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1 Interview de Monsieur François Décaillet, le 12 décembre 94, chez ...

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<strong>Interview</strong> <strong>de</strong> <strong>Monsieur</strong> François Décail<strong>le</strong>t, <strong>le</strong> <strong>12</strong> décembre <strong>94</strong>, <strong>chez</strong> l'enquêtrice à<br />

Grimisuat.<br />

En 17, 1917.<br />

Quel jour <br />

11 novembre. Le 19 novembre.<br />

19 novembre. Alors ce qu’il a d'intéressant, c'est que tu n’es pas né à Vernayaz !<br />

Ah ! Non! Je suis né en Californie, à Saint-Marced.<br />

A Saint-Marcel, en Californie <br />

A Saint-Marced, en Californie.<br />

Alors comment ça se fait que tu es né là-bas à Saint-Marced <br />

Et ben, je suis né là-bas, parce qu'ils, <strong>le</strong>s parents sont partis là-bas pour travail<strong>le</strong>r.<br />

En quel<strong>le</strong> année est-ce qu'ils sont partis environ<br />

Ah ! Ça alors, peut-être, mon Dieu, j'sais pas à une année près, quand, peut-être 5-6 ans<br />

avant.<br />

5-6 ans, donc...<br />

Ah ! Oui, parce que Martin est né là-bas, il est né en <strong>12</strong> et moi je suis né en 17. Martin<br />

est né là-bas. Alors maintenant je sais pas te dire sils étaient revenus et puis qu'ils sont<br />

repartis, mais Martin est né là-bas.<br />

Alors tes parents, ils se sont mariés à Vernayaz <br />

Et puis été là-bas !<br />

Et puis après ils sont partis. Est-ce qu'ils t'ont dit pourquoi ils sont partis <br />

Pour al<strong>le</strong>r travail<strong>le</strong>r. Ils allaient travail<strong>le</strong>r là-bas dans une espèce <strong>de</strong> mine, tu vois.<br />

C'était une mine d'or ou bien <br />

Oui, oui, une mine d'or, une mine d'or, soi-disant qu'ils cherchaient <strong>de</strong> l'or quoi,<br />

maintenant je peux pas te dire plus loin, tu vois ! Mais dans une mine, y avait <strong>le</strong>s<br />

wagons, <strong>le</strong>s voies, <strong>le</strong>..<br />

Et comment est-ce qu'ils ont appris qu'il y avait <strong>de</strong>s mines et du travail là-bas <br />

Oh ! Y en avait <strong>de</strong> Collonges, Dorénaz et tout ça, à ce moment-là y en avait peut-être un<br />

qui partait là-bas, il écrivait aux famil<strong>le</strong>s que s’il n’y avait pas <strong>de</strong> boulot, il pourrait al<strong>le</strong>r<br />

1


là-bas, qu'ils avaient assez, tu vois ! Ça c'est une affaire comme ça, quoi ! Je peux pas te<br />

dire plus, plus, mieux que ça, hein !<br />

Et tes parents ils n’avaient pas la possibilité donc <strong>de</strong> survivre à Vernayaz, ils<br />

n’avaient pas <strong>de</strong> travail <br />

Oh ! A ce moment-là tu sais, que la vie el<strong>le</strong> était encore, encore assez dure où c'est qu'ils<br />

étaient 3-4 en famil<strong>le</strong>. Comme <strong>chez</strong> nous, ils étaient trois frères, alors tu vois ! L'onc<strong>le</strong><br />

Joseph, il a appris <strong>le</strong> métier <strong>de</strong> tail<strong>le</strong>ur, il a fait <strong>le</strong> tail<strong>le</strong>ur, et l'onc<strong>le</strong> Luc il était parti làbas<br />

avec !<br />

Ah ! Oui, donc alors quand ils ont décidé <strong>de</strong> partir, ils étaient un petit groupe <strong>de</strong><br />

Vernayaz <br />

Oh ! Je crois qu'il y en avait encore même un <strong>de</strong> Dorénaz avec ! Je saurai pas te dire <strong>le</strong><br />

nom, quelque chose comme ça tu vois !<br />

Donc ton papa est parti avec son frère <br />

Et puis en Amérique là-bas pour al<strong>le</strong>r travail<strong>le</strong>r !<br />

Et <strong>le</strong>urs femmes. Ils n’avaient pas déjà <strong>de</strong>s enfants <br />

Ah ! Non, non. Non, non. Moi, el<strong>le</strong> est morte en couches, je ne l’ai pas connue, tu vois !<br />

Et puis alors vous avez fait <strong>le</strong> voyage, enfin ils ont fait <strong>le</strong> voyage en bateau <br />

Ah ! C'est sûr !<br />

Ils ont été prendre <strong>le</strong> bateau où <br />

Ils ont, je sais qu'ils ont traversé l'Océan en 21 jours, il a fallu 20 ou 21 jours par-là<br />

autour pour traverser l'Océan.<br />

Tu sais comment c'était sur ces bateaux <br />

Oh ! Non, moi j'avais une année et cinq mois, cinq mois, tu vois ! C'est tout, te dire<br />

quand Papa y me changeait, tout <strong>le</strong> mon<strong>de</strong> dans <strong>le</strong> bateau, c'étaient pas <strong>le</strong>s bateaux <strong>de</strong><br />

luxe qu'il y a maintenant ! Tu vois, hein ! Alors après la guerre, vers 1919 que j'ai<br />

traversé, alors c'étaient pas <strong>le</strong>s bateaux <strong>de</strong> luxe <strong>de</strong> maintenant, ils avaient <strong>de</strong>s valises et<br />

puis avec <strong>le</strong>s draps, il nous essuyait, il nous a pouponné et puis il lançait <strong>le</strong>s draps pas<br />

dans l'eau, dans l'Océan, ou ben n'importe, c'était pas du compliqué, tu vois !<br />

Et puis alors dans <strong>le</strong> genre <strong>de</strong> bagages, c'étaient dans <strong>de</strong>s mal<strong>le</strong>s ou <strong>de</strong>s valises <br />

Ah ! C'étaient plutôt <strong>de</strong>s, <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s mal<strong>le</strong>s qu'ils avaient quand ils faisaient <strong>le</strong>s<br />

traversées.<br />

Et qu'est-ce qu'ils transportaient <br />

2


Ah ! Tout ! Y avait <strong>le</strong>s habits, y avait un peu, tu vois, <strong>le</strong> fourbi, un peu <strong>de</strong> ce qu'ils<br />

avaient, par exemp<strong>le</strong> un peu <strong>de</strong>, d'ustensi<strong>le</strong>s, <strong>de</strong>s combines, <strong>le</strong>s habits <strong>de</strong> travail, <strong>le</strong>s<br />

habits <strong>de</strong>, <strong>de</strong>, tu vois <strong>le</strong> genre hein ! Parce qu'ils avaient pas...<br />

Donc ils prenaient vraiment tout <br />

Ah ! Non, non, non, non. Là-bas y avait <strong>le</strong>s cantines, tu vois, <strong>le</strong> travail, où c'est qu'ils<br />

allaient manger et tout !<br />

Donc ils ne prenaient pas <strong>le</strong>s cassero<strong>le</strong>s et tout ça <br />

Ah ! Non ! Ils avaient, ils avaient tout, ils avaient la cantine pour manger et puis <strong>le</strong>s<br />

dortoirs comme on peut dire que comme dans <strong>le</strong> genre militaire ! Ils ne partaient pas,<br />

quand ils voulaient al<strong>le</strong>r travail<strong>le</strong>r là-bas, ils ne partaient pas d'ici avec, par exemp<strong>le</strong>,<br />

...comme vous, vous partirez en Amérique, <strong>de</strong> reprendre tout votre mobilier, <strong>le</strong> fourbi !<br />

Ah ! Le strict minimum alors!<br />

Ah ! Oui, oui. Ils partaient, ils venaient <strong>de</strong> se marier ou <strong>de</strong>s combines et puis ils<br />

partaient là-bas pour travail<strong>le</strong>r parce que y avait autre qu'assez <strong>de</strong> travail, tu vois !<br />

Et puis alors 21 jours <strong>de</strong> traversée, vous êtes, vous avez accosté, enfin tes parents<br />

ont accosté sur la côte et puis après il a encore fallu traverser toute l'Amérique <br />

Ah ! Que oui !<br />

Mais là où ils ont été, il y avait déjà un train <br />

Oh ! Y avait, y aura sûrement un train ou ben je sais s’ils sont venus <strong>le</strong>s chercher avec<br />

<strong>de</strong>s camions, ça je peux pas te dire, tu vois, mais, tu vois <strong>le</strong> genre <br />

Et puis <strong>le</strong>s problèmes administratifs est-ce que tu sais si ils ont dû se faire faire un<br />

passeport en Suisse Ou comment est-ce qu'ils auraient...<br />

Ah ! Ça alors je pourrais pas te dire ça alors. Tu comprends que ils auront bien dû faire,<br />

par exemp<strong>le</strong> <strong>de</strong>, <strong>de</strong> passeport, quelque chose pour pouvoir al<strong>le</strong>r travail<strong>le</strong>r là-bas.<br />

Qui se faisaient sûrement à Sion ou bien, qu'est-ce tu penses <br />

Oh ! Assurément, je pense, tu comprends, assurément !<br />

Ça tu n'as pas gardé, tu as pas retrouvé dans tes affaires <br />

Oh ! Ça non je crois pas que c'est dans mes papiers ça, tu comprends Non, non. Papa<br />

il a aboli ces machins-là je crois <strong>de</strong>puis que il était retourné, rentré, qu'il s'est remarié, tu<br />

vois C'est <strong>de</strong>s papiers que ça servait plus à rien du tout.<br />

3


Et puis pour s'inscrire pour al<strong>le</strong>r travail<strong>le</strong>r là-bas, tu sais comment ça se passait <br />

Ils arrivaient sur place ou bien ils s'inscrivaient en Suisse <br />

Je crois qu'ils avaient pas même, pas même <strong>de</strong> contrat <strong>de</strong> travail avant d'al<strong>le</strong>r là-bas, je<br />

crois même pas !<br />

C'était vraiment l'aventure !<br />

Je crois qu'ils partaient, ils se disaient l'un l'autre qui avait été en bas par là, <strong>de</strong> ceux, <strong>le</strong>s<br />

premiers je crois qui ont été, ce doit être <strong>de</strong>ux <strong>de</strong> Dorénaz, puis ça s'est redit, puis<br />

Dorénaz-Vernayaz c'est près. Oh ! Là-bas, y pas besoin <strong>de</strong> tel<strong>le</strong>ment d'affaires, on va làbas,<br />

y a du boulot <br />

Et puis <strong>le</strong> but quand ils partaient là-bas, c'était d'une fois qu'ils avaient assez<br />

d'argent, <strong>de</strong> revenir ou bien <strong>de</strong> s'établir directement pour toujours <br />

