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Les Echos, 17 mars 2008 - Le blog de l'agence Angie

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Veille stratégique _ Avril <strong>2008</strong><br />

Sommaire<br />

1 La nouvelle physionomie <strong>de</strong>s dirigeants<br />

(<strong><strong>Le</strong>s</strong> <strong>Echos</strong>, <strong>17</strong> <strong>mars</strong> <strong>2008</strong>)<br />

2 Ressources humaines : les priorités <strong>de</strong>s patrons<br />

(<strong><strong>Le</strong>s</strong> <strong>Echos</strong>, 21 avril <strong>2008</strong>)<br />

3 Comment les agences gèrent la pression ?<br />

(Stratégies, <strong>17</strong> avril 2007)<br />

4 <strong><strong>Le</strong>s</strong> agences doivent-elles créer une offre développement<br />

durable ?<br />

(Stratégies, 10 avril <strong>2008</strong>)<br />

5 La communication financière <strong>de</strong>s entreprises passée au crible<br />

(L’expression d’entreprise, 10 avril <strong>2008</strong>)<br />

6 L'info économique 2.0<br />

(Stratégies, 13 <strong>mars</strong> <strong>2008</strong>)<br />

7 Out of Print : The <strong>de</strong>ath and life of the American newspaper.<br />

(The New Yorker, 31 <strong>mars</strong> <strong>2008</strong>)<br />

8 Livre : le numérique à l'assaut <strong>de</strong> l'édition<br />

(<strong><strong>Le</strong>s</strong> <strong>Echos</strong>, 13 <strong>mars</strong> <strong>2008</strong>)<br />

9 Texte sur écran<br />

(Courrier International, 13 <strong>mars</strong> <strong>2008</strong>)<br />

10 <strong><strong>Le</strong>s</strong> quatorze qualités que j’attends d’un e-book<br />

(Courrier international, 13 <strong>mars</strong> <strong>2008</strong>)<br />

11 Écrire une histoire à 1500 mains<br />

(Courrier International, 13 <strong>mars</strong> <strong>2008</strong>)<br />

12 Cinq outils <strong>de</strong>rnier cri à savoir maîtriser<br />

(Stratégies, 27 <strong>mars</strong> <strong>2008</strong>)<br />

13 <strong>Le</strong> son, un nouvel élément d'expérience sensorielle sur le Net<br />

(<strong><strong>Le</strong>s</strong> <strong>Echos</strong>, 18 avril <strong>2008</strong>)<br />

1


1) La nouvelle physionomie <strong>de</strong>s dirigeants<br />

(<strong><strong>Le</strong>s</strong> <strong>Echos</strong>, <strong>17</strong> <strong>mars</strong> <strong>2008</strong>)<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> mutations technologiques et les pressions multiples exercées<br />

par les actionnaires ont considérablement changé les qualités <strong>de</strong>s<br />

PDG.<br />

La bataille entre le Me<strong>de</strong>f et l'Union <strong>de</strong>s industries <strong>de</strong>s métiers <strong>de</strong> la<br />

métallurgie (UIMM), dont <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>s anciens hauts dirigeants sont mis en<br />

examen, illustre le fossé qui sépare les tenants d'une conception ancienne<br />

<strong>de</strong> la direction d'entreprise et les « mo<strong>de</strong>rnes », issus d'une génération<br />

montante <strong>de</strong> nouveaux dirigeants.<br />

Ces <strong>de</strong>rnières années, la conjonction <strong>de</strong> la mondialisation, du rythme<br />

soutenu <strong>de</strong>s évolutions technologiques et <strong>de</strong>s pressions multiples exercées<br />

sur eux par les actionnaires a considérablement changé la physionomie<br />

<strong>de</strong>s « CEO ». Ces <strong>de</strong>rniers doivent - selon le franglais <strong>de</strong> rigueur - toujours<br />

davantage « délivrer » <strong>de</strong>s résultats rapi<strong>de</strong>s. Conséquence : faute <strong>de</strong><br />

performances à court terme, un nombre grandissant d'entre eux sont<br />

poussés vers la porte. De 15 % en 2006, le pourcentage est passé à 16,2<br />

% à la fin <strong>de</strong> 2007, selon Weber Shandwick Worldwi<strong>de</strong> (15 % pour<br />

l'Europe et l'Amérique du Nord contre 21 % en région Asie-Pacifique). Et<br />

quand les durées <strong>de</strong>s mandats raccourcissent (6 ans aujourd'hui contre 6<br />

ans et 5 mois en 2005 et 2006, toujours selon la même source), les<br />

caractéristiques requises pour atteindre le sommet <strong>de</strong> la hiérarchie<br />

évoluent aussi.<br />

Rajeunissement <strong>de</strong>s lea<strong>de</strong>rs<br />

L'une <strong>de</strong>s toutes premières, la plus flagrante, est le rajeunissement. Ce<br />

qui sous-entend aussi l'ouverture internationale et la réactivité. En France,<br />

<strong>de</strong>s Jean-Pascal Tricoire (Schnei<strong>de</strong>r Electric), Franck Riboud (Danone),<br />

Arnaud Lagardère (Lagardère), Patrick Kron (Alstom), José Luis Duran<br />

(Carrefour) sont sensiblement plus jeunes que la génération précé<strong>de</strong>nte.<br />

Outre-Manche aussi, où le patron <strong>de</strong> HMV, par exemple, n'a pas 50 ans et<br />

où celui <strong>de</strong> BP est tout juste quinquagénaire. Ou encore aux Etats-Unis,<br />

où Uli Becker (44 ans) s'apprête à remplacer Paul Harrington (46 ans) à la<br />

tête <strong>de</strong> Reebok à partir du 1er avril. L'autre tendance - propre à la France<br />

cette fois-ci et confirmée par <strong>de</strong>s chasseurs <strong>de</strong> têtes - est que désormais<br />

appartenir à un grand corps (Polytechnique, les Mines, l'ENA) peut<br />

apparaître nécessaire mais ne suffit plus à conférer illico la stature <strong>de</strong><br />

grand lea<strong>de</strong>r. Comme ses homologues anglo-saxons, le patron français<br />

tend à ne plus être jugé que sur ses seuls résultats.<br />

Autres qualités requises : une appétence pour l'innovation (sans perdre<br />

pour autant <strong>de</strong> vue le principe <strong>de</strong> précaution) et une plus forte conscience<br />

2


<strong>de</strong> la multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s problématiques qui lient l'entreprise à la société. L'art<br />

<strong>de</strong> raconter la « bonne » histoire se fait aussi crucial pour motiver les<br />

équipes, d'après Rosabeth Moss Kanter, professeur à l'université <strong>de</strong><br />

Harvard. Et, comme dans le milieu politique, le « storytelling » se propage<br />

aussi en entreprise. Il revient donc au PDG <strong>de</strong> trouver les phrases et les<br />

mots clefs pour susciter l'enthousiasme, insuffler <strong>de</strong> l'énergie, donner du<br />

sens au travail, traduire la stratégie en résultats et insérer les valeurs<br />

clefs du groupe dans les comportements quotidiens.<br />

Plus <strong>de</strong> transparence<br />

Un exercice délicat car il s'agit <strong>de</strong> trouver LE thème mobilisateur pour<br />

l'avenir ou <strong>de</strong> se gargariser <strong>de</strong> succès passés. « L'histoire doit être simple,<br />

courte et mémorisable à coups d'images visuelles et/ou via un maximum<br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ou trois personnages », explique un expert du « storytelling » à la<br />

« Harvard Business Review ».<br />

Enfin, le « CEO », qui désormais ne peut plus vivre dans un superbe<br />

isolement, doit montrer plus <strong>de</strong> transparence et avoir l'art <strong>de</strong> comman<strong>de</strong>r<br />

tout en donnant un sentiment <strong>de</strong> proximité et d'intimité. Une gageure, là<br />

encore, à l'heure où certains font la une <strong>de</strong>s journaux du mon<strong>de</strong> entier en<br />

raison <strong>de</strong> leurs rémunérations toujours plus élevées, que les milieux<br />

économiques justifient par la guerre mondiale <strong>de</strong>s talents et le désir <strong>de</strong>s<br />

entreprises <strong>de</strong> s'attacher les meilleurs éléments. Des dirigeants qui<br />

doivent savoir jongler avec une toujours plus gran<strong>de</strong> complexité, et<br />

surtout savoir anticiper. D'où l'émergence <strong>de</strong> quantités <strong>de</strong> plans « Visions<br />

2010 », <strong>de</strong> « Cap 2015 » et autres « Ambitions 2020 » alors que tout - les<br />

marchés, le comportement <strong>de</strong>s consommateurs, l'exposition médiatique,<br />

etc. - reste impalpable et empreint d'incertitu<strong>de</strong>.<br />

Résultat : dotés <strong>de</strong> davantage <strong>de</strong> responsabilités que <strong>de</strong> pouvoir, les PDG<br />

ont tendance à entourer leur prise <strong>de</strong> mandat <strong>de</strong> soli<strong>de</strong>s garanties<br />

juridiques. Ils sont en effet conscients <strong>de</strong> naviguer à vue, <strong>de</strong> n'avoir<br />

quasiment plus droit à l'erreur et <strong>de</strong> <strong>de</strong>voir restaurer une image, ces<br />

<strong>de</strong>rniers temps, partout mise à mal. En France, par les déboires entre<br />

Me<strong>de</strong>f et l'UIMM. Outre-Rhin, par les perquisitions au domicile du patron<br />

<strong>de</strong> la Deutsche Post soupçonné <strong>de</strong> frau<strong>de</strong> fiscale. Ou encore aux Etats-<br />

Unis, par les limogeages fracassants <strong>de</strong> nombre <strong>de</strong> « CEO » <strong>de</strong>s secteurs<br />

<strong>de</strong> la finance, <strong>de</strong> la santé et <strong>de</strong>s nouvelles technologies.<br />

2) Ressources humaines : les priorités <strong>de</strong>s patrons<br />

(<strong><strong>Le</strong>s</strong> <strong>Echos</strong>, 21 avril <strong>2008</strong>)<br />

La gestion <strong>de</strong>s talents figure en tête <strong>de</strong> liste <strong>de</strong>s agendas <strong>de</strong>s<br />

sociétés du mon<strong>de</strong> entier. La France, elle, privilégie la mesure <strong>de</strong><br />

la performance RH.<br />

3


Tout le mon<strong>de</strong> le dit : la gestion <strong>de</strong>s talents est la priorité <strong>de</strong>s priorités <strong>de</strong>s<br />

entreprises. Et <strong>de</strong> fait, elle figure en tête <strong>de</strong> liste <strong>de</strong>s agendas <strong>de</strong>s sociétés<br />

du mon<strong>de</strong> entier. <strong>Le</strong> contexte <strong>de</strong> concurrence mondiale acharnée n'a en<br />

effet jamais autant nécessité non seulement d'attirer et <strong>de</strong> développer <strong>de</strong><br />

nouveaux talents, mais surtout <strong>de</strong> les retenir. <strong><strong>Le</strong>s</strong> entreprises doivent<br />

désormais mieux communiquer sur les opportunités <strong>de</strong> carrière et la<br />

gran<strong>de</strong> quantité <strong>de</strong> packages sur mesure qu'elles proposent. Tout comme<br />

contribuer au rééquilibrage <strong>de</strong>s vies professionnelle et privée (autre<br />

gran<strong>de</strong> priorité). Il leur faut aussi <strong>de</strong> plus en plus tôt i<strong>de</strong>ntifier <strong>de</strong>s<br />

candidatures <strong>de</strong> valeur en vue <strong>de</strong> la constitution en amont <strong>de</strong> pools <strong>de</strong><br />

talents.<br />

Développement du lea<strong>de</strong>rship<br />

Mais, contrairement à leurs homologues étrangers, les groupes français<br />

n'inscrivent la gestion <strong>de</strong>s talents qu'au quatrième rang <strong>de</strong> leurs priorités,<br />

<strong>de</strong>rrière - préoccupation numéro 1 - la mesure <strong>de</strong> la performance RH, les<br />

mesures <strong>de</strong> déploiement <strong>de</strong> l'engagement <strong>de</strong>s salariés et la gestion <strong>de</strong>s<br />

problématiques démographiques (*). <strong><strong>Le</strong>s</strong> Etats-Unis, le Royaume-Uni, le<br />

Japon, l'Espagne mais aussi l'In<strong>de</strong>, Singapour et l'Afrique du Sud la<br />

placent, eux, au tout premier rang <strong>de</strong> leurs préoccupations, d'après une<br />

enquête exclusive - et non encore diffusée - menée par The Boston<br />

Consulting Group et World Fe<strong>de</strong>ration of Personnel Management<br />

Association. Corollaire <strong>de</strong> la gestion <strong>de</strong>s talents, le développement du<br />

lea<strong>de</strong>rship joue, lui aussi, au jour le jour un rôle crucial dans la<br />

performance <strong>de</strong>s entreprises. Car ce sont les lea<strong>de</strong>rs qui servent <strong>de</strong><br />

modèle, incarnent la mission du groupe, et qui, par leur action, donnent<br />

du sens aux orientations choisies, participent au développement <strong>de</strong>s<br />

talents en interne.<br />

Diffuser les connaissances<br />

Autre chantier <strong>de</strong> taille : le changement. Une transformation qui tient aux<br />

écarts démographiques, aux modifications culturelles et à la<br />

mondialisation. Majeures, les questions démographiques vont notamment<br />

amener <strong>de</strong>ux fois plus d'entreprises - hors pays émergents d'Asie - à<br />

modifier leur politique <strong>de</strong> santé et <strong>de</strong> prévention <strong>de</strong>s acci<strong>de</strong>nts. Enfin,<br />

l'organisation elle-même se modifie pour se faire continuellement<br />

apprenante. Autrement dit, pour développer et diffuser les connaissances<br />

en interne (bases <strong>de</strong> données, universités d'entreprise, réseaux d'experts,<br />

organisation <strong>de</strong> transferts <strong>de</strong> savoir-faire, etc.) Et replacer la fonction RH<br />

au sein d'un partenariat stratégique global d'entreprise. Il n'empêche<br />

cependant. Seulement 40 % <strong>de</strong>s entreprises interviewées ont commencé à<br />

s'investir <strong>de</strong> façon sérieuse dans l'une <strong>de</strong>s priorités recensées.<br />

4


La raison ? « Cela nécessite une remise en cause fondamentale, car il faut<br />

lever <strong>de</strong>s freins culturels et organisationnels », explique Jean-Michel Caye,<br />

directeur associé au Boston Consulting Group. Et les choses ne sauraient<br />

changer sans prise <strong>de</strong> conscience sérieuse et urgente à leur plus haut<br />

niveau. Des groupes aussi divers que Daimler, E.ON ou encore Tata Group<br />

dont le développement est soutenu, l'ont parfaitement compris. Tout,<br />

comme en France, <strong>de</strong>s Danone, L'Oréal, Schnei<strong>de</strong>r Electric ou encore<br />

Véolia. Tous ceux-là ont fini par tisser un lien étroit entre stratégie<br />

d'entreprise et stratégie RH. Et, parce que la compétence est <strong>de</strong> toute<br />

évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>venue la ressource la plus rare et la plus convoitée au mon<strong>de</strong>,<br />

les autres entreprises sont tôt ou tard condamnées à suivre leur exemple.<br />

*) Au sein d'une liste <strong>de</strong> préoccupations pas forcément <strong>de</strong>s plus<br />

prioritaires mais bien hexagonales où figurent aussi l'engagement <strong>de</strong>s<br />

salariés, la responsabilité sociale d'entreprise et l'individualisation du<br />

traitement.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> 8 chantiers <strong>de</strong>s entreprises du mon<strong>de</strong> entier :<br />

· Développer et retenir les talents<br />

1. Gérer les talents<br />

2. Améliorer le développement du lea<strong>de</strong>rship<br />

3. Gérer l'équilibre vie professionnelle/vie privée<br />

· Anticiper le changement<br />

4. Gérer les écarts démographiques<br />

5. Gérer le changement et la transformation culturelle<br />

6. Gérer la mondialisation<br />

· Optimiser l'organisation<br />

7. Devenir une organisation apprenante<br />

8. Faire <strong>de</strong>s RH un partenaire stratégique<br />

3) Comment les agences gèrent la pression ?<br />

(Stratégies, <strong>17</strong> avril 2007)<br />

Horaires élastiques, recours aux free-lances, travail dans<br />

l'urgence... les agences <strong>de</strong> communication doivent jongler avec les<br />

exigences croissantes <strong>de</strong> leurs clients.<br />

Journaux d'entreprises, sites Web et créations publicitaires se ven<strong>de</strong>nt<br />

toujours bien. Mais les directions <strong>de</strong>s achats exigent d'en avoir toujours<br />

plus pour le même prix. Une tendance que l'évolution récente du paysage<br />

médiatique vient renforcer. « Depuis le tournant numérique <strong>de</strong> 2006,<br />

l'offre <strong>de</strong> supports s'est multipliée, constate Éric Trousset, directeur<br />

marketing <strong>de</strong> TNS Media Intelligence. Aujourd'hui, un annonceur a le choix<br />

entre une centaine <strong>de</strong> chaînes <strong>de</strong> télévision pour lancer une campagne<br />

5


plus ou moins ciblée, sans parler d'Internet et du téléphone mobile. »<br />

Difficile dans ces conditions <strong>de</strong> résister à la tentation <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r plus,<br />

et toujours plus vite, à <strong>de</strong>s équipes <strong>de</strong> prestataires réputées corvéables<br />

à merci.<br />

« Il y a une accélération <strong>de</strong>s exigences, confirme Cécile Roger, éditriceconseil<br />

chez Euro RSCG C & O, qui pilote la confection <strong>de</strong> plusieurs<br />

magazines internes <strong>de</strong> grands groupes. Désormais, tout se fait en<br />

parallèle et non plus consécutivement. Il faut sans cesse réinjecter <strong>de</strong> la<br />

méthodologie. » Résultat : nombre <strong>de</strong> validations se font sur la maquette<br />

finale, les retards s'accumulent et tout se précipite vers la fin du parcours.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> origines du mal sont pourtant parfaitement i<strong>de</strong>ntifiées : tout découle<br />

d'un manque <strong>de</strong> réflexion en amont . Pour Élisabeth Coutureau, viceprési<strong>de</strong>nte<br />

<strong>de</strong> TBWA Corporate, le client qui met les budgets sous pression<br />

n'est « pas un cas fréquent ». La solution rési<strong>de</strong> dans un savant mélange<br />

d'anticipation et <strong>de</strong> formation : « La question budgétaire doit être réglée<br />

en amont pour garantir au client que chaque euro sera investi au mieux.<br />

Et lors <strong>de</strong>s discussions avec les acheteurs, nous nous fondons sur <strong>de</strong>s<br />

grilles tarifaires précises issues <strong>de</strong> la comptabilité analytique et nous<br />

expliquons pourquoi telle mission exige tel profil. Dans ce domaine, je<br />

crois beaucoup à la pédagogie. » Louable, le remè<strong>de</strong> présente néanmoins<br />

un défaut majeur dans les petites agences : ses effets s'estompent<br />

rapi<strong>de</strong>ment et il est toujours nécessaire d'en rajouter une dose.<br />

Car les structures légères n'ont souvent pas d'autres choix, pour satisfaire<br />

leurs clients, que <strong>de</strong> rallonger les horaires. « Avant, je faisais <strong>de</strong>s<br />

semaines <strong>de</strong> 45 à 50 heures. Maintenant, je suis dans une moyenne <strong>de</strong><br />

55-60 heures et je finis tous les soirs à 21 heures », témoigne une<br />

salariée. À ce temps désormais « normal » viennent régulièrement se<br />

greffer <strong>de</strong>s « rushs » qui entraînent le compteur au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> minuit et<br />

dévorent les week-ends. Difficilement compatible avec une vie <strong>de</strong> mère <strong>de</strong><br />

famille, notamment. La fatigue s'accumule et les arrêts maladie<br />

<strong>de</strong>viennent la soupape <strong>de</strong> sécurité, quand ce n'est pas la seule<br />

