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lettre internationale d'informations sur l'art rupestre - Bradshaw ...

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INTERNATIONAL NEWSLETTER ON ROCK ART<br />

INORA<br />

N° 51 - 2008<br />

Gravure,<br />

Helan Shan,<br />

Ningxia, Chine<br />

Comité International d’Art Rupestre (CAR - ICOMOS)<br />

Union Internationale des Sciences Préhistoriques - Protohistoriques<br />

(UISPP Commission 9 : Art Préhistorique)<br />

International Federation of Rock Art Organisations (IFRAO)<br />

Association pour le Rayonnement de l’Art Pariétal Européen (ARAPE)<br />

Petroglyph,<br />

Helan Shan,<br />

Ningxia, China<br />

N° ISSN : 1022 -3282<br />

11, rue du Fourcat, 09000 FOIX (France)<br />

France : Tél. 05 61 65 01 82 - Fax. 05 61 65 35 73<br />

Etranger : Tél. + 33 5 61 65 01 82 - Fax. + 33 5 61 65 35 73<br />

Responsable de la publication - Editor : Dr. Jean CLOTTES<br />

email : j.clottes@wanadoo.fr<br />

LETTRE INTERNATIONALE D’INFORMATIONS SUR L’ART RUPESTRE<br />

SOMMAIRE<br />

Découvertes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />

Conservation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />

Divers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />

Livres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />

1<br />

16<br />

20<br />

31<br />

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Discoveries<br />

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Conservation<br />

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Divers<br />

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Books<br />

DÉCOUVERTE<br />

DISCOVERIES<br />

CÔA EN AFRIQUE : ART RUPESTRE DU<br />

PLÉISTOCÈNE RÉCENT LE LONG DU NIL ÉGYPTIEN<br />

La récente découverte (2004-2007) en Haute-Égypte<br />

d’un vaste complexe d’art <strong>rupestre</strong> en plein air du<br />

Paléolithique supérieur, annoncée dans le Project<br />

Gallery de la revue Antiquity (Huyge et al., 2007), a été<br />

portée à la connaissance de la communauté <strong>internationale</strong><br />

de l’art <strong>rupestre</strong>. Elle a suscité un intérêt mondial.<br />

Les circonstances particulières de cette découverte, qui<br />

s’avère être en partie une redécouverte, ont été<br />

détaillées dans la publication susmentionnée et ne<br />

seront pas répétées ici.<br />

Les pétroglyphes de style naturaliste du Paléolithique<br />

supérieur en Égypte sont seulement connus d’après deux<br />

sites : localité 11 d’Abu Tanqura Bahari à el-Hosh (désormais<br />

ATB11) et Qurta (fig. 1). À Qurta, trois sites présentant<br />

ce type d’art pariétal ont été repérés : Qurta I, II<br />

et III (désormais QI, QII et QIII) (fig. 2-3). Au total, un<br />

peu moins de 200 dessins ont été identifiés : environ 35<br />

à ATB11 et environ 160 à Qurta. Au fur et à me<strong>sur</strong>e de<br />

l’enregistrement des sites, ce nombre augmentera certainement.<br />

À ATB11 comme à Qurta, les représentations de<br />

bovinés sont prédominantes (fig. 4-6). Ces animaux sont<br />

sans aucun doute des aurochs ou Bos primigenius, avec<br />

pas moins de 70 % des gravures. La faune représentée<br />

comprend également des oiseaux (au moins 7 exemplaires)<br />

(fig. 7), des hippopotames (au moins 3), des gazelles<br />

(au moins 3) (fig. 7), des poissons (2) et un âne. En<br />

outre, les gravures comptent aussi (au moins) 9 représentations<br />

stylisées de figures humaines (la plupart avec<br />

des fesses accusées, mais sans autre caractéristique<br />

physique) (fig. 8).<br />

CÔA IN AFRICA: LATE PLEISTOCENE ROCK ART<br />

ALONG THE EGYPTIAN NILE<br />

The recent discovery (2004-2007) of a vast open air<br />

complex of Late Palaeolithic rock art in Upper Egypt,<br />

announced in the Project Gallery of the British journal<br />

Antiquity (Huyge et al. 2007), has aroused worldwide<br />

interest making it already well-known among the international<br />

rock art community. The particular circumstances of<br />

this find, which is, at least in part, a rediscovery, have<br />

been detailed in the above-mentioned Internet publication<br />

and will not be repeated here.<br />

Late Palaeolithic naturalistic-style petroglyphs in<br />

Egypt are thus far known from two locations: locality 11<br />

at Abu Tanqura Bahari at el-Hosh (henceforth ATB11) and<br />

Qurta (Fig. 1). At Qurta three sites have been localised<br />

bearing this type of rock art: Qurta I, II and III (henceforth<br />

QI, QII and QIII) (Fig. 2-3). In all, slightly less than<br />

200 drawings have been identified: about 35 at ATB11<br />

and about 160 at Qurta. As the recording of the sites progresses,<br />

this number will definitely increase. Both at<br />

ATB11 and at Qurta, bovids are the major rock art theme<br />

(Fig. 4-6). These animals are undoubtedly aurochs or<br />

Bos primigenius. No less than 70 percent of the rock<br />

drawings represent this species. Other types of fauna<br />

include birds (at least 7 examples) (Fig. 7), hippopotami<br />

(at least 3 examples), gazelle (at least 3 examples)<br />

(Fig. 7), fish (2 examples) and donkey (1 example). In<br />

addition, there are also (at least) 9 stylised representations<br />

of human figures (mostly shown with pronounced<br />

buttocks, but no other bodily features) (Fig. 8).<br />

Publié avec le concours de : Published with the help of :<br />

Ministère de la Culture (Direction de l’Architecture et du Patrimoine, Direction Régionale des Affaires Culturelles)<br />

Conseil Général de l’Ariège


L’art d’ATB11 et de Qurta, distinct de tous les autres<br />

connus ailleurs en Égypte, est substantiellement différent<br />

de l’art <strong>rupestre</strong> prédynastique « classique » du IV e millénaire<br />

av. J.-C., omniprésent<br />

en Égypte et connu par des<br />

centaines de sites le long de<br />

la vallée du Nil et dans les<br />

déserts qui la bordent, à l’est<br />

et à l’ouest.<br />

D’une manière générale,<br />

cet art <strong>rupestre</strong> présente les<br />

principales caractéristiques<br />

suivantes :<br />

– en ce qui concerne l’organisation<br />

spatiale de l’art, il<br />

n’existe pas de scènes évidentes<br />

(compositions à<br />

contenu narratif). Les compositions<br />

sont limitées à la<br />

juxtaposition de quelques<br />

images (comme deux bovidés<br />

affrontés et une frise<br />

d’oiseaux composée de trois<br />

dessins à QII). Les figures<br />

semblent plutôt conçues<br />

comme des images individuelles.<br />

Contrairement à l’art<br />

<strong>rupestre</strong> de l’époque prédynastique,<br />

il n’y a pas de<br />

lignes de sol imaginaires.<br />

Les dessins peuvent être<br />

orientés dans toutes les<br />

directions possibles (assez<br />

souvent, la tête est dirigée<br />

vers le haut ou vers le bas)<br />

(fig. 9) ;<br />

– les animaux sont fréquemment<br />

présentés dans<br />

des poses dynamiques, le<br />

dos courbé et les pattes<br />

pliées, comme en mouvement. Sur ce point aussi, ils diffèrent<br />

des images prédynastiques, le plus souvent très<br />

statiques ;<br />

– d’un point de vue technique, piquetage et incision<br />

ont été pratiqués pour créer les motifs. Dans un nombre<br />

Fig. 1. Carte de la vallée du Nil égyptien<br />

montrant la localisation d’el-Hosh ATB11 et de Qurta.<br />

Fig. 1. Map of the Egyptian Nile Valley,<br />

showing the location of el-Hosh ATB11 and Qurta.<br />

The ATB11 and Qurta rock art is quite unlike any rock<br />

art known elsewhere in Egypt. It is clearly substantially different<br />

from the ubiquitous ‘classical’ Predynastic rock art<br />

of the 4 th millennium BC,<br />

known from hundreds of<br />

sites throughout the Nile<br />

Valley and the adjacent<br />

Eastern and Western<br />

deserts.<br />

In a general way, this rock<br />

art bears the following main<br />

characteristics:<br />

– as far as the spatial<br />

organisation of the art is concerned,<br />

there are no evident<br />

scenes (compositions displaying<br />

a narrative content).<br />

Compositions are limited to<br />

the juxtaposition of a few<br />

images (like two opposed<br />

bovids and a bird frieze composed<br />

of three drawings at<br />

QII). Figures seem rather to<br />

be conceived as individual<br />

images. In contrast to the<br />

rock art of the Predynastic<br />

period, there are no imaginary<br />

ground lines present.<br />

Images can be drawn in all<br />

possible directions (and<br />

quite often the head is represented<br />

upward or downward)<br />

(Fig. 9);<br />

– quite often the animals<br />

are shown in dynamic poses,<br />

their backs curved and their<br />

legs bent as if in motion. In<br />

this respect they are also different from Predynastic<br />

images, which are mostly extremely static;<br />

– from a technical point of view, both hammering and<br />

incision have been practised to create the images. In a<br />

Fig. 2. Photo satellite avec localisation de Qurta I, II<br />

et III. Le village moderne de Qurta est au premier<br />

plan (modifiée d’après Google Earth 2005).<br />

Fig. 2. Satellite image with localisation of Qurta I, II<br />

and III. The modern village of Qurta is in the foreground<br />

(modified after Google Earth 2005).<br />

2<br />

INORA, 2008, N° 51


Fig. 3. Vue générale de Qurta I. L’échafaudage<br />

indique la localisation de la localité 1, panneau 1<br />

(QI.1.1).<br />

Fig. 3. General view of Qurta I. Scaffolding indicates<br />

location of locality 1, panel 1 (QI.1.1).<br />

considérable de cas, les deux techniques ont été combinées<br />

pour créer ou compléter le dessin. Certaines figures<br />

sont presque en bas-relief ;<br />

– les dimensions des dessins sont exceptionnelles.<br />

Assez souvent, les bovinés dépassent 0,80 m. Le plus<br />

grand spécimen me<strong>sur</strong>e même plus de 1,80 m. L’art<br />

<strong>rupestre</strong> de Qurta se démarque à nouveau <strong>sur</strong> ce point de<br />

l’art <strong>rupestre</strong> de l’époque prédynastique où les figures animales<br />

ne dépassent qu’exceptionnellement 0,40-0,50 m;<br />

– souvent, les spécificités naturelles, comme le relief<br />

de la roche et/ou les fis<strong>sur</strong>es dans la <strong>sur</strong>face, ont été intégrées<br />

dans les images. Un exemple typique en est le<br />

grand boviné à QII, où une fis<strong>sur</strong>e verticale naturelle dans<br />

la roche (seulement légèrement modifiée) a été utilisée<br />

pour suggérer le dos de l’animal ;<br />

considerable number of cases, both techniques have<br />

been combined to create or complete a drawing. Some of<br />

the figures are almost executed in bas-relief;<br />

– the dimensions of the drawings are exceptional.<br />

Quite often the bovids are larger than 0.80m. The largest<br />

example even mea<strong>sur</strong>es over 1.80m. In this respect the<br />

Qurta rock art is again quite unlike the rock art of the<br />

Predynastic period, in which animal figures are only<br />

exceptionally over 0.40-0.50m;<br />

– often natural features, such as the relief of the rock<br />

<strong>sur</strong>face and/or fis<strong>sur</strong>es in the <strong>sur</strong>face, have been integrated<br />

into images. One typical example of this is a large<br />

bovid at QII, where a (only slightly modified) natural vertical<br />

crack in the rock <strong>sur</strong>face has been used to render/suggest<br />

the back part of the animal;<br />

Fig. 4. Qurta I, localité 1, panneau 1 (QI.1.1). Longueur totale du<br />

panneau : environ 4 m. Relevé par E. Figari, A. Lebrun-Nélis et<br />

I. Therasse ; traitement digital par W. Claes.<br />

Fig. 4. Qurta I, locality 1, panel 1 (QI.1.1). Total length of panel is<br />

about 4.00m. Tracing by E. Figari, A. Lebrun-Nélis and I. Therasse;<br />

digital processing by W. Claes.<br />

INORA, 2008, N° 51<br />

3


Fig. 5. Détail de QI.1.1 montrant des bovidés et une figure humaine<br />

stylisée avec les bras étendus (centre en bas).<br />

Fig. 5. Detail of QI.1.1 showing bovids and stylised human figure with<br />

outstretched arms (below centre).<br />

– des images naturalistes d’animaux sont associées à<br />

des figures humaines hautement stylisées ;<br />

– assez souvent, les dessins ont été délibérément<br />

laissés incomplets. Des gravures élaborées de bovinés,<br />

par exemple, n’ont pas de pattes avants, ou il leur<br />

manque d’autres éléments. Dans certains cas, des animaux<br />

(bovinés et hippopotames) montrent de nombreuses<br />

rayures affectant la tête et le cou qui doivent avoir eu,<br />

à l’évidence, une signification<br />

symbolique (fig. 10).<br />

Dans notre publication<br />

dans Antiquity, nous avons<br />

avancé un âge d’environ<br />

16.000 à 15.000 BP pour cet<br />

art pariétal. Cette estimation<br />

est fondée <strong>sur</strong> l’association<br />

plausible des pétroglyphes<br />

avec des sites d’occupation<br />

du Paléolithique supérieur<br />

trouvés au pied même de la<br />

falaise décorée de Qurta<br />

(une situation similaire semble<br />

exister à ATB11). Ces<br />

sites, fouillés par une mission<br />

archéologique canadienne<br />

en 1962-1963, sont<br />

actuellement attribués à la<br />

culture du Ballanien-Silsilien<br />

(Wendorf & Schild, 1989). La<br />

faune du Ballanien-Silsilien<br />

et d’autres sites du<br />

Fig. 6. Qurta II, localité 4, panneau 2 (QII.4.2). Longueur totale<br />

du panneau : environ 1,75 m. Relevé par E. Figari,<br />

A. Lebrun-Nélis et I. Therasse ; traitement digital par W. Claes.<br />

Fig. 6. Qurta II, locality 4, panel 2 (QII.4.2). Total length<br />

of panel is about 1.75m. Tracing by E. Figari,<br />

A. Lebrun-Nélis and I. Therasse; digital processing by W. Claes.<br />

– naturalistic images of animals are combined in this<br />

rock art with highly schematised human figures;<br />

– quite often the drawings are clearly deliberately left<br />

incomplete. Elaborately engraved bovids, for instance,<br />

lack front legs or are otherwise incomplete. In a number of<br />

cases animals (both bovids and hippopotami) show<br />

numerous scratches over the head and neck, which, evidently,<br />

must have some kind of symbolical meaning<br />

(Fig. 10).<br />

In our Antiquity previous<br />

publication, we have<br />

advanced an age of about<br />

16,000 to 15,000 BP for this<br />

rock art. This age estimate is<br />

based on the plausible association<br />

of the petroglyphs<br />

with Late Palaeolithic settlement<br />

sites found at the very<br />

base of the rock art-bearing<br />

cliffs at Qurta (and a similar<br />

situation seems to exist at<br />

ATB11). These sites, excavated<br />

by a Canadian<br />

archaeological mission in<br />

1962-1963, are currently<br />

attributed to the Ballanan-<br />

Silsilian culture (Wendorf &<br />

Schild 1989). The fauna of<br />

these Ballanan-Silsilian and<br />

other Late Palaeolithic sites<br />

4<br />

INORA, 2008, N° 51


Paléolithique supérieur dans la plaine de Kom Ombo<br />

(Churcher, 1972) suggère une culture de chasseurs et<br />

pêcheurs avec une économie de subsistance mixte orientée<br />

vers les ressources à la fois du fleuve et du désert.<br />

Elle est essentiellement caractérisée par les éléments suivants<br />

: aurochs (Bos primigenius), antilope bubale<br />

(Alcelaphus buselaphus), certaines espèces de gazelles<br />

(<strong>sur</strong>tout Gazella dorcas), hippopotame (Hippopotamus<br />

amphibius), oiseaux échassiers et aquatiques (incluant de<br />

nombreuses espèces d’oies et de canards) et certaines<br />

variétés de poissons (<strong>sur</strong>tout Clarias ou poisson-chat). À<br />

l’exception de l’antilope bubale, cet inventaire correspond<br />

parfaitement au répertoire animalier des sites d’art <strong>rupestre</strong><br />

de Qurta. Les grandes espèces de faune « éthiopienne<br />

», tels l’éléphant, la girafe et le rhinocéros, sont ostensiblement<br />

absents, tant dans la faune du Paléolithique<br />

supérieur que dans l’art pariétal.<br />

in the Kom Ombo Plain (Churcher 1972) suggests a culture<br />

of hunters and fishermen with a mixed subsistence<br />

economy oriented to both stream and desert for food<br />

resources. It is essentially characterized by the following<br />

elements: aurochs (Bos primigenius), hartebeest<br />

(Alcelaphus buselaphus), some species of gazelle (especially<br />

Gazella dorcas), hippopotamus (Hippopotamus<br />

amphibius), wading and diving birds (including numerous<br />

goose and duck species) and some fish species (especially<br />

Clarias or catfish). With the exception of hartebeest, this<br />

faunal inventory perfectly matches the animal repertory of<br />

the Qurta rock art sites. Both in the Late Palaeolithic faunal<br />

assemblages and in the rock art large “Ethiopian” faunal<br />

elements, such as elephant, giraffe, and rhinoceros,<br />

are conspicuously absent.<br />

Fig. 7. Qurta I, localité 4, panneau 1 (QI.4.1).<br />

Longueur totale du panneau : environ 3,20 m.<br />

Relevé par E. Figari, A. Lebrun-Nélis et I.<br />

Therasse ; traitement digital par W. Claes.<br />

Fig. 7. Qurta I, locality 4, panel 1 (QI.4.1). Total<br />

length of panel is about 3.20m. Tracing by E. Figari,<br />

A. Lebrun-Nélis and I. Therasse; digital processing<br />

by W. Claes.<br />

Au regard du style et d’un certain nombre de particularités<br />

iconographiques, on pourrait cependant affirmer que<br />

cet art <strong>rupestre</strong> du Paléolithique supérieur montre des affinités<br />

