Non<br />
ferreux 0 0,7 0,8 1,1 0,9 1,8 -0,9 -1,0 -0,2 -0,9 -2,5 -0,9 -0,2 -1,1 -0,1 4,3 -2,7 -2,8 -2,7 -3,4<br />
Mécaniq. -11,1 -19,1 -2,7 -5,1 -19,1 -12,9 -27,2 -26,5 -12,6 -18 -1,7 -1,8 -0,9 -4,4 -0,3 -13,6 1,9 7,8 12,8 16,1<br />
Véhicu<strong>les</strong> -4,6 -7,6 0,3 -0,9 -4,0 -4,2 -9,1 -8,5 -3,7 -5,4 -13,8 -13,8 -0,6 -26,9 -0,2 -8,1 2,4 5,0 4,8 5<br />
Electrique -2,6 - 4,3 - 0,7 -0,9 -1,8 -0,6 -1,6 -0,1 -1,9 -1,7 -4,4 2,3 -0,3 5,4 -0,1 -0,6 0,1 0,6 1,8 1,5<br />
Electroniq. -7,5 - 9,5 -3,6 -4,3 -3,0 -1,1 -5,2 -2,6 -3,7 -4,1 18,7 29,5 -0,7 23,5 -0,2 -3,2 -6,1 -3,8 -6,7 -4,1<br />
Source : Base <strong>de</strong> données Chelem<br />
Conclusion<br />
La France est en situation très favorable <strong>avec</strong> l’ensemble <strong>de</strong> ses partenaires qui<br />
composent cette étu<strong>de</strong>. Le sol<strong>de</strong> <strong>de</strong> sa balance commerciale globale s’est accru durant la<br />
<strong>de</strong>rnière décennie et sa composition reflète le positionnement français sur <strong>de</strong>s productions à<br />
forte intensité technologique et <strong>de</strong> haute valeur ajoutée. Les pays <strong>de</strong> ces <strong>zones</strong> en<br />
développement représentent <strong>de</strong>s marchés pour <strong>les</strong> produits français plus que <strong>de</strong> véritab<strong>les</strong><br />
partenaires économiques. Les relations commercia<strong>les</strong> que ces pays entretiennent <strong>avec</strong> la<br />
France suivent une architecture traditionnelle <strong>de</strong> spécialisations Nord-Sud qui résulte <strong>de</strong><br />
fortes asymétries dans le niveau <strong>de</strong> développement économique. Ces pays sont spécialisés<br />
dans leurs relations <strong>avec</strong> la France essentiellement sur <strong>de</strong>s productions primaires et <strong>de</strong> faible<br />
valeur ajoutée.<br />
La faible pénétration <strong>de</strong>s marchés français résulte dans le cadre <strong>de</strong> notre analyse d’une<br />
mauvaise adéquation <strong>de</strong> l’offre <strong>de</strong> ces pays à la structure <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> française. Ces pays<br />
n’ont pas su se positionner dans <strong>de</strong>s créneaux à l’exportations qui soient porteurs en raison<br />
<strong>de</strong> leur retard dans le domaine technologique. De plus, ils sont en concurrence sur certains<br />
créneaux <strong>avec</strong> <strong>les</strong> fournisseurs <strong>de</strong> la France situés à l’intérieur <strong>de</strong> l’Union européenne qui<br />
bénéficient d’une situation préférentielle.<br />
Pour <strong>de</strong>s raisons historiques, une volonté politique française très forte apparaît très<br />
nettement dans l’orientation <strong>de</strong>s échanges vers <strong>les</strong> pays du Maghreb, et plus généralement du<br />
pourtour méditerranéen. Le développement <strong>de</strong>s échanges <strong>de</strong> la France <strong>avec</strong> le Mercosur et le<br />
Maghreb s'inscrit dans une logique qui peut paraître différente. Les échanges qui se<br />
développent <strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays du Maghreb <strong>de</strong> l'échantillon considéré s'inscrivent dans une idée<br />
<strong>de</strong> division du travail à l'échelle <strong>de</strong> la zone naturelle d'échanges <strong>de</strong>s pays européens<br />
(remontée <strong>de</strong> gamme <strong>de</strong>s filières <strong>de</strong> production par le biais d'IDE). Pour la France, <strong>les</strong> pays<br />
101
du Maghreb pourraient constituer une sorte d’espace <strong>de</strong> complémentarité naturel dans la<br />
structure <strong>de</strong>s échanges. Le Mercosur semble plutôt <strong>de</strong>stiné à accueillir tout du moins à l'heure<br />
actuelle <strong>les</strong> investissements <strong>de</strong>s firmes multinationa<strong>les</strong> qui désirent contourner <strong>les</strong> barrières<br />
tarifaires et non tarifaires afin <strong>de</strong> satisfaire la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> locale. Il serait intéressant <strong>de</strong><br />
déterminer l’évolution <strong>de</strong> l’attrait sectoriel pour <strong>les</strong> investisseurs <strong>de</strong> ces pays lorsque ces<br />
barrières seront considérablement abaissées.<br />
Il semble donc que ne soit pas le développement mo<strong>de</strong>ste <strong>de</strong>s relations commercia<strong>les</strong><br />
entre la France et le Maghreb qui doit préoccuper <strong>les</strong> déci<strong>de</strong>urs du Mercosur mais plutôt<br />
l’émergence rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> pays qui par leur statut privilégié et le niveau <strong>de</strong> leur développement<br />
technologique avancé vont constituer <strong>de</strong> véritab<strong>les</strong> partenaires économiques. Les pays<br />
candidats (la Turquie notamment) ou en transition (<strong>les</strong> PECO) vers l’adhésion à l’Union<br />
européenne semblent plus à même <strong>de</strong> constituer une menace pour <strong>les</strong> pays du Mercosur,<br />
notamment dans leur capacité à attirer <strong>les</strong> flux d’investissements directs étrangers.<br />
L’obtention <strong>de</strong> données régiona<strong>les</strong> permettrait <strong>de</strong> mieux appréhen<strong>de</strong>r l’influence <strong>de</strong>s<br />
<strong>accords</strong> <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange que l’Union européenne a engagé <strong>avec</strong> ces <strong>zones</strong> en<br />
développement. Il semble que l’impact soit plus fort à l'intérieur <strong>de</strong> l'Union européenne, au<br />
sein <strong>de</strong> chacun <strong>de</strong>s pays concernés (Sud <strong>de</strong> la France, Espagne, Portugal, Grèce, Italie du<br />
Sud), car c'est à ce niveau que se feront sensiblement sentir <strong>les</strong> effets du développement <strong>de</strong><br />
ces échanges, notamment en matière <strong>de</strong> délocalisation industrielle. Ce sont <strong>les</strong> productions <strong>de</strong><br />
euro-régions du sud <strong>de</strong> l’Europe qui sont le plus en concurrence <strong>avec</strong> <strong>les</strong> productions <strong>de</strong>s<br />
pays méditerranéens.<br />
Par ailleurs, la prise en compte du volet agricole, non inclus dans <strong>les</strong> négociations qui<br />
touchent le Mercosur et <strong>les</strong> pays Méditerranéens, permettrait certainement d’avoir une vision<br />
plus globale et plus juste <strong>de</strong> l’impact <strong>de</strong> ces <strong>accords</strong> sur ces pays et <strong>les</strong> régions plus<br />
particulièrement concernées du Sud <strong>de</strong> l’Europe. De plus, <strong>de</strong>s données sur le commerce <strong>de</strong><br />
services, notamment dans l’étu<strong>de</strong> du cas <strong>de</strong> la France, et sectoriel<strong>les</strong> pour <strong>les</strong> investissements<br />
dans <strong>les</strong> différents pays, <strong>de</strong>vraient permettre un approfondissement qualitatif <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong><br />
comparative.<br />
102
BIBLIOGRAPHIE<br />
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commerce international: une évaluation par <strong>les</strong> intensités relatives bilatéra<strong>les</strong>, document <strong>de</strong><br />
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OCDE (1986) : Indicateurs <strong>de</strong> la science et <strong>de</strong> la technologie, n°2, Paris.<br />
OULD AOUDIA J., TUBIANA L., (2000), Euro-Méditerranée : recentrer le partenariat,<br />
Questions européennes, Conseil d’Analyse Economique.<br />
103
ANNEXES<br />
Annexe 1 : Classification industrielle а partir <strong>de</strong>s catégories <strong>de</strong> produits <strong>de</strong> la base <strong>de</strong> données<br />
CHELEM.<br />
Groupes d’industries définis en fonction <strong>de</strong> la technologie selon le découpage <strong>de</strong> l'OCDE.<br />
OCDE(1986) Indicateurs <strong>de</strong> la science et <strong>de</strong> la technologie n°2, Paris.<br />
Classement <strong>de</strong>s produits selon le critère <strong>de</strong> l’intensité technologique.<br />
INDUSTRIES DE HAUTE TECHNOLOGIE :<br />
Horlogerie, Composants électroniques, Electronique grand public, Matériel <strong>de</strong><br />
télécommunication, Matériel informatique, Aéronautique et espace, Produits<br />
pharmaceutiques.<br />
INDUSTRIES DE MOYENNE-HAUTE TECHNOLOGIE :<br />
Moteurs, Matériel agricole, Machines-outils, Matériel BTP, Machines spécialisées,<br />
Armement, Instruments <strong>de</strong> mesure, Appareils d’optique, Electroménager, Matériel<br />
électrique, Fournitures électriques, Eléments <strong>de</strong> véhicu<strong>les</strong> automobile, Automobi<strong>les</strong><br />
particulières, Véhicu<strong>les</strong> utilitaires, Chimie minérale <strong>de</strong> base, Peintures, Produits <strong>de</strong><br />
toilettes, Electricité.<br />
INDUSTRIES DE MOYENNE-BASSE TECHNOLOGIE :<br />
Céramique, Verre, Fer et acier, Première transformation du fer, Métallurgie non<br />
ferreuse, Artic<strong>les</strong> manufacturés NDA, Ouvrages métalliques, Navires, Plastiques,<br />
Artic<strong>les</strong> en plastique, Article en caoutchouc, Minerais <strong>de</strong> fer, Minerais non ferreux,<br />
Minéraux NDA, Charbon, Pétrole brut, Gaz naturel, Coke, Produits raffinés du<br />
pétrole.<br />
INDUSTRIES DE FAIBLE TECHNOLOGIE :<br />
Ciment, Fils et tissus, Vêtements <strong>de</strong> confection, Vêtements <strong>de</strong> bonneterie, Tapis,<br />
Cuirs, Ouvrages en bois, Meub<strong>les</strong>, Papier, Imprimés, Quincaillerie, Produits<br />
céréaliers, Corps gras, Vian<strong>de</strong>s et poissons, Conserves anima<strong>les</strong>, Conserves végéta<strong>les</strong>,<br />
Sucre, Aliments pour animaux, Boissons, Tabacs manufacturés.<br />
104
ANNEXE 2 : Indicateur <strong>de</strong> concentration <strong>de</strong>s échanges et coefficient intra-branche <strong>de</strong><br />
Grubel-Lloyd 53<br />
Ces <strong>de</strong>ux indicateurs complémentaires permettent <strong>de</strong> fournir une caractérisation <strong>de</strong> la<br />
spécialisation commerciale.<br />
A. L ‘ indicateur du <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> concentration <strong>de</strong>s échanges du pays (IC) :<br />
Nous avons calculé cet indicateur en l’appliquant aux seuls échanges bilatéraux <strong>de</strong> la France<br />
<strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong>.<br />
IC<br />
= 100 × ∑<br />
i<br />
X<br />
i<br />
( ) 2<br />
X<br />
B. Le coefficient <strong>de</strong> Grubel-Lloyd <strong>de</strong> mesure du commerce intra-branche<br />
Ce coefficient <strong>de</strong> Grubel-Lloyd permet <strong>de</strong> donner une mesure du commerce intrabranche<br />
pour l’ensemble du secteur industriel.<br />
GL =<br />
⎧<br />
⎪<br />
⎨<br />
⎩⎪<br />
⎫<br />
⎡<br />
⎤<br />
⎢ ∑ X − M i i<br />
⎥⎪<br />
1−<br />
⎢<br />
⎥⎬<br />
× 100<br />
⎢ ∑ ( X + M<br />
⎣ i i )<br />
⎥<br />
⎦<br />
⎭⎪<br />
<strong>avec</strong> X : <strong>les</strong> exportations tota<strong>les</strong> du pays<br />
53 L’utilisation conjointe <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux indicateurs est empruntée aux travaux <strong>de</strong> Miotti, Quenan, Winograd (1998)<br />
105
X i : <strong>les</strong> exportations en produit i du pays<br />
M = <strong>les</strong> importations tota<strong>les</strong> du pays<br />
M i = <strong>les</strong> importations en produit i du pays<br />
106
ANNEXE 3 : La mesure <strong>de</strong>s écarts entre <strong>les</strong> structures <strong>de</strong> spécialisation<br />
Afin <strong>de</strong> pouvoir évaluer l’écart entre la structure <strong>de</strong> spécialisation <strong>de</strong> la France <strong>avec</strong><br />
chacun <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong>, nous avons repris l’indicateur mis au point par Freu<strong>de</strong>nberg,<br />
Gaulier, Unal-Kesenci(1998). Les structures <strong>de</strong> spécialisation <strong>de</strong>s pays ont d’abord été<br />
mesurées par <strong>les</strong> “contributions au sol<strong>de</strong> commercial” (CSC), indicateurs d’avantages<br />
comparatifs révélés par le commerce international (Lafay, 1990). Cel<strong>les</strong>-ci comparent, pour<br />
un produit donné, le sol<strong>de</strong> commercial effectif d’un pays à un sol<strong>de</strong> théorique correspondant à<br />
une absence <strong>de</strong> spécialisation. Pour éliminer <strong>les</strong> effets conjoncturels induits par un sol<strong>de</strong><br />
global en déséqui<strong>libre</strong> et faire ressortir seulement la situation propre <strong>de</strong>s produits <strong>les</strong> uns par<br />
rapport aux autres, le sol<strong>de</strong> théorique est calculé <strong>de</strong> manière à refléter une situation<br />
d’équi<strong>libre</strong> : il s’agit <strong>de</strong> répartir le sol<strong>de</strong> global entre <strong>les</strong> différents produits au prorata <strong>de</strong> leurs<br />
poids respectifs dans le commerce total du pays. L’indicateur est additif : par construction, la<br />
somme sur l’ensemble <strong>de</strong>s produits est égale à zéro.<br />
1<br />
ajust<br />
ajust<br />
DSpéij<br />
= ∑ ( CSCik<br />
− CSC<br />
jk<br />
)<br />
4<br />
k<br />
<strong>avec</strong> i le pays, k le produit, Y le PIB, X <strong>les</strong> exportations et M <strong>les</strong> importations.<br />
La contribution au sol<strong>de</strong> est généralement rapportée au PIB du pays: l’éventail <strong>de</strong>s<br />
avantages comparatifs permet ainsi d’appréhen<strong>de</strong>r <strong>les</strong> différences entre pays dans leur <strong>de</strong>gré<br />
<strong>de</strong> spécialisation. L’intensité <strong>de</strong> la spécialisation d’un pays est en étroite relation <strong>avec</strong> sa<br />
taille.<br />
Pour déterminer si <strong>de</strong>ux pays ont une spécialisation sectorielle proche ou au contraire<br />
complémentaire, on élimine ces effets d’échelle et on compare leurs structures d’avantages<br />
comparatifs par produits (69 postes <strong>de</strong> la base CHELEM). La transformation <strong>de</strong> l’indicateur<br />
<strong>de</strong> contribution au sol<strong>de</strong> en un indicateur d’écart (ou <strong>de</strong> similarité) <strong>de</strong>s structures <strong>de</strong><br />
spécialisation se fait en plusieurs étapes.<br />
On calcule d’abord <strong>de</strong>s CSC “ajustées” (CSC ajust ) où <strong>les</strong> différences dans le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong><br />
spécialisation <strong>de</strong>s pays sont éliminées pour rendre comparab<strong>les</strong> <strong>les</strong> structures ; <strong>les</strong> CSC sont<br />
multipliées par un coefficient tel que la somme <strong>de</strong>s valeurs ajustées soit <strong>de</strong> 100 pour<br />
l’ensemble <strong>de</strong>s points forts, et <strong>de</strong> -100 pour <strong>les</strong> points faib<strong>les</strong>. Ceci permet <strong>de</strong> déceler<br />
l’importance relative <strong>de</strong> chaque point fort dans l’ensemble <strong>de</strong>s points forts, et <strong>de</strong> même pour<br />
<strong>les</strong> points faib<strong>les</strong>.<br />
On additionne ensuite <strong>les</strong> différences absolues <strong>de</strong>s CSC ajust <strong>de</strong>s produits entre <strong>de</strong>ux<br />
pays. Si <strong>de</strong>ux pays avaient exactement le même type <strong>de</strong> spécialisation en termes d’excé<strong>de</strong>nts<br />
et <strong>de</strong> déficits structurels, <strong>les</strong> valeurs <strong>de</strong> CSC ajust seraient i<strong>de</strong>ntiques pour chaque produit et la<br />
différence cumulée égale à zéro. Si, par contre, <strong>de</strong>ux pays avaient une spécialisation opposée -<br />
une valeur positive pour le pays A correspondant à une valeur négative pour le pays B - la<br />
différence cumulée serait 400. Un <strong>de</strong>rnier ajustement permet <strong>de</strong> borner ce nouvel indicateur<br />
<strong>de</strong> manière à ce qu’il varie entre zéro (similarité parfaite <strong>de</strong>s spécialisations) et 100<br />
(complémentarité parfaite).
La distance <strong>de</strong> structure <strong>de</strong> spécialisation entre <strong>les</strong> pays i et j est donc calculée <strong>de</strong> la<br />
manière suivante:<br />
CSC<br />
k<br />
i<br />
1000<br />
X<br />
k M<br />
k k<br />
k k<br />
i<br />
+<br />
k<br />
i<br />
= ( )[( Xi<br />
− Mi<br />
) − ∑ ( Xi<br />
−Mi<br />
)( )]<br />
k k<br />
Y<br />
( X + M )<br />
k, le produit.<br />
i<br />
k<br />
∑<br />
k<br />
i<br />
i<br />
<strong>avec</strong><br />
108
TROISIEME PARTIE<br />
LES RELATIONS AVEC LES PAYS MEDITERRANEENS<br />
109
LE NOUVEAU PARTENARIAT EURO-MEDITERRANEEN<br />
PORTEE ET LIMITES DU PARI DE L'OUVERTURE<br />
Lahsen ABDELMALKI<br />
Mustapha SADNI-JALLAB<br />
Université Lumière Lyon 2<br />
La coopération <strong>de</strong> l'Union Européenne (UE) <strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> la zone méditerranéenne a une<br />
longue tradition qui remonte au moins aux années 60 <strong>avec</strong> la signature d'<strong>accords</strong> <strong>de</strong> coopération<br />
<strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> la rive sud. Ces <strong>accords</strong>, d'une durée illimitée, étaient assortis <strong>de</strong> protoco<strong>les</strong><br />
financiers bilatéraux tous renégociés périodiquement. Le dispositif reposait sur un système <strong>de</strong><br />
préférences commercia<strong>les</strong> asymétriques garantissant à ces pays l'accès au marché communautaire,<br />
sans contrepartie en termes <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong> droits <strong>de</strong> douanes pour <strong>les</strong> biens européens importés<br />
par ces pays.<br />
Au début <strong>de</strong>s années 1990, l'importance <strong>de</strong>s relations politiques économiques et socia<strong>les</strong><br />
entre l'Europe et la Méditerranée orientale et méridionale, ainsi que l'évolution <strong>de</strong> la situation<br />
politique et géostratégique en Europe, ont conduit l'UE à redéfinir sa position à l'égard <strong>de</strong> sa faça<strong>de</strong><br />
sud, en même temps qu'elle envisageait son élargissement à l'Est. Cette nouvelle approche cherchait<br />
à définir une stratégie régionale d'ensemble dépassant <strong>les</strong> aspects commerciaux classiques et la<br />
coopération traditionnelle en matière technique et financière. Ce rééquilibrage géographique s'est<br />
trouvé traduit en programme <strong>de</strong> partenariat lors <strong>de</strong> la Conférence <strong>de</strong> Barcelone, considérée comme<br />
l'acte fondateur <strong>de</strong> ce nouveau départ 54 .<br />
Le nouveau partenariat instaure un cadre <strong>de</strong> relations contractuel<strong>les</strong> globa<strong>les</strong> entre l’Europe<br />
et sa périphérie méditerranéenne et remplace <strong>les</strong> coopérations passées par un dispositif au contenu à<br />
la fois commercial, social et politique. Le cœur <strong>de</strong> ce dispositif a pris la forme d'un projet <strong>de</strong> zone<br />
<strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange (ZLE) adossé à <strong>de</strong>s mécanismes <strong>de</strong> transferts institutionnels et financiers (fonds<br />
MEDA notamment) pour accompagner <strong>les</strong> transitions au Sud.<br />
Au terme <strong>de</strong> plusieurs années <strong>de</strong> fonctionnement, quel bilan du partenariat euroméditerranéen<br />
est-on autorisé à dresser aujourd'hui ? Nous verrons, qu'au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s ambitions et <strong>de</strong>s<br />
objectifs entretenus par un renfort <strong>de</strong> déclarations grandiloquentes venant <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux rives à la fois, il<br />
subsiste <strong>de</strong> nombreuses ambiguïtés ressortant notamment <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> coopération privilégiés. La<br />
présente communication a pour ambition <strong>de</strong> présenter un bilan transitoire d'un processus proposé en<br />
1995 par l'UE qui se traduit par <strong>de</strong>s conférences, <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> d'association et un programme<br />
54 Adoptée à l'issue <strong>de</strong> la conférence euro-méditerranéenne <strong>de</strong>s 27 et 28 novembre 1995, la Déclaration dite <strong>de</strong> Barcelone<br />
a fait naître <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s espérances chez <strong>les</strong> douze pays tiers méditerranéens ainsi associés à l'UE.<br />
110
d'assistance technique communautaire, le programme MEDA 55 . Nous constaterons qu’une grosse<br />
part <strong>de</strong>s fonds alloués à ce programme n’est pas attribuée et ce qu'il l'est est loin <strong>de</strong> porter <strong>les</strong><br />
résultats attendus. Cela condamne-t-il pour autant la coopération euro-méditerranéenne ?<br />
1. Le pivot <strong>de</strong> l'accord <strong>de</strong> coopération euro-méditerranéen : le projet <strong>de</strong> ZLE<br />
1.1. L’esprit du partenariat euro-méditerranéen<br />
Les enjeux <strong>de</strong> la politique que l'UE a engagé en direction <strong>de</strong>s pays méditerranéens du sud<br />
sont nombreux. Ces enjeux peuvent être appréhendés sous un clivage qui permet <strong>de</strong> distinguer <strong>les</strong><br />
aspects : social, économiques et financier d'un côté et <strong>les</strong> aspects sociaux et géostratégiques d'un<br />
autre côté. Ces <strong>de</strong>rniers retiendront moins notre attention.<br />
Le volet économique et financier<br />
Le Sud <strong>de</strong> la Méditerranée, à la différence d'une partie du Sud-Est asiatique, et nonobstant<br />
<strong>les</strong> politiques volontaristes qui ont été engagées <strong>de</strong>puis <strong>de</strong> nombreuse années dans la plupart <strong>de</strong> ces<br />
pays, n'a pas réussi à <strong>de</strong>venir une région économique émergente. A l'exception <strong>de</strong> la Turquie et<br />
d'Israël, ces pays se caractérisent par une offre industrielle peu compétitive et leurs exportations<br />
sont encore largement cel<strong>les</strong> <strong>de</strong> pays en voie <strong>de</strong> développement. Ils ne sont pas parvenus non plus à<br />
constituer entre eux <strong>de</strong>s espaces économiques organisés : l'Union du Maghreb Arabe, créée en<br />
1989, n'a pas répondu aux espoirs placés en elle. Des divisions entre <strong>les</strong> pays du Mashrek ont<br />
empêché un début d'intégration économique. Leurs économies ont stagné <strong>de</strong>puis le milieu <strong>de</strong>s<br />
années 1980. Ces pays sont entrés dans une phase <strong>de</strong> transition démographique mais <strong>les</strong> taux<br />
d'accroissement <strong>de</strong> la population <strong>de</strong>meurent élevés.<br />
Sans doute aussi, <strong>les</strong> politiques d'ajustement structurel appliquées au cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières<br />
années ont-el<strong>les</strong> permis <strong>de</strong> rétablir <strong>les</strong> équi<strong>libre</strong>s macro-économiques <strong>de</strong> certains pays. Mais, <strong>les</strong><br />
économies réel<strong>les</strong> ne reposent toujours pas sur <strong>de</strong>s assises soli<strong>de</strong>s et le coût social <strong>de</strong>s ajustements<br />
<strong>de</strong>meure encore aujourd'hui relativement lourd. Cette situation entretient <strong>de</strong>s antagonismes culturels<br />
et se traduit par une forte pression migratoire aux portes <strong>de</strong> l'Europe. Pourtant, ces pays représentent<br />
un marché potentiel et donc une chance pour l'économie européenne. L'année 2010 est fixée comme<br />
date objectif pour instaurer une zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange industriel et commercial.<br />
Des objectifs sociaux et <strong>de</strong> sécurité commune<br />
Le volet "social" du partenariat euro-méditerranéen cherche à "développer <strong>les</strong> ressources<br />
humaines et favoriser la compréhension entre <strong>les</strong> cultures et <strong>les</strong> échanges entre <strong>les</strong> sociétés". Il<br />
prévoit également une coopération tendant à diminuer la pression migratoire. Le <strong>de</strong>rnier enjeu porte<br />
sur la sécurité <strong>de</strong>s pays du Sud et, liée à elle, celle <strong>de</strong>s Européens. La région est tourmentée par <strong>de</strong>s<br />
conflits inter et intra-étatiques aigus. Certains datent <strong>de</strong> l'immédiat après-guerre. D'autres sont<br />
apparus plus récemment. De nouvel<strong>les</strong> puissances régiona<strong>les</strong> ont émergé à la périphérie <strong>de</strong> la région<br />
55 Cette politique réunit, <strong>de</strong>puis 1995, <strong>les</strong> Quinze, tous <strong>les</strong> autres pays méditerranéens du pourtour sud <strong>de</strong> la Méditerranée<br />
à l'exception <strong>de</strong> la Libye, ainsi que l'Autorité pa<strong>les</strong>tinienne, c'est à dire au total vingt-sept entités<br />
111
comme l'Iran. Or, dans ces conflits, l'Europe apparaît le plus souvent comme indifférente, voire<br />
comme impuissante. La guerre du Golfe a, <strong>de</strong> ce point <strong>de</strong> vue, constitué un tournant.<br />
Pour atteindre ces objectifs, l'UE a prévu <strong>de</strong> mettre en oeuvre <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> mécanismes :<br />
d'une part, <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> d'association, conclus entre l'Union et chacun <strong>de</strong>s partenaires, qui doivent<br />
programmer la libéralisation <strong>de</strong>s échanges, organiser la coopération bilatérale et instituer le<br />
dialogue politique ; d'autre part, un programme <strong>de</strong> coopération technique, le programme MEDA,<br />
qui doit accompagner l'instauration d'un régime commercial <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange.<br />
1.2. Les gran<strong>de</strong>s étapes du nouveau partenariat euro-méditerranéen<br />
Depuis la conférence fondatrice à Barcelone, trois conférences plénières se sont réunies : à<br />
Malte, en 1997, à Stuttgart en 1999 et tout récemment à Marseille en 2000. Par ailleurs, <strong>de</strong><br />
nombreuses conférences ministériel<strong>les</strong> thématiques se sont tenues afin <strong>de</strong> promouvoir la<br />
coopération dans <strong>de</strong>s secteurs jugés prioritaires.<br />
La première phase : Barcelone<br />
La Conférence Euro-Méditerranéenne <strong>de</strong> Barcelone a réuni <strong>les</strong> 27 et 28 novembre 1995 <strong>les</strong><br />
Ministres <strong>de</strong>s Affaires Etrangères <strong>de</strong>s 15 pays membres <strong>de</strong> l’Union et ceux <strong>de</strong> 12 pays tiers<br />
méditerranéens (Algérie, Chypre, Egypte, Israël, Jordanie, Liban, Malte, Maroc, Syrie, Tunisie,<br />
Turquie, Autorité Pa<strong>les</strong>tinienne).<br />
En vue <strong>de</strong> contribuer à la création d'une zone <strong>de</strong> prospérité et <strong>de</strong> stabilité dans la région, il a<br />
été prévu une « réunion périodique <strong>de</strong> hauts fonctionnaires », formulation banale et pourtant vrai<br />
succès dans l'instauration d'un dialogue suivi entre vingt-sept partenaires distincts.<br />
Dans une zone divisée par <strong>de</strong> nombreux conflits, toutes <strong>les</strong> voix s'accor<strong>de</strong>nt pour reconnaître<br />
que le partenariat euro-méditerranéen peut fournir un forum unique et un cadre <strong>de</strong> dialogue idéal où<br />
l'ensemble <strong>de</strong>s parties intéressées acceptent <strong>de</strong> participer ensemble et régulièrement. Les échanges<br />
politiques s'y sont poursuivis même lorsque la situation au Moyen-Orient ou en Méditerranée<br />
orientale était particulièrement tendue. Le partenariat <strong>de</strong>meure la seule enceinte multilatérale où <strong>les</strong><br />
représentants <strong>de</strong> la Syrie et du Liban participent à <strong>de</strong>s réunions communes <strong>avec</strong> leurs homologues<br />
israéliens. D'une certaine manière, il faut reconnaître que l'UE a ainsi contribué à la stabilité<br />
régionale, ou du moins à limiter son instabilité.<br />
Les résultats mitigés <strong>de</strong> Malte<br />
La Conférence euro-méditerranéenne <strong>de</strong>s Ministres <strong>de</strong>s Affaires Etrangères <strong>de</strong> Stuttgart en<br />
avril 1999 (Barcelone 2) a rappelé l’importance <strong>de</strong> la dimension sociale, culturelle et humaine dans<br />
le succès du Partenariat et a incité à poursuivre le travail d’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s priorités d’action dans<br />
ce domaine. Lors <strong>de</strong> cette <strong>de</strong>uxième conférence, <strong>les</strong> vingt-sept partenaires ont dressé le bilan <strong>de</strong>s<br />
progrès accomplis et dégagé <strong>les</strong> conclusions suivantes : un plan d'action a été élaboré, afin <strong>de</strong><br />
poursuivre le travail sur le renforcement <strong>de</strong> la démocratie, <strong>de</strong> la diplomatie préventive, <strong>de</strong> la<br />
sécurité, du désarmement, du terrorisme et du crime organisé ; <strong>de</strong> surcroît, <strong>de</strong>s mesures <strong>de</strong><br />
confiance ont été approuvées comprenant la création d'un réseau <strong>de</strong> correspondants politiques et <strong>de</strong><br />
sécurité, l'établissement d'un réseau d'instituts <strong>de</strong> politique étrangère (EuroMeSCo) et <strong>de</strong> plusieurs<br />
autres mécanismes pour renforcer <strong>les</strong> contacts dans ce domaine.<br />
112
Les progrès <strong>de</strong> Stuttgart<br />
La troisième Conférence <strong>de</strong>s ministres <strong>de</strong>s Affaires étrangères, tenue à Stuttgart <strong>les</strong> 15 et 16<br />
avril 1999, a permis <strong>de</strong> réel<strong>les</strong> avancées en dépit du climat politique difficile qui présidait alors,<br />
tenant à l'évolution négative du processus <strong>de</strong> paix et à la proximité <strong>de</strong>s échéances électora<strong>les</strong> en<br />
Israël.<br />
Il y a été décidé <strong>de</strong>s lignes directrices du projet <strong>de</strong> Charte <strong>de</strong> stabilité, établies par la<br />
prési<strong>de</strong>nce, et qui ont été annexées aux conclusions en tant que document <strong>de</strong> travail informel. Les<br />
Hauts fonctionnaires ont été chargés d'achever l'élaboration du projet <strong>de</strong> texte pour la conférence<br />
suivante, à Marseille, qui s'est tenue en novembre 2000 sous prési<strong>de</strong>nce française du Conseil.<br />
Cette réunion a aussi permis <strong>de</strong> consoli<strong>de</strong>r le partenariat euro-méditerranéen, dans ses trois<br />
volets, et <strong>de</strong> confirmer la priorité que l’Union entend donner à la Méditerranée. A cette occasion, la<br />
Libye a, pour la première fois, participé aux travaux à titre d’invité spécial et sa vocation à <strong>de</strong>venir<br />
membre plein du processus a été reconnue. L’idée d’une Charte <strong>de</strong> stabilité en Méditerranée a<br />
également progressé <strong>avec</strong> l’approbation <strong>de</strong> « lignes directrices » <strong>de</strong>vant gui<strong>de</strong>r son élaboration dans<br />
la perspective <strong>de</strong> son adoption à Barcelone IV, sous Prési<strong>de</strong>nce française, et si <strong>les</strong> circonstances le<br />
permettent.<br />
La timi<strong>de</strong> relance <strong>de</strong> Marseille<br />
La quatrième réunion euro-méditerranéenne ministérielle dite "Barcelone IV" s'est déroulée<br />
à Marseille en novembre 2000. Cinq ans après la Conférence <strong>de</strong> Barcelone, <strong>les</strong> 27 ministres ont<br />
procédé sous prési<strong>de</strong>nce française à un bilan critique du partenariat engagé en vue <strong>de</strong> lui donner un<br />
nouvel élan.<br />
Sur le plan politique et <strong>de</strong> sécurité, <strong>les</strong> travaux permettant l'adoption à terme d'une charte <strong>de</strong><br />
paix et <strong>de</strong> stabilité doivent se poursuivre sur tous <strong>les</strong> thèmes qui la sous-ten<strong>de</strong>nt (stabilité, sécurité,<br />
lutte contre le terrorisme, migrations et échanges humains). S'agissant du processus <strong>de</strong> paix au<br />
Moyen Orient, l'Union européenne a réaffirmé son attachement à voir s'établir à brève échéance par<br />
la négociation un Etat souverain pa<strong>les</strong>tinien, démocratique, viable et pacifique.<br />
Sur le plan économique et financier, <strong>les</strong> ministres ont confirmé la priorité donnée à l'objectif<br />
d'établir une zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange à l'horizon 2010 et insisté sur la nécessité <strong>de</strong> renforcer<br />
l'intégration "Sud -Sud" entre pays méditerranéens. Pour la pério<strong>de</strong> 2000-2006, MEDA II sera doté<br />
<strong>de</strong> 5,35 milliards d'euros et <strong>les</strong> prêts <strong>de</strong> la BEI (Banque européenne d'Investissements) s'élèveront à<br />
6,34 milliards d'euros.<br />
Tous <strong>les</strong> pays présents ont notamment réaffirmé leur attachement à la création <strong>de</strong> la zone <strong>de</strong><br />
<strong>libre</strong>-échange euro-méditerranéenne en 2010 et ont accueilli, <strong>avec</strong> une certaine satisfaction,<br />
l'annonce du montant <strong>de</strong> l'enveloppe financière <strong>de</strong> 5,35 milliards d'euros pour MEDA 2 - auxquels<br />
s'ajouteront 6,4 milliards d'euros <strong>de</strong> prêts <strong>de</strong> la BEI et un milliard d'euros supplémentaires prélevés<br />
sur ses propres ressources, soit un total <strong>de</strong> 12,75 milliards d'euros sur la pério<strong>de</strong> -. Ils ont également<br />
approuvé <strong>les</strong> améliorations récemment apportées par l'Union à la gestion <strong>de</strong> ce programme. Enfin,<br />
le mandat donné aux hauts fonctionnaires pour poursuivre <strong>les</strong> travaux <strong>de</strong> la Charte a été confirmé.<br />
Par ailleurs, la conférence <strong>de</strong> Marseille a été l'occasion <strong>de</strong> rassurer <strong>les</strong> pays partenaires sur la<br />
question du projet <strong>de</strong> création d'une défense européenne, en confirmant que son champ<br />
d'intervention naturel était bien européen. Certains d'entre eux montraient, en effet, quelques<br />
113
inquiétu<strong>de</strong>s sur <strong>les</strong> objectifs visés par l'Union, voire sur l'éventuelle « réminiscence <strong>de</strong> tentations<br />
colonia<strong>les</strong> d'autrefois ».<br />
La prochaine étape du dialogue euro-méditerranéen aura lieu sous Prési<strong>de</strong>nce espagnole,<br />
pour la cinquième Conférence euro-méditerranéenne <strong>de</strong>s ministres <strong>de</strong>s Affaires étrangères,<br />
Barcelone 5, qui sera tenue <strong>les</strong> 22 et 23 avril 2002 à Valence. L'Espagne a d'ailleurs fait savoir que<br />
la poursuite et le renforcement du dialogue euro-méditerranéen figureraient parmi <strong>les</strong> priorités <strong>de</strong> sa<br />
future Prési<strong>de</strong>nce.<br />
1.3. L'accord <strong>de</strong> coopération euro-méditerranéen au défi <strong>de</strong> l'inégal<br />
développement <strong>de</strong>s parties engagées<br />
La première évi<strong>de</strong>nce est que <strong>les</strong> pays partenaires sont à <strong>de</strong>s niveaux <strong>de</strong> développement très<br />
inégaux. Ce fait n'est pas sans effet, ni sur <strong>les</strong> chances <strong>de</strong> succès <strong>de</strong> la mise en place d'une ZLE, ni<br />
sur l'importance <strong>de</strong>s bénéfices que chaque pays et chaque zone sont susceptible <strong>de</strong> retirer du projet.<br />
Une maturité inégale <strong>de</strong>s économies<br />
Trois pays ont <strong>de</strong>s économies comparab<strong>les</strong> à cel<strong>les</strong> <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l'Union européenne : Israël,<br />
<strong>avec</strong> un PNB par habitant <strong>de</strong> 17 000 dollars, est une puissance totalement intégrée à l'économie<br />
mondiale ; Chypre (13 000 dollars par habitants), du moins dans sa partie sud, est également très<br />
dynamique ; Malte (9 100 dollars par habitants) est au même niveau que la Grèce ou le Portugal. Ce<br />
sont en outre trois économies qui ont dores et déjà libéralisé leurs échanges <strong>avec</strong> l'Union<br />
européenne. Les autres partenaires sont dans <strong>de</strong>s situations tout à fait différentes comme l'illustre le<br />
tableau ci-<strong>de</strong>ssous.<br />
Principaux indicateurs économiques et sociaux <strong>de</strong>s PPM en 2000<br />
Population Démographie PIB PIB/habitant<br />
Liban 5,7 1,8 16,5 3700<br />
Turquie 64 1,5 191 3000<br />
Tunisie 9,3 1,6 20 2100<br />
Algérie 29,3 2,15 47,7 1644<br />
Jordanie 4,5 3,3 7,9 1530<br />
Maroc 28,5 1,93 36,82 1360<br />
Egypte 61,5 2,1 70,6 1130<br />
Autorité pa<strong>les</strong>tinienn 3,5 5 3,5 1200<br />
114
Syrie 16 3,5 15,6 1000<br />
Source : rapport d’information parlementaire, PEM, 2001<br />
115
Comme le souligne l'Institut <strong>de</strong> la Méditerranée (2000) dans son rapport sur le dialogue<br />
euro-méditerranéen, tous <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> la Méditerranée ont mis au point <strong>de</strong>puis le début <strong>de</strong>s années 80<br />
<strong>de</strong>s programmes d'ajustement structurel qui ont porté leurs fruits. A l'exception <strong>de</strong> l'Algérie et <strong>de</strong> la<br />
Turquie, l'inflation est aujourd'hui sous la barre <strong>de</strong> 10%. L'assainissement financier a permis <strong>de</strong><br />
stabiliser <strong>les</strong> taux d'intérêt réels, <strong>de</strong> réduire <strong>les</strong> déficits budgétaires et <strong>les</strong> services <strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte.<br />
Cependant, <strong>les</strong> économies sont encore extrêmement fragi<strong>les</strong> et sont confrontées à une croissance<br />
démographique et <strong>de</strong>s contraintes socia<strong>les</strong> qui posent <strong>de</strong> redoutab<strong>les</strong> problèmes.<br />
Les pays méditerranéens <strong>les</strong> plus engagés <strong>avec</strong> l’Europe<br />
L’engagement par <strong>les</strong> importations<br />
L’engagement par <strong>les</strong> exportations<br />
Malte 74% Tunisie 78%<br />
Tunisie 73% Syrie 65%<br />
Algérie 68% Algérie 63%<br />
Liban 66% Maroc 61%<br />
Israël 52% Malte 54%<br />
Maroc 52%<br />
Syrie 51%<br />
Turquie 51%<br />
Jordanie 50%<br />
Source : OMC, Calculs Instituts <strong>de</strong> la méditerranée, rapport FEMISE 2000.<br />
Les échanges euro-méditerranéens : un commerce fortement inégal<br />
Les contacts économiques régionaux restent infimes, malgré quelques rares <strong>accords</strong><br />
bilatéraux comme celui existant entre le Maroc et la Tunisie. Le commerce intra-régional ne<br />
concerne qu'à peine 6 % <strong>de</strong>s échanges. (Ab<strong>de</strong>lmalki et Trotignon, 2001).<br />
Il semble que certains <strong>de</strong>s partenaires méditerranéens aient pris conscience <strong>de</strong> cette faib<strong>les</strong>se<br />
puisque <strong>les</strong> ministres <strong>de</strong>s Affaires étrangères du Maroc, <strong>de</strong> la Tunisie, <strong>de</strong> l'Egypte et <strong>de</strong> la Jordanie<br />
ont conclu, le 8 mai 2001 à Agadir, <strong>de</strong>s discussions détaillées sur la création d'une zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>échange<br />
entre eux, afin d'établir, selon une déclaration commune, « un espace économique fort dans<br />
la perspective <strong>de</strong>s échéances <strong>de</strong> l'année 2010 liées à l'instauration d'une zone euro-méditerranéenne<br />
<strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange».<br />
Le <strong>de</strong>uxième rapport FEMISE sur le partenariat euro-méditerranéen (juillet 2000) met en<br />
évi<strong>de</strong>nce cette faib<strong>les</strong>se du commerce entre pays arabe partenaires <strong>de</strong> l’Union européenne. Alors<br />
que le commerce intra zone pour <strong>les</strong> pays d’Amérique du Sud est passé <strong>de</strong> 11% à 25% entre 1970 et<br />
1998, celui du commerce Sud-Sud qui est central pour le développement <strong>de</strong> la région euro-<br />
116
méditerranéenne se maintient entre 4% et 6%. Ceci peut s’expliquer comme le souligne le rapport<br />
par <strong>les</strong> droits <strong>de</strong> douane et aux multip<strong>les</strong> formes <strong>de</strong> protection « douces ou dures ».<br />
Les échanges euro-méditerranéen atteignent environ 110 milliards <strong>de</strong> dollars en 2001. Ce<br />
montant représente plus <strong>de</strong> 50% <strong>de</strong>s échanges extérieurs <strong>de</strong>s PPM et environ 5% <strong>de</strong>s échanges<br />
extra-communautaires. Cette asymétrie traduit d’abord <strong>les</strong> inégalités du poids économique <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux<br />
ensemb<strong>les</strong>. Elle rend compte aussi d’une participation inégale aux courants d’échanges mondiaux.<br />
En effet, la participation <strong>de</strong> l’UE est 20 fois supérieure à celle <strong>de</strong>s PPM. Elle exprime, enfin, une<br />
forte asymétrie relationnelle. Alors que l’UE est la première zone d’importation (52%) et<br />
d’exportation (49%) pour <strong>les</strong> PPM, ces <strong>de</strong>rniers ne constituent, à proprement parler, ni une<br />
<strong>de</strong>stination (8,6% <strong>de</strong>s exportations), ni une source d’approvisionnement (5,8% <strong>de</strong>s importations).<br />
En définitive, s’agissant <strong>de</strong>s relations commercia<strong>les</strong> entre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux <strong>zones</strong>, il apparaît clairement que<br />
<strong>les</strong> PPM constituent d’abord un marché pour l’UE. L’une <strong>de</strong>s raisons essentiel<strong>les</strong> à la faib<strong>les</strong>se <strong>de</strong><br />
ce commerce bilatéral s’explique par l’insuffisante intégration politique <strong>de</strong>s PPM entre eux. En<br />
effet, si on regar<strong>de</strong> « <strong>les</strong> pays du mon<strong>de</strong> arabe », le défaut <strong>de</strong> l’intégration maghrébine malgré <strong>les</strong><br />
volontés plus ou moins avortées <strong>de</strong> l’Union du Maghreb Arabe (UMA), est l’une <strong>de</strong>s principa<strong>les</strong><br />
raisons <strong>de</strong> la faib<strong>les</strong>se <strong>de</strong>s échanges extérieurs <strong>de</strong> ces pays. L’absence <strong>de</strong> coordination <strong>de</strong>s<br />
politiques commercia<strong>les</strong> peut donc être analysée comme un frein au développement du commerce<br />
bilatéral.<br />
En <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s PECO, <strong>les</strong> pays partenaires méditerranéens sont <strong>les</strong> seuls à se voir proposer<br />
par l’Europe une association qui comprend <strong>de</strong>s dimensions économiques et commercia<strong>les</strong> mais<br />
aussi et surtout institutionnel<strong>les</strong>, politiques et socia<strong>les</strong>. Dans cette optique, l’ouverture économique<br />
est susceptible <strong>de</strong> stimuler la compétitivité <strong>de</strong>s productions <strong>de</strong> ces pays mais elle se révèle<br />
indispensable au moment où la libéralisation multilatérale s’attaque aux <strong>accords</strong> <strong>de</strong> préférence<br />
accordés <strong>de</strong> manière unilatérale par l’Europe.<br />
En 2001, <strong>les</strong> partenaires méditerranéens avaient un déficit commercial <strong>de</strong> 45,5 milliards <strong>de</strong><br />
dollars vis-à-vis du reste du mon<strong>de</strong>. Ces pays réalisent plus <strong>de</strong> la moitié <strong>de</strong> leurs échanges <strong>avec</strong> l'UE<br />
et leur déficit commercial <strong>avec</strong> <strong>les</strong> Quinze s'élève à 29 milliards <strong>de</strong> dollars en 1997, contre<br />