échappatoire possible. Quant à la vie sociale, elle s'étiole : « <strong><strong>Le</strong>s</strong> gens ne<br />

m'en veulent pas, mais ils ne comprennent pas et, à force, ils finissent par<br />

se passer <strong>de</strong> moi. » Quand le management fait la sour<strong>de</strong> oreille ou <strong>de</strong><br />

simples promesses, un véritable ras-le-bol s'installe et pousse les talents<br />

au départ.<br />

Sous-traitance et partenariat<br />

Soucieuse <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r leur potentiel, la plupart <strong>de</strong>s agences préfèrent faire<br />

appel à la sous-traitance plutôt que d'assister à une hémorragie<br />

continuelle <strong>de</strong> leurs salariés. Simple et rapi<strong>de</strong> à mettre en œuvre, le<br />

recours accru aux free-lances constitue une option efficace pour absorber<br />

la pression <strong>de</strong>s clients. Chez Verbe, agence <strong>de</strong> communication éditoriale<br />

du groupe Publicis, c'est une « pratique significative », reconnaît Laurent<br />

6


Borrell, directeur <strong>de</strong> la stratégie et <strong>de</strong>s nouvelles offres. <strong>Le</strong> partenariat est<br />

une autre possibilité. Souple et pratique, il assure une mutualisation <strong>de</strong>s<br />

moyens qui permet d'amortir le choc budgétaire tout en répondant à<br />

l'ensemble <strong>de</strong>s <strong>de</strong>si<strong>de</strong>rata du client. Verbe s'est ainsi associée à Lonely<br />

Planet pour injecter <strong>de</strong>s contenus « tourisme » dans les intranets <strong>de</strong> ses<br />

clients et collabore régulièrement avec d'autres structures <strong>de</strong> Publicis pour<br />

proposer une offre globale. Moins avouable, le recours aux juniors ou aux<br />

stagiaires. Contre toute attente, la qualité est souvent au ren<strong>de</strong>z-vous. <strong>Le</strong><br />

problème, c'est qu'elle ne dure jamais longtemps. « <strong><strong>Le</strong>s</strong> stagiaires restent<br />

<strong>de</strong>ux ou trois mois. Après, c'est la roulette russe », confie une responsable<br />

<strong>de</strong> projet d'une agence parisienne coutumière du fait.<br />

Utile, le recours à <strong>de</strong>s ressources humaines supplétives ne peut cependant<br />

servir que d'appoint et l'essentiel <strong>de</strong> la réponse provient encore et<br />

toujours <strong>de</strong> l'intérieur. Deux stratégies sont alors possibles, qui peuvent<br />

être mises en œuvre complémentairement. La première consiste à jouer la<br />

transparence totale en interne. Chez By The Way-Créacom, agence <strong>de</strong><br />

communication corporate, les chefs <strong>de</strong> projet et le « middle management<br />

» ont tous les chiffres une ou <strong>de</strong>ux fois par semaine. Budgets, marges,<br />

rentabilité, tout est mis sur la table. « Il vaut mieux qu'ils aient <strong>de</strong>s<br />

repères et qu'on en discute plutôt que <strong>de</strong>s bribes qui les amènent à se<br />

faire une fausse opinion », assure Patrick Miot, vice-prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> cette<br />

agence d'une cinquantaine <strong>de</strong> collaborateurs. Une transparence qui<br />

s'accompagne d'une politique <strong>de</strong> rémunération et <strong>de</strong> gestion du temps<br />

luci<strong>de</strong>s : « Il faut savoir récompenser les collaborateurs qui mouillent la<br />

chemise et faire preuve <strong>de</strong> souplesse quand ils ont besoin <strong>de</strong> temps... »<br />

<strong>Le</strong> conseil au lieu <strong>de</strong> la quantité<br />

Deuxième stratégie : sortir <strong>de</strong> la quantité pour s'orienter vers le conseil.<br />

Chez By The Way-Créacom, l'organigramme parle <strong>de</strong> lui-même : si une<br />

moitié <strong>de</strong>s collaborateurs se consacre à la création, l'autre planche<br />

uniquement sur le conseil et le suivi <strong>de</strong>s clients. <strong>Le</strong> système est d'autant<br />

plus efficace que les équipes sont renforcées en profils « seniors ». Plus<br />

cher ? Un argument que Patrick Miot écarte sans hésiter : « Même s'il<br />

coûte 30 % plus cher, un senior sera plus efficace. Il boucle le dossier<br />

<strong>de</strong>ux fois plus rapi<strong>de</strong>ment parce qu'il est plus pertinent et plus rapi<strong>de</strong>. »<br />

Une logique imparable que Verbe a décidé <strong>de</strong> porter à son terme en<br />

reformatant complètement équipes et métiers. La centaine <strong>de</strong><br />

collaborateurs <strong>de</strong> <strong>l'agence</strong> a donc été invitée à participer à six chantiers<br />

qui doivent bousculer tous les a priori et mener à <strong>de</strong>s formations sur<br />

mesure. « Nous sommes en train <strong>de</strong> basculer du statut <strong>de</strong> prestataire vers<br />

celui <strong>de</strong> partenaire », confirme Laurent Borrell. Discrète, la manœuvre a<br />

cependant peu <strong>de</strong> chance d'échapper aux directions <strong>de</strong>s achats. Même en<br />

changeant d'objet, les discussions budgétaires resteront donc encore très<br />

serrées.<br />

7


4) <strong><strong>Le</strong>s</strong> agences doivent-elles créer une offre développement<br />

durable ?<br />

(Stratégies, 10 avril <strong>2008</strong>)<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> annonceurs sont <strong>de</strong> plus en plus <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> conseil en<br />

développement durable. Pour autant, créer <strong>de</strong>s offres et <strong>de</strong>s<br />

entités spécifiques au sein <strong>de</strong>s agences pose question : est-ce un<br />

simple alibi ou un réel argument <strong>de</strong> vente ?<br />

<strong>Le</strong> développement durable est <strong>de</strong>venu une préoccupation majeure <strong>de</strong>s<br />

annonceurs. En témoigne la vague <strong>de</strong> nominations <strong>de</strong> directeurs ou<br />

directrices chargés d'y veiller. « Il n'y a plus un brief où le développement<br />

durable ne soit pas un présupposé », constate un professionnel.<br />

Au sein <strong>de</strong>s agences, c'est donc le branle-bas <strong>de</strong> combat. Depuis la<br />

rentrée 2007, l'Association <strong>de</strong>s agences-conseils en communication leur<br />

propose une série <strong>de</strong> formations sur le sujet. De même, l'Anaé, qui<br />

regroupe les agences événementielles, a lancé un grand chantier « DD »,<br />

sous la houlette <strong>de</strong> Benoît Desveaux, directeur général du Public Système,<br />

qui vient <strong>de</strong> créer Namaska, une agence événementielle solidaire et<br />

durable. D'autres agences ont nommé <strong>de</strong>s responsables du<br />

développement durable : Olivia Grégoire chez DDB France, Alice Audouin,<br />

membre du collectif Adwiser, chez Havas, Quitterie Delmas, ancienne <strong>de</strong><br />

l'association Déclic Solidarité, chez Heaven. Et Publicis Groupe a acheté en<br />

février Act Now, pionnier américain du conseil en développement durable.<br />

Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s bonnes volontés affichées, est-il vraiment nécessaire <strong>de</strong> créer<br />

<strong>de</strong>s entités et <strong>de</strong>s offres consacrées au développement durable ? La<br />

plupart <strong>de</strong>s agences reconnaissent qu'elles n'en sont encore qu'au début<br />

du processus. « Dès lors que les annonceurs sont <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs, il faut<br />

anticiper », affirme Catherine Michaud, prési<strong>de</strong>nte <strong>de</strong> K Agency 360, qui a<br />

créé en janvier <strong>de</strong>rnier K Développement durable (KDD), une structure<br />

proposant <strong>de</strong>s campagnes écoconçues et écoréalisées. A contrario, Benoît<br />

Héry, prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> Draft-FCB, estime que « placer le développement<br />

durable à part alors qu'il ne fait déjà plus débat, c'est prendre le train en<br />

retard et s'acheter une étiquette verte qui ne recouvre aucune offre<br />

véritable. » L'agence, qui avait annoncé il y a un an une série <strong>de</strong> mesures<br />

en la matière, avait recruté un Monsieur développement durable,<br />

Stéphane Pocrain. Celui-ci a quitté <strong>l'agence</strong>, mais le chantier se poursuit<br />

au quotidien, assure-t-on chez Draft-FCB.<br />

Changer les habitu<strong>de</strong>s<br />

Reste, enfin, à appliquer concrètement dans les agences les<br />

recommandations faites aux clients. Bilan carbone, mesure <strong>de</strong> l'impact<br />

écologique, plan <strong>de</strong> formation aux « écogestes », changements d'attitu<strong>de</strong><br />

au travail : là aussi, le chantier est en marche. Même si, à ce jour, les<br />

conseilleurs ne sont pas (encore) les payeurs.<br />

8


5) La communication financière <strong>de</strong>s entreprises passée au crible<br />

(L’expression d’entreprise, 10 avril <strong>2008</strong>)<br />

L’uniformisation <strong>de</strong>s supports <strong>de</strong> communication favorise une<br />

meilleure compréhension <strong>de</strong> l’information. L’IFop a mené une<br />

étu<strong>de</strong> auprès <strong>de</strong>s analystes financiers et <strong>de</strong>s actionnaires<br />

individuels pour mesurer leurs attentes en matière <strong>de</strong> rapport<br />

annuel.<br />

« <strong>Le</strong> rapport annuel est un support-clef dans la communication<br />

institutionnelle et financière <strong>de</strong>s entreprises cotées. Il doit séduire et<br />

convaincre », déclare Jean-François <strong>Le</strong> Rochais, prési<strong>de</strong>nt-directeur<br />

général <strong>de</strong> l’agence en communication Terre <strong>de</strong> Sienne. Pour cela, il doit<br />

être le plus clair possible. La multiplication <strong>de</strong>s supports <strong>de</strong><br />

communication en facilitant pas la compréhension <strong>de</strong> l’information. L’IFop<br />

a mené l’enquête auprès d’analystes financiers et d’actionnaires<br />

majoritaires. Il en ressort une forte adhésion à un regroupement <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />

documents, rapport financier et rapport annuel, en un seul. <strong><strong>Le</strong>s</strong> analystes<br />

financiers à 78 % et les actionnaires à 75 % sont favorables à cette issue.<br />

Outre ce premier constat, l’aspect esthétique joue aussi un rôle. Près<br />

d’une personne interrogée sur <strong>de</strong>ux estime y être très sensible. <strong><strong>Le</strong>s</strong><br />

analystes financiers avouent y être attentifs à 66 % et les actionnaires<br />

individuels à 64 %. Une attention particulière est portée sur la partie<br />

institutionnelle. En troisième lieu, viennent les informations dites « extra<br />

financières ». Elles se glissent dans la communication financière et<br />

institutionnelle <strong>de</strong>s entreprises cotées. L’éthique, la présentation <strong>de</strong> la<br />

stratégie, le mot du prési<strong>de</strong>nt… sont donc autant d’éléments qui entrent<br />

en compte dans la rédaction <strong>de</strong>s rapports. Près <strong>de</strong> neuf analystes<br />

financiers et actionnaires individuels sur dix y sont vigilants (85 % <strong>de</strong>s<br />

sondés). Enfin, pour se faire une idée <strong>de</strong> la performance <strong>de</strong>s entreprises,<br />

ces mêmes financiers et actionnaires s’appuient sur les textes, les<br />

commentaires, les données chiffrées… Ils affirment (à 49 %) être très<br />

sensibles aux ratios, aux chiffres clefs, aux textes et commentaires.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> visuels et les schémas remportent aussi leurs intéressés puisque près<br />

<strong>de</strong> sept sondés sur dix y sont attentifs.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> entreprises doivent donc être soucieuses <strong>de</strong> leur communication<br />

financière d’autant plus que l’uniformisation <strong>de</strong> la législation européenne,<br />

par la directive transparence du 8 <strong>mars</strong> 2007, leur impose <strong>de</strong> fournir un<br />

rapport financier annuel rigoureusement normé.<br />

6) L'info économique 2.0<br />

(Stratégies, 13 <strong>mars</strong> <strong>2008</strong>)<br />

Pour la presse économique et financière, le web est une priorité.<br />

Entre information en continu et interactivité avec les internautes,<br />

9


les journaux et magazines montent en puissance sur le net. Reste<br />

à inventer un modèle économique viable.<br />

L'info économique 2.0<br />

Jeudi 24 janvier <strong>2008</strong>. Branle-bas <strong>de</strong> combat dans la presse économique<br />

et financière : un jeune tra<strong>de</strong>r aurait fait perdre 5 milliards d’euros à la<br />

Société générale. <strong><strong>Le</strong>s</strong> journalistes financiers du figaro.fr sont sur le pont :<br />

interviews exclusives, rebondissements, décryptages. « <strong>Le</strong> len<strong>de</strong>main, <strong>Le</strong><br />

Figaro papier a pris le relais avec <strong>de</strong>s analyses. Résultat, au bout <strong>de</strong><br />

quatre jours, nous avions déjà trente articles sur l’affaire Kerviel : <strong>de</strong> quoi<br />

monter un dossier sur le Web », raconte Christophe Mazzoleni, directeur<br />

<strong>de</strong> la « chaîne Finance » (rubriques Bourse, Patrimoine, Placement, etc.)<br />

du figaro.fr. Rue Galvani, chez Capital, on peste : « Nous avions bouclé<br />

le mensuel l’avant-veille !, raconte Jean-Joël Gurviez, éditeur du pôle<br />

économique <strong>de</strong> Prisma Presse. Heureusement, grâce à notre site, nous<br />

avons pu couvrir l’événement au quotidien. Avant l’ère Internet, Capital<br />

serait passé à côté <strong>de</strong> cette info cruciale. »<br />

La presse économique et financière l’a bien compris : exister sur le Web<br />

est désormais une priorité. Mais comment trouver le bon accord entre une<br />

info très ciblée, parfois pointue, et un média qui ouvre le champ <strong>de</strong>s<br />

possibles ? <strong><strong>Le</strong>s</strong> sites <strong>de</strong> journaux économiques tâtonnent… mais vont<br />

plutôt dans le bon sens. La preuve : <strong>de</strong>s chiffres plus qu’encourageants.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong>echos.fr reste lea<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s sites économiques, avec 1,148 million <strong>de</strong><br />

visiteurs uniques, juste <strong>de</strong>vant la « chaîne Finance » du figaro.fr (1,138<br />

million). Latribune.fr affiche 800 000 visiteurs uniques, quand<br />

challenges.fr a quadruplé ses visites en un an (450 000). <strong>Le</strong>xpansion.com<br />

a, lui, gagné 30 % <strong>de</strong> fréquentation <strong>de</strong>puis sa nouvelle formule. Autre<br />

signe <strong>de</strong> bonne santé : <strong>de</strong>s rénovations <strong>de</strong> sites prévues avant l’été chez<br />

Challenges et chez Capital, le lancement du journal<strong>de</strong>sfinances.fr par <strong>Le</strong><br />

Figaro et celui <strong>de</strong> BFM News, portail d’information généraliste et<br />

économique, prévu pour mai prochain au sein <strong>de</strong> Nextradio TV.<br />

Transversalité<br />

Quel est le modèle économique <strong>de</strong> ces sites <strong>de</strong> presse ? <strong>Le</strong> tout publicité<br />

et la gratuité s’imposent, même si le print reste comme partout ultra<br />

majoritaire dans les recettes publicitaires (lire en page 42). À<br />

lexpansion.com, on aimerait développer les partenariats et le commerce<br />

en ligne pour diversifier les revenus, « mais l’accès à l’information restera<br />

gratuit », précise Yves Adaken, rédacteur en chef. Du côté <strong>de</strong>s magazines,<br />

seul capital.fr a lancé une offre payante, il y a <strong>de</strong>ux ans. « L’abonné reçoit<br />

chaque semaine la lettre boursière par courriel et sous forme papier, ainsi<br />

que la newsletter First Morning par courrier chaque matin, détaille Jean-<br />

Joël Gurviez. Il a aussi accès à <strong>de</strong>s conseils boursiers sur plus <strong>de</strong> 130<br />

valeurs. » Une offre qui plaît… mais qui reste chère : 39 euros par mois.<br />

10


« <strong>Le</strong> cas <strong>de</strong> la presse économique est particulier : sa cible (les entreprises<br />

et les cadres) a les moyens <strong>de</strong> se payer un abonnement sur le Net et veut<br />

<strong>de</strong>s informations sérieuses provenant d’une marque média reconnue,<br />

explique Patrick Eveno, spécialiste <strong>de</strong>s médias et maître <strong>de</strong> conférences à<br />

la Sorbonne. Voici en théorie le cercle vertueux du modèle payant. » Côté<br />

quotidiens, seul lesechos.fr a pris le parti d’un modèle mixte, où 30 % <strong>de</strong>s<br />

contenus sont payants (journal du jour, archives, microéconomie). « Nous<br />

avons 20 000 abonnés, dont la moitié sont <strong>de</strong>s entreprises, et notre<br />

chiffre d’affaires est parfaitement équilibré », affirme Philippe Janet,<br />

directeur général Internet <strong>de</strong> DI Group (qui a racheté <strong><strong>Le</strong>s</strong> Échos à<br />

Pearson).<br />

Pour garantir une info continue <strong>de</strong> qualité, les sites se sont tous dotés <strong>de</strong><br />

rédactions Web à part entière… avec plus ou moins <strong>de</strong> moyens.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong>echos.fr, pionnier <strong>de</strong>puis 1996, dispose d’une équipe <strong>de</strong> 24<br />

journalistes. <strong><strong>Le</strong>s</strong> rédactions financières du figaro.fr, <strong>de</strong> latribune.fr et <strong>de</strong><br />

capital.fr comptent chacune une dizaine <strong>de</strong> journalistes, alors qu’à<br />

lexpansion.com et à challenges.fr, on en recense <strong>de</strong>ux fois moins.<br />

« Certes, mais la rédaction du magazine est entièrement bimédia et<br />

fournit six à sept papiers quotidiens au Web », précise Pierre-Henri <strong>de</strong><br />

Menthon, rédacteur en chef <strong>de</strong> Challenges. « BFM News aura évi<strong>de</strong>mment<br />

sa rédaction propre, précise Alain Weill, PDG <strong>de</strong> Nextradio TV. Mais, pour<br />

moi, le modèle idéal, ce serait quelques journalistes se consacrant à un<br />

seul support et <strong>de</strong>s experts transversaux intervenant aussi bien sur BFM,<br />

BFM TV, BFM News ou La Tribune. » <strong>Le</strong>figaro.fr peut quant à lui compter<br />

sur le soutien <strong>de</strong>s 70 journalistes économiques du quotidien. Quant aux<br />

rédacteurs du mensuel Capital, ils alimentent les « indiscrétions » du site,<br />

qui se veut aussi le prolongement <strong>de</strong> certaines enquêtes papier.<br />

La culture bimédia semble donc mieux intégrée que lors <strong>de</strong>s débuts du<br />

Web. L’intérêt premier étant évi<strong>de</strong>mment <strong>de</strong> pouvoir informer en temps<br />

réel, quand le temps du papier est, lui, figé. « En économie plus<br />

qu’ailleurs, on est sur une problématique <strong>de</strong> marchés. Plus on est informé<br />

tôt, plus on est efficace », lance Joël Ronez, consultant en stratégie Web<br />

pour les médias au cabinet Cup of Tea. Pour beaucoup, c’est là qu’est la<br />

valeur ajoutée : « Notre ambition est d’apporter une hiérarchisation<br />

journalistique <strong>de</strong> l’info à instant “t”», précise Pierre-Henri <strong>de</strong> Menthon.<br />