étonnantes avec l’art magdalénien récent en<br />

Europe. Ce constat est particulièrement évident en ce qui<br />

concerne les figures humaines. La plupart d’entre elles<br />

sont très similaires aux figures anthropomorphes du type<br />

Lalinde-Gönnersdorf (discussion générale et carte de<br />

répartition dans Lorblanchet & Welté, 1987). D’autre part,<br />

certains des bovinés les plus élaborés de Qurta rappellent<br />

les représentations d’aurochs du Magdalénien récent,<br />

comme ceux de la grotte de la Mairie à Teyjat (Dordogne)<br />

(Barrière, 1968). Tant les figures de type Lalinde-<br />

Gönnersdorf que les bovinés susmentionnés sont datés<br />

d’environ 13.000-12.000 BP. La question de savoir si le<br />

fait que les images de ATB11 et Qurta soient antérieures<br />

de plusieurs milliers d’années à leurs pendants européens<br />

du Magdalénien récent puisse impliquer des influences à<br />

longue distance et des contacts interculturels est difficile à<br />

traiter <strong>sur</strong> la base des données actuelles.<br />

Jusqu’ici, l’attribution de l’art <strong>rupestre</strong> de ATB11 et de<br />

Qurta au Paléolithique supérieur n’a provoqué que peu de<br />

commentaires critiques. Un seul sceptique, Jean-Loïc Le<br />

Quellec (2007), a prétendu que des parallèles pour l’art<br />

<strong>rupestre</strong> de Qurta devraient plutôt être trouvés dans le<br />

As regards style and a number of iconographical particularities,<br />

it should, however, be stated that this Late<br />

Palaeolithic rock art shows remarkable affinities with the<br />

Late Magdalenian rock art of Europe. This is particularly<br />

evident from the human figures, most of which are very<br />

similar to the anthropomorphs of the Lalinde-Gönnersdorf<br />

type (general discussion and distribution map in<br />

Lorblanchet & Welté 1987). Moreover, some of the more<br />

elaborately executed bovids at Qurta are reminiscent of<br />

Late Magdalenian aurochs representations, such as those<br />

from the Grotte de la Mairie in Teyjat (Dordogne) (Barrière<br />

1968). Both the Lalinde-Gönnersdorf type figures and the<br />

latter bovids are dated to the period of about 13,000-<br />

12,000 BP. The question whether or not the probable<br />

anteriority of the ATB11 and Qurta images to their<br />

European Late Magdalenian counterparts by several<br />

thousands of years has broader implications in terms of<br />

long-distance influence and intercultural contacts, is difficult<br />

to deal with on the basis of the current evidence.<br />

The attribution of the ATB11 and Qurta rock art to the<br />

Late Palaeolithic has thus far provoked hardly any critical<br />

comments from the scientific community. One sceptic,<br />

Jean-Loïc Le Quellec (2007), has claimed that parallels<br />

for the Qurta rock art should rather be looked for in the<br />

INORA, 2008, N° 51<br />

5


Fig. 8. Détail de QII.3.1 montrant trois figures humaines stylisées<br />

(superposées par un grand bovidé). Hauteur de la figure centrale :<br />

17,5 cm.<br />

Fig. 8. Detail of QII.3.1 showing three stylised human figures<br />

(superimposed by a large bovid figure). Height of central figure is<br />

17.5cm.<br />

Fig. 9. Qurta I, localité 2, panneau 1 (QI.2.1).<br />

Longueur totale du panneau : environ 1,50 m. Le<br />

repassage à la craie n’est pas le fait de la mission<br />

belge.<br />

Fig. 9. Qurta I, locality 2, panel 1 (QI.2.1). Total<br />

length of panel is about 1.50m. Chalking not done by<br />

the Belgian mission.<br />

Fig. 10. Détail de QII.3.1 montrant un hippopotame<br />

avec rayures à travers la tête et le cou. Longueur de<br />

la figure : 74 cm.<br />

Fig. 10. Detail of QII.3.1 showing hippopotamus with<br />

scratches over the head and neck. Length of figure is<br />

74cm.<br />

6<br />

INORA, 2008, N° 51


style ou l’école « Bubalin naturaliste » du Sahara central<br />

et de la Libye qu’il date des VI e et début V e millénaires<br />

av. J.-C. Un simple coup d’œil <strong>sur</strong> ce dernier montre<br />

cependant clairement que l’école « Bubalin naturaliste »<br />

n’a absolument rien en commun avec l’art <strong>rupestre</strong><br />

d’ATB11 et de Qurta [voir par exemple l’article de<br />

Solheilhavoup (2007) dans un numéro précédent<br />

d’INORA]. Le style « Bubalin naturaliste » n’est, en fait,<br />

pas du tout naturaliste ; il s’agit plutôt d’une caricature<br />

conventionnelle de la nature. Et, contrairement à ce que<br />

Le Quellec affirme dans son commentaire, l’absence<br />

complète des grandes espèces de la faune dite « éthiopienne<br />

» (éléphants, girafes et autres) est en fait un argument<br />

supplémentaire pour dater l’art <strong>rupestre</strong> du<br />

Paléolithique supérieur. Ces derniers apparaissent en<br />

effet seulement plus tard dans l’environnement naturel<br />

égyptien, bien après le début de l’Holocène, soit après<br />

12.000 BP environ. C’est aussi la raison pour laquelle ils<br />

sont abondamment représentés dans l’art de type<br />

« Bubalin naturaliste » saharien, bien postérieur.<br />

Pour terminer, nous devons à nos collègues français<br />

des excuses pour avoir « abusé » du nom de Lascaux<br />

concernant l’art <strong>rupestre</strong> de Qurta (voir le titre de la publication<br />

d’Antiquity). Il est clair cependant que Lascaux a<br />

été utilisé ici comme une icône (ou plutôt « L’icône ») de<br />

l’art paléolithique. Il n’était pas dans notre intention d’affirmer<br />

que les Franco-Cantabriens étaient artistiquement<br />

actifs le long du Nil ou d’insinuer que Lascaux avait été<br />

peint par des « Égyptiens » ! Il faut l’admettre, l’utilisation<br />

du nom « Lascaux » a été bien répercutée dans les<br />

media. Même si c’eût été scientifiquement plus correct,<br />

donner à notre contribution le titre « Teyjat le long du Nil »<br />

n’aurait pas suscité, je présume, le même engouement.<br />

D’un point de vue purement esthétique, Lascaux reste<br />

inégalé. Scientifiquement toutefois, la nouvelle découverte<br />

d’un vaste complexe d’art <strong>rupestre</strong> paléolithique en plein<br />

air, un vrai Côa en Égypte, ouvre autant de perspectives<br />

que la découverte de la fabuleuse grotte française il y a<br />

presque 70 ans.<br />

“Naturalistic Bubaline” style or school from the central<br />

Sahara and Libya, which he dates to the 6 th and early 5 th<br />

millennium BC. One glance at the latter, however [see, for<br />

instance, the article by Solheilhavoup (2007) in a previous<br />

issue of INORA], makes clear that the “Naturalistic<br />

Bubaline” school has absolutely nothing in common with<br />

the ATB11 and Qurta rock art. The “Naturalistic Bubaline”<br />

style, in fact, is not a naturalistic style at all, but rather a<br />

conventionalized caricature of nature. And, in contrast to<br />

what Le Quellec claims in his comment, the complete<br />

absence of large “Ethiopian” fauna (elephants, giraffe, and<br />

the like) is indeed an additional argument to date the rock<br />

art to the Late Palaeolithic. The latter animals, in fact,<br />

appear only later in the Egyptian natural environment, well<br />

after the onset of the Holocene, that is after about<br />

12,000 BP. That is also the reason why they are abundantly<br />

represented in the much later “Naturalistic<br />

Bubaline” art of the Sahara.<br />

Lastly, we owe a word of apology to our French colleagues<br />

for having “abused” the name of Lascaux with<br />

respect to the Qurta rock art (see the title of the Antiquity<br />

publication). It should be clear, however, that Lascaux has<br />

been used here as an icon (or rather THE icon) of<br />

Palaeolithic art. It was not our intention to state that<br />

Franco-Cantabrians were artistically active along the Nile<br />

or to claim that Lascaux was painted by “Egyptians”!<br />

Admittedly, the use of the word “Lascaux” has worked well<br />

in the media. Even though scientifically somewhat more<br />

correct, titling our contribution “Teyjat along the Nile”,<br />

would not, I presume, have aroused similar excitement.<br />

From a purely aesthetical point of view, Lascaux definitely<br />

remains un<strong>sur</strong>passed. Scientifically speaking, however,<br />

the new find of a vast complex of open air Palaeolithic<br />

rock art in Egypt, a true Côa in Africa, opens as exciting<br />

avenues of thought as the discovery of that fabulous<br />

French cave almost seventy years ago.<br />

Dirk HUYGE<br />

Musées royaux d’Art et d’Histoire, 10 Parc du Cinquantenaire, B-1000 Bruxelles (Belgique) [d.huyge@kmkg.be]<br />

BIBLIOGRAPHIE<br />

BARRIÈRE Cl., 1968. — Les Gravures de la Grotte de la Mairie à Teyjat (Dordogne). Travaux de l’Institut d’Art<br />

Préhistorique, 10, p. 1-12.<br />

CHURCHER C. S., 1972. — Late Pleistocene Vertebrates from Archaeological Sites in the Plain of Kom Ombo, Upper<br />

Egypt. Life Sciences Contribution 82. Toronto: Royal Ontario Museum.<br />

HUYGE D., AUBERT M., BARNARD H., CLAES W., DARNELL J. C., DE DAPPER M., FIGARI E., IKRAM S.,<br />

LEBRUN-NÉLIS A. & THERASSE I., 2007. — “Lascaux along the Nile”: Late Pleistocene rock art in Egypt. Antiquity, 81,<br />

Project Gallery [http://antiquity.ac.uk/projgall/huyge/index.html]<br />

LE QUELLEC J.-L., 2007. — Lascaux-<strong>sur</strong>-Nil ? [http://jean-loic.lequellec.club.fr/page156/files/7644241<br />

c51ab30d278a13900cb217abd-32.html]<br />

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WENDORF F. & SCHILD R., 1989. — Summary and Synthesis. In The Prehistory of Wadi Kubbaniya. Volume 3. Late<br />

Palaeolithic Archaeology, assembled by F. WENDORF & R. SCHILD, edited by A.E. CLOSE, p. 768-824. Dallas:<br />

Southern Methodist University Press.<br />

INORA, 2008, N° 51<br />

7


GRAVURES RUPESTRES INÉDITES DU YAGOUR,<br />

HAUT ATLAS OCCIDENTAL MAROCAIN<br />

Le Yagour est le site du Haut Atlas le plus riche en gravures,<br />

devant celui de l’Oukaïmeden, lui aussi découvert<br />

et inventorié par Jean Malhomme de 1950 à sa mort, en<br />

1963. Après lui, les découvertes les plus importantes <strong>sur</strong><br />

ces deux sites sont dues à André Simoneau de 1965 à<br />

1977 et à Alain Rodrigue, depuis 1987, avec notamment<br />

son ouvrage de 1999 qui a guidé nos pas.<br />

Les découvertes présentées ici ont été réalisées dans<br />

le cadre d’un stage de Master 2 «Ethnologie, Métiers du<br />

Patrimoine», Université de Nice Sophia-Antipolis (juinjuillet-août<br />

2006), et d’une courte mission (mai-juin 2007),<br />

financés par l’Institut de Recherche pour le Développement<br />

et dirigés par Laurent Auclair (Programme<br />

AGDAL, LPED [IRD, UMR 151] – «Les agdals du Haut<br />

Atlas marocain : Biodiversité et gestion communautaire<br />

de l’accès aux espaces sylvopastoraux»). Elles ont fait<br />

l’objet d’une présentation, sous forme de posters, lors du<br />

colloque «Les agdals de l’Atlas marocain, Savoirs locaux,<br />

droits d’accès, gestion de la biodiversité», du 10 au<br />

13 mai 2007 à Marrakech.<br />

Partant de l’inventaire d’Alain Rodrigue, nous avons<br />

prospecté les stations relevées par cet auteur, puis de<br />

nouvelles zones <strong>sur</strong> le plateau proprement dit, qui s’élève<br />

au nord de la longue faille longeant la chaîne granitique<br />

du Meltsen, et découvert de nouvelles concentrations de<br />

gravures <strong>sur</strong> des stations déjà répertoriées, ainsi que des<br />

stations inédites. Nous présentons ci-après nos découvertes,<br />

station par station, d’ouest en est, illustrant notre propos<br />

par une sélection des documents les plus originaux et<br />

les plus riches du point de vue des pistes d’interprétation<br />

qu’ils ouvrent ou alimentent.<br />

Ifgane Inférieur<br />

La station se trouve à l’ouest du plateau, à l’intersection<br />

de l’assif (petit cours d’eau) prenant sa source dans<br />

la prairie d’Ifgane et de l’assif descendant le talweg le plus<br />

à l’ouest du plateau. Les gravures sont à l’extrémité ouest,<br />

au bas des dalles bordant la prairie humide, à côté d’un<br />

petit tumulus. Parmi les 37 gravures répertoriées, notons<br />

un félin, un beau boviné suité, une composition peu lisible<br />

de quatre petits anthropomorphes d’une vingtaine de centimètres<br />

de haut et un autre aux pieds <strong>sur</strong>dimensionnés.<br />

Deux jeux de cupules sont près de cette concentration et<br />

<strong>sur</strong> ces mêmes dalles, un peu plus haut à l’est. Enfin, au<br />

sud de l’ensemble et <strong>sur</strong> d’autres dalles, là où l’assif commence<br />

à s’encaisser, sont gravés, à proximité de l’eau :<br />

du côté est, un taureau aux cornes ballantes et un antilopidé<br />

au long cou (fort semblable à ceux qui accompagnent<br />

la «triade de Tifirt n’Ourgou», Y.VII pour Rodrigue) ;<br />

du côté ouest, un capriné et deux petits animaux malheureusement<br />

détruits en partie.<br />

Ifgane<br />

À l’est du plateau, les bovinés aux cornes serpentiformes<br />

(Y/I, pour Rodrigue) se situent <strong>sur</strong> les dalles rocheuses<br />

les plus proches, dans la direction nord-est, d’une<br />

petite prairie humide. Ce qui était décrit comme un<br />

ensemble isolé n’est qu’une des nombreuses concentrations<br />

disséminées <strong>sur</strong> cette zone. Sur ces mêmes dalles,<br />

au sud-est, se trouve en particulier l’anthropomorphe<br />

associé à un boviné (fig. 1). Les doigts de la main droite<br />

de cet humain représentent également les pattes de l’animal.<br />

Le corps de l’homme est lui aussi compartimenté. On<br />

distingue nettement les articulations du bassin et des<br />

genoux, trois cupules <strong>sur</strong> le torse, deux <strong>sur</strong> le ventre et<br />

une entre les articulations iliaques. La tête est <strong>sur</strong>montée<br />

NEW ROCK ENGRAVINGS AT YAGOUR, MOROCCAN<br />

WESTERN HIGH ATLAS<br />

In terms of engravings Yagour is the richest High Atlas<br />

site, more so than Oukaimeden, also discovered and<br />

inventoried by Jean Malhomme from 1950 until his death<br />

in 1963. After Malhomme the two most important discoveries<br />

at the two sites are due to André Simoneau from<br />

1965 to 1977 and to Alain Rodrigue, since 1987, with in<br />

particular his 1999 work which served as a guide for us.<br />

The finds presented here were made as part of a<br />

Master 2 “Ethnologie, Métiers du Patrimoine” course at<br />

the University of Nice Sophia-Antipolis (June, July, August<br />

2006), and on a short mission (May-June 2007) financed<br />

by the Institut de Recherche pour le Développement<br />

directed by Laurent Auclair (Programme AGDAL, LPED<br />

[IRD, UMR 151] – “Les agdals du Haut Atlas marocain:<br />

Biodiversité et gestion communautaire de l’accés aux<br />

espaces sylvopastoraux”). They were the subject of a<br />

presentation, in poster form, during the colloquium “Les<br />

agdals de l’Atlas marocain: Savoirs locaux, droits d’accès,<br />

gestion de la biodiversité”, from 10 to 13 May 2007 at<br />

Marrakech.<br />

Using Alain Rodrigue’s inventory we examined sites<br />

noted by the author, then new zones on the actual plateau<br />

which rise to the north of the long fault running along the<br />

granite Meltsen chain; additional concentrations of<br />

engravings on known sites as well as new sites were discovered.<br />

We present our finds below, site by site, from the<br />

west to the east, illustrating our commentaries with a<br />

selection of the richest and most original finds concerning<br />

the lines of interpretation that they furnish.<br />

Lower Ifgane<br />

The site is on the west of the plateau at the intersection<br />

of the assif (small watercourse) whose source is in the<br />

Ifgane prairie and the assif coming down from the westernmost<br />

talweg of the plateau. The engravings are on the<br />

western extremity, at the base of the slabs bordering a<br />

water meadow, alongside a small tumulus. Noteworthy<br />

among the 37 engravings inventoried are a feline, a fine<br />

bovine followed by offspring, a difficult to read composition<br />

of four small anthropomorphs some twenty centimetres<br />

high and another with oversized feet. Two sets of cupules<br />

are near this concentration and on the same slabs, a little<br />

higher to the east. Finally, to the south of the grouping and<br />

on other slabs, where the assif starts to embank, are<br />

engraved, near the water on the east side, a bull with<br />

swinging horns and a long-necked antelope (very similar<br />

to those with the “Tifirt n’Ourgou Trinity”, Y.VII for<br />

Rodrigue) and, on the west side: a caprid and two small<br />

animals, unfortunately partially destroyed.<br />

Ifgane<br />

To the east of the plateau, bovines with serpentshaped<br />

horns (Y/l for Rodrigue) are on the nearest rocky<br />

slabs, in a north-east direction, of a small water meadow.<br />

What has been described as an isolated group is just one<br />

of the numerous concentrations spread over this zone. On<br />

the same slabs, to the south-east, there is in particular an<br />

anthropomorph associated with a bovine (Fig. 1). The fingers<br />

of the right hand of this human also represent the feet<br />

of the animal. The man’s body is also compartmentalised.<br />

The articulations of the pelvis and knees are clearly visible,<br />

there are three cupules on the torso, two on the stomach<br />

and one between the iliac articulations. The head is<br />

topped by a spike (the upper part of a helmet?). A round<br />

8<br />

INORA, 2008, N° 51


Fig. 2. Ifgane : «La frise aux rhinocéros».<br />

Fig. 2. Ifgane: “The rhinoceros frieze”.<br />

Fig. 1. Ifgane : «L’homme au boviné».<br />

Fig. 1. Ifgane: “The Man with a bovine”.<br />

Fig. 4. Bou Oudrouc : sanglier piqueté.<br />

Fig. 4. Bou Oudrouc: Dotted-out wild boar.<br />

Fig. 3. Bou Oudrouc : anthropomorphe cornu.<br />

Fig. 3. Bou Oudrouc: Horned anthropomorph.<br />

Fig. 5. Alroz : «L’homme aux haches superposées».<br />

Fig. 5. Alroz: “Man with superimposed axes”.<br />

INORA, 2008, N° 51<br />

9


d’une pointe (partie supérieure d’un casque ?). Un bouclier<br />

rond à sept cupules est au-dessous du bras droit.<br />

Dans la main gauche, une arme, probablement une hache<br />

(partie supérieure détruite), a la lame dirigée vers le<br />

crâne. Au-dessous, l’on voit deux petits cercles à traits et<br />

à cupules, dont des exemplaires semblables accompagnent<br />

d’autres anthropomorphes <strong>sur</strong> différentes stations<br />

du Yagour (Ifgane Inférieur, Jbel Agourouy, Israoun).<br />

Un peu plus bas, au sud, en bordure d’un petit collet,<br />

se situe la frise aux rhinocéros et aux anthropomorphes<br />

(fig. 2). Cette frise, longue de 1,60 m, est composée de<br />

cinq anthropomorphes et de deux rhinocéros. Quatre<br />

humains en position d’orant sont figurés derrière deux rhinocéros<br />

à deux cornes. Les jambes d’un des humains (le<br />

deuxième en lisant la frise du haut vers le bas) sont en<br />

position de grand écart. Le troisième et le quatrième sont<br />

en position de coït, jambes écartées, le long sexe de l’un<br />

séparé du corps de son partenaire par une fis<strong>sur</strong>e. Cette<br />

partie basse de la frise, recouverte de sédiments que<br />

nous avons dégagés, est moins patinée. Un cinquième<br />

humain à tête plate et bras tendus (bas du corps endommagé)<br />

est représenté entre les deux animaux. Cet ensemble<br />

se rapproche de la frise aux éléphants de<br />

l’Oukaïmeden qui comprend une procession de quatre<br />

éléphants, un rhinocéros et deux hommes tenant un objet<br />

en forme de croix. Éléphants et rhinocéros devaient tenir<br />

une place importante dans la cosmogonie des graveurs.<br />

Signalons également une hache de type II (selon la<br />

typologie des armes proposée par Rodrigue en 1999) au<br />

long manche et un animal aux longues oreilles qui paraît<br />

être un lièvre, animal précédemment identifié à un unique<br />

exemplaire de dimensions plus réduites (Y/XI/217) aux<br />

Azib n’Ikkis (Rodrigue, 2006, p. 134). Les gravures continuent<br />

jusqu’à un banc rocheux en dalle, s’intercalant à mihauteur<br />

entre le rebord sud de la prairie et la station<br />

d’Ifgane Inférieur en contrebas (gravures indéterminées et<br />

un félin). Au nord de la dalle Y/I, une dalle présente un<br />

petit anthropomorphe schématique (h. 18 cm) accompagné<br />

de trois bovinés d’un style original et une autre dalle<br />

comprend 8 bovinés accompagnés d’un canidé avec, à<br />

quelques mètres, un bel éléphant de grandes dimensions.<br />

Des prospections complémentaires seraient à mener de<br />

ce côté (nord d’Y/I) ainsi que du côté ouest de l’assif,<br />

compte tenu de la dispersion importante des gravures <strong>sur</strong><br />

cette station.<br />

Bou Oudrouc<br />

La concentration amont (Y.VI pour Rodrigue) se situe à<br />

l’est de la prairie, en haut de l’assif Bou Oudrouc, au pied<br />

d’un rocher en forme de champignon, juste derrière des<br />

azibs (abris de bergers). Dans l’assif, <strong>sur</strong> la rive gauche,<br />