Ah ! Ça alors, tu vois moi, <strong>de</strong> notre côté, <strong>de</strong> mon côté Papa il est revenu parce que un<br />

petit enfant dans <strong>le</strong>s bras, tu vois Alors il est, il est venu me mener ici <strong>chez</strong> la tante,<br />

puis lui, il est reparti et puis mettre en ordre la tombe, enfin la tombe, mettre un peu <strong>le</strong>s,<br />

un peu <strong>le</strong>s <strong>de</strong>rniers machins qui avait à faire, et puis il est revenu, tu vois <br />

Et puis quand <strong>le</strong>s gens <strong>de</strong> Vernayaz partaient comme ça en Amérique, tu sais ce<br />

que ceux qui <strong>de</strong>vaient rester à Vernayaz pensaient <strong>de</strong> ces gens qui partaient aussi<br />

loin <br />

Oh ! Pour ça il y en avait, ils s'étonnaient pas ! Parce que, tu vois !<br />

Ils n’étaient pas jaloux <br />

Ah ! Non, non. Pas, pas d'histoires <strong>de</strong> jaloux ou quelque chose, non, non. Celui qui<br />

voulait partir à ce moment-là sur l'Amérique ou même dans certains pays autrement, je<br />

crois surtout en Amérique. Y avait, y avait, y avait assez du boulot, pas comme<br />

maintenant, maintenant, oui, oui. Non, non, y avait je crois pas même besoin d'avoir un<br />

contrat <strong>de</strong> travail ou quelque chose, ils partaient un peu à l'aventure comme ça, mais,<br />

plus ou moins, ils faisaient <strong>le</strong>s, entre eux, ils s'écrivaient, alors un copain qui était làbas:<br />

"Oui, oui, viens seu<strong>le</strong>ment en bas, j'ai discuté avec un chef que il avait un copain<br />

qui voulait venir, et que c'est en ordre." Il arrivait, il avait, il avait <strong>le</strong> travail, tu vois <br />

Et ton papa a dû apprendre à par<strong>le</strong>r l'américain <br />

Oh ! Non !<br />

Il parlait <strong>le</strong> français <br />

Non, non y avait déjà <strong>de</strong>s gens qui parlaient un peu, <strong>de</strong>s chefs qui parlaient un peu tu<br />

vois, qu'il m'a dit, tu vois Non, non.<br />

Et alors, toi tu est né là-bas, ça veut dire que tu es citoyen américain <br />

4


Ah ! Moi j'ai encore mon acte <strong>de</strong> naissance, oui, ça j'ai gardé ça. Donc je suis suisse<br />

automatiquement, c'est en ordre <br />

De parents suisses oui !<br />

Tout ce qu'il y a c'est que d'avoir gardé ça, admettons que j'aurais voulu partir là-bas, en<br />

étant marié, avec <strong>de</strong> la famil<strong>le</strong>, j'aurais pu me trouver quelque chose tout <strong>de</strong> suite, tu<br />

vois Parce que j'étais né là-bas, ou quelque chose comme ça, avec mon acte <strong>de</strong><br />

naissance, tu vois Mais seu<strong>le</strong>ment ici je l'ai gardé comme ça mon acte <strong>de</strong> naissance,<br />

mais j'en aurai bien pas même, pas pour dire, je ne sais pas pourquoi je l'ai gardé !<br />

Un souvenir !<br />

Un souvenir ! J'ai gardé ça comme ça, tu vois ! Mais autrement, tu vois, Martin l'avait<br />

gardé aussi, tu vois ! Martin, la cousine, l'avaient gardé aussi, mais el<strong>le</strong>, il a fallu al<strong>le</strong>r<br />

mettre pied là-bas pour, tu vois comment El<strong>le</strong> est pas morte là-bas, mais <strong>de</strong>s suites <br />

Quand el<strong>le</strong> est retournée après <br />

Ah ! Oui, parce qu'el<strong>le</strong>, <strong>le</strong> jour qu'el<strong>le</strong> a été là-bas avec <strong>le</strong> Nouvelliste, ils ont...<br />

Donc ça c'était dans <strong>le</strong>s années 80 <br />

Oui, par là, je crois, oui par là autour, je crois, je peux pas me rappe<strong>le</strong>r juste, mais par là<br />

autour. El<strong>le</strong> m'a trouvé au cimetière, el<strong>le</strong> m'a dit : "Frankie, si tu veux je fais <strong>le</strong><br />

nécessaire auprès <strong>de</strong> <strong>Monsieur</strong> Luisier, au Nouvelliste, tu paieras comme nous.."<br />

Pour al<strong>le</strong>r voir <strong>le</strong> lieu où vous êtes nés <br />

Oui, oui, on allait, ils allaient pas tout à fait là, à une centaine <strong>de</strong> kilomètres <strong>de</strong> où on<br />

était né <strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux, puis il a dit <strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux, alors là, y a, y avait sept jours ou huit jours, tu<br />

vois à rester. Les <strong>de</strong>ux on serait partis où on était né, c'est-à-dire que el<strong>le</strong>, quand el<strong>le</strong> est<br />

partie, el<strong>le</strong> avait quand même quatre ans et <strong>de</strong>mi à peu près<br />

Ah ! El<strong>le</strong> était plus gran<strong>de</strong> !<br />

Près <strong>de</strong> cinq ans. El<strong>le</strong>, el<strong>le</strong> s'en souvient un peu, mais vaguement, tu vois un peu !<br />

Tandis que moi, j'avais juste <strong>le</strong>s yeux ouverts comme on dit, tu vois !<br />

Alors justement quand tes parents sont arrivés là-bas, y avait que <strong>le</strong>s hommes qui<br />

travaillaient ou est-ce que <strong>le</strong>s femmes allaient aussi dans cette mine <br />

Ah ! Non, non, non, non, y avait que <strong>le</strong>s hommes ! Et puis ils avaient un beau<br />

traitement, ils étaient bien, d'ail<strong>le</strong>urs ils partaient pas <strong>de</strong>puis ici pour al<strong>le</strong>r jusque là-bas<br />

si y avait quand même pas un peu <strong>le</strong> gain. Parce que <strong>le</strong>s voyages, c'était à <strong>le</strong>ur charge<br />

hein ! Tu comprends <br />

Tu sais combien ça coûtait <br />

5


Ah ! Je ne pourrais pas te dire ça, non, non. Ça, j'ai pas, Papa m'a jamais dit, je pourrais<br />

pas te dire combien ça coûtait, hein !<br />

Et ils étaient payés en..<br />

Mais je sais qu'ils avaient, ils avaient discuté une fois <strong>de</strong> ça, mais que <strong>le</strong>s parents ils<br />

disaient : "Al<strong>le</strong>z seu<strong>le</strong>ment !" C'était, c'était quand même pas l'avion maintenant à troisquatre<br />

mil<strong>le</strong> suivant où tu vas, tu vois ! Non, non c'étaient pas <strong>de</strong>s voyages pour dire,<br />

organisés avec <strong>de</strong>s superflus <strong>de</strong> ceci <strong>de</strong> ça, tu vois dans <strong>le</strong>s bateaux c'était, c'était pas du<br />

luxe comme y a maintenant et tout ça, hein !<br />

Oui ! Et quand ils travaillaient dans cette mine, ils étaient payés en or ou en<br />

dollars Tu sais <br />

Ah ! C'était en dollars, non ils n’avaient pas l'or ! non, non ils étaient payés, ils étaient<br />

payés en argent du pays. Oui, oui. Non, ce n’était pas..<br />

Et donc c'était vraiment une mine qui produisait <strong>de</strong> l'or <br />

Ah ! C'est sûr ! Oui, oui. C'était, ils avaient trouvé <strong>de</strong>s minerais, <strong>de</strong> l'or quoi ! Le fourbi<br />

!<br />

Et quand vous êtes rentrés au pays, cette mine était toujours en exploitation <br />

Ah ! El<strong>le</strong> était, était toujours en exploitation, oui. Mais après alors, ils se sont<br />

débrouillés ici, tu vois, soit l'onc<strong>le</strong> Pierre pour avoir du travail ici. Ils ont été travail<strong>le</strong>r<br />

en bas à la mine <strong>de</strong> charbon, là où y a <strong>le</strong>s anciens bâtiments <strong>de</strong> la Lonza, en bas avant<br />

d'arriver à la Pissevache, tu sais, ces bâtiments-là, c'était <strong>le</strong> machin du charbon qui<br />

menait en bas <strong>de</strong>puis d'en haut d'A<strong>le</strong>sse là, oui. Alors ils ont eu <strong>le</strong> travail là, ils sont<br />

revenus <strong>de</strong>puis là-bas !<br />

Ça c'est dans <strong>le</strong>s années 20 alors <br />

Hein <br />

Dans <strong>le</strong>s années 20 <br />

Oui, 20, non même un peu plus tard.<br />

Et alors pour revenir en Amérique, donc ton Papa travaillait, ta Maman travaillait<br />

pas, mais el<strong>le</strong> pouvait habiter dans <strong>le</strong> camp un peu <strong>de</strong>s mineurs <br />

Ah ! Ça ! Oh ! Que oui, je pense. Oui, oui.<br />

El<strong>le</strong>s pouvaient rester ensemb<strong>le</strong> <strong>le</strong>s famil<strong>le</strong>s <br />

Oui, oui, oui, bien sûr. Non, non, d'ail<strong>le</strong>urs pour moi, ils avaient décidé, el<strong>le</strong> était, el<strong>le</strong><br />

était enceinte, el<strong>le</strong> attendait, et puis y a eu <strong>le</strong> malheur que el<strong>le</strong> est morte en couches,<br />

autrement ils se seraient peut-être pris une location là-bas, ou tu vois ou ils auraient<br />

6


peut-être travaillé encore un mois <strong>de</strong> temps et puis ils seraient venus avec <strong>le</strong> poupon en<br />

ça et puis rester ici, en haut <strong>de</strong>ssus <strong>chez</strong> la maison <strong>de</strong>s parents, tu vois <br />

Mais est-ce que tu..<br />

Mais comme je, el<strong>le</strong> est décédée, ah-ah ! En ce moment-là ..<br />

Ça changeait !<br />

Tu pouvais pas ramener <strong>le</strong> corps ici avec un avion ou <strong>de</strong>s combines, tu comprends Il a<br />

fait <strong>le</strong> nécessaire, el<strong>le</strong> a été enterrée là-bas et puis c'est tout.<br />

Et pendant que <strong>le</strong>s hommes allaient dans <strong>le</strong> minerais, <strong>le</strong>s femmes aidaient à la<br />

cuisine, par exemp<strong>le</strong>, el<strong>le</strong>s préparaient...<br />

Ah ! Ça, je sais pas te dire si ils allaient donner un coup <strong>de</strong> main à la cantine, ça se peut,<br />

peut-être qu'ils allaient peut-être donner un coup <strong>de</strong> main à la cantine, tu vois <br />

