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Théâtre V id y-Lausanne Janvier à mars 2012

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Théâtre V<strong>id</strong>y-L<br />

<strong>Janvier</strong> à <strong>mars</strong> <strong>2012</strong><br />

N˚ 35<br />

Théâtre V<strong>id</strong>y-<strong>Lausanne</strong><br />

<strong>Janvier</strong> à <strong>mars</strong> <strong>2012</strong>


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La part<br />

du risque<br />

Pas de théâtre sans « phynances » (pour reprendre l’orthographe<br />

de Jarry Roi !). Notre « maison » du bord de<br />

l’eau, comme quantité de théâtres d’ici ou d’ailleurs, est<br />

soutenue pour les collectivités publiques, prioritairement<br />

par la Ville de <strong>Lausanne</strong> et le Canton de Vaud. C’est<br />

un choix de société, la volonté d’une communauté de se<br />

doter d’un lieu voué au spectacle vivant. Alors, économiquement,<br />

où est le risque ? Eh bien dans le fait que cette<br />

manne publique, depuis une quinzaine d’années, représente<br />

40 à 50 % du budget annuel (la proportion ordinaire<br />

des théâtres de France et d’Europe oscille entre 70 et 80 %).<br />

Saison après saison, il s’agit donc d’inventer, sur le fil du<br />

rasoir, des recettes propres. Elles viennent, pour l’essentiel,<br />

des apports en coproduction, de la vente des spectacles,<br />

du magnifique accompagnement de divers sponsors et<br />

mécènes. Mais cet équilibre est, comme toute chose miraculeuse,<br />

d’une fragilité extrême. Le spectre de l’annulation<br />

de représentations ou de tournées guette, alors que des éléments<br />

conjoncturels, qui échappent à tout contrôle, peuvent<br />

avoir des e±ets ravageurs. Les pertes de change liés au<br />

franc fort en sont un bon exemple : de l’ordre de 1 200 000<br />

francs sur trois ans pour V<strong>id</strong>y (dont la gestion reste à ce<br />

jour, malgré tout, totalement maîtrisée). Dans le même<br />

temps, ce chi±re témoigne d’une form<strong>id</strong>able capacité d’exportation<br />

vers la zone euro.<br />

Pas de théâtre sans artiste, bien sûr. Et là rés<strong>id</strong>e sans<br />

doute le risque le plus passionnant : celui de la création.<br />

A cet égard, le trimestre qui vient ne manque pas de défis.<br />

Jean-Quentin Châtelain est au pied d’une nouvelle montagne<br />

à gravir : Lettre au père de Kafka. Laurence Vielle,<br />

mot par mot, pas à pas, pénètre dans le caveau d’un secret<br />

de famille. L’inénarrable paire Zimmermann & de Perrot<br />

invente un dispositif technique impressionnant, inspiré de<br />

certaines machines foraines, pour déployer son univers<br />

aussi humoristique que captivant. Nadia Vonderheyden<br />

se frotte à l’horlogerie humaine de Marivaux. Le magicien<br />

Belkheïr révèle la vie secrète des cartes. Patrick Sims lève<br />

le r<strong>id</strong>eau sur le peuple fabuleux de ses marionnettes. Anne<br />

Conti plonge dans le feu de Marina Tsvetaeva. Roland Auzet<br />

choisit de faire résonner à sa façon l’Histoire du soldat de<br />

Ramuz et Stravinsky. Jacques Rebotier, malaxeur de verbe<br />

et de son, s’intéresse aux triades féminines. Comme tombé<br />

d’une autre planète, François Gremaud invente de drôles<br />

de gestes spectaculaires. Tous ces artistes ont une patrie en<br />

commun : celle où brillent l’utopie et la poésie. Tous vivent<br />

sous le signe du risque. Le pas dans le v<strong>id</strong>e. La tentation de<br />

l’inconnu. Le rêve de l’inouï.<br />

Pas de théâtre sans public. Et c’est donc vous, spectateurs,<br />

qui assumez l’ultime part du risque, celle de la curiosité, de<br />

la confiance, de la recherche de la lumière : « Que le risque<br />

soit ta clarté » (René Char).<br />

Sommaire<br />

Lettre au père<br />

Entre émotions et questions<br />

existentielles, un monologue<br />

fondateur de Kafka . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4<br />

Du Coq à Lasne<br />

L’épopée poétique où<br />

Laurence Vielle fouille dans<br />

la mémoire de sa famille. . . . . . . . . . . . . 5<br />

Hans was Heiri<br />

Avec humour, Zimmermann &<br />

de Perrot explorent<br />

la volonté dérisoire de l’homme<br />

de se démarquer de<br />

ses semblables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6<br />

La fausse suivante (ou le fourbe puni)<br />

Un classique de Marivaux,<br />

maître des quiproquos et<br />

travestissements ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9<br />

Belkheïr ou une carte ne vous sauve<br />

pas la vie pour rien<br />

Cartes, magie et mystère ! . . . . . . . . . . . 9<br />

Hilum<br />

Patrick Sims lève le r<strong>id</strong>eau<br />

sur un univers enchanteur<br />

et déroutant, peuplé d’êtres<br />

singuliers. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11<br />

Histoire du soldat<br />

A la rencontre de Ramuz<br />

et Stravinsky répond aujourd’hui<br />

celle de Roland Auzet et<br />

Thomas Fersen . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12<br />

Vivre dans le feu<br />

Anne Conti dans les flammes de<br />

Marina Tsvetaeva . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15<br />

Les 3 Parques m’attendent<br />

dans le parking<br />

Jacques Rebotier poursuit son<br />

exploration du fil de la pensée . . . . . 17<br />

Re et KKQQ<br />

Deux pièces de François<br />

Gremaud, captivant<br />

b<strong>id</strong>ouilleur de l’absurde . . . . . . . . . . . . 18<br />

Directeurs de publication :<br />

René Gonzalez & René Zahnd<br />

Photographie :<br />

Mario Del Curto<br />

(sauf mention contraire)<br />

Publicité et coordination :<br />

Sarah Turin<br />

(s.turin@v<strong>id</strong>y.ch)<br />

Coralie Rochat<br />

(c.rochat@v<strong>id</strong>y.ch)<br />

Correctrice :<br />

Julie We<strong>id</strong>mann<br />

Design :<br />

Ateliers du Nord/Werner Jeker<br />

Benoît Deschamps<br />

Photolithographie :<br />

Bombie, Genève<br />

Impression :<br />

Swissprinters <strong>Lausanne</strong> SA<br />

Ont contribué à ce numéro :<br />

Marc Berman<br />

Anne Fournier<br />

Alexandra Gentile<br />

Jacques Rebotier<br />

Coralie Rochat<br />

Jean-Yves Ruf<br />

Nadia Vonderheyden<br />

René Zahnd<br />

Photo de couverture :<br />

Zimmermann & de Perrot<br />

© Mario Del Curto<br />

Théâtre Kléber-Méleau<br />

Dämonen – Démons porté à<br />

la scène par Thomas Ostermeier<br />

et trois poèmes d’Oscar Wilde<br />

dans la vision de<br />

Philippe Mentha. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 Le Théâtre V<strong>id</strong>y-<strong>Lausanne</strong> est subventionné<br />

par la Ville de <strong>Lausanne</strong>, par le Canton<br />

Informations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 de Vaud et par le Fonds intercommunal de<br />

soutien aux institutions culturelles de<br />

Calendrier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23 la région lausannoise.<br />

Remerciements<br />

A nos f<strong>id</strong>èles partenaires<br />

A nos généreux donateurs<br />

Fondation de Famille Sandoz<br />

Fondation Leenaards<br />

Fondation Hoffmann<br />

Fondation Landis & Gyr<br />

Fondation Ernst Göhner<br />

Fondation Sophie et Karl Binding<br />

Bovay & Partenaires<br />

Fondation Julius Baer<br />

Un merci particulier à une mécène généreuse<br />

et anonyme<br />

Main sponsor<br />

www.richardmille.com<br />

Partenaire média<br />

Partenaires culturels<br />

Archipel<br />

Collection de l’Art Brut<br />

La Cinémathèque suisse<br />

Musée de l’Elysée<br />

Orchestre de Chambre de <strong>Lausanne</strong><br />

Verbier Festival<br />

Fondation 2 Montreux Jazz<br />

Théâtre Sévelin 36<br />

HEMU<br />

A ceux qui contribuent au soutien<br />

de notre activité<br />

Association<br />

des Amis<br />

du Théâtre<br />

Assura<br />

Banque Julius Baer<br />

et Cie SA<br />

Banque Wegelin<br />

Bongénie – Grieder<br />

Cafina SA<br />

Cinétoile Malley<br />

DSR<br />

Ebel<br />

Ecole Athenaeum<br />

Feldschlösschen<br />

Filofax<br />

Groupe Mutuel<br />

Hermès<br />

Hertz<br />

Honda<br />

Hôtel Alpha-Palmiers<br />

Hôtel d’Angleterre<br />

Hôtel Aulac<br />

Hôtel Beau-Rivage<br />

Ikea<br />

Théâtre V<strong>id</strong>y-L<br />

<strong>Janvier</strong> à <strong>mars</strong> <strong>2012</strong> | N˚ 35<br />

03<br />

La Clinique<br />

de La Source<br />

La Montre Hermès<br />

La Semeuse<br />

Laurent Perrier<br />

<strong>Lausanne</strong> Palace & Spa<br />

Leuba+Michel SA<br />

Migros Pour-cent<br />

culturel<br />

Moyard Meuble<br />

Payot<br />

Pernod Ricard<br />

Philip Morris<br />

RTS – La 1 ère<br />

Sicpa<br />

Sunrise<br />

Swissprinters<br />

<strong>Lausanne</strong> SA<br />

Swissquote<br />

Switcher<br />

Testuz<br />

Transports Publics de<br />

la Région Lausannoise<br />

Voyages et Culture


Lettre au père<br />

de Franz Kafka<br />

Du 10 au 19 janvier<br />

et du 14 au 25 février <strong>2012</strong><br />

La Passerelle<br />

Traduction :<br />

Monique Laederach<br />

(Editions Mille et une nuits)<br />

Mise en scène :<br />

Jean-Yves Ruf<br />

Scénographie :<br />

Laure Pichat<br />

Son :<br />

Jean-Damien Ratel<br />

Lumière :<br />

Christian Dubet<br />

Avec :<br />

Jean-Quentin Châtelain<br />

Durée :<br />

environ 1h15<br />

Age conseillé :<br />

dès 14 ans<br />

Genre :<br />

théâtre<br />

© DR<br />

Production déléguée :<br />

Théâtre V<strong>id</strong>y-<strong>Lausanne</strong><br />

Coproduction :<br />

Chat Borgne Théâtre<br />

Le Chat Borgne Théâtre est une compagnie<br />

conventionnée par le ministère de la Culture<br />

et de la Communication – DRAC Alsace<br />

Création au Théâtre V<strong>id</strong>y-<strong>Lausanne</strong><br />

le 10 janvier <strong>2012</strong><br />

Mardi 10.01. 20h00<br />

Mercredi 11.01. 20h00<br />

Jeudi 12.01. 20h00<br />

Vendredi 13.01. 20h00<br />

Samedi 14.01. 20h00<br />

Dimanche 15.01. relâche<br />

Lundi 16.01. relâche<br />

Mardi 17.01. 20h00<br />

Mercredi 18.01. 20h00<br />

Jeudi 19.01. 20h00<br />

Mardi 14.02. 20h00<br />

Mercredi 15.02. 20h00<br />

Jeudi 16.02. 20h00<br />

Vendredi 17.02. 20h00<br />

Samedi 18.02. 20h00<br />

Dimanche 19.02. 18h00 *<br />

Lundi 20.02. relâche<br />

Mardi 21.02. 20h00<br />

Mercredi 22.02. 20h00<br />

Jeudi 23.02. 20h00<br />

Vendredi 24.02. 20h00<br />

Samedi 25.02. 20h00<br />

* complet<br />

Théâtre V<strong>id</strong>y-L<br />

<strong>Janvier</strong> à <strong>mars</strong> <strong>2012</strong> | N˚ 35<br />

04<br />

Un combat, mené jusqu’au bout<br />

Kafka est un des rares auteurs qu’on a l’impression<br />

de connaître sans en avoir entendu parler,<br />

sans en avoir lu une seule ligne. On dit juste<br />

« Kafka », et la chose est déjà dite. Ces deux syllabes<br />

sont passées dans le langage courant pour<br />

désigner notre angoisse contemporaine. Il est<br />

plus qu’un écrivain tchèque né à Prague en 1883,<br />

il est plus qu’un écrivain doué qui marque l’histoire<br />

de la littérature, il fait partie de l’histoire<br />

de nos vies et de nos pensées. Il s’est introduit<br />

dans nos rêves, a colonisé nos peurs profondes.<br />

Qui a lu La métamorphose sans se sentir glisser<br />

dans une couche très secrète de sa personne, sans<br />

s’<strong>id</strong>entifier avec terreur à Grégoire, sans se sentir<br />

devenir insecte ? Kafka n’a pas créé de personnages,<br />

il a créé des intensités, il a transformé ses<br />

propres angoisses en une parabole de la condition<br />

humaine. Son style, d’une précision redoutable,<br />

sans artifices, sans e±ets, est une langue chirurgicale<br />

derrière laquelle il s’e±ace jusqu’à en devenir<br />

imperceptible, donc universel.<br />

Qui aurait pu prédire un tel destin à ce pâle jeune<br />

homme travaillant comme comptable dans une<br />

société d’assurances ? Sans doute pas lui qui<br />

demandera à son ami Max Brod de brûler après<br />

sa mort la plupart de ses écrits. Remerciements<br />

à Max Brod d’avoir non seulement désobéi, mais<br />

consacré une grande partie de sa vie à défendre<br />

et à éditer les manuscrits de son ami disparu.<br />

Brod comme plus tard Alexandre Vialatte (le<br />

premier à traduire Kafka en français) ont été des<br />

sourciers et des passeurs, on ne le dira jamais<br />

assez. « Je pense parfois que les bons lecteurs sont<br />

des oiseaux rares, écrit Borges, encore plus ténébreux<br />

et singuliers que les bons auteurs » 1 . Il nous<br />

semble aujourd’hui év<strong>id</strong>ent que Kafka est génial,<br />

mais rien ne l’était moins à l’époque. Vialatte<br />

nous le dit magnifiquement : « Il a d’abord passé<br />

trop haut pour le public qui n’avait pas de lunettes.<br />

Le public l’a connu par d’autres écrivains. Il se<br />

trouvait en librairie depuis longtemps sans jamais<br />

se vendre, qu’une atmosphère Kafka s’était déjà<br />

créée. Comme le soleil il avait pompé l’hum<strong>id</strong>ité,<br />

il avait formé un brouillard au fond duquel il<br />

apparut soudain. Jusqu’à ce moment-là il n’était<br />

qu’allusion. Le public eut soudain l’impression<br />

d’avoir trouvé le responsable d’une chose qu’il<br />

connaissait déjà 2 . » C’est vrai, lisant Kafka, nous<br />

ne cessons de le reconnaître. Il était déjà là.<br />

Kafka était tuberculeux et se savait condamné,<br />

il a continué à écrire jusqu’au dernier sou≥e. Le<br />

2 juin 1924 au matin, sou±rant de la faim et de<br />

la déshydratation, il travaille encore aux épreuves<br />

de son dernier texte, Un artiste de la faim,<br />

changeant l’ordre des nouvelles, exécutant les<br />

dernières corrections. A m<strong>id</strong>i, il s’endort, épuisé.<br />

Il mourra le lendemain, au petit matin, à l’âge de<br />

41 ans. Il aura tout consacré à l’écriture, sa santé,<br />

ses tentatives de mariage, sa vie sociale. Mais<br />

avait-il le choix ? Quand on est ainsi traversé<br />

par de telles intensités, de telles visions ? Kafka<br />

a capté quelque chose de plus grand que lui, de<br />

plus puissant que sa petite a±aire privée, quelque<br />

chose qui concerne le monde. Sa description d’une<br />

administration aveugle résonnera étrangement<br />

avec l’Histoire de la Seconde Guerre mondiale et<br />

de l’Holocauste du peuple juif. Il mourra avant,<br />

mais une bonne partie de sa famille et de ses amis<br />

disparaîtront dans les camps nazis.<br />

Une scène reportée par le même Vialatte m’a a<strong>id</strong>é<br />

à entrer dans le travail : en juillet 1914, alors qu’il<br />

était fiancé à Félice Bauer, il convoque ses futurs<br />

beaux-parents dans une chambre d’hôtel à Berlin,<br />

près de la gare d’Anhalt. Là, entre le lavabo et le<br />

lit, il tentera d’expliquer et de justifier sa décision<br />

de rompre ses fiançailles, arguant de sa situation<br />

matérielle, de son caractère di≤cile, des<br />

contraintes que lui impose son activité d’écrivain.<br />

Le père de Félice, siégeant en bras de chemise,<br />

écoute calmement et absout son ex-futur beaufils.<br />

Il comprend ses raisons et ne peut qu’adhérer.<br />

Kafka est déclaré innocent. Il ne se sentira pas<br />

libéré pour autant. Le soir de ce jour fat<strong>id</strong>ique,<br />

dans son carnet, il se condamne lui-même d’une<br />

« innocence diabolique ». Il se reproche de ne pas<br />

assez aimer, de ne pas être capable de dépasser<br />

ses contradictions. Il invente un autre procès,<br />

devant son propre tribunal, pla<strong>id</strong>e coupable<br />

d’« innocence diabolique », est condamné soit à<br />

« l’acquittement apparent », soit à « l’atermoiement<br />

illimité ». K. sera exécuté à la sauvette dans une<br />

carrière par deux bourreaux cérémonieux. C’est<br />

Le procès. Dans le même temps, Kafka commence<br />

La colonie pénitentiaire.<br />

Plus tard, en 1919, il se lie avec Julie Wohryzek.<br />

Dans la même année, il écrit Lettre au père, puis<br />

rompt définitivement sa liaison amoureuse l’année<br />

suivante. Ici ce n’est plus le beau-père devant<br />

qui il tente de s’expliquer, mais son propre père.<br />

Au bout, c’est à chaque fois le même échec, Kafka<br />

ne se mariera jamais. Je dirais que c’est à chaque<br />

fois le même combat. Le mot « combat » revient<br />

souvent sous la plume de Kafka, c’est pour moi<br />

une clé de lecture, une notion centrale.<br />

J’ai lu Lettre au père quand j’étais adolescent.<br />

Ce fut un choc. Je suis sorti de cette lecture<br />

avec la sensation physique d’avoir traversé une<br />

contrée sauvage et violente, d’avoir lutté contre<br />

les éléments, contre des monstres enfouis sous le<br />

sable. Avant d’être une lettre, c’est d’abord une<br />

expérience dans laquelle Kafka se plonge à corps<br />

perdu. Une expérience chimique, comme celle du<br />

papier argentique qu’on trempe dans un bain de<br />

révélateur. Kafka, phrase après phrase, creuse<br />

son propre devenir d’homme, avec systématisme.<br />

Sa syntaxe est celle de la taupe de son Terrier. Il<br />

vérifie tout, n’oublie rien, creuse des chemins,<br />

revient à son point de départ, de virgule en virgule,<br />

sans jamais se donner le temps de respirer.<br />

Sans même oublier d’imaginer son père lui répondre<br />

sans complaisance et détruire ses propres<br />

arguments.<br />

S’il aimait le théâtre et fréquentait les acteurs,<br />

il n’a pas écrit pour le théâtre (à part quelques<br />

courts dialogues retrouvés par Max Brod). Il aura<br />

par contre inspiré et nourri nombre de metteurs<br />

en scène tant au théâtre qu’au cinéma. Mais sa<br />

langue ne se prête pas immédiatement au plateau.<br />

Elle n’est pas directe, portée vers l’avant. Elle<br />

tourne sur elle-même, semble se mordre la queue,<br />

comme le serpent Ouroboros. C’est toujours<br />

un magnifique défi de la faire entendre sur un<br />

plateau. Il faut trouver le nerf de l’écriture, les<br />

lignes de force qui font filer la syntaxe vers un<br />

adversaire secret.<br />

Plus qu’une lettre adressée au père, j’ai la sensation<br />

qu’il s’agit avant tout d’une lettre à lui-même.<br />

Il passe par le père pour se traquer, sans retenue.<br />

Il invente une machine d’écriture infernale, qui<br />

pourrait faire penser à la machine de La colonie<br />

pénitentiaire. Il se livre aux coups du père, revisite<br />

tous les traumas de sa construction personnelle,<br />

fait la liste de toutes les vies non vécues, de tous<br />

les rôles qu’il n’a pu tenir, de toutes les régions<br />

humaines qui lui seront à jamais interdites. Par<br />

creusements successifs, il met à jour le seul bout<br />

de terre habitable pour lui, le seul petit îlot incertain,<br />

ar<strong>id</strong>e : l’écriture.<br />

La sœur qui le veilla a conservé de sa fin un<br />

souvenir très précis : « son esprit était avant tout<br />

absorbé par ce qu’il écrivait (…) il ne montra<br />

aucun signe de cette joie de vivre et de cette<br />

euphorie qui caractérisent les tuberculeux juste<br />

avant leur mort » 3 . Le combat mené, jusqu’au<br />

bout.<br />

Jean-Yves Ruf<br />

1<br />

Cité par Alexandre Vialatte, in Mon Kafka, Les Belles Lettres.<br />

2<br />

Idem<br />

3<br />

Sœur Anne citée par Gérard-Georges Lemaire in Kafka,<br />

Gallimard.<br />

Franz Kafka (1923-24)