14 milliards en 1992.<br />
L'Europe est donc déjà un partenaire commercial essentiel <strong>de</strong>s pays partenaires. Comme le<br />
fait observer l'Institut <strong>de</strong> la Méditerranée, au cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières années, le contenu <strong>de</strong>s exportations<br />
<strong>de</strong>s pays du sud a considérablement évolué. Ces exportations se sont diversifiées au profit <strong>de</strong>s<br />
productions manufacturières qui sont passées <strong>de</strong> 45% en 1991 à 58% en 1996 <strong>de</strong>s importations <strong>de</strong><br />
l'Union en provenance <strong>de</strong> ces pays. Les points forts <strong>de</strong>s pays tiers sont essentiellement le textile et<br />
<strong>les</strong> produits agrico<strong>les</strong>. Cependant, <strong>les</strong> échanges sont encore marqués par <strong>de</strong>s complémentarités<br />
traditionnel<strong>les</strong> « Nord-Sud » et le sol<strong>de</strong> commercial reste en faveur <strong>de</strong> l'Union.<br />
Par ailleurs, <strong>les</strong> échanges sud-sud <strong>de</strong>meurent très faib<strong>les</strong> : moins <strong>de</strong> 5% <strong>de</strong> leur commerce<br />
total. Le Mercosur se caractérise par un commerce intra-zone beaucoup plus élevé, <strong>de</strong> l'ordre <strong>de</strong><br />
20% (Ab<strong>de</strong>lmalki et Trotignon, 2001). L'Institut <strong>de</strong> la Méditerranée conclut, à juste titre, que la<br />
réussite <strong>de</strong> la zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange comporte <strong>de</strong>ux enjeux : l'industrialisation et la diversification<br />
<strong>de</strong>s exportations <strong>de</strong>s pays du sud, d'une part, et le développement d'un cadre favorable au<br />
développement <strong>de</strong>s échanges sud-sud.<br />
D'autres observateurs soulignent que l'économie mondiale s'organise autour <strong>de</strong> régimes<br />
régionaux qui seront <strong>de</strong>s systèmes ouverts et interdépendants. Or, <strong>les</strong> pays du sud ne répon<strong>de</strong>nt pas<br />
encore à cette nécessité. Agnès Chevalier (2001) par exemple, estime que ces pays souffrent <strong>de</strong><br />
117
quatre handicaps : ils sont situés dans une zone <strong>de</strong> turbulences politiques ; leur taille est mo<strong>de</strong>ste<br />
(5% du PIB européen) et leur capacité <strong>de</strong> production peu compétitive ; ils sont émiettés entre <strong>de</strong><br />
petits et <strong>de</strong> grands pays <strong>avec</strong> <strong>de</strong> fortes différences <strong>de</strong> richesse ; enfin, ils n'ont pas réussi à s'intégrer<br />
régionalement.<br />
De plus, la mort du régime douanier privilégié dont ils bénéficient est programmée. Du fait<br />
du <strong>de</strong>rnier cycle <strong>de</strong> négociations d’Uruguay, le tarif extérieur commun a fortement diminué ce qui<br />
favorise la compétitivité <strong>de</strong>s autres partenaires commerciaux <strong>de</strong> la Communauté, au détriment <strong>de</strong>s<br />
pays tiers méditerranéens. Le démantèlement <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> multifibres <strong>de</strong>vrait également stimuler la<br />
concurrence <strong>de</strong>s pays asiatiques sur <strong>les</strong> marchés européens dans un créneau où <strong>les</strong> pays<br />
méditerranéens ont obligation d'obtenir <strong>de</strong> bons résultats.<br />
2. Portée et bénéfice du <strong>libre</strong>-échange entre <strong>zones</strong> d'inégal développement : un objet <strong>de</strong> débat<br />
2.1. Le <strong>libre</strong>-échange : une solution obligée ?<br />
Le volet économique et financier du partenariat euro-méditerranéen comporte trois objectifs<br />
intimement liés : le soutien <strong>de</strong> l'UE à la transition économique, l'accroissement <strong>de</strong>s flux<br />
d'investissements étrangers à <strong>de</strong>stination <strong>de</strong>s pays partenaires et l'établissement d'une zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>échange<br />
euro-méditerranéenne.<br />
L'une <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> la réussite <strong>de</strong> cette ZLE a trait à la robustesse <strong>de</strong> leurs équi<strong>libre</strong>s<br />
macroéconomiques. Comme nous le verrons, <strong>les</strong> ajustements réalisés l’ont été au prix d’un<br />
ralentissement <strong>de</strong> la croissance. Ce qui n’est pas sans poser quelques problèmes sur <strong>les</strong> équi<strong>libre</strong>s<br />
économiques et sociaux.<br />
Les lignes directrices du projet et ses ambitions<br />
Jusqu'en 1995, la coopération économique accordée par <strong>les</strong> Etats membres à la zone<br />
méditerranéenne reposait sur un système <strong>de</strong> préférences commercia<strong>les</strong> asymétriques, lui<br />
garantissant l'accès au marché européen sans contrepartie en termes <strong>de</strong> réduction ou d'abaissement<br />
<strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> douanes aux produits importés. L'entrée en vigueur <strong>de</strong>s nouvel<strong>les</strong> règ<strong>les</strong> du commerce<br />
international <strong>de</strong> l'OMC, interdisant <strong>les</strong> préférences commercia<strong>les</strong> asymétriques, a conduit l'UE à<br />
repenser la doctrine qui régit sa politique d'échanges <strong>avec</strong> la Méditerranée. Il a été décidé, à<br />
Barcelone, la création à partir <strong>de</strong> 2010 d'une zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong> échange exempte <strong>de</strong> droits <strong>de</strong> douane et<br />
<strong>de</strong> quotas qui concernera un marché <strong>de</strong> 700 millions <strong>de</strong> consommateurs.<br />
Il ne s'agit, toutefois, pas d'un <strong>libre</strong>-échange intégral puisqu'il est assorti <strong>de</strong> certains<br />
accommo<strong>de</strong>ments et limites. En particulier, ce régime n'est applicable, dans un premier temps,<br />
qu'aux seuls produits industriels, la libéralisation <strong>de</strong>s échanges <strong>de</strong> services et <strong>de</strong> produits agrico<strong>les</strong><br />
constituant une étape ultérieure non encore programmée. Ce <strong>libre</strong>-échange ne concerne que huit <strong>de</strong>s<br />
douze partenaires, <strong>les</strong> quatre autres étant déjà en régime d'union douanière (Turquie, Chypre et<br />
Malte) et, même, <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange industriel (Israël <strong>de</strong>puis 1988). De même, la mise en oeuvre du<br />
régime <strong>libre</strong>-échangiste est étalée sur douze ans - car c'est là le délai maximal autorisé par l'OMC<br />
pour <strong>les</strong> ententes régiona<strong>les</strong> - à compter <strong>de</strong> la date <strong>de</strong> signature <strong>de</strong> l'accord d'association. L'échéance<br />
prévisible est donc <strong>de</strong> 2010-2012 pour <strong>les</strong> premiers entrants, Tunisie, Maroc et territoires<br />
pa<strong>les</strong>tiniens. Enfin, la <strong>libre</strong> circulation <strong>de</strong>s biens ne s'étend pas à celle <strong>de</strong>s personnes, <strong>les</strong><br />
mouvements migratoires restant aujourd'hui encore très contrôlés à l'entrée du territoire européen<br />
par un régime <strong>de</strong> visas, mal compris au <strong>de</strong>meurant par certains <strong>de</strong>s pays partenaires.<br />
118
Les risques et <strong>les</strong> problèmes liés au projet<br />
Il faut admettre que le projet <strong>libre</strong>-échangiste n'équivaut pas à un avantage commercial<br />
accordé aux pays tiers méditerranéens. Il permettra simplement <strong>de</strong> rétablir la réciprocité <strong>de</strong>s<br />
conditions d'échanges, au profit <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l'Union, dans le commerce <strong>de</strong>s produits industriels où<br />
l'Europe dispose d'un avantage <strong>de</strong> compétitivité évi<strong>de</strong>nt. Seuls <strong>les</strong> secteurs textile et <strong>de</strong> l'artisanat<br />
<strong>de</strong>s pays méditerranéens pourraient en bénéficier le plus directement, à condition d'être confortés<br />
par <strong>les</strong> politiques d'accompagnement adéquates.<br />
La démarche est motivée par l'espoir que, <strong>de</strong> la confrontation brutale à la concurrence<br />
internationale et <strong>de</strong> la soumission aux contraintes du commerce international, il résultera <strong>les</strong><br />
réformes nécessaires à la mo<strong>de</strong>rnisation <strong>de</strong>s structures <strong>de</strong> production et à la stimulation <strong>de</strong> l'offre et<br />
<strong>de</strong> la compétitivité.<br />
Les pays tiers partenaires ont adhéré - <strong>avec</strong> plus ou moins <strong>de</strong> conviction - à ce schéma <strong>de</strong><br />
pensée. Toutefois, certains craignent qu'il conduise surtout à offrir à l'Union <strong>de</strong>s débouchés<br />
industriels laminant leur industrie naissante et fragile, sans qu'ils leur soit accordé <strong>de</strong> contrepartie<br />
possible en matière d'échanges agrico<strong>les</strong>, <strong>les</strong>quels resteront soumis à <strong>de</strong>s contingentements.<br />
L'option d'un <strong>libre</strong>-échange limité à l'industrie conduit à négliger le volet agricole, pour lequel <strong>les</strong><br />
partenaires méditerranéens disposent pourtant d'une vraie compétitivité.<br />
Pour illustrer la situation <strong>de</strong> déséqui<strong>libre</strong> entre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux rives <strong>de</strong> la Méditerranée, on peut<br />
rappeler que le revenu par habitant est environ dix fois plus élevé dans l'UE que chez ses<br />
partenaires, que le PIB <strong>de</strong>s trois pays du Maghreb (66 millions d'habitants) est inférieur à celui du<br />
Portugal (10 millions d'habitants) et que celui <strong>de</strong>s Etats du Mashrek (Egypte, Jordanie, Liban et<br />
Syrie : 86 millions d'habitants) équivaut au PIB grec (10,5 millions d'habitants) ou finlandais (5<br />
millions d'habitants).<br />
Le <strong>libre</strong> échange : gains théoriques versus dangers réels<br />
La réalisation d’une zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong> échange signifie qu’à terme <strong>les</strong> pays membres <strong>de</strong> cette<br />
zone supprimeront leurs tarifs entre eux mais chacun maintiendra une protection tarifaire propre<br />
vis-à-vis du reste du mon<strong>de</strong>. Elle n’implique donc pas la mise en place d’un tarif extérieur<br />
commun comme dans le cas d’une Union douanière, ni la <strong>libre</strong> circulation <strong>de</strong>s facteurs <strong>de</strong><br />
production, travail, capital, (comme dans un marché commun), encore moins la mise en place<br />
d’une monnaie commune (comme dans une union monétaire), pas plus qu’une harmonisation <strong>de</strong>s<br />
politiques économiques (comme dans une union économique).<br />
Les <strong>de</strong>grés <strong>de</strong> l’intégration économique<br />
Forme d’intégration Suppression <strong>de</strong>s<br />
obstac<strong>les</strong> aux échanges<br />
Zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>échange<br />
Union douanière<br />
Marché Commun<br />
Union Monétaire<br />
Union économique<br />
et monétaire<br />
Politique<br />
commerciale<br />
commune<br />
Mobilité <strong>de</strong>s<br />
facteurs et <strong>de</strong>s<br />
actifs financiers<br />
Taux <strong>de</strong> changes fixe Politiques économiques<br />
ou monnaie unique communes<br />
119
Les pays qui s’organisent sous la forme d'une zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange s'engagent à éliminer<br />
entre eux <strong>les</strong> droits <strong>de</strong> douane et <strong>les</strong> restrictions quantitatives qui freinent la <strong>libre</strong> circulation <strong>de</strong>s<br />
biens et, éventuellement, <strong>de</strong>s services non financiers. Ils conservent toutefois leur propre protection<br />
et donc leur propre politique commerciale envers <strong>les</strong> pays du reste du mon<strong>de</strong>.<br />
En théorie, le bon fonctionnement <strong>de</strong> la zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange suppose <strong>de</strong>ux conditions.<br />
D'une part, le respect <strong>de</strong>s règ<strong>les</strong> d’origine. Cel<strong>les</strong>-ci précisent le pourcentage <strong>de</strong> transformation que<br />
chaque pays qui fait partie <strong>de</strong> la ZLE doit réaliser pour que le produit final puisse être vendu sans<br />
droits sur la zone. Par exemple, plus un produit admet dans sa fabrication <strong>de</strong>s inputs qui<br />
proviennent <strong>de</strong> pays extra-zone, moins celui-ci aura un accès préférentiel sur le marché <strong>de</strong> la ZLE et<br />
plus son producteur <strong>de</strong>vra acquitter <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> douane. D'autre part, la mise en place <strong>de</strong> mesures<br />
<strong>de</strong> protection non tarifaires 56 doit également être supprimée ou harmonisée. Faute <strong>de</strong> quoi<br />
s’installent dans la zone un protectionnisme furtif et maquillé qui fausse la vérité <strong>de</strong>s prix. Les<br />
<strong>accords</strong> d’association entre l’Union européenne et ses partenaires méditerranéens stipulent la<br />
suppression <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> douane <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rniers sur <strong>les</strong> produits industriels.<br />
La zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange euro-méditérannéenne : <strong>de</strong>s risques certains, <strong>de</strong>s gains<br />
aléatoires<br />
La théorie économique montre que la création <strong>de</strong> ZLE induit trois conséquences solidaires :<br />
- D'abord, <strong>de</strong>s créations ou <strong>de</strong>s détournements <strong>de</strong> trafic. En effet, il <strong>de</strong>vient possible <strong>de</strong><br />
substituer <strong>de</strong>s produits industriels ou <strong>de</strong> consommation, <strong>de</strong>venus moins chers, aux produits<br />
concurrents. Ainsi, il peut y avoir un gain pour <strong>les</strong> producteurs mais aussi pour <strong>les</strong> consommateurs.<br />
Leurs surplus <strong>de</strong>vient dès lors <strong>de</strong> facto supérieurs à ceux qui étaient <strong>les</strong> leur lors d’une situation<br />
autarcique. Les consommateurs y gagneront donc car <strong>les</strong> prix baisseront, <strong>les</strong> producteurs aussi car<br />
ils paieront moins chers leurs consommations intermédiaires importées et donc produiront<br />
davantage. Toutes choses éga<strong>les</strong> par ailleurs, <strong>les</strong> industries non compétitives subiront <strong>de</strong> plein fouet<br />
la concurrence internationale et seront amenée à disparaître ou à fusionner leurs actifs <strong>avec</strong> d’autres<br />
entités afin <strong>de</strong> se doter d’un pouvoir <strong>de</strong> marché.<br />
- Ensuite, une augmentation du déficit commercial. En effet, la suppression <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong><br />
douane est une manne financière en moins pour l’Etat. Cela engendrera donc un déficit commercial<br />
sur le plan <strong>de</strong>s rentrées fisca<strong>les</strong> mais pourra éventuellement être corrigé par une dépréciation du<br />
taux <strong>de</strong> change réel.<br />
56 Depuis le milieu <strong>de</strong>s années 1970, on a assisté à la résurgence <strong>de</strong>s pressions protectionnistes, essentiellement sous la<br />
forme <strong>de</strong>s barrières non tarifaires dites « dures » et/ou « douces ».<br />
Pour <strong>les</strong> BNT dures, ce sont essentiellement <strong>les</strong> RVE : Restrictions Volontaires d’Importation ou/ et <strong>les</strong> EVI Expansions<br />
volontaires d’importations. Ces arrangements restrictifs à l’exportation ou à l’importation ne se limitent plus aux secteurs<br />
traditionnels. Ils représentent une forme directe <strong>de</strong> protection administrée, c’est-à-dire <strong>de</strong>s restrictions faisant<br />
explicitement l’objet <strong>de</strong> négociations et court-circuitant <strong>les</strong> règ<strong>les</strong> édictées par le GATT et l’OMC.<br />
Pour <strong>les</strong> BNT douces, ce sont essentiellement <strong>les</strong> normes techniques, <strong>les</strong> règ<strong>les</strong> <strong>de</strong> sécurité, <strong>les</strong> règ<strong>les</strong> d’hygiène, <strong>les</strong><br />
normes sanitaires, l’exclusion <strong>de</strong>s entreprises étrangères <strong>de</strong>s marchés publics, <strong>les</strong> tracasseries administratives…<br />
120
- Enfin, une entrée dynamique et auto-entretenue <strong>de</strong> capitaux étrangers sous la forme d’IDE,<br />
gage <strong>de</strong> croissance et <strong>de</strong> compétitivité. Les pays du sud ont tous compris qu'une certaine forme <strong>de</strong><br />
développement était condamnée. Ceux qui bénéficiaient <strong>de</strong> la rente pétrolière ont du réviser leurs<br />
espérances. L'industrialisation impulsée par l'Etat n'est plus d'actualité, ni le régime <strong>de</strong> préférence<br />
commerciale instauré par la Communauté européenne. Cependant, beaucoup hésitent encore à<br />
franchir le pas en adhérant à la logique du <strong>libre</strong>-échange.<br />
Somme toute, la création <strong>de</strong> la zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange a pour finalité d'intégrer encore<br />
davantage <strong>les</strong> économies méditerranéennes aux économies européennes et <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s pays du sud<br />
<strong>de</strong> la Méditerranée une région émergente capable d'affronter la concurrence mondiale et d'attirer <strong>les</strong><br />
investisseurs étrangers.<br />
En définitive, une ZLE n’est pas une fin en soi, mais plutôt un moyen d’établir <strong>de</strong>s contacts<br />
entre <strong>les</strong> rives <strong>de</strong> la méditerranée afin <strong>de</strong> réduire <strong>les</strong> disparités socia<strong>les</strong> et économiques, <strong>de</strong> parvenir<br />
plus rapi<strong>de</strong>ment à un développement durable, d’ encourager la coopération régionale et surtout<br />
d’intégrer <strong>les</strong> PMP au système multilatéral du commerce international.<br />
Aux difficultés que rencontrent <strong>les</strong> pays en développement, <strong>les</strong> organisations internationa<strong>les</strong><br />
proposent toujours <strong>les</strong> mêmes remè<strong>de</strong>s : ajustement structurel et <strong>libre</strong>-échange. Ces solutions sont<br />
sans doute inévitab<strong>les</strong>. Il n'y a pas <strong>de</strong> développement durable sans équi<strong>libre</strong> financier et <strong>les</strong> pays<br />
méditerranéens ne peuvent échapper à la mondialisation. En particulier, du fait <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> <strong>de</strong><br />
l'OMC, la Communauté ne peut maintenir indéfiniment <strong>les</strong> régimes préférentiels qu'elle leur avait<br />
accordés. Cependant, pour <strong>les</strong> pays tiers méditerranéens, la création d'une zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange<br />
<strong>avec</strong> la Communauté comporte <strong>de</strong>s inconvénients certains et <strong>de</strong>s avantages aléatoires.<br />
Parmi <strong>les</strong> risques certains que comporte ce projet, il convient <strong>de</strong> citer en premier lieu la<br />
concurrence accrue que <strong>de</strong>vront supporter <strong>les</strong> entreprises loca<strong>les</strong> qui vivent jusqu'à présent à l'abri<br />
<strong>de</strong> barrières douanières élevées. Selon <strong>de</strong> nombreux économistes, ces entreprises, souvent <strong>de</strong>s PME,<br />
auront <strong>les</strong> plus gran<strong>de</strong>s difficultés à survivre, à moins d'une reconversion rapi<strong>de</strong>.<br />
Par ailleurs, la baisse <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> douane sur <strong>les</strong> produits communautaires se traduira par<br />
d'importantes pertes <strong>de</strong> recettes budgétaires alors que ces pays connaissent déjà <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s<br />
difficultés financières et socia<strong>les</strong>. Leurs produits industriels sont d'ores et déjà exonérés <strong>de</strong> droits <strong>de</strong><br />
douane. Les <strong>accords</strong> euro-méditerranéens ne leur apporteront aucun avantage nouveau. La<br />
conjugaison <strong>de</strong> ces trois facteurs pourrait se traduire par un scénario très préoccupant pour <strong>les</strong><br />
économies du sud qui verraient leur tissu industriel se défaire, <strong>avec</strong> <strong>de</strong> fortes conséquences sur<br />
l'emploi, et leurs comptes extérieurs et leurs finances publiques se dégra<strong>de</strong>r.<br />
Les avantages attendus du <strong>libre</strong>-échange industriel, en revanche, sont beaucoup plus<br />
incertains. On attend, en premier lieu, une baisse mécanique <strong>de</strong>s prix intérieurs induit par la baisse<br />
<strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> douane ce qui aura <strong>de</strong>s effets positifs sur le pouvoir d'achat et la compétitivité globale.<br />
Mais, surtout, on espère que l'ouverture et l'intégration <strong>de</strong> ces économies incitera <strong>les</strong> entreprises<br />
loca<strong>les</strong> à se mo<strong>de</strong>rniser et <strong>les</strong> investisseurs étrangers à augmenter leurs apports dans ces pays.<br />
Actuellement, ils n'attirent qu'une faible partie <strong>de</strong>s investissements directs étrangers. 97% <strong>de</strong>s<br />
investissements directs mondiaux proviennent d'Amérique du Nord, d'Europe ou du Japon et sont<br />
pour <strong>les</strong> trois quarts dirigés vers ces mêmes régions. 80% <strong>de</strong>s investissements réalisés hors <strong>de</strong> ces<br />
régions sont orientés vers dix pays. Parmi <strong>les</strong> pays du sud <strong>de</strong> la Méditerranée, seule la Turquie<br />
appartient à cette liste d'élus.<br />
121
Or, <strong>les</strong> facteurs qui conditionnent ces investissements ne sont plus seulement d'ordre<br />
douanier, fiscal ou salarial (Ab<strong>de</strong>lmalki, 1998). Les investisseurs s'intéressent à tel ou tel pays en<br />
fonction <strong>de</strong> la taille <strong>de</strong> son marché, <strong>de</strong> son insertion dans un ensemble régional, du niveau <strong>de</strong><br />
formation <strong>de</strong> sa main d’œuvre, <strong>de</strong> la disponibilité d'infrastructures <strong>de</strong> qualité suffisantes, du <strong>de</strong>gré et<br />
<strong>de</strong> la nature du "risque systémique" et plus généralement en raison <strong>de</strong> la "productivité sociale" <strong>de</strong>s<br />
entreprise qui tient d'abord compte <strong>de</strong> la richesse en connaissance et en savoirs <strong>de</strong> l'environnement.<br />
On retrouve ici pleinement <strong>les</strong> enseignements <strong>de</strong>s théories <strong>de</strong> la croissance endogène.<br />
En définitive, si le <strong>libre</strong>-échange industriel est un pari risqué, <strong>les</strong> <strong>accords</strong> euroméditerranéens<br />
constituent un enjeu et une épreuve sérieuse pour ces économies dont pourrait<br />
dépendre leur conversion au dynamisme économique ou, au contraire, leur possible dislocation !<br />
Le cas tunisien : un exemple pour <strong>les</strong> autres pays ?<br />
La Tunisie en est déjà à sa cinquième année <strong>de</strong> mise en oeuvre <strong>de</strong> l'accord d'association.<br />
Beaucoup d'Etats ont <strong>les</strong> yeux fixés sur <strong>les</strong> résultats que ce pays en a enregistrés.<br />
Structurellement déficitaire, la balance commerciale tunisienne connaît <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>ux ans une<br />
dégradation qui est directement liée à l'ouverture <strong>de</strong> ses frontières et à une très forte montée <strong>de</strong>s<br />
achats à l'extérieur. (Ministère <strong>de</strong> l’économie, 2001) Cette poussée <strong>de</strong>s importations a, certes, un<br />
côté vertueux car elle est très largement due à l'effort d'équipement <strong>de</strong>s entreprises. Mais le déficit<br />
commercial s'aggrave alors que l'importation <strong>de</strong> produits essentiels est encore découragée par <strong>de</strong>s<br />
mesures non-tarifaires officieuses, peu compatib<strong>les</strong> <strong>avec</strong> l'accord d'association. Avec la poursuite<br />
du démantèlement tarifaire, il sera <strong>de</strong> plus en plus difficile pour le pays <strong>de</strong> se protéger par <strong>de</strong>s<br />
mesures administratives ou par toute autre forme néo-protectionniste.<br />
Le redressement <strong>de</strong> sa situation économique lui a permis <strong>de</strong> s'adresser dans <strong>de</strong> bonnes<br />
conditions aux marchés financiers internationaux. Mais la tourmente financière asiatique a<br />
profondément modifié la situation. Il est <strong>de</strong>venu quasiment impossible à un pays émergent solvable<br />
d'emprunter sur ces marchés, sauf à <strong>de</strong>s conditions très onéreuses.<br />
La Tunisie est donc condamnée à poursuivre un processus global <strong>de</strong> réformes si elle veut<br />
réussir le pari <strong>de</strong> l'ouverture et s'approcher <strong>de</strong> l'objectif <strong>de</strong> croissance moyen <strong>de</strong> 6% prévu par le<br />
IXème plan. Le secteur industriel, fortement ébranlé par le <strong>libre</strong>-échange, bénéficie d'un programme<br />
<strong>de</strong> mise à niveau <strong>de</strong>stiné à améliorer la productivité et la gestion <strong>de</strong>s entreprises et à favoriser<br />
l'introduction <strong>de</strong> technologies nouvel<strong>les</strong>. Le secteur touristique doit également réformer pour<br />
conserver sa compétitivité. Le secteur financier exige <strong>de</strong>s réformes profon<strong>de</strong>s. L'accord<br />
d'association qui force <strong>les</strong> autorités à avancer lui fournit également, d'une certaine manière, une<br />
justification pour surmonter certaines résistances internes.<br />
Les autres pays méditerranéens connaîtront <strong>de</strong>s difficultés semblab<strong>les</strong>. La politique euroméditerranéenne<br />
a prévu une longue pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> transition pour la mise en oeuvre du <strong>libre</strong>-échange<br />
et a orienté le programme MEDA vers l'ai<strong>de</strong> à la mo<strong>de</strong>rnisation économique. Mais, ces options ne<br />
seront sans doute pas suffisantes pour garantir le succès.<br />
122
La nature <strong>de</strong>s engagements souscrit par MEDA1<br />
14%<br />
16%<br />
Appui à l'ajustement structurel<br />
40%<br />
30%<br />
Appui à la transition et au<br />
développement<br />
Projets d'ai<strong>de</strong> au développement<br />
Projets régionaux<br />
Source : Commission européenne, Direction <strong>de</strong>s relations extérieures, 2000.<br />
En particulier, l'U.E. <strong>de</strong>vrait veiller à ce que sa politique <strong>de</strong> change ne lèse pas <strong>les</strong> intérêts <strong>de</strong><br />
ces pays. Pour ces <strong>de</strong>rniers, la création <strong>de</strong> l'Euro est a priori une bonne chose dans la mesure où elle<br />
sécurise <strong>les</strong> transactions. Mais ces pays ont intérêt à ce que la parité euro-dollar soit raisonnable,<br />
c'est à dire que l'Euro ne soit pas trop fort. Or, dans ce domaine, beaucoup dépendra <strong>de</strong> la Banque<br />
centrale européenne et <strong>de</strong> l'Allemagne. L'U.E. <strong>de</strong>vrait aussi "faire preuve <strong>de</strong> compréhension" à<br />
l'égard <strong>de</strong> la politique budgétaire que ces pays <strong>de</strong>vront adopter face à la baisse <strong>de</strong> leurs recettes<br />
douanières. Il serait désastreux qu'ils soient condamnés à une politique récessive pour maintenir<br />
leurs équi<strong>libre</strong>s budgétaires.<br />
Enfin, la question agricole <strong>de</strong>vrait être réexaminée. Les <strong>accords</strong> euro-méditerranéens ne<br />
comportent que <strong>de</strong> timi<strong>de</strong>s concessions aux exportations <strong>de</strong>s pays tiers. Cette timidité tranche <strong>avec</strong><br />
l'audace <strong>de</strong> l'accord ALENA qui prévoit la levée complète <strong>de</strong>s obstac<strong>les</strong> aux échanges pour <strong>les</strong><br />
produits agrico<strong>les</strong> <strong>de</strong> base. Certes, il ne saurait être question <strong>de</strong> suivre ce <strong>de</strong>rnier exemple dans ce<br />
secteur sensible. Les producteurs agrico<strong>les</strong> du sud <strong>de</strong> la Communauté n'y survivraient pas, pas plus<br />
que <strong>les</strong> producteurs céréaliers <strong>de</strong>s pays tiers. Mais, lorsque la Communauté aura révisé sa propre<br />
politique agricole commune, il conviendra <strong>de</strong> réfléchir à une organisation <strong>de</strong>s échanges qui favorise<br />
une plus gran<strong>de</strong> complémentarité entre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux rives <strong>de</strong> la Méditerranée.<br />
La coopération euro-méditerranéenne en question : <strong>les</strong> limites structurel<strong>les</strong> d'une<br />
coopération allocative<br />
Le texte final du programme rédigé à la suite <strong>de</strong> la conférence <strong>de</strong> Barcelone met<br />
explicitement l’accent sur l’importance accordée au secteur productif privé, et tout particulièrement<br />
aux PME, dans la réussite du partenariat. Il déclare notamment que « le secteur privé pourra jouer<br />
un rôle plus important dans le développement économique <strong>de</strong> la région et la création d’emplois »<br />
(Lannon, 1999).<br />
Selon un rapport <strong>de</strong> l’Institut <strong>de</strong> la méditerranée (2000) 57 , l’ouverture régionale et la<br />
diversification du tissu productif sont <strong>les</strong> caractéristiques qui permettent <strong>de</strong> profiter au mieux <strong>de</strong><br />
l’instauration <strong>de</strong> la ZLE. Les résultats obtenus dans leurs travaux permettent <strong>de</strong> mettre en évi<strong>de</strong>nce<br />
que ce sont <strong>les</strong> régions septentriona<strong>les</strong> qui bénéficieront <strong>de</strong> l’instauration <strong>de</strong> cette zone tandis que<br />
<strong>les</strong> régions méridiona<strong>les</strong> ne bénéficieront pas <strong>de</strong> leur positionnement géographique privilégié,<br />
57 Institut <strong>de</strong> la Méditerranée, « Une mesure <strong>de</strong> la concurrence et <strong>de</strong> la complémentarité entre <strong>les</strong> régions <strong>de</strong> l’Union<br />
Européenne et <strong>les</strong> PPM », juin 2000.<br />
123
puisque en l’état actuel <strong>de</strong>s choses, leur offre sur <strong>les</strong> marchés extérieurs correspond moins à la<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong>s PPM que dans une région quelconque <strong>de</strong> l’Europe.<br />
L’idée d’une « mise à niveau » <strong>de</strong>s entreprises <strong>de</strong>s PPM <strong>avec</strong> l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’UE n’est-elle pas<br />
une ambiguïté? Analytiquement, cette idée fait doublement problème. D'une part, elle oublie que le<br />
seule mise à niveau possible est celle qui relève <strong>de</strong> l’action lointaine et qui mobilise tous <strong>les</strong> acteurs<br />
<strong>de</strong> l’économie et réhabilité l’apprentissage technologique et organisationnelle à l’échelle <strong>de</strong><br />
l’ensemble du système productif. D'autre part, elle suppose que l’Europe est à un « point fixe » <strong>de</strong><br />
sa compétitivité, ce qui est une réduction dangereuse du problème <strong>de</strong> la compétitivité internationale.<br />
(Ab<strong>de</strong>lmalki et Sandretto, 2001).<br />
Pour que ces entreprises s’inscrivent dans <strong>de</strong>s mécanismes irréversib<strong>les</strong> <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rnisation<br />
économique, technique, commerciale et sociale, il faut du temps et beaucoup <strong>de</strong> coûts. Dans le cas<br />
présent, il semble qu’il y ait inadéquation entre, d’une part, <strong>les</strong> outils et <strong>les</strong> organes mis en place en<br />
commun <strong>avec</strong> l’UE et, d’autre part, <strong>les</strong> situations objectives <strong>de</strong>s entreprises. Il est <strong>de</strong> ce fait urgent<br />
<strong>de</strong> revoir non seulement <strong>les</strong> instruments mis en œuvre mais aussi la stratégie <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rnisation<br />
industrielle elle-même. Le propos <strong>de</strong> L.Guerrato, Ambassa<strong>de</strong>ur-chef <strong>de</strong> la Délégation <strong>de</strong> la<br />
Commission Européenne, permet <strong>de</strong> comprendre l’attitu<strong>de</strong> européenne à l’égard <strong>de</strong>s PPM tout en<br />
aidant à mesurer la complexité <strong>de</strong> la tâche poursuivie : « On peut faire beaucoup <strong>de</strong> choses pour<br />
l’entreprise, mais nous ne pouvons pas créer la culture du chef d’entreprise ».<br />
Ainsi, la démarche allocative <strong>de</strong> l’UE qui tente <strong>de</strong> résoudre <strong>les</strong> retards scientifiques <strong>de</strong>s<br />
systèmes productifs maghrébins (Alcouffe, 1995) et <strong>les</strong> déficits technologiques <strong>de</strong>s firmes<br />
maghrébines par un pseudo « saupoudrage » <strong>de</strong> fonds apparaît comme contreproductif. Une<br />
démarche plus pragmatique qui consisterait à mettre l’accent sur <strong>les</strong> performances <strong>de</strong>s firmes par<br />
l’apprentissage serait plus réaliste. En effet, la démarche <strong>de</strong> l’UE se trouve dans son esprit même<br />
contrariée par le fait qu’elle se présente d’emblée comme une « politique <strong>de</strong> firme » alors que <strong>les</strong><br />
PPM et leur vaste tissu <strong>de</strong> PME aurait d’abord besoin d’une « politique <strong>de</strong> tissu » seule capable <strong>de</strong><br />
lui garantir à terme, la maturation technologique et la compétitivité dont ils auraient besoin dans<br />
l’affrontement commercial après 2010.<br />
2.2. Les faib<strong>les</strong>ses <strong>de</strong>s flux d'appui européens à l'accomplissement d'un véritable<br />
partenariat<br />
Le programme MEDA : un cadre aux ambitions à confirmer<br />
Le programme MEDA est l’instrument financier principal <strong>de</strong> l’Union européenne pour la<br />
mise en application du partenariat euro-méditerranéen. Son budget s’élève à 3424,5 millions d’ECU<br />
prélevés sur le budget total <strong>de</strong> 4685 millions d’ECU alloués à la coopération financière entre l’UE<br />
et ses partenaires méditerranéens pour la pério<strong>de</strong> 1995-1999. Ces allocations communautaires<br />
s’accompagnent <strong>de</strong> prêts substantiels <strong>de</strong> la Banque européenne d’investissement (BEI).<br />
Pour la pério<strong>de</strong> 2000-2006, MEDA II sera doté <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 12 milliards d’Euros décomposés<br />
en :<br />
- 6,35 milliards d’Euros sur le budget communautaire<br />
- 6,34 milliards d’Euros sous la forme <strong>de</strong> prêts accordés par la BEI<br />
Environ 90% <strong>de</strong>s ressources allouées dans le cadre <strong>de</strong> MEDA sont distribuées aux<br />
partenaires <strong>de</strong> façon bilatérale ( Algérie, Maroc, Egypte, Jordanie, Liban, Syrie, Turquie et<br />
124
l’Autorité Pa<strong>les</strong>tinienne). Les 10% restant sont affectés aux activités régiona<strong>les</strong>. Les ressources <strong>de</strong><br />
MEDA s’accompagnent <strong>de</strong> programmes, <strong>de</strong>s programmes nationaux indicatifs sur trois ans sont<br />
fournis <strong>de</strong> manière bilatérale, ainsi qu’un programme régional indicatif couvrant <strong>les</strong> activités<br />
multilatéra<strong>les</strong>.<br />
Comme on peut le constater sur le schéma ci-<strong>de</strong>ssous, outre <strong>les</strong> limites quantitatives, la<br />
mobilisation <strong>de</strong>s fonds pour la Méditerranée n'a été ni rapi<strong>de</strong>, ni facile. En effet, <strong>les</strong> débuts <strong>de</strong><br />
MEDA ont été particulièrement chaotiques. Dans un premier temps, l'adoption <strong>de</strong>s différents<br />
règlements a été très longuement retardée du fait <strong>de</strong> l'opposition grecque à un dispositif susceptible<br />
<strong>de</strong> bénéficier à la Turquie. Le redéploiement tardif <strong>de</strong> ces fonds est aussi lié au regain <strong>de</strong> tensions<br />
en Algérie et aux pressions que cette tension a fait naître à l’échelle <strong>de</strong> l’ensemble maghrébin.<br />
La pério<strong>de</strong> d'adaptation aux nouvel<strong>les</strong> procédures a suscité <strong>de</strong> nouveaux retards dans<br />
l'engagement <strong>de</strong>s crédits. Les années 1998 et 1999 ayant ensuite permis quelques rattrapages. En<br />
1999, la région méditerranéenne a bénéficié <strong>de</strong> 1,8 milliard d'euros, dont 60% <strong>de</strong> subventions<br />
provenant <strong>de</strong> budget <strong>de</strong> l'Union européenne et 40% <strong>de</strong> prêts <strong>de</strong> la BEI. Le fonds MEDA y a<br />
contribué à hauteur <strong>de</strong> 937 millions d'euros, 56 millions d'euros ayant en outre été affectés à l'appui<br />
aux <strong>accords</strong> <strong>de</strong> paix.<br />
Engagements et paiements annuels MEDA pour la pério<strong>de</strong> 1995-1999<br />
Millions d'euros<br />
4500<br />
4000<br />
3500<br />
3000<br />
2500<br />
2000<br />
1500<br />
1000<br />
500<br />
0<br />
155<br />
173 50 403<br />
211<br />
981<br />
231<br />
941<br />
243 3435<br />
937<br />
890<br />
1995 1996 1997 1998 1999 Total<br />
pério<strong>de</strong><br />
Paiements<br />
Engagements<br />
Source : Commission européenne, Direction <strong>de</strong>s relations extérieures<br />
Les explications avancées pour justifier <strong>les</strong> retards d'engagements ont été multip<strong>les</strong> : faible<br />
capacité d'absorption <strong>de</strong>s économies méditerranéennes, jeunesse du dispositif, durée <strong>de</strong> mise en<br />
oeuvre <strong>de</strong>s projets, dont la longueur varie <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux à huit ans selon leur nature, lour<strong>de</strong>urs<br />
bureaucratiques <strong>de</strong>s procédures... Il est vrai que le schéma général d'engagement prévoyait quatre<br />
étapes successives : d'abord, l'élaboration d'un programme indicatif national (PIN), puis<br />
l'i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s projets assortis <strong>de</strong> proposition <strong>de</strong> financement, l'adoption définitive <strong>de</strong> ceux-ci,<br />
avant l'établissement d'une convention-cadre, puis d'une convention <strong>de</strong> financement entre <strong>les</strong> parties<br />
et, enfin, la réalisation du projet après attribution <strong>de</strong>s marchés sur procédure d'appel d'offres lancée<br />
par l'Etat récipiendaire.<br />
125
5000<br />
4500<br />
4000<br />
3500<br />
3000<br />
2500<br />
2000<br />
1500<br />
1000<br />
500<br />
0<br />
Approches bilatéra<strong>les</strong> <strong>de</strong>s engagements et paiements annuels MEDA<br />
pour la pério<strong>de</strong> 1995-99<br />
Paiements<br />
(en millions d'euros)<br />
Engagements<br />
Algérie<br />
Egypte<br />
Jordanie<br />
Liban<br />
Maroc<br />
Syrie<br />
Tunisie<br />
Turquie<br />
Autorité<br />
pa<strong>les</strong>tinienne<br />
Programmes<br />
Régionaux<br />
Source : Commission européenne<br />
Ainsi, la philosophie qui gouverne ce principe peut être sujet à certaines critiques en ce qui<br />
concerne ses procédures d’application jugées, selon <strong>les</strong> cas, lour<strong>de</strong>s, lentes ou complexes.<br />
La faib<strong>les</strong>se structurelle <strong>de</strong>s flux d'IDE transméditerranéens : un frein au succès du<br />
partenariat ?<br />
A la faib<strong>les</strong>se <strong>de</strong>s investissements publics communautaires, dans le cadre <strong>de</strong>s programmes<br />
d'accompagnement <strong>de</strong> la mise en place <strong>de</strong> la ZLE vient s'ajouter le caractère tout aussi faible <strong>de</strong>s<br />
investissements directs étrangers d'origine européenne en Méditerranée. Au cours <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rnières<br />
années, <strong>les</strong> Partenaires méditerranéens <strong>de</strong> l’Union européenne ont mis en œuvre plusieurs mesures<br />
d’incitation fiscale spécialement <strong>de</strong>stinées aux investisseurs étrangers, à travers <strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong><br />
détaxation fiscale dans <strong>de</strong>s secteurs stratégiques, <strong>de</strong>s mesures privilégiées pour <strong>les</strong> entreprises<br />
d’exportation et la mise en place <strong>de</strong> <strong>zones</strong> spécia<strong>les</strong> <strong>de</strong> développement. Pourtant, force est <strong>de</strong><br />
constater que l’Investissement Direct Etranger dans ces Partenaires est insuffisant, et que même<br />
celui en provenance <strong>de</strong> l’UE continue à ne représenter que 2% <strong>de</strong> ses investissements à travers le<br />
mon<strong>de</strong> !<br />
S. A<strong>les</strong>sandrini (2000) a tenté d’évaluer la nature et le poids relatif <strong>de</strong>s facteurs qui<br />
conditionnent l’investissement étranger en méditerranée. Ses travaux permettent <strong>de</strong> mettre en<br />
exergue 4 résultats fondamentaux :<br />
- Le rôle <strong>de</strong> la dynamique du marché dans la décision d’investissement<br />
- Le niveau satisfaisant <strong>de</strong> la compétitivité coût du travail <strong>de</strong>s pays méditerranéens<br />
- La faib<strong>les</strong>se <strong>de</strong>s infrastructures et <strong>de</strong>s marchés financiers en Méditerranée qui apparaissent<br />
comme <strong>de</strong>s facteurs négatifs pour la décision d’investissement.<br />
- Le rôle primordial du climat <strong>de</strong>s affaires. Le poids <strong>de</strong> la bureaucratie, la corruption<br />
apparaissent comme <strong>de</strong>s freins importants à l’entrée d’investissement.<br />
126
Sur le long terme, <strong>les</strong> pays tiers-méditerranéens ont connu <strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> très forts flux<br />
d'investissements directs étrangers, essentiellement dans le domaines <strong>de</strong>s hydrocarbures. A partir <strong>de</strong><br />
la fin <strong>de</strong>s années 80, toutefois, ils ont été moins attractifs que <strong>les</strong> pays émergeants, en dépit d'un<br />
redressement <strong>de</strong>s mouvements <strong>de</strong> capitaux à leur profit <strong>de</strong>puis 1997, imputable aux privatisations,<br />
au secteur énergétique et financier, mais assez peu au secteur manufacturier. Il semble que <strong>les</strong> pays<br />
méditerranéens exercent un réel attrait, lié à leurs facilités <strong>de</strong> réexportation, notamment vers l'Union<br />
européenne, mais, à quelques exceptions près (Turquie, Egypte), leur marché intérieur est trop étroit<br />
et trop fermé pour être vraiment attractif sur le plan économique. Sur la pério<strong>de</strong> 1991-1998,<br />
rapportés au PNB 1998, <strong>les</strong> investissements directs étrangers nets se sont élevés à environ 5%<br />
contre 12% en moyenne pour l'ensemble <strong>de</strong>s pays en voie <strong>de</strong> développement.<br />
Or, ainsi que le souligne le rapport du commissariat général du Plan consacré au processus<br />
<strong>de</strong> Barcelone, l'ai<strong>de</strong> financière que peut apporter l'UE n'est rien sans flux <strong>de</strong> capitaux privés venant<br />
la relayer. C'est sur le développement <strong>de</strong> l'investissement local et étranger que repose, en partie,<br />
