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COTATION DES SIIPS - Lereservoir.eu

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<strong>COTATION</strong> <strong>DES</strong> <strong>SIIPS</strong><br />

La méthode SlIPS (soins infirmiers individualisés à la personne soignée) donne une<br />

appréciation globale et synthétique des soins pour un séjour hospitalier, à partir des besoins du<br />

malade. L’utilisation de cette méthode permet de mesurer les soins directs selon trois axes les<br />

soins de base (alimentation, locomotion, élimination et soins d’hygiène et de confort) ; les soins<br />

techniques (actes à visée diagnostique, thérap<strong>eu</strong>tique et surveillances) et les soins relationnels<br />

et éducatifs.<br />

Par D. Huguenet, Dr. N. Taright, in Objectif Soins n° 101, décembre 2001.<br />

L’ensemble des activités soignantes en hospitalisation de court, moyen et long séjour fait partie du<br />

domaine d’application de la méthode. Pour l’activité en salle de réveil et en ambulatoire, une<br />

méthode spécifique a été développée.<br />

L’utilisation d’une méthode de mesure de la demande en soins a de multiples objets. Tout d’abord,<br />

elle doit permettre de faire connaître I activité du personnel soignant auprès des patients. L’analyse<br />

de cette activité est rendue possible à la fois pour évaluer les besoins en soins et aussi enrichir le<br />

système d’information hospitalier. La méthode SlIPS a été développée pour répondre à ces<br />

différents objectifs et son utilisation est maintenant encouragée dans plusi<strong>eu</strong>rs établissements<br />

publics de soins.<br />

L indicat<strong>eu</strong>r a été développé en 1986 et a fait l’objet d’une validation. C’est un indicat<strong>eu</strong>r complexe<br />

dans son développement. La mesure du temps passé pour la totalité des actes de soins sur une<br />

journée a été effectuée. La distribution des temps passés a été ensuite répartie en quartiles, chaque<br />

quartile devenant un sous-groupe de la distribution du temps. Les limites de chaque groupe ont été<br />

ensuite aménagées de façon à ce que les rapports des médianes des trois derniers groupes et celle du<br />

premier soient de 4, 10 et 20. Chaque axe de soin p<strong>eu</strong>t ainsi être coté en utilisant une<br />

correspondance entre un acte et le temps théoriquement nécessaire pour l’accomplir.<br />

L’intégration de l’indicat<strong>eu</strong>r <strong>SIIPS</strong> à la pratique des équipes soignantes a débuté en 1999 au sein du<br />

groupe hospitalier Pitié Salpetrière de l’Assistance Publique — Hôpitaux de Paris. L’objet du<br />

présent article est de faire état de notre expérience tant sur le plan de l’utilisation de l’outil que sur<br />

celui de l’évaluation des résultats produits.<br />

Méthodes<br />

Un programme de développement est élaboré avec les étapes par lesquelles passe chaque service. Il<br />

est assuré par un cadre supéri<strong>eu</strong>r infirmier détaché de la Direction du Service de Soins Infirmiers au


sein du département MSI du groupe hospitalier Pitié Salpetrière en charge de la médicalisation du<br />

système d’information.<br />

‣ Choix et formation des équipes<br />

Les services entrent dans le projet au volontariat. La formation initiale à l’utilisation de l’indicat<strong>eu</strong>r<br />

a li<strong>eu</strong> en externe : à l’école MSI (*). Elle est complétée localement pour les nouveaux personnels<br />

et/ou en fonction des besoins. Le support de formation utilisé est, dans tous les cas, l’ouvrage de<br />

présentation de la méthode. Un accompagnement personnalisé est fourni à chaque service. Un<br />

répertoire d’aide au codage des actes de soins classés en soins de base, soins techniques, soins<br />

relationnels et éducatifs est fourni aux équipes. Les éléments retenus pour la cotation sont:<br />

l’application des prescriptions médicales, les observations et notes des infirmières et<br />

aide soignantes, les protocoles de soins et éducatifs. La liste des diagnostics infirmiers utilisés en<br />

complément du développement de la méthode a été réajustée à l’aide du thesaurus des diagnostics<br />

infirmiers proposé par NANDA et ANADI. Après une formation initiale consistant en un<br />

entraînement au codage, une formation à la saisie sur les outils informatiques choisis par<br />

l’Assistance Publique - Hôpitaux de Paris est proposée aux services selon les besoins propres à<br />

chacun. Un test de qualité du codage est effectué avant la saisie en routine. Chaque service décide<br />

de saisir les données SlIPS d’un sect<strong>eu</strong>r du service (exemple hôpital de semaine), de tout le service<br />

ou de procéder par étapes.<br />

Ainsi qu’il est préconisé, la cotation de l’activité avec la méthode <strong>SIIPS</strong> est réalisée<br />

quotidiennement lors de cette phase de mise en route. Il sera par conséquent possible de réaliser les<br />

calculs hebdomadaires mais surtout de suivre et d’évaluer la qualité des cotations de façon plus fine.<br />

