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Ethique et neuroradiologie interventionnelle

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<strong>Ethique</strong> <strong>et</strong> <strong>neuroradiologie</strong> <strong>interventionnelle</strong><br />

Professeur L. PICARD<br />

Ce n'est pas un sacrilège de dire que "chacun a son propre Dieu". C'est dans ce Dieu que chacun va<br />

souvent puiser ses règles de Vie construisant ainsi, peu à peu, une certaine morale personnelle.<br />

Certains suivent c<strong>et</strong>te morale <strong>et</strong> veulent l'imposer aux autres.D'autres s'imposent eux-mêmes des<br />

règles <strong>et</strong> pensent que l'exemple qu'ils donnent suffit. D'autres, enfin, imposent des règles qu'ils ne<br />

suivent pas eux-mêmes <strong>et</strong> c'est, le plus souvent, dans c<strong>et</strong>te dernière catégorie que l'on trouve les<br />

"fanatiques" proches du fascisme. Ce fascisme n'est pas toujours religieux ni politique, il peut, tout<br />

simplement, être intellectuel, ce qui n'en est pas moins dangereux.<br />

Dans c<strong>et</strong>te optique <strong>et</strong> dans ce monde où les opinions sont multiples <strong>et</strong> parfois contradictoires, le<br />

médecin se doit de rechercher la vérité. Or, c<strong>et</strong>te vérité n'est jamais fixe ni intangible. La fantastique<br />

évolution technologique que nous vivons lui impose un paramètre temporel. Néanmoins, il est<br />

probable que certaines attitudes s'avèrent non pas "justes" mais les meilleurs ou les moins mauvaises<br />

à un moment donné. C<strong>et</strong>te "vérité instantanée" n'est pas la même pour tout le monde; souvent fugace,<br />

elle dépend de la vitesse de diffusion des connaissances <strong>et</strong> des preuves que nous avons pu recueillir<br />

à leurs suj<strong>et</strong>s. L'exemple du sida est démonstratif. A quel moment, la communauté Scientifique savaitelle<br />

qu'il fallait utiliser des produits sanguins préalablement chauffés ? <strong>et</strong>, qui peut fixer c<strong>et</strong> instant ?<br />

C<strong>et</strong> exemple montre que l'<strong>Ethique</strong> a des implications médico-légales <strong>et</strong> que la Société court sans<br />

cesse après des "repères" pour protéger ses enfants ou ses citoyens. Tout ceci signifie que l'éthique,<br />

qui a des bases extrêmement profondes <strong>et</strong> souvent très personnelles, comporte de multiples<br />

implications dans la vie professionnelle quotidienne. Pour des raisons de clarté, il paraît intéressant de<br />

tenter de systématiser ces questions en étudiant le parcours du neuroradiologue interventionnel,<br />

depuis sa formation de base jusqu'à la formation continue, en passant naturellement par tous les<br />

problèmes d'exercice.<br />

<strong>Ethique</strong> de la Formation initiale<br />

Il est évident que si l'on veut exercer correctement la <strong>neuroradiologie</strong> <strong>interventionnelle</strong>, il<br />

convient de suivre une bonne formation initiale. Actuellement, la recherche de c<strong>et</strong>te formation est<br />

difficile car il n'y a ni règle officielle, ni réelles références. C'est donc au gré des influences, en fonction<br />

de l'aura de tel ou tel chef d'école ou de telle équipe que les futurs neuroradiologues interventionnels<br />

vont essayer de se former, durant un temps plus au moins long. C'est de la qualité de c<strong>et</strong>te formation<br />

initiale <strong>et</strong> principalement de sa rigueur, que dépend bien souvent la qualité de l'exercice ultérieur. Il est<br />

intéressant de remarquer que c'est, en fait, plus en fonction d'une "conscience professionnelle"<br />

personnelle que chacun décidera de son cursus, dont la durée pourra varier de quelques semaines...<br />

à plusieurs années !<br />

C'est actuellement le devoir des Instances Universitaires, des Sociétés Nationales <strong>et</strong><br />