l'ouverture du marché méditerranéen permettant <strong>de</strong> créer <strong>de</strong> nouvel<strong>les</strong> spécialisations, d'accroître <strong>les</strong><br />
transferts <strong>de</strong> technologies ou d'offrir <strong>de</strong>s perspectives d'emplois. Elle suppose notamment un effort<br />
en matière d'infrastructures <strong>de</strong> transports et <strong>de</strong> réseaux <strong>de</strong> distribution, ainsi que le renforcement <strong>de</strong>s<br />
moyens <strong>de</strong> financement privé consacré aux petites et moyennes entreprises.<br />
Par construction, le niveau d'attraction <strong>de</strong> la zone pour <strong>les</strong> investisseurs privés est<br />
essentiellement fonction <strong>de</strong>s réformes que mèneront <strong>les</strong> pays méditerranéens eux-mêmes et <strong>de</strong> la<br />
stabilité politique <strong>de</strong> la zone. Ce qui nous ramène au point précé<strong>de</strong>nt...<br />
2.3. Vers un autre cadre <strong>de</strong> coopération euro-maghrébine<br />
Il reste encore beaucoup à faire pour qu’on dépasse <strong>les</strong> simp<strong>les</strong> bonnes intentions <strong>de</strong> ce<br />
partenariat. Les pays partenaires méditerranéens doivent mettre en place <strong>de</strong> nombreuses réformes,<br />
en particulier leur fiscalité pour compenser <strong>les</strong> pertes <strong>de</strong> recettes tarifaires induites par leur<br />
désarmement douanier, assainir et mo<strong>de</strong>rniser leur secteur financier, instaurer un environnement <strong>de</strong>s<br />
affaires plus favorab<strong>les</strong> et surtout stimuler la compétitivité <strong>de</strong>s entreprises. Ainsi comme le souligne<br />
le rapport du groupe <strong>de</strong> travail présidé par R. Leveau 58 , <strong>les</strong> PPM doivent relancer <strong>les</strong> réformes <strong>de</strong><br />
« secon<strong>de</strong> génération », après cel<strong>les</strong> qu’ils ont engagé pour restaurer <strong>les</strong> équi<strong>libre</strong>s macroéconomiques<br />
dans le cadre <strong>de</strong>s plans d’ajustement structurels, afin d’être à même <strong>de</strong> saisir <strong>les</strong><br />
opportunités <strong>de</strong> l’ouverture, <strong>de</strong> permettre une réallocation <strong>de</strong>s facteurs <strong>de</strong> production et <strong>de</strong> créer <strong>de</strong><br />
nouvel<strong>les</strong> spécialisations dans <strong>de</strong>s secteurs en croissance.<br />
La question <strong>de</strong> l’en<strong>de</strong>ttement<br />
En effet, <strong>avec</strong> 200 milliards <strong>de</strong> dollars <strong>de</strong> <strong>de</strong>ttes extérieures, <strong>les</strong> gouvernements <strong>de</strong>s pays<br />
méditerranéens doivent débourser chaque année 17 à 19 milliards pour le service <strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte, alors<br />
qu’ils ne reçoivent en moyenne que 2 milliards <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> la communauté européenne. Il est donc<br />
indispensable d’envisager <strong>de</strong>s solutions <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte, et d’entamer au plus tôt <strong>de</strong>s<br />
négociations sur leur réaménagement. Puisque l’Europe est le principal créditeur, c’est à elle <strong>de</strong><br />
prendre cette initiative. De plus, selon <strong>les</strong> statistiques <strong>de</strong> la Banque mondiale, l’Algérie est le seul<br />
PMP qui présente un excé<strong>de</strong>nt commercial, et seuls l’Algérie et Malte ont <strong>de</strong>s comptes courants à<br />
peu près équilibrés. Ceci complique le remboursement <strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte et son éventuelle restructuration.<br />
58 Le partenariat euro-méditerranéen : la dynamique <strong>de</strong> l’intégration régionale, Rapport du groupe <strong>de</strong> travail présidé par<br />
Rémy Leveau, Commissariat Général du Plan, La documentation française, juillet 2000.<br />
127
L’exemple <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte <strong>de</strong>s pays d’Amérique latine organisée dans <strong>les</strong> années 1980-<br />
1990 pourrait être utile dans ce contexte.<br />
La question du commerce agricole et du coût social <strong>de</strong> l’ajustement structurel en<br />
corrélation <strong>avec</strong> la question <strong>de</strong>s investissements étrangers.<br />
Ce dossier a un rôle décisif dans l’avenir du partenariat euro-méditerranéen. Actuellement,<br />
le traitement <strong>de</strong>s produits agrico<strong>les</strong> est différent pour chaque pays. L’UE est davantage libérale <strong>avec</strong><br />
<strong>les</strong> produits du Maghreb qu’<strong>avec</strong> ceux du Mashrek. Si la Politique Agricole Commune n’évolue<br />
guère, le secteur agricole en Méditerranée ne bénéficiera pas du partenariat. Ceci s’explique par le<br />
fait que la réduction <strong>de</strong> la protection <strong>de</strong> base et la diminution <strong>de</strong>s subventions aux produits agrico<strong>les</strong><br />
accroîtra la concurrence faite aux agriculteurs <strong>de</strong> la Méditerranée Sud sur leur propre marché et<br />
surtout parce que la diminution <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> douane sur <strong>les</strong> produits industriels augmentera la<br />
protection effective <strong>de</strong>s agriculteurs capitalistes par rapport aux petits agriculteurs ruraux.<br />
(FEMISE, 2000). Ainsi, le dossier agricole ne peut être traité <strong>de</strong> manière bilatérale. Il doit s’inscrire<br />
dans un cadre régional voir multilatéral au sein du Comité <strong>de</strong> l’Agriculture <strong>de</strong> l’OMC.<br />
Sciences et technologies : la dimension manquante du PEM<br />
Un <strong>de</strong>s points essentiels <strong>de</strong>s relations euro-méditerranéennes semble cependant être négligé<br />
et traité <strong>avec</strong> trop <strong>de</strong> légèreté. Il s’agit <strong>de</strong>s stratégies en Sciences et technologies. L’UE ne témoigne<br />
<strong>de</strong> très peu d’intérêt pour ce qui est du soutien aux PPM dans le développement <strong>de</strong>s sciences à forte<br />
valeur ajoutée et qui sont <strong>de</strong> plus en plus reconnus comme le moteur <strong>de</strong> la croissance économique.<br />
Toutefois, cela est davantage la faute aux PPM eux-même qui ont mis du temps à comprendre que<br />
<strong>les</strong> IDE étaient <strong>de</strong> moins en moins attirés par le faible coût <strong>de</strong> la main d’œuvre. De surcroît, le faible<br />
niveau <strong>de</strong> cette main d’œuvre permet <strong>de</strong> moins en moins d’affronter la concurrence internationale.<br />
L’insuffisance <strong>de</strong>s moyens financiers alloués à la recherche développement et à l’innovation ont<br />
ralenti le développement <strong>de</strong>s industries <strong>de</strong> haute technologie. Ainsi la mise à niveau <strong>de</strong>s entreprises<br />
et en particulier <strong>de</strong>s PME risque d’être très difficile. Ce qui n’est pas sans poser <strong>de</strong> gros problèmes<br />
à l’aube <strong>de</strong> 2010.<br />
Améliorer le climat <strong>de</strong>s affaires<br />
L’augmentation <strong>de</strong>s entrées <strong>de</strong> capitaux ne pourra être effective que si <strong>les</strong> investisseurs ont<br />
le sentiment que le climat <strong>de</strong>s affaires est propice et transparent. Cela passe par une réduction<br />
significative <strong>de</strong>s barrières non tarifaires et <strong>de</strong> toutes <strong>les</strong> formes <strong>de</strong> protection indirectes.<br />
L’amélioration et la restructuration du secteur bancaire constituent aussi un obstacle majeur à<br />
l’accueil <strong>de</strong>s investissements. L’accélération du rythme <strong>de</strong>s privatisations pourra être compris<br />
comme un signal allant dans cette direction.<br />
De la même manière, la libéralisation <strong>de</strong>s marchés doit être poursuivie afin que <strong>les</strong> PPM<br />
puissent tirer avantage <strong>de</strong> l’ouverture et <strong>de</strong> l’accès aux marchés <strong>de</strong>s autres pays. Cette réflexion<br />
conduit à se poser <strong>de</strong> nouveau la question <strong>de</strong> la place <strong>de</strong> l’Etat dans la régulation <strong>de</strong>s relations<br />
économiques. A l'évi<strong>de</strong>nce, L’Etat ne peut plus être le garant <strong>de</strong> la dichotomie entre l’économie<br />
nationale et le marché mondial. Il doit permettre par une politique incitative une plus large<br />
participation <strong>de</strong>s acteurs économiques privés dans la régulation <strong>de</strong> l’économie et se réserver qu’un<br />
rôle d’arbitre entre <strong>les</strong> différents groupes d’intérêts ou <strong>de</strong> conciliateur en cas <strong>de</strong> litiges<br />
économiques. Il doit aussi et surtout fournir un cadre institutionnel qui réduise <strong>les</strong> coûts <strong>de</strong><br />
128
transaction tout en améliorant la transparence du cadre <strong>de</strong>s affaires. Ainsi, il apparaît essentiel que<br />
le secteur privé <strong>de</strong>vienne « le pivot du redéploiement <strong>de</strong> la force <strong>de</strong> travail, <strong>de</strong> la formation<br />
professionnelle et <strong>de</strong> la création d’emplois ». (Bichara, 2000).<br />
Conclusion<br />
La réussite du processus <strong>de</strong> Barcelone repose avant tout sur <strong>les</strong> partenaires méditerranéens<br />
eux-mêmes, tant pour la réalisation, si longtemps attendue, <strong>de</strong> son volet politique que dans<br />
l'accomplissement <strong>de</strong> son objectif économique. Le projet <strong>libre</strong>-échangiste ne pourra aboutir, et<br />
porter ses fruits, que si <strong>de</strong>s initiatives constructives sont prises pour créer, entre <strong>les</strong> Etats <strong>de</strong> la rive<br />
sud eux-mêmes, une zone d'intégration régionale comparable à celle atteinte dans l'Union, donc<br />
attractive pour <strong>les</strong> investisseurs. L’absence d’un marché régional intégré, le besoin <strong>de</strong> réformes<br />
économiques, administratives, fisca<strong>les</strong> expliqueraient notamment cette défaillance <strong>de</strong>s investisseurs.<br />
C'est alors seulement que l'on pourra parler d'un partenariat réel et non <strong>de</strong> la simple juxtaposition <strong>de</strong><br />
relations bilatéra<strong>les</strong> privilégiées entre l'Europe et chacun <strong>de</strong>s pays partenaires.<br />
Après l'espoir suscité par l'adoption du processus <strong>de</strong> coopération euro-méditerranéen, le<br />
bilan que l'on peut dresser <strong>de</strong> la première pério<strong>de</strong> du partenariat ne porte malheureusement pas à<br />
l'optimisme. Depuis la Conférence <strong>de</strong> Barcelone qui l'a lancé en 1995, la dégradation <strong>de</strong> la situation<br />
au Moyen-Orient a envenimé le dialogue et paralysé le développement économique <strong>de</strong> la région,<br />
tant il est patent que la stabilité politique conditionne la réussite du projet tout entier. Est-il besoin<br />
<strong>de</strong> souligner en quoi <strong>les</strong> événements du 11 septembre 2001 viennent conforter la thèse <strong>de</strong> ceux qui<br />
considèrent ce partenariat comme une ar<strong>de</strong>nte obligation ?<br />
M. J. Solana, Haut représentant <strong>de</strong> l'Union européenne pour la politique extérieure et <strong>de</strong><br />
sécurité commune, indiquait ainsi le 5 novembre <strong>de</strong>rnier, que « l'esprit <strong>de</strong> Barcelone invite à sortir<br />
<strong>de</strong> la situation douloureuse d'aujourd'hui. Il faut privilégier le règlement pacifique <strong>de</strong>s différends à<br />
l'usage <strong>de</strong> la violence », ajoutant que l'objectif <strong>de</strong> l'Union <strong>de</strong>meurait « un Etat pa<strong>les</strong>tinien viable et<br />
la fin <strong>de</strong> l'occupation <strong>de</strong> ses territoires, un Etat d'Israël dont la sécurité serait respectée dans toute la<br />
région, une coopération régionale qui est si nécessaire pour gérer au mieux <strong>les</strong> défis économiques,<br />
écologiques et démographiques <strong>de</strong>s années à venir ».<br />
C'est, enfin, l'intégration <strong>de</strong> la zone méditerranéenne dans l'économie mondiale qu'il faut<br />
désormais avoir aussi à l'esprit et <strong>les</strong> vingt-sept partenaires ont accepté l'idée que le partenariat<br />
euro-méditerranéen soit placé dans le cadre général <strong>de</strong> l'Organisation mondiale du commerce. Dans<br />
cet objectif, le lancement d'un cycle global <strong>de</strong> négociations multilatéra<strong>les</strong> à l'OMC, lors <strong>de</strong> la<br />
quatrième session ministérielle tenue à Doha du 9 au 13 novembre 2001, conforte l'attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
l'Europe qui avait recherché le soutien <strong>de</strong> ses partenaires méditerranéens dans une démarche qu'elle<br />
jugeait profitable pour tous. La position défendue officiellement par l'Union européenne, même<br />
avant Seattle, était en effet d'intégrer davantage <strong>les</strong> pays en développement au sein d'une<br />
organisation multilatérale qui <strong>les</strong> laissait, jusqu'à présent, très circonspects.<br />
L’approche du partenariat doit donc être comprise comme une étape intermédiaire <strong>de</strong>vant<br />
conduire à une meilleure insertion dans un mon<strong>de</strong> global. L'accord final <strong>de</strong> Doha arraché in<br />
extremis <strong>avec</strong> le soutien unanime <strong>de</strong>s 142 pays membres, constitue un signal exprimant la volonté<br />
<strong>de</strong> voir émerger, <strong>de</strong>main, un mon<strong>de</strong> plus juste.<br />
129
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130
Nouvel<strong>les</strong> dynamiques territoria<strong>les</strong> et intégration<br />
transméditerranéenne <strong>de</strong>s pays du Maghreb<br />
Mohamed Benlahcen Tlemçani *<br />
Sofiane Tahi **<br />
La dynamique <strong>de</strong> globalisation-mondialisation <strong>de</strong> l’économie peut conduire à un<br />
processus d’exclusion <strong>de</strong>s pays à dotations naturel<strong>les</strong>, qui subissent une double érosion <strong>de</strong><br />
leurs avantages comparatifs et <strong>de</strong> leurs avantages naturels. Les pays du Maghreb qui ont<br />
appuyé leur insertion dans la division internationale du travail sur la mise en œuvre<br />
d’avantages comparatifs pour <strong>les</strong> activités <strong>de</strong> main-d’œuvre (textile) ou d’avantages absolus<br />
pour <strong>les</strong> ressources naturel<strong>les</strong> énergétiques et agrico<strong>les</strong> sont dans ce cas. La résolution <strong>de</strong> ce<br />
dilemme implique à notre avis la mise en place d’un environnement propice, plus fécond.<br />
Nous avançons l’hypothèse que l’appartenance à une zone économique intégrée<br />
transméditerranéenne est une composante fondamentale <strong>de</strong> la création <strong>de</strong> cet environnement<br />
propice. Notre objectif est <strong>de</strong> montrer dans cette communication, que la voie d’intégration<br />
régionale <strong>de</strong>s pays du Maghreb à l’Union européenne s’affirme comme la seule option<br />
susceptible <strong>de</strong> contribuer significativement au désenclavement <strong>de</strong> ces pays et leur insertion<br />
active dans l’économie mondiale. Cette option peut se réaliser par la conjonction <strong>de</strong> facteurs<br />
économiques, sociaux et institutionnels :<br />
- <strong>les</strong> facteurs économiques rési<strong>de</strong>nt dans l’amélioration <strong>de</strong>s conditions d’affectation<br />
<strong>de</strong>s ressources, une diversification <strong>de</strong> l’appareil <strong>de</strong> production et une réévaluation <strong>de</strong>s points<br />
d’entrée dans <strong>les</strong> trajectoires industriel<strong>les</strong> mondia<strong>les</strong> ;<br />
- <strong>les</strong> facteurs sociaux sont en partie ceux qui conditionnent l’accumulation du capital<br />
humain. Certaines étu<strong>de</strong>s ont démontré que l’intégration économique d’un pays dans une zone<br />
régionale développée accroît <strong>les</strong> possibilités <strong>de</strong> rattrapage. La principale raison est l’existence<br />
d’économies d’échelle, notamment dans l’utilisation du capital humain et <strong>de</strong>s externalités ;<br />
- parmi <strong>les</strong> facteurs institutionnels, <strong>les</strong> législations sur la propriété technologique et <strong>les</strong><br />
mesures protectionnistes jouent un rôle important dans la détermination <strong>de</strong> l’incitation à<br />
l’innovation et <strong>les</strong> mécanismes <strong>de</strong> transfert <strong>de</strong> technologies. L’existence dans <strong>les</strong> pays du<br />
Maghreb d’une base industrielle bien qu’inadaptée favorise la transformation technologique<br />
intrasectorielle par le biais <strong>de</strong>s prises <strong>de</strong> participations <strong>de</strong>s FMN expérimentées dans la<br />
mo<strong>de</strong>rnisation industrielle. Enfin, <strong>les</strong> <strong>accords</strong> <strong>de</strong> join-venture et d’alliances stratégiques<br />
facilitent <strong>les</strong> transferts <strong>de</strong> technologie. Ces <strong>accords</strong> sont mieux adaptés aux transformations<br />
récentes <strong>de</strong>s modalités <strong>de</strong> la délocalistion/relocalisation industrielle y compris dans <strong>les</strong><br />
secteurs dits traditionnels ou intensifs en main-d’œuvre.<br />
* Directeur du Groupe <strong>de</strong> Recherche ECOnomique et Sociale (GRECOS) et directeur du département Administration<br />
Economique et Sociale (AES), Université <strong>de</strong> Perpignan.<br />
** Maître <strong>de</strong> conférences Associé en sciences <strong>de</strong> gestion, chercheur au GRECOS<br />
131
Les transformations systémiques qui affectent l’économie mondiale s’accompagnent<br />
d’une intégration territoriale autour <strong>de</strong> chacun <strong>de</strong>s trois pô<strong>les</strong> dominants constitués par le<br />
Japon, <strong>les</strong> Etats-Unis et l’Europe occi<strong>de</strong>ntale. Les effets d’agglomération et <strong>de</strong> polarisation<br />
<strong>de</strong>s échanges au sein <strong>de</strong> la Tria<strong>de</strong> s’affirment au travers d’unions régiona<strong>les</strong> caractérisées par<br />
<strong>de</strong>s formes institutionnel<strong>les</strong> variées (Union Européenne, ALENA, ASEAN…). La<br />
caractéristique commune <strong>de</strong> ces nouvel<strong>les</strong> dynamiques territoria<strong>les</strong> repose sur la capacité <strong>de</strong><br />
fédérer <strong>les</strong> technologies, <strong>les</strong> capitaux et <strong>les</strong> hommes afin d’acquérir la masse critique<br />
suffisante pour infléchir l’évolution <strong>de</strong>s rapports <strong>de</strong> force commerciaux, technologiques et<br />
financiers à l’échelle mondiale.<br />
La dynamique <strong>de</strong> globalisation-mondialisation <strong>de</strong> l’économie peut conduire à un<br />
processus d’exclusion <strong>de</strong>s pays à dotations naturel<strong>les</strong>, qui subissent une double érosion <strong>de</strong><br />
leurs avantages comparatifs et <strong>de</strong> leurs avantages naturels 59 . Les pays du Maghreb qui ont<br />
appuyé leur insertion dans la division internationale du travail sur la mise en œuvre<br />
d’avantages comparatifs pour <strong>les</strong> activités <strong>de</strong> main-d’œuvre ou d’avantages absolus pour <strong>les</strong><br />
ressources naturel<strong>les</strong> énergétiques et agrico<strong>les</strong> sont dans ce cas 60 . La résolution <strong>de</strong> ce dilemme<br />
impose l’exploration <strong>de</strong> nouvel<strong>les</strong> voies pour l’avenir nécessitant, à n’en pas douter, une<br />
véritable réflexion, voire un « sursaut imaginatif » <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s responsab<strong>les</strong> publics, <strong>de</strong>s<br />
opérateurs économiques maghrébins. Nous avançons l’hypothèse que l’appartenance à une<br />
zone économique intégrée transméditerranéenne est une voie possible. Notre objectif est <strong>de</strong><br />
montrer que la mise en place d’une dynamique d’intégration régionale <strong>de</strong>s pays du Maghreb à<br />
l’Union européenne s’affirme comme la seule option susceptible <strong>de</strong> contribuer<br />
significativement au désenclavement <strong>de</strong> ces pays et leur insertion active dans l’économie<br />
mondiale.<br />
La Conférence <strong>de</strong> Barcelone (novembre 1995) - acte fondateur <strong>de</strong> la nouvelle<br />
politique euro-méditerranéenne- a jeté <strong>les</strong> bases d’un ambitieux partenariat dont l’objectif est<br />
la constitution d’un espace « <strong>de</strong> paix, <strong>de</strong> stabilité et <strong>de</strong> prospérité partagée » 61 . Elle a élargi à<br />
tous <strong>les</strong> domaines <strong>de</strong>s relations – politiques, économiques, financières, socia<strong>les</strong>, humaines et<br />
culturel<strong>les</strong>- une coopération jusqu’alors essentiellement économique et financière 62 . La<br />
constitution d’une zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange à l’horizon 2010 préparée par une libéralisation<br />
progressive <strong>de</strong>s échanges entre l’Union européenne et <strong>les</strong> pays maghrébins désirant s’y<br />
associer, est <strong>de</strong>stinée à « favoriser le développement économique et social et à accompagner<br />
l’intégration <strong>de</strong> ces pays dans l’économie mondiale » 63 . Or, plus <strong>de</strong> cinq ans après Barcelone,<br />
force est <strong>de</strong> constater que <strong>les</strong> résultats sont en <strong>de</strong>çà <strong>de</strong>s ambitions. L’espoir né à Barcelone en<br />
1995 s’est, au fil <strong>de</strong>s ans, dissipé et la construction <strong>de</strong> la région euro-méditerranèenne piétine.<br />
De sorte qu’on peut légitiment se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r aujourd’hui si, faute <strong>de</strong> s’être donné <strong>les</strong> moyens<br />
<strong>de</strong> ses ambitions, le projet euro-méditerranéen ne risque pas <strong>de</strong> se diluer dans cette dynamique<br />
59 Cf. E.M. Mouhoud, « Régionalisation, globalisation et polarisation <strong>de</strong> l’économie mondiale : quelle place pour <strong>les</strong> pays en<br />
développement ? », communication au colloque international, « Région et développement économique », Rabat, 19-20<br />
octobre 1995.<br />
60 Cf. Mohamed Benlahcen Tlemçani et Patrick Mairet, « Globalisation et régionalisation <strong>de</strong> l’économie mondiale : quelle<br />
stratégie d’insertion internationale pour <strong>les</strong> pays du Maghreb ? », in revue Les Anna<strong>les</strong> Marocaines d’Economie, n°21,<br />
automne 1997, p.63 à 82.<br />
61 Cf. K. Bichara ; « Le partenariat euro-méditerranéen après la conférence <strong>de</strong> Barcelone », l’Harmattan, 1997.<br />
62 Cf. - Mohamed Benlahcen Tlemçani, « Bilan <strong>de</strong> la coopération Maghreb-CEE à l’heure du marché unique européen », in<br />
revue Les Papiers du GRSOC, n°10, automne 1992, Presses Universitaires du Mirail ;<br />
- Mohamed Ben El Hassan Alaoui, « La coopération entre l’Union européenne et <strong>les</strong> pays du Maghreb », Nathan, 1994.<br />
63 Cf. Sid Ahmed .A., “Les économies maghrébines face aux défis <strong>de</strong> la zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange euro-méditerranéen”, in<br />
Economies du Maghreb, l’impératif <strong>de</strong> Barcelone , CNRS Editions, 1998.<br />
132
<strong>de</strong> « globalisation » par nature hostile aux protections communes et aux « concessions<br />
préférentiel<strong>les</strong> » propres aux entités régiona<strong>les</strong> en cours d’intégration et d’édification.<br />
On peut se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r si, faute <strong>de</strong> réussir à tirer parti <strong>de</strong>s complémentarités existantes<br />
entre activités et secteurs localisés dans leur région, <strong>les</strong> Méditerranéens ne risquent pas <strong>de</strong><br />
« tout perdre » en étant acculés à s’ouvrir dans le désordre à une concurrence extraméditerranéenne<br />
ne partageant ni leurs valeurs, ni leurs objectifs stratégiques 64 . Comment<br />
construire une région économique intégrée et viable fondée sur une affectation rationnelle <strong>de</strong>s<br />
ressources et une exploitation judicieuse <strong>de</strong>s avantages compétitifs ? Une zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>échange<br />
qui exclut <strong>les</strong> produits maghrébins a-t-elle un sens ? A-t-elle un avenir ? Surtout si la<br />
zone en question prétend réunir <strong>de</strong>s pays industrialisés et d’autres aux avantages comparatifs<br />
encore basés uniquement sur <strong>les</strong> produits « primaires »… Plus encore, peut-on en rester au<br />
niveau <strong>de</strong>s échanges commerciaux alors que le processus <strong>de</strong> mondialisation-globalisation est<br />
fondamentalement marqué par la diffusion d’une économie fondée sur <strong>les</strong> connaissances et <strong>les</strong><br />
savoirs ? Quel contenu donner au concept <strong>de</strong> réciprocité entre partenaires tellement inégaux ?<br />
Quel<strong>les</strong> complémentarités construire ? Selon quel<strong>les</strong> modalités ?<br />
Autant <strong>de</strong> questions fondamenta<strong>les</strong> auxquel<strong>les</strong> nous allons tenter <strong>de</strong> répondre. Dans un<br />
premier temps, nous examinerons le mo<strong>de</strong> d’insertion internationale <strong>de</strong>s économies<br />
maghrébines et nous présenterons <strong>les</strong> grands traits structurels <strong>de</strong> la spécialisation <strong>de</strong>s pays du<br />
Maghreb, spécialisation fortement marquée par la préférence européenne. Nous étudierons<br />
dans un <strong>de</strong>uxième temps <strong>les</strong> conditions d’une insertion renouvelée dans la division<br />
internationale du travail. Nous montrerons que ce renouvellement passe par la voie<br />
d’intégration régionale <strong>de</strong>s pays du Maghreb à l’Union européenne. Cette option peut se<br />
réaliser par la conjonction <strong>de</strong> facteurs économiques, sociaux et institutionnels :<br />
1. Le mo<strong>de</strong> d’insertion internationale <strong>de</strong>s économies maghrébines : une spécialisation<br />
traditionnelle, fortement marquée par la préférence européenne<br />
Depuis leurs indépendances, <strong>les</strong> pays du Maghreb ont cherché à mettre en valeur leurs<br />
avantages comparatifs pour tenter d’améliorer la position occupée dans la division<br />
internationale du travail. Les modè<strong>les</strong> <strong>de</strong> croissance adoptés n’ont pas démontré leur aptitu<strong>de</strong><br />
à créer <strong>les</strong> conditions d’un développement durable 65 . A l’inverse, <strong>les</strong> déséqui<strong>libre</strong>s macroéconomiques<br />
et sectoriels aux implications notab<strong>les</strong> sont venus sanctionner <strong>les</strong> choix <strong>de</strong>s<br />
politiques économiques guidés par l’ambition centralisatrice <strong>de</strong> l’intervention publique et par<br />
le repli <strong>de</strong> l’Etat. Les déséqui<strong>libre</strong>s occasionnés par la combinaison entre substitution aux<br />
importations dans <strong>les</strong> industries manufacturières et la promotion <strong>de</strong>s exportations dans <strong>les</strong><br />
industries extractives allaient mettre en relief progressivement <strong>les</strong> contradictions d’un projet<br />
global <strong>de</strong> développement caractérisé par une dépendance croissante à l’égard <strong>de</strong>s variab<strong>les</strong><br />
économiques et financières internationa<strong>les</strong>. Au cours <strong>de</strong>s années quatre-vingts, <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> <strong>de</strong><br />
développement autocentré ont montré leurs limites : crise <strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte (Maroc, Algérie), contrechoc<br />
pétrolier (Algérie). Tous <strong>les</strong> pays du Maghreb ont entrepris <strong>de</strong> réduire l’emprise <strong>de</strong><br />
l’Etat sur l’économie, soit à la suite <strong>de</strong> la mise en place <strong>de</strong> plans d’ajustement structurel en<br />
contrepartie <strong>de</strong> programmes <strong>de</strong> rééchelonnement <strong>de</strong> leur <strong>de</strong>tte extérieure (Maroc en 1983 et<br />
Algérie en 1994 et 1995), soit par leur dynamique interne (Tunisie en 1986). La première<br />
64 Cf. Najib Akesbi, « L’agriculture marocaine, entre le discours <strong>libre</strong>-échangiste et <strong>les</strong> réalités protectionnistes <strong>de</strong><br />
l’Europe », in revue Critique économique , n°3, automne 2000.<br />
65 Cf. Mohamed Benlahcen Tlemçani (sous la direction), « Le Maghreb, quel développement industriel ? », in revue Les<br />
Anna<strong>les</strong> Marocaines d’Economie, n°8, printemps 1994.<br />
133
phase <strong>de</strong> ce mouvement <strong>de</strong> libéralisation a porté sur le rétablissement <strong>de</strong>s équi<strong>libre</strong>s macroéconomiques<br />
globaux, selon le schéma classique <strong>de</strong> l’ajustement structurel visant à réduire<br />
l’excès <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> : diminution <strong>de</strong>s déficits publics et courants, baisse du rythme <strong>de</strong><br />
l’inflation. Les résultats <strong>de</strong> cette première étape ont été inégaux. 66 .<br />
L’assainissement macro-économique a été mené <strong>avec</strong> constance <strong>de</strong>puis le milieu <strong>de</strong>s<br />
années quatre-vingts au Maroc et en Tunisie. Réduction du déficit budgétaire et du déficit<br />
courant, diminution du rythme <strong>de</strong> l’inflation ont été poursuivies malgré <strong>de</strong> fortes perturbations<br />
conjoncturel<strong>les</strong> <strong>de</strong>puis plus <strong>de</strong> dix ans (Cf. Tableau 1). Les premières réformes structurel<strong>les</strong><br />
ont suivi la libération progressive <strong>de</strong>s prix, amorce d’une libéralisation douanière et d’une<br />
réforme fiscale, mo<strong>de</strong>rnisation du système financier, tandis que le dirham marocain et le dinar<br />
tunisien <strong>de</strong>venaient convertib<strong>les</strong> pour <strong>les</strong> opérations courantes en 1993. En Algérie enfin,<br />
l’effondrement <strong>de</strong>s recettes en <strong>de</strong>vises après le contre-choc pétrolier <strong>de</strong> 1986 et <strong>les</strong> résistances<br />
<strong>de</strong>s structures économiques ont freiné le mouvement <strong>de</strong> libéralisation confronté par ailleurs à<br />
l’instabilité politique et aux espoirs d’un rebond <strong>de</strong>s recettes gazières à moyen terme.<br />
L’approfondissement <strong>de</strong>s réformes structurel<strong>les</strong> implique la poursuite <strong>de</strong> l’ajustement<br />
en profon<strong>de</strong>ur et l’ouverture <strong>de</strong> l’économie à la concurrence interne et externe. Certains<br />
auteurs insistent sur le rôle crucial <strong>de</strong>s politiques macroéconomiques d’accompagnement et<br />
sur l’engagement irréversible <strong>de</strong>s pays du Maghreb dans la voie <strong>de</strong> la libéralisation <strong>de</strong> leur<br />
économie 67 . La croissance du produit intérieur brut est aujourd’hui insuffisante dans<br />
l’ensemble <strong>de</strong> la région maghrébine. Celle-ci génère difficilement la valeur ajoutée qui <strong>de</strong>vrait<br />
rendre l’évolution démographique supportable. La croissance apparaît bridée par <strong>les</strong><br />
difficultés considérab<strong>les</strong> <strong>de</strong>s « économies rentières » à se transformer, au Maroc et dans une<br />
moindre mesure en Tunisie, en un investissement suffisamment dynamique. Cependant, le<br />
Maroc et la Tunisie, du fait <strong>de</strong> la spécialisation, ont pu émerger dans <strong>les</strong> échanges<br />
internationaux. Même si leurs résultats restent mo<strong>de</strong>stes, <strong>les</strong> progrès qu’ils ont faits leur<br />
permettent aujourd’hui d’envisager <strong>de</strong> s’ouvrir davantage à l’économie internationale et<br />
d’espérer ainsi élargir leur potentiel <strong>de</strong> croissance. Pour l’Algérie, l’évolution politique<br />
nationale ou régionale sera déterminante.<br />
Tableau 1 : Quelques indicateurs économiques fondamentaux du Maghreb<br />
Algérie Maroc Tunisie<br />
66 Cf. - Mohamed Benlahcen Tlemçani, « En<strong>de</strong>ttement et restructurations économiques et financières au Maghreb », in Revue<br />
Française d’Economie, volume VI, n°3, été 1991 ;<br />
- Ka<strong>de</strong>r Bichara (sous la direction), « Ajustement structurel au Maghreb », in revue Alternatives Sud, vol.II, n°3,<br />
l’Harmattan, 1995<br />
67 Cf. - G. Kebadjian ; « La création d’une zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange entre l’Union européenne et le Maghreb », Journée<br />
d’étu<strong>de</strong>s GEMEDEV, CERCA, 1994 ;<br />
- A. Chevallier ; « Les échanges CEE-Maghreb en rétrospective » ; GEMEDEV-CERCA, La création d’une zone <strong>de</strong><br />
<strong>libre</strong>-échange entre la CEE et le Maghreb : repères et perspectives, 1994 ;<br />
- T.F. Rutherford, E.E. Rutsrom, D. Tarr ; « Maroc’s free tra<strong>de</strong> agreement with european community : a quantitative<br />
assessment », Working papers, n° 1173, the World bank, 1993.<br />
134
Population en 2000 (en millions)<br />
31,2 28,2 9,5<br />
Population en 2010 (en millions)<br />
39,0 33,6 11,4<br />
PIB en 2000 (en milliards <strong>de</strong> $ US)<br />
46,9 35,6 19,8<br />
Croissance du PIB 1996-2000 (en %)<br />
5 4,2 5,5<br />
Inflation 1990-2000 (en %)<br />
20,4 4,8 4,5<br />
Taux <strong>de</strong> chômage 1999 (en %)<br />
33 19 15,6<br />
Déficit budgétaire/PIB 1999 (en %)<br />
1,9 2,5 2,7<br />
Dette extérieur en 2000 (en % du<br />
PIB) 60 52 53<br />
Service <strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte<br />
extérieure/Exportations 1999 (en %) 38,6 25 16<br />
Source : Office National <strong>de</strong>s Statistiques, Algérie ; Direction <strong>de</strong> la Statistique, Maroc ;<br />
Institut National <strong>de</strong> la Statistique, Tunisie.<br />
1. 1 Type <strong>de</strong> spécialisation <strong>de</strong>s pays du Maghreb<br />
Les pays maghrébins se caractérisent par <strong>de</strong>s structures économiques qui semblent mal<br />
adaptées aux conditions nouvel<strong>les</strong> <strong>de</strong> la compétitivité et <strong>de</strong> la nouvelle donne en matière <strong>de</strong><br />
spécialisation. La structure <strong>de</strong> leurs exportations se traduit par une spécialisation type PVD :<br />
produits énergétiques et miniers, textile-habillement, produits agrico<strong>les</strong>. L’Algérie, on le sait,<br />
exporte essentiellement <strong>de</strong>s hydrocarbures en gran<strong>de</strong> partie à l’état brut (Cf. Tableau 2),<br />
tandis que le Maroc et la Tunisie exportent <strong>de</strong>s produits primaires et <strong>de</strong>s biens manufacturés.<br />
L’observation <strong>de</strong>s filières <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux pays exportateurs <strong>de</strong> produits manufacturés (Maroc et<br />
Tunisie) fait apparaître <strong>de</strong>s schémas <strong>de</strong> spécialisation très semblab<strong>les</strong>, concurrents entre eux :<br />
avantages pour le textile, l’agroalimentaire, désavantage pour <strong>les</strong> autres filières (Cf. Tableaux<br />
3 et 4). Les principaux postes d’exportation révélés pour le Maroc sont par ordre décroissant<br />
en 2000 : <strong>les</strong> produits finis <strong>de</strong> consommation (vêtements confectionnés et artic<strong>les</strong> <strong>de</strong><br />
bonneterie), l’alimentation (l’évolution <strong>de</strong> ce poste est relativement cyclique), <strong>les</strong> <strong>de</strong>miproduits<br />
(engrais et aci<strong>de</strong> phosphorique) en forte dégradation à partir <strong>de</strong> 1998, <strong>les</strong> produits<br />
finis d’équipement industriel (Matériel d’équipement mécanique et matériel électrique et<br />
électronique) en croissance <strong>de</strong>puis 1998 et <strong>les</strong> produits bruts d’origine animale (phosphates).<br />
Pour la Tunisie, on note le poids important <strong>de</strong>s texti<strong>les</strong>. L’évolution relativement cyclique <strong>de</strong><br />
l’énergie et <strong>de</strong> l’agroalimentaire et enfin, comme pour le Maroc une croissance fort<br />
intéressante <strong>de</strong>s exportations <strong>de</strong>s industries mécanique et électrique. Ces <strong>de</strong>ux secteurs pour<br />
<strong>les</strong>quels <strong>les</strong> gains d’efficacité permettent <strong>de</strong> passer du statut d’importateur net à celui<br />
d’exportateur net, apparaissent comme <strong>de</strong>s filières <strong>de</strong> «spécialisation émergente » susceptib<strong>les</strong><br />
d’attirer <strong>les</strong> investissements étrangers. Cependant, l’étu<strong>de</strong> réalisée par L. Fontagné et N.<br />
135
Péridy 68 sur <strong>les</strong> spécialisations marocaine et tunisienne montre que dans ces secteurs, la<br />
progression la plus nette est enregistrée pour <strong>de</strong>s activités faiblement technologiques.<br />
Tableau 2 : Composition <strong>de</strong>s exportations algériennes 1992-1998<br />
(en % <strong>de</strong> la valeur <strong>de</strong>s exportations)<br />
1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998<br />
Agriculture, pêche, chasse 0,6 0,6 0,2 0,8 0,5 0,2 0,3<br />
Eau et Energie 0,6 0,1 0,8 0,1 0,1 0,0 0,0<br />
Hydrocarbures 95,4 95,2 96,1 94,9 93,5 96,3 96,4<br />
Mines et carrières 0,2 0,2 0,3 0,2 0,2 0,2 0,3<br />
Industries sidérurgiques, métal,<br />
mécan, élect<br />
1,5 1,0 0,9 1,4 1,3 1,1 0,9<br />
Chimie, caoutchouc, plastiques 1,4 2,1 1,4 1,8 3,5 2,0 1,8<br />
Industries agroalimentaires, tabacs,<br />
allumettes<br />
Industries texti<strong>les</strong>, bonneterie,<br />
Confection<br />
0,1 0,4 0,2 0,3 0,5 0,1 0,1<br />
0,0 0,2 0,0 0,3 0,3 0,0 0,0<br />
Industries <strong>de</strong>s cuirs et chaussures 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1<br />
Industries du bois, liège, papier… 0,1 0,1 0,0 0,1 0,0 0,0 0,1<br />
Total 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0<br />
Source : Tableau établi à partir <strong>de</strong>s statistiques <strong>de</strong> l’ Office National <strong>de</strong>s Statistiques, Algérie<br />
68 Cf. L. Fontagné et N. Péridy ; « Le renouveau <strong>de</strong> l’insertion <strong>de</strong>s pays Maghreb dans <strong>les</strong> échanges mondiaux », in Anna<strong>les</strong><br />
Marocaines d’Economie, n° 15, printemps 1996.<br />
136
Tableau 3 : Composition <strong>de</strong>s exportations tunisiennes 1993-2000<br />
(en % <strong>de</strong> la valeur <strong>de</strong>s exportations)<br />
1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000<br />
Agriculture et industries agro-alimentaires 11,7 13,0 10,0 7,5 11,1 9,6 11,4 8,8<br />
Energie et lubrifiants 12,1 9,4 8,3 10,5 9,0 6,4 7,1 12,1<br />
Mines, phosphates et dérivés 9,5 9,8 10,2 11,5 10,9 10,8 10,2 9,0<br />
Texti<strong>les</strong>, habillements et cuirs 47,2 47,6 49,9 51,1 48,7 50,5 48,8 46,6<br />
Matériel <strong>de</strong> transport 0,9 0,6 0,8 0,5 0,8 0,8 0,8 1,0<br />
Industries mécaniques 3,3 5,7 5,6 4,1 4,0 4,6 5,6 5,4<br />
Industries électriques 7,5 7,0 7,4 7,9 8,8 10,6 9,6 10,1<br />
Autres industries manufacturières 7,8 6,9 7,8 6,9 6,7 6,7 6,5 7,0<br />
Total 100 100 100 100 100 100 100 100<br />
Source : Tableau établi à partir <strong>de</strong>s statistiques <strong>de</strong> l’ Institut National <strong>de</strong> la Statistique, Tunisie<br />
137
Tableau 4 : Composition <strong>de</strong>s exportations marocaines 1993-2000<br />
(en % <strong>de</strong> la valeur <strong>de</strong>s exportations)<br />
1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000<br />
Alimentation, boissons et tabacs<br />
- Crustacés, mollusques et coquillages<br />
- Agrumes<br />
26,3<br />
8,5<br />
4,2<br />
28,3<br />
9,6<br />
3,8<br />
30,7<br />
10,7<br />
4,3<br />
31,5<br />
9,9<br />
6,5<br />
29,4<br />
8,5<br />
5,2<br />
20,8<br />
6,4<br />
3,8<br />
20,2<br />
6,0<br />
3,5<br />
20,3<br />
8,6<br />
2 ,6<br />
Energie et Lubrifiants 2,7 2,1 2,2 1,6 1,9 1,5 2,7 2,6<br />
Produits bruts d’origine animale et végétale 2,8 3,9 4,1 3,8 4,2 2,0 2,5 2,4<br />
Produits bruts d’origine minérale<br />
- Phosphates<br />
- Minerai <strong>de</strong> zinc<br />
10,2<br />
7,0<br />
0,4<br />
11,0<br />
6,9<br />
0,5<br />
10,0<br />
6,0<br />
0,6<br />
11,0<br />
7,3<br />
0,6<br />
13,2<br />
9,1<br />
0,7<br />
8,9<br />
6,4<br />
0,8<br />
8,1<br />
6,1<br />
0,7<br />
8,2<br />
5,2<br />
0,7<br />
Demi Produits<br />
24,2<br />
8,4<br />
24,9<br />
6,8<br />
25,9<br />
7,6<br />
25,7<br />
8,0<br />
26,0<br />
7,4<br />
18,2<br />
4,8<br />
18,6<br />
4,2<br />
18,4<br />
4,4<br />
- Engrais<br />
9,5<br />
10,8<br />
11,7<br />
11,1<br />
12,2<br />
7,0<br />
7,8<br />
6,8<br />
- Aci<strong>de</strong> phosphorique<br />
Produits finis d’équipement industriel 5,0 3,6 3,3 3,2 3,2 7,7 9,2 9,0<br />
Produits finis <strong>de</strong> consommation<br />
- Vêtements confectionnés<br />
- Artic<strong>les</strong> <strong>de</strong> bonneterie<br />
28,8<br />
11,7<br />
7,9<br />
26,2<br />
10,4<br />
7,4<br />
23,8<br />
9,0<br />
7,1<br />
23,0<br />
8,3<br />
7,4<br />
22,1<br />
7,5<br />
7,1<br />
40,9<br />
24,2<br />
10,9<br />
38,7<br />
22,0<br />
11,0<br />
39,1<br />
20,5<br />
11,3<br />
Total 100 100 100 100 100 100 100 100<br />
Source : Tableau établi à partir <strong>de</strong>s statistiques <strong>de</strong> l’Office <strong>de</strong>s changes<br />
2.2. La place privilégiée <strong>de</strong> l’Europe<br />
Les pays maghrébins gravitent autour du pôle européen <strong>avec</strong> lequel ils réalisent la<br />
plus gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> leurs échanges. La part <strong>de</strong> l’Europe dans <strong>les</strong> importations maghrébines<br />
est comprise dans une fourchette <strong>de</strong> 65-80%, respectivement 70-85% pour <strong>les</strong> exportations<br />
(Cf. Tableau 5). La France <strong>de</strong>meure certes parmi <strong>les</strong> premiers clients <strong>de</strong>s pays du Maghreb,<br />
mais son poids n’a cessé <strong>de</strong> s’effriter <strong>de</strong>puis le milieu <strong>de</strong>s années 80 au profit <strong>de</strong> l’Italie, <strong>de</strong><br />
l’Espagne et <strong>de</strong> l’Allemagne (Cf. Tableau 6). L’Europe constitue l’espace naturel<br />
d’intégration <strong>de</strong>s pays maghrébins à l’économie internationale. Cette intégration naturelle a<br />
été renforcée par <strong>les</strong> <strong>accords</strong> <strong>de</strong> coopération ou d’association (en particulier le Maroc et la<br />
Tunisie), qui prévoyaient un accès préférentiel au marché européen. Articulant accès<br />
préférentiel à son marché, globalisation <strong>de</strong> sa politique méditerranéenne et protection <strong>de</strong>s<br />
secteurs « sensib<strong>les</strong> », l’Union Européenne (UE) a largement infléchi <strong>les</strong> spécialisations <strong>de</strong>s<br />
pays du Maghreb, d’une part, et le dynamisme <strong>de</strong> leurs exportations, d’autre part.<br />
138
Tableau 5 : Echanges extérieurs <strong>de</strong>s pays du Maghreb par continent en 1999<br />
(en % du total <strong>de</strong>s exportations et <strong>de</strong>s importations)<br />
Exportations :<br />
- Europe<br />
- Afrique<br />
- Amérique<br />
- Asie<br />
- Océanie<br />
Importations :<br />
- Europe<br />
- Afrique<br />
- Amérique<br />
- Asie<br />
- Océanie<br />
Maroc (1) Algérie (2) Tunisie (3)<br />
77, 2<br />
4,8<br />
5,7<br />
11,6<br />
0,7<br />
68,2<br />
4,1<br />
11,0<br />
16,3<br />
0,4<br />
72<br />
1,6<br />
25,5<br />
0,9<br />
0,0<br />