Pour Yves Adaken, cette exigence <strong>de</strong> vitesse et <strong>de</strong> direct est à mêler avec<br />

« le gène premier <strong>de</strong> L’Expansion : celui <strong>de</strong> la pédagogie ». « Expliquer<br />

une information complexe, c’est l’un <strong>de</strong> nos axes <strong>de</strong> développement sur la<br />

chaîne finances, renchérit Christophe Mazzoleni. Sur la partie Bourse,<br />

nous avons une vertu pédagogique. Nous allons par exemple expliquer ce<br />

que veut dire une augmentation <strong>de</strong> capital, ce qu’elle peut changer pour le<br />

portefeuille <strong>de</strong> l’internaute, etc. »<br />

11


Ouverture à l’interactivité<br />

Si le Web 2.0 permet d’être en flux continu, il ouvre aussi les portes <strong>de</strong><br />

l’interactivité. Comment les sites économiques gèrent-ils le lien avec les<br />

internautes ? « Informer sur l’économie requiert <strong>de</strong>s compétences, <strong>de</strong>s<br />

contacts. <strong>Le</strong> journalisme citoyen est moins possible que dans la presse<br />

généraliste », analyse Joël Ronez. <strong><strong>Le</strong>s</strong> sites hésitent donc à lancer <strong>de</strong>s<br />

forums. « Au début, nous étions réticents à accueillir les réactions <strong>de</strong>s<br />

internautes. Qu’est-ce qu’elles apportaient ? Depuis la refonte du site en<br />

septembre, nous avons lancé la rubrique “Café <strong>de</strong> l’économie”, où les<br />

internautes commentent les papiers. Et le résultat est intéressant »,<br />

détaille Yves Adaken. <strong>Le</strong> site du Journal <strong>de</strong>s finances <strong>de</strong>vrait bientôt leur<br />

permettre d’envoyer leur propre analyse économique. La meilleure sera<br />

publiée dans l’édition papier. « Notre public est une nouvelle source<br />

d’information », constate Christophe Mazzoleni.<br />

Pour le directeur général du groupe Nouvel Observateur, Louis Dreyfus, «<br />

le secteur <strong>de</strong> l’économie se prête davantage à une interactivité avec <strong>de</strong>s<br />

spécialistes qu’à du participatif pur ». D’où le développement <strong>de</strong>s <strong>blog</strong>s<br />

d’experts et <strong>de</strong> journalistes sur <strong>de</strong> nombreux sites. L’étu<strong>de</strong> réalisée par<br />

Think out pour la marque L’Expansion le montre : les internautes<br />

atten<strong>de</strong>nt du participatif qu’il « donne <strong>de</strong> la valeur au lecteur », et qu’il<br />

« valorise les éclairages d’experts ». Autre ren<strong>de</strong>z-vous interactif très suivi<br />

: le tchat quotidien avec un invité du mon<strong>de</strong> économique organisé par la<br />

rédaction <strong>de</strong>s echos.fr. Pour Joël Ronez, « l’autre enjeu du 2.0, c’est qu’il<br />

permet aux internautes <strong>de</strong> jouer sur l’ergonomie du site, <strong>de</strong> choisir ses<br />

infos ». Créer sa propre page, avec ses rubriques préférées et son<br />

portefeuille boursier, est déjà possible sur lesechos.fr, via un partenariat<br />

avec Netvibes.<br />

Cap sur la vidéo<br />

C’est l’atout supplémentaire <strong>de</strong>s sites économiques : les services offerts à<br />

l’internaute. Avec en tête la gestion du portefeuille boursier. Aucun site<br />

n’échappe à cet outil : cours en direct, graphiques, points Bourse matin et<br />

soir, conseils d’analystes internationaux, etc. « Notre objectif est d’être<br />

aussi performant que Boursorama », affirme Christophe Mazzoleni. « Nous<br />

pouvons même alerter nos internautes par courriel quand l’une <strong>de</strong> leurs<br />

actions dépasse un seuil. C’est un outil <strong>de</strong> fidélisation formidable »,<br />

poursuit Philippe Janet. Pour Jean-Joël Gurviez, <strong>de</strong> Capital, ces services<br />

doivent rester liés à l’information : « Nous mettons en ligne <strong>de</strong>s annonces<br />

immobilières, <strong>de</strong>s offres d’emploi, <strong>de</strong>s conseils en placements, etc. Mais il<br />

faut du contenu autour pour donner un sens éditorial à tout cela. »<br />

D’autres services sont-ils en développement ? <strong><strong>Le</strong>s</strong> acteurs du Web<br />

avouent qu’il ne s’agit pas pour l’instant <strong>de</strong> leur priorité en termes<br />

d’investissements.<br />

12


C’est plutôt le développement <strong>de</strong> la vidéo qui <strong>de</strong>vient prioritaire. Après<br />

une tendance à l’achat, comme les Points Bourse <strong>de</strong> l’agence New York<br />

French Press qu’on retrouve sur lefigaro.fr et lexpansion.com, les sites<br />

se mettent à produire leurs propres contenus. Dans l’entresol du Figaro,<br />

un studio télé vient d’être inauguré. Loge <strong>de</strong> maquillage, fond bleu,<br />

lumière rouge… rien ne manque : « J’ai hâte que mon équipe puisse<br />

réaliser <strong>de</strong>s vidéos », se réjouit Christophe Mazzoleni. <strong><strong>Le</strong>s</strong>echos.fr et<br />

latribune.fr (qui « bénéficiera bientôt <strong>de</strong> toutes les vidéos <strong>de</strong> BFM TV »,<br />

précise Alain Weill) ont déjà leur studio <strong>de</strong>puis quelques années.<br />

« Ce qui fonctionne bien, ce sont les interviews ou les petits magazines,<br />

comme les font les journalistes d’Enjeux », témoigne Philippe Janet.<br />

Difficile pourtant d’être créatif sur <strong>de</strong>s sujets économiques ou financiers.<br />

Un journaliste sur un fond gris qui débite les infos éco <strong>de</strong> la journée…<br />

Rien <strong>de</strong> très original. La vidéo apporte-t-elle réellement une valeur<br />

ajoutée ? « Nous savons que les internautes valorisent beaucoup les<br />

contenus vidéo. C’est ce qui les fidélise sur un site, estime Louis Dreyfus.<br />

Mais nous <strong>de</strong>vons inventer un langage. » <strong>Le</strong>xpansion.com a déjà tenté<br />

<strong>de</strong> petits sketchs vidéo en partenariat avec Théâtre à la carte. Ils<br />

décrivaient <strong>de</strong>s métiers <strong>de</strong> manière décalée. « Des prestataires nous<br />

proposent <strong>de</strong> plus en plus <strong>de</strong> petits <strong>de</strong>ssins animés pour expliquer les<br />

rouages <strong>de</strong> la gestion <strong>de</strong> patrimoine », note Christophe Mazzoleni.<br />

Développer l’outil vidéo, c’est aussi miser sur la mobilité qu’offre le 2.0.<br />

Aux echos.fr, on se positionne dès à présent sur la télévision mobile<br />

personnelle, prévue pour la fin <strong>de</strong> l’année, bien que le site dispose déjà<br />

d’une version mobile. Même stratégie chez Nextradio TV : « Il faut être<br />

présent sur tous les supports, radio, télévision, Web, mobile, pour suivre<br />

le lecteur en <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’infos économiques dans sa journée », analyse<br />

Alain Weill. « La forme graphique du journal<strong>de</strong>sfinances.fr se prête très<br />

bien au <strong>de</strong>sign <strong>de</strong> l’Iphone », avance Christophe Mazzoleni. « L’info<br />

économique sur mobile ? C’est du gadget, proteste Patrick Eveno. Ces<br />

sites n’ont aucun intérêt à imiter ce que font les autres sur le Net. <strong>Le</strong>ur<br />

valeur ajoutée, c’est ce qu’ils savent faire <strong>de</strong> mieux, leur compétence<br />

première : l’analyse journalistique. » L’un et l’autre sont-ils incompatibles<br />

? Peut-être pas.<br />

Télévision : LCI en pointe<br />

BFM TV, seule chaîne à se présenter comme économique, ne propose aux<br />

internautes que les pod-casts <strong>de</strong>s émissions et une fenêtre pour regar<strong>de</strong>r<br />

la chaîne en direct. <strong>Le</strong> site d’I-Télé est encore plus minimaliste. L’entrée<br />

«économie» permet seulement <strong>de</strong> poser <strong>de</strong>s questions par courriel aux<br />

émissions. Y a pas que le CAC et <strong>Le</strong> Journal <strong>de</strong> l’économie. Dans ce<br />

paysage, lci.fr fait figure <strong>de</strong> précurseur, surfant sur l’expertise <strong>de</strong> son<br />

grand frère TF1. La rubrique économique se veut pédagogique: on y<br />

13


trouve <strong>de</strong>s infographies explicatives, comme «le prix <strong>de</strong> l’essence<br />

décortiqué», <strong>de</strong>s vidéos insolites, mais aussi <strong>de</strong>s <strong>blog</strong>s d’experts hightech<br />

et auto. La rubrique Bourse n’a rien à envier à celle <strong>de</strong>s sites <strong>de</strong><br />

quotidiens: accès aux cours en temps réel, indices, vidéos et gestion <strong>de</strong><br />

portefeuille.<br />

Radio : BFM se distingue<br />

Du côté <strong>de</strong>s on<strong>de</strong>s, on reste timi<strong>de</strong> sur le Web, surtout en matière<br />

d’information économique. <strong>Le</strong> site <strong>de</strong> BFM, radiobfm.com, est le plus<br />

abouti, avec les podcasts <strong>de</strong>s émissions, une rubrique Bourse, <strong>de</strong>s<br />

informations économiques et <strong>de</strong>s dossiers. Mais une gran<strong>de</strong> partie du<br />

contenu provient <strong>de</strong>… capital.fr. Ouvrez la page d’accueil -d’eu-rope1.-fr,<br />

et vous ne verrez le mot «économie» nulle part. La rubrique financière <strong>de</strong><br />

rtl.fr propose, elle, <strong>de</strong>s interviews, <strong>de</strong>s portraits et une rubrique<br />

«décryptage» par un expert. Quant au site <strong>de</strong> RMC, il mise sur la<br />

pédagogie, avec une galerie <strong>de</strong> photos et d’infographies offrant <strong>de</strong>s<br />

tableaux explicatifs plutôt réussis sur la hausse.<br />

7) Out of Print : The <strong>de</strong>ath and life of the American newspaper.<br />

(The New Yorker, 31 <strong>mars</strong> <strong>2008</strong>)<br />

The American newspaper has been around for approximately three<br />

hundred years. Benjamin Harris’s spirited Publick Occurrences, Both<br />

Forreign and Domestick managed just one issue, in 1690, before the<br />

Massachusetts authorities closed it down. Harris had suggested a<br />

politically incorrect hard line on Indian removal and shocked local<br />

sensibilities by reporting that the King of France had been taking liberties<br />

with the Prince’s wife.<br />

It really was not until <strong>17</strong>21, when the printer James Franklin launched the<br />

New England Courant, that any of Britain’s North American colonies saw<br />

what we might recognize today as a real newspaper. Franklin, Benjamin’s<br />

ol<strong>de</strong>r brother, refused to adhere to customary licensing arrangements and<br />

constantly attacked the ruling powers of New England, thereby achieving<br />

both editorial in<strong>de</strong>pen<strong>de</strong>nce and commercial success. He filled his paper<br />

with crusa<strong>de</strong>s (on everything from pirates to the power of Cotton and<br />

Increase Mather), literary essays by Addison and Steele, character<br />

sketches, and assorted philosophical ruminations.<br />

Three centuries after the appearance of Franklin’s Courant, it no longer<br />

requires a dystopic imagination to won<strong>de</strong>r who will have the dubious<br />

distinction of publishing America’s last genuine newspaper. Few believe<br />

that newspapers in their current printed form will survive. Newspaper<br />

companies are losing advertisers, rea<strong>de</strong>rs, market value, and, in some<br />

cases, their sense of mission at a pace that would have been barely<br />

14


imaginable just four years ago. Bill Keller, the executive editor of the<br />

Times, said recently in a speech in London, “At places where editors and<br />

publishers gather, the mood these days is funereal. Editors ask one<br />

another, ‘How are you?,’ in that sober tone one employs with friends who<br />

have just emerged from rehab or a messy divorce.” Keller’s speech<br />

appeared on the Web site of its sponsor, the Guardian, un<strong>de</strong>r the headline<br />

“NOT DEAD YET.”<br />

Perhaps not, but trends in circulation and advertising––the rise of the<br />

Internet, which has ma<strong>de</strong> the daily newspaper look slow and<br />

unresponsive; the advent of Craigslist, which is wiping out classified<br />

advertising––have created a palpable sense of doom. In<strong>de</strong>pen<strong>de</strong>nt,<br />

publicly tra<strong>de</strong>d American newspapers have lost forty-two per cent of their<br />

market value in the past three years, according to the media entrepreneur<br />

Alan Mutter. Few corporations have been punished on Wall Street the way<br />

those who dare to invest in the newspaper business have. The McClatchy<br />

Company, which was the only company to bid on the Knight Rid<strong>de</strong>r chain<br />

when, in 2005, it was put on the auction block, has surren<strong>de</strong>red more<br />

than eighty per cent of its stock value since making the $6.5-billion<br />

purchase. <strong>Le</strong>e Enterprises’ stock is down by three-quarters since it bought<br />

out the Pulitzer chain, the same year. America’s most prized journalistic<br />

possessions are sud<strong>de</strong>nly looking like corporate millstones. Rather than<br />

compete in an era of merciless transformation, the families that owned<br />

the Los Angeles Times and the Wall Street Journal sold off the majority of<br />

their holdings. The New York Times Company has seen its stock <strong>de</strong>cline by<br />

fifty-four per cent since the end of 2004, with much of the loss coming in<br />

the past year; in late February, an analyst at Deutsche Bank<br />

recommen<strong>de</strong>d that clients sell off their Times stock. The Washington Post<br />

Company has avoi<strong>de</strong>d a similar fate only by rebranding itself an<br />

“education and media company”; its testing and prep company, Kaplan,<br />

now brings in at least half the company’s revenue.<br />

Until recently, newspapers were accustomed to operating as high-margin<br />

monopolies. To own the dominant, or only, newspaper in a mid-sized<br />

American city was, for many <strong>de</strong>ca<strong>de</strong>s, a kind of license to print money. In<br />

the Internet age, however, no one has figured out how to rescue the<br />

newspaper in the United States or abroad. Newspapers have created Web<br />

sites that benefit from the growth of online advertising, but the sums are<br />

not nearly enough to replace the loss in revenue from circulation and print<br />

ads.<br />

Most managers in the industry have reacted to the collapse of their<br />

business mo<strong>de</strong>l with a spiral of budget cuts, bureau closings, buyouts,<br />

layoffs, and reductions in page size and column inches. Since 1990, a<br />

quarter of all American newspaper jobs have disappeared. The columnist<br />

Molly Ivins complained, shortly before her <strong>de</strong>ath, that the newspaper<br />

companies’ solution to their problem was to make “our product smaller<br />

and less helpful and less interesting.” That may help explain why the<br />

15


dwindling number of Americans who buy and read a daily paper are<br />

spending less time with it; the average is down to less than fifteen hours a<br />

month. Only nineteen per cent of Americans between the ages of eighteen<br />

and thirty-four claim even to look at a daily newspaper. The average age<br />

of the American newspaper rea<strong>de</strong>r is fifty-five and rising.<br />

Philip Meyer, in his book “The Vanishing Newspaper” (2004), predicts that<br />

the final copy of the final newspaper will appear on somebody’s doorstep<br />

one day in 2043. It may be unkind to point out that all these parlous<br />

trends coinci<strong>de</strong> with the opening, this spring, of the $450-million<br />

Newseum, in Washington, D.C., but, more and more, what Bill Keller calls<br />

“that lovable old-fashioned bundle of ink and cellulose” is starting to feel<br />

like an artifact ready for display un<strong>de</strong>r glass.<br />

Taking its place, of course, is the Internet, which is about to pass<br />

newspapers as a source of political news for American rea<strong>de</strong>rs. For young<br />

people, and for the most politically engaged, it has already done so. As<br />

early as May, 2004, newspapers had become the least preferred source<br />

for news among younger people. According to “Abandoning the News,”<br />

published by the Carnegie Corporation, thirty-nine per cent of respon<strong>de</strong>nts<br />

un<strong>de</strong>r the age of thirty-five told researchers that they expected to use the<br />

Internet in the future for news purposes; just eight per cent said that they<br />

would rely on a newspaper. It is a point of ironic injustice, perhaps, that<br />

when a rea<strong>de</strong>r surfs the Web in search of political news he frequently ends<br />

up at a site that is merely aggregating journalistic work that originated in<br />

a newspaper, but that fact is not likely to save any newspaper jobs or<br />

increase papers’ stock valuation.<br />

Among the most significant aspects of the transition from “<strong>de</strong>ad tree”<br />

newspapers to a world of digital information lies in the nature of “news”<br />

itself. The American newspaper (and the nightly newscast) is <strong>de</strong>signed to<br />

appeal to a broad audience, with conflicting values and opinions, by virtue<br />

of its commitment to the goal of objectivity. Many newspapers, in their<br />

eagerness to <strong>de</strong>monstrate a sense of balance and impartiality, do not<br />

allow reporters to voice their opinions publicly, march in <strong>de</strong>monstrations,<br />

volunteer in political campaigns, wear political buttons, or attach bumper<br />

stickers to their cars.<br />

In private conversation, reporters and editors conce<strong>de</strong> that objectivity is<br />

an i<strong>de</strong>al, an unreachable horizon, but journalists belong to a remarkably<br />

thin-skinned fraternity, and few of them will publicly admit to betraying in<br />

print even a trace of bias. They discount the notion that their beliefs could<br />

interfere with their ability to report a story with perfect balance. As the<br />

venerable “<strong>de</strong>an” of the Washington press corps, David Bro<strong>de</strong>r, of the<br />

Post, puts it, “There just isn’t enough i<strong>de</strong>ology in the average reporter to<br />

fill a thimble.”<br />

16


Meanwhile, public trust in newspapers has been slipping at least as quickly<br />

as the bottom line. A recent study published by Sacred Heart University<br />

found that fewer than twenty per cent of Americans said they could<br />

believe “all or most” media reporting, a figure that has fallen from more<br />

than twenty-seven per cent just five years ago. “<strong><strong>Le</strong>s</strong>s than one in five<br />

believe what they read in print,” the 2007 “State of the News Media”<br />

report, issued by the Project for Excellence in Journalism, conclu<strong>de</strong>d.<br />