Internationales, des Fédérations Mondiales de définir des règles de formation qui pourraient<br />

servir de repères à ceux qui veulent s'engager dans c<strong>et</strong>te voie. Ce n'est qu'à ce prix que l'on<br />

pourra éviter l'expérimentation de "l'auto-didacticien", dont les victimes sont les premiers<br />

patients du spécialiste nouvellement... autoproclamé !<br />

Inversement, l'équipe qui accepte de former de jeunes collaborateurs doit prendre les moyens<br />

nécessaires pour assurer c<strong>et</strong>te formation avec le maximum de qualité <strong>et</strong> d'efficacité. Dans la situation<br />

actuelle, elle doit aussi assumer le contrôle de la formation obtenue. Ce contrôle devrait alors être<br />

attesté, non seulement par un certificat de stage confirmé par un carn<strong>et</strong> de stage mais, aussi par un<br />

véritable diplôme.<br />

L'<strong>Ethique</strong> la plus élémentaire impose une dissociation totale entre les structures de formation <strong>et</strong> les<br />

entreprises commerciales. Même si les entreprises sont obligées de gérer leur éventuelle<br />

responsabilité "médico-légale", la formation ne peut, ni ne doit, être centrée sur un matériel ou sur un<br />

appareillage. La mise en main d'une technique ne peut constituer qu'un "accessoire" d'une formation<br />

dont l'ossature ne peut être que clinique <strong>et</strong> scientifique.


<strong>Ethique</strong> de l'exercice<br />

Une des bases de l'éthique de l'exercice de la <strong>neuroradiologie</strong> <strong>interventionnelle</strong> étant la<br />

compétence <strong>et</strong>, si celle ci est considérée comme acquise, ce sont ensuite les éléments<br />

relationnels avec les différents partenaires qui moduleront la qualité de c<strong>et</strong> exercice.<br />

En France, l'article 36 du Code de Déontologie demande aux médecins de s'entourer de tous les<br />

moyens nécessaires pour parvenir au diagnostic exact. Ceci nous impose d'utiliser les moyens<br />

nécessaires en hommes <strong>et</strong> en matériel, mais aussi, parfois, de solliciter d'autres avis si le problème<br />

posé est particulièrement complexe. C<strong>et</strong>te demande d'avis d'un spécialiste plus compétent, pratiquée<br />

de longue date, va avoir un développement de en plus important en raison de l'évolution de la<br />

téléradiologie qui pose, elle-même, ses problèmes spécifiques. Losqu'un avis est sollicité puis obtenu,<br />

qui sera responsable si l'avis est erroné <strong>et</strong> si les décisions qui en découlent ont des conséquences<br />

fâcheuses . Le problème n'est, pour le moment, pas résolu sur le plan législatif, mais la réflexion a<br />

déjà débuté; il apparaît en outre évident qu'en cas de problème, le magistrat prendra nécessairement<br />

en compte la démarche du médecin qui a sollicité l'avis d'un spécialiste plus compétent que lui dans<br />

un domaine donné.<br />

Une fois le diagnostic posé, il conviendra alors de discuter l'indication du traitement <strong>et</strong>, là encore, se<br />

posent de nombreux problèmes éthiques. Le choix de l'indication doit être envisagé en fonction des<br />

différentes possibilités thérapeutiques réelles, existantes au moment de l'acte, <strong>et</strong> non pas uniquement<br />

en fonction de la seule technique que sait utiliser le neuroradiologue interventionnel consulté. Ce<br />

choix éthique peut, en eff<strong>et</strong> conduire à confier le patient à d'autres équipes, ce qui implique<br />

naturellement une certaine forme de renoncement personnel.<br />

Mais, de plus en plus, le choix de l'indication n'est pas du ressort d'un seul thérapeute, en<br />

l'occurence le neuroradiologue interventionnel. Le choix est, bien souvent, celui d'une équipe.<br />

Il doit, en fait, être aussi celui du patient, bien sûr guidé par les conseils de l'équipe<br />

thérapeutique. Pour que c<strong>et</strong>te liberté de choix soit réelle, il convient de donner aux patient des<br />

informations préalables précises, indispensables au recueil de son "consentement éclairé". La<br />

qualité des informations fournies est fondamentale. L'expérience montre que c<strong>et</strong>te information est<br />

variable <strong>et</strong> qu'elle n'est pas toujours parfaitement honnête, peut-être de façon inconsciente. Il<br />

convient, en eff<strong>et</strong>, d'expliquer au patient les motivations de l'indication en fonction de ce que nous<br />

savons, ou de ce que nous croyons savoir au suj<strong>et</strong> de l'histoire naturelle de la maladie, comparée aux<br />

risques thérapeutiques réels. Quels sont ces risques ? Sont-ils ceux de la meilleure équipe au Monde,<br />

ou ceux du neuroradiologue interventionnel qui est en face de son patient ? Que faire lorsqu'il s'agit<br />

d'un spécialiste débutant ?<br />

L'entr<strong>et</strong>ien avec le patient doit, préférentiellement, se faire en présence de membres de la famille<br />

