Théâtre V id y-Lausanne Janvier à mars 2012
Théâtre V id y-Lausanne Janvier à mars 2012
Théâtre V id y-Lausanne Janvier à mars 2012
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Théâtre V<strong>id</strong>y-L<br />
<strong>Janvier</strong> à <strong>mars</strong> <strong>2012</strong><br />
N˚ 35<br />
Théâtre V<strong>id</strong>y-<strong>Lausanne</strong><br />
<strong>Janvier</strong> à <strong>mars</strong> <strong>2012</strong>
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La part<br />
du risque<br />
Pas de théâtre sans « phynances » (pour reprendre l’orthographe<br />
de Jarry Roi !). Notre « maison » du bord de<br />
l’eau, comme quantité de théâtres d’ici ou d’ailleurs, est<br />
soutenue pour les collectivités publiques, prioritairement<br />
par la Ville de <strong>Lausanne</strong> et le Canton de Vaud. C’est<br />
un choix de société, la volonté d’une communauté de se<br />
doter d’un lieu voué au spectacle vivant. Alors, économiquement,<br />
où est le risque ? Eh bien dans le fait que cette<br />
manne publique, depuis une quinzaine d’années, représente<br />
40 à 50 % du budget annuel (la proportion ordinaire<br />
des théâtres de France et d’Europe oscille entre 70 et 80 %).<br />
Saison après saison, il s’agit donc d’inventer, sur le fil du<br />
rasoir, des recettes propres. Elles viennent, pour l’essentiel,<br />
des apports en coproduction, de la vente des spectacles,<br />
du magnifique accompagnement de divers sponsors et<br />
mécènes. Mais cet équilibre est, comme toute chose miraculeuse,<br />
d’une fragilité extrême. Le spectre de l’annulation<br />
de représentations ou de tournées guette, alors que des éléments<br />
conjoncturels, qui échappent à tout contrôle, peuvent<br />
avoir des e±ets ravageurs. Les pertes de change liés au<br />
franc fort en sont un bon exemple : de l’ordre de 1 200 000<br />
francs sur trois ans pour V<strong>id</strong>y (dont la gestion reste à ce<br />
jour, malgré tout, totalement maîtrisée). Dans le même<br />
temps, ce chi±re témoigne d’une form<strong>id</strong>able capacité d’exportation<br />
vers la zone euro.<br />
Pas de théâtre sans artiste, bien sûr. Et là rés<strong>id</strong>e sans<br />
doute le risque le plus passionnant : celui de la création.<br />
A cet égard, le trimestre qui vient ne manque pas de défis.<br />
Jean-Quentin Châtelain est au pied d’une nouvelle montagne<br />
à gravir : Lettre au père de Kafka. Laurence Vielle,<br />
mot par mot, pas à pas, pénètre dans le caveau d’un secret<br />
de famille. L’inénarrable paire Zimmermann & de Perrot<br />
invente un dispositif technique impressionnant, inspiré de<br />
certaines machines foraines, pour déployer son univers<br />
aussi humoristique que captivant. Nadia Vonderheyden<br />
se frotte à l’horlogerie humaine de Marivaux. Le magicien<br />
Belkheïr révèle la vie secrète des cartes. Patrick Sims lève<br />
le r<strong>id</strong>eau sur le peuple fabuleux de ses marionnettes. Anne<br />
Conti plonge dans le feu de Marina Tsvetaeva. Roland Auzet<br />
choisit de faire résonner à sa façon l’Histoire du soldat de<br />
Ramuz et Stravinsky. Jacques Rebotier, malaxeur de verbe<br />
et de son, s’intéresse aux triades féminines. Comme tombé<br />
d’une autre planète, François Gremaud invente de drôles<br />
de gestes spectaculaires. Tous ces artistes ont une patrie en<br />
commun : celle où brillent l’utopie et la poésie. Tous vivent<br />
sous le signe du risque. Le pas dans le v<strong>id</strong>e. La tentation de<br />
l’inconnu. Le rêve de l’inouï.<br />
Pas de théâtre sans public. Et c’est donc vous, spectateurs,<br />
qui assumez l’ultime part du risque, celle de la curiosité, de<br />
la confiance, de la recherche de la lumière : « Que le risque<br />
soit ta clarté » (René Char).<br />
Sommaire<br />
Lettre au père<br />
Entre émotions et questions<br />
existentielles, un monologue<br />
fondateur de Kafka . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4<br />
Du Coq à Lasne<br />
L’épopée poétique où<br />
Laurence Vielle fouille dans<br />
la mémoire de sa famille. . . . . . . . . . . . . 5<br />
Hans was Heiri<br />
Avec humour, Zimmermann &<br />
de Perrot explorent<br />
la volonté dérisoire de l’homme<br />
de se démarquer de<br />
ses semblables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6<br />
La fausse suivante (ou le fourbe puni)<br />
Un classique de Marivaux,<br />
maître des quiproquos et<br />
travestissements ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9<br />
Belkheïr ou une carte ne vous sauve<br />
pas la vie pour rien<br />
Cartes, magie et mystère ! . . . . . . . . . . . 9<br />
Hilum<br />
Patrick Sims lève le r<strong>id</strong>eau<br />
sur un univers enchanteur<br />
et déroutant, peuplé d’êtres<br />
singuliers. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11<br />
Histoire du soldat<br />
A la rencontre de Ramuz<br />
et Stravinsky répond aujourd’hui<br />
celle de Roland Auzet et<br />
Thomas Fersen . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12<br />
Vivre dans le feu<br />
Anne Conti dans les flammes de<br />
Marina Tsvetaeva . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15<br />
Les 3 Parques m’attendent<br />
dans le parking<br />
Jacques Rebotier poursuit son<br />
exploration du fil de la pensée . . . . . 17<br />
Re et KKQQ<br />
Deux pièces de François<br />
Gremaud, captivant<br />
b<strong>id</strong>ouilleur de l’absurde . . . . . . . . . . . . 18<br />
Directeurs de publication :<br />
René Gonzalez & René Zahnd<br />
Photographie :<br />
Mario Del Curto<br />
(sauf mention contraire)<br />
Publicité et coordination :<br />
Sarah Turin<br />
(s.turin@v<strong>id</strong>y.ch)<br />
Coralie Rochat<br />
(c.rochat@v<strong>id</strong>y.ch)<br />
Correctrice :<br />
Julie We<strong>id</strong>mann<br />
Design :<br />
Ateliers du Nord/Werner Jeker<br />
Benoît Deschamps<br />
Photolithographie :<br />
Bombie, Genève<br />
Impression :<br />
Swissprinters <strong>Lausanne</strong> SA<br />
Ont contribué à ce numéro :<br />
Marc Berman<br />
Anne Fournier<br />
Alexandra Gentile<br />
Jacques Rebotier<br />
Coralie Rochat<br />
Jean-Yves Ruf<br />
Nadia Vonderheyden<br />
René Zahnd<br />
Photo de couverture :<br />
Zimmermann & de Perrot<br />
© Mario Del Curto<br />
Théâtre Kléber-Méleau<br />
Dämonen – Démons porté à<br />
la scène par Thomas Ostermeier<br />
et trois poèmes d’Oscar Wilde<br />
dans la vision de<br />
Philippe Mentha. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 Le Théâtre V<strong>id</strong>y-<strong>Lausanne</strong> est subventionné<br />
par la Ville de <strong>Lausanne</strong>, par le Canton<br />
Informations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 de Vaud et par le Fonds intercommunal de<br />
soutien aux institutions culturelles de<br />
Calendrier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23 la région lausannoise.<br />
Remerciements<br />
A nos f<strong>id</strong>èles partenaires<br />
A nos généreux donateurs<br />
Fondation de Famille Sandoz<br />
Fondation Leenaards<br />
Fondation Hoffmann<br />
Fondation Landis & Gyr<br />
Fondation Ernst Göhner<br />
Fondation Sophie et Karl Binding<br />
Bovay & Partenaires<br />
Fondation Julius Baer<br />
Un merci particulier à une mécène généreuse<br />
et anonyme<br />
Main sponsor<br />
www.richardmille.com<br />
Partenaire média<br />
Partenaires culturels<br />
Archipel<br />
Collection de l’Art Brut<br />
La Cinémathèque suisse<br />
Musée de l’Elysée<br />
Orchestre de Chambre de <strong>Lausanne</strong><br />
Verbier Festival<br />
Fondation 2 Montreux Jazz<br />
Théâtre Sévelin 36<br />
HEMU<br />
A ceux qui contribuent au soutien<br />
de notre activité<br />
Association<br />
des Amis<br />
du Théâtre<br />
Assura<br />
Banque Julius Baer<br />
et Cie SA<br />
Banque Wegelin<br />
Bongénie – Grieder<br />
Cafina SA<br />
Cinétoile Malley<br />
DSR<br />
Ebel<br />
Ecole Athenaeum<br />
Feldschlösschen<br />
Filofax<br />
Groupe Mutuel<br />
Hermès<br />
Hertz<br />
Honda<br />
Hôtel Alpha-Palmiers<br />
Hôtel d’Angleterre<br />
Hôtel Aulac<br />
Hôtel Beau-Rivage<br />
Ikea<br />
Théâtre V<strong>id</strong>y-L<br />
<strong>Janvier</strong> à <strong>mars</strong> <strong>2012</strong> | N˚ 35<br />
03<br />
La Clinique<br />
de La Source<br />
La Montre Hermès<br />
La Semeuse<br />
Laurent Perrier<br />
<strong>Lausanne</strong> Palace & Spa<br />
Leuba+Michel SA<br />
Migros Pour-cent<br />
culturel<br />
Moyard Meuble<br />
Payot<br />
Pernod Ricard<br />
Philip Morris<br />
RTS – La 1 ère<br />
Sicpa<br />
Sunrise<br />
Swissprinters<br />
<strong>Lausanne</strong> SA<br />
Swissquote<br />
Switcher<br />
Testuz<br />
Transports Publics de<br />
la Région Lausannoise<br />
Voyages et Culture
Lettre au père<br />
de Franz Kafka<br />
Du 10 au 19 janvier<br />
et du 14 au 25 février <strong>2012</strong><br />
La Passerelle<br />
Traduction :<br />
Monique Laederach<br />
(Editions Mille et une nuits)<br />
Mise en scène :<br />
Jean-Yves Ruf<br />
Scénographie :<br />
Laure Pichat<br />
Son :<br />
Jean-Damien Ratel<br />
Lumière :<br />
Christian Dubet<br />
Avec :<br />
Jean-Quentin Châtelain<br />
Durée :<br />
environ 1h15<br />
Age conseillé :<br />
dès 14 ans<br />
Genre :<br />
théâtre<br />
© DR<br />
Production déléguée :<br />
Théâtre V<strong>id</strong>y-<strong>Lausanne</strong><br />
Coproduction :<br />
Chat Borgne Théâtre<br />
Le Chat Borgne Théâtre est une compagnie<br />
conventionnée par le ministère de la Culture<br />
et de la Communication – DRAC Alsace<br />
Création au Théâtre V<strong>id</strong>y-<strong>Lausanne</strong><br />
le 10 janvier <strong>2012</strong><br />
Mardi 10.01. 20h00<br />
Mercredi 11.01. 20h00<br />
Jeudi 12.01. 20h00<br />
Vendredi 13.01. 20h00<br />
Samedi 14.01. 20h00<br />
Dimanche 15.01. relâche<br />
Lundi 16.01. relâche<br />
Mardi 17.01. 20h00<br />
Mercredi 18.01. 20h00<br />
Jeudi 19.01. 20h00<br />
Mardi 14.02. 20h00<br />
Mercredi 15.02. 20h00<br />
Jeudi 16.02. 20h00<br />
Vendredi 17.02. 20h00<br />
Samedi 18.02. 20h00<br />
Dimanche 19.02. 18h00 *<br />
Lundi 20.02. relâche<br />
Mardi 21.02. 20h00<br />
Mercredi 22.02. 20h00<br />
Jeudi 23.02. 20h00<br />
Vendredi 24.02. 20h00<br />
Samedi 25.02. 20h00<br />
* complet<br />
Théâtre V<strong>id</strong>y-L<br />
<strong>Janvier</strong> à <strong>mars</strong> <strong>2012</strong> | N˚ 35<br />
04<br />
Un combat, mené jusqu’au bout<br />
Kafka est un des rares auteurs qu’on a l’impression<br />
de connaître sans en avoir entendu parler,<br />
sans en avoir lu une seule ligne. On dit juste<br />
« Kafka », et la chose est déjà dite. Ces deux syllabes<br />
sont passées dans le langage courant pour<br />
désigner notre angoisse contemporaine. Il est<br />
plus qu’un écrivain tchèque né à Prague en 1883,<br />
il est plus qu’un écrivain doué qui marque l’histoire<br />
de la littérature, il fait partie de l’histoire<br />
de nos vies et de nos pensées. Il s’est introduit<br />
dans nos rêves, a colonisé nos peurs profondes.<br />
Qui a lu La métamorphose sans se sentir glisser<br />
dans une couche très secrète de sa personne, sans<br />
s’<strong>id</strong>entifier avec terreur à Grégoire, sans se sentir<br />
devenir insecte ? Kafka n’a pas créé de personnages,<br />
il a créé des intensités, il a transformé ses<br />
propres angoisses en une parabole de la condition<br />
humaine. Son style, d’une précision redoutable,<br />
sans artifices, sans e±ets, est une langue chirurgicale<br />
derrière laquelle il s’e±ace jusqu’à en devenir<br />
imperceptible, donc universel.<br />
Qui aurait pu prédire un tel destin à ce pâle jeune<br />
homme travaillant comme comptable dans une<br />
société d’assurances ? Sans doute pas lui qui<br />
demandera à son ami Max Brod de brûler après<br />
sa mort la plupart de ses écrits. Remerciements<br />
à Max Brod d’avoir non seulement désobéi, mais<br />
consacré une grande partie de sa vie à défendre<br />
et à éditer les manuscrits de son ami disparu.<br />
Brod comme plus tard Alexandre Vialatte (le<br />
premier à traduire Kafka en français) ont été des<br />
sourciers et des passeurs, on ne le dira jamais<br />
assez. « Je pense parfois que les bons lecteurs sont<br />
des oiseaux rares, écrit Borges, encore plus ténébreux<br />
et singuliers que les bons auteurs » 1 . Il nous<br />
semble aujourd’hui év<strong>id</strong>ent que Kafka est génial,<br />
mais rien ne l’était moins à l’époque. Vialatte<br />
nous le dit magnifiquement : « Il a d’abord passé<br />
trop haut pour le public qui n’avait pas de lunettes.<br />
Le public l’a connu par d’autres écrivains. Il se<br />
trouvait en librairie depuis longtemps sans jamais<br />
se vendre, qu’une atmosphère Kafka s’était déjà<br />
créée. Comme le soleil il avait pompé l’hum<strong>id</strong>ité,<br />
il avait formé un brouillard au fond duquel il<br />
apparut soudain. Jusqu’à ce moment-là il n’était<br />
qu’allusion. Le public eut soudain l’impression<br />
d’avoir trouvé le responsable d’une chose qu’il<br />
connaissait déjà 2 . » C’est vrai, lisant Kafka, nous<br />
ne cessons de le reconnaître. Il était déjà là.<br />
Kafka était tuberculeux et se savait condamné,<br />
il a continué à écrire jusqu’au dernier sou≥e. Le<br />
2 juin 1924 au matin, sou±rant de la faim et de<br />
la déshydratation, il travaille encore aux épreuves<br />
de son dernier texte, Un artiste de la faim,<br />
changeant l’ordre des nouvelles, exécutant les<br />
dernières corrections. A m<strong>id</strong>i, il s’endort, épuisé.<br />
Il mourra le lendemain, au petit matin, à l’âge de<br />
41 ans. Il aura tout consacré à l’écriture, sa santé,<br />
ses tentatives de mariage, sa vie sociale. Mais<br />
avait-il le choix ? Quand on est ainsi traversé<br />
par de telles intensités, de telles visions ? Kafka<br />
a capté quelque chose de plus grand que lui, de<br />
plus puissant que sa petite a±aire privée, quelque<br />
chose qui concerne le monde. Sa description d’une<br />
administration aveugle résonnera étrangement<br />
avec l’Histoire de la Seconde Guerre mondiale et<br />
de l’Holocauste du peuple juif. Il mourra avant,<br />
mais une bonne partie de sa famille et de ses amis<br />
disparaîtront dans les camps nazis.<br />
Une scène reportée par le même Vialatte m’a a<strong>id</strong>é<br />
à entrer dans le travail : en juillet 1914, alors qu’il<br />
était fiancé à Félice Bauer, il convoque ses futurs<br />
beaux-parents dans une chambre d’hôtel à Berlin,<br />
près de la gare d’Anhalt. Là, entre le lavabo et le<br />
lit, il tentera d’expliquer et de justifier sa décision<br />
de rompre ses fiançailles, arguant de sa situation<br />
matérielle, de son caractère di≤cile, des<br />
contraintes que lui impose son activité d’écrivain.<br />
Le père de Félice, siégeant en bras de chemise,<br />
écoute calmement et absout son ex-futur beaufils.<br />
Il comprend ses raisons et ne peut qu’adhérer.<br />
Kafka est déclaré innocent. Il ne se sentira pas<br />
libéré pour autant. Le soir de ce jour fat<strong>id</strong>ique,<br />
dans son carnet, il se condamne lui-même d’une<br />
« innocence diabolique ». Il se reproche de ne pas<br />
assez aimer, de ne pas être capable de dépasser<br />
ses contradictions. Il invente un autre procès,<br />
devant son propre tribunal, pla<strong>id</strong>e coupable<br />
d’« innocence diabolique », est condamné soit à<br />
« l’acquittement apparent », soit à « l’atermoiement<br />
illimité ». K. sera exécuté à la sauvette dans une<br />
carrière par deux bourreaux cérémonieux. C’est<br />
Le procès. Dans le même temps, Kafka commence<br />
La colonie pénitentiaire.<br />
Plus tard, en 1919, il se lie avec Julie Wohryzek.<br />
Dans la même année, il écrit Lettre au père, puis<br />
rompt définitivement sa liaison amoureuse l’année<br />
suivante. Ici ce n’est plus le beau-père devant<br />
qui il tente de s’expliquer, mais son propre père.<br />
Au bout, c’est à chaque fois le même échec, Kafka<br />
ne se mariera jamais. Je dirais que c’est à chaque<br />
fois le même combat. Le mot « combat » revient<br />
souvent sous la plume de Kafka, c’est pour moi<br />
une clé de lecture, une notion centrale.<br />
J’ai lu Lettre au père quand j’étais adolescent.<br />
Ce fut un choc. Je suis sorti de cette lecture<br />
avec la sensation physique d’avoir traversé une<br />
contrée sauvage et violente, d’avoir lutté contre<br />
les éléments, contre des monstres enfouis sous le<br />
sable. Avant d’être une lettre, c’est d’abord une<br />
expérience dans laquelle Kafka se plonge à corps<br />
perdu. Une expérience chimique, comme celle du<br />
papier argentique qu’on trempe dans un bain de<br />
révélateur. Kafka, phrase après phrase, creuse<br />
son propre devenir d’homme, avec systématisme.<br />
Sa syntaxe est celle de la taupe de son Terrier. Il<br />
vérifie tout, n’oublie rien, creuse des chemins,<br />
revient à son point de départ, de virgule en virgule,<br />
sans jamais se donner le temps de respirer.<br />
Sans même oublier d’imaginer son père lui répondre<br />
sans complaisance et détruire ses propres<br />
arguments.<br />
S’il aimait le théâtre et fréquentait les acteurs,<br />
il n’a pas écrit pour le théâtre (à part quelques<br />
courts dialogues retrouvés par Max Brod). Il aura<br />
par contre inspiré et nourri nombre de metteurs<br />
en scène tant au théâtre qu’au cinéma. Mais sa<br />
langue ne se prête pas immédiatement au plateau.<br />
Elle n’est pas directe, portée vers l’avant. Elle<br />
tourne sur elle-même, semble se mordre la queue,<br />
comme le serpent Ouroboros. C’est toujours<br />
un magnifique défi de la faire entendre sur un<br />
plateau. Il faut trouver le nerf de l’écriture, les<br />
lignes de force qui font filer la syntaxe vers un<br />
adversaire secret.<br />
Plus qu’une lettre adressée au père, j’ai la sensation<br />
qu’il s’agit avant tout d’une lettre à lui-même.<br />
Il passe par le père pour se traquer, sans retenue.<br />
Il invente une machine d’écriture infernale, qui<br />
pourrait faire penser à la machine de La colonie<br />
pénitentiaire. Il se livre aux coups du père, revisite<br />
tous les traumas de sa construction personnelle,<br />
fait la liste de toutes les vies non vécues, de tous<br />
les rôles qu’il n’a pu tenir, de toutes les régions<br />
humaines qui lui seront à jamais interdites. Par<br />
creusements successifs, il met à jour le seul bout<br />
de terre habitable pour lui, le seul petit îlot incertain,<br />
ar<strong>id</strong>e : l’écriture.<br />
La sœur qui le veilla a conservé de sa fin un<br />
souvenir très précis : « son esprit était avant tout<br />
absorbé par ce qu’il écrivait (…) il ne montra<br />
aucun signe de cette joie de vivre et de cette<br />
euphorie qui caractérisent les tuberculeux juste<br />
avant leur mort » 3 . Le combat mené, jusqu’au<br />
bout.<br />
Jean-Yves Ruf<br />
1<br />
Cité par Alexandre Vialatte, in Mon Kafka, Les Belles Lettres.<br />
2<br />
Idem<br />
3<br />
Sœur Anne citée par Gérard-Georges Lemaire in Kafka,<br />
Gallimard.<br />
Franz Kafka (1923-24)
Du Coq à Lasne<br />
un projet de Laurence Vielle<br />
Du 11 janvier au 5 février <strong>2012</strong><br />
Chapiteau V<strong>id</strong>y-L<br />
Ecriture et jeu :<br />
Laurence Vielle<br />
Images :<br />
Jean-Michel Agius<br />
Composition et interprétation :<br />