“CNN is not really more trusted than Fox, or ABC than NBC. The local<br />

paper is not viewed much differently than the New York Times.” Vastly<br />

more Americans believe in flying saucers and 9/11 conspiracy theories<br />

than believe in the notion of balanced—much less “objective”—<br />

mainstream news media. Nearly nine in ten Americans, according to the<br />

Sacred Heart study, say that the media consciously seek to influence<br />

public policies, though they disagree about whether the bias is liberal or<br />

conservative.<br />

No less challenging is the rapid transformation that has taken place in the<br />

public’s un<strong>de</strong>rstanding of, and <strong>de</strong>mand for, “news” itself. Rupert Murdoch,<br />

in a speech to the American Society of Newspaper Editors, in April, 2005—<br />

two years before his five-billion-dollar takeover of Dow Jones & Co. and<br />

the Wall Street Journal—warned the industry’s top editors and publishers<br />

that the days when “news and information were tightly controlled by a few<br />

editors, who <strong>de</strong>igned to tell us what we could and should know,” were<br />

over. No longer would people accept “a godlike figure from above”<br />

presenting the news as “gospel.” Today’s consumers “want news on<br />

<strong>de</strong>mand, continuously updated. They want a point of view about not just<br />

what happened but why it happened. . . . And finally, they want to be able<br />

to use the information in a larger community—to talk about, to <strong>de</strong>bate, to<br />

question, and even to meet people who think about the world in similar or<br />

different ways.”<br />

One month after Murdoch’s speech, a thirty-one-year-old computer whiz,<br />

Jonah Peretti, and a former A.O.L. executive, Kenneth <strong>Le</strong>rer, joined the<br />

ubiquitous commentator-candidate-activist Arianna Huffington to launch a<br />

new Web site, which they called the Huffington Post. First envisaged as a<br />

liberal alternative to the Drudge Report, the Huffington Post started out by<br />

aggregating political news and gossip; it also organized a group <strong>blog</strong>, with<br />

writers drawn largely from Huffington’s alarmingly vast array of friends<br />

and connections. Huffington had accumulated that network during years<br />

as a writer on topics from Greek philosophy to the life of Picasso, as the<br />

spouse of a wealthy Republican congressman in California, and now, after<br />

a divorce and an i<strong>de</strong>ological conversion, as a Los Angeles-based liberal<br />

commentator and failed gubernatorial candidate.<br />

Almost by acci<strong>de</strong>nt, however, the owners of the Huffington Post had<br />

discovered a formula that capitalized on the problems confronting<br />

newspapers in the Internet era, and they are convinced that they are<br />

<strong>17</strong>


eady to reinvent the American newspaper. “Early on, we saw that the key<br />

to this enterprise was not aping Drudge,” <strong>Le</strong>rer recalls. “It was taking<br />

advantage of our community. And the key was to think of what we were<br />

doing through the community’s eyes.”<br />

On the Huffington Post, Peretti explains, news is not something han<strong>de</strong>d<br />

down from above but “a shared enterprise between its producer and its<br />

consumer.” Echoing Murdoch, he says that the Internet offers editors<br />

“immediate information” about which stories interest rea<strong>de</strong>rs, provoke<br />

comments, are shared with friends, and generate the greatest number of<br />

Web searches. An Internet-based news site, Peretti contends, is therefore<br />

“alive in a way that is impossible for paper and ink.”<br />

Though Huffington has a news staff (it is tiny, but the hope is to expand in<br />

the future), the vast majority of the stories that it features originate<br />

elsewhere, whether in print, on television, or on someone’s vi<strong>de</strong>o camera<br />

or cell phone. The editors link to whatever they believe to be the best<br />

story on a given topic. Then they repurpose it with a catchy, often liberalleaning<br />

headline and provi<strong>de</strong> a comment section beneath it, where rea<strong>de</strong>rs<br />

can chime in. Surrounding the news articles are the highly opinionated<br />

posts of an apparently endless army of both celebrity (Nora Ephron, Larry<br />

David) and non-celebrity <strong>blog</strong>gers—more than eighteen hundred so far.<br />

The <strong>blog</strong>gers are not paid. The over-all effect may appear chaotic and<br />

confusing, but, <strong>Le</strong>rer argues, “this new way of thinking about, and<br />

presenting, the news, is transforming news as much as CNN did thirty<br />

years ago.” Arianna Huffington and her partners believe that their mo<strong>de</strong>l<br />

points to where the news business is heading. “People love to talk about<br />

the <strong>de</strong>ath of newspapers, as if it’s a foregone conclusion. I think that’s<br />

ridiculous,” she says. “Traditional media just need to realize that the<br />

online world isn’t the enemy. In fact, it’s the thing that will save them, if<br />

they fully embrace it.”<br />

It’s an almost comically audacious ambition for an operation with only<br />

forty-six full-time employees—many of whom are barely old enough to<br />

rent a car. But, with about eleven million dollars at its disposal, the site is<br />

poised to break even on advertising revenue of somewhere between six<br />

and ten million dollars annually. What most impresses advertisers—and<br />

<strong>de</strong>presses newspaper-company executives—is the site’s growth numbers.<br />

In the past thirty days, thanks in large measure to the excitement of the<br />

Democratic primaries, the site’s “unique visitors”—that is, individual<br />

computers that clicked on one of its pages––jumped to more than eleven<br />

million, according to the company. And, according to estimates from<br />

Nielsen NetRatings and comScore, the Huffington Post is more popular<br />

than all but eight newspaper sites, rising from sixteenth place in<br />

December.<br />

18


Arthur Miller once <strong>de</strong>scribed a good newspaper as “a nation talking to<br />

itself.” If only in this respect, the Huffington Post is a great newspaper. It<br />

is not unusual for a short <strong>blog</strong> post to inspire a thousand posts from<br />

rea<strong>de</strong>rs—posts that go off in their own directions and lead to arguments<br />

and conversations unrelated to the topic that inspired them. Occasionally,<br />

these comments present original perspectives and arguments, but many<br />

resemble the graffiti on a bathroom wall.<br />

The notion that the Huffington Post is somehow going to compete with,<br />

much less displace, the best traditional newspapers is arguable on other<br />

grounds as well. The site’s original-reporting resources are minuscule. The<br />

site has no regular sports or book coverage, and its entertainment section<br />

is a trashy grab bag of unverified Internet gossip. And, while the<br />

Huffington Post has successfully positioned itself as the place where<br />

progressive politicians and Hollywood liberal luminaries post their anti-<br />

Bush Administration sentiments, many of the original <strong>blog</strong> posts that it<br />

publishes do not merit the effort of even a mouse click.<br />

Additional oddities abound. Whereas a newspaper tends to stand by its<br />

story on the basis of an editorial process in which professional reporters<br />

and editors attempt to vet their sources and check their accuracy before<br />

publishing, the <strong>blog</strong>osphere relies on its rea<strong>de</strong>rship—its community—for<br />

quality control. At the Huffington Post, Jonah Peretti explains, the editors<br />

“stand behind our front page” and do their best to insure that only trusted<br />

<strong>blog</strong>gers and reliable news sources are posted there. Most posts insi<strong>de</strong> the<br />

site, however, go up before an editor sees them. Only if a post is <strong>de</strong>emed<br />

by a rea<strong>de</strong>r to be false, <strong>de</strong>famatory, or offensive does an editor get<br />

involved.<br />

The Huffington Post’s editorial processes are based on what Peretti has<br />

named the “mullet strategy.” (“Business up front, party in the back” is<br />

how his trend-spotting site BuzzFeed glosses it.) “User-generated content<br />

is all the rage, but most of it totally sucks,” Peretti says. The mullet<br />

strategy invites users to “argue and vent on the secondary pages, but<br />

professional editors keep the front page looking sharp. The mullet strategy<br />

is here to stay, because the best way for Web companies to increase<br />

traffic is to let users have control, but the best way to sell advertising is a<br />

slick, pretty front page where corporate sponsors can admire their<br />

brands.”<br />

This policy is hardly without its pitfalls. During the Hurricane Katrina crisis,<br />

the activist Randall Robinson referred, in a post, to reports from New<br />

Orleans that some people there were “eating corpses to survive.” When<br />

Arianna Huffington heard about the post, she got in touch with Robinson<br />

and found that he could not support his musings; she asked Robinson to<br />

post a retraction. The alacrity with which the correction took place was<br />

19


admirable, but it was not fast enough to prevent the false information<br />

from being repeated elsewhere.<br />

The tensions between the lea<strong>de</strong>rs of the mainstream media and the<br />

challengers from the Web were presaged by one of the most instructive<br />

and heated intellectual <strong>de</strong>bates of the American twentieth century.<br />

Between 1920 and 1925, the young Walter Lippmann published three<br />

books investigating the theoretical relationship between <strong>de</strong>mocracy and<br />

the press, including “Public Opinion” (1922), which is credited with<br />

inspiring both the public-relations profession and the aca<strong>de</strong>mic field of<br />

media studies. Lippmann i<strong>de</strong>ntified a fundamental gap between what we<br />

naturally expect from <strong>de</strong>mocracy and what we know to be true about<br />

people. Democratic theory <strong>de</strong>mands that citizens be knowledgeable about<br />

issues and familiar with the individuals put forward to lead them. And,<br />

while these assumptions may have been reasonable for the white, male,<br />

property-owning classes of James Franklin’s Colonial Boston,<br />

contemporary capitalist society had, in Lippmann’s view, grown too big<br />

and complex for crucial events to be mastered by the average citizen.<br />

Journalism works well, Lippmann wrote, when “it can report the score of a<br />

game or a transatlantic flight, or the <strong>de</strong>ath of a monarch.” But where the<br />

situation is more complicated, “as for example, in the matter of the<br />

success of a policy, or the social conditions among a foreign people—that<br />

is to say, where the real answer is neither yes or no, but subtle, and a<br />

matter of balanced evi<strong>de</strong>nce,” journalism “causes no end of <strong>de</strong>rangement,<br />

misun<strong>de</strong>rstanding, and even misrepresentation.”<br />

Lippmann likened the average American—or “outsi<strong>de</strong>r,” as he tellingly<br />

named him—to a “<strong>de</strong>af spectator in the back row” at a sporting event: “He<br />

does not know what is happening, why it is happening, what ought to<br />

happen,” and “he lives in a world which he cannot see, does not<br />

un<strong>de</strong>rstand and is unable to direct.” In a <strong>de</strong>scription that may strike a<br />

familiar chord with anyone who watches cable news or listens to talk radio<br />

today, Lippmann assumed a public that “is slow to be aroused and quickly<br />

diverted . . . and is interested only when events have been<br />

melodramatized as a conflict.” A committed élitist, Lippmann did not see<br />

why anyone should find these conclusions shocking. Average citizens are<br />

hardly expected to master particle physics or post-structuralism. Why<br />

should we expect them to un<strong>de</strong>rstand the politics of Congress, much less<br />

that of the Middle East?<br />

Lippmann’s preferred solution was, in essence, to junk <strong>de</strong>mocracy<br />

entirely. He justified this by arguing that the results were what mattered.<br />

Even “if there were a prospect” that people could become sufficiently wellinformed<br />

to govern themselves wisely, he wrote, “it is extremely doubtful<br />

whether many of us would wish to be bothered.” In his first attempt to<br />

20


consi<strong>de</strong>r the issue, in “Liberty and the News” (1920), Lippmann suggested<br />

addressing the problem by raising the status of journalism to that of more<br />

respected professions. Two years later, in “Public Opinion,” he conclu<strong>de</strong>d<br />

that journalism could never solve the problem merely by “acting upon<br />

everybody for thirty minutes in twenty-four hours.” Instead, in one of the<br />

od<strong>de</strong>st formulations of his long career, Lippmann proposed the creation of<br />

“intelligence bureaus,” which would be given access to all the information<br />

they nee<strong>de</strong>d to judge the government’s actions without concerning<br />

themselves much with <strong>de</strong>mocratic preferences or public <strong>de</strong>bate. Just what,<br />

if any, role the public would play in this process Lippmann never<br />

explained.<br />

John Dewey termed “Public Opinion” “perhaps the most effective<br />

indictment of <strong>de</strong>mocracy as currently conceived ever penned,” and he<br />

spent much of the next five years countering it. The result, published in<br />

1927, was an extremely ten<strong>de</strong>ntious, <strong>de</strong>nse, yet important book, titled<br />

“The Public and Its Problems.” Dewey did not dispute Lippmann’s<br />

contention regarding journalism’s flaws or the public’s vulnerability to<br />

manipulation. But Dewey thought that Lippmann’s cure was worse than<br />

the disease. While Lippmann viewed public opinion as little more than the<br />

sum of the views of each individual, much like a poll, Dewey saw it more<br />

like a focus group. The foundation of <strong>de</strong>mocracy to Dewey was less<br />

information than conversation. Members of a <strong>de</strong>mocratic society nee<strong>de</strong>d<br />

to cultivate what the journalism scholar James W. Carey, in <strong>de</strong>scribing the<br />

<strong>de</strong>bate, called “certain vital habits” of <strong>de</strong>mocracy—the ability to discuss,<br />

<strong>de</strong>liberate on, and <strong>de</strong>bate various perspectives in a manner that would<br />

move it toward consensus.<br />

Dewey also criticized Lippmann’s trust in knowledge-based élites. “A class<br />

of experts is inevitably so removed from common interests as to become a<br />

class with private interests and private knowledge,” he argued. “The man<br />

who wears the shoe knows best that it pinches and where it pinches, even<br />

if the expert shoemaker is the best judge of how the trouble is to be<br />

remedied.”<br />

Lippmann and Dewey <strong>de</strong>voted much of the rest of their lives to addressing<br />

the problems they had diagnosed, Lippmann as the archetypal insi<strong>de</strong>r<br />

pundit and Dewey as the prophet of <strong>de</strong>mocratic education. To the <strong>de</strong>gree<br />

that posterity can be said to have <strong>de</strong>clared a winner in this argument, the<br />

future turned out much closer to Lippmann’s i<strong>de</strong>al. Dewey’s confi<strong>de</strong>nce in<br />

<strong>de</strong>mocracy rested in significant measure on his “faith in the capacity of<br />

human beings for intelligent judgment and action if proper conditions are<br />

furnished.” But nothing in his voluminous writings gives the impression<br />

that he believed these conditions—which he <strong>de</strong>fined expansively to inclu<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>mocratic schools, factories, voluntary associations, and, particularly,<br />

newspapers—were ever met in his lifetime. (Dewey died in 1952, at the<br />

age of ninety-two.)<br />

21


The history of the American press <strong>de</strong>monstrates a ten<strong>de</strong>ncy toward<br />

exactly the kind of professionalization for which Lippmann initially argued.<br />

When Lippmann was writing, many newspapers remained committed to<br />

the partisan mo<strong>de</strong>l of the eighteenth- and nineteenth-century American<br />

press, in which editors and publishers viewed themselves as appendages<br />

of one or another political power or patronage machine and slanted their<br />

news offerings accordingly. (Think of Thomas Jefferson and Alexan<strong>de</strong>r<br />

Hamilton battling each other through their competing newspapers while<br />

serving in George Washington’s Cabinet.) The twentieth-century mo<strong>de</strong>l, in<br />

which newspapers strive for political in<strong>de</strong>pen<strong>de</strong>nce and attempt to act as<br />

referees between competing parties on behalf of what they perceive to be<br />

the public interest, was, in Lippmann’s time, in its infancy.<br />

As the profession grew more sophisticated and respected, in part owing to<br />

Lippmann’s example, top reporters, anchors, and editors naturally rose in<br />

status to the point where some came to be consi<strong>de</strong>red the social equals of<br />

the senators, Cabinet secretaries, and C.E.O.s they reported on. Just as<br />

naturally, these same reporters and editors sometimes came to i<strong>de</strong>ntify<br />

with their subjects, rather than with their rea<strong>de</strong>rs, as Dewey had<br />

predicted. Asi<strong>de</strong> from biennial elections featuring smaller and smaller<br />

portions of the electorate, politics increasingly became a business for<br />

professionals and a spectator sport for the great unwashed—much as<br />

Lippmann had hoped and Dewey had feared. Beyond the publication of the<br />

occasional letter to the editor, the role of the rea<strong>de</strong>r was <strong>de</strong>fined as purely<br />

passive.<br />

The Lippmann mo<strong>de</strong>l received its initial challenge from the political right.<br />

Many conservatives regar<strong>de</strong>d the major networks, newspapers, and<br />

newsweeklies—the mainstream media—as liberal arbiters, incapable of<br />

covering without bias the civil-rights movement in the South or Barry<br />

Goldwater’s Presi<strong>de</strong>ntial campaign. They respon<strong>de</strong>d by building think<br />

tanks and media outlets <strong>de</strong>signed both to challenge and to bypass the<br />

mainstream media. The Reagan revolution, which brought conservatives<br />

to power in Washington, had its roots not only in the candidate’s personal<br />

appeal as a “great communicator” but in a <strong>de</strong>ca<strong>de</strong>s-long campaign of<br />

i<strong>de</strong>ological spa<strong>de</strong>work un<strong>de</strong>rtaken in magazines such as William F.<br />

Buckley, Jr.,’s National Review and Norman Podhoretz’s Commentary and<br />

in the pugnacious editorial pages of the Wall Street Journal, edited for<br />

three <strong>de</strong>ca<strong>de</strong>s by Robert Bartley. The rise of what has come to be known<br />

as the conservative “counter-establishment” and, later, of media<br />

phenomena such as Rush Limbaugh, on talk radio, and Bill O’Reilly, on<br />

cable television, can be viewed in terms of a Deweyan community<br />

attempting to seize the reins of <strong>de</strong>mocratic authority and information from<br />

a Lippmann-like élite.<br />

22


A liberal version of the Deweyan community took longer to form, in part<br />

because it took liberals longer to find fault with the media. Until the late<br />

nineteen-seventies, many in the mainstream media did, in fact, exhibit<br />

the “liberal bias” with which conservatives continue to charge them,<br />

regarding their unquestioned belief both in a strong, activist government<br />

and in its moral responsibility to insure the expansion of rights to women<br />

and to ethnic and racial minorities. But a concerted effort to recruit<br />

pundits from the new conservative counter-establishment, coupled with<br />

investment by wealthy right-wing activists and businessmen in an<br />

interlocking web of counter-establishment think tanks, pressure groups,<br />

periodicals, radio stations, and television networks, operated as a kind of<br />

rightward gravitational pull on the mainstream’s reporting and helped to<br />

create a far more sympathetic context for conservative candidates than<br />

Goldwater supporters could have imagined.<br />

Duncan Black, a former economics professor who writes a popular<br />

progressive <strong>blog</strong> un<strong>de</strong>r the name Atrios, explains that he, too, believed in<br />

what he calls “the myth of the liberal media.” He goes on, “But watching<br />

the press’s collective behavior during the Clinton impeachment saga, the<br />

Gore campaign, the post-9/11 era, the run-up to the Iraq war, and the<br />

Bush Administration’s absurd and dangerous claims of executive power<br />

ren<strong>de</strong>red such a belief absurd. Sixty-five per cent of the American public<br />

disapproves of the Bush Administration, but that perspective, even now,<br />

has very little representation anywhere in the mainstream media.”<br />

The birth of the liberal <strong>blog</strong>osphere, with its ability to bypass the big<br />

media institutions and conduct conversations within a like-min<strong>de</strong>d<br />

community, represents a revival of the Deweyan challenge to our<br />

Lippmann-like un<strong>de</strong>rstanding of what constitutes “news” and, in doing so,<br />

might seem to revive the philosopher’s notion of a genuinely <strong>de</strong>mocratic<br />

discourse. The Web provi<strong>de</strong>s a powerful platform that enables the creation<br />

of communities; distribution is frictionless, swift, and cheap. The old<br />

<strong>de</strong>mocratic mo<strong>de</strong>l was a nation of New England towns filled with wellmeaning,<br />

well-informed yeoman farmers. Thanks to the Web, we can all<br />

join in a Deweyan <strong>de</strong>bate on Presi<strong>de</strong>nts, policies, and proposals. All that’s<br />

necessary is a <strong>de</strong>cent Internet connection.<br />

What put the Huffington Post on the map was a series of pieces during the<br />

summer and autumn of 2005, in which Arianna Huffington relentlessly<br />

attacked the military and foreign-affairs reporting of the Times’ Judith<br />

Miller. Huffington was fed by a steady stream of leaks and suggestions<br />

from Times editors and reporters, even though much of the newspaper<br />

world consi<strong>de</strong>red her journalistic cre<strong>de</strong>ntials highly questionable.<br />

The Huffington Post was hardly the first Web site to stumble on the<br />

technique of leveraging the knowledge of its rea<strong>de</strong>rs to challenge the<br />

mainstream media narrative. For example, conservative <strong>blog</strong>gers at sites<br />

23


like Little Green Footballs took pleasure in helping to bring down Dan<br />

Rather after he broadcast dubious documents allegedly showing that<br />

George W. Bush had received special treatment during his service in the<br />

Texas Air National Guard.<br />

Long before the conservatives forced out Dan Rather, a liberal freelance<br />

journalist named Joshua Micah Marshall had begun a site, called Talking<br />

Points Memo, inten<strong>de</strong>d to take stories well beyond where mainstream<br />

newspapers had taken them, often by relying on the voluntary research<br />

and well-timed leaks of an avid rea<strong>de</strong>rship. His site, begun during the<br />