67,4<br />
4,8<br />
18,1<br />
8,9<br />
0,8<br />
Source : (1) Office <strong>de</strong>s Changes, Maroc ; (2) Office National <strong>de</strong>s Statistiques, Algérie ;<br />
(3) Institut National <strong>de</strong> la Statistique, Tunisie<br />
82,8<br />
6,9<br />
1,4<br />
5,6<br />
3,3<br />
79,0<br />
5,1<br />
6,6<br />
8,2<br />
1,1<br />
Tableau 6 : Les principaux clients européens <strong>de</strong>s pays du Maghreb en 2000<br />
( en % <strong>de</strong>s exportations en valeur)<br />
Maroc (1) Rang Algérie (2) Rang Tunisie<br />
(3)<br />
Rang<br />
France 33,5 1 16,4 2 26,8 1<br />
Espagne 13,0 2 9,4 3<br />
Gran<strong>de</strong>-<br />
Bretagne<br />
9,6 3<br />
Italie 7,1 4 21,6 1 23,0 2<br />
Allemagne 5,0 5 12,5 3<br />
Belgique 4,1 5 5,1 4<br />
Pays-Bas 7,9 4 3,5 5<br />
Source : (1) Office <strong>de</strong>s Changes, Maroc ; (2) Office National <strong>de</strong>s Statistiques, Algérie ;<br />
(3) Institut National <strong>de</strong> la Statistique, Tunisie<br />
139
La protection <strong>de</strong>s secteurs sensib<strong>les</strong> constitue le principal reproche généralement fait à<br />
la politique <strong>de</strong> l’UE à l’égard <strong>de</strong>s pays du Maghreb : <strong>les</strong> produits agroalimentaires et le<br />
textile-habillement sont au cœur du débat. L’Europe a limité l’accès à son marché là où la<br />
concurrence <strong>de</strong> ses voisins était la plus sensible. Les pays maghrébins n’ont pas, non plus,<br />
tous su utiliser le levier commercial qui leur était fourni. De surcroît, cette préférence est<br />
aujourd’hui remise en cause par <strong>les</strong> avancées <strong>de</strong> la libéralisation multilatérale (Cycle <strong>de</strong><br />
l’Uruguay) et par l’intégration <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l’Europe centrale et orientale dans l’espace<br />
européen. 69<br />
Les effets combinés <strong>de</strong>s préférences et restrictions peuvent être mis en évi<strong>de</strong>nce à<br />
partir <strong>de</strong> l’indicateur ISEP 70 (In<strong>de</strong>xe of Standardized Export Performance). Pour <strong>les</strong> produits<br />
agrico<strong>les</strong>, la politique commerciale communautaire apparaît ainsi avoir eu un impact positif<br />
pour le Maroc et la Tunisie jusqu’à la fin <strong>de</strong>s années soixante-dix, mais négatif <strong>de</strong>puis pour le<br />
Maroc : seuls <strong>les</strong> fruits et légumes transformés échappent à la discrimination contre <strong>les</strong><br />
exportations agrico<strong>les</strong> marocaines. Le calcul <strong>de</strong> l’ISEP pour <strong>les</strong> produits texti<strong>les</strong> confirme la<br />
bonne position <strong>de</strong>s pays du Maghreb dans la pyrami<strong>de</strong> européenne <strong>de</strong>s préférences. Cette<br />
position privilégiée va naturellement être progressivement remise en cause, en dépit <strong>de</strong> la<br />
perspective <strong>de</strong> zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange.<br />
Le recul <strong>de</strong> la pénétration du Maghreb dans le marché européen contraste <strong>avec</strong> la<br />
puissante montée <strong>de</strong> l’Asie (surtout pour le Maroc et la Tunisie). Le double déséqui<strong>libre</strong> dans<br />
<strong>les</strong> échanges euro-maghrébins semble se renforcer. Le premier déséqui<strong>libre</strong> tient au fait que<br />
l’Europe est le principal partenaire commercial du Maghreb alors que celui-ci vient, selon <strong>les</strong><br />
années, en position lointaine dans <strong>les</strong> échanges <strong>de</strong> l’UE. Le second est lié au fait que l’Europe<br />
exporte <strong>de</strong> plus en plus vers la zone Maghreb, alors que <strong>les</strong> exportations <strong>de</strong> cette <strong>de</strong>rnière<br />
stagnent rendant cette zone structurellement déficitaire. En effet, <strong>les</strong> pays du Maghreb se<br />
fournissent à hauteur <strong>de</strong> 51% sur le marché européen alors que leurs exportations ne<br />
représentent pour l’économie communautaire que 2% <strong>de</strong>s achats totaux <strong>de</strong> l’UE. Cet écart est<br />
particulièrement marqué entre <strong>les</strong> pays du Nord <strong>de</strong> l’Europe dont <strong>les</strong> échanges <strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays<br />
du Maghreb sont réduits. Il est important <strong>de</strong> noter que l’UE enregistre un excé<strong>de</strong>nt croissant<br />
vis-à-vis <strong>de</strong>s pays maghrébins. Réciproquement, il constitue pour <strong>les</strong> pays maghrébins leur<br />
premier déficit.<br />
Par ailleurs, <strong>les</strong> flux d’investissement <strong>de</strong>s Européens à <strong>de</strong>stination du Maghreb ne<br />
constituent qu’une part réduite <strong>de</strong>s investissements européens dans le mon<strong>de</strong>. Néanmoins, ils<br />
69 Cf . L. Fontagne et N. Peridy, op.cit<br />
70 Cf. - R Pomfret ; “Tra<strong>de</strong> effects of european community preferences to mediterranean countries : the case of textile<br />
and clothing imports”, World <strong>de</strong>velopment, vol. 10, n° 10,1982;<br />
- Yannopoulous. G.N; “The impact of the common agricultural policy on <strong>de</strong>veloping countries following the<br />
enlargement of the european community”, Development policy review, vol. 1, 1986;<br />
- L. Fontagné et N. Péridy, op.cit.<br />
En notant ri (A,B) le taux <strong>de</strong> variation <strong>de</strong>s exportations du produit i réalisées par le pays A sur le marché B, LDCs<br />
<strong>les</strong> autres pays en développement et à revenu moyen, enfin ROW le reste du mon<strong>de</strong>, il revient :<br />
ri (NACs, EU)/ri (LDCs, EU)<br />
ISEPi = ___________________________<br />
ri (NACs, ROW)/ri (LDCs, ROW)<br />
L’ISEP élimine <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux effets <strong>de</strong> compétitivité et <strong>de</strong> progression <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> B : le numérateur élimine la<br />
secon<strong>de</strong> influence et le dénominateur la première. Reste l’impact <strong>de</strong>s politiques commercia<strong>les</strong>. Ainsi, un indicateur supérieur<br />
à l’unité correspond pour A à un impact globalement positif <strong>de</strong> la discrimination sur i.<br />
140
eprésentent pour la majorité <strong>de</strong>s pays maghrébins l’essentiel <strong>de</strong> ceux qu’ils reçoivent. Les cas<br />
du Maroc et <strong>de</strong> la Tunisie sont significatifs à cet égard. En 1999, la répartition par pays <strong>de</strong>s<br />
flux d’investissements étrangers reçus par le Maroc acquiert la même structure que <strong>les</strong><br />
échanges commerciaux extérieurs <strong>de</strong> ce pays : près du quart <strong>de</strong>s IDE reçus par le Maroc<br />
proviennent <strong>de</strong> la France, <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux cinquièmes <strong>de</strong> l’Europe latine (France, Espagne, Italie), <strong>les</strong><br />
<strong>de</strong>ux tiers <strong>de</strong> l’UE et <strong>les</strong> quatre cinquièmes <strong>de</strong> l’Europe en général. Les investissements<br />
étrangers à <strong>de</strong>stination <strong>de</strong> la Tunisie proviennent également pour l’essentiel <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l’UE<br />
(70%).<br />
Les immigrés non européens représentent aux alentours <strong>de</strong> 4,5% <strong>de</strong> la population<br />
européenne. Parmi eux, on dénombre une forte présence <strong>de</strong> maghrébins établis en majorité en<br />
France. Ces populations émigrées effectuent d’importants transferts financiers vers leurs pays<br />
d’origine. Ces transferts ont connu une forte croissance <strong>de</strong>puis le début <strong>de</strong>s années soixantedix<br />
mais plafonnent <strong>de</strong>puis le début <strong>de</strong>s années quatre-vingt-dix, sous l’effet <strong>de</strong> la diminution<br />
<strong>de</strong>s flux migratoires. Cumulés <strong>de</strong> 1971 à 1995, <strong>les</strong> flux nets <strong>de</strong>s transferts <strong>de</strong>s émigrés à<br />
<strong>de</strong>stination du Maghreb représentent près <strong>de</strong> 42 milliards <strong>de</strong> F.F, en provenance <strong>de</strong> France<br />
essentiellement. Pour le Maroc, ces transferts ont représenté en moyenne 8% du PNB sur <strong>les</strong><br />
années 1990-1995 et 99% du service <strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte extérieure, tandis que la Tunisie, <strong>avec</strong> une<br />
structure <strong>de</strong> transferts comparable (4% <strong>de</strong> son PNB et 42% du service <strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte), est moins<br />
dépendante <strong>de</strong> cette ressource. Pour l’Algérie, <strong>les</strong> flux sont relativement faib<strong>les</strong> (1% du PNB).<br />
2.3. L’impact <strong>de</strong> l’euro sur <strong>les</strong> exportations et <strong>les</strong> secteurs d’activité <strong>de</strong>s pays<br />
maghrébins<br />
Des étu<strong>de</strong>s récentes 71 ont permis <strong>de</strong> mesurer l’impact <strong>de</strong> l’euro sur <strong>les</strong> exportations et<br />
<strong>les</strong> secteurs d’activité <strong>de</strong>s pays maghrébins. En s’appuyant sur <strong>de</strong>s hypothèses <strong>de</strong> travail<br />
vraisemblab<strong>les</strong> et <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s économétriques confirmées, ces étu<strong>de</strong>s permettent d’i<strong>de</strong>ntifier<br />
le potentiel <strong>de</strong> gains et <strong>de</strong> pertes pour <strong>les</strong> pays du Maghreb au niveaux sectoriel et global<br />
associés à l’introduction <strong>de</strong> l’euro. En ce qui concerne l’impact <strong>de</strong> la croissance additionnelle<br />
<strong>de</strong> l’UE sur la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> adressée aux pays du Maghreb, il a été estimé que 1% <strong>de</strong> progression<br />
du PIB européen générerait une croissance <strong>de</strong>s exportations maghrébines variant entre 0,3%<br />
en Algérie, 1,1% pour le Maroc et 1,9% pour la Tunisie. Tenant compte <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s<br />
exportations dans le PIB et du <strong>de</strong>gré d’intensité <strong>de</strong>s échanges <strong>avec</strong> l’UE, <strong>les</strong> pays maghrébins<br />
verraient leur PIB croître <strong>de</strong> 0,1% pour l’Algérie, 0,2% pour le Maroc et 0,6% pour la<br />
Tunisie.<br />
Globalement, si l’on considère le cumul <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux effets <strong>de</strong> substitution découlant <strong>de</strong> la<br />
compétitivité <strong>de</strong>s entreprises européennes et <strong>de</strong> l’effet <strong>de</strong> création généré par la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
71 Cf. – P Allum et K. Nashashibi ; « Global macroeconomic consequences of the euro for arab economics », IMF, Middle<br />
Eastern Department, april, 1999 ;<br />
- J.-F. Ruhashyankiko ; « The euro and the production structure and export performance of Middle East and North<br />
African countries », IMF Working Papers, january, 1999 ;<br />
- G. Kebadjian.G ; « L’euro et l’avenir <strong>de</strong>s relations monétaires en Méditerranée », Cahiers <strong>de</strong> la Fondation<br />
Ab<strong>de</strong>rrahim Bouabid, mars, 1998 ;<br />
- L. Jaïdi ; « L’impact <strong>de</strong> l’euro sur <strong>les</strong> économies maghrébines », revue Critique économique, n°2, été 2000 ;<br />
- J.-P. Chauffour et Stemitsiotis, «The impact of tehe euro on Mediterranean partners countries », Draft paper<br />
presented at the ECI/FMI, seminar on the Mediterranean, april, 1998 ;<br />
- H. Ghesquier, « Impact of European Union Association Agreements on Mediterranean countries », FMI, Middle<br />
Eastern Department, august, 1998 ;<br />
- Heliodoro Temprano-Arroyo et R.A. Feldman, « Selected transition and Mediterranean countries : an intitutional<br />
primer on EMU and EU relations », FMI, European I Department, june, 1998.<br />
141
l’UE, la Tunisie serait un gagnant net <strong>de</strong> l’instauration <strong>de</strong> l’euro (0,2% du PIB), l’Algérie<br />
serait un perdant (0,1% du PIB), et <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux effets s’annuleraient dans le cas du Maroc. La<br />
conséquence la plus importante <strong>de</strong> l’UEM pour <strong>les</strong> pays maghrébins sera probablement liée<br />
au fait que <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l’UE ne pourront plus recourir à l’instrument du taux <strong>de</strong> change à<br />
l’avenir. Les pays maghrébins bénéficieront d’un environnement extérieur plus prévisible et<br />
plus transparent qui <strong>les</strong> ai<strong>de</strong>ra, à long terme, à exploiter leurs avantages comparatifs <strong>de</strong><br />
manière plus transparente et plus prévisible. La fixation <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> change dans la zone euro<br />
privera <strong>les</strong> participants à l’UEM <strong>de</strong> la possibilité d’améliorer leur compétitivité-prix en<br />
laissant la monnaie se déprécier. Les pays du Maghreb seraient ainsi davantage protégés<br />
contre <strong>les</strong> pratiques <strong>de</strong> dévaluation compétitive, notamment <strong>de</strong>s monnaies <strong>de</strong>s pays du sud <strong>de</strong><br />
l’UE <strong>avec</strong> <strong>les</strong>quels ils sont en concurrence sur certains produits manufacturés et agrico<strong>les</strong>.<br />
Tableau 7 : Effets <strong>de</strong> l’Union économique et monétaire sur <strong>les</strong> exportations et le PIB<br />
Algérie Maroc Tunisie<br />
Elasticité <strong>de</strong>s prix relative<br />
Elasticité <strong>de</strong>s exportations du pays/PIB <strong>de</strong><br />
l’UE<br />
- 0,23 - 0,26 - 0,34<br />
0,42 1,64 2,36<br />
Impact <strong>de</strong> 5% <strong>de</strong> progression <strong>de</strong> la<br />
compétitivité <strong>de</strong> l’UE sur :<br />
- exportations (en%)<br />
- PIB (en%)<br />
- 0,7<br />
- 0,2<br />
- 0,9<br />
- 0,2<br />
- 1,3<br />
- 0,4<br />
Impact d’une croissance <strong>de</strong> 1% du PIB réel<br />
<strong>de</strong> l’UE sur :<br />
- exportations (en %)<br />
- PIB (en %)<br />
0,3<br />
0,1<br />
1,1<br />
0,2<br />
1,9<br />
0,6<br />
Source : Estimations du FMI, « Impact of EMU on selected country groups »,<br />
Enfin, concernant l’impact sectoriel, il faudrait s’attendre à ce que <strong>les</strong> pays du<br />
Maghreb enregistrent <strong>de</strong>s pertes à la suite <strong>de</strong> l’introduction <strong>de</strong> l’euro. L’explication est fondée<br />
sur <strong>de</strong>ux facteurs :<br />
- une part du secteur manufacturier relativement importante ;<br />
- une proportion très élevée <strong>de</strong>s échanges <strong>avec</strong> la zone euro.<br />
Les pertes révélées sont <strong>de</strong> 0,28% à 0,45% du PIB en Algérie, 0,29% à 0,45% au<br />
Maroc, et 0,30% à 0,47% en Tunisie. En particulier, ce sont <strong>les</strong> industries à faible valeur<br />
ajoutée (exemple <strong>de</strong>s industries métallique <strong>de</strong> base) qui souffriront le plus <strong>de</strong> l’effet <strong>de</strong><br />
diversion ou <strong>de</strong> substitution découlant <strong>de</strong> la réduction <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> transaction favorable aux<br />
industries européennes, contrairement aux industries à forte valeur ajoutée (pétrole, gaz et<br />
minerais). Parallèlement à ce premier effet, l’expansion économique qui en résultera induira<br />
une augmentation <strong>de</strong>s revenus qui engendrera, elle-même, une augmentation <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />
d’importation pour <strong>les</strong> produits en provenance <strong>de</strong>s pays du Maghreb. On attend <strong>de</strong> cet effet<br />
<strong>de</strong>s retombées à la fois sur <strong>les</strong> industries à forte et faible valeur ajoutée.<br />
142
Dans la mesure où l’impact global dépend d’effets nets qu’il est difficile <strong>de</strong> quantifier,<br />
la pertinence <strong>de</strong> cette analyse nécessite que celle-ci soit placée dans une perspective plus large<br />
<strong>de</strong> développement économique. Quoi qu’il en soit <strong>les</strong> pays du Maghreb sont contraints à<br />
diversifier leur production et leurs exportations afin <strong>de</strong> réduire leur dépendance envers <strong>les</strong><br />
produits primaires. L’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong> l’effet net détermine dans quelle mesure l’unification<br />
monétaire en Europe encourage ou entrave la diversification <strong>de</strong>s pays du Maghreb en<br />
orientant <strong>les</strong> facteurs <strong>de</strong> production vers ou en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s industries manufacturières<br />
émergentes.<br />
Tableau 8 : Mesure <strong>de</strong> l’impact sectoriel <strong>de</strong> l’euro<br />
sur <strong>les</strong> pays du Maghreb (en % du PIB)<br />
Algérie Maroc Tunisie<br />
Agriculture 0,11 0,11 0,12<br />
Minerais - 0,01 - 0,01 - 0,01<br />
Pétrole et gaz - 0,06 - 0,06 - 0,06<br />
Alimentation 0,00 0,00 0,00<br />
Textile - 0,01 - 0,01 - 0,01<br />
Bois - 0,17 - 0,17 - 0,18<br />
Produits chimiques - 0,02 - 0,02 - 0,02<br />
Produits métalliques <strong>de</strong> base - 0,25 - 0,26 - 0,24<br />
Acier - 0,03 - 0,03 - 0,04<br />
Machines - 0,02 - 0,02 - 0,02<br />
Services 0,02 0,02 0,02<br />
Source : FMI, op.cit<br />
2. Les conditions d’une insertion renouvelée <strong>de</strong>s pays du Maghreb dans l’économie<br />
internationale<br />
Les pays du Maghreb forment un ensemble hétérogène, où <strong>les</strong> complémentarités<br />
potentiel<strong>les</strong> l’emportent sur <strong>les</strong> facteurs <strong>de</strong> concurrence ; par ailleurs, la part marginale du<br />
commerce intra-zone dans <strong>les</strong> échanges extérieurs 72 ne traduit pas seulement l’absence<br />
d’intégration régionale et donc comme nous l’avons vu l’influence déterminante du pôle<br />
d’attraction constitué par l’Europe, mais également le poids <strong>de</strong> la rigidité <strong>de</strong>s spécialisations<br />
loca<strong>les</strong>. Les alternatives <strong>de</strong> développement apparaissent donc peu crédib<strong>les</strong> si l’on prend<br />
seulement en compte <strong>les</strong> perspectives réel<strong>les</strong> <strong>de</strong> l’intégration maghrébine, car celle-ci ne peut<br />
se construire sans que l’inertie <strong>de</strong>s conditions d’intégration soit préalablement dépassée. En<br />
revanche, la mise en place d’une union économique élargie dans le cadre d’une coopération<br />
institutionnelle <strong>avec</strong> l’UE peut être considérée comme une alternative crédible au<br />
désenclavement <strong>de</strong>s pays du Maghreb. L’accord <strong>de</strong> partenariat euro-méditerranéen signé à<br />
Barcelone en 1995, entre l’UE et <strong>les</strong> 12 Pays Tiers-Méditerranéens (PTM) 73 constitue le début<br />
d’un processus difficile et semé d’embûches qui a pour vocation la levée <strong>de</strong> tous <strong>les</strong> obstac<strong>les</strong><br />
au développement économique et social <strong>de</strong> la région, la mise en place d’une concertation<br />
économique, et l’établissement progressif d’une zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange entre tous <strong>les</strong><br />
partenaires d’ici 2010. Dans la perspective <strong>de</strong> ce projet global, <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> d’association <strong>de</strong><br />
type nouveau, dits <strong>de</strong> partenariat euro-méditerranéen , ont été signés <strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays du<br />
72 Le commerce intra-régional ne représente que 3% <strong>de</strong>s échanges extérieurs <strong>de</strong> la région.<br />
73 Les PTM-ou encore PSEM, Pays du sud et <strong>de</strong> l’est <strong>de</strong> la Méditerranée- sont : Algérie, Chypre, Egypte, Israël, Jordanie,<br />
Liban, Malte, Maroc, Syrie, Tunisie, Turquie, Territoires pa<strong>les</strong>tiniens autonomes.<br />
143
Maghreb (le Maroc et la Tunisie) ou sont en cours <strong>de</strong> négociation (l’Algérie). Pourtant, en<br />
cette fin <strong>de</strong> l’an 2001, alors que « Barcelone IV » s’est tenu à Marseille, forçant chacun à<br />
procé<strong>de</strong>r au bilan d’une <strong>de</strong>mi-décennie <strong>de</strong> « partenariat euro-méditerranéen », l’heure est au<br />
désenchantement. L’UE continue <strong>de</strong> prendre <strong>de</strong>s mesures protectionnistes concernant l’accès<br />
<strong>de</strong>s produits industriels maghrébins au marché communautaire (<strong>les</strong> <strong>accords</strong> d’autolimitation<br />
pour <strong>les</strong> produits texti<strong>les</strong>). Les dossiers <strong>de</strong>s produits agrico<strong>les</strong> et <strong>de</strong> la pêche, pour leur part,<br />
n’avaient pas fait l’objet d’une véritable négociation en vue <strong>de</strong> la libéralisation <strong>de</strong>s échanges<br />
<strong>les</strong> concernant. Curieusement, et une fois <strong>de</strong> plus au nom <strong>de</strong> « l’exception agricole », <strong>les</strong><br />
responsab<strong>les</strong> <strong>de</strong> l’UE avaient dès le départ exclu toute négociation dans une perspective <strong>de</strong><br />
<strong>libre</strong>-échange en ce qui concerne <strong>les</strong> produits agrico<strong>les</strong> exportés essentiellement par le Maroc<br />
vers l’espace européen 74 .<br />
Pour la question <strong>de</strong>s investissements étrangers, <strong>les</strong> pays du Maghreb n’attirent<br />
annuellement qu’une petite partie <strong>de</strong> capitaux européens. Les raisons <strong>de</strong> ce phénomène sont<br />
évi<strong>de</strong>ntes : la fragmentation <strong>de</strong>s marchés maghrébins, l’instabilité politique et sociale, <strong>les</strong><br />
incertitu<strong>de</strong>s économiques, le manque d’infrastructures <strong>de</strong> transport et <strong>de</strong> télécommunications,<br />
la formation insuffisante <strong>de</strong> la main-d’œuvre, <strong>les</strong> infrastructures léga<strong>les</strong> et institutionnel<strong>les</strong><br />
inadéquates, la corruption largement répandue et la nature autoritaire <strong>de</strong>s gouvernements…<br />
Tous ces éléments découragent la création <strong>de</strong> nouvel<strong>les</strong> entreprises et ren<strong>de</strong>nt la région moins<br />
attractive pour <strong>les</strong> investisseurs étrangers. Enfin, <strong>les</strong> pressions migratoires du Maghreb vers<br />
l’Europe sont encore plus fortes, <strong>avec</strong> <strong>les</strong> drames humains et <strong>les</strong> tensions politiques et<br />
culturel<strong>les</strong> qui <strong>les</strong> accompagnent.<br />
Dans le même temps, si la construction <strong>de</strong> la région euro-méditerranéenne piétine, la<br />
réalité <strong>de</strong> la mondialisation pour sa part continue d’avancer. Portée par l’idéologie <strong>de</strong> la<br />
«pensée unique», d’une part, et par une véritable révolution technologique, d’autre part,<br />
conduite par <strong>les</strong> firmes multinationa<strong>les</strong> et soutenue par <strong>les</strong> organisations internationa<strong>les</strong><br />
multilatéra<strong>les</strong>. La conjugaison <strong>de</strong> la mondialisation et <strong>de</strong> la diffusion <strong>de</strong> «l’économie fondée<br />
sur la connaissance», marquée par ce que Moati et Mouhoud 75 qualifient <strong>de</strong> passage d’une<br />
division technique ou taylorienne du travail à un principe <strong>de</strong> « division cognitive du travail »<br />
contribue à l’émergence d’une nouvelle structuration <strong>de</strong> l’espace économique mondial. Les<br />
firmes multinationa<strong>les</strong> modifient leurs critères <strong>de</strong> localisation afin <strong>de</strong> mieux exploiter <strong>les</strong><br />
spécificités <strong>de</strong> chaque système national d’innovation. De fait, <strong>les</strong> critères <strong>de</strong> compétitivité <strong>de</strong>s<br />
nations se trouvent redéfinis <strong>avec</strong> la mise en avant <strong>de</strong>s facteurs d’attractivité du territoire. Les<br />
critères <strong>de</strong> localisation sont favorab<strong>les</strong> à la concentration <strong>de</strong>s activités « intensives en<br />
connaissance » dans <strong>les</strong> pays industrialisés 76 , et plus particulièrement au sein <strong>de</strong>s territoires<br />
riches en ressources cognitives spécialisées. Ainsi, <strong>les</strong> pays incapab<strong>les</strong> d’accé<strong>de</strong>r à<br />
l’économie fondée sur <strong>les</strong> connaissances se trouvent marginalisés <strong>de</strong> l’économie mondiale 77 .<br />
Aujourd’hui, <strong>les</strong> entreprises recherchent moins <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> coûts qu’un environnement<br />
stimulant leurs capacités d’apprentissage : main-d’œuvre disposant <strong>de</strong>s qualifications<br />
spécifiques, présence d’institutions <strong>de</strong> recherche spécialisées performantes et <strong>de</strong> concurrents<br />
susceptib<strong>les</strong> <strong>de</strong> générer <strong>de</strong>s externalités technologiques.<br />
74 Cf. Mohamed Benlahcen Tlemçani, « Bilan <strong>de</strong> la coopération Maghreb-CEE à l’heure du marché unique européen »,<br />
revue, Les Papiers , n°10, automne 1992, Presses Universitaires du Mirail, Toulouse.<br />
75 Cf. Ph. Moati, E.M. Mouhoud, « Information et organisation <strong>de</strong> la production : vers une division cognitive du travail »,<br />
Economie appliquée, tome XLVI, 1994.<br />
76 Cf. F. Maurel, L. Fontagné, E.M. Mouhoud, P. Petit ; « Scénario pour une nouvelle géographie économique <strong>de</strong> l’Europe »,<br />
Rapport du commissariat général du Plan, Economica, 1999.<br />
77 Cf. Mohamed Benlahcen Tlemçani, " Economie <strong>de</strong>s savoirs, quelle insertion <strong>de</strong>s pays du Maghreb dans l'économie mon<strong>de</strong><br />
? ", 13ème congrès <strong>de</strong> l'Union <strong>de</strong>s Economistes Arabes sur le thème <strong>de</strong> la perspective économique arabe et l'économie<br />
mondiale, du 27 au 30 mars 2000, El-Jedida.<br />
144
Les développements précé<strong>de</strong>nts soulignent <strong>les</strong> avantages comparatifs qu’apportent aux<br />
pays développés disposant <strong>de</strong> personnels qualifiés et <strong>de</strong> centres <strong>de</strong> haute compétence<br />
scientifique, <strong>les</strong> évolutions <strong>de</strong>s processus productifs et <strong>de</strong>s marchés. Mais, il est à noter que<br />
<strong>les</strong> secteurs d’activités ne sont pas tous impliqués <strong>avec</strong> la même intensité dans une division<br />
internationale du travail basée sur <strong>les</strong> compétences spécifiques. Si <strong>les</strong> secteurs intensifs en<br />
connaissance sont davantage « globalisés » que <strong>les</strong> autres et si le processus <strong>de</strong> création <strong>de</strong><br />
<strong>zones</strong> régiona<strong>les</strong> repose sur la volonté institutionnelle, on peut émettre l’hypothèse que <strong>les</strong><br />
secteurs tayloriens ou faiblement intensifs en connaissance peuvent trouver leur place à court<br />
ou moyen terme dans un cadre <strong>de</strong> « flux régionalisés ». Les pays du Maghreb par exemple qui<br />
pourraient intégrer l’Union européenne trouveraient alors une voie d’insertion internationale<br />
sur la base <strong>de</strong> leurs avantages comparatifs 78 . L’attraction exercée par l’UE <strong>de</strong>vrait amener <strong>les</strong><br />
économies maghrébines à participer à l’aménagement d’un espace européen élargi. Dans cette<br />
perspective, <strong>les</strong> schémas classiques <strong>de</strong> développement pourraient s’enrichir <strong>de</strong>s apports d’une<br />
« coopération-partenariat » renouvelée et fondée sur <strong>de</strong>s principes mutuellement avantageux.<br />
La réussite <strong>de</strong> cette intégration régionale implique à notre avis la mise en place d’un<br />
environnement propice, plus fécond, qui peut se réaliser par la conjonction <strong>de</strong> facteurs<br />
économiques (l’ouverture et la compétitivité <strong>de</strong>s économies maghrébines), sociaux<br />
l’accumulation du capital humain, c’est-à-dire le niveau d’éducation et <strong>de</strong> formation) et<br />
institutionnels (<strong>les</strong> législations sur la propriété technologique et <strong>les</strong> politiques publiques en<br />
matière <strong>de</strong> R&D).<br />
2.1. L’ouverture et la compétitivité <strong>de</strong>s économies maghrébines<br />
Pour <strong>les</strong> économies maghrébines, l’enjeu <strong>de</strong>s années qui viennent est clair : el<strong>les</strong><br />
<strong>de</strong>vront accélérer leur croissance dans un environnement beaucoup plus compétitif<br />
qu’auparavant. El<strong>les</strong> sont restées longtemps à l’abri <strong>de</strong> la concurrence, el<strong>les</strong> se trouvent<br />
aujourd’hui confrontées à un contexte nouveau : l’émergence <strong>de</strong> la nouvelle économie,<br />
l’instauration du marché unique européen et <strong>les</strong> perspectives d’élargissement à l’Est, la<br />
poursuite du processus <strong>de</strong> libéralisation multilatérale dans le cadre <strong>de</strong>s négociations <strong>de</strong><br />
l’OMC.<br />
L’enjeu pour <strong>les</strong> pays du Maghreb rési<strong>de</strong> dans l’amélioration <strong>de</strong>s conditions<br />
d’affectation <strong>de</strong>s ressources, la diversification <strong>de</strong> l’appareil <strong>de</strong> production et la réévaluation<br />
<strong>de</strong>s points d’entrée dans <strong>les</strong> trajectoires industriel<strong>les</strong> mondia<strong>les</strong>. En outre, <strong>de</strong>s progrès sont<br />
nécessaires dans <strong>les</strong> techniques <strong>de</strong> télécommunications et <strong>les</strong> infrastructures <strong>de</strong> transports 79 .<br />
Ces progrès peuvent contribuer à rendre compatib<strong>les</strong> <strong>de</strong>s logiques d’organisation <strong>de</strong> la<br />
production éclatée à l’échelle internationale <strong>avec</strong> <strong>les</strong> impératifs <strong>de</strong> compétitivité et <strong>de</strong> réponse<br />
rapi<strong>de</strong> à la versatilité <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>.<br />
Dans un contexte <strong>de</strong> libéralisation commerciale, <strong>les</strong> <strong>accords</strong> <strong>de</strong> Marrakech imposent<br />
une nouvelle donne. Ils remettent en cause <strong>les</strong> préférences inscrites dans <strong>les</strong> <strong>accords</strong><br />
d’association. La baisse générale <strong>de</strong>s droits et l’élimination <strong>de</strong>s barrières non tarifaires<br />
contribueront à éro<strong>de</strong>r la position préférentielle dont bénéficiaient <strong>les</strong> pays maghrébins (en<br />
particulier dans le textile-habillement) et à aiguiser la concurrence (notamment esteuropéenne<br />
et asiatique) sur <strong>les</strong> principaux marchés à l’exportation, et tout d’abord sur le<br />
marché européen.<br />
78 Cf. Mohamed Benlahcen Tlemçani, "L'intégration régionale <strong>de</strong>s pays du Maghreb à l'Union Européenne : une alternative<br />
crédible face à la mondialisation", Septième Session <strong>de</strong> l'Université d'Hiver <strong>de</strong> Marrakech, Université <strong>de</strong> Marrakech, du 16<br />
au 20 février, 1999.<br />
79 Cf. Projet INFRAMED conduit par l’INRETS-DEST Paris, GTMO (Groupe <strong>de</strong> Transport <strong>de</strong> la Méditerranée Occi<strong>de</strong>ntale),<br />
Synthèse finale, 5 décembre 1997.<br />
145
Les plus grands perdants à terme risquent d’être <strong>les</strong> pays qui ont jusqu’ici le mieux<br />
exploité cet avantage, notamment le Maroc et la Tunisie. Des travaux récents 80 montrent que<br />
la réduction <strong>de</strong>s exportations manufacturières <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux pays, provoquée par l’érosion <strong>de</strong><br />
leur marge préférentielle, pourrait être substantielle, jusqu’à 22% pour le Maroc et 40% pour<br />
la Tunisie. Quant aux pays dont <strong>les</strong> exportations manufacturières ont été jusqu’ici peu<br />
développées (Algérie), l’érosion <strong>de</strong>s préférences n’aura pas d’effet immédiat, mais elle<br />
signifie qu’ils ne pourront pas disposer d’un tel stimulant sur le marché européen. A moyen<br />
terme, l’ouverture <strong>de</strong>s économies maghrébines à la concurrence <strong>de</strong>vrait provoquer <strong>de</strong>ux effets<br />
contraires. En premier lieu, une baisse d’activité dans <strong>les</strong> secteurs jusque là protégés et qui<br />
auront <strong>de</strong>s difficultés à supporter la concurrence extérieure, en second lieu une réorientation<br />
vers <strong>les</strong> secteurs exportateurs, stimulés par la hausse <strong>de</strong> compétitivité. Pour que l’effet net soit<br />
positif, y compris en intégrant <strong>les</strong> coûts économiques et sociaux <strong>de</strong> cette réorientation, il<br />
faudrait que l’ouverture ne cantonne pas ces économies dans <strong>de</strong>s spécialisations peu<br />
porteuses. Ces modifications affectant <strong>les</strong> équi<strong>libre</strong>s macroéconomiques <strong>de</strong>vraient stimuler la<br />
mise en œuvre <strong>de</strong> réformes structurel<strong>les</strong> visant à améliorer l’environnement et la gestion <strong>de</strong>s<br />
entreprises (progression du droit <strong>de</strong>s affaires, accès à l’en<strong>de</strong>ttement bancaire et au capital<br />
risque, augmentation <strong>de</strong> l’offre <strong>de</strong>s titres sur le marché financier, ouverture du capital <strong>de</strong>s<br />
sociétés, sécurisation juridique <strong>de</strong>s ententes entre associés…). Enfin <strong>de</strong>vraient intervenir <strong>de</strong>s<br />
effets directs sur l’offre elle-même, par réallocation <strong>de</strong>s facteurs sous l’effet <strong>de</strong> modification<br />
<strong>de</strong>s prix relatifs induits par la concurrence extérieure.<br />
Par ailleurs, l’un <strong>de</strong>s déterminants <strong>de</strong> la compétitivité <strong>de</strong>s économies maghrébines est<br />
l’attrait <strong>de</strong> leur marché du travail. Pour prétendre à un rôle actif dans leurs relations <strong>avec</strong> <strong>les</strong><br />
pays <strong>de</strong> l’UE, <strong>les</strong> pays du Maghreb sont appelés à se doter d’une structure <strong>de</strong> qualification<br />
qualitativement comparable et complémentaire à cel<strong>les</strong> <strong>de</strong> leurs partenaires. L’existence <strong>de</strong><br />
rigidités structurel<strong>les</strong> dans l’espace <strong>de</strong>s compétences 81 sont <strong>de</strong>s facteurs défavorab<strong>les</strong> aux<br />
perspectives réel<strong>les</strong> d’intégration <strong>de</strong>s économies maghrébines dans le pôle européen. En effet,<br />
ces rigidités conduisent à <strong>de</strong>ux conséquences l’une à court terme, l’autre à moyen et long<br />
termes :<br />
- A court terme, ces rigidités ren<strong>de</strong>nt l’espace <strong>de</strong>s compétences maghrébin moins<br />
compétitif par rapport aux autres pays. Le Maghreb ne peut prétendre rivaliser <strong>avec</strong> <strong>de</strong>s pays<br />
qui appartiennent aussi à la zone d’influence économique <strong>de</strong> l’Europe. En matière d’échanges<br />
économiques, le Maghreb a développé <strong>de</strong>s avantages basés soit sur le coût salarial faible et/ou<br />
la proximité géographique. En présence <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l’Europe <strong>de</strong> l’Est et du Sud, ces<br />
avantages vont disparaître progressivement <strong>avec</strong> la mise en place <strong>de</strong> la zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange.<br />
A terme, l’espace <strong>de</strong>s compétences maghrébin risque <strong>de</strong> ne présenter aucun attrait pour <strong>les</strong><br />
investisseurs étrangers. Les avantages comparatifs dont jouissaient le Maghreb, sont<br />
susceptib<strong>les</strong> d’être récupérés par ces pays. Ces <strong>de</strong>rniers disposent d’un double atout : ils<br />
présentent un rapport qualité <strong>de</strong> qualification/prix <strong>de</strong> la main-d’œuvre très compétitif et ils<br />
disposent d’un marché interne solvable.<br />
- A moyen et long termes, au niveau interne, le marché du travail maghrébin risque<br />
d’être confronté à un déficit généralisé <strong>de</strong>s compétences vita<strong>les</strong> pour le fonctionnement <strong>de</strong><br />
l’économie. Cette situation est plausible dans la mesure où le système éducatif maghrébin<br />
n’est plus en phase <strong>avec</strong> <strong>les</strong> exigences <strong>de</strong> l’époque. Il reste marqué par son manque<br />
d’articulation <strong>avec</strong> le système productif.<br />
80 Cf. Fontagné. L., Péridy.N. ; « European Union and Maghreb », Rapport OCDE, 1999.<br />
81 Cf. Mohamed Bougroum, « Structure du marché du travail : quels impacts sur la compétitivité <strong>de</strong> l’économie nationale au<br />
sein <strong>de</strong> l’espace économique méditerranéen », revue Critique économique , n°2, été 2000<br />
146
Quant aux politiques monétaires et financières maghrébines, l’ancrage <strong>de</strong>s monnaies<br />
<strong>de</strong>s pays maghrébins à l’euro est aujourd’hui évoqué comme un moyen <strong>de</strong> faire bénéficier ces<br />
pays <strong>de</strong>s retombées positives <strong>de</strong> la formation <strong>de</strong> la monnaie unique. La définition <strong>de</strong> la parité<br />
<strong>de</strong>s monnaies maghrébines par rapport à un panier <strong>de</strong> monnaies composé dans une proportion<br />
non négligeable en référence à <strong>de</strong>s monnaies européennes leur permet <strong>de</strong> soustraire leur<br />
commerce au flottement <strong>de</strong>s monnaies. Les pays du Maghreb resteront toutefois exposés aux<br />
conséquences commercia<strong>les</strong> <strong>de</strong>s modifications périodiques <strong>de</strong>s taux pivots et <strong>de</strong>s mesures<br />
conjoncturel<strong>les</strong> qui <strong>les</strong> accompagnent, en particulier au niveau <strong>de</strong>s taux d’intérêt.<br />
Le rattachement <strong>de</strong>s monnaies <strong>de</strong>s pays du Maghreb à l’euro offrirait certains<br />
avantages 82 : une plus gran<strong>de</strong> stabilité <strong>de</strong>s recettes d’exportation et <strong>de</strong>s coûts<br />
d’approvisionnement, tout particulièrement dans l’UE ; une moindre progression <strong>de</strong> la valeur<br />
locale <strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte contractée en monnaie européenne si le comportement <strong>de</strong> l’euro est<br />
favorable ; <strong>de</strong>s conditions encore plus attractives pour <strong>les</strong> investissements européens, pour<br />
autant que la convertibilité indirecte en <strong>de</strong>vises puisse être maintenue ; une plus gran<strong>de</strong><br />
diversification géographique <strong>de</strong>s courants commerciaux au sein <strong>de</strong> l’espace européen. La<br />
réussite <strong>de</strong> ce scénario exige l’harmonisation <strong>de</strong>s politiques économiques suivies par <strong>les</strong><br />
différents pays <strong>de</strong> la région, c’est à dire <strong>les</strong> politiques conjoncturel<strong>les</strong> (monétaires et<br />
budgétaires) et structurel<strong>les</strong> (ensemble <strong>de</strong> mesures affectant la compétitivité), ainsi que<br />
l’établissement progressif <strong>de</strong> mécanismes <strong>de</strong> concertation et d’incitation qui tendrait à long<br />
terme à la suppression <strong>de</strong>s asymétries <strong>de</strong> toutes sortes et offrirait <strong>les</strong> conditions <strong>de</strong> constitution<br />
d’une stabilité <strong>de</strong>s monnaies et <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> change.<br />
2.2. Le rôle crucial <strong>de</strong> l’éducation et la formation<br />
La croissance économique et <strong>les</strong> niveaux d’étu<strong>de</strong> sont étroitement corrélés, il y a une<br />
relation <strong>de</strong> cause à effet à double sens entre l’éducation et la croissance. Cette idée<br />
aujourd’hui n’a assurément rien <strong>de</strong> très originale, elle a toujours inspiré <strong>les</strong> économistes <strong>de</strong><br />
l’éducation qui ont tenté d’établir le caractère largement économique <strong>de</strong> l’éducation <strong>de</strong><br />
l’ériger, au <strong>de</strong>là, en véritable facteur <strong>de</strong> production. Plus récemment <strong>les</strong> théoriciens <strong>de</strong> la<br />
croissance endogène, à la suite notamment <strong>de</strong> l’article <strong>de</strong> Lucas 83 , font <strong>de</strong> l’accumulation du<br />
capital humain l’un <strong>de</strong>s axes essentiels <strong>de</strong> leur modèle et traitent <strong>de</strong>s différents aspects du rôle<br />
du capital humain dans la croissance.<br />
Un simple survol <strong>de</strong> l’évolution du système éducatif maghrébin permet d’en<br />
appréhen<strong>de</strong>r <strong>les</strong> dysfonctionnements par rapport aux besoins. S’inscrivant, au départ, dans <strong>de</strong>s<br />
conditions socio-politiques qui exigeaient <strong>de</strong> lui <strong>de</strong> faire face aux besoins <strong>de</strong> l’Etat, il n’a pas<br />
pu réagir à la pression démographique et aux mutations <strong>de</strong> la société. Les responsab<strong>les</strong><br />
maghrébins ont alors cherché à privilégier un enseignement <strong>de</strong> quantité au détriment <strong>de</strong> la<br />
qualité.<br />
Au titre <strong>de</strong>s acquis, on retient l’amélioration sensible du taux moyen <strong>de</strong> scolarisation<br />
dans tous <strong>les</strong> pays du Maghreb et tout particulièrement dans le primaire et le secondaire. Sur<br />
le registre <strong>de</strong>s insuffisances, on relève l’importance du taux d’analphabétisme : 56,3% pour le<br />
Maroc, 38,4% pour l’Algérie et 33,3% pour la Tunisie. Ces chiffres montrent que le taux<br />
d’analphabétisme reste parmi <strong>les</strong> plus élevés du mon<strong>de</strong> 84 .<br />
Les efforts consentis, par chaque pays, à développer l’éducation sont indéniab<strong>les</strong>,<br />
même si <strong>les</strong> objectifs ont manifestement différé. En effet, la Tunisie a recherché l’objectif <strong>de</strong><br />
82 Cf . L. Jaïdi op.cit<br />
83 Cf. R. Lucas, « On the mechanics of economic <strong>de</strong>velopment”, Journal of Monetary Economics, vol. 22, n°1, 1988<br />
84 Cf. Améziane Ferguène et Fatiha Mohssine Abdali, « Infrastructures <strong>de</strong> recherche et volet scientifique et technologique du<br />
partenariat euro-méditerranéen : le cas du Maroc », revue Critique économique , n°3, automne 2000.<br />
147
l’enseignement primaire universel et s’est contenté d’une plus faible extension <strong>de</strong> l’éducation<br />
secondaire et supérieure. L’Algérie semble avoir poursuivi une politique ambitieuse dans le<br />
secondaire et le supérieur. De même, au Maroc, le développement <strong>de</strong> l’enseignement<br />
supérieur est surprenant 85 , eu égard au chemin qui reste à parcourir pour atteindre<br />
l’enseignement primaire universel.<br />
Tableau 9 : Evolution du taux moyen <strong>de</strong> scolarisation dans <strong>les</strong> pays<br />
du Maghreb<br />
Algérie Maroc Tunisie<br />
Taux <strong>de</strong> scolarisation primaire<br />
( en %, 1954-1993)<br />
74,5 58,2 96,65<br />
Taux <strong>de</strong> scolarisation secondaire<br />
(en %, 1959-1993)<br />
30,9 21,8 27,6<br />
Taux <strong>de</strong> scolarisation supérieur<br />
(en %, 1965-1993)<br />
5,8 6,3 7,1<br />