au niveau d’une petite courbe du cours d’eau, se trouve<br />

une concentration de 24 gravures avec un anthropomorphe<br />

à cornes (fig. 3). Cet humain de 84 cm de haut, à la<br />

partie basse du corps et la main gauche détruite, est<br />

cornu et son visage (ou son masque ?) partagé par un<br />

trait vertical. Les deux bras sont reliés à la tête et le droit<br />

à la partie basse (pédoncule ?) de ce qui pourrait être une<br />

lame de hache dont la partie supérieure touche à la tête.<br />

La main droite est reliée au corps. Cinq côtes sont représentées<br />

de chaque côté du corps. Une cupule pourrait<br />

marquer le nombril. L’anthropomorphe porte une ceinture<br />

ornée.<br />

Signalons également deux animaux piquetés : un rhinocéros<br />

et peut-être un sanglier (fig. 4), bien que cet animal<br />

fasse jusqu’à présent défaut dans le bestiaire marocain,<br />

comme «frappé par un interdit» (Rodrigue, 2006,<br />

p. 79). L’animal (48 cm de long), court <strong>sur</strong> pattes, possèshield<br />

with seven cupules is under the right arm. In the left<br />

hand he holds a weapon, probably an axe (the upper part<br />

has been destroyed), with the blade turned towards the<br />

skull. Underneath there are two small line and cupule circles;<br />

similar examples accompany other anthropomorphs<br />

at different Yagour sites (Lower Ifgane, Jbel Agourouy,<br />

Israoun).<br />

A little lower, to the south, on the edge of a small narrow<br />

passage, is the rhinoceros and anthropomorph frieze<br />

(Fig. 2). This 1.60m long frieze is made up of five anthropomorphs<br />

and two rhinoceroses. Four humans with their<br />

arms unpraised can be seen behind two rhinoceroses with<br />

two horns.The legs of one of the humans (the second<br />

when reading the frieze from top to bottom) are spread<br />

wide. The third and fourth are in coitial position, legs<br />

spread, the long sex of one separated from his partner’s<br />

body by a fis<strong>sur</strong>e. The lower part of the frieze, covered by<br />

the sediments that we cleared, has less patina. A fifth<br />

human with a flat head and outstretched arms (lower part<br />

of the body damaged) is shown between two animals.<br />

This group has a relation with the Oukaïmeden elephant<br />

frieze which has a procession of four elephants, a rhinoceros<br />

and two men holding a cross-shaped object.<br />

Elephants and rhinoceroses must have held an important<br />

place in the engravers’ cosmology.<br />

There is also a long-handled Type II axe (according to<br />

Alain Rodrigue’s 1999 weapons typology) and an animal<br />

with long ears that seems to be a hare, an animal previously<br />

identified with only one smaller example (Y/XI/217)<br />

at Azib n’Ikkis (Rodrigue 2006: 134). The engravings continue<br />

up to a bench like rocky slab half way between the<br />

southern edge of the meadow and the site of Lower Ifgane<br />

below (unreadable engravings and a feline). To the north<br />

of Slab Y/I, another slab shows a small schematic anthropomorph<br />

(h. 18cm) accompanied by three bovines done<br />

in an original style and another slab has 8 bovines with a<br />

canid, with at several metres, a fine large elephant.<br />

Complementary investigations need to be carried out on<br />

this side (north of Y/I) as well as on the west side of the<br />

assif, given the widely-dispersed engravings at this site.<br />

Bou Oudrouc<br />

The upper concentration (Y.VI for Rodrigue) is located<br />

at the east of the prairie, above the Bou Oudrouc assif, at<br />

the foot of a mushroom-shaped rock, just behind the azibs<br />

(shepherds’ shelters). In the assif, on the left bank, at the<br />

level of a small curve in the water course, is a concentration<br />

of 24 engravings with a horned anthropomorph<br />

(Fig. 3). This 84cm high human, with the lower part of the<br />

body and the left hand destroyed, is horned and his face<br />

(or his mask?) bisected by a vertical line. The two arms<br />

are linked to the head and the right to the lower part<br />

(peduncle?) of what could be an axe blade whose upper<br />

part touches the head. The right hand is linked to the<br />

body. Five ribs are represented on each side of the body.<br />

A cupule could mark the navel. The anthropomorph wears<br />

a decorated belt.<br />

There are also two dotted-out animals: a rhinoceros<br />

and a possible wild boar (Fig. 4), even though up to now<br />

this animal has not figured in the Moroccan bestiary as<br />

though it were “prohibited” (Rodrigue 2006: 79). The animal<br />

(48cm long) is running, it has a heavy, pot-bellied<br />

10<br />

INORA, 2008, N° 51


de un corps massif et ventru, une grosse tête et un<br />

museau allongé terminé par un groin. Les deux canines<br />

inférieures (ou défenses) sont représentées.<br />

Au-dessus de l’assif Bou Oudrouc, côté ouest, en<br />

direction des falaises qui délimitent le nord du plateau,<br />

sont disposés deux ensembles de blocs. Sous le premier<br />

se situe un ensemble de 23 gravures avec, à sa partie<br />

supérieure, un boviné à tête piquetée relié à une ligne<br />

ondulée, ainsi qu’un autre animal cornu, lié lui aussi à une<br />

ligne semblable et dont les pattes semblent piégées dans<br />

le sol (des petits traits partent dans toutes les directions à<br />

partir de l’extrémité des antérieurs et des postérieurs). Sur<br />

les blocs, au-dessous, sont représentées trois haches de<br />

type I (dont l’une avec une nervure centrale <strong>sur</strong> la lame)<br />

et deux haches de type II.<br />

Alroz<br />

La prairie d’Alroz Aït In Zal se situe entre l’assif Bou<br />

Oudrouc et l’assif Gawaz. André Simoneau avait découvert<br />

la concentration principale de ce site qu’il dénommait<br />

«Assif Aloss» (n° 150076 de son inventaire), qu’Alain<br />

Rodrigue n’avait pas retrouvée lors de ses prospections.<br />

Nous avons rebaptisé cette station selon la dénomination<br />

locale. Simoneau avait publié le document le plus impressionnant<br />

de l’ensemble principal : l’anthropomorphe au<br />

«feu destructeur». Un autre humain armé, de taille<br />

similaire, est gravé <strong>sur</strong> sa gauche (fig. 5). Ses bras sont<br />

écartés. Une hache de type II au long manche est liée à la<br />

main droite. Le bout du manche est représenté avant les<br />

doigts. Cette arme se superpose à une autre hache de<br />

type II, au manche coudé. Un poignard, à la lame partagée<br />

par une nervure centrale, est sous l’aisselle gauche, lame<br />

orientée vers l’extérieur. Le pied droit est détruit. Une<br />

forme cordée semble s’enrouler autour du pied gauche.<br />

Cette concentration, située <strong>sur</strong> la partie basse de la<br />

prairie, comprend 47 gravures dont trois autres anthropomorphes<br />

et de nombreuses armes (10 poignards,<br />

10 haches, une hallebarde, un boomerang) ainsi que<br />

4 images que Rodrigue identifie comme des carquois.<br />

Au sud de la concentration principale, plusieurs dalles<br />

gravées parsèment la prairie inclinée (nombreuses<br />

haches et poignards), faisant ainsi la jonction avec la station<br />

de Bou Oudrouc. Signalons également la présence<br />

d’un auvent avec une quarantaine de petites gravures<br />

géométriques, plus récentes que les documents précédents.<br />

Ifard<br />

Les gravures sont dispersées autour du lac. On notera<br />

6 disques et 2 jeux de cupules <strong>sur</strong> le bord sud-ouest du<br />

lac, un animal à bosse assez altéré en haut de la prairie<br />

au sud-sud-ouest, en <strong>sur</strong>plomb du lac, et quelques armes<br />

isolées (haches, poignards) à proximité des azibs de Talal<br />

Moussa au nord-est du lac.<br />

Agdal n’Issan<br />

Cette longue prairie, au sud-est d’Ifard, est parcourue<br />

par les bergers lorsqu’ils descendent vers les azibs<br />

Zguigui. En haut de la prairie, côté ouest, une concentration<br />

gravée <strong>sur</strong> des petites dalles a été répertoriée Y.III<br />

«Ifard» par Rodrigue. En face, côté est, un autre ensemble<br />

de 17 gravures, dont 3 haches, 4 poignards et une<br />

hallebarde, a été découvert par Simoneau (n° 150075 de<br />

son inventaire). En descendant au sud (à mi-prairie), toujours<br />

du côté est, une petite concentration de 8 gravures<br />

(dont 3 félins), <strong>sur</strong> une dalle, jouxte le sentier. Plus bas,<br />

en fin de prairie, légèrement décalé à l’est, une dalle porte<br />

4 bovinés.<br />

body, a large head and a long muzzle ending in a snout.<br />

The two lower teeth (or tusks) are shown.<br />

Above the Bou Oudrouc assif, on the west side, in the<br />

direction of the cliffs which mark the north of the plateau,<br />

are two groups of blocks. On the first there is a group of<br />

23 engravings with in the upper part a bovine with a dotted-out<br />

head linked to a wavy line, as well as another<br />

horned animal, also linked to a similar line and whose feet<br />

seem trapped in the ground (small lines go in all directions<br />

from the extremities of the fore and hind legs). On the<br />

blocks, below, there are three Type I axes (including one<br />

with a central rib on the blade) and two Type II axes.<br />

Alroz<br />

The Alroz Aït In Zal prairie is between the Bou Oudrouc<br />

and Gawaz assifs. The main concentration was discovered<br />

by André Simoneau who named the site “Assif Aloss”<br />

(n° 150076 in his inventory). Alain Rodrigue did not find<br />

the concentration during his own <strong>sur</strong>vey. We renamed this<br />

site after the local usage. Simoneau published the most<br />

impressive image of the principal group: the anthropomorph<br />

with a “ravaging fire”. Another armed human of<br />

similar size is engraved to his left (Fig. 5). His arms are<br />

spread. A long-handled Type II axe is linked to the right<br />

hand. The end of the handle is shown before the fingers.<br />

This weapon is superimposed on another Type II axe with<br />

a curved haft. A dagger with the blade divided by a central<br />

flange is under the left armpit, blade facing outwards. The<br />

right foot has been destroyed. A corded form seems to coil<br />

round the left foot.<br />

This grouping, situated on the lower part of the prairie,<br />

has 47 engravings including three other anthropomorphs<br />

and numerous weapons (10 daggers, 10 axes, a halberd,<br />

a boomerang) as well as 4 images that Rodrigue<br />

identified as quivers.<br />

South of the main concentration several engraved<br />

slabs are scattered over the sloping meadow (numerous<br />

axes and daggers) thus making the link with the Bou<br />

Oudrouc site. There is also a shelter with around forty<br />

small geometric engravings, more recent than those just<br />

described.<br />

Ifard<br />

The engravings are scattered around the lake. There<br />

are 6 discs and two sets of cupules on the south-west<br />

edge of the lake, an animal with a rather deteriorated<br />

hump high up the prairie to the south-south-west, above<br />

the lake and several isolated weapons (axes, daggers)<br />

near the azibs of Talal Moussa north-east of the lake.<br />

Agdal n’Issan<br />

Shepherds cross this long prairie, south-east of Ifard,<br />

when they go down to the Zguigui azibs. In the upper part<br />

of the prairie, on the west side, an engraved group on<br />

small slabs was noted as Y.III “Ifard” by Rodrigue.<br />

Opposite, on the eastern side, another group of<br />

17 engravings including 3 axes, 4 daggers and a halberd<br />

was found by Simoneau (n° 150075 in his inventory).<br />

Descending to the south (in mid-prairie), still on the east<br />

side, a small group of 8 engravings (including 3 felines)<br />

is on a slab alongside the track. Lower down, at the end<br />

of the prairie, slightly displaced to the east, there is a slab<br />

with 4 bovines.<br />

INORA, 2008, N° 51<br />

11


Rodrigue a relevé une seule des concentrations de<br />

cette station qu’il a baptisée «Ifard». Quant à nous, nous<br />

avons appliqué cette dénomination aux quelques gravures<br />

situées nettement à proximité du lac et préféré conserver<br />

la dénomination de Simoneau qui désigne cette prairie<br />

: Agdal n’Issan, l’agdal aux chevaux.<br />

Jbel AgouroUy<br />

Nom de la barre rocheuse qui <strong>sur</strong>plombe les azibs de<br />

Talal Moussa (au nord-est d’Ifard). Une pente inclinée, au<br />

nord-nord-est des azibs, permet d’atteindre le jbel (sommet).<br />

En haut de cette montée, peu avant un collet, <strong>sur</strong> les<br />

dernières plaques au bord de la prairie, sont gravés deux<br />

anthropomorphes, dont l’un semble pourvu d’une queue<br />

(fig. 6). Cet anthropomorphe haut de 46 cm est connecté,<br />

par son annulaire, à un poignard de type atlasique<br />

avec une cupule <strong>sur</strong> le manche. Les deux oreilles sont<br />

présentes et les bras écartés. Le corps est partagé par<br />

une ligne verticale, avec deux cupules de part et d’autre,<br />

au niveau du bas ventre. Cinq stries à gauche et sept à<br />

droite bordent le corps. Les deux jambes sont très courtes.<br />

Une longue queue, arrondie et dressée vers le haut,<br />

part du bas du corps. Un second humain semblable, mais<br />

un peu plus haut (58 cm), représenté <strong>sur</strong> sa gauche, est<br />

dépourvu de queue.<br />

Plus haut, au niveau du<br />

jbel, la concentration<br />

principale se repère grâce<br />

aux deux blocs superposés<br />

<strong>sur</strong> un gros rocher, sous<br />

lequel nous avons dénombré<br />

25 gravures, dont 5 haches,<br />

2 poignards, 3 pointes et, à<br />

proximité d’un petit éléphant<br />

dont seule la tête est encore<br />

visible, un accouplement de<br />

deux humains (fig. 7). Le<br />

plus complet est en position<br />

d’orant, jambes écartées, les<br />

doigts des mains visibles.<br />

Une partie du haut du corps<br />

est détruite. Il semble porter<br />

une ceinture (simple trait<br />

horizontal). Une forme indéterminée<br />

est gravée sous la<br />

main droite. le deuxième<br />

humain, de profil, est placé<br />

en dessous, sexe en érection,<br />

au niveau de l’entrejambes<br />

du premier. Une figure<br />

indéterminée, curviligne, est<br />

au-dessus du couple.<br />

Au sud de la concentration<br />

principale, nous avons<br />

découvert un anthropomorphe<br />

très altéré et un petit<br />

rocher portant deux haches<br />

de type I. Dans la direction<br />

nord-est, <strong>sur</strong> des dalles isolées<br />

entourées de xérophytes, se trouvent plusieurs dalles<br />

gravées avec les deux bovinés découverts par Simoneau<br />

(Adrar n’Touimelt, n° 150071 de son inventaire), que<br />

Rodrigue n’avait pas retrouvées.<br />

Ouanzoug<br />

Au nord-est du Jbel Agourouy et à l’est des azibs<br />

Tiliwa, la prairie de Ouanzoug descend en direction nordest<br />

vers le douar d’Iharrayn. La prairie comprend deux<br />

sources, l’une en amont, l’autre en aval. Les gravures, <strong>sur</strong><br />