en alternance<br />
Vincent Granger (clarinettes)<br />
Helena Ruegg (bandonéon)<br />
Regard extérieur à l’écriture<br />
et à la mise en scène :<br />
Pietro Pizzuti<br />
Lumières :<br />
Gaëtan Van den Berg<br />
Eléments scénographiques :<br />
Philippe Henry<br />
Conseillère costumes :<br />
Sabine Siegwalt<br />
Durée :<br />
1h15<br />
Age conseillé :<br />
dès 12 ans<br />
Genre :<br />
documentaire poétique<br />
Production :<br />
Stoc! Asbl<br />
Coproduction :<br />
Théâtre Le Public<br />
Théâtre V<strong>id</strong>y-<strong>Lausanne</strong><br />
Collectif Travaux Publics<br />
Avec l’a<strong>id</strong>e du ministère de la Communauté<br />
française de Belgique – Service du Théâtre<br />
Création au Théâtre V<strong>id</strong>y-<strong>Lausanne</strong><br />
le 11 janvier <strong>2012</strong><br />
Mercredi 11.01. 20h30<br />
Jeudi 12.01. 20h30<br />
Vendredi 13.01. 19h00<br />
Samedi 14.01. 20h30<br />
Dimanche 15.01. relâche<br />
Lundi 16.01. relâche<br />
Mardi 17.01. 20h30<br />
Mercredi 18.01. 20h30<br />
Jeudi 19.01. 20h30<br />
Vendredi 20.01. 19h00<br />
Samedi 21.01. 20h30<br />
Dimanche 22.01. 17h00<br />
Lundi 23.01. relâche<br />
Mardi 24.01. 20h30<br />
Mercredi 25.01. 20h30<br />
Jeudi 26.01. 20h30<br />
Vendredi 27.01. 19h00<br />
Samedi 28.01. 20h30<br />
Dimanche 29.01. 17h00<br />
Lundi 30.01. relâche<br />
Mardi 31.01. 20h30<br />
Mercredi 01.02. 20h30<br />
Jeudi 02.02. 20h30<br />
Vendredi 03.02. 19h00<br />
Samedi 04.02. 20h30<br />
Dimanche 05.02. 17h00<br />
Théâtre V<strong>id</strong>y-L<br />
<strong>Janvier</strong> à <strong>mars</strong> <strong>2012</strong> | N˚ 35<br />
05<br />
Quand on la voit sur une scène, Laurence Vielle<br />
semble frôler des dimensions rares : là où le corps<br />
se fait verbe, où le verbe devient corps. Chaque<br />
organe, chaque parcelle de chair, chaque os parle,<br />
et chaque phrase devient peau, ou muscle, ou<br />
battement de tambour dans les artères. Celle qui<br />
porte ainsi la parole, la sienne et celle des autres,<br />
sera doublement présente à V<strong>id</strong>y au cours du<br />
premier semestre de l’an <strong>2012</strong>. D’abord avec une<br />
création très personnelle, Du Coq à Lasne, qui<br />
fouille dans la mémoire collective de sa propre<br />
famille. Ensuite, elle viendra faire entendre le<br />
verbe foisonnant, dense et très imagé de Laurent<br />
Fréchuret : Sainte dans l’incendie évoque une<br />
certaine Jeanne, consumée de visions et de<br />
flammes.<br />
Du Coq à Lasne… d’où vient ce titre ?<br />
On connaît l’expression du coq à l’âne… En fait,<br />
Le Coq, c’est une ville en Belgique, au bord de la<br />
mer du Nord. Et il y a une autre ville qui s’appelle<br />
Lasne, qui est en Wallonie. Pour aller du Coq<br />
à Lasne, il faut traverser la région flamande, la<br />
région bruxelloise, traverser encore une toute<br />
petite lamelle de région flamande, puis on arrive<br />
en Wallonie. Ça faisait très longtemps que je<br />
voulais faire cette marche. Pour le jeu de mots.<br />
J’aime beaucoup, avec mon compagnon, Jean-<br />
Michel Agius, faire des marches de ce genre.<br />
Parallèlement, cela faisait longtemps que je<br />
voulais travailler sur un secret de famille. Ce n’est<br />
d’ailleurs pas tout à fait un secret, parce qu’on<br />
nous en disait des bribes. Il y avait, pendant la<br />
guerre, deux résistants et deux collaborateurs<br />
dans la famille flamande de ma mère. J’avais<br />
envie d’explorer cette mémoire, d’interroger<br />
des gens qui pouvaient encore me raconter des<br />
choses, de faire des recherches dans les archives,<br />
puisque l’un des collaborateurs était connu en<br />
Belgique pour ses activités. Je me rendais compte<br />
que ma mère, en ne me parlant jamais de sa<br />
famille flamande, ne m’avait pas permis d’avoir<br />
une histoire de la Belgique. Je ne savais pas quels<br />
étaient les enjeux, pour ce pays, de la Deuxième<br />
Guerre mondiale.<br />
Au cours de cette marche, j’ai découvert les<br />
paysages de Flandre, que je ne connaissais pas<br />
du tout. Jean-Michel faisait plein d’images et,<br />
en arrivant à Lasne, il a repéré dans un sousbois<br />
deux petites chaises bleues d’enfant qui se<br />
faisaient face, avec un grand tronc d’arbre au<br />
milieu. Sur ces deux chaises, j’ai vu les membres<br />
de ma famille qui se parlaient alors qu’ils ne<br />
s’étaient plus jamais parlés. Je les ai donc assis sur<br />
ces deux chaises et toute l’écriture a commencé.<br />
Comment cela va-t-il se traduire dans le<br />
spectacle ?<br />
Je serai seule en scène, traversée par toutes les<br />
voix que j’ai récoltées. J’ai retrouvé le dernier<br />
enfant vivant du collaborateur, j’ai rencontré des<br />
historiens. C’était une sorte d’enquête. Il est vrai<br />
qu’ensuite le propos va sauter du coq à l’âne. Ce<br />
titre permet beaucoup de liberté. Le jeu de mots<br />
est lié à une réalité.<br />
On a l’impression que chez vous, entre le corps<br />
et le verbe, il y a quelque chose d’essentiel qui se<br />
passe.<br />
Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai en e±et un<br />
besoin très fort que les choses passent par le<br />
corps, comme une décantation. Quand on a<br />
marché, on n’écrit pas la même chose que quand<br />
on a passé son temps assis à son bureau. Dans<br />
ce projet, il y a clairement un mois qui était<br />
dédié à la marche, aux rencontres. Pendant<br />
cette période, tous les jours j’ai pris des notes.<br />
Cette enquête vous a-t-elle menée à des<br />
découvertes ?<br />
Oui. Les deux frères résistants étaient dans le<br />
réseau Comète qui sauvait les aviateurs anglais<br />
tombés sur le territoire. Un des deux est mort en<br />
camp de concentration. L’autre a également été<br />
interné mais a survécu. Grâce aux enfants du<br />
survivant, j’ai récupéré tous les papiers de celui<br />
qui a disparu. J’ai alors découvert qu’il y avait non<br />
pas un, mais deux collaborateurs dans la famille.<br />
Et en fait, c’est l’un d’eux, qui était donc le cousin<br />
des résistants, qui les a dénoncés. Ma mère le<br />
savait. Elle ne l’a jamais dit. Mais j’ai retrouvé la<br />
lettre où mon oncle révélait qui l’avait trahi… Il<br />
y a encore des éléments plus intimes, mais que je<br />
ne tiens pas à raconter ici. Ces histoires que l’on<br />
creuse donnent des clés de compréhension. C’est<br />
drôle que ce soit notre génération qui s’occupe de<br />
tout cela. Nous nous posons des questions sur les<br />
silences. Je pense que dans cette famille, après la<br />
guerre, il y a eu une sorte de grand silence.<br />
Pourquoi ce choix d’être seule en scène ?<br />
Ces gens qui m’ont parlé l’ont fait parce que nous<br />
étions dans une relation de grande intimité. Il fallait<br />
donc retrouver cette émotion, cette dimension<br />
d’intimité, pour restituer cette traversée à la fois<br />
physique, dans les paysages, et dans la mémoire.<br />
Il y aura aussi de la musique et des images.<br />
L’écriture évolue-t-elle sur le plateau ?<br />
Il y a même une partie de l’écriture qui naît sur<br />
le plateau. Mais j’ai beaucoup écrit en amont.<br />
Après ça se coupe, se taille, se sculpte, se<br />
retravaille donc énormément sur le plateau, à<br />
partir d’une matière existante. Il y a également<br />
l’accompagnement d’un œil extérieur, qui est<br />
mon grand ami Pietro Pizzuti, qui a été mon<br />
professeur au conservatoire : un écrivain,<br />
traducteur, metteur en scène, en qui j’ai une très<br />
grande confiance. Il vient de temps en temps, et<br />
m’a<strong>id</strong>e à avancer. Par exemple, il m’incite à être<br />
claire sur le début, pour que les gens puissent<br />
comprendre le contexte. Dans l’écriture ellemême,<br />
il y a des parties très parlées, d’autres plus<br />
poétiques. J’ai également inséré un texte de Gilles<br />
Deleuze, quand il parle du « R » de résistance dans<br />
L’abécédaire, et quelques lignes de Primo Levi.<br />
Laurence Vielle<br />
Le spectacle épuise-t-il une matière d’une telle<br />
richesse ?<br />
Il y aurait sans doute là de quoi faire un livre,<br />
mais je ne suis pas une romancière. Je suis<br />
vraiment quelqu’un de la scène. En revanche<br />
il me paraît important de conserver une trace<br />
de ce que j’ai accumulé. Je pensais photocopier<br />
tous les documents et rédiger au propre toutes<br />
les interviews que j’ai faites, pour remettre<br />
l’ensemble à ma famille. Dans le spectacle, je ne<br />
pourrai pas tout dire. En plus, j’introduis une<br />
dimension fictionnelle, puisque je fais parler ceux<br />
qui sont morts. J’ai appelé ça un « documentaire<br />
poétique ».<br />
Cette démarche est si personnelle qu’on doit<br />
forcément ressortir changé d’un tel voyage, non ?<br />
Je suis très heureuse de faire ce voyage. C’est<br />
chouette quand notre petite histoire rejoint<br />
la grande Histoire. C’est fort. C’est fort aussi<br />
de comprendre que dans une même famille on<br />
peut soit résister à l’ennemi, soit collaborer, et<br />
qu’il ne s’agit pas d’êtres bons ou mauvais au<br />
départ. Comment se font les destins ? Comment<br />
se retrouve-t-on à une place plutôt qu’à une<br />
autre ? Et que ferais-je si j’étais confrontée à des<br />
événements de cette nature ? Jusqu’à présent,<br />
j’étais totalement dépolitisée. Et je pense que<br />
c’est l’héritage que j’ai reçu. Ev<strong>id</strong>emment, ma<br />
perception de ces questions change.<br />
Vous jouez aussi des textes d’autres auteurs,<br />
par exemple Sainte dans l’incendie de Laurent<br />
Fréchuret. Que vous apporte le fait de vous<br />
frotter à d’autres écritures ?<br />
Quand on plonge dans l’écriture de quelqu’un,<br />
c’est comme si on apprenait une nouvelle langue,<br />
une nouvelle grammaire. Chaque fois, ça me<br />
donne des clés pour écrire. En l’occurrence, même<br />
si le sujet et le style n’ont rien à voir, ce sont deux<br />
traversées solitaires peuplées de voix.<br />
Et le rôle du metteur en scène ? On a l’impression<br />
qu’il n’est pas central chez vous.<br />
Non. Il n’est pas central. Cela fait longtemps qu’il<br />
n’est plus central dans mes propres créations. J’ai<br />
tout de même besoin que quelqu’un soit présent,<br />
intervienne, et je suis très réceptive à ce qu’il me<br />
dit. Mais l’essentiel du cheminement se fait en<br />
dehors de ce regard. J’ai un rythme très solitaire<br />
de travail. Ce qui est central, pour moi, c’est la<br />
démarche globale et la façon que vont avoir les<br />
ingrédients de se mettre ensemble, avant même<br />
que le metteur en scène intervienne. Le dire est<br />
indissociable de l’écrire.<br />
Propos recueillis par René Zahnd<br />
A signaler que Laurence Vielle jouera<br />
Sainte dans l’incendie de Laurent Fréchuret au<br />
Théâtre V<strong>id</strong>y-<strong>Lausanne</strong> du 29 mai au 10 juin <strong>2012</strong>.<br />
Plus de détails dans notre prochain journal…
Hans was Heir<strong>id</strong>e Zimmermann<br />
& de Perrot<br />
Du 17 janvier au 5 février <strong>2012</strong><br />
Salle Charles Apothéloz<br />
Conception, mise en scène et décor :<br />
Zimmermann & de Perrot<br />
Composition musicale :<br />
Dimitri de Perrot<br />
Chorégraphie :<br />
Martin Zimmermann<br />
Dramaturgie :<br />
Sabine Geistlich<br />
Lumière :<br />
Ursula Degen<br />
Son :<br />
Andy Neresheimer<br />
Construction décor :<br />
Ingo Groher<br />
Christiane Voth<br />
Ateliers du Théâtre V<strong>id</strong>y-<strong>Lausanne</strong><br />
Costumes :<br />
Franziska Born<br />
Direction technique :<br />
Ursula Degen<br />
Créé avec :<br />
Tarek Halaby<br />
Dimitri Jourde<br />
Dimitri de Perrot<br />
Gaël Santisteva<br />
Mélissa Von Vépy<br />
Methinee Wongtrakoon<br />
Martin Zimmermann<br />
Durée :<br />
env. 1h15<br />
Age conseillé :<br />
dès 8 ans<br />
Genre :<br />
théâtre-cirque-musique-danse<br />
Production :<br />
Verein Zimmermann & de Perrot<br />
Coproduction :<br />
Théâtre V<strong>id</strong>y-<strong>Lausanne</strong>/Athens & Ep<strong>id</strong>aurus<br />
Festival/Düsseldorf Altstadtherbst Kulturfestival/<br />
ECT|SCT Scène catalane transfrontalière –<br />
Théâtre de l’Archipel (Perpignan) – El Canal (Salt)/<br />
Equinoxe, scène nationale de Châteauroux/<br />
Espace Jean Legendre, Théâtre de Compiègne/<br />
International Istanbul Theater Festival/La<br />
Filature, scène nationale de Mulhouse/Le Lieu<br />
Unique, scène nationale de Nantes/Le-Maillon,<br />
Théâtre de Strasbourg – scène européenne/Le<br />
Volcan – scène nationale du Havre/Les Théâtres<br />
de la Ville de Luxembourg/Pour-cent culturel<br />
Migros/Movimentos Festwochen der Autostadt<br />
in Wolfsburg/Napoli Teatro Festival Italia/Théâtre<br />
de la Ville, Paris/Zürcher Theater Spektakel<br />
Avec le soutien de :<br />
SSA-Société suisse des auteurs<br />
Merci au Theater Neumarkt, Zürich<br />
Zimmermann & de Perrot bénéficie d’un<br />
contrat coopératif de subvention entre la ville<br />
de Zurich – affaires culturelles, le service aux<br />
affaires culturelles du Canton de Zurich et<br />
Pro Helvetia – Fondation suisse pour la culture.<br />
Zimmermann & de Perrot bénéficie du soutien<br />
de la Fondation BNP Paribas depuis 2006 pour<br />
le développement de ses projets.<br />
Zimmermann & de Perrot, la machine à faire<br />
tourner les têtes<br />
Un livre sur Jacques Tati, quelques machines à<br />
coudre, le 33 tours Bad de Michael Jackson ou<br />
une maquette en carton de la scène. Tout paraît<br />
à sa place sans vraiment l’être. Ou peut-être<br />
l’inverse. Martin Zimmermann et Dimitri de<br />
Perrot ont installé leur atelier à Zurich, dans une<br />
ancienne usine promise à la disparition, bientôt<br />
remplacée par les immeubles modernes du quartier<br />
ouest. Ils en sont les derniers ouvriers, venus<br />
là en août avec leur machinerie pour sculpter<br />
Hans was Heiri, littéralement « Jean comme<br />
Henri ». Pour, f<strong>id</strong>èles à leur goût du calembour<br />
ou de l’anomalie, susurrer que « c’est du pareil au<br />
même ». La pièce est créée le 17 janvier <strong>2012</strong> au<br />
Théâtre V<strong>id</strong>y-<strong>Lausanne</strong>, où sont déjà nées Gopf<br />
(1999), Hoi (2001), Ga± A± (2006) et Öper Öpis<br />
(2008), chasses aux tics, aux instants filous qui,<br />
sans un mot, sou≥ent à l’oreille la grande magie<br />
de la vie. De l’homme stressé à l’être en bascule.<br />
Martin, c’est le danseur, le contorsionniste,<br />
l’agitateur qu’on aurait presque peur de renverser,<br />
formé au Centre national des arts du cirque de<br />
Châlons-en-Champagne. Dimitri, lui, le musicien,<br />
c’est le prest<strong>id</strong>igitateur du platine, jongleur autod<strong>id</strong>acte<br />
de 33 tours, agitateur d’<strong>id</strong>ées reçues. Voilà<br />
plus de dix ans qu’ils travaillent ensemble, dialoguent,<br />
inusables complices. Est-ce vraiment du<br />
pareil au même, blanc bonnet ou bonnet blanc ?<br />
Parfois graves, souvent caustiques, ils garantissent<br />
le trouble. Ces dernières années, leur univers<br />
qu’ils disent en pâte à modeler a fait le tour du<br />
monde, de New York à Sydney.<br />
Ce matin, peu retenus par le fro<strong>id</strong> d’une journée<br />
automnale, ils racontent leur genèse, comme ils<br />
sont. Un peu sérieux, un peu pointilleux, un peu<br />
fous, un peu la tête en bas, le regard parfois sombre.<br />
L’un fulminant, l’autre les pieds sur terre. Ou<br />
peut-être l’inverse. Pour des artistes qui disent se<br />
méfier des mots, ils rendent les leurs captivants.<br />
Qu’il soit question d’art ou de Roger Federer.<br />
« Au début, il y a toujours notre dialogue, nos<br />
questions sur la vie. Chacun avance. Comme on<br />
est en duo nous cherchons à la fois notre indiv<strong>id</strong>ualité<br />
et notre sens commun. C’est une lutte.<br />
C’est un travail de rester en couple. »<br />
C’est en 1999 que Martin (41) et Dimitri (35)<br />
se lancent dans l’aventure, d’abord à trois. Les<br />
frères de scène sont nés. Ils parlent désormais<br />
sans rougir d’un « couple », grâce auquel chacun se<br />
rencontre un peu plus lui-même, voit dans l’autre<br />
qu’il avance. Jongleries de corps et de sons, leurs<br />
pièces-sculptures posent les mêmes questions<br />
<strong>id</strong>entitaires sur l’être à la recherche de son n<strong>id</strong>,<br />
de son équilibre mais dont la formulation reste<br />
modulable en fonction des expériences et du<br />
temps qui file. Ainsi, les artistes ont peu à peu,<br />
frasque après frasque, tracé leur chemin avec<br />
un langage scénique sans qualificatif approprié.<br />
Acrobates, clowns, ils ont aussi cette gri±e d’un<br />
Marcel Duchamp, désireux de faire d’une chaise<br />
le personnage central d’un univers en remueménage.<br />
Aujourd’hui, Zimmermann & de Perrot, sans<br />
doute l’une des compagnies suisses les plus attendues,<br />
est une entreprise qui réunit une quarantaine<br />
de personnes, sillonne la planète, toujours<br />
sans domicile fixe. Pour monter Hans was Heiri,<br />
elle a trouvé rés<strong>id</strong>ence à Zurich, encouragée par le<br />
Service culturel de la Ville. Plus de pression ? Le<br />
but n’a jamais été d’être grand mais d’avancer, de<br />
comprendre ; même lentement, avec toujours des<br />
questions dangereuses. « Tu finis une pièce et déjà<br />
tu as envie d’en faire une autre parce que tu n’as<br />
pas pu tout dire. »<br />
l’angoisse de ressembler à son voisin, la sensation<br />
d’enfermement.<br />
Martin et Dimitri ont créé un mini-monde de<br />
cinq indiv<strong>id</strong>us, un peu bourgeois-bohèmes. C’est<br />
une « machine à laver géante » ou une « roue de<br />
hamsters », selon qui la décrit, dans laquelle tout<br />
devient semblable mais où chacun conserve sa<br />
solitude. Pourquoi les énergies ressenties quand<br />
on est seul disparaissent-elles derrière des masques<br />
une fois franchi le pas de porte ? Pourquoi<br />
devons-nous avoir peur de nos désirs, surtout<br />
si l’on sait que le voisin est dans la même roue ?<br />
Toutes ces choses qui habitent un être humain et<br />
qui le laissent finalement seul.<br />
« Le décor est notre point de départ. C’est une<br />
situation de vie qui va détourner le monde<br />
comme on le connaît. Tout part de lui. Notre<br />
théâtre est une sculpture, une invention que l’on<br />
doit exploiter avec le corps. »<br />
Quand il ouvre l’usine dans laquelle ils répètent,<br />
Martin a déjà le regard sur elle. Elle, elle est le<br />
monde qui tourne, celle qui fait germer leur théâtre.<br />
Au fond de la salle se trouve une immense<br />
roue sombre en bois à laquelle est accroché un<br />
carré divisé en quatre espaces égaux. Tout est<br />
sombre. Tout peut devenir sol ou plafond. Le<br />
technicien la fait tourner. On imagine des corpssalamandres,<br />
désespérément accrochés aux murs.<br />
Ceux de Hans ou de Heiri. Dimitri : « dans certaines<br />
situations, la tête en bas, celui qui réfléchit va<br />
tomber. Celui qui ne se pose pas la question reste<br />
sur sa chaise. C’est celui qui ne sait rien mais qui<br />
sait être seul, être lui-même. »<br />
Comme les précédents, le nouveau décor de<br />
Zimmermann & de Perrot constitue l’incipit de<br />
leur travail, celui pour lequel ils se présentent<br />