<strong>et</strong>/ou d'un témoin. La remise d'un document écrit peut se discuter. De toute manière, il est souhaitable<br />

de demander au patient de signer un document, attestant qu'il a été informé, qu'il a compris ce qui lui<br />

avait été expliqué <strong>et</strong> qu'il donne son accord pour l'intervention proposée. Ce recueil du consentement<br />

éclairé n'est valable que si les informations données ont été "loyales", claires, précises <strong>et</strong> surtout<br />

compréhensibles pour le patient. Ce dernier point est important <strong>et</strong> il convient de s'assurer que le<br />

message a été correctement reçu par le patient <strong>et</strong> sa famille. Pour répondre à c<strong>et</strong>te question,<br />

certaines équipes ont mis au point des "programmes-tests" sur ordinateur, perm<strong>et</strong>tant, après<br />

l'entr<strong>et</strong>ien, de contrôler le message reçu, mais faut-il réellement aller jusque-là ?<br />

<strong>Ethique</strong> de la réalisation de l'acte<br />

L'indication étant posée <strong>et</strong> acceptée, l'acte doit être réalisé dans les conditions prévues. La<br />

personnalisation de l'opérateur peut être mise en cause <strong>et</strong> ceci tout particulièrement dans les Hôpitaux<br />

Universitaires où le neuroradiologue interventionnel est entouré de collaborateurs en cours de<br />

formation.<br />

En France, en dehors du secteur public, où la responsabilité civile est essentiellement administrative,<br />

la prise de contact établie au moment de la consultation vaut "contrat ": c'est donc théoriquement le


médecin initialement consulté qui dont intervenir; dans le cas contraire, il doit en informer le patient qui<br />

doit, théoriquement, garder sa liberté de choix.<br />

La découverte per-opératoire d'éléments nouveaux, jusque là inconnus, peut poser de difficiles<br />

problèmes. Faut-il s'arrêter pour rediscuter avec le patient ou continuer l'intervention en agissant au<br />

mieux ? De même, le patient doit être informé de ce qui a réellement été fait durant l'intervention. Le<br />

patient a le droit de savoir que "rien n'a pu être fait". L'expérience montre que l'information postopératoire<br />

est parfois tronquée afin de ne pas décevoir le patient...! Il faut être très prudent car le<br />

mensonge représente certainement la pire des solutions. Parallèlement, il convient de rappeler que<br />

tous ces actes s'inscrivent dans le contexte de larges équipes multidisciplinaires, au sein desquelles<br />

se situent des problèmes de responsabilité respective qui sortent du cadre de l'éthique.<br />

<strong>Ethique</strong> <strong>et</strong> matériel<br />

L'intrication des problèmes d'éthique <strong>et</strong> de responsabilité se r<strong>et</strong>rouve au niveau du matériel <strong>et</strong><br />

de sa maintenance. Nous vivons une période au cours de laquelle l'évolution technique est<br />

extraordinairement rapide, imposant des investissements de plus en plus lours, de plus en plus<br />

fréquents <strong>et</strong>, par conséquent, quelquefois, impossibles à supporter par la Société. Il convient alors de<br />

faire des choix d'autant plus difficiles que l'opérateur n'est pas souvent le décideur.<br />

La question est donc posée: jusqu'à quelles limites peut-on travailler avec du matériel<br />

dépassé, dont les performances n'assurent, bien évidemment, pas au patient la même sécurité<br />

q'un matériel plus moderne ? Si nous voulons discuter c<strong>et</strong>te question, il faut déterminer des critères<br />

de choix: à partir de quel moment n'est-il plus éthique de travailler avec une scopie de qualité<br />

insuffisante...? Un élément plus sensible <strong>et</strong>, je l'adm<strong>et</strong>s, beaucoup plus discutable, est celui du biplan.<br />

Ayant toujours travaillé en angiographie biplan, j'estime que le biplan apporte indiscutablement des<br />

