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Jules Desbois - DAMM49

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La représentation du mouvement : un défi permanent<br />

Comme beaucoup de ses contemporains, <strong>Desbois</strong> est fasciné par le corps et la représentation du<br />

mouvement. Le foisonnement artistique de la fin du 19 ème et le début du 20 ème siècle tant en danse qu’en<br />

musique ne peut que l’émouvoir et l’encourager dans ses recherches. La période est féconde et<br />

innovatrice : les ballets classiques, les danses et acrobaties de cabarets, mais aussi les recherches<br />

esthétiques de Loïe Fuller ou les mouvements improvisés d’Isadora Duncan vont ponctuer la vie<br />

artistique jusqu’à l’arrivée des ballets russes.<br />

<strong>Desbois</strong>, comme beaucoup d’autres, y puise sont inspiration. L’un de ses modèle, Alda Moreno, avec<br />

laquelle il travailla au début du 20 ème siècle, était d’ailleurs danseuse à l’Opéra comique de Paris et était<br />

réputée pour sa souplesse. Il explore le corps, ses mouvements et ses équilibres et crée des sculptures<br />

au mouvement et au modelé très prononcés. Cette recherche du mouvement et de son rendu<br />

dynamique est l’une des lignes essentielles du travail de <strong>Desbois</strong>.<br />

Satyre et Nymphe,<br />

marbre, 1886<br />

A la fin des années 1880, <strong>Jules</strong> <strong>Desbois</strong> va peu à peu se libérer de son<br />

enseignement classique. La sculpture intitulée Satyre et Nymphe marque<br />

un tournant dans l’œuvre du sculpteur. Si le sujet reste conventionnel, figure<br />

inspirée de la mythologie représentant une scène de chasse au cours de<br />

laquelle un satyre capture une nymphe, elle marque par le dynamisme de<br />

sa composition.<br />

Pour lire cette scène, il faut se laisser entraîner dans une vrille qui part du<br />

bras droit de la nymphe, se poursuit dans le filet et la torsion du buste du<br />

satyre pour firnir dans le poing gauche de ce dernier, fermé et tendu vers le<br />

ciel. Ce mouvement est d’une rare violence.<br />

<strong>Desbois</strong> travaille ici les corps en poussant à l’extrême les mouvements,<br />

comme par exemple le bras gauche du satyre ou encore la cambrure de la<br />

nymphe, tout en gardant une harmonie générale.<br />

Le travail sur le modelé est bien perceptible si l’on regarde la musculature<br />

du satyre (notamment le dos). Enfin, la finesse des détails (visage du satyre,<br />

mailles du filet emprisonnant la nymphe) permet de percevoir le talent de<br />

l’artiste.<br />

Inlassablement, <strong>Jules</strong> <strong>Desbois</strong> va observer les mouvements et tenter de les<br />

reproduire, de les figer dans la terre, la pierre ou le bronze. Son travail est<br />

le témoignage d’un instant éphémère, un mouvement qui devient figé et qui<br />

s’apparente plus à un geste, une posture.<br />

Tenant dans sa main droite un masque, la figure féminine intitulée La<br />

Comédie donne l’impression de partir dans un tourbillon. Son buste amorce<br />

une rotation vers la droite, impression renforcée par le mouvement donné<br />

au drapé qui lui enserre la taille. Ce mouvement est contrebalancé par<br />

une rotation de la partie inférieure du corps vers la gauche. Dans cette<br />

masse émerge (à l’arrière de la figure) une muse, certainement celle de<br />

la comédie.<br />

La Comédie, bronze<br />

(fonte Hébrard), 1905,<br />

dépôt du Département de<br />

Maine-et-Loire.<br />

Les rechreches sur le mouvement amènent <strong>Desbois</strong> à expérimenter une<br />

multitude de postures, s’inspirant des techniques de danse en vogue à<br />

l’époque. On est ici à une période intermédiaire, le mouvement ne<br />

s’apparente plus tout à fait aux ballets classiques, malgré la position des<br />

bras en couronne et laisse apparaître des inluences de la danse libre. Le<br />

mouvement est rassemblé et l’impulsion provient des abdominaux. Ce<br />

principe de l’impulsion ventrale est certainement à rapprocher des<br />

mouvements naturels prônés par Isadora Duncan à cette époque.<br />

Bien que la forme générale de cette figure soit en déséquilibre (les pieds<br />

ne sont pas ancrés dans le sol), la double courbe du dos et des jambes<br />

donne une impression de stabilité.<br />

Sapho, plâtre, vers 1907<br />

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