Taux <strong>de</strong> scolarisation supérieur<br />
scientifique (en %, 1965-1993)<br />
5,6 13,8 44,7<br />
Source : Bennaghmouch.S., Bouoiyour.J., « Les effets <strong>de</strong> l’éducation sur la croissance économique : application à l’Afrique<br />
du Nord », in Education et emploi dans <strong>les</strong> pays du Maghreb, Ajustement structurel, secteur informel et croissance ,<br />
CEREQ, Document n°125, juillet 1997<br />
Par ailleurs, comme en témoigne l’évolution <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> l’enseignement scientifique<br />
dans l’enseignement supérieur, globalement, <strong>les</strong> pays du Maghreb ont entrepris d’importants<br />
efforts afin <strong>de</strong> valoriser <strong>les</strong> filières d’enseignement scientifique. Mais l’absence d’articulation<br />
entre l’éducation et la production constitue le problème majeur. A cause <strong>de</strong> cela, <strong>les</strong> pays du<br />
Maghreb restent incapab<strong>les</strong> <strong>de</strong> former <strong>les</strong> cadres scientifiques et technologiques susceptib<strong>les</strong><br />
<strong>de</strong> nourrir le processus d’innovation et <strong>de</strong> progrès technique et d’ai<strong>de</strong>r ainsi au changement<br />
structurel.<br />
Les liens entre la recherche universitaire et le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’entreprise restent encore<br />
embryonnaires. L’interaction entre l’université et <strong>les</strong> milieux socioéconomiques est<br />
indispensable, d’autant plus que <strong>les</strong> pays du Maghreb disposent déjà d’un potentiel important<br />
d’enseignants-chercheurs et d’un vivier <strong>de</strong> compétences qui couvrent à peu près tous <strong>les</strong><br />
domaines d’activités économiques et industriel<strong>les</strong> et susceptib<strong>les</strong> <strong>de</strong> répondre-en partie- aux<br />
besoins <strong>de</strong>s entreprises, que ce soit sur le plan <strong>de</strong> l’assistance technique ou, plus<br />
généralement, <strong>de</strong> la maîtrise technologique. Toutefois, pour qu’il en soit concrètement ainsi,<br />
diverses mesures doivent être initiées, dans le cadre du partenariat <strong>avec</strong> l’UE, afin <strong>de</strong> :<br />
- i<strong>de</strong>ntifier <strong>les</strong> besoins <strong>de</strong> l’économie dans le domaine <strong>de</strong> la recherche scientifique et<br />
technique et favoriser la constitution <strong>de</strong> réseaux autour <strong>de</strong>s « pô<strong>les</strong> <strong>de</strong> compétence »<br />
universitaires ;<br />
- intégrer <strong>les</strong> préoccupations <strong>de</strong> la vie économique et socio-culturelle dans la politique<br />
<strong>de</strong> recherche scientifique et <strong>de</strong> développement technologique : il s’agit en fait, <strong>de</strong> définir <strong>les</strong><br />
outils et <strong>les</strong> règ<strong>les</strong> permettant à la recherche <strong>de</strong> contribuer à la solution <strong>de</strong>s problèmes posés à<br />
la société ;<br />
85 Cf. Mohamed Benlahcen Tlemçani, “L’impact <strong>de</strong> la politique d’ajustement sur le système éducatif au Maroc : le cas <strong>de</strong><br />
l’enseignement supérieur », in Education et emploi dans <strong>les</strong> pays du Maghreb, Ajustement structurel, secteur informel et<br />
croissance , CEREQ, Document n°125, juillet 1997<br />
148
- regrouper et renforcer <strong>les</strong> équipements existants dans quelques universités ou centres<br />
<strong>de</strong> recherche et <strong>les</strong> gérer <strong>de</strong> façon rationnelle afin <strong>de</strong> <strong>les</strong> mettre à la disposition <strong>de</strong> tous <strong>les</strong><br />
opérateurs, aussi bien <strong>de</strong>s chercheurs que du mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> la production.<br />
En définitive, c’est en instaurant un partenariat multiforme que <strong>les</strong> liens entre<br />
l’université (sphère <strong>de</strong> formation scientifique et technique), l’entreprise (sphère industrielle)<br />
et <strong>les</strong> politiques publiques <strong>de</strong> R&D (sphère <strong>de</strong> R&D) peuvent se resserrer et se renforcer<br />
mutuellement par un :<br />
- partenariat <strong>de</strong>s stratégies scientifiques, qui vise à améliorer <strong>les</strong> produits et procédés<br />
industriels et à mettre au point <strong>de</strong> nouvel<strong>les</strong> technologies ;<br />
- partenariat d’ouverture, qui permet à l’université d’ai<strong>de</strong>r l’entreprise en lui<br />
fournissant l’expertise et le conseil scientifique et technique, ou encore en lui donnant accès<br />
aux équipements <strong>de</strong>s laboratoires. La mise en place <strong>de</strong> mécanismes d’incitation : crédit <strong>de</strong><br />
recherche, ai<strong>de</strong> à l’innovation, incitation à la création d’entreprises innovantes ;<br />
- partenariat <strong>de</strong> transfert, qui permet <strong>de</strong> cé<strong>de</strong>r à l’entreprise, dans <strong>les</strong> meilleures<br />
conditions d’efficacité scientifique et économique, <strong>les</strong> résultats <strong>de</strong> projets <strong>de</strong> recherche initiés<br />
par <strong>les</strong> universités.<br />
Une meilleure articulation entre ces trois pô<strong>les</strong> <strong>avec</strong> une valorisation <strong>de</strong>s différentes<br />
interdépendances entre eux permettra <strong>de</strong> rendre <strong>les</strong> systèmes nationaux d’innovation plus<br />
efficients.<br />
Dans l’ensemble <strong>de</strong> ces domaines, l’accord d’association <strong>avec</strong> l’UE peut se révéler<br />
d’un apport décisif pour le Maghreb. L’Europe, on le sait, possè<strong>de</strong> une gran<strong>de</strong> expérience en<br />
matière d’articulation science-industrie et création <strong>de</strong> synergies entre activités <strong>de</strong> recherche et<br />
activités <strong>de</strong> production. En fournissant un réel transfert <strong>de</strong> connaissances et d’expériences<br />
dans ce domaine, l’accord d’association peut permettre au Maghreb d’aller plus vite et mieux<br />
vers la mise en place <strong>de</strong>s indispensab<strong>les</strong> passerel<strong>les</strong> entre ces trois pô<strong>les</strong>.<br />
3. Les politiques publiques en matière <strong>de</strong> R&D et <strong>les</strong> législations sur la propriété<br />
technologique<br />
149
Les pays du Maghreb allouent peu <strong>de</strong> ressources à la R&D entre 0,3% et 1% du PIB<br />
en moyenne 86 , alors que ce même taux est <strong>de</strong> 2% dans l’UE, 2,4% aux Etats-Unis et 2,8% au<br />
Japon. Les entreprises publiques ou privées ne développent pas une recherche d’envergure,<br />
leurs liens <strong>avec</strong> <strong>les</strong> équipes universitaires connaissent <strong>de</strong>puis <strong>les</strong> années 1990 une évolution<br />
significative mais lente. Une faible part <strong>de</strong> la recherche est réalisée par <strong>les</strong> grands groupes<br />
industriels, qui mènent une recherche inscrite dans leur stratégie <strong>de</strong> développement. Par<br />
contre <strong>les</strong> PME qui constituent pourtant l’essentiel du tissu industriel maghrébin, croient peu<br />
en la recherche et sont peu innovatrices. Dans leur majorité, el<strong>les</strong> consistent en <strong>de</strong>s unités <strong>de</strong><br />
transformation <strong>de</strong> taille mo<strong>de</strong>ste à la fois sous-encadrées, sous- capitalisées et sous<br />
informatisées. Leur management est souvent <strong>de</strong> type familial, peu ou prou évolué, dans bien<br />
<strong>de</strong>s cas dépourvu <strong>de</strong> vision stratégique et fermé à l’innovation. On remarque, une absence <strong>de</strong><br />
liens interactifs entre l’université et l’industrie, <strong>avec</strong> pour effet négatif que le potentiel<br />
d’assistance technique et d’adaptation <strong>de</strong>s technologies dont disposent <strong>les</strong> établissements<br />
d’enseignement supérieur est faiblement employé par <strong>les</strong> secteurs productifs, et plus<br />
particulièrement <strong>les</strong> PME. La production est essentiellement à base <strong>de</strong> main-d’œuvre peu<br />
qualifiée. Le secteur industriel importe selon <strong>les</strong> pays entre 70 et 85% <strong>de</strong> ses besoins en<br />
services <strong>de</strong> conseil et d’ingénierie pour l’investissement, ce qui représente une part non<br />
négligeable du PIB.<br />
On sait désormais que la croissance économique d’un pays en développement ne peut<br />
être basée uniquement sur <strong>les</strong> importations <strong>de</strong> technologies et <strong>les</strong> investissements en capital<br />
physique. Les institutions, <strong>les</strong> pouvoirs publics, <strong>les</strong> lois et <strong>les</strong> politiques gouvernementa<strong>les</strong><br />
sont également <strong>de</strong>s facteurs clés 87 . Les législations sur <strong>les</strong> propriétés intellectuelle,<br />
industrielle et technologique (<strong>les</strong> marques et brevets, <strong>les</strong> normes <strong>de</strong> qualité, la veille<br />
technologique…) et <strong>les</strong> incitations financières, jouent un rôle important dans la détermination<br />
<strong>de</strong> l’incitation à l’innovation et <strong>les</strong> mécanismes <strong>de</strong> transfert <strong>de</strong> technologies, sans oublier la<br />
gestion par <strong>les</strong> entreprises el<strong>les</strong>-mêmes <strong>de</strong> programmes <strong>de</strong> R&D.<br />
Ainsi, grâce à <strong>de</strong>s politiques appropriées, <strong>les</strong> pouvoirs publics peuvent jouer le rôle <strong>de</strong><br />
locomotive et mettre en place un environnement accueillant, favorable à la création <strong>de</strong><br />
richesses. La création d’un tel environnement passe par leur participation à l’amélioration <strong>de</strong><br />
la compétitivité du tissu industriel et par une ai<strong>de</strong> accrue aux laboratoires et aux entreprises<br />
pour leur permettre l’accès aux <strong>de</strong>rnières avancées <strong>de</strong> la recherche mondiale afin <strong>de</strong> maintenir<br />
leur rang dans la compétition internationale. Cet environnement, en augmentant la confiance<br />
<strong>de</strong>s investisseurs internationaux, est propice au développement <strong>de</strong>s implantations productives<br />
étrangères par le biais <strong>de</strong>s prises <strong>de</strong> participation <strong>de</strong>s firmes multinationa<strong>les</strong> et <strong>de</strong>s <strong>accords</strong><br />
d’alliances et <strong>de</strong> joint-venture qui facilitent <strong>les</strong> transferts <strong>de</strong> technologie 88 .<br />
Conclusion<br />
86 Cf. – A. Djeflat, R. Zghal « Science, technologie et croissance au Maghreb », réseau Maghtech, 1995 ;<br />
- A Djeflat, « Strategies of science and technology-based <strong>de</strong>velopment and transition : the Maghreb perspective”, in<br />
Science Technology & Development, vol. 13 (3), 1995;<br />
- J.-F. Daguzan “Etat, science, recherche et développement technologique au Maghreb », in Sid Ahmed.A. (dir.),<br />
op.cit,<br />
- F. Améziane et F. Mohssine Abdali, op.cit<br />
87 Cf. M. Saâd, “Transfer and use of advanced technology in <strong>les</strong>s-<strong>de</strong>veloped countries and impact on organisational change<br />
and learning : evi<strong>de</strong>nce from Algeria”, in Science Technology & Development, vol. 13 (3), 1995.<br />
88 Cf. S.Tahi, “Plaidoyer pour <strong>de</strong>s alliances entre firmes maghrébines et européennes”, Critique économique, n°1, pp. 136-<br />
150, 2000.<br />
150
Une zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange n’est pas une fin en soi, mais plutôt un moyen d’élargir et<br />
<strong>de</strong> consoli<strong>de</strong>r la coopération entre <strong>les</strong> rives <strong>de</strong> la Méditerranée afin <strong>de</strong> réduire <strong>les</strong> disparités<br />
socia<strong>les</strong> et économiques, <strong>de</strong> parvenir plus rapi<strong>de</strong>ment à un développement durable et<br />
d’intégrer <strong>les</strong> pays du Maghreb dans l’économie mondiale pour éviter qu’ils ne restent en<br />
marge d’une nouvelle économie fondée sur la connaissance et d’un nouveau système<br />
d’échanges multilatéraux.<br />
Cependant, <strong>les</strong> différences <strong>de</strong> niveaux <strong>de</strong> développement entre <strong>les</strong> membres <strong>de</strong> l’UE et<br />
<strong>les</strong> pays du Maghreb, <strong>les</strong> énormes disparités en termes d’acquisition <strong>de</strong>s compétences, <strong>de</strong><br />
revenus et <strong>de</strong> salaires, et la gran<strong>de</strong> dépendance économique <strong>de</strong>s pays du Maghreb vis-à-vis du<br />
marché européen constituent non pas <strong>de</strong>s obstac<strong>les</strong> insurmontab<strong>les</strong>, mais du moins <strong>de</strong> soli<strong>de</strong>s<br />
barrières à la mise en place d’un partenariat équitable et réussi. Le mo<strong>de</strong> d’insertion<br />
internationale <strong>de</strong>s économies maghrébines <strong>de</strong>meure dans son ensemble largement traditionnel,<br />
marqué par une gran<strong>de</strong> hystérésis et dépendant <strong>de</strong>s rebondissements conjoncturels du secteur<br />
primaire exportateur. Les recettes tirées <strong>de</strong>s exportations d’hydrocarbures, <strong>de</strong> phosphates et<br />
<strong>de</strong> produits manufacturés à faible contenu technologique ont été retranchées du fonds<br />
d’accumulation, selon <strong>de</strong>s proportions variab<strong>les</strong>, pour venir alimenter le fonds <strong>de</strong><br />
remboursement <strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte. L’accélération <strong>de</strong>s moyens et <strong>de</strong>s technologies liés à la<br />
communication a considérablement modifié le paradigme <strong>de</strong> l’information opérationnelle à<br />
l’œuvre dans <strong>les</strong> économies où R&D et maîtrise <strong>de</strong>s compétences sont essentiels. Le nouveau<br />
modèle cognitif accentue <strong>les</strong> clivages et <strong>les</strong> déficits <strong>de</strong>s pays du Maghreb par rapport aux pays<br />
industrialisés.<br />
Tous ces éléments nous ont conduit à suggérer que la stratégie d’insertion régionale<br />
<strong>avec</strong> l’UE qui doit s’accompagner <strong>de</strong> restructurations nécessaires reste le meilleur <strong>de</strong>s choix<br />
possib<strong>les</strong> pour le Maghreb, compte tenu du <strong>de</strong>gré déjà élevé <strong>de</strong>s relations <strong>avec</strong> l’UE et<br />
l’absence d’alternative praticable. Les tentatives volontaristes d’union régionale, matérialisée<br />
par la création <strong>de</strong> l’UMA et la mise en place d’une zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange euroméditerranéenne,<br />
constituent un premier pas vers l’intégration économique. Le partenariat<br />
euro-maghrébin présente <strong>de</strong>s lacunes mais constitue une base qui, améliorée et amendée, peut<br />
fournir un cadre <strong>de</strong> coopération efficace entre l’UE et le Maghreb. De nombreuses étu<strong>de</strong>s<br />
montrent que c’est dans <strong>les</strong> domaines <strong>de</strong> l’environnement, <strong>de</strong>s télécommunications, <strong>de</strong>s<br />
transports, <strong>de</strong>s sciences et technologies que <strong>les</strong> moteurs d’une véritable coopération<br />
pourraient être trouvés et contribuer à dépasser <strong>les</strong> logiques du court terme qui n’ont pas<br />
permis le développement, et, bien au contraire, ont accru <strong>les</strong> inégalités et <strong>les</strong> ruptures,<br />
alimentant ainsi <strong>les</strong> conflits du bassin méditerranéen.<br />
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review, vol. 1, 1986.<br />
154
Les <strong>accords</strong> euro-méditerranéens <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange:<br />
effets sur <strong>les</strong> échanges entre le Maroc et la France<br />
Bachir HAMDOUCH<br />
INSEA, Rabat<br />
1. Introduction<br />
La zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange (ZLE) euro-méditerranéenne est une réponse stratégique <strong>de</strong><br />
l'Union européenne (UE) et <strong>de</strong>s pays sud et est méditerranéens (PSEM) au processus <strong>de</strong><br />
mondialisation/régionalisation en cours. Pour l'UE, il fallait répondre à la formation <strong>de</strong>s blocs<br />
régionaux : ALENA et projet <strong>de</strong> ZLE <strong>de</strong>s Amériques, ASEAN. Pour <strong>les</strong> PSEM, il fallait<br />
éviter <strong>de</strong> rester en marge du mouvement <strong>de</strong> globalisation/régionalisation, en se liant à l'une<br />
<strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s <strong>zones</strong> en formation, l'un <strong>de</strong>s grands pô<strong>les</strong> <strong>de</strong> l'économie mondiale. Surtout <strong>avec</strong><br />
l'accélération du processus après la Conférence du GATT en 1994 : signature <strong>de</strong> l'Acte final<br />
du cycle <strong>de</strong> l'Urguay et naissance <strong>de</strong> l'Organisation mondiale du commerce (OMC).<br />
La compétition entre <strong>les</strong> Etats-Unis et l'UE dans la région du Moyen Orient et<br />
<strong>de</strong> l'Afrique du Nord a donné une poussée supplémentaire au projet <strong>de</strong> ZLE euroméditerranéenne.<br />
Ce n'est pas un hasard que la Conférence euro-méditerranéenne <strong>de</strong><br />
Barcelone et le second Sommet économique sur le Moyen Orient et d'Afrique du Nord se<br />
soient tenus à quelques semaines d'intervalle, à l'automne 1995 89 .<br />
Le Maroc a paraphé l'Accord d'association à l'UE à la veille <strong>de</strong> la Conférence <strong>de</strong><br />
Barcelone; et il est entré en vigueur en 2000. La France est le premier partenaire économique<br />
du Maroc et l'on pourrait se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r quels effets aura la ZLE euro-méditerranéenne sur <strong>les</strong><br />
relations économiques entre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux pays.<br />
Après une présentation rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> la conception générale et du contenu <strong>de</strong>s <strong>accords</strong><br />
euro-méditerranéens <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange, dont l'accord d'association Maroc-UE est l'exempletype<br />
(2 ème partie), nous analyserons l'évolution <strong>de</strong>s échanges économiques entre le Maroc et la<br />
France au cours <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnière décennie (3 ème partie), avant d'apprécier <strong>les</strong> effets <strong>de</strong> la ZLE<br />
euro-méditerranéenne (4 ème partie) et, enfin, ses implications stratégiques (5 ème partie).<br />
89 - B. Hamdouch (1996).<br />
155
2. Les Accords euro-méditerranéens <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange<br />
Ces <strong>accords</strong> diffèrent <strong>de</strong> ceux passés précé<strong>de</strong>ment entre l'UE et <strong>les</strong> pays méditerranéens.<br />
L'accord UE-Maroc en est un exemple-type.<br />
2.1. Conception générale<br />
Les <strong>accords</strong> euro-méditerranéens <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange dont le nom véritable est "<strong>accords</strong><br />
euro-méditerranéens d'association" sont <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> bilatéraux, passés entre l'U.E. et chacun<br />
<strong>de</strong>s PSEM. Ce sont <strong>de</strong>s accord d'un type nouveau. Ils diffèrent <strong>de</strong>s "<strong>accords</strong> d'association" <strong>de</strong>s<br />
années 1960 et <strong>de</strong>s "<strong>accords</strong> <strong>de</strong> coopération" <strong>de</strong>s années 1970.<br />
Des premiers, ils ont la réciprocité, et <strong>de</strong>s seconds, le dépassement du domaine<br />
commercial et une durée indéterminée. Ils sont conclus, en plus, dans un esprit <strong>de</strong> partenariat<br />
- et non plus d'assistance - dans un contexte international et régional nouveau, marqué par la<br />
libéralisation et la mondialisation. Enfin, ils instaurent progressivement le <strong>libre</strong>-échange entre<br />
<strong>les</strong> partenaires, mais débor<strong>de</strong>nt le commercial, pour abor<strong>de</strong>r l'économique et le financier, le<br />
technique et le culturel, le social et le politique, et même l'écologie. Les négociations, d'abord<br />
<strong>avec</strong> le Maroc, puis <strong>avec</strong> <strong>les</strong> autres PSEM, <strong>de</strong>vaient être menées sur la base <strong>de</strong> "quatre piliers<br />
principaux : un dialogue politique, une coopération économique, technique et culturelle<br />
englobant tous <strong>les</strong> secteurs d'intérêt commun, la réalisation progressive d'une zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>échange<br />
et une coopération financière" 90 .<br />
Il reste que l'essence <strong>de</strong>s nouveaux <strong>accords</strong> est la zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange, <strong>les</strong> autres<br />
domaines font fonction d'accompagnateurs.<br />
2.2. Contenu<br />
Les <strong>accords</strong> euro-méditerranéens d'association sont négociés selon <strong>les</strong> mêmes<br />
principes et ont un contenu-type, qui est cependant adapté aux circonstances particulières <strong>de</strong><br />
chacun <strong>de</strong>s partenaires. Les gran<strong>de</strong>s composantes restant similaires, sont <strong>les</strong> suivantes 91 :<br />
a. la zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange<br />
Le <strong>libre</strong>-échange pour <strong>les</strong> produits industriels stricto sensu est programmé selon <strong>de</strong>s<br />
listes et un calendrier précis. Alors que pour <strong>les</strong> produits agrico<strong>les</strong> et assimilés (produits <strong>de</strong>s<br />
agro-industries y compris <strong>les</strong> produits <strong>de</strong> transformation <strong>de</strong> la pêche) l'objectif est une<br />
certaine libéralisation, à négocier après l'entrée en vigueur <strong>de</strong> chacun <strong>de</strong>s <strong>accords</strong><br />
d'association.<br />
b. La coopération financière<br />
c. La coopération économique et technique<br />
Ces <strong>de</strong>ux formes <strong>de</strong> coopération <strong>de</strong>vant assurer la réussite <strong>de</strong> la ZLE<br />
d. Prestation <strong>de</strong> services et droit d'établissement <strong>de</strong>s sociétés<br />
90 - Projet <strong>de</strong> directive <strong>de</strong> négociation adopté par la Commission européenne en décembre 1992.<br />
91 - Cf. pour plus <strong>de</strong> précisions, B. Hamdouch (1996).<br />
156
e. Dialogue social et culturel, lié notamment à l'immigration<br />
f. Réglementation<br />
Réglementation en ce qui concerne <strong>les</strong> normes et standards, la protection <strong>de</strong> la<br />
propriété industrielle, <strong>les</strong> règ<strong>les</strong> <strong>de</strong> la concurrence, la contreban<strong>de</strong> et le trafic <strong>de</strong>s stupéfiants.<br />
g - Dialogue politique<br />
Dialogue politique, institutionnalisé au niveau <strong>de</strong>s exécutifs, <strong>de</strong>s assemblées<br />
représentatives et <strong>de</strong>s partenaires sociaux.<br />
Tel est sommairement présenté, la philosophie et le contenu <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> d'association<br />
euro-méditerranéens, dont l'accord Maroc-UE. Afin d'en apprécier l'effet sur <strong>les</strong> échanges<br />
économiques entre le Maroc et la France, nous présenterons d'abord l'évolution <strong>de</strong> ces<br />
échanges au cours <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnière décennie.<br />
3. Evolution récente <strong>de</strong>s échanges économiques moroco-français<br />
Les échanges économiques maroco-français sont intenses et diversifiés. La France<br />
occupe la première place presque dans tous <strong>les</strong> domaines. Elle est le premier partenaire pour<br />
<strong>les</strong> échanges commerciaux (34% <strong>de</strong>s exportations et 24% <strong>de</strong>s importations du Maroc en 2000,<br />
<strong>les</strong> transferts <strong>de</strong>s Marocains résidant à l'étranger (49% en 2000), <strong>les</strong> entrées <strong>de</strong> touristes (35%<br />
en 1999); le second pour <strong>les</strong> investissements privés étrangers (16% en 2000), alors qu'elle a<br />
toujours occupé la première place jusqu'aux <strong>de</strong>rnière années 92 .<br />
Pour apprécier l'évolution <strong>de</strong> la place <strong>de</strong> la France dans <strong>les</strong> échanges économiques du<br />
Maroc, nous suivrons <strong>de</strong>ux indicateurs principaux au cours <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnière décennie: <strong>les</strong><br />
échanges commerciaux et <strong>les</strong> investissements privés.<br />
3.1. Les échanges commerciaux<br />
La part <strong>de</strong> la France dans le commerce extérieur du Maroc a baissé régulièrement au cours<br />
<strong>de</strong>s années 1990, tant en ce qui concerne <strong>les</strong> importations que <strong>les</strong> exportations (tableau 1).<br />
92 - Office <strong>de</strong>s Changes. Nous reviendrons plus bas sur la question..<br />
157
Tableau 1 : Part <strong>de</strong> la France et <strong>de</strong> l'U.E. dans <strong>les</strong> échanges commerciaux du Maroc<br />
1991-2000 (en %)<br />
France<br />
1991 1993 1995 1997 1998 (1) 1999 2000<br />
Importations 24,2 23,0 21,8 20,7 26,3 25,7 24,3<br />
Exportations 31,8 33,2 29,7 26,9 34,7 35,7 33,6<br />
Taux <strong>de</strong> couverture 82,0 80,3 75,0 77,2 91,8 96,4 89,2<br />
U.E<br />
Importations 58,6 57,0 56,1 52,1 62,7 60,6 57,9<br />
Exportations 63,2 63,4 62,1 65,6 72,9 73,2 74,8<br />
Taux <strong>de</strong> couverture 67,4 61,8 61,1 69,2 69,5 68,2 83,3<br />
Taux <strong>de</strong> couverture<br />
global<br />
62,4 65,1 68,6 73,9 69,5 69,5 64,5<br />
Note : (1) Les statistiques <strong>de</strong>s échanges comprennent <strong>de</strong>puis 1998 <strong>les</strong> admissions temporaires sans paiement.<br />
Source : Office <strong>de</strong>s changes, Rabat.<br />
Qu'en est-il <strong>de</strong>s échanges <strong>avec</strong> l'UE ? Ils ont suivi la même tendance baissière pour <strong>les</strong><br />
importations, alors que <strong>les</strong> exportations se sont maintenues et ont même légèrement augmenté<br />
(tableau 1).<br />
L'explication rési<strong>de</strong> pour <strong>les</strong> importations dans le fait que le marché marocain est<br />
<strong>de</strong>venu plus concurrentiel <strong>avec</strong> la réduction <strong>de</strong> la protection tarifaire et non tarifaire <strong>de</strong>puis le<br />
milieu <strong>de</strong>s années 1980 dans le cadre du programme d'ajustement structurel, et l'adhésion du<br />
Maroc au GATT en 1987 93 . Quant aux exportations, le marché européen, et particulièrement<br />
le marché français, reste toujours attrayant grâce aux préférences dont <strong>les</strong> exportations<br />
marocaines y bénéficient dans le cadre <strong>de</strong> l'Accord <strong>de</strong> Coopération <strong>de</strong> 1976, resté en vigueur<br />
jusqu'à l'application en mars 2000 <strong>de</strong> l'Accord d'association Maroc-UE 94 .<br />
3.2. Les investissements privés<br />
On observe une baisse encore plus forte -que celle <strong>de</strong>s échanges commerciaux- <strong>de</strong> la<br />
part <strong>de</strong> la France dans <strong>les</strong> investissements privés au cours <strong>de</strong> la décennie 1990.<br />
Elle baisse en effet presque <strong>de</strong> moitié, passant <strong>de</strong> près <strong>de</strong> 30% en 1991 à près <strong>de</strong> 16%<br />
en 2000 (tableau 2).<br />
93 - B. Hamdouch (1990)<br />
94 - Hamdouch (1996), op.cit.<br />
158
Tableau 2 : Part <strong>de</strong> la France dans <strong>les</strong> investissements et prêts privés étrangers au<br />
Maroc 1991-2000 (en %)<br />
1991 1993 1995 1997 1998 1999 2000<br />
France 29,8 21,9 24,0 13,0 32,1 20,4 15,9<br />
- rang 1 1 1 3 1 2 2<br />
U.E 52,8 56,2 54,8 57,2 60,3 89,9 56,9<br />
Autre pays 47,2 43,8 45,2 42,8 39,7 10,1 43,1<br />
Total 100 100 100 100 100 100 100<br />
- millions Dh 3269 5488 4231 12337 5433 18460 12457<br />
Source : Calculé à partir <strong>de</strong>s données <strong>de</strong> l'Office <strong>de</strong>s Changes, Rabat.<br />
Cette chute fait passer la France du rang <strong>de</strong> premier investisseur privé étranger à celui<br />
<strong>de</strong> second ou même troisième au cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières années. La baisse est plus que<br />
compensée par la hausse <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> certains pays européens, notamment le Portugal, la<br />
Hollan<strong>de</strong> et l'Espagne. Ce qui permet <strong>de</strong> conforter la part <strong>de</strong> l'UE, qui passe <strong>de</strong> près <strong>de</strong> 53%<br />
en 1991 à près <strong>de</strong> 57% en 2000 (atteignant même près <strong>de</strong> 90% en 1999, tableau 2). La percée<br />
<strong>de</strong>s pays européens précités s'explique par leur participation active aux privatisations,<br />
notamment dans le secteur <strong>de</strong>s télécommunications.<br />
D'ailleurs, la réduction <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> la France ne date pas <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnière décennie. Elle<br />
a commencé après le milieu <strong>de</strong>s années 1970 où elle avait atteint son maximum <strong>avec</strong> 34,5%.<br />
Puis elle a baissé régulièrement pour ne plus représenter que 22,2% dans la secon<strong>de</strong> moitié<br />
<strong>de</strong>s années 1990. (Ceci apparaît dans le tableau 3 qui montre également le reclassement <strong>de</strong>s<br />
principaux pays fournisseurs d'investissement privé <strong>de</strong>puis le milieu <strong>de</strong>s années 1970). Mais il<br />
reste que lorsqu'on considère le total <strong>de</strong>s investissements privés étrangers au Maroc <strong>de</strong>puis<br />
1973, la France vient au premier rang <strong>avec</strong> plus <strong>de</strong> 23%.<br />
159
Tableau 3 : Origine <strong>de</strong>s investissements et prêts privés étrangers au Maroc 1973-2000<br />
(millions <strong>de</strong> Dh).<br />
Pays 1973-1976 1977-1995 1996-2000 Total Rang<br />
France 226,2 8739,4 10051,0 19016,6 1<br />
USA 46,6 2345,2 5979,2 8370,5 2<br />
Pays Bas 8,5 879,4 6758,2 7646,5 3<br />
Portugal - 15,0 6699,6 6714,6 4<br />
Espagne 11,1 2790,0 3854,6 6655,5 5<br />
Royaume Uni 11,4 3305,6 2197,0 5514,4 6<br />
ArabieSaoudite 32,2 2903,3 1574,3 4509,8 7<br />
Suisse 38,1 3018,9 1031,9 4088,9 8<br />
Allemagne 55,4 935,3 2767,3 3757,6 9<br />
Emirates Arabes Unis - 2204,9 258,6 2463,5 10<br />
Autres pays 169,6 9111,1 4057,6 13387,2<br />
Total 655,0 36247,7 45229,3 82125,1<br />
Source: Calculé à partir <strong>de</strong>s données <strong>de</strong> l'Office <strong>de</strong>s Changes, Rabat.<br />
Ainsi, la part <strong>de</strong> la France dans <strong>les</strong> échanges commerciaux et <strong>les</strong> entrées <strong>de</strong> capitaux<br />
privés au Maroc, a baissé au cours <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnière décennie. Quel est l'effet <strong>de</strong> l'accord <strong>de</strong> <strong>libre</strong><br />
échange Maroc-UE sur ces échanges ?<br />
4. Effects <strong>de</strong> la ZLE<br />
En fait, <strong>les</strong> effets <strong>de</strong> la ZLE euro-méditerranéenne se combinent <strong>avec</strong> ceux <strong>de</strong> GATT<br />
1994 (Acte final du cycle <strong>de</strong> l'Uruguay) et <strong>de</strong>s négociations en cours à l'OMC. De même, ce<br />
ne sont pas seulement <strong>les</strong> échanges <strong>avec</strong> la France qui sont concernés, mais également ceux<br />
<strong>avec</strong> l'UE (échanges commerciaux et mouvements <strong>de</strong> capitaux). Enfin, <strong>les</strong> effets dépen<strong>de</strong>nt<br />
<strong>de</strong>s politiques suivies du côté marocain et du côté français/européen.<br />
4.1. Effets sur <strong>les</strong> échanges commerciaux<br />
L'accord <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange Maroc-UE a <strong>de</strong>s effets sur <strong>les</strong> échanges commerciaux. A<br />
court et moyen termes, plus sur <strong>les</strong> importations que <strong>les</strong> exportations du Maroc.<br />
a. Sur <strong>les</strong> importations<br />
Le démantèlement tarifaire a commencé pour <strong>les</strong> produits industriels dès l'entrée en<br />
vigueur <strong>de</strong> l'Accord, le premier mars 2000, pour la liste 1 qui comprend pour l'essentiel <strong>de</strong>s<br />
biens d'équipement : <strong>les</strong> droits <strong>de</strong> douane et <strong>les</strong> taxes d'effet équivalent sont supprimés. Pour<br />
la liste 2, qui comprend <strong>les</strong> matières premières, <strong>les</strong> pièces <strong>de</strong> r<strong>echange</strong> et <strong>les</strong> produits non<br />
fabriqués au Maroc, le démantèlement se fait en quatre ans, à raison <strong>de</strong> 25% par ans, dès<br />
160
l'entrée en vigueur <strong>de</strong> l'accord. Pour la liste 3, qui concerne <strong>les</strong> produits industriels fabriqués<br />
au Maroc, le démantèlement dure dix ans (à raison <strong>de</strong> 10% par an) et commencera en 2003 95 .<br />
Il en résulte un différentiel <strong>de</strong> protection en faveur <strong>de</strong>s produits <strong>de</strong> l'UE, qui ira<br />
croissant et favorisera leur exportation au Maroc. Le différentiel atteindra à la fin du<br />
démantèlement (en 2012), près <strong>de</strong> 40% pour l'habillement, 32% pour <strong>les</strong> véhicu<strong>les</strong> et produits<br />
routiers, 31% pour <strong>les</strong> texti<strong>les</strong>, 25% pour <strong>les</strong> machines et appareils électriques, 23% pour <strong>les</strong><br />
produits chimiques, 13% pour <strong>les</strong> machines génératrices, 6,5% pour <strong>les</strong> autres machines<br />
électriques et moins <strong>de</strong> 5% pour <strong>les</strong> machines <strong>de</strong> bureau et équipements <strong>de</strong>s<br />
télécommunications 96 .<br />
Les produits chimiques, 13% pour <strong>les</strong> machines génératrices, 6,5% pour <strong>les</strong> autres<br />
machines électriques et moins <strong>de</strong> 5% pour <strong>les</strong> machines <strong>de</strong> bureau et équipements <strong>de</strong>s<br />
télécommunications 97 .<br />
En ce qui concerne <strong>les</strong> produits "agrico<strong>les</strong>", <strong>les</strong> négociations <strong>de</strong>vaient commencer au<br />
début <strong>de</strong> 2000 en vue d'une libéralisation progressive et réciproque commençant l'année<br />
suivante. En fait <strong>les</strong> négociations n'ont commencé qu'au début <strong>de</strong> 2002 et ne pourraient avoir<br />
d'effet sur <strong>les</strong> exportations au Maroc <strong>de</strong> certains produits européens (tels que <strong>les</strong> céréa<strong>les</strong>, <strong>les</strong><br />
produits laitiers….) qu'en 2003.<br />
b. Sur <strong>les</strong> exportations<br />
L'accord ne doit pas avoir d'effet positif sur <strong>les</strong> exportations <strong>de</strong> produits manufacturés<br />
marocains, car il ne prévoit rien <strong>de</strong> nouveau. Par contre, on peut s'attendre à une baisse <strong>de</strong>s<br />
exportations <strong>de</strong>s produits texti<strong>les</strong> et <strong>de</strong> l'habillement, suite au démantèlement progressif <strong>de</strong><br />
l'accord multifibre-par le GATT en 1994 - et qui sera achevé en 2005. Les produits texti<strong>les</strong><br />
asiatiques - et particulièrement chinois, surtout après <strong>de</strong> l'entrée <strong>de</strong> la Chine à l'OMC -<br />
<strong>de</strong>viennent <strong>de</strong>s concurrents redoutab<strong>les</strong> pour <strong>les</strong> produits marocains - ou en provenance<br />
d'autres pays sud-méditerranéens (Tunisie, Egypte…). Or <strong>les</strong> exportations du textilehabillement<br />
représentent en 2000 près d'un tiers <strong>de</strong>s exportations tota<strong>les</strong> (32,9%); la France en<br />
absorbe 40% et l'UE 94,6% 98 .<br />
Cependant, <strong>de</strong>ux éléments positifs en vue : 1°/ si <strong>les</strong> négociations agrico<strong>les</strong><br />
aboutissent, cela permettra d'augmenter <strong>les</strong> exportations d'agrumes, <strong>de</strong> primeurs et surtout <strong>de</strong><br />
produits agro-industriels (y compris <strong>les</strong> produits <strong>de</strong> la pêche), dont l'UE et notamment la<br />
France sont <strong>les</strong> principaux clients (respectivement 65% et 20% <strong>de</strong>s produits alimentaires en<br />
2000) 99 ; 2°/ l'intégration <strong>de</strong>s pays d'Europe centrale et orientale dans l'UE, élargira le marché<br />
pour <strong>les</strong> produits marocains, notamment <strong>les</strong> produits agrico<strong>les</strong> et agro-industriels.<br />
4.2. Effets sur <strong>les</strong> investissements privés<br />
La formation <strong>de</strong> la ZLE euro-méditerranéenne ne peut avoir que <strong>de</strong>s effets positifs sur<br />
<strong>les</strong> investissements privés étrangers au Maroc dont quelque 60% sont originaires <strong>de</strong> l'UE,<br />
95 - B. Hamdouch et M. Chater (2001)<br />
96 - ibid<br />
97 - ibid<br />
98 - Office <strong>de</strong>s changes (2000 a)<br />
99 - ibid<br />
161
comme nous l'avons vu précé<strong>de</strong>mment. Ceci d'autant plus que l'UE est en voie<br />
d'élargissement à l'Est. Ce qui rend <strong>les</strong> pays appartenant à la ZLE (dont le Maroc) plus<br />
attrayants, car offrant la possibilité d'exporter - <strong>les</strong> produits industriels, en attendant la<br />
libéralisation <strong>de</strong>s produits agrico<strong>les</strong> - vers cet immense marché.<br />
L'effet d'attraction serait encore plus grand <strong>avec</strong> l'intégration économique <strong>de</strong>s pays<br />
sud-méditerranéens. La création <strong>de</strong> la zone arabe <strong>de</strong> <strong>libre</strong> -échange en 1997, qui prévoit<br />
l'élimination <strong>de</strong> la protection tarifaire en dix ans, va dans ce sens 100 .<br />
Un autre poste <strong>de</strong> la balance <strong>de</strong>s paiements, affecté positivement par l'accord <strong>de</strong> <strong>libre</strong>échange<br />
Maroc-UE est celui <strong>de</strong>s transferts effectués par <strong>les</strong> quelques <strong>de</strong>ux millions <strong>de</strong><br />
Marocains résidant à l'étranger (MRE) dont environs 80% sont dans l'UE. Ils ont transféré au<br />
Maroc 2,2 milliards d'euros en 2000 dont la moitié vient <strong>de</strong> France 101 . Une partie <strong>de</strong> ces<br />
transferts considérab<strong>les</strong> est affectée à l'investissement au Maroc 102 .<br />
Il reste que <strong>les</strong> investissements privés étrangers au Maroc, continueront à être affectés<br />
par la politique <strong>de</strong> privatisation - comme nous l'avons observé précé<strong>de</strong>mment - et par <strong>les</strong><br />
politiques marocaine et européenne et leurs orientation stratégiques.<br />
5. Politiques et stratégies<br />
5.1. Du côté du Maroc<br />
Les politiques et choix stratégiques se situent à trois niveaux : <strong>les</strong> réformes, la<br />
politique <strong>de</strong> change et la stratégie externe.<br />
a. Les réformes<br />
De gran<strong>de</strong>s réformes économiques ont été entreprises <strong>de</strong>puis le milieu <strong>de</strong>s années<br />
1980 dans le cadre du programme d'ajustement structurel (PAS) et ont continué après :<br />
libéralisation <strong>de</strong> l'économie, <strong>de</strong>s échanges extérieurs et du contrôle <strong>de</strong>s changes ; réforme<br />
fiscale, <strong>de</strong> la politique monétaire et du marché financier; restructuration et/ou privatisation<br />
<strong>de</strong>s entreprises publiques 103 . D'autres ont été menées récemment et portent sur le cadre<br />
institutionnel et concernent notamment la réforme <strong>de</strong> la loi sur <strong>les</strong> sociétés et la création <strong>de</strong>s<br />
tribunaux <strong>de</strong> commerce, adoption d'une loi sur la concurrence et création du conseil <strong>de</strong> la<br />
concurrence; création <strong>de</strong> guichets uniques d'investissement dans <strong>les</strong> régions économiques<br />
pour éviter <strong>les</strong> lenteurs et <strong>les</strong> obstac<strong>les</strong> administratifs. Cependant la réforme <strong>de</strong>s entreprises -<br />
et leur mise à niveau pour faire face à la libéralisation <strong>de</strong>s échanges, a pris du retard et se<br />
heurte notamment à l'obstacle du financement.<br />
b. La politique <strong>de</strong> change<br />
Depuis 1973, le Dirham est ancré à un panier <strong>de</strong> <strong>de</strong>vises dont <strong>les</strong> coefficients sont<br />
déterminés par l'importance <strong>de</strong>s divers partenaires dans <strong>les</strong> échanges extérieurs du Maroc. Les<br />
coefficients du panier - qui sont secrets - n'ont été changés qu'à trois reprises : en 1980, 1990<br />
100 - J. Zarrouk (2000)<br />
101 - Office <strong>de</strong>s changes (200b)<br />
102 - B. Hamdouch et Al. (2000)<br />
103 - B. Hamdouch (1990), op.cit<br />
162
<strong>avec</strong> une pondération plus gran<strong>de</strong> du dollar américain, qui a entraîné le dirham dans sa<br />
hausse, notamment par rapport à l'Euro au cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières années et a pénalisé <strong>les</strong><br />
exportations marocaines vers l'UE; avril 2001, réequilibrage en faveur <strong>de</strong>s monnaies du<br />
système monétaire européen - qui représenteraient actuellement quelque 65 à 70% <strong>de</strong> la<br />
pondération totale. La question qui se pose actuellement est : faut-il aller plus loin et ancrer le<br />
Dirham à l'Euro ? Il est évi<strong>de</strong>nt que l'ancrage facilitera <strong>les</strong> échanges commerciaux et <strong>les</strong><br />
mouvements <strong>de</strong> capitaux entre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux parties. Cependant, la réponse dépend <strong>de</strong> la stratégie<br />
adoptée.<br />
c. Le choix stratégique<br />
Faut il gar<strong>de</strong>r le système du panier ou ancrer le Dirham à l'Euro ? L'ancrage ne peut se<br />
justifier que dans la perspective d'une intégration plus gran<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'économie marocaine dans<br />
l'UE, en vue d'une adhésion à terme. C'est ce que le Maroc a <strong>de</strong>mandé à un moment donné 104 .<br />
Plus récemment, il a réclamé un statut avancé qui soit "plus que l'association et moins que<br />
l'adhésion" 105 .<br />
Le système du panier répond plus à une stratégie plus équilibrée, ouverte sur le reste<br />
du mon<strong>de</strong>, notamment <strong>les</strong> USA qui dans le cadre <strong>de</strong> l'initiative Eizenstat 106 , veulent renforcer<br />
leur partenariat <strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays du Maghreb. Dernièrement, le Représentant américain pour le<br />
commerce extérieur, a exprimé le souhait <strong>de</strong>s USA <strong>de</strong> conclure un accord <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange<br />
<strong>avec</strong> le Maroc 107 , comme ils viennent <strong>de</strong> le faire <strong>avec</strong> la Jordanie.<br />
C'est d'ailleurs <strong>avec</strong> la Jordanie et <strong>de</strong>ux autres pays méditerranéens qui ont signé un<br />
accord d'association <strong>avec</strong> l'UE (la Tunisie et l'Egypte) que le Maroc a signé en 2001 une<br />
Déclaration portant création d'une zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange, dans le cadre <strong>de</strong> l'Initiative<br />
d'Agadir 108 . Cette ZLE Sud-méditerranéenne est ouverte aux autres pays arabes.<br />
5.2. Du côté <strong>de</strong> la France et <strong>de</strong> l'UE<br />