Du Coq à Lasne<br />

un projet de Laurence Vielle<br />

Du 11 janvier au 5 février <strong>2012</strong><br />

Chapiteau V<strong>id</strong>y-L<br />

Ecriture et jeu :<br />

Laurence Vielle<br />

Images :<br />

Jean-Michel Agius<br />

Composition et interprétation :<br />

en alternance<br />

Vincent Granger (clarinettes)<br />

Helena Ruegg (bandonéon)<br />

Regard extérieur à l’écriture<br />

et à la mise en scène :<br />

Pietro Pizzuti<br />

Lumières :<br />

Gaëtan Van den Berg<br />

Eléments scénographiques :<br />

Philippe Henry<br />

Conseillère costumes :<br />

Sabine Siegwalt<br />

Durée :<br />

1h15<br />

Age conseillé :<br />

dès 12 ans<br />

Genre :<br />

documentaire poétique<br />

Production :<br />

Stoc! Asbl<br />

Coproduction :<br />

Théâtre Le Public<br />

Théâtre V<strong>id</strong>y-<strong>Lausanne</strong><br />

Collectif Travaux Publics<br />

Avec l’a<strong>id</strong>e du ministère de la Communauté<br />

française de Belgique – Service du Théâtre<br />

Création au Théâtre V<strong>id</strong>y-<strong>Lausanne</strong><br />

le 11 janvier <strong>2012</strong><br />

Mercredi 11.01. 20h30<br />

Jeudi 12.01. 20h30<br />

Vendredi 13.01. 19h00<br />

Samedi 14.01. 20h30<br />

Dimanche 15.01. relâche<br />

Lundi 16.01. relâche<br />

Mardi 17.01. 20h30<br />

Mercredi 18.01. 20h30<br />

Jeudi 19.01. 20h30<br />

Vendredi 20.01. 19h00<br />

Samedi 21.01. 20h30<br />

Dimanche 22.01. 17h00<br />

Lundi 23.01. relâche<br />

Mardi 24.01. 20h30<br />

Mercredi 25.01. 20h30<br />

Jeudi 26.01. 20h30<br />

Vendredi 27.01. 19h00<br />

Samedi 28.01. 20h30<br />

Dimanche 29.01. 17h00<br />

Lundi 30.01. relâche<br />

Mardi 31.01. 20h30<br />

Mercredi 01.02. 20h30<br />

Jeudi 02.02. 20h30<br />

Vendredi 03.02. 19h00<br />

Samedi 04.02. 20h30<br />

Dimanche 05.02. 17h00<br />

Théâtre V<strong>id</strong>y-L<br />

<strong>Janvier</strong> à <strong>mars</strong> <strong>2012</strong> | N˚ 35<br />

05<br />

Quand on la voit sur une scène, Laurence Vielle<br />

semble frôler des dimensions rares : là où le corps<br />

se fait verbe, où le verbe devient corps. Chaque<br />

organe, chaque parcelle de chair, chaque os parle,<br />

et chaque phrase devient peau, ou muscle, ou<br />

battement de tambour dans les artères. Celle qui<br />

porte ainsi la parole, la sienne et celle des autres,<br />

sera doublement présente à V<strong>id</strong>y au cours du<br />

premier semestre de l’an <strong>2012</strong>. D’abord avec une<br />

création très personnelle, Du Coq à Lasne, qui<br />

fouille dans la mémoire collective de sa propre<br />

famille. Ensuite, elle viendra faire entendre le<br />

verbe foisonnant, dense et très imagé de Laurent<br />

Fréchuret : Sainte dans l’incendie évoque une<br />

certaine Jeanne, consumée de visions et de<br />

flammes.<br />

Du Coq à Lasne… d’où vient ce titre ?<br />

On connaît l’expression du coq à l’âne… En fait,<br />

Le Coq, c’est une ville en Belgique, au bord de la<br />

mer du Nord. Et il y a une autre ville qui s’appelle<br />

Lasne, qui est en Wallonie. Pour aller du Coq<br />

à Lasne, il faut traverser la région flamande, la<br />

région bruxelloise, traverser encore une toute<br />

petite lamelle de région flamande, puis on arrive<br />

en Wallonie. Ça faisait très longtemps que je<br />

voulais faire cette marche. Pour le jeu de mots.<br />

J’aime beaucoup, avec mon compagnon, Jean-<br />

Michel Agius, faire des marches de ce genre.<br />

Parallèlement, cela faisait longtemps que je<br />

voulais travailler sur un secret de famille. Ce n’est<br />

d’ailleurs pas tout à fait un secret, parce qu’on<br />

nous en disait des bribes. Il y avait, pendant la<br />

guerre, deux résistants et deux collaborateurs<br />

dans la famille flamande de ma mère. J’avais<br />

envie d’explorer cette mémoire, d’interroger<br />

des gens qui pouvaient encore me raconter des<br />

choses, de faire des recherches dans les archives,<br />

puisque l’un des collaborateurs était connu en<br />

Belgique pour ses activités. Je me rendais compte<br />

que ma mère, en ne me parlant jamais de sa<br />

famille flamande, ne m’avait pas permis d’avoir<br />

une histoire de la Belgique. Je ne savais pas quels<br />

étaient les enjeux, pour ce pays, de la Deuxième<br />

Guerre mondiale.<br />

Au cours de cette marche, j’ai découvert les<br />

paysages de Flandre, que je ne connaissais pas<br />

du tout. Jean-Michel faisait plein d’images et,<br />

en arrivant à Lasne, il a repéré dans un sousbois<br />

deux petites chaises bleues d’enfant qui se<br />

faisaient face, avec un grand tronc d’arbre au<br />

milieu. Sur ces deux chaises, j’ai vu les membres<br />

de ma famille qui se parlaient alors qu’ils ne<br />

s’étaient plus jamais parlés. Je les ai donc assis sur<br />

ces deux chaises et toute l’écriture a commencé.<br />

Comment cela va-t-il se traduire dans le<br />

spectacle ?<br />

Je serai seule en scène, traversée par toutes les<br />

voix que j’ai récoltées. J’ai retrouvé le dernier<br />

enfant vivant du collaborateur, j’ai rencontré des<br />

historiens. C’était une sorte d’enquête. Il est vrai<br />

qu’ensuite le propos va sauter du coq à l’âne. Ce<br />

titre permet beaucoup de liberté. Le jeu de mots<br />

est lié à une réalité.<br />

On a l’impression que chez vous, entre le corps<br />

et le verbe, il y a quelque chose d’essentiel qui se<br />

passe.<br />

Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai en e±et un<br />

besoin très fort que les choses passent par le<br />

corps, comme une décantation. Quand on a<br />

marché, on n’écrit pas la même chose que quand<br />

on a passé son temps assis à son bureau. Dans<br />

ce projet, il y a clairement un mois qui était<br />

dédié à la marche, aux rencontres. Pendant<br />

cette période, tous les jours j’ai pris des notes.<br />

Cette enquête vous a-t-elle menée à des<br />

découvertes ?<br />

Oui. Les deux frères résistants étaient dans le<br />

réseau Comète qui sauvait les aviateurs anglais<br />

tombés sur le territoire. Un des deux est mort en<br />

camp de concentration. L’autre a également été<br />

interné mais a survécu. Grâce aux enfants du<br />

survivant, j’ai récupéré tous les papiers de celui<br />

qui a disparu. J’ai alors découvert qu’il y avait non<br />

pas un, mais deux collaborateurs dans la famille.<br />

Et en fait, c’est l’un d’eux, qui était donc le cousin<br />

des résistants, qui les a dénoncés. Ma mère le<br />

savait. Elle ne l’a jamais dit. Mais j’ai retrouvé la<br />

lettre où mon oncle révélait qui l’avait trahi… Il<br />

y a encore des éléments plus intimes, mais que je<br />

ne tiens pas à raconter ici. Ces histoires que l’on<br />

creuse donnent des clés de compréhension. C’est<br />

drôle que ce soit notre génération qui s’occupe de<br />

tout cela. Nous nous posons des questions sur les<br />

silences. Je pense que dans cette famille, après la<br />

guerre, il y a eu une sorte de grand silence.<br />

Pourquoi ce choix d’être seule en scène ?<br />

Ces gens qui m’ont parlé l’ont fait parce que nous<br />

étions dans une relation de grande intimité. Il fallait<br />

donc retrouver cette émotion, cette dimension<br />

d’intimité, pour restituer cette traversée à la fois<br />

physique, dans les paysages, et dans la mémoire.<br />

Il y aura aussi de la musique et des images.<br />

L’écriture évolue-t-elle sur le plateau ?<br />

Il y a même une partie de l’écriture qui naît sur<br />

le plateau. Mais j’ai beaucoup écrit en amont.<br />

Après ça se coupe, se taille, se sculpte, se<br />

retravaille donc énormément sur le plateau, à<br />

partir d’une matière existante. Il y a également<br />

l’accompagnement d’un œil extérieur, qui est<br />

mon grand ami Pietro Pizzuti, qui a été mon<br />

professeur au conservatoire : un écrivain,<br />

traducteur, metteur en scène, en qui j’ai une très<br />

grande confiance. Il vient de temps en temps, et<br />

m’a<strong>id</strong>e à avancer. Par exemple, il m’incite à être<br />

claire sur le début, pour que les gens puissent<br />

comprendre le contexte. Dans l’écriture ellemême,<br />

il y a des parties très parlées, d’autres plus<br />

poétiques. J’ai également inséré un texte de Gilles<br />

Deleuze, quand il parle du « R » de résistance dans<br />

L’abécédaire, et quelques lignes de Primo Levi.<br />

Laurence Vielle<br />

Le spectacle épuise-t-il une matière d’une telle<br />

richesse ?<br />

Il y aurait sans doute là de quoi faire un livre,<br />

mais je ne suis pas une romancière. Je suis<br />

vraiment quelqu’un de la scène. En revanche<br />

il me paraît important de conserver une trace<br />

de ce que j’ai accumulé. Je pensais photocopier<br />

tous les documents et rédiger au propre toutes<br />

les interviews que j’ai faites, pour remettre<br />

l’ensemble à ma famille. Dans le spectacle, je ne<br />

pourrai pas tout dire. En plus, j’introduis une<br />

dimension fictionnelle, puisque je fais parler ceux<br />

qui sont morts. J’ai appelé ça un « documentaire<br />

poétique ».<br />

Cette démarche est si personnelle qu’on doit<br />

forcément ressortir changé d’un tel voyage, non ?<br />

Je suis très heureuse de faire ce voyage. C’est<br />

chouette quand notre petite histoire rejoint<br />

la grande Histoire. C’est fort. C’est fort aussi<br />

de comprendre que dans une même famille on<br />

peut soit résister à l’ennemi, soit collaborer, et<br />

qu’il ne s’agit pas d’êtres bons ou mauvais au<br />

départ. Comment se font les destins ? Comment<br />

se retrouve-t-on à une place plutôt qu’à une<br />

autre ? Et que ferais-je si j’étais confrontée à des<br />

événements de cette nature ? Jusqu’à présent,<br />

j’étais totalement dépolitisée. Et je pense que<br />

c’est l’héritage que j’ai reçu. Ev<strong>id</strong>emment, ma<br />

perception de ces questions change.<br />

Vous jouez aussi des textes d’autres auteurs,<br />

par exemple Sainte dans l’incendie de Laurent<br />

Fréchuret. Que vous apporte le fait de vous<br />

frotter à d’autres écritures ?<br />

Quand on plonge dans l’écriture de quelqu’un,<br />

c’est comme si on apprenait une nouvelle langue,<br />

une nouvelle grammaire. Chaque fois, ça me<br />

donne des clés pour écrire. En l’occurrence, même<br />

si le sujet et le style n’ont rien à voir, ce sont deux<br />

traversées solitaires peuplées de voix.<br />

Et le rôle du metteur en scène ? On a l’impression<br />

qu’il n’est pas central chez vous.<br />

Non. Il n’est pas central. Cela fait longtemps qu’il<br />

n’est plus central dans mes propres créations. J’ai<br />

tout de même besoin que quelqu’un soit présent,<br />

intervienne, et je suis très réceptive à ce qu’il me<br />

dit. Mais l’essentiel du cheminement se fait en<br />

dehors de ce regard. J’ai un rythme très solitaire<br />

de travail. Ce qui est central, pour moi, c’est la<br />

démarche globale et la façon que vont avoir les<br />

ingrédients de se mettre ensemble, avant même<br />

que le metteur en scène intervienne. Le dire est<br />

indissociable de l’écrire.<br />

Propos recueillis par René Zahnd<br />

A signaler que Laurence Vielle jouera<br />

Sainte dans l’incendie de Laurent Fréchuret au<br />

Théâtre V<strong>id</strong>y-<strong>Lausanne</strong> du 29 mai au 10 juin <strong>2012</strong>.<br />

Plus de détails dans notre prochain journal…


Hans was Heir<strong>id</strong>e Zimmermann<br />

& de Perrot<br />

Du 17 janvier au 5 février <strong>2012</strong><br />

Salle Charles Apothéloz<br />

Conception, mise en scène et décor :<br />

Zimmermann & de Perrot<br />

Composition musicale :<br />

Dimitri de Perrot<br />

Chorégraphie :<br />

Martin Zimmermann<br />

Dramaturgie :<br />

Sabine Geistlich<br />

Lumière :<br />

Ursula Degen<br />

Son :<br />

Andy Neresheimer<br />

Construction décor :<br />

Ingo Groher<br />

Christiane Voth<br />

Ateliers du Théâtre V<strong>id</strong>y-<strong>Lausanne</strong><br />

Costumes :<br />

Franziska Born<br />

Direction technique :<br />

Ursula Degen<br />

Créé avec :<br />

Tarek Halaby<br />

Dimitri Jourde<br />

Dimitri de Perrot<br />

Gaël Santisteva<br />

Mélissa Von Vépy<br />

Methinee Wongtrakoon<br />

Martin Zimmermann<br />

Durée :<br />

env. 1h15<br />

Age conseillé :<br />

dès 8 ans<br />

Genre :<br />

théâtre-cirque-musique-danse<br />

Production :<br />

Verein Zimmermann & de Perrot<br />

Coproduction :<br />

Théâtre V<strong>id</strong>y-<strong>Lausanne</strong>/Athens & Ep<strong>id</strong>aurus<br />

Festival/Düsseldorf Altstadtherbst Kulturfestival/<br />

ECT|SCT Scène catalane transfrontalière –<br />

Théâtre de l’Archipel (Perpignan) – El Canal (Salt)/<br />

Equinoxe, scène nationale de Châteauroux/<br />

Espace Jean Legendre, Théâtre de Compiègne/<br />

International Istanbul Theater Festival/La<br />

Filature, scène nationale de Mulhouse/Le Lieu<br />

Unique, scène nationale de Nantes/Le-Maillon,<br />

Théâtre de Strasbourg – scène européenne/Le<br />

Volcan – scène nationale du Havre/Les Théâtres<br />

de la Ville de Luxembourg/Pour-cent culturel<br />

Migros/Movimentos Festwochen der Autostadt<br />

in Wolfsburg/Napoli Teatro Festival Italia/Théâtre<br />

de la Ville, Paris/Zürcher Theater Spektakel<br />

Avec le soutien de :<br />

SSA-Société suisse des auteurs<br />

Merci au Theater Neumarkt, Zürich<br />

Zimmermann & de Perrot bénéficie d’un<br />

contrat coopératif de subvention entre la ville<br />

de Zurich – affaires culturelles, le service aux<br />

affaires culturelles du Canton de Zurich et<br />

Pro Helvetia – Fondation suisse pour la culture.<br />

Zimmermann & de Perrot bénéficie du soutien<br />

de la Fondation BNP Paribas depuis 2006 pour<br />

le développement de ses projets.<br />

Zimmermann & de Perrot, la machine à faire<br />

tourner les têtes<br />

Un livre sur Jacques Tati, quelques machines à<br />

coudre, le 33 tours Bad de Michael Jackson ou<br />

une maquette en carton de la scène. Tout paraît<br />

à sa place sans vraiment l’être. Ou peut-être<br />

l’inverse. Martin Zimmermann et Dimitri de<br />

Perrot ont installé leur atelier à Zurich, dans une<br />

ancienne usine promise à la disparition, bientôt<br />

remplacée par les immeubles modernes du quartier<br />

ouest. Ils en sont les derniers ouvriers, venus<br />

là en août avec leur machinerie pour sculpter<br />

Hans was Heiri, littéralement « Jean comme<br />

Henri ». Pour, f<strong>id</strong>èles à leur goût du calembour<br />

ou de l’anomalie, susurrer que « c’est du pareil au<br />

même ». La pièce est créée le 17 janvier <strong>2012</strong> au<br />

Théâtre V<strong>id</strong>y-<strong>Lausanne</strong>, où sont déjà nées Gopf<br />

(1999), Hoi (2001), Ga± A± (2006) et Öper Öpis<br />

(2008), chasses aux tics, aux instants filous qui,<br />

sans un mot, sou≥ent à l’oreille la grande magie<br />

de la vie. De l’homme stressé à l’être en bascule.<br />

Martin, c’est le danseur, le contorsionniste,<br />

l’agitateur qu’on aurait presque peur de renverser,<br />

formé au Centre national des arts du cirque de<br />

Châlons-en-Champagne. Dimitri, lui, le musicien,<br />

c’est le prest<strong>id</strong>igitateur du platine, jongleur autod<strong>id</strong>acte<br />

de 33 tours, agitateur d’<strong>id</strong>ées reçues. Voilà<br />

plus de dix ans qu’ils travaillent ensemble, dialoguent,<br />

inusables complices. Est-ce vraiment du<br />

pareil au même, blanc bonnet ou bonnet blanc ?<br />

Parfois graves, souvent caustiques, ils garantissent<br />

le trouble. Ces dernières années, leur univers<br />

qu’ils disent en pâte à modeler a fait le tour du<br />

monde, de New York à Sydney.<br />

Ce matin, peu retenus par le fro<strong>id</strong> d’une journée<br />

automnale, ils racontent leur genèse, comme ils<br />

sont. Un peu sérieux, un peu pointilleux, un peu<br />

fous, un peu la tête en bas, le regard parfois sombre.<br />

L’un fulminant, l’autre les pieds sur terre. Ou<br />

peut-être l’inverse. Pour des artistes qui disent se<br />

méfier des mots, ils rendent les leurs captivants.<br />

Qu’il soit question d’art ou de Roger Federer.<br />

« Au début, il y a toujours notre dialogue, nos<br />

questions sur la vie. Chacun avance. Comme on<br />

est en duo nous cherchons à la fois notre indiv<strong>id</strong>ualité<br />

et notre sens commun. C’est une lutte.<br />

C’est un travail de rester en couple. »<br />

C’est en 1999 que Martin (41) et Dimitri (35)<br />

se lancent dans l’aventure, d’abord à trois. Les<br />

frères de scène sont nés. Ils parlent désormais<br />

sans rougir d’un « couple », grâce auquel chacun se<br />

rencontre un peu plus lui-même, voit dans l’autre<br />

qu’il avance. Jongleries de corps et de sons, leurs<br />

pièces-sculptures posent les mêmes questions<br />

<strong>id</strong>entitaires sur l’être à la recherche de son n<strong>id</strong>,<br />

de son équilibre mais dont la formulation reste<br />

modulable en fonction des expériences et du<br />

temps qui file. Ainsi, les artistes ont peu à peu,<br />

frasque après frasque, tracé leur chemin avec<br />

un langage scénique sans qualificatif approprié.<br />

Acrobates, clowns, ils ont aussi cette gri±e d’un<br />

Marcel Duchamp, désireux de faire d’une chaise<br />

le personnage central d’un univers en remueménage.<br />

Aujourd’hui, Zimmermann & de Perrot, sans<br />

doute l’une des compagnies suisses les plus attendues,<br />

est une entreprise qui réunit une quarantaine<br />

de personnes, sillonne la planète, toujours<br />

sans domicile fixe. Pour monter Hans was Heiri,<br />

elle a trouvé rés<strong>id</strong>ence à Zurich, encouragée par le<br />

Service culturel de la Ville. Plus de pression ? Le<br />

but n’a jamais été d’être grand mais d’avancer, de<br />

comprendre ; même lentement, avec toujours des<br />

questions dangereuses. « Tu finis une pièce et déjà<br />

tu as envie d’en faire une autre parce que tu n’as<br />

pas pu tout dire. »<br />

l’angoisse de ressembler à son voisin, la sensation<br />

d’enfermement.<br />

Martin et Dimitri ont créé un mini-monde de<br />

cinq indiv<strong>id</strong>us, un peu bourgeois-bohèmes. C’est<br />

une « machine à laver géante » ou une « roue de<br />

hamsters », selon qui la décrit, dans laquelle tout<br />

devient semblable mais où chacun conserve sa<br />

solitude. Pourquoi les énergies ressenties quand<br />

on est seul disparaissent-elles derrière des masques<br />

une fois franchi le pas de porte ? Pourquoi<br />

devons-nous avoir peur de nos désirs, surtout<br />

si l’on sait que le voisin est dans la même roue ?<br />

Toutes ces choses qui habitent un être humain et<br />

qui le laissent finalement seul.<br />

« Le décor est notre point de départ. C’est une<br />

situation de vie qui va détourner le monde<br />

comme on le connaît. Tout part de lui. Notre<br />

théâtre est une sculpture, une invention que l’on<br />

doit exploiter avec le corps. »<br />

Quand il ouvre l’usine dans laquelle ils répètent,<br />

Martin a déjà le regard sur elle. Elle, elle est le<br />

monde qui tourne, celle qui fait germer leur théâtre.<br />

Au fond de la salle se trouve une immense<br />

roue sombre en bois à laquelle est accroché un<br />

carré divisé en quatre espaces égaux. Tout est<br />

sombre. Tout peut devenir sol ou plafond. Le<br />

technicien la fait tourner. On imagine des corpssalamandres,<br />

désespérément accrochés aux murs.<br />

Ceux de Hans ou de Heiri. Dimitri : « dans certaines<br />

situations, la tête en bas, celui qui réfléchit va<br />

tomber. Celui qui ne se pose pas la question reste<br />

sur sa chaise. C’est celui qui ne sait rien mais qui<br />

sait être seul, être lui-même. »<br />

Comme les précédents, le nouveau décor de<br />

Zimmermann & de Perrot constitue l’incipit de<br />

leur travail, celui pour lequel ils se présentent<br />

en « artisans », en inventeurs, récompensés cette<br />

année par le Prix design de la Confédération. Ils<br />

ont travaillé depuis la feuille blanche durant plus<br />

d’une année, accompagnés de trois ingénieurs et<br />

de Ingo, leur responsable décor, pour construire<br />

cette « machine à laver », dont certains clous<br />

heureusement oubliés dans les tubes chantent<br />

l’histoire du temps qui passe. Ils dessinent beaucoup,<br />

brossent des croquis avant toute autre<br />

chose, imaginent une maquette pour comprendre<br />

l’espace. Ensuite le contenu s’intègre. L’image est<br />

née. Elle raconte ses mythes.<br />

« Nous sommes très alémaniques dans notre<br />

travail. Nous avons cette minutie, cet amour<br />

pour le détail que l’on trouve chez un Christoph<br />

Marthaler. Parallèlement nous n’avons pas le<br />

po<strong>id</strong>s d’un héritage culturel comme l’ont les<br />

Romands. On est un peu du n’importe quoi. On<br />

est un peu des libertés. »<br />

Le bruit de la machine à coudre rappelle l’urgence<br />

des horaires. Martin et Dimitri sont des<br />

pointilleux. Des rêveurs qui gardent les pieds sur<br />

terre, avec chacun son univers, sa famille, son<br />

amoureuse, ses enfants. Leurs tours du monde<br />

n’ont pas fait pâlir leur « être suisse ». Même invités<br />

au Théâtre de la Ville de Paris, ils se répètent<br />

que « c’est bien mais qu’après il va falloir quand<br />

même rentrer ».<br />

Naïfs ? Ils préfèrent « curieux », comme des<br />

oiseaux libres qui observent le monde, qui savent<br />

que les choses ne sont pas toujours telles qu’on<br />

a voulu nous les apprendre. Et qui disposent<br />

d’un « mystère » : celui de pouvoir marcher sur<br />

une scène pour raconter des histoires qui font<br />

grandir. « Vous l’avez peut-être déjà lu quelque<br />

part : on aime bien dire que nous faisons tout très<br />

sérieusement mais que nous ne prenons rien au<br />

sérieux. »<br />

Anne Fournier<br />

Rés<strong>id</strong>ence de fin de création au Théâtre<br />

V<strong>id</strong>y-<strong>Lausanne</strong>, première le 17 janvier <strong>2012</strong>.<br />