en « artisans », en inventeurs, récompensés cette<br />
année par le Prix design de la Confédération. Ils<br />
ont travaillé depuis la feuille blanche durant plus<br />
d’une année, accompagnés de trois ingénieurs et<br />
de Ingo, leur responsable décor, pour construire<br />
cette « machine à laver », dont certains clous<br />
heureusement oubliés dans les tubes chantent<br />
l’histoire du temps qui passe. Ils dessinent beaucoup,<br />
brossent des croquis avant toute autre<br />
chose, imaginent une maquette pour comprendre<br />
l’espace. Ensuite le contenu s’intègre. L’image est<br />
née. Elle raconte ses mythes.<br />
« Nous sommes très alémaniques dans notre<br />
travail. Nous avons cette minutie, cet amour<br />
pour le détail que l’on trouve chez un Christoph<br />
Marthaler. Parallèlement nous n’avons pas le<br />
po<strong>id</strong>s d’un héritage culturel comme l’ont les<br />
Romands. On est un peu du n’importe quoi. On<br />
est un peu des libertés. »<br />
Le bruit de la machine à coudre rappelle l’urgence<br />
des horaires. Martin et Dimitri sont des<br />
pointilleux. Des rêveurs qui gardent les pieds sur<br />
terre, avec chacun son univers, sa famille, son<br />
amoureuse, ses enfants. Leurs tours du monde<br />
n’ont pas fait pâlir leur « être suisse ». Même invités<br />
au Théâtre de la Ville de Paris, ils se répètent<br />
que « c’est bien mais qu’après il va falloir quand<br />
même rentrer ».<br />
Naïfs ? Ils préfèrent « curieux », comme des<br />
oiseaux libres qui observent le monde, qui savent<br />
que les choses ne sont pas toujours telles qu’on<br />
a voulu nous les apprendre. Et qui disposent<br />
d’un « mystère » : celui de pouvoir marcher sur<br />
une scène pour raconter des histoires qui font<br />
grandir. « Vous l’avez peut-être déjà lu quelque<br />
part : on aime bien dire que nous faisons tout très<br />
sérieusement mais que nous ne prenons rien au<br />
sérieux. »<br />
Anne Fournier<br />
Rés<strong>id</strong>ence de fin de création au Théâtre<br />
V<strong>id</strong>y-<strong>Lausanne</strong>, première le 17 janvier <strong>2012</strong>.<br />
Mardi 17.01. 19h00<br />
Mercredi 18.01. 19h00<br />
Jeudi 19.01. relâche<br />
Vendredi 20.01. 20h30<br />
Samedi 21.01. 19h00<br />
Dimanche 22.01. 17h30<br />
Lundi 23.01. relâche<br />
Mardi 24.01. relâche<br />
Mercredi 25.01. 19h00<br />
Jeudi 26.01. 19h00<br />
Vendredi 27.01. 20h30<br />
Samedi 28.01. 19h00<br />
Dimanche 29.01. 17h30<br />
Lundi 30.01. relâche<br />
Mardi 31.01. relâche<br />
Mercredi 01.02. 19h00<br />
Jeudi 02.02. 19h00<br />
Vendredi 03.02. 20h30<br />
Samedi 04.02. 19h00<br />
Dimanche 05.02. 17h30<br />
« Nous dessinons nos personnages durant plusieurs<br />
mois, brossant les caractères à partir d’un<br />
casting. On amène les interprètes à parler d’euxmêmes,<br />
à s’ouvrir ; mais ils sont aussi un miroir<br />
de nous-mêmes. Ensuite naissent les scènes,<br />
les tensions qui nous travaillent. C’est comme un<br />
paysan avec la pioche qui travaille le sol. »<br />
Martin et Dimitri se regardent, sourire en coin,<br />
l’un tapote sur la table, presque nerveusement ;<br />
l’autre continue de dessiner. A l’aube de la quarantaine,<br />
c’est aussi le temps de la maturité, des<br />
questions sur le corps qui vieillit, sur la roue<br />
qui tourne. Metteurs en scène hors jeu avec<br />
Chouf Ouchouf, tous deux foulent à nouveau les<br />
planches pour Hans was Heiri : sur le plateau de<br />
répétition la sono de Dimitri semble faire o≤ce<br />
de garde-fou. Les deux Zurichois ont réuni à leurs<br />
côtés cinq talents issus du cercle de théâtre-danse<br />
né de créateurs comme Alain Platel ou Anne<br />
Teresa De Keersmaeker. Ils les veulent autonomes,<br />
pour puiser dans leur savoir-faire, pour avec<br />
eux inventer quelque chose de nouveau. « C’est un<br />
vrai laboratoire. »<br />
Théâtre V<strong>id</strong>y-L<br />
<strong>Janvier</strong> à <strong>mars</strong> <strong>2012</strong> | N˚ 35<br />
06<br />
Alors, d’abord la poule ou l’œuf ? Blanc bonnet<br />
ou bonnet blanc ? Jean ou Henri ? Martin ou<br />
Dimitri ? Martin comme Dimitri ? Leur nouvelle<br />
énigme a de quoi donner des cheveux<br />
blancs. La vie ne serait-elle que l’échec de notre<br />
ambition de devenir des indiv<strong>id</strong>us uniques ?<br />
Hans was Heiri est un jeu de projection, couplé à
P<br />
L<br />
I<br />
U<br />
I<br />
T<br />
B<br />
C<br />
E<br />
GUO FENGYI COLLECTION<br />
DE L’ART BRUT<br />
LAUSANNE<br />
DU 18 NOVEMBRE 2011<br />
AU 29 AVRIL <strong>2012</strong><br />
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1004 LAUSANNE<br />
WWW.ARTBRUT.CH<br />
Image : Guo Fengyi, Sans titre (détail). Photo : Caroline Smyrliadis.<br />
Graphisme: uglymilk.ch<br />
au musée CIMA<br />
du 05.11.2011 au 31.03.<strong>2012</strong><br />
François<br />
Junod<br />
—<br />
Atelier<br />
d‘automates<br />
1450 Sainte-Croix | 0041 24 454 44 77<br />
www.musees.ch<br />
Prix de design 2011<br />
de la Confédération suisse<br />
19 oct 2011 – 12 fév <strong>2012</strong><br />
Une exposition du mudac et de<br />
l’Office fédéral de la culture<br />
mudac<br />
Musée de design et d’arts<br />
appliqués contemporains<br />
6, place de la Cathédrale<br />
CH – 1005 <strong>Lausanne</strong><br />
www.mudac.ch<br />
www.swissdesignawards.ch<br />
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La fausse suivante<br />
(ou le fourbe puni)<br />
de Marivaux<br />
Du 18 janvier au 5 février <strong>2012</strong><br />
Salle de répétition<br />
Mise en scène :<br />
Nadia Vonderheyden<br />
Dramaturgie :<br />
Michèle Antiphon<br />
Lumière :<br />
Ronan Cahoreau-Gallier<br />
Son :<br />
Jean-Louis Imbert<br />
Scénographie :<br />
Christian Tirole<br />
Nadia Vonderheyden<br />
Costumes :<br />
Eric Guérin<br />
Maquillages :<br />
Cécile Kretschmar<br />
Régisseur scène :<br />
Jean Fortunato<br />
Avec :<br />
Mohand Azzoug<br />
Catherine Baugué<br />
Julien Flament<br />
Lamya Regragui<br />
Arnaud Troalic<br />
Nadia Vonderheyden<br />
Durée :<br />
env. 1h45<br />
Age conseillé :<br />
tout public, dès 10 ans<br />
Genre :<br />
théâtre<br />
Production :<br />
Espace Malraux, scène nationale de<br />
Chambéry et de la Savoie<br />
Coproduction :<br />
Théâtre national de Bretagne – Rennes<br />
MC2 : Grenoble<br />
Théâtre V<strong>id</strong>y-<strong>Lausanne</strong><br />
Scène nationale de Sénart<br />
Mercredi 18.01. 19h30<br />
Jeudi 19.01. 19h30<br />
Vendredi 20.01. 19h30<br />
Samedi 21.01. 19h30<br />
Dimanche 22.01. 18h30<br />
Lundi 23.01. relâche<br />
Mardi 24.01. 19h30<br />
Mercredi 25.01. 19h30<br />
Jeudi 26.01. 19h30<br />
Vendredi 27.01. 19h30<br />
Samedi 28.01. 19h30<br />
Dimanche 29.01. 18h30<br />
Lundi 30.01. relâche<br />
Mardi 31.01. 19h30<br />
Mercredi 01.02. 19h30<br />
Jeudi 02.02. 19h30<br />
Vendredi 03.02. 19h30<br />
Samedi 04.02. 19h30<br />
Dimanche 05.02. 18h30<br />
Théâtre V<strong>id</strong>y-L<br />
<strong>Janvier</strong> à <strong>mars</strong> <strong>2012</strong> | N˚ 35<br />
09<br />
Marivaux écrit La fausse suivante en 1724, une<br />
année qui marque une grande rupture tant au<br />
niveau personnel que dans son travail théâtral.<br />
Il perd tous ses biens en 1720 dans la faillite de<br />
la banque Law et sa femme décède en 1723.<br />
Louis XIV meurt en 1715, l’absolutisme laisse<br />
place à la Régence ; en 1723 Louis XV arrive au<br />
pouvoir. On est donc dans des temps de transformation<br />
politique, économique et sociale, les<br />
modèles sociétaux se transforment, et les modes<br />
de représentations changent.<br />
Dans la pièce, six personnages se côtoient et s’entremêlent,<br />
trois valets et trois nobles, chacun<br />
défendant âprement ses intérêts et ses gains, chacun<br />
ayant à perdre gros, de sa fortune et de luimême.<br />
Parmi ces six figures, deux font alliance<br />
dès le début – ceux qui ont tout à gagner et peu<br />
à perdre –, une femme travestie en homme, le<br />
Chevalier, et Trivelin, un homme sans situation<br />
qui passe d’un état à un autre, faisant fortune<br />
ou la perdant. Quand la pièce commence il vient<br />
de tout perdre (situation dans laquelle se trouve<br />
Marivaux) et se fait embaucher par Frontin<br />
en qualité de valet. Ce travestissement va agir<br />
comme un « trouble dans le genre », bouleversant<br />
et re-questionnant l’ordre des désirs chez chacun.<br />
On pourrait ici tirer un lointain parallèle avec le<br />
jeune homme de Théorème de Pasolini.<br />
La fausse suivante est en e±et une des rares pièces<br />
de Marivaux qui ne finit pas sur un « happy end »,<br />
mais reste comme en suspens après que l’on a<br />
suivi le combat de chacun des protagonistes entre<br />
désirs et mensonges, alliance et survie. Ils sortent<br />
de cette bataille comme hagards, ne sachant<br />
bien quelle expérience exactement ils viennent de<br />
faire, défaits et troublés.<br />
On voit bien en quoi Marivaux peut être l’un des<br />
annonceurs (même malgré lui) de la révolution à<br />
venir, d’un « intenable » de cette société où une<br />
noblesse dépérit, où une bourgeoisie financière<br />
prend sa place, pendant que des valets commencent<br />
à nommer leur condition, où les contrats qui s’y<br />
concluent – qu’ils soient d’intérêts et amoureux –<br />
doivent se repenser. L’ancien ordre des choses commençant<br />
à se fissurer, place est faite pour que de<br />
nouveaux désirs émergent, y compris violemment.<br />
Tout cela est pris dans un lendemain de bal où<br />
interviennent des chants et des danses, faisant<br />
relais à ces joutes oratoires que sont les dialogues<br />
de Marivaux, où chacun faisant face à l’autre,<br />
improvisant ses réparties, se découvre lui-même ;<br />
où chaque joueur est pris à son propre jeu. Où,<br />
masqués voulant démasquer l’autre, ils se révèlent<br />
à une partie d’eux-mêmes.<br />
Il faudrait arriver à les laisser là, haletants, en<br />
suspens après une ronde éperdue, une série de<br />
rounds, les laisser savoir ce qu’ils vont devenir.<br />
La pièce raconte cela : on n’est pas quelque chose,<br />
on le devient. Et la vie et les êtres ne sont peutêtre<br />
que cela, un devenir et un advenir permanent<br />
et sans cesse renouvelé, avec ses crises inéluctables.<br />
Et on sait à quel point les mises en crises<br />
sont justement génératrices de changement.<br />
Pour faire ce travail, j’ai cheminé deux ou trois<br />
ans, je me suis laissé le temps de faire des rencontres,<br />
d’attendre qu’il y ait des év<strong>id</strong>ences. C’est<br />
ce qui s’est passé. J’avais une lecture de la pièce,<br />
mais je ne voulais pas faire une « application » dramaturgique<br />
de cette lecture, il fallait un sou≥e<br />
venant des acteurs, et surtout de leur rencontre.<br />
Mais cette envie concernait toute l’équipe, la rencontre<br />
avec Michèle, dramaturge, sa façon de penser<br />
et d’éclairer le travail, Cécile aux maquillages<br />
et Jean-Louis au son que j’avais rencontré sur des<br />
spectacles où je jouais. Et il y a des compagnons de<br />
longue date, Ronan à la lumière, Christian à la scénographie<br />
et au plateau, Eric aux costumes, mais<br />
que j’ai d’abord rencontré comme acteur alors que<br />
l’on jouait ensemble, et l’équipe de Chambéry…<br />
Il y a eu ensuite une façon d’organiser le travail,<br />
il fallait pouvoir se donner du temps. Alors<br />
nous avons travaillé tout le mois de juillet et nous<br />
avons repris le travail en décembre pour la dernière<br />
ligne droite. Il y avait un temps de décantation<br />
nécessaire que nous avons pu avoir.<br />
Ce qui me semble le plus déterminant dans cette<br />
aventure, c’est le sou≥e qu’a ce collectif. Il faut<br />
le préserver et lui donner de la force. C’est aussi<br />
cette force qui permettra de donner vie à la langue<br />
de Marivaux et à ses inventions, de traverser<br />
les expérimentations qu’il donne à faire du langage<br />
et par le langage.<br />
Et peut-être que ce que le théâtre peut à son<br />
endroit apporter à nos vies, à nos collectivités,<br />
c’est justement cela : il y a des mondes, et en<br />
inventant des moments de regroupement nous<br />
pouvons réinventer de l’en-commun.<br />
Nadia Vonderheyden<br />
© D<strong>id</strong>ier Grappe<br />
Belkheïr ou une carte ne vous sauve pas la vie pour rien<br />
de et par Belkheïr Djénane<br />
Du 25 janvier au 11 février <strong>2012</strong><br />
La Passerelle<br />
Ecriture :<br />
Nathalie Papin<br />
Mise en scène :<br />
Anne Artigau<br />
Conception et jeu :<br />
Belkheïr Djénane<br />
(Bébel le magicien)<br />
Durée :<br />
1h<br />
Age conseillé :<br />
dès 10 ans<br />
Genre :<br />
magie nouvelle et théâtre<br />
Production :<br />
Cirque-Théâtre d’Elbeuf – centre national des<br />
arts du cirque de Haute-Normandie<br />
Coproduction :<br />
L’Hippodrome, scène nationale de Douai<br />
Les Nuits de Fourvière – Département du<br />
Rhône<br />
Le Merlan, scène nationale de Marseille<br />
D.S.N, scène nationale de Dieppe<br />
Itinéraires Bis, Côtes d’Armor<br />
Théâtre V<strong>id</strong>y-<strong>Lausanne</strong><br />
Avec le soutien de :<br />
Centquatre<br />
Ce projet a bénéficié du dispositif SACD et<br />
SYNDEAC : « En 2011, passez commande »<br />
Création au Théâtre V<strong>id</strong>y-<strong>Lausanne</strong><br />
le 25 janvier <strong>2012</strong><br />
Mercredi 25.01. 20h00<br />
Jeudi 26.01. 20h00<br />
Vendredi 27.01. 20h00<br />
Samedi 28.01. 20h00<br />
Dimanche 29.01. relâche<br />
Lundi 30.01. relâche<br />
Mardi 31.01. 20h00<br />
Mercredi 01.02. 20h00<br />
Jeudi 02.02. 20h00<br />
Vendredi 03.02. 20h00<br />
Samedi 04.02. 20h00<br />
Dimanche 05.02. 18h00<br />
Lundi 06.02. relâche<br />
Mardi 07.02. 20h00<br />
Mercredi 08.02. 20h00<br />
Jeudi 09.02. 20h00<br />
Vendredi 10.02. 20h00<br />
Samedi 11.02. 20h00<br />
Théâtre V<strong>id</strong>y-L<br />
<strong>Janvier</strong> à <strong>mars</strong> <strong>2012</strong> | N˚ 35<br />
09<br />
Un nuage de mystère autour des cartes<br />
Quand on demande à Anne Artigau de nous<br />
parler du spectacle Belkheïr ou une carte ne vous<br />
sauve pas la vie pour rien dont elle assure la mise<br />
en scène, elle commence par sortir de son sac un<br />
jeu de cartes qu’elle a≤rme avoir toujours sur<br />
elle. Texture glacée qui trahit une qualité utilisée<br />
par les professionnels des tours de magie, les<br />
cartes glissent avec facilité et finesse dans les<br />
mains. Elle poursuit en expliquant que Belkheïr<br />
signifie « le bienfaisant » et tourne autour d’un<br />
homme : Belkheïr Djénane, dit Bébel, un magicien<br />
qui réussit à faire graviter le mystère à quelques<br />
centimètres du nez du spectateur. Le souci d’Anne<br />
Artigau est d’adapter l’art de cet homme à la scène<br />
de théâtre pour nous permettre « d’entrer dans<br />
l’intimité des cartes ». Pour ce faire, la metteure<br />
en scène aimerait jouer sur deux plans : une table<br />
où Bébel émerveillera par ses tours et un écranmiroir<br />
reflétant l’invisible, o±rant une palette de<br />
possibilités scéniques.<br />
Pourquoi faire un spectacle sur la magie des<br />
cartes ? Selon Anne Artigau, le travail du prest<strong>id</strong>igitateur<br />
ne se situe pas si loin de la tâche du<br />
metteur en scène puisque tous deux s’attachent<br />
à accrocher l’œil du public et à le diriger à leur<br />
convenance. Ce rapport l’intéresse, lui plaît et<br />
l’interroge. De plus, le langage poétique utilisé<br />
dans la cartomancie révèle une véritable mythologie<br />
qui la fascine peu à peu. Comme un livre<br />
qu’on feuillette, les cartes ont des légendes, elles<br />
parlent du passé, du futur, des étoiles aussi. « On<br />
peut y voir l’avenir. Peut-être. Mais pas sûr. Juste<br />
l’espoir de cela, c’est form<strong>id</strong>able ! »<br />
Le défi de mettre en mots l’imaginaire de ces<br />
petits êtres de carton et leurs paroles revient à<br />
l’auteure Nathalie Papin qui œuvre depuis plusieurs<br />
années dans le paysage théâtral. Lors de sa<br />
rencontre avec Belkheïr Djénane, la magie a opéré<br />
et leur collaboration s’est imposée comme une<br />
év<strong>id</strong>ence. Ensuite, Anne Artigau s’est incorporée<br />
au projet, se chargeant de mettre en valeur cette<br />
littérature de l’imagination qui « nous fait partir<br />
très loin en quelques mots », de la laisser fleurir et,<br />
surtout, de la positionner, avec soin, en contraste<br />
avec les tours du personnage incarné par Bébel.<br />
Par ailleurs, la metteure en scène souhaiterait<br />
pouvoir retranscrire le langage du plus petit, ces<br />
bruits humainement inaudibles, « ce qu’on ne<br />
peut entendre à l’oreille nue » comme peut-être le<br />
chuchotement des cartes.<br />
Belkheïr ou une carte ne vous sauve pas la vie<br />
pour rien relate le voyage d’un indiv<strong>id</strong>u qui, lors<br />
d’un acc<strong>id</strong>ent, se retrouve face à face avec le Roi<br />
de Carreau. Invité à explorer le monde des cartes,<br />
il plonge dans leur univers, découvre leur<br />
immortalité, leurs conf<strong>id</strong>ences et bon nombre de<br />
surprises. Construit à la manière d’un kalé<strong>id</strong>oscope,<br />
le spectacle esquisse l’entrelacement de<br />
deux histoires : celle des cartes qui a évolué main<br />
dans la main avec celle des hommes. « Le public va<br />
découvrir des épisodes de la vie des cartes, ce qui<br />
leur est arrivé mais également notre rapport avec<br />
elles. » Leur symbolique n’est jamais figée ; elles<br />
traduisent les changements du temps, parfois des<br />
événements historiques, souvent une instrumentalisation<br />
politique. Ici, la magie servira de décor<br />
aux péripéties étonnantes d’un homme perdu,<br />
précipité dans l’inconnu, « quelque part ailleurs ».<br />
C’est toute une partie de notre humanité, de notre<br />
comportement à travers les siècles qui passera, avec<br />
poésie, sous la loupe d’Anne Artigau et ses complices<br />
Belkheïr Djénane et Nathalie Papin, en révélant<br />
peut-être, qui sait, quelques secrets çà et là.<br />
Alexandra Gentile
P<br />
L<br />
I<br />
U<br />
I<br />
T<br />
B<br />
C<br />
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Une scène à la campagne<br />
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THÉÂTRE LE POCHE<br />
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Edwige Baily, comédienne
Hilum<br />
de Patrick Sims<br />
Du 8 au 26 février <strong>2012</strong><br />
Chapiteau V<strong>id</strong>y-L<br />
Ecriture, mise en scène,<br />
scénographie et marionnettes :<br />
Patrick Sims<br />
Masques, costumes, accessoires<br />
et marionnettes :<br />
Josephine Biereye<br />
Création musicale :<br />
DJ Final Rinse<br />
Construction plateau<br />
et lumière :<br />
Dav<strong>id</strong> Hayter<br />
Administration et diffusion :<br />
Sophie-Danièle Godo<br />
© Jean-Pierre Estournet<br />
Avec :<br />
Josephine Biereye<br />
Céline Chevy<br />
Zana Goodall<br />
Patrick Sims<br />
Durée :<br />
55 minutes<br />
Age conseillé :<br />
surtout pour les adultes, mais accessible<br />
dès 9 ans<br />
Genre :<br />
spectacle de marionnettes envoûtant<br />
et plein d'humour<br />
Production :<br />
Les Antliaclastes<br />
www.antliaclastes.com<br />