Et <strong>le</strong>s gens, je pense qu'il y avait plusieurs nationalités, il <strong>de</strong>vait avoir <strong>de</strong>s Suisses,<br />

peut-être aussi <strong>de</strong>s Français qui allaient là-bas <br />

Ah ! Peut-être bien, peut-être bien !<br />

Ils restaient plutôt entre eux, ton Papa t'a dit <br />

Ah ! Donc, à nous, tu vois y en avait <strong>de</strong>ux trois <strong>de</strong> Dorénaz, <strong>de</strong>ux trois d'ici, ils se<br />

mettaient plus ou moins ensemb<strong>le</strong> tu vois, ils <strong>de</strong>mandaient pour être ensemb<strong>le</strong> ! Ça c'est<br />

clair ! Tu vois, ils allaient pas se mélanger avec n'importe qui, avec <strong>de</strong>s copains comme<br />

Dorénaz c'étaient <strong>de</strong>s famil<strong>le</strong>s qui se connaissaient, <strong>le</strong>s Décail<strong>le</strong>t, <strong>le</strong>s Ba<strong>le</strong>t, Théophi<strong>le</strong> et<br />

compagnie, tu comprends Alors là, je pense qu'ils étaient tout à fait un peu ensemb<strong>le</strong>,<br />

tu vois <br />

Et point <strong>de</strong> vue du climat, du temps qui faisait là-bas, est-ce qu'ils t'ont dit<br />

comment c'était <br />

Oh ! Le climat, alors tu vois, ça je pourrais pas t'affirmer sûr, mais en tous <strong>le</strong>s cas c'était<br />

une différence d'heure, je crois qu'il y avait déjà un décalage...<br />

Un décalage horaire.<br />

Un petit peu <strong>de</strong> décalage horaire, <strong>le</strong> reste alors, question so<strong>le</strong>il, question <strong>de</strong>, tu vois, je<br />

pourrais pas te dire, mais je pense que Papa m'a eu dit qu'il y avait un petit décalage<br />

d'horaire, je crois, pas sûr alors là-<strong>de</strong>ssus tu vois <br />

Et, est-ce qu'il t'a dit si <strong>le</strong> travail était pénib<strong>le</strong> dans ces mines <br />

C'est-à-dire que tu vois, c'était pas pénib<strong>le</strong>, pénib<strong>le</strong> dans un sens si tu veux, mais c'était<br />

pas tel<strong>le</strong>ment connu <strong>de</strong> mettre <strong>de</strong>s, <strong>de</strong>s masques, du fourbi, y avait un peu la poussière<br />

hein <br />

7


Ah ! Donc ils <strong>de</strong>vaient mettre <strong>de</strong>s masques <br />

Un peu <strong>de</strong>s masques et puis c'étaient <strong>de</strong>s petites choses, en tous <strong>le</strong>s cas <strong>de</strong>vant la bouche<br />

et <strong>le</strong> nez un peu protégés, et puis <strong>le</strong>s yeux, un peu, un genre <strong>de</strong> petite visagère, combine,<br />

tu vois <strong>le</strong>s poussières <strong>de</strong>s, <strong>de</strong>s, <strong>de</strong>s mines, tu vois dans ces, dans ces machins <strong>de</strong>, comme<br />

ça, comme si tu vas dans une ardoisière ou comme en bas à Collonges où c'est qu'ils<br />

font <strong>le</strong> gravier, cette poussière, d'ail<strong>le</strong>urs en bas à Collonges, ils laissent plus miner, ils<br />

font ce, y a qu'à voir en haut, d'en haut, au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> Miévil<strong>le</strong>, ils laissent plus non plus!<br />

Ça fait trop <strong>de</strong> poussière !<br />

Ah ! La poussière et puis quand même ces coups <strong>de</strong> mines, c'est, c'est, près d'un village<br />

c'est pas, ils laissent plus. A Collonges ils finissent <strong>de</strong> faire ce qu'ils ont, ils ont miné<br />

pour finir, pour arranger joli la forêt en bas, comme ça, parce qu'ils veu<strong>le</strong>nt faire <strong>de</strong>s<br />

plantations et puis ils laissent plus.<br />

Et alors, tu sais si ton Papa <strong>de</strong>vait travail<strong>le</strong>r <strong>de</strong>s heures assez longues dans la mine,<br />

ou bien il pouvait ressortir assez régulièrement <br />

Ah ! Eux, ils voyageaient avec <strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s wagons.<br />

Ah C'était pas eux qui allaient creuser au fond <strong>de</strong> la mine <br />

Non, non, non. Eux ils étaient aux wagons, à la voie, ils, ils, ceux qui étaient en mine,<br />

mais ils avaient quand même toujours <strong>de</strong> la poussière, tu vois C'était à l'entreprise là,<br />

tu vois c'était quand même, y avait quand même <strong>de</strong> la poussière et tout ça, c'était encore<br />

peut-être pas l'installation qu'ils ont maintenant dans ces, dans ces machins d'entreprise<br />

et tout un fourbi, tu vois, c'était quand même <strong>le</strong> vieux temps comme on peut dire un peu<br />

tu vois <br />

Et puis il y avait un jour <strong>de</strong> congé par semaine <br />

Ah ! Ça je saurais pas même, tu vois Si ils avaient <strong>de</strong>s congés Oh ! Ça se peut qu'il y<br />

avait peut-être un jour, c'est dommage qu'il y ait pas encore eu Martin là, lui il avait déjà<br />

cinq ans, il s'en souvenait mieux que moi <strong>de</strong>s combines, moi c'est <strong>de</strong>s combines,<br />

discuter comme ça un peu, on en a parlé un peu quand ils m'ont adopté, tu vois parce<br />

que jusqu'à l'âge <strong>de</strong> six ans, ils ont pas pu m'adopter, ils ont pas pu faire <strong>le</strong>s papiers<br />

d'adoption, tu vois si tu adoptes un enfant, si t'en as rien, si t'as <strong>de</strong>s tiens, je crois qu'il y<br />

a <strong>de</strong>s lois autrement encore pour adopter un enfant, mais si t'as pas d'enfant que c'est pas<br />

<strong>le</strong> tien, jusqu'à six ans, tu peux pas l'adopter. Enfin du temps qu'ils ont dû faire mon<br />

adoption, maintenant je sais pas y a tel<strong>le</strong>ment <strong>de</strong> lois qui changent Tu comprends <br />

Et alors c'est quand..<br />

Alors quand ils m'ont fait l'adoption, que j'ai eu six ans, ils ont été <strong>chez</strong> l'avocat Crittin à<br />

Martigny. Alors on a discuté tu comprends <br />

Et c'est là qu'ils t'ont raconté <br />

8


Ils m'ont déjà causé un petit peu avant, mais moi j'ai dit : "De maman, j'ai que toi puis<br />

c'est tout !" Y a beau <strong>de</strong> me dire que c'est comme ça et comme ça, j'ai dit, mais moi je<br />

t'ai toujours dit "Maman rien qu'à toi, j'ai pas connu d'autre" et puis c'est fini, puis on a,<br />

ils ont signé <strong>le</strong>s machins d'adoption et puis, et puis voilà, tu comprends Maintenant je<br />

sais pas comment ça va avec <strong>le</strong>s, j'ai entendu dire à quelqu'un qu'il avait <strong>de</strong> la famil<strong>le</strong> et<br />

puis qu'ils adoptaient un noir, ou bien tu prends quand même un, tu vois comme en bas<br />

par <strong>chez</strong> Octave Jacquier, là Alain, il a pris un ou <strong>de</strong>ux noirs, je crois, un garçon et une<br />

fil<strong>le</strong>, mais lui il en avait <strong>de</strong>ux à lui. Je sais pas comment ça va maintenant ces combines,<br />

tu comprends <br />

Les lois ont changé.<br />

Les lois el<strong>le</strong>s ont tel<strong>le</strong>ment changé. Tu vois assez comme c'est <strong>le</strong>s lois ! Dans <strong>le</strong> temps y<br />

avait pas. Tu passes tout au nom <strong>de</strong> la femme, t'as l'Office <strong>de</strong>s poursuites y peut rien<br />

venir te prendre ! Je sais pas, y a quand même <strong>de</strong>s choses, tu passes à la femme, y<br />

peuvent rien venir te prendre !<br />

Oui, <strong>le</strong>s lois ont changé c'est vrai ! Et puis alors aux Etats-Unis, ton papa, du<br />

moment que ta maman était décédée, a décidé <strong>de</strong> revenir, est-ce qu'il t'a expliqué<br />

un peu comment il avait pu faire pour, avec un petit bébé comme ça pour un si<br />

long voyage Est-ce qu'il est arrivé <strong>de</strong>s petites...<br />

Il a pas dû me laisser là-bas, il m'a pris, mais comme je te dis une vingtaine <strong>de</strong> jours<br />

pour traverser l'Océan, il avait une valise, il avait <strong>le</strong>s draps <strong>de</strong>dans, il me nettoyait<br />

chaque fois, si on faisait nos besoins sans <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r ou bien <strong>de</strong>s combines, il nous<br />

nettoyait et puis tous, tous <strong>le</strong>s passagers lançaient ça dans l'Océan et débrouil<strong>le</strong>-toi ! Tu<br />

comprends <br />

Et puis il te donnait du lait <br />

Ah ! Oui, bien sûr, il avait, ils avaient pris la nourriture.<br />

Avec un biberon <br />

Je crois qu'il était avec un <strong>de</strong> Dorénaz quand il a fait la traversée aussi, lui il était <strong>de</strong><br />

plus âgé alors...<br />

Donc il est pas rentré vraiment tout seul, y avait quelqu'un <br />

Non, non, non. Oh ! Et puis y avait toujours un peu <strong>de</strong> passagers, pas beaucoup<br />

mais...Oh ! D’ail<strong>le</strong>urs c'était pas <strong>de</strong>s bateaux à 300 places comme ils ont maintenant.<br />

T'as vu <strong>le</strong> <strong>de</strong>rnier qu'il a coulé là, combien 300 ils étaient <strong>de</strong>ssus. Non, non, c'étaient<br />

<strong>de</strong>s bateaux, je te dis, peut-être à combien, peut-être cinquante place, une affaire comme<br />

ça, tu vois c'étaient <strong>de</strong>s, <strong>de</strong>s petits bateaux.<br />

Et tu sais comment ils meublaient <strong>le</strong> temps, parce que 21 jours sur l'Océan c'est<br />

assez long ! Ils jouaient aux cartes ou qu'est-ce qu'ils faisaient <br />

9


Ouf !<br />

Ils discutaient.<br />

Ils bouquinaient, ils se disaient <strong>de</strong>s, va savoir ! Et puis alors il stationnait <strong>le</strong> bateau, je<br />

crois, pour dormir.<br />

Ah ! La nuit il avançait plus <br />

La, la, donc pas stationner directement, mais tu vois, en petite vitesse à <strong>de</strong>s coins où ils<br />

savaient que l'Océan c'était tranquil<strong>le</strong>, paisib<strong>le</strong>, pas <strong>de</strong>, plutôt pas <strong>de</strong> courant, d'après ce<br />

qu'il m'a expliqué <strong>le</strong> papa, et puis ils s'apercevaient que <strong>le</strong> bateau allait, mon Dieu ! Il<br />

remuait mais tu vois <br />

Donc ils pouvaient assez bien dormir <br />

Ah ! Oui ! Il a dit pour ça c'est comme, c'est comme ...peut-être <strong>le</strong>s premières<br />