éléments de sécurité supplémentaire. Emboliser le nidus d'une malformation artérioveineuse en biplan<br />

facilite grandement la compréhension de la progression de l'embole <strong>et</strong> peut perm<strong>et</strong>tre d'éviter des<br />

complications, même si l'on possède d'excellentes connaissances radio-anatomiques. Il n'est pas<br />

dans mon propos de dire qu'il n'est pas éthique d'emboliser en monoplan, j'utilise c<strong>et</strong> exemple<br />

uniquement pour illustrer la difficulté à fixer des limites.<br />

Dans le même ordre d'idées, se situe le problème de la maintenance <strong>et</strong> de l'utilisation des techniques<br />

de prévention des pannes ou incidents. Assurer une maintenance régulière a un coût mais peut<br />

perm<strong>et</strong>tre d'éviter la survenue de pannes inoppinées qui, lorsqu'elles se produisent au cours d'une<br />

injection d'histoacryl, par exemple, peuvent entraîner des complications catastrophiques. Assurer une<br />

maintenance en urgence, 24 heures sur 24, est encore plus onéreux mais, que se passe-t-il<br />

lorsqu'une panne se produit durant un week-end ? En allant plus loin, la prévention d'une panne<br />

d'alimentation électrique peut être obtenue par la mise en place d'onduleurs de forte puissance,<br />

associés à des condensateurs capables d'éviter l'arrêt du générateur de rayons-X à l'occasion d'une<br />

panne de secteur. Les coûts de ces matériels sont alors très élevés, pouvant atteindre plusieurs<br />

millions par salle. Où est la limite de ce qui est éthique <strong>et</strong> de ce qui ne l'est pas, ou plus ?<br />

Tous ces éléments se r<strong>et</strong>rouvent naturellement au niveau du p<strong>et</strong>it matériel, tant en ce qui concerne<br />

ses qualités intrinsèques que ses conditions d'utilisation ou de réutilisation. La réutilisation peropératoire<br />

d'un coil "fatigué" pour des raisons tout à fait compréhensibles d'économie, peut conduire à<br />

une rupture de ce coil <strong>et</strong>, par conséquent, à des graves complications. Où est la limite ? Nous devons<br />

aborder là le problème de l'usage unique, dont on connaît l'extrême variété dans le monde actuel.<br />

Dans les pays considérés comme riches, il n'est plus éthique de réutiliser du matériel de cathétérisme,<br />

alors que dans les pays les plus pauvres, il n'y a pas d'autre solution pour ceux qui veulent pouvoir<br />

continuer à travailler.<br />

<strong>Ethique</strong> <strong>et</strong> formation continue<br />

Jusqu'à maintenant, dans de nombreux pays, la formation continue était laissée à l'initiative de<br />

l'individu-médecin. C<strong>et</strong>te formation continue dépendait donc uniquement du "bon vouloir" du<br />

spécialiste, de ses motivations <strong>et</strong>, finalement, <strong>et</strong> sa conscience professionnelle. Mais nous le savons,<br />

la médecine devient de plus en plus efficace <strong>et</strong>, par conséquent, de plus en plus iatrogène car le<br />

médecin, compétent ou non, a entre ses mains des armes de plus en plus dangereuses. C'est afin


d'assurer une meilleure qualité des soins <strong>et</strong>, surtout, afin de protéger le patient vis-à-vis de ses<br />

médecins que nos Sociétés vont, de plus en plus, imposer une formation continue que la<br />

rapidité de l'évolution technologique rend naturellement indispensable. Assurer la pérennité <strong>et</strong> le<br />

développement de ses connaissances fait donc partie des règles éthiques que la Société impose<br />

puisque cela n'apparaît pas spontanément à tous les médecins "normal <strong>et</strong> indispensable".<br />

<strong>Ethique</strong> de la recherche <strong>et</strong> de l'expérimentation<br />

Il est intéressant de remarquer que dans de nombreux pays, ce sont d'abord les animaux que l'on a<br />

cherché à protéger vis à vis de l'expérimentation médicale. Ce n'est que récemment que les<br />

législateurs se sont intéressés à la protection de l'Être Humain. En France, c'est le 20/12/1988 qu'à<br />

été promulguée la première loi sur "la protection des personnes qui se prêtent à des recherches<br />

biomédicales": c<strong>et</strong>te Loi dite "Loi Huri<strong>et</strong>" a été modifiée par une loi du 23/01/1990 puis précisée par le<br />

Décr<strong>et</strong> du 22/09/1990. C<strong>et</strong>te loi précise "qu'aucune recherche biomédicale ne peut être effectuée sur<br />

l'Être Humain :<br />

- si elle ne se fonde pas sur le dernier état des connaissances scientifiques <strong>et</strong> sur une<br />

expérimentation pré-clinique suffisante;<br />

- si le risque prévisible encouru par les personnes qui se prêtent à la recherche est hors de<br />

proportion avec le bénéfice escompté pour ces personnes ou l'intérêt de c<strong>et</strong>te recherche;<br />