Fig. 6. Jbel Agourouy : anthropomorphe à queue.<br />

Fig. 6. Jbel Agourouy: Tailed anthropomorph.<br />

Rodrigue noted only one of the concentrations on this<br />

site which he named “Ifard”. We have applied this name to<br />

several engravings clearly situated in proximity to the lake<br />

and prefer to keep Simoneau’s name for this meadow:<br />

Agdal n’Issan, The Horse Agdal.<br />

Jbel AgouroUy<br />

It is the name of the rock bar that overlooks the azibs<br />

of Talal Moussa (to the north-east of Ifard). An inclined<br />

slope, north-north-east of the azibs, leads to the jbel (summit).<br />

In the upper part of this climb, just before a small<br />

pass, on the last blocks around the prairie, are engraved<br />

two anthropomorphs, one of which seems to have a tail<br />

(Fig. 6). This 46cm tall anthropomorph is connected by its<br />

third finger to an atlas-type dagger with a cupule on the<br />

hilt. Two ears are shown as well as the spread arms. The<br />

body is divided by a vertical line, with two cupules<br />

between the two parts at lower belly level. Five stripes to<br />

the left and seven to the right border the body. Both legs<br />

are very short. A long rounded tail pointing upwards stems<br />

from the lower part of the body. A second similar human,<br />

though a little taller (58cm), shown to the left, has no tail.<br />

Higher, at the level of the<br />

jbel, the main concentration<br />

can be found thanks to two<br />

superimposed blocks on a<br />

large rock on which we noted<br />

25 engravings, including<br />

5 axes, 2 daggers, 3 spearheads<br />

and near a small elephant<br />

with only the head still<br />

visible, two humans coupling<br />

(Fig. 7). The most complete<br />

is in praying position, legs<br />

spread, the fingers of the<br />

hands visible. Part of the<br />

upper body is destroyed. He<br />

seems to be wearing a belt<br />

(a simple horizontal line). An<br />

indeterminate form is<br />

engraved under the right<br />

hand. The second human, in<br />

profile, is placed below, sex<br />

erect at the level of the<br />

crotch of the first. An indeterminate<br />

rounded figure is<br />

above the couple.<br />

South of the main concentration,<br />

we found a very<br />

faded anthropomorph and a<br />

small rock with two Type I<br />

axes. To the north-east, on<br />

isolated slabs <strong>sur</strong>rounded by<br />

xerophytes, there are several<br />

engraved slabs with the two bovines discovered by<br />

Simoneau (Adrar n’Touimelt, n° 150071 in his inventory)<br />

and not found by Alain Rodrigue.<br />

Ouanzoug<br />

To the north-east of Jbel Agourouy and to the east of<br />

the Tiliwa azibs, the Ouanzoug prairie slopes downward<br />

north-east towards the douar of Iharrayn. The prairie has<br />

two springs, one upper and one lower. The engravings on<br />

12<br />

INORA, 2008, N° 51


Fig. 7. Jbel Agourouy : accouplement de deux<br />

anthropomorphes.<br />

Fig. 7. Jbel Agourouy: Two anthropomorphs<br />

coupling.<br />

Fig. 8. Ouanzoug : «L’homme <strong>sur</strong> la peau de<br />

mouton».<br />

Fig. 8. Ouanzoug: “Man on the sheepskin”.<br />

les dalles du côté ouest de la prairie, s’échelonnent à partir<br />

d’un collet proche d’un tumulus (armes) jusqu’aux<br />

dalles située 200 m à l’est de la source aval, au niveau<br />

d’un petit col. Sur ces dalles, nous avons photographié un<br />

humain figuré <strong>sur</strong> la représentation d’une peau de mouton<br />

tannée (fig. 8), reconnaissable à la forme du corps, aux<br />

pattes et à la queue de l’animal. La tête de l’anthropomorphe<br />

est marquée par de nombreuses cupules. La main<br />

gauche est associée au bord de la peau de bête. Les jambes,<br />

orientées vers la gauche, se divisent en 5 traits <strong>sur</strong><br />

leur partie basse. L’humain semble «flotter». Sous sa<br />

main gauche, une forme zoomorphe reste indéterminée.<br />

Sur cette même dalle, sous cette composition, on voit une<br />

autruche et plus bas, deux humains reliés (celui du bas<br />

tient les pieds de celui du haut dans sa main droite). À<br />

droite de cet ensemble sont gravés un boviné, un rhinocéros<br />

(dont le corps tend à la symétrie entre l’avant et l’arthe<br />

slabs on the west side of the prairie stretch out from a<br />

transition zone near a tumulus (weapons) as far as the<br />

slabs situated at 200m to the east of the lower spring at<br />

the level of a small pass. On these slabs we photographed<br />

a human figure over the representation of a tanned sheepskin<br />

(Fig. 8), recognisable by the shape of the body, the<br />

feet and tail of the animal. The head of the anthropomorph<br />

is marked by numerous cupules. The left hand is associated<br />

with the edge of the animal’s skin. The legs oriented<br />

to the left divide into five lines in their lower part. The<br />

human seems to “float”. Under its left hand is an indeterminate<br />

zoomorphic shape. On this same slab, under this<br />

composition, there is an ostrich and lower, two linked<br />

humans (the lower one holds the feet of the upper one in<br />

his right hand). To the right of this group are engraved a<br />

bovine, a rhinoceros (whose body tends to symmetry<br />

between front and rear) and an oval form with three com-<br />

INORA, 2008, N° 51<br />

13


Fig. 9. Ouanzoug : boviné, rhinocéros et forme cornue.<br />

Fig. 9. Ouanzoug: Bovine, rhinoceros and horned form.<br />

Fig. 10. Carte du Yagour au 1/50 000 ; localisation des stations<br />

présentées.<br />

Fig. 10. 1/50,000 map of Yaghour; localization of the sites presented.<br />

rière) et une forme ovale à trois compartiments dont la<br />

partie supérieure est <strong>sur</strong>montée d’une cupule d’où partent<br />

deux cornes dressées vers le haut (fig. 9).<br />

Entre ces deux concentrations, plusieurs dalles gravées<br />

parsèment la prairie, avec au total 165 gravures,<br />

dont, de l’amont vers l’aval, de nombreuses haches et poignards,<br />

un char entouré de trois haches, un petit anthropomorphe<br />

cornu (h. 20 cm) et une belle frise de 2,80 m<br />

de long, constituée de 4 bovinés successifs. La concentration<br />

la plus basse est la plus intrigante, d’autant qu’immédiatement<br />

au nord-est, dans l’alignement de l’adrar<br />

Meltsen et de la concentration, 5 stèles non gravées d’un<br />

mètre de haut sont fichées dans le sol, ajoutant au<br />

mystère du lieu.<br />

Azrhren n’Yeken<br />

La concentration se situe dans le prolongement nordest<br />

de la prairie de Ouanzoug, au point coté 2 323 m, à<br />

côté d’azibs toujours utilisés, <strong>sur</strong> un petit col entre l’assif<br />

Tawrirt et l’assif n’Aït Oulouwwoun, au pied du jbel<br />

Laqnadil. Six tumuli sont alignés à proximité des dalles<br />

gravées. Sur les 36 gravures découvertes, signalons un<br />

animal à deux queues, de nombreuses armes (4 boucliers<br />

rectangulaires, 10 haches, 2 poignards et une pointe),<br />

ainsi qu’un jeu de 3 lignes de 14 cupules.<br />

Conclusion<br />

Ce sont au total 596 gravures qui s’ajoutent au<br />

dénombrement d’Alain Rodrigue, portant à 2 368 le<br />

nombre de gravures relevées ou photographiées. La<br />

place prépondérante du Yagour dans l’art <strong>rupestre</strong> du<br />

Haut Atlas est ainsi confirmée. Avec cet apport de documents<br />

inédits, la répartition des sujets gravés varie peu,<br />

exception faite du thème de la hache qui prend de l’importance<br />

avec 108 nouveaux exemplaires, soit 11,98 % des<br />

1 702 sujets identifiés. Il s’agit là du troisième thème le<br />

plus représenté au Yagour, derrière les bovinés (24,91 %)<br />

et les poignards (15,84 %). Autre exception : les 61 nouvelles<br />

représentations d’anthropomorphes (9,55 %), qui<br />

devancent les thèmes de la faune (8,87 %), des divers<br />

(8,36 %), des boucliers (7,41 %), des armes diverses<br />

(7,06 %) et des hallebardes (2,43 %) (tous pourcentages<br />

calculés à partir des sujets identifiés).<br />

partments whose upper part is topped by a cupole from<br />

which come two upward-pointing horns (Fig. 9).<br />

Between these two concentrations several engraved<br />

slabs are scattered about the meadow with in total<br />

165 engravings, including from above to below: numerous<br />

axes and daggers, a chariot <strong>sur</strong>rounded by three axes, a<br />

small horned anthropomorph (h. 20cm) and a fine 2.80m<br />

long frieze, made up of four successive bovines. The lowest<br />

grouping is the most intriguing, the more so as immediately<br />

to the north-east in the alignment of adrar Meltsen<br />

and the grouping, five blank one metre high steles are<br />

planted in the ground, adding to the mystery of the site.<br />

Azrhren n’Yeken<br />

The group is in the north-eastern prolongation of the<br />

Ouanzoug prairie, at the 2,323m reference point alongside<br />

azibs still in use, on a small pass between the assifs<br />

Tawrirt and n’Ait Oulouwwoun, at the foot of jbel Laqnadil.<br />

Six tumuli are aligned near the engraved slabs. Out of the<br />

36 engravings discovered, noteworthy are a two-tailed<br />

animal, numerous weapons (4 rectangular shields,<br />

10 axes, two daggers and a spearhead), as well as a set<br />

of 3 lines of 14 cupules.<br />

Conclusion<br />

In total 596 engravings can be added to Alain<br />

Rodrigue’s count, bringing to 2,368 the total number of<br />

engravings noted or photographed. The major place held<br />

by Yaghour in High Atlas rock art is thus confirmed. With<br />

this addition of new figures the spread of the subjects is little<br />

changed apart from the axe theme which becomes<br />

more significant with 108 new examples, i.e. 11.98% of<br />

the 1,702 subjects identified. It is the third most represented<br />

theme at Yaghour behind those of bovines<br />

(24.91%) and daggers (15.84%). Another exception: the<br />

61 new images of anthropomorphs (9.55%) in front of<br />

faunal themes (8.87%), various (8.36%), shields (7.41%),<br />

various weapons (7.06%) and halberds (2.34%) (all percentages<br />

calculated from subjects identified).<br />

14<br />

INORA, 2008, N° 51


C’est <strong>sur</strong>tout la géographie de l’ensemble du site qui<br />

évolue. Les sept stations <strong>rupestre</strong>s localisées au sud du<br />

plateau, le long de l’itinéraire de randonnée qui mène de<br />

la vallée de l’Ourika à la vallée du Zat en passant par le<br />

douar de Warzast (Lalla Mina Hammou, Tizi n’Rhellis,<br />

Aougdal n’Ouagouns, Assif Tamadout, Azib n’Ikkis, Talat<br />

n’Isk et Talat n’Toukourt), sont formées de concentrations<br />

très denses. L’importance de ces stations par rapport à<br />

l’ensemble du site doit être aujourd’hui relativisée.<br />

L’ensemble du plateau proprement dit recèle lui aussi de<br />

nombreux documents, même s’ils sont beaucoup plus<br />

dispersés. D’ouest en est, nous dénombrons quatorze<br />

stations <strong>sur</strong> le plateau : Ifgane inférieure, Ifgane, Fif<br />

Gaguine, Bou Oudrouc, Alroz, Aguerd n’Tircht supérieur,<br />

Aguerd n’Tircht Inférieur, Ifard, Agdal n’Issan, Jbel<br />

Agourouy, Ouanzoug, Tifirt n’Ourgou, Israoun et Azrhen<br />

n’Yeken. Nous relevons donc, à ce jour, vingt et une stations<br />

<strong>rupestre</strong>s <strong>sur</strong> le site du Yagour. Auxquelles s’ajoute<br />

la petite station de Ouarzazt récemment présentée dans<br />

INORA (Bravin & Skounti, 2007, p. 10-12).<br />

Comme l’écrivait Simoneau (1967, p. 73), «les gravures<br />

parsèment les aougdal du Yagour : aougdal de sommets<br />

(Adrar N’Touimelt) […], aougdal de versant comme<br />

Asrouan ou de fonds de vallée comme Lalla Minna<br />

Hammou». Les dalles éloignées des prairies, ainsi que<br />

celles proches du sommet du plateau et distantes des<br />

sources ne portent quasiment pas de gravures. La présence<br />

de gravures est bien liée à celle des prairies, des<br />

sources, des tumuli et, bien sûr, des dalles plates et d’un<br />

grès assez homogène. Il est remarquable de constater<br />

que bien des zones gravées correspondent aux zones<br />

habitées aujourd’hui lors de l’estive.<br />

La relation entre gravures et activités transhumantes<br />

fait consensus parmi les chercheurs. On peut imaginer<br />

que, dans un milieu aux alentours plus arides, les prairies<br />

humides du Yagour devaient, comme aujourd’hui, attiser<br />

la concurrence entre pasteurs à la recherche de ressources<br />

herbacées. Les gravures pourraient représenter des<br />

marqueurs territoriaux propres aux divers groupes fréquentant<br />

les alpages. Elles exprimeraient ainsi une volonté<br />

d’appropriation de l’espace. Ceci pourrait expliquer la<br />

correspondance de localisation entre gravures, prairies,<br />

sources et tumuli.<br />

Les découvertes rapidement présentées ici mériteraient<br />

d’être détaillées sous forme d’un corpus. Certains<br />

documents pourraient bien renouveler quelques pistes<br />

d’interprétation, toujours très délicate. Espérons, pour<br />

conclure, que le site du Yagour sera rapidement protégé<br />

et ne subira pas le même sort que son voisin<br />

l’Oukaïmeden, aujourd’hui la proie des promoteurs touristiques,<br />

peu soucieux de la préservation du patrimoine<br />

<strong>rupestre</strong>.<br />

It is above all the geography of the whole site that has<br />

changed. The seven rock art sites on the south of the<br />

plateau, along the hiking route that leads from the Ourika<br />

valley to the Zat Valley, passing by the Warzast douar<br />

(Lalla Mina Hammou, Tizi n’Rhellis, Aougdal n’Ouagouns,<br />

Assif Tamadout, Azib n’Ikkis, Talat n’Isk and Talat<br />

n’Toukourt), are made up of very dense concentrations.<br />

The significance of these particular sites in relation with<br />

the whole site should today be seen in more relative<br />

terms. The whole of the plateau also has numerous rock<br />

art works, even if these are much more scattered. From<br />

west to east there are fourteen sites on the plateau: Lower<br />

Ifgane, Ifgane, Fif Gaguine, Bou Oudrouc, Alroz, Upper<br />

Aguerd n’Tircht, Lower Aguerd n’Tircht, Ifard, Agdal<br />

n’Issan, Jbel Agourouy, Ouanzoug, Tirfirt n’Ourgou,<br />

Israoun and Azrhen n’Yeken. Up to the present then, we<br />

count twenty-one rock art sites at Yaghour. To which can<br />

be added the small site of Ouarzazt recently presented in<br />

INORA (Bravin & Skounti 2007: 10-12).<br />

As Simoneau wrote (1967: 73), “the engravings are<br />

scattered across the Yagour aougdals: aougdals on summits<br />

(Adrar N’Touimelt) […], aougdals on slopes like<br />

Asrouan or in valley bottoms like Lalla Minna Hammou”.<br />

Slabs far from meadows as well as those close to the<br />

summit of the plateau and far from springs have virtually<br />

no engravings. The presence of engravings is very much<br />

linked to that of meadows, springs, tumuli and of course<br />

flat slabs of a fairly homogeneous sandstone. It is remarkable<br />

that the engraved stones correspond to zones today<br />

inhabited in the period of summer pasturing.<br />

All researchers agree on a relation between the<br />

engravings and transhumance activities. It can be imagined<br />

that in a <strong>sur</strong>rounding arid environment the meadows<br />

of Yaghour must have, as today, incited competition<br />

between pastoralists searching for grazing resources. The<br />

engravings could be territorial markers for the various<br />

groups using the pastures. They thus would show a wish<br />

to appropriate available space. This would explain the correspondence<br />

in the positioning of engravings, prairies,<br />

springs and tumuli.<br />

These rapidly presented finds need to be detailed in<br />

corpus form. Some of them could well renew some interpretative<br />

lines of enquiry, still difficult. In conclusion, it is to<br />

be hoped that the Yaghour site will rapidly be protected<br />

and not share the same fate as its neighbour<br />

Oukaimeden, today prey to tour organisers who take little<br />

care to preserve its rock art heritage.<br />

Benoît HOARAU & Abdelhadi EWAGUE<br />

INORA, 2008, N° 51<br />

15


CONSERVATION<br />

SUIVI DE L’ÉTAT HYDRIQUE D’UNE PAROI DE LA<br />

SALLE DES TAUREAUX DE LASCAUX<br />

La paroi gauche de la Salle des Taureaux de Lascaux<br />

possède une grande valeur esthétique en raison de la<br />

qualité des thèmes animaliers (aurochs, licorne, chevaux,<br />

cerfs) et des signes (ponctuations, bâtonnets) tracés par<br />

l’homme préhistorique <strong>sur</strong> un encroûtement carbonaté.<br />

Or, à l’entrée de la cavité<br />

(fig. 1), la voûte du Sas 1<br />

est le siège d’émergences<br />

d’eau temporaires, actives<br />

en moyenne d’octobre à juin,<br />

alimentées par une nappe<br />

perchée au débit calqué <strong>sur</strong><br />

le régime climatique. Plus<br />

profondément dans la grotte,<br />

dans le Sas 2 et dans la<br />

Salle des Taureaux, l’existence<br />

d’accidents morphologiques<br />

(4 joints) au sein des<br />

calcaires du Crétacé supérieur<br />

cause les variations<br />

hydriques importantes signalées<br />

au cours du temps.<br />

Les observations régulières<br />

de l’état d’hydratation de<br />

la paroi gauche de la Salle<br />

des Taureaux entre juin 2001<br />

et juin 2004 ont été réalisées<br />

en collaboration avec les<br />

techniciens de la grotte (S.<br />

Van Solinge, B. Desplat et<br />

P. Buraud) ; la fréquence<br />

des relevés est de l’ordre de<br />

huit jours. Deux joints ont<br />

particulièrement retenu notre<br />

attention : les joints n° 3 et 4<br />

(fig. 2).<br />

Les principaux points<br />

d’observation du joint n° 3<br />

<strong>sur</strong> la paroi gauche de la<br />

Salle des Taureaux sont,<br />

depuis l’entrée de cette salle<br />

vers le fond : la première<br />

Fig. 1. Lascaux. Plan de la cavité. Doc. Norbert Aujoulat<br />

<strong>sur</strong> un fonds topographique de Claude Bassier.<br />

Fig. 1. Lascaux. Map of the cave (Norbert Aujoulat based<br />

on a topography by Claude Bassier)<br />

SURVEILLANCE OF THE HYDROUS STATE OF A<br />

WALL IN THE HALL OF THE BULLS AT LASCAUX<br />

The left wall of the Hall of the Bulls at Lascaux has a<br />

considerable aesthetic value because of the quality of its<br />

animal themes (aurochs, unicorn, horses, stags) and geometric<br />

signs (dots and stick forms) drawn by prehistoric<br />

man on a carbonate crust.<br />

At the entrance to the<br />

cave (Fig. 1) the vault of<br />

Airlock 1 is the site of temporary<br />

water infiltration from<br />

October to June on average,<br />

fed by an elevated sheet of<br />

water whose outflow relates<br />

to climatic conditions.<br />

Deeper into the cave, in<br />

Airlock 2 and in the Hall of<br />

the Bulls, morphological<br />

accidents (4 joints) in the<br />

Upper Cretacean limestone<br />

have caused significant<br />

hydric variations noted and<br />

documented over time.<br />

Regular observations of<br />

the state of hydration of the<br />

left wall of the Hall of the<br />

Bulls were made between<br />

June 2001 and June 2004 in<br />

collaboration with the cave<br />

technicians (S. van Solinge,<br />

B. Desplat and P. Buraud);<br />

checks were made every<br />

eight days. Two joints particularly<br />

interested us: n°3 and<br />

4 (Fig. 2).<br />

The main observation<br />

points of joint n°3 on the left<br />

wall of the Hall of the Bulls<br />

are, from the entrance to the<br />

rear: the first stalactite at<br />

Fig. 2. Lascaux. Partie gauche de la Salle des<br />

Taureaux. Ce cheval brun ne comprend que la tête,<br />

l’encolure et la ligne de dos. La tête a été exécutée<br />

avec un grand souci des détails anatomiques. La ligne<br />

de dos suit le joint n° 3 qui recoupe la tête. Ce joint a<br />

donné naissance à une écaille de roche délimitée par<br />

des cicatrices très nettes. Occasionnellement, l’activité<br />

hydrique de ce joint peut reprendre et être responsable<br />

d’une nouvelle évolution de cette partie de la<br />

paroi.<br />

Fig. 2. Lascaux. Left part of the Hall of the Bulls. The<br />

brown horse has only the head, withers and the line of<br />

the back. The head has been done with great anatomical<br />

care. The line of the back follows joint n°3 that<br />

cuts across the head. This joint has given birth to a<br />

rock flake <strong>sur</strong>rounded by very clear scars.<br />

Occasionally the hydrous activity of the joint may<br />

restart and be responsible for new changes in this part<br />

of the wall.<br />

16<br />

INORA, 2008, N° 51


stalactite à 1,40 m du mur de la Salle des Taureaux, la<br />

deuxième stalactite à 1,60 m du mur de la Salle des<br />

Taureaux, l’écaille à 1 m avant le cheval n° 1, la stalactite<br />

mamelonnée à l’encolure du cheval n° 1, la queue de<br />

la licorne, la bosse de la licorne, l’œil de la licorne, la<br />

corne de la licorne (fig. 3), l’écaille n° 3 devant la tête de<br />

la licorne (tête du grand cheval), le dos et la tête du premier<br />

grand taureau (n° 9) et la tête du deuxième grand<br />

taureau (n° 13).<br />

1.40m from the wall of the Hall of the Bulls, the second<br />

stalactite at 1.60m also from the wall of the Hall of the<br />

Bulls, the flaking 1m before Horse n°1, the “nippled” stalactite<br />

at the withers of Horse n°1, the unicorn’s tail, the<br />

unicorn’s hump, the unicorn’s eye, its horn (Fig. 3), the<br />

flaking n°3 in front of the unicorn’s head (head of the large<br />

horse), the back and head of the first large bull (n°9) and<br />

the head of the second large bull (n°13).<br />

Fig. 3. L’homme préhistorique a tracé cette figure <strong>sur</strong><br />

un support concrétionné formé bien avant la présence<br />

humaine et <strong>sur</strong> les cicatrices des écailles provoquées<br />

par la circulation et la pression des eaux souterraines<br />

s’exerçant le long des joints accidentant la roche. Les<br />

eaux souterraines suintant d’une manière périodique<br />

et irrégulière par ces fis<strong>sur</strong>es de la roche sont à l’origine<br />