Depuis 2010 la compagnie est accueillie<br />
dans les murs du Footsbarn Theatre.<br />
Mercredi 08.02. 20h30<br />
Jeudi 09.02. 20h30<br />
Vendredi 10.02. 19h00<br />
Samedi 11.02. 20h30<br />
Dimanche 12.02. 17h00<br />
Lundi 13.02. relâche<br />
Mardi 14.02. 20h30<br />
Mercredi 15.02. 20h30<br />
Jeudi 16.02. 20h30<br />
Vendredi 17.02. 19h00<br />
Samedi 18.02. 20h30<br />
Dimanche 19.02. 17h00<br />
Lundi 20.02. relâche<br />
Mardi 21.02. 20h30<br />
Mercredi 22.02. 20h30<br />
Jeudi 23.02. 20h30<br />
Vendredi 24.02. 19h00<br />
Samedi 25.02. 20h30<br />
Dimanche 26.02. 17h00<br />
Théâtre V<strong>id</strong>y-L<br />
<strong>Janvier</strong> à <strong>mars</strong> <strong>2012</strong> | N˚ 35<br />
11<br />
Le sous-sol d’un musée d’histoire naturelle se<br />
dévoile dans un grincement, on pénètre dans<br />
cette laverie improbable où une foule d’objets<br />
hétéroclites habitent le plateau. Le décor nous<br />
plonge instantanément dans un univers intemporel<br />
aux nuances de blanc délavé. L’espace s’anime.<br />
Nos yeux s’écarquillent.<br />
D’abord, il y a comme point de départ ce mot :<br />
« hilum ». Terme médical, biologique ou botanique<br />
employé pour désigner la marque du point d’attache<br />
vital – tel le nombril pour les humains –,<br />
il signifie également un portail par lequel peut<br />
transiter une ribambelle de choses ou un endroit<br />
tactique duquel on peut tout voir. Cette notion,<br />
de par la multitude de sens et de pistes évoquées,<br />
amorce d’ores et déjà une proposition intrigante,<br />
propice à la création. Ensuite, il y a la volonté<br />
d’explorer le temps suspendu qu’implique le<br />
processus de blanchiment du linge – cette « phase<br />
calme où il n’y a rien à faire » nous explique<br />
Patrick Sims, à la tête du projet. Le cadre est<br />
posé, maintenant ce terrain de jeu peut donner<br />
naissance à des interactions inespérées au milieu<br />
d’une faune de spécimens aussi surprenants<br />
qu’espiègles.<br />
Après une formation en cinéma et en animation<br />
au M<strong>id</strong>dlebury College dans le Vermont, Patrick<br />
Sims découvre le travail d’Alfred Jarry. Subjugué,<br />
il déc<strong>id</strong>e de s’intéresser de plus près à l’art vivant<br />
et la pratique des marionnettes s’installe peu à<br />
peu au centre de ses préoccupations. Il démarre<br />
dans sa ville natale au Bread and Puppet Theater<br />
où il cultive cette passion. Au fil des années, il<br />
vogue vers d’autres terres, notamment Java pour<br />
y apprendre et se nourrir d’autres techniques<br />
comme le théâtre d’ombres. A son arrivée en<br />
Europe, désireux d’approcher la philosophie de<br />
Jarry, il se lance dans une recherche consacrée à<br />
la pataphysique et l’interprète inhumain à l’Université<br />
de Dublin. Plus tard, il migre en France<br />
pour endosser le rôle de directeur artistique<br />
du Buchinger’s Boot Marionnettes à Marseille<br />
pendant cinq ans. En 2010, il cofonde la compagnie<br />
des Antliaclastes avec Josephine Biereye.<br />
L’artiste allemande se charge de l’élaboration<br />
des masques, des costumes et autres accessoires<br />
qu’elle peaufine progressivement durant le<br />
développement de la création de chaque pièce.<br />
Les Antliaclastes, littéralement les « casseurs<br />
de pompes », constitue la première œuvre pour<br />
marionnettes écrite par Alfred Jarry à l’âge de<br />
13 ans ; un clin d’œil logique au mentor du jeune<br />
américain.<br />
Hilum est une machine à enchantement rodée<br />
par quatre marionnettistes – Josephine Biereye,<br />
Céline Chevy, Zana Goodall et Patrick Sims –<br />
maniant avec dextérité ces êtres articulés par<br />
des fils. Tantôt invisibles, tantôt masqués, les<br />
manipulateurs jouent sur l’alternance. Selon<br />
l’échelle, l’œil s’adapte aux personnages à taille<br />
humaine qui apparaissent de temps à autre, mais<br />
également aux petits détails, aux gestes gracieux<br />
de ces créatures « adorables mais inquiétantes ».<br />
Dans cette buanderie, l’espace d’un instant, on en<br />
arrive à oublier l’existence des hommes. Comme<br />
on ouvre un co±ret magique, Hilum invite à un<br />
imaginaire peuplé de spécimens ne rentrant dans<br />
aucun système de classification préétabli. Rejetés,<br />
délaissés ou cachés du monde, ces « monstres de<br />
seconde zone » nous s<strong>id</strong>èrent, peut-être parce<br />
que derrière leur allure un brin e±rayante ils ont<br />
quelque chose de familier, une attitude presque<br />
naïve qui nous rappelle étrangement des images<br />
de dessins animés, des fragments de notre<br />
enfance. L’inquiétude laisse place à l’étonnement<br />
puis à l’a±ection. Un mélange de sentiments se<br />
déverse dans ce « linge sale du conte de fée ».<br />
De même qu’une machine à laver changeant au<br />
fur et à mesure de ses di±érents cycles – laine,<br />
coton, délicat, couleurs, synthétique –, cette<br />
aventure onirique se calque sur des rythmes,<br />
des environnements sonores, des compositions<br />
visuelles dans lesquelles on discerne une panoplie<br />
de micro-intrigues éparses, construites indépendamment<br />
ou en écho à d’autres. L’élaboration de<br />
ces tableaux vivants part de la recherche d’une<br />
émotion autour de laquelle gravitent petits et<br />
grands personnages. Les possibilités se déclinent<br />
à l’infini ; en e±et, des dizaines d’autres épisodes<br />
pourraient être envisageables selon Patrick Sims<br />
qui les garde dans un coin de son esprit. Son<br />
travail s’élabore sur les bases jetées par Alfred<br />
Jarry : « Il m’a donné la confirmation qu’en art<br />
la liberté complète est possible. L’important est<br />
la pensée de chacun. » Cette révélation, source<br />
de la constante recherche de Patrick Sims avec<br />
les marionnettes, justifie une approche créative<br />
« sans lois, ni règles ». Le théâtre « post-humain et<br />
populaire » des Antliaclastes, à l’image de leurs<br />
petites créatures, défie toute catégorie.<br />
Grâce à leur fable pour adultes sans adoucissant,<br />
ils dépoussièrent les recoins de notre imagination<br />
d’enfant, de notre fantaisie enfouie et nous<br />
expédient sans scrupule en territoire inexploré.<br />
En route pour une visite à travers une collection<br />
de curiosités insolites exposée avec une originalité<br />
déroutante.<br />
Alexandra Gentile
Histoire du soldatde Charles-Ferdinand<br />
Ramuz<br />
Du 14 au 23 février <strong>2012</strong><br />
Salle Charles Apothéloz<br />
Musique :<br />
Igor Stravinsky<br />
Conception et mise en scène :<br />
Roland Auzet<br />
Dispositif v<strong>id</strong>éo :<br />
Wilfried Wendling<br />
Création lumière :<br />
Bernard Revel<br />
Scénographie :<br />
Gaëlle Thomas<br />
Construction des décors :<br />
Ateliers du Théâtre V<strong>id</strong>y-<strong>Lausanne</strong><br />
Avec :<br />
Thomas Fersen<br />
Ensemble instrumental de la<br />
Haute Ecole de Musique de <strong>Lausanne</strong><br />
(HEMU)<br />
Direction musicale :<br />
Geoffroy Jourdain<br />
Durée :<br />
env. 1h15<br />
Age conseillé :<br />
dès 13 ans<br />
Genre :<br />
théâtre/musique<br />
Production déléguée :<br />
Théâtre de la Renaissance (Oullins –<br />
Grand Lyon)<br />
Coproduction :<br />
Théâtre V<strong>id</strong>y-<strong>Lausanne</strong><br />
Act-Opus<br />
Avec l’a<strong>id</strong>e du Nouveau Théâtre de Montreuil –<br />
Centre dramatique national<br />
Mardi 14.02. 19h00<br />
Mercredi 15.02. 19h00<br />
Jeudi 16.02. 19h00<br />
Vendredi 17.02. 20h30<br />
Samedi 18.02. 15h00<br />
Samedi 18.02. 19h00<br />
Dimanche 19.02. 17h30<br />
Lundi 20.02. relâche<br />
Mardi 21.02. 19h00<br />
Mercredi 22.02. 19h00<br />
Jeudi 23.02. 19h00<br />
Théâtre V<strong>id</strong>y-L<br />
<strong>Janvier</strong> à <strong>mars</strong> <strong>2012</strong> | N˚ 35<br />
12<br />
Roland Auzet était il y a quelques mois à V<strong>id</strong>y<br />
pour Deux hommes jonglaient dans leur tête. Il<br />
présentait en tant que percussionniste un spectacle<br />
de cirque musical créé avec le jongleur Jérôme<br />
Thomas. Aujourd’hui il revient en tant que metteur<br />
en scène de l’Histoire du soldat, le célèbre<br />
drame musical signé Charles-Ferdinand Ramuz<br />
et Igor Stravinsky et créé à <strong>Lausanne</strong> le 29 septembre<br />
1918. Roland Auzet a choisi de monter<br />
cette œuvre pour marquer sa nomination à la<br />
direction générale et artistique du Théâtre de la<br />
Renaissance d’Oullins en juin 2011, car, selon lui,<br />
elle représente un moment crucial dans l’histoire<br />
du rapport entre la musique et le théâtre. Or la<br />
relation entre ces deux disciplines a, depuis ses<br />
débuts, été au centre de son questionnement<br />
artistique.<br />
Roland Auzet, vous êtes avant tout musicien, quel<br />
a été le déclencheur pour aller vers le théâtre ?<br />
En fait, il ne me semblait pas possible de faire<br />
un chemin dans la musique sans m’intéresser<br />
aux autres arts vivants. Parce que la question du<br />
corps, notamment avec l’instrument que je joue,<br />
la percussion, est prépondérante. En étudiant la<br />
percussion, on est confronté à l’<strong>id</strong>ée de mouvoir<br />
son corps dans un espace entouré d’instruments<br />
et, du coup, la question du geste et du sens de ce<br />
geste est centrale. Alors, par curiosité, je suis allé<br />
fouiller dans le sens que peut avoir ce geste dans<br />
les autres disciplines, le théâtre, la danse et les<br />
arts du cirque.<br />
Les arts du cirque sont peut-être les plus proches<br />
de la musique parce qu’il y a l’<strong>id</strong>ée de l’instant : un<br />
jongleur, quand il a cinq balles dans la main et les<br />
lance se doit, à un instant précis, de réaliser quelque<br />
chose qui convoque l’horizontal et le vertical.<br />
En musique, il y a la même chose : à un moment<br />
donné, on doit faire correspondre une hauteur<br />
avec un espace-temps. Du coup j’ai trouvé des<br />
espaces communs de poésie entre la musique et le<br />
cirque.<br />
Puis j’ai cherché la rencontre avec ces autres<br />
personnes qui pratiquent ces espaces-temps et<br />
ces espaces poétiques : je me suis inscrit à l’Ecole<br />
de cirque Fratellini, j’ai pratiqué la corde volante,<br />
une espèce de trapèze sans la barre en bois, et j’ai<br />
appris à ressentir, à me questionner sur le sens de<br />
ce corps dans la musique, la danse et le théâtre.<br />
C’est comme ça que, de plain-pied, je suis entré<br />
dans ce rapport avec les autres arts.<br />
De plus, dans mon cursus au conservatoire, j’ai<br />
été amené à ce questionnement par certains de<br />
mes professeurs comme Jean-Pierre Drouet ou<br />
Gaston Sylvestre ; ils sont les grands interprètes<br />
qui ont permis à des compositeurs comme<br />
Georges Aperghis ou Mauricio Kagel de faire le<br />
boulot que l’on sait.<br />
Et, par rapport à l’engagement corporel du musicien,<br />
on se souvient du concerto pour timbales<br />
de Mauricio Kagel, à la fin duquel il demande au<br />
soliste d’éclater la peau de la timbale avec sa tête.<br />
D’ailleurs, c’est Jean-Pierre Drouet qui a créé<br />
ce concerto. En allant jusqu’à demander à l’interprète<br />
de mettre la tête dans le chaudron, et<br />
donc de signifier son inféodation au compositeur,<br />
Mauricio Kagel fait un théâtre musical engagé et<br />
politique par essence. Pour lui, comme pour John<br />
Cage, cette domestication dans le rapport au chef<br />
et à la partition est un héritage symbolique très<br />
fort transmis plus ou moins tacitement au cours<br />
de la formation musicale. Ces compositeurs ont<br />
utilisé le lien entre théâtre et musique pour que<br />
le sens politique puisse a<strong>id</strong>er les musiciens à faire<br />
grandir leur vocation et leur présence. Les musiciens<br />
ne sont pas des machines, mais peut-être<br />
que la confrontation à l’orchestre symphonique<br />
au service de musiques du XVI e au XIX e siècle<br />
leur fait perdre la notion de la personne et de<br />
l’indiv<strong>id</strong>u. La musique est confrontée à l’<strong>id</strong>ée que<br />
l’héritage prédomine. De plus, pour être un bon<br />
instrumentiste, on commence par être pendant<br />
quinze ans dans un studio de cinq mètres carrés<br />
à se taper la tête contre les murs, c’est ça le début.<br />
Donc quand on sort de cette expérience-là, on a<br />
aucune éducation politique, c’est impossible. Tous<br />
les bons musiciens, peut-être moins maintenant,<br />
mais en tout cas il y a vingt ans quand je suis<br />
sorti du conservatoire, tous les bons musiciens<br />
n’avaient aucune conscience de la relation politique<br />
à l’art. Alors ça doit s’apprendre et je trouve<br />
que le théâtre dans son partenariat avec la musique<br />
fait œuvre pédagogique pour permettre une<br />
prise de conscience des êtres : on peut signifier<br />
le monde avec une possibilité d’évolution pour<br />
l’indiv<strong>id</strong>u.<br />
Comment vous est venue l’envie de monter<br />
l’Histoire du soldat ?<br />
C’est précisément ce cheminement avec le théâtre.<br />
Pour nous musiciens, l’œuvre première qui<br />
redéfinit un nouvel espace-temps entre texte et<br />
musique au XX e siècle, c’est l’Histoire du soldat.<br />
Et pour ma nomination à la direction du Théâtre<br />
de la Renaissance d’Oullins, j’ai eu envie de<br />
reconvoquer une œuvre du répertoire qui a du<br />
sens pour l’histoire du rapport entre théâtre et<br />
musique.<br />
Mais plutôt que de suivre la distribution originale,<br />
deux acteurs, un lecteur et une danseuse,<br />
vous confiez tout le spectacle à un seul interprète<br />
: Thomas Fersen. Pourquoi ?<br />
Toujours pour trouver des articulations entre<br />
théâtre et musique, il s’agissait de donner un<br />
éclairage nouveau à cette œuvre pour pouvoir,<br />
par elle, encore réinterroger le monde. Or Thomas<br />
Fersen est un conteur, un chanteur populaire,<br />
son métier c’est de raconter des histoires. Je veux<br />
que ça soit une seule personne qui arrive, se<br />
mette en situation de celui qui va conter à la face<br />
du public l’histoire qu’il porte depuis la nuit des<br />
temps. Il va la jouer aussi, parce que, où qu’on se<br />
situe dans le monde, les conteurs jouent les personnages<br />
avec leurs mains et avec leur voix ; et<br />
Thomas Fersen le fait form<strong>id</strong>ablement bien. Pour<br />
moi, dans ses concerts, il pratique l’art populaire<br />
de conteur : il alterne entre chansons et histoires,<br />
il se met seul au piano pour chanter, l’orchestre<br />
revient, puis à nouveau une chanson sans<br />
musique. Or c’est typiquement la structure de<br />
l’Histoire du soldat, un récit ponctué de musique ;<br />
c’est une alternance entre des moments contés<br />
et des moments musicaux. Il y avait une sorte<br />
d’év<strong>id</strong>ence d’apprivoiser ce texte et cette partition<br />
avec lui. Une év<strong>id</strong>ence qui permettra aussi<br />
de rééclairer cette œuvre : certaines personnes<br />
viendront pour voir Thomas Fersen et découvriront<br />
peut-être Ramuz et Stravinsky. Et si ça<br />
arrive, alors j’aurai fait mon boulot de passeur.<br />
C’est Stravinsky qui avait proposé à Ramuz le<br />
sujet de l’Histoire du soldat, un mythe universel<br />
plongeant ses racines dans un conte populaire<br />
russe. Que voulez-vous raconter aujourd’hui<br />
avec cette histoire ancienne de soldat qui vend<br />
son âme au diable ?<br />
Des histoires de soldat, on en a tous les jours à la<br />
radio et à la télévision : des histoires d’imbéciles –<br />
mais imbéciles parce que trahis par l’humanité –<br />
qu’on envoie à l’autre bout du monde porter un<br />
projet foireux dont ils ne savent pas grand-chose.<br />
Ces gens payent du prix de leur vie un jeu qu’ils<br />
ne comprennent pas.<br />
Pour revenir au texte de Ramuz, le soldat donne<br />
au diable son violon en échange d’un livre ; or,<br />
en regardant la position pour tenir un violon, je<br />
me suis rendu compte qu’elle est similaire à la<br />
position pour tenir un fusil. De plus « vendre son<br />
âme », si on ajoute un « r » à « âme », devient « vendre<br />
son arme ». Avec Thomas Fersen, nous avons<br />
beaucoup travaillé sur cette question-là pour<br />
déc<strong>id</strong>er de reconvoquer l’arme sur le plateau :<br />
c’est-à-dire qu’il n’y a pas le violon sur scène. Le<br />
violon, c’est un flingue.<br />
Ce soldat, c’est un type illettré qui arrive au bout<br />
d’une campagne, épuisé, perdu, et qui se fait<br />
enlever la seule chose qu’il avait dans sa poche,<br />
c’est-à-dire cette arme, échangée contre un bouquin<br />
qu’il ne peut pas lire. Donc nous travaillons<br />
sur cette opposition entre cette arme, élément<br />
de la destruction de l’homme par l’homme, avec<br />
l’autre choix en vis-à-vis, qui est le livre dans<br />
lequel est réuni la connaissance pour que l’humanité<br />
puisse être sauvée. Et sur les fondements<br />
de la pièce, il s’agit bien de ça : va-t-on continuer<br />
de détruire l’humanité, oui ou non ? et sinon<br />
est-ce qu’on ne pourrait pas imaginer passer par<br />
la connaissance. Pour moi, aujourd’hui il y a une<br />
vraie question : est-il plus intéressant d’avoir un<br />
flingue ou un livre ? L’Histoire du soldat de Ramuz<br />
peut réinterroger cette chose-là.<br />
Pourtant le livre que le diable donne au soldat est<br />
un livre terrible dans lequel on peut, même sans<br />
savoir lire, voir l’avenir et accumuler des richesses<br />
insensées aux dépens d’une quelconque<br />
vie affective. Je n’ai pas l’impression que vous<br />
donnez au livre du diable la même signification<br />
que Ramuz.<br />
Ev<strong>id</strong>emment on peut cons<strong>id</strong>érer ce livre comme<br />
une sorte de livre de la bourse qui ramène de l’or<br />
et des billets, il y a cet aspect-là du livre, mais il y<br />
a aussi un autre aspect, peu évoqué, qui est celui<br />
de ce que peut contenir cet ouvrage et symboliquement<br />
les livres en général. C’est là-dessus que<br />
je m’appuie pour cette opposition. Je trouve cela<br />
bien plus nutritif que si on fait référence au livre<br />
comme objet d’une forme de marchandisation de<br />
la vie. Je reconnais que cette lecture est un exercice<br />
périlleux, mais c’est comme quand je vois<br />
un metteur en scène qui empoigne Shakespeare,<br />
lui met les pieds au plafond et essaie d’en sortir<br />
quelque chose de nouveau. Notre mission, c’est<br />
de prendre les ouvrages du répertoire et de les<br />
requestionner avec un éclairage actuel, organisé<br />
entre le sens musical, théâtral, politique et<br />
poétique.<br />
Un dernier mot sur la partition de Stravinsky,<br />
selon vous où se trouve la théâtralité de cette<br />
musique ?<br />
Dans l’architecture de la pièce, le rôle de la métrique<br />
est fondamentale : Stravinsky assemble des<br />
mesures dont les pulsations sont di±érentes les<br />
unes des autres, des mesures à 3/8, 4/8, 7/8,<br />
3/4, 4/4, etc., il évite une métrique routinière<br />
pour construire les rebondissements de l’histoire,<br />
pour créer le sentiment de quelque chose<br />
qui avance dans le temps. L’<strong>id</strong>ée d’une métrique<br />
avec des mesures toujours di±érentes permet de<br />
signifier que l’avenir ne ressemblera pas au passé :<br />