‣ Suivi de l’exhaustivité<br />

Entre le 2 et le 5 de chaque mois, le taux d’exhaustivité est fourni aux services pour les mois<br />

précédents ainsi que la liste des résumés manquants. Pendant les 3 à 6 premiers mois, des résultats<br />

sont fournis à partir des résumés saisis, sans chercher à atteindre 100% d’exhaustivité. Il s’agit<br />

d’échanger avec les équipes à propos des difficultés rencontrées et de proposer des actions<br />

correctrices.<br />

‣ Retour d’information vers les utilisat<strong>eu</strong>rs<br />

Un retour des résultats de la cotation est réalisé de façon mensuelle avec un décalage de d<strong>eu</strong>x à trois<br />

mois, en fonction du mode d’organisation de l’équipe soignante. Pour les séjours avec des dates de<br />

sortie comprises entre le premier et le dernier jour du mois, une représentation graphique des<br />

résultats selon les trois types de soins est fournie, accompagnée de quelques données chiffrées<br />

explicatives. Des récapitulatifs trimestriel, semestriel et annuel sont réalisés sur le même mode. De<br />

plus, pour les services qui les utilisent et les saisissent, un tableau des diagnostics infirmiers est<br />

fourni selon les mêmes fréquences.


‣ Evaluation de la qualité<br />

La qualité du codage <strong>SIIPS</strong> est évaluée de façon rétrospective par l’étude de la concordance entre la<br />

cotation des services et la reprise en av<strong>eu</strong>gle du dossier de soins par une personne externe au<br />

service : la coordonnatrice du projet <strong>SIIPS</strong> utilisant la même grille de cotation que les services.<br />

L’évaluation porte sur la cotation journalière en soins de base, soins techniques, soins relationnels et<br />

éducatifs portée sur les f<strong>eu</strong>illes de codage remplies par les équipes, pour les jours concernés. Une<br />

comparaison du codage réalisé par le service et des données saisies dans l’outil de recueil est<br />

effectuée pour quantifier les err<strong>eu</strong>rs de saisie. Les premiers mois de codage sont exclus de l’étude<br />

(modifications liées à l’apprentissage, à l’organisation et à l’analyse des premiers résultats). Les<br />

journées analysées sont sélectionnées par tirage au sort sur une période de trois mois. Afin d’étudier<br />

un éventuel effet jour, les cotations sont regroupées par jour de la semaine sur l’ensemble de la<br />

période (quatorze semaines), quatorze séjours sont ensuite échantillonnés pour chaque jour de la<br />

semaine. Il est donc prévu de revoir la cotation sur 98 journées en hospitalisation complète et 70 en<br />

hospitalisation de semaine. Le même séjour p<strong>eu</strong>t être sélectionné plusi<strong>eu</strong>rs fois. La mesure<br />

d’agrément entre les cotations est fournie sous la forme de la concordance observée et du<br />

coefficient kappa (*). L’objet de cette évaluation est de fournir aux équipes soignantes une base de<br />

discussion et de réflexion à propos des difficultés rencontrées et de valider la pertinence de<br />

l’utilisation des données <strong>SIIPS</strong> conjointement aux autres indicat<strong>eu</strong>rs du système d’information<br />

hospitalier.<br />

Résultats<br />

‣ Données générales<br />

Dix équipes soignantes (dix services) différentes se sont engagées dans la démarche de production<br />

de l’indicat<strong>eu</strong>r d’activité avec la méthode <strong>SIIPS</strong> et saisissent l<strong>eu</strong>rs données entre 1999 et 2000, cinq<br />

ont participé à la première évaluation de la qualité des données au printemps 2000. L’activité se<br />

déroule dans quatre services en hospitalisation complète et dans un service en hôpital de semaine. Il<br />

s’agit d’un service de chirurgie et de quatre services de médecine générale ou spécialisée. Nous<br />

comptons 74 soignants effectuant la cotation des <strong>SIIPS</strong>. Un exemple de résultat mensuel par type de<br />

soins est présenté sur la figure 1. La figure 2 présente le mode de représentation pour le suivi annuel<br />

des activités. Ces graphiques montrent bien l’utilité d’un tel outil à des fins descriptives de l’activité<br />

de l’équipe soignante (répartition des niveaux de compétence). Le tableau 1 représente les<br />

diagnostics infirmiers utilisés sur la même période.