de précipitations de carbonate de calcium sous<br />

forme de dépôts blancs disséminés principalement<br />

<strong>sur</strong> le dos de cet animal. Sur la banquette, à la verticale<br />

du suintement, on observe des taches blanches,<br />

témoins des impacts de gouttes d’eau riche en carbonates<br />

dissous.<br />

Fig. 3. The prehistoric artist drew this figure on a concretion<br />

formed long before any human presence and<br />

on the scars of the scaling caused by the circulation<br />

and pres<strong>sur</strong>e of underground water on the junctions<br />

which vary the rock <strong>sur</strong>face. Underground water oozing<br />

periodically and irregularly through these fis<strong>sur</strong>es is<br />

at the origin of the calcium carbonate precipitations in<br />

the form of white deposits mainly disseminated on the<br />

back of this animal. On the ledge, vertical to the flow,<br />

can be seen white stains, evidence of the impacts of<br />

water droplets rich in dissolved carbonates.<br />

Pour le joint n° 4, toujours <strong>sur</strong> la paroi gauche, les<br />

principaux points d’observation sont le bas de l’écaille<br />

sous le protomé du cheval n° 1, le ventre de la licorne, le<br />

bas de l’écaille n° 3, le ventre du cheval polychrome n°<br />

8, la jambe avant gauche du cheval polychrome (8), le<br />

corps du cerf rouge supérieur du groupe n° 11, l’écaille<br />

devant le cou du deuxième grand taureau n° 13 et le<br />

membre arrière gauche du deuxième grand taureau n°<br />

13.<br />

Les hypothèses suivantes avaient été faites par<br />

H. Schoeller et J. Vouvé pour expliquer le fonctionnement<br />

de l’alimentation des joints. Lorsque le réseau aquifère du<br />

Sas 1 est en crue (exutoire de la nappe temporaire), la<br />

charge hydraulique suffit pour provoquer une infiltration<br />

au voisinage des affleurements à travers les couches<br />

superficielles. Le joint n° 3 <strong>sur</strong> la paroi gauche de la Salle<br />

des Taureaux draine d’abord l’eau descendant verticalement,<br />

puis le joint n° 4. L’eau ne semble pas pénétrer<br />

plus profondément que le fond de la salle. Lorsque le<br />

réseau du Sas 1 n’est plus en charge, l’eau ne pénètre<br />

plus dans les couches superficielles et l’effet s’en fait ressentir<br />

avec retard <strong>sur</strong> les écoulements de la corniche ; ce<br />

retard dépend de l’état de saturation de la roche.<br />

Actuellement, la comparaison des périodes d’activité<br />

du joint n° 3 au droit de la Licorne et des périodes réelles<br />

et théoriques (calculées) d’écoulement de la nappe ne<br />

montre aucune corrélation directe entre la période d’activité<br />

hydrique de ce joint et l’écoulement observé de la<br />

nappe phréatique. Cette observation s’inscrit dans les<br />

remarques faites par H. Schoeller et J. Vouvé concernant<br />

le joint n° 3 ; pour ces auteurs, le déphasage apparent<br />

de l’activité hydrique pouvait y être de quelques jours à<br />

plusieurs mois.<br />

De janvier 2000 à janvier 2004, ont été étudiées les<br />

informations concernant le début et la fin de l’écoulement<br />

For joint n°4, still on the left wall of the Hall of the Bulls,<br />

the principal observation points are the base of the flaking<br />

under the forequarters of Horse n°1, the belly of the unicorn,<br />

the base of flake n°3, the belly of the polychromatic<br />

horse n°8, the left front foreleg of the polychromatic horse<br />

(8), the body of the upper red stag of Group n°11, the flaking<br />

in front of the neck of the second large bull n°13 and<br />

the rear left leg of the second large bull n°13.<br />

The following hypotheses have been put forward by H.<br />

Schoeller and J. Vouvé to explain how the joints work and<br />

are fed. When the underground water system of Airlock 1<br />

is full of rising water (the outflow of the temporary sheet of<br />

water), the hydraulic load is enough to provoke an infiltration<br />

near the bedrock visible across the overlying levels.<br />

Joint n°3 on the left wall of the Hall of the Bulls drains first<br />

the water coming down vertically then joint n°4. The water<br />

does not seem to penetrate any further than the back of<br />

the chamber. When the system of Airlock 1 is no longer<br />

under load, water no longer penetrates the superficial layers<br />

and the effect is noticeable with a delay outflow from<br />

the cornice; the delay depends on how saturated the rock<br />

can be.<br />

At present, a comparison of the periods of activity of<br />

joint n°3 to the right of the unicorn and the real or theoretical<br />

(calculated) periods of flow from the water table show<br />

no direct correlation between the period of hydrous activity<br />

of the joint and the flow observed from the water table.<br />

This observation figures in the comments made by H.<br />

Schoeller and J. Vouvé regarding joint n°3; for these<br />

authors the apparent time lag in hydrous activity could<br />

range from several days to several months.<br />

The data regarding the beginning and end of the flow<br />

from joints n°3 and 4 was studied from January 2000 to<br />

January 2004. Activity can occur anywhere on the left wall<br />

INORA, 2008, N° 51<br />

17


des joints n° 3 et n° 4. L’activité peut se faire en n’importe<br />

quel point de la paroi gauche (cheval n° 1, licorne, cheval<br />

polychrome, premier grand taureau, petit cerf du groupe<br />

n° 11, deuxième grand taureau). La chronique d’observation<br />

est très courte (quatre événements seulement)<br />

et ne permet pas une analyse statistique rigoureuse.<br />

Les activités du joint n° 3 et celles du joint n° 4 sont<br />

très variables : en phase avec la crue de la nappe en avril<br />

2001 ; en déphasage avec la nappe alors que celle-ci ne<br />

coule pas, de juin à décembre 2001.Cependant les joints<br />

n° 3 et 4 sont actifs avec un grand déphasage entre eux<br />

: le joint n° 3 ne coule qu’au mois de juin, le n° 4 coule<br />

d’octobre à novembre 2001. Les joints n° 3 et 4 sont<br />

actifs de février à décembre 2002 ; le n° 4 est légèrement<br />

en retard pour la reprise d’activité et cesse son activité<br />

un peu avant le joint n° 3.<br />

Les activités de ces joints sont en grand déphasage<br />

avec la nappe pour l’année 2003. Alors que la nappe est<br />

en crue de décembre 2002 à janvier 2003, le début de<br />

l’activité du joint n° 3 est en mai 2003, bien que la nappe<br />

ne coule plus depuis avril 2003. Ce joint s’arrête de couler<br />

en septembre 2003. Le joint n° 4 ne semble pas avoir<br />

été actif.<br />

De ces observations concernant les joints n° 3 et 4<br />

pour la période de 2000 à 2004, nous retiendrons aussi<br />

que le déphasage n’est pas constant et qu’il est difficile de<br />

rattacher directement l’activité des joints à la crue de la<br />

nappe. Le joint n° 4, topographiquement plus bas que le<br />

n° 3 est actif soit en même temps que lui, soit bien après<br />

ou pas du tout ; mais il n’est jamais actif avant <strong>sur</strong> la<br />

période d’observation.<br />

Que retirer de ces remarques pour la conservation<br />

?<br />

L’activité hydrique des joints est en partie à l’origine de<br />

la fis<strong>sur</strong>ation de la couche superficielle, support des tracés<br />

préhistoriques. Elle s’est manifestée par la chute d’éléments<br />

de la roche et de dépôts concrétionnés, provoquant<br />

de nombreuses desquamations. Par ailleurs cette<br />

activité hydrique des parois est, <strong>sur</strong> un plan conservatoire,<br />

à l’origine du déplacement et de l’entraînement de particules<br />

de matières picturales (fig. 4).<br />

Les périodes d’activité hydrique des joints n° 3 et 4<br />

(horse n°1, unicorn, polychrome horse, the first large bull,<br />

the small stag from Group n°11, the second large bull).<br />

The observation log is very short (only four events) and<br />

does not enable use to carry out a rigorous statistical analysis.<br />

The activity of joints n°3 and 4 could be very variable.<br />

They are in phase with the rising level of the water table in<br />

April 2001. They are out of phase with the water table<br />

when there was no outflow from June to December 2001.<br />

However, joints n°3 and 4 are active and considerably out<br />

of phase; joint n°3 running only in June and n°4 from<br />

October to November 2001. Joints n°3 and 4 are active<br />

from February to December 2002; n°4 is slightly later in<br />

restarting activity and stops its activity a little before joint<br />

n°3 does.<br />

The activities of these joints are very out of phase with<br />

the 2003 water table. While it is rising from December<br />

2002 to January 2003, joint n°3 starts activity in May<br />

2003, even though the water table has stopped flowing<br />

since April 2003. The joint stops flowing in September<br />

2003. Joint n°4 does not seem to have been active.<br />

From these observations concerning joints n°3 and 4<br />

between 2000 and 2004 it is apparent that the periods out<br />

of phase are not constant and it is difficult to make a<br />

direct link between the activity of the joints and the high<br />

water levels in the water table. Joint n°4, topographically<br />

lower than n°3, is active either at the same time, or well<br />

after or not at all; but never before during the observation<br />

period.<br />

What lessons do these remarks provide for conservation?<br />

The hydrous activity of the joints is in part the origin of<br />

the cracking of the top layer that provided the “canvas”<br />

upon which the prehistoric representations in the Hall of<br />

the Bulls were painted. As a consequence, the fall of<br />

pieces of rock and concretions caused numerous flakings.<br />

This hydrous activity is also, in conservation terms, the<br />

origin of the shifting and carrying away of tiny elements of<br />

the paintings (Fig. 4).<br />

The periods of hydrous activity of joints n°3 and 4 are<br />

responsible for the appearance of wet zones which are<br />

Fig. 4. Détail de la jambe d’un cheval en paroi gauche<br />

de la Salle des Taureaux. Cette jambe est recoupée<br />

par le joint n° 4, l’eau qui sourd régulièrement de ce<br />

joint a entraîné une partie de la matière picturale.<br />

Fig. 4. Detail of the leg of a horse on the left wall of<br />

the Hall of the Bulls. This leg is crossed by joint n°4,<br />

the water which regularly wells up from this joint has<br />

taken with it a part of the picture’s substance.<br />

18<br />

INORA, 2008, N° 51


sont responsables de l’apparition de zones hydratées<br />

soumises au microclimat souterrain <strong>sur</strong> les parois. D’où<br />

une possibilité de croissance cristalline, s’il y a tendance<br />

à l’évaporation d’eau au niveau des parois avec développement<br />

de cristallites ou de voile de calcite oblitérant la<br />

<strong>sur</strong>face de la roche, en particulier les tracés peints. La<br />

précipitation de carbonate de calcium à partir d’eau étendue<br />

en fine couche peut être due, d’une manière générale,<br />

d’une part à la diminution de la teneur en gaz carbonique<br />

de l’atmosphère au contact de l’eau, provoquant l’abaissement<br />

dans l’eau de la tension de gaz carbonique en<br />

dessous de la tension d’équilibre des carbonates, et d’autre<br />

part à l’évaporation de l’eau provoquant la concentration<br />

des ions HCO3 et Ca++ . Le film d’eau alimenté par<br />

les joints peut s’amenuiser au cours du temps et disparaître<br />

dans le cas d’un contexte climatique où les paramètres<br />

majeurs (hygrométrie, température, circulation de l’air) ne<br />

sont eux-mêmes pas stables et peuvent accélérer ou<br />

ralentir le phénomène de dépôt de carbonate.<br />

Si le rôle de l’activité hydrique au niveau de la paroi est<br />

aisément reconnu (fis<strong>sur</strong>ation, dépôt de concrétion…), il<br />

n’en est pas de même pour l’origine (source de l’alimentation<br />

en eau) de ces mécanismes. On aimerait dépasser<br />

cette phase d’analyse pour une phase conservatoire permettant<br />

de mieux gérer cette activité hydrique dont les<br />

possibilités de nuisances au niveau de la paroi ne sont<br />

pas nulles. Pour l’art pariétal préhistorique, quelques<br />

interventions permettant de gérer ces nuisances existent<br />

: citons le détournement de circulations superficielles<br />

d’eau par la pose de bourrelets d’élastomères autour de<br />

portions de parois ornées dans des abris à peintures aborigènes<br />

en Australie ; ou encore l’interception par microforages<br />

de fis<strong>sur</strong>es alimentées en eau, intervention<br />

menée à Niaux par les chercheurs du laboratoire souterrain<br />

de Moulis (CNRS), sous l’autorité de Jean Clottes, il<br />

y a plus de vingt-cinq ans. Le but, dans les deux cas, était<br />

de provoquer l’assèchement des parois dont l’état d’humidité<br />

temporaire ou permanent n’était pas favorable à la<br />

conservation des tracés peints préhistoriques. Dans le<br />

cas de Lascaux, devons-nous contrôler les écoulements<br />

d’un ou plusieurs joints accidentant la paroi de la cavité ou<br />

contrôler l’alimentation à l’extérieur de ces venues d’eau ?<br />

De nouvelles études menées par R. Lastennet et<br />

B. Lopez, doctorant au laboratoire GHYMAC, ont pour but<br />

la caractérisation des processus d’infiltration et des écoulements<br />

dans l’épikarst de Lascaux, ainsi que du transfert<br />

du CO 2 dans les formations calcaires de la cavité à partir<br />

des remplissages du paléokarst. Les outils utilisés sont le<br />

traçage naturel par la géochimie isotopique (13C, 18O) et<br />

l’hydrogéophysique, méthodes électrique, électromagnétique<br />

ainsi que la polarisation spontanée.<br />

Nous avons, sans attendre la fin des études, proposé<br />

une extension du périmètre de protection de la cavité, de<br />

façon à limiter les risques potentiels de pollution de l’eau<br />

s’infiltrant dans la cavité.<br />

Remerciements<br />

Les auteurs remercient de leur collaboration le Directeur Régional<br />

des Affaires Culturelles d’Aquitaine, le Conservateur Régional des<br />

Monuments Historiques d’Aquitaine, le Conservateur du Service<br />

Régional de l’Archéologie d’Aquitaine, le président du Comité scientifique<br />

de la grotte de Lascaux.<br />

affected by the subterranean microclimate on the walls.<br />

This means a possibility of crystalline growth if there is a<br />

trend of water evaporation at the level of the walls with the<br />

development of tiny crystals or a veil of calcite obliterating<br />

the rock <strong>sur</strong>face and the painted lines in particular. The<br />

precipitation of calcium carbonate from water spread in a<br />

fine sheet could be due, in general, partly from a reduction<br />

in carbon dioxide in the atmosphere in contact with water<br />

engendering the lowering in the water of carbon dioxide<br />

pres<strong>sur</strong>e below the equilibrium of the carbonates, and on<br />

the other hand, water evaporation causing the concentration<br />

of HCO3 and Ca++ ions. The film of water fed by the<br />

joints could diminish over time and disappear in the case<br />

of a climatic context where the major parameters (hygrometry,<br />

temperature, air circulation) are not themselves<br />

stable and could accelerate or slow down the phenomenon<br />

of carbonate deposition.<br />

If it is relatively easy to determine the role of water on<br />

the cave walls (fis<strong>sur</strong>es, calcite deposits, etc.), this is not<br />

the case for its origin (that is to say where the water<br />

comes from). We would like to be able to go beyond the<br />

analysis phase to a conservative phase that would enable<br />

us to better deal with the activity of water whose nuisance<br />

value as regards the cave walls and their conservation is<br />

far from insignificant. As to Palaeolithic art, a few possibilities<br />

exist to avoid the worst; we can refer to protecting<br />

some painted areas in Australian shelters with aboriginal<br />

paintings by <strong>sur</strong>rounding them with elastomere strips that<br />

divert the water; or else, the tapping of the water running<br />

inside the wall by micro-drilling, as was done at Niaux<br />

under the direction of Jean Clottes by the researchers of<br />

the underground laboratory at Moulis (CNRS) more than<br />

twenty-five years ago. In the two cases cited, the aim was<br />

to dry up the walls whose temporary or permanent humidity<br />

was not favourable to the conservation of the prehistoric<br />

paintings. In the case of Lascaux, should we control<br />

the flowing of one or several joints on the walls of the cave<br />

or should we control the outside arrival of the water?<br />

New studies carried out by R. Lastennet and B.<br />

Lopez, studying for doctorates at the GHYMAC<br />

Laboratory, have the objective of characterising the infiltration<br />

processes and flows in the Lascaux epikarst, as<br />

well as the transfer of CO 2 in the cave’s limestone formations<br />

from the filling of the palaeokarst. The tools used are<br />

natural tracing by isotopic and hydrogeophysical geochemistry<br />

(13C, 18O), electric and electromagnetic methods<br />

as well as spontaneous polarisation.<br />

We have, without waiting for the end of the studies,<br />

proposed an extension of the cave’s protected perimeter<br />

so as to limit the potential risks of pollution by water infiltrating<br />

into the cave.<br />

Acknowledgements<br />

The authors thank for their help the Directeur régional des Affaires<br />

culturelles d’Aquitaine, the Conservateur régional des Monuments historiques<br />

d’Aquitaine, the Conservateur du Service régional de<br />

l’Archéologie d’Aquitaine, the President of the Lascaux Scientific<br />

Committee.<br />

Philippe MALAURENT 1 , Jacques BRUNET 2 , Roland LASTENNET 3 & Benjamin LOPEZ 4<br />

1 Ingénieur Géosciences Hydrosciences Matériaux Constructions<br />

2 Ingénieur Laboratoire de Recherche des Monuments Historiques (à la retraite)<br />

3 Maître de conférences Géosciences Hydrosciences Matériaux Constructions<br />

4 Doctorant Géosciences Hydrosciences Matériaux Constructions<br />

Crédit photographique : J.-P. Bozellec, LRMH., J. Brunet et Ph. Malaurent.<br />

INORA, 2008, N° 51<br />

19


BIBLIOGRAPHIE<br />

AUJOULAT N., 2004. — Lascaux, le geste, l’espace et le temps. Paris, Éditions du Seuil.<br />

BRUNET J., MALAURENT Ph., VOUVÉ J., 1997. — Lascaux, histoire d’un difficile sauvetage. Archéologia, n° 332,<br />

p. 24-35.<br />

BRUNET J. & MALAURENT Ph., 2004. — The complex story of Lascaux cave from its discovery to now. Influence and<br />

conservation method of moisture in tomb or cave. The seminar on the conservation and restoration for cultural properties.<br />

Ed. National Research Institute for Cultural Properties, Tokyo, p. 1-9 en japonais et p. 55-65 en anglais.<br />

LASTENNET R., DENIS A., MALAURENT Ph., VOUVÉ J., 1999. — Behaviour of the epikarstic aquifer: signal analysis<br />

and flow analysis. Site of Lascaux Cave. Patronato de la Cueva de Nerja. Nerja, Málaga, p. 363-370.<br />

SARRADET M., 1970. — Lascaux en Périgord. Travaux de conservation. Édition Pierre Fanlac.<br />