Mardi 17.01. 19h00<br />

Mercredi 18.01. 19h00<br />

Jeudi 19.01. relâche<br />

Vendredi 20.01. 20h30<br />

Samedi 21.01. 19h00<br />

Dimanche 22.01. 17h30<br />

Lundi 23.01. relâche<br />

Mardi 24.01. relâche<br />

Mercredi 25.01. 19h00<br />

Jeudi 26.01. 19h00<br />

Vendredi 27.01. 20h30<br />

Samedi 28.01. 19h00<br />

Dimanche 29.01. 17h30<br />

Lundi 30.01. relâche<br />

Mardi 31.01. relâche<br />

Mercredi 01.02. 19h00<br />

Jeudi 02.02. 19h00<br />

Vendredi 03.02. 20h30<br />

Samedi 04.02. 19h00<br />

Dimanche 05.02. 17h30<br />

« Nous dessinons nos personnages durant plusieurs<br />

mois, brossant les caractères à partir d’un<br />

casting. On amène les interprètes à parler d’euxmêmes,<br />

à s’ouvrir ; mais ils sont aussi un miroir<br />

de nous-mêmes. Ensuite naissent les scènes,<br />

les tensions qui nous travaillent. C’est comme un<br />

paysan avec la pioche qui travaille le sol. »<br />

Martin et Dimitri se regardent, sourire en coin,<br />

l’un tapote sur la table, presque nerveusement ;<br />

l’autre continue de dessiner. A l’aube de la quarantaine,<br />

c’est aussi le temps de la maturité, des<br />

questions sur le corps qui vieillit, sur la roue<br />

qui tourne. Metteurs en scène hors jeu avec<br />

Chouf Ouchouf, tous deux foulent à nouveau les<br />

planches pour Hans was Heiri : sur le plateau de<br />

répétition la sono de Dimitri semble faire o≤ce<br />

de garde-fou. Les deux Zurichois ont réuni à leurs<br />

côtés cinq talents issus du cercle de théâtre-danse<br />

né de créateurs comme Alain Platel ou Anne<br />

Teresa De Keersmaeker. Ils les veulent autonomes,<br />

pour puiser dans leur savoir-faire, pour avec<br />

eux inventer quelque chose de nouveau. « C’est un<br />

vrai laboratoire. »<br />

Théâtre V<strong>id</strong>y-L<br />

<strong>Janvier</strong> à <strong>mars</strong> <strong>2012</strong> | N˚ 35<br />

06<br />

Alors, d’abord la poule ou l’œuf ? Blanc bonnet<br />

ou bonnet blanc ? Jean ou Henri ? Martin ou<br />

Dimitri ? Martin comme Dimitri ? Leur nouvelle<br />

énigme a de quoi donner des cheveux<br />

blancs. La vie ne serait-elle que l’échec de notre<br />

ambition de devenir des indiv<strong>id</strong>us uniques ?<br />

Hans was Heiri est un jeu de projection, couplé à


P<br />

L<br />

I<br />

U<br />

I<br />

T<br />

B<br />

C<br />

E<br />

GUO FENGYI COLLECTION<br />

DE L’ART BRUT<br />

LAUSANNE<br />

DU 18 NOVEMBRE 2011<br />

AU 29 AVRIL <strong>2012</strong><br />

11, AVENUE DES BERGIÈRES<br />

1004 LAUSANNE<br />

WWW.ARTBRUT.CH<br />

Image : Guo Fengyi, Sans titre (détail). Photo : Caroline Smyrliadis.<br />

Graphisme: uglymilk.ch<br />

au musée CIMA<br />

du 05.11.2011 au 31.03.<strong>2012</strong><br />

François<br />

Junod<br />

—<br />

Atelier<br />

d‘automates<br />

1450 Sainte-Croix | 0041 24 454 44 77<br />

www.musees.ch<br />

Prix de design 2011<br />

de la Confédération suisse<br />

19 oct 2011 – 12 fév <strong>2012</strong><br />

Une exposition du mudac et de<br />

l’Office fédéral de la culture<br />

mudac<br />

Musée de design et d’arts<br />

appliqués contemporains<br />

6, place de la Cathédrale<br />

CH – 1005 <strong>Lausanne</strong><br />

www.mudac.ch<br />

www.swissdesignawards.ch<br />

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La fausse suivante<br />

(ou le fourbe puni)<br />

de Marivaux<br />

Du 18 janvier au 5 février <strong>2012</strong><br />

Salle de répétition<br />

Mise en scène :<br />

Nadia Vonderheyden<br />

Dramaturgie :<br />

Michèle Antiphon<br />

Lumière :<br />

Ronan Cahoreau-Gallier<br />

Son :<br />

Jean-Louis Imbert<br />

Scénographie :<br />

Christian Tirole<br />

Nadia Vonderheyden<br />

Costumes :<br />

Eric Guérin<br />

Maquillages :<br />

Cécile Kretschmar<br />

Régisseur scène :<br />

Jean Fortunato<br />

Avec :<br />

Mohand Azzoug<br />

Catherine Baugué<br />

Julien Flament<br />

Lamya Regragui<br />

Arnaud Troalic<br />

Nadia Vonderheyden<br />

Durée :<br />

env. 1h45<br />

Age conseillé :<br />

tout public, dès 10 ans<br />

Genre :<br />

théâtre<br />

Production :<br />

Espace Malraux, scène nationale de<br />

Chambéry et de la Savoie<br />

Coproduction :<br />

Théâtre national de Bretagne – Rennes<br />

MC2 : Grenoble<br />

Théâtre V<strong>id</strong>y-<strong>Lausanne</strong><br />

Scène nationale de Sénart<br />

Mercredi 18.01. 19h30<br />

Jeudi 19.01. 19h30<br />

Vendredi 20.01. 19h30<br />

Samedi 21.01. 19h30<br />

Dimanche 22.01. 18h30<br />

Lundi 23.01. relâche<br />

Mardi 24.01. 19h30<br />

Mercredi 25.01. 19h30<br />

Jeudi 26.01. 19h30<br />

Vendredi 27.01. 19h30<br />

Samedi 28.01. 19h30<br />

Dimanche 29.01. 18h30<br />

Lundi 30.01. relâche<br />

Mardi 31.01. 19h30<br />

Mercredi 01.02. 19h30<br />

Jeudi 02.02. 19h30<br />

Vendredi 03.02. 19h30<br />

Samedi 04.02. 19h30<br />

Dimanche 05.02. 18h30<br />

Théâtre V<strong>id</strong>y-L<br />

<strong>Janvier</strong> à <strong>mars</strong> <strong>2012</strong> | N˚ 35<br />

09<br />

Marivaux écrit La fausse suivante en 1724, une<br />

année qui marque une grande rupture tant au<br />

niveau personnel que dans son travail théâtral.<br />

Il perd tous ses biens en 1720 dans la faillite de<br />

la banque Law et sa femme décède en 1723.<br />

Louis XIV meurt en 1715, l’absolutisme laisse<br />

place à la Régence ; en 1723 Louis XV arrive au<br />

pouvoir. On est donc dans des temps de transformation<br />

politique, économique et sociale, les<br />

modèles sociétaux se transforment, et les modes<br />

de représentations changent.<br />

Dans la pièce, six personnages se côtoient et s’entremêlent,<br />

trois valets et trois nobles, chacun<br />

défendant âprement ses intérêts et ses gains, chacun<br />

ayant à perdre gros, de sa fortune et de luimême.<br />

Parmi ces six figures, deux font alliance<br />

dès le début – ceux qui ont tout à gagner et peu<br />

à perdre –, une femme travestie en homme, le<br />

Chevalier, et Trivelin, un homme sans situation<br />

qui passe d’un état à un autre, faisant fortune<br />

ou la perdant. Quand la pièce commence il vient<br />

de tout perdre (situation dans laquelle se trouve<br />

Marivaux) et se fait embaucher par Frontin<br />

en qualité de valet. Ce travestissement va agir<br />

comme un « trouble dans le genre », bouleversant<br />

et re-questionnant l’ordre des désirs chez chacun.<br />

On pourrait ici tirer un lointain parallèle avec le<br />

jeune homme de Théorème de Pasolini.<br />

La fausse suivante est en e±et une des rares pièces<br />

de Marivaux qui ne finit pas sur un « happy end »,<br />

mais reste comme en suspens après que l’on a<br />

suivi le combat de chacun des protagonistes entre<br />

désirs et mensonges, alliance et survie. Ils sortent<br />

de cette bataille comme hagards, ne sachant<br />

bien quelle expérience exactement ils viennent de<br />

faire, défaits et troublés.<br />

On voit bien en quoi Marivaux peut être l’un des<br />

annonceurs (même malgré lui) de la révolution à<br />

venir, d’un « intenable » de cette société où une<br />

noblesse dépérit, où une bourgeoisie financière<br />

prend sa place, pendant que des valets commencent<br />

à nommer leur condition, où les contrats qui s’y<br />

concluent – qu’ils soient d’intérêts et amoureux –<br />

doivent se repenser. L’ancien ordre des choses commençant<br />

à se fissurer, place est faite pour que de<br />

nouveaux désirs émergent, y compris violemment.<br />

Tout cela est pris dans un lendemain de bal où<br />

interviennent des chants et des danses, faisant<br />

relais à ces joutes oratoires que sont les dialogues<br />

de Marivaux, où chacun faisant face à l’autre,<br />

improvisant ses réparties, se découvre lui-même ;<br />

où chaque joueur est pris à son propre jeu. Où,<br />

masqués voulant démasquer l’autre, ils se révèlent<br />

à une partie d’eux-mêmes.<br />

Il faudrait arriver à les laisser là, haletants, en<br />

suspens après une ronde éperdue, une série de<br />

rounds, les laisser savoir ce qu’ils vont devenir.<br />

La pièce raconte cela : on n’est pas quelque chose,<br />

on le devient. Et la vie et les êtres ne sont peutêtre<br />

que cela, un devenir et un advenir permanent<br />

et sans cesse renouvelé, avec ses crises inéluctables.<br />

Et on sait à quel point les mises en crises<br />

sont justement génératrices de changement.<br />

Pour faire ce travail, j’ai cheminé deux ou trois<br />

ans, je me suis laissé le temps de faire des rencontres,<br />

d’attendre qu’il y ait des év<strong>id</strong>ences. C’est<br />

ce qui s’est passé. J’avais une lecture de la pièce,<br />

mais je ne voulais pas faire une « application » dramaturgique<br />

de cette lecture, il fallait un sou≥e<br />

venant des acteurs, et surtout de leur rencontre.<br />

Mais cette envie concernait toute l’équipe, la rencontre<br />

avec Michèle, dramaturge, sa façon de penser<br />

et d’éclairer le travail, Cécile aux maquillages<br />

et Jean-Louis au son que j’avais rencontré sur des<br />

spectacles où je jouais. Et il y a des compagnons de<br />

longue date, Ronan à la lumière, Christian à la scénographie<br />

et au plateau, Eric aux costumes, mais<br />

que j’ai d’abord rencontré comme acteur alors que<br />

l’on jouait ensemble, et l’équipe de Chambéry…<br />

Il y a eu ensuite une façon d’organiser le travail,<br />

il fallait pouvoir se donner du temps. Alors<br />

nous avons travaillé tout le mois de juillet et nous<br />

avons repris le travail en décembre pour la dernière<br />

ligne droite. Il y avait un temps de décantation<br />

nécessaire que nous avons pu avoir.<br />

Ce qui me semble le plus déterminant dans cette<br />

aventure, c’est le sou≥e qu’a ce collectif. Il faut<br />

le préserver et lui donner de la force. C’est aussi<br />

cette force qui permettra de donner vie à la langue<br />

de Marivaux et à ses inventions, de traverser<br />

les expérimentations qu’il donne à faire du langage<br />

et par le langage.<br />

Et peut-être que ce que le théâtre peut à son<br />

endroit apporter à nos vies, à nos collectivités,<br />

c’est justement cela : il y a des mondes, et en<br />

inventant des moments de regroupement nous<br />

pouvons réinventer de l’en-commun.<br />

Nadia Vonderheyden<br />

© D<strong>id</strong>ier Grappe<br />

Belkheïr ou une carte ne vous sauve pas la vie pour rien<br />

de et par Belkheïr Djénane<br />

Du 25 janvier au 11 février <strong>2012</strong><br />

La Passerelle<br />

Ecriture :<br />

Nathalie Papin<br />

Mise en scène :<br />

Anne Artigau<br />

Conception et jeu :<br />

Belkheïr Djénane<br />

(Bébel le magicien)<br />

Durée :<br />

1h<br />

Age conseillé :<br />

dès 10 ans<br />

Genre :<br />

magie nouvelle et théâtre<br />

Production :<br />

Cirque-Théâtre d’Elbeuf – centre national des<br />

arts du cirque de Haute-Normandie<br />

Coproduction :<br />

L’Hippodrome, scène nationale de Douai<br />

Les Nuits de Fourvière – Département du<br />

Rhône<br />

Le Merlan, scène nationale de Marseille<br />

D.S.N, scène nationale de Dieppe<br />

Itinéraires Bis, Côtes d’Armor<br />

Théâtre V<strong>id</strong>y-<strong>Lausanne</strong><br />

Avec le soutien de :<br />

Centquatre<br />

Ce projet a bénéficié du dispositif SACD et<br />

SYNDEAC : « En 2011, passez commande »<br />

Création au Théâtre V<strong>id</strong>y-<strong>Lausanne</strong><br />

le 25 janvier <strong>2012</strong><br />

Mercredi 25.01. 20h00<br />

Jeudi 26.01. 20h00<br />

Vendredi 27.01. 20h00<br />

Samedi 28.01. 20h00<br />

Dimanche 29.01. relâche<br />

Lundi 30.01. relâche<br />

Mardi 31.01. 20h00<br />

Mercredi 01.02. 20h00<br />

Jeudi 02.02. 20h00<br />

Vendredi 03.02. 20h00<br />

Samedi 04.02. 20h00<br />

Dimanche 05.02. 18h00<br />

Lundi 06.02. relâche<br />

Mardi 07.02. 20h00<br />

Mercredi 08.02. 20h00<br />

Jeudi 09.02. 20h00<br />

Vendredi 10.02. 20h00<br />

Samedi 11.02. 20h00<br />

Théâtre V<strong>id</strong>y-L<br />

<strong>Janvier</strong> à <strong>mars</strong> <strong>2012</strong> | N˚ 35<br />

09<br />

Un nuage de mystère autour des cartes<br />

Quand on demande à Anne Artigau de nous<br />

parler du spectacle Belkheïr ou une carte ne vous<br />

sauve pas la vie pour rien dont elle assure la mise<br />

en scène, elle commence par sortir de son sac un<br />

jeu de cartes qu’elle a≤rme avoir toujours sur<br />

elle. Texture glacée qui trahit une qualité utilisée<br />

par les professionnels des tours de magie, les<br />

cartes glissent avec facilité et finesse dans les<br />

mains. Elle poursuit en expliquant que Belkheïr<br />

signifie « le bienfaisant » et tourne autour d’un<br />

homme : Belkheïr Djénane, dit Bébel, un magicien<br />

qui réussit à faire graviter le mystère à quelques<br />

centimètres du nez du spectateur. Le souci d’Anne<br />

Artigau est d’adapter l’art de cet homme à la scène<br />

de théâtre pour nous permettre « d’entrer dans<br />

l’intimité des cartes ». Pour ce faire, la metteure<br />

en scène aimerait jouer sur deux plans : une table<br />

où Bébel émerveillera par ses tours et un écranmiroir<br />

reflétant l’invisible, o±rant une palette de<br />

possibilités scéniques.<br />

Pourquoi faire un spectacle sur la magie des<br />

cartes ? Selon Anne Artigau, le travail du prest<strong>id</strong>igitateur<br />

ne se situe pas si loin de la tâche du<br />

metteur en scène puisque tous deux s’attachent<br />

à accrocher l’œil du public et à le diriger à leur<br />

convenance. Ce rapport l’intéresse, lui plaît et<br />

l’interroge. De plus, le langage poétique utilisé<br />

dans la cartomancie révèle une véritable mythologie<br />

qui la fascine peu à peu. Comme un livre<br />

qu’on feuillette, les cartes ont des légendes, elles<br />

parlent du passé, du futur, des étoiles aussi. « On<br />

peut y voir l’avenir. Peut-être. Mais pas sûr. Juste<br />

l’espoir de cela, c’est form<strong>id</strong>able ! »<br />

Le défi de mettre en mots l’imaginaire de ces<br />

petits êtres de carton et leurs paroles revient à<br />

l’auteure Nathalie Papin qui œuvre depuis plusieurs<br />

années dans le paysage théâtral. Lors de sa<br />

rencontre avec Belkheïr Djénane, la magie a opéré<br />

et leur collaboration s’est imposée comme une<br />

év<strong>id</strong>ence. Ensuite, Anne Artigau s’est incorporée<br />

au projet, se chargeant de mettre en valeur cette<br />

littérature de l’imagination qui « nous fait partir<br />

très loin en quelques mots », de la laisser fleurir et,<br />

surtout, de la positionner, avec soin, en contraste<br />

avec les tours du personnage incarné par Bébel.<br />

Par ailleurs, la metteure en scène souhaiterait<br />

pouvoir retranscrire le langage du plus petit, ces<br />

bruits humainement inaudibles, « ce qu’on ne<br />

peut entendre à l’oreille nue » comme peut-être le<br />

chuchotement des cartes.<br />

Belkheïr ou une carte ne vous sauve pas la vie<br />

pour rien relate le voyage d’un indiv<strong>id</strong>u qui, lors<br />

d’un acc<strong>id</strong>ent, se retrouve face à face avec le Roi<br />

de Carreau. Invité à explorer le monde des cartes,<br />

il plonge dans leur univers, découvre leur<br />

immortalité, leurs conf<strong>id</strong>ences et bon nombre de<br />

surprises. Construit à la manière d’un kalé<strong>id</strong>oscope,<br />

le spectacle esquisse l’entrelacement de<br />

deux histoires : celle des cartes qui a évolué main<br />

dans la main avec celle des hommes. « Le public va<br />

découvrir des épisodes de la vie des cartes, ce qui<br />

leur est arrivé mais également notre rapport avec<br />

elles. » Leur symbolique n’est jamais figée ; elles<br />

traduisent les changements du temps, parfois des<br />

événements historiques, souvent une instrumentalisation<br />

politique. Ici, la magie servira de décor<br />

aux péripéties étonnantes d’un homme perdu,<br />

précipité dans l’inconnu, « quelque part ailleurs ».<br />

C’est toute une partie de notre humanité, de notre<br />

comportement à travers les siècles qui passera, avec<br />

poésie, sous la loupe d’Anne Artigau et ses complices<br />

Belkheïr Djénane et Nathalie Papin, en révélant<br />

peut-être, qui sait, quelques secrets çà et là.<br />

Alexandra Gentile


P<br />

L<br />

I<br />

U<br />

I<br />

T<br />

B<br />

C<br />

E<br />

Une scène à la campagne<br />

Mézières / VD<br />

SAISON <strong>2012</strong><br />

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de Pierre Guillois<br />

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Anton Tchekhov<br />

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Nicolaï Gogol<br />

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Vahé Katcha<br />

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CONCERT<br />

· La Camerata de <strong>Lausanne</strong><br />

Pierre Amoyal<br />

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Ensemble Choral de la Côte<br />

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d’Opéra Avenches<br />

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OPÉRA<br />

· La Route lyrique<br />

Opéra de <strong>Lausanne</strong><br />

PERFORMANCE<br />

· 1973, Massimo Furlan<br />

HUMOUR<br />

· Porteur, Dimitri<br />

COMÉDIE ÉQUESTRE<br />

· Les 4 saisons de la Tziganie<br />

Cirque Werdyn<br />

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DE PRESTIGIEUX CHORÉGRAPHES<br />

OCTOPUS – DECOUFLÉ > 2 – 3 MARS<br />

DARK MATTERS – CRYSTAL PITE > 21 AVRIL<br />

DES PIANISTES DE RENOMMÉE MONDIALE<br />

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Felipe Castro, comédien<br />