2000 Florida-recount controversy, ultimately spawned several related<br />

sites, which are collectively known as TPM Media, and which are financed<br />

through a combination of rea<strong>de</strong>r donations and advertising. In the<br />

admiring judgment of the Columbia Journalism Review, Talking Points<br />

Memo “was almost single-han<strong>de</strong>dly responsible for bringing the story of<br />

the fired U.S. Attorneys to a boil,” a scandal that ultimately en<strong>de</strong>d with<br />

the resignation of Attorney General Alberto Gonzales and a George Polk<br />

Award for Marshall, the first ever for a <strong>blog</strong>ger. Talking Points Memo also<br />

played a lead role in <strong>de</strong>feating the Bush Social Security plan and in<br />

highlighting Trent Lott’s praise for Strom Thurmond’s 1948 segregationist<br />

Presi<strong>de</strong>ntial campaign. Lott was eventually forced to step down as Senate<br />

Majority <strong>Le</strong>a<strong>de</strong>r.<br />

According to Marshall, “the collaborative aspect” of his site “came about<br />

entirely by acci<strong>de</strong>nt.” His original intention was merely to offer his rea<strong>de</strong>rs<br />

“transparency,” so that his “strong viewpoint” would be distinguishable<br />

from the facts that he presented. Over time, however, he found that the<br />

enormous response that his work engen<strong>de</strong>red offered access to “a huge<br />

amount of valuable information”––information that was not always<br />

available to mainstream reporters, who ten<strong>de</strong>d to <strong>de</strong>al largely with what<br />

Marshall terms “professional sources.” During the Katrina crisis, for<br />

example, Marshall discovered that some of his rea<strong>de</strong>rs worked in the<br />

fe<strong>de</strong>ral government’s climate-and-weather-tracking infrastructure. They<br />

provi<strong>de</strong>d him and the site with reliable reporting available nowhere else.<br />

Marshall’s un<strong>de</strong>niable achievement notwithstanding, traditional newspaper<br />

men and women tend to be unimpressed by the style of journalism<br />

practiced at the political Web sites. Operating on the basis of a Lippmannlike<br />

reverence for insi<strong>de</strong> knowledge and contempt for those who lack it,<br />

many view these sites the way serious fiction authors might view the<br />

“novels” tapped out by Japanese commuters on their cell phones. Real<br />

reporting, especially the investigative kind, is expensive, they remind us.<br />

Aggregation and opinion are cheap.<br />

And it is true: no Web site spends anything remotely like what the best<br />

newspapers do on reporting. Even after the latest round of new cutbacks<br />

and buyouts are carried out, the Times will retain a core of more than<br />

24


twelve hundred newsroom employees, or approximately fifty times as<br />

many as the Huffington Post. The Washington Post and the Los Angeles<br />

Times maintain between eight hundred and nine hundred editorial<br />

employees each. The Times’ Baghdad bureau alone costs around three<br />

million dollars a year to maintain. And while the Huffington Post shares<br />

the benefit of these investments, it shoul<strong>de</strong>rs none of the costs.<br />

Despite the many failures at newspapers, the vast majority of reporters<br />

and editors have <strong>de</strong>voted years, even <strong>de</strong>ca<strong>de</strong>s, to un<strong>de</strong>rstanding the<br />

subjects of their stories. It is hard to name any <strong>blog</strong>gers who can match<br />

the professional expertise, and the reporting, of, for example, the Post ’s<br />

Barton Gellman and Dana Priest, or the Times’ Dexter Filkins and Alissa<br />

Rubin.<br />

In October, 2005, at an advertisers’ conference in Phoenix, Bill Keller<br />

complained that <strong>blog</strong>gers merely “recycle and chew on the news,”<br />

contrasting that with the Times’ emphasis on what he called “a ‘journalism<br />

of verification,’ ” rather than mere “assertion.”<br />

“Bloggers are not chewing on the news. They are spitting it out,” Arianna<br />

Huffington protested in a Huffington Post <strong>blog</strong>. Like most liberal <strong>blog</strong>gers,<br />

she takes exception to the assumption by so many traditional journalists<br />

that their work is superior to that of <strong>blog</strong>gers when it comes to ferreting<br />

out the truth. The ability of <strong>blog</strong>gers to find the flaws in the mainstream<br />

media’s reporting of the Iraq war “highlighted the absurdity of the knee<br />

jerk comparison of the relative credibility of the so-called MSM and the<br />

<strong>blog</strong>osphere,” she said, and went on, “In the run-up to the Iraq war, many<br />

in the mainstream media, including the New York Times, lost their veneer<br />

of unassailable trustworthiness for many rea<strong>de</strong>rs and viewers, and it<br />

became clear that new media sources could be trusted—and in<strong>de</strong>ed are<br />

often much quicker at correcting mistakes than old media sources.”<br />

But Huffington fails to address the parasitical relationship that virtually all<br />

Internet news sites and <strong>blog</strong> commentators enjoy with newspapers. The<br />

Huffington Post ma<strong>de</strong> a gesture in the direction of original reporting and<br />

professionalism last year when it hired Thomas Edsall, a forty-year<br />

veteran of the Washington Post and other papers, as its political editor. At<br />

the time he was approached by the Huffington Post, Edsall said, he felt<br />

that the Post had become “increasingly driven by fear—the fear of<br />

<strong>de</strong>clining rea<strong>de</strong>rship, the fear of losing advertisers, the fear of diminishing<br />

revenues, the fear of being swamped by the Internet, the fear of<br />

irrelevance. Fear drove the paper, from top to bottom, to corrupt the<br />

entire news operation.” Joining the Huffington Post, Edsall said, was akin<br />

to “getting out of jail,” and he has written, ever since, with a sense of<br />

liberation. But such examples are rare.<br />

25


And so even if one agrees with all of Huffington’s jabs at the Times, and<br />

Edsall’s critique of the Washington Post, it is impossible not to won<strong>de</strong>r<br />

what will become of not just news but <strong>de</strong>mocracy itself, in a world in<br />

which we can no longer <strong>de</strong>pend on newspapers to invest their unmatched<br />

resources and professional pri<strong>de</strong> in helping the rest of us to learn,<br />

however imperfectly, what we need to know.<br />

In a recent episo<strong>de</strong> of “The Simpsons,” a cartoon version of Dan Rather<br />

introduced a <strong>de</strong>bate panel featuring “Ron <strong>Le</strong>har, a print journalist from the<br />

Washington Post.” This inspired Bart’s nemesis Nelson to shout, “Haw<br />

haw! Your medium is dying!”<br />

“Nelson!” Principal Skinner admonished the boy.<br />

“But it is!” was the young man’s reply.<br />

Nelson is right. Newspapers are dying; the evi<strong>de</strong>nce of diminishment in<br />

economic vitality, editorial quality, <strong>de</strong>pth, personnel, and the over-all<br />

number of papers is everywhere. What this portends for the future is<br />

complicated. Three years ago, Rupert Murdoch warned newspaper editors,<br />

“Many of us have been remarkably, unaccountably complacent . . . quietly<br />

hoping that this thing called the digital revolution would just limp along.”<br />

Today, almost all serious newspapers are scrambling to adapt themselves<br />

to the technological and community-building opportunities offered by<br />

digital news <strong>de</strong>livery, including individual <strong>blog</strong>s, vi<strong>de</strong>o reports, and “chat”<br />

opportunities for rea<strong>de</strong>rs. Some, like the Times and the Post, will likely<br />

survive this moment of technological transformation in different form,<br />

cutting staff while increasing their <strong>de</strong>pth and presence online. Others will<br />

seek to focus themselves locally. Newspaper editors now say that they<br />

“get it.” Yet traditional journalists are blinkered by their emotional<br />

investment in their Lippmann-like status as insi<strong>de</strong>rs. They tend to dismiss<br />

not only most <strong>blog</strong>osphere-based criticisms but also the messy <strong>de</strong>mocratic<br />

ferment from which these criticisms emanate. The Chicago Tribune<br />

recently felt compelled to shut down comment boards on its Web site for<br />

all political news stories. Its public editor, Timothy J. McNulty, complained,<br />

not without reason, that “the boards were beginning to read like a<br />

community of foul-mouthed bigots.”<br />

Arianna Huffington, for her part, believes that the online and the print<br />

newspaper mo<strong>de</strong>l are beginning to converge: “As advertising dollars<br />

continue to move online—as they slowly but certainly are—HuffPost will be<br />

adding more and more reporting and the Times and Post mo<strong>de</strong>l will<br />

continue with the kinds of reporting they do, but they’ll do more of it<br />

originally online.” She predicts “more vigorous reporting in the future that<br />

will inclu<strong>de</strong> distributed journalism—wisdom-of-the-crowd reporting of the<br />

kind that was responsible for the exposing of the Attorneys General firing<br />

scandal.” As for what may be lost in this transition, she is untroubled: “A<br />

26


lot of reporting now is just piling on the conventional wisdom—with<br />

important stories dying on the front page of the New York Times.”<br />

The survivors among the big newspapers will not be without support from<br />

the nonprofit sector. ProPublica, fun<strong>de</strong>d by the liberal billionaires Herb and<br />

Marion Sandler and hea<strong>de</strong>d by the former Wall Street Journal managing<br />

editor Paul Steiger, hopes to provi<strong>de</strong> the mainstream media with the<br />

investigative reporting that so many have chosen to forgo. The Center for<br />

In<strong>de</strong>pen<strong>de</strong>nt Media, hea<strong>de</strong>d by David Bennahum, a former writer at<br />

Wired, recently hired Jefferson Morley, from the Washington Post, and<br />

Allison Silver, a former editor at both the Los Angeles Times and the New<br />

York Times, to oversee a Web site called the Washington In<strong>de</strong>pen<strong>de</strong>nt. It’s<br />

one of a family of news-<strong>blog</strong>ging sites meant to pick up some of the slack<br />

left by <strong>de</strong>clining staffs in local and Washington reporting, with the hope of<br />

expanding everywhere. But to imagine that philanthropy can fill all the<br />

gaps arising from journalistic cutbacks is wishful thinking.<br />

And so we are about to enter a fractured, chaotic world of news,<br />

characterized by superior community conversation but a <strong>de</strong>ci<strong>de</strong>dly<br />

diminished level of first-rate journalism. The transformation of<br />

newspapers from enterprises <strong>de</strong>voted to objective reporting to a cluster of<br />

communities, each engaged in its own kind of “news”––and each with its<br />

own set of “truths” upon which to base <strong>de</strong>bate and discussion––will mean<br />

the loss of a single national narrative and agreed-upon set of “facts” by<br />

which to conduct our politics. News will become increasingly “red” or<br />

“blue.” This is not utterly new. Before Adolph Ochs took over the Times, in<br />

1896, and issued his famous “without fear or favor” <strong>de</strong>claration, the<br />

American scene was dominated by brazenly partisan newspapers. And the<br />

news cultures of many European nations long ago embraced the notion of<br />

competing narratives for different political communities, with individual<br />

newspapers reflecting the views of each faction. It may not be entirely<br />

coinci<strong>de</strong>ntal that these nations enjoy a level of political engagement that<br />

dwarfs that of the United States.<br />

The transformation will also engen<strong>de</strong>r serious losses. By providing what<br />

Bill Keller, of the Times, calls the “serendipitous encounters that are hard<br />

to replicate in the quicker, rea<strong>de</strong>r-driven format of a Web site”—a<br />

difference that he compares to that “between a clock and a calendar”—<br />

newspapers have helped to <strong>de</strong>fine the meaning of America to its citizens.<br />

To choose one date at random, on the morning of Monday, February 11th,<br />

I picked up the paper-and-ink New York Times on my doorstep, and, in<br />

addition to the stories one could have found anywhere—Obama <strong>de</strong>feating<br />

Clinton again and the Bush Administration’s <strong>de</strong>cision to seek the <strong>de</strong>ath<br />

penalty for six Guantánamo <strong>de</strong>tainees—the front page featured a unique<br />

combination of articles, stories that might disappear from our collective<br />

consciousness were there no longer any institution to generate and<br />

publish them. These inclu<strong>de</strong>d a report from Nairobi, by Jeffrey Gettleman,<br />

27


on the effect of Kenya’s ethnic violence on the country’s middle class; a<br />

dispatch from Doha, by Tamar <strong>Le</strong>win, on the growth of American<br />

university campuses in Qatar; and, in a scoop that was featured on the<br />

Huffington Post’s politics page and excited much of the <strong>blog</strong>osphere that<br />

day, a story, by Michael R. Gordon, about the existence of a study by the<br />

RAND Corporation which offered a harsh critique of the Bush<br />

Administration’s performance in Iraq. The juxtaposition of these disparate<br />

topics forms both a baseline of knowledge for the paper’s rea<strong>de</strong>rs and a<br />

picture of the world they inhabit. In “Imagined Communities” (1983), an<br />

influential book on the origins of nationalism, the political scientist<br />

Benedict An<strong>de</strong>rson recalls Hegel’s comparison of the ritual of the morning<br />

paper to that of morning prayer: “Each communicant is well aware that<br />

the ceremony he performs is being replicated simultaneously by<br />

thousands (or millions) of others of whose existence he is confi<strong>de</strong>nt, yet of<br />

whose i<strong>de</strong>ntity he has not the slightest notion.” It is at least partially<br />

through the “imagined community” of the daily newspaper, An<strong>de</strong>rson<br />

writes, that nations are forged.<br />

Finally, we need to consi<strong>de</strong>r what will become of those people, both at<br />

home and abroad, who <strong>de</strong>pend on such journalistic enterprises to keep<br />

them safe from various forms of torture, oppression, and injustice.<br />

“People do awful things to each other,” the veteran war photographer<br />

George Guthrie says in “Night and Day,” Tom Stoppard’s 1978 play about<br />

foreign correspon<strong>de</strong>nts. “But it’s worse in places where everybody is kept<br />

in the dark.” Ever since James Franklin’s New England Courant started<br />

coming off the presses, the daily newspaper, more than any other<br />

medium, has provi<strong>de</strong>d the information that the nation nee<strong>de</strong>d if it was to<br />

be kept out of “the dark.” Just how an Internet-based news culture can<br />

spread the kind of “light” that is necessary to prevent terrible things,<br />

without the armies of reporters and photographers that newspapers have<br />

traditionally employed, is a question that even the most ar<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>mocrat<br />

in John Dewey’s tradition may not wish to see answered.<br />

8) Livre : le numérique à l'assaut <strong>de</strong> l'édition<br />

(<strong><strong>Le</strong>s</strong> <strong>Echos</strong>, 13 <strong>mars</strong> <strong>2008</strong>)<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> éditeurs ne savent pas encore précisément quand le marché<br />

décollera. Mais tous se préparent activement à l'arrivée du<br />

numérique. Après les industries musicale et cinématographique,<br />

c'est l'ensemble <strong>de</strong> la chaîne du livre qui va <strong>de</strong>voir s'adapter à la<br />

dématérialisation <strong>de</strong>s contenus. Simple évolution ? Ou plus<br />

probablement révolution ? Cette industrie, dont les acteurs se<br />

retrouvent à partir <strong>de</strong> <strong>de</strong>main au Salon du livre <strong>de</strong> Paris, va <strong>de</strong>voir<br />

trouver <strong>de</strong> nouveaux modèles.<br />

28


<strong>Le</strong> jour <strong>de</strong> son lancement aux Etats-Unis, le 19 novembre 2007, le lecteur<br />

<strong>de</strong> livres numériques d'Amazon, baptisé « Kindle », a été épuisé en<br />

quelques heures. L'effet <strong>de</strong> curiosité pour la petite machine blanche<br />

capable d'emmagasiner l'équivalent d'une bibliothèque <strong>de</strong> 200 livres a<br />

joué à plein. Ce d'autant que, sur Amazon.com, <strong>de</strong>s milliers <strong>de</strong> titres<br />

étaient prêts à être téléchargés. Pour l'instant, l'américain se montre peu<br />

disert au sujet <strong>de</strong>s chiffres <strong>de</strong> vente <strong>de</strong> son Kindle. Et, en apparence, le<br />

marché n'a pas changé en profon<strong>de</strong>ur... Mais toute l'édition mondiale se<br />

prépare désormais d'arrache-pied à l'émergence du livre dématérialisé.<br />

Aux yeux <strong>de</strong>s différents maillons <strong>de</strong> la chaîne, le moment où le lecteur<br />

découvrira sur une tablette électronique le <strong>de</strong>rnier Michael Connelly se<br />

rapproche...<br />

Nouvelle concurrence pour les libraires<br />

L'avenir s'annonce plutôt sombre pour la librairie en France. La Toile est<br />

en effet en train <strong>de</strong> s'imposer comme un acteur majeur dans le circuit <strong>de</strong><br />

la distribution <strong>de</strong> livres. En 2007, sa part <strong>de</strong> marché est estimée à 5 %.<br />

Mais, avec un taux moyen <strong>de</strong> progression supérieur à 25 % par an, la<br />

vente en ligne d'ouvrages <strong>de</strong>vrait très vite s'approcher du niveau atteint<br />

aux Etats-Unis, soit 12 %. <strong><strong>Le</strong>s</strong> grands gagnants ? Pour l'instant,<br />

l'américain Amazon, Fnac.com ou Alapage, filiale <strong>de</strong> France Télécom. <strong><strong>Le</strong>s</strong><br />

libraires, en revanche, risquent à terme <strong>de</strong> se retrouver affaiblis par cette<br />

concurrence nouvelle, qui empiète sur leur territoire et commence à<br />

utiliser leur arme <strong>de</strong> prédilection, le conseil. Ainsi, grâce à <strong>de</strong>s algorithmes<br />

puissants, un site comme Amazon.fr indique-t-il désormais lui aussi au<br />

lecteur <strong>de</strong> « L'Elégance du hérisson », <strong>de</strong> Muriel Barbery, d'autres romans<br />

susceptibles <strong>de</strong> lui plaire.<br />

Autre défi pour la librairie : l'arrivée du livre téléchargeable. Sur ce<br />

marché également, <strong>de</strong> nouveaux acteurs ont commencé à s'installer.<br />

Mobipocket, la librairie en ligne d'Amazon, Cyberlibris ou Numilog. Pour ne<br />

rien arranger, avec la dématérialisation, les libraires risquent <strong>de</strong> perdre<br />

l'une <strong>de</strong> leur principale protection : la loi Lang sur le prix unique du livre.<br />

En effet, elle ne s'applique pas aux supports numériques. Sur Numilog,<br />

par exemple, on peut télécharger « <strong>Le</strong> Théâtre <strong>de</strong>s opérations », <strong>de</strong><br />

Maurice Dantec, pour 6,40 euros, soit 12,66 euros <strong>de</strong> moins que son prix<br />

dans la collection blanche <strong>de</strong> Gallimard. Et pourtant, le taux <strong>de</strong> TVA est <strong>de</strong><br />

19,6 % pour le fichier numérique, contre 5,5 % pour le livre papier. La<br />

Commission sur le livre numérique confiée par la ministre <strong>de</strong> la Culture,<br />

Christine Albanel, à Bruno Patino, prési<strong>de</strong>nt du Mon<strong>de</strong> interactif, <strong>de</strong>vra<br />

sans doute dire s'il convient ou non <strong>de</strong> légiférer pour harmoniser les<br />

régimes du livre papier et du livre dématérialisé. Face au nouveau<br />

paysage qui s'esquisse, les libraires cherchent à organiser une riposte.<br />

Avec quelles chances <strong>de</strong> succès ? Aux Etats-Unis, la chaîne Barnes and<br />

Noble vend désormais <strong>de</strong>s livres papier et <strong>de</strong>s livres dématérialisés...<br />

29


L'offre gratuite <strong>de</strong>s bibliothèques virtuelles<br />

Grâce aux bibliothèques numériques, l'internaute aura bientôt accès<br />

gratuitement aux millions d'oeuvres tombées dans le domaine public, à<br />

savoir celles dont les auteurs sont morts <strong>de</strong>puis plus <strong>de</strong> soixante-dix ans.<br />