Stravinsky traite le temps comme une chose qui<br />
n’est pas linéaire, la chose passée n’existera plus<br />
jamais et une nouvelle est à venir. Et c’est avec<br />
cette organisation du temps qu’il compose une<br />
vraie musique pour un conte.<br />
Propos recueillis par Marc Berman<br />
moserdesign.ch photo : olivier pasqual<br />
SAISON<br />
2011-<strong>2012</strong><br />
HAUTE ÉCOLE<br />
DE MUSIQUE<br />
DE LAUSANNE<br />
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Avec le soutien de :<br />
Banque Cantonale Vaudoise, Commune<br />
d’Ecublens, Etat de Vaud, Fondation Ernst<br />
Göhner,La Semeuse, Le Courrier, Librairies<br />
BASTA !, Loterie Romande, Musée cantonal<br />
de Zoologie, Pour-cent culturel Migros,<br />
Société Académique Vaudoise - Fondation<br />
Pittet, Ville de <strong>Lausanne</strong>.<br />
OBJECTIF MARS<br />
LE FESTIVAL-ANNIVERSAIRE<br />
DU 1 ER AU 31 MARS <strong>2012</strong><br />
1 thème :<br />
« Qu’est-ce que la guerre ? »<br />
Théâtre, musique, cinéma, conférence,<br />
expo et plein de surprises !<br />
3 lieux :<br />
Théâtre La Grange de Dorigny<br />
Tour Vagabonde<br />
Cinémathèque Suisse
Vivre dans le feu<br />
d’après Marina Tsvetaeva<br />
Du 9 au 19 février <strong>2012</strong><br />
Salle de répétition<br />
Conception :<br />
Anne Conti<br />
Adaptation :<br />
Anne Conti<br />
Agnès Delbarre<br />
Direction d’acteur :<br />
Nadine Pouilly<br />
Regard scénique :<br />
Jos Verbist<br />
Chorégraphie :<br />
Serge-Aimé Coulibaly<br />
V<strong>id</strong>éo :<br />
Nicolas Devos<br />
Lumière :<br />
Dav<strong>id</strong> Laurie<br />
Musiques :<br />
Rémy Chatton<br />
Vincent Le Noan<br />
Son :<br />
Moon Le Noan<br />
Diffusion et production :<br />
Céline Vaucenat<br />
Avec :<br />
Anne Conti<br />
Rémy Chatton (cordes)<br />
Vincent Le Noan (percussions<br />
et samples)<br />
Elena Zhilova (en voix et en images)<br />
Durée :<br />
1h<br />
Age conseillé :<br />
dès 15 ans<br />
Genre :<br />
théâtre/musique<br />
Production :<br />
In Extremis<br />
Coproduction :<br />
L’Hippodrome, scène nationale de Douai<br />
Théâtre V<strong>id</strong>y-<strong>Lausanne</strong><br />
Avec l’a<strong>id</strong>e du ministère de la Culture DRAC<br />
Nord-Pas-de-Calais, du Conseil régional Nord-<br />
Pas-de-Calais et de la SPEDIDAM.<br />
Rés<strong>id</strong>ences au Channel, scène nationale de<br />
Calais.<br />
Remerciements au Théâtre du Nord<br />
Jeudi 09.02. 19h30<br />
Vendredi 10.02. 19h30<br />
Samedi 11.02. 19h30<br />
Dimanche 12.02. 18h30<br />
Lundi 13.02. relâche<br />
Mardi 14.02. 19h30<br />
Mercredi 15.02. 19h30<br />
Jeudi 16.02. 19h30<br />
Vendredi 17.02. 19h30<br />
Samedi 18.02. 19h30<br />
Dimanche 19.02. 18h30<br />
Théâtre V<strong>id</strong>y-L<br />
<strong>Janvier</strong> à <strong>mars</strong> <strong>2012</strong> | N˚ 35<br />
15<br />
Si elle aime se mettre au service de projets<br />
collectifs , Anne Conti est parfois aussi à l’origine<br />
de certains spectacles, qu’elle porte alors de tout<br />
son talent. Au-delà des décennies et des distances,<br />
la rencontre avec Marina Tsvetaeva relève<br />
du coup de foudre : une alchimie de flamme et de<br />
poésie qui prés<strong>id</strong>e à la naissance de Vivre dans<br />
le feu. En amont de la création, Anne Conti a<br />
répondu par écrit à nos questions.<br />
Marina Tsvetaeva aujourd’hui, pourquoi ?<br />
Je cherchais un texte sans vraiment chercher.<br />
J’attendais de croiser, d’être happée.<br />
Et voilà Tsvetaeva qui me tombe dessus. Bien sûr<br />
je connaissais ses poèmes (Tentative de jalousie<br />
résume très bien ce mélange d’acéré, de fêlure et<br />
d’humour qui la distingue), mais en découvrant<br />
ses correspondances et ses carnets, j’ai découvert<br />
l’intime, celle qui se raconte, celle qui dit<br />
tout, écrit tout : rêves, colères, excès, quot<strong>id</strong>ien,<br />
peurs, joies, désespoir. Elle déroule sa vie sur le<br />
papier, lettres et notes, et ainsi la poétise. C’est<br />
une immense dame et un personnage incroyable<br />
car elle est absolument, intégralement engagée<br />
dans ce qu’elle dit. Elle questionne la vie dans<br />
tous ses états, elle interroge son fonctionnement,<br />
elle refuse le monde formaté. Elle voudrait être<br />
soulevée de terre. Elle brûle d’aimer, regrette de<br />
ne l’être pas plus. Elle vibre. C’est une vivante.<br />
Je me sens de la même famille qu’elle. J’y travaille<br />
tous les jours.<br />
Et pour moi, aujourd’hui, c’est la personne <strong>id</strong>éale<br />
pour transmettre la marche en avant, le poing en<br />
l’air et le feu déployé. Elle réénergise, elle stimule,<br />
elle tranche, elle élève.<br />
Comment avez-vous conçu et réalisé le montage<br />
des textes ?<br />
Je voulais un aller-retour entre sa correspondance<br />
et ses poèmes.<br />
La correspondance est vraiment son reflet vivant,<br />
la peinture de son intérieur, de ses peurs et<br />
fureurs. En la lisant, on plonge dans une époque<br />
mais Tsvetaeva ne nous y laisse jamais baigner,<br />
elle ne nous parle principalement que d’humain et<br />
de rapport à l’autre et à soi-même : amour, liberté,<br />
argent, folie, filiation, sol<strong>id</strong>arité, voyages, exil…<br />
Et c’est ce qui m’intéressait avant tout. Parler du<br />
profond et ne pas rester à la surface. J’ai donc axé<br />
mon travail de montage avec ce postulat de départ.<br />
J’y évoque ses événements personnels mais pas<br />
les événements du monde.<br />
C’est la femme, l’humain qui est le fil rouge de<br />
cette adaptation, afin que chacun puisse, face à<br />
elle, se retrouver face à lui-même. Tsvetaeva est<br />
d’une étonnante modernité. On ne sent absolument<br />
pas le siècle qui nous sépare.<br />
Les poèmes quant à eux, je les ai choisis en fonction<br />
du coup de cœur que j’ai eu en les lisant.<br />
Mais aussi en fonction de leur rythme et les<br />
images qu’ils évoquent, l’émotion et le tumulte de<br />
vie qui s’en dégage.<br />
« Ecrire-vivre » ou « écrire – c’est vivre », dit-elle.<br />
Pour vous l’art et la vie ne font qu’un aussi ?<br />
Oui. Résolument oui. Ma vie est entremêlée à<br />
mon art : raconter des histoires, raconter, écrire,<br />
mettre en scène, jouer, danser, chanter. Ma<br />
vie n’est que questions. Comment faire danser<br />
à l’intérieur, comment donner des <strong>id</strong>ées, de la<br />
force, de la rage, de la douceur à ceux-là que je<br />
croise, par le biais de mes histoires, de mes images<br />
? Comment parler du monde, le tordre et le<br />
sublimer ?<br />
J’aimerais faire de ma vie une œuvre d’art.<br />
Comme Tsvetaeva. Mais ne pas être engloutie par<br />
la matière, rester le sculpteur. Est-ce possible ?<br />
Que dire de la musique dans ce projet ?<br />
Je construis mes spectacles sur plusieurs piliers.<br />
La musique en est un. Les autres sont l’écriture<br />
et le corps. La musique est essentielle. Elle porte,<br />
suggère, calme ou tempête.<br />
Elle est créée par Rémy Chatton dans un premier<br />
temps puis développée, en duo, avec Vincent Le<br />
Noan.<br />
C’est un travail d’équipe. Au démarrage, Rémy<br />
s’inspire de ce que je lui raconte bien sûr, du<br />
texte, mais aussi du rythme que j’impulse à la<br />
lecture des poèmes. Certains poèmes ne sont pas<br />
restés mais la musique, oui. Ce sont des musiciens<br />
qui ne reproduisent pas un morceau, mais<br />
le vivent en direct car tout est lié à l’énergie du<br />
plateau et à mon placement des mots. Dans Vivre<br />
dans le feu, il n’y a pas de chansons comme dans<br />
mon précédent spectacle Infiniment là, c’est un<br />
travail de parlé-chanté, il y a donc un placement<br />
légèrement aléatoire des mots dans la musique.<br />
Cela ne fige pas les choses. La structure est<br />
là, nous avons des rendez-vous, mais on peut<br />
s’attendre à tout, espérer tout, se surprendre !<br />
On retombera toujours sur nos pattes de toutes<br />
Anne Conti<br />
façons. De plus, j’aime la remise sur le feu, à chaque<br />
représentation. Ne pas reproduire. Explorer<br />
encore et encore, les placements, les ruptures,<br />
les silences. Nous vivons ensemble sur le plateau<br />
cette recherche.<br />
De plus, sur ce spectacle, la musique et la danse<br />
représentent une partie de Marina Tsvetaeva,<br />
la partie intime, celle qui s’exprime au-delà des<br />
mots : l’autre langage. Le sublime langage.<br />
Vous avez abordé toutes sortes de formes : le jeu,<br />
la mise en scène, la danse, l’écriture, la marionnette,<br />
le chant… Quel est le lien entre tout ça ?<br />
Pouvez-vous parler des rapports qu’entretiennent<br />
le corps et les mots ?<br />
La marionnette reste un art que je ne maîtrise pas<br />
bien mais qui me fascine. Je ne l’utilise pas dans<br />
mes spectacles. Sinon, danse, mots, chant, tout<br />
est lié pour moi. Ce sont mes outils pour sculpter<br />
le message, le personnage. Raconter l’histoire.<br />
Donner à voir et entendre. Le corps est là avant<br />
le Verbe. Le corps permet tout, il est notre instrument,<br />
j’ai un grand respect pour lui. La danse,<br />
le mouvement raconte nos lacs et nos cascades.<br />
Les mots sont matière, chair. Et comme le corps,<br />
je malaxe les mots, je relaxe aussi, je tords, je<br />
caresse, je bondis, je ralentis, je répète, j’écoute<br />
le son comme j’écoute le geste, j’improvise les<br />
sons comme j’improvise les gestes. Parler est<br />
aussi physique que danser et chanter. Je suis une<br />
personne résolument physique. Et comme je suis<br />
envahie d’images (je rêve beaucoup – debout ou<br />
allongée) alors cela doit s’exprimer par tous les<br />
moyens. Un jour peut-être, je me mettrai aux pinceaux,<br />
comme mon grand-père qui a commencé<br />
à peindre à l’âge de 60 ans et à jouer de la flûte à<br />
85 ans.<br />
De spectacle en spectacle y a-t-il chez vous<br />
comme la poursuite d’un rêve ultime ?<br />
Non, c’est le chemin que je goûte à chaque spectacle<br />
et à chaque spectacle je réalise un rêve.<br />
Je remercie et savoure à chaque fois de pouvoir<br />
accéder aux moyens de création. D’être entourée,<br />
entendue, soutenue.<br />
Vers quoi je cours ?<br />
L’apaisement peut-être.<br />
Mais une fois que j’y serai, ne vais-je pas regretter<br />
le feu ?<br />
Propos recueillis par R. Z.
P<br />
L<br />
I<br />
U<br />
I<br />
T<br />
B<br />
C<br />
E<br />
CONCERTO POUR CINQ<br />
CUIVRES ET ORCHESTRE<br />
KOETSIER<br />
SONGE D'UNE<br />
NUIT D'ÉTÉ<br />
MENDELSSOHN<br />
NUIT SUR LE MONT CHAUVE<br />
MOUSSORGSKI<br />
OUVERTURE DES TROMPETTES<br />
MENDELSSOHN<br />
Prix: Fr. 30.- / 25.-<br />
AVEC LE GENEVA BRASS QUINTET<br />
ANTOINE MARGUIER, DIRECTION<br />
1 er FÉVRIER <strong>2012</strong>, 20H<br />
SALLE PADEREWSKI, LAUSANNE<br />
DIS VOIR,<br />
ÇA JOUE<br />
OU QUOI?<br />
27, 28, 29 janvier<br />
Joël Pommerat / Compagnie Louis Brouillard<br />
du 1 er au 19 février<br />
Albert Cohen / Denis Maillefer / Théâtre en Flammes<br />
10, 11, 12 février<br />
Antoine Jaccoud / Compagnie Léon<br />
Du 28 février au 4 <strong>mars</strong><br />
Ludovic Chazaud / Compagnie Jeanne Föhn<br />
16, 17 <strong>mars</strong><br />
Gilles Jobin / Compagnie Gilles Jobin<br />
LES ARTISTES DE LA CONTREFACON 19, 20, 21 avril<br />
Christian Geffroy Schlittler / Agence Louis-François Pinagot<br />
11, 12, 13 mai<br />
Denis Maillefer / Théâtre en Flammes<br />
25, 26 mai<br />
Thierry Romanens / Format A3<br />
du 31 mai au 10 juin<br />
épisode 1, Perfect day / épisode 2, Sweet dreams / épisode 3, Sunday morning<br />
d’après Tchekhov / Alexandre Doublet / Compagnie Alexandre Doublet<br />
ENTRE (titre de travail) 15, 16, 17 juin<br />
Oskar Gòmez Matta / Haute école de théâtre de Suisse romande / La Manufacture, Promotion E<br />
30 juin<br />
theatre-les-halles.ch / sierre<br />
graphisme, anouk andenmatten / photo, julie langenegger lachance
Les 3 Parques m’attendent dans le parking<br />
de Jacques Rebotier<br />
Du 6 au 18 <strong>mars</strong> <strong>2012</strong><br />
La Passerelle<br />
Texte et mise en scène :<br />
Jacques Rebotier<br />
Lumière :<br />
Bertrand Couderc<br />
Son :<br />
Bernard Valléry<br />
Masques :<br />
Alexis Kinebanyan<br />
Avec :<br />
Caroline Espargilière<br />
Nicole Genovese<br />
Vimala Pons<br />
Durée :<br />
1h15<br />
Age conseillé :<br />
tout public<br />
Genre :<br />
théâtre<br />
Production :<br />
Compagnie voQue/Rebotier<br />
Coproduction :<br />
Théâtre Nanterre-Amandiers<br />
Théâtre V<strong>id</strong>y-<strong>Lausanne</strong><br />
L’Apostrophe, scène nationale de Cergy-<br />
Pontoise et du Val d’Oise<br />
La Compagnie voQue/Rebotier est<br />
subventionnée par le ministère de la Culture et<br />
de la Communication – DRAC Ile-de-France et<br />
la SACEM (division culturelle).<br />
Mardi 06.03. 20h00<br />
Mercredi 07.03. 20h00<br />
Jeudi 08.03. 20h00<br />
Vendredi 09.03. 20h00<br />
Samedi 10.03. 20h00<br />
Dimanche 11.03. 18h00<br />
Lundi 12.03. relâche<br />
Mardi 13.03. 20h00<br />
Mercredi 14.03. 20h00<br />
Jeudi 15.03. 20h00<br />
Vendredi 16.03. 20h00<br />
Samedi 17.03. 20h00<br />
Dimanche 18.03. 18h00<br />
Théâtre V<strong>id</strong>y-L<br />
<strong>Janvier</strong> à <strong>mars</strong> <strong>2012</strong> | N˚ 35<br />
17<br />
Trois filles en transit, roulettes, valises. Trois<br />
soldat(e)s, sans doute. Dans un au-delà de la mer,<br />
Afghanistan, Irak ? Attente, danger. Tous sens<br />
en alerte, elles pensent à voix haute, rêvent,<br />
se remémorent. Rêve, Evénement, Souvenir,<br />
R.E.S. : la réalité (de la pensée) repose sur ces<br />
trois pieds. Rien d’autre à signaler. Ah si ! Parfois<br />
elles meurent ; et les morts parlent aussi, mais en<br />
chœur. Les morts ont des masques et vivent eux<br />
aussi dans le présent (quoique un peu arrêté), et<br />
beaucoup dans le passé ; mais pas du tout dans<br />
l’avenir.<br />
Les trois visages du temps sont aussi les trois<br />
Parques, qui filent leur propre vie, et les nôtres,<br />
et les cassent. Elles porteront des masques d’ellesmêmes<br />
; parfois aussi de lion, de loup et de chien,<br />
selon une très ancienne statue égyptienne du<br />
dieu Sérapis, qu’interpréta ainsi Macrobe : « La<br />
tête de lion désigne le présent, vigoureux et<br />
ardent ; le passé est la tête de loup, qui rapte le<br />
souvenir des actes accomplis et les emporte au<br />
loin ; le chien toujours nous flatte, il nous promet<br />
un temps futur, dont l’espoir, même incertain,<br />
nous sourit. »<br />
Les triades féminines, sous la figure des trois<br />
Parques, des Grâces, des Fata, des Moires, des<br />
Matres, ou Mères, ensuite christianisées en<br />
Maries, jusqu’aux trois fées de nos contes, ont<br />
parcouru le monde méditerranéen. Elles rendent<br />
toutes hommage à nos derniers nomades, qui se<br />
réunissent chaque année aux Saintes-Maries-dela-Mer,<br />
qui tirent leur nom des « trois Mères de la<br />
mer ».<br />
L’une tient la quenouille, ou la toison, la deuxième<br />
gu<strong>id</strong>e le fil sur le fuseau, la dernière le rompt. Elles<br />
tissent le texte de ce spectacle.<br />
Les 3 Parques m’attendent dans le parking, après<br />
Les ouvertures sont, est le deuxième spec tacle de<br />
la trilogie R.E.S., entièrement dédié au fil de la<br />
pensée.<br />
Jacques Rebotier<br />
Jacques Rebotier fait partie de ces inclassables<br />
qui semblent prendre un plaisir malin à brouiller<br />
les codes. Pourtant, dans son explosion de formes<br />
et de propositions, son travail recèle de form<strong>id</strong>ables<br />
cohérences intérieures. Brève rencontre avec<br />
un de ces « artistes singuliers » qui, aujourd’hui,<br />
rendent le spectacle encore un peu plus vivant.<br />
Comment se conjuguent chez toi le travail d’écriture<br />
et le travail théâtral ?<br />
Je n’ai pas vraiment de projet d’écriture. J’écris.<br />
Des notes, des textes qui s’agglomèrent et ça finit<br />
par faire des blocs. Quelquefois je les lis en public,<br />
quelquefois j’ai envie de prolonger la chose avec<br />
des acteurs… Je puise donc dans un grand sac qui<br />
est toujours un peu en élaboration et j’assemble<br />
des éléments pour des spectacles. Il est rare que<br />
j’écrive une pièce en me fixant un thème et en<br />
cherchant à le développer. Je pars souvent de la<br />
vie quot<strong>id</strong>ienne et de ma vie d’écriture.<br />
Mais te sens-tu un homme de théâtre qui écrit,<br />
un auteur qui fait du théâtre…<br />
Je me sens un « artiste », qui travaille avec des<br />
mots, avec du son, parfois avec des images… Par<br />
exemple, j’envoie depuis trente ans des lettres à<br />
Beethoven. Je prends des en-tête un peu partout,<br />
ministères, hôtels, théâtres, et je mets des adresses<br />
de Beethoven inventées, des timbres un peu<br />
b<strong>id</strong>on, et mes coordonnées sous la rubrique expéditeur<br />
: souvent ça me revient, après des parcours<br />
qui peuvent être amusants. J’ai comme ça<br />
200 lettres à Beethoven. A partir de là, je peux<br />
imaginer des installations sonores, des musiques<br />
que j’écris… J’adore le texte, j’adore l’écriture, et<br />
après il y a des matières qui ne correspondent pas<br />
du tout au théâtre.<br />
Quel est le lien entre toutes ces directions ? Ton<br />
regard sur la réalité ?<br />
C’est beaucoup l’écart qui existe entre le désordre<br />
du monde et le désordre intérieur de la pensée.<br />
Quand on se parle, on contrôle à peu près ce<br />
qu’on dit, on canalise, on essaie en tout cas. Mais<br />
dès qu’on marche dans la rue ou qu’on fait la vaisselle,<br />
le cerveau vit sa vie. Il y a donc un désordre<br />
intérieur profond, qui donne une sorte de texte<br />
à plusieurs voix de la naissance à la mort. Ce qui<br />
m’intéresse, c’est le rapport entre ces deux dimensions.<br />
J’ai l’impression de faire un théâtre réaliste,<br />
au sens où j’essaie de rendre compte de cette réalité<br />
du désordre.<br />
Vous faites aussi des lectures, des sortes de performances<br />
scéniques en live.<br />
C’est une sorte de passerelle pour moi, entre<br />
le travail d’écrivain, le rapport au texte et aux<br />
livres, et puis le travail de créateur de spectacle.<br />
Jacques Rebotier<br />
C’est un petit laboratoire d’expérimentation.<br />
J’aime beaucoup aussi partir de textes écrits pour<br />
aboutir à des moments de flottement, d’improvisation.<br />
J’aime lâcher les livres, ne pas savoir exactement<br />
où je vais, réagir à ce que le public me<br />
renvoie.<br />
Mais tu ne viens pas du théâtre, tu n’as pas une<br />
formation d’acteur.<br />
Justement, je me sens libre. Je ne me sens pas<br />
jugé en tant qu’acteur. Encore que j’aime bien<br />
lire des textes d’autres écrivains, de Beckett par<br />
exemple.<br />
Ta formation relève de la musique, de la composition.<br />
C’est le fil rouge de ton existence ?<br />
Il y a l’écriture de texte et l’écriture de musique.<br />
Ce sont mes deux jambes. Souvent je mélange<br />
d’ailleurs, en montant des concerts avec mes textes,<br />
où les musiciens jouent mes partitions et parlent<br />
en même temps. Dans le théâtre, j’utilise des<br />
méthodes musicales et réciproquement.<br />
Propos recueillis par R. Z.<br />
R.E.S.<br />
Rêve, Evénement, Souvenir<br />
Rêve, Evénement, Souvenir ; ou encore avenir,<br />