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<br />

THÉÂTRE LE POCHE<br />

<br />

><br />

Edwige Baily, comédienne


Hilum<br />

de Patrick Sims<br />

Du 8 au 26 février <strong>2012</strong><br />

Chapiteau V<strong>id</strong>y-L<br />

Ecriture, mise en scène,<br />

scénographie et marionnettes :<br />

Patrick Sims<br />

Masques, costumes, accessoires<br />

et marionnettes :<br />

Josephine Biereye<br />

Création musicale :<br />

DJ Final Rinse<br />

Construction plateau<br />

et lumière :<br />

Dav<strong>id</strong> Hayter<br />

Administration et diffusion :<br />

Sophie-Danièle Godo<br />

© Jean-Pierre Estournet<br />

Avec :<br />

Josephine Biereye<br />

Céline Chevy<br />

Zana Goodall<br />

Patrick Sims<br />

Durée :<br />

55 minutes<br />

Age conseillé :<br />

surtout pour les adultes, mais accessible<br />

dès 9 ans<br />

Genre :<br />

spectacle de marionnettes envoûtant<br />

et plein d'humour<br />

Production :<br />

Les Antliaclastes<br />

www.antliaclastes.com<br />

Depuis 2010 la compagnie est accueillie<br />

dans les murs du Footsbarn Theatre.<br />

Mercredi 08.02. 20h30<br />

Jeudi 09.02. 20h30<br />

Vendredi 10.02. 19h00<br />

Samedi 11.02. 20h30<br />

Dimanche 12.02. 17h00<br />

Lundi 13.02. relâche<br />

Mardi 14.02. 20h30<br />

Mercredi 15.02. 20h30<br />

Jeudi 16.02. 20h30<br />

Vendredi 17.02. 19h00<br />

Samedi 18.02. 20h30<br />

Dimanche 19.02. 17h00<br />

Lundi 20.02. relâche<br />

Mardi 21.02. 20h30<br />

Mercredi 22.02. 20h30<br />

Jeudi 23.02. 20h30<br />

Vendredi 24.02. 19h00<br />

Samedi 25.02. 20h30<br />

Dimanche 26.02. 17h00<br />

Théâtre V<strong>id</strong>y-L<br />

<strong>Janvier</strong> à <strong>mars</strong> <strong>2012</strong> | N˚ 35<br />

11<br />

Le sous-sol d’un musée d’histoire naturelle se<br />

dévoile dans un grincement, on pénètre dans<br />

cette laverie improbable où une foule d’objets<br />

hétéroclites habitent le plateau. Le décor nous<br />

plonge instantanément dans un univers intemporel<br />

aux nuances de blanc délavé. L’espace s’anime.<br />

Nos yeux s’écarquillent.<br />

D’abord, il y a comme point de départ ce mot :<br />

« hilum ». Terme médical, biologique ou botanique<br />

employé pour désigner la marque du point d’attache<br />

vital – tel le nombril pour les humains –,<br />

il signifie également un portail par lequel peut<br />

transiter une ribambelle de choses ou un endroit<br />

tactique duquel on peut tout voir. Cette notion,<br />

de par la multitude de sens et de pistes évoquées,<br />

amorce d’ores et déjà une proposition intrigante,<br />

propice à la création. Ensuite, il y a la volonté<br />

d’explorer le temps suspendu qu’implique le<br />

processus de blanchiment du linge – cette « phase<br />

calme où il n’y a rien à faire » nous explique<br />

Patrick Sims, à la tête du projet. Le cadre est<br />

posé, maintenant ce terrain de jeu peut donner<br />

naissance à des interactions inespérées au milieu<br />

d’une faune de spécimens aussi surprenants<br />

qu’espiègles.<br />

Après une formation en cinéma et en animation<br />

au M<strong>id</strong>dlebury College dans le Vermont, Patrick<br />

Sims découvre le travail d’Alfred Jarry. Subjugué,<br />

il déc<strong>id</strong>e de s’intéresser de plus près à l’art vivant<br />

et la pratique des marionnettes s’installe peu à<br />

peu au centre de ses préoccupations. Il démarre<br />

dans sa ville natale au Bread and Puppet Theater<br />

où il cultive cette passion. Au fil des années, il<br />

vogue vers d’autres terres, notamment Java pour<br />

y apprendre et se nourrir d’autres techniques<br />

comme le théâtre d’ombres. A son arrivée en<br />

Europe, désireux d’approcher la philosophie de<br />

Jarry, il se lance dans une recherche consacrée à<br />

la pataphysique et l’interprète inhumain à l’Université<br />

de Dublin. Plus tard, il migre en France<br />

pour endosser le rôle de directeur artistique<br />

du Buchinger’s Boot Marionnettes à Marseille<br />

pendant cinq ans. En 2010, il cofonde la compagnie<br />

des Antliaclastes avec Josephine Biereye.<br />

L’artiste allemande se charge de l’élaboration<br />

des masques, des costumes et autres accessoires<br />

qu’elle peaufine progressivement durant le<br />

développement de la création de chaque pièce.<br />

Les Antliaclastes, littéralement les « casseurs<br />

de pompes », constitue la première œuvre pour<br />

marionnettes écrite par Alfred Jarry à l’âge de<br />

13 ans ; un clin d’œil logique au mentor du jeune<br />

américain.<br />

Hilum est une machine à enchantement rodée<br />

par quatre marionnettistes – Josephine Biereye,<br />

Céline Chevy, Zana Goodall et Patrick Sims –<br />

maniant avec dextérité ces êtres articulés par<br />

des fils. Tantôt invisibles, tantôt masqués, les<br />

manipulateurs jouent sur l’alternance. Selon<br />

l’échelle, l’œil s’adapte aux personnages à taille<br />

humaine qui apparaissent de temps à autre, mais<br />

également aux petits détails, aux gestes gracieux<br />

de ces créatures « adorables mais inquiétantes ».<br />

Dans cette buanderie, l’espace d’un instant, on en<br />

arrive à oublier l’existence des hommes. Comme<br />

on ouvre un co±ret magique, Hilum invite à un<br />

imaginaire peuplé de spécimens ne rentrant dans<br />

aucun système de classification préétabli. Rejetés,<br />

délaissés ou cachés du monde, ces « monstres de<br />

seconde zone » nous s<strong>id</strong>èrent, peut-être parce<br />

que derrière leur allure un brin e±rayante ils ont<br />

quelque chose de familier, une attitude presque<br />

naïve qui nous rappelle étrangement des images<br />

de dessins animés, des fragments de notre<br />

enfance. L’inquiétude laisse place à l’étonnement<br />

puis à l’a±ection. Un mélange de sentiments se<br />

déverse dans ce « linge sale du conte de fée ».<br />

De même qu’une machine à laver changeant au<br />

fur et à mesure de ses di±érents cycles – laine,<br />

coton, délicat, couleurs, synthétique –, cette<br />

aventure onirique se calque sur des rythmes,<br />

des environnements sonores, des compositions<br />

visuelles dans lesquelles on discerne une panoplie<br />

de micro-intrigues éparses, construites indépendamment<br />

ou en écho à d’autres. L’élaboration de<br />

ces tableaux vivants part de la recherche d’une<br />

émotion autour de laquelle gravitent petits et<br />

grands personnages. Les possibilités se déclinent<br />

à l’infini ; en e±et, des dizaines d’autres épisodes<br />

pourraient être envisageables selon Patrick Sims<br />

qui les garde dans un coin de son esprit. Son<br />

travail s’élabore sur les bases jetées par Alfred<br />

Jarry : « Il m’a donné la confirmation qu’en art<br />

la liberté complète est possible. L’important est<br />

la pensée de chacun. » Cette révélation, source<br />

de la constante recherche de Patrick Sims avec<br />

les marionnettes, justifie une approche créative<br />

« sans lois, ni règles ». Le théâtre « post-humain et<br />

populaire » des Antliaclastes, à l’image de leurs<br />

petites créatures, défie toute catégorie.<br />

Grâce à leur fable pour adultes sans adoucissant,<br />

ils dépoussièrent les recoins de notre imagination<br />

d’enfant, de notre fantaisie enfouie et nous<br />

expédient sans scrupule en territoire inexploré.<br />

En route pour une visite à travers une collection<br />

de curiosités insolites exposée avec une originalité<br />

déroutante.<br />

Alexandra Gentile


Histoire du soldatde Charles-Ferdinand<br />

Ramuz<br />

Du 14 au 23 février <strong>2012</strong><br />

Salle Charles Apothéloz<br />

Musique :<br />

Igor Stravinsky<br />

Conception et mise en scène :<br />

Roland Auzet<br />

Dispositif v<strong>id</strong>éo :<br />

Wilfried Wendling<br />

Création lumière :<br />

Bernard Revel<br />

Scénographie :<br />

Gaëlle Thomas<br />

Construction des décors :<br />

Ateliers du Théâtre V<strong>id</strong>y-<strong>Lausanne</strong><br />

Avec :<br />

Thomas Fersen<br />

Ensemble instrumental de la<br />

Haute Ecole de Musique de <strong>Lausanne</strong><br />

(HEMU)<br />

Direction musicale :<br />

Geoffroy Jourdain<br />

Durée :<br />

env. 1h15<br />

Age conseillé :<br />

dès 13 ans<br />

Genre :<br />

théâtre/musique<br />

Production déléguée :<br />

Théâtre de la Renaissance (Oullins –<br />

Grand Lyon)<br />

Coproduction :<br />

Théâtre V<strong>id</strong>y-<strong>Lausanne</strong><br />

Act-Opus<br />

Avec l’a<strong>id</strong>e du Nouveau Théâtre de Montreuil –<br />

Centre dramatique national<br />

Mardi 14.02. 19h00<br />

Mercredi 15.02. 19h00<br />

Jeudi 16.02. 19h00<br />

Vendredi 17.02. 20h30<br />

Samedi 18.02. 15h00<br />

Samedi 18.02. 19h00<br />

Dimanche 19.02. 17h30<br />

Lundi 20.02. relâche<br />

Mardi 21.02. 19h00<br />

Mercredi 22.02. 19h00<br />

Jeudi 23.02. 19h00<br />

Théâtre V<strong>id</strong>y-L<br />

<strong>Janvier</strong> à <strong>mars</strong> <strong>2012</strong> | N˚ 35<br />

12<br />

Roland Auzet était il y a quelques mois à V<strong>id</strong>y<br />

pour Deux hommes jonglaient dans leur tête. Il<br />

présentait en tant que percussionniste un spectacle<br />

de cirque musical créé avec le jongleur Jérôme<br />

Thomas. Aujourd’hui il revient en tant que metteur<br />

en scène de l’Histoire du soldat, le célèbre<br />

drame musical signé Charles-Ferdinand Ramuz<br />

et Igor Stravinsky et créé à <strong>Lausanne</strong> le 29 septembre<br />

1918. Roland Auzet a choisi de monter<br />

cette œuvre pour marquer sa nomination à la<br />

direction générale et artistique du Théâtre de la<br />

Renaissance d’Oullins en juin 2011, car, selon lui,<br />

elle représente un moment crucial dans l’histoire<br />

du rapport entre la musique et le théâtre. Or la<br />

relation entre ces deux disciplines a, depuis ses<br />

débuts, été au centre de son questionnement<br />

artistique.<br />

Roland Auzet, vous êtes avant tout musicien, quel<br />

a été le déclencheur pour aller vers le théâtre ?<br />

En fait, il ne me semblait pas possible de faire<br />

un chemin dans la musique sans m’intéresser<br />

aux autres arts vivants. Parce que la question du<br />

corps, notamment avec l’instrument que je joue,<br />

la percussion, est prépondérante. En étudiant la<br />

percussion, on est confronté à l’<strong>id</strong>ée de mouvoir<br />

son corps dans un espace entouré d’instruments<br />

et, du coup, la question du geste et du sens de ce<br />

geste est centrale. Alors, par curiosité, je suis allé<br />

fouiller dans le sens que peut avoir ce geste dans<br />

les autres disciplines, le théâtre, la danse et les<br />

arts du cirque.<br />

Les arts du cirque sont peut-être les plus proches<br />

de la musique parce qu’il y a l’<strong>id</strong>ée de l’instant : un<br />

jongleur, quand il a cinq balles dans la main et les<br />

lance se doit, à un instant précis, de réaliser quelque<br />

chose qui convoque l’horizontal et le vertical.<br />

En musique, il y a la même chose : à un moment<br />

donné, on doit faire correspondre une hauteur<br />

avec un espace-temps. Du coup j’ai trouvé des<br />

espaces communs de poésie entre la musique et le<br />

cirque.<br />

Puis j’ai cherché la rencontre avec ces autres<br />

personnes qui pratiquent ces espaces-temps et<br />

ces espaces poétiques : je me suis inscrit à l’Ecole<br />

de cirque Fratellini, j’ai pratiqué la corde volante,<br />

une espèce de trapèze sans la barre en bois, et j’ai<br />

appris à ressentir, à me questionner sur le sens de<br />

ce corps dans la musique, la danse et le théâtre.<br />

C’est comme ça que, de plain-pied, je suis entré<br />

dans ce rapport avec les autres arts.<br />

De plus, dans mon cursus au conservatoire, j’ai<br />

été amené à ce questionnement par certains de<br />

mes professeurs comme Jean-Pierre Drouet ou<br />

Gaston Sylvestre ; ils sont les grands interprètes<br />

qui ont permis à des compositeurs comme<br />

Georges Aperghis ou Mauricio Kagel de faire le<br />

boulot que l’on sait.<br />

Et, par rapport à l’engagement corporel du musicien,<br />

on se souvient du concerto pour timbales<br />

de Mauricio Kagel, à la fin duquel il demande au<br />

soliste d’éclater la peau de la timbale avec sa tête.<br />

D’ailleurs, c’est Jean-Pierre Drouet qui a créé<br />

ce concerto. En allant jusqu’à demander à l’interprète<br />

de mettre la tête dans le chaudron, et<br />

donc de signifier son inféodation au compositeur,<br />

Mauricio Kagel fait un théâtre musical engagé et<br />

politique par essence. Pour lui, comme pour John<br />

Cage, cette domestication dans le rapport au chef<br />

et à la partition est un héritage symbolique très<br />

fort transmis plus ou moins tacitement au cours<br />

de la formation musicale. Ces compositeurs ont<br />

utilisé le lien entre théâtre et musique pour que<br />

le sens politique puisse a<strong>id</strong>er les musiciens à faire<br />

grandir leur vocation et leur présence. Les musiciens<br />

ne sont pas des machines, mais peut-être<br />

que la confrontation à l’orchestre symphonique<br />

au service de musiques du XVI e au XIX e siècle<br />

leur fait perdre la notion de la personne et de<br />

l’indiv<strong>id</strong>u. La musique est confrontée à l’<strong>id</strong>ée que<br />

l’héritage prédomine. De plus, pour être un bon<br />

instrumentiste, on commence par être pendant<br />

quinze ans dans un studio de cinq mètres carrés<br />

à se taper la tête contre les murs, c’est ça le début.<br />

Donc quand on sort de cette expérience-là, on a<br />

aucune éducation politique, c’est impossible. Tous<br />

les bons musiciens, peut-être moins maintenant,<br />

mais en tout cas il y a vingt ans quand je suis<br />

sorti du conservatoire, tous les bons musiciens<br />

n’avaient aucune conscience de la relation politique<br />

à l’art. Alors ça doit s’apprendre et je trouve<br />

que le théâtre dans son partenariat avec la musique<br />

fait œuvre pédagogique pour permettre une<br />

prise de conscience des êtres : on peut signifier<br />

le monde avec une possibilité d’évolution pour<br />

l’indiv<strong>id</strong>u.<br />

Comment vous est venue l’envie de monter<br />

l’Histoire du soldat ?<br />

C’est précisément ce cheminement avec le théâtre.<br />

Pour nous musiciens, l’œuvre première qui<br />

redéfinit un nouvel espace-temps entre texte et<br />

musique au XX e siècle, c’est l’Histoire du soldat.<br />

Et pour ma nomination à la direction du Théâtre<br />

de la Renaissance d’Oullins, j’ai eu envie de<br />

reconvoquer une œuvre du répertoire qui a du<br />

sens pour l’histoire du rapport entre théâtre et<br />

musique.<br />

Mais plutôt que de suivre la distribution originale,<br />

deux acteurs, un lecteur et une danseuse,<br />

vous confiez tout le spectacle à un seul interprète<br />

: Thomas Fersen. Pourquoi ?<br />

Toujours pour trouver des articulations entre<br />

théâtre et musique, il s’agissait de donner un<br />

éclairage nouveau à cette œuvre pour pouvoir,<br />

par elle, encore réinterroger le monde. Or Thomas<br />

Fersen est un conteur, un chanteur populaire,<br />

son métier c’est de raconter des histoires. Je veux<br />

que ça soit une seule personne qui arrive, se<br />

mette en situation de celui qui va conter à la face<br />

du public l’histoire qu’il porte depuis la nuit des<br />

temps. Il va la jouer aussi, parce que, où qu’on se<br />

situe dans le monde, les conteurs jouent les personnages<br />

avec leurs mains et avec leur voix ; et<br />

Thomas Fersen le fait form<strong>id</strong>ablement bien. Pour<br />

moi, dans ses concerts, il pratique l’art populaire<br />

de conteur : il alterne entre chansons et histoires,<br />

il se met seul au piano pour chanter, l’orchestre<br />

revient, puis à nouveau une chanson sans<br />

musique. Or c’est typiquement la structure de<br />

l’Histoire du soldat, un récit ponctué de musique ;<br />

c’est une alternance entre des moments contés<br />

et des moments musicaux. Il y avait une sorte<br />

d’év<strong>id</strong>ence d’apprivoiser ce texte et cette partition<br />

avec lui. Une év<strong>id</strong>ence qui permettra aussi<br />

de rééclairer cette œuvre : certaines personnes<br />

viendront pour voir Thomas Fersen et découvriront<br />

peut-être Ramuz et Stravinsky. Et si ça<br />

arrive, alors j’aurai fait mon boulot de passeur.<br />

C’est Stravinsky qui avait proposé à Ramuz le<br />

sujet de l’Histoire du soldat, un mythe universel<br />

plongeant ses racines dans un conte populaire<br />

russe. Que voulez-vous raconter aujourd’hui<br />

avec cette histoire ancienne de soldat qui vend<br />

son âme au diable ?<br />

Des histoires de soldat, on en a tous les jours à la<br />

radio et à la télévision : des histoires d’imbéciles –<br />

mais imbéciles parce que trahis par l’humanité –<br />

qu’on envoie à l’autre bout du monde porter un<br />

projet foireux dont ils ne savent pas grand-chose.<br />

Ces gens payent du prix de leur vie un jeu qu’ils<br />

ne comprennent pas.<br />

Pour revenir au texte de Ramuz, le soldat donne<br />

au diable son violon en échange d’un livre ; or,<br />

en regardant la position pour tenir un violon, je<br />

me suis rendu compte qu’elle est similaire à la<br />

position pour tenir un fusil. De plus « vendre son<br />

âme », si on ajoute un « r » à « âme », devient « vendre<br />

son arme ». Avec Thomas Fersen, nous avons<br />

beaucoup travaillé sur cette question-là pour<br />

déc<strong>id</strong>er de reconvoquer l’arme sur le plateau :<br />

c’est-à-dire qu’il n’y a pas le violon sur scène. Le<br />

violon, c’est un flingue.<br />

Ce soldat, c’est un type illettré qui arrive au bout<br />

d’une campagne, épuisé, perdu, et qui se fait<br />

enlever la seule chose qu’il avait dans sa poche,<br />

c’est-à-dire cette arme, échangée contre un bouquin<br />

qu’il ne peut pas lire. Donc nous travaillons<br />

sur cette opposition entre cette arme, élément<br />

de la destruction de l’homme par l’homme, avec<br />

l’autre choix en vis-à-vis, qui est le livre dans<br />

lequel est réuni la connaissance pour que l’humanité<br />

puisse être sauvée. Et sur les fondements<br />

de la pièce, il s’agit bien de ça : va-t-on continuer<br />

de détruire l’humanité, oui ou non ? et sinon<br />

est-ce qu’on ne pourrait pas imaginer passer par<br />

la connaissance. Pour moi, aujourd’hui il y a une<br />

vraie question : est-il plus intéressant d’avoir un<br />

flingue ou un livre ? L’Histoire du soldat de Ramuz<br />

peut réinterroger cette chose-là.<br />

Pourtant le livre que le diable donne au soldat est<br />

un livre terrible dans lequel on peut, même sans<br />

savoir lire, voir l’avenir et accumuler des richesses<br />

insensées aux dépens d’une quelconque<br />

vie affective. Je n’ai pas l’impression que vous<br />

donnez au livre du diable la même signification<br />

que Ramuz.<br />

Ev<strong>id</strong>emment on peut cons<strong>id</strong>érer ce livre comme<br />