Il n’a pas eu <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s tempêtes <br />

Et puis ça dépend comme nous, ceux qui z'avaient <strong>de</strong>s petits enfants, comme on restait<br />

tranquil<strong>le</strong>s aussi, tu vois <br />

Il t'a pas dit qu'il avait <strong>le</strong> mal <strong>de</strong> mer <br />

Ah ! Non ! Pas ça, non ! Mais il faut dire que, tu vois, ces tempêtes <strong>de</strong> fourbi, ça, ça,<br />

c'est pas comme maintenant ! C'était quand même plus tranquil<strong>le</strong>, plus, y avait pas ces,<br />

ces machins <strong>de</strong>, <strong>de</strong>, d'acci<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> bateaux comme y a maintenant du, du fourbi, tu vois<br />

<br />

Y avait déjà eu quand même celui du Titanic <br />

Ah ! Non ! C'est arrivé après je crois, <strong>le</strong> Titanic c'est après, c'est après. Oh ! Oui ! Le<br />

Titanic c'est pas en 23-24, par là <br />

Je sais pas. Donc <strong>le</strong>s gens n'avaient pas tel<strong>le</strong>ment peur <strong>de</strong> prendre <strong>le</strong> bateau <br />

Ah ! Non, non. C'était déjà arrivé <strong>le</strong> machin du Titanic, déjà, après, après ou avant mais<br />

pas pendant, non, non, mais pas<br />

Pas à cette pério<strong>de</strong> <br />

Non, non, mais avant, qu'est-ce que je dis ! Non, non, c'était après je crois. Ça je<br />

pourrais pas t'affirmer, ça, hein ! Mais je crois pas c'était arrivé.<br />

Et alors quand tu es revenu à Vernayaz, tu avais quel âge <br />

Mais quand, je te dis, dans <strong>le</strong>s 16-18 mois, j'avais pas <strong>de</strong>ux ans.<br />

10


Ah ! Oui ! Donc tu as appris à par<strong>le</strong>r tout <strong>de</strong> suite à Vernayaz <br />

Ah ! Oui ! J'ai commencé à causer ici et puis voilà !<br />

Et <strong>le</strong>s gens t'ont surnommé "Frankie" parce que<br />

Ah ! Non ! Pas là ! Non ! Depuis la pétanque qu'on m'a dit "Frankie" !<br />

Ah !<br />

Parce qu'on mettait à tous, par exemp<strong>le</strong>, un qui s'appelait Jacky, on a mis "Jack", à moi<br />

"Frankie", à cause <strong>de</strong> François, puis y en avait un autre <strong>de</strong> là-bas, à Martigny qui est<br />

venu <strong>de</strong>rnièrement, il a remplacé, parce que quand il y a un décès ou quelque chose, il<br />

remplace, tu vois Alors y s'appelait François, alors à lui, ils lui ont mis "Fanfoué", tu<br />

vois <br />

Ah-ah ! Ça a rien à voir avec l'Amérique <br />

Non, non, ce petit nom, sobriquet un petit peu, non c'est pas venu <strong>de</strong> là, ça c'est venu <strong>de</strong><br />

la pétanque "Frankie" tu vois Un y s'appel<strong>le</strong> Paul, alors ils ont mis "Paolo" tu vois <br />

Un peu fantaisie comme on peut dire, tu vois Autrement, du reste y a pas, non, non !<br />

Penses-tu ! Non, non !<br />

Alors ça veut dire que tu es arrivé à Vernayaz c'était 1919-1920 <br />

Oui, par là autour, par là autour !<br />

Alors c'était <strong>le</strong> début que <strong>le</strong> village était séparé <strong>de</strong> celui <strong>de</strong> Salvan <br />

Oui, ils se sont séparés en <strong>12</strong>.<br />

Et tu sais pourquoi ils se sont séparés <br />

Ah ! Ça je pourrais pas te dire juste, je sais que c'est en 19<strong>12</strong>. Il ne t’a pas dit T'as pas<br />

<strong>de</strong>mandé à...<br />

Oui, oui, j'ai <strong>de</strong>mandé, mais chacun a un petit peu sa version, alors je voulais<br />

savoir si toi tu savais ce qui c'était passé <br />

Mais c'est en <strong>12</strong>. El<strong>le</strong> t'a dit <br />

Oui, el<strong>le</strong> m'a dit que c'était en <strong>12</strong>.<br />

La, la maman à Gay-Balmaz <br />

Oui, oui.<br />

Oui, oui, c'est en <strong>12</strong>, mais alors je pourrais pas te dire comment, plutôt c'est arrivé, je<br />

pense j'ai entendu discuter Papa puis l'Onc<strong>le</strong> Pierre. Question bourgeoisie ! Tu vois, <strong>le</strong>s<br />

11


ourgeois, <strong>le</strong>s, la bourgeoisie, <strong>le</strong>s bourgeois, ils ont dit : "Je sais pas pourquoi on ferait<br />

pas une commune séparée, vu que nous on est en haut et puis eux en bas en plaine", tu<br />

vois <br />

Parce que <strong>le</strong>s bourgeois <strong>de</strong> Salvan et <strong>de</strong> Vernayaz <strong>de</strong>vaient se partager un peu <strong>le</strong>s<br />

forêts <br />

Tu vois que maintenant, même à l'heure actuel<strong>le</strong> <strong>de</strong>s, <strong>de</strong>s, une fil<strong>le</strong> <strong>de</strong> Salvan qui marie,<br />

y a <strong>le</strong> ...<br />

L'annonce, la publication.<br />

L'annonce, tu vois si c'est encore <strong>de</strong>s famil<strong>le</strong>s bourgeoises, tout ça ! D'ail<strong>le</strong>urs, y a<br />

beaucoup, moi, du côté <strong>de</strong>s Décail<strong>le</strong>t, moi, oh ! c'est un peu éloigné, je suis peut-être<br />

cousin troisième, <strong>de</strong>uxième, tu vois Troisième. Tu vois <br />

Mais tu as toujours <strong>de</strong> la parenté à Salvan <br />

Un petit peu, oui ! Du côté <strong>de</strong> l'ancien gar<strong>de</strong> là, comment y s'appelait déjà Ah ! Je sais<br />

pas <strong>le</strong> nom maintenant !<br />

Un Décail<strong>le</strong>t aussi <br />

Oui. Et puis alors soi-disant avec, du côté <strong>de</strong>s Décail<strong>le</strong>t, l'ancien prési<strong>de</strong>nt qui est sorti.<br />

La Décail<strong>le</strong>t qui a marié Fuset Roger, mais on est peut-être, si tu veux chercher en<br />

troisième, quatrième, tu vois Un peu éloigné, mais si tu veux, tu vois, chercher dans<br />

<strong>le</strong>s, vraiment dans <strong>le</strong>s machins <strong>de</strong> bourgeoisie, ça tu comprends que ceux, ceux qui<br />

s'occupent dans <strong>le</strong>s communes <strong>de</strong> ça, il faut savoir si ils ont,<br />

Les dossiers.<br />

S’ils ont <strong>le</strong>s noms, <strong>le</strong>s têtes <strong>de</strong> toutes <strong>le</strong>s, <strong>de</strong>s grands-papas, <strong>de</strong>s grands-, <strong>de</strong>s arrières<br />

grands-mamans, et <strong>de</strong> tout un fourbi tu comprends <br />

Oui !<br />

Alors c'est peut-être au bout <strong>de</strong> trois, quatre générations que tu as encore un peu <strong>de</strong><br />

parents, mais très éloignés tu vois ! Alors question <strong>de</strong>, par exemp<strong>le</strong>, d'héritage, je crois<br />

que au bout du troisième, t'hérites plus, y a beau que tu dis : "On est cousins un peu",<br />

mais comme moi, vous héritez <strong>de</strong> moi, parce que vous êtes encore en <strong>de</strong>uxième et puis<br />

que moi, je suis pas marié, j'ai personne d'autre, tu comprends <br />

Oui. Alors pour revenir à Salan, <strong>le</strong>s bourgeois <strong>de</strong> Salvan et <strong>de</strong> Vernayaz qu'est-ce<br />

qu'ils, qu'est-ce qu'ils pouvaient se partager comme richesse Y avait <strong>de</strong>s forêts,<br />

est-ce qu'ils avaient <strong>de</strong>s territoires..<br />

Ah ! Ils ont limité <strong>le</strong>s forêts ! Tu vois, comme nous, la limite <strong>de</strong> Vernayaz c'est en là à la<br />

Taya, au fond, comme ça, tu vois <br />

<strong>12</strong>


Vers <strong>le</strong> Trient.<br />

Vers <strong>le</strong> Trient et puis en haut ici à la, où tu montes aux anciens contours <strong>de</strong> Salvan, vers<br />

l'usine, où y a <strong>le</strong>s châtaignes.<br />

Sur la route du Mont.<br />

Où y a <strong>le</strong>s châtaignes. Y a un ou <strong>de</strong>ux contours, j'ai assez nettoyé quand on était à la<br />

commune. Vernayaz va jusque là et puis <strong>de</strong>puis là c'est Salvan, en haut, <strong>le</strong>s entretiens du<br />

chemin, <strong>de</strong> la forêt, <strong>de</strong> tout, tu vois <br />

Et puis alors Vernayaz en 1920, <strong>le</strong>s gens vivaient surtout <strong>de</strong> quoi Ils allaient<br />

travail<strong>le</strong>r vers ces mines <strong>de</strong> charbon <br />

Ah ! La question en ce temps-là, dans ma jeunesse, c'était, tout <strong>le</strong> mon<strong>de</strong> avait du bétail,<br />

gardait <strong>de</strong>s cochons, y avait la boucherie, partout y avait <strong>de</strong>s pou<strong>le</strong>s, <strong>de</strong>s lapins, <strong>de</strong>s<br />

chèvres, tu vois c'était, et puis ceux qui allaient travail<strong>le</strong>r et ils allaient travail<strong>le</strong>r ! Ils<br />

avaient, mais question nourriture tu sais, la boulangerie c'était la boulangerie, t'avais pas<br />

<strong>de</strong>s, t'avais pas <strong>de</strong>s saucissons, du lard et <strong>de</strong> tout un fourbi, <strong>de</strong>s machins comme y a<br />

maintenant. Les bouchers y se plaignent, pourquoi Va à la Coopé, va au machin d'en<br />

haut, y a saucissons, y a saucisses, y a <strong>de</strong>s, maintenant y a <strong>de</strong>s rôtis dans <strong>le</strong>s machins,<br />

c'est vrai à la Coopé, partout !<br />

Mais alors tu dis, <strong>le</strong>s gens allaient travail<strong>le</strong>r, ils travaillaient où dans <strong>le</strong>s années 20<br />

