L A R E V U E D U T A P I S - König Tapis

E D I T O R I A L
Le tapis de nomades
Gabbeh Art: l'amour de la vie
La curiosité m’a incitée à partir pour les monts Zagros, au Sud de l’Iran,
non sans un certain scepticisme. Depuis que les Gabbeh s’accumulent
dans les grandes surfaces, n’ont-ils pas perdu de leur attrait avec ces
couleurs agressives et ces dessins qui se répètent De même que, par sa
monotonie, l’avalanche de nouvelles qui déferlent sur nous chaque jour
n’éveille plus notre intérêt. La résignation nous guette.
Mais quel bonheur de rencontrer des nomades dans l’immensité de leurs
montagnes arides. Sur le chemin qui les conduit à leurs pâturages d’été,
les nomades peuvent parcourir de 600 à 800 km. Les conditions sont
dures, la fonte des neiges détrempe le sol et gonfle les rivières et
les orages mettent hommes et bétail à rude épreuve. Une mauvaise
décision peut mettre en danger la tribu et les troupeaux. Pourtant la joie
de vivre et la spontanéité sont plus présentes que chez nous. Rarement
je ne me suis sentie plus en paix et détendue qu’au bord de ce ruisseau,
à boire le thé assise auprès du feu. Un lien nous unissait, moi, nomade
moderne, et ces vrais nomades.
Dans ces moments paisibles, j’ai repris confiance dans le monde actuel et
recommencé à apprécier les petites choses de la vie. Comme les nomades,
j’ai pris conscience qu’il n’y avait qu’une priorité, la survie.
J’ai réappris à affronter l’inconnu en me fiant à mon instinct et à mon
intuition, à distinguer l’authentique de l’article de consommation.
Je me réjouis qu’il existe encore malgré tout des tapis nomades Gabbeh
Art qui se distinguent clairement et visiblement de la production
de masse. Cela vaut la peine de les rechercher, car ils parlent à notre
fantaisie et stimulent nos rêves grâce à l’éclat de leurs mystérieuses
couleurs végétales, et par-dessus tout, ils sont uniques.
Quand je rentre fatiguée après une journée de travail, mon Gabbeh
me dit: «Ouvre la porte du jardin, regarde le ciel nocturne et respire
profondément, paisiblement!»
Cordialement
Anne Kaiser, commerçante en tapis d’Orient à Coire
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