La France, faisant partie <strong>de</strong> l'UE, <strong>les</strong> politiques et choix stratégiques se situent au<br />
niveau <strong>de</strong> l'UE et sur <strong>de</strong>ux plans : le processus <strong>de</strong> Barcelone et la stratégie vis-à-vis du<br />
Maroc/Maghreb.<br />
a. Le processus <strong>de</strong> Barcelone<br />
Le processus <strong>de</strong> Barcelone a montré ses limités. Il doit être revu et corrigé pour<br />
atteindre <strong>les</strong> objectifs qu'il s'est fixés, notamment faire <strong>de</strong> la Méditerranée une zone <strong>de</strong> "codéveloppement<br />
et <strong>de</strong> prospérité. Pour cela, un rééquilibrage <strong>de</strong>s relations <strong>de</strong> l'UE <strong>avec</strong> <strong>les</strong><br />
pays sud-méditerranéens, d'une part, et <strong>les</strong> pays d'Europe <strong>de</strong> l'Est d'autre part, est nécessaire.<br />
Le déséqui<strong>libre</strong> sera irréversible après l'adhésion <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rniers à l'UE. La France a un rôle à<br />
jouer dans ce rééquilibrage vers le Sud face à l'Allemagne qui tire l'UE vers l'Est. Le<br />
processus <strong>de</strong> Barcelone ne doit pas se limiter à la création d'une ZLE offrant un débouché et<br />
un marché captif aux produits industriels européens.<br />
104 - C'est SM. Hassan II qui l'avait <strong>de</strong>mandé à <strong>de</strong>ux reprises<br />
105 - C'est l'expression <strong>de</strong> SM. Mohammed VI, cf. Le Matin du Sahara du 7 mai 2001.<br />
106 - Du nom du sous-secrétaire d'Etat du temps du prési<strong>de</strong>nt Clinton.<br />
107 - Cf. Le Matin du Sahara du 24 et 25 janvier 2002.<br />
108 - Le Matin du Sahara du 9 mai 2001.<br />
163
Un <strong>de</strong>s aspects <strong>de</strong> ce déséqui<strong>libre</strong> est le volume <strong>de</strong>s fonds du programme MEDA, ses<br />
règ<strong>les</strong> <strong>de</strong> fonctionnement et sa conception même, qui <strong>de</strong>vrait évoluer vers <strong>de</strong>s "fonds<br />
structurels".<br />
Une <strong>de</strong>s fonctions du programme MEDA dont il faut améliorer l'efficacité, est d'ai<strong>de</strong>r<br />
la mise à niveau <strong>de</strong>s économies du sud <strong>de</strong> la Méditerranée. Cette mise à niveau étant au<br />
premier chef <strong>de</strong> la responsabilité <strong>de</strong>s PSEM.<br />
b. La stratégie vis-à-vis du Maroc/Maghreb<br />
Le Maroc a exprimé clairement son choix stratégique. Il n'est pas satisfait d'une ZLE,<br />
qui <strong>de</strong> plus est limitée pour le moment aux seuls produits industriels. Il voudrait un partenariat<br />
plus riche, plus complet, un véritable partenariat et une intégration régionale plus gran<strong>de</strong>.<br />
C'est à l'UE, <strong>de</strong> répondre, <strong>de</strong> marquer son intérêt stratégique, pour un pays (le Maroc),<br />
une région (le Maghreb) très proches géographiquement, historiquement, économiquement<br />
(intensité <strong>de</strong>s échanges) et humainement (importance <strong>de</strong> la population d'origine maghrébine<br />
en UE).<br />
La France et <strong>les</strong> autres pays européens riverains <strong>de</strong> la Méditerranée, ont un rôle<br />
important à jouer dans le "recentrage" <strong>de</strong> l'UE et pour faire admettre à leurs partenaires<br />
"l'intérêt stratégique pour l'Europe <strong>de</strong> s'ouvrir vers le Sud et en particulier sur le Maghreb" 109 .<br />
6. Conclusion<br />
Les <strong>accords</strong> euro-méditerranéens <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange font partie d'une nouvelle<br />
génération d'<strong>accords</strong> d'association, dans un contexte mondial et régional nouveau. Ils ont déjà<br />
<strong>de</strong>s effets sur <strong>les</strong> échanges commerciaux maroco-français et sur <strong>les</strong> investissements privés<br />
étrangers, notamment français au Maroc, et auront encore plus d'effets à l'avenir quand la<br />
ZLE euro-méditerranéenne fonctionnera pleinement et, aussi - surtout ? - <strong>avec</strong> l'ouverture <strong>de</strong><br />
l'UE à l'Est.<br />
Aussi, la réponse à ces effets ne peut être que stratégique, du côté du Maroc comme <strong>de</strong><br />
celui <strong>de</strong> la France et <strong>de</strong> l'UE. Et il faudra qu'elle soit faite et prenne effet avant - ou à tout le<br />
moins en même temps - que l'adhésion <strong>de</strong>s PECO à l'UE, et avant que <strong>les</strong> initiatives<br />
américaines <strong>de</strong> ZLE <strong>avec</strong> le Maroc, le Maghreb ou d'autres pays <strong>de</strong> la Région, ne prennent<br />
forme….<br />
109 - Ce sont <strong>les</strong> expressions <strong>de</strong> Jean-Pierre chevènement, cf. le Matin du Sahara du 9 Janvier 2002. Voir également M.<br />
Serceau, H. chergui et A. Guy (1999)<br />
164
BIBIOGRAPHIE<br />
B. HAMDOUCH (1990), Politiques <strong>de</strong> développement et d'ajustement au Maroc, SMER,<br />
Rabat 1990.<br />
B. HAMDOUCH (1996), Perspectives d'une zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange entre le Maroc et l'Union<br />
européenne : enjeux et impacts, in Reflets et Perspectives la vie économique, Tome xxxv -<br />
3 ème trimestre 96 -3, pp 273-296.<br />
B. HAMDOUCH et alii. (2000), Les Marocains résidant à l'étranger - une enquête socioéconomique,<br />
INSEA, Rabat.<br />
B. HAMDOUCH et M. CHATER (2001), Impact <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange euroméditerranéens:<br />
Cas du Maroc, FEMISE, Marseille.<br />
Le Matin du Sahara, Casablanca, différents numéros.<br />
Office <strong>de</strong>s changes, Rabat<br />
Office <strong>de</strong>s changes (2000a) Balance commerciale (édition provisoire), Rabat<br />
Office <strong>de</strong>s change (2000b), Balance <strong>de</strong>s paiements (données préliminaires), Rabat.<br />
M. SERCEAU, H. CHERGUI et A. GUY (Dirigé par) ; Marier le Maghreb à l'Union<br />
européenne ? Panoramiques, 3 ème trimestre 1999, n° 41.<br />
J. ZARROUK, The Intra-regional Tra<strong>de</strong> and The Greater Arab Free Tra<strong>de</strong> Area, background<br />
paper for Economic Trends in The MENA Region, Cairo, Economic Research Forum.<br />
165
QUATRIEME PARTIE :<br />
LES STRATEGIES DE COOPERATION<br />
166
Organisations régiona<strong>les</strong> et gouvernance mondiale 110<br />
François Benaroya<br />
Conseiller économique du Directeur <strong>de</strong> la DREE,<br />
Ministère <strong>de</strong> l’Economie, <strong>de</strong>s Finances et <strong>de</strong> l’Industrie<br />
Theoretical <strong>de</strong>bate as to the superiority of the regional or the universal approach to<br />
international organization (…) is a rather sterile exercise, for experience suggests that<br />
statesmen need not, and do not, choose one of these approaches to the exclusion of the other.<br />
Inis L. Clau<strong>de</strong> (1968)<br />
A en juger par la prolifération d’<strong>accords</strong> <strong>de</strong> commerce régionaux, par <strong>les</strong> débats sur le<br />
régionalisme monétaire, ou par la construction européenne elle-même, la constitution<br />
d’organisations régiona<strong>les</strong> est aujourd’hui une <strong>de</strong>s modalités essentiel<strong>les</strong> <strong>de</strong> la gouvernance<br />
internationale. Cette forme <strong>de</strong> gouvernance semble même progresser tout particulièrement sur<br />
la pério<strong>de</strong> récente, qu’il s’agisse, pour l’Union Européenne, <strong>de</strong> l’élargissement et <strong>de</strong> la<br />
monnaie unique, <strong>de</strong>s projets <strong>de</strong> zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange <strong>de</strong>s Amériques, ou pour l’Asie, <strong>de</strong><br />
l’intensification récente <strong>de</strong>s formes <strong>de</strong> coopération régionale (Bergsten, 2001).<br />
Rares ont été cependant <strong>les</strong> artic<strong>les</strong> qui se sont intéressés aux organisations régiona<strong>les</strong><br />
<strong>de</strong> façon transversale, tout en cherchant à cerner leur capacité à fournir la gamme <strong>de</strong>s<br />
principaux biens publics internationaux 111 , <strong>de</strong> la paix à la préservation <strong>de</strong> l’environnement en<br />
passant par la stabilité financière et un cadre propice aux échanges.<br />
Siroën (2000) souligne fort justement que l’analyse du régionalisme doit évoluer vers<br />
cette question centrale : « à quel échelon <strong>les</strong> biens publics sont-ils le plus efficacement<br />
produits ? » Au niveau national, régional, mondial ? Cook et Sachs (1999) jugent que la<br />
gestion à une échelle régionale paraît appropriée pour <strong>de</strong> nombreux biens publics<br />
internationaux: la réduction <strong>de</strong> certaines pollutions à caractère régional (pluies aci<strong>de</strong>s), la<br />
préservation <strong>de</strong> réserves naturel<strong>les</strong> couvrant plusieurs pays, quelques gran<strong>de</strong>s infrastructures<br />
<strong>de</strong> transport, l’intégration profon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s marchés ou la lutte contre <strong>de</strong>s maladies endémiques à<br />
certaines régions, pour ne citer que quelques exemp<strong>les</strong>. Mais <strong>les</strong> auteurs reconnaissent que la<br />
réflexion sur le niveau actuel et souhaitable <strong>de</strong>s biens publics fournis au niveau régional reste<br />
embryonnaire.<br />
D’un côté, en effet, la plupart <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s portant sur la gouvernance mondiale 112 se<br />
concentrent sur <strong>les</strong> mo<strong>de</strong>s d’organisation globaux, et mentionnent simplement l’échelon<br />
régional comme un <strong>de</strong>s niveaux possib<strong>les</strong> et souhaitab<strong>les</strong> – au nom du principe <strong>de</strong><br />
subsidiarité- <strong>de</strong> fourniture <strong>de</strong> biens publics internationaux.<br />
110 François Benaroya, DREE, Ministère <strong>de</strong> l’Economie et <strong>de</strong>s Finances. L’auteur s’exprime ici à titre personnel. Mél :<br />
francois.benaroya@dree.org<br />
111 Cf. définition du concept dans la contribution <strong>de</strong> D. Esty, J.-M Séverino et L. Tubiana. Les biens publics employés ici<br />
sont listés dans le tableau 1. A noter, en ce que qui concerne <strong>les</strong> échanges, que c’est le cadre juridique international ouvert et<br />
prévisible qui constitue un bien public, et non le <strong>libre</strong>-échange stricto sensu.<br />
112 Voir par exemple <strong>les</strong> différentes contributions dans Kaul et alii (1999)<br />
167
De l’autre, la littérature sur le régionalisme est abondante, mais <strong>les</strong> <strong>accords</strong> régionaux<br />
y sont, en général, analysés sous un prisme spécifique, commercial, financier ou sécuritaire.<br />
Les analyses basées sur <strong>les</strong> échanges comparent ainsi <strong>les</strong> effets respectifs <strong>de</strong> l’intégration<br />
régionale et <strong>de</strong>s négociations multilatéra<strong>les</strong>, même si, <strong>de</strong> plus en plus, el<strong>les</strong> incorporent <strong>de</strong>s<br />
dimensions non-commercia<strong>les</strong> pour rendre compte du développement <strong>de</strong>s blocs régionaux,<br />
comme l’illustre un récent rapport <strong>de</strong> la Banque Mondiale (2000).<br />
L’objet <strong>de</strong> ce texte est <strong>de</strong> croiser <strong>les</strong> expertises développées dans ces <strong>de</strong>ux directions - le<br />
régionalisme d’une part, et l’analyse <strong>de</strong>s biens publics internationaux <strong>de</strong> l’autre- afin<br />
d’évaluer <strong>de</strong> façon plus systématique la capacité <strong>de</strong>s entités régiona<strong>les</strong> à contribuer à la<br />
gouvernance mondiale. L’analyse partira d’un état <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong>s organisations qui ont émergé<br />
pour fournir, à l’échelle régionale, <strong>de</strong>s biens publics. Les principes qui justifient le<br />
développement d’un <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> gouvernance au niveau régional, ses avantages et<br />
symétriquement ses risques, seront développés dans un second temps, en soulignant la<br />
généralité <strong>de</strong>s arguments soulevés par <strong>les</strong> différentes littératures. Ce texte s’interrogera enfin<br />
sur <strong>les</strong> conditions explicites d’une coexistence harmonieuse <strong>de</strong>s différents niveaux <strong>de</strong><br />
gouvernance, en prenant pour principa<strong>les</strong> références <strong>les</strong> <strong>accords</strong> régionaux au sein du GATT<br />
et <strong>de</strong> l’ONU, avant d’explorer <strong>les</strong> conséquences <strong>de</strong>s appartenances régiona<strong>les</strong> multip<strong>les</strong> et <strong>de</strong>s<br />
géométries variab<strong>les</strong>.<br />
1. Historique et état <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> la gestion <strong>de</strong> biens publics à l’échelon régional<br />
Il paraît nécessaire, en préambule, <strong>de</strong> préciser <strong>les</strong> concepts ambigus <strong>de</strong> région et <strong>de</strong><br />
régionalisme. Les critères <strong>de</strong> Nye (1968, p.vii) peuvent être repris par commodité. Seront<br />
donc ici considérées en tant que régions, <strong>les</strong> régions internationa<strong>les</strong> et non <strong>les</strong> régions<br />
subnationa<strong>les</strong> : el<strong>les</strong> peuvent être définies comme un ensemble <strong>de</strong> pays liés par une relation<br />
géographique et par un certain <strong>de</strong>gré d’interdépendance. Les membres <strong>de</strong> l’Union Européenne<br />
constituent bien évi<strong>de</strong>mment une région selon cette définition ; ceux <strong>de</strong> l’OTAN,<br />
éventuellement ; mais cela exclurait un ensemble comme le Commonwealth. Le régionalisme<br />
est alors défini, <strong>de</strong> façon <strong>de</strong>scriptive, comme la constitution d’<strong>accords</strong> et <strong>de</strong> regroupements<br />
entre Etats appartenant à une même région ; et du point <strong>de</strong> vue normatif, comme la<br />
recommandation <strong>de</strong> tel<strong>les</strong> associations.<br />
Quatre temps rythment le développement <strong>de</strong>s organisations régiona<strong>les</strong> gérant <strong>de</strong>s biens<br />
publics internationaux.<br />
Bien que <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> d’union douanière aient existé <strong>de</strong>puis plusieurs sièc<strong>les</strong>, souvent<br />
en préalable au regroupement d’Etats (union <strong>de</strong>s Couronnes entre Angleterre et Ecosse en<br />
1603, Zollverein entre Etats allemands en 1834), le régionalisme au sens <strong>de</strong>scriptif et à<br />
l’échelle où il s’entend en général aujourd’hui (plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux pays impliqués, sur une fraction<br />
significative d’un continent) a sans doute connu son acte <strong>de</strong> naissance politique au XIXème<br />
siècle, en Amérique, <strong>avec</strong> la doctrine Monroe 113 (Bowett, 1970, p.135). Tout comme <strong>les</strong><br />
premières organisations internationa<strong>les</strong> (Union Télégraphique Internationale, Croix<br />
Rouge…), quelques institutions régiona<strong>les</strong> apparaissent dès la première vague <strong>de</strong><br />
mondialisation 114 . Mais tandis que <strong>les</strong> préoccupations européennes débouchent aussitôt sur<br />
113 Celle-ci énonce en 1823 le principe <strong>de</strong> non-intervention <strong>de</strong>s Etats tiers dans <strong>les</strong> affaires du continent. En Europe, <strong>les</strong><br />
<strong>accords</strong> <strong>de</strong> <strong>libre</strong> navigation sur le Rhin entre la France, <strong>les</strong> Pays-Bas et cinq Etats Allemands, aboutissant en 1831 à une<br />
Commission, sont parfois cités comme la première organisation régionale (Gibson, 1991, p.17).<br />
114 Voir Jacquet et Sachwald (2000) pour une <strong>de</strong>scription <strong>de</strong> la mondialisation au XIXème siècle.<br />
168
<strong>de</strong>s institutions internationa<strong>les</strong>, <strong>les</strong> organisations régiona<strong>les</strong> émergent pour l’essentiel dans le<br />
Nouveau Mon<strong>de</strong> : le premier régionalisme est surtout américain. Après le congrès <strong>de</strong> Panama<br />
(1826), le congrès Pan-Américain fait naître, en 1890, l’Union Internationale <strong>de</strong>s Républiques<br />
Américaines, précurseur <strong>de</strong> l’Organisation <strong>de</strong>s Etats Américains. Le Pan-American Sanitary<br />
Bureau, contemporain <strong>de</strong>s premiers <strong>accords</strong> internationaux en matière <strong>de</strong> santé, est institué en<br />
1902, avant même l’Organisation Internationale d’Hygiène Publique (Zacher, 1999). La<br />
première cour <strong>de</strong> justice régionale, la cour <strong>de</strong> justice Centre-Américaine, est établie en 1907.<br />
Au len<strong>de</strong>main <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong> Guerre, la convention <strong>de</strong> la Société <strong>de</strong>s Nations prévoit même<br />
explicitement, à son article 21 , qu’elle n’affecte pas la validité <strong>de</strong>s « <strong>accords</strong> régionaux,<br />
comme la doctrine Monroe pour garantir le maintien <strong>de</strong> la paix » (Bowett, 1970, p. 234 et<br />
135).<br />
La secon<strong>de</strong> guerre mondiale marque un nouveau palier <strong>de</strong> la reconnaissance <strong>de</strong><br />
l’échelon régional, en même temps qu’elle fait mûrir une conscience régionale européenne.<br />
Winston Churchill se fait ainsi l’avocat <strong>de</strong> conseils régionaux, qui charpenteraient<br />
l’architecture du système international, en laissant un rôle secondaire à l’organisation<br />
mondiale en projet. Les Etats-Unis partagent le désir d’autonomie continentale exprimé par<br />
<strong>les</strong> Etats latino-américains, mais souhaitent une primauté <strong>de</strong> la structure mondiale (Clau<strong>de</strong>,<br />
1968). La charte <strong>de</strong>s Nations Unies résulte <strong>de</strong> ce compromis. En <strong>les</strong> autorisant, elle ouvre la<br />
voie à <strong>de</strong> multip<strong>les</strong> <strong>accords</strong> politiques régionaux, comme la Ligue Arabe (1945) et<br />
l’Organisation <strong>de</strong>s Etats Américains (1948), tandis que <strong>les</strong> institutions rattachées au système<br />
onusien prévoient, pour la plupart, une interaction <strong>avec</strong> l’échelon régional.<br />
Deux vagues d’<strong>accords</strong> régionaux suivent : la première, qui culmine au milieu <strong>de</strong>s<br />
années 70, se caractérise par plus <strong>de</strong> trente <strong>accords</strong> aussi bien dans <strong>les</strong> domaines commerciaux<br />
(COMECON, AELE, AFTA…) que <strong>de</strong> la sécurité, et la constitution d’instances régiona<strong>les</strong><br />
dans <strong>les</strong> organes <strong>de</strong>s Nations Unies (Commissions régiona<strong>les</strong> ; banques régiona<strong>les</strong> <strong>de</strong><br />
développement). Elle fait naître déjà <strong>de</strong>s craintes sur <strong>les</strong> excès du régionalisme (Nye, 1968,<br />
p.v). Mais à l’exception <strong>de</strong> la Communauté Européenne, aucun accord n’apparaît<br />
rétrospectivement comme un succès dans le domaine commercial.<br />
La secon<strong>de</strong> vague s’amorce à la fin <strong>de</strong>s années 1980, et débouche sur une<br />
prolifération d’<strong>accords</strong> commerciaux (l’ALENA, le Mercosur, la relance <strong>de</strong> l’ASEAN…),<br />
dont le nombre croît plus vite que <strong>les</strong> adhésions à l’OMC, ce qui suscite trois nouvel<strong>les</strong><br />
inquiétu<strong>de</strong>s : <strong>les</strong> <strong>accords</strong> <strong>de</strong> commerce régionaux touchent désormais tous <strong>les</strong> pays du mon<strong>de</strong><br />
ou presque (seuls le Japon, la Corée, la Chine, Hong Kong, Taiwan et la Mongolie, tous en<br />
Asie, font exception, mais <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux premiers ont <strong>de</strong>s projets d’<strong>accords</strong>) ; <strong>les</strong> Etats-Unis, euxmêmes<br />
désormais partie prenante d’<strong>accords</strong> régionaux, ne sont plus moteurs <strong>de</strong> la<br />
gouvernance au niveau mondial ; enfin, sous couvert <strong>de</strong>s règ<strong>les</strong> définissant <strong>les</strong> <strong>accords</strong><br />
régionaux, <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> inter-régionaux se multiplient (APEC, UE-Mexique ; UE-Afrique du<br />
Sud…). Mais cette pério<strong>de</strong> est aussi marquée par une évolution sans doute plus positive :<br />
l’avènement d’organisations régiona<strong>les</strong> généralistes (SADC, Mercosur, ASEAN+3…),<br />
souvent fondées sur un socle commercial, mais aspirant à gérer au niveau supranational une<br />
gamme plus large <strong>de</strong> politiques.<br />
169
Graphique 1 : Nombre d’<strong>accords</strong> <strong>de</strong> commerce régainos<br />
Garphique 1 : Nombre d’<strong>accords</strong> <strong>de</strong> commerce régionaux<br />
notifies au GATT/OMC<br />
1948-1999<br />
De fait, tous <strong>les</strong> biens publics internationaux, ou presque, sont aujourd’hui au moins<br />
partiellement gérés par <strong>de</strong>s institutions globa<strong>les</strong> et par <strong>de</strong>s institutions régiona<strong>les</strong> (cf. tableau<br />
1). Les organisations mondia<strong>les</strong> s’appuient souvent sur <strong>de</strong>s organisations régiona<strong>les</strong> (bureaux<br />
régionaux <strong>de</strong> l’OMS, banques régiona<strong>les</strong> <strong>de</strong> développement…) ou laissent explicitement <strong>les</strong><br />
marges <strong>de</strong> manœuvre nécessaires aux régions pour s’auto-organiser (GATT/OMC ; <strong>accords</strong><br />
régionaux <strong>de</strong> sécurité au sein <strong>de</strong> l’ONU).<br />
170
Tableau 1 : Biens publics internationaux et exemp<strong>les</strong> d’institutions régiona<strong>les</strong><br />
Bien public international Institutions<br />
globa<strong>les</strong><br />
Institutions régiona<strong>les</strong><br />
Paix ONU Forces régiona<strong>les</strong> <strong>de</strong> maintien <strong>de</strong> la paix ;<br />
OTAN<br />
Santé OMS Bureaux régionaux <strong>de</strong> l’OMS ( Pan-American<br />
Health Organisation…)<br />
Préservation du patrimoine<br />
culturel<br />
UNESCO<br />
Politiques culturel<strong>les</strong> UE, SADC<br />
Environnement durable AME North American Commission on Environment ;<br />
Politiques UE ; Conseil économique <strong>de</strong> l’ONU<br />
pour l’Europe (convention sur la pollution<br />
atmosphérique transfrontière en 1979)…<br />
Ouverture et prévisibilité<br />
pour <strong>les</strong> échanges<br />
commerciaux<br />
OMC Accords <strong>de</strong> commerce régionaux (UE ;<br />
ALENA ; Mercosur ; ASEAN, SADC …)<br />
Concurrence - Politique <strong>de</strong> l’UE ; <strong>de</strong> l’ALENA (chap. 15)<br />
Stabilité financière FMI UEM ; <strong>accords</strong> <strong>de</strong> Chiang Mai en Asie , zone<br />
franc…<br />
Absence <strong>de</strong> pauvreté/<br />
développement<br />
B. Mondiale<br />
CNUCED,<br />
ECOSOC<br />
Banques régiona<strong>les</strong> <strong>de</strong> développement ; 5<br />
commissions régiona<strong>les</strong> ONU : CEPAL, ECE,<br />
ESCAP, ECA, ESCWA.<br />
Respect démocratie, justice ONU, CJI Conseil <strong>de</strong> l’Europe, UE, CJE, CEDH,<br />
Mercosur, OEA<br />
Respect <strong>de</strong>s droits sociaux OIT Conférences régiona<strong>les</strong> <strong>de</strong> l’OIT ; Syndicats à<br />
structures régiona<strong>les</strong>…<br />
2. Le niveau régional, comme lieu pertinent <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong> certains biens publics<br />
internationaux<br />
Mais quels principes justifient une gestion <strong>de</strong> certains biens publics à un niveau<br />
régional ?<br />
Il n’est pas inutile <strong>de</strong> revenir ici sur la notion <strong>de</strong> bien public international. Un bien<br />
public a, au sens strict, <strong>de</strong>ux propriétés : il n’est pas possible d’exclure autrui <strong>de</strong> sa<br />
consommation (non-exclusion) ; et la consommation du bien ne réduit pas celle <strong>de</strong>s autres<br />
(non-rivalité). Parce que le producteur <strong>de</strong> bien public n’est pas rémunéré pour le service rendu<br />
à autrui (l’externalité), l’intervention publique est justifiée. Les biens publics peuvent être<br />
locaux, et, à ce titre du ressort <strong>de</strong>s Etats ou <strong>de</strong> collectivités loca<strong>les</strong>. D’autres, cependant, sont<br />
internationaux et requièrent une coordination entre nations.<br />
Parmi ces <strong>de</strong>rniers, nombre <strong>de</strong> biens ne peuvent être gérés qu’au niveau global : la<br />
diminution <strong>de</strong> l’effet <strong>de</strong> serre, par exemple. Certains ont toutefois une portée exclusivement<br />
171
égionale : la lutte contre <strong>de</strong>s polluants situés dans la basse atmosphère ou <strong>de</strong>s eaux<br />
souterraines ; ou celle contre <strong>les</strong> maladies propres à <strong>de</strong>s régions spécifiques. Dans <strong>de</strong><br />
nombreux cas, la dimension régionale <strong>de</strong>s externalités associées au bien public est forte,<br />
même si elle n’est pas exclusive : <strong>les</strong> guerres se font plus nombreuses mais plus loca<strong>les</strong>,<br />
affectant surtout <strong>les</strong> voisins immédiats (Men<strong>de</strong>z, 1999) ; <strong>les</strong> implantations <strong>de</strong>s firmes<br />
multinationa<strong>les</strong> 115 et <strong>les</strong> flux commerciaux <strong>de</strong>meurent en majorité régionaux ; <strong>les</strong> phénomènes<br />
<strong>de</strong> contagion financiers ou sanitaires ont, malgré la globalisation, une assise largement<br />
régionale, etc. C’est la première raison pour laquelle le niveau régional paraît adapté pour<br />
fournir certains biens publics internationaux.<br />
Par extension, ont été intégrés dans <strong>les</strong> biens publics internationaux <strong>de</strong>s biens<br />
« impurs » qui ne possè<strong>de</strong>nt que partiellement <strong>les</strong> propriétés <strong>de</strong> non-exclusion et <strong>de</strong> nonrivalité,<br />
en particulier <strong>les</strong> biens dits <strong>de</strong> « club », qui possè<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s bénéfices dont on peut<br />
exclure un tiers. Le contrôle <strong>de</strong> l’accès au club facilite le « financement » du bien en cause. Si<br />
la discrimination peut s’effectuer sur une base géographique, il est donc possible <strong>de</strong> créer <strong>de</strong>s<br />
« clubs régionaux » (Sandler, 1999) : <strong>les</strong> <strong>accords</strong> <strong>de</strong> commerce régionaux, qui fournissent à<br />
ses membres un cadre favorable pour leurs échanges, mais pas aux pays tiers, en sont une<br />
illustration.<br />
Il y a donc <strong>de</strong>ux raisons fondamenta<strong>les</strong> – biens publics à portée régionale, et biens<br />
publics globaux pour <strong>les</strong>quels <strong>de</strong>s clubs régionaux peuvent être constitués- à la gestion <strong>de</strong><br />
biens publics dans un cadre régional. Mais une différence majeure entre ces <strong>de</strong>ux raisons doit<br />
être relevée : le principe <strong>de</strong> subsidiarité (ou <strong>de</strong> « proximité » - Macedo, 2001) justifie une<br />
intervention au niveau régional dans le premier cas, tout comme il justifie une intervention<br />
nationale pour <strong>de</strong>s biens publics domestiques ; il reste à établir, dans le second cas, qu’un club<br />
plus large ou mondial ne serait pas plus adapté que le club régional, pour ses propres<br />
membres comme pour le reste du mon<strong>de</strong>. Là rési<strong>de</strong> la justification d’un encadrement <strong>de</strong> la<br />
subsidiarité, et en l’espèce, le problème <strong>de</strong> l’articulation du régionalisme et du<br />
multilatéralisme.<br />
Cette analyse peut être exprimée dans <strong>les</strong> termes <strong>de</strong> Tinbergen (1954) ou dans ceux <strong>de</strong><br />
Oates (1972), qui, dans la littérature sur le fédéralisme fiscal, a énoncé le théorème <strong>de</strong> la<br />
décentralisation : en l’absence d’externalités, la décentralisation est préférable ; en présence<br />
d’externalités, la centralisation est souhaitable si <strong>les</strong> gains <strong>de</strong> l’internalisation <strong>de</strong>s externalités<br />
l’emportent sur <strong>les</strong> coûts <strong>de</strong> l’uniformité.<br />
Dans ce cadre, l’évaluation <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> la centralisation et <strong>de</strong> ses bénéfices peut, sous<br />
certaines conditions, faire apparaître l’organisation régionale (ou du moins la coexistence<br />
d’organisations régiona<strong>les</strong> et globa<strong>les</strong>) comme une solution intermédiaire optimale, entre une<br />
organisation mondiale pure et une gestion totalement déléguée à chaque Etat (cf. schéma –<br />
graphique 2). En effet, en présence d’externalités exclusivement régiona<strong>les</strong>, le passage au<br />
niveau mondial n’apporte pas <strong>de</strong> bénéfices supplémentaires par rapport au niveau régional,<br />
tout en accroissant en général 116 <strong>les</strong> coûts <strong>de</strong> centralisation. En présence d’externalités sortant<br />
du cadre régional, tout dépend <strong>de</strong> la comparaison <strong>de</strong> ces coûts et bénéfices additionnels.<br />
115 Bourcieu et Benaroya (2000) analysent la répartition géographique <strong>de</strong>s activités <strong>de</strong>s multinationa<strong>les</strong>.<br />
116 C’est l’hypothèse la plus probable, retenue pour le schéma. La centralisation au niveau mondial peut néanmoins être<br />
parfois moins coûteuse qu’une structure régionale (par exemple si l’organisation mondiale existe déjà, mais pas<br />
l’organisation régionale).<br />
172
Graph.2: Détermination du niveau approprié <strong>de</strong> gestion du bien public<br />
Cas 2:<br />
niveau régional préférable<br />
Cas 1:<br />
niveau national préférable<br />
Cas 3:<br />
niveau global préférable<br />
Régional Mondial Régional Mondial Régional Mondial<br />
Coût <strong>de</strong> la centralisation<br />
Bénéfices <strong>de</strong> l'internalisation <strong>de</strong>s externalités<br />
3. Les risques <strong>de</strong>s clubs régionaux<br />
Quand un club régional se crée pour gérer un bien dont la portée débor<strong>de</strong> <strong>de</strong> ses<br />
limites géographiques, certains effets sur <strong>les</strong> Etats tiers ne sont pas pris en compte ; il y a<br />
alors, par rapport à une organisation plus large ou globale, un risque <strong>de</strong> mauvaise définition<br />
<strong>de</strong> la politique <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> la région à l’égard <strong>de</strong> ce bien public. Ainsi, une prévention <strong>de</strong><br />
crises financières totalement déléguée au niveau régional pourrait s’avérer insuffisamment<br />
rigoureuse, car elle ne prendrait pas en compte <strong>les</strong> effets <strong>de</strong> contagion potentiels sur <strong>de</strong>s pays<br />
tiers. Les critiques adressées aux organisations régiona<strong>les</strong>, dans <strong>les</strong> domaines où ils<br />
constituent <strong>de</strong> véritab<strong>les</strong> clubs (<strong>les</strong> échanges, la monnaie et la défense, selon Olson, 1971),<br />
relèvent, en fait, <strong>de</strong> trois gran<strong>de</strong>s catégories : <strong>les</strong> clubs régionaux peuvent affecter 1/ <strong>les</strong> tiers<br />
2/ le niveau global du gouvernance 3/ <strong>les</strong> pays <strong>les</strong> plus faib<strong>les</strong> en particulier.<br />
3.1. Les tiers affectés ou exclus<br />
La formation du club peut avoir <strong>de</strong>s externalités négatives sur <strong>les</strong> pays non membres.<br />
C’est le cas notamment <strong>de</strong>s menaces d’agression que peut faire peser une alliance militaire<br />
sur une puissance voisine, ou <strong>de</strong>s détournements d’échange que peut engendrer un accord <strong>de</strong><br />
commerce régional sur <strong>de</strong>s pays tiers. Les pays non membres se voient alors parfois<br />
contraints, par un effet « domino », d’adhérer à un ensemble auquel ils ne souhaitaient pas<br />
participer à l’origine (Baldwin, 1993).<br />
A l’inverse, certains pays pourraient ne pas avoir accès à <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> régionaux qu’ils<br />
souhaiteraient rejoindre. Dans <strong>les</strong> débats précédant la constitution <strong>de</strong> l’ONU, l’opposition <strong>de</strong>s<br />
Etats-Unis au système <strong>de</strong>s conseils régionaux trouve entre autres sa source dans la crainte <strong>de</strong>s<br />
Etats-Unis d’être évincés politiquement d’Europe et d’ Asie (Clau<strong>de</strong>, 1968, p.5). La question<br />
du droit <strong>de</strong>s pays tiers à intégrer <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> régionaux nourrit également <strong>les</strong> inquiétu<strong>de</strong>s dans<br />
le domaine commercial (Banque Mondiale, 2000, p.113).<br />
3.2. le niveau global affaibli ou fragmenté<br />
La formation du « club » peut détourner <strong>les</strong> membres <strong>de</strong> s’impliquer dans la<br />
construction du niveau global : le régionalisme commercial est ainsi accusé <strong>de</strong> susciter un<br />
173
désintérêt à l’égard <strong>de</strong> l’OMC (Benaroya, 1995), voire d’accroître le risque d’un<br />
effondrement du système multilatéral. La communautarisation <strong>de</strong> la politique <strong>de</strong> la<br />
concurrence et la concertation entre l’UE et <strong>les</strong> autorités anti-trust américaines peuvent<br />
empêcher l’émergence d’un accord mondial sur la concurrence en réduisant son utilité. Les<br />
clubs peuvent plus largement provoquer un appauvrissement <strong>de</strong>s règ<strong>les</strong> universel<strong>les</strong> : <strong>de</strong>s<br />
règ<strong>les</strong> régiona<strong>les</strong> mettraient en péril <strong>les</strong> systèmes légaux internationaux (Bowett, 1970, p.<br />
235) ; la création <strong>de</strong> Fonds Monétaires régionaux a été rejetée par crainte d’un affaiblissement<br />
général <strong>de</strong> la conditionnalité (accroissement <strong>de</strong> l’aléa moral), ou d’un biais partisan <strong>de</strong> ces<br />
institutions (Wyplosz, 2000 ; Bénassy-Quéré et Coeuré, 2000). Que ce soit dans le domaine<br />
financier, ou militaire (Men<strong>de</strong>z, 1999), l’intervention <strong>de</strong> puissances étrangères à la région<br />
peut être un gage <strong>de</strong> neutralité.<br />
La constitution <strong>de</strong> blocs peut en outre aiguiser <strong>les</strong> rivalités, en amoindrissant <strong>les</strong><br />
interdépendances mondia<strong>les</strong>. Dans la sphère militaire, c’était une <strong>de</strong>s craintes américaines,<br />
qui a, en 1945, fait prévaloir le projet universaliste <strong>de</strong> l’ONU sur <strong>les</strong> conseils régionaux <strong>de</strong><br />
Churchill (Clau<strong>de</strong>, p.5). Dans le domaine monétaire, la constitution <strong>de</strong> blocs pourrait<br />
renforcer <strong>les</strong> fluctuations entre gran<strong>de</strong>s monnaies (Collignon, 1999), tout comme la formation<br />
<strong>de</strong> Fonds Monétaires régionaux pourrait aiguiser <strong>les</strong> antagonismes politiques (Wyplosz,<br />
2000). Des comportements non coopératifs entre un petit nombre <strong>de</strong> groupes régionaux<br />
pourraient, sous certaines conditions, conduire à une situation <strong>de</strong>s plus dommageab<strong>les</strong> pour<br />
<strong>les</strong> échanges mondiaux (Krugman, 1991).<br />
3.3. Le sort <strong>de</strong>s pays <strong>les</strong> plus faib<strong>les</strong><br />
En affectant le niveau <strong>de</strong> gouvernance globale, <strong>les</strong> entités régiona<strong>les</strong> peuvent<br />
handicaper certains biens publics globaux, comme la redistribution en faveur <strong>de</strong>s pays<br />
pauvres. Une organisation régionale qui créerait <strong>de</strong>s « clubs <strong>de</strong> développement » nuirait à la<br />
solidarité globale car elle pourrait restreindre <strong>les</strong> transferts Nord-Sud, en termes financiers ou<br />
commerciaux (fermeture <strong>de</strong>s marchés régionaux du Nord aux produits du Sud). Comme le<br />
note Morgan (2000) au niveau infra-étatique, il y a nécessairement une tension entre<br />
subsidiarité et solidarité. Les pays pauvres sont certes incités par <strong>les</strong> pays développés à se<br />
regrouper entre eux ; mais <strong>les</strong> régions ainsi constituées apparaissent souvent non viab<strong>les</strong> :<br />
incapab<strong>les</strong> d’assurer leur propre sécurité (<strong>les</strong> pays africains sont ceux qui font le plus souvent<br />
appel aux interventions extérieures – Fawcett et Hurrel, 1995, p. 316), ou <strong>de</strong> tirer <strong>de</strong>s<br />
bénéfices économiques substantiels d’une intégration régionale. La Banque Mondiale (2000)<br />
estime ainsi que <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> <strong>de</strong> commerce régionaux comprenant <strong>de</strong>s pays du Nord et du Sud<br />
sont préférab<strong>les</strong> à <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> entre pays du Sud seuls.<br />
Appliqué à <strong>de</strong>s biens publics qui débor<strong>de</strong>raient <strong>de</strong> leur cadre, un système <strong>de</strong> clubs<br />
régionaux présenterait donc un certain nombre <strong>de</strong> risques par rapport à un anti-mon<strong>de</strong> où la<br />
gestion serait globale : il pourrait être moins efficace, moins équitable, et, en infléchissant la<br />
stratégie <strong>de</strong>s acteurs, serait un frein à la construction d’institutions globa<strong>les</strong>.<br />
4. Les avantages <strong>de</strong>s clubs régionaux pour <strong>les</strong> pays membres<br />
Mais dans <strong>de</strong> multip<strong>les</strong> situations, l’alternative aux clubs régionaux n’est pas la<br />
gouvernance globale, mais l’absence <strong>de</strong> gouvernance structurée. Les organisations<br />
internationa<strong>les</strong> bénéficient certes d’économies d’échelle en traitant <strong>de</strong> plusieurs<br />
problématiques, mais el<strong>les</strong> peuvent finir par être surchargées d’interventions qui pourraient<br />
174
très bien avoir pour cadre une organisation plus limitée (Sandler, 1998). En outre, la<br />
fourniture d’un bien public peut être menacée <strong>de</strong> paralysie, par impossibilité <strong>de</strong> trouver un<br />
mo<strong>de</strong> adéquat <strong>de</strong> coordination mondial : le coût <strong>de</strong> la centralisation internationale <strong>de</strong>vient trop<br />
élevé. Quand un bien public a une portée en gran<strong>de</strong> part régionale, la subsidiarité est alors<br />
« naturelle » 117 et permet <strong>de</strong> rapprocher la capacité à agir <strong>de</strong> l’intérêt d’agir, d’où son<br />
efficacité. La capacité <strong>de</strong>s blocs régionaux à aller plus vite ou plus loin, à <strong>de</strong>venir en<br />
particulier le support d’une intégration profon<strong>de</strong> permettant <strong>de</strong> gérer <strong>les</strong> préférences<br />
collectives, a trois principaux ressorts :<br />
- Les vertus propres aux clubs. Leurs membres peuvent avoir davantage d’affinités et<br />
sont moins nombreux. En outre, pour certains auteurs (Nye, par exemple), l’existence d’une<br />
puissance hégémonique (une condition parfois plus facile à réunir régionalement que<br />
mondialement) accroît également la probabilité d’un accord 118 . Enfin, la formation d’un<br />
« club » facilite en elle-même la mise en œuvre <strong>de</strong>s biens publics, en excluant (au moins<br />
partiellement) d’éventuels passagers clan<strong>de</strong>stins ou pays supposés « déloyaux » <strong>de</strong>s bénéfices<br />
<strong>de</strong> l’accord. Les Etats-Unis souhaitaient, par le biais <strong>de</strong>s organisations régiona<strong>les</strong> au sein <strong>de</strong><br />
l’ONU, que l’Union Soviétique ne puisse pas opposer un veto à la constitution <strong>de</strong> l’OEA ou<br />
<strong>de</strong> l’OTAN (Clau<strong>de</strong>, p.18). De même, Krugman (1991) notait, il y a une décennie, que le<br />
grand avantage <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> <strong>de</strong> commerce régionaux était d’exclure le Japon.<br />
- Les liens qui peuvent être établis, <strong>de</strong> façon délibérée, entre différents biens publics<br />
au niveau régional: le Mercosur et l’Union Européenne font ainsi <strong>de</strong> la démocratie une <strong>de</strong>s<br />
conditions nécessaires à l’adhésion, et donc au bénéfice <strong>de</strong>s autres politiques communes. La<br />
« conditionnalité croisée » est un <strong>de</strong>s moyens envisageab<strong>les</strong> pour faire appliquer certaines<br />
politiques au niveau mondial, par exemple <strong>de</strong>s sanctions commercia<strong>les</strong> ou financières pour<br />
non-respect d’un accord <strong>de</strong> paix ou <strong>de</strong> normes socia<strong>les</strong> . Cette conditionnalité, envisageable<br />
au niveau mondial, peut s’avérer plus aisée au sein d’un accord régional « généraliste »,<br />
couvrant davantage <strong>de</strong> politiques que <strong>de</strong>s organisations mondia<strong>les</strong>. Elle revient en quelque<br />
sorte à renforcer certains clubs par leur accolement à d’autres, afin <strong>de</strong> combattre plus<br />
efficacement <strong>de</strong>s comportements <strong>de</strong> passager clan<strong>de</strong>stin.<br />
- Des interactions régiona<strong>les</strong> spécifiques. L’existence d’interactions positives entre <strong>les</strong><br />
différentes formes <strong>de</strong> biens publics ne résulte pas uniquement <strong>de</strong> conditionnalités explicites.<br />
De par leur nature contraignante, <strong>les</strong> <strong>accords</strong> <strong>de</strong> commerce régionaux peuvent avoir ainsi <strong>de</strong>s<br />
effets positifs en termes <strong>de</strong> crédibilité sur <strong>les</strong> politiques économiques : le bien public<br />
commercial favorise alors un autre bien, la stabilité financière, comme l’illustre l’évolution<br />
<strong>de</strong>s taux d’intérêt au Mexique <strong>de</strong>puis l’ALENA. La relation entre la paix et un cadre politique<br />
favorable aux échanges en est une secon<strong>de</strong> illustration. Les échanges commerciaux peuvent<br />
favoriser la paix entre <strong>de</strong>ux nations, comme l’a relevé Montesquieu; le développement <strong>de</strong>s<br />
échanges dans le cadre d’un accord régional paraît toutefois plus susceptible d’apaiser <strong>les</strong><br />
conflits, ainsi que l’ont suggéré Pareto et Keynes, et montré empiriquement Mansfield et<br />
Pevehouse (2000). Il y a là, en fait, une différence fondamentale entre une mondialisation<br />
“ subie ” (celle induite par le développement autonome <strong>de</strong>s échanges, ou même par <strong>de</strong>s<br />
<strong>accords</strong> à l’OMC qui seraient perçus, à tort ou à raison, comme imposés) et la mondialisation<br />
117 Selon l’expression <strong>de</strong> la théorie <strong>de</strong>s blocs « naturels » dans le domaine commercial (Frankel et al.,1998) : parce que <strong>les</strong><br />
coûts <strong>de</strong> transport entre pays d’une même région sont inférieurs à ceux entre <strong>de</strong>s régions différentes, un accord <strong>de</strong> commerce<br />
régional a plus <strong>de</strong> chances d’avoir un impact positif sur le bien-être global.<br />