une sorte de livre de la bourse qui ramène de l’or<br />

et des billets, il y a cet aspect-là du livre, mais il y<br />

a aussi un autre aspect, peu évoqué, qui est celui<br />

de ce que peut contenir cet ouvrage et symboliquement<br />

les livres en général. C’est là-dessus que<br />

je m’appuie pour cette opposition. Je trouve cela<br />

bien plus nutritif que si on fait référence au livre<br />

comme objet d’une forme de marchandisation de<br />

la vie. Je reconnais que cette lecture est un exercice<br />

périlleux, mais c’est comme quand je vois<br />

un metteur en scène qui empoigne Shakespeare,<br />

lui met les pieds au plafond et essaie d’en sortir<br />

quelque chose de nouveau. Notre mission, c’est<br />

de prendre les ouvrages du répertoire et de les<br />

requestionner avec un éclairage actuel, organisé<br />

entre le sens musical, théâtral, politique et<br />

poétique.<br />

Un dernier mot sur la partition de Stravinsky,<br />

selon vous où se trouve la théâtralité de cette<br />

musique ?<br />

Dans l’architecture de la pièce, le rôle de la métrique<br />

est fondamentale : Stravinsky assemble des<br />

mesures dont les pulsations sont di±érentes les<br />

unes des autres, des mesures à 3/8, 4/8, 7/8,<br />

3/4, 4/4, etc., il évite une métrique routinière<br />

pour construire les rebondissements de l’histoire,<br />

pour créer le sentiment de quelque chose<br />

qui avance dans le temps. L’<strong>id</strong>ée d’une métrique<br />

avec des mesures toujours di±érentes permet de<br />

signifier que l’avenir ne ressemblera pas au passé :<br />

Stravinsky traite le temps comme une chose qui<br />

n’est pas linéaire, la chose passée n’existera plus<br />

jamais et une nouvelle est à venir. Et c’est avec<br />

cette organisation du temps qu’il compose une<br />

vraie musique pour un conte.<br />

Propos recueillis par Marc Berman<br />

moserdesign.ch photo : olivier pasqual<br />

SAISON<br />

2011-<strong>2012</strong><br />

HAUTE ÉCOLE<br />

DE MUSIQUE<br />

DE LAUSANNE<br />

CONCERTS<br />

JAM-SESSIONS<br />

THÉÂTRE<br />

CRÉATIONS<br />

CONFÉRENCES<br />

RENCONTRES<br />

WWW.HEMU.CH


Roland Auzet


P<br />

L<br />

I<br />

U<br />

I<br />

T<br />

B<br />

C<br />

E<br />

Luxe<br />

Domino<br />

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Apex<br />

Finsbu<br />

Chameleon<br />

Osterley<br />

Aston<br />

Metropo<br />

Malden<br />

Optic<br />

Architect<br />

UNICOM<br />

www.grangededorigny.ch<br />

L’abonnement Objectif Mars pour seulement 50 CHF<br />

étudiant 30 CHF, métro m1 entre Mouline et Vigie compris !<br />

Programme en décembre, <strong>mars</strong> au balcon !<br />

culture@unil.ch 021 692 21 12<br />

021 692 21 24<br />

Avec le soutien de :<br />

Banque Cantonale Vaudoise, Commune<br />

d’Ecublens, Etat de Vaud, Fondation Ernst<br />

Göhner,La Semeuse, Le Courrier, Librairies<br />

BASTA !, Loterie Romande, Musée cantonal<br />

de Zoologie, Pour-cent culturel Migros,<br />

Société Académique Vaudoise - Fondation<br />

Pittet, Ville de <strong>Lausanne</strong>.<br />

OBJECTIF MARS<br />

LE FESTIVAL-ANNIVERSAIRE<br />

DU 1 ER AU 31 MARS <strong>2012</strong><br />

1 thème :<br />

« Qu’est-ce que la guerre ? »<br />

Théâtre, musique, cinéma, conférence,<br />

expo et plein de surprises !<br />

3 lieux :<br />

Théâtre La Grange de Dorigny<br />

Tour Vagabonde<br />

Cinémathèque Suisse


Vivre dans le feu<br />

d’après Marina Tsvetaeva<br />

Du 9 au 19 février <strong>2012</strong><br />

Salle de répétition<br />

Conception :<br />

Anne Conti<br />

Adaptation :<br />

Anne Conti<br />

Agnès Delbarre<br />

Direction d’acteur :<br />

Nadine Pouilly<br />

Regard scénique :<br />

Jos Verbist<br />

Chorégraphie :<br />

Serge-Aimé Coulibaly<br />

V<strong>id</strong>éo :<br />

Nicolas Devos<br />

Lumière :<br />

Dav<strong>id</strong> Laurie<br />

Musiques :<br />

Rémy Chatton<br />

Vincent Le Noan<br />

Son :<br />

Moon Le Noan<br />

Diffusion et production :<br />

Céline Vaucenat<br />

Avec :<br />

Anne Conti<br />

Rémy Chatton (cordes)<br />

Vincent Le Noan (percussions<br />

et samples)<br />

Elena Zhilova (en voix et en images)<br />

Durée :<br />

1h<br />

Age conseillé :<br />

dès 15 ans<br />

Genre :<br />

théâtre/musique<br />

Production :<br />

In Extremis<br />

Coproduction :<br />

L’Hippodrome, scène nationale de Douai<br />

Théâtre V<strong>id</strong>y-<strong>Lausanne</strong><br />

Avec l’a<strong>id</strong>e du ministère de la Culture DRAC<br />

Nord-Pas-de-Calais, du Conseil régional Nord-<br />

Pas-de-Calais et de la SPEDIDAM.<br />

Rés<strong>id</strong>ences au Channel, scène nationale de<br />

Calais.<br />

Remerciements au Théâtre du Nord<br />

Jeudi 09.02. 19h30<br />

Vendredi 10.02. 19h30<br />

Samedi 11.02. 19h30<br />

Dimanche 12.02. 18h30<br />

Lundi 13.02. relâche<br />

Mardi 14.02. 19h30<br />

Mercredi 15.02. 19h30<br />

Jeudi 16.02. 19h30<br />

Vendredi 17.02. 19h30<br />

Samedi 18.02. 19h30<br />

Dimanche 19.02. 18h30<br />

Théâtre V<strong>id</strong>y-L<br />

<strong>Janvier</strong> à <strong>mars</strong> <strong>2012</strong> | N˚ 35<br />

15<br />

Si elle aime se mettre au service de projets<br />

collectifs , Anne Conti est parfois aussi à l’origine<br />

de certains spectacles, qu’elle porte alors de tout<br />

son talent. Au-delà des décennies et des distances,<br />

la rencontre avec Marina Tsvetaeva relève<br />

du coup de foudre : une alchimie de flamme et de<br />

poésie qui prés<strong>id</strong>e à la naissance de Vivre dans<br />

le feu. En amont de la création, Anne Conti a<br />

répondu par écrit à nos questions.<br />

Marina Tsvetaeva aujourd’hui, pourquoi ?<br />

Je cherchais un texte sans vraiment chercher.<br />

J’attendais de croiser, d’être happée.<br />

Et voilà Tsvetaeva qui me tombe dessus. Bien sûr<br />

je connaissais ses poèmes (Tentative de jalousie<br />

résume très bien ce mélange d’acéré, de fêlure et<br />

d’humour qui la distingue), mais en découvrant<br />

ses correspondances et ses carnets, j’ai découvert<br />

l’intime, celle qui se raconte, celle qui dit<br />

tout, écrit tout : rêves, colères, excès, quot<strong>id</strong>ien,<br />

peurs, joies, désespoir. Elle déroule sa vie sur le<br />

papier, lettres et notes, et ainsi la poétise. C’est<br />

une immense dame et un personnage incroyable<br />

car elle est absolument, intégralement engagée<br />

dans ce qu’elle dit. Elle questionne la vie dans<br />

tous ses états, elle interroge son fonctionnement,<br />

elle refuse le monde formaté. Elle voudrait être<br />

soulevée de terre. Elle brûle d’aimer, regrette de<br />

ne l’être pas plus. Elle vibre. C’est une vivante.<br />

Je me sens de la même famille qu’elle. J’y travaille<br />

tous les jours.<br />

Et pour moi, aujourd’hui, c’est la personne <strong>id</strong>éale<br />

pour transmettre la marche en avant, le poing en<br />

l’air et le feu déployé. Elle réénergise, elle stimule,<br />

elle tranche, elle élève.<br />

Comment avez-vous conçu et réalisé le montage<br />

des textes ?<br />

Je voulais un aller-retour entre sa correspondance<br />

et ses poèmes.<br />

La correspondance est vraiment son reflet vivant,<br />

la peinture de son intérieur, de ses peurs et<br />

fureurs. En la lisant, on plonge dans une époque<br />

mais Tsvetaeva ne nous y laisse jamais baigner,<br />

elle ne nous parle principalement que d’humain et<br />

de rapport à l’autre et à soi-même : amour, liberté,<br />

argent, folie, filiation, sol<strong>id</strong>arité, voyages, exil…<br />

Et c’est ce qui m’intéressait avant tout. Parler du<br />

profond et ne pas rester à la surface. J’ai donc axé<br />

mon travail de montage avec ce postulat de départ.<br />

J’y évoque ses événements personnels mais pas<br />

les événements du monde.<br />

C’est la femme, l’humain qui est le fil rouge de<br />

cette adaptation, afin que chacun puisse, face à<br />

elle, se retrouver face à lui-même. Tsvetaeva est<br />

d’une étonnante modernité. On ne sent absolument<br />

pas le siècle qui nous sépare.<br />

Les poèmes quant à eux, je les ai choisis en fonction<br />

du coup de cœur que j’ai eu en les lisant.<br />

Mais aussi en fonction de leur rythme et les<br />

images qu’ils évoquent, l’émotion et le tumulte de<br />

vie qui s’en dégage.<br />

« Ecrire-vivre » ou « écrire – c’est vivre », dit-elle.<br />

Pour vous l’art et la vie ne font qu’un aussi ?<br />

Oui. Résolument oui. Ma vie est entremêlée à<br />

mon art : raconter des histoires, raconter, écrire,<br />

mettre en scène, jouer, danser, chanter. Ma<br />

vie n’est que questions. Comment faire danser<br />

à l’intérieur, comment donner des <strong>id</strong>ées, de la<br />

force, de la rage, de la douceur à ceux-là que je<br />

croise, par le biais de mes histoires, de mes images<br />

? Comment parler du monde, le tordre et le<br />

sublimer ?<br />

J’aimerais faire de ma vie une œuvre d’art.<br />

Comme Tsvetaeva. Mais ne pas être engloutie par<br />

la matière, rester le sculpteur. Est-ce possible ?<br />

Que dire de la musique dans ce projet ?<br />

Je construis mes spectacles sur plusieurs piliers.<br />

La musique en est un. Les autres sont l’écriture<br />

et le corps. La musique est essentielle. Elle porte,<br />

suggère, calme ou tempête.<br />

Elle est créée par Rémy Chatton dans un premier<br />

temps puis développée, en duo, avec Vincent Le<br />

Noan.<br />

C’est un travail d’équipe. Au démarrage, Rémy<br />

s’inspire de ce que je lui raconte bien sûr, du<br />

texte, mais aussi du rythme que j’impulse à la<br />

lecture des poèmes. Certains poèmes ne sont pas<br />

restés mais la musique, oui. Ce sont des musiciens<br />

qui ne reproduisent pas un morceau, mais<br />

le vivent en direct car tout est lié à l’énergie du<br />

plateau et à mon placement des mots. Dans Vivre<br />

dans le feu, il n’y a pas de chansons comme dans<br />

mon précédent spectacle Infiniment là, c’est un<br />

travail de parlé-chanté, il y a donc un placement<br />

légèrement aléatoire des mots dans la musique.<br />

Cela ne fige pas les choses. La structure est<br />

là, nous avons des rendez-vous, mais on peut<br />

s’attendre à tout, espérer tout, se surprendre !<br />

On retombera toujours sur nos pattes de toutes<br />

Anne Conti<br />

façons. De plus, j’aime la remise sur le feu, à chaque<br />

représentation. Ne pas reproduire. Explorer<br />

encore et encore, les placements, les ruptures,<br />

les silences. Nous vivons ensemble sur le plateau<br />

cette recherche.<br />

De plus, sur ce spectacle, la musique et la danse<br />

représentent une partie de Marina Tsvetaeva,<br />

la partie intime, celle qui s’exprime au-delà des<br />

mots : l’autre langage. Le sublime langage.<br />

Vous avez abordé toutes sortes de formes : le jeu,<br />

la mise en scène, la danse, l’écriture, la marionnette,<br />

le chant… Quel est le lien entre tout ça ?<br />

Pouvez-vous parler des rapports qu’entretiennent<br />

le corps et les mots ?<br />

La marionnette reste un art que je ne maîtrise pas<br />

bien mais qui me fascine. Je ne l’utilise pas dans<br />

mes spectacles. Sinon, danse, mots, chant, tout<br />

est lié pour moi. Ce sont mes outils pour sculpter<br />

le message, le personnage. Raconter l’histoire.<br />

Donner à voir et entendre. Le corps est là avant<br />

le Verbe. Le corps permet tout, il est notre instrument,<br />

j’ai un grand respect pour lui. La danse,<br />

le mouvement raconte nos lacs et nos cascades.<br />

Les mots sont matière, chair. Et comme le corps,<br />

je malaxe les mots, je relaxe aussi, je tords, je<br />

caresse, je bondis, je ralentis, je répète, j’écoute<br />

le son comme j’écoute le geste, j’improvise les<br />

sons comme j’improvise les gestes. Parler est<br />

aussi physique que danser et chanter. Je suis une<br />

personne résolument physique. Et comme je suis<br />

envahie d’images (je rêve beaucoup – debout ou<br />

allongée) alors cela doit s’exprimer par tous les<br />

moyens. Un jour peut-être, je me mettrai aux pinceaux,<br />

comme mon grand-père qui a commencé<br />

à peindre à l’âge de 60 ans et à jouer de la flûte à<br />

85 ans.<br />

De spectacle en spectacle y a-t-il chez vous<br />

comme la poursuite d’un rêve ultime ?<br />

Non, c’est le chemin que je goûte à chaque spectacle<br />

et à chaque spectacle je réalise un rêve.<br />

Je remercie et savoure à chaque fois de pouvoir<br />

accéder aux moyens de création. D’être entourée,<br />

entendue, soutenue.<br />

Vers quoi je cours ?<br />

L’apaisement peut-être.<br />

Mais une fois que j’y serai, ne vais-je pas regretter<br />

le feu ?<br />

Propos recueillis par R. Z.


P<br />

L<br />

I<br />

U<br />

I<br />

T<br />

B<br />

C<br />

E<br />

CONCERTO POUR CINQ<br />

CUIVRES ET ORCHESTRE<br />

KOETSIER<br />

SONGE D'UNE<br />

NUIT D'ÉTÉ<br />

MENDELSSOHN<br />

NUIT SUR LE MONT CHAUVE<br />

MOUSSORGSKI<br />

OUVERTURE DES TROMPETTES<br />

MENDELSSOHN<br />

Prix: Fr. 30.- / 25.-<br />

AVEC LE GENEVA BRASS QUINTET<br />

ANTOINE MARGUIER, DIRECTION<br />

1 er FÉVRIER <strong>2012</strong>, 20H<br />

SALLE PADEREWSKI, LAUSANNE<br />

DIS VOIR,<br />

ÇA JOUE<br />

OU QUOI?<br />

27, 28, 29 janvier<br />

Joël Pommerat / Compagnie Louis Brouillard<br />

du 1 er au 19 février<br />

Albert Cohen / Denis Maillefer / Théâtre en Flammes<br />

10, 11, 12 février<br />

Antoine Jaccoud / Compagnie Léon<br />

Du 28 février au 4 <strong>mars</strong><br />

Ludovic Chazaud / Compagnie Jeanne Föhn<br />

16, 17 <strong>mars</strong><br />

Gilles Jobin / Compagnie Gilles Jobin<br />

LES ARTISTES DE LA CONTREFACON 19, 20, 21 avril<br />

Christian Geffroy Schlittler / Agence Louis-François Pinagot<br />

11, 12, 13 mai<br />

Denis Maillefer / Théâtre en Flammes<br />

25, 26 mai<br />

Thierry Romanens / Format A3<br />

du 31 mai au 10 juin<br />

épisode 1, Perfect day / épisode 2, Sweet dreams / épisode 3, Sunday morning<br />

d’après Tchekhov / Alexandre Doublet / Compagnie Alexandre Doublet<br />

ENTRE (titre de travail) 15, 16, 17 juin<br />

Oskar Gòmez Matta / Haute école de théâtre de Suisse romande / La Manufacture, Promotion E<br />

30 juin<br />

theatre-les-halles.ch / sierre<br />

graphisme, anouk andenmatten / photo, julie langenegger lachance


Les 3 Parques m’attendent dans le parking<br />

de Jacques Rebotier<br />

Du 6 au 18 <strong>mars</strong> <strong>2012</strong><br />

La Passerelle<br />

Texte et mise en scène :<br />

Jacques Rebotier<br />

Lumière :<br />

Bertrand Couderc<br />

Son :<br />

Bernard Valléry<br />

Masques :<br />

Alexis Kinebanyan<br />

Avec :<br />

Caroline Espargilière<br />

Nicole Genovese<br />

Vimala Pons<br />

Durée :<br />

1h15<br />

Age conseillé :<br />

tout public<br />

Genre :<br />

théâtre<br />

Production :<br />

Compagnie voQue/Rebotier<br />

Coproduction :<br />

Théâtre Nanterre-Amandiers<br />

Théâtre V<strong>id</strong>y-<strong>Lausanne</strong><br />

L’Apostrophe, scène nationale de Cergy-<br />

Pontoise et du Val d’Oise<br />

La Compagnie voQue/Rebotier est<br />

subventionnée par le ministère de la Culture et<br />

de la Communication – DRAC Ile-de-France et<br />

la SACEM (division culturelle).<br />

Mardi 06.03. 20h00<br />

Mercredi 07.03. 20h00<br />

Jeudi 08.03. 20h00<br />

Vendredi 09.03. 20h00<br />

Samedi 10.03. 20h00<br />

Dimanche 11.03. 18h00<br />

Lundi 12.03. relâche<br />

Mardi 13.03. 20h00<br />

Mercredi 14.03. 20h00<br />

Jeudi 15.03. 20h00<br />

Vendredi 16.03. 20h00<br />

Samedi 17.03. 20h00<br />

Dimanche 18.03. 18h00<br />

Théâtre V<strong>id</strong>y-L<br />

<strong>Janvier</strong> à <strong>mars</strong> <strong>2012</strong> | N˚ 35<br />

