Cinq questions sur les syndicats - Institut Coppet
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8 CINQ QUESTIONS SUR LES SYNDICATS<br />
plus un être sans défense; mais un homme ayant retrouvé sa pleine<br />
dignité.<br />
Ainsi exprimée, cette justification paraît aller de soi. Rares sont<br />
ceux qui songent à la contester, Nous paraissons tous convaincus que,<br />
sans la puissance des <strong>syndicats</strong>, bien des ouvriers en seraient encore<br />
aux salaires de misère de leurs grands parents. En modifiant la distribution<br />
des revenus, l'existence des <strong>syndicats</strong> aurait empêché que<br />
<strong>les</strong> «capitalistes» ne gardent pour eux tous <strong>les</strong> gains de la croissance.<br />
Tel est le dogme que notre langage véhicule quotidiennement en<br />
décrivant <strong>les</strong> <strong>syndicats</strong> comme «le moteur» du progrès sodai.<br />
Une étude attentive de sa structure interne révèle cependant que<br />
cet argument repose en réalité <strong>sur</strong> des bases conceptuel<strong>les</strong> fragi<strong>les</strong> et<br />
contestab<strong>les</strong>.<br />
Première affirmation: Le marché libre se traduirait par une sorte de<br />
« conspiration Il des employeurs pour maintenir <strong>les</strong> salaires d leurs<br />
niveaux <strong>les</strong> plus bas.<br />
Si c'était vrai, on ne voit pas très bien comment <strong>les</strong> salaires réels<br />
auraient progressé comme ils l'ont fait depuis la révolution industrielle.<br />
Les marxistes répondent que c'est prédsément parce qu'il y a des<br />
<strong>syndicats</strong> que <strong>les</strong> masses populaires ont arraché aux coalitions patrona<strong>les</strong><br />
<strong>les</strong> progrès de niveau de vie qui leur ont fait franchir le simple<br />
seuil de <strong>sur</strong>vie.<br />
Mais encore faudrait-il trouver <strong>les</strong> preuves effectives de<br />
l'existence de tels cartels. Or <strong>les</strong> historiens spédalistes de l'économie<br />
du XIxe siècle reconnaissent que jusqu'aux dernières années du siècle,<br />
lorsque l'intervention de l'État dans l'économie a commencé à se<br />
généraliser, <strong>les</strong> cartels étaient rarissimes. L'industriel de cette<br />
époque, conformément à l'image des manuels, était un individualiste<br />
forcené. Les seuls cas de cartellisation recensés s'expliquaient<br />
comme des réponses à des mouvements de grèves violentes. Et l'on a<br />
d'amp<strong>les</strong> preuves qu'à l'époque <strong>les</strong> premiers à se plaindre de<br />
l'insuffISante cartellisation de leurs employeurs étaient <strong>les</strong> <strong>syndicats</strong><br />
ouvriers eux-mêmes (désireux de se défendre contre la concurrence<br />
des ouvriers non syndiqués et de tous ceux qui étaient prêts à accepter