D.I. les plus fréquents pour 1128 séjours patients Score<br />

• Hyperthermie 438<br />

• Doul<strong>eu</strong>r 410<br />

• Fatigue 265<br />

• Risque d’infection 213<br />

• Anxiété 141<br />

• Atteinte à l’intégrité de la peau 133<br />

• Diarrhée 80<br />

• Perturbation des échanges gaz<strong>eu</strong>x 78<br />

• Altération de la mobilité physique 73<br />

• Constipation 64<br />

1457<br />

‣ Evaluation de la qualité<br />

Les périodes d’échantillonnage allaient du 6 septembre au 12 décembre 1999 pour trois services et<br />

du 31janvier au 7 mai 2000 pour les d<strong>eu</strong>x autres. Sur les 462 journées à revoir, 110 étaient<br />

manquantes (24%). Dans 7 cas, le dossier était manquant (1,5%). Dix-sept dossiers de soins n’ont<br />

pas été retrouvés (3,7%). Dans quatre cas, la f<strong>eu</strong>ille de soins journalière était manquante dans le<br />

dossier de soins (0,8%). Dans les autres cas (82 soit 1 7,7%), les dossiers n’étaient pas disponibles<br />

au moment de l’audit mais localisés en raison d’une ré-admission ou d’une consultation. Les err<strong>eu</strong>rs<br />

de saisies étaient au nombre de 48 sur les 1056 cotations (4,5%). Elles se répartissaient en 14 pour<br />

les soins de base, 20 pour les soins techniques et 14 pour les soins relationnels et éducatifs, et<br />

n’avaient pas de conséquence sur le score des séjours concernés.<br />

La cotation journalière<br />

Les résultats de la comparaison entre les cotations sont présentés dans le tableau 2. On retrouve<br />

27 cotations différentes pour les soins de base, 37 pour les soins techniques et 59 pour les soins<br />

relationnels et éducatifs. Au total, 933/1056 cotations sont identiques (88,30%). Les soins<br />

relationnels et éducatifs sont c<strong>eu</strong>x qui présentent la concordance la plus faible qui dépasse<br />

cependant 80%. L’analyse de la concordance observée de la cotation montrent que les soins de base<br />

sont les mi<strong>eu</strong>x cotés. Le coefficient kappa est en revanche différemment ordonné: les soins<br />

techniques sont les mi<strong>eu</strong>x cotés, viennent ensuite les soins de base puis les soins relationnels et<br />

éducatifs.


Discussion<br />

Les enseignements de la mise en place des <strong>SIIPS</strong> sont nombr<strong>eu</strong>x. L’utilisation d’un indicat<strong>eu</strong>r de<br />

l’activité en soins présente de nombr<strong>eu</strong>x avantages. Lors de sa mise en place, une réflexion sur<br />

l’outil a permis de modifier l’organisation du travail en équipe et des transmissions. Comme nous<br />

avons pu le montrer, les résultats descriptifs de la charge en soins directs pour un groupe de séjours<br />

de malades à un moment donné sont disponibles et apportent une information jusque là manquante.<br />

Cette information en retour favorise la réflexion en équipe au cours de séances de synthèse. De plus,<br />

elle a permis la mise en place d’une réflexion pour évaluer un impact sur la qualité des soins.<br />

Cependant, bien que la phase préparatoire ait apporté une aide à la structuration du dossier de soins,<br />

l’utilisation de l’outil ne p<strong>eu</strong>t précéder la mise en place d’un dossier de soins organisé, documenté<br />

et évalué. La méthode <strong>SIIPS</strong> présente quelques difficultés d’utilisation. Tout d’abord, nous avons<br />

rencontré avec les équipes soignantes, des difficultés en raison de l’absence de thesaurus assurant<br />

une relative exhaustivité des actes soignants et permettant la cotation dans les trois axes de soins.<br />

L’évolution des pratiques a pu rendre caducs les temps estimés lors de la validation de la méthode.<br />

Ceci a imposé aux équipes un travail de définition par consensus. Il nous apparaît nécessaire<br />

d’actualiser les consignes d’utilisation des cotations par une réactualisation d’un tableau de<br />

correspondance entre les soins et le temps nécessaire à l<strong>eu</strong>rs réalisations.<br />

Par aill<strong>eu</strong>rs, malgré l’intérêt montré par les équipes pour l’outil, le travail supplémentaire nécessaire<br />