118 L’hégémonie induit cependant <strong>de</strong>s risques <strong>de</strong> domination, dommageab<strong>les</strong> à la légitimité <strong>de</strong> l’intégration régionale.<br />
175
“ voulue ”, qui s’exprime dans un accord <strong>avec</strong> un pays voisin et la multiplication <strong>de</strong>s contacts<br />
institutionnels.<br />
Ce <strong>de</strong>rnier exemple montre que le niveau régional peut être, non seulement plus<br />
efficace, mais parfois aussi plus légitime que le niveau global pour gérer certains biens<br />
publics internationaux. La légitimité d’une institution peut dépendre en effet <strong>de</strong> son efficacité,<br />
comme <strong>de</strong> son mo<strong>de</strong> (démocratique…) <strong>de</strong> constitution et <strong>de</strong> décision. Or le format régional<br />
peut être propice à <strong>de</strong>s contacts politiques et administratifs plus étroits que dans <strong>les</strong> enceintes<br />
mondia<strong>les</strong>. La perte <strong>de</strong> souveraineté peut aussi être ressentie moins durement quand elle<br />
s’opère au profit d’une institution proche que d’une organisation lointaine. Des structures<br />
politiques régiona<strong>les</strong> ont ainsi pu être mises en place dans plusieurs continents. Cette<br />
légitimité n’est pas automatique : <strong>les</strong> Etats voisins peuvent être <strong>les</strong> pires ennemis ; la structure<br />
politique régionale la plus aboutie, l’Union Européenne, est elle-même contestée en son sein.<br />
Mais on peut affirmer sans peine que, dans un certain nombre <strong>de</strong> régions, la gouvernance<br />
régionale apparaît plus légitime que la gouvernance mondiale.<br />
La représentation politique régionale est d’ailleurs relayée par d’autres formes <strong>de</strong><br />
représentation. Les structures syndica<strong>les</strong> internationa<strong>les</strong> s’organisent à l’échelon régional : il y<br />
a trois organisations régiona<strong>les</strong> (Asie-Pacifique, Afrique, Amérique) au sein <strong>de</strong> la CISL<br />
(confédération internationale <strong>de</strong>s syndicats <strong>libre</strong>s) ; la CES (Confédération européenne <strong>de</strong>s<br />
syndicats) réunit nombre <strong>de</strong> syndicats européens. Il est plus rare <strong>de</strong> rencontrer <strong>de</strong>s<br />
organisations non gouvernementa<strong>les</strong> (ONG) structurées <strong>de</strong> façon régionale: associations<br />
constituées autour <strong>de</strong> l’objectif <strong>de</strong> la construction européenne ; fédérations sportives… A<br />
l’exception d’une poignée d’entre el<strong>les</strong> (Asian NGO Coalition for Agrarian Reform, European<br />
Network on Debt and Development…), <strong>les</strong> ONG accréditées au sein d’institutions<br />
internationa<strong>les</strong> se veulent en général mondia<strong>les</strong>. Il faut dire que ces organisations ont tout<br />
intérêt à montrer leur caractère universel pour obtenir leur accréditation. La consultation <strong>de</strong>s<br />
ONG se fait toutefois <strong>de</strong> façon fréquente à un niveau régional par <strong>les</strong> institutions<br />
internationa<strong>les</strong>, par exemple par la Banque Mondiale (Willets, 1996, p.91).<br />
5. La contribution <strong>de</strong>s blocs régionaux à la gouvernance mondiale sur <strong>de</strong>s sujets globaux<br />
Le niveau régional ne dégra<strong>de</strong> donc pas nécessairement la gouvernance globale ; il est<br />
parfois plus efficace et plus légitime pour créer un bien qui sans cela n’existerait pas. En<br />
d’autres termes, et pour paraphraser la distinction classique <strong>de</strong> l’échange international, l’effet<br />
<strong>de</strong> « création <strong>de</strong> biens publics » <strong>de</strong> la gouvernance régionale peut l’emporter sur « l’effet <strong>de</strong><br />
détournement <strong>de</strong> biens publics » (Siroën, 2000). Cela est d’autant plus vrai qu’au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> leur<br />
capacité à traiter <strong>de</strong> sujet largement régionaux, <strong>les</strong> organisations régiona<strong>les</strong> peuvent aussi<br />
avoir <strong>de</strong>s effets favorab<strong>les</strong> sur la gestion <strong>de</strong> certains biens publics globaux, et apporter ainsi<br />
<strong>de</strong>s bénéfices, non seulement à leurs membres, mais également aux autres pays. Cinq effets<br />
ont pu être mis en évi<strong>de</strong>nce :<br />
- le régionalisme éducateur ; <strong>les</strong> <strong>accords</strong> régionaux peuvent ai<strong>de</strong>r l’apprentissage pour<br />
certains pays <strong>de</strong> politiques ou <strong>de</strong> pratiques qui l’ai<strong>de</strong>ront ensuite à participer à la gouvernance<br />
globale. Les <strong>accords</strong> <strong>de</strong> commerce régionaux peuvent, parfois, constituer une expérience utile<br />
pour <strong>les</strong> négociations à l’OMC.<br />
- le régionalisme expérimentateur ; comme <strong>les</strong> <strong>accords</strong> régionaux peuvent aller plus<br />
loin dans certains domaines, ils peuvent servir <strong>de</strong> précurseurs pour <strong>de</strong>s politiques globa<strong>les</strong><br />
176
(effet <strong>de</strong> « démonstration » : Nye, p.viii), en montrant <strong>les</strong> bons exemp<strong>les</strong>, ou, à l’inverse, ceux<br />
qui doivent être évités (rôle <strong>de</strong> l’ALENA dans la contestation <strong>de</strong> l’AMI).<br />
- la région - instrument du global : La pression <strong>de</strong>s pairs au niveau régional est<br />
reconnue comme un moyen efficace <strong>de</strong> faire respecter certaines politiques, y compris quand<br />
cel<strong>les</strong>-ci sont définies au niveau mondial (cf. par exemple FMI, 2001 dans le domaine<br />
financier).<br />
- <strong>les</strong> vertus <strong>de</strong> la concurrence entre régional et global : tout monopole, même une<br />
organisation internationale, peut tendre à être moins efficace par manque d’émulation. La<br />
concurrence d’organisations régiona<strong>les</strong> peut dès lors jouer un rôle positif. Un tel argument est<br />
avancé par Wyplosz (2000) pour justifier la création <strong>de</strong> Fonds Monétaires Régionaux. Le<br />
régionalisme commercial aurait été pour sa part lors <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rniers cyc<strong>les</strong> un possible facteur<br />
d’avancement <strong>de</strong>s négociations au GATT (Banque Mondiale, 2000, p.102).<br />
- la circonscription électorale : il est extrêmement difficile <strong>de</strong> négocier dans <strong>de</strong>s<br />
enceintes mondia<strong>les</strong> qui comportent <strong>de</strong> 140 à 180 membres ; la participation <strong>de</strong> tous <strong>les</strong> pays,<br />
dans ce contexte, est souvent illusoire. Le regroupement d’économies au sein d’ensemb<strong>les</strong><br />
régionaux <strong>libre</strong>ment constitués peut alors rendre <strong>les</strong> enceintes internationa<strong>les</strong> plus efficaces<br />
(en réduisant la complexité <strong>de</strong> la négociation globale et en partageant <strong>les</strong> coûts d’une<br />
représentation, lour<strong>de</strong> à assumer pour <strong>les</strong> petits Etats) et plus légitimes (en garantissant un<br />
mécanisme <strong>de</strong> représentation transparent <strong>de</strong>s intérêts <strong>de</strong> tous <strong>les</strong> pays, même <strong>les</strong> plus<br />
mo<strong>de</strong>stes). L’UE est ainsi une « circonscription » unique au sein <strong>de</strong> l’OMC . Mais l’exemple<br />
le plus net est celui du FMI et <strong>de</strong> la Banque Mondiale, où 19 <strong>de</strong>s 24 administrateurs sont élus<br />
tous <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux ans par <strong>de</strong>s ensemb<strong>les</strong> <strong>de</strong> pays, aux contours parfois régionaux, en fonction <strong>de</strong><br />
leurs quotes-parts 119 .<br />
6. Les conditions d’un renforcement mutuel<br />
Si <strong>les</strong> organisations régiona<strong>les</strong> sont nombreuses, el<strong>les</strong> connaissent <strong>de</strong>s fortunes<br />
diverses. Parmi leurs conditions <strong>de</strong> succès, figurent leur capacité à mettre en œuvre une<br />
intégration profon<strong>de</strong>, ainsi qu’une bonne articulation <strong>avec</strong> l’édifice <strong>de</strong> la gouvernance<br />
mondiale (Banque Mondiale, 2000), permettant d’exploiter <strong>les</strong> avantages comparatifs qui<br />
viennent d’être décrits. Les <strong>accords</strong> <strong>de</strong> commerce régionaux entre pays en développement <strong>de</strong>s<br />
années 1960-1970, conçus à l’inverse comme alternative à la libéralisation multilatérale, ont<br />
ainsi échoué (Siroën, 2000). L’affirmation d’une compatibilité <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux niveaux <strong>de</strong><br />
gouvernance (« le régionalisme ouvert ») n’est toutefois pas suffisant. Une bonne articulation<br />
nécessite un cadre. Deux exemp<strong>les</strong> célèbres, la charte <strong>de</strong> l’ONU et le GATT, peuvent servir à<br />
illustrer là encore la généralité <strong>de</strong>s règ<strong>les</strong> nécessaires au renforcement mutuel du régionalisme<br />
et du multilatéralisme 120 . Cinq conditions peuvent être, à ce titre, énoncées.<br />
- L’organisation mondiale doit respecter le principe <strong>de</strong> subsidiarité : avoir <strong>de</strong>s<br />
démembrements régionaux ou ne pas empêcher le niveau régional <strong>de</strong> se constituer <strong>de</strong> façon<br />
autonome, en reconnaissant explicitement ce droit dans <strong>les</strong> textes (cf. article 52.1 charte <strong>de</strong><br />
119 Trois pays sont seuls dans leur circonscription (Russie, Arabie Saoudite et Chine) à côté <strong>de</strong>s cinq membres <strong>de</strong> droit. Les<br />
autres membres se regroupent souvent selon <strong>de</strong>s affinités linguistiques ou régiona<strong>les</strong>, à l’exception notable <strong>de</strong>s pays<br />
européens.<br />
120 La logique <strong>de</strong>s coopérations renforcées, avalisée au traité <strong>de</strong> Nice, qui institue en quelque sorte un niveau infra-régional,<br />
tout en l’assortissant <strong>de</strong> règ<strong>les</strong> (nombre <strong>de</strong> membres requis, information, examen <strong>avec</strong> vote à la majorité qualifiée, exclusion<br />
<strong>de</strong> domaines) constitue un autre exemple.<br />
177
l’ONU ; article XXIV du GATT). On peut s’interroger, à cet égard, sur le refus opposé en<br />
1997 (par <strong>les</strong> Etats-Unis, la Chine et le FMI lui-même) à la création d’un Fonds Monétaire<br />
Asiatique, même si, <strong>de</strong>puis, le FMI a soutenu la signature d’<strong>accords</strong> <strong>de</strong> swap entre pays <strong>de</strong> la<br />
région.<br />
- L’organisation mondiale doit toutefois encadrer <strong>les</strong> organisations régiona<strong>les</strong> par<br />
<strong>de</strong>s règ<strong>les</strong>. Celle-ci doit exiger, en premier lieu, une information systématique : <strong>les</strong><br />
initiatives régiona<strong>les</strong> doivent être connues <strong>de</strong>s organisations internationa<strong>les</strong> et <strong>de</strong> tous leurs<br />
membres, en toute transparence (cf. art. 54 <strong>de</strong> la charte <strong>de</strong> l’ONU ; GATT, art. XXIV.7.a). En<br />
second lieu, ces règ<strong>les</strong> doivent s’efforcer <strong>de</strong> minimiser <strong>les</strong> risques <strong>de</strong>s clubs régionaux -<br />
effets défavorab<strong>les</strong> sur <strong>les</strong> tiers et la gouvernance globale notamment – en préservant leurs<br />
atouts.<br />
Cet équi<strong>libre</strong> est difficile et a laissé place, en pratique, à une division du travail<br />
hésitante. La charte <strong>de</strong> l’ONU exclut que <strong>de</strong>s organisations régiona<strong>les</strong> puissent mener d’el<strong>les</strong>mêmes<br />
<strong>de</strong>s actions coercitives offensives, tout en leur laissant une gran<strong>de</strong> capacité <strong>de</strong> mener<br />
<strong>de</strong>s actions collectives <strong>de</strong> défense (combinaison contradictoire entre article 51 et 53 121 ). En<br />
revanche, en ce qui concerne <strong>les</strong> actions <strong>de</strong> conciliation, l’ambiguïté entre <strong>les</strong> artic<strong>les</strong> 52.2,<br />
52.4, 34 et 35 penche plutôt du côté <strong>de</strong> la subordination aux Nations Unies <strong>de</strong>s organisations<br />
régiona<strong>les</strong>, en laissant à ces <strong>de</strong>rnières peu <strong>de</strong> marge <strong>de</strong> manœuvre pour régler pacifiquement<br />
<strong>de</strong>s conflits par el<strong>les</strong>-mêmes. La défense contre <strong>les</strong> agressions extérieures était, en effet, la<br />
principale préoccupation <strong>de</strong>s Etats américains (Clau<strong>de</strong>,1968, p.13).<br />
De son côté, l’article XXIV du GATT (tout comme l’article V du GATS pour <strong>les</strong><br />
services) encadre <strong>les</strong> unions douanières et <strong>les</strong> <strong>zones</strong> <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange en prévoyant que cel<strong>les</strong>ci<br />
doivent lever <strong>les</strong> obstac<strong>les</strong> au commerce entre <strong>les</strong> membres pour « l’essentiel <strong>de</strong>s<br />
échanges », être mises en place dans un « délai raisonnable », et ne pas constituer <strong>de</strong> barrières<br />
« plus élevées » à l’égard <strong>de</strong>s pays tiers. Un mémorandum a interprété cet article lors <strong>de</strong><br />
l’Uruguay Round, en précisant notamment le délai (10 ans maximum sauf exception), le<br />
recours à l’Organe <strong>de</strong> Règlement <strong>de</strong>s Différends, et <strong>les</strong> règ<strong>les</strong> <strong>de</strong> calculs <strong>de</strong>s compensations<br />
applicab<strong>les</strong> en cas <strong>de</strong> relèvement d’un droit au-<strong>de</strong>là du niveau consolidé. Néanmoins, l’article<br />
XXIV ne permet pas d’éliminer tous <strong>les</strong> effets négatifs possib<strong>les</strong> sur <strong>les</strong> pays tiers (la<br />
neutralisation <strong>de</strong>s détournements d’échange supposerait <strong>de</strong> baisser en partie <strong>les</strong> barrières à<br />
leur égard) et <strong>de</strong>meure vague quant à la part <strong>de</strong>s échanges <strong>de</strong>vant être couverts. De plus, la<br />
clause d’habilitation (1979) exempte <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> l’article <strong>les</strong> <strong>accords</strong> constitués <strong>de</strong> pays<br />
en développement: ils peuvent ne pas notifier <strong>les</strong> <strong>accords</strong> 122 , souscrire <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> sectoriels,<br />
ne baisser que partiellement <strong>les</strong> barrières internes (cas <strong>de</strong> l’ASEAN initialement). Il a donc été<br />
suggéré à <strong>de</strong> multip<strong>les</strong> reprises <strong>de</strong> préciser ces règ<strong>les</strong>. La Banque Mondiale (2000) propose<br />
ainsi <strong>de</strong> fixer la part <strong>de</strong>s échanges nécessairement couverts par l’accord (au moins 95% après<br />
10 ans, et 98% après 15 ans), d’exiger la suppression <strong>de</strong>s procédures antidumping entre<br />
membres d’un accord régional, et <strong>de</strong> faire entrer <strong>les</strong> pays en développement dans le droit<br />
commun, en échange d’une plus gran<strong>de</strong> ouverture <strong>de</strong>s marchés <strong>de</strong>s pays développés.<br />
- Une fois <strong>les</strong> règ<strong>les</strong> définies, l’organisation mondiale doit ensuite <strong>les</strong> mettre en<br />
œuvre. Il est notoire, par exemple, que l’article XXIV du GATT n’a pas été convenablement<br />
respecté : sur <strong>les</strong> 69 <strong>accords</strong> notifiés au GATT jusqu’en 1994, 6 ont été reconnus conformes,<br />
tandis que l’examen <strong>de</strong>s autres est resté inachevé. L’avènement <strong>de</strong> l’OMC n’a pas permis <strong>de</strong><br />
progresser dans ce domaine : le comité <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> régionaux, mis sur pied en son sein en<br />
121 L’intervention <strong>de</strong> l’OTAN au Kosovo, <strong>de</strong> par son caractère offensif, enfreignait l’article 53.<br />
122 l’OMC (1999) dénombrait mi-1998 220 <strong>accords</strong> <strong>de</strong> commerce régionaux, dont un tiers qui ne lui avaient pas été notifiés.<br />
178
1996, n’avait pas achevé fin 2000 un seul <strong>de</strong>s 86 examens d’<strong>accords</strong> en cours (OMC, 2000). Il<br />
faut reconnaître que <strong>de</strong>puis le Traité <strong>de</strong> Rome, qui n’était sans doute pas conforme au GATT<br />
(Banque Mondiale, 2000, p.109), <strong>les</strong> Etats-Unis et l’Union Européenne n’ont pas exercé <strong>les</strong><br />
pressions nécessaires.<br />
- Les organisations régiona<strong>les</strong> doivent enfin être conciliées <strong>avec</strong> la solidarité<br />
internationale. Cette solidarité existe souvent <strong>de</strong> façon implicite. Les forces d’interposition<br />
mises en place par l’ONU sont souvent régiona<strong>les</strong>, mais <strong>avec</strong> <strong>de</strong>s composantes extérieures en<br />
termes d’hommes et bien sûr <strong>de</strong> financement. L’UE accor<strong>de</strong> <strong>de</strong>s préférences commercia<strong>les</strong><br />
(SPG) aux pays en développement. Les banques régiona<strong>les</strong> <strong>de</strong> développement ont un<br />
actionnariat ouvert minoritairement (<strong>de</strong> 15 à 35%) aux pays <strong>de</strong>s autres <strong>zones</strong> qui souhaitent<br />
être partie prenantes, ce qui permet aux pays du G7 <strong>de</strong> fournir une part <strong>de</strong>s ressources<br />
nécessaires en échange d’un droit <strong>de</strong> regard. Cook et Sachs (2000) soulignent toutefois que<br />
<strong>les</strong> organisations internationa<strong>les</strong> <strong>de</strong>vraient financer davantage <strong>de</strong> biens publics régionaux et<br />
utiliser <strong>les</strong> organisations régiona<strong>les</strong> comme un canal privilégié <strong>de</strong> l’assistance, à l’image du<br />
plan Marshall. Malgré <strong>les</strong> efforts récents <strong>de</strong>s banques régiona<strong>les</strong> ou <strong>de</strong> la Banque Mondiale<br />
(2001, p. 115-116) en ce sens (projet <strong>de</strong> facilitation régionale du commerce pour le<br />
COMESA, projet <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s affluents <strong>de</strong> la Mer d’Aral, lutte contre l’onchocercose en<br />
Afrique <strong>de</strong> l’Ouest …), <strong>les</strong> biens publics régionaux restent sans doute sous-financés dans <strong>les</strong><br />
pays en développement.<br />
7. Plurilatéralisme, <strong>accords</strong> entre <strong>zones</strong> et géométries variab<strong>les</strong><br />
Par simplicité, il a été supposé jusqu’à présent que <strong>les</strong> niveaux <strong>de</strong> gouvernance,<br />
nationaux, régionaux, et mondial, s’empilaient comme <strong>de</strong>s poupées gigognes, à la façon <strong>de</strong>s<br />
structures administratives <strong>de</strong>s Etats. La réalité est plus complexe :<br />
- Les <strong>accords</strong> entre pays ne sont pas nécessairement régionaux ou mondiaux, mais<br />
peuvent être simplement plurilatéraux (OCDE, groupe <strong>de</strong>s 77…).<br />
- Même dans un espace régional, <strong>les</strong> contours <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> peuvent être différents en<br />
fonction <strong>de</strong>s types <strong>de</strong> biens publics gérés. En Europe, <strong>les</strong> contours <strong>de</strong> l’UE, du Conseil <strong>de</strong><br />
l’Europe, <strong>de</strong> l’UEM ne sont pas i<strong>de</strong>ntiques.<br />
- Au sein d’une même catégorie <strong>de</strong> biens publics, <strong>les</strong> mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> représentation<br />
régionaux peuvent ne pas être coordonnés : la représentation au conseil d’administration <strong>de</strong> la<br />
Banque Mondiale n’a que peu à voir <strong>avec</strong> <strong>les</strong> circonscriptions <strong>de</strong>s banques <strong>de</strong> développement<br />
par exemple ; <strong>de</strong>ux banques <strong>de</strong> développement, la BERD et la BAD sont compétentes<br />
simultanément sur l’Asie centrale.<br />
- Surtout, <strong>les</strong> Etats multiplient <strong>les</strong> <strong>accords</strong> régionaux au lieu <strong>de</strong> s’i<strong>de</strong>ntifier<br />
principalement à une seule entité. Un pays comme le Chili a signé 11 <strong>accords</strong> <strong>de</strong> commerce<br />
régionaux (Banque Mondiale, 2000, p.71). Et l’ambiguïté du mot région 123 permet que, sous<br />
couvert <strong>de</strong>s règ<strong>les</strong> applicab<strong>les</strong> aux <strong>accords</strong> régionaux, s’établissent en fait <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> entre<br />
régions ou entre pays appartenant à différentes régions.<br />
Cette polygamie doublée <strong>de</strong> polysémie entraîne <strong>de</strong>ux grands types <strong>de</strong> réactions.<br />
123 La charte <strong>de</strong> l’ONU emploie le mot région sans le définir, <strong>les</strong> âpres discussion <strong>de</strong> la Conférence <strong>de</strong> San Francisco n’ayant<br />
pu s’entendre sur son sens (Nye, 1968,p.vi). Le GATT ne fait pas référence au concept <strong>de</strong> région dans son article XXIV ;<br />
mais le « comité <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> régionaux » <strong>de</strong> l’OMC traite bien d’<strong>accords</strong> pour <strong>les</strong>quels le mot « régional » perd <strong>de</strong> plus en<br />
plus son sens (cf. commentaires <strong>de</strong> la délégation <strong>de</strong> Hong Kong, OMC, 2000).<br />
179
Pour <strong>les</strong> uns, qui considèrent le <strong>libre</strong>-échange 124 comme un bien public, prioritaire <strong>de</strong><br />
surcroît, un système d’appartenance à la carte correspond fondamentalement au choix <strong>de</strong>s<br />
Etats, d’être représentés tantôt dans une enceinte, tantôt dans une autre. La multiplication <strong>de</strong>s<br />
liens en tout sens diminue <strong>les</strong> aspects pervers du système régional. Bergsten (2001) plai<strong>de</strong><br />
ainsi pour une stratégie américaine d’<strong>accords</strong> régionaux tous azimuths (cross-regional free<br />
tra<strong>de</strong> agreements). Les « tâches <strong>de</strong> léopard » en se réduisant pourraient <strong>de</strong> la sorte conduire à<br />
l’ouverture multilatérale (thèse <strong>de</strong> Leon Brittan). L’enjeu ( Banque Mondiale, 2000, p.117)<br />
est alors surtout <strong>de</strong> faire en sorte que <strong>les</strong> <strong>accords</strong> régionaux soient « ouverts » (abaissement<br />
<strong>de</strong>s barrières externes, droit présomptif à l’association <strong>de</strong> nouveaux membres) pour qu’ils<br />
puissent se fondre <strong>les</strong> uns dans <strong>les</strong> autres.<br />
Pour d’autres, le régionalisme dérive ainsi dangereusement vers un entrelacs <strong>de</strong><br />
« spaghettis » (expression <strong>de</strong> Bhagwati) qui renforce <strong>les</strong> effets pervers <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> régionaux,<br />
en favorisant <strong>les</strong> pays <strong>les</strong> plus puissants qui se situent au centre <strong>de</strong> réseaux d’<strong>accords</strong><br />
(« hubs »). Les <strong>accords</strong> à la carte, multip<strong>les</strong> et entre régions dénaturent <strong>les</strong> organisations<br />
régiona<strong>les</strong>, en empêchant notamment d’approfondir <strong>les</strong> relations entre ses membres et <strong>de</strong><br />
gérer <strong>de</strong>s préférences collectives. La confusion <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> (Fawcett et Hurrell, 1995, p. 317 ;<br />
Banque Mondiale, 2000, p.72) nuit enfin à leur efficacité (complexité accrue <strong>de</strong> leur<br />
coordination ; incertitu<strong>de</strong> ne permettant pas <strong>de</strong> dynamiser <strong>les</strong> investissements) et à leur<br />
légitimité (absence <strong>de</strong> visibilité). On peut, à cet égard, s’interroger sur l’évolution qu’aurait<br />
connu la Communauté Economique Européenne si, ses pays fondateurs, avaient signé, en<br />
même temps que le Traité <strong>de</strong> Rome, un accord <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange <strong>avec</strong> <strong>les</strong> Etats-Unis.<br />
Sans faire rentrer <strong>les</strong> <strong>accords</strong> dans un cadre qui serait strictement pyramidal, <strong>les</strong><br />
partisans <strong>de</strong> ce second point <strong>de</strong> vue cherchent donc à <strong>les</strong> canaliser et à mettre <strong>de</strong> l’ordre :<br />
- dans <strong>les</strong> domaines couverts. Dans le contexte européen, Jean Pisani-Ferry (1995)<br />
avait par exemple proposé <strong>de</strong> définir <strong>de</strong>s « blocs <strong>de</strong> compétences » qui lieraient <strong>de</strong>s domaines<br />
cohérents (union douanière et coordination <strong>de</strong> transport ; marché unique et coordination<br />
monétaire ; union monétaire et harmonisation <strong>de</strong> la fiscalité <strong>de</strong>s revenus du capital…) comme<br />
préalable à une stratégie <strong>de</strong> construction européenne à géométrie variable ;<br />
- dans <strong>les</strong> contours <strong>de</strong>s régions : il s’agirait soit <strong>de</strong> définir plus précisément le concept<br />
<strong>de</strong> « région » dans <strong>les</strong> enceintes internationa<strong>les</strong> pour exclure <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> entre <strong>de</strong>s <strong>zones</strong><br />
éloignées (Nye, 1968, p.v) ; soit d’inciter <strong>les</strong> acteurs à regrouper certains <strong>de</strong> leurs <strong>accords</strong><br />
régionaux 125 ; soit enfin <strong>de</strong> faire en sorte qu’un seul mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> représentation régional s’impose<br />
peu à peu comme représentatif et légitime. On retrouve, dans ce <strong>de</strong>rnier cas, <strong>les</strong> propositions<br />
d’instauration d’une chaise unique <strong>de</strong> l’UE au sein <strong>de</strong>s institutions <strong>de</strong> Bretton Woods, qui<br />
renforcerait l’échelon <strong>de</strong> l’UE dans ces instances ; ou le projet <strong>de</strong> Michel Cam<strong>de</strong>ssus (2000)<br />
<strong>de</strong> créer un G24, une instance politique qui regrouperait <strong>les</strong> pays siégeant déjà au conseil du<br />
FMI et <strong>de</strong> la Banque Mondiale, et qui, à ce titre représentent « pour l’ensemble <strong>de</strong>s problèmes<br />
économiques, l’ensemble du mon<strong>de</strong> ». Rien ne dit cependant que <strong>les</strong> mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> représentation<br />
adoptés pour une question précise (représentation au FMI et à la Banque Mondiale à un<br />
niveau administratif) soient retenus par <strong>les</strong> Etats pour <strong>de</strong>s questions plus larges, ou même que<br />
ceux-ci puissent se reconnaître dans un seul représentant régional pour <strong>de</strong>s sujets très<br />
différents.<br />
124 Et non le cadre propice aux échanges<br />
125 Etablir une zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange pan-européenne, à côté <strong>de</strong> celle <strong>de</strong>s Amériques pour Sapir (2000).<br />
180
Conclusion<br />
L’attention quasi-exclusive portée récemment à la gouvernance globale – faut-il y voir<br />
une réticence toute française à l’égard <strong>de</strong> la subsidiarité ou l’influence ce ceux qui auraient<br />
intérêt à porter le débat <strong>de</strong> la mondialisation au niveau le plus désincarné ?- fait courir le<br />
risque d’occulter <strong>les</strong> enjeux régionaux. Or bien <strong>de</strong>s efforts <strong>de</strong> gouvernance peuvent s’avérer<br />
vains s’ils ne sont pas déployés au niveau approprié. Née d’une guerre régionale qui avait<br />
dégénéré en conflit mondial, l’Organisation <strong>de</strong>s Nations Unies avait su poser <strong>les</strong> bases d’une<br />
complémentarité <strong>de</strong> son action <strong>avec</strong> celle <strong>de</strong>s organisations régiona<strong>les</strong>. Au moment où <strong>de</strong>s<br />
voix s’élèvent pour la réformer, la dimension institutionnelle régionale ne doit surtout pas être<br />
oubliée.<br />
La gouvernance régionale ne peut tout résoudre. Mais dans <strong>les</strong> faits, elle progresse, car<br />
elle est considérée dans différentes parties du mon<strong>de</strong> comme le niveau le plus pertinent<br />
(Lamy, 2000). Il faut alors accepter la diversité <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gouvernance, voire encourager<br />
le développement <strong>de</strong>s organisations régiona<strong>les</strong>, pourvu que cel<strong>les</strong>-ci soient astreintes à <strong>de</strong>s<br />
règ<strong>les</strong>, et que cel<strong>les</strong>-ci soit appliquées <strong>de</strong> façon à concentrer leur action sur <strong>les</strong> biens publics<br />
internationaux qu’el<strong>les</strong> peuvent le mieux fournir.<br />
L’Union Européenne, <strong>avec</strong> son intégration profon<strong>de</strong> <strong>de</strong> diverses politiques, est sans<br />
doute la partie du mon<strong>de</strong> qui est allée le plus loin en termes <strong>de</strong> création d’un échelon <strong>de</strong><br />
gouvernance régionale, même si celui-ci <strong>de</strong>meure incomplet et à géométrie variable. Ne<br />
serait-ce que du fait <strong>de</strong> son expérience, elle gagnerait sans doute à éviter qu’un tel mo<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
gouvernance soit défiguré par <strong>de</strong>s règ<strong>les</strong> insuffisamment rigoureuses, et gagnerait aussi peutêtre<br />
à sa généralisation. Elle <strong>de</strong>vrait, par exemple, dans le domaine commercial, soutenir la<br />
réalisation d’<strong>accords</strong> commerciaux profonds dans d’autres parties du mon<strong>de</strong>, et dans le même<br />
temps, veiller à renforcer <strong>les</strong> critères et l’application <strong>de</strong> l’article XXIV du GATT.<br />
Il faut toutefois se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r si la politique d’<strong>accords</strong> européens <strong>avec</strong> <strong>de</strong>s pays<br />
lointains (UE-Mexique, UE-Afrique du Sud) ou <strong>avec</strong> <strong>de</strong>s <strong>zones</strong> éloignées (projet UE-<br />
Mercosur, <strong>accords</strong> <strong>de</strong> Cotonou), <strong>accords</strong> qui sont difficilement « profonds », renforce<br />
véritablement l’intégration régionale dans le mon<strong>de</strong>, la règle globale (l’article XXIV) ou<br />
même l’image internationale <strong>de</strong> l’Union 126 . L’hésitation entre « intégration profon<strong>de</strong> » et<br />
« intégration <strong>de</strong> surface » souvent dénotée au sein <strong>de</strong> l’UE a son symétrique, pour la politique<br />
extérieure <strong>de</strong> l’Union, dans le dilemme entre un régionalisme polygame et ouvert et une<br />
structuration régionale plus cohérente <strong>de</strong> la gouvernance mondiale.<br />
126 Sapir (1999) relève la confusion fréquente qui est faite entre l’intégration européenne et la politique d’<strong>accords</strong> <strong>de</strong><br />
commerce régionaux <strong>de</strong> l’Union, alors que seule la secon<strong>de</strong> est en général critiquée par <strong>les</strong> économistes. On notera, dans le<br />
même registre, que le récent accord <strong>de</strong> « <strong>libre</strong>-échange » entre <strong>les</strong> Etats-Unis et la Jordanie couvre davantage <strong>de</strong> disciplines<br />
(environnement, services..) que <strong>les</strong> <strong>accords</strong> dits <strong>de</strong> partenariat signés entre l’UE et plusieurs pays méditerranéens.<br />
181
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283<br />
183
L'ouverture européenne aux <strong>zones</strong> émergentes :<br />
quel impact sur la cohésion économique et sociale intra-communautaire ?<br />
Bernard Yvars<br />
Maître <strong>de</strong> Conférences en Sciences Economiques<br />
Université Montesquieu-Bor<strong>de</strong>aux IV<br />
Les récents <strong>accords</strong> <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange <strong>de</strong> l'Union concernent <strong>de</strong>s <strong>zones</strong> en développement<br />
(pays latino-américains, pays méditerranéens, pays <strong>de</strong> l'Est). La croissance <strong>de</strong>s échanges<br />
commerciaux internationaux et la réallocation <strong>de</strong>s facteurs vont se poursuivre dans <strong>les</strong> prochaines<br />
années. La création <strong>de</strong> <strong>zones</strong> <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange (Zlea, zone européenne <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange euroméditerranéenne,<br />
libéralisation du commerce entre l'Union européenne et le Mercosur, etc)<br />
déterminera probablement cette progression davantage que <strong>les</strong> négociations multilatéra<strong>les</strong> continues<br />
dans le cadre <strong>de</strong> l'OMC. L'Amérique latine, et en particulier le Mercosur, représente un enjeu<br />
commercial que l'Alena et l'Union européenne ont bien perçu. L'ouverture progressive <strong>de</strong>s marchés<br />
latino - américains peut engendrer à la fois une expansion <strong>de</strong>s échanges commerciaux et une<br />
intensification <strong>de</strong>s investissements directs dans la zone en développement. L'Union européenne est<br />
<strong>de</strong>venue au cours <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rnières années le principal partenaire du Mercosur pour <strong>les</strong> échanges<br />
extérieurs et <strong>les</strong> implantations <strong>de</strong> filia<strong>les</strong> étrangères.<br />
Simultanément, d'autres espaces économiques, en particulier ceux inclus dans la zone<br />
d'échanges naturelle <strong>de</strong> la France, vont <strong>de</strong>venir plus attractifs pour le commerce et <strong>les</strong><br />
délocalisations en provenance <strong>de</strong> l'Union européenne. Les <strong>accords</strong> Union européenne - pays<br />
méditerranéens (notamment <strong>avec</strong> la Tunisie et le Maroc) conduisent ces pays à un ajustement<br />
économique par <strong>de</strong>s mécanismes <strong>de</strong> marché résultant d'une ouverture unilatérale (donc asymétrique)<br />
<strong>de</strong> leurs économies à la concurrence communautaire. Ces <strong>accords</strong> impliquent en fait une reprise<br />
partielle <strong>de</strong> l'acquis communautaire, principalement le respect <strong>de</strong> règ<strong>les</strong> établies par le Marché<br />
unique européen (en particulier la normalisation européenne). L'industrie est principalement<br />
concernée puisque <strong>les</strong> <strong>accords</strong> méditerranéens n'affectent pas la libéralisation du commerce<br />
agricole. La construction d'une zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange basée, par exemple, sur <strong>de</strong>s normes<br />
communes (règ<strong>les</strong> <strong>de</strong> concurrence, marchés publics, règ<strong>les</strong> d'origine...) définira une nouvelle<br />
division internationale du travail s'appuyant sur <strong>de</strong>s investissements directs étrangers. Ceux-ci<br />
pourraient concerner peut-être davantage dans un premier temps <strong>les</strong> segments productifs <strong>de</strong> faible et<br />
moyenne valeur ajoutée où <strong>les</strong> gains <strong>de</strong> productivité pourraient être élevés. De ce point <strong>de</strong> vue, <strong>les</strong><br />
partenaires privilégiés <strong>de</strong>s pays méditerranéens seraient <strong>de</strong>s entrepreneurs <strong>de</strong> l'actuelle Europe<br />
latine qui détiennent <strong>de</strong> nombreux avantages comparatifs dans ces types d'activités. Sans appartenir<br />
à la zone d'échanges naturelle <strong>de</strong> la France, <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'Est en transition vers l'adhésion à l'Union<br />
européenne sont d'ores et déjà une composante <strong>de</strong> la division verticale du travail intracommunautaire.<br />
L'évolution <strong>de</strong>s échanges et <strong>de</strong>s investissements directs le montre sans ambiguïté<br />
entre l'Union et cette zone en développement : après la désintégration du CAEM, <strong>les</strong> flux<br />
d'échanges et d'IDE se sont accrus progressivement <strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'Union européenne<br />
(importance inégale selon <strong>les</strong> Etats membres). L'adoption <strong>de</strong> l'acquis communautaire est ici<br />
184
soutenue par <strong>les</strong> fonds structurels et l'Instrument structurel <strong>de</strong> pré - adhésion (Ispa). Cela conduira à<br />
l'émergence d'une nouvelle concurrence pour <strong>les</strong> régions <strong>de</strong> l'actuelle Union.<br />
Dans un tel contexte, il est important d'anticiper <strong>les</strong> effets sur l'économie française d'une<br />
ouverture progressive et la plus large possible à l'échange international. Nous tenterons dans cette<br />
communication d'apporter quelques arguments à la thèse suivante : l'économie française n'a pas<br />
globalement <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> crainte à éprouver <strong>de</strong> l'ouverture européenne aux pays émergents (I). Une<br />
concurrence renforcée peut concerner quelques secteurs d'activités, en particulier dans <strong>les</strong> processus<br />
productifs <strong>de</strong> basse et moyenne valeur ajoutée et selon toute vraisemblance, affecter plus<br />
sérieusement <strong>les</strong> régions périphériques communautaires. En revanche, ce sont plutôt <strong>les</strong> effets<br />
d'agglomération <strong>de</strong> l'union monétaire en construction qui pourraient davantage contribuer à<br />
accroître <strong>les</strong> disparités économiques à l'intérieur <strong>de</strong> l'espace national, en conduisant à un nondéveloppement<br />
durable <strong>de</strong>s <strong>zones</strong> périphériques (II). Examinons tout d'abord la position relative <strong>de</strong><br />
l'économie française par rapport aux pays émergents pour mettre en évi<strong>de</strong>nce sa faible vulnérabilité<br />
globale.<br />
1. La position relative <strong>de</strong> l'économie française au sein <strong>de</strong>s pays émergents préférentiels<br />
Nous avons essayé <strong>de</strong> rendre compte <strong>de</strong> cette position en ayant recours à une analyse en<br />
composantes principa<strong>les</strong> et à quelques indicateurs simp<strong>les</strong> permettant une première approche <strong>de</strong> la<br />
capacité concurrentielle à l'exportation <strong>de</strong>s pays <strong>avec</strong> <strong>les</strong>quels la France pratique <strong>de</strong>s relations<br />
préférentiel<strong>les</strong> dans le cadre <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> européens (sol<strong>de</strong> commercial bilatéral et avantage<br />
comparatif révélé).<br />
1.1 Les enseignements d'une approche en composantes principa<strong>les</strong><br />
Pour situer l'économie française par rapport à celle <strong>de</strong>s partenaires préférentiels <strong>de</strong>s <strong>zones</strong><br />
en développement, nous nous sommes appuyés sur une analyse en composantes principa<strong>les</strong>. Pour<br />
<strong>les</strong> 8 pays émergents étudiés et pour la France en 1998, nous avons utilisé <strong>les</strong> neuf variab<strong>les</strong><br />
suivantes :<br />
- l'avantage comparatif sectoriel révélé ;<br />
- le PIB par tête en dollars en PPA ;<br />
- l'évolution <strong>de</strong>s prix à la consommation ;<br />
- l'investissement intérieur brut en pourcentage du PIB en 1999.<br />
- l'évolution <strong>de</strong> l'investissement intérieur brut sur la pério<strong>de</strong> 1990 -1999 ;<br />
- la consommation privée en pourcentage du PIB ;<br />
- <strong>les</strong> exportations <strong>de</strong> biens et services en pourcentage du PIB ;<br />
- le nombre <strong>de</strong> scientifiques et d'ingénieurs (R-D) par millions d'habitants (1987 -<br />
1997) ;<br />
- l'investissement direct étranger en millions <strong>de</strong> dollars en 1999.<br />
L'ensemble <strong>de</strong> ces indicateurs statistiques permet <strong>de</strong> rendre compte à un instant donné <strong>de</strong><br />
façon satisfaisante <strong>de</strong> la situation macro-économique d'un pays ouvert à l'échange international. Il<br />
est possible <strong>de</strong> dégager <strong>de</strong>ux composantes (graphique 1 ci-<strong>de</strong>ssous) qui après interprétation<br />
185
eprésentent en ordonnée, l'importance du marché intérieur (investissement direct étranger inclus) et<br />
en abscisse, la capacité exportatrice sur <strong>les</strong> marchés extérieurs.<br />
Le pourcentage d'information conservé par cette simplification selon <strong>de</strong>ux dimensions est<br />
d'un peu plus <strong>de</strong> 90 % (bonne représentation dans le plan).<br />
En ordonnée, l'examen <strong>de</strong>s indicateurs <strong>les</strong> plus corrélés à la première composante principale<br />
permet <strong>de</strong> définir une capacité plus élevée du marché intérieur pour <strong>de</strong>s contributions plus<br />
importantes <strong>de</strong>s composantes <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> globale (consommation privée et FBCF notamment) et<br />
l'investissement direct étranger. La France et le Brésil s'opposent ainsi au Maroc et à la Tunisie, par<br />
exemple.<br />
Des économies dans une situation intermédiaire apparaissent : Pologne ou Argentine, cette<br />
<strong>de</strong>rnière étant caractérisée par un niveau <strong>de</strong> vie relativement plus élevé, c'est-à-dire une capacité<br />
d'accès à l'acquisition <strong>de</strong> biens durab<strong>les</strong>.<br />
En abscisse, la lecture <strong>de</strong> la capacité exportatrice sur <strong>les</strong> marchés extérieurs tous azimuts<br />
peut être effectuée en recourant aux indicateurs <strong>de</strong> prix à la consommation, <strong>de</strong> commerce extérieur<br />
en pourcentage du PIB, d'avantages comparatifs révélés, bien corrélés à la <strong>de</strong>uxième composante<br />
principale. On est ainsi conduit à distinguer <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> situations :<br />
- le sous-groupe Brésil, France, relativement peu dynamique à l'exportation <strong>avec</strong> <strong>de</strong>s<br />
avantages comparatifs sectoriels peu marqués ;<br />
186
- le sous - groupe <strong>de</strong>s autres pays émergents à capacité concurrentielle sur <strong>les</strong><br />
marchés tiers relativement fragile <strong>avec</strong> toutefois une inflation moins mal maîtrisée, une insuffisance<br />
<strong>de</strong> remontée <strong>de</strong> filière qui <strong>les</strong> cantonne dans <strong>de</strong>s processus productifs <strong>de</strong> faible ou moyenne valeur<br />
ajoutée (industries <strong>de</strong> base ou <strong>de</strong> produits traditionnels). On rencontre <strong>de</strong>s avantages comparatifs<br />
ponctuels forts dans <strong>de</strong>s économies consacrant une part élevée <strong>de</strong> la production à l'exportation.<br />
1.2. Le recours à <strong>de</strong>s indicateurs complémentaires simp<strong>les</strong><br />
L'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s sol<strong>de</strong>s commerciaux bilatéraux <strong>de</strong> la France <strong>avec</strong> <strong>les</strong> 8 pays émergents étudiés<br />
pour une année non atypique (en l'occurrence 1998) montre qu'elle enregistre un sol<strong>de</strong> commercial<br />
déficitaire dans <strong>les</strong> activités du textile et <strong>de</strong> l'agroalimentaire (et <strong>avec</strong> le Brésil pour <strong>les</strong> bois et<br />
