NRC | Conflits fonciers et sécurité alimentaire dans la région frontalière entre le Libéria et la Côte d’Ivoire 6 | NRC <strong>RAPPORT</strong>
NRC | Conflits fonciers et sécurité alimentaire dans la région frontalière entre le Libéria et la Côte d’Ivoire Conflits fonciers et sécurité alimentaire dans la région frontalière entre le Libéria et la Côte d’Ivoire Résumé À l’automne 2010, les Ivoiriens se sont rendus aux urnes pour élire un nouveau Président et essayer ainsi de mettre fin à des années d’impasse politique et d’unifier un pays géographiquement divisé. Cependant, la contestation des résultats des élections a conduit à une violente crise post-électorale. Les Forces Nouvelles, un groupe armé rebaptisé, par la suite, Forces Républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI), se sont déployées depuis la zone Nord du pays, qu’elles contrôlaient depuis 2004, vers l’Ouest de la Côte d’Ivoire et à Abidjan. Avec le soutien de la communauté internationale, le Président Laurent Gbagbo a été arrêté et le Président Alassane Ouattarra, a été porté au pouvoir. Avant la crise post-électorale, les études de l’Observatoire de surveillance des déplacements internes (IDMC) montraient, qu’en l’absence de politique d’intégration, que les politiques de développement agricoles des années 1960 et les conflits des années 1970 avaient créé un environnement propice aux conflits fonciers dans l’Ouest de la Côte d’Ivoire. Au début du conflit, qui a éclaté en 2002, l’exacerbation des clivages ethniques a nourri un vivier identitaire opposant les autochtones et les migrants qui étaient venus dans l’Ouest suite à ces politiques agricoles.1 Les tensions entre communautés se sont manifestées par des conflits fonciers et de propriété. L’adoption d’une loi relative au domaine foncier rural en 1998, tout en offrant une certaine protection de la propriété foncière coutumière, n’a pas réglé les conflits fonciers existants ni traité la multitude de titres existants et de transactions informels. Le rapport de l’IDMC a constaté que des accords informels utilisés pour régir l’accès à la propriété foncière étaient contraires au droit coutumier et au droit positif et exacerbaient des conflits politiquement sensibles sur les terres. En conséquence, entre 2002-2011 l’Ouest de la Côte d’Ivoire a été en proie à des conflits fonciers. Quel est l’impact de la crise post-électorale de 2010 sur les conflits fonciers dans les zones de l’Ouest de la Côte d’Ivoire touchées par le conflit? Dans ce contexte, quelles sont les nouvelles opportunités et quels sont les défis à relever pour établir les bases du développement durable des régions du Libéria qui accueillent des réfugiés Ivoiriens, et des régions de la Côte d’Ivoire les plus touchées par la crise? En février 2012, le programme d’information, conseil et assistance juridique (ICLA) et les programmes de sécurité alimentaire du NRC au Libéria et en Côte d’Ivoire ont effectué une évaluation conjointe sur les conflits fonciers et la sécurité alimentaire dans la région frontalière. Cette évaluation a eu lieu au même moment que celle de la mission des Nations Unies sur les questions relatives à la sécurité alimentaire et au relèvement précoce. Elle a identifié les prochaines étapes nécessaires pour régler les conflits fonciers en tant que cause sous-jacente d’instabilité et de déplacements, avec pour objectif d’élaborer des programmes de sécurité alimentaire durables. Nous nous sommes rendus dans 14 villages des deux côtés de la frontière ivoirienne et libérienne. Nous avons mené plus de 40 groupes de discussion et interviewé 164 personnes y compris des membres des communautés d’accueil Libériennes, des réfugiés Ivoiriens au Libéria, et des Ivoiriens en Côte d’Ivoire. 1 On se réfère à ces différents communautés comme les autochtones (premiers arrivants ou personnes natives de la zone); allogènes (migrants non Ivoiriens); et allochtones (migrants de nationalité ivoirienne mais originaires d’autres régions de Côte d’Ivoire). 7 | NRC <strong>RAPPORT</strong>