présent, passé : la réalité, c’est-à-dire notre pensée,<br />
est faite de ces strates indémêlables, qui sont<br />
les trois visages de Janus. R.E.S. jette sur le plateau<br />
ce flux incessé de la pensée intérieure et des<br />
sensations vécues, ce « bruissement de la langue »<br />
dont parlait Barthes. Les outils de cette restitution<br />
sont autant musicaux que « chorégraphiques<br />
», tant cet oratorio du quot<strong>id</strong>ien, avec ses<br />
tutti, ses solos, ses reprises de thème, est d’abord<br />
une danse de mots. Interprétée par des comédiens-musiciens<br />
virtuoses, rompus à mes partitions<br />
de paroles.<br />
Parlé-chanté (d’enchanteur à désenchanté), un<br />
travelling : le spectacle nous voyage à travers des<br />
paysages mentaux successifs, simultanés parfois…<br />
projections amoureuses, rêves éveillés,<br />
fondus-enchaînés de slogans définitifs, publicités,<br />
répondeurs téléphoniques, war games, fragments<br />
de discours de campagnes ou de rues, la ruée des<br />
soldes de Wal-Mart écrasant l’employé qui hésita<br />
pourtant avant d’ouvrir les portes, une mise en<br />
fuite des derniers chevaux sauvages, l’exécution<br />
par piétinement d’une femme adultère… R.A.S.<br />
Du petit matin au grand soir, l’étrangeté familière<br />
de la rumeur des choses.<br />
Jacques Rebotier
Re<br />
KKQQ<br />
par la 2b company<br />
Du 7 au 23 <strong>mars</strong> <strong>2012</strong><br />
Chapiteau V<strong>id</strong>y-L<br />
Mise en scène :<br />
François Gremaud<br />
Assistante à la mise en scène :<br />
Piera Honegger<br />
Travail plastique<br />
et scénographique :<br />
Denis Savary<br />
Travail chorégraphique :<br />
Delphine Lorenzo<br />
Confection costumes :<br />
Evelyne Villaime<br />
Peinture :<br />
Sibylle Portenier<br />
Direction technique :<br />
Manuel Ducosson<br />
Lumière :<br />
Jonas Bühler<br />
Administration et production :<br />
Michaël Monney<br />
Médiation :<br />
Veronica Tracchia<br />
Assistante médiation :<br />
Milena Buckel<br />
Diffusion :<br />
Tutu Production<br />
Avec :<br />
Tiphanie Bovay-Klameth, Catherine Büchi,<br />
Michèle Gurtner, Silvia Hodgers, Thomas<br />
Kohler, Pierre Mifsud, Léa Pohlhammer,<br />
Emmanuelle Ramu<br />
Genre : arts vivants<br />
Coaccueil avec l’Arsenic dans le cadre<br />
de sa saison S.T.F. (sans théâtre fixe)<br />
Coproduction :<br />
Arsenic, Nuithonie, Théâtre du Loup,<br />
2b company, Cie Les gens d’à-côté<br />
Avec le soutien de :<br />
Label + Théâtre Romand, Loterie Romande,<br />
Canton de Vaud, Pro Helvetia/Fondation suisse<br />
pour la culture, Ernst Göhner Stiftung<br />
Re bénéficie de la promotion du Pour-cent<br />
culturel Migros.<br />
La 2b company est au bénéfice du contrat de<br />
confiance 2011-2013 de la Ville de <strong>Lausanne</strong>.<br />
Mercredi 07.03. 20h30<br />
Jeudi 08.03. 20h30<br />
Vendredi 09.03. 19h00<br />
Samedi 10.03. 20h30<br />
Dimanche 11.03. 17h00<br />
Lundi 12.03. relâche<br />
Mardi 13.03. 20h30<br />
Mercredi 14.03. 20h30<br />
Jeudi 15.03. 20h30<br />
Vendredi 16.03. 19h00<br />
Samedi 17.03. 20h30<br />
Dimanche 18.03. 17h00<br />
Lundi 19.03. relâche<br />
Mardi 20.03. 20h30<br />
Mercredi 21.03. 20h30<br />
Jeudi 22.03. 20h30<br />
Vendredi 23.03. 19h00<br />
par la 2b company<br />
Du 27 <strong>mars</strong> au 5 avril <strong>2012</strong><br />
Chapiteau V<strong>id</strong>y-L<br />
Concept et musique :<br />
François Gremaud<br />
Ecriture du logiciel, v<strong>id</strong>éo, son :<br />
Filippo Gonteri<br />
Lumière :<br />
Jonas Bühler<br />
Direction technique :<br />
Manuel Ducosson<br />
Administration :<br />
Michaël Monney<br />
Diffusion :<br />
Tutu Production<br />
www.tutuproduction.ch<br />
Jeu et création collective :<br />
Tiphanie Bovay-Klameth<br />
François Gremaud<br />
Michèle Gurtner<br />
Durée :<br />
45 minutes<br />
Age conseillé :<br />
tout public, dès 12 ans<br />
Genre :<br />
théâtre, performance<br />
Coproduction :<br />
2b company, Arsenic, Les Urbaines<br />
PRAIRIE – Modèle de coproduction du<br />
Pour-cent culturel Migros en faveur de<br />
compagnies théâtrales innovantes suisses<br />
Avec le soutien de :<br />
Ville de <strong>Lausanne</strong>, Canton de Vaud, Loterie<br />
Romande, Ernst Göhner Stiftung, Artephila<br />
Stiftung, CORODIS<br />
Remerciements :<br />
Théâtre Sévelin 36, Jo Monney<br />
Création 2009 & 2011<br />
Mardi 27.03. 20h30<br />
Mercredi 28.03. 20h30<br />
Jeudi 29.03. 20h30<br />
Vendredi 30.03. 19h00<br />
Samedi 31.03. 20h30<br />
Dimanche 01.04. 17h00<br />
Lundi 02.04. relâche<br />
Mardi 03.04. 20h30<br />
Mercredi 04.04. 20h30<br />
Jeudi 05.04. 20h30<br />
Théâtre V<strong>id</strong>y-L<br />
<strong>Janvier</strong> à <strong>mars</strong> <strong>2012</strong> | N˚ 35<br />
18<br />
Explorateur insatiable et décomplexé du monde et<br />
de l’art, François Gremaud propose en <strong>mars</strong> deux<br />
de ses pièces au bord de l’eau.<br />
Re, d’abord, une création proposée en coaccueil<br />
avec l’Arsenic. François Gremaud o±re ici une<br />
pièce élaborée au fil des répétitions. Partant<br />
de la scénographie imaginée par Denis Savary<br />
pour Simone, two, three, four – créé en 2009 à<br />
Nuithonie – qui avait donné lieu à des « commentaires<br />
», c’est-à-dire l’expression de pensées<br />
nées du rapport entretenu avec les objets présents<br />
sur scène et donc sans lien avec l’histoire<br />
elle-même, les sept comédiens et le metteur en<br />
scène procèdent à une écriture de plateau. Pas de<br />
fable préétablie donc, mais des axes à explorer : la<br />
réjouissance, la responsabilité, la résistance ainsi<br />
que la répétition et la représentation.<br />
KKQQ, ensuite, initialement créé au Théâtre<br />
Sévelin 36 en décembre 2009 dans le cadre des<br />
Urbaines. Ordinateurs, webcams et écrans géants,<br />
voilà les accessoires incontournables de la pièce<br />
ou « propositions de forme » comme aime à l’appeler<br />
le metteur en scène. Sur le plateau, installés<br />
dans des cabines de traduction insonorisées,<br />
François Gremaud et ses deux consœurs enregistrent,<br />
chacun à un rythme di±érent, leur partition<br />
avant et pendant la pièce. Le spectacle est<br />
le fruit de la di±usion simultanée des trois films<br />
qui, après compression, donnent l’illusion que les<br />
comédiens dialoguent et interagissent en temps<br />
réel. La pièce repose en grande partie sur une<br />
technologie complexe et a connu quelques couacs<br />
dans le passé… mais, loin d’avoir entamé l’enthousiasme<br />
du metteur en scène fribourgeois, ils<br />
ont été accueillis comme une bénédiction. Cap<br />
sur l’univers d’un homme qui n’aime rien tant que<br />
surprendre et se laisser surprendre.<br />
François Gremaud, vous acceptez volontiers que<br />
l’on vous traite d’<strong>id</strong>iot… pourquoi ?<br />
C’est en lien avec une définition de l’<strong>id</strong>iotie que<br />
fait le philosophe Clément Rosset qui revient à<br />
l’origine du terme : étymologiquement, le mot provient<br />
du grec <strong>id</strong>iotes et réfère à quelqu’un qui<br />
adopte un langage singulier et unique. Ainsi, dans<br />
l’acception du terme <strong>id</strong>iot aujourd’hui, il y a un<br />
hiatus puisque, s’il est perçu comme un synonyme<br />
de bête, l’étymologie révèle tout autre chose.<br />
J’aime cette contradiction et je trouve intéressant<br />
que l’on puisse cons<strong>id</strong>érer que ce que je fais suscite<br />
un questionnement.<br />
Quand vous parlez de votre travail de mise<br />
en scène, vous utilisez un vocabulaire très<br />
scientifique. Vous faites référence à KKQQ<br />
comme à une « expérience théâtrale » pour<br />
laquelle vous avez effectué des « recherches<br />
artistiques et techniques ». Vous mentionnez que<br />
le « taux de réussite » de la pièce devrait approcher<br />
les 100 %. Pour Re, vous parlez de « territoires<br />
de fouille » et de « références théoriques ». On<br />
sent que la science n’est pas étrangère à votre<br />
démarche artistique…<br />
C’est drôle, je ne l’avais jamais remarqué. Je<br />
suis fils de scientifique – mon père est professeur<br />
de physique à l’EPFL – et je pense qu’il y a<br />
des similitudes dans notre manière respective<br />
de travailler. Mon père, en tant que scientifique,<br />
essaye de comprendre le monde avec ses propres<br />
outils, en l’occurrence la physique et les<br />
sciences. J’ai les mêmes préoccupations que<br />
lui, je m’interroge également sur le fonctionnement<br />
du monde. Ce n’est pas étonnant que<br />
mon vocabulaire ait des accents scientifiques,<br />
j’adopte un esprit de recherche, je m’interroge<br />
et, comme en philosophie, je m’étonne<br />
du monde et des choses qui m’entourent. C’est<br />
Gilles Deleuze qui dit qu’il y a trois territoires<br />
de la pensée humaine qui sont la philosophie,<br />
la science et l’art. Je pense que ces trois<br />
disciplines cherchent, chacune à leur niveau,<br />
à comprendre comment le monde fonctionne.<br />
Dans KKQQ, vous avez souhaité mettre en<br />
lumière la solitude qui résulte des moyens<br />
technologiques auxquels nous recourons<br />
quot<strong>id</strong>iennement. Lors des premières représentations<br />
de la pièce, vous avez dû composer<br />
avec les bugs informatiques. Comment<br />
avez-vous pris ces aléas ? Ne vous êtesvous<br />
pas fait prendre à votre propre jeu ?<br />
Cette solitude est présente de manière inéluctable<br />
dans nos vies. On a beau vouloir travailler collectivement,<br />
par exemple, il y a toujours un moment<br />
dans la journée pendant lequel on se retrouve<br />
seul et j’avais envie de prendre cela en compte<br />
dans le travail.<br />
Dans ce spectacle, il y a une omniprésence de la<br />
technologie qui fait que l’on est totalement solitaire<br />
face à notre parcours tout en essayant de<br />
donner l’illusion aux spectateurs que l’on communique.<br />
Quand le spectacle n’a pas fonctionné,<br />
nous avons été obligés de prendre en<br />
charge la représentation et d’improviser la suite<br />
du spectacle. On a d’abord pensé que c’était<br />
horrible, mais, finalement, aussi parce que le<br />
public a adoré la représentation qui a foiré, on<br />
s’est dit que c’était heureux de savoir que l’acc<strong>id</strong>ent<br />
et l’imprévu font partie de la condition<br />
humaine. C’était non seulement une leçon<br />
d’humilité, mais également une leçon de théâtre.<br />
Cela nous a complètement fait sortir de la<br />
solitude et on a retrouvé ce que sont les arts<br />
vivants, c’est-à-dire un art où des gens vivants<br />
face à d’autres doivent collaborer et coexister.<br />
Il y a eu quelque chose de l’ordre de la réconciliation,<br />
ou même mieux, de la sol<strong>id</strong>arité. C’était<br />
très beau de voir le vivant prendre ainsi le pas<br />
sur la technique. En fait, j’aime la part de KKQQ<br />
qui peut nous échapper. Ce n’est pas agréable à<br />
vivre… mais c’est une chance que cela existe !<br />
Dans KKQQ, vous avez pris des risques techniques.<br />
De quelle nature est la prise de risque dans<br />
Re ?<br />
La prise de risque dans Re se situe dans la<br />
démarche. On ne part pas d’un texte préexistant<br />
; on a des intentions, on sait dans quelle<br />
direction on va avec l’équipe artistique, mais<br />
c’est au fil des répétitions que le spectacle va<br />
vraiment s’inventer. Le risque est immense dans<br />
la mesure où l’on va vers l’inconnu. On sait que<br />
l’on part à la découverte d’une terre, mais on ne<br />
sait pas ce que l’on trouvera en chemin. Le spectacle<br />
sera constitué du voyage. Nous n’avons<br />
aucune certitude hormis l’envie de faire le<br />
voyage. Par contre, je ne sais pas quel sera le<br />
risque pour les spectateurs…<br />
Justement, dans Re, vous souhaitez que les<br />
comédiens se passent du personnage, qu’ils<br />
« jouent simplement à jouer » et qu’ils soient euxmêmes.<br />
Qu’attendez-vous du public qui prendra<br />
place face à eux ?<br />
Il y a toujours une notion de risque partagé<br />
quand on fait le choix d’aller voir une œuvre,<br />
quelle qu’elle soit. On prend le risque d’être déstabilisé<br />
et d’être amené à se poser des questions<br />
que l’on ne s’était jamais posées auparavant.<br />
J’attendrais donc du spectateur qu’il soit ouvert<br />
et prenne le risque de ressortir de la pièce en se<br />
disant « ça, je n’y avais jamais pensé ! » C’est cette<br />
même attitude que j’ai adoptée vis-à-vis de l’art<br />
et qui m’a<strong>id</strong>e à vivre. Depuis que j’aborde l’art de<br />
cette manière, en me disant que je suis susceptible<br />
de modifier ma grille de lecture du monde au<br />
contact d’une œuvre, j’aborde les œuvres comme<br />
des chances qui, potentiellement, peuvent changer<br />
ma vie.<br />
Vous aviez travaillé avec Denis Savary sur<br />
Simone, two, three, four. Vous collaborez à nouveau<br />
pour Re. Qu’est-ce que cette rencontre a<br />
changé dans votre manière d’envisager la création<br />
théâtrale ?<br />
Denis Savary m’a fait découvrir L’<strong>id</strong>iotie : art,<br />
vie, politique-méthode, ouvrage de Jean-Yves<br />
Jouannais. C’est par ce biais que j’ai abordé des<br />
choses qui ont fondamentalement changé ma vie<br />
et m’ont permis d’avoir un rapport décomplexé à<br />
l’art.<br />
Denis Savary est un artiste passionnant qui a<br />
une connaissance très pointue de l’histoire de<br />
l’art. Contrairement à l’<strong>id</strong>ée que l’on pourrait se<br />
faire des artistes contemporains, il ne se place<br />
pas en rupture par rapport à l’histoire de l’art,<br />
mais, au contraire, y fait souvent référence.<br />
Son attitude m’a beaucoup appris et m’a permis<br />
d’oser inscrire mon travail dans cette histoire-là.<br />
A son contact, je me suis senti décomplexé<br />
et j’ai eu l’audace de puiser dans ce grand réservoir<br />
artistique. Je crois que, au contact de Denis<br />
Savary, les comédiens ont ressenti la même<br />
chose. Nous nous sommes ouverts à des mondes<br />
nouveaux sans jamais faire fi du théâtre. Faire<br />
des liens concrets entre notre travail et le surréalisme<br />
ou le dadaïsme, par exemple, a cons<strong>id</strong>érablement<br />
enrichi notre travail et nous a permis<br />
d’aborder le jeu plus librement. Si les dadaïstes<br />
ont osé faire ça, pourquoi ne pas essayer ceci ou<br />
cela ?<br />
Nous avons appris à aller chercher ailleurs, autrement,<br />
et à requestionner sans cesse les choses.<br />
Nous adoptons désormais une démarche exploratoire<br />
à tous les niveaux du travail.<br />
Cette année, vous avez mis en scène Comme un<br />
vertige, le spectacle musical d’Yvette Théraulaz.<br />
Comment cette aventure a-t-elle commencé et<br />
que vous a-t-elle apporté ?<br />
Yvette Théraulaz est venue voir plusieurs de mes<br />
spectacles et, à la sortie de Simone, two, three,<br />
four, m’a dit : « il y a une chose que j’aime beaucoup<br />
dans vos spectacles, c’est que j’y vois des<br />
comédiens libres. Et j’aimerais pouvoir éprouver<br />
ça. Est-ce que ça vous intéresserait de travailler<br />
avec moi ? » J’ai beaucoup vu jouer Yvette<br />
Théraulaz et j’ai un souvenir très précis de J’étais<br />
dans ma maison et j’attendais que la pluie vienne<br />
qui avait été créé ici à la Passerelle en 1997. Je me<br />
souviens avoir trouvé cette comédienne vraiment<br />
magnifique et m’être dit que si, un jour, j’avais<br />
la chance de travailler avec elle, j’aurais réussi à<br />
accomplir quelque chose.<br />
Nous avons travaillé de manière très proche tout<br />
en respectant le territoire de l’autre. C’est un<br />
spectacle qui fait la part belle à l’intime, qui touche<br />
à des thèmes universels, mais dont le propos<br />
est simple, dépouillé d’e±et et s’adresse très généreusement<br />
aux spectateurs. On y trouve, j’espère,<br />
une dimension d’intimité. En fait, mon ambition<br />
est toujours la même : que l’on puisse se retrouver<br />
dans une communauté d’êtres humains qui<br />
ont des choses à mettre en partage. Si on se met<br />
les uns et les autres en écoute, on est susceptible<br />
d’être ému, touché, traversé…<br />
Vous envisagez le théâtre comme un lieu de découverte<br />
et d’exploration. Pouvez-vous imaginer monter<br />
un texte classique ?<br />
Oui, je pourrais imaginer le faire à condition<br />
qu’un texte me pose une question qui m’intéresse,<br />
qu’il m’intrigue. Toutefois, jusqu’à présent,<br />
je n’ai jamais éprouvé le besoin de le faire<br />
pour plusieurs raisons. D’une part, beaucoup<br />
de gens le font déjà d’une manière très intéressante<br />
et je n’ai pas l’impression de pouvoir apporter<br />
quelque chose de plus. D’autre part, j’ai pour<br />
le moment trop d’envies de travail et d’explorations<br />
collectives pour imaginer monter un texte.<br />
Quelles sont les terres inconnues que vous souhaitez<br />
fouler après la création de Re ?<br />
J’aimerais poursuivre un travail entamé avec<br />
Michèle Gurtner et Tiphanie Bovay sur la création<br />
de KKQQ et d’autres pièces plus petites<br />
comme Récital et Présentation. Ce travail consiste<br />
à démarrer avec des improvisations que l’on<br />
reprend ensuite telles quelles, mot à mot, sans<br />
aucune modification. Il s’agit donc d’un matériau<br />
que l’on pourrait qualifier de non noble qui est<br />
rendu intéressant par un travail de jeu et de mise<br />
en œuvre, un processus de recyclage artistique.<br />
J’ai envie que nous continuions ce travail-là en<br />
nous autorisant à explorer des formes qui ne<br />
seraient pas forcément théâtrales, mais qui pourraient<br />
prendre la forme d’une exposition ou d’un<br />
film par exemple. Mais, au lieu que cela soit une<br />
décision intellectuelle qui fasse sortir le théâtre<br />
de la salle, je souhaiterais que l’on s’interroge<br />
d’abord sur les possibles avant de déc<strong>id</strong>er d’un<br />
médium adéquat.<br />
En juin 2011, nous avons présenté Récital au<br />
Centre culturel suisse à Paris dans un espace a<br />
priori dédié aux expositions. Une représentante<br />
de la Fondation Cartier était présente et s’est intéressée<br />
à ce travail. Cela nous a permis de nous<br />
rendre compte que le public des arts plastiques<br />
et celui des arts vivants sont très di±érents. Cela<br />
m’intéresse beaucoup de comprendre pourquoi<br />
les arts ont de la peine à se parler. Je pense qu’on<br />
a des choses à mettre en commun, mais comment<br />
arriver à se rencontrer les uns les autres ?<br />
Propos recueillis par Coralie Rochat
François Gremaud
P<br />
L<br />
I<br />
U<br />
I<br />
T<br />
B<br />
C<br />
E<br />
Inspiring Visions<br />
Le défi du développement durable<br />
MASTER DAYS 2011-<strong>2012</strong><br />
www.athenaeum.ch/masterdays<br />
Ecole du Théâtre des Teintureries <strong>Lausanne</strong><br />
A u d i t i o n s d ’ e n t r é e e n 1 è r e a n n é e<br />
d u 1 0 a u 1 3 m a i 2 0 1 2<br />
Formation professionnelle<br />
de comédiens en 3 ans<br />
Ecole reconnue d’utilité pu blique<br />
T. +41 (0) 21 623 21 00<br />
Rue Sébeillon 9b, CH-1004 <strong>Lausanne</strong><br />
www.ecole-theatre-teintureries.com<br />
www.lasemeuse.ch<br />
Café en grains, moulu, en portions, soluble et milky ice cool coffee torréfié à 1000 m d’altitude.