« <strong>Le</strong> numérique affranchit <strong>de</strong> la contrainte physique. Depuis Valparaiso,<br />

par exemple, il sera possible <strong>de</strong> consulter tous les textes libres <strong>de</strong> droits<br />

<strong>de</strong> la Bibliothèque nationale <strong>de</strong> France », reconnaît Bruno Racine, le<br />

prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la BNF. L'énorme trafic qu'une telle disponibilité est<br />

susceptible <strong>de</strong> générer a donné <strong>de</strong>s idées à <strong>de</strong>s géants comme Microsoft<br />

ou le moteur <strong>de</strong> recherche Google. Face au comportement mercenaire <strong>de</strong><br />

ce <strong>de</strong>rnier, qui scanne sans autorisation <strong>de</strong>s textes protégés, les éditeurs<br />

sont allés en justice. Pour le reste, ils évaluent mal encore l'impact sur les<br />

ventes <strong>de</strong> classiques <strong>de</strong> toute cette offre dématérialisée et gratuite. D'un<br />

clic, « <strong><strong>Le</strong>s</strong> Mémoires d'outre-tombe », <strong>de</strong> Chateaubriand, « La Chartreuse<br />

<strong>de</strong> Parme », <strong>de</strong> Stendhal, ou « <strong><strong>Le</strong>s</strong> Essais », <strong>de</strong> Montaigne, pourront être<br />

téléchargés dans leur intégralité. « <strong><strong>Le</strong>s</strong> éditions récentes <strong>de</strong> ces textes,<br />

annotés et commentés, elles, ne seront pas accessibles gratuitement »,<br />

relativise Bruno Racine.<br />

Sans attendre, ce <strong>de</strong>rnier avance ses pions pour bâtir Gallica 2, une<br />

bibliothèque virtuelle proposant à la fois le fonds numérisé <strong>de</strong> la BNF et<br />

<strong>de</strong>s oeuvres d'éditeurs encore sous droits. <strong><strong>Le</strong>s</strong> plus grands noms français<br />

<strong>de</strong> la profession ont accepté <strong>de</strong> participer à l'expérience, qui va être<br />

menée pendant un an, et au travers <strong>de</strong> laquelle un internaute pourra<br />

accé<strong>de</strong>r, moyennant finances, à <strong>de</strong>s textes protégés. Pour les quelque<br />

2.000 à 3.000 titres qui seront apportés par les éditeurs, tous les modèles<br />

existants, <strong>de</strong> la vente à la location, seront proposés. Un test qui permettra<br />

<strong>de</strong> mesurer l'attractivité <strong>de</strong> cette offre nouvelle.<br />

Des ouvrages imprimés à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

Pour les éditeurs, c'est le premier grand changement annoncé :<br />

bouleversant toutes les techniques traditionnelles, le numérique va<br />

favoriser le développement <strong>de</strong> l'impression à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>. Une véritable<br />

innovation grâce à laquelle les maisons pourront exploiter les livres <strong>de</strong><br />

leur fonds sans limite dans le temps. Jusqu'à présent, un éditeur n'avait<br />

pas intérêt financièrement à réimprimer un ouvrage s'il n'était pas certain<br />

d'écouler dans un délai raisonnable l'intégralité du tirage, soit entre 1.500<br />

et 2.000 exemplaires. De ce fait, <strong>de</strong>s milliers d'ouvrages n'ont jamais été<br />

réédités. « Au risque pour l'éditeur <strong>de</strong> perdre les droits sur l'ouvrage «<strong>de</strong><br />

jure» », explique l'un d'entre eux. Avec <strong>de</strong>s prix en baisse régulière,<br />

l'impression à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> va remédier à cette situation. <strong>Le</strong> public <strong>de</strong>vrait<br />

y trouver son compte : le lecteur <strong>de</strong> Marcel Jouhan<strong>de</strong>au, qui, s'il voulait<br />

avoir une chance <strong>de</strong> mettre la main sur les « Journaliers », épuisé dans le<br />

commerce, <strong>de</strong>vait s'en remettre aux bouquinistes ou à <strong>de</strong>s sites<br />

spécialisés dans les livres introuvables, sera désormais assuré <strong>de</strong> se le<br />

30


procurer, neuf qui plus est. La notion même <strong>de</strong> rupture <strong>de</strong> stock<br />

disparaîtra. <strong><strong>Le</strong>s</strong> auteurs <strong>de</strong>vraient en être les grands bénéficiaires, puisque<br />

leurs titres se vendront beaucoup plus longtemps. En revanche, les sites<br />

spécialisés dans les livres épuisés risquent <strong>de</strong> souffrir <strong>de</strong> cette évolution.<br />

Seule ombre au tableau pour les maisons qui ont pignon sur rue : avec le<br />

développement <strong>de</strong> l'impression à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, le secteur <strong>de</strong> l'autoédition<br />

va prospérer. La Toile a déjà suscité <strong>de</strong> multiples initiatives.<br />

Emblématique, le site Lulu.com a réservé cette année un espace au Salon<br />

du livre <strong>de</strong> Paris. « Avec 80.000 manuscrits publiés en 2007 en France,<br />

nous sommes <strong>de</strong>venus les premiers éditeurs français », claironne son PDG<br />

fondateur, Bob Young.<br />

<strong>Le</strong> marketing migre sur Internet<br />

Pour toutes les maisons <strong>de</strong> Saint-Germain-<strong>de</strong>s-Prés, la Toile est <strong>de</strong>venue<br />

l'un <strong>de</strong>s lieux où promouvoir un ouvrage, un auteur. Depuis plusieurs<br />

années déjà, Internet capte une partie <strong>de</strong> la vie littéraire. Entre les <strong>blog</strong>s -<br />

outils mo<strong>de</strong>rnes <strong>de</strong> la critique -, les clubs <strong>de</strong> lecture virtuels et les revues<br />

spécialisées, un espace culturel nouveau s'est développé dans lequel se<br />

sont engouffrés les éditeurs. « Une partie <strong>de</strong> nos dépenses <strong>de</strong> promotion<br />

et <strong>de</strong> marketing a migré vers le Net », reconnaît Stéphanie Van Duin,<br />

directrice <strong>de</strong> la stratégie et du développement d'Hachette Livre. Des sites<br />

comme Babelio, le réseau social <strong>de</strong>stiné aux amateurs <strong>de</strong> littératures en<br />

tous genres, alimentent le « buzz » sur Internet. Et se révèlent <strong>de</strong><br />

puissants générateurs <strong>de</strong> trafic pour les sites officiels <strong>de</strong>s éditeurs. Toutes<br />

les maisons en possè<strong>de</strong>nt désormais un. Elles y présentent leurs<br />

nouveautés, y publient <strong>de</strong>s interviews <strong>de</strong> leurs auteurs, quand elles ne<br />

renvoient pas vers leurs sites. La plupart <strong>de</strong>s « plumes » d'Albin Michel<br />

ont ainsi créé leur espace sur le Net, qui le plus souvent permet à<br />

l'internaute d'engager un dialogue avec eux. Par ailleurs, le « teasing »<br />

sur la Toile est couramment utilisé lors du lancement d'un ouvrage. Ou,<br />

plus simplement, pour faire découvrir un livre. Sur le Web <strong>de</strong> la collection<br />

Pocket (groupe Editis), on peut ainsi lire gratuitement le premier chapitre<br />

du roman « L'Art <strong>de</strong> la joie », <strong>de</strong> Goliarda Sapienza. Un avant-goût qui<br />

doit inciter l'internaute à passer à l'étape suivante : la comman<strong>de</strong> d'un clic<br />

chez l'un <strong>de</strong>s cyberlibraires référencés par le site.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> éditeurs en voie <strong>de</strong> conversion<br />

<strong>Le</strong> numérique a déjà fait <strong>de</strong>s ravages dans au moins un secteur <strong>de</strong><br />

l'édition française, les encyclopédies. Gratuite, l'encyclopédie en ligne<br />

Wikipédia a balayé <strong>de</strong>s marques aussi connues qu'Universalis ou le Quid.<br />

Même le célèbre Petit Larousse s'interroge sur son avenir. Heureusement,<br />

les effets <strong>de</strong> la dématérialisation ne sont pas aussi dévastateurs pour tous<br />

les pans du marché. L'édition médicale et juridique ainsi que le livre<br />

technique et scientifique, grâce à d'importants efforts d'adaptation, ont<br />

31


mieux négocié leur virage. Ils proposent désormais <strong>de</strong>s contenus<br />

numériques. Et le passage au Net s'accompagne <strong>de</strong> nouvelles formes <strong>de</strong><br />

rémunérations : vente d'ouvrages à l'unité, à la page, formules<br />

d'abonnement, etc. Enfin, <strong>de</strong> leur côté, les livres scolaires et universitaires<br />

ont commencé à migrer sur le Net.<br />

N'empêche, même chez les grands éditeurs américains tels Harper &<br />

Collins ou Random House, le chiffre d'affaires réalisé avec <strong>de</strong>s contenus<br />

dématérialisés est marginal : moins <strong>de</strong> 1 % pour l'instant. En France,<br />

l'existence <strong>de</strong> centaines <strong>de</strong> milliers <strong>de</strong> titres disponibles sous forme<br />

numérique n'a pas jusqu'ici créé un marché. A un horizon mal défini<br />

encore, la percée du livre téléchargeable paraît pourtant inévitable. Des<br />

domaines comme les ouvrages pratiques (livres <strong>de</strong> cuisine, <strong>de</strong> bricolage),<br />

les gui<strong>de</strong>s touristiques, mais aussi la ban<strong>de</strong> <strong>de</strong>ssinée, que les Japonais et<br />

les Coréens dévorent déjà sur téléphone mobile, n'y échapperont pas. «<br />

Une <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s difficultés est <strong>de</strong> faire payer pour tous ces contenus »,<br />

reconnaît Stéphanie Van Duin. Restent la littérature, le livre pour la<br />

jeunesse ou les essais qui, ensemble, représentent un bon tiers du chiffre<br />

d'affaires <strong>de</strong> l'édition tricolore. Un jour, les amoureux du papier se<br />

convertiront-ils à l'écran pour lire Patricia Cornwell ou Simone Veil ? Aux<br />

Etats-Unis, Amazon fait ce pari et propose près <strong>de</strong> 100.000 livres à<br />

télécharger à <strong>de</strong>s prix variant <strong>de</strong> 80 cents pour une pièce <strong>de</strong> théâtre à<br />

quelques dollars pour <strong>de</strong>s classiques <strong>de</strong> la littérature, et jusqu'à 10 dollars<br />

pour un best-seller récent !<br />

Encore sceptiques il y a <strong>de</strong>ux ans, les acteurs du marché hexagonal se<br />

préparent à ce bouleversement, convaincus que l'échéance se rapproche.<br />

« <strong>Le</strong> livre numérique décollera le jour où un support <strong>de</strong> lecture<br />

convaincant aura émergé sur le marché », pronostique Gilles Haéri, chez<br />

Flammarion. Dans une belle unanimité, les éditeurs estiment que le livre<br />

numérique ne supprimera pas le papier. En revanche, son arrivée va<br />

obliger les maisons à une gran<strong>de</strong> créativité pour inventer <strong>de</strong>s formats<br />

nouveaux : ouvrages avec bonus, comme pour les DVD, formats courts,<br />

etc.<br />

Trois menaces pour l'industrie<br />

<strong>Le</strong> sujet est tabou, ou presque, mais chacun y pense. La dématérialisation<br />

du livre risque <strong>de</strong> bousculer l'économie <strong>de</strong>s éditeurs français. Trois<br />

menaces pèsent sur eux. Première d'entre elles : la déstabilisation <strong>de</strong> la<br />

distribution. <strong><strong>Le</strong>s</strong> grands groupes sont tous à la tête d'importantes platesformes<br />

<strong>de</strong> distribution, très rentables - c'est par exemple plus <strong>de</strong> 35 % <strong>de</strong><br />

la marge opérationnelle d'Editis -, car elles perçoivent <strong>de</strong>s commissions<br />

sur l'acheminement du livre en librairie, et sur son retour en cas <strong>de</strong><br />

mévente. Or, avec le livre dématérialisé, il n'y a plus <strong>de</strong> stockage ni <strong>de</strong><br />

transport. D'où un manque à gagner prévisible pour les éditeurs. Il faudra<br />

cependant <strong>de</strong>s distributeurs numériques pour assurer la gestion <strong>de</strong>s<br />

32


fichiers. Un <strong>de</strong>s enjeux est <strong>de</strong> savoir qui gérera la relation avec le client :<br />

l'éditeur ? <strong>Le</strong> libraire ? <strong>Le</strong> fournisseur <strong>de</strong> technologie ?<br />

Deuxième menace : le piratage. Dès lors que le marché du livre<br />

numérique existera bel et bien, le fléau du téléchargement illicite sera<br />

inévitable, quels que soient les systèmes <strong>de</strong> protection imaginés. Avec, à<br />

la clef, une perte <strong>de</strong> chiffre d'affaires pour les maisons.<br />

Enfin, troisième menace pour les éditeurs : le brouillage <strong>de</strong> la relation<br />

avec les auteurs. A court terme, l'objectif est <strong>de</strong> clarifier à qui<br />

appartiennent les droits numériques <strong>de</strong>s oeuvres publiées sous forme<br />

papier. Sont-ils propriété à parité <strong>de</strong> l'auteur et <strong>de</strong> l'éditeur, ou seulement<br />

celle <strong>de</strong> l'auteur ? <strong><strong>Le</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux écoles s'affrontent. Autre sujet à venir : sur<br />

quelles bases les auteurs <strong>de</strong>s oeuvres écrites collectivement (les manuels<br />

scolaires, par exemple) seront-ils rémunérés ? Ces questions sont d'autant<br />

plus sensibles que l'édition française veut éviter à tout prix le scénario du<br />

pire : celui où <strong>de</strong>s écrivains à succès déci<strong>de</strong>raient un beau jour <strong>de</strong> se<br />

passer d'éditeur pour publier directement leurs textes sur la Toile...<br />

9) Texte sur écran<br />

(Courrier International, 13 <strong>mars</strong> <strong>2008</strong>)<br />

Après le cinéma, la photographie et la musique, est-ce au tour du livre<br />

d’entrer dans la révolution numérique ? L’usage d’Internet et <strong>de</strong>s<br />

nouvelles technologies oblige à repenser les pratiques d’écriture, d’édition<br />

et <strong>de</strong> lecture. C’est l’objet <strong>de</strong> notre dossier.<br />

Des écrivains débutants n’ayant pas la moindre chance d’être publiés<br />

trouvent désormais leur public sur le Net et finissent souvent par attirer<br />

l’attention <strong>de</strong>s éditeurs par ce biais. Quant aux romanciers reconnus, ils<br />

sont toujours plus nombreux- à l’instar <strong>de</strong> la Prix Nobel Elfrie<strong>de</strong> Jelinek – à<br />

investir le web pour en explorer les possibilités <strong>de</strong> création et d’interaction<br />

avec les lecteurs, posant les jalons d’une « littérature numérique ».<br />

Grâce aux progrès <strong>de</strong> l’encre électronique, <strong>de</strong> nouveaux appareils <strong>de</strong><br />

lecture portables enfin en mesure <strong>de</strong> concurrencer le papier ont vu le jour<br />

ces <strong>de</strong>rniers mois. La tablette Kindle, lancée en novembre 2007 aux Etats-<br />

Unis par la librairie en ligne Amazon – qui en a vendu près <strong>de</strong> 10 000<br />

exemplaires-, est aujourd’hui en rupture <strong>de</strong> stock. Et, au Japon, la lecture<br />

sur écran est à l’origine d’un <strong>de</strong>s phénomènes culturels les plus étonnants<br />

<strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rnières années, le keitai shosetsu, roman écrit et diffusé sur<br />

téléphone portable. Bonne lecture.<br />

La fin du livre n’est pas pour <strong>de</strong>main<br />

Blogs, papier électronique, librairies en ligne, impression à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>…<br />

Autant <strong>de</strong> nouveautés qui bouleversent l’économie du livre et modifient les<br />

rapports entre ses principaux acteurs.<br />

33


D’aussi loin que s’en souviennent les observateurs du fait littéraire, il y a<br />

toujours eu <strong>de</strong>s Cassandre pour prédire la fin du livre : la radio allait<br />

supplanter la lecture ; ensuite ce fut le cinéma, puis la télévision, et les<br />

jeux vidéo. Aujourd’hui, nous dit-on, c’est l’objet livre lui-même qui est<br />

appelé à sombrer dans l’obsolescence. Mais le livre se d ébat comme un<br />

beau diable. <strong><strong>Le</strong>s</strong> ventes continuent <strong>de</strong> progresser. Certains ouvrages (la<br />

série Harry Potter, les autobiographies <strong>de</strong> célébrités) battent même<br />

records. Et, la fiction littéraire, ce genre qu’on dit démodé et élitiste<br />

continue <strong>de</strong> trouver un vaste électorat. Cette résilience du livre n’est<br />

guère surprenante au vu <strong>de</strong>s avantages qu’il présente comme moyen <strong>de</strong><br />

divertissement : on peut l’emporter avec soi, le lire au lit, feuilleter ses<br />

pages dans tous les sens, sans avoir à se soucier d’une batterie qui se<br />

décharge ou d’une défaillance électronique.<br />

On s’intéresse moins, en revanche, au livre comme source d’information.<br />

Dans ce domaine, les nouvelles technologies ont une inci<strong>de</strong>nce<br />

considérable sur les modèles traditionnels <strong>de</strong> l’édition. <strong><strong>Le</strong>s</strong> ventes <strong>de</strong><br />

dictionnaires et <strong>de</strong> gui<strong>de</strong>s pratiques ont chuté <strong>de</strong> 40 % <strong>de</strong>puis 2003, et la<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> faiblit également pour les cartes, atlas et encyclopédies. Dans le<br />

secteur encore moins glamour <strong>de</strong> l’édition scientifique et technique, la<br />

révolution technologique est d’ores et déjà en marche. <strong><strong>Le</strong>s</strong> ventes<br />

électroniques du groupe d’édition professionnelle Reed Elsevier ont atteint<br />

3,7 milliards <strong>de</strong> dollars en 2006. « En 2000, explique son PDG Crispi Davis<br />

au quotidien The Times, Reed Elsevier était avant tout un éditeur papier,<br />

qui fournissait du contenu par le biais <strong>de</strong> livres, <strong>de</strong> revues et <strong>de</strong><br />

magazines. En 2004, nous étions déjà largement passés à la diffusion en<br />

ligne <strong>de</strong> ces mêmes contenus. »<br />

On comprend aisément pourquoi les ouvrages professionnels et <strong>de</strong><br />

référence se prêtent bien à la diffusion numérique et pas le <strong>de</strong>rnier roman<br />

D’Ian McEwan ( du moins dans l’état actuel <strong>de</strong>s choses). En octobre 2006,<br />

Sony a lancé en fanfare son Rea<strong>de</strong>r, le lecteur <strong>de</strong> livres électroniques, le<br />

plus avancé du moment. Il repose sur la technologie <strong>de</strong> l’encre et du<br />

papier électroniques, qui offre un plus grand confort <strong>de</strong> lecture que les<br />

écrans normaux rétro éclairés ; il peut stocker <strong>de</strong>s centaines d’ouvrages et<br />

a une longue autonomie. En novembre 2007, la librairie en ligne Amazon<br />

a lancé à son tour aux Etats-Unis son propre appareil <strong>de</strong> lecture, le Kindle.<br />

Pour l’instant leurs ventes restent mo<strong>de</strong>stes mais, avec le temps, ces<br />

appareils <strong>de</strong> lecture vont se perfectionner et seront <strong>de</strong> plus en plus prisés,<br />

et il est plus que probable que les lecteurs du futur trouveront tout naturel<br />

<strong>de</strong> lire sur un écran. Au Japon, il y a <strong>de</strong>s auteurs spécialisés dans la fiction<br />