VOUVÉ J., 1968. — Colline de Lascaux. Détermination d’un modelé karstique original en pays calcaire. Comptes rendus<br />

de l’Accadémie des Sciences, série D, Paris, t. 266, p. 2139-2142.<br />

DIVERS<br />

L’ART RUPESTRE<br />

DU PRÉSAHARA MAROCAIN REVU<br />

Résumé<br />

Le Présahara marocain est une région très riche en art <strong>rupestre</strong>,<br />

encore insuffisamment étudiée. Notre étude (Heckendorf, 2008), dont le<br />

présent article constitue un résumé, traite des gravures <strong>rupestre</strong>s de la<br />

vallée moyenne du Draa, plus précisément de la région comprise entre<br />

l’Anti-Atlas occidental, le Jbel Bani et l’Oued Draa. Le dépouillement historique<br />

des sources archéologiques présentées concerne particulièrement<br />

les problèmes liés à leur classification, à leur contexte et à leur<br />

chronologie. Ces problématiques sont discutées en référence à l’histoire<br />

des civilisations, à l’évolution du climat, à la géographie et à l’ethnographie<br />

de la vallée moyenne du Draa. Dans le cadre de travaux préalables<br />

<strong>sur</strong> le terrain, nous avons documenté d’une manière systématique<br />

les sources archéologiques qui constituent le fondement de l’analyse.<br />

Introduction<br />

Dans un premier temps, nous présentons dans notre<br />

thèse (Heckendorf, 2008), dont le présent article est le<br />

résumé, plusieurs aspects qui sous-tendent l’étude. Au<br />

Maroc, les gravures du « Bubalin » (« Style de Tazina »)<br />

et du « Bovidien » appartenant à la période d’art <strong>rupestre</strong><br />

la plus ancienne, sont considérées comme les témoins<br />

d’un changement culturel causé jadis par la désertification<br />

du Sud marocain. Cette conception s’inspire d’un scénario<br />

développé au cours des années 60 et 70 par A.<br />

Simoneau (1969, 1971, 1977, 1995), prenant comme<br />

modèle les notions de l’explorateur P. Huard (Huard,<br />

1965, 1968 ; Huard & Allard, 1970 ; Huard & Leclant,<br />

1973). Ce modèle eut un effet persistant <strong>sur</strong> toutes les<br />

tentatives d’interprétation ultérieures, notamment les travaux<br />

d’A. Rodrigue (2006) et de S. Searight (Searight<br />

2004 ; Heckendorf, 2005). Notre recherche, qui se<br />

propose comme objectif la révision de cette interprétation<br />

insuffisamment fondée, <strong>sur</strong> l’étude de la littérature publiée<br />

et des matériaux classés dans les archives, ainsi que <strong>sur</strong><br />

les résultats de travaux intenses <strong>sur</strong> un grand nombre de<br />

sites d’art <strong>rupestre</strong>, principalement à gravures (1 881<br />

figures individuelles <strong>sur</strong> 919 panneaux), documentées<br />

<strong>sur</strong> une sélection représentative de stations d’art <strong>rupestre</strong><br />

(20 sites) situées dans une région clairement délimitée (N<br />

29°-30°, W 7°-9°) de la vallée moyenne du Draa, soumises<br />

à un examen critique.<br />

L’historique des recherches touche aussi bien l’histoire<br />

des découvertes que les systèmes de classement appliqués<br />

à l’art <strong>rupestre</strong>. Au cours des périodes avant, pendant<br />

et après le Protectorat (1912-1956), en raison de la<br />

situation politique, les activités de recherche étaient<br />

souvent soumises à restrictions. L’application du cadre<br />

Abstract<br />

MOROCCAN PRESAHARAN ROCK ART<br />

RECONSIDERED<br />

The Moroccan PreSahara is a rich rock art region though still insufficiently<br />

studied. Our study (Heckendorf 2008) examines the engravings<br />

(petroglyphs) of the Middle Draa Valley, more exactly the region between<br />

the Western Anti-Atlas, the Jbel Bani and the Oued Draa. This paper is<br />

a shortened version of the study. The historical interpretation of the<br />

archaeological sources presented particularly deals with problems linked<br />

to their classification, context and chronology. These problems are discussed<br />

with reference to the history of the civilizations, climatic change,<br />

the geography and ethnography of the Middle Draa Valley. As part of the<br />

preliminary field work a systematic documentation of the archaeological<br />

sources on which the analysis is based was made.<br />

Introduction<br />

Firstly, we present several underlying aspects of the<br />

study in our thesis (Heckendorf 2008), which is summed<br />

up in this article. In Morocco the “Bubalin” (“Tazina Style”)<br />

and “Bovidian” engravings belonging to the earliest rock<br />

art period are considered as indicators of a cultural<br />

change that would have been formerly caused by the<br />

increase and expansion of desert conditions in Southern<br />

Morocco. This concept comes from a scenario developed<br />

in the 1960s and 70s by A. Simoneau (1969, 1971, 1977,<br />

1995). It takes as a model the ideas of the well-known<br />

Sahara explorer P. Huard (Huard 1965, 1968; Huard &<br />

Allard 1970; Huard & Leclant 1973). This model influenced<br />

all succeeding interpretations – particularly the<br />

work of A. Rodrigue (2006) and Susan Searight (Searight<br />

2004; Heckendorf 2005). Our research proposes a revision<br />

of this insufficiently solid interpretation. Our new<br />

study is based upon an examination of the literature and<br />

archive material as well as upon the results of direct intensive<br />

work on a large number of rock art sites, mostly with<br />

petroglyphs. The principal task was to critically examine<br />

the engravings (1,881 individual figures on 919 panels)<br />

documented in a representative selection of rock art sites<br />

(20) in a clearly defined region (N 29°-30°, W 7°-9°) in the<br />

Middle Draa Valley.<br />

The review of the research touches both on the history<br />

of the finds and the classification systems applied to<br />

rock art. In previous periods, during and after the<br />

Protectorate (1912-1956), because of the political situation,<br />

research activities were often subject to strict restrictions.<br />

The application of the traditional framework raises<br />

20<br />

INORA, 2008, N° 51


classificatoire traditionnel soulève plusieurs difficultés fondamentales<br />

: vu l’état des recherches dans la région étudiée,<br />

il est impossible d’effectuer des comparaisons<br />

fondées avec l’art <strong>rupestre</strong> mieux connu des autres<br />

régions du Sahara, à l’origine du système de classement.<br />

En outre, divers aspects du cadre classificatoire traditionnel<br />

et de ses implications sont controversés, <strong>sur</strong>tout pour<br />

l’art <strong>rupestre</strong> du Sahara central. De plus, en l’absence de<br />

points de repère typiques, le classement de l’art <strong>rupestre</strong><br />

selon H. Lhote (Lhote et al., 1989) ne permet pas d’identifier<br />

ou de distinguer le « Bubalin » (« Style de Tazina »)<br />

et le « Bovidien » (Le Quellec, 1998, p. 245). Par ailleurs,<br />

pour ce qui est des « attributs des chasseurs », qui existeraient<br />

dans l’art <strong>rupestre</strong> du Sud marocain, il s’agit d’éléments<br />

de représentation omniprésents ou de motifs<br />

abstraits qui ne conviennent pas pour caractériser la «<br />

culture des chasseurs » postulée par Huard (Muzzolini,<br />

1995, p. 91-92 ; Le Quellec, 1998, p. 473-478). Par<br />

conséquent, l’interprétation de l’art <strong>rupestre</strong> du Sud marocain<br />

selon Simoneau, qui prenait comme modèle les<br />

notions de Huard, est dénuée de tout fondement.<br />

La discussion du problème posé par la désertification<br />

présumée de la région présaharienne tient compte des<br />

indices qui devraient exister indépendamment de l’interprétation<br />

de l’art <strong>rupestre</strong>. Faute de recherches, l’histoire<br />

de l’occupation du sol est pratiquement inconnue. Il n’est<br />

pas possible d’établir un rapport entre les stations d’art<br />

<strong>rupestre</strong> en plein air et les vestiges matériels (sites de <strong>sur</strong>face,<br />

tumulus) dans leur contexte. Les suppositions avancées<br />

par le passé <strong>sur</strong> la désertification de la région étudiée<br />

ne peuvent se défendre. Le Présahara marocain<br />

n’est pas un désert inhabité. Au contraire, le Présahara<br />

constitue une zone de transition entre la région méditerranéenne<br />

et l’espace désertique. De <strong>sur</strong>croît, il présente la<br />

particularité que l’on y trouve jusqu’à nos jours des éléments<br />

caractéristiques de la flore et de la faune tropicales.<br />

Dans le cas présent, il n’y a pas de preuves d’anciens processus<br />

de désertification (causes climatiques, indices<br />

physiques) qui remonteraient incontestablement aux<br />

effets nuisibles de l’action humaine (p. ex. l’élevage de<br />

bœufs pendant la période néolithique).<br />

Méthodologie<br />

Dans un second lieu, nous exposons la méthode systématique<br />

qui constitue le fondement des procédés de<br />

documentation et d’analyse de l’art <strong>rupestre</strong> traité dans<br />

l’étude. Notamment, certaines questions de base concernant<br />

la méthodologie ainsi que la théorie de l’image sont<br />

discutées, et quelques idées et conceptions d’importance<br />

fondamentale pour l’analyse des images sont expliquées.<br />

À cet effet, nous nous référons <strong>sur</strong>tout aux idées avancées<br />

par les historiens d’art E. Gombrich (1983), E.<br />

Panofsky (1964) et M. Schapiro (1953). L’instrument analytique<br />

ainsi créé permet, pour la première fois, d’évaluer<br />

l’art <strong>rupestre</strong> du Sud marocain de façon différenciée.<br />

En raison de l’état des recherches, les sources documentaires<br />

disponibles n’étaient pas suffisantes pour pouvoir<br />

effectuer notre analyse. Pour cela, une documentation<br />

systématique d’un échantillon important de l’art<br />

<strong>rupestre</strong> du Présahara marocain a été établie dans le<br />

cadre de travaux préliminaires <strong>sur</strong> le terrain. L’étude du<br />

fonds documentaire ainsi constitué se réfère aussi bien à<br />

l’art <strong>rupestre</strong> (pétroglyphes) qu’au lieu de son apparition<br />

(station d’art <strong>rupestre</strong>).<br />

Étude des stations d’art <strong>rupestre</strong><br />

Dans un troisième temps, nous discutons la question<br />

de savoir dans quelle me<strong>sur</strong>e les gravures associées au<br />

sein d’un site d’art <strong>rupestre</strong> (unité spatiale) constituent un<br />

several fundamental difficulties: given the state of<br />

research in the region under study, it is impossible to<br />

make comparisons with the better-known rock art of other<br />

Saharan regions, which provided the basis of the classification<br />

system. In addition, various aspects of the traditional<br />

classification framework and its implications are controversial,<br />

particularly concerning Central Saharan rock art.<br />

Also, without type reference points, Henri Lhote’s (Lhote<br />

et al. 1989) rock art classification does not enable the<br />

identification or differentiation of the “Bubalin” (“Tazina<br />

Style”) and the “Bovidian” (Le Quellec 1998: 245). With<br />

regard to the “hunters’ characteristics” in South Moroccan<br />

rock art, moreover, these seem to be omnipresent elements<br />

of representation or abstract motifs which are not<br />

suitable for characterising the “hunting culture” postulated<br />

by Huard (Muzzolini 1995: 91-92; Le Quellec 1998: 473-<br />

478). Consequently, the interpretation of Southern<br />

Moroccan rock art according to Simoneau, who takes the<br />

ideas of Huard as a model, has no firm basis.<br />

The discussion of the problem posed by the presumed<br />

increase and expansion of the desert in the Presaharan<br />

area takes into account evidence that should exist independently<br />

of the interpretation of the rock art. Due to a<br />

lack of research the occupation history of the area is practically<br />

unknown. There is no means of establishing a link<br />

between open air rock art sites and material remains<br />

(such as <strong>sur</strong>face sites, tumuli) in their context. Earlier suppositions<br />

concerning the increase in desert in the region<br />

studied do not hold up. The Moroccan PreSahara is not an<br />

uninhabited desert. On the contrary, the PreSahara constitutes<br />

a transition zone between the Mediterranean<br />

region and the real desert area. Additionally, it has the particularity<br />

of preserving up to the present characteristic elements<br />

of tropical flora and fauna. In the present case there<br />

are no real proofs of ancient desert increase (like climatic<br />

causes, physical evidence) clearly going back to deterioration<br />

caused by humans (for example, cattle rearing during<br />

the Neolithic).<br />

Methodology<br />

Secondly, we discuss the systematic method that provides<br />

the foundation of the procedures of documentation<br />

and analysis of rock art treated during the study. In particular,<br />

certain basic questions concerning methodology as<br />

well as the theory of the image are considered and some<br />

fundamentally important ideas and concepts regarding the<br />

analysis of the images are explained. We refer particularly<br />

to the ideas put forward by art historians such as E.<br />

Gombrich (1983), E. Panofsky (1964) and M. Shapiro<br />

(1963). The analytical tool thus created enables the first<br />

differential evaluation of South Moroccan rock art.<br />

Because of the present state of research, the documentary<br />

sources available were inadequate to facilitate<br />

our analysis. To do this a systematic documentation of a<br />

large sample of PreSaharan Moroccan rock art was established<br />

as part of the preliminary work in the field. The<br />

study of the documentary data base thus constituted<br />

refers equally to rock art (petroglyphs) as to where it is<br />

located (rock art sites).<br />

Study of rock art sites<br />

Thirdly we discuss the question of the degree to which<br />

petroglyphs associated on the same individual rock art<br />

site (considered as a spatial unit) make up a homoge-<br />

INORA, 2008, N° 51<br />

21


ensemble homogène ou une accumulation d’images hétérogènes.<br />

La délimitation des stations individuelles que nous proposons<br />

prend comme modèle les formes naturelles du<br />

relief. Ce procédé permet, pour la première fois, de décrire<br />

les caractéristiques de la situation des sites. La plupart<br />

du temps, les stations sont liées aux zones exposées<br />

au soleil qui se trouvent <strong>sur</strong> des élévations marquantes ou<br />

les cluses qui les traversent. Ils apparaissent <strong>sur</strong>tout <strong>sur</strong><br />

les versants ou <strong>sur</strong> les crêtes orientées dans le sens SO-<br />

NE. Les pétroglyphes se répartissent principalement <strong>sur</strong><br />

les zones faciles d’accès, mais <strong>sur</strong>élevées par rapport aux<br />

environs.<br />

L’analyse de la composition de l’art <strong>rupestre</strong> touche<br />

l’ensemble des images gravées appartenant à une sélection<br />

représentative de 20 sites. Ces stations se répartissent<br />

aussi bien <strong>sur</strong> les bassins versants des principaux<br />

systèmes d’oueds qui descendent de l’Anti-Atlas à l’Oued<br />

Draa que <strong>sur</strong> les différentes zones géographiques de la<br />

région étudiée. Leur composition, en ce qui concerne l’art<br />

<strong>rupestre</strong>, est examinée en tenant compte des trois<br />

aspects de l’image, c’est-à-dire le représenté (l’objet de<br />

l’image ou le motif), le représentant (la substance de<br />

l’image, dont la technique de gravure) et la représentation<br />

(la forme visuelle de l’image, dont le contour et la perspective).<br />

Pour ce qui est des images, il faut cependant distinguer<br />

les figures isolées des associations de représentations<br />

individuelles <strong>sur</strong> un même panneau (scène, image<br />

non-scénique, palimpseste). Nos études de cas concrétisent<br />

les particularités individuelles des 20 stations examinées.<br />

En revanche, notre étude comparative explicite<br />

aussi bien les points communs que les différences remarquables<br />

qui caractérisent la composition <strong>rupestre</strong> des<br />

sites sélectionnés.<br />

Les résultats de l’analyse démontrent qu’une station<br />

d’art <strong>rupestre</strong> (forme de relief) est une unité spatiale au<br />

sein de laquelle des pétroglyphes qui se distinguent du<br />

point de vue thématique, technique et morphologique sont<br />

associés. Par conséquent, un site ne saurait être attribué<br />

en bloc au « Bubalin » (« Style de Tazina ») ou au<br />

« Bovidien », comme il était d’usage par le passé. Au<br />

contraire, en considération des techniques de gravure<br />

représentées, l’on peut établir une différence entre les<br />

sites composés presque exclusivement d’images poinçonnées<br />

(stations « p ») d’une part, et les stations qui présentent<br />

une part dominante de dessins polis (stations<br />

« s ») de l’autre. En outre, l’art <strong>rupestre</strong> ne peut être caractérisé<br />

d’une manière adéquate par le cadre classificatoire<br />

traditionnel. Cependant, d’après les résultats, la combinaison<br />

des critères du contour et de la perspective – attributs<br />

qui participent également à caractériser un « style » – permet<br />

d’établir pour la première fois une classification pertinente<br />

de l’art <strong>rupestre</strong> du Présahara marocain.<br />

Analyse thématique, technique et morphologique<br />

de l’art <strong>rupestre</strong><br />

Finalement, nous considérons la définition, la datation<br />

et l’interprétation des phénomènes réunis traditionnellement<br />

sous les dénominations de « Bubalin » (« Style de<br />

Tazina ») et de « Bovidien » ou « Pseudo-Bovidien ». En<br />

s’appuyant <strong>sur</strong> les résultats de l’analyse, l’on peut préciser<br />

la définition des unités classificatoires traditionnelles<br />

pour la région étudiée. À cet effet, les caractéristiques thématiques,<br />

techniques et morphologiques de l’ensemble<br />

des pétroglyphes sont examinées indépendamment de<br />

leur localisation dans un site donné.<br />

D’abord, le rapport entre les thèmes représentés et la<br />

réalité est examiné. La description thématique des gravuneous<br />

group or an accumulation of heterogeneous<br />

images.<br />

The demarcation of the individual sites that we propose<br />

takes as a model the natural relief forms. This procedure<br />

for the first time enables a description of the sites’<br />

main characteristics. The sites are mostly linked to sunny<br />

zones which are found on prominent elevations or in the<br />

transverse valleys which cross them. They particularly<br />

appear on slopes or on ridges oriented South-West –<br />

North-East. The petroglyphs are particularly spread over<br />

zones easy to access, but high up in relation to their natural<br />

<strong>sur</strong>roundings.<br />

The analysis of the composition of rock art concerns all<br />

the engraved images of a representative selection of<br />

twenty sites. These sites are spread equally on the sloping<br />

basins of the main systems of wadi that descend from<br />

the Anti-Atlas to the Oued Draa as on the different geographic<br />

zones of the region studied. Their rock art content<br />

is examined taking into account the three aspects of the<br />

image: what is represented (the object of the image or the<br />

motif), the substance of the image, including the engraving<br />

technique, and the representation (the visual form of<br />

the image, including its contour and perspective).<br />

Concerning the images, we need however to distinguish<br />

isolated figures from associations of individual representations<br />

on the same panel (scene, non-scenic image,<br />

palimpsest). Our case studies point out the individual particularities<br />

of the 20 sites examined. On the other hand,<br />

our comparative study makes clear both the similarities<br />

and differences characterising the rock art composition of<br />

the sites selected.<br />

The results of the analysis clearly show that a rock art<br />

site (relief form) is a spatial unit within which are associated<br />

petroglyphs which are distinct from the thematic, technical<br />

and morphological points of view. Consequently no<br />

site can be wholly attributed to the “Bubalin” (“Tazina<br />

Style”) or to the “Bovidian” as used to be the case in the<br />

past. On the contrary, considering the engraving techniques<br />

represented, a difference can be established<br />

between on the one hand sites made up almost<br />

exclusively of pecked-out images (“p” sites) and on the<br />

other hand sites with a dominance of polished designs (“s”<br />

sites). Additionally, rock art will not be adequately characterised<br />

by the traditional framework. However, from the<br />

results, the combination of the criteria of the outline and<br />

the perspective –attributes equally useful to characterise<br />

a “style”– for the first time enable us to establish a relevant<br />

classification of Moroccan PreSaharan rock art.<br />

Rock art thematic, technical and morphological<br />

analysis<br />

Finally, we consider the definition, dating and interpretation<br />

of the phenomena traditionally brought together<br />

under the names “Bubalin” (“Tazina Style”) and “Bovidian”<br />

or “Pseudo-Bovidian”. In making use of the analytical<br />

results achieved it becomes possible to give a precise definition<br />

of the traditional classification units for the region<br />

under study. For this the thematic, technical and morphological<br />

characteristics of all the petroglyphs are examined<br />

independently of their positioning in a given site.<br />

Firstly, the relationship between the themes represented<br />

and reality is studied. The thematic description of the<br />

22<br />

INORA, 2008, N° 51


Fig. 1. Les principaux types de représentations sont (à l’exemple des<br />

figures de bœufs) : le « Groupe d’Imâoun » (poinçonnage, contour<br />

total, perspective plane parallèle ou tordue), le « Groupe de<br />

Taheouast » (poinçonnage, contour fermé, perspective plane parallèle<br />

ou tordue), le « Groupe de Moumersal » (poinçonnage, contour ouvert,<br />

perspective plane parallèle ou tordue), ainsi que le « Groupe de<br />

Meskâou » (polissage, contour fermé, perspective plane parallèle ou<br />

tordue) et le « Groupe de Tiggâne » (polissage, contour ouvert, perspective<br />