Théâtre Kléber-Méleau<br />
Dämonen – Démons<br />
de Lars Norén<br />
du 17 au 22 janvier <strong>2012</strong><br />
Théâtre Kléber-Méleau<br />
Spectacle en allemand,<br />
surtitré en français<br />
Mise en scène :<br />
Thomas Ostermeier<br />
Dramaturgie :<br />
Bernd Stegemann<br />
V<strong>id</strong>éo :<br />
Sébastien Dupouey<br />
Musique :<br />
Nils Ostendorf<br />
Scénographie et costumes :<br />
Nina Wetzel<br />
Lumière :<br />
Erich Schne<strong>id</strong>er<br />
Traduction du suédois en allemand :<br />
Angela Gundlach<br />
Surtitres français :<br />
Uli Menke<br />
Avec :<br />
Lars E<strong>id</strong>inger<br />
Brigitte Hobmeier/Cathlen Gawlich<br />
Eva Meckbach<br />
Tilman Strauss<br />
Production :<br />
schaubühne berlin<br />
Mardi 17.01. 19h00<br />
Mercredi 18.01. 19h00<br />
Jeudi 19.01. 19h00<br />
Vendredi 20.01. relâche<br />
Samedi 21.01. 20h30<br />
Dimanche 22.01. 17h30<br />
© Arno Declair<br />
Frank, 38 ans, et Katarina, 36 ans, s’aiment et ne<br />
peuvent plus se supporter.<br />
« Ou je te tue ou tu me tues, ou on se sépare ou<br />
on continue : choisis ! » Ils invitent leurs voisins<br />
du dessous, Jenna et Thomas, spectateurs, complices,<br />
victimes horrifiées ou consentantes d’un<br />
règlement de comptes sans fin et sans espoir,<br />
dont l’humour est plus noir à mesure que l’alcool<br />
imprègne les esprits. La démence poindra sous<br />
l’ivresse et, par-delà les transgressions, révélera<br />
une sincérité désarmante.<br />
L’écriture de Lars Norén est puissante, poétique,<br />
déstructurée. Il a écrit plus de cinquante pièces.<br />
« L’une des plus belles mises en scène de Thomas<br />
Ostermeier, qui entraîne le spectateur dans le<br />
dédale de l’intime. Et quel jeu fantastique des<br />
comédiens, quelle force d’interprétation ! »<br />
Du 16 au 26 février<br />
Théâtre Kléber-Méleau<br />
Mise en scène :<br />
Philippe Mentha<br />
Avec :<br />
Lise Ramu<br />
Philippe Mentha<br />
La ballade de la geôle de Reading<br />
Le rossignol et la rose<br />
Le géant égoïste<br />
A la rencontre d’Oscar Wilde…<br />
Jeudi 16.02. 19h00<br />
Vendredi 17.02. 20h30<br />
Samedi 18.02. 20h30<br />
Dimanche 19.02. 17h30<br />
Lundi 20.02. relâche<br />
Mardi 21.02. 19h00<br />
Mercredi 22.02. 19h00<br />
Jeudi 23.02. 19h00<br />
Vendredi 24.02. 20h30<br />
Samedi 25.02. 20h30<br />
Dimanche 26.02. 17h30<br />
Célèbre pour son Portrait de Dorian Gray, pour ses<br />
comédies, ses contes, ses poèmes, Oscar Wilde<br />
écrivait en 1897 La ballade de la geôle de Reading ;<br />
condamné lui-même à deux ans de travaux forcés,<br />
Wilde y connut Charles Thomas Wooldr<strong>id</strong>ge,<br />
jeune o≤cier pendu le 7 juillet 1896 pour avoir<br />
assassiné sa femme. Wilde dédie à sa mémoire ce<br />
chef-d’œuvre, et fait de son poème un bouleversant<br />
réquisitoire contre la peine de mort.<br />
Deux contes nous feront retrouver la grâce et<br />
l’humour du grand écrivain : Le rossignol et la rose<br />
et Le géant égoïste.<br />
La ballade de la geôle de Reading<br />
Traduction :<br />
Henry-D. Davray<br />
Le rossignol et la rose<br />
Le géant égoïste<br />
Traduction :<br />
Jules Castier<br />
Théâtre Kléber-Méleau<br />
<strong>Janvier</strong> à <strong>mars</strong> <strong>2012</strong> | N˚ 35<br />
21
Théâtre dans les écoles :<br />
L’avare mis en scène par Dorian Rossel<br />
Pour cette nouvelle année <strong>2012</strong>, le Théâtre V<strong>id</strong>y-<br />
<strong>Lausanne</strong> se propose de franchir d’un pas franc<br />
et déc<strong>id</strong>é les portes des établissements scolaires<br />
et de s’installer quelques jours dans les collèges<br />
et gymnases de Suisse.<br />
D’habitude des centaines d’élèves viennent<br />
assister aux di±érents spectacles proposés<br />
par le théâtre. Aujourd’hui, nous inversons le<br />
mouvement : nous allons perturber les habitudes<br />
de chacun et proposons une traversée de L’avare<br />
directement dans les classes !<br />
Le spectacle sera interprété par trois comédiens<br />
professionnels, sous la direction du metteur en<br />
scène Dorian Rossel. Dans son ensemble, l’intervention<br />
durera deux périodes. Une première<br />
consacrée au jeu, où les comédiens proposeront<br />
une traversée de la pièce sur un mode ludique.<br />
La seconde sera réservée à l’échange, à la<br />
discussion, à l’improvisation. Le contenu de<br />
celle- ci se dessinera en fonction des envies et<br />
des réactions de chacun.<br />
Contact :<br />
Fanny Guichard<br />
f.guichard@v<strong>id</strong>y.ch<br />
Expositions dans le hall du théâtre<br />
V<strong>id</strong>y-<strong>Lausanne</strong><br />
Quartier lointain – Jirô Taniguchi<br />
Jusqu’au 15 février <strong>2012</strong><br />
En écho à l’adaptation théâtrale de Quartier<br />
lointain par Dorian Rossel présentée en décembre<br />
dernier, BD-FIL, le Festival de bande dessinée<br />
de <strong>Lausanne</strong>, propose une courte installation<br />
d’extraits de la bande dessinée de Jirô Taniguchi<br />
ainsi qu’une sélection, en lecture, d’autres<br />
œuvres de l’auteur. Un projet réalisé avec<br />
l’aimable autorisation des Editions Casterman et<br />
le soutien de Payot Libraire.<br />
Photomaton (titre provisoire)<br />
Du 10 février au 25 mai <strong>2012</strong><br />
En écho à l’exposition Derrière le r<strong>id</strong>eau –<br />
L’esthétique du photomaton présentée du<br />
17 février au 20 mai <strong>2012</strong> au Musée de l’Elysée<br />
Lorsque les premières cabines de photomaton<br />
furent installées à Paris en 1928, les surréalistes<br />
en firent un usage intensif et compulsif. Depuis,<br />
des générations d’artistes se sont emparées<br />
du photomaton pour jouer avec leur <strong>id</strong>entité,<br />
raconter des histoires, ou simplement faire des<br />
mondes.<br />
Application iPhone<br />
Le Théâtre V<strong>id</strong>y-<strong>Lausanne</strong> o±re une application<br />
gratuite sur iPhone disponible sur l’App<br />
Store. Conviviale et interactive, cette application<br />
vous permet de consulter en tout temps et<br />
tout lieu notre programmation et d’e±ectuer vos<br />
réservations.<br />
Rejoignez-nous…<br />
sur www.twitter.com et www.facebook.com<br />
et recevez des informations régulières sur le<br />
Théâtre V<strong>id</strong>y-<strong>Lausanne</strong>.<br />
Le prochain journal paraîtra<br />
le vendredi 2 <strong>mars</strong> <strong>2012</strong><br />
Théâtre V<strong>id</strong>y-L<br />
<strong>Janvier</strong>/février <strong>2012</strong> | N˚ 35<br />
22<br />
Au théâtre pour seize francs<br />
Carte de réduction V<strong>id</strong>y-Kléber<br />
Les avantages de la carte, entre autres :<br />
f Vous payez votre place Fr. 16.– au lieu de Fr. 42.–<br />
à tous nos spectacles.<br />
f Informations régulières à domicile sur les activités<br />
des Théâtres V<strong>id</strong>y-<strong>Lausanne</strong> et Kléber-Méleau.<br />
f Abonnement gratuit au journal du théâtre.<br />
f En cas de nécessité, les adhérents ont la possibilité<br />
d’échanger leurs billets 4 fois par saison.<br />
Renseignements et commandes :<br />
Chantal Pelet, tél. 021 619 45 48 ou<br />
chantal@v<strong>id</strong>y.ch<br />
Points de vente<br />
Théâtre V<strong>id</strong>y-<strong>Lausanne</strong><br />
Av. E.-Jaques-Dalcroze 5<br />
1007 <strong>Lausanne</strong><br />
ouvert du mardi au samedi<br />
de 10h00 à 19h00<br />
Tél. 021 619 45 45<br />
Fax 021 619 45 99<br />
www.v<strong>id</strong>y.ch<br />
A noter que le dimanche, la caisse du théâtre est<br />
ouverte environ une heure avant le début de la première<br />
représentation.<br />
Sous réserve de modification durant les vacances<br />
scolaires.<br />
Librairie Payot<br />
Pl. Pépinet 4, 1003 <strong>Lausanne</strong><br />
Nouveauté, ouvert le lundi !<br />
Du lundi au vendredi<br />
de 13h00 à 18h30<br />
le samedi<br />
de 10h00 à 14h00 et de 14h30 à 18h00<br />
(pas de réservations téléphoniques).<br />
Théâtre Kléber-Méleau<br />
Ch. de l’Usine-à-Gaz 9<br />
1020 Renens<br />
Tél. 021 625 84 29<br />
Fax 021 625 84 34<br />
ouvert uniquement les jours<br />
de représentation<br />
dès 14h00 jusqu’à l’heure du spectacle.<br />
Les billets ne sont ni échangés, ni repris, ni remboursés.<br />
Tarifs<br />
Carte de réduction<br />
Plein tarif :<br />
Fr. 130.–<br />
AVS, AI, chômeurs :<br />
Fr. 80.–<br />
Prix des places<br />
Plein tarif :<br />
Fr. 42.–<br />
AVS, AI, chômeurs :<br />
Fr. 27.–<br />
Avec la carte de réduction :<br />
Fr. 16.–<br />
– 26 ans, étudiants, apprentis :<br />
Fr. 16.–<br />
Nouveauté !<br />
Carte jeune : au théâtre pour Fr. 10.–<br />
Carte de réduction 11-12 pour jeunes (moins de 26 ans)<br />
et étudiants à Fr. 20.– (valable de janvier à juin <strong>2012</strong>).<br />
Cette carte vous permet d’accéder à chaque spectacle<br />
pour Fr. 10.–.<br />
La carte de réduction est délivrée uniquement sur<br />
présentation d’une pièce justificative à la caisse.<br />
Renseignements et commandes :<br />
chantal@v<strong>id</strong>y.ch<br />
021 619 45 48<br />
Réservations et délais<br />
Réservations plus de 20 jours avant une représentation :<br />
f Par téléphone au 021 619 45 45.<br />
f Par correspondance à l’a<strong>id</strong>e de la carte de commande<br />
par correspondance (délai : environ 3 jours ouvrables,<br />
vérifier disponibilités sur internet ou par téléphone).<br />
Toutes les réservations sont gardées jusqu’à 20 jours<br />
avant la date du spectacle. Passé ce délai, les places<br />
sont remises en vente.<br />
Réservations moins de 20 jours avant une représentation :<br />
f Par téléphone au 021 619 45 45.<br />
Les habitants de <strong>Lausanne</strong> et environs sont priés de<br />
retirer leurs billets au plus tard 48 heures avant la représentation.<br />
Les spectateurs habitant hors de la région lausannoise<br />
peuvent retirer leurs billets à la caisse du théâtre le soir<br />
même.<br />
Tous les billets non retirés sont remis en vente 15 minutes<br />
avant le début du spectacle.<br />
Modes de paiement<br />
f Cash, par carte de crédit ou bulletin de versement.<br />
f Sur simple demande une facture vous sera adressée<br />
par courrier (Fr. 5.– de frais, 3 semaines de délai)<br />
Achat en ligne<br />
Vos billets vous sont envoyés en format pdf (vente<br />
directe uniquement)<br />
Le paiement s’effectue par carte de crédit (système<br />
sécurisé, jusqu’à 3 jours avant la date choisie).<br />
La commande n’est définitive qu’après confirmation de<br />
notre part par courrier électronique.<br />
Bar du Théâtre V<strong>id</strong>y-<strong>Lausanne</strong><br />
ouvert au public avant et après chaque représentation.<br />
Librairie Théâtre V<strong>id</strong>y-<strong>Lausanne</strong><br />
ouverte du mardi au samedi de 10h à 19h et pendant les<br />
spectacles.<br />
Bourse d’échange de billets en ligne<br />
Vous avez la possibilité d’échanger vos billets par le<br />
biais de notre site internet www.v<strong>id</strong>y.ch<br />
Panneau d’échange de billets<br />
Un panneau est à votre disposition dans le hall du théâtre<br />
pour échanger vos places avec d’autres spectateurs.<br />
Le service se gère exclusivement entre spectateurs.<br />
Retardataires<br />
Nous ne garantissons pas l’accès aux salles après le<br />
début des représentations.<br />
Mobilité réduite<br />
Si le Chapiteau V<strong>id</strong>y-L, La Passerelle et la Salle Charles<br />
Apothéloz sont facilement accessibles, nous vous rendons<br />
attentifs au fait que l’accès à la Salle de répétition<br />
est problématique pour les personnes à mobilité réduite.<br />
Afin d’accueillir les personnes concernées dans les<br />
meilleures conditions, nous les prions de s’annoncer<br />
à la billetterie au moment de l’achat de leur place ainsi<br />
qu’auprès du personnel de l’accueil le soir de la représentation.<br />
Listes d’attente<br />
Lorsqu’un spectacle est complet, il est possible de<br />
s’inscrire sur une liste d’attente le soir même à la caisse.<br />
Les inscriptions sur la liste commencent 1 heure avant<br />
le début de la représentation pour la salle Charles<br />
Apothéloz, et 30 minutes avant pour les autres salles.<br />
Le Théâtre V<strong>id</strong>y-<strong>Lausanne</strong> en tournée (janvier et février <strong>2012</strong>)<br />
Salle d’attente de Lars Norén<br />
Mise en scène : Krystian Lupa<br />
Du 7 janvier au 4 février – Théâtre de la Colline (Paris)<br />
Du 7 au 11 février – MC2 Grenoble (Grenoble)<br />
Le 16 février – L’Equinoxe (Châteauroux)<br />
Les 28 et 29 février – Théâtre de l’Archipel (Perpignan)<br />
Hand Stories de Yeung Faï<br />
Du 4 au 14 janvier – Théâtre national de Bordeaux<br />
(Bordeaux)<br />
Les 20 et 21 janvier – Théâtres en Dracénie (Draguignan)<br />
Les 24 et 25 janvier – Château Rouge (Annemasse)<br />
Le 31 janvier – Scène nationale du Pays de Montbéliard<br />
(Montbéliard)<br />
Du 8 au 11 février – Théâtre national de Nice (Nice)<br />
Du 23 au 25 février – Le Channel (Calais)<br />
Quartier lointain adapté du manga Jirô Taniguchi,<br />
© Shogakukan Inc., Editions Casterman<br />
Mise en scène : Dorian Rossel<br />
Les 5 et 6 janvier – Le Carreau (Forbach)<br />
Les 10 et 11 janvier – Forum Meyrin (Genève)<br />
Le 13 janvier – Château Rouge (Annemasse)<br />
Les 17 et 18 janvier – L’Espal (Le Mans)<br />
Le 24 janvier – Le Rive Gauche (Saint-Etienne-du-Rouvray)<br />
Le 26 janvier – Le Salmanazar (Epernay)<br />
Les 31 janvier et 1 er février – Le Toboggan (Décines)<br />
Le 4 février – Salle CO2 (Bulle)<br />
Le 7 février – Centre des arts vivants (La Chaux-de-Fonds)<br />
Le 23 février – Kurtheater (Baden)<br />
La compagnie des spectres d’après le roman<br />
de Lydie Salvayre<br />
de et avec Zabou Breitman<br />
Du 7 au 15 janvier – Théâtre de la Commune (Aubervilliers)<br />
Les 20 et 21 janvier – Maison des arts (Thonon)<br />
Le 24 janvier – Théâtre de Carcassonne (Carcassonne)<br />
Les 27 et 28 janvier – Théâtre Simone Signoret (Conflans-<br />
Sainte-Honorine)<br />
Le 31 janvier – Théâtre Casino (Le Locle)<br />
Le 4 février – Théâtre Liberté (Toulon)<br />
Le 7 février – Thé’V–Théâtre Edwige Feuillère (Vesoul)<br />
Le 24 février – Le Rive Gauche (Saint-Etienne-du-Rouvray)<br />
Tartuffe de Molière<br />
Mise en scène : Eric Lacascade<br />
Du 4 au 14 janvier – Théâtre national de Bretagne (Rennes)<br />
Les 17 et 18 janvier – Maison de la culture (Amiens)<br />
Le 21 janvier – Espace Philippe Auguste (Vernon)<br />
Du 25 au 27 janvier – La Coursive (La Rochelle)<br />
Le 31 janvier – Théâtre Jean Vilar (Saint-Quentin)<br />
Les 3 et 4 février – Le Théâtre musical de Besançon<br />
(Besançon)<br />
Du 7 au 10 février – Théâtre de Caen (Caen)<br />
Du 14 au 18 février – Théâtre, scène nationale (Saint-<br />
Quentin-en-Yvelines)<br />
Le 21 février – Théâtre des Salins (Martigues)<br />
Du 27 février au 2 <strong>mars</strong> – Le Grand T (Nantes)<br />
Lettre au père de Franz Kafka<br />
Mise en scène : Jean-Yves Ruf<br />
Du 24 janvier au 11 février – Bouffes du Nord (Paris)<br />
Le 28 février – Maison des arts (Thonon)<br />
Max Black de Heiner Goebbels<br />
Du 14 au 19 février – Bouffes du Nord (Paris)<br />
André un projet de Marie Rémond<br />
Du 17 au 20 janvier – Théâtre des Bains-Douches<br />
(Le Havre)<br />
L'avare de Molière<br />
Mise en scène : Dorian Rossel<br />
<strong>Janvier</strong>, février, <strong>mars</strong> – Tournée en Suisse dans les écoles<br />
Conseil de fondation<br />
Prés<strong>id</strong>ente du conseil :<br />
Vera Michalski<br />
Prés<strong>id</strong>ents d’honneur :<br />
Michel Pierre Glauser<br />
Raymond Junod<br />
Direction :<br />
René Gonzalez<br />
Directeur adjoint :<br />
René Zahnd<br />
Administrateur :<br />
Thierry Tordjman<br />
Administratrice<br />
de production :<br />
Julie Bordez<br />
Responsable de<br />
la comptabilité :<br />
Patrick Oulevay<br />
Secrétaire-comptable :<br />
Erika Malherbe<br />
Informatique :<br />
Eric Ecoffey<br />
Secrétaire-réceptionniste :<br />
Francine Perren<br />
Responsable presse<br />
et communication :<br />
Sarah Turin<br />
Assistantes presse<br />
et communication :<br />
Coralie Rochat<br />
Anne-Lise Tacheron<br />
Chargées des R.P. :<br />
Corinne Doret Baertschi<br />
Fanny Guichard<br />
Accueil des artistes:<br />
Isabelle Imsand<br />
Responsable tournées :<br />
Xavier Munger<br />
Administrateurs de tournée :<br />
Sylvain D<strong>id</strong>ry<br />
Lucie Montier<br />
Olga Timofeeva<br />
Directrice de la diffusion :<br />
Barbara Suthoff<br />
Assistante à la diffusion :<br />
Elizabeth Gay<br />
Archives :<br />
Leonor Garr<strong>id</strong>o<br />
Responsable des relations<br />
avec les adhérents :<br />
Chantal Pelet<br />
Responsable location<br />
et librairie :<br />
Virginie Favre Ademi<br />
Bar :<br />
Emmanuel Do Nascimento<br />
Jules Hox<br />
Nouri Montasri<br />
Entretien :<br />
Fatmir Ademi<br />
Membres du conseil :<br />
Anne Biéler<br />
Pascal Broulis<br />
Pierre-Henri Dumont<br />
Patrick Ferla<br />
Nathalie Fluri<br />