- si elle ne vise pas à étendre la connaissance scientifique de l'Être Humain <strong>et</strong> les moyens<br />

susceptibles d'améliorer sa condition ;<br />

Toutefois, les recherches sans finalité thérapeutique directe sont admises si les trois conditions<br />

suivantes sont remplies :<br />

- ne présenter aucun risque sérieux prévisible pour leur santé;<br />

- être utile à des personnes présentant les mêmes caractéristiques d'âge, de maladie ou de<br />

handicap ;<br />

- ne pouvoir être réalisée autrement.<br />

Préalablement à la réalisation d'une recherche biomédicale sur une personne, le consentement libre,<br />

éclairé <strong>et</strong> exprès de celle-ci doit être recueilli après que l'investigateur ou un médecin qui le représente<br />

lui ait fait connaître :<br />

- l'objectif de la recherche, sa méthodologie <strong>et</strong> sa durée;<br />

- les contraintes <strong>et</strong> les risques prévisibles, y compris en cas d'arrêt de la recherche avant son<br />

terme;<br />

- l'avis du Comité d'<strong>Ethique</strong> correspondant".<br />

La personne, dont le consentement est sollicité, doit avoir le droit de refuser de participer à<br />

une recherche ou de r<strong>et</strong>irer son consentement à tout moment, sans encourir aucune<br />

responsabilité. Les informations communiquées sont résumées dans un document écrit, remis à la<br />

personne dont le consentement est sollicité.<br />

Dans chaque région, le Ministre chargé de la Santé, agrée un, ou selon les besoins, plusieurs Comités<br />

Consultatifs de Protection des Personnes dans la recherche bio-médicale. Avant de réaliser une<br />

recherche sur l'Être Humain tout investigateur est tenu d'en soum<strong>et</strong>tre le proj<strong>et</strong> à l'avis d'un Comité<br />

Consultatif de protection des personnes, dans la recherche biomédicale, ayant son siège dans la<br />

région où il exerce son activité...<br />

Bien évidemment une telle Loi est contraignante. Elle impose aux structures de recherche de<br />

contracter des assurances perm<strong>et</strong>tant l'indemnisation du patient en cas d'incident ou d'accident. Elle<br />

apparaît cependant indiscutablement comme un facteur de progrès <strong>et</strong> c'est ce qui explique pourquoi<br />

ce type d'évolution est observé dans de nombreux pays.<br />

A titre d'illustration, dans un rapport du Conseil de l'Europe, date de 1993, il était précisé que "à<br />

l'exception de l'Autriche, de L'Irlande, de l'Islande <strong>et</strong> du Liechtenstein qui affirment n'en avoir aucune,<br />

la grande majorité des pays membres <strong>et</strong> observateurs dispose d'une structure nationale d'<strong>Ethique</strong>...".<br />

Deux tendances prédominent actuellement quant à la constitution de ces structures nationales<br />

d'<strong>Ethique</strong>. Alors que certains pays ont opté pour la mise en place d'un Comité National spécifique<br />

indépendant <strong>et</strong> permanent, d'autres pays ont opté pour la multiplicité des Instances Nationales <strong>et</strong> leur<br />

apparition ad Hoc ou par spécialité... Les dates de création de ces Comités sont récentes puisque leur


avènement s'échelonne de 1983 à 1991, tandis que d'autres sont envisagées mais non encore<br />

instituées.<br />

La soumission des proj<strong>et</strong>s de recherche <strong>et</strong> d'expérimentation à un Comité d'<strong>Ethique</strong> extérieur à<br />

l'équipe de recherche constitue, très certainement, un progrès: elle oblige les chercheurs à<br />

établir des objectifs <strong>et</strong> un protocole extrêmement précis. Elle les oblige, bien évidemment, à<br />

respecter l'Être Humain, ce qui peut paraître évident pour beaucoup mais n'a malheureusement<br />

pas toujours été respecté, comme en témoignent de dramatiques expériences vécues durant<br />

les dernières décennies, à l'occasion de conflits ou sous l'emprise d'états totalitaires.<br />

Il n'en reste pas moins que, même dans de telles structures, des problèmes d'<strong>Ethique</strong> peuvent se<br />

poser. La randomisation est actuellement considérée comme une des seules méthodes perm<strong>et</strong>tant de<br />

résoudre certains problèmes difficiles. L'expérience des anévrysmes que nous vivons actuellement<br />

nous perm<strong>et</strong> d'apprécier la difficulté d'un tel concept: je ne suis pas le seul à ressentir une certaine<br />

réticence vis-à-vis d'une certaine forme de randomisation du traitement des anévrismes destinée à<br />

comparer l'intérêt du traitement endovasculaire par rapport aux équipes, il apparaît tout à fait évident<br />

que le traitement endovasculaire à réduit la mortalité <strong>et</strong> la morbidité des anévrysmes vertébrobasilaires.<br />