<br />

C'est-à-dire que tu vois, moi j'avais à peine trois ans..<br />

Mais par exemp<strong>le</strong> ton papa <br />

Donc, il est venu travail<strong>le</strong>r ici, ils ont été travail<strong>le</strong>r à la fabrique <strong>de</strong>, <strong>de</strong> carbure en bas là,<br />

je te dis à la Lonza.<br />

Là, donc <strong>le</strong> charbon arrivait toujours <strong>de</strong>…<br />

Oui, <strong>le</strong> charbon arrivait là, <strong>de</strong>puis <strong>le</strong>s mines d'en haut à l'est là.<br />

Ils <strong>de</strong>scendaient ce charbon jusqu'à Dorénaz puis ils <strong>le</strong> transportaient à Vernayaz<br />

<br />

Et puis où y a la Mo<strong>de</strong>rna maintenant. Y avait là, aussi la, <strong>le</strong>s dépôts, <strong>le</strong> fourbi.<br />

Et alors beaucoup <strong>de</strong> gens <strong>de</strong> Vernayaz pouvaient travail<strong>le</strong>r là <br />

Mais seu<strong>le</strong>ment la Mo<strong>de</strong>rna c'était pas comme maintenant qu'ils ont construit et tout !<br />

Tu vois <br />

Mais la Mo<strong>de</strong>rna ne fabriquait pas encore <strong>de</strong>s petits paniers ou bien <br />

13


Ah ! Non, non. C'était, ils ont tout refait après <strong>le</strong>s maisons à côté. Du temps qu'il y avait<br />

<strong>le</strong> papa qui travaillait, y avait juste où y a la gran<strong>de</strong> cheminée <strong>de</strong>rrière, l'hangar où c'est<br />

qu'on mettait..<br />

...que <strong>Monsieur</strong> Bochatay a fait la fabrique <strong>de</strong>s paniers.<br />

Donc ce doit être 32-33. Moi j'ai commencé en 33.<br />

Alors tu as été un <strong>de</strong>s premiers à travail<strong>le</strong>r à la Mo<strong>de</strong>rna <br />

Oui, mais ça doit être commencé en 32 je crois !<br />

Et ça c'était, donc l'entreprise la Mo<strong>de</strong>rna était une entreprise un peu nouvel<strong>le</strong> en<br />

Valais Cette fabrique <strong>de</strong> paniers !<br />

Ah ! Oui, c'était la toute première nouvel<strong>le</strong> en paniers, c'était, y avait pas, c'était la seu<strong>le</strong>.<br />

Et c'est ce <strong>Monsieur</strong> Bochatay qui a eu l'idée <strong>de</strong> mettre en route ça <br />

Oui. Lui il est venu <strong>de</strong>puis, il travaillait à la scierie Coquoz, en bas là à Evionnaz, puis il<br />

a mis en route ça. Avec..<br />

Tu sais un peu comment ça c'est passé, cette mise en route <strong>de</strong> cette première<br />

industrie <br />

Ils se sont associés, je crois, avec <strong>le</strong> César Fournier <strong>de</strong> la gare, celui qui tenait <strong>le</strong> buffet<br />

<strong>de</strong> la gare à Vernayaz, où je vais manger maintenant ! Puis ils ont monté ça. En ce<br />

moment-là ils faisaient paniers à fraises, paniers à asperges, paniers à cerises, à tout !<br />

Les paniers <strong>de</strong> 5, 10 kilos, <strong>le</strong>s paniers à asperges avec <strong>le</strong>s couverts et tout, paniers à<br />

fraises, 2 kilos 1/2, <strong>le</strong>s cadres.<br />

Et puis alors toi, tu as été travail<strong>le</strong>r là <br />

Ah ! Oui, moi j'ai travaillé là.<br />

Y avait beaucoup <strong>de</strong> gens <strong>de</strong> Vernayaz qui pouvaient travail<strong>le</strong>r là <br />

Ah ! Y avait pas un étranger, c'était tout <strong>de</strong>s gens : Saxon, Evionnaz, La Balmaz,<br />

Dorénaz, Vernayaz.<br />

Tu sais à peu près combien y avait d'employés <br />

Donc <strong>le</strong>s premières années un peu moins, mais il a été jusqu'à une centaine d'ouvriers,<br />

<strong>le</strong>s bonnes années, oui, oui.<br />

Et vous livriez ces paniers dans tout <strong>le</strong> Valais <br />

14


Ah ! Ils livraient dans <strong>le</strong>s grands marchands <strong>de</strong>, <strong>de</strong>, <strong>de</strong> fruits, qui distribuaient ces<br />

machins, à nous c'est la société qui prenait <strong>le</strong>s fruits, ils allaient chercher et puis toi<br />

t'avais besoin <strong>de</strong> 50 paniers, tu <strong>de</strong>mandais 50 paniers.<br />

Et toi, tu as fait une sorte d'apprentissage là, comment est-ce que tu as appris à<br />

faire ces paniers <br />

Oh ! C'est-à-dire que c'était plutôt <strong>de</strong>s, <strong>de</strong>s femmes qui montaient <strong>le</strong>s paniers, nous on<br />

<strong>le</strong>s attachait, on <strong>le</strong>s empilait en stock, on déroulait aux dérou<strong>le</strong>uses, on allait scier <strong>le</strong>s,<br />

<strong>le</strong>s gros, <strong>le</strong>s billons, <strong>le</strong>s faire passer au déroulage pour faire sortir <strong>le</strong> déroulé comme ça.<br />

Et ces troncs.<br />

Et puis après c'était coupé avec une trancheuse en listes <strong>de</strong> 5 centimètres.<br />

Et ces troncs d'arbres venaient d'où <br />

Et puis alors <strong>le</strong>s femmes, par exemp<strong>le</strong>, c'était plier. Alors ils pliaient comme ça, ils<br />

montaient <strong>le</strong> panier comme ça, ils tressaient..<br />

A toute vitesse !<br />

Ah ! Les femmes c'est <strong>de</strong>s, <strong>le</strong>s femmes qui montaient, qui faisaient <strong>le</strong> montage <strong>de</strong>s, <strong>de</strong>s<br />

paniers à fraises<br />

On aurait pas imaginé qu'un homme fasse ça <br />

C'est-à-dire ça c'était plutôt <strong>le</strong> travail <strong>de</strong>s femmes tu vois, nous c'était après <strong>le</strong>s billons<br />

<strong>de</strong>hors, scier <strong>de</strong> longueur, après <strong>le</strong>s mener <strong>de</strong>dans à la tronçonneuse et puis à la<br />

dérou<strong>le</strong>use, dérou<strong>le</strong>r et puis après il fait <strong>le</strong>s mener à la trancheuse, on faisait <strong>de</strong>s<br />

dérou<strong>le</strong>uses, et puis alors on mettait là, on faisait <strong>de</strong>s pi<strong>le</strong>s comme ça et puis après on<br />

menait à la trancheuse, la trancheuse y coupait, <strong>le</strong>s côtés, <strong>le</strong>s bords, et puis ça y avait <strong>de</strong>s<br />

rainures comme ça <strong>de</strong>dans, y passait <strong>de</strong>dans la, à la, là, alors ça, où y avait là, <strong>le</strong>s<br />

femmes y pliaient comme ça, <strong>de</strong> ce côté.<br />

Ils pliaient <strong>le</strong>s rebords du tronc <br />

Et puis alors y avait déjà, oui, <strong>le</strong>s bords, <strong>le</strong> fourbi.<br />

Et puis ils <strong>le</strong>s agrafaient ensuite <br />

Et puis après ils sont amenés à l'agrafeuse oui, y avait <strong>de</strong>s agrafeuses.<br />

Et puis <strong>le</strong> système justement <strong>de</strong> ces petits paniers, c'est <strong>Monsieur</strong> Bochatay qui<br />

avait mis, qui avait eu l'idée <br />

Oui, oui. Ça c'était reconnu, c'était, c'était comment est-ce qu'on dit <strong>de</strong>s fois pour ces<br />

combines <br />

15


Breveté <br />

Breveté, voilà, tu comprends, c'était breveté, y avait pas quelqu'un d'autre qui pouvait<br />

faire <strong>le</strong> même modè<strong>le</strong>, c'était breveté, oui, oui. Dans ce temps-là c'était <strong>le</strong>s cadres à<br />

fraises et pluis y avait quatre paniers <strong>de</strong>dans, comme ça, dans chaque cadre.<br />

Dans <strong>le</strong>s cageots !<br />

Dans <strong>le</strong>s cageots. Et puis alors nous, on <strong>le</strong>s mettait en paquets, on avait un fil <strong>de</strong> fer, on<br />

<strong>le</strong>s attachait, mettait, y avait cinq, on <strong>le</strong>s mettait en quatre, quatre, quatre, quatre, quatre,<br />

cinq fois quatre vingt, <strong>de</strong>s paquets <strong>de</strong> vingt.<br />

De vingt petits paniers <br />

Et puis on allait charger ça en là sur la place <strong>de</strong> la gare, dans <strong>le</strong>s, dans <strong>le</strong>s wagons, pour<br />

<strong>le</strong>s, pour <strong>le</strong>s marchands <strong>de</strong> fruits.<br />

Ah ! Ça partait en train <br />

Ah ! C'est sûr ! Y avait <strong>de</strong>s camions, mais tous <strong>le</strong>s marchands <strong>de</strong> fruits y venaient pas<br />

tant, tu comprends, y avait pourtant en ce temps-là cinq-six camions comme ils ont<br />

maintenant, tu comprends <br />

C'était plus pratique <strong>de</strong> faire avec <strong>le</strong> train alors <br />

Ah ! Oui, on mettait au train. Oh ! Y en avait qui venaient avec <strong>le</strong> camion, aussi <strong>de</strong>s fois<br />

hein ! Mais la gran<strong>de</strong> partie ça partait tout par <strong>le</strong> train, mais on <strong>de</strong>vait traverser <strong>le</strong>s voies,<br />

y mettaient <strong>le</strong>s wagons <strong>de</strong> l'autre côté, sur la place <strong>de</strong> la gare là, y a la voie, là, tu sais, en<br />

là !<br />

Et tu faisais <strong>de</strong>s journées <strong>de</strong> combien d'heures <br />

Oh ! En ce temps-là on a eu fait <strong>de</strong>s heures supplémentaires, ça il faut pas que je dise là,<br />

si tu, parce que, tu vois ce que je veux dire ...<br />

Oui, oui. Et puis c'était quand même bien payé <br />

On était contents d'al<strong>le</strong>r travail<strong>le</strong>r quoi ! Comme maintenant ils <strong>de</strong>vraient avoir <strong>le</strong> 25 %<br />

et tout, mais on avait pas quoi !<br />

Parce qu'alors si on prend dans <strong>le</strong> détail une <strong>de</strong> tes journées, avant d'al<strong>le</strong>r<br />

travail<strong>le</strong>r, tu te <strong>le</strong>vais vers quel<strong>le</strong> heure en 1933 <br />