à lire sur les téléphones portables. Un roman écrit sous le nom <strong>de</strong> plume<br />

<strong>de</strong> Chaco a ainsi été téléchargé plus d’un million <strong>de</strong> fois. Ces expériences<br />

<strong>de</strong>vraient toutefois rester un phénomène éditorial marginal encore<br />

quelque temps.<br />

Si les nouvelles technologies ne bouleversent pas encore nos habitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />

lecture, elles transforment déjà le secteur qui y pourvoit. La manifestation<br />

34


la plus visible en est la croissance du commerce électronique <strong>de</strong> livres.<br />

Amazon représente aujourd’hui 10 % <strong>de</strong>s ventes <strong>de</strong> livres en Gran<strong>de</strong>-<br />

Bretagne. Ce site propose un nombre <strong>de</strong> titres comme personne n’en a<br />

jamais proposé. Il a aussi, avec la gran<strong>de</strong> distribution (dont les ventes <strong>de</strong><br />

livres ont progressé <strong>de</strong> 70 % entre 2003 et 2007), fait perdre <strong>de</strong>s ventes<br />

aux chaînes et aux librairies indépendantes. Et, toujours avec les<br />

supermarchés, il a contribué à l’essor d’une culture <strong>de</strong> prix réduit qui<br />

creuse l’écart entre le nombre record d’exemplaires vendus par les bestsellers<br />

et celui <strong>de</strong> titres dit <strong>de</strong> « midlist », qui mettent plus <strong>de</strong> temps à<br />

trouver un public.<br />

<strong>Le</strong> chiffre d’affaires colossal que génèrent ces livres à prix réduit a<br />

accentué la concurrence pour en acheter les droits et les commercialiser.<br />

Cela s’est traduit par une concentration du secteur, qui a rendu la<br />

concurrence plus ru<strong>de</strong> encore. Aujourd’hui, seuls les plus gros éditeurs<br />

peuvent débourser les avances qu’il faut verser pour ces titres et se payer<br />

les budgets <strong>de</strong> marketing qui vont avec ; et seuls les plus gros<br />

distributeurs peuvent se permettre <strong>de</strong> pratiquer les rabais auxquels le<br />

consommateur s’attend désormais. Ces distributeurs sont Amazon et les<br />

supermarchés. La chaîne <strong>de</strong> librairies américaine Bor<strong>de</strong>rs a ainsi annoncé<br />

début 2007 qu’elle mettait en vente ses magasins au Royaume-Uni, et<br />

même Waterstone’s, le plus grand libraire britannique spécialisé,<br />

commence à faire grise mine.<br />

Mais, dans le secteur <strong>de</strong> l’édition, chaque tendance (ou presque)<br />

s’accompagne d’une autre qui la contrebalance. Tandis que le secteur<br />

poursuit sa concentration, l’optimisme prévaut chez <strong>de</strong>s éditeurs<br />

indépendants et dynamiques comme Atlantic Books et Profile Books,<br />

convaincus <strong>de</strong> pouvoir proposer <strong>de</strong>s titres dont les géants <strong>de</strong> l’édition ne<br />

font aucun cas, obnubilés comme ils le sont par le marché <strong>de</strong> masse. Et<br />

même si nombre <strong>de</strong> libraires indépendants ont mis la clé sous la porte,<br />

beaucoup d’autres n’ont pas <strong>de</strong> souci à se faire.<br />

<strong>Le</strong> progrès technologique donne lieu à un phénomène semblable. Si les<br />

coûts d’édition d’auteurs comme Dawn French (actrice comique très<br />

célèbre en Gran<strong>de</strong>-Bretagne) s’envolent (l’éditeur Random House aurait<br />

payé 2 millions <strong>de</strong> libres 2,64 millions d’euros pour publier ses mémoires<br />

a paraître cette année), diffuser un livre ne coûte en revanche presque<br />

plus rien. Il fut un temps où ceux qui aspiraient à <strong>de</strong>venir écrivains et qui<br />

ne trouvaient pas d’éditeur <strong>de</strong>vaient débourser jusqu'à 6 000 livres (un<br />

peu moins <strong>de</strong> 8000 euros) pour publier à compte d’auteur ; aujourd’hui,<br />

ils peuvent mettre leur texte sur Lulu.com, site spécialisé dans<br />

l’autoédition en ligne, et cela ne leur coûte pas un sou. Et, grâce au<br />

numérique, les coûts d’impression et <strong>de</strong> reliure ont eux aussi chuté.<br />

Par ailleurs, <strong>de</strong>s sites comme MySpace ou YouTube offrent un moyen <strong>de</strong><br />

faire <strong>de</strong> la promotion à moindre coût, comme s’en sont rendu compte les<br />

gros éditeurs. La biographie Kate Williams évoquait ainsi <strong>de</strong>rnièrement ses<br />

prouesses sur MySpace, où elle échange avec ses lecteurs potentiels à la<br />

fois sous sa propre i<strong>de</strong>ntité et sous celle <strong>de</strong> Lady Emma Hamilton (la<br />

35


maîtresse <strong>de</strong> l’amiral Nelson), à qui elle a consacré son livre England’s<br />

Mistress. Dans la même veine, un clip faisait la promotion <strong>de</strong> Quirkology,<br />

le livre du psychologue britannique Richard Wiseman, s’est classé en 2007<br />

parmi les vidéos les plus regardées sur YouTube.<br />

Et puis, il y a bien sûr le <strong>blog</strong>, la forme d’autoédition la plus en vogue. Si<br />

certains lui reprochent d’être souvent un moyen <strong>de</strong> plus pour empêcher<br />

les auteurs <strong>de</strong> gagner <strong>de</strong> l’argent, il arrive aussi qu’il débouche sur la<br />

signature d’un contrat d’édition. L’éditeur The Friday Project est ainsi<br />

spécialisé dans les livres tirés <strong>de</strong> textes publiés en ligne, et certaines<br />

<strong>blog</strong>ueuses très lues, comme Petite Anglaise, Wife in the North et Belle <strong>de</strong><br />

Jour, se sont vu verser <strong>de</strong>s avances conséquentes par <strong>de</strong>s éditeurs<br />

traditionnels.<br />

Mais il y a plus significatif que ces signatures <strong>de</strong> contrats : c’est l’effet<br />

qu’ont sur la culture littéraire les <strong>blog</strong>s et autres formes <strong>de</strong> commentaires<br />

sur Internet. <strong>Le</strong> discours culturel n’est plus élaboré exclusivement par un<br />

petit groupe <strong>de</strong> critiques professionnels et d’auteurs écrivant dans les<br />

quotidiens et les revues ; d’autres acteurs exercent désormais une<br />

influence. <strong><strong>Le</strong>s</strong> rubriques littéraires n’en ont pas encore pris acte. Ainsi,<br />

quotidiens et revues se sont largement fait l’écho <strong>de</strong> la biographie récente<br />

d’Edith Warton par Hermione <strong>Le</strong>e. À juste titre, car il s’agit d’un ouvrage<br />

important. Mais il ne s’est probablement pas vendu à plus <strong>de</strong> quelques<br />

milliers d’exemplaires. <strong>Le</strong> marché dictant sa loi dans l’édition comme<br />

partout ailleurs, pendant combien <strong>de</strong> temps encore le contenu <strong>de</strong>s pages<br />

littéraires pourra - t - il être si peu en phase avec ce qui se vend ? Sans<br />

compter que ces lecteurs qui souhaitent lire <strong>de</strong>s critiques éclectiques et<br />

écrites <strong>de</strong> façon plus accessible sont aussi ceux que les journaux<br />

courtisent à coups <strong>de</strong> clubs du livre et invitent à poster <strong>de</strong>s commentaires<br />

en ligne. <strong>Le</strong> passage à une critique littéraire moins élitiste semble<br />

inéluctable.<br />

La numérisation <strong>de</strong> l’écrit est la plus gran<strong>de</strong> révolution à l’oeuvre dans<br />

l’édition, mais pas tant parce qu’elle permet la lecture à l’écran. À l’heure<br />

actuelle, environ 150 000 nouveaux titres paraissent chaque année en<br />

Gran<strong>de</strong>-Bretagne, et ce chiffre est en progression. Beaucoup <strong>de</strong> ces<br />

ouvrages ne sont <strong>de</strong>stinés qu’à un public extrêmement ciblé. Pourtant<br />

tous sont imprimés sur papier, reliés, expédiés dans <strong>de</strong>s entrepôts puis<br />

aux librairies – avant d’en repartir très souvent pour aller au pillon. C’est<br />

une activité qui implique beaucoup <strong>de</strong> gaspillage, mais jusqu’ici c’était le<br />

seul moyen d’assurer la variété qui fait la prospérité <strong>de</strong> l’édition.<br />

Eviter à tout prix le sort <strong>de</strong>s maisons <strong>de</strong> disques<br />

Tout cela est appelé à changer. Comme nous l’avons dit, le fossé entre les<br />

livres à succès et les autres se creuse. <strong><strong>Le</strong>s</strong> grands éditeurs et libraires<br />

voudront toujours publier et vendre <strong>de</strong>s auteurs comme Dawn French ou<br />

(le célèbre biologiste darwinien ) Richard Dawkins, car la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> est<br />

36


plus forte que jamais. Ils voudront aussi continuer à publier et vendre <strong>de</strong>s<br />

ouvrages s'adressent à un public plus restreint pour toute une série <strong>de</strong><br />

raisons (avoir un large vivier <strong>de</strong> talents, attirer une clientèle variée...).<br />

Mais ils vont chercher <strong>de</strong> nouvelles façons <strong>de</strong> diffuser ces titres. <strong><strong>Le</strong>s</strong><br />

technologies d'impression à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> sont en passe d'atteindre un<br />

niveau <strong>de</strong> qualité qui permettra aux lecteurs <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r que <strong>de</strong>s livres<br />

soient imprimées spécialement pour eux et <strong>de</strong> les obtenir en quelques<br />

minutes, le temps d'une courte attente dans une librairie. Une évolution<br />

qui pourrait bien sonner le glas <strong>de</strong> gros libraires aux stocks importants,<br />

qui sont déjà à la peine. <strong>Le</strong> lecteur n'aura plus la possibilité <strong>de</strong> fureter<br />

dans les rayons, ni <strong>de</strong> manipuler les livres avant <strong>de</strong> les acheter, mais il<br />

aura accès à un choix <strong>de</strong> titres plus vaste que jamais.<br />

Avec l'arrivée <strong>de</strong>s technologies d'impression à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> et, dans une<br />

moindre mesure, du livre électronique, le contrôle <strong>de</strong>s contenus<br />

numériques s'annonce comme la gran<strong>de</strong> bataille <strong>de</strong> l'édition ces<br />

prochaines années. <strong><strong>Le</strong>s</strong> éditeurs ont vu ce qui est arrivé aux maisons <strong>de</strong><br />

disques une fois que la diffusion électronique <strong>de</strong> la musique s'est<br />

répandue – et ils tiennent à ne pas connaître le même sort. Beaucoup<br />

prennent déjà <strong>de</strong>s mesures, tel Bloomsbury, qui a lancé la construction<br />

d'un « entrepôt numérique », comme l'ont fait avant lui Harper Collins et<br />

Random House. Mais ils sont confrontés à un rival potentiel, Google, déjà<br />

attelé au projet pour le moins titanesque <strong>de</strong> mettre en ligne toute<br />

l'information <strong>de</strong> la planète. <strong><strong>Le</strong>s</strong> premiers résultats sont visibles sur<br />

« Google Recherche <strong>de</strong> livres ». A terme, l'objectif <strong>de</strong> Google est <strong>de</strong> bâtir<br />

une bibliothèque numérique contenant tous les livres publiés; pour<br />

l'heure, il en aurait numerisé plus d'un million.<br />

Certains éditeurs se méfient <strong>de</strong>s ambitions <strong>de</strong> Google. Nigel Newton, PDG<br />

<strong>de</strong> Bloomsbury, y voit une politique d'« annexion absolument indécente »<br />

et craint que Google ne s'érige en diffuseur concurrent <strong>de</strong> textes<br />

numériques sur lesquels il s'arrogerait son propre droit d'auteur. Pour<br />

l'heure, le moteur <strong>de</strong> recherche se contente <strong>de</strong> fournir <strong>de</strong> courts extraits<br />

encore protégés par le droit d'auteur. Mais si les fichiers numériques lui<br />

appartiennent, pourquoi ne se jugerait-il pas autorisé à l'avenir à diffuser<br />

<strong>de</strong>s extraits plus longs, voire l'intégralité <strong>de</strong> ces oeuvres ? Google aurait<br />

affirmé qu'il sera le titulaire <strong>de</strong>s droits d'auteur sur les fichiers numériques<br />

qu'il produit (information qu'il n'a jamais confirmée ni infirmée).<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> années à venir ne seront pas faciles pour l'industrie du livre. Beaucoup<br />

d'éditeurs n'ont pas encore trouvé le modèle qui leur permettra <strong>de</strong> gagner<br />

<strong>de</strong> l'argent avec la fourniture <strong>de</strong> contenus en ligne, et ne savent toujours<br />

pas comment ils s'adapteront à la distribution électronique <strong>de</strong> leurs titres<br />

qui marchent le mieux. <strong><strong>Le</strong>s</strong> libraires, eux, constatent déjà que les<br />

changements induits par les nouvelles technologies condamnent les<br />

gran<strong>de</strong>s librairies, où les livres qui s'écoulent lentement sont aussi ceux<br />

qui occupent le plus <strong>de</strong> place. Quant au livre lui-même, les nouvelles<br />

technologies ne l'ont pas mis en danger mais l'ont renforcé.<br />

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10) <strong><strong>Le</strong>s</strong> quatorze qualités que j’attends d’un e-book<br />

(Courrier international, 13 <strong>mars</strong> <strong>2008</strong>)<br />

Avec beaucoup d’humour et un peu <strong>de</strong> mauvaise foi, un journaliste<br />

britannique raconte pourquoi il n’est pas encore prêt à adopter le<br />

livre électronique.<br />

N’allez pas imaginer que je suis un <strong>de</strong> ces réacs ronchons qui font preuve<br />

d’un fétichisme irrationnel à l’égard <strong>de</strong> l’objet livre. Bien au contraire !<br />

Dans l’espoir <strong>de</strong> hâter l’avènement <strong>de</strong> l’excitante révolution du livre<br />

électronique, je liste ci-<strong>de</strong>ssous les caractéristiques minimales que <strong>de</strong>vra<br />

possé<strong>de</strong>r un lecteur <strong>de</strong> livre électronique pour avoir du succès. Lui<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r qu’il ait les mêmes fonctionnalités que le livre papier est une<br />

exigence somme toute raisonnable. Voici donc à quoi ressemblera le livre<br />

électronique du futur :<br />

1. Il disposera d’une source d’énergie inépuisable et n’aura jamais<br />

besoin d’être rechargé.<br />

2. Sa lisibilité sera aussi bonne que celle <strong>de</strong> la page imprimée. ( Non,<br />

Amazon, vraiment aussi bonne que la page imprimée !)<br />

3. Il <strong>de</strong>vra pouvoir résister à du vin ou à du café renversés, à<br />

l’exposition au soleil, à l’eau <strong>de</strong> mer, et tomber en morceaux tout en<br />

restant parfaitement lisible.<br />

4. On <strong>de</strong>vra pouvoir y griffonner <strong>de</strong>s annotations ou <strong>de</strong>s gribouillis<br />

dans la marge, au crayon <strong>de</strong> papier ou au stylo noir à pointe fibre.<br />

(NB : Ecrire dans la marge à l’ai<strong>de</strong> d’un clavier pouce minable n’est<br />

pas une solution satisfaisante.)<br />

5. On <strong>de</strong>vra pouvoir en feuilleter les pages afin <strong>de</strong> se faire une idée<br />

rapi<strong>de</strong> du fil argumentatif ou narratif du texte.<br />

6. On <strong>de</strong>vra pouvoir déchirer un coin <strong>de</strong> page pour y noter son numéro<br />

<strong>de</strong> téléphone (ou celui <strong>de</strong> quelqu’un d’autre).<br />

7. <strong>Le</strong> titre <strong>de</strong> ce que l’on est en train <strong>de</strong> lire <strong>de</strong>vra apparaître <strong>de</strong> façon<br />

très visible, afin qu’on puisse faire étalage <strong>de</strong> son érudition ou <strong>de</strong><br />

son sens <strong>de</strong> l’humour dans les cafés et les transports publics.<br />

8. Ce <strong>de</strong>vra être un bel objet, pas un machin hi<strong>de</strong>ux. (Note à<br />

l’attention d’Amazon : par pitié, la prochaine fois, essayez <strong>de</strong><br />

débaucher <strong>de</strong>s gens <strong>de</strong> chez Sony ou Apple.)<br />

9. <strong><strong>Le</strong>s</strong> livres qu’il contiendra <strong>de</strong>vront continuer à être conçus par <strong>de</strong>s<br />

typographes et <strong>de</strong>s graphistes afin <strong>de</strong> satisfaire notre plaisir<br />

esthétique.<br />

10. On <strong>de</strong>vra pouvoir encore prêter <strong>de</strong>s livres ou en donner à ses amis,<br />

ou bien en prendre et en abandonner dans ces bibliothèques <strong>de</strong><br />

cafés <strong>de</strong> bord <strong>de</strong> mer alimentées par les clients.<br />

11. On <strong>de</strong>vra pouvoir utiliser l’e-book comme support stable pour<br />

rouler une cigarette ou toute autre gâteries à base <strong>de</strong> feuilles sans<br />

craindre que les débris n’endommagent la carte mère.<br />

38


12. Lorsqu’on on recevra la nouvelle édition mise à jour du dictionnaire<br />

Oxford <strong>de</strong> philosophie, on <strong>de</strong>vra pouvoir utiliser l’édition précé<strong>de</strong>nte<br />

pour rehausser l’enceinte gauche sur son bureau.<br />

13. L’e-book <strong>de</strong>vra, en outre, faire office <strong>de</strong> tapette à insectes et <strong>de</strong><br />

chapeau improvisé. A la plage, posé sur le visage, il fera un parfait<br />

pare-soleil.<br />

14. On <strong>de</strong>vra pouvoir lancer violemment un livre débile comme « Print<br />

Is Dead » [ le texte imprimé est mort ], <strong>de</strong> Jeff Gomez, sans pour<br />

autant se priver <strong>de</strong> la possibilité <strong>de</strong> lire d’autres livres. Voilà. Juste<br />

Quatorze petites conditions à remplir pour que nous puissions<br />

renoncer au papier. Ce n’est pas trop <strong>de</strong>mandé, non ?<br />

11) Écrire une histoire à 1500 mains<br />

(Courrier International, 13 <strong>mars</strong> <strong>2008</strong>)<br />

Une expérience <strong>de</strong> roman collaboratif menée en 2007 par l’éditeur<br />

britannique Penguin a tourné en eau <strong>de</strong> boudin. La preuve que<br />

l’imagination a besoin <strong>de</strong> rigueur et <strong>de</strong> structure.<br />

La créativité collective est un concept séduisant. Si l’imagination d’une<br />

seule personne est capable <strong>de</strong> produire une œuvre d’art, que peuvent<br />

donner plusieurs cerveaux travaillant <strong>de</strong> concert ? On retrouve sur<br />

Internet plusieurs phénomènes fondés sur le savoir collectif, le plus<br />

célèbre étant l’encyclopédie en ligne Wikipédia, dont le contenu est crée et<br />

modifié par <strong>de</strong>s milliers d’internautes. Et pourtant, alors que les<br />

expériences littéraires abon<strong>de</strong>nt sur Internet, aucune œuvre <strong>de</strong> fiction [en<br />

anglais] n’avait encore été écrite par la collectivité <strong>de</strong>s internautes avant<br />

que quelques petits futés <strong>de</strong> la maison d’édition britannique Penguin<br />

n’aient l’idée <strong>de</strong> s’associer à <strong>de</strong>s spécialistes <strong>de</strong>s nouveaux médias <strong>de</strong><br />

l’université De Monfort, à <strong>Le</strong>icester [au Royaume-Uni].<br />

Utilisant la métho<strong>de</strong> Wikipédia, ils ont lancé en février 2007 un<br />