plane parallèle ou tordue).<br />

Fig. 1. The principal types of representations are (example of figures of<br />

cattle): the “Imâoun group” (pecking out, total contour, flat perspective<br />

parallel or twisted), the “Taheouast Group” (pecking out, closed contour,<br />

flat perspective parallel or twisted), the “Moumersal Group” (pecking out,<br />

open contour, flat perspective parallel or twisted), as well as the<br />

“Meskâou Group” (polished, closed contour, flat perspective parallel or<br />

twisted), and the “Tiggâne group” (polished, open contour, flat perspective<br />

parallel or twisted).<br />

INORA, 2008, N° 51<br />

23


es est fondée <strong>sur</strong> un classement systématique des<br />

motifs. Le sens « phénoménologique » (Panofsky) des<br />

images est cependant reconstitué par des propositions<br />

empiriques. L’échantillon d’art <strong>rupestre</strong> est composé de<br />

représentations d’artefacts (0,7 %), de formes géométriques<br />

(31,5 %), de caractères écrits (0,7 %), de figures<br />

anthropomorphes (4 %), ainsi que d’une grande variété<br />

de thèmes zoomorphes (63 %). D’ailleurs, quelques<br />

motifs animaliers sont figurés dans des proportions assez<br />

importantes : le bœuf (38 %), l’autruche (8,0 %), l’éléphant<br />

(2,6 %), le damalisque (2,2 %), l’oryx algazelle<br />

(1,9 %), le rhinocéros blanc (1,8 %), la gazelle dama<br />

(1,7 %) et le mouflon (1,7 %). À en juger d’après les<br />

points communs et les différences entre le bestiaire<br />

(faune gravée) et la faune (faune ayant existé ou existante),<br />

les représentations d’animaux s’inspirent de modèles<br />

réels, sans toutefois documenter l’intégralité du monde<br />

animal.<br />

La nouvelle classification<br />

a été établie pour la première<br />

fois en référence à l’art<br />

<strong>rupestre</strong> du Présahara marocain.<br />

Elle est fondée <strong>sur</strong> des<br />

caractères d’importance<br />

« stylistique » liés à la forme<br />

visuelle des images.<br />

L’intégralité de l’échantillon<br />

d’art <strong>rupestre</strong> examiné a été<br />

classé par types de représentations.<br />

Ces derniers,<br />

caractérisés par la combinaison<br />

des caractères du<br />

contour et de la perspective,<br />

sont déterminés en détail par<br />

une technique de gravure<br />

donnée qui y est liée. Ce<br />

procédé permet aussi bien<br />

de comparer la composition<br />

en motifs des différents<br />

types de représentations<br />

que de les dater <strong>sur</strong> la base<br />

de l’éventail des thèmes qui<br />

sont les leurs.<br />

Pour conclure, la datation<br />

et l’interprétation de l’art<br />

<strong>rupestre</strong> sont discutées en<br />

s’appuyant <strong>sur</strong> les indices<br />

fournis par la composition en<br />

motifs et la distribution spatiale<br />

des différents groupes<br />

d’images. Au sein de la<br />

région étudiée, l’on constate<br />

essentiellement deux variantes<br />

de « l’École de Tazina »<br />

et trois variantes du<br />

« Pseudo-Bovidien » (fig.<br />

1), caractérisées par les<br />

attributs des types de représentations<br />

correspondants.<br />

Leur distribution spatiale est<br />

apparemment liée aux bassins<br />

versants de certains<br />

systèmes d’oueds qui descendent<br />

de l’Anti-Atlas à<br />

l’Oued Draa.<br />

Fig. 2. Les types de représentations et la part des animaux sauvages ou<br />

domestiques. « Groupe d’Imâoun » (PKF/FP, PKF/FV), « Groupe de<br />

Taheouast » (PMoL/FP, PMoL/FV), « Groupe de Moumersal »<br />

(PMuL/FP, PMuL/FV), « Groupe de Meskâou » (SMoL/FP, SMoL/FV), «<br />

Groupe de Tiggâne » (SMuL/FP, SMuL/FV).<br />

Fig. 2. The types of representations and the proportion of wild or domestic<br />

animals. “Imâoun Group” (PKF/FP, PKF/FV), “Taheouast Group”<br />

(PMoL/FP, PMoL/FV), “Moumersal Group” (PMuL/FP, PMuL/FV),<br />

“Meskâou Group” (SMoL/FP, SMoL/FV), “Tiggâne Group” (SMuL/FP,<br />

SMuL/FV).<br />

Le « groupe de Tiggâne » et le « groupe de Meskâou »<br />

de « l’école de Tazina », <strong>sur</strong>tout au sud du Jbel Bani<br />

(fig. 3), sont caractérisés par les images d’animaux sauengravings<br />

is based on a systematic classification of the<br />

motifs. The “phenomenological” sense (E. Panofsky) of<br />

the images is however reconstituted by empirical propositions.<br />

The rock art sample is made up of representations<br />

of artefacts (0.7%), geometric forms (31.5%), written characters<br />

(0.7%), anthropomorphic figures (4%), as well as a<br />

great variety of zoomorphic themes (63%). Also, several<br />

animal motifs are represented in quite significant proportions:<br />

cattle (38%), ostrich (8%), elephant (2.6%), antelope<br />

(2.2%), Saharan antelope, Oryx family (1.9%), white<br />

rhinoceros (1.8%), Dama gazelle (1.7%) and bighorns<br />

(1.7%). Judging from the points in common and the differences<br />

between the bestiary (engraved fauna) and the<br />

fauna (animal species having existed or still existing), we<br />

can say that the animal representations are inspired by<br />

real models, all the same without covering the whole of<br />

the animal world.<br />

The new classification<br />

has been established for the<br />

first time with reference to<br />

the rock art of the Moroccan<br />

PreSahara. It is based on<br />

“stylistic” characteristics<br />

linked to the visual form of<br />

the images. The whole of the<br />

rock art sample examined<br />

was classified by types of<br />

representations. These<br />

types of representations are<br />

characterised by the combination<br />

of the characteristics<br />

of line and perspective and<br />

are determined in detail by a<br />

given engraving technique<br />

linked to them. This procedure<br />

enables both the comparison<br />

in terms of motifs of<br />

the different types of representations<br />

and the dating on<br />

the basis of the range of<br />

themes.<br />

To conclude, the discussion<br />

of the dating and interpretation<br />

of the rock art of<br />

the Moroccan PreSahara is<br />

based on the information<br />

given by the composition in<br />

motifs and the spatial distribution<br />

of the different groups<br />

of images. In the region<br />

under study, there are<br />

essentially two variants of<br />

the “Tazina School” and<br />

three variants of the<br />

“Pseudo-Bovidian” (Fig. 1),<br />

characterised by the attributes<br />

of the corresponding<br />

types of representations.<br />

Their spatial distribution is<br />

apparently linked to the<br />

sloped basins of certain systems<br />

of oueds that descend<br />

from the Anti-Atlas to the<br />

Oued Draa.<br />

The “Tiggâne” and “Meskâou” groups of the “Tazina<br />

School” are found south of Jbel Bani in particular (Fig. 3)<br />

and are characterised by images of wild animals (Fig. 2).<br />

24<br />

INORA, 2008, N° 51


Fig. 3. Fréquence des types de représentations dans<br />

les systèmes d’oueds. « Groupe de Meskâou »<br />

(SMoL/FP, SMoL/FV), « Groupe de Tiggâne »<br />

(SMuL/FP, SMuL/FV).<br />

Fig. 3. The frequency of the types of representations<br />

in the systems of oueds. “Meskâou Group” (SMoL/FP,<br />

SMoL/FV), “Tiggâne Group” (SMuL/FP, SMuL/FV).<br />

Fig. 4. Fréquence des types de représentations dans<br />

les systèmes d’oueds. « Groupe d’Imâoun » (PKF/FP,<br />

PKF/FV), « Groupe de Taheouast » (PMoL/FP,<br />

PMoL/FV), « Groupe de Moumersal » (PMuL/FP,<br />

PMuL/FV).<br />

Fig. 4. The frequency of the types of representations<br />

in the systems of oueds. “Imâoun Group” (PKF/FP,<br />

PKF/FV), “Taheouast Group” (PMoL/FP, PMoL/FV),<br />

“Moumersal Group (PMuL/FP, PMul/FV).<br />

vages (fig. 2). En revanche, le « groupe de Moumersal »,<br />

le « groupe de Taheouast » et le « groupe d’Imâoun » du<br />

« Pseudo-Bovidien » apparaissent principalement au nord<br />

du Jbel Bani (fig. 4). Tandis que les animaux sauvages et<br />

domestiques dominent l’éventail thématique d’une des<br />

trois variantes, celui des deux autres est caractérisé par<br />

les animaux domestiques (bœuf) (fig. 2). Du point de vue<br />

qualitatif, la composition thématique des variantes de<br />

« l’école de Tazina » et du « Pseudo-Bovidien » est largement<br />

identique. Par conséquent, l’on peut présumer que<br />

les images correspondantes sont contemporaines. En raison<br />

de la présence de certains motifs d’armes (p. ex. hallebarde<br />

ou poignard de l’âge du bronze), il faut considérer<br />

qu’elles datent de l’âge des métaux. Pour la plupart, les<br />

différents groupes de gravures appartiennent ainsi à la<br />

période comprise entre le 3 e millénaire av. J.-C. et le<br />

début de notre ère. En revanche, l’on ne peut pas dédui-<br />

On the other hand, the “Moumersal group”, the<br />

“Taheouast group ” and the “Imâoun” group of the<br />

“Pseudo-Bovidian” are mainly north of Jbel Bani (Fig. 4).<br />

Even though wild and domesticated animals dominate the<br />

thematic range of one of the three variants, that of the<br />

other two is characterised by domesticated animals (cattle)<br />

(Fig. 2). From a qualitative point of view, the thematic<br />

composition of the “Tazina” and “Pseudo-Bovidian”<br />

schools is largely identical. One can therefore presume<br />

that corresponding images are contemporary. Because of<br />

the presence of certain weapon motifs (e.g. halberd or<br />

Bronze Age dagger), one can safely assume that they<br />

belong to the metal age. Most of these different groups of<br />

engraving thus belong to the period between the 3 rd millennium<br />

BC and the beginning of our era. On the other<br />

hand, the age of the engravings cannot be deduced from<br />

the patina covering their lines. In addition the rock art pro-<br />

INORA, 2008, N° 51<br />

25


e l’âge des gravures de leur patine. En outre, l’art <strong>rupestre</strong><br />

ne présente aucune preuve qu’une économie pastorale<br />

ait pris la relève d’une économie de chasseurs, comme<br />

on le prétendait par le passé. Par ailleurs, l’éventail thématique<br />

de l’art <strong>rupestre</strong> ne fournit aucun indice qui confirmerait<br />

le présumé changement culturel causé par un processus<br />

de désertification lié à un élevage néolithique des<br />

bœufs. En revanche, en considération de la distribution<br />

spatiale des différents groupes d’images, les pétroglyphes<br />

étaient peut-être créés dans le cadre d’une transhumance<br />

adaptée à l’environnement semi-aride du passé, transhumance<br />

qui s’effectuait entre les montagnes de l’Atlas et le<br />

Présahara.<br />

vides no proof that a pastoral economy succeeded a hunting<br />

one as used to be assumed in the past. The thematic<br />

span of the rock art, moreover, gives no clue that would<br />

confirm the supposed cultural changes caused by a<br />

process of desertification linked to Neolithic cattle-raising.<br />

However, looking at the spatial distribution of the different<br />

groups of images, the petroglyphs considered were perhaps<br />

created in the context of a transhumance adapted to<br />

the semi-arid environment of the past between the Atlas<br />

mountains and the PreSahara region.<br />

Renate HECKENDORF<br />

Boursière / Scholarship holder, Kommission für Archäologie außereuropäischer Kulturen,<br />

Deutsches Archäologisches Institut, Bonn, Allemagne / Germany - E-Mail : renateheckendorf@web.de<br />

BIBLIOGRAPHIE<br />

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HECKENDORF R., 2005. — Compte rendu de Susan Searight « The Prehistoric Rock Art of Morocco. A study of its<br />

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26<br />

INORA, 2008, N° 51


CENTRE D’INTERPRÉTATION DE LA CAVERNE<br />

DE CANDAMO PALAIS VALDÉS-BAZÁN<br />

(SAN ROMÁN, CANDAMO, ASTURIES)<br />

Les témoignages d’art pariétal du Paléolithique supérieur<br />

comprennent plus d’une centaine de grottes et d’abris<br />

dans le nord de la Péninsule Ibérique, dont près d’une<br />

quarantaine dans les Asturies. Une des plus importantes<br />

est la caverne de la Peña de Candamo. Ses peintures et<br />

gravures sont connues depuis qu’en 1919 Eduardo<br />

Hernández Pacheco publia sa monographie complète et<br />

détaillée dans le Mémoire nº 24 de la Comisión de<br />

Investigaciones Paleontológicas y Prehistóricas (CIPP).<br />

Depuis sa découverte scientifique en 1914, la conservation<br />

de cette caverne a subi un certain nombre d’avatars.<br />

Visites indiscriminées, utilisations le plus souvent<br />

inappropriées, mauvaises installations d’éclairages, tout<br />

concourut à changer les températures, l’humidité relative<br />

et les concentrations en gaz carbonique de manière préoccupante<br />

et à susciter la « maladie verte ». Mousses,<br />

algues vertes et bleues envahirent la caverne et affectèrent<br />

en particulier ce que l’on appela la Paroi des<br />

Gravures.<br />

En 1979, la Direction générale des Beaux-Arts du<br />

ministère de la Culture décida sa fermeture au public et<br />

engagea une étude pour déterminer les me<strong>sur</strong>es nécessaires<br />

au rétablissement des paramètres microclimatiques<br />

et à l’élimination de la « maladie verte ». La situation<br />

dura jusqu’en 1992, après que mousses et algues<br />

eurent complètement disparu et que le microclimat naturel<br />

fut rétabli. Cette année-là, la grotte fut ouverte de<br />

manière expérimentale à des groupes de 15 personnes<br />

par jour un mois par an. L’expérience fut positive, car les<br />

critères climatiques <strong>sur</strong>veillés ne changèrent quasiment<br />

pas. À partir de 1999, la caverne revenue à son état normal<br />

fut ouverte au public pour des visites contrôlées et<br />

guidées trois mois par an, limitées à 25 personnes par<br />

jour, entre le 15 juin et le 15 septembre.<br />

Conscients du fait que la demande allait très au-delà<br />

de ce nombre réduit de visites, car le sanctuaire de la<br />

Peña Blanca de Candamo jouissait d’une réputation universelle,<br />

l’Ayuntamiento de Candamo entreprit la restauration<br />

du Palais Valdés-Bazán, édifice prestigieux situé en<br />

un lieu privilégié de San Román, à 4 km de Grullos, chef-<br />

CANDAMO CAVE INTERPRETATION CENTRE<br />

VALDÉS-BAZÁN PALACE<br />

(SAN ROMÁN, CANDAMO, ASTURIAS)<br />

Evidence of Upper Palaeolithic parietal art consists of<br />

over a hundred caves and shelters in the north of the<br />

Iberian peninsula, with nearly forty in Asturias. One of the<br />

most significant is the cave of Peña de Candamo. Its<br />

paintings and engravings have been known since 1919<br />

when Eduardo Hernandez Pacheco published his complete<br />

and detailed monograph in Report N° 24 of the<br />

Comisión de Investigaciones Paleontológicas y<br />

Prehistóricas (CIPP).<br />

Since its scientific discovery in 1914 the cave’s conservation<br />

has undergone various ups and downs. There has<br />

been indiscriminate visiting, use that was very often inappropriate,<br />

incorrect lighting installation, all of which combined<br />

to change temperatures, relative humidity and carbon<br />

dioxide concentrations in an alarming manner and to<br />

give rise to “the green disease”. Mosses and green and<br />

blue algae invaded the cave and particularly affected what<br />

was called the Wall of Engravings.<br />

In 1979 The General Directorate of Fine Art of the<br />

Ministry of Culture decided to close the cave to the public<br />

and to carry out a study to determine the necessary mea<strong>sur</strong>es<br />

to re-establish the microclimatic parameters and to<br />

eliminate the “green disease”. This situation lasted until<br />

1992, by when the mosses and algae had completely disappeared<br />

and the natural microclimate was re-established.<br />

That year, the cave was experimentally opened to<br />

groups of 15 people a day one month a year. The experiment<br />

was successful, as the climatic criteria which were<br />

monitored hardly changed during that time. From 1999 the<br />

cave reverted to its normal state was opened to the public<br />

for controlled and guided visits three months in a year,<br />

with a limit of 25 people a day, between 15 June and 15<br />

September.<br />

Being well aware that demand for visits would be much<br />

more than the limited number available, the cave of Peña<br />

Blanca de Candamo having a worldwide reputation, the<br />

Ayuntamiento of Candamo undertook the restoration of<br />

the Valdés-Bazán Palace. The palace is a superb building<br />

situated on the privileged site of San Román 4km from<br />

Fig. 1. Palais Valdés-Bazán<br />

et sa localisation (carte inférieure)<br />

dans la partie<br />

centrale des Asturies. Les<br />

grottes et abris ornés de ce<br />

secteur de la vallée médiane<br />

et basse du Nalón sont également<br />

indiqués (points jaunes).<br />

Fig. 1. Valdés-Bazán<br />

Palace and its situation<br />

(lower map) in the central<br />

part of Asturias. The caves<br />

and shelters of this sector of<br />

the Middle and Lower Nalón<br />

Valley are also shown (yellow<br />

dots).<br />

INORA, 2008, N° 51<br />

27


Fig. 2. Fac-similé du Camarin de Candamo, situé en hauteur au<br />

sommet d’une coulée stalagmitique.<br />

Fig. 2. Replica of the Camarín de Candamo, situated at the summit of<br />

a stalagmite flow.<br />

28<br />

INORA, 2008, N° 51


lieu de la municipalité bien desservi par la route et le chemin<br />

de fer depuis le reste de la partie centrale des<br />

Asturies (fig. 1). Situé près de la rive du Nalón, <strong>sur</strong> le versant<br />

sud de la montagne de La Peña Blanca où se trouve<br />

la grotte, ce palais, qualifié par Jovellanos en 1792 d’«<br />

excellente maison de campagne », fut considéré comme<br />

un lieu idéal pour le Centre d’Interprétation d’Art paléolithique<br />

de la caverne. C’est ainsi que les responsables<br />

municipaux assumèrent leurs obligations de conserver<br />

ces manifestations artistiques préhistoriques et de permettre<br />

leur transmission aux générations futures.<br />

Le Centre est organisé autour de la caverne de<br />

Candamo. Dans ses différentes salles, il présente les principaux<br />

ensembles de peintures et de gravures paléolithiques<br />

connus dans les grottes et les abris de la vallée<br />

moyenne et basse du Nalón grâce à des reproductions<br />

tridimensionnelles grandeur nature. L’information <strong>sur</strong> ce<br />

parcours est complétée par des photographies, des panneaux<br />

explicatifs, des moyens informatiques et audiovisuels,<br />

ainsi que par des visites guidées qui offrent au<br />

visiteur une meilleure compréhension de l’art paléolithique<br />

des Asturies.<br />

Il faut souligner l’importance des salles dévolues aux<br />

fac-similés. Dans la première, qui porte <strong>sur</strong> l’art de la vallée<br />