Oh ! Assez, assez... Même après <strong>le</strong>s années 40, j'ai fait 18 ans moi et puis après j'ai dû<br />

quitter à cause <strong>de</strong> mes parents.<br />

Tu te <strong>le</strong>vais vers quel<strong>le</strong> heure <strong>le</strong> matin <br />

16


Oh ! Cinq heures, cinq heures et <strong>de</strong>mie, parce qu'il fallait al<strong>le</strong>r à l'écurie, ai<strong>de</strong>r au papa,<br />

vi<strong>de</strong>r <strong>le</strong> fumier, pourtant on était, on avait pas <strong>de</strong>s bataillons <strong>de</strong> vaches, pour<br />

commencer à sept heures !<br />

Et puis à sept heures tu arrivais à la Mo<strong>de</strong>rna, jusque vers midi <br />

Vers midi, et puis on recommençait à une heure, jusqu'à six heures.<br />

Tu avais juste <strong>le</strong> temps d'al<strong>le</strong>r dîner <strong>chez</strong> toi <br />

Ah ! Oui, oui.<br />

Jusque vers six heures <br />

Oui, c'est sûr, et oui il est passé ce temps-là !<br />

Et puis j'ai entendu dire aussi que tu étais un bon farceur au village, tu pourrais<br />

me reconter quelques farces, quelques bonnes farces que tu as eu fait avec tes<br />

copains quand t'avais, vers 15 ans <br />

Oh ! C'est-à-dire, tu vois, <strong>de</strong>s farces quand on est un peu enfantin quoi, mais c'était <strong>de</strong>s<br />

jolies farces quoi, tu vois <br />

Il me semb<strong>le</strong> que j'ai entendu par<strong>le</strong>r d'une farce avec un cerisier <br />

Oui, oui.<br />

C'était déjà quoi <br />

Ben on était à la marau<strong>de</strong> <strong>de</strong>s cerises en-là à La Mardière, on appelait La Mardière, tu<br />

vois, c'était un canal qui <strong>de</strong>scendait en bas <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rnières maisons qu'ils ont fait puis<br />

qu'ils foutaient dans <strong>le</strong> grand canal.<br />

Avant Miévil<strong>le</strong> <br />

Oui, mais, non, plus en haut, Maurice Darbellay et compagnie, tu sais <br />

Au fond <strong>de</strong> La Gran<strong>de</strong> Charrière <br />

Tu <strong>de</strong>scends encore un peu, où y a <strong>le</strong> tennis,<br />

Ah ! Oui.<br />

En bas ici, <strong>le</strong> tennis tu sais en bas ici à Vernayaz, là-bas, tu sais où il est <strong>le</strong> tennis <br />

Oui, oui, oui.<br />

Juste en là du tennis, y avait un canal, je crois qu'il existe toujours, ah ! Oui, il est là !<br />

La Mardière on appelait, puis y avait un grand cerisier à Uldry là. Alors dans <strong>le</strong> quartier<br />

17


<strong>de</strong> la gare y avait <strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s Pralong, mes col<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s Casioni, on était tout une tièrce là,<br />

Joseph Gay-Balmaz et compagnie. On s'est donné ren<strong>de</strong>z-vous, on a été en là, et puis<br />

avec <strong>le</strong> chef <strong>de</strong> gare là, <strong>le</strong> fils au chef <strong>de</strong> gare là, comment y s'appelait déjà Ah ! Ah !<br />

Il a été chef <strong>de</strong> gare à Martigny après, il a eu <strong>le</strong>s galons. En là ! En haut sur <strong>le</strong> cerisier au<br />

bout d'un moment, y me fait : "Dis donc Frankie moi j'ai besoin d'al<strong>le</strong>r poser <strong>le</strong>s<br />

culottes". Et puis alors, entre-temps il était arrivé en haut au marais, <strong>le</strong> gar<strong>de</strong>-champêtre.<br />

Il habitait Vernayaz ce monsieur <br />

Non, Miévil<strong>le</strong>. Il est arrivé en haut, il est allé se cacher dans un champ <strong>de</strong> froment qui<br />

avait là, y avait <strong>de</strong>s champs <strong>de</strong> froment tout ça, et puis c'était un gar<strong>de</strong> merveil<strong>le</strong>ux ça. Y<br />

me fait, y fait. Alors il est venu en haut, il nous a entendu causer, tu vois on était au<br />

moins sept ou huit en haut <strong>de</strong>ssus ce cerisier tu vois Il arrive <strong>de</strong>ssous, il croise <strong>le</strong>s bras<br />

sous <strong>le</strong> cerisier puis il dit : "Descen<strong>de</strong>z seu<strong>le</strong>ment mes gamins, vous verrez bien !" Et en<br />

effet, Machin il avait besoin <strong>de</strong> poser <strong>le</strong>s culottes, il a dit : "Ecoute, je vais en là sur la<br />

branche là, je baisse <strong>le</strong>s pantalons puis je lui chie <strong>de</strong>ssus quoi" comme on dit. Et puis<br />

mois je lui ai dit : "Ecoute, il te faut pas faire ça comme ça, il faut pas..." J'ai dit : "Parce<br />

que <strong>de</strong>main il vient en haut à l'éco<strong>le</strong>, tu vois on allait encore à l'éco<strong>le</strong>, justement avec<br />

Marcel Revaz, il avait dans <strong>le</strong>s <strong>12</strong>-13 ans, on était à la gran<strong>de</strong> éco<strong>le</strong>. Puis il me fait : "Je<br />

veux pas caquer au pantalon, je suis obligé pour al<strong>le</strong>r en bas <strong>de</strong> passer <strong>de</strong>vant, sauter en<br />

bas et puis... Oh ! J'ai dit : "Après tout !" Il a été en là sur la branche, il <strong>de</strong>scend <strong>le</strong>s<br />

pantalons puis il me fait, j'ai dit : "Un petit peu à gauche !" L'autre il a entendu, il a senti<br />

tomber quelque chose sur la tête, il a fait comme ça, tu vois <br />

Sur <strong>le</strong>s joues <br />

Il était tout emplâtré ! On s'était donné <strong>le</strong> mot, on était tous en bas, là au fond du, juste<br />

pour sauter en bas, y en avait, ils étaient en haut par <strong>le</strong> bout du cerisier. Et loin ! Par<strong>de</strong>ssus<br />

du temps qu'il s'est nettoyé et puis..<br />

Vous avez eu <strong>le</strong> temps <strong>de</strong> vous enfuir avant qu'il <br />

Oh ! Penses-tu ! J'avais pas mal aux genoux à ce moment-là, mon pauvre ami ! En là !<br />

Foutu <strong>le</strong> camp ! J'ai dit à mon copain à, "Ah ! Y me vient pas <strong>le</strong> nom maintenant !" Son<br />

papa il était chef <strong>de</strong> gare à Vernayaz; c'est qu'il en a passé <strong>de</strong> ces chefs <strong>de</strong> gare ! J'ai dit :<br />

"Tu verras <strong>de</strong>main !" Pas manqué ! Après la, après qu'on ait eu monté <strong>de</strong> la récréation :<br />

"Toc-toc-toc" à la porte, j'ai dit : "Va répondre !"<br />

Donc à la porte <strong>de</strong> l'éco<strong>le</strong> <br />

Oui, en haut, à la classe, à la porte <strong>de</strong>, où on était à l'éco<strong>le</strong>. J'ai dit : "Va répondre, c'est<br />

Maret, tu verras !" Y m'a dit : "Penses-tu, il a pas osé, il ose pas venir en haut !" Marcel<br />

Revaz, l'instituteur, il sort, puis il retourne rentrer, puis il dit : "Voilà, maintenant j'ai eu<br />

la visite du gar<strong>de</strong>-champêtre. Il m'a dit, y en avait cinq ou six, j'ai pas bien pu voir, à la<br />

marau<strong>de</strong> <strong>de</strong>s cerises, mais ils ont sauté en bas du cerisier, j'ai pas pu, mais j'ai vu que<br />

c'étaient <strong>de</strong>s écoliers <strong>de</strong> votre classe, parce qu'ils avaient <strong>12</strong>-13 ans, qui sont venus à la<br />

marau<strong>de</strong>, mais j'ai pas pu <strong>le</strong>s attraper. Ah ! Vergères ! Riri ! Rodolphe Vergères, un<br />

Vergères, Rodolphe, Riri, on lui disait Riri, y avait déjà à ce moment-là ! J'ai dit à Riri,<br />

parce que <strong>le</strong> régent y plaçait <strong>le</strong> premier, <strong>de</strong>uxième, troisième, quatrième, <strong>le</strong>s divisions !<br />

18


En fonction..<br />

Si tu étais au <strong>de</strong>rnier banc, tu étais dans <strong>le</strong>s <strong>de</strong>rniers <strong>de</strong> la division, moi j'étais toujours<br />

premier ou <strong>de</strong>uxième !<br />

Félicitations !<br />

D'ail<strong>le</strong>urs puisque je suis sorti avec 4 à l'examen, pas pour rien ! Et puis lui il était, il<br />

était quatrième, juste <strong>de</strong>rrière moi, premier, <strong>de</strong>uxième, troisième, quatrième, il était<br />

<strong>de</strong>rrière moi, je me suis tourné, j'ai dit : "Tu vois !" Il a dit : "Attends, je veux voir ce<br />

qu'il raconte !" Et puis bon, il a dit : "Si vous vous déclarez pas, je supprime la<br />

récréation pendant une semaine, à toute la classe !"<br />

Ah ! Sévère !<br />

Alors là ! Tu comprends que ceux du village en haut par là, ils ont dit, "Eh !" C'est-àdire<br />

c'était avant la récréation, avant la récréation. Vergères il a appelé ceux <strong>de</strong> en haut<br />

par <strong>le</strong> village, il a dit : "Vous en faites pas, oui, oui, c'est nous, ceux du quartier <strong>de</strong> la<br />

gare, il a dit : "Mais bron<strong>chez</strong> pas, laissez-moi voir monter". Il arrive en haut, après la<br />

récréation, Vergères :<br />

Lève la main !<br />

Marcel lui dit : "Alors " Il a dit : "Sujet <strong>de</strong>, du gar<strong>de</strong>-champêtre, c'est tout ce qu'il vous<br />

a dit, <strong>de</strong>s garçons <strong>de</strong> <strong>12</strong>-13- ans mais j'ai pas pu <strong>le</strong>s attraper !" Il a dit : "Oui" Il a dit :<br />

"Vous permettez que j'ail<strong>le</strong> au tab<strong>le</strong>au " Puis Marcel il a dit : "Oui". Mon petit Riri, il a<br />

été en haut, ça c'est <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au, pris la craie :<br />

Dessine un arbre !<br />

Dessine, <strong>de</strong>ssiné un cerisier, un peu, <strong>le</strong>s branches, <strong>le</strong>s points là : "Ici y a Riri, là y a<br />

Frankie, là y a Marcel, là y a Joseph, (oh ! on était sept ou huit,) là y a, comment y<br />

s'appelait déjà Mezot. La famil<strong>le</strong> Mezot. Puis alors, puis il a dit <strong>le</strong> régent, il a fait :<br />

