Fiche 4 Comment le patriarcat et le capitalisme renforcent-ils ... - cadtm
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- Dans nos sociétés, la famil<strong>le</strong> joue un rô<strong>le</strong> fondamental dans la<br />
reproduction des divisions (<strong>et</strong> de la hiérarchie) à la fois entre <strong>le</strong>s<br />
différentes classes socia<strong>le</strong>s <strong>et</strong> entre <strong>le</strong>s genres auxquels sont assignées<br />
des fonctions économiques <strong>et</strong> socia<strong>le</strong>s différentes: au nom de <strong>le</strong>ur fonction<br />
"maternel<strong>le</strong>", <strong>le</strong>s femmes doivent assumer l'ensemb<strong>le</strong> des tâches liées à<br />
l'entr<strong>et</strong>ien <strong>et</strong> à la reproduction (socia<strong>le</strong> <strong>et</strong> symbolique) de la force de travail <strong>et</strong> de<br />
la famil<strong>le</strong>; <strong>le</strong>s hommes eux, sont toujours censés être <strong>le</strong>s pourvoyeurs<br />
économiques principaux. Ce qui perm<strong>et</strong>, au nom de la prétendue<br />
complémentarité des rô<strong>le</strong>s, dans <strong>le</strong> cadre de la ségrégation professionnel<strong>le</strong>, de<br />
maintenir des discriminations salaria<strong>le</strong>s au détriment des femmes.<br />
- La famil<strong>le</strong> joue en outre un rô<strong>le</strong> de "régulateur" du marché du travail.<br />
En période d'expansion économique, comme cela a été <strong>le</strong> cas pendant une<br />
trentaine d'années, jusqu'au milieu des années soixante-dix, <strong>le</strong>s femmes ont été<br />
massivement sollicitées comme main d’œuvre bon marché dans toute une série<br />
de branches industriel<strong>le</strong>s comme l'é<strong>le</strong>ctronique puis comme salariées dans <strong>le</strong><br />
tertiaire. Mais en phase de récession économique, comme cel<strong>le</strong> que l'on a connue<br />
dans <strong>le</strong>s trente dernières années, <strong>le</strong>s employeurs <strong>et</strong> l'Etat n'ont de cesse d'inciter<br />
<strong>le</strong>s femmes à se r<strong>et</strong>irer partiel<strong>le</strong>ment ou tota<strong>le</strong>ment du marché du travail, pour<br />
al<strong>le</strong>r se consacrer à "<strong>le</strong>ur" vocation maternel<strong>le</strong>. Avec la reprise économique<br />
(durab<strong>le</strong> ou éphémère), certains investissements sont envisagés à nouveau dans<br />
<strong>le</strong>s équipements col<strong>le</strong>ctifs, non pas prioritairement dans un souci d'égalité, mais<br />
avant tout pour "libérer" la force de travail féminine soumise à la f<strong>le</strong>xibilité des<br />
horaires.<br />
- Quel<strong>le</strong> que soit la période, <strong>le</strong> travail domestique des femmes perm<strong>et</strong> à<br />
l'Etat de faire des économies en matière d'équipements col<strong>le</strong>ctifs <strong>et</strong> au<br />
patronat de payer moins cher ses salarié-e-s. Si <strong>le</strong>s femmes n'étaient pas<br />
<strong>le</strong>s seu<strong>le</strong>s responsab<strong>le</strong>s de ce travail dans <strong>le</strong> cadre familial, il faudrait prévoir une<br />
baisse massive du temps de travail pour l'ensemb<strong>le</strong> de la population <strong>et</strong> <strong>le</strong><br />
développement significatif des équipements sociaux.<br />
- La fonction d'autorité de la famil<strong>le</strong> a été largement entamée par <strong>le</strong>s<br />
évolutions récentes du statut des femmes dans la société, au profit de sa<br />
fonction "affective". Néanmoins, <strong>le</strong>s débats récents sur la famil<strong>le</strong> <strong>et</strong> <strong>le</strong> PACS, sur<br />
la "crise" de l'autorité paternel<strong>le</strong>, ont démontré, s'il en était besoin, que <strong>le</strong>s<br />
défenseurs de l'ordre social capitaliste n'hésitent pas à recourir à la défense de<br />
l'ordre familial fondé sur la distinction <strong>et</strong> la hiérarchie des genres.<br />
- Enfin, <strong>et</strong> cela peut paraître contradictoire à première vue avec <strong>le</strong> point<br />
précédent, la famil<strong>le</strong> a un immense avantage: c'est une institution<br />
relativement soup<strong>le</strong> (ses formes se sont diversifiées considérab<strong>le</strong>ment<br />
en l'espace de trente ans) qui peut jouer un rô<strong>le</strong> de soupape non<br />
négligeab<strong>le</strong> face aux contraintes subies par <strong>le</strong>s salarié-e-s dans <strong>le</strong>ur vie<br />
professionnel<strong>le</strong>. La plus grande partie de la population ne peut ni choisir son<br />
travail, ni ses conditions de travail. En période de chômage, <strong>le</strong>s "choix" sont<br />
restreints au maximum. Mais en "choisissant" son ou sa conjoint-e, en<br />
"choisissant" d'avoir des enfants, de manger tel ou tel produit, d'ach<strong>et</strong>er tel<strong>le</strong><br />
marque de voiture plutôt qu'une autre, de partir en vacances pour tel<strong>le</strong> ou tel<strong>le</strong><br />
destination (pour ceux qui <strong>le</strong> peuvent), chaque individu-e peut avoir <strong>le</strong> sentiment<br />
de r<strong>et</strong>rouver sa liberté perdue hors des murs familiaux. Toute la publicité<br />
entr<strong>et</strong>ient c<strong>et</strong>te illusion. Ce sentiment de liberté est malgré tout limité par deux<br />
éléments fondamentaux: <strong>le</strong> niveau des ressources financières dont chacun-e<br />
dispose; <strong>le</strong> sexe (ou plutôt <strong>le</strong> genre) auquel on appartient <strong>et</strong> l'âge. En raison des<br />
tâches domestiques dont el<strong>le</strong>s sont "responsab<strong>le</strong>s" <strong>et</strong> des vio<strong>le</strong>nces conjuga<strong>le</strong>s<br />
qu'el<strong>le</strong>s sont encore trop nombreuses à subir, <strong>le</strong>s femmes connaissent bien <strong>le</strong>s<br />
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