17<br />

Trois filles en transit, roulettes, valises. Trois<br />

soldat(e)s, sans doute. Dans un au-delà de la mer,<br />

Afghanistan, Irak ? Attente, danger. Tous sens<br />

en alerte, elles pensent à voix haute, rêvent,<br />

se remémorent. Rêve, Evénement, Souvenir,<br />

R.E.S. : la réalité (de la pensée) repose sur ces<br />

trois pieds. Rien d’autre à signaler. Ah si ! Parfois<br />

elles meurent ; et les morts parlent aussi, mais en<br />

chœur. Les morts ont des masques et vivent eux<br />

aussi dans le présent (quoique un peu arrêté), et<br />

beaucoup dans le passé ; mais pas du tout dans<br />

l’avenir.<br />

Les trois visages du temps sont aussi les trois<br />

Parques, qui filent leur propre vie, et les nôtres,<br />

et les cassent. Elles porteront des masques d’ellesmêmes<br />

; parfois aussi de lion, de loup et de chien,<br />

selon une très ancienne statue égyptienne du<br />

dieu Sérapis, qu’interpréta ainsi Macrobe : « La<br />

tête de lion désigne le présent, vigoureux et<br />

ardent ; le passé est la tête de loup, qui rapte le<br />

souvenir des actes accomplis et les emporte au<br />

loin ; le chien toujours nous flatte, il nous promet<br />

un temps futur, dont l’espoir, même incertain,<br />

nous sourit. »<br />

Les triades féminines, sous la figure des trois<br />

Parques, des Grâces, des Fata, des Moires, des<br />

Matres, ou Mères, ensuite christianisées en<br />

Maries, jusqu’aux trois fées de nos contes, ont<br />

parcouru le monde méditerranéen. Elles rendent<br />

toutes hommage à nos derniers nomades, qui se<br />

réunissent chaque année aux Saintes-Maries-dela-Mer,<br />

qui tirent leur nom des « trois Mères de la<br />

mer ».<br />

L’une tient la quenouille, ou la toison, la deuxième<br />

gu<strong>id</strong>e le fil sur le fuseau, la dernière le rompt. Elles<br />

tissent le texte de ce spectacle.<br />

Les 3 Parques m’attendent dans le parking, après<br />

Les ouvertures sont, est le deuxième spec tacle de<br />

la trilogie R.E.S., entièrement dédié au fil de la<br />

pensée.<br />

Jacques Rebotier<br />

Jacques Rebotier fait partie de ces inclassables<br />

qui semblent prendre un plaisir malin à brouiller<br />

les codes. Pourtant, dans son explosion de formes<br />

et de propositions, son travail recèle de form<strong>id</strong>ables<br />

cohérences intérieures. Brève rencontre avec<br />

un de ces « artistes singuliers » qui, aujourd’hui,<br />

rendent le spectacle encore un peu plus vivant.<br />

Comment se conjuguent chez toi le travail d’écriture<br />

et le travail théâtral ?<br />

Je n’ai pas vraiment de projet d’écriture. J’écris.<br />

Des notes, des textes qui s’agglomèrent et ça finit<br />

par faire des blocs. Quelquefois je les lis en public,<br />

quelquefois j’ai envie de prolonger la chose avec<br />

des acteurs… Je puise donc dans un grand sac qui<br />

est toujours un peu en élaboration et j’assemble<br />

des éléments pour des spectacles. Il est rare que<br />

j’écrive une pièce en me fixant un thème et en<br />

cherchant à le développer. Je pars souvent de la<br />

vie quot<strong>id</strong>ienne et de ma vie d’écriture.<br />

Mais te sens-tu un homme de théâtre qui écrit,<br />

un auteur qui fait du théâtre…<br />

Je me sens un « artiste », qui travaille avec des<br />

mots, avec du son, parfois avec des images… Par<br />

exemple, j’envoie depuis trente ans des lettres à<br />

Beethoven. Je prends des en-tête un peu partout,<br />

ministères, hôtels, théâtres, et je mets des adresses<br />

de Beethoven inventées, des timbres un peu<br />

b<strong>id</strong>on, et mes coordonnées sous la rubrique expéditeur<br />

: souvent ça me revient, après des parcours<br />

qui peuvent être amusants. J’ai comme ça<br />

200 lettres à Beethoven. A partir de là, je peux<br />

imaginer des installations sonores, des musiques<br />

que j’écris… J’adore le texte, j’adore l’écriture, et<br />

après il y a des matières qui ne correspondent pas<br />

du tout au théâtre.<br />

Quel est le lien entre toutes ces directions ? Ton<br />

regard sur la réalité ?<br />

C’est beaucoup l’écart qui existe entre le désordre<br />

du monde et le désordre intérieur de la pensée.<br />

Quand on se parle, on contrôle à peu près ce<br />

qu’on dit, on canalise, on essaie en tout cas. Mais<br />

dès qu’on marche dans la rue ou qu’on fait la vaisselle,<br />

le cerveau vit sa vie. Il y a donc un désordre<br />

intérieur profond, qui donne une sorte de texte<br />

à plusieurs voix de la naissance à la mort. Ce qui<br />

m’intéresse, c’est le rapport entre ces deux dimensions.<br />

J’ai l’impression de faire un théâtre réaliste,<br />

au sens où j’essaie de rendre compte de cette réalité<br />

du désordre.<br />

Vous faites aussi des lectures, des sortes de performances<br />

scéniques en live.<br />

C’est une sorte de passerelle pour moi, entre<br />

le travail d’écrivain, le rapport au texte et aux<br />

livres, et puis le travail de créateur de spectacle.<br />

Jacques Rebotier<br />

C’est un petit laboratoire d’expérimentation.<br />

J’aime beaucoup aussi partir de textes écrits pour<br />

aboutir à des moments de flottement, d’improvisation.<br />

J’aime lâcher les livres, ne pas savoir exactement<br />

où je vais, réagir à ce que le public me<br />

renvoie.<br />

Mais tu ne viens pas du théâtre, tu n’as pas une<br />

formation d’acteur.<br />

Justement, je me sens libre. Je ne me sens pas<br />

jugé en tant qu’acteur. Encore que j’aime bien<br />

lire des textes d’autres écrivains, de Beckett par<br />

exemple.<br />

Ta formation relève de la musique, de la composition.<br />

C’est le fil rouge de ton existence ?<br />

Il y a l’écriture de texte et l’écriture de musique.<br />

Ce sont mes deux jambes. Souvent je mélange<br />

d’ailleurs, en montant des concerts avec mes textes,<br />

où les musiciens jouent mes partitions et parlent<br />

en même temps. Dans le théâtre, j’utilise des<br />

méthodes musicales et réciproquement.<br />

Propos recueillis par R. Z.<br />

R.E.S.<br />

Rêve, Evénement, Souvenir<br />

Rêve, Evénement, Souvenir ; ou encore avenir,<br />

présent, passé : la réalité, c’est-à-dire notre pensée,<br />

est faite de ces strates indémêlables, qui sont<br />

les trois visages de Janus. R.E.S. jette sur le plateau<br />

ce flux incessé de la pensée intérieure et des<br />

sensations vécues, ce « bruissement de la langue »<br />

dont parlait Barthes. Les outils de cette restitution<br />

sont autant musicaux que « chorégraphiques<br />

», tant cet oratorio du quot<strong>id</strong>ien, avec ses<br />

tutti, ses solos, ses reprises de thème, est d’abord<br />

une danse de mots. Interprétée par des comédiens-musiciens<br />

virtuoses, rompus à mes partitions<br />

de paroles.<br />

Parlé-chanté (d’enchanteur à désenchanté), un<br />

travelling : le spectacle nous voyage à travers des<br />

paysages mentaux successifs, simultanés parfois…<br />

projections amoureuses, rêves éveillés,<br />

fondus-enchaînés de slogans définitifs, publicités,<br />

répondeurs téléphoniques, war games, fragments<br />

de discours de campagnes ou de rues, la ruée des<br />

soldes de Wal-Mart écrasant l’employé qui hésita<br />

pourtant avant d’ouvrir les portes, une mise en<br />

fuite des derniers chevaux sauvages, l’exécution<br />

par piétinement d’une femme adultère… R.A.S.<br />

Du petit matin au grand soir, l’étrangeté familière<br />

de la rumeur des choses.<br />

Jacques Rebotier


Re<br />

KKQQ<br />

par la 2b company<br />

Du 7 au 23 <strong>mars</strong> <strong>2012</strong><br />

Chapiteau V<strong>id</strong>y-L<br />

Mise en scène :<br />

François Gremaud<br />

Assistante à la mise en scène :<br />

Piera Honegger<br />

Travail plastique<br />

et scénographique :<br />

Denis Savary<br />

Travail chorégraphique :<br />

Delphine Lorenzo<br />

Confection costumes :<br />

Evelyne Villaime<br />

Peinture :<br />

Sibylle Portenier<br />

Direction technique :<br />

Manuel Ducosson<br />

Lumière :<br />

Jonas Bühler<br />

Administration et production :<br />

Michaël Monney<br />

Médiation :<br />

Veronica Tracchia<br />

Assistante médiation :<br />

Milena Buckel<br />

Diffusion :<br />

Tutu Production<br />

Avec :<br />

Tiphanie Bovay-Klameth, Catherine Büchi,<br />

Michèle Gurtner, Silvia Hodgers, Thomas<br />

Kohler, Pierre Mifsud, Léa Pohlhammer,<br />

Emmanuelle Ramu<br />

Genre : arts vivants<br />

Coaccueil avec l’Arsenic dans le cadre<br />

de sa saison S.T.F. (sans théâtre fixe)<br />

Coproduction :<br />

Arsenic, Nuithonie, Théâtre du Loup,<br />

2b company, Cie Les gens d’à-côté<br />

Avec le soutien de :<br />

Label + Théâtre Romand, Loterie Romande,<br />

Canton de Vaud, Pro Helvetia/Fondation suisse<br />

pour la culture, Ernst Göhner Stiftung<br />

Re bénéficie de la promotion du Pour-cent<br />

culturel Migros.<br />

La 2b company est au bénéfice du contrat de<br />

confiance 2011-2013 de la Ville de <strong>Lausanne</strong>.<br />

Mercredi 07.03. 20h30<br />

Jeudi 08.03. 20h30<br />

Vendredi 09.03. 19h00<br />

Samedi 10.03. 20h30<br />

Dimanche 11.03. 17h00<br />

Lundi 12.03. relâche<br />

Mardi 13.03. 20h30<br />

Mercredi 14.03. 20h30<br />

Jeudi 15.03. 20h30<br />

Vendredi 16.03. 19h00<br />

Samedi 17.03. 20h30<br />

Dimanche 18.03. 17h00<br />

Lundi 19.03. relâche<br />

Mardi 20.03. 20h30<br />

Mercredi 21.03. 20h30<br />

Jeudi 22.03. 20h30<br />

Vendredi 23.03. 19h00<br />

par la 2b company<br />

Du 27 <strong>mars</strong> au 5 avril <strong>2012</strong><br />

Chapiteau V<strong>id</strong>y-L<br />

Concept et musique :<br />

François Gremaud<br />

Ecriture du logiciel, v<strong>id</strong>éo, son :<br />

Filippo Gonteri<br />

Lumière :<br />

Jonas Bühler<br />

Direction technique :<br />

Manuel Ducosson<br />

Administration :<br />

Michaël Monney<br />

Diffusion :<br />

Tutu Production<br />

www.tutuproduction.ch<br />

Jeu et création collective :<br />

Tiphanie Bovay-Klameth<br />

François Gremaud<br />

Michèle Gurtner<br />

Durée :<br />

45 minutes<br />

Age conseillé :<br />

tout public, dès 12 ans<br />

Genre :<br />

théâtre, performance<br />

Coproduction :<br />

2b company, Arsenic, Les Urbaines<br />

PRAIRIE – Modèle de coproduction du<br />

Pour-cent culturel Migros en faveur de<br />

compagnies théâtrales innovantes suisses<br />

Avec le soutien de :<br />

Ville de <strong>Lausanne</strong>, Canton de Vaud, Loterie<br />

Romande, Ernst Göhner Stiftung, Artephila<br />

Stiftung, CORODIS<br />

Remerciements :<br />

Théâtre Sévelin 36, Jo Monney<br />

Création 2009 & 2011<br />

Mardi 27.03. 20h30<br />

Mercredi 28.03. 20h30<br />

Jeudi 29.03. 20h30<br />

Vendredi 30.03. 19h00<br />

Samedi 31.03. 20h30<br />

Dimanche 01.04. 17h00<br />

Lundi 02.04. relâche<br />

Mardi 03.04. 20h30<br />

Mercredi 04.04. 20h30<br />

Jeudi 05.04. 20h30<br />

Théâtre V<strong>id</strong>y-L<br />

<strong>Janvier</strong> à <strong>mars</strong> <strong>2012</strong> | N˚ 35<br />

18<br />

Explorateur insatiable et décomplexé du monde et<br />

de l’art, François Gremaud propose en <strong>mars</strong> deux<br />

de ses pièces au bord de l’eau.<br />

Re, d’abord, une création proposée en coaccueil<br />

avec l’Arsenic. François Gremaud o±re ici une<br />

pièce élaborée au fil des répétitions. Partant<br />

de la scénographie imaginée par Denis Savary<br />

pour Simone, two, three, four – créé en 2009 à<br />

Nuithonie – qui avait donné lieu à des « commentaires<br />

», c’est-à-dire l’expression de pensées<br />

nées du rapport entretenu avec les objets présents<br />

sur scène et donc sans lien avec l’histoire<br />

elle-même, les sept comédiens et le metteur en<br />

scène procèdent à une écriture de plateau. Pas de<br />

fable préétablie donc, mais des axes à explorer : la<br />

réjouissance, la responsabilité, la résistance ainsi<br />

que la répétition et la représentation.<br />

KKQQ, ensuite, initialement créé au Théâtre<br />

Sévelin 36 en décembre 2009 dans le cadre des<br />

Urbaines. Ordinateurs, webcams et écrans géants,<br />

voilà les accessoires incontournables de la pièce<br />

ou « propositions de forme » comme aime à l’appeler<br />

le metteur en scène. Sur le plateau, installés<br />

dans des cabines de traduction insonorisées,<br />

François Gremaud et ses deux consœurs enregistrent,<br />

chacun à un rythme di±érent, leur partition<br />

avant et pendant la pièce. Le spectacle est<br />

le fruit de la di±usion simultanée des trois films<br />

qui, après compression, donnent l’illusion que les<br />

comédiens dialoguent et interagissent en temps<br />

réel. La pièce repose en grande partie sur une<br />

technologie complexe et a connu quelques couacs<br />

dans le passé… mais, loin d’avoir entamé l’enthousiasme<br />

du metteur en scène fribourgeois, ils<br />

ont été accueillis comme une bénédiction. Cap<br />

sur l’univers d’un homme qui n’aime rien tant que<br />

surprendre et se laisser surprendre.<br />

François Gremaud, vous acceptez volontiers que<br />

l’on vous traite d’<strong>id</strong>iot… pourquoi ?<br />

C’est en lien avec une définition de l’<strong>id</strong>iotie que<br />

fait le philosophe Clément Rosset qui revient à<br />

l’origine du terme : étymologiquement, le mot provient<br />

du grec <strong>id</strong>iotes et réfère à quelqu’un qui<br />

adopte un langage singulier et unique. Ainsi, dans<br />

l’acception du terme <strong>id</strong>iot aujourd’hui, il y a un<br />

hiatus puisque, s’il est perçu comme un synonyme<br />

de bête, l’étymologie révèle tout autre chose.<br />

J’aime cette contradiction et je trouve intéressant<br />

que l’on puisse cons<strong>id</strong>érer que ce que je fais suscite<br />

un questionnement.<br />

Quand vous parlez de votre travail de mise<br />

en scène, vous utilisez un vocabulaire très<br />

scientifique. Vous faites référence à KKQQ<br />

comme à une « expérience théâtrale » pour<br />

laquelle vous avez effectué des « recherches<br />

artistiques et techniques ». Vous mentionnez que<br />

le « taux de réussite » de la pièce devrait approcher<br />

les 100 %. Pour Re, vous parlez de « territoires<br />

de fouille » et de « références théoriques ». On<br />

sent que la science n’est pas étrangère à votre<br />

démarche artistique…<br />

C’est drôle, je ne l’avais jamais remarqué. Je<br />

suis fils de scientifique – mon père est professeur<br />

de physique à l’EPFL – et je pense qu’il y a<br />

des similitudes dans notre manière respective<br />

de travailler. Mon père, en tant que scientifique,<br />

essaye de comprendre le monde avec ses propres<br />

outils, en l’occurrence la physique et les<br />

sciences. J’ai les mêmes préoccupations que<br />

lui, je m’interroge également sur le fonctionnement<br />

du monde. Ce n’est pas étonnant que<br />

mon vocabulaire ait des accents scientifiques,<br />

j’adopte un esprit de recherche, je m’interroge<br />

et, comme en philosophie, je m’étonne<br />

du monde et des choses qui m’entourent. C’est<br />

Gilles Deleuze qui dit qu’il y a trois territoires<br />

de la pensée humaine qui sont la philosophie,<br />

la science et l’art. Je pense que ces trois<br />

disciplines cherchent, chacune à leur niveau,<br />

à comprendre comment le monde fonctionne.<br />

Dans KKQQ, vous avez souhaité mettre en<br />

lumière la solitude qui résulte des moyens<br />

technologiques auxquels nous recourons<br />

quot<strong>id</strong>iennement. Lors des premières représentations<br />

de la pièce, vous avez dû composer<br />

avec les bugs informatiques. Comment<br />

avez-vous pris ces aléas ? Ne vous êtesvous<br />

pas fait prendre à votre propre jeu ?<br />

Cette solitude est présente de manière inéluctable<br />

dans nos vies. On a beau vouloir travailler collectivement,<br />

par exemple, il y a toujours un moment<br />

dans la journée pendant lequel on se retrouve<br />

seul et j’avais envie de prendre cela en compte<br />

dans le travail.<br />

Dans ce spectacle, il y a une omniprésence de la<br />

technologie qui fait que l’on est totalement solitaire<br />

face à notre parcours tout en essayant de<br />

donner l’illusion aux spectateurs que l’on communique.<br />

Quand le spectacle n’a pas fonctionné,<br />

nous avons été obligés de prendre en<br />

charge la représentation et d’improviser la suite<br />

du spectacle. On a d’abord pensé que c’était<br />

horrible, mais, finalement, aussi parce que le<br />

public a adoré la représentation qui a foiré, on<br />

s’est dit que c’était heureux de savoir que l’acc<strong>id</strong>ent<br />

et l’imprévu font partie de la condition<br />

humaine. C’était non seulement une leçon<br />

d’humilité, mais également une leçon de théâtre.<br />

Cela nous a complètement fait sortir de la<br />

solitude et on a retrouvé ce que sont les arts<br />

vivants, c’est-à-dire un art où des gens vivants<br />

face à d’autres doivent collaborer et coexister.<br />

Il y a eu quelque chose de l’ordre de la réconciliation,<br />

ou même mieux, de la sol<strong>id</strong>arité. C’était<br />

très beau de voir le vivant prendre ainsi le pas<br />

sur la technique. En fait, j’aime la part de KKQQ<br />

qui peut nous échapper. Ce n’est pas agréable à<br />

vivre… mais c’est une chance que cela existe !<br />

Dans KKQQ, vous avez pris des risques techniques.<br />

De quelle nature est la prise de risque dans<br />

Re ?<br />

La prise de risque dans Re se situe dans la<br />

démarche. On ne part pas d’un texte préexistant<br />

; on a des intentions, on sait dans quelle<br />

direction on va avec l’équipe artistique, mais<br />

c’est au fil des répétitions que le spectacle va<br />

vraiment s’inventer. Le risque est immense dans<br />

la mesure où l’on va vers l’inconnu. On sait que<br />

l’on part à la découverte d’une terre, mais on ne<br />

sait pas ce que l’on trouvera en chemin. Le spectacle<br />

sera constitué du voyage. Nous n’avons<br />

aucune certitude hormis l’envie de faire le<br />

voyage. Par contre, je ne sais pas quel sera le<br />

risque pour les spectateurs…<br />

Justement, dans Re, vous souhaitez que les<br />

comédiens se passent du personnage, qu’ils<br />

« jouent simplement à jouer » et qu’ils soient euxmêmes.<br />

Qu’attendez-vous du public qui prendra<br />

place face à eux ?<br />

Il y a toujours une notion de risque partagé<br />

quand on fait le choix d’aller voir une œuvre,<br />

quelle qu’elle soit. On prend le risque d’être déstabilisé<br />

et d’être amené à se poser des questions<br />

que l’on ne s’était jamais posées auparavant.<br />

J’attendrais donc du spectateur qu’il soit ouvert<br />

et prenne le risque de ressortir de la pièce en se<br />

disant « ça, je n’y avais jamais pensé ! » C’est cette<br />

même attitude que j’ai adoptée vis-à-vis de l’art<br />

et qui m’a<strong>id</strong>e à vivre. Depuis que j’aborde l’art de<br />

cette manière, en me disant que je suis susceptible<br />

de modifier ma grille de lecture du monde au<br />

contact d’une œuvre, j’aborde les œuvres comme<br />

des chances qui, potentiellement, peuvent changer<br />

ma vie.<br />

Vous aviez travaillé avec Denis Savary sur<br />

Simone, two, three, four. Vous collaborez à nouveau<br />

pour Re. Qu’est-ce que cette rencontre a<br />

changé dans votre manière d’envisager la création<br />

théâtrale ?<br />

Denis Savary m’a fait découvrir L’<strong>id</strong>iotie : art,<br />

vie, politique-méthode, ouvrage de Jean-Yves<br />

Jouannais. C’est par ce biais que j’ai abordé des<br />

choses qui ont fondamentalement changé ma vie<br />

et m’ont permis d’avoir un rapport décomplexé à<br />

l’art.<br />

Denis Savary est un artiste passionnant qui a<br />

une connaissance très pointue de l’histoire de<br />

l’art. Contrairement à l’<strong>id</strong>ée que l’on pourrait se<br />

faire des artistes contemporains, il ne se place<br />

pas en rupture par rapport à l’histoire de l’art,<br />

mais, au contraire, y fait souvent référence.<br />

Son attitude m’a beaucoup appris et m’a permis<br />

d’oser inscrire mon travail dans cette histoire-là.<br />

A son contact, je me suis senti décomplexé<br />

et j’ai eu l’audace de puiser dans ce grand réservoir<br />

artistique. Je crois que, au contact de Denis<br />

Savary, les comédiens ont ressenti la même<br />

chose. Nous nous sommes ouverts à des mondes<br />

nouveaux sans jamais faire fi du théâtre. Faire<br />

des liens concrets entre notre travail et le surréalisme<br />

ou le dadaïsme, par exemple, a cons<strong>id</strong>érablement<br />

enrichi notre travail et nous a permis<br />

d’aborder le jeu plus librement. Si les dadaïstes<br />

ont osé faire ça, pourquoi ne pas essayer ceci ou<br />

cela ?<br />

Nous avons appris à aller chercher ailleurs, autrement,<br />

et à requestionner sans cesse les choses.<br />

Nous adoptons désormais une démarche exploratoire<br />

à tous les niveaux du travail.<br />

Cette année, vous avez mis en scène Comme un<br />

vertige, le spectacle musical d’Yvette Théraulaz.<br />

Comment cette aventure a-t-elle commencé et<br />

que vous a-t-elle apporté ?<br />

Yvette Théraulaz est venue voir plusieurs de mes<br />

spectacles et, à la sortie de Simone, two, three,<br />

four, m’a dit : « il y a une chose que j’aime beaucoup<br />

dans vos spectacles, c’est que j’y vois des<br />

comédiens libres. Et j’aimerais pouvoir éprouver<br />

ça. Est-ce que ça vous intéresserait de travailler<br />

avec moi ? » J’ai beaucoup vu jouer Yvette<br />

Théraulaz et j’ai un souvenir très précis de J’étais<br />

dans ma maison et j’attendais que la pluie vienne<br />

qui avait été créé ici à la Passerelle en 1997. Je me<br />

souviens avoir trouvé cette comédienne vraiment<br />

magnifique et m’être dit que si, un jour, j’avais<br />

la chance de travailler avec elle, j’aurais réussi à<br />

accomplir quelque chose.<br />

Nous avons travaillé de manière très proche tout<br />

en respectant le territoire de l’autre. C’est un<br />

spectacle qui fait la part belle à l’intime, qui touche<br />

à des thèmes universels, mais dont le propos<br />

est simple, dépouillé d’e±et et s’adresse très généreusement<br />

aux spectateurs. On y trouve, j’espère,<br />

une dimension d’intimité. En fait, mon ambition<br />

est toujours la même : que l’on puisse se retrouver<br />

dans une communauté d’êtres humains qui<br />

ont des choses à mettre en partage. Si on se met<br />

les uns et les autres en écoute, on est susceptible<br />

d’être ému, touché, traversé…<br />

Vous envisagez le théâtre comme un lieu de découverte<br />

et d’exploration. Pouvez-vous imaginer monter<br />

un texte classique ?<br />

Oui, je pourrais imaginer le faire à condition<br />

qu’un texte me pose une question qui m’intéresse,<br />

qu’il m’intrigue. Toutefois, jusqu’à présent,<br />

je n’ai jamais éprouvé le besoin de le faire<br />

pour plusieurs raisons. D’une part, beaucoup<br />

de gens le font déjà d’une manière très intéressante<br />

et je n’ai pas l’impression de pouvoir apporter<br />

quelque chose de plus. D’autre part, j’ai pour<br />

le moment trop d’envies de travail et d’explorations<br />

collectives pour imaginer monter un texte.<br />

Quelles sont les terres inconnues que vous souhaitez<br />

fouler après la création de Re ?<br />

J’aimerais poursuivre un travail entamé avec<br />

Michèle Gurtner et Tiphanie Bovay sur la création<br />

de KKQQ et d’autres pièces plus petites<br />

comme Récital et Présentation. Ce travail consiste<br />

à démarrer avec des improvisations que l’on<br />

reprend ensuite telles quelles, mot à mot, sans<br />

aucune modification. Il s’agit donc d’un matériau<br />

que l’on pourrait qualifier de non noble qui est<br />

rendu intéressant par un travail de jeu et de mise<br />

en œuvre, un processus de recyclage artistique.<br />

J’ai envie que nous continuions ce travail-là en<br />

nous autorisant à explorer des formes qui ne<br />

seraient pas forcément théâtrales, mais qui pourraient<br />

prendre la forme d’une exposition ou d’un<br />

film par exemple. Mais, au lieu que cela soit une<br />

décision intellectuelle qui fasse sortir le théâtre<br />

de la salle, je souhaiterais que l’on s’interroge<br />

d’abord sur les possibles avant de déc<strong>id</strong>er d’un<br />

médium adéquat.<br />

En juin 2011, nous avons présenté Récital au<br />

Centre culturel suisse à Paris dans un espace a<br />

priori dédié aux expositions. Une représentante<br />

de la Fondation Cartier était présente et s’est intéressée<br />

à ce travail. Cela nous a permis de nous<br />

rendre compte que le public des arts plastiques<br />

et celui des arts vivants sont très di±érents. Cela<br />

m’intéresse beaucoup de comprendre pourquoi<br />

les arts ont de la peine à se parler. Je pense qu’on<br />

a des choses à mettre en commun, mais comment<br />

arriver à se rencontrer les uns les autres ?<br />

Propos recueillis par Coralie Rochat


François Gremaud


P<br />

L<br />

I<br />

U<br />

I<br />

T<br />

B<br />

C<br />

E<br />

Inspiring Visions<br />

Le défi du développement durable<br />

MASTER DAYS 2011-<strong>2012</strong><br />

www.athenaeum.ch/masterdays<br />

Ecole du Théâtre des Teintureries <strong>Lausanne</strong><br />

A u d i t i o n s d ’ e n t r é e e n 1 è r e a n n é e<br />

d u 1 0 a u 1 3 m a i 2 0 1 2<br />

Formation professionnelle<br />

de comédiens en 3 ans<br />

Ecole reconnue d’utilité pu blique<br />

T. +41 (0) 21 623 21 00<br />

Rue Sébeillon 9b, CH-1004 <strong>Lausanne</strong><br />

www.ecole-theatre-teintureries.com<br />

www.lasemeuse.ch<br />

Café en grains, moulu, en portions, soluble et milky ice cool coffee torréfié à 1000 m d’altitude.