"Puis alors Il a dit : "C'est pas fini !" Il a dit : "Alors, voilà, et puis ici !" Alors il a<br />

<strong>de</strong>ssiné un ..., il a dit : "Y a <strong>le</strong> gar<strong>de</strong>-champêtre juste <strong>de</strong>ssous la branche là, comme<br />

ceci, qui va en là, <strong>le</strong>s bras croisés, il nous attendait", il a dit : "Mais <strong>Monsieur</strong><br />

l'instituteur, je suis obligé <strong>de</strong> par<strong>le</strong>r un peu gras !" Il a dit : "Pourquoi " Il a dit : "Vous<br />

savez quand on a besoin <strong>de</strong> poser <strong>le</strong>s culottes, on est obligé d'al<strong>le</strong>r à, à, à quelque part.<br />

Alors là-bas y avait pas <strong>de</strong> WC comme on a ici à l'éco<strong>le</strong>", Ils ont commencé en haut, en<br />

haut ils ont commencé à rigo<strong>le</strong>r. "Chut, chut" l'instituteur."Bon et bien alors, j'ai dit à<br />

mon ami Frankie c'était <strong>le</strong> plus près, il a dit : Ma foi, moi je <strong>de</strong>scends pas, c'est là, je<br />

suis obligé, alors je lui ai dit, j'ai été sur la branche, alors comme <strong>le</strong> gar<strong>de</strong>-champêtre<br />

était droit <strong>de</strong>ssous, je me suis dit "Et si je me tirais un peu, je lui ferais ça sur la tête !"<br />

Marcel il a dit : "Cochonnier !" Il a dit : "C'est comme ça !" Il a dit : "Alors Frankie y<br />

m'a dit : "Un peu à gauche, oui un peu à gauche" Il a dit : j'ai baissé <strong>le</strong>s pantalons puis<br />

"Tchac", il a dit, il a senti tomber quelque chose sur la tête, il a fait comme ça, il a dit :<br />

on s'était donné <strong>le</strong> mot : Pfuitt ! Il a dit, c'est pour ça qu'il est venu vous trouver, mais y<br />

19


vous avait pas tout dit, hein Y vous avait pas tout dit ! Et puis Marcel il a fait :<br />

"Mais..." Il a dit : "Mais écoutez voir ! M'sieur ! Mais mon Dieu, mon Dieu !...<br />

Mais vous avez été punis après pour ça ou pas du tout <br />

Non, Marcel il a dit : "Mon Dieu, pour cette fois", il a dit, mais c'est <strong>le</strong>, hein Ça a<br />

passé comme ça, mais....<br />

Et puis <strong>le</strong> gar<strong>de</strong>-chasse il n'a pas essayé <strong>de</strong>, il a pas été voir <strong>le</strong>s parents par exemp<strong>le</strong><br />

<br />

Ah ! Non, non, non, il a pas été voir <strong>le</strong>s parents, non rien. Oh ! Mais hein cel<strong>le</strong>-là, on a<br />

fait <strong>de</strong>s rires à ce moment-là, mon Dieu ! Puis alors tu vois, <strong>de</strong>s fois on, on faisait, on<br />

attachait <strong>de</strong>s vieux porte-monnaie, on mettait sur la route, on, et puis on tirait, alors <strong>le</strong>s<br />

vieux <strong>de</strong>s fois ils venaient, ils voulaient ramasser, tu vois Des fois on mettait <strong>de</strong>s mots<br />

doux <strong>de</strong>dans, puis on laissait ouvrir : "Je t'aime bien, tu viendras à tel<strong>le</strong> heure"..., <strong>de</strong>s<br />

combines comme ça, <strong>de</strong>s combines, oh ! Mais <strong>le</strong> plus beau ça été là. Oh ! Puis <strong>de</strong>s<br />

petites combines, autrement ça c'est différent hein Mais, jouer un peu <strong>de</strong>s petites<br />

farces comme ça, mais...Le soir <strong>de</strong>s fois on allait mettre <strong>de</strong>s sonnettes à une vache, tu<br />

vois Qui, l'écurie l'était près un peu du bâtiment ou bien même, puis <strong>de</strong>s fois la vache<br />

pendant la nuit : "Meuh-meuh" tu comprends Quelqu'un y se <strong>le</strong>vait, alors ça<br />

sonnaillait, alors <strong>de</strong>s fois ça faisait <strong>le</strong>ver toute une baraque, ils entendait sonnail<strong>le</strong>r, mais<br />

ça il fallait pas se faire prendre ! Parce qu'autrement....<br />

Y <strong>de</strong>s fois où vous êtes fait attraper puis tu t'es fait punir par tes parents pour ces<br />

genres <strong>de</strong> petites plaisanteries <br />

Oh ! Dit qu'il fallait plus faire <strong>de</strong>s combines comme ça, tu vois Des fois on lançait <strong>de</strong>s<br />

tomates à <strong>de</strong>s femmes et puis <strong>de</strong>s fois on, ça, on...<br />

Salissait.<br />

On emplâtrait <strong>le</strong>s habits tout <strong>le</strong> fourbi, non c'est <strong>le</strong>,..Oui, oui, oui, oh ! là-là, penses-tu....<br />

Et puis...<br />

Autrement comme chose terrib<strong>le</strong>, autrement c'était pas, tu vois, on n’allait pas faire <strong>de</strong>s<br />

coups, par exemp<strong>le</strong> mettre <strong>le</strong> feu ou bien <strong>de</strong>s combines à la noix <strong>de</strong> coco hein <br />

C'était pour rigo<strong>le</strong>r toujours <br />

Oui, oui, pour rigo<strong>le</strong>r. Alors la combine <strong>de</strong>s cerises, il a fallu que vraiment, il avait<br />

besoin à ce moment-là tu comprends Autrement je sais pas comment ça serait arrivé,<br />

on aurait peut-être vite sauté en bas, y pouvait pas nous attraper quand même à ce<br />

moment-là, tu comprends <br />

Et puis vous avez eu aussi <strong>de</strong>s fois <strong>de</strong>s problèmes avec <strong>le</strong> gar<strong>de</strong>-chasse ou bien<br />

jamais <br />

20


Oh ! Avec <strong>le</strong> gar<strong>de</strong>-chasse, on a eu une fois une petite combine au Tabari, mais, ça pas<br />

été, non ça pas été..., c'est <strong>le</strong>...un copain qui voulait tendre un piège, il avait pris <strong>chez</strong> <strong>le</strong><br />

papa qui était chasseur, je crois, j'sais pas, il a voulu mettre un...ouais ! Ça c'est <strong>de</strong>s<br />

petites combines, c'est rien ça. Ah ! Mais la combine <strong>de</strong> la chasse, donc une fois<br />

Maurice Bochatay il avait attrapé <strong>le</strong>, ...ah ! J’sais pas qu'est-ce qu'il avait attrapé déjà !<br />

Ah ! Un serpent, je crois, une cou<strong>le</strong>uvre, puis l'a mis autour du cou, l'a porté en haut à, à<br />

la gare, à un Croquetier qui était chef <strong>de</strong> gare, l'a foutu dans <strong>le</strong> bureau. Ah ! Pauvre ami<br />

! Y avait <strong>le</strong>, l'autre, <strong>le</strong> subalterne, qui était avec Croquetier là, ils ont pu l'attraper, mais<br />

Croquetier l'a eu une peur, mon pauvre ami ! Mais là y s'est fait secouer <strong>le</strong> poil je crois<br />

Maurice. Ça alors, j'aurais pas osé faire hein ! De prendre un serpent et puis al<strong>le</strong>r <strong>le</strong><br />

foutre...déjà rien que pour <strong>le</strong> mettre autour du cou tu sais, y faut déjà avoir...<br />

Ah ! Faut oser prendre un serpent !<br />

Non, non. Non, non, autrement penses-tu, <strong>de</strong>s petites choses mais...<br />

A Carnaval, par exemp<strong>le</strong>, vous faisiez <strong>de</strong>s farces <br />

A Carnaval y en a qui ont eu fait je crois, <strong>de</strong>s petites choses, mais nous, nous on a<br />

jamais, c'est-à-dire que moi j'aimais pas me masquer hein !, déjà la première <strong>de</strong>s choses,<br />

masqué une ou <strong>de</strong>ux fois mais...Puis après en venant 17-18 ans, tu fumais, alors fallait<br />

chaque fois un peu se veil<strong>le</strong>r la visagère, ça allait, ça allait pas, tu vois Non, non ça<br />

n’allait pas ça...Non, non. Oui, puis alors après quand on a été <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s éco<strong>le</strong>s, il a<br />

fallu, c'était plus la question <strong>de</strong> jouer <strong>de</strong>s tours, y fallait al<strong>le</strong>r gagner sa vie, tu vois <br />

Et toi, tu as tout <strong>de</strong> suite commencé à la Mo<strong>de</strong>rna <br />

C'est-à-dire que moi, tu comprends, je voulais partir apprendre <strong>le</strong> métier <strong>de</strong> cuisinier<br />

avec Félix Landry, tu sais ils ont été brûlés avec la femme Ils avaient été dans <strong>le</strong> train,<br />

puis ils ont été brûlés, ils tenaient l'Hôtel <strong>de</strong> Gueuroz.<br />

Y a eu un acci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> train <br />

Oui, y a un train qui a brûlé, puis ils ont été pris là dans <strong>le</strong> train, ils ont été brûlés tous<br />

<strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux. Je <strong>de</strong>vais partir avec lui dans <strong>le</strong>s Grisons, puis quand j'ai dit à Papa que je<br />

voulais al<strong>le</strong>r apprendre <strong>le</strong> métier <strong>de</strong> cuisinier avec Félix, il m'a dit : "T'as rien à al<strong>le</strong>r<br />

apprendre un métier, ici c'est moi qui comman<strong>de</strong>, tu restes à la maison, c'est tout !" Oh !<br />

Mais j'aurais eu un frère ou une soeur, je l'écoutais pas, je lui désobéissais à ce momentlà,<br />

je partais, j'avais l'amour <strong>de</strong> la cuisine, tu vois, en étant fils unique je me suis...c'était<br />

mon <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> rester, tu vois Et puis après je me suis pas repenti quand j'ai dû <strong>le</strong><br />

soigner, j'ai dû quitter la Mo<strong>de</strong>rna, travail<strong>le</strong>r pour, y avait pas <strong>de</strong> maison pour <strong>le</strong>s vieux<br />

en 58, et puis fallait pas lui causer <strong>de</strong> quitter la maison !<br />

Alors tu as dû arrêter ton travail pour pouvoir soigner ton papa <br />

C'est sûr, porter dans <strong>le</strong>s bras et tout.<br />

Parce qu'il avait quoi comme maladie <br />

21


La Parkiston.<br />

Parkinson <br />

Y commençait <strong>de</strong>s fois, c'était <strong>de</strong> tacher <strong>le</strong>s pantalons, mais il aurait eu <strong>le</strong> temps <strong>de</strong> se<br />

tout faire parmi, puis y pouvait pas, y pouvait pas, non y pouvait pas se boutonner là,<br />

non vraiment pas, fallait tout couper, lui donner manger comme à un enfant, oui. Oh !<br />

