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PASSION PATRIMOINE
Nous habitons un moulin
Marie-Claude et Bernard Colin sont les heureux propriétaires du Moulin
des Îles, à Sâles. Magnifique bâtisse datant de 1840, d’une emprise au sol
de 165 m², haute de quatre niveaux, répartie entre habitation et moulin,
elle ne laisse pas indifférent le visiteur… et encore moins ses occupants.
Mais on n’entre pas dans cette maison comme dans un moulin…
Oh ! Pardon ! On n’entre pas dans un moulin comme celui-ci par hasard ! En fait, c’est en 1882
que la famille Thomasset – les ascendants de Marie-Claude – ont acheté ce moulin à la famille
Berthod. L’activité y était dense et le moulin collait aux progrès de son temps puisqu’il était
déjà mécanisé (1840 !). Les quatre niveaux accueillent respectivement :
• au rez-de-chaussée, le mécanisme de la turbine ;
• au 1 er étage, les trois paires de meules de 165 cm de diamètre,
chaque paire de meules étant constituée d’une dormante et d’une tournante ;
• au 2 e étage, la salle des transmissions et du stockage ;
• au 3 e et dernier étage, le blutoir, c’est-à-dire la machine qui permettait le tri de la farine et sa répartition
par godets selon sa nature et sa mouture. C’est là également que la farine était mise en sacs.
Mais un bon dessin valant mieux qu’un long discours, l’illustration ci-jointe (document fourni par les
Amis des moulins savoyards) vous éclairera sur le process de fabrication.
Pour en revenir à nos hôtes de ce patrimoine meunier, c’est en dix ans à peine, c’est-à-dire depuis
l’arrêt de leur vie professionnelle passée sous d’autres cieux, qu’ils ont entrepris la sauvegarde et la
restauration de cet espace qui, outre le moulin, comporte plusieurs dépendances. Petit à petit, avec
beaucoup de courage et de passion, ils ont redonné vie aux salles, une à une, pour que ce moulin
retrouve son lustre d’antan avec notamment la reconstruction de la roue. Certes, il ne marche plus et
sa remise en route demanderait d’énormes efforts à tout point de vue, mais il ne manque pas une
pièce mécanique et, de ces machines et courroies toutes en place l’on voit et l’on comprend très
bien le fonctionnement. D’ailleurs, tous ceux qui ont déjà eu la chance de le visiter vous le diront.
Quant à la partie habitation, elle a, elle aussi, reçu les bons soins de Marie-Claude et Bernard, et
quand il a fallu agrandir un peu une ouverture intérieure existante, je vous laisse imaginer le travail
demandé pour venir à bout de
l’épaisseur des murs sans mettre en
danger le reste de la bâtisse. Bordé
par le Chéran qui, à de nombreuses
reprises, a envahi la salle de la turbine
mais offre en même temps sa force à
la mécanique et son débit apaisant
aux oreilles, le Moulin des Îles
héberge également quelques animaux
heureux et libres. Une petite
pause un peu hors du temps avec des
propriétaires, ô combien accueillants !
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