Jules Desbois - DAMM49

Les figures classiques : l’importance de la mythologie
L’ œuvre de Jules Desbois : ses axes de travail
Bien qu’ayant connu les transformations de l’art au tournant du 20 ème siècle, Jules Desbois est
resté tout au long de sa carrière un sculpteur du 19 ème siècle, appliquant les règles apprises lors de sa
formation et empreint de la culture artistique de son époque.
Bien que cela ne puisse pas résumer le travail de cet artiste, nous proposons d’aborder son oeuvre
sous 3 angles différents:
- les figures classiques : l’importance de la mythologie
- la représentation du mouvement: un défi permanent
- le réalisme et la représentation des corps
L’Antiquité gréco-romaine et sa mythologie ont été, à différentes périodes, une importante source
d’inspiration pour les artistes. La diversité des thèmes (légendes, divinités) comme la multiplicité des
décors antiques ont fourni le sujet de bien des œuvres d’art et affirmé la prédominance de la culture
gréco-latine. Au 18 ème siècle apparaît un nouvel engouement pour l’Antiquité suite aux fouilles de
Pompéï et d’Herculanum. Les artistes, et les sculpteurs notamment, s’inspirent des mythes de cette
époque et se réapproprient les canons grécos-romains.
Jules Desbois est fortement empreint de cette culture et tout au long de sa carrière il va exploiter ces
sujets, tout en les traitant avec une grande modernité.
Le mythe de Léda est une figure récurrente dans l’œuvre du
sculpteur. Cette version du mythe figure les prémices d’un
accouplement entre Léda, femme de Tyndare, roi de
Lacédémone et Zeus, qui, sous la forme d’un cygne, vient la
séduire.
Sur une même sculpture, Desbois propose une double lecture
du mythe. Un premier profil s’attache à la première partie de
cette rencontre, où, Léda n’est pas dupe et se refuse à l’étreinte
de Zeus par un mouvement de défense dans lequel on peut lire
les tensions du corps. Le deuxième profil de l’œuvre parle de
l’acceptation : la cuisse est ouverte et le cygne - dieu conquérant.
Léda et le cygne, marbre, 1894,
dépôt du musée d’Orsay
D’un thème très classique pour l’époque, Desbois rend une lecture
très personnelle et incite le spectateur à ne pas oublier que la
contemplation d’une sculpture se fait en l’appréhendant par
rapport à un espace et à la place qu’on y occupe.
Commandée par l’Etat en 1892, cette sculpture en marbre fut exposée au salon de la SNBA en 1896.
Il en existe des tirages en bronze dont un est présenté dans les collections du musée.
Parmis les autres mythes auxquels Desbois s’est attaché, celui de
Sisyphe a tenu une place à part dans sa carrière. En effet, Desbois
souhaitait tailler son Sisyphe dans le marbre, mais devant le refus de
l’Etat de lui passer commande, il assuma lui-même les frais de la
maquette, du transport et de la traduction en pierre.
Cet homme [...] est pris dans un instant où sa sécurité se joue, car il est
en grand déséquilibre. Il ne maîtrise rien du rocher qui le domine et
serait bien incapable de le pousser vers quelque coline, comme le veut
la légende [...]. (*)
Dans la légende, Sisyphe, aux prises avec Zeus, se retrouve
condamner à porter un rocher en haut d’une montagne, et ce pour
l’éternité.
La sculpture fait comprendre que dans le mythe de Sisyphe, le
mouvement perpétuel auquel le héros est condamné n’est pas un vrai
mouvement puisqu’il est sans effet. Sisyphe est immobile [...].(*)
Le rocher de Sisyphe,
pierre, 1910, dépôt du
FNAC
* Pierre Maillot, Raymond Huard, Jules Desbois, sculpteur (1851-1935)
8