« wikiroman » intitulé A Million Penguins. Tout le mon<strong>de</strong> pouvait y<br />

apporter sa contribution, tout le mon<strong>de</strong> pouvait le modifier – c’était une<br />

expérience d’écriture collective sans restriction aucune. <strong>Le</strong> projet s’est<br />

étalé sur plusieurs semaines, et on peut lire le résultat sur<br />

amillionpenguins.com.<br />

Jeremy Ettinghausen, responsable <strong>de</strong>s éditions numériques chez Penguins,<br />

a été le premier à repérer le filon. « ça semblait être une bonne idée car<br />

on n’arrête pas <strong>de</strong> parler <strong>de</strong> toutes ces communautés qui se créent sur<br />

Internet. Nous voulions voir s’il était possible d’appliquer cette mise en<br />

commun <strong>de</strong>s idées et <strong>de</strong>s technologies à la rédaction d’un roman. » Mais<br />

Ettinghausen a eu la sagesse <strong>de</strong> ne pas en attendre trop : « La qualité ne<br />

dépend pas <strong>de</strong> moi. Elle dépend <strong>de</strong>s gens qui écrivent. » Il reconnaît<br />

toutefois qu’il est rarement impressionné par ce qu’il lit sur Internet.<br />

John Sutherland, professeur émérite <strong>de</strong> littérature anglaise au University<br />

College <strong>de</strong> Londres, est plus désabusé. <strong>Le</strong> roman collectif, « ça ne marche<br />

39


jamais », assène-t-il, rappelant plusieurs expériences ratées datent<br />

d’avant Internet.<br />

Indépendamment <strong>de</strong> leurs attentes, les initiateurs du projet n’ont pu<br />

qu’être surpris.<br />

Des centaines <strong>de</strong> bonnes idées mais aucune cohérence<br />

L’écho rencontré par ce wikiman, qui a attiré près <strong>de</strong> 1500 contributeurs.<br />

<strong>Le</strong> résultat esr un texte fleuve assez surréaliste et partant dans tous les<br />

sens. A un moment, l’histoire se divise en « roman A » et « roman B », le<br />

site propose <strong>de</strong>s liens vers <strong>de</strong>s fins alternatives. Personnages et intrigues<br />

apparaissent et disparaissent dans une masse <strong>de</strong> textes parfois<br />

incompréhensibles.<br />

Kate Pullinger, une romancière qui anime un atelier d’écriture et a<br />

collaboré au projet, souligne son caractère novateur : « C’est la première<br />

fois que j’étais confrontée à un projet d’écriture collective ouvert au<br />

mon<strong>de</strong> entier. » Mais le résultat vaut-il quelque chose ? « Mon sentiment,<br />

c’est que cela n’a aucune valeur en tant que livre. Sans vouloir être snob,<br />

je ne vois pas comment les gens auraient envie <strong>de</strong> lire ça », juge Scott<br />

Pack, un ancien <strong>de</strong> la chaîne <strong>de</strong> librairies Waterstone qui dirige la maison<br />

d’édition en ligne The Friday Project. Difficile <strong>de</strong> dire le contraire.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> possibilités infinies du net ne font pas forcément éclore <strong>de</strong>s romans.<br />

L’imagination a besoin <strong>de</strong> discipline ? <strong>de</strong> limites et <strong>de</strong> structures. Dans le<br />

wikiroman, <strong>de</strong> nombreuses imaginations travaillent en même temps, mais<br />

pas ensemble. Il y a <strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> bonnes idées et <strong>de</strong> personnages<br />

convaincants, mais aucune cohérence. Comme chacun pouvait apporter sa<br />

contribution, petite ou gran<strong>de</strong>, il s’est trouvé un trop grand nombre <strong>de</strong><br />

personnes un petit bout sans songer à l’ensemble.<br />

Des utilisations plus structurées d’Internet peuvent donner <strong>de</strong> meilleurs<br />

résultats, par exemple quand <strong>de</strong>s écrivains proposent <strong>de</strong>s ébauches <strong>de</strong><br />

textes pour avoir les réactions d’experts ou d’internautes. <strong>Le</strong> chercheur<br />

Charles <strong>Le</strong>adbeater, spécialiste <strong>de</strong>s innovations, a mis son <strong>de</strong>rnier livre,<br />

We-think, en ligne et autorisé les lecteurs à y apporter ajouts et<br />

modifications. Sur le site youwriteon.com, les premiers chapitres <strong>de</strong> livres<br />

écrits par <strong>de</strong>s auteurs débutants sont notés par les lecteurs. Un<br />

professionnel <strong>de</strong> l’écriture fait mois la critique <strong>de</strong>s cinq chapitres les mieux<br />

notés, et les <strong>de</strong>ux textes les plus apprécies sont publiés chaque année.<br />

Désormais, il n’y a pas <strong>de</strong> texte que les gens ne puissent commenter,<br />

modifier, récrire à leur façon ou auquel ils ne puissent imaginer une suite.<br />

Cette créativité foisonnante peut parfois prendre un tour bizarre, mais<br />

c’est aussi quelque chose <strong>de</strong> salutaire et stimulant.<br />

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12) Cinq outils <strong>de</strong>rnier cri à savoir maîtriser<br />

(Stratégies, 27 <strong>mars</strong> <strong>2008</strong>)<br />

L'entreprise s'ouvre aux nouveaux usages <strong>de</strong> ses salariés et <strong>de</strong> ses<br />

clients. Avec <strong>de</strong>s supports qui visent à créer du lien, mais qu'il faut<br />

apprendre à utiliser à bon escient.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> usages privés ont fini par influencer le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'entreprise.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> salariés et les consommateurs sont en effet <strong>de</strong>venus <strong>de</strong> grands<br />

utilisateurs, à titre personnel, <strong>de</strong> <strong>blog</strong>s, <strong>de</strong> vidéos ou du téléphone mobile.<br />

Appliqués à l'entreprise, ces outils s'appuyant sur le modèle collaboratif<br />

servent à créer du lien et du dialogue. Résultat, les budgets <strong>de</strong><br />

nombreuses agences d'édition se partagent à présent entre 70 % pour le<br />

papier et 30 % pour les nouveaux médias. Et ce n'est qu'un début.<br />

Nicolas Cheyrouze, directeur associé <strong>de</strong> <strong>l'agence</strong> Because, met toutefois<br />

les marques en gar<strong>de</strong> : « Il ne faut pas penser sa communication<br />

éditoriale en termes <strong>de</strong> support, mais en termes <strong>de</strong> contenu. Ce <strong>de</strong>rnier<br />

doit rester au cœur du dispositif <strong>de</strong> communication. Peu importe sur quels<br />

médias il sera décliné. » Un refrain repris en chœur par l'ensemble <strong>de</strong>s<br />

agences <strong>de</strong> communication éditoriale. « Avant <strong>de</strong> s'intéresser aux outils,<br />

il faut d'abord penser à ce que l'on a à dire, au message <strong>de</strong> la marque.<br />

Et pour cela, il faut d'abord l'écrire », ajoute par exemple Olivier Breton,<br />

directeur <strong>de</strong> <strong>l'agence</strong> All Contents. La charte éditoriale remplace<br />

désormais la charte graphique et influence le discours <strong>de</strong> l'entreprise en<br />

interne comme en externe. Tour d'horizon <strong>de</strong>s nouveaux outils <strong>de</strong><br />

communication éditoriale.<br />

<strong>Le</strong> <strong>blog</strong><br />

Premier avantage pour un usage professionnel : un <strong>blog</strong> d'entreprise ne<br />

coûte pas cher. Il permet aussi <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rniser l'image <strong>de</strong> la marque. La<br />

banque Accord a ainsi récemment tenté l'expérience. Son objectif : «<br />

Créer une communauté <strong>de</strong> passionnés <strong>de</strong> cartes bancaires », explique<br />

Édouard –Rencker, PDG <strong>de</strong> Sequoia, qui a également développé <strong>de</strong>s <strong>blog</strong>s<br />

internes pour La Poste et –Bouygues Construction, à l'instar <strong>de</strong> My SFR, le<br />

<strong>blog</strong> interne collaboratif lancé par SFR (lire page 62). Autre point fort du<br />

<strong>blog</strong> : sa simplicité d'usage, qui en fait une sorte d'Internet pour les nuls.<br />

Certains patrons français se sont laissé tenter par ce nouveau canal <strong>de</strong><br />

communication, souvent avec succès. Comme Michel-Édouard <strong>Le</strong>clerc, qui<br />

tient régulièrement son <strong>blog</strong>, De quoi je me MEL. En 2005, Guillaume<br />

Pepy, alors numéro <strong>de</strong>ux <strong>de</strong> la SNCF, lançait le sien, accessible aux<br />

cheminots <strong>de</strong>puis l'intranet <strong>de</strong> l'entreprise publique. Seul vraie contrainte :<br />

le patron ou l'entreprise doit –accepter <strong>de</strong> recevoir <strong>de</strong>s commentaires<br />

critiques. « Il ne faut pas en avoir peur car tout cela se modère. En<br />

s'ouvrant aux commentaires, les entreprises permettent <strong>de</strong> casser le<br />

schéma unique d'une communication <strong>de</strong>scendante, <strong>de</strong> la direction <strong>de</strong><br />

l'entreprise vers les salariés », estime Édouard Rencker. Mais publier<br />

41


égulièrement une note ou un article est un exercice astreignant. Car pour<br />

que le <strong>blog</strong> fonctionne, il faut l'alimenter –régulièrement.<br />

La web-TV<br />

Cela fait longtemps que la vidéo a du succès dans la sphère <strong>de</strong><br />

l'entreprise. En diminuant le temps nécessaire à sa réalisation et le coût<br />

<strong>de</strong> production, le Web l'a rendue plus accessible. Habitués à regar<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s<br />

vidéos sur You Tube ou Daily Motion, les salariés sont <strong>de</strong>venus<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs. <strong>Le</strong> groupe BNP Paribas a ainsi mis au point Starlight, un<br />

journal TV interne diffusé en trois langues (français, anglais et italien). Un<br />

ren<strong>de</strong>z-vous bimestriel adressé aux 150 000 collaborateurs du groupe.<br />

Audi a également innové avec myaudi.fr, un site privatif pour les clients<br />

<strong>de</strong> la marque. Il s'agit concrètement <strong>de</strong> quatre chaînes TV en ligne<br />

(sports, <strong>de</strong>sign, cinéma et actualité <strong>de</strong> l'entreprise). « La mondialisation a<br />

accéléré le besoin, pour les grands groupes, d'outils leur permettant <strong>de</strong><br />

parler instantanément à toutes leurs équipes disséminées sur la planète »,<br />

constate Yannick <strong>Le</strong> Bourdonnec, directeur général <strong>de</strong> <strong>l'agence</strong> Verbe<br />

(Publicis).<br />

La web-TV est aussi un excellent moyen <strong>de</strong> mettre en valeur les métiers<br />

<strong>de</strong> l'entreprise. C'est ce qu'a choisi <strong>de</strong> faire Ubisoft en réalisant <strong>de</strong>s<br />

reportages en interne sous l'impulsion <strong>de</strong> <strong>l'agence</strong> Textuel (TBWA).<br />

Accenture, elle, s'apprête à diffuser début avril une web-TV, réalisée avec<br />

Entrecom, à <strong>de</strong>stination <strong>de</strong>s directions <strong>de</strong>s services informatiques (DSI).<br />

« <strong>Le</strong> métier <strong>de</strong>s DSI subit <strong>de</strong> profonds changements, justement sous<br />

l'impulsion <strong>de</strong>s nouvelles technologies. Nous voulions les ai<strong>de</strong>r à vivre<br />

cette mutation », explique Caroline Tanguy, directrice marketing et<br />

communication chez Accenture. My DSI TV balaiera peut-être les<br />

<strong>de</strong>rnières réticences <strong>de</strong> ces services quant au développement <strong>de</strong>s<br />

nouveaux médias dans l'entreprise. « Il y a encore un gros travail à faire<br />

auprès d'eux, mais aussi <strong>de</strong>s directions générales, pour les convaincre <strong>de</strong><br />

l'utilité <strong>de</strong>s outils multimédias dans l'entreprise », remarque Xavier<br />

Cazard, directeur associé d'Entrecom. Cela va d'ailleurs <strong>de</strong> pair avec le<br />

renouvellement du matériel informatique. Ainsi, beaucoup <strong>de</strong> salariés ne<br />

disposent pas encore d'un ordinateur muni d'une carte son.<br />

L’intranet 2.0<br />

Vidéos, <strong>de</strong>rniers posts du <strong>blog</strong> <strong>de</strong> l'entreprise, tchats internes... Bienvenue<br />

dans l'ère <strong>de</strong> l'intranet 2.0. « Pour sortir <strong>de</strong> l'intranet 1.0, il faut désormais<br />

créer <strong>de</strong>s ren<strong>de</strong>z-vous avec ses salariés », estime François Vogel,<br />

responsable du développement nouveaux médias chez Textuel. Cela<br />

n'empêche pas <strong>de</strong> conserver sur ce portail interne les informations<br />

essentielles à la vie <strong>de</strong> l'entreprise. Exemple réussi d'intranet nouvelle<br />

génération : My News, du groupe L'Oréal. « La marque voulait instaurer<br />

un dialogue permanent entre ses collaborateurs autour <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rniers<br />

42


événements <strong>de</strong> la planète L'Oréal », précise Alain Roussel, associé <strong>de</strong><br />

<strong>l'agence</strong> La Chose, qui a mené ce lourd projet à bien. <strong><strong>Le</strong>s</strong> responsables<br />

<strong>de</strong> communication alimentent <strong>de</strong> façon autonome le contenu éditorial du<br />

site. <strong>Le</strong> plus <strong>de</strong> My News ? Chaque salarié est symbolisé par un avatar.<br />

« Attention toutefois à ne pas basculer dans la surinformation, ce qui<br />

rendrait votre intranet illisible. L'éditorialiser reste nécessaire », souligne<br />

Éric Camel, <strong>de</strong> <strong>l'agence</strong> <strong>Angie</strong>.<br />

<strong>Le</strong> réseau social<br />

Un Facebook interne pour mieux communiquer au sein <strong>de</strong> l'entreprise ?<br />

L'idée peut sembler pertinente. Xavier Cazard, <strong>de</strong> <strong>l'agence</strong> Entrecom,<br />

confirme : « La <strong>de</strong>man<strong>de</strong> sur les réseaux sociaux est toute récente, mais<br />

elle va croissant. » <strong>Le</strong> souhait <strong>de</strong>s entreprises est, par ce biais, <strong>de</strong> faire<br />

communiquer plus facilement les métiers entre eux. Because vient par<br />

exemple tout juste <strong>de</strong> lancer pour un client un mini-Facebook fédérant<br />

une communauté <strong>de</strong> 1 200 personnes. « Ce projet fera office <strong>de</strong> test pour<br />

nous. Ce qui est sûr, c'est que l'on est désormais loin du simple annuaire<br />

en ligne », souligne Nicolas Cheyrouze, <strong>de</strong> Because.<br />

<strong>Le</strong> wiki<br />

À la différence d'un <strong>blog</strong>, un wiki est un site écrit et géré par les<br />

internautes eux-mêmes. L'exemple le plus célèbre est bien sûr<br />

l'encyclopédie en ligne Wikipédia. Cet espace <strong>de</strong> partage d'information<br />

peut aussi servir la communication <strong>de</strong>s marques, en interne comme en<br />

externe. « Ce n'est pas un outil adapté à toutes les entreprises.<br />

Il est surtout pertinent pour <strong>de</strong>s marques référentes dans leur secteur »,<br />

avertit François Vogel, <strong>de</strong> Textuel. Ou pour <strong>de</strong>s marques qui fédèrent une<br />

importante communauté. Comme Rip Curl, qui a lancé en 2006<br />

wikiri<strong>de</strong>rs.com, un outil à <strong>de</strong>stination <strong>de</strong>s passionnés <strong>de</strong> glisse. Pour ses<br />

clients tentés par l'expérience, Textuel propose ainsi l'appui d'un<br />

« manager <strong>de</strong> communauté » pour animer l'outil, clé du succès du wiki.<br />

13) <strong>Le</strong> son, un nouvel élément d'expérience sensorielle sur le Net<br />

(<strong><strong>Le</strong>s</strong> <strong>Echos</strong>, 18 avril <strong>2008</strong>)<br />

Emotion. <strong>Le</strong> son est à la Toile ce que le goût est à la gastronomie. Avec<br />

les images irréprochables, c'est le nouvel enjeu <strong>de</strong>s sites <strong>de</strong> marque les<br />

plus pointus du moment. Celui d'Hermès, là encore, innove, avec un<br />

orchestre dont chaque instrument permet <strong>de</strong> reproduire le son d'un <strong>de</strong>s<br />

outils <strong>de</strong> l'artisan façonnier. Libre à l'internaute <strong>de</strong> composer sa<br />

symphonie en sélectionnant ses préférés. De même, l'image <strong>de</strong> la vitrine<br />

<strong>de</strong> la boutique <strong>de</strong> New York s'accompagne du bruit <strong>de</strong>s sirènes <strong>de</strong> police<br />

caractéristiques <strong>de</strong> Manhattan ou celle <strong>de</strong> la carte <strong>de</strong> postale du Taj Mahal<br />

laisse percevoir l'imperceptible frémissement <strong>de</strong> l'eau.<br />

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Plus amusant : les fermetures Eclair d'une pochette en cuir jouent à « zip<br />

et zap » en s'ouvrant et se fermant dans un joyeux bruit. « C'est un peu<br />

comme si l'on faisait ce que l'on ne s'autoriserait pas dans un magasin »,<br />

s'amuse Menehould <strong>de</strong> Bazelaire, directrice du patrimoine culturel<br />

d'Hermès.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> professionnels <strong>de</strong>s sites Web sont formels : « L'essentiel est <strong>de</strong> rester<br />

dans l'émotion tout en délivrant un message hyperprécis », souligne Ilan<br />

Haddad, « sound <strong>de</strong>signer » chez Duke, agence conseil en stratégie<br />

Internet dotée d'un studio son. Ainsi, pour le joailler Van Cleef, <strong>l'agence</strong> a<br />

créé <strong>de</strong>s mélodies que l'on découvre par le biais d'une boîte à musique, et<br />

sur le site <strong>de</strong> McDonald's, elle s'est servie du son comme levier comique<br />

pour rendre le produit plus attrayant. Ainsi chaque sauce est<br />

accompagnée d'un style musical, du R'N'B pour le fromage, du rock pour<br />

le poivre, etc. « <strong>Le</strong> type <strong>de</strong> son correspond à ce que les jeunes écoutent,<br />

pour maintenir le lien entre la cible et la marque », ajoute Branislav Peric,<br />

directeur <strong>de</strong> clientèle chez Duke. L'importance prise par la musique et les<br />

sites <strong>de</strong> vidéo comme YouTube ou MySpace auprès <strong>de</strong>s jeunes y sont bien<br />

sûr pour quelque chose. Mais pas seulement. « Sur Internet, les individus<br />

font <strong>de</strong>s choses utiles, s'informent, parlent avec <strong>de</strong>s amis, donc il est très<br />

important <strong>de</strong> bien rester dans la réalité. Un son ne doit pas être gratuit, il<br />

faut offrir quelque chose <strong>de</strong> vrai », poursuit Ilan Haddad. Ainsi à un clic<br />

droit <strong>de</strong>vra répondre un son à droite <strong>de</strong> l'écran, s'il s'agit d'un événement<br />

important le volume <strong>de</strong>vra être en conséquence assez fort, ou<br />

inversement, enfin les graves proviennent plutôt du haut <strong>de</strong> l'écran et les<br />

aigus du bas, comme dans un orchestre traditionnel. Autant <strong>de</strong> subtilités<br />

qui participent à la cohérence du discours.<br />

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