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La patrimonialisation de la flore du Haut Urgell ... - SympoScience

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est transmis à <strong>la</strong> société, en même temps qu’il lui est imposé. On réc<strong>la</strong>me et on impose un<br />

système d’attitu<strong>de</strong>s.<br />

En ce qui concerne les trementinaires, il y a eu tout d’abord un travail <strong>de</strong> mémoire et<br />

ensuite un travail <strong>de</strong> recréation historique qui a abouti à <strong>la</strong> désignation patrimoniale. Ces<br />

femmes ont été récupérées les premières en tant que figures <strong>du</strong> passé, et plus tard un<br />

ensemble <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ntes et d’autres pro<strong>du</strong>its naturels ont été nommés “p<strong>la</strong>ntes <strong>de</strong>s<br />

trementinaires”.<br />

Le processus <strong>de</strong> <strong>patrimonialisation</strong> commence en 1998, date où fut créé un petit musée<br />

monographique consacré aux trementinaires. Il se continua par <strong>la</strong> création d’un petit<br />

« jardin botanique <strong>de</strong>s trementinaires » puis, plus récemment, par <strong>la</strong> création d’un centre<br />

d’interprétation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>flore</strong> <strong>du</strong> Parc naturel Cadí-Moixeró.<br />

On pourrait penser qu’il y a une différence évi<strong>de</strong>nte entre le musée et le centre<br />

d’interpétation. Le musée présente une recréation historique <strong>de</strong>s trementinaires, tandis que<br />

le centre est conçu pour offrir une information scientifique sur <strong>la</strong> <strong>flore</strong> <strong>du</strong> parc. Mais, <strong>du</strong><br />

point <strong>de</strong> vue <strong>du</strong> responsable local, le centre d’interprétation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>flore</strong> et le musée sont liés<br />

par une re<strong>la</strong>tion étroite et c<strong>la</strong>ire et, <strong>de</strong> fait, le centre est un complément <strong>du</strong> musée. Tandis<br />

que le musée présente une vision romantique <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ntes sous le nom <strong>de</strong> « p<strong>la</strong>ntes <strong>de</strong>s<br />

trementinaires », le centre d’interprétation en présente une vision scientifique. Cette<br />

re<strong>la</strong>tion renforce le caractère patrimonialisant <strong>du</strong> centre d’interprétation, puisqu’il est censé<br />

récupérer en termes scientifiques un « savoir popu<strong>la</strong>ire » et qu’on y utilise <strong>la</strong> dénomination<br />

« p<strong>la</strong>ntes <strong>de</strong>s trementinaires » pour <strong>la</strong> <strong>flore</strong> <strong>du</strong> parc.<br />

Dans un premier temps, donc, le musée était <strong>la</strong> seule institution où étaient exposées les<br />

p<strong>la</strong>ntes <strong>de</strong>s trementinaires. Elles étaient présentées selon un critère historique et<br />

ethnographique : on y voyait les p<strong>la</strong>ntes séchées, seules ou en bottes, avec une étiquette qui<br />

les i<strong>de</strong>ntifiait. Quand le jardin botanique fut créé, on put y voir les p<strong>la</strong>ntes toutes ensemble<br />

et vivantes, même si certaines d’entre elles étaient plus en vue que d’autres, à cause <strong>de</strong>s<br />

différences d’adaptation. Il y a <strong>de</strong>ux ans, le musée a changé sa vieille présentation<br />

muséographique et, <strong>du</strong> coup, les p<strong>la</strong>ntes séchées ont per<strong>du</strong> leur valeur didactique pour<br />

acquérir une fonction purement esthétique : elles pen<strong>de</strong>nt <strong>du</strong> p<strong>la</strong>fond sans aucune étiquette,<br />

l’information se trouvant sur un écran tactile. <strong>La</strong> vue <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ntes séchées ne résiste pas<br />

<strong>de</strong>vant <strong>la</strong> beauté <strong>de</strong>s images photographiques <strong>de</strong>s espèces vivantes, mais on peut dire<br />

qu’elles ont per<strong>du</strong> aussi <strong>de</strong> <strong>la</strong> matérialité, <strong>de</strong> <strong>la</strong> réalité.<br />

Par ailleurs, <strong>la</strong> nouvelle muséographie présente <strong>la</strong> figure historique <strong>de</strong>s trementinaires en<br />

étroite communion avec <strong>la</strong> nature. Pour ce<strong>la</strong>, on s’est servi <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s photos qui couvrent<br />

<strong>de</strong>s pans entiers <strong>de</strong> mur et où l’on voit le paysage actuel en train <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir sauvage après<br />

<strong>la</strong> crise finale <strong>du</strong> système agricole et <strong>de</strong> l’élevage. Les trementinaires évoquent <strong>la</strong> nature<br />

récuperée, sa splen<strong>de</strong>ur “originale”. Voilà un autre aspect <strong>de</strong> <strong>la</strong> recréation historique,<br />

puisque ce paysage-ci n’est pas celui qui existait à l'époque <strong>de</strong>s trementinaires réelles. Les<br />

vérités muséographiques et les vérités historiques ou ethnographiques ne coïnci<strong>de</strong>nt pas<br />

forcément.<br />

L’activité <strong>de</strong>s trementinaires était déjà rési<strong>du</strong>elle vers le milieu <strong>du</strong> vingtième siècle et elle a<br />

fini par disparaître, ce qui s’est répercuté aussi sur <strong>la</strong> consommation et <strong>la</strong> valeur attribuée<br />

aux p<strong>la</strong>ntes. Quand, vers <strong>la</strong> fin <strong>du</strong> XXe siècle, s’est pro<strong>du</strong>it <strong>la</strong> mise en valeur <strong>de</strong>s<br />

trementinaires, les p<strong>la</strong>ntes sont <strong>de</strong>venues un élément d’i<strong>de</strong>ntification locale. Cette mise en<br />

avant <strong>de</strong> <strong>la</strong> dimension i<strong>de</strong>ntitaire s’est tra<strong>du</strong>ite par <strong>de</strong> nouvelles actions <strong>de</strong><br />

<strong>patrimonialisation</strong>, comme <strong>la</strong> création d’une « Fête <strong>de</strong>s trementinaires », avec un bûcher où<br />

P<strong>la</strong>ntes <strong>de</strong> montagne - Université <strong>de</strong> Toulouse-le-Mirail – 6,8 novembre 2009<br />

www.symposcience.org<br />

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