Théâtre Kléber-Méleau<br />

Dämonen – Démons<br />

de Lars Norén<br />

du 17 au 22 janvier <strong>2012</strong><br />

Théâtre Kléber-Méleau<br />

Spectacle en allemand,<br />

surtitré en français<br />

Mise en scène :<br />

Thomas Ostermeier<br />

Dramaturgie :<br />

Bernd Stegemann<br />

V<strong>id</strong>éo :<br />

Sébastien Dupouey<br />

Musique :<br />

Nils Ostendorf<br />

Scénographie et costumes :<br />

Nina Wetzel<br />

Lumière :<br />

Erich Schne<strong>id</strong>er<br />

Traduction du suédois en allemand :<br />

Angela Gundlach<br />

Surtitres français :<br />

Uli Menke<br />

Avec :<br />

Lars E<strong>id</strong>inger<br />

Brigitte Hobmeier/Cathlen Gawlich<br />

Eva Meckbach<br />

Tilman Strauss<br />

Production :<br />

schaubühne berlin<br />

Mardi 17.01. 19h00<br />

Mercredi 18.01. 19h00<br />

Jeudi 19.01. 19h00<br />

Vendredi 20.01. relâche<br />

Samedi 21.01. 20h30<br />

Dimanche 22.01. 17h30<br />

© Arno Declair<br />

Frank, 38 ans, et Katarina, 36 ans, s’aiment et ne<br />

peuvent plus se supporter.<br />

« Ou je te tue ou tu me tues, ou on se sépare ou<br />

on continue : choisis ! » Ils invitent leurs voisins<br />

du dessous, Jenna et Thomas, spectateurs, complices,<br />

victimes horrifiées ou consentantes d’un<br />

règlement de comptes sans fin et sans espoir,<br />

dont l’humour est plus noir à mesure que l’alcool<br />

imprègne les esprits. La démence poindra sous<br />

l’ivresse et, par-delà les transgressions, révélera<br />

une sincérité désarmante.<br />

L’écriture de Lars Norén est puissante, poétique,<br />

déstructurée. Il a écrit plus de cinquante pièces.<br />

« L’une des plus belles mises en scène de Thomas<br />

Ostermeier, qui entraîne le spectateur dans le<br />

dédale de l’intime. Et quel jeu fantastique des<br />

comédiens, quelle force d’interprétation ! »<br />

Du 16 au 26 février<br />

Théâtre Kléber-Méleau<br />

Mise en scène :<br />

Philippe Mentha<br />

Avec :<br />

Lise Ramu<br />

Philippe Mentha<br />

La ballade de la geôle de Reading<br />

Le rossignol et la rose<br />

Le géant égoïste<br />

A la rencontre d’Oscar Wilde…<br />

Jeudi 16.02. 19h00<br />

Vendredi 17.02. 20h30<br />

Samedi 18.02. 20h30<br />

Dimanche 19.02. 17h30<br />

Lundi 20.02. relâche<br />

Mardi 21.02. 19h00<br />

Mercredi 22.02. 19h00<br />

Jeudi 23.02. 19h00<br />

Vendredi 24.02. 20h30<br />

Samedi 25.02. 20h30<br />

Dimanche 26.02. 17h30<br />

Célèbre pour son Portrait de Dorian Gray, pour ses<br />

comédies, ses contes, ses poèmes, Oscar Wilde<br />

écrivait en 1897 La ballade de la geôle de Reading ;<br />

condamné lui-même à deux ans de travaux forcés,<br />

Wilde y connut Charles Thomas Wooldr<strong>id</strong>ge,<br />

jeune o≤cier pendu le 7 juillet 1896 pour avoir<br />

assassiné sa femme. Wilde dédie à sa mémoire ce<br />

chef-d’œuvre, et fait de son poème un bouleversant<br />

réquisitoire contre la peine de mort.<br />

Deux contes nous feront retrouver la grâce et<br />

l’humour du grand écrivain : Le rossignol et la rose<br />

et Le géant égoïste.<br />

La ballade de la geôle de Reading<br />

Traduction :<br />

Henry-D. Davray<br />

Le rossignol et la rose<br />

Le géant égoïste<br />

Traduction :<br />

Jules Castier<br />

Théâtre Kléber-Méleau<br />

<strong>Janvier</strong> à <strong>mars</strong> <strong>2012</strong> | N˚ 35<br />

21


Théâtre dans les écoles :<br />

L’avare mis en scène par Dorian Rossel<br />

Pour cette nouvelle année <strong>2012</strong>, le Théâtre V<strong>id</strong>y-<br />

<strong>Lausanne</strong> se propose de franchir d’un pas franc<br />

et déc<strong>id</strong>é les portes des établissements scolaires<br />

et de s’installer quelques jours dans les collèges<br />

et gymnases de Suisse.<br />

D’habitude des centaines d’élèves viennent<br />

assister aux di±érents spectacles proposés<br />

par le théâtre. Aujourd’hui, nous inversons le<br />

mouvement : nous allons perturber les habitudes<br />

de chacun et proposons une traversée de L’avare<br />

directement dans les classes !<br />

Le spectacle sera interprété par trois comédiens<br />

professionnels, sous la direction du metteur en<br />

scène Dorian Rossel. Dans son ensemble, l’intervention<br />

durera deux périodes. Une première<br />

consacrée au jeu, où les comédiens proposeront<br />

une traversée de la pièce sur un mode ludique.<br />

La seconde sera réservée à l’échange, à la<br />

discussion, à l’improvisation. Le contenu de<br />

celle- ci se dessinera en fonction des envies et<br />

des réactions de chacun.<br />

Contact :<br />

Fanny Guichard<br />

f.guichard@v<strong>id</strong>y.ch<br />

Expositions dans le hall du théâtre<br />

V<strong>id</strong>y-<strong>Lausanne</strong><br />

Quartier lointain – Jirô Taniguchi<br />

Jusqu’au 15 février <strong>2012</strong><br />

En écho à l’adaptation théâtrale de Quartier<br />

lointain par Dorian Rossel présentée en décembre<br />

dernier, BD-FIL, le Festival de bande dessinée<br />

de <strong>Lausanne</strong>, propose une courte installation<br />

d’extraits de la bande dessinée de Jirô Taniguchi<br />

ainsi qu’une sélection, en lecture, d’autres<br />

œuvres de l’auteur. Un projet réalisé avec<br />

l’aimable autorisation des Editions Casterman et<br />

le soutien de Payot Libraire.<br />

Photomaton (titre provisoire)<br />

Du 10 février au 25 mai <strong>2012</strong><br />

En écho à l’exposition Derrière le r<strong>id</strong>eau –<br />

L’esthétique du photomaton présentée du<br />

17 février au 20 mai <strong>2012</strong> au Musée de l’Elysée<br />

Lorsque les premières cabines de photomaton<br />

furent installées à Paris en 1928, les surréalistes<br />

en firent un usage intensif et compulsif. Depuis,<br />

des générations d’artistes se sont emparées<br />

du photomaton pour jouer avec leur <strong>id</strong>entité,<br />

raconter des histoires, ou simplement faire des<br />

mondes.<br />

Application iPhone<br />

Le Théâtre V<strong>id</strong>y-<strong>Lausanne</strong> o±re une application<br />

gratuite sur iPhone disponible sur l’App<br />

Store. Conviviale et interactive, cette application<br />

vous permet de consulter en tout temps et<br />

tout lieu notre programmation et d’e±ectuer vos<br />

réservations.<br />

Rejoignez-nous…<br />

sur www.twitter.com et www.facebook.com<br />

et recevez des informations régulières sur le<br />

Théâtre V<strong>id</strong>y-<strong>Lausanne</strong>.<br />

Le prochain journal paraîtra<br />

le vendredi 2 <strong>mars</strong> <strong>2012</strong><br />

Théâtre V<strong>id</strong>y-L<br />

<strong>Janvier</strong>/février <strong>2012</strong> | N˚ 35<br />

22<br />

Au théâtre pour seize francs<br />

Carte de réduction V<strong>id</strong>y-Kléber<br />

Les avantages de la carte, entre autres :<br />

f Vous payez votre place Fr. 16.– au lieu de Fr. 42.–<br />

à tous nos spectacles.<br />

f Informations régulières à domicile sur les activités<br />

des Théâtres V<strong>id</strong>y-<strong>Lausanne</strong> et Kléber-Méleau.<br />

f Abonnement gratuit au journal du théâtre.<br />

f En cas de nécessité, les adhérents ont la possibilité<br />

d’échanger leurs billets 4 fois par saison.<br />

Renseignements et commandes :<br />

Chantal Pelet, tél. 021 619 45 48 ou<br />

chantal@v<strong>id</strong>y.ch<br />

Points de vente<br />

Théâtre V<strong>id</strong>y-<strong>Lausanne</strong><br />

Av. E.-Jaques-Dalcroze 5<br />

1007 <strong>Lausanne</strong><br />

ouvert du mardi au samedi<br />

de 10h00 à 19h00<br />

Tél. 021 619 45 45<br />

Fax 021 619 45 99<br />

www.v<strong>id</strong>y.ch<br />

A noter que le dimanche, la caisse du théâtre est<br />

ouverte environ une heure avant le début de la première<br />

représentation.<br />

Sous réserve de modification durant les vacances<br />

scolaires.<br />

Librairie Payot<br />

Pl. Pépinet 4, 1003 <strong>Lausanne</strong><br />

Nouveauté, ouvert le lundi !<br />

Du lundi au vendredi<br />

de 13h00 à 18h30<br />

le samedi<br />

de 10h00 à 14h00 et de 14h30 à 18h00<br />

(pas de réservations téléphoniques).<br />

Théâtre Kléber-Méleau<br />

Ch. de l’Usine-à-Gaz 9<br />

1020 Renens<br />

Tél. 021 625 84 29<br />

Fax 021 625 84 34<br />

ouvert uniquement les jours<br />

de représentation<br />

dès 14h00 jusqu’à l’heure du spectacle.<br />

Les billets ne sont ni échangés, ni repris, ni remboursés.<br />

Tarifs<br />

Carte de réduction<br />

Plein tarif :<br />

Fr. 130.–<br />

AVS, AI, chômeurs :<br />

Fr. 80.–<br />

Prix des places<br />

Plein tarif :<br />

Fr. 42.–<br />

AVS, AI, chômeurs :<br />

Fr. 27.–<br />

Avec la carte de réduction :<br />

Fr. 16.–<br />

– 26 ans, étudiants, apprentis :<br />

Fr. 16.–<br />

Nouveauté !<br />

Carte jeune : au théâtre pour Fr. 10.–<br />

Carte de réduction 11-12 pour jeunes (moins de 26 ans)<br />

et étudiants à Fr. 20.– (valable de janvier à juin <strong>2012</strong>).<br />

Cette carte vous permet d’accéder à chaque spectacle<br />

pour Fr. 10.–.<br />

La carte de réduction est délivrée uniquement sur<br />

présentation d’une pièce justificative à la caisse.<br />

Renseignements et commandes :<br />

chantal@v<strong>id</strong>y.ch<br />

021 619 45 48<br />

Réservations et délais<br />

Réservations plus de 20 jours avant une représentation :<br />

f Par téléphone au 021 619 45 45.<br />

f Par correspondance à l’a<strong>id</strong>e de la carte de commande<br />

par correspondance (délai : environ 3 jours ouvrables,<br />

vérifier disponibilités sur internet ou par téléphone).<br />

Toutes les réservations sont gardées jusqu’à 20 jours<br />

avant la date du spectacle. Passé ce délai, les places<br />

sont remises en vente.<br />

Réservations moins de 20 jours avant une représentation :<br />

f Par téléphone au 021 619 45 45.<br />

Les habitants de <strong>Lausanne</strong> et environs sont priés de<br />

retirer leurs billets au plus tard 48 heures avant la représentation.<br />

Les spectateurs habitant hors de la région lausannoise<br />

peuvent retirer leurs billets à la caisse du théâtre le soir<br />

même.<br />

Tous les billets non retirés sont remis en vente 15 minutes<br />

avant le début du spectacle.<br />

Modes de paiement<br />

f Cash, par carte de crédit ou bulletin de versement.<br />

f Sur simple demande une facture vous sera adressée<br />

par courrier (Fr. 5.– de frais, 3 semaines de délai)<br />

Achat en ligne<br />

Vos billets vous sont envoyés en format pdf (vente<br />

directe uniquement)<br />

Le paiement s’effectue par carte de crédit (système<br />

sécurisé, jusqu’à 3 jours avant la date choisie).<br />

La commande n’est définitive qu’après confirmation de<br />

notre part par courrier électronique.<br />

Bar du Théâtre V<strong>id</strong>y-<strong>Lausanne</strong><br />

ouvert au public avant et après chaque représentation.<br />

Librairie Théâtre V<strong>id</strong>y-<strong>Lausanne</strong><br />

ouverte du mardi au samedi de 10h à 19h et pendant les<br />

spectacles.<br />

Bourse d’échange de billets en ligne<br />

Vous avez la possibilité d’échanger vos billets par le<br />

biais de notre site internet www.v<strong>id</strong>y.ch<br />

Panneau d’échange de billets<br />

Un panneau est à votre disposition dans le hall du théâtre<br />

pour échanger vos places avec d’autres spectateurs.<br />

Le service se gère exclusivement entre spectateurs.<br />

Retardataires<br />

Nous ne garantissons pas l’accès aux salles après le<br />

début des représentations.<br />

Mobilité réduite<br />

Si le Chapiteau V<strong>id</strong>y-L, La Passerelle et la Salle Charles<br />

Apothéloz sont facilement accessibles, nous vous rendons<br />

attentifs au fait que l’accès à la Salle de répétition<br />

est problématique pour les personnes à mobilité réduite.<br />

Afin d’accueillir les personnes concernées dans les<br />

meilleures conditions, nous les prions de s’annoncer<br />

à la billetterie au moment de l’achat de leur place ainsi<br />

qu’auprès du personnel de l’accueil le soir de la représentation.<br />

Listes d’attente<br />

Lorsqu’un spectacle est complet, il est possible de<br />

s’inscrire sur une liste d’attente le soir même à la caisse.<br />

Les inscriptions sur la liste commencent 1 heure avant<br />

le début de la représentation pour la salle Charles<br />

Apothéloz, et 30 minutes avant pour les autres salles.<br />

Le Théâtre V<strong>id</strong>y-<strong>Lausanne</strong> en tournée (janvier et février <strong>2012</strong>)<br />

Salle d’attente de Lars Norén<br />

Mise en scène : Krystian Lupa<br />

Du 7 janvier au 4 février – Théâtre de la Colline (Paris)<br />

Du 7 au 11 février – MC2 Grenoble (Grenoble)<br />

Le 16 février – L’Equinoxe (Châteauroux)<br />

Les 28 et 29 février – Théâtre de l’Archipel (Perpignan)<br />

Hand Stories de Yeung Faï<br />

Du 4 au 14 janvier – Théâtre national de Bordeaux<br />

(Bordeaux)<br />

Les 20 et 21 janvier – Théâtres en Dracénie (Draguignan)<br />

Les 24 et 25 janvier – Château Rouge (Annemasse)<br />

Le 31 janvier – Scène nationale du Pays de Montbéliard<br />

(Montbéliard)<br />

Du 8 au 11 février – Théâtre national de Nice (Nice)<br />

Du 23 au 25 février – Le Channel (Calais)<br />

Quartier lointain adapté du manga Jirô Taniguchi,<br />

© Shogakukan Inc., Editions Casterman<br />

Mise en scène : Dorian Rossel<br />

Les 5 et 6 janvier – Le Carreau (Forbach)<br />

Les 10 et 11 janvier – Forum Meyrin (Genève)<br />

Le 13 janvier – Château Rouge (Annemasse)<br />

Les 17 et 18 janvier – L’Espal (Le Mans)<br />

Le 24 janvier – Le Rive Gauche (Saint-Etienne-du-Rouvray)<br />

Le 26 janvier – Le Salmanazar (Epernay)<br />

Les 31 janvier et 1 er février – Le Toboggan (Décines)<br />

Le 4 février – Salle CO2 (Bulle)<br />

Le 7 février – Centre des arts vivants (La Chaux-de-Fonds)<br />

Le 23 février – Kurtheater (Baden)<br />

La compagnie des spectres d’après le roman<br />

de Lydie Salvayre<br />

de et avec Zabou Breitman<br />

Du 7 au 15 janvier – Théâtre de la Commune (Aubervilliers)<br />

Les 20 et 21 janvier – Maison des arts (Thonon)<br />

Le 24 janvier – Théâtre de Carcassonne (Carcassonne)<br />

Les 27 et 28 janvier – Théâtre Simone Signoret (Conflans-<br />

Sainte-Honorine)<br />

Le 31 janvier – Théâtre Casino (Le Locle)<br />

Le 4 février – Théâtre Liberté (Toulon)<br />

Le 7 février – Thé’V–Théâtre Edwige Feuillère (Vesoul)<br />

Le 24 février – Le Rive Gauche (Saint-Etienne-du-Rouvray)<br />

Tartuffe de Molière<br />

Mise en scène : Eric Lacascade<br />

Du 4 au 14 janvier – Théâtre national de Bretagne (Rennes)<br />

Les 17 et 18 janvier – Maison de la culture (Amiens)<br />

Le 21 janvier – Espace Philippe Auguste (Vernon)<br />

Du 25 au 27 janvier – La Coursive (La Rochelle)<br />

Le 31 janvier – Théâtre Jean Vilar (Saint-Quentin)<br />

Les 3 et 4 février – Le Théâtre musical de Besançon<br />

(Besançon)<br />

Du 7 au 10 février – Théâtre de Caen (Caen)<br />

Du 14 au 18 février – Théâtre, scène nationale (Saint-<br />

Quentin-en-Yvelines)<br />

Le 21 février – Théâtre des Salins (Martigues)<br />

Du 27 février au 2 <strong>mars</strong> – Le Grand T (Nantes)<br />

Lettre au père de Franz Kafka<br />

Mise en scène : Jean-Yves Ruf<br />

Du 24 janvier au 11 février – Bouffes du Nord (Paris)<br />

Le 28 février – Maison des arts (Thonon)<br />

Max Black de Heiner Goebbels<br />

Du 14 au 19 février – Bouffes du Nord (Paris)<br />

André un projet de Marie Rémond<br />

Du 17 au 20 janvier – Théâtre des Bains-Douches<br />

(Le Havre)<br />

L'avare de Molière<br />

Mise en scène : Dorian Rossel<br />

<strong>Janvier</strong>, février, <strong>mars</strong> – Tournée en Suisse dans les écoles<br />