Pendant <strong>de</strong>ux ans j'ai fait ça, d'ail<strong>le</strong>urs ils m'ont tout tiré <strong>le</strong> chapeau à la maison, hein !<br />

Et puis alors vous, tu avais d'où <strong>de</strong>s revenus pour pouvoir vivre si tu pouvais plus<br />

travail<strong>le</strong>r Des économies <br />

Ah ! J'ai gardé <strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux vaches un peu...Tu vois, parce qu'il pouvait plus lui.<br />

Et puis après tu n’as pas recommencé à travail<strong>le</strong>r à la Mo<strong>de</strong>rna <br />

Non, après j'ai été, parce qu'ils m'avaient, ils m'avaient, enfin ça je vous pas dire, <strong>de</strong>s<br />

fois si tu marques, parce ça va comment, tu relèves <br />

Je gar<strong>de</strong> comme ça oui.<br />

Ah ! Tu gar<strong>de</strong>s comme ça, parce que ça, alors moi, il a eu colère tu comprends C'était<br />

<strong>le</strong> grand boum ! Et puis après 18 ans !<br />

Ils perdaient un ouvrier ! Alors tu n’as pas repris là Tu as travaillé au village <br />

Non. Après j'étais à l'Inoxa.<br />

Ah-ah !<br />

La fabrique, tu sais là, à l'Inoxa, d'en haut <strong>de</strong> <strong>chez</strong> moi là, puis après j'ai fini à la<br />

commune. Un jour Pierrot y m'a dit : "Si tu veux venir, y te faut faire la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à la<br />

commune". C'était un Italien qui travaillait, puis il est parti, alors y m'a dit : "Si tu<br />

veux.." Alors j'ai dit oui, parce qu'à la, à la commune et on a jusqu'à 65 ans, quelqu'un<br />

qui fait comme il faut, et ben il est assuré jusqu'à 65 ans, <strong>le</strong>s communes, tu comprends <br />

Maintenant comme y faut ou, ou à la breloque, tu peux al<strong>le</strong>r travail<strong>le</strong>r n'importe où, ils<br />

te renvoient. Tu peux al<strong>le</strong>r travail<strong>le</strong>r n'importe où si t'as un client qui fait tout en travers<br />

ou qui veut pas travail<strong>le</strong>r, tu peux al<strong>le</strong>r où tu veux, ils te bottent <strong>le</strong> <strong>de</strong>rrière et puis c'est<br />

fini, tu comprends Alors j'ai fini à la commune, tu vois <br />

Et puis tu parlais avant du travail à l'Association <strong>de</strong>s fruits, ça tu as fait quand <br />

Ah ! Mais ça c'était rien que <strong>le</strong>, j'allais <strong>le</strong> soir.<br />

Ah ! C'était en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> tes heures, tu allais !<br />

Ah ! C'est sûr !<br />

Tu allais prendre <strong>le</strong>s fruits que <strong>le</strong>s gens avaient récoltés dans la journée <br />

22


Oui, puis alors après j'avais plus, plus faci<strong>le</strong>, tu vois, pour, tu vois, après j'avais, j'avais<br />

plus <strong>le</strong>s parents, j'étais tout seul, j'avais plus faci<strong>le</strong> à faire, tu vois <br />

Alors ça faisait <strong>de</strong>s longues journées quand même <br />

Oh ! Mais à ce moment-là, tu vois, on était jeune, ça allait! Mais comme je te dis, pour<br />

l'Association, oh ! D’ail<strong>le</strong>urs Joseph par<strong>le</strong>, fallait prendre cinq six fois <strong>le</strong> même cadre,<br />

manoeuvrer <strong>le</strong> même soir. Oh !<br />

C'était <strong>de</strong>s cadres <strong>de</strong> fraises <br />

Oh ! C'est sûr ! Oui.<br />

Les gens cultivaient <strong>de</strong>s fraises et puis quoi aussi <br />

L'asperge, l'asperge et puis y avait déjà <strong>de</strong>s, un peu <strong>de</strong>s fruits hein ! Mais beaucoup <strong>de</strong><br />

fraises hein ! Beaucoup <strong>le</strong>s fraisières! Alors on avait toutes <strong>le</strong>s fraises <strong>de</strong> la vallée en<br />

haut.<br />

Vallée du Trient <br />

Oh ! C'est sûr, <strong>le</strong> Trétien, Finhaut, Salvan.<br />

A Finhaut on pouvait aussi cultiver <strong>de</strong>s fraises <br />

Oh ! Il en <strong>de</strong>scendait mais pas beaucoup, plutôt en haut du côté <strong>de</strong> Finhaut c'était plutôt<br />

la framboise, <strong>le</strong>s airel<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s myrtil<strong>le</strong>s, tu vois Les airel<strong>le</strong>s c'est comme la myrtil<strong>le</strong><br />

mais c'est rouge, tu vois <br />

Et alors vous <strong>de</strong>scendiez ces fruits par <strong>le</strong> chemin, par <strong>le</strong> Martigny-Châtelard <br />

Par <strong>le</strong> Martigny-Châtelard en wagons, on allait décharger en haut à la gare, avec <strong>le</strong>s<br />

camionnettes, oui. Les fraises on était contents, parce qu'ici ça venait à la fin, encore tu<br />

vois une, <strong>de</strong>ux fois, puis en haut ça commençait.<br />

Alors ça faisait <strong>de</strong>s longs mois <strong>de</strong> fraises <br />

C'est sûr ! Ça jouait très bien, parce qu'en bas ici y en avait plus, et puis alors en haut du<br />

côté du Trétien, tout ça, Finhaut. Finhaut y avait moins <strong>de</strong> la fraises, y en avait un petit<br />

peu mais, je te dis, en haut ils faisaient beaucoup, y en avait même qui allaient aux<br />

champignons dans <strong>le</strong> temps Alors <strong>le</strong>s myrtil<strong>le</strong>s, suivant quel<strong>le</strong>s années, ils ramassaient<br />

bien <strong>de</strong>s myrtil<strong>le</strong>s, puis <strong>le</strong>s airel<strong>le</strong>s, oui.<br />

Et puis à Vernayaz c'était où la culture <strong>de</strong>s fraises <br />

Oh ! Partout ! Dans <strong>le</strong> Tabari, à côté du Rhône, partout, c'est qu'il y avait...aux<br />

Condémines, dans tout <strong>le</strong>, où c'est qu'ils ont construit, en là par-là, du côté du Prési<strong>de</strong>nt,<br />

où c'est qu'ils ont cons...Papa et Maman avaient <strong>de</strong>s fraises par-là en bas, partout !<br />

23


Et c'était parce que la terre était spécia<strong>le</strong>ment bonne pour cette culture qu'ils ont<br />

choisi <strong>le</strong>s fraises <br />

Ah ! C'est sûr ! La fraise, <strong>le</strong>s pommes <strong>de</strong> terre, beaucoup <strong>le</strong>s céréa<strong>le</strong>s aussi, dans <strong>le</strong><br />

temps, maintenant tu vois plus, presque plus un champ ni <strong>de</strong> pommes <strong>de</strong> terre, ni <strong>de</strong><br />

céréa<strong>le</strong>s, y a rien du tout ! Maintenant c'est plus que la gran<strong>de</strong> culture ! Oui, tu vois<br />

encore <strong>le</strong>s fraisières et tout, mais plus comme, comme c'est nous, tu vois ! Va seu<strong>le</strong>ment<br />

au bord du Rhône, t'as <strong>le</strong>s Carron, t'sais y font ça en gros.<br />

Et puis ces fraises à Vernayaz ça a commencé vers quel<strong>le</strong> année <br />

Oh ! Les fraises, ça a commencé vers <strong>le</strong>s, <strong>de</strong>puis <strong>le</strong>s années 30-35 par là autour, tu vois<br />

Ça a continué quelques années abondantes là.<br />

Et puis c'était une bonne source <strong>de</strong> revenus pour <strong>le</strong>s gens <br />

Ah ! C'est sûr à ce moment-là, ça faisait un joli, joli à-côté, c'est sûr.<br />

Tu te rappel<strong>le</strong>s combien coûtait un kilo <strong>de</strong> fraises <br />

Oh ! Les fraises à ce moment-là donc au producteur c'était dans <strong>le</strong>s cinquante soixante<br />

centimes, ça se revendait va savoir combien Peut-être un franc vingt-un franc<br />

cinquante, une affaire comme ça.<br />

Et ça exigeait beaucoup d'entretien <br />

Oh ! Pas pour dire ! Si tu tenais un peu propre, y fallait <strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s pail<strong>le</strong>r tu vois Les tenir<br />

un peu, puis ça y est, tu, tu...<br />

On pouvait <strong>le</strong>s ramasser directement <br />

Les fraisières y venaient, y venaient pour une durée <strong>de</strong> six ans, sept ans, y en avait qui<br />

faisaient. Des fois y avait souvent <strong>le</strong>squels si ils avaient pas assez <strong>de</strong> terrain, <strong>de</strong>s fois<br />

autrement, là y avait la raie <strong>de</strong> la fraise ceci, la vieil<strong>le</strong>, alors ils laissaient pousser <strong>le</strong>s<br />

côtés dans <strong>le</strong> chemin <strong>le</strong>s plantons neufs, puis quand <strong>le</strong>s plantons y avaient bien pris,<br />

bien ils faisaient la raie là, puis ils tournaient cel<strong>le</strong>-ci.<br />

Donc ils laissaient pousser dans <strong>le</strong> chemin, puis ils faisaient après un autre chemin<br />

sur <strong>le</strong>s vieux…<br />

Sur <strong>le</strong>s vieux, tu vois <br />

Ah-ah ! C'était économique !<br />

Oh ! Tu c'était pas toujours tout <strong>le</strong> mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s imbéci<strong>le</strong>s heureux <strong>le</strong>s vieux, non plus. Ils<br />

ont vécu avant nous<br />

Oui, Oui. Et tu te rappel<strong>le</strong>s qui a commencé ces fraises, ces cultures <strong>de</strong> fraises <br />

24


Oh ! Ça, ça a commencé <strong>de</strong>....<br />

Quel genre <strong>de</strong> famil<strong>le</strong> <br />

Oh ! Quel genre <strong>de</strong> famil<strong>le</strong>, tu comprends que, mon Dieu, <strong>le</strong>s premiers qui ont<br />

commencé, je ne pourrais pas te dire sûr. C'est en tous <strong>le</strong>s cas dans <strong>le</strong>s famil<strong>le</strong>s<br />

bourgeoises, Bochatay, Borgeat, Décail<strong>le</strong>t et ainsi <strong>de</strong> suite, <strong>le</strong>s famil<strong>le</strong>s bourgeoises.<br />

25

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