papiers). En revanche, elle est excé<strong>de</strong>ntaire pour <strong>les</strong> produits intermédiaires notamment chimiques<br />
et pour <strong>les</strong> productions d'industries mécaniques, excepté l'industrie électronique <strong>avec</strong> la Hongrie.<br />
Ces résultats correspon<strong>de</strong>nt à l'exploitation <strong>de</strong>s avantages comparatifs respectifs.<br />
Graphique 2 -<br />
Valeur <strong>de</strong> l'ACR <strong>de</strong>s industries traditionnel<strong>les</strong> en 1998<br />
60<br />
50<br />
40<br />
30<br />
Valeur <strong>de</strong> l'ACR<br />
20<br />
10<br />
0<br />
France Brésil Argentine Maroc Tunisie Rep Tchèque Hongrie Pologne Roumanie<br />
-10<br />
-20<br />
Source : d'après la base <strong>de</strong> données Chelem<br />
Pays<br />
Bois papiers Textile Agroalimentaire<br />
Il apparaît clairement que la France a peu d'avantages comparatifs en matière d'industries<br />
<strong>de</strong>s bois et papiers et <strong>de</strong>s texti<strong>les</strong> (graphique 2 ci-<strong>de</strong>ssous).<br />
187
Graphique 3 -<br />
Valeur <strong>de</strong> l'ACR <strong>de</strong>s produits intermédiaires en 1998<br />
20<br />
15<br />
10<br />
Valeur <strong>de</strong> l'ACR<br />
5<br />
0<br />
-5<br />
France Brésil Argentine Maroc Tunisie Rep Tchèque Hongrie Pologne Roumanie<br />
-10<br />
-15<br />
-20<br />
Source :d'après la base <strong>de</strong> données Chelem<br />
Pays<br />
Non ferreux Sidérurgique Chimique<br />
Il apparaît un avantage comparatif révélé pour l'industrie française <strong>de</strong> la chimie. Pour <strong>les</strong><br />
industries mécaniques, la France possè<strong>de</strong> une avantage comparatif révélé pour <strong>les</strong> véhicu<strong>les</strong> et <strong>les</strong><br />
industries mécaniques et plus faiblement pour <strong>les</strong> industries électriques. (graphique 3 ci-<strong>de</strong>ssous)<br />
188
Graphique 4 -<br />
Valeur <strong>de</strong> l'ACR <strong>de</strong>s industries mécaniques en 1998<br />
40<br />
30<br />
20<br />
10<br />
Valeur <strong>de</strong> l'ACR<br />
0<br />
France Brésil Argentine Maroc Tunisie Rep Tchèque Hongrie Pologne Roumanie<br />
-10<br />
-20<br />
-30<br />
-40<br />
Source : d'parès la base <strong>de</strong> données Chelem<br />
Pays<br />
Electronique Electrique Véhicu<strong>les</strong> Mécanique<br />
En définitive, ces <strong>accords</strong> <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange <strong>avec</strong> <strong>de</strong>s <strong>zones</strong> en développement définissent <strong>de</strong><br />
nouvel<strong>les</strong> conditions <strong>de</strong> concurrence et d'arbitrage (ces zone étant aussi en concurrence entre el<strong>les</strong>,<br />
par exemple pour l'accueil <strong>de</strong>s investissements directs étrangers). De ce point <strong>de</strong> vue, l'espace<br />
européen est (et sera) affecté différemment par ces <strong>accords</strong>. A priori, <strong>les</strong> adaptations <strong>les</strong> plus<br />
sensib<strong>les</strong> semblent concerner certaines régions (sud européen) et certaines branches <strong>de</strong> l'Union<br />
(avant tout, activités <strong>de</strong> faible et moyenne valeur ajoutée). Les <strong>accords</strong> <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange <strong>avec</strong> <strong>les</strong><br />
<strong>zones</strong> en développement ne sont susceptib<strong>les</strong> que <strong>de</strong> créer <strong>de</strong>s difficultés sectoriel<strong>les</strong> (et régiona<strong>les</strong>)<br />
à l'économie française qui peut en revanche bénéficier d'opportunités d'investissements directs<br />
accrues dans ces territoires. Dans le contexte actuel <strong>de</strong> globalisation, on peut distinguer <strong>de</strong>ux types<br />
<strong>de</strong> restructuration <strong>de</strong>s activités mettant en concurrence, d'une part, <strong>les</strong> <strong>zones</strong> <strong>les</strong> plus développées<br />
pour l'acquisition d'avantages comparatifs dans <strong>les</strong> activités à ren<strong>de</strong>ments croissants et, d'autre part,<br />
<strong>les</strong> <strong>zones</strong> relativement moins développées (européennes ou extra-européennes) pour l'obtention<br />
d'avantages comparatifs dans <strong>les</strong> activités <strong>de</strong> faible ou moyenne valeur ajoutée. La nature <strong>de</strong>s<br />
échanges commerciaux et <strong>de</strong>s investissements directs en est (et sera) nécessairement affectée. A<br />
priori, <strong>les</strong> <strong>zones</strong> développées <strong>de</strong> l'Union européenne (et <strong>de</strong> la France) pourraient tirer un avantage<br />
au niveau <strong>de</strong>s échanges <strong>avec</strong> ces <strong>zones</strong> en développement (exportations <strong>de</strong> produits relativement<br />
élevés dans l'échelle <strong>de</strong>s qualités) et <strong>les</strong> <strong>zones</strong> communautaires en retard <strong>de</strong> développement<br />
pourraient connaître <strong>de</strong>s difficultés <strong>avec</strong> <strong>de</strong>s délocalisations <strong>de</strong> leurs activités <strong>de</strong> faible et moyenne<br />
189
valeur ajoutée. Dans une union monétaire en cours <strong>de</strong> construction, <strong>les</strong> Etats membres ont été<br />
<strong>de</strong>ssaissis <strong>de</strong> toutes <strong>les</strong> prérogatives <strong>de</strong> la politique conjoncturelle. Dans ces conditions, se pose la<br />
question <strong>de</strong> l'ajustement économique face à <strong>de</strong>s chocs <strong>de</strong> compétitivité qui affecteront<br />
sectoriellement <strong>les</strong> régions périphériques <strong>de</strong> l'actuelle Union européenne.<br />
2. Les facteurs d'évolution <strong>de</strong> la politique <strong>de</strong> cohésion économique et sociale<br />
La Communauté européenne a réduit <strong>les</strong> disparités dans <strong>les</strong> phases <strong>de</strong> forte croissance<br />
économique, mais l’effort <strong>de</strong> convergence ne s'est pas poursuivi dans <strong>les</strong> phases <strong>de</strong> croissance<br />
ralentie ou <strong>de</strong> récession. De 1950 à 1990, un processus <strong>de</strong> convergence s'est manifesté puisque <strong>les</strong><br />
régions à revenu initial par habitant plus bas ont connu un taux <strong>de</strong> croissance plus rapi<strong>de</strong> que <strong>les</strong><br />
autres. Même si <strong>de</strong>s divergences nationa<strong>les</strong> ont pu s'accentuer, en particulier entre l'Allemagne et<br />
<strong>les</strong> autres partenaires communautaires, <strong>les</strong> convergences régiona<strong>les</strong> à l'intérieur <strong>de</strong>s Etats membres<br />
se sont poursuivies <strong>de</strong> façon telle que <strong>les</strong> écarts régionaux intra - européens ne se sont pas<br />
globalement accentués. Cependant, le rattrapage <strong>de</strong>s régions pauvres a été très lent puisque l'écart<br />
<strong>de</strong> revenu ne s'est comblé que d'environ 2% par an. La convergence s'est ralentie au début <strong>de</strong>s<br />
années 80 pour s'établir à 1,3 % par an entre 1978 et 1992. Le second et le troisième élargissement<br />
ont accru <strong>les</strong> inégalités spatia<strong>les</strong> puisqu'aucune région <strong>de</strong>s nouveaux Etats adhérents n'atteint la<br />
moyenne européenne du revenu par habitant. Aujourd'hui, le fait majeur est que la convergence se<br />
poursuit entre Etats membres et qu'elle se ralentit entre régions riches et régions pauvres d'un même<br />
pays. Dans <strong>les</strong> pays relativement pauvres, seu<strong>les</strong> <strong>les</strong> régions riches bénéficient d'un processus <strong>de</strong><br />
convergence <strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays européens <strong>les</strong> plus développés. L'évolution économique <strong>de</strong>s régions <strong>de</strong><br />
l'Union européenne montre une convergence réelle vers la moyenne communautaire du Pib par<br />
habitant <strong>de</strong>s régions <strong>les</strong> plus en retard, notamment grâce au soutien <strong>de</strong>s fonds structurels : dans <strong>les</strong><br />
dix régions où il était le plus bas, le Pib par habitant est passé, entre 1986 et 1996, <strong>de</strong> 41% à 50% <strong>de</strong><br />
la moyenne communautaire, et celui <strong>de</strong>s vingt-cinq régions <strong>les</strong> plus défavorisées, <strong>de</strong> 52% à 59%. La<br />
situation <strong>de</strong> l'emploi <strong>de</strong>meure néanmoins moins satisfaisante. Les pays <strong>les</strong> moins prospères ont<br />
renforcé leurs infrastructures <strong>de</strong> communication et <strong>de</strong> télécommunication. Cependant, à l’intérieur<br />
<strong>de</strong> plusieurs Etats, <strong>les</strong> inégalités se creusent, comme en témoignent la persistance d’importantes<br />
<strong>zones</strong> <strong>de</strong> chômage dans certaines régions (en Espagne, en Italie ou dans <strong>les</strong> Dom français) et le<br />
maintien ou le renforcement <strong>de</strong>s disparités régiona<strong>les</strong> dans <strong>les</strong> domaines <strong>de</strong> la recherche, <strong>de</strong><br />
l’innovation ou <strong>de</strong> l’éducation et <strong>de</strong> la formation. Au total, aucune région en retard <strong>de</strong><br />
développement lors <strong>de</strong> la création <strong>de</strong> la Communauté n’occupe aujourd’hui un rang favorable dans<br />
le classement <strong>de</strong>s régions en termes <strong>de</strong> Pib ou <strong>de</strong> taux <strong>de</strong> chômage, ce qui montre <strong>les</strong> limites <strong>de</strong><br />
l’action européenne entreprise <strong>de</strong>puis plusieurs décennies. Cette situation est d'autant plus grave<br />
que la politique <strong>de</strong> la cohésion, outre le plafonnement <strong>de</strong> ses ressources, subit <strong>de</strong>s contraintes<br />
supplémentaires liées à la globalisation <strong>de</strong>s activités. Toutefois, la concurrence <strong>de</strong>s pays émergents<br />
ne constitue qu'une menace <strong>de</strong> portée limitée.<br />
2.1. Les contraintes <strong>de</strong> faible portée pour la politique <strong>de</strong> cohésion économique et sociale<br />
communautaire<br />
190
El<strong>les</strong> sont représentées par <strong>les</strong> coopérations, notamment commercia<strong>les</strong>, <strong>avec</strong> <strong>les</strong> <strong>zones</strong><br />
émergentes <strong>de</strong> la zone d'échanges naturelle <strong>de</strong> l'Union européenne.<br />
2.1.1. Les relations <strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'Est<br />
L'Agenda 2000 indique que l'élargissement aux pays <strong>de</strong> l'Est se traduira pour l'Union<br />
européenne par <strong>de</strong>s coûts supplémentaires importants. L'objectif est l’alignement <strong>de</strong> ces pays sur <strong>les</strong><br />
normes d’infrastructure communautaires. La Commission assurera la coordination et la cohérence<br />
entre <strong>les</strong> mesures relevant <strong>de</strong> l'Ispa et <strong>les</strong> mesures financées par d’autres contributions (budget<br />
général communautaire, Bei, Berd, etc.)<br />
Après une baisse <strong>de</strong> leur poids dans l'activité internationale consécutive à la désagrégation<br />
du CAEM, <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'Est accroissent progressivement leur participation au processus <strong>de</strong><br />
mondialisation <strong>de</strong>s activités. Cependant, leur position aussi bien dans <strong>les</strong> échanges mondiaux que<br />
dans <strong>les</strong> stocks d'investissements directs étrangers <strong>de</strong>meure mo<strong>de</strong>ste. Une partie <strong>de</strong>s échanges entre<br />
l'Union européenne et <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'Est résulte d'<strong>accords</strong> <strong>de</strong> sous-traitance entre <strong>de</strong>s firmes<br />
communautaires et est-européennes. Aujourd'hui, il est important <strong>de</strong> relever l'évolution qualitative<br />
<strong>de</strong>s échanges <strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'Est en particulier :<br />
- la modification <strong>de</strong> leur composition sectorielle : outre <strong>les</strong> produits texti<strong>les</strong>, le<br />
développement <strong>de</strong>s ventes <strong>de</strong> produits mécaniques est à noter <strong>avec</strong> une tendance à l'évolution vers<br />
<strong>de</strong>s produits à contenu technologique plus élevé ;<br />
- une élévation du ratio <strong>de</strong>s valeurs unitaires Exportations/Importations pour <strong>les</strong> échanges<br />
<strong>avec</strong> l'Union européenne ;<br />
- une élévation <strong>de</strong>s coefficients d'échanges intra-branche, notamment <strong>de</strong> produits similaires<br />
différenciés verticalement.<br />
L'insertion <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l'Est dans la division internationale du travail accroît<br />
progressivement la pression concurrentielle sur <strong>les</strong> activités traditionnel<strong>les</strong> ou peu intensives en<br />
recherche - développement <strong>de</strong>s régions <strong>de</strong> l'Ouest européen. Cette compétition peut produire <strong>de</strong>s<br />
effets sensib<strong>les</strong> au niveau régional ou sectoriel, engendrant <strong>de</strong>s besoins accrus en fonds structurels<br />
pour ai<strong>de</strong>r aux restructurations économiques nécessaires. Mais le principal choc <strong>de</strong> l'adhésion<br />
concernera <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'Est en retard <strong>de</strong> développement, <strong>de</strong> la même manière que cela s'est produit<br />
<strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays ibériques lors <strong>de</strong> leur entrée dans la CEE. Les services <strong>de</strong> la Commission ont conduit<br />
une analyse à partir <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux variab<strong>les</strong> : la vulnérabilité <strong>de</strong>s activités et l'accessibilité <strong>de</strong>s régions. La<br />
première est d'autant plus significative que <strong>les</strong> relations commercia<strong>les</strong> entre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux ensemb<strong>les</strong><br />
concernés sont importantes et l'accessibilité <strong>de</strong>s régions, déterminée par l'indicateur d'accessibilité<br />
potentielle <strong>de</strong> Keeble, est d'autant plus gran<strong>de</strong> que <strong>les</strong> coûts <strong>de</strong> transport sont faib<strong>les</strong>.<br />
L'interpénétration <strong>de</strong>s économies va entraîner à court terme toutes choses éga<strong>les</strong> par ailleurs une<br />
concurrence industrielle accrue entre <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'Est et certaines régions <strong>de</strong> l'Union européenne.<br />
Sur <strong>les</strong> 27 régions européennes qui connaissent un niveau d'emploi industriel élevé, 17 sont <strong>de</strong>s<br />
régions qui se caractérisent par un fort <strong>de</strong>gré d'accessibilité ; c'est le cas <strong>de</strong> la région <strong>de</strong> la Ruhr, du<br />
Sud-Ouest <strong>de</strong> l'Allemagne et du Nord-Ouest <strong>de</strong> l'Italie. Définis par une accessibilité modérée, on<br />
trouve ensuite <strong>les</strong> Landër <strong>de</strong> l'ex - Allemagne <strong>de</strong> l'Est et la région Aquitaine. La région <strong>de</strong> Porto<br />
dont le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> vulnérabilité à l'adhésion est élevé apparaît en revanche périphérique et moins<br />
accessible à la concurrence industrielle <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l'Est. Le tissu industriel <strong>de</strong>s autres régions<br />
européennes, fortement accessible ou pas, est modérément ou faiblement affecté par l'élargissement<br />
en raison <strong>de</strong> la nature <strong>de</strong>s activités concernées. En revanche, la concurrence agricole semble <strong>de</strong>voir<br />
191
s'exercer plus fortement sur <strong>les</strong> régions en retard <strong>de</strong> développement (en particulier périphériques) <strong>de</strong><br />
l'actuelle Union européenne.<br />
Encore aujourd'hui, la concurrence <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l'Est, comme l'indique la Commission<br />
européenne, n'a pas <strong>de</strong> traduction sensible dans <strong>les</strong> échanges <strong>avec</strong> l'Union européenne. En<br />
définitive, l'adhésion <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l'Est à l'Union européenne pourrait engendrer :<br />
- une stimulation significative <strong>de</strong> la croissance <strong>de</strong>s pays adhérents et donc <strong>de</strong>s progrès<br />
<strong>de</strong> leur convergence réelle ;<br />
- un transfert <strong>de</strong> fonds <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l'actuelle Union européenne vers <strong>les</strong> pays adhérents<br />
dont l'effet serait déflationniste mais plus ou moins intégralement compensé par l'accroissement<br />
<strong>de</strong>s débouchés dans <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'Est. L'effet sur la croissance <strong>de</strong>s membres actuels <strong>de</strong> l'Union<br />
européenne serait assez faible mais <strong>les</strong> effets régionaux seraient plus sensib<strong>les</strong> en entraînant une<br />
adaptation <strong>de</strong>s règ<strong>les</strong> <strong>de</strong> partage <strong>de</strong>s fonds structurels.<br />
2.1.2. Le partenariat <strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays méditerranéens<br />
Le partenariat entre <strong>les</strong> pays méditerranéens et l'Union européenne rencontre à l'heure<br />
actuelle une faible mobilisation politique <strong>de</strong>s Etats <strong>de</strong> la Communauté. Pourtant, la réalisation à<br />
terme d'une zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange est source <strong>de</strong> chocs économiques, en particulier sur <strong>les</strong> marchés<br />
<strong>de</strong>s produits et <strong>de</strong>s facteurs (travail). L'Europe du Sud (France, Italie, Espagne, Portugal) a intérêt à<br />
faire <strong>de</strong> la zone méditerranéenne une priorité <strong>de</strong> coopération et à affirmer un tel choix auprès <strong>de</strong>s<br />
instances communautaires qui privilégient la préparation <strong>de</strong> la prochaine adhésion <strong>de</strong>s Pays <strong>de</strong> l'Est.<br />
Les pays méditerranéens, en particulier la Tunisie et la Maroc (ce <strong>de</strong>rnier a signé un accord<br />
d'association entré en vigueur le 1er mars 2000), ont avantage à tirer partie <strong>de</strong> cette coopération.<br />
Prenons l'exemple du Maroc. Ce pays peut l'inscrire à terme, au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la réalisation d'une zone <strong>de</strong><br />
<strong>libre</strong>-échange, dans une stratégie d'adhésion à l'Union européenne.<br />
La mise en place <strong>de</strong> la zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange Union européenne - pays méditerranéens se<br />
concrétise par un désarmement protectionniste unilatéral <strong>de</strong>s pays méditerranéens (accord<br />
asymétrique puisque l'Union européenne n'effectue pas <strong>de</strong> nouvel<strong>les</strong> concessions). Un instrument<br />
financier communautaire MEDA prévoit une assistance financière à ces pays pour accompagner un<br />
tel processus mais sa dotation est mo<strong>de</strong>ste et souffre d'ores et déjà d'un saupoudrage <strong>de</strong>s moyens.<br />
Par conséquent, le Maroc sera confronté à un ajustement <strong>de</strong> son économie par <strong>les</strong> mécanismes <strong>de</strong><br />
marché et <strong>les</strong> gains attendus seront principalement réalisés par la conquête <strong>de</strong> nouveaux débouchés.<br />
Les principaux problèmes posés concernent la convergence <strong>de</strong>s systèmes productifs marocains, la<br />
soutenabilité <strong>de</strong>s réformes engagées au regard <strong>de</strong>s grands équi<strong>libre</strong>s macro-économiques et la<br />
question <strong>de</strong>s investissements directs nécessaires pour accompagner ce processus <strong>de</strong> libéralisation,<br />
notamment en provenance <strong>de</strong> l'Union européenne.<br />
L'ouverture au commerce <strong>avec</strong> <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'Union européenne implique pour le Maroc <strong>de</strong><br />
tenir compte d'une partie <strong>de</strong> l'acquis communautaire. En l'occurrence, il s'agit <strong>de</strong> reprendre <strong>les</strong><br />
règ<strong>les</strong> établis par le Marché unique européen. L'objectif est <strong>de</strong> préparer l'économie marocaine à la<br />
normalisation européenne (qui est majoritairement une normalisation internationale) et plus<br />
généralement, aux règ<strong>les</strong> d'une concurrence accrue. L'industrie est essentiellement concernée. Les<br />
<strong>accords</strong> méditerranéens n'affectent pas la libéralisation du commerce agricole. L'agriculture<br />
marocaine (en partie agriculture d'exportation) possè<strong>de</strong> <strong>de</strong>s avantages comparatifs dont la<br />
préférence communautaire, à la suite <strong>de</strong> l'adhésion <strong>de</strong>s pays ibériques, avait empêché la pleine<br />
exploitation. Les <strong>accords</strong> <strong>de</strong> l'OMC dont la finalité est la globalisation <strong>de</strong>s marchés agrico<strong>les</strong><br />
déboucheront sur une concurrence <strong>de</strong> plus en plus forte dans <strong>les</strong> régions méditerranéennes.<br />
L'agriculture marocaine présente <strong>de</strong>s points forts et <strong>de</strong>s points faib<strong>les</strong>. Deux scénarios se <strong>de</strong>ssinent :<br />
192
celui d'une concurrence directe <strong>avec</strong> l'Espagne et <strong>les</strong> régions méridiona<strong>les</strong> <strong>de</strong> la France et <strong>de</strong> l'Italie<br />
et celui d'une complémentarité permise par l'exploitation <strong>de</strong>s potentialités d'une agriculture<br />
labellisée (ou biologique - d'ores et déjà en cours <strong>de</strong> développement-). Les conditions <strong>de</strong><br />
l'intégration d'une normalisation <strong>de</strong> type européen dans <strong>les</strong> processus productifs marocains seront<br />
donc déterminantes.<br />
Le désarmement tarifaire unilatéral va engendrer une pression sur la balance commerciale<br />
du Maroc par élévation <strong>de</strong>s importations industriel<strong>les</strong> d'origine communautaire (biens d'équipement<br />
et intermédiaires) dont le coût se sera abaissé. Ces dispositions créent ipso facto <strong>de</strong>s détournements<br />
d'échange, ce qui a motivé une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> démantèlement généralisé <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s institutions<br />
financières internationa<strong>les</strong> afin d'éviter ces effets pervers. L'ajustement risque fort <strong>de</strong> se faire par la<br />
dépréciation du taux <strong>de</strong> change, étant donné l'accès restreint <strong>de</strong>s pays méditerranéens - et du Maroc<br />
en l'occurrence - aux marchés internationaux <strong>de</strong>s capitaux. Cela est d'autant plus plausible que <strong>les</strong><br />
recettes <strong>de</strong> tourisme et <strong>les</strong> transferts <strong>de</strong>s travailleurs émigrés ne pourront pas compenser<br />
l'accroissement du déficit commercial. Mais l'ajustement du taux <strong>de</strong> change sera limité du fait du<br />
poids du service <strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte extérieure et <strong>de</strong> la position structurellement importatrice nette en<br />
produits alimentaires <strong>de</strong> base <strong>de</strong> la plupart <strong>de</strong>s économies méditerranéennes (Maroc compris). Le<br />
renforcement <strong>de</strong>s liens monétaires entre le Maroc et l'Union européenne pourrait permettre<br />
d'accroître <strong>les</strong> effets positifs <strong>de</strong> la zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange (utilisation <strong>de</strong> l'euro comme monnaie <strong>de</strong><br />
réserve, <strong>de</strong> facturation ou d'emprunt, d'ancrage flexible éventuellement).<br />
Selon l'intensité du choc d'offre (prévu plus fort dans la <strong>de</strong>uxième partie <strong>de</strong> l'accord <strong>de</strong> <strong>libre</strong>échange<br />
parce que correspondant à un désarmement <strong>de</strong> protection plus accentué), <strong>les</strong> agrégats <strong>de</strong><br />
l'économie marocaine auront <strong>de</strong>s évolutions plus ou moins marquées. Les principa<strong>les</strong> variab<strong>les</strong><br />
économiques concernées sont <strong>les</strong> ressources fisca<strong>les</strong> (baisse <strong>de</strong>s recettes douanières), le taux <strong>de</strong><br />
change réel et le taux d'intérêt. L'ouverture commerciale n'est pas suffisante même si elle doit<br />
entraîner un certain nombre <strong>de</strong> bénéfices en termes d'adaptation institutionnelle et d'introduction <strong>de</strong><br />
la concurrence. La construction d'une zone <strong>de</strong> <strong>libre</strong>-échange basée sur <strong>de</strong>s normes communes<br />
(règ<strong>les</strong> <strong>de</strong> concurrence, marchés publics, règ<strong>les</strong> d'origine...) <strong>de</strong>vrait permettre la définition d'une<br />
nouvelle division internationale du travail s'appuyant sur <strong>de</strong>s investissements directs notamment au<br />
Maroc. La soutenabilité <strong>de</strong> l'équi<strong>libre</strong> externe serait accrue en cas d'accélération du rythme d'arrivée<br />
<strong>de</strong> ces investissements. Ils seront d'autant plus favorisés que <strong>de</strong>s efforts seront faits pour réduire <strong>les</strong><br />
coûts <strong>de</strong> transaction <strong>de</strong>s processus productifs marocaines (mo<strong>de</strong>rnisation du système financier,<br />
fiscal...) et bénéficier d'économies d'échelle par un élargissement régional <strong>de</strong>s marchés. Les progrès<br />
<strong>de</strong> l'UMA ne peuvent que permettre la consolidation voire l'amplification <strong>de</strong>s gains précé<strong>de</strong>nts.<br />
Dans un premier temps, <strong>les</strong> investissements directs pourraient concerner <strong>les</strong> segments productifs <strong>de</strong><br />
faible et moyenne valeur ajoutée. De ce point <strong>de</strong> vue, <strong>les</strong> partenaires privilégiés <strong>de</strong>s déci<strong>de</strong>urs<br />
marocains seraient <strong>de</strong>s entrepreneurs <strong>de</strong> l'actuelle Europe latine (notamment la péninsule ibérique)<br />
qui détiennent la plupart <strong>de</strong> leurs avantages comparatifs dans ces types d'activités. L'ouverture ne<br />
doit pas enfermer <strong>les</strong> économies méditerranéennes dans <strong>de</strong>s spécialisations peu porteuses. Le Maroc<br />
ambitionne <strong>de</strong> progresser dans l'échelle <strong>de</strong>s avantages comparatifs par remontée <strong>de</strong> filières et par<br />
<strong>de</strong>s créations d'activités nouvel<strong>les</strong> dans <strong>de</strong>s secteurs à forte <strong>de</strong>man<strong>de</strong> mondiale et comportant <strong>de</strong>s<br />
transferts <strong>de</strong> technologie. Précisons enfin que la défense <strong>de</strong>s activités communautaires<br />
traditionnel<strong>les</strong> est <strong>de</strong> moins en moins assumée par la politique commerciale extérieure commune <strong>de</strong><br />
l'Union européenne.<br />
193
2.2. Les contraintes principa<strong>les</strong> sur la cohésion économique et sociale intracommunautaires<br />
La constitution d'un espace monétaire européen à plusieurs vitesses et l'ouverture accrue <strong>de</strong><br />
l'Union à la coopération internationale soulèvent aujourd'hui <strong>avec</strong> plus d'acuité le problème <strong>de</strong>s<br />
régions en retard <strong>de</strong> développement dans <strong>les</strong> Etats participant à l'Union monétaire. Ces régions ne<br />
seront-el<strong>les</strong> pas lésées par rapport à cel<strong>les</strong> restées en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> cette Union ? Ces nouvel<strong>les</strong><br />
contraintes, principalement liées à l'internationalisation <strong>de</strong>s marchés, sont à l'origine d'une pression<br />
concurrentielle accrue sur l'appareil productif européen, créatrice d'effets <strong>de</strong> divergence<br />
économique. L'effort communautaire <strong>de</strong> cohésion est inévitablement affecté. Les effets <strong>de</strong><br />
l'intégration économique ont été analysés par <strong>de</strong>ux éco<strong>les</strong> : celle <strong>de</strong> la convergence et celle <strong>de</strong> la<br />
divergence. La première s'appuie sur la théorie néo - classique du commerce international et indique<br />
que la <strong>libre</strong> circulation <strong>de</strong>s biens et <strong>de</strong>s facteurs entraînera l'égalisation <strong>de</strong>s ren<strong>de</strong>ments factoriels et<br />
<strong>de</strong>s niveaux <strong>de</strong> vie. L'égalisation <strong>de</strong>s revenus entre <strong>les</strong> régions proviendra <strong>de</strong> la mobilité factorielle,<br />
essentiellement la flexibilité du travail, par l'ajustement du taux <strong>de</strong> salaire ou la mobilité<br />
géographique <strong>de</strong>s travailleurs <strong>de</strong>s activités défavorisées. La secon<strong>de</strong> constate que <strong>de</strong>s problèmes<br />
régionaux peuvent être aggravés par une zone d'intégration régionale dont <strong>les</strong> centres <strong>les</strong> plus<br />
développés risquent d'attirer <strong>les</strong> nouvel<strong>les</strong> activités et d'inciter à la délocalisation <strong>les</strong> entreprises<br />
intéressées par l'exploitation d'économies d'échelle. La théorie <strong>de</strong> la convergence prévalait dans la<br />
Communauté au début <strong>de</strong> l'expérience d'intégration et affirmait que <strong>de</strong>s effets d'entraînement<br />
pouvaient profiter aux régions pauvres parce que le progrès technique rendait <strong>les</strong> industries moins<br />
dépendantes <strong>de</strong>s ressources naturel<strong>les</strong>, <strong>de</strong>s économies externes loca<strong>les</strong> et <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> transport. La<br />
disparition <strong>de</strong>s barrières à l'entrée sur <strong>les</strong> marchés pouvait faire apparaître l'occasion d'économies<br />
d'échelle dans <strong>les</strong> territoires périphériques où <strong>les</strong> coûts variab<strong>les</strong> sont plus faib<strong>les</strong>. Mais la réduction<br />
<strong>de</strong> tels obstac<strong>les</strong> ne s'est pas révélée suffisante pour favoriser <strong>les</strong> régions pauvres, parce qu'il<br />
subsiste toujours <strong>de</strong>s barrières ou <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> transport qui continuent d'avantager le centre.<br />
Aujourd'hui, <strong>les</strong> régions <strong>de</strong> l'Union européenne sont confrontées à plusieurs facteurs <strong>de</strong><br />
divergence dont <strong>les</strong> principaux sont : <strong>les</strong> arbitrages intra-européens et le renforcement <strong>de</strong><br />
métropo<strong>les</strong> d'activités. L'existence <strong>de</strong> ren<strong>de</strong>ments croissants explique l'apparition <strong>de</strong> dynamiques <strong>de</strong><br />
divergence régionale débouchant sur une agglomération <strong>de</strong>s activités économiques. En effet, <strong>les</strong><br />
écarts européens <strong>de</strong> productivité entre régions riches et pauvres conduisent à une captation <strong>de</strong><br />
ressources par <strong>les</strong> <strong>zones</strong> développées <strong>de</strong> l'Union monétaire. L'exploitation d'économies d'échelle<br />
induites par le décloisonnement <strong>de</strong>s marchés conduit <strong>les</strong> entreprises à concentrer leur production.<br />
L'intégration commerciale, en diminuant <strong>les</strong> coûts <strong>de</strong> transaction entre régions, facilite un tel<br />
processus. Au niveau <strong>de</strong> l'Union, l'achèvement du marché intérieur a engendré <strong>de</strong>s effets <strong>de</strong><br />
concentration, notamment dans <strong>les</strong> activités à forte intensité en recherche - développement. D'où la<br />
poursuite <strong>de</strong> la polarisation géographique <strong>de</strong> la production malgré <strong>les</strong> politiques régiona<strong>les</strong> qui<br />
tentent <strong>de</strong> freiner la divergence spatiale. En cas <strong>de</strong> création d'infrastructures favorisant le commerce<br />
inter - régional, la délocalisation dans <strong>les</strong> régions riches peut <strong>de</strong>venir avantageuse. Ainsi la<br />
réduction <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> transport entre le Nord et le Sud <strong>de</strong> l'Italie, facilitée par <strong>de</strong>s actions<br />
d'infrastructures publiques, explique-t-elle en partie le processus <strong>de</strong> désindustrialisation du<br />
Mezzogiorno.<br />
L'Union monétaire peut <strong>de</strong>venir plus spécialisée et plus inégale. Les disparités spatia<strong>les</strong> <strong>de</strong><br />
sa croissance engendrent <strong>de</strong>s écarts <strong>de</strong> niveau <strong>de</strong> vie et <strong>de</strong> protection sociale qui ne peuvent<br />
qu'augmenter <strong>avec</strong> le prochain élargissement aux pays <strong>de</strong> l'Est. L'Union monétaire, excluant tout<br />
ajustement intra-zone par <strong>les</strong> taux <strong>de</strong> change, peut inciter <strong>les</strong> Etats à utiliser <strong>les</strong> disparités socia<strong>les</strong><br />
comme source nouvelle <strong>de</strong> compétitivité dans un contexte <strong>de</strong> concurrence intensifiée par une<br />
croissance économique peu élevée. L'exploitation <strong>de</strong>s différences <strong>de</strong> coûts relatifs <strong>de</strong>s facteurs <strong>de</strong><br />
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production hors <strong>de</strong> l'Union monétaire peut aussi favoriser une division verticale régionale du<br />
travail, aggravant la situation <strong>de</strong>s régions communautaires en retard <strong>de</strong> convergence. Cette<br />
régulation concurrentielle peut créer et accroître une logique du "moins-disant social". Les effets<br />
pervers sont considérab<strong>les</strong>, comme au Royaume-Uni où il est apparu une accentuation du dualisme<br />
social et une perte <strong>de</strong> qualification du travail imputable à une formation insuffisante. Cet exemple<br />
<strong>de</strong> modèle social se répand dans d'autres pays européens où l'on constate une augmentation <strong>de</strong> la<br />
précarité du travail <strong>avec</strong> un développement sensible <strong>de</strong>s contrats à durée déterminée. Dans ces<br />
conditions, il existe un risque <strong>de</strong> désintégration sociale en raison du caractère non supportable <strong>de</strong><br />
l'Union monétaire pour <strong>de</strong>s régions en retard <strong>de</strong> convergence réelle. Le dumping fiscal est moins<br />
pratiqué parce que, <strong>de</strong>puis 1997, <strong>les</strong> Etats membres se sont entendus sur un co<strong>de</strong> <strong>de</strong> bonne conduite<br />
pour éviter ce type <strong>de</strong> concurrence. Il n'empêche que la structure <strong>de</strong> la fiscalité diffère d'un Etat<br />
membre à l'autre, particularité que peuvent exploiter <strong>les</strong> entreprises sans que puisse leur être<br />
reprochée une quelconque concurrence déloyale. L’intégration internationale <strong>de</strong>s activités aboutit à<br />
la métropolisation <strong>de</strong> l’économie mondiale dans la mesure où <strong>de</strong> très gran<strong>de</strong>s vil<strong>les</strong> attirent une part<br />
croissante <strong>de</strong> la production et du pouvoir. L'économie mondiale apparaît ainsi inter - métropolitaine<br />
autant qu'internationale. Alors que <strong>les</strong> réseaux <strong>de</strong> proximité reliant verticalement <strong>les</strong> vil<strong>les</strong> à leur<br />
arrière-pays déclinent souvent, <strong>les</strong> réseaux horizontaux entre gran<strong>de</strong>s métropo<strong>les</strong> se renforcent,<br />
donnant naissance à une économie d’archipel qui, dans certaines sphères d’activités financières ou<br />
technologiques, monopolise littéralement l’activité et <strong>les</strong> échanges. En Europe, <strong>les</strong> inégalités <strong>de</strong><br />
revenu moyen entre régions d'un même Etat s'élèvent <strong>avec</strong> la "métropolisation" <strong>de</strong> l'économie. Or<br />
<strong>les</strong> seuls mécanismes <strong>de</strong> solidarité interterritoriale sont ceux établis par <strong>les</strong> pouvoirs publics, qui<br />
financent dans <strong>les</strong> pays européens <strong>de</strong>s transferts d'environ 10 à 15% du Pib. En France, <strong>les</strong> emplois<br />
publics ou induits par <strong>les</strong> dépenses publiques représentent entre 60% et 80% <strong>de</strong>s emplois dans 22<br />
chefs-lieux <strong>de</strong> départements, c'est-à-dire que plusieurs vil<strong>les</strong> survivent du fait <strong>de</strong>s dépenses<br />
publiques ou <strong>de</strong> flux en découlant. Le risque <strong>de</strong> cette situation est la désintégration territoriale :<br />
dans un premier temps, la métropole se désintéresse <strong>de</strong> l'arrière-pays (marché non privilégié,<br />
moindre utilisation <strong>de</strong> ses ressources) et, dans un second temps, elle peut souhaiter remettre en<br />
cause <strong>les</strong> mécanismes <strong>de</strong> solidarité <strong>avec</strong> l'espace périphérique, en particulier dans <strong>les</strong> pays à<br />
disparités spatia<strong>les</strong> et à niveau élevé <strong>de</strong> prélèvements obligatoires.<br />
Les adaptations récentes <strong>de</strong> la politique <strong>de</strong>s fonds structurels expriment une volonté<br />
implicite <strong>de</strong> soutenir davantage une croissance polarisée et intégrée à une économie d'archipel.<br />
Implicitement, l'Agenda 2000 définit un programme d'actions structurel<strong>les</strong> dont la vocation semble<br />
être le sauvetage <strong>de</strong>s régions à potentialité <strong>de</strong> développement, qu'el<strong>les</strong> appartiennent à l'Union<br />
européenne ou aux pays <strong>de</strong> l'Est candidats à l'adhésion. La <strong>de</strong>rnière réforme <strong>de</strong>s fonds structurels<br />
marque une rupture <strong>avec</strong> <strong>les</strong> politiques antérieures parce qu'elle donne une priorité à un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
croissance polarisée. En réduisant la part <strong>de</strong> la population concernée par <strong>les</strong> dépenses au titre <strong>de</strong>s<br />
objectifs 1 et 2, elle limite un saupoudrage <strong>de</strong>s interventions que la réforme <strong>de</strong>s fonds structurels <strong>de</strong><br />
1988 n'avait pas éliminé : l'effort <strong>de</strong> cohésion se concentre au cours <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> 2000 - 2006.<br />
L'Union européenne poursuit son action traditionnelle d'ai<strong>de</strong> aux <strong>zones</strong> déshéritées et <strong>de</strong><br />
soutien au développement local dans <strong>les</strong> pays du Fonds <strong>de</strong> cohésion. Mais ce sont <strong>les</strong> gran<strong>de</strong>s<br />
agglomérations à orientation économique européenne et internationale qui tirent avantage <strong>de</strong> cette<br />
politique. Ainsi, dans la péninsule ibérique, <strong>les</strong> <strong>zones</strong> urbaines <strong>de</strong> Lisbonne ou <strong>de</strong> Barcelone se<br />
développent-el<strong>les</strong> en bénéficiant <strong>de</strong>s effets directs (ou induits) <strong>de</strong>s actions <strong>de</strong> cohésion<br />
communautaire. De la même façon, <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'Est candidats à l'adhésion, situés à la frontière <strong>de</strong>s<br />
régions développées <strong>de</strong> l'actuelle Union européenne, bénéficient-ils du financement <strong>de</strong> cette<br />
stratégie <strong>de</strong> croissance polarisée (la ville hongroise <strong>de</strong> Budapest se développant au détriment <strong>de</strong> son<br />
environnement géographique). Un tel modèle <strong>de</strong> développement est porteur d'effets <strong>de</strong> stoppage et<br />
risque d'accroître la divergence régionale. F. Perroux écrivait en 1955 : "La croissance n'apparaît<br />
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pas partout à la fois ; elle se manifeste en <strong>de</strong>s points ou pô<strong>les</strong> <strong>de</strong> croissance <strong>avec</strong> <strong>de</strong>s intensités<br />
variab<strong>les</strong> ; elle se diffuse par différents canaux et <strong>avec</strong> <strong>de</strong>s effets terminaux variab<strong>les</strong> pour<br />
l'ensemble <strong>de</strong> l'économie." Le développement économique est déséquilibré et se fait à partir <strong>de</strong>s<br />
pô<strong>les</strong>, suscitant une série d'impulsions économiques qu'il s'agit <strong>de</strong> transformer en un développement<br />
induit ordonné par un aménagement du milieu <strong>de</strong> propagation. Ces pô<strong>les</strong> déclenchent <strong>de</strong>ux<br />
catégories d'effets : <strong>de</strong>s effets <strong>de</strong> stoppage et <strong>de</strong>s effets d'entraînement ; le problème est d'obtenir<br />
que <strong>les</strong> effets d'entraînement soient supérieurs aux effets <strong>de</strong> stoppage.<br />
L'Agenda 2000 tend à imposer dans <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'Est une intervention communautaire<br />
orientant la propagation <strong>de</strong>s effets <strong>de</strong> l'essor vers <strong>les</strong> <strong>zones</strong> déjà développées <strong>de</strong> l'Union européenne.<br />
C'est à cette tâche que sont <strong>de</strong>stinées <strong>les</strong> interventions <strong>de</strong> la Berd et <strong>de</strong> l'Ispa, ce <strong>de</strong>rnier participant<br />
au financement <strong>de</strong> la mo<strong>de</strong>rnisation et <strong>de</strong> l'interconnexion <strong>de</strong>s réseaux <strong>de</strong> transports entre l'Union et<br />
<strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'Est.<br />
Le fonctionnement <strong>de</strong> la zone euro pourrait pénaliser ses régions en retard, en particulier <strong>les</strong><br />
régions périphériques françaises, en leur faisant subir <strong>les</strong> conséquences <strong>de</strong>s effets d'agglomération<br />
ainsi que <strong>les</strong> conséquences <strong>de</strong> la stagnation <strong>de</strong>s moyens <strong>de</strong>s fonds <strong>de</strong> la cohésion économique et<br />
sociale. L'internationalisation <strong>de</strong>s économies et l'adhésion <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l'Est à l'Union européenne<br />
contribuent à renforcer <strong>les</strong> effets d'une croissance polarisée à diffusion davantage internationale que<br />
régionale. Etant donné la rentabilité insuffisante <strong>de</strong> l'investissement dans <strong>les</strong> régions relativement<br />
pauvres, l'Agenda 2000 indique que, au moins pendant sa durée d'application, une politique<br />
privilégiant <strong>les</strong> <strong>zones</strong> à capacité <strong>de</strong> croissance sera en vigueur, octroyant ainsi une priorité moindre<br />
aux régions en difficulté durable <strong>de</strong> développement.<br />
§§§<br />
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