Conseil de fondation<br />

Prés<strong>id</strong>ente du conseil :<br />

Vera Michalski<br />

Prés<strong>id</strong>ents d’honneur :<br />

Michel Pierre Glauser<br />

Raymond Junod<br />

Direction :<br />

René Gonzalez<br />

Directeur adjoint :<br />

René Zahnd<br />

Administrateur :<br />

Thierry Tordjman<br />

Administratrice<br />

de production :<br />

Julie Bordez<br />

Responsable de<br />

la comptabilité :<br />

Patrick Oulevay<br />

Secrétaire-comptable :<br />

Erika Malherbe<br />

Informatique :<br />

Eric Ecoffey<br />

Secrétaire-réceptionniste :<br />

Francine Perren<br />

Responsable presse<br />

et communication :<br />

Sarah Turin<br />

Assistantes presse<br />

et communication :<br />

Coralie Rochat<br />

Anne-Lise Tacheron<br />

Chargées des R.P. :<br />

Corinne Doret Baertschi<br />

Fanny Guichard<br />

Accueil des artistes:<br />

Isabelle Imsand<br />

Responsable tournées :<br />

Xavier Munger<br />

Administrateurs de tournée :<br />

Sylvain D<strong>id</strong>ry<br />

Lucie Montier<br />

Olga Timofeeva<br />

Directrice de la diffusion :<br />

Barbara Suthoff<br />

Assistante à la diffusion :<br />

Elizabeth Gay<br />

Archives :<br />

Leonor Garr<strong>id</strong>o<br />

Responsable des relations<br />

avec les adhérents :<br />

Chantal Pelet<br />

Responsable location<br />

et librairie :<br />

Virginie Favre Ademi<br />

Bar :<br />

Emmanuel Do Nascimento<br />

Jules Hox<br />

Nouri Montasri<br />

Entretien :<br />

Fatmir Ademi<br />

Membres du conseil :<br />

Anne Biéler<br />

Pascal Broulis<br />

Pierre-Henri Dumont<br />

Patrick Ferla<br />

Nathalie Fluri<br />

Anne-Claude Gilli-Studer<br />

Jean-Claude Grangier<br />

Grégoire Junod (vice-prés<strong>id</strong>ent)<br />

Frédéric Maire<br />

Jean-Yves P<strong>id</strong>oux<br />

Fabien Ruf<br />

Pierre Starobinski<br />

Oscar Tosato<br />

Brigitte War<strong>id</strong>el<br />

Elisabeth Wermelinger<br />

Photographie :<br />

Mario Del Curto<br />

Design :<br />

Les Ateliers du Nord<br />

Werner Jeker<br />

Benoît Deschamps<br />

Photolithographie :<br />

Bombie<br />

En formation :<br />

Laure Cohades<br />

Mathieu Devaud<br />

Lauranne Krümel<br />

Coraline Kury<br />

Gaëtan Wild<br />

Accueil :<br />

Marie Ammeter<br />

Baptiste Aubert<br />

Silvia Boquete Rivera<br />

Natacha Gonzalez (resp.)<br />

Cécile Greset<br />

Rebecca Joly<br />

Katy Kühni<br />

Jonas Lambelet<br />

Claudia Malherbe<br />

Renata Mamina<br />

Adrien Mani<br />

Sophie Mayerat<br />

Xavier Michellod<br />

Sara Oswald<br />

Raphaël Rapin<br />

Murielle Tenger<br />

Location :<br />

Magali Charlet<br />

Monique Corradini<br />

Lucas Emery<br />

Jonas Guyot<br />

Stéphanie Luginbuehl<br />

Marlyse Müller<br />

Jeanne Perrin<br />

Shpend Raka<br />

Thi Samet Tang<br />

Webdesigner :<br />

Jeanne-Lucie Schmutz<br />

Le suic<strong>id</strong>é de Nicolaï Erdman<br />

Mise en scène : Patrick Pineau<br />

Du 6 au 15 janvier – MC93 (Bobigny)<br />

Du 17 au 21 janvier – Scène nationale de Sénart (Combsla-Ville)<br />

Du 24 au 28 janvier – Théâtre Firmin-Gémier/La Piscine<br />

(Châtenay-Malabry)<br />

Le 31 janvier – Théâtre de l’Agora (Evry)<br />

Le 4 février – Théâtre Louis Aragon (Tremblay)<br />

Les 7 et 8 février – Le Volcan (Le Havre)<br />

Le 11 février – Théâtre Jean Arp (Clamart)<br />

Du 15 au 23 février – Théâtre du Nord (Lille)<br />

Du 29 février au 4 <strong>mars</strong> – Les Célestins (Lyon)<br />

Donka une création de Daniele Finzi Pasca<br />

Les 4 et 5 janvier – Théâtre de l’Agora (Evry)<br />

Le 7 janvier – Pôle culturel (Alfortville)<br />

Les 10 et 11 janvier – Théâtre Edwige Feuillère (Vesoul)<br />

Du 19 au 21 janvier – Espace Jacques Prévert<br />

(Aulnay-sous-Bois)<br />

Les 27 et 28 janvier – Cirque-Théâtre (Elbeuf)<br />

Les 10 et 11 février – Théâtre Victoria Eugenia (San Sebastian)<br />

Du 17 au 19 février – Théâtre Arriaga (Bilbao)<br />

Du 24 au 26 février – Théâtre Calderon (Valladol<strong>id</strong>)<br />

Du 1 er au 3 <strong>mars</strong> – Théâtre du Crochetan (Monthey)<br />

Micro de Pierre Rigal<br />

Les 10 et 11 janvier – Le Lieu Unique (Nantes)<br />

Du 7 au 9 février – MC2 (Grenoble)<br />

Bullet Park d’après l’œuvre de John Cheever<br />

Par le Collectif Les Possédés<br />

Du 8 au 10 février – Théâtre de Nîmes (Nîmes)<br />

Les 15 et 16 février – Théâtre Firmin-Gémier (Châtenay-<br />

Malabry)<br />

Du 1 er au 10 <strong>mars</strong> – Théâtre Garonne (Toulouse)<br />

Invisibles de et par Nasser Djemaï<br />

Les 5 et 6 janvier – Le Granit (Belfort)<br />

Le 14 janvier – Théâtre Liberté (Toulon)<br />

Les 17 et 18 janvier – Espace des arts (Chalon-sur-Saône)<br />

Du 1 er au 3 février – Domaine d’Ô (Montpellier)<br />

Du 7 au 18 février – Le TARMAC (Paris)<br />

Les 22 et 23 février – Maison de la culture (Bourges)<br />

La fausse suivante (ou le fourbe puni) de Marivaux<br />

Mise en scène : Nadia Vonderheyden<br />

Du 6 au 14 janvier – Espace Malraux (Chambéry)<br />

Du 15 au 17 février – Scène nationale de Sénart (Combs-la-Ville)<br />

Les 23 et 24 février – Espace des arts (Chalon-sur-Saône)<br />

Sans objet d’Aurélien Bory<br />

Du 10 au 14 janvier – Le Grand T (Nantes)<br />

Du 31 janvier au 3 février – Théâtre national de Bordeaux<br />

en Aquitaine (Bordeaux)<br />

Les 8 et 9 février – Scène nationale (Foix)<br />

Du 14 au 16 février – Théâtre de l’Espace, scène nationale<br />

(Besançon)<br />

Du 24 au 26 février – Hong Kong Arts Festival (Hong-Kong)<br />

Les 3 Parques m’attendent dans le parking<br />

de Jacques Rebotier<br />

Texte et mise en scène : Jacques Rebotier<br />

Du 19 janvier au 12 février – Théâtre des Amandiers (Nanterre)<br />

Home de Chantal Morel<br />

Les 28 et 29 février – Espace Malraux (Chambéry)<br />

Hans was Heiri de Zimmermann & de Perrot<br />

Du 28 février au 3 <strong>mars</strong> – Le Lieu Unique, scène nationale<br />

(Nantes)<br />

Equipe technique<br />

Saison 2011-<strong>2012</strong><br />

Direction technique :<br />

Michel Beuchat<br />

Directeur technique adjoint :<br />

Samuel Marchina<br />

Secrétaire direction<br />

technique :<br />

Laurence Diot<br />

Régisseur général<br />

de production :<br />

Nicolas Br<strong>id</strong>el<br />

Chef d’atelier<br />

construction décor :<br />

Thomas Beimowski<br />

Chef département<br />

électrique :<br />

Thierry Kaltenrieder<br />

Chef département son :<br />

Fred Morier<br />

Chef département<br />

audio-visuel et graphisme :<br />

Jérôme Vernez<br />

Cheffe département<br />

expositions et dessins :<br />

Simira Raebsamen<br />

Régisseurs généraux :<br />

Julio Cabrera<br />

Marcel Challet<br />

Félix Dorsaz<br />

Christophe Kehrli<br />

Stéphane Sagon<br />

Régisseurs généraux<br />

de scène :<br />

Frédéric Aguet<br />

Christian Mayor<br />

Pascal Rosset<br />

Accessoiristes :<br />

Mathieu Dorsaz<br />

Georgie Gaudier<br />

Stagiaire accessoiriste :<br />

Yûki Quentin Nicole<br />

Responsable costumes,<br />

maquillage et coiffure :<br />

Rosi Morilla<br />

Constructeurs :<br />

Hervé Arletti<br />

Stéphane Boulaz<br />

Thuy Lor Van<br />

Machinistes :<br />

Jean-Daniel Buri<br />

Bruno Dani<br />

Xavier De Marcellis<br />

Fabio Gaggetta<br />

Natacha Gerber<br />

Mathieu Pegoraro<br />

Nicolas Pilet<br />

Philippe Puglierini<br />

Régisseurs lumière :<br />

Mattias Bovard<br />

Claude Burgdorfer<br />

Roby Carruba<br />

Boussad Deghou<br />

Adrien Gardel<br />

Christophe Glanzmann<br />

Benoît Michellod<br />

Jean-Luc Mutrux<br />

Dav<strong>id</strong> Perez<br />

Nicolas W<strong>id</strong>mer<br />

Erik Zollikofer<br />

Electricien :<br />

Roger Monnard<br />

Régisseurs son :<br />

Patrick Ciocca<br />

Ludovic Guglielmazzi<br />

Denis Hartmann<br />

Aurélien Stuby<br />

Régisseur audio-visuel :<br />

Stéphane <strong>Janvier</strong><br />

Régisseurs son –<br />

monteur v<strong>id</strong>éaste :<br />

François Planson<br />

Michaël Romaniszin<br />

Couturière et habilleuse<br />

d’entretien :<br />

Machteld Vis<br />

Collaborateurs occasionnels<br />

pour la saison 2011-<strong>2012</strong><br />

Régisseur général :<br />

Joël L’Hopitalier<br />

Machinistes :<br />

Santiago Martinez<br />

Enrique Méndez-Ramallo<br />

René Périsset<br />

Régisseurs lumière :<br />

Jean-Jacques Beaudoin<br />

Claire Gondrexon<br />

Electro :<br />

Olivier Francfort<br />

Régisseurs son :<br />

Benjamin Bard<br />

Jocelyn Raphanel<br />

Peintre :<br />

Sibylle Portenier<br />

Couturière :<br />

Christine Emery<br />

Habilleuses :<br />

Célia Franceschi<br />

Emilie Vial


Calendrier V<strong>id</strong>y-L<br />

janvier<br />

février<br />

<strong>mars</strong> <strong>2012</strong><br />

Avant-programme<br />

De <strong>mars</strong> à juillet <strong>2012</strong>,<br />

Encore 12 spectacles !<br />

Résumons-nous : la semaine<br />

a été désastreuse !<br />

d’Alexandre Vialatte<br />

Du 14 <strong>mars</strong> au 1 er avril <strong>2012</strong><br />

Salle de répétition<br />

Mise en scène :<br />

Charles Tordjman<br />

Age conseillé : dès 12 ans<br />

Genre : théâtre-comédie<br />

Le syndrome d’Orphée<br />

d’après Vladimir Maïakovski<br />

et Jean Cocteau<br />

Du 19 au 30 <strong>mars</strong> <strong>2012</strong><br />

Salle Charles Apothéloz<br />

Mise en scène :<br />

Vladimir Pankov<br />

Age conseillé : dès 14 ans<br />

Genre : théâtre, musique et danse<br />

<strong>Janvier</strong><br />

Février<br />

Mars<br />

Avril<br />

Salle Charles Apothéloz La Passerelle Salle de répétition Chapiteau V<strong>id</strong>y-L<br />

Hans was Heiri<br />

Histoire du soldat<br />

Le syndrome d’Orphée<br />

Mardi 17.01. 19h00<br />

Mercredi 18.01. 19h00<br />

Jeudi 19.01. relâche<br />

Vendredi 20.01. 20h30<br />

Samedi 21.01. 19h00<br />

Dimanche 22.01. 17h30<br />

Lundi 23.01. relâche<br />

Mardi 24.01. relâche<br />

Mercredi 25.01. 19h00<br />

Jeudi 26.01. 19h00<br />

Vendredi 27.01. 20h30<br />

Samedi 28.01. 19h00<br />

Dimanche 29.01. 17h30<br />

Lundi 30.01. relâche<br />

Mardi 31.01. relâche<br />

Mercredi 01.02. 19h00<br />

Jeudi 02.02. 19h00<br />

Vendredi 03.02. 20h30<br />

Samedi 04.02. 19h00<br />

Dimanche 05.02. 17h30<br />

Mardi 14.02. 19h00<br />

Mercredi 15.02. 19h00<br />

Jeudi 16.02. 19h00<br />

Vendredi 17.02. 20h30<br />

Samedi 18.02. 15h et 19h<br />

Dimanche 19.02. 17h30<br />

Lundi 20.02. relâche<br />

Mardi 21.02. 19h00<br />

Mercredi 22.02. 19h00<br />

Jeudi 23.02. 19h00<br />

Lundi 19.03. 19h00<br />

Mardi 20.03. 19h00<br />

Mercredi 21.03. 19h00<br />

Jeudi 22.03. 19h00<br />

Vendredi 23.03. 20h30<br />

Samedi 24.03. 19h00<br />

Dimanche 25.03. relâche<br />

Lundi 26.03. relâche<br />

Mardi 27.03. 19h00<br />

Mercredi 28.03. 19h00<br />

Jeudi 29.03. 19h00<br />

Vendredi 30.03. 20h30<br />

Lettre au père<br />

Radio clandestine Les 3 Parques… Lettre au père Belkheïr ou une carte…<br />

Mardi 10.01. 20h00<br />

Mercredi 11.01. 20h00<br />

Jeudi 12.01. 20h00<br />

Vendredi 13.01. 20h00<br />

Samedi 14.01. 20h00<br />

Dimanche 15.01. relâche<br />

Lundi 16.01. relâche<br />

Mardi 17.01. 20h00<br />

Mercredi 18.01. 20h00<br />

Jeudi 19.01. 20h00<br />

Mercredi 25.01. 20h00<br />

Jeudi 26.01. 20h00<br />

Vendredi 27.01. 20h00<br />

Samedi 28.01. 20h00<br />

Dimanche 29.01. relâche<br />

Lundi 30.01. relâche<br />

Mardi 31.01. 20h00<br />

Mercredi 01.02. 20h00<br />

Jeudi 02.02. 20h00<br />

Vendredi 03.02. 20h00<br />

Samedi 04.02. 20h00<br />

Dimanche 05.02. 18h00<br />

Lundi 06.02. relâche<br />

Mardi 07.02. 20h00<br />

Mercredi 08.02. 20h00<br />

Jeudi 09.02. 20h00<br />

Vendredi 10.02. 20h00<br />

Samedi 11.02. 20h00<br />

Mardi 14.02. 20h00<br />

Mercredi 15.02. 20h00<br />

Jeudi 16.02. 20h00<br />

Vendredi 17.02. 20h00<br />

Samedi 18.02. 20h00<br />

Dimanche 19.02. 18h00 *<br />

Lundi 20.02. relâche<br />

Mardi 21.02. 20h00<br />

Mercredi 22.02. 20h00<br />

Jeudi 23.02. 20h00<br />

Vendredi 24.02. 20h00<br />

Samedi 25.02. 20h00<br />

* complet<br />

Mardi 06.03. 20h00<br />

Mercredi 07.03. 20h00<br />

Jeudi 08.03. 20h00<br />

Vendredi 09.03. 20h00<br />

Samedi 10.03. 20h00<br />

Dimanche 11.03. 18h00<br />

Lundi 12.03. relâche<br />

Mardi 13.03. 20h00<br />

Mercredi 14.03. 20h00<br />

Jeudi 15.03. 20h00<br />

Vendredi 16.03. 20h00<br />

Samedi 17.03. 20h00<br />

Dimanche 18.03. 18h00<br />

Mardi 20.03. 20h00<br />

Mercredi 21.03. 20h00<br />

Jeudi 22.03. 20h00<br />

Vendredi 23.03. 20h00<br />

Samedi 24.03. 20h00<br />

Dimanche 25.03. 18h00<br />

Lundi 26.03. relâche<br />

Mardi 27.03. relâche<br />

Mercredi 28.03. 20h00<br />

Jeudi 29.03. 20h00<br />

Vendredi 30.03. 20h00<br />

Samedi 31.03. 20h00<br />

Dimanche 01.04. 18h00<br />

Lundi 02.04. relâche<br />

Mardi 03.04. 20h00<br />

Mercredi 04.04. 20h00<br />

Jeudi 05.04. 20h00<br />

La fausse suivante<br />

Vivre dans le feu<br />

Résumons-nous : la semaine…<br />

Mercredi 18.01. 19h30<br />

Jeudi 19.01. 19h30<br />

Vendredi 20.01. 19h30<br />

Samedi 21.01. 19h30<br />

Dimanche 22.01. 18h30<br />

Lundi 23.01. relâche<br />

Mardi 24.01. 19h30<br />

Mercredi 25.01. 19h30<br />

Jeudi 26.01. 19h30<br />

Vendredi 27.01. 19h30<br />

Samedi 28.01. 19h30<br />

Dimanche 29.01. 18h30<br />

Lundi 30.01. relâche<br />

Mardi 31.01. 19h30<br />

Mercredi 01.02. 19h30<br />

Jeudi 02.02. 19h30<br />

Vendredi 03.02. 19h30<br />

Samedi 04.02. 19h30<br />

Dimanche 05.02. 18h30<br />

Jeudi 09.02. 19h30<br />

Vendredi 10.02. 19h30<br />

Samedi 11.02. 19h30<br />

Dimanche 12.02. 18h30<br />

Lundi 13.02. relâche<br />

Mardi 14.02. 19h30<br />

Mercredi 15.02. 19h30<br />

Jeudi 16.02. 19h30<br />

Vendredi 17.02. 19h30<br />

Samedi 18.02. 19h30<br />

Dimanche 19.02. 18h30<br />

Mercredi 14.03. 19h30<br />

Jeudi 15.03. 19h30<br />

Vendredi 16.03. 19h30<br />

Samedi 17.03. 19h30<br />

Dimanche 18.03. relâche<br />

Lundi 19.03. relâche<br />

Mardi 20.03. 19h30<br />

Mercredi 21.03. 19h30<br />

Jeudi 22.03. 19h30<br />

Vendredi 23.03. 19h30<br />

Samedi 24.03. 19h30<br />

Dimanche 25.03. 18h30<br />

Lundi 26.03. relâche<br />

Mardi 27.03. 19h30<br />

Mercredi 28.03. 19h30<br />

Jeudi 29.03. 19h30<br />

Vendredi 30.03. 19h30<br />

Samedi 31.03. 19h30<br />

Dimanche 01.04. 18h30<br />

Du Coq à Lasne<br />

Hilum<br />

Re<br />

KKQQ<br />

Mercredi 11.01. 20h30<br />

Jeudi 12.01. 20h30<br />

Vendredi 13.01. 19h00<br />

Samedi 14.01. 20h30<br />

Dimanche 15.01. relâche<br />

Lundi 16.01. relâche<br />

Mardi 17.01. 20h30<br />

Mercredi 18.01. 20h30<br />

Jeudi 19.01. 20h30<br />

Vendredi 20.01. 19h00<br />

Samedi 21.01. 20h30<br />

Dimanche 22.01. 17h00<br />

Lundi 23.01. relâche<br />

Mardi 24.01. 20h30<br />

Mercredi 25.01. 20h30<br />

Jeudi 26.01. 20h30<br />

Vendredi 27.01. 19h00<br />

Samedi 28.01. 20h30<br />

Dimanche 29.01. 17h00<br />

Lundi 30.01. relâche<br />

Mardi 31.01. 20h30<br />

Mercredi 01.02. 20h30<br />

Jeudi 02.02. 20h30<br />

Vendredi 03.02. 19h00<br />

Samedi 04.02. 20h30<br />

Dimanche 05.02. 17h00<br />

Mercredi 08.02. 20h30<br />

Jeudi 09.02. 20h30<br />

Vendredi 10.02. 19h00<br />

Samedi 11.02. 20h30<br />

Dimanche 12.02. 17h00<br />

Lundi 13.02. relâche<br />

Mardi 14.02. 20h30<br />

Mercredi 15.02. 20h30<br />

Jeudi 16.02. 20h30<br />

Vendredi 17.02. 19h00<br />

Samedi 18.02. 20h30<br />

Dimanche 19.02. 17h00<br />

Lundi 20.02. relâche<br />

Mardi 21.02. 20h30<br />

Mercredi 22.02. 20h30<br />

Jeudi 23.02. 20h30<br />

Vendredi 24.02. 19h00<br />

Samedi 25.02. 20h30<br />

Dimanche 26.02. 17h00<br />

Mercredi 07.03. 20h30<br />

Jeudi 08.03. 20h30<br />

Vendredi 09.03. 19h00<br />

Samedi 10.03. 20h30<br />

Dimanche 11.03. 17h00<br />

Lundi 12.03. relâche<br />

Mardi 13.03. 20h30<br />

Mercredi 14.03. 20h30<br />

Jeudi 15.03. 20h30<br />

Vendredi 16.03. 19h00<br />

Samedi 17.03. 20h30<br />

Dimanche 18.03. 17h00<br />

Lundi 19.03. relâche<br />

Mardi 20.03. 20h30<br />

Mercredi 21.03. 20h30<br />

Jeudi 22.03. 20h30<br />

Vendredi 23.03. 19h00<br />

Mardi 27.03. 20h30<br />

Mercredi 28.03. 20h30<br />

Jeudi 29.03. 20h30<br />

Vendredi 30.03. 19h00<br />

Samedi 31.03. 20h30<br />

Dimanche 01.04. 17h00<br />

Lundi 02.04. relâche<br />

Mardi 03.04. 20h30<br />

Mercredi 04.04. 20h30<br />

Jeudi 05.04. 20h30<br />

Radio clandestine<br />

d’Ascanio Celestini<br />

Du 20 <strong>mars</strong> au 5 avril <strong>2012</strong><br />

La Passerelle<br />

Mise en scène :<br />

Dag Jeanneret<br />

Age conseillé: dès 16 ans<br />

Genre : théâtre récit<br />

Séance<br />

de Michel Viala<br />

Du 23 avril au 13 mai <strong>2012</strong><br />

La Passerelle<br />

Mise en scène :<br />

Attilio Sandro Palese<br />

Age conseillé : tout public<br />

Genre : humour sarcastique et tendre<br />

Les enfants de Jéhovah<br />

de Fabrice Murgia<br />

Du 24 avril au 16 mai <strong>2012</strong><br />

Salle de répétition<br />

Mise en scène :<br />

Fabrice Murgia<br />

Age conseillé : dès 15 ans<br />

Genre : drame contemporain<br />

Invisibles<br />

de Nasser Djemaï<br />

Du 25 avril au 6 mai <strong>2012</strong><br />

Chapiteau V<strong>id</strong>y-L<br />

Textes et mise en scène :<br />

Nasser Djemaï<br />

Age conseillé : dès 14 ans<br />

Genre : théâtre<br />

Ô mon pays ! (C.D.I. Sandrine/<br />

C.D.D. Chacal)<br />

diptyque de la Compagnie Pôle Nord<br />

Du 1 er au 6 mai <strong>2012</strong><br />

Salle Charles Apothéloz<br />

Age conseillé : dès 13-14 ans<br />

Genre : théâtre<br />

Anniversaire de terre (lettres secrètes)<br />

de Paola Berselli et Stefano Pasquini<br />

Du 8 au 13 mai, du 22 au 25 mai<br />

et du 29 mai au 3 juin <strong>2012</strong><br />

Chapiteau V<strong>id</strong>y-L<br />

Age conseillé : spectacle pour adultes<br />

Genre : théâtre autobiographique<br />

Viï – le roi terre<br />

d’après la nouvelle de Nicolas Gogol<br />

Du 29 mai au 10 juin <strong>2012</strong><br />

Salle Charles Apothéloz<br />

Mise en scène :<br />

Vladislav Troïtskyi<br />

Age conseillé : dès 12 ans<br />

Genre : thriller mystique<br />

Sainte dans l’incendie<br />

de Laurent Fréchuret<br />

Du 29 mai au 10 juin <strong>2012</strong><br />

La Passerelle<br />

Mise en scène :<br />

Laurent Fréchuret<br />

Age conseillé : dès 13 ans<br />

Genre : poème dramatique<br />

Tous ceux qui tombent<br />

de Samuel Beckett<br />

Du 5 au 17 juin <strong>2012</strong><br />

Salle de répétition<br />

sous la direction de Jacques Nichet<br />

Age conseillé : dès 15 ans<br />

Genre : pièce radiophonique en trois dimensions<br />

Pour le meilleur et pour le pire<br />

par le Cirque Aïtal<br />

Du 20 juin au 6 juillet <strong>2012</strong><br />

Chapiteau extérieur<br />

Conception et interprétation :<br />

Kati Pikkarainen et Victor Cathala<br />

Age conseillé : dès 6 ans<br />

Genre : cirque<br />

Ce programme est présenté sous réserve<br />

de modification.


Sac « Toolbox »<br />

en veau Swift.<br />

Hermès à Bâle, Berne,<br />

Crans-sur-Sierre, Genève,<br />

Gstaad, <strong>Lausanne</strong>, Lucerne,<br />

Lugano, St.Moritz, Zurich.<br />

Hermes.com

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