Anne-Claude Gilli-Studer<br />
Jean-Claude Grangier<br />
Grégoire Junod (vice-prés<strong>id</strong>ent)<br />
Frédéric Maire<br />
Jean-Yves P<strong>id</strong>oux<br />
Fabien Ruf<br />
Pierre Starobinski<br />
Oscar Tosato<br />
Brigitte War<strong>id</strong>el<br />
Elisabeth Wermelinger<br />
Photographie :<br />
Mario Del Curto<br />
Design :<br />
Les Ateliers du Nord<br />
Werner Jeker<br />
Benoît Deschamps<br />
Photolithographie :<br />
Bombie<br />
En formation :<br />
Laure Cohades<br />
Mathieu Devaud<br />
Lauranne Krümel<br />
Coraline Kury<br />
Gaëtan Wild<br />
Accueil :<br />
Marie Ammeter<br />
Baptiste Aubert<br />
Silvia Boquete Rivera<br />
Natacha Gonzalez (resp.)<br />
Cécile Greset<br />
Rebecca Joly<br />
Katy Kühni<br />
Jonas Lambelet<br />
Claudia Malherbe<br />
Renata Mamina<br />
Adrien Mani<br />
Sophie Mayerat<br />
Xavier Michellod<br />
Sara Oswald<br />
Raphaël Rapin<br />
Murielle Tenger<br />
Location :<br />
Magali Charlet<br />
Monique Corradini<br />
Lucas Emery<br />
Jonas Guyot<br />
Stéphanie Luginbuehl<br />
Marlyse Müller<br />
Jeanne Perrin<br />
Shpend Raka<br />
Thi Samet Tang<br />
Webdesigner :<br />
Jeanne-Lucie Schmutz<br />
Le suic<strong>id</strong>é de Nicolaï Erdman<br />
Mise en scène : Patrick Pineau<br />
Du 6 au 15 janvier – MC93 (Bobigny)<br />
Du 17 au 21 janvier – Scène nationale de Sénart (Combsla-Ville)<br />
Du 24 au 28 janvier – Théâtre Firmin-Gémier/La Piscine<br />
(Châtenay-Malabry)<br />
Le 31 janvier – Théâtre de l’Agora (Evry)<br />
Le 4 février – Théâtre Louis Aragon (Tremblay)<br />
Les 7 et 8 février – Le Volcan (Le Havre)<br />
Le 11 février – Théâtre Jean Arp (Clamart)<br />
Du 15 au 23 février – Théâtre du Nord (Lille)<br />
Du 29 février au 4 <strong>mars</strong> – Les Célestins (Lyon)<br />
Donka une création de Daniele Finzi Pasca<br />
Les 4 et 5 janvier – Théâtre de l’Agora (Evry)<br />
Le 7 janvier – Pôle culturel (Alfortville)<br />
Les 10 et 11 janvier – Théâtre Edwige Feuillère (Vesoul)<br />
Du 19 au 21 janvier – Espace Jacques Prévert<br />
(Aulnay-sous-Bois)<br />
Les 27 et 28 janvier – Cirque-Théâtre (Elbeuf)<br />
Les 10 et 11 février – Théâtre Victoria Eugenia (San Sebastian)<br />
Du 17 au 19 février – Théâtre Arriaga (Bilbao)<br />
Du 24 au 26 février – Théâtre Calderon (Valladol<strong>id</strong>)<br />
Du 1 er au 3 <strong>mars</strong> – Théâtre du Crochetan (Monthey)<br />
Micro de Pierre Rigal<br />
Les 10 et 11 janvier – Le Lieu Unique (Nantes)<br />
Du 7 au 9 février – MC2 (Grenoble)<br />
Bullet Park d’après l’œuvre de John Cheever<br />
Par le Collectif Les Possédés<br />
Du 8 au 10 février – Théâtre de Nîmes (Nîmes)<br />
Les 15 et 16 février – Théâtre Firmin-Gémier (Châtenay-<br />
Malabry)<br />
Du 1 er au 10 <strong>mars</strong> – Théâtre Garonne (Toulouse)<br />
Invisibles de et par Nasser Djemaï<br />
Les 5 et 6 janvier – Le Granit (Belfort)<br />
Le 14 janvier – Théâtre Liberté (Toulon)<br />
Les 17 et 18 janvier – Espace des arts (Chalon-sur-Saône)<br />
Du 1 er au 3 février – Domaine d’Ô (Montpellier)<br />
Du 7 au 18 février – Le TARMAC (Paris)<br />
Les 22 et 23 février – Maison de la culture (Bourges)<br />
La fausse suivante (ou le fourbe puni) de Marivaux<br />
Mise en scène : Nadia Vonderheyden<br />
Du 6 au 14 janvier – Espace Malraux (Chambéry)<br />
Du 15 au 17 février – Scène nationale de Sénart (Combs-la-Ville)<br />
Les 23 et 24 février – Espace des arts (Chalon-sur-Saône)<br />
Sans objet d’Aurélien Bory<br />
Du 10 au 14 janvier – Le Grand T (Nantes)<br />
Du 31 janvier au 3 février – Théâtre national de Bordeaux<br />
en Aquitaine (Bordeaux)<br />
Les 8 et 9 février – Scène nationale (Foix)<br />
Du 14 au 16 février – Théâtre de l’Espace, scène nationale<br />
(Besançon)<br />
Du 24 au 26 février – Hong Kong Arts Festival (Hong-Kong)<br />
Les 3 Parques m’attendent dans le parking<br />
de Jacques Rebotier<br />
Texte et mise en scène : Jacques Rebotier<br />
Du 19 janvier au 12 février – Théâtre des Amandiers (Nanterre)<br />
Home de Chantal Morel<br />
Les 28 et 29 février – Espace Malraux (Chambéry)<br />
Hans was Heiri de Zimmermann & de Perrot<br />
Du 28 février au 3 <strong>mars</strong> – Le Lieu Unique, scène nationale<br />
(Nantes)<br />
Equipe technique<br />
Saison 2011-<strong>2012</strong><br />
Direction technique :<br />
Michel Beuchat<br />
Directeur technique adjoint :<br />
Samuel Marchina<br />
Secrétaire direction<br />
technique :<br />
Laurence Diot<br />
Régisseur général<br />
de production :<br />
Nicolas Br<strong>id</strong>el<br />
Chef d’atelier<br />
construction décor :<br />
Thomas Beimowski<br />
Chef département<br />
électrique :<br />
Thierry Kaltenrieder<br />
Chef département son :<br />
Fred Morier<br />
Chef département<br />
audio-visuel et graphisme :<br />
Jérôme Vernez<br />
Cheffe département<br />
expositions et dessins :<br />
Simira Raebsamen<br />
Régisseurs généraux :<br />
Julio Cabrera<br />
Marcel Challet<br />
Félix Dorsaz<br />
Christophe Kehrli<br />
Stéphane Sagon<br />
Régisseurs généraux<br />
de scène :<br />
Frédéric Aguet<br />
Christian Mayor<br />
Pascal Rosset<br />
Accessoiristes :<br />
Mathieu Dorsaz<br />
Georgie Gaudier<br />
Stagiaire accessoiriste :<br />
Yûki Quentin Nicole<br />
Responsable costumes,<br />
maquillage et coiffure :<br />
Rosi Morilla<br />
Constructeurs :<br />
Hervé Arletti<br />
Stéphane Boulaz<br />
Thuy Lor Van<br />
Machinistes :<br />
Jean-Daniel Buri<br />
Bruno Dani<br />
Xavier De Marcellis<br />
Fabio Gaggetta<br />
Natacha Gerber<br />
Mathieu Pegoraro<br />
Nicolas Pilet<br />
Philippe Puglierini<br />
Régisseurs lumière :<br />
Mattias Bovard<br />
Claude Burgdorfer<br />
Roby Carruba<br />
Boussad Deghou<br />
Adrien Gardel<br />
Christophe Glanzmann<br />
Benoît Michellod<br />
Jean-Luc Mutrux<br />
Dav<strong>id</strong> Perez<br />
Nicolas W<strong>id</strong>mer<br />
Erik Zollikofer<br />
Electricien :<br />
Roger Monnard<br />
Régisseurs son :<br />
Patrick Ciocca<br />
Ludovic Guglielmazzi<br />
Denis Hartmann<br />
Aurélien Stuby<br />
Régisseur audio-visuel :<br />
Stéphane <strong>Janvier</strong><br />
Régisseurs son –<br />
monteur v<strong>id</strong>éaste :<br />
François Planson<br />
Michaël Romaniszin<br />
Couturière et habilleuse<br />
d’entretien :<br />
Machteld Vis<br />
Collaborateurs occasionnels<br />
pour la saison 2011-<strong>2012</strong><br />
Régisseur général :<br />
Joël L’Hopitalier<br />
Machinistes :<br />
Santiago Martinez<br />
Enrique Méndez-Ramallo<br />
René Périsset<br />
Régisseurs lumière :<br />
Jean-Jacques Beaudoin<br />
Claire Gondrexon<br />
Electro :<br />
Olivier Francfort<br />
Régisseurs son :<br />
Benjamin Bard<br />
Jocelyn Raphanel<br />
Peintre :<br />
Sibylle Portenier<br />
Couturière :<br />
Christine Emery<br />
Habilleuses :<br />
Célia Franceschi<br />
Emilie Vial
Calendrier V<strong>id</strong>y-L<br />
janvier<br />
février<br />
<strong>mars</strong> <strong>2012</strong><br />
Avant-programme<br />
De <strong>mars</strong> à juillet <strong>2012</strong>,<br />
Encore 12 spectacles !<br />
Résumons-nous : la semaine<br />
a été désastreuse !<br />
d’Alexandre Vialatte<br />
Du 14 <strong>mars</strong> au 1 er avril <strong>2012</strong><br />
Salle de répétition<br />
Mise en scène :<br />
Charles Tordjman<br />
Age conseillé : dès 12 ans<br />
Genre : théâtre-comédie<br />
Le syndrome d’Orphée<br />
d’après Vladimir Maïakovski<br />
et Jean Cocteau<br />
Du 19 au 30 <strong>mars</strong> <strong>2012</strong><br />
Salle Charles Apothéloz<br />
Mise en scène :<br />
Vladimir Pankov<br />
Age conseillé : dès 14 ans<br />
Genre : théâtre, musique et danse<br />
<strong>Janvier</strong><br />
Février<br />
Mars<br />
Avril<br />
Salle Charles Apothéloz La Passerelle Salle de répétition Chapiteau V<strong>id</strong>y-L<br />
Hans was Heiri<br />
Histoire du soldat<br />
Le syndrome d’Orphée<br />
Mardi 17.01. 19h00<br />
Mercredi 18.01. 19h00<br />
Jeudi 19.01. relâche<br />
Vendredi 20.01. 20h30<br />
Samedi 21.01. 19h00<br />
Dimanche 22.01. 17h30<br />
Lundi 23.01. relâche<br />
Mardi 24.01. relâche<br />
Mercredi 25.01. 19h00<br />
Jeudi 26.01. 19h00<br />
Vendredi 27.01. 20h30<br />
Samedi 28.01. 19h00<br />
Dimanche 29.01. 17h30<br />
Lundi 30.01. relâche<br />
Mardi 31.01. relâche<br />
Mercredi 01.02. 19h00<br />
Jeudi 02.02. 19h00<br />
Vendredi 03.02. 20h30<br />
Samedi 04.02. 19h00<br />
Dimanche 05.02. 17h30<br />
Mardi 14.02. 19h00<br />
Mercredi 15.02. 19h00<br />
Jeudi 16.02. 19h00<br />
Vendredi 17.02. 20h30<br />
Samedi 18.02. 15h et 19h<br />
Dimanche 19.02. 17h30<br />
Lundi 20.02. relâche<br />
Mardi 21.02. 19h00<br />
Mercredi 22.02. 19h00<br />
Jeudi 23.02. 19h00<br />
Lundi 19.03. 19h00<br />
Mardi 20.03. 19h00<br />
Mercredi 21.03. 19h00<br />
Jeudi 22.03. 19h00<br />
Vendredi 23.03. 20h30<br />
Samedi 24.03. 19h00<br />
Dimanche 25.03. relâche<br />
Lundi 26.03. relâche<br />
Mardi 27.03. 19h00<br />
Mercredi 28.03. 19h00<br />
Jeudi 29.03. 19h00<br />
Vendredi 30.03. 20h30<br />
Lettre au père<br />
Radio clandestine Les 3 Parques… Lettre au père Belkheïr ou une carte…<br />
Mardi 10.01. 20h00<br />
Mercredi 11.01. 20h00<br />
Jeudi 12.01. 20h00<br />
Vendredi 13.01. 20h00<br />
Samedi 14.01. 20h00<br />
Dimanche 15.01. relâche<br />
Lundi 16.01. relâche<br />
Mardi 17.01. 20h00<br />
Mercredi 18.01. 20h00<br />
Jeudi 19.01. 20h00<br />
Mercredi 25.01. 20h00<br />
Jeudi 26.01. 20h00<br />
Vendredi 27.01. 20h00<br />
Samedi 28.01. 20h00<br />
Dimanche 29.01. relâche<br />
Lundi 30.01. relâche<br />
Mardi 31.01. 20h00<br />
Mercredi 01.02. 20h00<br />
Jeudi 02.02. 20h00<br />
Vendredi 03.02. 20h00<br />
Samedi 04.02. 20h00<br />
Dimanche 05.02. 18h00<br />
Lundi 06.02. relâche<br />
Mardi 07.02. 20h00<br />
Mercredi 08.02. 20h00<br />
Jeudi 09.02. 20h00<br />
Vendredi 10.02. 20h00<br />
Samedi 11.02. 20h00<br />
Mardi 14.02. 20h00<br />
Mercredi 15.02. 20h00<br />
Jeudi 16.02. 20h00<br />
Vendredi 17.02. 20h00<br />
Samedi 18.02. 20h00<br />
Dimanche 19.02. 18h00 *<br />
Lundi 20.02. relâche<br />
Mardi 21.02. 20h00<br />
Mercredi 22.02. 20h00<br />
Jeudi 23.02. 20h00<br />
Vendredi 24.02. 20h00<br />
Samedi 25.02. 20h00<br />
* complet<br />
Mardi 06.03. 20h00<br />
Mercredi 07.03. 20h00<br />
Jeudi 08.03. 20h00<br />
Vendredi 09.03. 20h00<br />
Samedi 10.03. 20h00<br />
Dimanche 11.03. 18h00<br />
Lundi 12.03. relâche<br />
Mardi 13.03. 20h00<br />
Mercredi 14.03. 20h00<br />
Jeudi 15.03. 20h00<br />
Vendredi 16.03. 20h00<br />
Samedi 17.03. 20h00<br />
Dimanche 18.03. 18h00<br />
Mardi 20.03. 20h00<br />
Mercredi 21.03. 20h00<br />
Jeudi 22.03. 20h00<br />
Vendredi 23.03. 20h00<br />
Samedi 24.03. 20h00<br />
Dimanche 25.03. 18h00<br />
Lundi 26.03. relâche<br />
Mardi 27.03. relâche<br />
Mercredi 28.03. 20h00<br />
Jeudi 29.03. 20h00<br />
Vendredi 30.03. 20h00<br />
Samedi 31.03. 20h00<br />
Dimanche 01.04. 18h00<br />
Lundi 02.04. relâche<br />
Mardi 03.04. 20h00<br />
Mercredi 04.04. 20h00<br />
Jeudi 05.04. 20h00<br />
La fausse suivante<br />
Vivre dans le feu<br />
Résumons-nous : la semaine…<br />
Mercredi 18.01. 19h30<br />
Jeudi 19.01. 19h30<br />
Vendredi 20.01. 19h30<br />
Samedi 21.01. 19h30<br />
Dimanche 22.01. 18h30<br />
Lundi 23.01. relâche<br />
Mardi 24.01. 19h30<br />
Mercredi 25.01. 19h30<br />
Jeudi 26.01. 19h30<br />
Vendredi 27.01. 19h30<br />
Samedi 28.01. 19h30<br />
Dimanche 29.01. 18h30<br />
Lundi 30.01. relâche<br />
Mardi 31.01. 19h30<br />
Mercredi 01.02. 19h30<br />
Jeudi 02.02. 19h30<br />
Vendredi 03.02. 19h30<br />
Samedi 04.02. 19h30<br />
Dimanche 05.02. 18h30<br />
Jeudi 09.02. 19h30<br />
Vendredi 10.02. 19h30<br />
Samedi 11.02. 19h30<br />
Dimanche 12.02. 18h30<br />
Lundi 13.02. relâche<br />
Mardi 14.02. 19h30<br />
Mercredi 15.02. 19h30<br />
Jeudi 16.02. 19h30<br />
Vendredi 17.02. 19h30<br />
Samedi 18.02. 19h30<br />
Dimanche 19.02. 18h30<br />
Mercredi 14.03. 19h30<br />
Jeudi 15.03. 19h30<br />
Vendredi 16.03. 19h30<br />
Samedi 17.03. 19h30<br />
Dimanche 18.03. relâche<br />
Lundi 19.03. relâche<br />
Mardi 20.03. 19h30<br />
Mercredi 21.03. 19h30<br />
Jeudi 22.03. 19h30<br />
Vendredi 23.03. 19h30<br />
Samedi 24.03. 19h30<br />
Dimanche 25.03. 18h30<br />
Lundi 26.03. relâche<br />
Mardi 27.03. 19h30<br />
Mercredi 28.03. 19h30<br />
Jeudi 29.03. 19h30<br />
Vendredi 30.03. 19h30<br />
Samedi 31.03. 19h30<br />
Dimanche 01.04. 18h30<br />
Du Coq à Lasne<br />
Hilum<br />
Re<br />
KKQQ<br />
Mercredi 11.01. 20h30<br />
Jeudi 12.01. 20h30<br />
Vendredi 13.01. 19h00<br />
Samedi 14.01. 20h30<br />
Dimanche 15.01. relâche<br />
Lundi 16.01. relâche<br />
Mardi 17.01. 20h30<br />
Mercredi 18.01. 20h30<br />
Jeudi 19.01. 20h30<br />
Vendredi 20.01. 19h00<br />
Samedi 21.01. 20h30<br />
Dimanche 22.01. 17h00<br />
Lundi 23.01. relâche<br />
Mardi 24.01. 20h30<br />
Mercredi 25.01. 20h30<br />
Jeudi 26.01. 20h30<br />
Vendredi 27.01. 19h00<br />
Samedi 28.01. 20h30<br />
Dimanche 29.01. 17h00<br />
Lundi 30.01. relâche<br />
Mardi 31.01. 20h30<br />
Mercredi 01.02. 20h30<br />
Jeudi 02.02. 20h30<br />
Vendredi 03.02. 19h00<br />
Samedi 04.02. 20h30<br />
Dimanche 05.02. 17h00<br />
Mercredi 08.02. 20h30<br />
Jeudi 09.02. 20h30<br />
Vendredi 10.02. 19h00<br />
Samedi 11.02. 20h30<br />
Dimanche 12.02. 17h00<br />
Lundi 13.02. relâche<br />
Mardi 14.02. 20h30<br />
Mercredi 15.02. 20h30<br />
Jeudi 16.02. 20h30<br />
Vendredi 17.02. 19h00<br />
Samedi 18.02. 20h30<br />
Dimanche 19.02. 17h00<br />
Lundi 20.02. relâche<br />
Mardi 21.02. 20h30<br />
Mercredi 22.02. 20h30<br />
Jeudi 23.02. 20h30<br />
Vendredi 24.02. 19h00<br />
Samedi 25.02. 20h30<br />
Dimanche 26.02. 17h00<br />
Mercredi 07.03. 20h30<br />
Jeudi 08.03. 20h30<br />
Vendredi 09.03. 19h00<br />
Samedi 10.03. 20h30<br />
Dimanche 11.03. 17h00<br />
Lundi 12.03. relâche<br />
Mardi 13.03. 20h30<br />
Mercredi 14.03. 20h30<br />
Jeudi 15.03. 20h30<br />
Vendredi 16.03. 19h00<br />
Samedi 17.03. 20h30<br />
Dimanche 18.03. 17h00<br />
Lundi 19.03. relâche<br />
Mardi 20.03. 20h30<br />
Mercredi 21.03. 20h30<br />
Jeudi 22.03. 20h30<br />
Vendredi 23.03. 19h00<br />
Mardi 27.03. 20h30<br />
Mercredi 28.03. 20h30<br />
Jeudi 29.03. 20h30<br />
Vendredi 30.03. 19h00<br />
Samedi 31.03. 20h30<br />
Dimanche 01.04. 17h00<br />
Lundi 02.04. relâche<br />
Mardi 03.04. 20h30<br />
Mercredi 04.04. 20h30<br />
Jeudi 05.04. 20h30<br />
Radio clandestine<br />
d’Ascanio Celestini<br />
Du 20 <strong>mars</strong> au 5 avril <strong>2012</strong><br />
La Passerelle<br />
Mise en scène :<br />
Dag Jeanneret<br />
Age conseillé: dès 16 ans<br />
Genre : théâtre récit<br />
Séance<br />
de Michel Viala<br />
Du 23 avril au 13 mai <strong>2012</strong><br />
La Passerelle<br />
Mise en scène :<br />
Attilio Sandro Palese<br />
Age conseillé : tout public<br />
Genre : humour sarcastique et tendre<br />
Les enfants de Jéhovah<br />
de Fabrice Murgia<br />
Du 24 avril au 16 mai <strong>2012</strong><br />
Salle de répétition<br />
Mise en scène :<br />
Fabrice Murgia<br />
Age conseillé : dès 15 ans<br />
Genre : drame contemporain<br />
Invisibles<br />
de Nasser Djemaï<br />
Du 25 avril au 6 mai <strong>2012</strong><br />
Chapiteau V<strong>id</strong>y-L<br />
Textes et mise en scène :<br />
Nasser Djemaï<br />
Age conseillé : dès 14 ans<br />
Genre : théâtre<br />
Ô mon pays ! (C.D.I. Sandrine/<br />
C.D.D. Chacal)<br />
diptyque de la Compagnie Pôle Nord<br />
Du 1 er au 6 mai <strong>2012</strong><br />
Salle Charles Apothéloz<br />
Age conseillé : dès 13-14 ans<br />
Genre : théâtre<br />
Anniversaire de terre (lettres secrètes)<br />
de Paola Berselli et Stefano Pasquini<br />
Du 8 au 13 mai, du 22 au 25 mai<br />
et du 29 mai au 3 juin <strong>2012</strong><br />
Chapiteau V<strong>id</strong>y-L<br />
Age conseillé : spectacle pour adultes<br />
Genre : théâtre autobiographique<br />
Viï – le roi terre<br />
d’après la nouvelle de Nicolas Gogol<br />
Du 29 mai au 10 juin <strong>2012</strong><br />
Salle Charles Apothéloz<br />
Mise en scène :<br />
Vladislav Troïtskyi<br />
Age conseillé : dès 12 ans<br />
Genre : thriller mystique<br />
Sainte dans l’incendie<br />
de Laurent Fréchuret<br />
Du 29 mai au 10 juin <strong>2012</strong><br />
La Passerelle<br />
Mise en scène :<br />
Laurent Fréchuret<br />
Age conseillé : dès 13 ans<br />
Genre : poème dramatique<br />
Tous ceux qui tombent<br />
de Samuel Beckett<br />
Du 5 au 17 juin <strong>2012</strong><br />
Salle de répétition<br />
sous la direction de Jacques Nichet<br />
Age conseillé : dès 15 ans<br />
Genre : pièce radiophonique en trois dimensions<br />
Pour le meilleur et pour le pire<br />
par le Cirque Aïtal<br />
Du 20 juin au 6 juillet <strong>2012</strong><br />
Chapiteau extérieur<br />
Conception et interprétation :<br />
Kati Pikkarainen et Victor Cathala<br />
Age conseillé : dès 6 ans<br />
Genre : cirque<br />
Ce programme est présenté sous réserve<br />
de modification.
Sac « Toolbox »<br />
en veau Swift.<br />
Hermès à Bâle, Berne,<br />
Crans-sur-Sierre, Genève,<br />
Gstaad, <strong>Lausanne</strong>, Lucerne,<br />
Lugano, St.Moritz, Zurich.<br />
Hermes.com