moyenne et basse du Nalón, on peut voir la reproduction<br />

en relief, grandeur nature, de la niche de la grotte de<br />

La Lluera I (San Juan de Priorio, Oviedo), sanctuaire<br />

extérieur d’art paléolithique le plus complet et important<br />

du monde. Les gravures de « La Torada », composées de<br />

différentes images de biches et d’autres animaux, constituent<br />

l’une des compositions les plus intéressantes de cet<br />

art, en ce qu’elles présentent une étude spatiale complète<br />

et un ensemble de figures étudiées pour les rendre en<br />

perspective tridimensionnelle. Leur taille diminue en fonction<br />

d’une ligne de fuite qui va de la partie inférieure gauche<br />

à la partie supérieure droite, leur apportant une profondeur<br />

de champ des plus étonnantes eu égard à l’antiquité<br />

de cet art.<br />

Les panneaux exposés dans cette salle offrent au visiteur<br />

une vision succincte mais intéressante des principales<br />

grottes de la région. Les alentours de la caverne de la<br />

Peña de Candamo et la vallée médiane et basse du Nalón<br />

étaient relativement peuplés à ces époques reculées. Les<br />

découvertes de grottes et abris avec des gisements<br />

archéologiques furent nombreuses. On peut citer entre<br />

autres Sofoxó, La Paloma, La Cruz, La Andina, Cueva<br />

Oscura, ainsi que des sites ornés tels que les abris de<br />

Santo Adriano, d’Entrefoces et de La Viña, les grottes de<br />

Los Torneiros, Godulfo, Las Mestas, Entrecueves, Los<br />

Murciélagos, La Lluera I et La Lluera II.<br />

D’autres panneaux de la salle fournissent au visiteur<br />

des réponses pratiques aux questions <strong>sur</strong> les caractéristiques<br />

de l’art, la chronologie, les cultures représentées et<br />

leur répartition dans le cadre de la Préhistoire des<br />

Asturies en général.<br />

La seconde salle est entièrement consacrée à La Peña<br />

de Candamo. Dans une ambiance de demi obscurité et<br />

d’effets sonores qui évoquent le mystère et la grandeur de<br />

la caverne, on peut observer et analyser à loisir les<br />

répliques en relief et taille réelle des principaux panneaux<br />

ornés du sanctuaire. On y trouve ainsi la niche connue<br />

sous le nom de « Camarin de Candamo » avec les chevaux<br />

célèbres fidèlement reproduits qui permettent au<br />

visiteur de profiter de l’un des ensembles paléolithiques<br />

les plus intéressants des Asturies et de la Corniche cantabrique<br />

(fig. 2).<br />

La seconde grande réplique de cette salle est la<br />

Grullos, the capital of the municipality with good road and<br />

rail links to the rest of the central part of Asturias (Fig. 1).<br />

The Palace, situated on the bank of the Nalón, on the<br />

southern slope of Mount La Peña Blanca where the cave<br />

is located, qualified by Jovellanos in 1792 as an “excellent<br />

country house”, was considered the ideal spot to install<br />

the cave’s Palaeolithic Art Interpretation Centre. This was<br />

how the municipal council decided to carry out its obligation<br />

to preserve the prehistoric art for present and future<br />

generations.<br />

The Centre is organised around the Candamo Cave. In<br />

its different galleries it presents the main groups of<br />

Palaeolithic paintings and engravings from the caves and<br />

shelters of the Middle and Lower Nalón Valley in life-size<br />

three-dimensional reproductions. The informational<br />

aspect is completed by photographs, explanatory panels,<br />

computer and audio-visual means, as well as by guided<br />

visits giving the visitor a better understanding of the<br />

Palaeolithic art of Asturias.<br />

It is worth stressing the importance of the galleries<br />

devoted to the exact replicas. In the first, dealing with the<br />

art of the Middle and Lower Nalón Valley, there is a fullsize<br />

reproduction in relief of the niche of the Cave of La<br />

Lluera I (San Juan de Priorio, Oviedo), the most complete<br />

and important exterior sanctuary of Palaeolithic art in the<br />

world. The engravings of “La Torada”, composed of various<br />

images of does and of other animals, make up one<br />

the most interesting compositions of that art, in so far as<br />

they present a complete spatial study and a group of figures<br />

worked to give a three-dimensional perspective.<br />

They get smaller in relation with a line of flight that goes<br />

from the lower left to the upper right, giving them a depth<br />

of field which is astonishing given the antiquity of the art.<br />

The panels on show provide the visitor with a brief but<br />

interesting view of the region’s main caves. The areas<br />

around the Peña de Candamo cave and the Middle and<br />

Lower Nalón Valley were relatively populous in this<br />

ancient period. There have been numerous discoveries of<br />

caves and shelters with archaeological strata. Among others<br />

are Sofoxo, La Paloma, la Cruz, La Andina, Cueva<br />

Oscura, as well as decorated sites such as shelters like<br />

those of Santo Adriano, Entrefoces and La Viña and the<br />

caves of Los Torneiros, Godulfo, Las Mestas,<br />

Entrecueves, Los Murciélagos, La Lluera I and La Lluera<br />

II.<br />

Other panels in the gallery provide visitors with practical<br />

responses to questions concerning the characteristics<br />

of the art, its chronology, the cultures represented and<br />

how they fit into the general framework of Asturian prehistory.<br />

The second gallery is wholly devoted to La Peña de<br />

Candamo. In an atmosphere created by half light and<br />

sound effects that evoke the cave’s mystery and majesty,<br />

one can observe and analyse at one’s own pace the replicas<br />

in relief and full size of the main decorated panels.<br />

There is also the niche known as “Camarín de Candamo”<br />

with the celebrated horses faithfully reproduced enabling<br />

visitors to get the benefit of one of the most interesting<br />

Palaeolithic groupings of Asturias and the Cantabrian<br />

Corniche (Fig. 2).<br />

INORA, 2008, N° 51<br />

29


Fig. 3. Fac-similé de la partie centrale de la Paroi des Gravures de<br />

Candamo.<br />

Fig. 3. Replica of the central part of the Wall of Engravings at<br />

Candamo.<br />

« Paroi des Gravures », présentée au visiteur comme les<br />

premiers chercheurs la virent, c’est-à-dire sans les traits<br />

et raies indésirables, les taches et les marques de détérioration,<br />

laissés par le temps et par les actions de vandalisme<br />

(fig. 3). Le bestiaire qui s’y trouve se voit de<br />

manière claire et propre. On distingue parfaitement les<br />

célèbres « cerfs blessés », les deux grands aurochs, les<br />

superbes bisons avec leurs crinières en franges, qui ont<br />

inspiré l’artiste Joaquín Vaquero Turcios quand il a évoqué<br />

le « Maître de Candamo », les bouquetins, les biches,<br />

les phoques controversés, les anthropomorphes, comme<br />

celui où l’on peut voir une tête de bison humanisée, et <strong>sur</strong>tout<br />

les chevaux si originaux et caractéristiques de ce<br />

sanctuaire. La salle comprend également ce que l’on<br />

appelle le « Talus stalagmitique » en grandeur nature,<br />

avec un cheval gravé et peint, lui aussi bien connu.<br />

Le Centre d’Interprétation et la caverne sont considérés<br />

comme un ensemble indissociable. Lorsque la grotte<br />

est fermée au public, on ne peut certes visiter que le<br />

Centre, mais celui-ci est un complément indispensable à<br />

la visite du sanctuaire, à laquelle il prépare le visiteur.<br />

The second major replica in the gallery is that of the<br />

“Wall of Engravings”, presenting the visitor with the experience<br />

of the first researchers who observed it, meaning<br />

without undesirable lines and furrows, stains and marks of<br />

deterioration, the result of time and vandalism (Fig. 3).<br />

The animals can be clearly seen. One can distinguish perfectly<br />

the famous “wounded stags”, the two large aurochs,<br />

the superb bison with their fringed manes, which inspired<br />

the artist Joaquín Vaquero Turcios when he evoked the<br />

“Candamo Master”, ibex, does, the controversial seals,<br />

anthropomorphs, such as that with a humanised bison<br />

head, and above all the horses which are both so original<br />

and so characteristic of this sanctuary. The gallery also<br />

contains what is known as the “Stalagmite Slope”, represented<br />

full size, with an engraved and painted horse, also<br />

well known.<br />

The Interpretation Centre and the cave itself are seen<br />

as an indissociable pairing. When the cave is closed to the<br />

public, only the Centre can be visited, but this is an indispensable<br />

complement to a visit to the cave, for which it<br />

prepares the visitor.<br />

Le pari a été gagné. Depuis l’inauguration du Centre, The wager has been won. Since the Centre’s inauguration,<br />

les visiteurs affluent en nombre tout au long de l’année.<br />

visitors have been flocking all through the year. In<br />

En outre, le Centre est le lieu d’expositions, de conférences,<br />

addition the Centre holds exhibitions, conferences, meet-<br />

de réunions et de congrès scientifiques <strong>sur</strong> l’art et <strong>sur</strong> ings and scientific congresses on prehistory and prehis-<br />

les temps préhistoriques.<br />

toric art.<br />

José Adolfo Rodríguez ASENCIO & José Barrera LOGARE<br />

The Centre is open to the public every day except Monday from 11.00 to 14.00. CENTRO DE INTERPRETACIÓN DE<br />

LA CAVERNA DE CANDAMO Palacio Valdés-Bazán, San Román Candamo, Asturias Tel.: +(34) 985 82 97 02<br />

web: http://www.ayto.candamo.es - Open all days except monday,11h-14h.<br />

30<br />

INORA, 2008, N° 51


NOUVELLE COLLECTION SUR L’ART RUPESTRE<br />

La maison d’édition allemande BAG a une spécialité<br />

de littérature scientifique archéologique. En 2007, elle a<br />

commencé une nouvelle série « Höhlen • Felsen •<br />

Kunstwerke », avec une publication <strong>sur</strong> l’art <strong>rupestre</strong><br />

paléolithique de Foz Côa. Pour 2008, un ouvrage <strong>sur</strong> le<br />

Valcamonica et un autre <strong>sur</strong> les peintures de la grotte de<br />

Magura en Bulgarie sont en préparation. Cette nouvelle<br />

série, dirigée par le préhistorien suisse Ingmar M. Braun,<br />

comble la lacune entre publications scientifiques, livres de<br />

photographies et littérature populaire. Des manuscrits –<br />

pas seulement en allemand – sont bienvenus.<br />

NEW COLLECTION ON ROCK ART<br />

The publishers BAG in Germany specialize in archaeological<br />

scientific literature. In 2007, they began a new<br />

series, called « Höhlen • Felsen • Kunstwerke » with a<br />

book on Foz Côa rock art. For 2008 they are preparing a<br />

book on Valcamonica rock art and another on the paintings<br />

in the Magura cave in Bulgaria. The new series, edited<br />

by a Swiss prehistorian, Ingmar Braun, is meant to<br />

bridge the gap between scientific publications, books of<br />

photographs and popular literature. Manuscripts –not just<br />

in German– are welcome.<br />

Contact: Verlag Bernhard Albert Greiner Olgastr. 13, D-73630 Remshalden GERMANY<br />

Tél. : +49 (0)7151/2766-45 Fax : +49 (0)7151/2766-47 E-Mail : info@bag-verlag.de www.bag-verlag.de<br />

LIVRES<br />

BOOKS<br />

GRÜNIG G. 2007. — Foz Côa. Eiszeitliche Felsbildkunst in Portugal. Remshalden (Germany), BAG-Verlag, 51 p.,<br />

fig. ISBN: 978-3-86705-011-1. Price: 14.80 € (plus postage). To order: BAG-Verlag : www.bag-verlag.de or<br />

www.abebooks.com<br />

Le livre de G. Grünig <strong>sur</strong> Foz Côa est le premier d’une<br />

nouvelle collection en langue allemande dirigée par<br />

Ingmar Braun. Après une introduction <strong>sur</strong> les motivations<br />

spirituelles de l’art pariétal paléolithique et ses particularités<br />

locales, les sites et roches de Foz Côa les plus importants,<br />

ouverts au public, sont présentés au moyen de<br />

photos et de relevés nombreux.<br />

G. Grünig’s book on Foz Côa is the first in a new collection<br />

in the German language edited by Ingmar Braun.<br />

After an introduction on the spiritual motivations of<br />

Palaeolithic rock art and its local characteristics, the most<br />

important sites and rocks at Foz Côa, open to the public,<br />

are presented by means of numerous photographs and<br />

tracings<br />

MAZEL A., NASH G., WADDINGTON C. (eds.), 2007. — Art as Metaphor: The Prehistoric Rock-Art of Britain.<br />

Oxford, Archaeopress, 256 p., figs. ISBN : 978 1 905739 16 5. Price: £19.95. To order: Archaeopress, Gordon House, 276<br />

Banbury Road, Oxford OX2 72D (England). bar@archaeopress.com<br />

Cette synthèse collective, très illustrée, <strong>sur</strong> l’art préhistorique<br />

britannique est une réussite. Recommandée. On<br />

remarquera un article de P. Pettitt et P. Bahn, qui estiment<br />

à présent l’art pariétal de Creswell Crags à moins de 10<br />

figures (dont 3 ou 4 animaux), plus divers traits indéterminés.<br />

Or le total des figures pour ce site, sous leur signature<br />

et celle de collègues associés, avait atteint 56 dans un<br />

livre également publié en 2007 (cf. INORA 50, p. 31) et<br />

jusqu’à 90 ou plus auparavant. Étrange !<br />

This well-illustrated collective synthesis on British prehistoric<br />

art is an undoubted success and we recommend<br />

it. Noticeable is a paper by P. Pettitt et P. Bahn, who now<br />

evaluate the Creswell Crags figures to a grand total of less<br />

than 10 (including 3 or 4 animals), in addition to diverse<br />

undetermined lines. The total of figures for the site as previously<br />

published by them and associated colleagues had<br />

reached 56 in a book also published in 2007 (see INORA<br />

50:31) and up to 90 or more before. Strange!<br />

A paraître dans les prochains INORA :<br />

To be published in the next issues of INORA:<br />

● Découverte d’une gravure représentant une arme métallique <strong>sur</strong> le site d’Adrar n’Metgourine (Sud marocain),<br />

par M. EL GRAOUI & S. SEARIGHT-MARTINET<br />

● Les Sites à gravures <strong>rupestre</strong>s du Hemma (Syrie), par S. LEMAÎTRE & P.-L. VAN BERG<br />

● Nouveautés concernant les images de chars dans l’Altaî, par D. V. CHEREMISIN<br />

● De l’originalité de l’art <strong>rupestre</strong> du Tchad et de quelques traits communs avec d’autres régions du Sahara,<br />

par R. SIMONIS & A. SCARPA FALCE<br />

● Djibouti : Abourma, un nouveau site à gravures par Benoît Poisblaud, J.P. CROS, R. JOUSSAUME & R. TOUQUET<br />

● Art <strong>rupestre</strong> du département de Tarija (Bolivie), par F. FAUCONNIER<br />

● Traces de doigts et dessins dans la grotte Chauvet (salle du Fond), par M. AZÉMA & J. CLOTTES<br />

● Prehistoric rock art in THE Slovak Republic: First radiocarbon dates from charcoal drawings,<br />

by A. SEFCAKOVA, J. A. SVOBODA, Z. FARKAS, J. VAN DER PLICHT, L. GAÁL & I. BALCIAR<br />

● A Swaziland rock painting, by J. MASSON<br />

INORA, 2008, N° 51<br />

31


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three) published within the year.<br />

For the USA, please send your 25$ remittance, payable to ARARA, to Dona Gillette,<br />

ARARA, 1642 Tiber Court SAN JOSE CA 95138 (USA) rockart@ix.netcom.com<br />

• Si vous avez un compte bancaire en France, envoyez<br />

un chèque de 18 €, libellé à l’ordre de l’ARAPE – 11, rue du<br />

Fourcat 09000 FOIX, FRANCE.<br />

• Si vous résidez dans la zone Euro ET n’avez PAS de<br />

compte bancaire en France, vous pouvez :<br />

– envoyer un mandat postal de 18 € à l’ARAPE – 11, rue<br />

du Fourcat 09000 FOIX, France ; veillez à préciser le nom<br />

de l’abonné.<br />

– faire un virement international de 18 € <strong>sur</strong> le compte<br />

bancaire de l’ARAPE ; dans ce cas, veillez à préciser le nom<br />

de l’abonné et envoyez un mel d’information à<br />

yanik.leguillou@online.fr en indiquant le nom de votre<br />

banque. Merci de ne pas envoyer de chèque, dont l’encaissement<br />

entraîne d’importants frais bancaires.<br />

• Si vous résidez HORS la zone Euro ET n’avez PAS<br />

de compte bancaire en France, vous pouvez :<br />

– envoyer un mandat postal de 18 € à l’ARAPE – 11, rue<br />

du Fourcat 09000 FOIX, France ; veillez à préciser le nom<br />

de l’abonné.<br />

– faire un virement international de 22,50 € (dont 4,50 €<br />

de frais bancaires) <strong>sur</strong> le compte bancaire de l’ARAPE ;<br />

dans ce cas, veillez à préciser le nom de l’abonné et<br />

envoyez un mel d’information à yanik.leguillou@online.fr en<br />

indiquant le nom de votre banque. Si vous payez plusieurs<br />

années d’abonnement, faire un virement de 22,50 € par<br />

année d’abonnement.<br />

• If you have a bank account in France, send a<br />

18 € check, payable to ARARA – 11, rue du Fourcat<br />

09000 FOIX (France)<br />

• If you are in the Euro zone and DO NOT have<br />

a bank account in France, you may:<br />

+ either send a 18 € postal money order to ARAPE<br />

– 11 rue du Fourcat 09000 FOIX (France). Please<br />

mention the subscriber’s name;<br />

+ or wire 18 € on to the ARAPE account; in which<br />

case, mention the subscriber’s name and send an<br />

email to yanik.leguillou@online.fr to inform us and<br />

mention the name of your bank; please do not send<br />

any check because of the heavy bank rates;<br />

• if you are outside the Euro zone and DO NOT<br />

have a bank account in France, you may:<br />

+ either send a 18 € postal money order of 18 € to<br />

ARAPE – 11 rue du Fourcat 09000 FOIX (France).<br />

Please mention the subscriber’s name;<br />

+ or transfer 22.50 € (that include 4.50 € bank<br />

rates) to our ARAPE bank account (see below).<br />

Please mention the subscriber’s name and send an<br />

email to yanik.leguillou@online.fr to inform us and<br />

mention the name of your bank. If you subscribe for<br />

several years, please send us 22.50 € per year<br />

Bank references:<br />

Account holder: ARAPE<br />

Bank account: Caisse d’Epargne (CE) de Midi-Pyrénées<br />

Address: 1ter, Bd Alsace Lorraine 09000 FOIX (France)<br />

Account number: 08102195317<br />

IBAN: FR76 1313 5000 8008 1022 9531 780<br />

SWIFT/BIC: CEPAFRPP313.<br />

Ont collaboré à ce numéro : Jean CLOTTES, préparation, traduction, révision ; Anne CIER et Roger GUILLEMIN, préparation, révision ; Valérie FERUGLIO et Gérard MILLER, traduction.<br />

Scop Imprimerie de Ruffié 09000 FOIX (FRANCE) - Tél. 05 61 65 14 64 - ruffie.imprimerie@orange.fr<br />

INORA, 2008, N° 51

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