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Avoir 20 ans à Verdun en 1964… - SITE Patrick ROBO - Free

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Mon grand-père paternel, décédé <strong>en</strong> 1949, était lui-même ouvrier agricole d<strong>ans</strong> cette même famille. La<br />

mémoire collective laisse <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre que ce grand-père aurait effectué son service p<strong>en</strong>dant cinq <strong>ans</strong> d<strong>ans</strong> la<br />

« Coloniale » du côté de l’Afrique, au Soudan ! Ce grand père ne savait ni lire ni écrire. Mon grand-père<br />

maternel, décédé <strong>en</strong> 1964, avait fait <strong>Verdun</strong> et était rev<strong>en</strong>u vivant avec l’obt<strong>en</strong>tion de la Médaille militaire et<br />

de la Croix de guerre<br />

Mon père, pour sa part, n’avait pas été prisonnier lors de la guerre de « 39-40 ». Il a terminé lui aussi la<br />

guerre avec l’obt<strong>en</strong>tion de la Médaille militaire et de la Croix de guerre. P<strong>en</strong>dant la drôle de guerre il avait<br />

t<strong>en</strong>u un carnet de campagne que j’ai contribué à publier (cf. bibliogaphie). Par contre il est décédé à l’âge de<br />

50 <strong>ans</strong>. D<strong>ans</strong> les délires qui ont précédé sa mort il revivait uniquem<strong>en</strong>t cette période de la guerre.<br />

Le contexte familial a donc pleinem<strong>en</strong>t joué lorsque je suis parti au Régim<strong>en</strong>t. Après tout pourquoi ne pas<br />

faire une carrière militaire ! De plus mon père était resté ami avec le lieut<strong>en</strong>ant qui, par son intellig<strong>en</strong>ce, avait<br />

limité la casse de ses hommes et réussi à ce qu’ils ne soi<strong>en</strong>t pas faits prisonniers p<strong>en</strong>dant la retraite de 1940.<br />

Ce lieut<strong>en</strong>ant, prêtre d<strong>ans</strong> le civil, est dev<strong>en</strong>u évêque, vicaire aux armées (aumônier général des armées)…<br />

Es-ce cela qui m’a conduit au 150 ème RIM à <strong>Verdun</strong> <br />

Vous l’avez compris les deux premiers mois de classe fur<strong>en</strong>t particulièrem<strong>en</strong>t sévères. Les exercices<br />

effectués sous la responsabilité de jeunes lieut<strong>en</strong>ants ambitieux et de sous-officiers souv<strong>en</strong>t frustres allai<strong>en</strong>t<br />

jusqu’à la réalisation de manœuvres déplaisantes pour ne pas dire plus (effectuer des pompes d<strong>ans</strong> la boue<br />

avec le fusil <strong>en</strong> main… vidage de paquetage, de lit, sous prétexte de le refaire… pour le seul plaisir des<br />

gradés…) Je retrouvais ces personnels d’<strong>en</strong>cadrem<strong>en</strong>t lors des messes disp<strong>en</strong>sées chaque dimanche à la<br />

chapelle du Régim<strong>en</strong>t. Je compris très vite que ma place était aux côtés de mes copains de chambrée et que je<br />

ne pouvais pas cautionner « ce mariage du sabre et du goupillon ».<br />

Je me consacrais à la lecture, tout et n’importe quoi au début. Je comm<strong>en</strong>çais à douter et à m’éloigner<br />

sérieusem<strong>en</strong>t de la religion. Je ne me situais plus du côté de l’autorité autoritaire ! Il dev<strong>en</strong>ait nécessaire<br />

de retrouver les chemins de traverses pour vivre et parfois même survivre. P<strong>en</strong>dant notre séjour il y eu<br />

des morts, de fatigue de suicide de maladie plus certainem<strong>en</strong>t, suite à des méningites cérébro-spinales,<br />

nous disait-on. D’ailleurs on nous obligeait à pr<strong>en</strong>dre des traitem<strong>en</strong>ts de prév<strong>en</strong>tion, les permissions étai<strong>en</strong>t<br />

supprimées car nous étions mis « <strong>en</strong> quarantaine » (ces traitem<strong>en</strong>ts eur<strong>en</strong>t lieu au moins deux fois sur seize<br />

mois si mes souv<strong>en</strong>irs sont bons)<br />

Les premiers mois passés, j’essayais de trouver des lieux de distraction. Très vite les activités sportives<br />

s’imposèr<strong>en</strong>t. Nous étions de nombreux appelés férus de sport. Par contre, pour <strong>en</strong>trer d<strong>ans</strong> les équipes une<br />

nouvelle difficulté se prés<strong>en</strong>tait. Il conv<strong>en</strong>ait de laisser des places aux gradés <strong>en</strong>gagés d<strong>ans</strong> chaque équipe.<br />

Naturellem<strong>en</strong>t le foot m’attirait mais j’étais souv<strong>en</strong>t sur le banc des remplaçants… C’est au hand-ball que je<br />

découvrais de nouvelles aptitudes… gardi<strong>en</strong> de but… il faut dire qu’il fallait être un peu fou ! Alain Behm,<br />

appelé de notre conting<strong>en</strong>t, professeur d’éducation physique d<strong>ans</strong> le civil, joueur de niveau national était<br />

notre joueur <strong>en</strong>traîneur… de plus il était originaire de mon roannais natal, c’était « un pays ! ». Malgré ma<br />

petite taille mais grâce à mes réflexes de l’époque je fis même partie de l’équipe de volley !<br />

P<strong>en</strong>dant les seize mois de mon service, je ne voulais pas être à la charge de mes par<strong>en</strong>ts. Je « refilais » à<br />

mes copains tout les superflus de notre paquetage m<strong>en</strong>suel dont les traditionnels paquets de cigarettes (je fais<br />

partie de ceux qui ont arrêtés de fumer à l’armée !) Nous vivions d<strong>ans</strong> la pratique du troc, <strong>en</strong> retour de mes<br />

offres j’obt<strong>en</strong>ais des gâteaux, des chocolats ou des produits de terroirs (calva, pâtés et fromages corses,<br />

auvergnats…)<br />

P<strong>en</strong>dant ces seize mois, je ne r<strong>en</strong>trerai que quatre fois <strong>en</strong> permission. Il m’arrivait donc de participer à des<br />

r<strong>en</strong>contres sportives le dimanche contre des équipes civiles…<br />

J’allais r<strong>en</strong>contrer l’officier conseil du Régim<strong>en</strong>t, le capitaine Gourbat. Je ne me souvi<strong>en</strong>s plus de notre<br />

premier <strong>en</strong>treti<strong>en</strong> ; est-ce lui qui m’a contacté ou suis-je allé de moi-même à sa r<strong>en</strong>contre C’est lui qui allait<br />

m’inciter à « militer » au club agricole aux armées et à <strong>en</strong> dev<strong>en</strong>ir l’un des animateurs. Chemin faisant il me<br />

conseillait de m’inscrire à des cours par correspondance pour obt<strong>en</strong>ir une certification d<strong>ans</strong> le domaine<br />

agricole.<br />

Par ces biais, je pouvais égalem<strong>en</strong>t quitter la caserne pour aller visiter les <strong>en</strong>virons de <strong>Verdun</strong> notamm<strong>en</strong>t<br />

les fermes agricoles… Au passage j’allais constater que cinquante <strong>ans</strong> après la guerre de 14-18, les<br />

cultivateurs repr<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t des parcelles de terre tout juste déminées. Des bombes et munitions étai<strong>en</strong>t stockées<br />

au bord des routes.

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