à la cotation et la saisie mérite une interrogation quant à son utilisation en continu même de façon<br />

hebdomadaire. Il pourrait être envisagé de réaliser des relevés sur de courtes périodes à intervalles<br />

réguliers. Les équipes pourraient ainsi continuer de disposer d’un outil de description et de suivi de<br />

l<strong>eu</strong>rs activités sans s’imposer une charge de travail supplémentaire. Il faut rappeler que les <strong>SIIPS</strong> ne<br />

mesurant pas les activités afférentes aux soins (gestion administrative et organisationnelle du séjour<br />

du patient, échanges d’informations à propos du patient, activités liées aux visites médicales,<br />

formation, encadrement, études...), le travail nécessaire à son emploi n est pas évalué.<br />

L’inconvénient d’une utilisation non continue de l’outil est le risque de perte d’une certaine<br />

familiarité avec cet outil et nécessite de réaliser une évaluation plus fréquente des résultats. On<br />

pourra arguer du fait que la cotation SlIPS p<strong>eu</strong>t être réalisée de façon automatique par des systèmes<br />

de dossiers de soins informatisés à partir des informations saisies par l’équipe soignante. Cette<br />

perspective appelle au moins d<strong>eu</strong>x réflexions. Tout d’abord, il ne saurait être possible d’envisager<br />

l’utilisation de tels outils sans s’être assuré de très bons, voire d’excellents, résultats lors de<br />

l’évaluation du dossier de soins. Les effets d’une mauvaise exhaustivité dans la déclaration des<br />

soins seraient désastr<strong>eu</strong>x dans ce cas. Ensuite, les équipes doivent contrôler la procédure de calcul<br />

des scores.<br />

Les résultats de l’analyse de qualité montrent une bonne concordance avec les chiffres connus : les


soins techniques sont les mi<strong>eu</strong>x codés, viennent ensuite les soins de base et enfin les soins<br />

relationnels et éducatifs. Plusi<strong>eu</strong>rs points sont cependant à discuter. Le nombre élevé de dossiers<br />

manquants lors de la revue est attribuable au mode d’échantillonnage. Afin de minimiser ce<br />

nombre, il serait souhaitable de sélectionner des séjours entiers. L’indisponibilité des dossiers nous<br />

est apparue comme moins importante sur le plan qualitatif même si elle expliquait la grande<br />

majorité des journées non recodées (75 % des journées manquantes). L’absence des f<strong>eu</strong>illes de<br />

soins a été considérée par les équipes comme une “insuffisance” dans la tenue du dossier de soins.<br />

Lors de l’analyse par service, il est apparu que la hiérarchie du soin bien codé n’est pas<br />

constamment respectée. Cette hiérarchie est probablement dépendante du type d’activité. La<br />

concordance est satisfaisante au regard des chiffres globaux. Mais l’on p<strong>eu</strong>t s’interroger sur le biais<br />

de sélection introduit par le volontariat comme mode de recrutement des services. Ces chiffres<br />

pourraient être modifiés lors de l’extension à tout l’hôpital, nécessitant une plus grande précaution<br />

dans l’interprétation des résultats <strong>SIIPS</strong>. Ceci d’autant plus que la cotation est réalisée de façon<br />

quotidienne et donc lourde pour les équipes.<br />

Les concept<strong>eu</strong>rs de la méthode préconisent le passage à la saisie hebdomadaire après la phase<br />

d’apprentissage. Les résultats de concordance présentés ici seront à revoir en confrontant la saisie<br />

hebdomadaire et la cotation journalière, mais une cotation hebdomadaire sans passage par la<br />

cotation journalière rend la procédure d’évaluation impossible. Si la concordance est bonne par<br />

rapport aux données figurant dans le dossier de soins, elle ne permet pas d’apprécier l’exhaustivité<br />

des soins réalisés au patient. Un dossier de soins incomplet signifie une sous cotation des soins dans<br />

un ou plusi<strong>eu</strong>rs types de soins et rend l’utilisation de l’indicat<strong>eu</strong>r inadéquate.<br />

Les premiers résultats de l’expérience d’utilisation des <strong>SIIPS</strong> montrent la faisabilité de la méthode<br />

lorsqu’elle s’appuie sur la motivation des équipes. Cet indicat<strong>eu</strong>r en soins infirmiers présente un<br />

intérêt réel pour la mesure de l’activité. Son utilisation en routine devrait contribuer à une meill<strong>eu</strong>re<br />

définition et une meill<strong>eu</strong>re répartition des soins.<br />

Notes<br />

(a) Ecole MSI : centre de formation situé à l’hôpital Saint-Louis, dont l’objet est d’accompagner les act<strong>eu</strong>rs hospitaliers<br />

dans la mise en place de la médiatisation des systèmes d’information (MSI).<br />

(b) Le coefficient kappa (k) est une mesure d’accord entre d<strong>eu</strong>x jugements sur des variables qualitatives. Interprétation :<br />

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