Est-il encore nécessaire de vouloir le prouver ?<br />

<strong>Ethique</strong> Scientifique<br />

Lorsque nous réalisons des travaux scientifiques, qu'il s'agisse de véritables<br />

expérimentations, d'études cliniques ou autres, les résultats doivent être diffusés. Or, dans le<br />

monde où nous vivons, la compétition est vive <strong>et</strong> les tentations de tricher sont nombreuses.<br />

La plupart des êtres humains cherchent à se m<strong>et</strong>tre en valeur <strong>et</strong>, par conséquent, à présenter de bons<br />

résultats, principalement si le spécialiste concerné se trouve en situation de rivalité avec d'autres<br />

équipes. Mais, si l'on excepte ce que l'on pourrait considérer comme de simples traits caractériels,<br />

dans certains cas, la situation est beaucoup plus difficile. En eff<strong>et</strong>, dans certains pays totalitaires, le<br />

Scientifique "n'a pas droit à l'erreur": s'il n'est pas très bon, voire excellent, il risque tout simplement de<br />

perdre sa situation. Alors comment résister à la tentation "d'embellir" ses résultats ?...<br />

En dehors de la mise en cause d'une honnêt<strong>et</strong>é de base, de tels comportements ont de redoutables<br />

implications éthiques. Ne pas publier ou cacher les échecs d'une technique, conduit inévitablement<br />

d'autres équipes à essayer c<strong>et</strong>te technique, ce qui peut parfois provoquer de nouvelles complications<br />

chez d'autres patients. Malheureusement, le truquage est de plus en plus facile <strong>et</strong> accessible à tous.<br />

La présentation de nos résultats passant le plus souvent par l'image, quoi de plus facile que d'utiliser<br />

un des fabuleux programmes informatiques existant sur le marché pour embellir les résultats obtenus<br />

? La connaissance de tels risques nous oblige à les prévenir en exerçant des contrôles perm<strong>et</strong>tant de<br />

garantir la véracité des publications scientifiques.<br />

<strong>Ethique</strong> <strong>et</strong> Humanisme<br />

Le problème de l'argent ne peut être éludé. Comme dans toutes les professions, la <strong>neuroradiologie</strong><br />

<strong>interventionnelle</strong> a un coût. Durant de longues années, la neuraradiologie <strong>interventionnelle</strong> est restée<br />

une technique de pointe dont les bienfaits étaient, dans certaines Sociétés, réservés à ceux qui<br />

avaient des moyens suffisamment importants pour y accéder. Qu'en est-il des plus pauvres ?...<br />

Parallèlement, les conceptions évoluent <strong>et</strong> de nouvelles questions se posent. Bien sûr, le patient a<br />

droit à la discrétion <strong>et</strong> le secr<strong>et</strong> médical doit être préservé, ce qui est de plus en plus difficile dans nos<br />

structures informatiques, toutes reliées par réseau. Comment protéger la confidentialité vis-à-vis des<br />

compagnies d'assurance qui cherchent à moduler leurs primes en fonction de risques calculés ?<br />

Une notion plus récente est celle de la propriété de notre image ou de nos images. Jusqu'alors, c<strong>et</strong>te<br />

notion était essentiellement appliquée aux visages des individus car c'est ce qui perm<strong>et</strong> de nous<br />

reconnaître. Actuellement, certains revendiquent la propriété de la totalité de nos images qu'il s'agisse<br />

de l'aspect IRM de notre cerveau ou de tout autre examen.


C'est en raison de ces nouvelles questions que des groupes de réflexion se forment, afin de tenter<br />

d'établir une véritable "Charte du patient" destinée à fixer des limites aux activités médicales. Il<br />

convient donc d'être conscient du poids de nos responsabilités, afin d'exercer notre art dans l'optique<br />

du respect de l'Être Humain, tel que cela apparaît dans la "Déclaration des Droits de l'Homme".<br />

Professeur Luc PICARD<br />

Chef de service<br />

Service de Neuroradiologie diagnostique <strong>et</strong> thérapeutique,<br />

Hôpital Saint-Julien, 54035 Nancy cedex.

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